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FRA 3U

Procédés stylistiques

Les procédés relatifs à l’énonciation

Procédés Explications Effets


Le locuteur ou l’émetteur Le locuteur est celui qui parle et
qui prend à son compte les
faits, les opinions ou les
jugements prononcés. Dans un
texte littéraire, il correspond à
l’auteur, narrateur ou
personnage.
Le destinataire Le locuteur, qu’il soit l’auteur,
le narrateur ou un personnage
destine son discours à un
récepteur que l’on nomme le
destinataire et qui correspond
parfois au lecteur réel.
Les indices du système d’énonciation
Le repérage de la fonction émotive ou expressive : cette fonction est liée à la présence de
l’émetteur dans le discours. On la repère en établissant qui se cache derrière les pronoms et
déterminants qui représentent l’émetteur et en précisant l’effet de ces renseignements sur la
compréhension du texte. On la reconnaît à différentes marques.
Les traces de l’émetteur :  Pronoms personnels (je, me  Les marques liées à la
re
l’usage de la 1 personne moi, nous, etc) fonction émotive ou
 Pronoms possessifs (le expressive servent à
mien, la mienne, les nôtres, l’expression des
etc.) sentiments (valorisation/
 Déterminants possessifs dévalorisation)
(mon, ma, mes, notre, nos, individuels ou collectifs.
etc.)  Elles permettent de
 Pronom indéfini « on », déceler une intention
englobant la personne qui ironique dans les
parle. jugements de valeur.
Les modélisateurs Liés à la présence de l’émetteur
dans son discours, les
modélisateurs en révèlent la
présence et permettent de
mesurer le degré de
subjectivité de son discours,
donc de révéler ses sentiments,
ses certitudes ou ses doutes

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relativement à ce qu’il dit ou
pense, et même de déjouer sa
prétention à l’objectivité,
notamment dans des récits à la
troisième personne où il
pourrait tenter de camoufler sa
présence.
Voici les principaux types de
modalisateurs :
 Les adverbes d’appréciation
ou d’opinion : peut-être,
sans doute, certainement, à
mon avis, probablement,
etc.
 Les marques d’affectivité :
emploi des interjections
(zut!, oh!), de certaines
phrases exclamatives (Elle
était si jolie!), de certains
suffixes (l’enfant était
maigrelette).
 Les marques de jugement
de valeur : usage de mots
ou de suffixes péjoratifs ou
mélioratifs : merveilleux,
sublime, populace, etc.
 Les marques La présence des marques
socioculturelles : présence socioculturelles révèle un
d’archaïsmes (mots anciens souci de réalisme.
qui ne sont plus en usage),
de néologismes (mots Elles produisent les mêmes
nouveaux), de effets que les intrusions de
régionalismes (locutions l’auteur ou du narrateur.
propres à certaines
régions), de termes du
vocabulaire technique, de
mots de niveaux de langue
particuliers, etc. Ex. couvre-
chef (archaïsme pour
chapeau); franglais
(néologisme);
débarbouillette
(régionalisme/québécisme);
etc.

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Les traces du destinataire Le repérage de la fonction Le statut du destinataire varie
conative, incitative ou selon celui de l’émetteur;
impressive : cette fonction est celui du destinataire est
liée à la présence du récepteur habituellement égal ou
(celui à qui l’émetteur inférieur à celui de
s’adresse), et qu’on appelle l’émetteur.
aussi destinataire, narrataire ou
lecteur. On la repère en
relevant dans le discours non
seulement les traces de sa
présence, mais aussi les
moyens mis en œuvre pour
attirer son attention,
l’interpeller, le toucher ou le
convaincre. On la reconnaît à
différentes marques.
L’usage de la 2e personne  Pronoms personnels (tu, te, Ces marquent permettent
t’, toi, vous, etc.) d’exprimer la familiarité (tu)
 Pronoms possessifs (le tien, ou la distanciation (vous).
la tienne, les vôtres, etc.)
 Déterminants possessifs
(ton, ta, tes, votre, vos,
etc.)
 Pronom indéfini « on »,
englobant la personne à qui
l’on parle.
Exemple : Dans la scène
d’exposition où Balzac décrit la
pension Vauquer et montre
l’influence que les lieux et les
personnages exercent les uns
sur les autres, on trouve l’usage
du pronom personnel de la
deuxième personne du pluriel
dans les quatre passages
suivants : « si vous le
compariez», « vous trouveriez»,
« vous y verriez », « vous
n’imaginez pas ». L’emploi de
ces pronoms permet à Balzac
d’inclure le lecteur dans sa
description, de l’introduire, au
moins en imagination, dans la
pension Vauquer et de le
prendre à témoin.

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L’apostrophe ou L’apostrophe est une figure par
l’interpellation laquelle un orateur interpelle
une personne ou même une
chose qu’il personnifie.
Exemple : Dans une des
stances, Rodrigue annonce sa
décision : « Allons, mon bras,
sauvons du moins l’honneur ».
L’expression « mon bras », une
apostrophe met en relief la
volonté de Rodrigue, l’offensé,
d’exécuter sa vengeance contre
l’offenseur. (Pierre Corneille, Le
Cid, 1636)
L’impératif Elles indiquent si le
destinataire est la cible
d’ordres, de défenses, de
conseils, etc.
Les traces du discours Le discours rapporté est le type Le choix de l’une ou l’autre
rapporté de discours par lequel un façon de rapporter les
énonciateur « rapporte », voire paroles indique la plus ou
« cite » les paroles ou les moins grande prise en charge
pensées de quelqu’un d’autre. de ces paroles par
Il s’agit donc de l’inclusion l’énonciateur, donc le degré
d’une seconde énonciation (le d’objectivité ou de
discours cité) dans une subjectivité du récit.
première énonciation (le
discours citant). Cette présence Rapporter des paroles, c’est
de la parole d’autrui dans le aussi mettre en scène,
discours peut s’insérer actualiser et ainsi donner plus
différemment selon le degré de de réalité aux personnages
prise en charge souhaité par d’un récit; cela permet
l’énonciateur. On distingue les également au lecteur d’avoir
quatre types de discours rapportés l’impression de graviter dans
suivants : Le discours direct, le leur intimité.
discours indirect, le discours
indirect libre et le discours
narrativisé.
Le discours direct Le discours direct permet au Le discours direct permet au
discours d’autrui d’être narrateur de rendre compte
rapporté directement, tel qu’il des propos et de les
a été prononcé ou conçu, sans rapporter sans les prendre en
aucune prise en charge de charge.
l’énonciateur, les deux discours
restent indépendants l’un de Il donne donc l’illusion de
l’autre. Il est le plus souvent l’objectivité et permet de

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annoncé par un verbe relayer l’information en toute
d’énonciation tel que « dire » neutralité.
ou « penser » précédé du deux-
points ou du tiret, encadré par Il est fréquemment rédigé en
des guillemets ou accompagné langue de niveau familier,
de l’incise. On utilise la pour donner un effet
juxtaposition pour l’insérer. d’authenticité.
Exemple : Elle les rassura et
leur dit : « Vos enfants Il restitue les propos dans
reviendront sûrement leur spontanéité et en
bientôt!». conserve toute la portée.
Le discours indirect Le discours indirect consiste, Le discours indirect permet
pour l’énonciateur, à une certaine prise en charge
reformuler les propos d’autrui des propos par le narrateur.
dans ses propres mots, ce qui
lui permet de prendre La part de subjectivité du
davantage en charge les propos narrateur est plus grande, car
rapportés. Le moyen syntaxique l’énonciateur peut résumer
utilisé pour l’insertion du les propos rapportés, les
discours cité dans le discours reformuler, voire les
citant est la subordination transformer.
précédée d’un verbe
d’énonciation. Le discours indirect introduit
Exemple : Dans cette fable, La une certaine distanciation qui
Fontaine souligne le travers de le rend moins approprié que
certaines gens qui veulent être le style direct pour véhiculer
indispensables, se mêlent de des renseignements sur la
tout et ne sont le plus souvent personnalité, les émotions,
d’aucun utilité, comme c’est le les sentiments des
cas de la mouche, qui est un personnages.
insecte minuscule et souvent
présenté comme vantard dans Cette distanciation peut
les Fables. Or, la toute première suggérer la désapprobation,
« pensée » de la mouche, aux le doute, ou simplement la
vers 8 et 9, est rapportée en prudence, et le lecteur ne
style indirect : « […] et pense à peut être totalement sûr de
tout moment/Qu’elle fait aller la véracité des propos
la machine. » rapportés.
Le conteur se distancie donc
des pensées de la mouche, et
on voit très bien, à la prise en
charge de ses propos, qu’il jette
le discrédit sur la perception
que la mouche a d’elle-même,
ce qui met en évidence son
point de vue désapprobateur.

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Le discours indirect libre/le Le discours indirect libre Le discours indirect libre est
monologue intérieur permet d’insérer le discours l’instrument linguistique
rapporté dans l’énoncé narratif privilégié de l’expression d’un
sans effectuer de changement point de vue subjectif sur une
au système d’énonciation. Il se réalité.
caractérise par l’absence de
verbe d’énonciation pour Il favorise la fluidité du récit
introduire les paroles et met en valeur la
rapportées. On observe donc polyphonie des voix, ce qui
les mêmes transformations de rend ainsi le texte plus léger
temps, de personnes et que ne le ferait le discours
d’adverbes que celles du style indirect et gomme la
indirect, mais la subordination spontanéité parfois un peu
disparaît. brutale du discours direct.
Ex. Elle les rassura : leurs
enfants reviendraient sûrement Il permet de pénétrer
bientôt! intimement dans la
Par ailleurs, on retrouve dans le conscience des personnages
style indirect libre certaines et s’en fait l’interprète
marques du style direct : discret, objectivant presque
intonations, tournures de ses états de conscience.
langage parlé, tournures
exclamatives et interrogatives. Le monologue intérieur est la
Comme les voix s’enchevêtrent, forme plus proche de
on ne sait jamais qui parle. l’inconscient et traduit la
Lorsque le discours indirect pensée à son état naissant, ce
libre rapporte longuement la qui donne l’impression d’une
pensée d’un personnage, on fluidité incontrôlée.
parle plutôt de monologue
intérieur. Libéré du patronage narratif,
Le monologue intérieur est une il constitue une forme de
autre forme de discours contestation du pouvoir
rapporté qui se rapproche du démiurgique du narrateur
discours indirect libre, mais s’en dans le Nouveau Roman;
distingue néanmoins en ce sens dans les récits réalistes et
qu’il n’y a aucun relais de naturalistes du XIXe siècle, il
narration, qu’il ne s’agit jamais équivaut plutôt à un procédé
d’un discours prononcé et que réaliste.
le personnage y exprime, dans
un flux continu, sa pensée la
plus intime et la plus
spontanée.
Exemple : « "Je suis fou, pensa-
t-il, je soupçonne ma mère ". Et
un flot d’amour et

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d’attendrissement, de repentir,
de prière et de désolation noya
son cœur. Sa mère! La
connaissant comme il la
connaissait, comment avait-il
pu la suspecter? […] Elle aurait
trompé son père, elle?...»
Le monologue intérieur de
Pierre permet au lecteur de
s’insinuer dans la conscience du
héros et d’être le témoin
immédiat et privilégié des
troubles qui ravagent cette
conscience. (Guy de
Maupassant, Pierre et Jean,
1888)
Le discours narrativisé Le discours narrativisé est celui Le discours narrativisé crée
qui est le moins fidèle aux un très grande distanciation :
paroles réellement prononcées, le narrateur rapporte surtout
puisqu’il n’en garde que le sens des faits et des événements,
général en le résumant parfois en n’en retenant que ce qu’il
à quelques mots. considère comme essentiel
Exemple : Colette souligne ici la pour l’histoire.
détresse des deux
protagonistes en narrativisant Il peut aussi créer un effet
le dialogue qui préside à leur dramatique.
séparation : « Il y eut encore
entre eux, pendant la retraite
de Chéri, quelques paroles […]»
Cette courte notation, qui met
plutôt en évidence l’absence de
dialogue réel, crée un effet de
distanciation qui vient
accentuer la froideur de la
séparation des deux amants
(Collette, La Fin de Chéri, 1926)
Les indices spatiotemporels Cerner le système Les indices spatiotemporels
d’énonciation d’un texte produisent des effets de sens
consiste à établir le lieu et le variés en fonction du
moment de l’énonciation afin contexte dans lequel ils se
d’y déceler des possibles effets trouvent.
de sens. Les indices
spatiotemporels sont données
généralement par
 Des adverbes : ici, près,
loin, aujourd’hui, demain,

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hier
 Des groupes
prépositionnels : chez lui,
dans sa lettre, pendant dix
minutes, tout de suite
 Des groupes nominaux : la
nuit, le jour, le lendemain.

Bibliographie :

PILOTE, Carole. Guide littéraire, Montréal, Beauchemin, 2007, 140 p.

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