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Monet et Auburtin, l’amour du paysage

À Giverny, le Musée des impressionnismes expose les œuvres de Jean Francis


Auburtin, en dialogue avec celles de Claude Monet. Une promenade en bord de
mer.
Nul besoin de présenter Claude Monet. Jean Francis Auburtin (1866-1930), qui partage avec
lui l’affiche du Musée des impressionnismes de Giverny jusqu’au 14 juillet (1), est en
revanche largement tombé dans l’oubli. De 25 ans plus jeune que Monet, Auburtin fut
pourtant de son vivant un célèbre peintre décorateur, qui installa ses grands formats dans
des lieux publics prestigieux : le Conseil d’État, la Sorbonne, l’université de Lyon…

L’exposition permet de découvrir une facette plus intime de son œuvre, sa peinture de
paysage, restée largement méconnue. À Giverny, elle dialogue – excusez du peu – avec le
maître de l’impressionnisme. On pouvait légitimement craindre que les toiles d’Auburtin
soient écrasées par celles de son prestigieux aîné. Au contraire, il se noue entre les deux
artistes une intéressante conversation, où la singularité de chacun est mise en valeur.

Des chevalets placés dans les mêmes lieux

Ce duo s’adosse aux paysages que les deux peintres ont aimés et admirés.  « Nous ne
savons pas si Monet et Auburtin se sont rencontrés, mais une chose est sûre : Auburtin a vu
les toiles de Monet et il a posé son chevalet dans les mêmes lieux, peignant, comme lui, sur
le motif et en séries  », explique Géraldine Lefebvre, commissaire de l’exposition.

Les rivages de la Méditerranée, de Belle-Île-en-Mer et de la Normandie (Pourville, Étretat,


Varengeville…) ont inspiré les deux hommes. Si le motif et le cadrage retenus sont
identiques, la manière de peindre et la technique diffèrent. La peinture de Monet est solaire,
saisissant la nature au petit matin, avec un pinceau qui vibrionne en mille touches. Celle
d’Auburtin est plus crépusculaire, préférant les mêmes scènes tamisées, au coucher du
soleil, au moment où la lumière teinte ciel et nuages avant de disparaître.

Des styles contrastés

Auburtin avance déjà vers le symbolisme, présentant une nature imposante, porche vers
l’invisible. Il suggère l’intemporalité en estompant les mouvements de la mer et des nuages,
fige ses scènes par des effets de matité, en utilisant la gouache rehaussée de pastels. À ses
côtés, la peinture de Monet, présentée en une vingtaine de toiles majeures, se dévoile plus
charnelle, comme dans Plage et falaises de Pourville, effet du matin (1882), où le peintre
utilise une palette étonnante, plaçant des touches multicolores dans les beiges du massif
rocheux.

Les deux peintres savent aussi surprendre. Auburtin s’échappe parfois du côté des nabis,
avec des ciels aux teintes acidulées, rosés, bleutés, orangés… Ailleurs, il joue des
contrastes, juxtaposant des aplats de couleurs vives cernés de couleurs sombres, dans un
style qui évoque l’œuvre de Marquet, comme dans ses Barques à Étretat(1902).

Monet n’est pas en reste. L’Aiguille et la Falaise d’Aval  (1885) tire vers l’abstraction. La
falaise d’Étretat y est devenue une simple barrière sombre, bouchant presque l’horizon,
d’où surgit un ciel rose hachuré de blanc… Étonnante variation, très contemporaine, d’un
motif cent fois immortalisé.

Monet-Auburtin Une rencontre artistique. Rens. : mdig.fr et 02.32.51.94.65. Entrée : 7,50 €.


Gratuit le premier dimanche de chaque mois.

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