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Retranscription session 1a

Bonjour, bienvenue dans le premier chapitre du MOOC de volcanologie physique.


Intitulé « Des volcans et des hommes », ce chapitre sera présenté en trois sessions, la
première étant consacrée à l’évocation de quelques mythes "volcaniques".
Les volcans sont fascinants et représentent un spectacle magnifique qui ne laisse
personne indifférent. Puissants témoins de l'activité interne de notre planète, ils peuvent
inspirer les artistes, faire l’objet de véritables cultes, mais aussi parfois se comporter en
terribles meurtriers.
En grande partie démunies face aux phénomènes naturels, les civilisations anciennes
étaient fort probablement encore plus impressionnées que nous le sommes aujourd’hui
face à la force destructrice ou créatrice des volcans. Comme nous allons le voir, ces
civilisations ont souvent introduit les volcans ou leurs manifestations dans leurs
légendes mythologiques ou leurs textes sacrés.
La vision que les Hommes ont des volcans...
 peut être :
- soit plutôt scientifique,...


- soit plutôt, disons, "romantique".

Avant le développement de la volcanologie physique, ces deux visions étaient d’ailleurs


souvent mêlées.
Par exemple, les premiers modèles de Terre imaginaient en son centre un soleil refroidi,
ce qui expliquait l'augmentation de température ressentie lorsque l’on s’enfonce en
profondeur dans les mines.
Ces modèles considéraient les volcans comme les soupiraux laissant exhaler les
humeurs vaporeuses et incandescentes du feu interne.
Mais l'explication du feu interne nourrissant les volcans était le plus souvent moins
scientifique : il pouvait s'agir des feux des forges de Vulcain (Hephaïstos), voire du Feu
même de l'Enfer, dont l'Etna en Sicile ou le volcan Hekla en Islande, étaient les portes en
permanence entrebâillées.
Quiconque a été le témoin d'une éruption volcanique n'a probablement pas pu
s'empêcher d'imaginer les premiers âges sauvages d’une Terre entièrement minérale, et
il n'est pas étonnant que les volcans se soient vus attribuer dans de nombreuses
civilisations un rôle dans l'origine même du Monde.
Chez les Grecs, la lutte entre les Dieux et les Géants cherchant à libérer les Titans, les
enfants de Gaïa que Zeus avait enfermés dans le Tartare, se termina notamment par
l’ensevelissement du géant Mimas par Héraclès sous une masse de métal en fusion qui
devint le Vésuve.
Le puissant Typhon, titan qui possédait à la place des doigts cent têtes de dragons
crachant du feu, fut quant à lui vaincu par Zeus et enfermé sous l’Etna, où il rejoignit le
géant Encélade, les éruptions régulières du volcan n’étant rien d’autre aujourd’hui que la
respiration de ces prisonniers...
De façon moins bien connue, des représentations de divinités très proches se retrouvent
dans la civilisation Basque, où le serpent dragon Sugaar (ou Maju) possédait sept
gueules dont sortaient des volcans. Vivant dans les grottes, Sugaar en sort sous la forme
d’une boule de feu traversant le ciel et provoquant tempêtes et incendies.
Les volcans, ou les héros les personnifiant, sont également très souvent acteurs de
mythes et de légendes dont ils permettent d'illustrer la morale ou la philosophie.

C’est le cas par exemple du philosophe Empédocle, qui se jeta dans l’Etna pour se
suicider après avoir pris soin de délasser ses sandales et de les déposer sur le bord du
cratère pour témoigner de son geste. Geste d’orgueil démesuré pour démontrer le
liberté des poètes de choisir leur mort, ou témoignage que sa philosophie – où le feu
était source de mort et de vie - lui survivrait...
La déesse Pelée, qui a donné son nom à des produits volcaniques comme les « cheveux et
les larmes de Pelé », est quant à elle étroitement associée au volcan Hawaii.
Déesse des volcans et de la violence, originaire de Tahiti (un autre archipel d’origine
volcanique) elle le quitte en raison d’un conflit avec la déesse de l’eau Nâmaka. Elle
réside depuis au cœur du volcan Kilauéa à Hawaii dont elle déclenche les éruptions à
l’aide de son bâton magique.
La caldeira du Kilauéa était avant l’arrivée des européens considérée comme Terre
sacrée et inviolable. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, mais bien que convertie depuis
longtemps au christianisme, la population locale n’hésite pas à recourir à des offrandes
pour la Déesse lorsque des coulées menacent leur village.
La légende veut qu’encore aujourd’hui quiconque rompt l’équilibre du Kilauéa en
emportant hors de l’île un morceau de lave encourt le courroux de la déesse qui
provoquera malheur et désolation autour du coupable.
Le Mont Fuji fournit un autre exemple, à la fois familier et singulier, venu de l’extrême
orient. Il prend dans certains contes l'image d'un dragon dont il faut assouvir la faim par
le sacrifice régulier d'une jeune vierge, jusqu'à ce qu'un jeune homme plus courageux
arrive à vaincre le volcan : n’avons nous pas ici une illustration de notre ambivalence
face aux risques telluriques ? Apprendre à les accepter et à nous y adapter ou chercher à
les contrôler voire à les supprimer ?
Nous allons maintenant revenir un moment à la civilisation occidentale et nous arrêter
sur l’éruption dite « Minoenne » du volcan Santorin, qui s’est produite il y a 3600 ans
environ, et qui a produit la magnifique caldera qu’ont la chance de découvrir les
touristes atteignant l’île en bateau au coucher ou au lever du soleil...
L’éruption Minoenne a fait subir à la ville d'Akrotiri, capitale de l’île à l’époque de la
civilisation Minoenne, le même sort que le Vésuve fera subir à Herculanum et Pompéi en
79 après JC.
Cette éruption s'est produite en plusieurs étapes, et il est probable qu'avant le
paroxysme d'activité qui a entraîné la destruction de l'île, la population a pu fuir l'île en
bateau. On ne trouve d'ailleurs pas de cadavres, de bijoux ou de pièces de mobilier
précieux dans les fouilles d'Akrotiri.
Mais les fresques préservées par les dépôts volcaniques offrent un magnifique
témoignage du raffinement de la civilisation Minoenne à son apogée
Témoins de cette catastrophe qui marquera la fin de leur civilisation, les Minoens
l'auront sans nul doute racontée dans les territoires qui auront recueilli leur diaspora.
Il est fort probable que ces témoignages aient ensuite donné naissance au mythe de
l’Atlantide élaboré par Platon, voire à un des épisodes des aventures de Jason et des
Argonautes.
Quand les Argonautes affrontent le géant Talos qui protège la Crête, il leur jette en effet
des pierres (peut-être des pierres ponces ?) jusqu’à ce que le géant s’effondre blessé à la
cheville par Médée. Le géant agonisant laisse alors s’échapper de sa blessure du sang
chaud et épais comme du métal, assez compatible avec une coulée volcanique. Après
leur fuite de Crête, c’est une nuit percée ni par les étoiles ni par un quelconque rayon de
lune qui s’abat sur Jason et ces compagnons, ce qui est là encore compatible avec une
atmosphère chargée en cendres volcaniques.
Il a également été suggéré que l’éruption de Santorin avait été un acteur de l’exode de
Moïse et de son peuple fuyant l’Égypte et les troupes de Pharaon. Une colonne de nuée
indique en effet le chemin d'Israël le jour et une colonne de feu la nuit, ce qui correspond
tout à fait à la description d'une colonne Plinienne, sachant que la hauteur de celle
produite par l’éruption du Santorin est estimée à plus de 30 km.
Les dix plaies qui s’abattirent sur l’Égypte pourraient également être liées à l’éruption
du Santorin, depuis les eaux du Nil chargées en cendres (en sang) qui chassent les
grenouilles et les insectes, jusqu’à une pluie de grêle de fragments volcaniques (que l’on
a pu observer au St Helens en 1980) sans oublier bien sûr les épaisses ténèbres qui
obscurcissent le ciel...
Enfin, l'effondrement de la caldeira de Santorin s'est forcément traduit par un important
Tsunami, c'est à dire un retrait de l'eau puis une vague dévastatrice, Tsunami qui

aurait permis le passage des juifs à pieds secs de la mer Rouge (en fait une mer de Joncs
probablement proche de l’embouchure du Nil), cela avant d'engloutir l'armée de
Pharaon... Si le lien Santorin/Exode reste discuté, on peut noter que de nombreux autres
volcans peuplent le Sinaï et auraient pu jouer un rôle équivalent.
Nous voilà parvenus à la fin de notre voyage romantique au travers de quelques mythes
et légendes volcaniques. Je vous propose maintenant un premier questionnaire

à choix multiples avant de passer à la deuxième partie de ce chapitre.

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