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FRA 3U

Procédés stylistiques

Procédés du genre narratif


Explications Effets
L’histoire

Le récit possède deux composantes : l’histoire et la narration. L’histoire permet de dégager


L’histoire désigne ce qui est raconté. l’axe fondamental de la
La narration, présentée ci-après, correspond à la façon dont cette histoire signification.
est racontée.
Elle met en relief les étapes de
la progression du récit.
Les personnages
Les personnages sont des êtres fictifs qui demeurent le principal centre
d’intérêt d’une histoire. On doit les analyser afin de dégager leurs
caractéristiques, d’établir leurs fonctions et de déterminer les relations
qu’ils entretiennent dans le récit. C’est par cette analyse que vous pourrez
dégager leur symbolique.
La caractérisation d’un personnage ou d’un actant
Pour caractériser un personnage, il faut faire le relevé de ses attributs, les La perception positive ou
analyser et les interpréter. négative indique une
Ses traits : valorisation ou une
 Physiques : laid, ridé, petit, chauve, aveugle, etc. dévalorisation du personnage /
 Psychologiques : têtu, confus, calculateur, rationnel, etc. actant ou d’un de ses aspects.
 Affectifs : sensible, renfermé, orgueilleux, etc.
Son statut : Un attribut n’est pas en soit
 Relatif à l’espèce et l’ethnie : humain, animal, extraterrestre, etc.; positif ou négatif. La
noir, blanc, asiatique, africain, etc. connotation qu’il prend
 Relatif à la nationalité : québécois, salvadorien, russe, etc. dépend du contexte dans
 Social : pauvre, riche, de classe moyenne, citadin, rural, etc. lequel il se trouve et des
 Professionnel : politicien, médecin, maçon, vendeur, étudiant, etc. attributs des autres
 Matrimonial : célibataire, marié, divorcé, en union libre, etc. personnages / actants à qui il
 Familial : parents, enfants, grands-parents, frères, sœurs, cousins, peut être comparé ou qui lui
etc. servent de repoussoir.
 Sexuel : homme, femme, hétérosexuel, homosexuel, transsexuel,
etc.
 Ses actions : accomplies ou subies
o Protéger, combattre, bâtir, voler, manipuler, cacher, dormir,
etc.
o Être victime, être battu, être surveillé, être dirigé, etc.
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Le cadre contextuel
L’intrigue se déroule et les personnages évoluent dans un cadre contextuel
fictif et précis qu’il faut reconnaître et interpréter. L’analyse du cadre
contextuel du récit consiste donc à déterminer le cadre temporel et le cadre
spatial choisis par l’auteur.
Le cadre temporel (le temps)
Il s’agit de déterminer le moment de l’action (époque, année, saison, mois,
semaine, jour, heure, etc.) et sa durée (deux ans, un mois, un jour, quelques
heures, etc.).
Le cadre spatial (les lieux)
Il faut aussi établir l’espace dramatique (lieux où se déroule l’histoire) et
repérer les éléments qui s’y rapportent : continent, pays, ville, campagne,
lieux intérieurs ou extérieurs, pièces closes ou ouvertes, lieux souterrains,
etc.

Les indications de lieux sont importantes parce qu’elles ne sont jamais


gratuites. Lorsque vous étudiez les lieux dans une narration, il est important
de suivre les trois étapes suivantes :
 dresser l’inventaire des lieux décrits et noter l’itinéraire des
personnages;
 déterminer la signification symbolique des lieux décrits;
 établir un lien entre les personnages et les lieux auxquels ils sont
associés (puisqu’il arrive souvent que les lieux soient des reflets des
personnages).
Exemple :
L’analyse contextuelle de ce roman permet de constater un cadre
spatiotemporel précis. En effet, la scène où le médecin illuminé découvre le
monstre qu’il vient de créer s’ouvre sur les indications suivantes : « en
novembre », pendant « une nuit lugubre »; non seulement pleut-il, mais la
pluie est qualifiée de « morne »; la chandelle est « presque consumée » et
diffuse une « lueur vacillante ». Le lecteur comprend par l’atmosphère
lugubre qui se dégage du cadre spatiotemporel que celui-ci annonce la
catastrophe qui va suivre. (Mary Shelley, Frankenstein ou le prométhée
moderne, 1818)
Les éléments contextuels
Éléments de décor, objets environnants, références à des institutions, à des Bien que l’analyse du cadre
régimes, à des valeurs morales, sociales ou culturelles, politiques ou contextuel permette de situer
économiques, les éléments contextuels d’un récit sont nombreux et variés. un récit dans un temps et dans
Certains dominent, d’autres peuvent être absents. Il faut en faire l’étude et un espace déterminées, c’est
les interpréter. Ils sont révélateurs des axes de signification du récit et plutôt en déterminant les
agencés de façon cohérente. éléments contextuels
dominants qu’il devient

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Le contexte politique possible d’organiser, de
Le contexte politique est présent et dominant lorsque l’action tourne structurer et d’encadrer la
autour de la question du pouvoir et des luttes pour son obtention signification du récit, puisque
(dirigeants / dirigés, gouvernants / gouvernés, etc.) ou lorsqu’elle concerne le contexte a pour principal
les manifestations du pouvoir à travers ses institutions (civiles, judicaires, fonction de renvoyer au réel
scolaires, etc.) évoqué par l’histoire, qui en
Exemple : est l’illustration.
Un récit qui mettrait en cause le gouvernement américain, ou encore le
service de police de la Ville de Montréal ou la Direction de la protection de
la jeunesse.
Le contexte social
Le contexte social est représenté par des aspects propres au mode
d’organisation des individus : rapports hiérarchiques et détermination des
rôles relativement aux classes sociales, aux institutions, à la famille, au
travail, à l’appartenance sexuelle des individus, etc.
Exemple :
Un récit qui se déroulerait dans une école, un drame familial, une histoire
de gang de rue, etc.
Le contexte économique
Le contexte économique porte sur les aspects relatifs au mode de
production, de distribution et de consommation des biens dans une société
(argent, pouvoir d’achat, investissements, inflation, récession, richesse,
pauvreté, etc.).
Exemple :
Un récit impliquant un krach financier, une histoire sur fond d’extorsions,
de fraude financière, de levée de fonds, etc.

Le contexte culturel
Le contexte culturel comprend, pour sa part, des éléments relatifs au mode
de représentation et aux moyens d’expression par lesquels un individu ou
une collectivité manifeste son rapport au réel (place faite dans l’histoire aux
mœurs, aux arts, aux sciences, à la technologie, à la mode, etc.).
Le contexte idéologique
Le contexte idéologique concerne les aspects relatifs aux croyances, aux
valeurs et aux systèmes de pensée dans différents domaines.
Exemple :
Un récit ou un conte philosophique, un récit de croisades, de croyances
(religion, ésotérisme), un récit portant sur de grands systèmes de pensée,
sur le féminisme, ou encore l’histoire de secte, etc.

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La narration
Étudier la narration consiste à analyser la manière dont l’auteur raconte Les choix de narration sont
l’histoire et les choix formels qui en découlent. Cette analyse consiste multiples et il est important de
notamment à déterminer le statut du narrateur (le type de narrateur et son les interpréter. Leurs effets
point de vue narratif), puis à examiner l’organisation temporelle de son sont nombreux et ils
récit. concordent habituellement
avec les idées qu’ils servent à
exprimer.
Le statut du narrateur : Le type de narrateur
Le narrateur est celui qui raconte l’histoire. Il est le maître de la narration et Le type de narrateur souligne
il choisit de se représenter lui-même ou non dans le récit. le caractère objectif (du moins
en apparence) dans le cas d’un
narrateur-absent.

 Il est absent s’il n’est pas un des personnages de l’histoire, s’il n’est Le narrateur absent s’ingère
qu’une voix indéterminée. Le récit est alors écrit à la troisième personne parfois dans le récit en
(utilisation du pronom « il »). Cette position n’exclut pas les intrusions ni produisant les mêmes effets
les ingérences (voir les procédés relatifs à l’énonciation). que ceux qui sont définis pour
l’auteur.
 Il est présent lorsqu’on peut clairement l’identifier à l’un des
personnages de l’histoire. Le récit est alors écrit à la première personne Le choix d’un narrateur-sujet
(utilisation du pronom « je »). Il existe deux types de narrateurs souligne le caractère subjectif
présents : du récit.
o Le narrateur-sujet, lorsque le narrateur est le personnage
principal de l’histoire et qu’il raconte sa propre histoire; Le choix d’un narrateur-témoin
o Le narrateur-témoin, lorsqu’un personnage raconte l’histoire souligne le caractère objectif
d’un autre personnage et que le rôle qu’il joue est secondaire. ou distancié du récit.

Les intrusions fréquentes du


narrateur peuvent aussi servir
à démystifier l’illusion
romanesque.

Le point de vue du narrateur


Le point de vue du narrateur (ou focalisation) correspond à ce que le
narrateur perçoit de l’histoire qu’il raconte ou à l’angle sous lequel il a
choisi de la raconter.

Trois types de focalisations sont possibles : Les effets de la focalisation


 La focalisation zéro ou l’absence de focalisation (N>P) : la vision du zéro sont identiques à l’emploi
narrateur est sans limite, elle est omnisciente, donc plus large, du narrateur absent :
supérieure à celle que pourrait en avoir n’importe quel personnage de objectivité, vraisemblance,

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l’histoire. Le narrateur est un démiurge : il est partout à la fois, il connaît réalisme, neutralité.
le passé, le présent et même l’avenir des personnages, et il accède à
leurs pensées les plus secrètes, y compris à leur inconscient. Il peut Cette focalisation produit des
juger les pensées et les actions de tous les personnages, faire des mises effets semblables à ceux de
au point ou encore intervenir dans l’histoire. l’ingérence de l’auteur dans un
Exemple : récit (voir les procédés relatifs
Le récit est raconté par un narrateur absent. L’absence de focalisation fait à l’énonciation).
en sorte que le narrateur omniscient lit dans les pensées de Madame
Delmare et nous les fait connaître. Il sait ce qu’Indiana ne sait plus elle-
même et notamment que son cœur appelle « à son insu » un autre cœur.
Quand Raymon entre dans sa vie, le narrateur sait à quoi elle ne pense pas
et ce qu’elle se rappelle. Il connaît même les causes de la maladie d’Indiana
alors que les médecins, eux, l’ignorent. Cette focalisation contribue à faire
comprendre au lecteur non seulement les sources profondes du mal de
vivre d’Indiana, mais aussi et surtout à garantir leur authenticité. (George
Sand, Indiana, 1832)
Récit subjectivé
 La focalisation interne (N=P) : la vision du narrateur est interne
lorsqu’elle se limite à celle d’un seul personnage dont la voix raconte
l’histoire. On parle alors d’un point de vue « avec ». Le lecteur
n’apprend de l’histoire que ce que le narrateur en connaît lui-même et
cette vision limitée lui permet d’en connaître autant que lui, mais jamais
plus. Ce type de focalisation fait connaître le passé et le présent du
personnage, mais non pas son avenir; ses pensées intérieures, et ses
émotions, mais non pas celles des autres (à moins qu’elles ne lui soient
communiquées ou qu’il ne les devine).
Exemple :
Dans ce conte, le narrateur est absent et le récit est raconté en focalisation
interne, c’est-à-dire du seul point de vue du mendiant et de ce qu’il ressent.
Cela est particulièrement frappant lorsque celui-ci observe, de la cour, la
maison qu’il a l’intention d’aller voler : « […] il apercevait au loin les
lumières du village qui tremblotaient dans des feuillages. » Le narrateur
n’entre pas dans la maison et ne donne aucun renseignement sur la famille
qui l’habite : « […] il en apercevait les silhouettes mouvantes sur la lumière
de la fenêtre. » Il en arrive même à craindre le moment où il devra passer à
l’acte (« il lui vient une peur grandissante », « il se mit à craindre cette nuit
»). Ce point de vue fortement intériorisé humanise le personnage et le
lecteur devient presque compatissant à son égard. (Jean-Aubert Loranger,
Le Vagabond, 1920)

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 La focalisation externe (N<P) : la vision du narrateur est extérieure Récit objectivé
lorsque le narrateur en sait moins que n’importe quel personnage. Elle
est celle d’un individu qui observe de l’extérieur et qui rend compte
objectivement de ce qu’il voit. Dans ce type de vision tout à fait neutre,
les sentiments, les impressions, les réflexions, les intentions peuvent
être possibles à condition qu’ils puissent être visibles ou qu’ils soient
soumis à titre d’hypothèses ou de suppositions seulement.
Exemple :
On trouve un exemple de focalisation externe au tout début de Bouvard et
Pécuchet, quand les deux personnages se rencontrent pour la première
fois :
« Deux hommes parurent. […] Le plus grand, vêtu de toile, marchait le
chapeau en arrière, le gilet déboutonné et sa cravate à la main. Le plus
petit, dont le corps disparaissait dans une redingote marron, baissait la tête
sous une casquette à visière pointue. Quand ils furent arrivés au milieu du
boulevard, ils s’assirent à la même minute, sur le même banc. Pour
s’essuyer le font, ils retirèrent leurs coiffures, que chacun posa près de soi,
et le petit homme aperçut écrit dans le chapeau de son voisin : Bouvard;
pendant que celui-ci distinguait aisément dans la casquette du particulier en
redingote le mot : Pécuchet. »
Le point de vue extérieur choisi permet aux deux personnages de se «
découvrir » par leur chapeau, en même temps qu’il crée un climat d’attente
qui intrigue le lecteur et entretient son intérêt. (Gustave Flaubert, Bouvard
et Pécuchet, 1881)
L’organisation temporelle
Toute histoire est située dans une continuité temporelle. Le narrateur doit
intervenir dans cette continuité temporelle et la modifier, de manière à
rendre le récit efficace. Il peut alors jouer avec la vitesse de narration,
intégrer des ruptures temporelles, prendre des libertés en ce qui concerne
la fréquence des événements racontés.
Le présage
Le présage est un signe avant-coureur d’un événement. Fait allusion à une fin possible.
Souvent symbolique.
Ex : Toutes ces anomalies étaient le présage d’une catastrophe.

La vitesse de narration
La vitesse de narration correspond au rapport entre le temps de l’histoire
(TH) et le temps de narration (TN). Il existe cinq vitesses de narration : la
description, le récit ralenti, l’absence de modification, le récit accéléré et
l’ellipse narrative.
 Il y a description ou « pause » lorsque le narrateur interrompt l’histoire
(TH=0) afin de décrire un personnage, un objet, un lieu.

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Exemple :
Voici la description que fait Meursault, le narrateur, juste avant qu’il ne tue La description a plusieurs
l’Arabe : fonctions :
« J’ai fait quelques pas vers la source. L’Arabe n’a pas bougé. Malgré tout, il  décorative : elle est un
était encore assez loin, peut-être à cause des ombres sur son visage, il avait simple ornement;
l’air de rire. J’ai attendu. La brûlure du soleil gagnait mes joues et j’ai senti  réaliste ou
des gouttes de sueur s’amasser dans mes sourcils. C’était le même soleil « visualisatrice » : elle
que le jour où j’avais enterré maman et, comme alors, le front surtout me contribue à créer l’illusion
faisait mal et toutes ses veines battaient ensemble sous la peau. À cause de du réel;
cette brûlure que je ne pouvais supporter j’ai fait un mouvement en avant.»  explicative : elle sert la
compréhension de
Les événements (« J’ai fait quelques pas vers la source », « j’ai fait un l’histoire;
mouvement en avant ») sont entrecoupés d’éléments descriptifs qui  expressive : elle traduit les
exposent les sensations du narrateur et donnent une états d’âme du narrateur;
« explication » des événements (« la brûlure du soleil »). Cela ralentit la  dilatoire : elle retarde le
narration pour mieux mettre en relief la brutalité du meurtre (le récit des événements dans
« mouvement en avant » annonce le coup de feu du narrateur sur l’Arabe). le but de produire un effet
(Albert Camus, L’Étranger, 1942) de suspens ou de
provoquer une attente;
 Il y a récit ralenti lorsque le temps de narration est plus lent que le  symbolique : elle agit
temps de l’histoire (TN>TH). Dans ce cas, le narrateur décrit longuement comme un révélateur du
un événement qui se déroule très rapidement, par exemple lorsque personnage ou de son
survient un accident. milieu, etc.
Exemple :
La vitesse de narration varie avant et après le passage où le vagabond
aperçoit une ombre. En effet, le récit ralenti domine dans la narration de la
marche du vagabond, qui dure
« plusieurs heures » et occupe un cinquantaine de lignes. L’attente qui la
suit, et qui lui paraît « pénible et prolongée », s’étale sur autant de lignes.
Ces deux événements longs et pénibles occupent ainsi les trois quarts du
récit. La longueur du récit correspond donc à la lenteur des événements
narrés. Le récit s’accélère cependant dès le moment où le vagabond
aperçoit l’ombre de l’autre voleur et les réflexions du personnage,
importantes jusque-là, cèdent la place aux actions rapides (la bataille des
deux voleurs) qui se précipitent jusqu’à la chute. (Jean-Aubert, Loranger, Le
Vagabond, 1920)

 Il y a absence de modification lorsque la vitesse de narration


correspond à celle de l’histoire (TN=TH), comme dans le cas des
monologues ou des dialogues. On parle aussi de « scène » lorsque la
narration est faite à cette vitesse.

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 Il y a récit accéléré ou « sommaire » lorsque le temps de narration est
plus court que le temps de l’histoire (TN<TH). Par exemple, lorsque le
narrateur raconte dans un seul paragraphe des événements qui se sont
déroulés sur une période de plusieurs années.

 Il y a ellipse narrative (TN=0) lorsque la narration omet des événements


narratifs. L’ellipse narrative est souvent marquée par des indications
telles que
« un an plus tard… », « le mois suivant… », etc.
Exemple :
Dans le passage du dernier face à face entre Dorian Gray, le modèle, et le
tableau qui le représente, on peut relever l’ellipse concernant sa mort :
« Tout comme il [Dorian] avait tué le peintre, il tuerait l’œuvre du peintre et
tout ce qu’elle signifiait. Il tuerait le passé […] il saisit l’objet et y planta son
couteau. Un cri du cœur se fit entendre, puis le bruit d’une chute […] »

Le narrateur ne mentionne donc pas que Gray, en voulant détruire le


portrait, s’est lui-même tué. Ce silence permet ainsi de préserver le mystère
et permet de ménager un effet de surprise en gardant la révélation de cette
mort pour la fin. (Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray, 1891)
Les ruptures temporelles Le narrateur n’est pas tenu de respecter
l’ordre chronologique ni de raconter une
histoire unique. Il doit éviter une narration
prévisible. S’il veut se libérer d’une unité
narrative trop contraignante et de l’ordre
chronologique, il a alors recours aux ruptures
temporelles suivantes : Fonction explicative :
 L’analepse ou retour dans le passé, qui éclairer la situation présente
consiste à interrompre le cours du récit par la narration de faits
pour raconter des événements passés. antérieurs; évoquer le passé
d’un personnage
nouvellement introduit.
 La prolepse ou anticipation, qui consiste à
interrompre le cours du récit pour raconter Reprendre après coup un récit
des événements qui se produiront plus qui n’a pas été mené à terme.
tard.
Exemple : Moyens de faire revenir le
Des Grieux est un admirable conteur et récit sur ses propres traces de
incomparable dans l’art de la prolepse. manière à le questionner.
Lorsqu’il affirme : « Je n’eus pas le moindre
soupçon du coup cruel qu’on se préparait à me
porter », le lecteur est mis dans une situation

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de tension et d’attente qui le prépare aussi à
excuser un héros si constamment victime!
(L’Abbé Prévost, Histoire du Chevalier Des
Grieux et de Manon Lescault, 1731)

 L’insertion d’une autre histoire, qui est


l’intégration, à l’histoire principale,
d’histoires secondaires liées de près ou de
loin à l’histoire principale.
Ces insertions se font de trois manières :
o par enchaînement, lorsque
plusieurs histoires se succèdent;
o par enchâssement, lorsque le
narrateur interrompt une première
histoire pour en insérer une
seconde;
o par alternance, lorsque le narrateur
raconte deux ou plusieurs récits
qu’il interrompt régulièrement pour
passer de l’un à l’autre.

La fréquence narrative La fréquence narrative correspond au rapport


entre le nombre de fois qu’un événement se
produit et le nombre de fois qu’il est raconté.
La fréquence narrative peut prendre trois
formes :
 le récit singulier, qui raconte une fois ce
qui se produit une seule fois (par exemple,
une grande histoire d’amour);
 le récit itératif, qui raconte une fois ce qui
se produit plusieurs fois (par exemple, la
description d’une vie routinière);
 le récit répétitif, qui raconte plusieurs fois
ce qui se produit une seule fois (par
exemple, plusieurs versions du même
événement).
Bibliographie : PILOTE, Carole. Guide littéraire, Montréal, Beauchemin, 2007, 140 p.

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