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Communication culture et citoyenneté F3

Texte : L’appropriation culturelle

C’est l’un des sujets les plus sensibles de ces dernières années. L’appropriation culturelle agite sans
répit les réseaux sociaux qui se font désormais arbitre de la conformité d’une coiffure, d’une
photographie ou d’une robe inspirée de designs traditionnels. Mais comment objectivement définir la
frontière entre appréciation de la culture et appropriation culturelle ? L’exercice est périlleux.

Emprunt, inspiration ou sample : ces concepts sont au cœur de la créativité. Les artistes de tous les
milieux créatifs conçoivent leurs œuvres à partir de ce qui les a précédé, du monde qui les entoure et
de la culture qui stimule leur esprit. Mais dernièrement, un vent d’indignation agite différentes
minorités culturelles. Ces dernières ont le sentiment que leur héritage et leurs traditions sont usurpés
par les cultures dominantes à un degré tel qu’il relève de l’exploitation. En particulier, ces minorités se
sont tournées vers les réseaux sociaux pour s’alarmer dès lors qu’une marque, un magazine, ou une
célébrité tombe dans l’écueil de l’appropriation.

Parmi les exemples récents, la maison Valentino s’est retrouvée prise dans la tourmente après la
présentation en octobre dernier de sa collection printemps-été 2016 imaginée autour du thème africain.
Le scandale n’est pas tellement né des superbes vêtements inspirés, de façon a priori respectueuse et
originale, des robes africaines traditionnelles, mais plutôt des nattes trop littérales et du nombre
insuffisant de mannequins de couleurs sur le podium.

Les protestations en ligne à propos de l’appropriation culturelle au moment du show n’ont clairement
pas suffisamment imprégné le psyché corporate de Valentino. Ce fut évident quand la campagne de
publicité de la collection fut révélée. Elle présentait au milieu d’un village africain un nombre
prédominant de mannequins blancs, les cheveux tressés et entourés de Massaïs. Pour certains, la
campagne dépasse même le seuil de l’appropriation pour basculer dans le domaine du racisme.

Certains pourraient faire valoir l’argument que plus les cultures s’entremêlent – afin que les robes
traditionnelles, les styles de coiffure, la musique et les maniérismes se confondent -, mieux c’est. Que
la meilleure façon pour que des gens de milieux différents se rapprochent est d’associer les cultures à
une célébration et à une intégration des codes traditionnels généralisées. Après tout, les États-Unis ne
se vantent-ils pas d’être un melting-pot de cultures ? Et les Européens qui grandissent au milieu de
communautés diverses vont inévitablement aller piocher dans les coutumes, les dialectes et même dans
les traditions religieuses de groupes culturels différents avec qui ils interagissent au quotidien.

Où se situe donc la ligne dans le sable ? Quand peut-on considérer que l’appréciation de la culture a
dévié en appropriation culturelle ?

“Il est intéressant de décrire la limite entre appropriation et appréciation comme une ligne tracée dans
le sable parce qu’elle n’est pas immuable. Elle se déplace en fonction du temps et de l’espace. Dans la
mesure où la culture elle-même est très fluide et en mouvement constant », assure le Professeur Susan
Scafidi, fondatrice et directrice académique de l’Institut du droit de la mode de Fordham et auteur de
« Who Owns Culture? Appropriation and Authenticity in American Law” (en français : À qui revient
la culture ? Appropriation et authenticité dans le droit américain).
Communication culture et citoyenneté F3

Relativement aux sources, la question se mue : êtes-vous en train d’emprunter les codes d’une culture
dominante ou d’une minorité culturelle qui a d’autre part été opprimée, lésée ou qui n’a pas été
respectée autant que les autres cultures ? En guise d’exemple, les femmes de couleur entretiennent une
relation viscérale avec leur cheveux et avec la façon dont elles sont jugées pour leur « qualité ». Voir
ces mêmes coiffures pour lesquelles elles ont été sévèrement critiquées encensées lorsque portées par
une culture dominante peut susciter l’indignation de la communauté afro-américaine.

Conclusion
Lorsqu’on parle d’appropriation culturelle, le débat tourne donc souvent autour de la question
suivante : est-il préférable de marquer les différences culturelles ou d’adopter une approche
plus ‘color-blind’ qui vise à voir le monde uni et sans différences ? Comme cet article l’a
démontré, la deuxième option est dangereuse parce qu’elle induit à oublier l’histoire
douloureuse de discrimination dont ont été victimes certains groupes minoritaires. Toutefois,
renforcer les différences qui sont à la source de politiques discriminatoires ne semble pas être
la solution non plus. Il s’agit donc de trouver un juste milieu entre divisions rigides et fausses
croyances d’homogénéité, afin d’arriver à un réel partage bilatéral de la culture, alimenté par
de la reconnaissance informée. La réponse semble par conséquent se trouver dans l’éducation,
ce qui permettrait à chacun de connaître la signification d’objets culturels et devrait
décourager leur appropriation irréfléchie et irrespectueuse. En conclusion, réprimander
l’appropriation culturelle n’éliminera certainement pas les marginalisations actuelles et
n’effacera pas les tords passés, mais contribuera néanmoins à réduire les chances de renforcer
inconsciemment des inégalités structurelles coupables de maintenir des hiérarchies sociales.   

Par Manon Arundhati Fabre – Assistante de Recherche au CIPADH

Questions :
1) A la lumière de ce texte, proposez votre propre définition de l’appropriation culturelle.
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1) Peut-on dire que l’appropriation culturelle est une sorte de « racisme déguisé ?
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Communication culture et citoyenneté F3

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2) Quelle est la différence entre l’appropriation culturelle et l’appréciation culturelle ?


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3) Quelles seraient les solutions à proposer pour ne pas engendrer de polémique par rapport à
ce sujet ?

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Sujet de production écrite :

Une star ou une personne qui porte un habit traditionnel étranger ou s’approprie une coiffure
ethnique, est-ce de l’appropriation culturelle selon vous ? Êtes-vous pour où contre ce
principe ?

Vous développerez votre point de vue en une dizaine de lignes en vous appuyant sur des
arguments et des exemples précis.

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