Vous êtes sur la page 1sur 23

Fiche outil

Fiches outils

Apprécier une production culturelle :


un récit ou un tableau

M Fiches outils C Entrainement


Convaincre, p. 168 Convaincre, p. 218
Récit, p. 201 Convaincre (documents), p. 148

A. Le jugement de gout : définition


1. Qu’est-ce qu’un jugement de gout ?

Lorsqu’on lit un récit, lorsqu’on regarde un tableau ou un film, bref, lorsqu’on entre en contact
avec une production culturelle, on est libre de prolonger ou d’interrompre ce contact en
raison du plaisir ou du déplaisir que l’on y trouve. On peut aussi exprimer le plaisir ou le
déplaisir que l’on a éprouvé : « Ce film m’a passionné(e) », « Ce tableau m’a fasciné(e) » ou
« Ce roman m’est tombé des mains ». Et l’on peut en outre dire pourquoi : on peut motiver
son jugement.
Lorsqu’on donne son avis personnel sur une production culturelle, on a tous les droits. On
peut l’apprécier un peu, moyennement, beaucoup ou… pas du tout ! Un jugement de gout
peut donc être positif, mitigé ou négatif. L’important, lorsqu’on le partage, c’est d’être
capable de motiver son appréciation, c’est-à-dire de donner les raisons sur lesquelles elle
se fonde (voir infra). C’est aussi être capable d’entendre l’avis des autres, qui est tout aussi
légitime.

2. Le jugement de gout et le jugement de valeur, est-ce la même chose ?

Lorsqu’on exprime une appréciation personnelle, il faut faire attention. « J’ai adoré ce récit »,
si l’on n’y prend pas garde, peut vite se transformer en : « Ce récit est vraiment réussi »
ou « Ce récit, quel chef-d’œuvre ! ». Or, « J’ai adoré ce récit » et « Ce récit est un chef-
d’œuvre », ce n’est pas du tout pareil ! Le premier énoncé exprime bien qu’il s’agit d’un avis
personnel, subjectif (« je »). En revanche, le second se présente comme un jugement objectif
quasi incontestable.
« Ce récit, quel chef-d’œuvre ! » est un jugement de valeur. Et émettre un jugement de valeur
suppose que l’on ait des connaissances, que l’on soit (un peu) expert. En effet, lorsqu’on se
prononce sur la valeur de quelque chose, on risque toujours que quelqu’un nous réponde par
exemple : « Qui es-tu, que sais-tu pour affirmer que tel récit est (dé)pourvu de valeur ? Que
connais-tu en la matière ? ».
C’est exactement cela que l’on veut faire comprendre aux enfants quand on leur répète : On ne
dit pas « Les chicons, ce n’est pas bon », on dit « Je n’aime pas les chicons ».

B. Les caractéristiques d’un jugement de gout


1. Les marques de la subjectivité

Le jugement de gout comporte des marques de la subjectivité.

On utilise le « je » et non le « nous » ou le « on ». On évite les formules générales


comme « le lecteur ». L’auteur du jugement doit s’engager personnellement et cela
doit se manifester par les mots employés.

158 Apprécier une production culturelle : un récit ou un tableau


On utilise des indices verbaux indiquant qu’il s’agit bien d’un jugement personnel :
« à mon avis… », « selon moi… », « il me semble que… », etc.

Fiches outils
On précise que les réactions émotives que l’on éprouve sont personnelles et n’engagent
que soi. On dira « Ce personnage m’est sympathique » et non « Ce personnage est
sympathique », car ce sentiment n’est pas forcément partagé par tout le monde.

2. La relation entre caractéristiques de l’objet et dispositions personnelles

Lorsqu’on exprime et motive son jugement de gout, son jugement esthétique, on met
explicitement en relation les caractéristiques de l’objet sur lequel il porte (un récit, un
film, un tableau…) avec le (dé)plaisir qu’elles ont suscité en nous. Et ce (dé)plaisir dépend
des dispositions personnelles de chacun (de sa sensibilité, de son vécu, de son humeur du
moment…).

Exemple :
Tu as lu un roman sentimental dont la fin était heureuse et il t’a plu parce que tu aimes qu’une
histoire se termine bien : cela fait partie de tes dispositions personnelles. Tu pourras dire « J’ai
adoré ce roman ! La fin m’a ému(e) et m’a redonné le moral. » Toutefois, il est fort probable
que cette caractéristique du récit représente un facteur de désagrément pour un lecteur qui
attend de la littérature qu’elle soit davantage réaliste, qu’elle se rapproche de la vie réelle et
non des contes de fées.

3. La structure d’un texte argumenté

Le jugement de gout a la structure d’un texte argumenté. L’intention de l’auteur d’un jugement
de gout n’est pas forcément de convaincre son destinataire mais plutôt de partager avec ce
dernier l’expérience esthétique qu’il a vécue. Cependant, lorsque l’on prend la peine de
motiver son jugement de gout, on a sans doute aussi le désir de se justifier, de dire « j’aime ….
et j’ai pour cela de bonnes raisons ».
Le jugement de gout motivé prend l’allure d’un texte argumenté qui peut donc être schématisé
comme suit.

Développement du
Motif de (dé)plaisir 1
motif de (dé)plaisir

Thèse = appréciation,
jugement de gout

Développement du
Motif de (dé)plaisir 2
motif de (dé)plaisir

Apprécier une production culturelle : un récit ou un tableau 159


C. Les motifs d’appréciation d’un récit
Fiches outils

1. La matière

1.1. Le genre

Un des motifs pour lesquels on apprécie ou non un récit, c’est le monde dans lequel il nous
emmène. Ce monde peut être merveilleux, fantastique, futuriste, proche du nôtre…

1.2. L’histoire

On peut trouver des facteurs de plaisir ou de déplaisir dans :

l’histoire et tout ce qui s’y rapporte : les personnages, les lieux, l’époque…

Exemples :
On aime ou on n’aime pas les films qui se déroulent dans un univers violent ou dans
un monde futuriste.
On aime ou on n’aime pas les récits où il y a beaucoup de personnages.
On aime ou on n’aime pas les récits dans lesquels le héros est négatif.
On aime ou on n’aime pas les récits qui se terminent mal.

les thèmes abordés

Exemples :
On aime ou on n’aime pas les récits qui abordent des thèmes graves comme la
maladie, la mort…
On aime ou on n’aime pas les récits qui nous obligent à revoir nos opinions.

les sentiments provoqués par l’histoire et ce qui s’y rapporte

Exemple :
On aime ou on n’aime pas les récits qui font pleurer.

2. La manière

les choix narratifs de l’auteur

Exemples :
On aime ou on n’aime pas que l’auteur bouleverse l’ordre chronologique des
évènements.
On aime ou on n’aime pas les récits en « je ».

la langue utilisée

Exemple :
On aime ou on n’aime pas que l’auteur utilise un vocabulaire courant.

160 Apprécier une production culturelle : un récit ou un tableau


Fiches outils
Cadre spatiotemporel
Genre Évènements
Histoire Personnages
Matière
Thèmes abordés
Sentiments provoqués

Motifs
d’appréciation
d’un récit
Narrateur
Choix narratifs Ordre des évènements
Manière Suspense Fin (ouverte / fermée)
Langue utilisée

Apprécier une production culturelle : un récit ou un tableau 161


Fiche outil
Fiches outils

Caractériser un personnage

M Fiches outils C Entrainement


Explicite / Implicite, p. 173 Caractériser un personnage, p. 212
Récit, p. 201 Caractériser un personnage (documents), p. 144

A. Ce qui caractérise une personne ou un personnage


Dans la réalité, chaque individu est singulier. Chacun a une identité, des caractéristiques physiques,
des traits de caractère qui le distinguent des autres. Chacun se comporte selon des valeurs qui
lui sont propres et/ou qui sont celles de sa communauté. Il en va de même pour les personnages
de fiction.

UNE PERSONNE OU UN PERSONNAGE

IDENTITÉ PHYSIQUE TRAITS DE CARACTÈRE VALEURS

1. L’identité

L’identité de quelqu’un, c’est son nom, son (ses) prénom(s), son sexe, son âge, sa nationalité,
sa profession, son état civil, sa situation familiale…

Dans un récit, elle peut être fournie explicitement.

Exemples :
Un jeune homme de dix-huit ans, à longs cheveux et qui tenait un album sous son
bras, restait auprès du gouvernail, immobile […].
M. Frédéric Moreau, nouvellement reçu bachelier, s’en retournait à Nogent-sur-Seine…
Flaubert G., L’Éducation sentimentale © Paris, 1869

Personne ne savait son vrai nom ; peut-être qu’il n’en avait pas. Dans les villages,
on l’appelait l’homme aux grenouilles. Il avait quarante ans, ou soixante. Sa face ne
décelait point d’âge…
Genevoix M., La Boîte à pêche © Paris, 1926

162 Caractériser un personnage


Parfois, il faut l’inférer

Fiches outils
Exemple Analyse
Je suis entrée au service de l’évêque de San Julian La narratrice est une femme.
en 1939, peu après la mort de mon mari. Celui- Elle devient servante.
ci s’était tué dans un accident d’avion en Terre Elle est veuve.
de Feu avec son associé, me laissant seule en Elle réside en Argentine mais elle n’en est pas
Argentine, pays dont je parlais mal la langue et originaire.
où je ne connaissais personne.
Quiriny B., Contes carnivores
© PARIS, Éditions du Seuil, 2008

2. Le physique

Les caractéristiques physiques peuvent concerner l’aspect global d’une personne ou


d’un personnage : sa stature, sa silhouette, son allure générale. Elles peuvent aussi
concerner un détail particulier : les yeux, la bouche, les bras…

Exemple :
Devant le guéridon, un homme était assis, de quarante à quarante-cinq ans, petit, gros,
trapu, rougeaud, en bras de chemise, avec des caleçons de flanelle, une forte barbe
courte et des yeux flamboyants… Cet homme, c’était Tartarin, Tartarin de Tarascon.
Daudet A., Tartarin de Tarascon © Paris, 1872

Dans un récit, les caractéristiques physiques peuvent être explicites.

Exemple :
Le 28 juin 1793, trois hommes étaient réunis autour d’une table […]
Le premier de ces trois hommes était pâle, jeune, grave, avec les lèvres minces et
le regard froid. […]
Les deux autres hommes étaient, l’un, une espèce de géant, l’autre, une espèce de nain.
Le grand, […] avait les cheveux tout hérissés, […] Il avait la petite vérole sur la
face, une ride de colère entre les sourcils, le pli de la bonté au coin de la bouche,
les lèvres épaisses, les dents grandes, […], l’œil éclatant. Le petit était un homme
jaune qui, assis, semblait difforme ; il avait la tête renversée en arrière, les yeux
injectés de sang, des plaques livides sur le visage, un mouchoir noué sur ses
cheveux gras et plats, pas de front, une bouche énorme et terrible.
Hugo V., Quatrevingt-treize © Paris, 1874

Les caractéristiques physiques peuvent aussi être implicites et donc à inférer.

Exemple Analyse
C’était une très jeune femme. Elle tenait un La forme du visage de la jeune femme n’est
chandelier à trois branches à la hauteur d’un pas décrite explicitement. Pour l’inférer, il faut
petit visage en fer de lance encadré de lourds savoir qu’une lance est constituée d’une partie
cheveux bruns. métallique triangulaire destinée à transpercer.
De là, on peut établir que la jeune
Giono J., Le hussard sur le toit © Gallimard, 1951
femme a un visage triangulaire.

Caractériser un personnage 163


3. Les traits de caractère, la personnalité, l’état d’esprit…
Fiches outils

Dans la vie, généralement, on infère les traits de caractère sur la base de ce que font ou disent
les personnes que nous côtoyons. C’est pareil en littérature ou au cinéma.
Dans les récits, deux cas sont possibles :

Comme dans la vie, on infère les caractéristiques psychologiques des personnages


sur la base de leurs paroles ou de leurs actes. On interprète et donc on peut voir
juste ou se tromper. La suite de la lecture confirmera ou non nos hypothèses.

Exemple Analyse
On est en 1793. La France est déchirée par une guerre civile qui
oppose les révolutionnaires (les bleus) et les royalistes (les blancs).

Cependant le sergent insistait.


– Parle donc, madame. As-tu une maison ?
– J’en avais une.
– Où ça ?
– À Azé.
– Pourquoi n’es-tu pas dans ta maison ?
– Parce qu’on l’a brûlée.
– Qui ça ?
– Je ne sais pas. Une bataille.
– D’où viens-tu ?
– De là.
– Où vas-tu ?
– Je ne sais pas.
– Arrive au fait. Qui es-tu ? La femme interrogée apparait ici
– Je ne sais pas.
– Tu ne sais pas qui tu es ? comme naïve, perdue, ignorante
– Nous sommes des gens qui nous sauvons. de l’actualité…
– De quel parti es-tu ?
– Je ne sais pas.
– Es-tu des bleus ? Es-tu des blancs ? Avec qui es-tu ?
– Je suis avec mes enfants […]
– Et ton mari, madame ? Que fait-il ? Qu’est-ce qu’il est devenu ?
– Il est devenu rien, puisqu’on l’a tué.
– Où ça ?
– Dans la haie.
– Quand ça ?
– Il y a trois jours.
– Qui ça ?
– Je ne sais pas.
– Comment, tu ne sais pas qui a tué ton mari ?
– Non.
– Est-ce un bleu ? Est-ce un blanc ?
– C’est un coup de fusil.
Hugo V., Quatrevingt-treize © Paris, 1874

Il arrive aussi que ces caractéristiques soient explicites, données par le narrateur.

Exemple :
Pierre Gould est un timide. Lorsqu’il est amoureux d’une femme, il s’efforce de
n’en rien dire et, en présence de l’intéressée, feint la plus parfaite indifférence. Il en
souffre, bien sûr, mais se trouve incapable d’avouer ses sentiments.
QUIRINY B., Contes carnivores © Paris, Éditions du Seuil, 2008

164 Caractériser un personnage


Attention !

Fiches outils
S’il s’agit d’un personnage-narrateur, il faut se montrer critique : ses dires ne sont pas toujours fiables.

Exemple Analyse
Un gland. Un empoté. C’est bien simple, un
coup d’œil suffisait pour piger que c’était un
nase. J’étais allé chez sa mère pour notre affaire,
c’est là que je l’ai rencontré pour la première
Le narrateur caractérise un personnage de
fois, mais ce qui m’a séché c’est de voir qu’il
manière très négative. Faut-il le croire ? Même
était collé avec Diane. J’en suis pas revenu. Elle
s’il prétend le contraire, il semble animé par la
avec ce ringard, qu’est-ce que c’était que ce plan
jalousie. Le personnage qu’il décrit n’est peut-
? […]
être pas du tout comme il le présente.
Attention, la jalousie n’y est pour rien, la petite
aventure que j’ai eue avec Diane, c’est de
l’histoire ancienne maintenant…
Blanc, J.-N., Tailles douces © Éditions Thierry Magnier, 2010

4. Les valeurs

Les personnages de fiction, tout comme nous, sont animés par des valeurs. Déterminer
ces valeurs permet de répondre aux questions : qu’est-ce qui fait qu’ils agissent comme ils
agissent ? Quel sens donner à leurs actes ?

Quelques valeurs

le respect, la sincérité, le courage, la justice, l’écologie, l’égalité, l’amitié, la patrie,


la fortune, la réussite, l’amour, la générosité, le progrès, le travail, la santé, la paix,
l’honneur, la vérité, la famille…

Les valeurs sont motivantes : elles poussent à l’action.

Exemple Analyse
Robin des Bois (en anglais : Robin Hood) est un
héros légendaire du Moyen Âge anglais. Selon la
légende, telle qu’elle est répandue aujourd’hui,
Robin des Bois était un brigand au grand cœur
qui vivait caché dans la forêt de Sherwood.
Les actes de Robin des Bois sont motivés par son
Habile braconnier, mais aussi défenseur avec
désir de justice. Pour lui, cette valeur est plus
ses nombreux compagnons des pauvres et des
importante que le respect de la loi.
opprimés, il détroussait les riches au profit des
pauvres ou faisait acte de justice en rendant au
peuple l’argent des impôts.
D’après Wikipédia

Caractériser un personnage 165


Les valeurs ont aussi une portée morale, elles fixent des règles à suivre.
Fiches outils

C’est en se basant sur ces valeurs qu’on juge si les actes d’un individu ou d’un
personnage sont bons ou mauvais ou qu’on évalue ses propres actes.

Exemple Analyse
Il n’aurait jamais rêvé une fortune si haute !
Fils d’un huissier de province, Jean Marin était
venu, comme tant d’autres, faire son droit au
quartier latin. Dans les différentes brasseries
qu’il avait successivement fréquentées, il était
devenu l’ami de plusieurs étudiants bavards qui
crachaient de la politique en buvant des bocks.
Il s’éprit d’admiration pour eux et les suivit avec
obstination, de café en café, payant même leurs
consommations quand il avait de l’argent.
Puis il se fit avocat et plaida des causes qu’il
perdit. Or, voilà qu’un matin, il apprit dans les Le personnage est animé par l’ambition et il est
feuilles qu’un de ses anciens camarades du prêt à se faire esclave pour parvenir à la réussite.
quartier venait d’être élu député.
Il fut de nouveau son chien fidèle, l’ami qui
fait les corvées, les démarches, qu’on envoie
chercher quand on a besoin de lui et avec qui
on ne se gêne point. Mais il arriva par aventure
parlementaire que le député devint ministre ; six
mois après Jean Marin était nommé conseiller
d’État.
De Maupassant G., Le protecteur © Paris, 1884

Les valeurs peuvent être explicites.

Exemple Analyse
Robin des Bois (en anglais : Robin Hood) est un
héros légendaire du Moyen Âge anglais. Selon la
légende, telle qu’elle est répandue aujourd’hui,
Robin des Bois était un brigand au grand cœur
qui vivait caché dans la forêt de Sherwood. Les valeurs défendues par Robin des Bois, à
Habile braconnier, mais aussi défenseur avec savoir la générosité, le désir de justice, la défense
ses nombreux compagnons des pauvres et des des plus faibles y compris au mépris de la loi,
opprimés, il détroussait les riches au profit des sont explicitement données par l’auteur.
pauvres ou faisait acte de justice en rendant au
peuple l’argent des impôts.
D’après Wikipédia

166 Caractériser un personnage


Les valeurs peuvent être implicites et inférées à partir des paroles et ou des actes
des personnages.

Fiches outils
Exemple Analyse
Le jour qu’il fut bien avéré que le père François
ne pouvait plus travailler, sa femme, beaucoup
plus jeune que lui et très vive, avec deux petits
yeux brillants d’avare, lui dit :
– Qué qu’tu veux ; mon homme !… Quand tu
seras là à te désoler pendant des heures !…
Tout a une fin sur c’te terre… T’es vieux comme
le pont de la Bernache… t’as près de quatre-
vingts ans… t’as les reins noués, quasiment une
vieille trogne d’orme… Faut t’faire une raison…
repose-toi…
Et ce soir-là, elle ne lui donna pas à manger.
Quand il vit que le pain et le pot de boisson
n’étaient pas sur la table selon la coutume, le Pour la femme du père François, le travail est
père François eut froid au cœur. Il dit d’une voix plus important que la vie. Pour avoir le droit de
tremblante, d’une voix humiliée et qui implorait : boire et manger, pour avoir le droit de vivre, il
– J’ai faim… ma femme… j’voudrais ben ma faut travailler.
p’tite croûte…
Alors elle répondit, sans colère :
– T’as faim !… t’as faim… c’est un malheur, mon
pauv’ vieux… et j’y peux ren… Quand on ne
travaille pas…, on n’a pas le droit de manger…
il faut gagner le pain qu’on mange… Est-ce vrai,
ça ? Un homme qui ne travaille pas, c’est pas
un homme… c’est pus ren de ren… c’est pire
qu’une pierre dans un jardin… c’est pire qu’un
arbre mort contre un mur…

Mirbeau O., « Les bouches inutiles », La pipe de cidre


© Paris, Flammarion, 1919

MIRBEAU O.

Caractériser un personnage 167


Fiche outil
Fiches outils

Convaincre

M Fiches outils C Entrainements


Récit, p. 201 Convaincre, p. 218
Situation de communication, p. 209 Convaincre (documents), p. 148
Relations sémantiques, p. 224
Relations sémantiques (documents), p. 150

A. Une intention, plusieurs structures


Lorsqu’on s’adresse à autrui pour lui faire adopter un comportement ou partager une opinion, on
entreprend de le convaincre.
Pour réaliser l’intention de convaincre, on peut :
• avancer des arguments à l’appui de la thèse (voir infra) et donc utiliser la structure argumentative.
C’est la structure la plus souvent utilisée.
• utiliser la structure narrative : on raconte une histoire qui tend à prouver le bien-fondé de la
thèse. C’est notamment la structure des récits exemplaires tels que certains récits de SF.

B. Le texte argumenté / argumentatif

1. Composantes

Le texte argumenté comporte toujours :

une thèse

La thèse, c’est l’opinion ou le comportement que l’on souhaite faire adopter par
autrui.

Exemple :
Rétablir l’uniforme scolaire est une mauvaise idée.

un (des) argument(s)

Un argument, c’est une « bonne » raison que l’on avance pour faire admettre la
thèse.

Exemple :
Les élèves doivent pouvoir exister, se démarquer et affirmer leur personnalité à
travers leurs vêtements.

2. Nombre, développement et variété des arguments

2.1. Il est évident que plus il y a d’arguments, plus on a de chances de convaincre son
interlocuteur.

168 Convaincre
Exemple :

Fiches outils
L’uniforme est rétrograde et conservateur.
L’uniforme ne résout pas les différences sociales mais les détourne.
Il est naturel et humain de chercher à se distinguer des autres, quel que soit le milieu,
l’environnement, le contexte et l’âge.
Le vêtement, c’est aussi une manière de communiquer ce que l’on est ou voudrait être.
L’image que l’on veut donner de soi transparait à travers ce que l’on porte.

2.2. Mais le nombre n’est pas tout : il convient aussi et surtout de développer les
arguments.

Exemple :
L’uniforme ne gomme pas les différences sociales mais les détourne : même en bleu
marine et blanc, les élèves verront toujours une différence entre celui qui arbore un pull
de marque et un autre qui porte un vêtement bon marché.
Le vêtement, c’est aussi une manière de communiquer ce que l’on est ou voudrait être.
L’image que l’on veut donner de soi transparait à travers ce que l’on porte. Certains ados
y voient une manière de se distinguer de leurs pairs. D’autres, au contraire, manifestent
leur volonté de se fondre dans la masse.

2.3. Il convient aussi de varier les arguments en parlant tantôt au cœur, tantôt à
l’intelligence de son destinataire.

Exemple Analyse
Un adolescent veut convaincre ses parents de Le premier argument joue sur la corde sensible
l’inscrire à un cours de théâtre. des parents qui, en principe, ont à cœur le
bonheur, l’épanouissement de leur enfant.
J’aimerais vraiment participer à un atelier
Le second s’adresse à l’intelligence des parents.
théâtre. C’est mon rêve ! Et puis, je serai plus
L’adolescent élabore un raisonnement : « Le
à l’aise pour parler en public. Je suis timide et
théâtre augmentera mes compétences de prise
jouer sur scène me permettra de progresser. Ce
de parole : je serai plus à l’aise et je réussirai
sera tout bénéfice pour l’école !
mieux à l’école. »

Convaincre 169
3. Schéma...
Fiches outils

Le texte argumenté peut être schématisé comme suit :

Développement
Thèse Arguments
des arguments

Même en bleu marine et


blanc, les élèves verront
L’uniforme ne gomme
toujours une différence
pas les différences
entre celui qui arbore
sociales mais les
un pull de marque et
détourne.
un autre qui porte un
vêtement bon marché.

Rétablir l’uniforme
scolaire est une
mauvaise idée.
Certains ados y voient
une manière de se
distinguer de leurs pairs.
Le vêtement, c’est aussi
D’autres, au contraire,
une manière d’affirmer
adoptent un look qui
son identité.
manifeste leur volonté
de se fondre dans la
masse.
3.1. Utilité du schéma

Le schéma présenté ci-dessus constitue un outil très utile.

En réception : lorsqu’on lit un texte argumenté, il permet de vérifier qu’on comprend


bien le texte en question.
En production : lorsqu’on écrit un texte argumenté ou qu’on prépare une prestation
orale visant à convaincre, ce schéma permet de planifier la production avant de se
lancer dans la rédaction (connecteurs, segmentation en paragraphes) ou la prise
de parole.

3.2. Mise en garde

Tous les textes argumentatifs ne correspondent pas à l’ordre du schéma. Plusieurs cas
sont possibles.

La thèse précède les arguments.

Exemple :
Il serait absurde de vouloir restaurer l’uniforme scolaire. En effet, le vêtement est
une manière de communiquer ce que l’on est ou voudrait être. L’image que l’on
veut donner de soi transparait à travers ce que l’on porte. Certains ados y voient
une manière de se distinguer de leurs pairs, d’autres, au contraire, manifestent leur
volonté de se fondre dans la masse.

170 Convaincre
La thèse suit les arguments.

Fiches outils
Exemple :
Le vêtement est une manière de communiquer ce que l’on est ou voudrait être.
L’image que l’on veut donner de soi transparait à travers ce que l’on porte. Certains
ados y voient une manière de se distinguer de leurs pairs, d’autres, au contraire,
manifestent leur volonté de se fondre dans la masse. Il serait donc absurde de vouloir
restaurer l’uniforme scolaire.

La thèse se trouve parmi les arguments.

Exemple :
Le vêtement est une manière de communiquer ce que l’on est ou voudrait être.
L’image que l’on veut donner de soi transparait à travers ce que l’on porte. Certains
ados y voient une manière de se distinguer de leurs pairs, d’autres, au contraire,
manifestent leur volonté de se fondre dans la masse. Il serait donc absurde de
vouloir restaurer l’uniforme scolaire. Par ailleurs, l’uniforme ne gomme pas les
différences sociales mais les détourne : même en bleu marine et blanc, les élèves
verront toujours une différence entre celui qui arbore un pull de marque et un autre
qui porte un vêtement bon marché.

La thèse n’est pas explicitement formulée. Il s’agit alors de l’inférer.

Exemple :
Un élève à qui on demandait s’il était pour ou contre l’uniforme scolaire : « Moi, j’ai
besoin de m’exprimer en portant certains vêtements ou accessoires ! »
Thèse : [Contre l’uniforme scolaire]

Astuce
Lorsqu’on lit un texte argumenté, il faut impérativement commencer par repérer la
thèse ou, si elle est implicite, la formuler explicitement. Ce n’est qu’ensuite qu’on peut
entreprendre la recherche des arguments.

C. Quelques conseils pour écrire un texte argumenté

1. Planification

On commence par planifier son texte :

• on réfléchit à la thèse que l’on va défendre et aux arguments que l’on pourrait
avancer pour faire admettre sa thèse ;
• on schématise son argumentation.

Convaincre 171
2. Révision
Fiches outils

On révise sa production : on relit son texte et on vérifie s’il est intelligible pour le destinataire.
Pour cela :

• on est attentif à la segmentation en paragraphes ;


• on est attentif à l’utilisation des anaphores : sont-elles correctes ? Ne prêtent-elles
pas à confusion ? ;
• on vérifie que l’on a utilisé des connecteurs sémantiques qui relient les arguments
entre eux ;
• on s’assure de la correction orthographique de son texte. Pour cela, on n’hésite pas
à utiliser un dictionnaire, des ouvrages de référence, un correcteur orthographique
ou à demander de l’aide.

D. Les textes argumentatifs que tu connais

• L’avis personnel (sur une production culturelle, une personnalité, un fait de société)
• La demande argumentée
• L’affiche de sensibilisation

172 Convaincre
Fiche outil

Fiches outils
Explicite / Implicite

M Fiches outils C Entrainements


Caractériser un personnage, p. 162 Caractériser un personnage, p. 212
Convaincre, p. 168 Caractériser un personnage (documents), p. 144
Informer, p. 176 Convaincre, p. 218
Récit, p. 201 Convaincre (documents), p. 148

A. Distinguer explicite et implicite


Un texte, un discours comporte toujours des informations explicites et des informations
implicites.

1. L’information explicite

Une information explicite est une information formulée en toutes lettres dans un énoncé.
Sa compréhension est certaine.

2. L’information implicite

Une information implicite est une information qui n’est pas énoncée en toutes lettres. Le
lecteur doit la déduire à partir de ce qu’il lit et de ce qu’il sait. On dit qu’il infère l’information.
Les inférences que l’on produit à partir de l’implicite sont plus ou moins plausibles, plus ou
moins certaines.

Exemples Analyses
Georges Simenon est un Cette phrase contient de nombreuses informations explicites :
écrivain belge, né à Liège – Georges Simenon est un écrivain,
(Belgique) en 1903 et mort à – Georges Simenon est belge,
Lausanne (Suisse) en 1989. – Georges Simenon est né à Liège,
– Liège se trouve en Belgique,
–…

Georges Simenon est né Cet exemple contient une information implicite qui demande une
officiellement à Liège, rue inférence : Georges Simenon, en réalité, n’est pas né à Liège, rue
Léopold, le jeudi 12 février Léopold, le jeudi 12 février 1903.
1903. C’est du moins ce qu’a À partir de cet énoncé, on peut produire des inférences comme :
déclaré son père, Désiré – Georges Simenon n’est pas né à Liège,
Simenon, à la commune. – Georges Simenon n’est pas né rue Léopold,
– Georges Simenon n’est pas né le 12 février 1903.
Quelle est la bonne inférence ? Lisons la suite.

En réalité, Henriette Simenon, Ces phrases confirment la troisième inférence émise ci-dessus :
sa mère, a accouché à minuit Georges Simenon n’est pas né le 12 février 1903.
dix, le vendredi 13 février Ces phrases contiennent d’autres informations implicites et
1903. Elle a supplié son mari notamment :
de faire une fausse déclaration – La mère de George Simenon est superstitieuse : elle croit que le
pour ne pas placer l’enfant chiffre 13 porte malheur.
sous le signe du malheur.

Explicite / Implicite 173


B. Produire des inférences
Fiches outils

1. En mettant en relation plusieurs informations explicites

Exemple Analyse
Edouard Renouvier louait à l’année INFORMATIONS EXPLICITES INFÉRENCE
une chambre au troisième étage d’un
hôtel tout proche de la banque qui – Renouvier est riche.
l’employait. C’était un homme riche, +
indifférent au coût de cette location. – Renouvier loue à l’année une
Du reste, l’hôtel n’était pas d’un grand chambre d’hôtel modeste. Renouvier va
standing ; on était loin des palaces + dans cet hôtel
où descendait Renouvier quand il – Il a choisi un hôtel proche de pour des raisons
voyageait pour ses affaires. Que son bureau. peu avouables.
l’endroit fût sans luxe lui importait + = S’y livre-t-il à des
peu ; ce qui comptait, c’était que – Il a choisi un hôtel auquel trafics ? Est-il marié
l’hôtel fût proche de son bureau et on accède par une rue peu et y trompe-t-il sa
qu’il pût se rendre de l’un à l’autre fréquentée. femme ?
à pied, en quelques minutes. Qu’on + ...
y entrât par une rue peu fréquentée – Il se rend dans cet hôtel une
lui était également agréable, car il fois par semaine.
appréciait la discrétion ; les raisons +
pour lesquelles il s’y rendait une – Les raisons pour lesquelles il se
fois par semaine en exigeaient une rend dans cet hôtel exigent de la
certaine dose. discrétion.
Quiriny B., Contes carnivores
© Paris, Éditions du Seuil, 2008

2. En mettant en relation une (des) information(s) explicite(s) avec ce que l’on sait

Exemple Analyse
« Saloperie de ville, dit tout haut INFORMATIONS EXPLICITES INFÉRENCE
Steve. Foutue saloperie de ville du
mensonge et de l’arnaque ». Il parlait
seul en marchant dans la rue, et
personne ne se retournait sur son
passage. Sans doute parce que tout – Steve se trouve dans une ville.
le monde avait l’habitude des dingos +
Steve est
et des clodos, dans cette capitale – Cette ville est la capitale du jeu. =
à Las Vegas.
du jeu et du hasard. La ville de la +
chance, hein ? La ville des plaisirs ? – Cette ville se trouve aux USA.
Le bon vieux songe de victoires et de
gains formidables que ce soi-disant
paradis du jeu faisait miroiter dans
tous les USA ?
Blanc J.-N., Tailles douces © Paris, Éditions Thierry Cet exemple montre bien que certaines inférences
Magnier, 2010 ne sont possibles que si on dispose de certaines
connaissances.

174 Explicite / Implicite


C. Éviter l’excès d’implicite

Fiches outils
1. Le problème

L’excès d’implicite peut menacer la bonne compréhension d’un texte. Ceci est
particulièrement vrai dans les textes informatifs. En effet, si on veut informer quelqu’un, la
moindre des choses est de lui rendre la tâche aisée en ne le contraignant pas à produire des
inférences parfois hasardeuses.

Exemple Analyse
Avec l’arrestation de l’Ogre Pour comprendre cet énoncé, il faut savoir plusieurs choses.
des Ardennes, les policiers – « L’Ogre des Ardennes » est le surnom donné à Michel Fourniret.
belges et français ont le – Michel Fourniret, né le 4 avril 1942 à Sedan (Ardennes), est un
sentiment d’être les héros violeur, pédophile et tueur en série, qui a commis des crimes
de Cold Case. Que vont-ils principalement sur des jeunes filles en France et en Belgique.
encore découvrir ? – Cold Case est une série télévisée américaine dans laquelle une
inspectrice de police enquête sur des meurtres jamais élucidés.
– En plus des sept meurtres pour lesquels il a été condamné, Fourniret
en a avoué trois autres. Il est en outre soupçonné d’en avoir commis
davantage.

2. Les solutions

Il en existe plusieurs.

2.1. On éclaire le sens des mots que l’on suppose inconnus ou méconnus du destinataire
en les définissant, les paraphrasant ou les reformulant.

Exemple Analyse
– La téléphagie affecte la capacité de Si on compare ces trois énoncés, on constate
représentation des enfants. qu’ils sont de plus en plus explicites.
– La téléphagie (l’excès de consommation
télévisuelle) affecte la capacité de représentation
des enfants.
– La téléphagie (l’excès de consommation
télévisuelle) affecte la capacité de représentation
des enfants. Entendez par là qu’elle détériore
leur faculté d’imagination.

2.2. On exemplifie, on illustre une idée abstraite.

Exemple :
La téléphagie affecte la capacité de représentation de l’enfant. Ainsi, plus les enfants
passent du temps devant les écrans, plus leurs dessins s’appauvrissent en détails et
perdent de leur relief.

Explicite / Implicite 175


Fiche outil
Fiches outils

Informer

M Fiches outils
Récit, p. 201
Situation de communication, p. 209

A. Une intention, plusieurs structures


Les textes informatifs, comme leur nom l’indique, ont pour intention d’informer les destinataires,
c’est-à-dire d’augmenter leurs connaissances.
Pour réaliser cette intention, on dispose de différentes structures. Ce choix dépend notamment
de la nature de l’information que l’on souhaite transmettre.

1. La structure descriptive

Si l’on veut fournir des informations sur un objet, une personne, un genre de récit…, on optera
pour la structure descriptive. Un texte descriptif, en effet, donne à connaitre les différents
aspects d’un objet, quel qu’il soit.

1.1. Thème et sous-thèmes

Le thème, c’est l’objet à propos duquel on compte augmenter les connaissances du


lecteur.
Les sous-thèmes, ce sont les différents aspects du thème traités dans le texte. Les sous-
thèmes peuvent eux-mêmes faire l’objet de subdivisions.

1.2. Schéma d’un texte descriptif

Thème

Sous-thème 1 Sous-thème 2

Subdivision de Subdivision de Subdivision de


sous-thème sous-thème sous-thème

176 Informer
Exemple

Fiches outils
La grammaire est l’étude systématique des éléments constitutifs d’une langue.
Face à une langue, deux regards sont possibles :
1) La grammaire normative (ou prescriptive) qui étudie les règles régissant une langue donnée et
permettant de construire des énoncés reconnus corrects par les locuteurs natifs de cette langue.
2) La grammaire descriptive qui décrit la langue sans émettre de jugements normatifs.
Par ailleurs, la grammaire comporte plusieurs disciplines qui étudient :
– les sons et leur prononciation,
– les mots,
– les phrases et propositions.

Schéma

Grammaire

Définition Sortes

Normative Descriptive

Disciplines

Sons Mots Phrases

Informer 177
2. La structure explicative
Fiches outils

Si on poursuit l’intention d’informer en expliquant un phénomène, on utilisera la structure


explicative.

2.1. Thème et propos

Le texte explicatif traite d’un thème. Son propos (ce qui est dit du thème) répond, le
plus souvent, à la question « Pourquoi ? » et parfois à la question « Comment ? ».

2.2. Schéma d’un texte explicatif

Exemple
Aux 17 et 18 siècles, l’orthographe française a connu de nombreux changements. Et cela ne
e e

provoquait aucune émotion particulière. Ce n’est qu’après la publication de la 6e édition du


Dictionnaire de l’Académie (1835) (qui régit encore notre écriture) que l’orthographe se fige.
Pourquoi cet immobilisme à partir de ce moment-là ? C’est que les instituteurs, jusque-là disposés
à faciliter la tâche de leurs élèves, changent radicalement d’attitude. Ils se mettent à défendre
vigoureusement une orthographe qu’ils ont eu beaucoup de difficultés à maitriser et à laquelle, par
conséquent, ils tiennent beaucoup. En outre, la maitrise de cette orthographe complexe est la preuve
de leurs compétences professionnelles. Enfin, elle contribue à leur promotion sociale : ils bénéficient
de la reconnaissance publique et ils se trouvent à égalité avec le maire et le curé.
© Van In

Schéma

Ils ont eu
Les instituteurs beaucoup
tiennent de peine à
beaucoup à l’acquérir.
l’orthographe.

Pourquoi
l’orthographe se
fige-t-elle après La maitrise de
1835 ? l’orthographe
prouve les
compétences des
instituteurs.

Ils sont
La maitrise de reconnus.
l’orthographe
contribue à
leur promotion.
sociale. Ils sont les
égaux du maire
et du curé.

178 Informer
3. La structure narrative

Fiches outils
Si on veut informer sur la vie d’une personne, sur un épisode de l’Histoire, sur le
déroulement d’une expérience scientifique... on utilisera la structure narrative.

3.1. Mise au point : récits fictionnels et récits factuels

Les récits de fiction présentent une structure narrative. Mais ils ne sont pas les seuls !
De nombreux textes ont également cette structure, en particulier les récits factuels
comme les biographies, les récits d’historiens, les relations d’expérience…

3.2. Le schéma d’un texte narratif

Pour schématiser ces textes, on utilise le schéma narratif.

AVANT LES LES ÉVÈNEMENTS APRÈS LES


ÉVÈNEMENTS ÉVÈNEMENTS
SITUATION SITUATION
PROCESSUS DE TRANSFORMATION
INITIALE FINALE
C’est la situation Élément Action Élément C’est la situation
de départ. perturbateur équilibrant (de à laquelle on
résolution) aboutit.

C’est C’est C’est le dernier


l’évènement l’ensemble évènement,
qui modifie la des celui qui met un
situation initiale. évènements terme à l’action
déclenchés et qui conduit
par l’élément à la situation
perturbateur. finale.

Exemple Schéma
Avant l’invention de l’anesthésie, se faire
extraire une dent ou subir une opération
chirurgicale s’apparentait à une véritable Situation initiale
épreuve de torture. C’est que tout se faisait à
vif, sans anesthésie !
Un jour de 1844, le dentiste Horace Wells eut
une révélation. Une de ses connaissances, qui
avait absorbé du protoxyde d’azote, gaz hilarant Élément perturbateur
utilisé à des fins récréatives, tomba, s’ouvrit la
jambe mais ne ressentit aucune douleur.
Ce fut le début de nombreuses et longues
recherches, de beaucoup d’errements aussi. Action
Mais finalement, la fonction anesthésiante du
protoxyde d’azote est mise au jour. Élément équilibrant
Aujourd’hui, si on redoute parfois les opérations,
ce n’est plus pour les mêmes raisons. Elles se Situation finale
font sous anesthésie et sans douleur.

Informer 179
B. Le résumé, un texte informatif
Fiches outils

1. La structure narrative

Résumer pour autrui, c’est poursuivre l’intention de l’informer. En effet, le résumé lui fournit,
sous une forme réduite, l’essentiel du contenu d’un texte source auquel il n’a pas (eu) accès et
dont il n’a donc pas connaissance.

2. Structure du résumé

Lorsque l’on résume un texte (texte source), il faut identifier sa structure dominante
(descriptive, explicative, narrative ou argumentative).
Il peut être très rentable de schématiser le texte source : c’est sur la base de ce schéma que
l’on pourra sélectionner les informations à retenir.
Lorsque l’on rédige un résumé, on conserve la structure du texte source.

180 Informer

Vous aimerez peut-être aussi