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Recommandations ESC
Recommandations de
la Société européenne de Cardiologie
sur l’embolie pulmonaire
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réalités Cardiologiques # Mai 2015
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Recommandations ESC
liés à l’environnement, habituellement diagnostique puis thérapeutique définie s’abstenir de ce traitement spécifique de
temporaires. La MVTE est considérée dans les recommandations. Le patient l’EP, avec un risque bas acceptable.
comme” provoquée “s’il y a des facteurs est à haut risque s’il est en choc ou en
de risque temporaires ou réversibles hypotension artérielle persistante. Les signes fonctionnels et physiques ne
(tels qu’une intervention chirurgicale, sont pas spécifiques de l’EP. Lorsque la
un traumatisme, une immobilisation, présentation clinique suggère une EP,
une grossesse, une contraception orale
ou un traitement hormonal substitutif)
[ Diagnostic il faut procéder à des investigations
objectives.
dans les 6 semaines à 3 mois précédant Une EP est dite “confirmée” lorsque la
le diagnostic, et “non provoquée” en probabilité d’EP est suffisamment éle- 1. Évaluation de la probabilité clinique
l’absence de ces facteurs. Une embolie vée pour qu’un traitement spécifique de
pulmonaire peut également survenir en l’EP soit entrepris, et “exclue” lorsque la Les algorithmes de prédiction clinique
l’absence de facteurs de risque connus. probabilité est suffisamment basse pour sont présentés dans le tableau II.
[
Hémoptysie 1 1
lassification clinique
C Cancer en évolution 1 1
et stratification initiale Signes cliniques de TVP 3 1
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2. Stratégies diagnostiques confirmer le diagnostic, si cet examen d’urgence lorsque la probabilité clinique
est immédiatement disponible (IIb, C). est basse ou intermédiaire ou l’EP impro-
Elles sont présentées dans les figures 2 bable, afin d’éviter un examen d’imagerie
et 3 selon qu’il y a choc/hypotension ou Une angiographie pulmonaire peut être non nécessaire et une irradiation (I, A).
non. envisagée chez les patients instables
reçus directement en salle de cathété- En cas de probabilité clinique d’EP basse
3. Recommandations sur le risme, quand la coronarographie a exclu ou d’EP improbable, un taux normal de
diagnostic un syndrome coronaire aigu et que l’EP D-dimères exclut une EP (I, A).
devient un diagnostic différentiel pro-
l Suspicion d’EP avec choc bable (IIb, C). Des examens supplémentaires peuvent
ou hypotension (fig. 2) être envisagés en cas de probabilité inter-
l Suspicion d’EP sans choc médiaire, si le dosage des D-dimères est
Un angioscanner ou une échocardiogra- ni hypotension (fig. 3) négatif avec une technique modérément
phie transthoracique au lit du patient, sensible (IIb, C).
selon les disponibilités et les circonstances, L’usage de critères validés du diagnostic
est recommandé à titre diagnostique (I, C). d’une EP est recommandée (I, B). Le dosage n’est pas recommandé en cas
de probabilité clinique élevée, puisque
Avec des signes de dysfonction du ven- L’évaluation clinique est recommandée dans ce cas un dosage normal n’exclut
tricule droit (VD) et un patient est trop afin de baser la stratégie diagnostique sur pas le diagnostic d’EP avec suffisam-
instable pour supporter un angioscan- la probabilité clinique, évaluée soit par ment de sécurité, même si la technique
ner, la recherche d’un thrombus veineux le jugement clinique, soit par un algo- de dosage est hautement sensible (III, B).
et/ou artériel pulmonaire par examen rithme de prédiction validé (I, A).
Doppler veineux des membres infé- Un angioscanner normal exclut une EP
rieurs et/ou échocardiographie transœ- Le dosage des D-dimères est recom- en cas de probabilité clinique basse ou
sophagienne peut être envisagée afin de mandé en ambulatoire ou au service intermédiaire ou d’EP improbable (I, A).
Non Oui
Surcharge du VD
Angioscanner D-dimères
disponible
Non Oui ET Angioscanner
patient
stabilisé Négatifs Positifs
Fig. 2 : Algorithme diagnostique en cas de suspicion d’EP avec choc/hypotension. Fig. 3 : Algorithme diagnostique en cas de suspicion d’EP sans choc/hypotension.
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Un angioscanner normal peut exclure L’IRM ne doit pas être utilisée pour éli- sont hétérogènes et difficiles à standar-
l’EP avec suffisamment de sécurité en miner une EP (III, A). diser. Malgré tout, l’évaluation écho-
cas de probabilité clinique élevée ou graphique de la morphologie et de la
d’EP probable (IIa, B). fonction du VD peut aider à la stratifi-
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La posologie est précisée dans le paraît raisonnable de continuer l’anti- principales afin de faciliter la récupéra-
tableau VI, les contre-indications dans coagulation avec une HNF plusieurs tion du VD, d’atténuer les symptômes et
le tableau VII. heures après la fin du traitement throm- d’augmenter la survie. Chez les patients
bolytique, avant de la remplacer par une ayant une contre-indication absolue à
L’injection d’HNF doit être arrêtée HBPM ou du fondaparinux. la thrombolyse, les options interven-
durant l’administration de streptokinase tionnelles sont : une fragmentation du
ou d’urokinase ; elle peut être poursui- 3. Embolectomie chirurgicale thrombus par un cathéter à queue de
vie durant la perfusion de rt-PA. Chez cochon ou à ballonnet ; une thrombec-
les patients qui recevaient déjà une Techniquement, c’est une intervention tomie rhéolytique avec des dispositifs
HBPM ou du fondaparinux au début de relativement simple. Une thrombolyse hydrodynamiques ; une thrombectomie
la thrombolyse, l’injection d’HNF doit préopératoire augmente le risque hémor- par succion avec des cathéters à aspira-
être retardée à 12 heures après la der- ragique, mais n’est pas une contre-indi- tion ; une thrombectomie rotative. Chez
nière injection d’HBPM si celle-ci était cation absolue à une embolectomie les patients qui n’ont pas de contre-indi-
prescrite 2 fois par jour, ou à 24 heures chirurgicale. cation absolue à la thrombolyse, une
après la dernière injection d’HBPM ou thrombolyse dirigée par cathéter ou une
de fondaparinux (administrés 1 fois par 4. Traitement percutané dirigé thrombolyse pharmacomécanique sont
jour). Étant donné les risques hémorra- par cathéter les approches préférées.
giques de la thrombolyse et la nécessité
éventuelle d’arrêter immédiatement ou Son but est l’ablation de thrombus obs- 5. Filtres veineux
d’antagoniser l’effet de l’héparine, il tructifs dans les artères pulmonaires
Ils sont indiqués en cas de contre-indi-
Streptokinase Dose de charge de 250 000 UI en 30 minutes, puis 100 000 UI/h pendant cation absolue au traitement anticoagu-
12 à 24 heures lant d’une part, chez les patients ayant
une récidive objectivée d’EP malgré une
Traitement accéléré : 1 500 000 UI en 2 heures anticoagulation adéquate d’autre part.
Urokinase Dose de charge de 4 400 UI/kg en 10 minutes, puis 4 400 UI/kg/h pendant
12-24 heures 6. Stratégies thérapeutiques
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Choc/hypotension ?
Oui Non
EP confirmée
EP confirmée
ISEP classe III-IV ISEP classe I-II
ou ISEP-s ≥ 1 ou ISEP-s = 0
Risque intermédiaire
Fonction VD
(échocardiographie ou scanner)
Biologie
Un positif ou
Les deux positifs les deux négatifs
alternative à l’embolectomie pulmonaire Une HBPM et le fondaparinux sont les L’anticoagulation par l’apixaban (10 mg
chirurgicale chez les patients chez qui anticoagulants recommandés à la phase 2 fois par jour pendant 7 jours, puis
une thrombolyse systémique à pleine aiguë pour la plupart des patients (I, A). 5 mg 2 fois par jour) est recommandée
dose est contre-indiquée ou n’a pas été en alternative à la combinaison d’une
efficace (IIa, C). Parallèlement à l’anticoagulation paren- anticoagulation parentérale et d’un
térale, un traitement par un AVK est AVK (I, B).
l EP sans choc ni hypotension (risque recommandé, avec un INR cible à 2,5
intermédiaire ou bas) (fig. 4) (entre 2,0 et 3,0) (I, B). Une anticoagulation par le dabigatran
(150 mg 2 fois par jour, ou 110 mg 2 fois
L’initiation d’une anticoagulation paren- L’anticoagulation par le rivaroxaban (15 mg par jour chez les patients âgés de plus de
térale est recommandée sans délai chez 2 fois par jour pendant 3 semaines, puis 80 ans ou qui ont un traitement par véra-
les patients avec probabilité clinique 20 mg 1 fois par jour) est recommandée en pamil) après l’anticoagulation parenté-
élevée ou intermédiaire alors que le dia- alternative à la combinaison d’une anti rale est recommandée en alternative au
gnostic est en cours (I, C). coagulation parentérale avec un AVK (I, B). traitement AVK (I, B).
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Une anticoagulation par l’édoxaban Un filtre veineux doit être envisagé en gulation que ce soit, l’aspirine peut être
après l’anticoagulation parentérale est cas de récidive d’EP malgré une anticoa- envisagée en prévention secondaire pro-
recommandée en alternative au traite- gulation à niveau thérapeutique (IIa, C). longée de la MVTE (IIb, B).
ment AVK (I, B).
La pose d’un filtre dans la veine cave Chez les patients avec EP et cancer, une
Les AOD ne sont pas recommandés inférieure chez les patients avec EP n’est HBPM par voie sous-cutanée doit être
chez les patients avec une altération pas recommandé en routine (III, A). envisagée pendant les trois à six premiers
rénale sévère (dabigatran, édoxaban, mois, la dose étant ajustée au poids (IIa, B).
rivaroxaban : clairance de la créatinine 8. Durée de l’anticoagulation
< 30 mL/min ; apixaban : < 25 ml/min) Chez ces patients, une anticoagulation
(III, A). Le but du traitement anticoagulant est la prolongée (après les trois à six premiers
prévention d’une récidive de MVTE. Les mois) doit être envisagée pour une durée
L’utilisation en routine d’une throm- AVK sont utilisés le plus souvent, une illimitée ou jusqu’à ce que le cancer soit
bolyse systémique primaire n’est pas HBPM est préférable en cas de MVTE guéri (IIa, C).
recommandée chez les patients sans chez un patient avec un cancer. Trois
[
choc ni hypotension (III, B). nouveaux AOD ont été évalués.
ypertension pulmonaire
H
Une surveillance étroite est recomman- l Recommandations sur la durée de thromboembolique
dée chez les patients à risque intermé- l’anticoagulation chronique (HTPTEC)
diaire-haut afin de détecter précocement
une décompensation hémodynamique En cas d’EP secondaire à un facteur de L’algorithme diagnostique est présenté
et mettre en œuvre un traitement de risque transitoire (réversible), la durée dans la figure 5. La scintigraphie pulmo-
reperfusion de sauvetage (I, B). recommandée est de trois mois (I, B). naire de ventilation et de perfusion est
l’imagerie première puisque sa sensibi-
Un traitement thrombolytique doit être En cas d’EP non provoquée, la durée lité est de 96-97 % et sa spécificité de
envisagé chez les patients à risque inter- recommandée est d’au moins trois mois 90-95 %. Un angioscanner pulmonaire et
médiaire-haut avec des signes cliniques (I, A). un cathétérisme des cavités cardiaques
de décompensation hémodynamique droites sont nécessaires afin de détecter
(IIa, B). Une durée prolongée doit être envisagée respectivement des thrombus organisés
en cas de première EP non provoquée et et confirmer l’hypertension pulmonaire
Une embolectomie pulmonaire chirurgi- si le risque hémorragique est bas (IIa, B). précapillaire. Une angiographie pulmo-
cale peut être envisagée chez les patients naire permet de caractériser le type et
à risque intermédiaire-haut si le risque Une durée illimitée est recommandée en la distribution des modifications intra-
hémorragique prévisible sous thrombo- cas de deuxième EP non provoquée (I, B). luminales.
lyse est élevé (IIb, C).
Le rivaroxaban (20 mg une fois par jour), L’algorithme thérapeutique est présenté
Un traitement percutané via un cathé- le dabigatran (150 mg 2 fois par jour, ou dans la figure 6.
ter peut être envisagé chez les patients 110 mg 2 fois par jour après 80 ans ou
à risque intermédiaire-haut si le risque en cas de traitement concomitant par le En cas de dyspnée persistante après
hémorragique prévisible sous thrombo- vérapamil) ou l’apixaban (2,5 mg 2 fois une EP, une évaluation diagnostique à
lyse est élevé (IIb, B). par jour) doivent être envisagés comme la recherche d’une HTPTEC doit être
une alternative aux AVK (sauf en cas envisagée (IIa, C).
En cas de risque bas, une sortie hospi- d’altération rénale sévère) si un traite-
talière rapide avec poursuite du traite- ment anticoagulant de longue durée est Le dépistage d’une HTPTEC chez des
ment à domicile doit être envisagée si nécessaire (IIa, B). patients asymptomatiques après une EP
la prise en charge et le traitement anti- n’est pas actuellement recommandé (III, C).
coagulant peuvent être assurés correc- En cas d’anticoagulation prolongée, le rap-
tement (IIa, B). port bénéfice/risque d’un tel traitement En cas d’HTPTEC, l’évaluation de l’opé-
doit être réévalué régulièrement (I, C). rabilité et les décisions quant aux autres
Un filtre veineux doit être envisagé en stratégies thérapeutiques doivent être
cas de contre-indication absolue à l’anti- Chez les patients qui refusent ou ne prises par un groupe pluridisciplinaire
coagulation (IIa, C). peuvent pas prendre quelque anticoa- d’experts (I, C).
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Fig. 5 : Algorithme diagnostique d’une HTPTEC. Fig. 6 : Algorithme thérapeutique d’une HTPTEC.
Une anticoagulation à vie est recomman- Le dosage des D-dimères peut être fait 2. Cancer
dée (I, C). afin d’éviter une irradiation inutile, un
résultat négatif ayant la même significa- Une EP de découverte fortuite chez les
Une endartériectomie pulmonaire tion clinique que chez les patientes non patients porteurs d’un cancer doit être
chirurgicale est recommandée (I, C). enceintes (IIb, C). prise en charge de la même façon qu’une
EP symptomatique (IIa, C).
Le riociguat est recommandé chez les Un Doppler veineux avec compres-
patients symptomatiques inopérables, sion peut être envisagé afin d’éviter Des taux négatifs de D-dimères ont la
ou qui ont une HTPTEC persistante ou une irradiation inutile, car le diagnos- même valeur diagnostique négative que
récidivante après l’intervention chirur- tic de TVP proximale confirme l’EP chez les patients sans cancer (IIa, B).
gicale (I, B). (IIb, C).
En cas d’EP et cancer, une HBPM par
L’utilisation hors AMM de médicaments Une scintigraphie de perfusion pulmo- voie sous-cutanée avec dose ajustée au
ayant l’AMM pour le traitement d’une naire peut être envisagée afin d’élimi- poids doit être envisagée pendant les
hypertension artérielle pulmonaire peut ner une suspicion d’EP chez une femme trois à six premiers mois (IIa, B).
être envisagée chez les patients sympto- enceinte avec radiographie thoracique
matiques inopérables (IIb, B). normale (IIb, C). Chez ces patients, une anticoagulation
prolongée (après les trois à six premiers
Un angioscanner peut être envisagé si mois) doit être envisagée pour une durée
[ Situations particulières la radiographie thoracique est anormale
ou si une scintigraphie pulmonaire n’est
indéfinie ou jusqu’à ce que le cancer soit
guéri (IIa, C).
1. Grossesse pas possible (IIa, C).
Une suspicion d’EP chez une femme Une HBPM à dose ajustée sur le poids
enceinte nécessite d’en établir formel- est le traitement recommandé durant la
L’auteur a déclaré ne pas avoir de conflits
lement le diagnostic avec des méthodes grossesse chez une patiente sans choc ni d’intérêts concernant les données publiées
validées (I, C). hypotension (I, B). dans cet article.