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Module optionnel (Conception Mécanique) ISET Rades

Chapitre 3 : Calcul d’arbre

1. Introduction :
Un arbre est une pièce de révolution, normalement de section circulaire, qui supporte
généralement des éléments de transmission tels qu’engrenages, poulies, volants,
manivelles, pignons de chaînes etc.

L’arbre est un des éléments de machines le plus fréquemment utilisé. Son rôle est multiple :
en général, il sert à transmettre la puissance d’une partie de la machine à une autre, mais il
peut aussi servir à assurer le positionnement d’un élément par rapport à un autre. A cause
de sa géométrie et de ses fonctions, un arbre peut porter différents noms tels que :

 Arbre de transmission : il transmet un couple d’un moteur à une machine ou à un


élément de machine.
 Arbre de renvoi : il supporte des éléments de machines (engrenages, poulies, …) et il
transmet un couple entre chaque élément.
 Essieu : arbre stationnaire ou rotatif, qui ne transmet pas de couple, mais qui sert au
positionnement.

Suivant le rôle qui lui est dévolu, l’arbre est soumis à des contraintes de flexion, à des
contraintes de torsion, ou à un chargement complexe de torsion, de flexion et charge axiale
de traction ou compression.

On conçoit un arbre en considérant un de ces critères :

 la résistance.
 la rigidité (déformation).
 la vitesse critique.

Le critère choisi dépend de la géométrie et des spécifications imposées par la fonction


éventuelle de l’arbre.

2. Montage des éléments sur arbre :


Lorsque l’on conçoit un arbre, l’objectif visé, quelque soit le critère choisi, consistera
toujours à chercher à obtenir la construction la plus économique possible et la plus sûre. En
d’autres termes, il s’agira d’obtenir l’arbre ayant le plus petit diamètre possible. Quelles que
soient les données qui ont servi de base au calcul (résistance, rigidité ou vitesse critique), le
diamètre de l’arbre est grandement influencé par la distribution des moments fléchissant.
Afin de réduire le plus possible ces moments, il est avantageux de monter les éléments de
transmission le plus près possible des supports de l’arbre (ou des paliers).

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Les arbres sont positionnés transversalement et axiale ment par des coussinets ou des
roulements. A noter que plusieurs éléments de transmission (embrayages, engrenages
hélicoïdaux, engrenages coniques ainsi que les dilatations thermiques, produisent des
charges axiales qui peuvent, dans certains cas, être très importantes. Des butées doivent être
prévues pour reprendre ces charges.

3. Matériaux pour arbre :


En général, des aciers ordinaires au carbone, laminés à chaud, entrent dans la
fabrication des arbres de transmission et des arbres qui n’ont pas besoin de caractéristiques
de résistance particulières ; un pourcentage de carbone variant de 0,15 à 0,30 % peut être
utilisé. Par contre, les arbres de machines soumis à des charges variables et les arbres
tournant à grande vitesse nécessitent des aciers de plus grande résistance, donc des aciers
pouvant subir des traitements thermiques : le pourcentage en carbone varie de 0,35 à 0,55%
- Voir cours Sciences des matériaux.

Il est à remarquer que la rigidité (de flexion ou de torsion) d’un arbre augmente seulement
avec l’augmentation du diamètre de l’arbre, étant donné la rigidité est proportionnelle au
module d’élasticité E ou G et au moment d’inertie I de la section considérée.

Pour remplir certaines fonctions particulières, les arbres peuvent être fabriqués en
matériaux autres que les aciers : alliages d’aluminium ou de titane, matières plastiques
renforcées de fibres, alliages de cuivre …

4. Démarche à suivre pour calculer ou vérifier le diamètre d’un arbre :


Quelle que soit la méthode de calcul employée, la démarche à suivre pour résoudre
un problème est simplement et sensiblement la même. Les étapes sont :

- Calculer les actions mécaniques, dans les différentes sections droites de la poutre.
- Déterminer les torseurs des efforts de cohésion.
- Tracer les diagrammes des efforts de cohésion.
- Déterminer la section critique de la poutre (la plus dangereuse ou la plus sollicitée).
- Déterminer le moment idéal Mi :

Mi  M f2  M 2t
- Calculer le diamètre nécessaire de la section critique pour résister à ces efforts, ou
vérifier la sécurité à cette section critique (si son diamètre est connu).

Le calcul de la contrainte nominale se fait avec la formule suivante :

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y Mi y
  M 2f  M 2t   max adm
I GZ I GZ
Où : σmax adm : contrainte maximale admissible à la traction.

IGZ : moment quadratique de la section de l’arbre.

Mf : moment de flexion maxi.

Mt : moment de torsion maxi.

y : distance du point considéré par rapport à la fibre neutre.

d I  d
4
Pour un arbre de section circulaire : y = , GZ
2 64

32
Donc  M 2f  M 2t   max adm
 d3
On peut alors déduire la relation donnant le diamètre d d'un arbre plein :

32
d3 M f2  M 2t
 mad

5. Critères de résistance :
Il existe plusieurs méthodes pour calculer le diamètre de l’arbre ou pour vérifier sa
résistance ou d’un diamètre choisi. Les méthodes que nous verrons sont sûres et leur degré
d’exactitude est fonction des facteurs considérés. Toutefois, ces méthodes ne donnent pas
nécessairement des résultats identiques.

5.1- Critère de cisaillement maxi (code ASME) :


Cette méthode est simple à employer. C’est un outil très utile lors de la conception
car il permet d’évaluer rapidement le diamètre des arbres en utilisant une théorie de
limitation statique basée sur le cisaillement maximal. Elle définit la contrainte de
cisaillement admissible comme étant la plus petite des valeurs suivantes :

Max adm = b . 0,18. r où b = 1 sans concentration de contrainte

ou Max adm = b . 0,30. e b = 0,75 avec concentration de contrainte

La valeur de c peut être réduite de 25% si la fiabilité de l’arbre est susceptible d’entraîner
des conséquences catastrophiques.
Le calcul de la contrainte maximale de cisaillement basé sur le cercle de Mohr se fait avec la
formule suivante : pour une section circulaire pleine

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 compraission  ( K M ) 2
 ( K M ) 2
  max i adm
 dn 3 f f t t

Facteurs de chargement du code ASME:


Chargement Kf Kt
Arbre stationnaire
 Charge appliquée lentement 1 1
 Charge appliquée rapidement 1,5 – 2 1,5 – 2
Arbre de transmission ou de renvoi
1,5 1
 Charge constante ou appliquée lentement
1,5 – 2 1 - 1,5
 Chocs mineurs 2-3 1,5 - 3
 Chocs majeurs

5.2- Critère de Von Mises :


Pour les arbres de transmission, on ne tient compte que des effets des moments de
flexion et de torsion. Les effets de concentration des contraintes ne sont pas aussi considérés,
mais on doit vérifier ces arbres aux sollicitations dynamiques. La relation suivante est très
utilisée pour une prédétermination du diamètre de l'arbre :

 eq   2  3 2   max adm

Où:
Mf  (D 4 - d 4 ) D
- σ est la contrainte normale effective  = k y avec I Gz  I Gy  et y 
I GZ 64 2

k et k sont des coefficients de concentration de contraintes (ANNEXE 1)


 (D 4 - d 4 )
- τ est la contrainte tangentielle effective  = k
Mt
r avec I G  et r 
D
IG 32 2

- σ max. adm : contrainte maximale admissible du matériau en traction

4N 32M f 2 16M t 2
 eq  ( K tt  K )  3(K )   max
d 2 tf
 d 3 to
d 3 adm

5.3- Critère de Tresca :

 eq   2  4 2   max adm

4N 32M f 2 16M t 2
 eq  ( K tt  K )  4(K )   max
d d d
2 tf 3 to 3 adm

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6. Vérification de l'arbre à la déformation :
En plus de transmettre la puissance, les arbres servent à maintenir les positions
relatives des divers éléments de machines. La déformation latérale est plus critique lorsque
des engrenages sont montés sur un arbre ou lorsque ce dernier est supporté par des paliers.
La déformation en torsion peut affecter le synchronisme ou le déphasage des machines
entraînées. Dans de tels cas, on détermine en général la dimension de l’arbre en tenant
compte d'abord de sa rigidité et en vérifiant en suite sa résistance.

6.1- Cas de flexion :


La déformation en flexion s’exprime par :

M fGz Mf Gz 64
y ''  y ''  d4  Mf GZ dy
EI Gz d 4 Ey lim
E
64
Avec : MfGz : moment de flexion dans une section de l’arbre.

IGz : moment quadratique de la section de l’arbre.

E : module d’élasticité longitudinale du matériau.

y’’ : dérivée seconde de l’équation de la déformée.

Pour déterminer la flèche y il faut intégrer deux fois l’équation précédente.

Avec y  y lim
6.2- Cas de torsion :
La déformation en torsion s’exprime par :

MtL MtL 32
  lim   lim d4 MtL
IG G d 4  lim G
G
32

Avec : Mt : couple ou moment de torsion.

IG : moment quadratique polaire de la section de l’arbre.

G : module d’élasticité transversale du matériau.

L : Longueur du tronçon d’arbre sollicité à la traction.

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ORGANIGRAMME DE VERIFICATION
DU DIMENSIONNEMENT DES ARBRES

L’arbre est modélisé par une poutre à ligne moyenne


rectiligne. Généralement, on connaît la disposition et la
nature des éléments réalisant la liaison pivot entre l’arbre
et le bâti et les efforts appliqués aux différents organes
avec lesquels il est lié.

Afin de détermination les actions mécaniques exercées


sur l’arbre au niveau des liaisons. On isole l’arbre et on
applique le PFS ou le PFD selon l’importance des efforts
d’inertie.

La majorité des arbres est soumise à des sollicitations


composées de torsion, flexion, traction ou compression.
L’état réel des contraintes ne peut pas être directement
comparé aux caractéristiques mécaniques des matériaux.
La méthode consiste à utiliser une contrainte équivalente
notée eq.

- Matériaux fragiles : Critère de RANKINE

1
𝜎𝑒𝑞 = (𝜎𝑥 + √𝜎𝑥2 + 4𝜏 2 )
2
- Matériaux ductiles : Critère de VON MISES

𝜎𝑒𝑞 = √𝜎𝑥2 + 3𝜏 2 (Matériaux métalliques)

Critère de TRESCA

𝜎𝑒𝑞 = √𝜎𝑥2 + 4𝜏 2 (Aciers doux et alliages légers)

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Au voisinage d’un accident de forme (entaille,


épaulement, rainure, trou, mauvais état de surface,
défauts métallurgiques, etc.), les contraintes réelles sont
beaucoup plus importantes que celles calculées en (3). Ce
phénomène local est appelé phénomène de concentration
de contrainte. Pour les sollicitations simples, un
coefficient correcteur (kt >1) permet d’obtenir une
meilleure approximation de la contrainte réelle.

Ce coefficient (kt) dépend du mode de sollicitation et de


la géométrie de l’accident de forme. Il est estimé par la
théorie d’élasticité, la photoélasticimétrie ou de logiciels
de calcul de type éléments fini. Dans tous les cas, il est
important de noter que les grands rayons réduisent la
valeur du coefficient de contrainte (kt).

Pour dimensionner les structures sollicitées en statique,


on utilise les caractéristiques du matériau déterminées à
partir d’un essai de traction (Re, Rm) réalisé en quasi-
statique. L’application des contraintes évoluant dans le
temps, mais de valeurs maximales faibles par rapport
aux caractéristiques du matériau, peut entraîner la
rupture des pièces. Cette rupture est liée à
l’endommagement de fatigue. La plupart des pièces
mécaniques au cours de leur fonctionnement est soumise
à des sollicitations variables dans le temps. Ces dernières
détériorent les caractéristiques du matériau. Ce
phénomène est important pour la conception de
nombreuses pièces fortement sollicitées comme les
arbres de transmission.

Le coefficient de concentration des contraintes


dynamiques (kf) est égal au rapport de la limite
d’endurance d’une éprouvette lisse à la limite
d’endurance de l’éprouvette affectée d’entailles.

𝜎𝐷(𝑁) (é𝑝𝑟𝑜𝑢𝑣𝑒𝑡𝑡𝑒 𝑙𝑖𝑠𝑠𝑒)


𝑘𝑓 = , le coefficient (kf) est lié
𝜎𝐷′(𝑁) (é𝑝𝑟𝑜𝑢𝑣𝑒𝑡𝑡𝑒 𝑒𝑛𝑡𝑎𝑖𝑙𝑙é𝑒)
à (kt).
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𝜎𝑚𝑐 = 𝑘𝑡 . 𝜎𝑚 mc : Contrainte moyenne de calcul


𝑘𝑓
𝜎𝑎𝑐 = . 𝜎𝑎 ac : Contrainte alternée de
𝑘𝑝 . 𝑘𝑠 . 𝑘𝑒
calcul

La contrainte équivalente moyenne (em) est calculée


comme une contrainte équivalente statique. Le critère de
VON MISES donne, en tenant compte des coefficients de
concentration des contraintes statiques (ktt, ktf, kto)
relatives aux sollicitations de traction, de torsion et de
flexion.

 em  ( Ktt . mt  Ktf . mf ) 2  3(K to . m ) 2

La contrainte équivalente alternée va être calculée à


partir du critère de VON MISES donne et des coefficients
d’entaille dynamiques respectifs kft, kff, kfo.

 ea  ( K ft . at  K ff . af ) 2  3(K fo . a ) 2
at : Contrainte alternée due à la traction.

af : Contrainte alternée due à la flexion.

a : Contrainte alternée due à la tortion.

La contrainte moyenne de calcul (mc) est égale à la


contrainte équivalente moyenne. mc = em

La contrainte alternée de calcul (ac) est égale au rapport


de la contrainte équivalente alternée des coefficients
d’échelle ke et d’état de surface ks.
𝜎𝑒𝑎
𝜎𝑎𝑐 =
𝑘𝑒 . 𝑘𝑠
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