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La narratologie est une discipline qui étudie la structure et les techniques narratives

utilisées dans la création d’une histoire ou d’un récit. Elle analyse les différents éléments
constitutifs d’une narration, tels que le récit, le narrateur, les personnages, l’intrigue, le temps
et l’espace, et étude également leurs relations et interactions. La narratologie cherche à
comprendre comment une histoire est racontée et comment elle est perçue et interprétée par le
lecteur ou le spectateur. Elle s’intéresse également aux différents genres narratifs, tels que le
roman, le théâtre, le cinéma, la bande dessinée et étudie les spécificités et les conventions
propres à chaque genre. Elle s’appuie sur des théories et des concepts issus de plusieurs
domaines. Le texte soumis à notre étude est extrait de l’œuvre Sous Le Voile De La Mariée
paru en 2015 à Sud Edution de l’écrivain ivoirien Mathurin Goli Bi Irié né le 9 Mai 1960 à
Vrigrita dans le département de Bouaflé. Dans ce texte il est question des festivités de
mariage de Jean-Jacques. Ce fragment présente deux thèmes directeurs à savoir le portrait de
Jean-Jacques et le mariage grandiose de celui-ci. Dans un commentaire composé à option
narratologique, nous mettrons en évidence la description de Jean-Jacques en rapport avec les
focalisations et les instances narratives et autres voix narratives, puis le mariage somptueux
avec l’étude des personnages, de l’espace et du temps.

Le portrait de Jean-Jacques portera sur les focalisations, les instances narratives et


autres voix narratives. D’abord la focalisation, elle correspond précisément à la
vision qui apparaît dans le texte. Nous avons trois sortes de focalisation
à savoir la focalisation interne, la focalisation externe et la
focalisation zéro. Primo, la focalisation interne relate des émotions, des
sentiments, et des états d’âme. Cela se perçoit dans les phrases suivantes
« on avait l’impression qu’il se prenait pour un impubère écervelé dont
l’essentielle de sa vie était réduit à voltiger de femme en femme comme
une phalène sur des bougainvilliers à la recherche de nectar », « Il
était devenu un Jean-Jacques que le remords avait tamisé ». Par cette
focalisation interne, le narrateur met à nu l’état d’âme de Jean-Jacques et le sentiment qu’il
avait de Jean-Jacques. Secondo, la focalisation externe, elle décrit les
comportements ou enregistre les paroles effectivement prononcées. C’est
une focalisation qui porte également sur les descriptions du paysage. A
titre d’exemple, nous avons les déclarations suivantes : « Sur son
visage, l’on apercevait les prémices de mille rides et sur sa tête, des
cheveux grisonnants fauchés par une calvitie bourgeonnante », « Le décor
féerique faisait aussi rêver ». Avec ces illustrations, il en ressort
véritablement que nous sommes en face d’une focalisation externe dans la
mesure où le narrateur ne pénètre pas dans le for intérieur du personnage
Jean-Jacques. Il se contente de le décrire physiquement. Tertio, la
focalisation zéro, est une focalisation qui réunit à la foi la
focalisation interne et la focalisation externe. Elle est donc une vision
correspondant au regard de Dieu. Cette focalisation est visible à travers
les syntaxes suivantes : « Il fut maintes fois l’ex-mari de tant de
femmes jetées nuitamment dans la rue », « Le voilà donc qui, dans
quelques minutes, deviendra l’homme que les siens avaient toujours qu’il
fût ».
À mi-parcours de notre étude, nous avons étudié la focalisation
externe, interne et zéro et la manière dont elles se manifestent dans le
texte. Cependant, notre étude se poursuivra avec l’analyse des instances
narratives et les autres voix narratives.
Les instances narratives et les voix narratives renvoient aux voix
qui expriment dans le texte. Nous avons trois types de narrateur à savoir
le narrateur homodiégétique, le narrateur hétérodiégétique et les autres
voix narratives. Elles étudient à travers l’étude statistique. Après
l’étude statistique, nous n’avons repéré que le narrateur
hétérodiégétique avec vingt-huit (28) occurrences. Le narrateur
hétérodiégétique, il est reconnaissable par le pronom personnel « il » et
ses assimilés se manifestent dans le texte à travers les adjectifs
possessifs « son, sa, ses, sien » et les pronoms personnels
compléments « lui, l’, le ». Dans ce texte, le narrateur
hétérodiégétique monopolise la parole. Quand il prend la parole, il fait
le portait physique et moral de Jean-Jacques. Il donne plus d’informations
sur le personnage. Comme illustration nous avons la phrase suivante :
« sur son visage, l’on apercevait les prémices de mille rides et sur sa
tête des cheveux grisonnants fauchés par une calvitie bourgeonnante »,
« Malgré cette apparence de vieillard grabataire, il n’avait de pareil
dans la paillardise », ces phrases déclaratives renvoient au portrait
physique. Nous pouvons dire qu’il s’agit d’un portrait pessimiste dans
la mesure où le narrateur une description dépréciative du personnage. Il
montre que le personnage se mariait à un âge avancé « A cinquante ans
révolus ». Le narrateur va plus loin en présentant un portait moral. Pour
illustration, nous avons l’expression suivante : « on avait
l’impression qu’il se prenait pour un impubère écervelé dont
l’essentielle de sa vie était réduit à voltiger de femme en femme comme
une phalène sur des bougainvilliers à la recherche du nectar ».
Dans cette première partie de notre étude portant sur le portrait de
Jean-Jacques, l’étude nous a permis d’analyser les différents types de
focalisation entre autres la focalisation interne, la focalisation externe,
et la focalisation zéro, puis les instances narratives et autres voix
narratives. Notre travail se poursuivra avec le deuxième thème directeur
qui est le mariage somptueux et sera mis en évidence avec l’étude des
personnages, de l’espace et du temps.

Cette deuxième partie de notre travail consistera à étudier le


mariage grandiose en rapport avec l’étude des personnages, de l’espace et
du temps. Le personnage est un être de papier qui pose des actions dans un
texte. Il s’étudie en quatre étapes qui sont : la classification,
l’identification, le réseau relationnel et schéma actantiel. La
classification consiste à hiérarchiser les personnages, c’est-à-dire de
trouver le personnage principal, secondaire et les comparses. Dans notre
présente étude, nous avons uniquement le personnage principal. Le
personnage principal est celui qui est au début et à la fin du récit, qui
mène l’action principale et est celui dont tout le monde parle. Ici, le
personnage principal est Jean-Jacques. Quant à l’identification, il
s’agit de faire le portrait physique, moral, comportemental et le statut
social du personnage principal.
Au niveau du portrait physique : il s’agit d’un homme à travers son nom
« Jean-Jacques». Au niveau du portrait moral, Jean-Jacques est immature,
indécis. En effet, il n’est pas stable sentimentalement. Au niveau du
portrait comportemental, l’on peut dire qu’il est un coureur de jupon.
Cela est perceptible dans la phrase suivante « on avait l’impression
qu’il se prenait pour un impubère écervelé dont l’essentiel de sa vie
était réduit à voltiger de femme en femme comme une phalène sur des
bougainvilliers à la recherche du nectar ». Au niveau de son statut
social, il est un homme riche dans la mesure où il a pu organiser un
mariage grandiose à en croire les énoncés suivants, « la mélodie des
fanfares » ; « le décor féerique faisait aussi rêver ». Au niveau du
réseau relationnel, il entretient une relation amicale avec son entourage.
Le schéma actantiel est le schéma qui consiste à représenter
l’action des personnages dans un texte. Il comporte six fonctions que sont
le sujet, l’objet, le destinateur, le destinataire, l’adjuvant et
l’opposant. Poussé par le destinateur (l’âge avancé, la détermination),
le sujet Jean-Jacques part à la recherche de son objet qu’est le mariage.
Dans cette quête il est aidé par des adjuvants (amis, son entourage). Dans
son parcours il ne rencontre aucune difficulté ni d’obstacles. Cette quête
sera favorable pour le destinataire qui est le sujet lui-même.
Au regard de ce qui précède, l’étude des personnages nous a permis
de mettre en lumière les étapes d’analyse ceux-ci à savoir la
classification, l’identification, le réseau relationnel et schéma
actantiel. Il nous importe dès à présent de faire l’analyse de l’espace
et du temps.

L’espace s’entend comme le lieu où se déroule l'action des


personnages. Son étude se fait suivant trois étapes que sont l'inventaire,
le schéma de trajectoire et la qualification. Ici les événements se
déroulent dans deux espaces entre autres un espace fermé circulaire et un
espace fermé. Cela se voit à travers les indices textuels suivants, « dans
la salle caniculaire pour raison de coupure intempestive d’électricité, on
suait de grosses gouttes » (espace fermé) ; « dans la cour, à l’entrée
de la salle, derrière, sous les arbustes, dans la pelouse, les danses
rivalisaient » (espace fermé circulaire). Le déplacement des personnages
se fait en mouvement. Exemple, « les danses rivalisaient », « la mélodie
des fanfares ». Le champ lexical de la joie qui se perçoit à travers les
éléments, « les danses rivalisaient », « la mélodie des fanfares »,
« on poussait les cris de gaieté » montre que cet espace est un espace
euphorique.
Quant au temps, il s’appréhende comme le moment où l'action se
déroule. L'étude du temps se fait à partir d'un inventaire des temps
verbaux et leurs valeurs. L'étude porte sur le temps de la narration
correspondant au mode et au temps verbaux. . Ce texte révèle un mode
principal qui est l'indicatif. Parmi les huit temps du mode indicatif, nous
comptons cinq dans ce texte à savoir le passé composé, le présent,
l’imparfait, le passé simple et le plus-que-parfait. Mais c’est
l’imparfait qui domine avec vingt-six occurrences. L’imparfait a une
valeur des faits passés qui continuent dans le présent. Il permet de
décrire en long et large l’histoire du mariage de Jean-Jacques.

En définitive, l’étude de ce texte nous a permis d’aborder deux


thèmes directeurs à savoir la description de Jean-Jacques et la cérémonie
de mariage de celui-ci. Notre étude portant sur le portrait de Jean-
Jacques, a permis d’analyser les différents types de focalisation entre
autres la focalisation interne, la focalisation externe, et la focalisation
zéro, puis les instances narratives et autres voix narratives. Ces éléments
nous ont permis de faire le portrait physique et moral de Jean-Jacques.
Quant au second thème directeur qui est le mariage somptueux, son étude a
été rendue possible grâce à l’étude des personnages, de l’espace et du
temps. Ce texte peut l’objet d’un commentaire composé à option
sémiotique.
TEXTE SUPPORT

Une question cependant, était sur toutes les lèvres. A quel âge se
mariait-il ? A cinquante ans révolus. A cet âge, il était déjà comme un
homme seuil du troisième âge. Sur son visage, l’on apercevait les prémices
de mille rides et sur sa tête, des cheveux grisonnants fauchés par une
calvitie bourgeonnante. Malgré cette apparence de vieillard grabataire, il
n’avait de pareil dans la paillardise. On avait l’impression qu’il se
prenait pour impubère écervelé dont l’essentiel de sa vie était réduit à
voltiger de femme en femme comme une phalène sur des bougainvilliers à la
recherche du nectar. A cette heure de son mariage on se souvenait de tout,
le concernant. Il fut maintes fois l’ex-mari de tant de femmes jetées
nuitamment dans la rue. Encore lui, le dur tison de tant de jouvencelles
flouées et de tant de divorcées et autres ménopausées à la recherche du
plaisir. Avec un tel passé ténébreux, une telle vie poussiéreuse, on avait
pensé que ce mariage dont il parlait tant, était une autre palinodie, un
autre poisson d’avril.
Cette fois-ci, les choses ne s’étaient pas passées comme
d’habitude. Sur lui, le temps avait eu son effet. Il était devenu un
Jean-Jacques que le remords avait tamisé. Normal ! On a souvent dit que
seuls les imbéciles refusent de changer. Et ce matin-là, il riait aux
éclats à tous les invités. Non des rires jaunes d’antan mais ceux
dépouillés de toutes fioritures qui annonceraient un nouvel espoir de son
existence. C’était de cette façon que ses amis moulus par une certaine
révolution culturelle voudraient le voir depuis des décennies. D’aucuns
diraient, peu importe le temps. L’essentiel c’est ce que l’on fait de
bien du temps et de glorieux de l’âge. Le voilà donc qui, dans quelques
minutes deviendra l’homme que les siens avaient toujours voulu qu’il fût.
Un homme marié. Autour de lui, on trouvait inconcevable d’être ce qu’il
était, sans porter au doigt, l’anneau de mariage.
Dans la salle caniculaire pour raison de coupure intempestive
d’électricité, on suait de grosses gouttes. On étouffait. On se plaignait.
Mais, dans tous les recoins de la salle, se levait des hourras
triomphateurs d’une cohorte d’amis et collègues des futurs mariés. Dans
la cour, à l’entrée de la salle, derrière, sous les arbustes, dans
pelouse, dans les danses rivalisaient. Plus loin, s’entendaient bruyants
des chants langoureux du territoire, la mélodie des fanfares. Ici, on
poussait des cris de gaieté.

UNIVERSITE ALASSANE OUATTARA

UFR Communication, Milieu et Société


Département des lettres modernes
NIVEAU : MASTER II

Parcours 1 : LTDL
NARRATOLOGIE

COMMENTAIRE COMPOSE A OPTION


SUJET :
NARRATOLOGIQUE

Présenté par : Enseignant


Kouadio Amani Joselin Prof. IBO LYDIE
N’guessan Amani Mao Stéphane
Konan Amenan Dorcasse
Assemien KouaKou Félix
Kouassi Kouakou Jonas
Yéo Wandjo
Kouakou Allui Hurus Zébédé
Kouadio Koffi Henock
Kouamé Bani Léandre Claverie
Niaba N’kogoua Léa Bénédicte

ANNEE ACADEMIQUE 2023-2024

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