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Le personnage dans un roman

Dans un roman, il n’existe pas de personnage hors de l’action ni d’action indépendamment


des personnages. Les personnages sont des êtres de papier qui n’ont pas d’existence en dehors
du livre. Ils sont au service de l’histoire. La fiction s’organise autour d’eux.

I- La caractérisation du personnage

L’auteur construit son personnage en lui donnant un certain nombre de caractéristiques :

 une identité (nom, prénom, âge, nationalité),


 un portrait physique,
 une situation familiale,
 un statut social, une profession,
 des traits psychologiques, des habitudes,
 un langage particulier,
 des valeurs morales, esthétiques.

Ces traits physiques, psychologiques, moraux, sociaux sont disséminés ou rassemblés dans le
texte, donnés une fois pour toutes ou répétés. Ils constituent le portrait des personnages et
permettent de les différencier, de les individualiser.

II- Les types de caractérisation

 Caractérisation continue ou discontinue

Dans une œuvre longue, il est courant de rencontrer des portraits complets, donnés dès le
début (Hugo, Dumas, Balzac).

Pour ne pas lasser le lecteur par de longs portraits, les œuvres plus courtes et plus récentes
livrent en discontinu les informations sur les personnages. Le lecteur les découvre au fur et à
mesure du déroulement de l’intrigue.

 Caractérisation directe ou indirecte

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La caractérisation est directe quand les informations sont données explicitement par le
narrateur, par le personnage lui-même, par un autre personnage. Les sensations, les réactions
et les sentiments du personnage sont nommés et analysés.

La caractérisation est indirecte quand le lecteur doit déduire lui-même l’information et


construire le personnage. Le caractère, les sentiments des personnages sont interprétés à partir
de ses gestes, de ses paroles, de ses silences, de ses actes, de ses habitudes, de son décor.

III- L’effet de réel dans le roman

L’illusion de la réalité est donnée par différents moyens :

 La désignation

Le prénom et le patronyme (nom de famille), conformes au code social courant, donnent au


personnage une illusion de réalité : ils font de lui une personne (^p. 84, Bathilde de Chasteller
est une aristocrate).

Ils peuvent aussi donner d’autres indications :

- sur le caractère, la fonction d’un personnage : Gobseck, personnage de Balzac, est un usurier
avare;

- sur le genre du roman : Gonzague de Saint- Fleur connote un roman sentimental.

 La vie intérieure

L’auteur invente un passé à son personnage, fait référence à ses pensées, sentiments, passions,
angoisses, désirs. L’intensité des sentiments éprouvés par le personnage est le signe d’une vie
psychologique riche et authentique.

Au début du XXe siècle, la technique du « monologue intérieur » (transcription des pensées


du personnage) permet de traduire la subjectivité du personnage.

IV- Les personnages dans l'intrigue romanesque

 Les modalités

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Le personnage se caractérise par un certain nombre de modalités : vouloir, pouvoir, savoir,
devoir. Le pouvoir peut être d’ordre physique, financier... Le savoir peut être la connaissance
de soi, des autres... Le devoir fait référence aux valeurs morales du personnage.

 L’évolution

Le personnage est un acteur. Ses actions, orientées vers un but, ont des causes et des
conséquences. Elles contribuent à la logique narrative et à la cohérence du texte.

Un personnage évolue au cours du récit. Sa construction progressive est essentielle à l’effet de


vie.

 Les fonctions

Le personnage joue un rôle qui se définit par rapport aux autres personnages. On peut
distinguer six fonctions possibles, mais Il arrive que certaines de ces fonctions ne soient pas
attribuées à des personnages :

 le sujet accomplit ou veut accomplir une action ;


 l’objet est visé par le sujet;
 l’aide est l’auxiliaire du sujet ;
 l’opposant empêche le sujet d’agir;
 le destinateur donne un objet, une tâche à accomplir, confie une mission ;
 le destinataire reçoit l’objet de la quête, il en est le bénéficiaire.
 Un même personnage peut occuper plusieurs rôles au cours du récit. Il peut être :
 le sujet, le destinateur et le destinataire de la quête (un personnage qui part à la
recherche d’un trésor pour s’enrichir) ;
 l’aide selon les apparences et l’opposant en réalité (le traître) ;
 le destinateur et l’aide, ou le destinateur et l’opposant ;
 l’objet et l’aide; l’objet et l’opposant, etc.

V- Le lecteur et le personnage

Le personnage romanesque n’est ni complètement réel (c’est une création), ni complètement


irréel (on peut l’imaginer). Le lecteur l’interprète, le reconstruit à partir de ses expériences

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personnelles et en confrontant les valeurs qu’il transmet aux siennes. Diverses attitudes sont
possibles, et elles peuvent se combiner :

 L’identification

Quand l’illusion du réel est importante et que le lecteur et le personnage ont des valeurs
communes, le lecteur s’identifie au personnage. Cette attitude donne au lecteur un sentiment
de sécurité.

 La transgression, la projection

Parfois, le personnage permet au lecteur de vivre d’autres vies que la sienne, de réaliser, ses
désirs de façon imaginaire.

 La distanciation

Lorsque le personnage est porteur de valeurs culturelles et morales différentes de celles du


lecteur, l’expérience apportée par la lecture enrichit l’univers de référence du lecteur : elle
peut le faire réfléchir, évoluer dans ses convictions.

Tous les romans n’impliquent donc pas le même type de lecture et n’apportent pas les mêmes
expériences au lecteur.

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