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3.

Faux souvenirs spontanés


3.1. Introduction
• Faux souvenirs : « souvenirs d’événements qui ne se sont jamais produit ou qui déffèrent
par rapport à la manière dont ils se sont déroulés (Roediger & McDermott, 1995)
◦ Soit inventer un souvenir ou des éléments d’un souvenir qui ne se sont jamais produit,
soit modifier un souvenir → invention ou erreur
• Mémoire reconstructive (Barlett, 1932)
◦ premier à avoir mit en avant scientifiquement l’aspect reconstructif des souvenirs
(culturel) → faisait lire des histoires à des personnes qui les modifiait avec des éléments
stéréotypés de leur culture
◦ d’après lui on reconstruit nos souvenir en fonction de nos schéma cognitif (connaissance
personnels que l’on a sur le monde)
◦ Mais années 30 = behaviorisme donc travaux repris que dans les années 70
• Distorsion : attaque d’une école primaire (Lofts & Ketcham, 1994)
◦ Juste après l’attaque les enfants sont envoyé dans une cellule de crise psychologique où
on leur a demandé de rappeler ce qu’il s’est passé
◦ On s’est rendu compte que les enfants rappelaient des souvenirs différents voire
contradictoires ; il y avait des confusions sur la structure temporel de l’événement, sur
l’apparence de l’assaillant etc. Toutes ces distorsions ont eu lieu sans aucune suggestion
extérieure
◦ → modification d’événements qui ont bien eu lieu
• Illusion : souvenir d’enfance de Jean Piaget (Bringuier, 1977)
◦ kidnapping à 2 ans avec sa nounou mais en fait elle avait menti mais il a encoder un récit
qu’on lui a raconté depuis petit, avec des images qu’il a créer lui même avec ce récit
(comme quand on lit un livre)
◦ → faux souvenir non cru (on se souvient de quelque chose mais on sait que ça n’est
jamais arrivé)
◦ → faux souvenir induit
• Peuvent-ils être spontanés ?
◦ Effectivement il existe des distorsions naturelles dans nos souvenirs mais il est très peu
probable de créer de toute pièce des illusions aussi détaillées que celle de Piaget ou alors
ce sont des souvenir auto-induit → auto-suggestion mais pas spontané
• Faux souvenir spontané : Souvenir d’un événement ou d’un élément d’un événement qui
n’a pas été vécu personnellement, et qui a été généré, généralement de façon implicite, par
l’individu, avec un degré de réalisme tel que celui-ci le tient pour vrai
◦ pas besoin d’un média extérieur entre événement et récupération
◦ fréquent et normal (pas dysfonctionnement)
◦ personnes génèrent une info et l’inclue à l’événement comme si ils l’avaient vécu

3.2. Liens sémantiques et paradigme DRM


• Dans la grande majorité des cas lorsque l’on génère un faux souvenirs spontané c’est un
élément lié sémantiquement à l’événement (« le braqueur a un couteau dans les mains » et
pas « il avait un gâteau au chocolat »)
• Faux souvenirs spontané se créer généralement à cause des associations sémantiques entre
des éléments, on créer ces liens au fils de nos expériences au fur et à mesure que l’on grandit
• Souvent ces associations sont partagés socialement (sel-poivre) cependant certaines sont
propre à tout un chacun (stade-foot/développement) → variations inter-individuelles mais
tendances générales
◦ → Nature individuelle du contenu du faux souvenir
• Paradigme DRM (Deese, 1959 ; Roediger & McDermott, 1995) = paradigme par
excellence pour étudié les faux souvenirs spontané
◦ Liste de mots (15 mots) tous sémantiquement liés à un leurre critique (=mot qui n’est
pas présent)
▪ ex : dodo, lit, coussin, repos ; leurre critique = sommeil
◦ Liste construite sur la base de ce leurre critique : donne le leur et demande aux sujets de
donner les premiers mots qui vienne à l’esprit, on la créer en faisant varier la force
d’association des mots donnés au mot leurre (1/3 de mots fortement, 1/3 moyennement
et 1/3 faiblement associés)
◦ Mots présenté 1 à 1 (toutes les 2 sec pour saturer la boucles phonologique et favoriser
l’apprentissage incident)
◦ Tâche de rappel ou de reconnaissance (avec délai ou non)
◦ On regarde la fréquence à laquelle apparaît le leurre critique

Pourcentage moyen de reconnaissance du leurre critique :


• 58 % des gens qui ont eu
un faux souvenirs sont
persuadés que le mots été
dans la liste
• 28 % des gens pensent
qu’il était probablement
présent = fausse croyance

Pourcentage moyen de reconnaissance du leurre critique et des mots étudiés :

• Les sujets sont + sûr


d’eux lorsqu’il s’agit du
vrai que lorsqu’il s’agit
du faux souvenirs
• Tendance inversée avec
« probablement présent »
• On est d’avantage sûr des
vrais que des faux
souvenirs

Pourcentage de jugement R et K en fonction du type d’item :

• R = Remember ;K = Know
• Expérience du faux
souvenir est presque la
même que celle du vrai
souvenir
• + de Jugement R que de
jugements K
• Lorsqu’il sont certains, pas
de différence subjective
entre les deux (vrai et faux)

• Aucun moyen de détecter un vrai et un faux souvenirs sur le plan cognitif (même
construction)
3.3. Théories explicatives : l’activation-monitoring theory
• Roediger et al. (2001)
◦ → Activation des associations (encodage)
◦ On a des réseaux de connaissance qui nous servent à mieux comprendre notre
environnement, et mieux se souvenir (=consolidation)
◦ Sur le plans cognitif, nos apprentissage sont fait de sortes à nous adapter à notre
environnement, c’est pour cette raison que lorsque je suis face à une information, je vais
activer d’autres informations qui sont liés sémantiquement ce qui nous permet de ne pas
être surpris (ex : quand je rentre dans l’amphi → je vois des élèves)
◦ Ce qui nous permet de parfaitement nous adapté avec l’environnement
◦ MAIS dans certain cas nous encodons les infos qui sont reliés sémantiquement avec le
contexte
▪ ex : à chaque fois qu’on lit la liste DRM on encode le leurre critique
◦ Contrôle de la source (récupération) (e.g., Benjamin, 2001)
▪ pour chacun de nos souvenirs, avant même de se rendre compte on émet un jugement
sur la source du souvenir (vient-il de moi ou d’ailleurs ?)
• Dans le cas du DRM « est ce que ce souvenir était dans la liste ou est-ce que je
l’ai créé ? »
▪ → Il y a faux souvenir quand il y a erreur d’attribution de la source
▪ Erreur d’attribution de la source se fait lorsqu’on a pas le temps de s’interroger donc
il fait une expérience avec un groupe avec et un groupe sans contrainte temporelle
• → le groupe sans contrainte temporelle fait moins d’erreur
◦ Robinson & Roediger (1997) : effet de longueur de liste
▪ Plus la liste est longue plus on observe de faux souvenirs, car + il y a d’activations
du mot leurre + il y a de chances de l’encoder
◦ Deese (1959) : lien entre force d’association et faux souvenirs
▪ + le lien est fort + il y a des faux souvenirs
◦ Gallo (2010) : activation implicite suffisante
▪ On a pas besoin de savoir que l’on encode une information pour le faire et se
souvenir de cette dernière
▪ Pas besoin de conscientiser le leurre critique à l’encodage (qu’on se dise « ça me fait
penser à ça » ou non, ça revient au même)
◦ le leurre critique est créé avec un contexte, c’est pour cette raison qu’il n’y a pas de
différence particulière entre un faux et un vrai souvenir
◦ C’est ce qui nous permet d’avoir des sentiments de vivacité/réalisme pour un faux
souvenir
3.4. Théories explicatives : La fuzzy-trace theory
• Brainer et Reyna (1998, 2005)
◦ Théorie générale du traitement de l’information qui nous offre des clés pour comprendre
pourquoi et comment les faux souvenirs se créés
◦ Pour chaque informations intégrés d’un événements, on créé 2 traces mnésiques
parallèles :
▪ Trace gist : contient le sens général de l’événement, sa signification globale ; trace
thématique
• Plutôt associé à une dimension sémantique
• Ex : une boisson → de l’alcool
▪ Trace verbatism : informations littérales/spécifiques ; détails spécifiques de
l’événement, trace littérales
• Plutôt associé à une dimension épisodique (nécessite + de ressources que le
système sémantique)
• Ex : une boisson → dans un verre à pied ; du vin rouge ; pas très bon…
▪ Pour le faux souvenirs : lorsqu’on encode la liste, on encode une trace gist de la liste
→ le leurre critique
▪ On récupère plus facilement la trace gist car elle est moins coûteuse cognitivement,
encodés très rapidement/facilement et tiens + dans le temps. Suffisante pour se
souvenir de quelque chose dans la vie de tout les jours dans la plupart des cas
▪ Alors que la trace Verbatism est plus compliqué à récupérer et plus sensible au
passage du temps
◦ Faux souvenir : priorisation à l’encodage et récupération de la trace gist, on se repose
dessus (=info familière très peu coûteuse à récupérer)
3.5. Théorie explicatives : des théories complémentaires
• Les deux théories sont satisfaisantes mais pas dans tout les contextes
• Howe et al. (2009)
◦ AMT → explique bien les faux souvenirs dans les tâches de reconnaissance
◦ FTT → explique bien les faux souvenirs dans les tâches de rappel
• Gatti et al. (2022)
◦ Tâche de reconnaissance classique avec :
▪ Mots de la liste
▪ Leurres critiques fortement associés à la liste
▪ leurre critique faiblement associés à la liste
▪ Mots pas du tout associés
◦ Les sujets doivent cliquer sur « old » ou « new » et on calcul l’amplitude de la souris sur
l’écran et le temps qu’il mette à cliquer

◦ hypothèse : + le mot est lié sémantiquement avec un mots de la liste = il y a de conflit


cognitif et + il y a de conflit, + il y a d’hésitation (processus de prise de décision)
Résultats :

◦ La similarité sémantique va augmenter le fait de les considéré comme vu au préalable


◦ + la similarité sémantique est élevé, + il y a de conflit
◦ Les sujets sont + sûr d’eux pour répondre qu’il connaisse le mot que pour répondre qu’il
ne le connaisse pas même lorsque c’est un leurre critique (certitude = à vrai mot lorsqu’il
y a similarité sémantique)
◦ Donc pas d’hésitation pour faux souvenirs → rapide, peu d’amplitude
3.6. Différence inter-individuelles :
3.6.1. l’inversion développementale
• Brainer (2013) :
◦ Souvent la cause des faux souvenirs chez les enfants sont les questions extrêmement
suggestives des enquêteurs (très mal formé)
◦ Pourtant enfants font moins de faux souvenirs spontanés que les adultes

• Plus on grandit plus on fait d’erreurs


• Donc les enfants sont potentiellement de meilleurs témoins oculaires que les adultes
• Théories explicatives :
◦ TTF : Pour créer un faux souvenir il faut être capable d’avoir des connaissances
générales sur le monde qui nous entoure, et les enfants en ont moins que nous donc leur
trace gist est moins exploitée donc il utilise + la trace verbatism
◦ AMT : Les enfants ont des réseaux de connaissances + rudimentaires, ils vont moins
facilement atteindre le leurre critique (leurs réseaux sémantique sont encore en
développement)

3.6.2. Trauma et dissociation


• Sajjadi et al. (2021)
◦ Listes chargées en émotions négatives
◦ Listes chargées en émotions positives
◦ Listes directement liés à la thématique du trauma (violences sexuelles)
◦ Font passer des échelles de dissociation et trauma
▪ rdissociation pathologique-faux souvenirs trauma = .16, p < .01
• Corrélation positive et significative
• + les gens scorent haut sur l’échelle de dissociation + il font de faux souvenirs
indépendamment du style de liste
▪ rtrauma-faux souvenirs émotion nég. = .16, p < .01
• Corrélation positive et significative entre la sévérité du trauma et la production
de faux souvenirs spontanés
• Souvenirs traumatisants omniprésents donc :
◦ AMT : réseaux de connaissances dominés par le trauma et les émotions négatives →
particulièrement efficace
3.6.3. Capacités cognitives
• Watson et al. (2002)
◦ On prévient un groupe du caractères associatif de la tâche et pas l’autre
◦ dans chacun des groupes on a un groupe qui a une bonne MdT et un groupe une moins
bonne
◦ Dans le groupe prévenu avec une forte capacité de MdT → moins de faux souvenirs
▪ L’avertissement donne un indice de ce qu’il va se passer, et les personnes qui ont de
bonnes capacités cognitives arrivent à retenir l’indice tout le long de la tâche (donc
contrôle de la source + efficace) contrairement à ceux qui ont une faible MdT

Conclusion :
• De fort enjeux pour la justice…
• En thérapie on s’en fou de savoir si c’est vrai ou faux, ce qui compte c’est ce que le patient
ressent
• Mais de faux souvenirs essentiels pour l’équilibre psychologique (comme l’oubli)
◦ Sinon nos souvenirs seraient plein de trous, ça nous sert à rendre nos souvenirs cohérents
• Fonctionnement ordinaire ; signes d’un bon fonctionnement de la mémoire

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