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FRA 4U

Procédés stylistiques

Les procédés syntaxiques

Procédés Explications Effets


Les types de phrases
Il existe quatre types de La phrase sert à exprimer
phrases qui correspondent à l’objectivité d’une situation
quatre intentions différentes de ou la subjectivité de
la part de celui qui s’exprime. l’émetteur.
La phrase déclarative La phrase déclarative formule La phrase déclarative
une déclaration. exprime une affirmation, une
Exemples : négation, un doute ou de
 Il y avait le bruit du vent l’emphase.
soufflant dans la campagne.
(affirmatif)
 Il n’y avait plus que le bruit
du vent soufflant dans la
campagne. (négatif)
 Je doute avoir entendu le
bruit du vent soufflant dans
la campagne. (dubitatif)
 C’est ce vent soufflant dans
la campagne qui l’effraie
chaque soir. (emphatique)
La phrase impérative ou La phrase impérative se La phrase impérative ou
injonctive caractérise par l’emploi de injonctive sert à énoncer un
l’impératif ou du subjonctif. Elle ordre (conseil, souhait,
est fréquemment construite commandement).
avec des verbes de volonté.
Exemple :
 Va vite te coucher! Je veux
que tu ailles te coucher.
La phrase interrogative La phrase interrogative se La phrase interrogative
caractérise par l’emploi de exprime une question, une
pronoms interrogatifs, demande.
l’inversion de l’ordre sujet-
verbe, une intonation Elle est parfois déguisée
ascendante et l’usage du point (recherche d’effets oratoire
d’interrogation (?). ou stylistiques).
Exemples :
 « Pour qui sont ces Elle peut être un ordre
serpents qui sifflent sur nos atténué.
têtes? » (Jean Racine,

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Andromaque, Acte V, Scène
5, 1667) (question)
 « Les esprits forts savent-ils
qu’on les appelle ainsi par
ironie? » (Jean de La
Bruyère, « Des esprits
forts », Caractère, 1688)
(affirmation déguisée)
 Peux-tu cesser de crier?
(ordre)

On rencontre aussi une forme


indirecte de l’interrogation avec
une subordonnée précédée
d’un verbe de demande.
Exemples :
 Elle veut savoir si son
départ est retardé.
 Elle veut savoir ce que tu
aimerais faire.
La phrase exclamative ou La phrase exclamative se La phrase exclamative traduit
expressive caractérise par l’emploi de la surprise, la joie ou la
pronoms ou d’adjectifs tristesse, l’intensité du désir,
exclamatifs, mais aussi par une etc.
intonation appropriée au
sentiment exprimé. Le point
d’exclamation (!) termine la
phrase.
Exemple :
 « Quoi! Passés pour jamais!
quoi! tout entiers perdus! »
(Alphonse de Lamartine,
« Le lac », Méditations
poétiques, 1820)
La longueur des phrases
La phrase courte La phrase courte se caractérise La phrase courte accélère le
par des groupes nominaux et récit.
verbaux réduits à leur plus
simple expression. Elle permet, par une
Exemple : ponctuation forte et
 Dans ce passage du roman, rapprochée et par la
les phrases sont courtes suppression des mots de
(« J’ai répondu : Non. », liaison, de briser le rythme et
« Puis elle a parlé. », « J’ai d’exprimer le morcellement,
dit : Naturellement. », « Je l’hésitation, le désordre,
lui ai dit : C’est sale. »; elles l’émotion ou, au contraire, le

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s’accordent à la refus de l’épanchement.
personnalité de Meursault,
qui s’obstine à ne pas
développer sa pensée et se
contente de faire des
constatations sèches. La
sécheresse de ses réponses
contraste, d’ailleurs, avec la
gravité des questions
posées par Marie : même
s’il est questions de
mariage et d’amour, le
narrateur refuse tout
lyrisme. (Albert Camus,
L’Étranger, 1942)
La phrase longue La phrase longue se caractérise La phrase longue produit, en
par des groupes nominaux et association avec d’autres
verbaux étendus, par l’insertion éléments, des effets liés au
d’éléments juxtaposés, sens du texte.
coordonnés ou subordonnés,
par la présence accrue Elle souligne un souci de
d’articulations logiques ainsi précision des détails qui
que par l’abondance de la conduit à des effets
ponctuation. d’accumulation.
Exemple :
 L’un des paragraphes de ce Elle dénote une structure
conte est constitué d’une démonstrative ou une
seule phrase dont la période oratoire.
construction épouse le
propos qu’il contient. En
effet, le début de la phrase,
qui explique que le Loup a
pris le chemin le plus court,
est lui-même court : « Le
loup se mit à courir de
toutes ses forces par le
chemin qui était le plus
court ». Le reste de la
phrase (« et la petite fille
s’en alla par le chemin le
plus long, s’amusant à
cueillir des noisettes, à
courir après les papillons,
et à faire des bouquets de
petites fleurs qu’elle
rencontrait ») est deux fois

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plus long, tout comme le
long trajet emprunté par
l’enfant qui s’amuse tout le
long du chemin. (Charles
Perreault, « Le Petit
Chaperon rouge », Contes,
1697)
La structure des phrases
La phrase verbale simple La phrase verbale simple ne La phrase verbale simple est
comporte qu’un seul verbe et présente dans tous les types
s’organise autour d’une de textes.
information en suivant la
structure simple : groupe sujet Sa fréquence est néanmoins
+ groupe verbal. plus grande dans les textes
Exemple : de vulgarisation : articles de
 Dans ce roman, qui raconte journaux, modes d’emploi,
la vie d’un libraire etc.
indifférent et désabusé, le
narrateur emploie des
phrases simples, parfois
elliptiques (« Peu importe.
Autant d’écrit, autant de
pris. », « Inutile d’y
revenir. »), à la syntaxe
tout à fait élémentaire
(« Ça passe le temps. »,
« Alors je rédige ce
journal. », « Enfin, c’est
passé. »). Comme sa
pensée est réduite au
minimum, le style de son
écriture suffit à rendre
compte des détails sans
intérêt de sa vie monotone.
(Gérard Bessette, Le
libraire, 1960)
La phrase nominale La phrase nominale est La phrase nominale donne
constituée de noms ou de une impression de raccourci
groupes nominaux, sans verbe. et d’accélération qui permet
On la rencontre dans certaines de renforcer une idée ou une
questions ou exclamations, des notion.
titres ou encore des slogans.
Exemple : Elle est employée, par
 Alain Dubois vient de exemple, pour accélérer le
découvrir l’adultère de sa déroulement d’un récit
femme : « Je voudrais lorsque les événements se

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pouvoir pleurer. Noir précipitent, ou pour rendre
devant, noir derrière, noir une exclamation plus
partout », dit-il. frappante.
La répétition du mot « noir »,
suivi chaque fois d’adverbes de Elle rend plus vivants ou
lieu différents (« devant », saisissants la description et le
« derrière » et « partout »), portrait.
accentue certes l’omniprésence
de cette impression
d’obscurité. Mais c’est surtout
l’emploi de la phrase nominale
qui, excluant tout sujet et tout
verbe, isole l’objet et traduit
ainsi le profond désespoir du
narrateur. (André Langevin,
Poussière sur la ville, 1953)
La phrase composée La phrase composée est formée La juxtaposition permet
de plusieurs propositions l’accumulation. La
juxtaposées ou coordonnées. coordination, quant à elle,
Exemple : permet des phrases
On se débat; c’est vous, c’est d’addition (et), d’opposition
lui, c’est moi, c’est toi; non, ce (mais), de cause (car), etc.
n’est pas nous : qui est-ce
alors?
La phrase complexe La phrase complexe s’organise La phrase complexe bien que
autour d’une information présente dans tous les types
principale sur laquelle se de textes, demeure l’une des
greffent tous les éléments caractéristiques du style
indispensables à sa littéraire.
compréhension. Elle est formée
d’une proposition principale et Elle donne plus de subtilité
d’une ou plusieurs propositions au discours.
subordonnées.
Exemple : Elle permet l’accumulation, le
Il s’aperçut soudain que les détail, le foisonnement.
espoirs qu’il avait fondés sur
cet enfant, dont il pouvait tout Elle est propre aux envolées
espérer, seraient réduits à oratoires.
néant par cette maladie fatale
qui le minait chaque jour
davantage. (5 verbes conjugués
= 5 propositions)

Exemple :
Dans sa description de l’Île

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Bonaventure, Breton emploie
des phrases longues et
complexes, avec plusieurs
subordonnées : « On a pu
parler de symphonie à propos
de l’ensemble rocheux qui
domine Percé, mais c’est là une
image qui ne prend de force
qu’à partir de l’instant où l’on
découvre que le repos des
oiseaux épouse les
anfractuosités de cette muraille
à pic, en sorte que le rythme
organique se superpose ici de
justesse au rythme inorganique
comme s’il avait besoin de se
consolider sur lui pour
s’entretenir. »
Breton semble avoir voulu ici
recréer, par l’écriture, les
méandres de la pensée
méditative que lui a inspirée
cette découverte. (André
Breton, Arcan 17, 1947)

Bibliographie :

PILOTE, Carole. Guide littéraire, Montréal, Beauchemin, 2007, 140 p.

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