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réalités Cardiologiques

Revues générales

Recommandations de la
Société européenne de cardiologie
sur la fibrillation atriale

Les nouvelles recommandations ont été publiées en 2016 (www.escardio.org). Les précédentes da-
taient de 2010.

Épidémiologie de la fibrillation telles que l’insuffisance cardiaque (IC)


atriale (FA) et impact pour les et les accidents vasculaires cérébraux
patients (AVC), de même qu’à des hospitalisa-
tions fréquentes et à une qualité de vie
La FA est l’arythmie cardiaque prolongée diminuée (tableau I).
la plus fréquente : 1 adulte d’âge moyen
sur 4 aura une FA. En 2030, on anti-
cipe que 14 à 17 millions de patients de Diagnostic
l’Union européenne auront une FA, avec de la fibrillation atriale
120 000-215 000 nouveaux cas par an.
Le diagnostic de la FA nécessite une
La FA est indépendamment associée à documentation du rythme par un élec-
un risque accru de décès et de morbidités trocardiogramme (ECG) qui montre des
F. DELAHAYE
Service de Cardiologie,
Hôpital Louis Pradel, BRON. Événement Association à la FA
Mortalité accrue, particulièrement mortalité CV par mort subite,
Décès
IC ou AVC.
20 à 30 % de tous les AVC sont dus à la FA. Il y a une
AVC augmentation du nombre de patients ayant un AVC chez
Les “dix commandements” lesquels une FA paroxystique “silencieuse” est diagnostiquée.
des nouvelles recommandations 10 à 40 % des patients qui ont une FA sont hospitalisés chaque
Hospitalisations
sur la FA année.
Elle est altérée chez les patients qui ont une FA
Qualité de vie
indépendamment d’autres maladies CV.
Une dysfonction VG est trouvée chez 20 à 30 % de l’ensemble
des patients qui ont une FA. La FA cause ou aggrave une
Dysfonction ventriculaire
dysfonction VG chez de nombreux patients porteurs d’une FA,
gauche (VG) et IC
alors que d’autres patients ont une fonction VG complètement
préservée malgré une FA ancienne.
Ils peuvent se développer même chez des patients qui ont une
Déclin cognitif et FA et qui ont un traitement anticoagulant oral. Des lésions de
démence vasculaire la substance blanche cérébrale sont plus fréquentes chez les
patients porteurs de FA que chez les patients sans FA.

Tableau I : Morbidité et mortalité cardiovasculaires associées à la fibrillation atriale.

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intervalles RR irréguliers et l’absence Recommandations sur le lateur automatiques implantables de


d’ondes P distinctes. De nombreux dépistage de la fibrillation façon régulière afin de dépister des
patients porteurs de FA ont à la fois atriale épisodes de fréquence atriale élevée.
des épisodes de FA symptomatiques Les patients qui ont des épisodes de fré-
et asymptomatiques. L’enregistrement Un dépistage opportuniste de la FA par quence atriale élevée doivent avoir un
ECG prolongé augmente la probabilité de la prise du pouls ou un ECG est recom- enregistrement ECG afin de documenter
détection d’une FA non diagnostiquée. mandé chez les patients âgés de plus de une FA, avant de mettre en œuvre un
L’enregistrement ECG prolongé paraît rai- 65 ans (I, B). traitement de la FA (I, B).
sonnable chez tous les survivants après
un AVC ischémique sans documentation Chez les patients qui ont eu un AVC Chez les patients qui ont eu un AVC, un
précédente d’une FA et dans la popula- ischémique ou un accident ischémique enregistrement ECG additionnel par
tion âgée. Les dispositifs implantables transitoire (AIT), le dépistage d’une FA des moniteurs ECG non invasifs à long
doivent être interrogés régulièrement est recommandé par ECG, suivi d’un terme ou des dispositifs implantés doit
à la recherche d’épisodes de fréquence enregistrement ECG continu pendant être envisagé afin de documenter une FA
atriale élevée, et les patients qui ont des au moins 72 heures (I, B). silencieuse (IIa, B).
épisodes de fréquence atriale élevée
doivent avoir une évaluation du risque Il est recommandé d’interroger les sti- Un dépistage ECG systématique peut être
d’AVC et une surveillance ECG (fig. 1). mulateurs cardiaques et les défibril- envisagé afin de détecter une FA chez les
sujets âgés de plus de 75 ans et chez les
sujets à haut risque d’AVC (IIb, B).

Patient sans FA connue et chez lequel des épisodes de fréquence atriale élevée
(durée > 5-6 min, FC > 180 bpm) sont détectés par un dispositif implantable Classification de la FA

La FA progresse habituellement d’épi-


sodes de FA paroxystique de durée
Évaluer l’indication de traitement anticoagulant oral brève et rares à des épisodes de FA plus
avec le score CHA2DS2-VASc
fréquents et plus longs, jusqu’à la FA
Risque d’AVC bas

permanente (tableau II). Bien que l’al-


lure de la FA puisse être la même, les
Vérifier la présence d’une FA par un ECG
mécanismes qui la sous-tendent varient
substantiellement d’un patient à l’autre
● ECG de repos
● Holter ECG (tableau III). Les symptômes de FA
● Dispositif commandé par le patient doivent être évalués selon le score de
l’European Heart Rhythm Association
(EHRA) modifié (I, C) (tableau IV).
Pas de FA détectée FA diagnostiquée

Détection et prise en charge


Prendre en compte les des facteurs de risque et des
caractéristiques du patient * maladies cardiovasculaires
(par exemple, risque d’AVC)
et ses préférences concomitantes

De nombreuses maladies – cardiovas-


Pas de traitement Débuter un traitement culaires (CV) et autres – augmentent
antithrombotique (I, B) anticoagulant oral (I, A)
le risque d’avoir une FA, une récidive
de FA et des complications associées
* Dans de rares cas, un traitement anticoagulant oral peut être envisagé chez des patients à la FA. Le risque de FA est augmenté
qui ont des épisodes de fréquence atriale élevée mais sans diagnostic de FA. Cela par des facteurs liés au patient, tels que
nécessite clairement une discussion avec le patient et une évaluation soigneuse
l’âge avancé, l’obésité, le tabagisme, la
des bénéfices et des risques
consommation excessive d’alcool et
un exercice physique intense fréquent.
Fig.  1 : Prise en charge d’épisodes de fréquence atriale élevée détectés par un dispositif implantable. L’identification des facteurs de risque,

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Les “dix commandements” des nouvelles recommandations sur la FA

1. Il faut faire du dépistage et du monitorage Lorsque les symptômes persistent, une fréquence cardiaque
électrocardiographiques chaque fois qu’une fibrillation atriale plus basse peut être tentée mais, en même temps, une
(FA) est possible, y compris chez des patients dont les plaintes ne bradycardie doit être évitée.
sont pas spécifiques, chez les sujets âgés et chez les survivants
après un accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique. 7. La stratégie de contrôle du rythme est indiquée pour
l’amélioration des symptômes chez les patients symptomatiques.
2. L
 es stratégies thérapeutiques comportent souvent plusieurs Cela peut être une cardioversion électrique ou pharmacologique
options qui sont des alternatives raisonnables. Des soins intégrés en cas de FA persistante ou persistante prolongée, un
de la FA incluant l’implication du patient, son éducation et une traitement médicamenteux antiarythmique à long terme, une
décision partagée sont des éléments clés d’une relation patient- ablation percutanée, une chirurgie de la FA et une stimulation,
médecin réussie. généralement dans cet ordre

3. O
 n doit prescrire un traitement anticoagulant chez tous les 8. Avant la cardioversion, il faut vérifier que l’anticoagulation est
patients qui ont une FA ou un flutter atrial documenté et qui sont efficace, par un anticoagulant oral direct ou par un antivitamine K,
à risque accru d’accidents vasculaires cérébraux. depuis au moins 3 semaines. Après la cardioversion,
l’anticoagulation est requise pendant au moins 4 semaines.
4. L’évaluation du risque d’AVC est basée sur le score CHA2DS2- Comme alternative à l’anticoagulation avant la cardioversion, une
VASc. Lorsque le score est ≥ 2 chez les hommes et ≥ 3 chez les échocardiographie transœsophagienne peut être utilisée pour
femmes, une anticoagulation pour la prévention des AVC est exclure un thrombus cardiaque.
clairement recommandée. Si le score est de 1 chez les hommes
et de 2 chez les femmes, une anticoagulation doit être envisagée. 9. Comme traitement médicamenteux antiarythmique à long terme
Aucun traitement antithrombotique ne doit être prescrit lorsque le dans le but de maintenir un rythme sinusal (RS), les médicaments
score est de 0 chez les hommes et de 1 chez les femmes. suivants sont recommandés : dronédarone, flécaïnide,
propafénone, sotalol ou amiodarone. L’ablation percutanée est
5. L
 e risque hémorragique au cours du traitement anticoagulant une alternative raisonnable. Chacun de ces médicaments a ses
doit être minimisé par l’identification des facteurs de risque indications, contre-indications et signes d’alerte propres, et la
hémorragique modifiables : l’hypertension artérielle doit être sélection du médicament chez un patient donné doit être guidée
bien contrôlée, la durée d’un traitement antiagrégant plaquettaire par la sécurité.
ou anti-inflammatoire non stéroïdien concomitant aussi courte
que possible, la consommation d’alcool modérée et une anémie 10. La FA peropératoire est une complication commune après une
traitée et normalisée. chirurgie cardiaque. Les bêtabloquants par voie orale dans la
période périopératoire sont utiles pour la prévention de la FA
6. La fréquence ventriculaire doit initialement être ralentie de postopératoire. En cas de FA postopératoire, le RS est restauré
façon assez “lâche”(< 110 battements par minute au repos). par une cardioversion.

leur prévention et leur traitement sont


Type de FA Définition
des composants importants de la préven-
FA qui n’a pas été diagnostiquée auparavant, quels que soient la tion de la FA et de ses conséquences.
FA diagnostiquée pour la
durée de l’arythmie et la présence et la sévérité de symptômes
première fois
liés à la FA.
1. Insuffisance cardiaque
FA qui se termine spontanément, le plus souvent dans les
48 heures ; des FA paroxystiques peuvent durer jusqu’à 7 jours ; De nombreux patients qui ont une FA
FA paroxystique
les FA pour lesquelles une cardioversion est faite dans les
développent une IC avec ou sans fraction
7 jours doivent être considérées comme paroxystiques.
d’éjection du ventricule gauche (FEVG)
FA qui dure plus de 7 jours, y compris des épisodes qui sont réduite. Le diagnostic d’IC à FEVG
FA persistante arrêtés par cardioversion, médicamenteuse ou électrique, au- réduite peut être fait avec diverses tech-
delà de 7 jours.
niques d’imagerie. Le diagnostic d’IC à
FA persistante FA continue durant au moins 1 an quand il est décidé d’adopter FEVG préservée dans le contexte d’une
prolongée une stratégie de contrôle du rythme. FA est plus difficile, car la FA et l’IC à
FA qui est acceptée par le patient (et le médecin) ; donc, les FEVG préservée ont des symptômes
interventions de contrôle du rythme sont, par définition, non similaires et des taux de facteurs natriu-
poursuivies chez les patients qui ont une FA permanente ; rétiques augmentés. La prise en charge de
FA permanente
une stratégie du compte de contrôle du rythme devrait-elle la FA et de l’IC à FEVG préservée doit se
être adoptée, l’arythmie serait re-classifiée comme une FA
persistante prolongée. concentrer sur le contrôle de la volémie
et de maladies concomitantes telles que
Tableau II : Types de fibrillation atriale (qui peuvent coexister chez de nombreux patients). l’hypertension artérielle (HTA) et l’isché-

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Type de FA Présentation clinique Physiopathologie possible

FA chez des patients qui ont une dysfonction VG


systolique ou diastolique, une HTA ancienne avec
Augmentation de la pression OG et remodelage atrial
FA secondaire à une maladie HVG et/ou une autre maladie cardiaque structurale ;
structural, avec activation des systèmes sympathique
cardiaque structurale le début de la FA chez ces patients est une cause
et rénine-angiotensine.
habituelle d’hospitalisation et un prédicteur
d’évolution défavorable.

Patients ayant des épisodes atriaux répétitifs et l  es déclencheurs localisés, originaires le plus
D
fréquents, des épisodes de FA paroxystique brève ; souvent des veines pulmonaires, initient la FA
FA focale souvent, patients jeunes, très symptomatiques, avec l La FA due à un ou quelques foyers de réentrée est
des ondes atriales distinctes (FA grossière), ectopie aussi considérée comme faisant partie de ce type
atriale et/ou tachycardie atriale évoluant en FA. de FA.

l  n cours d’étude.
E
FA chez les porteurs de variants génétiques
FA polygénique l La présence de certains variants génétiques peut
communs associés avec une FA de début précoce.
aussi influencer l’évolution.

FA de début récent (se terminant habituellement


Facteurs aigus : inflammation, stress oxydatif
spontanément) après une intervention chirurgicale
atrial, hypertonie sympathique, modifications
FA postopératoire majeure (habituellement cardiaque) chez des patients
électrolytiques, surcharge volumique, pouvant
qui étaient en RS avant l’intervention chirurgicale et
interagir avec un substrat préexistant.
qui n’avaient pas d’antécédent de FA.

FA chez des patients qui ont FA chez les patients qui ont un rétrécissement mitral, Pression OG (sténose) et volume OG (régurgitation)
une sténose mitrale ou une ou après intervention chirurgicale sur la valve mitrale sont les principaux responsables de la dilatation OG
prothèse valvulaire et dans certains cas d’autre maladie valvulaire. et du remodelage atrial structural chez ces patients.

FA habituellement paroxystique, liée à la durée et à


FA chez les athlètes Hypertonie vagale et augmentation du volume atrial.
l’intensité de l’entraînement.

Les mécanismes arythmogènes responsables de la


FA chez des patients qui ont une cardiomyopathie
FA monogénique mort subite contribuent probablement à la survenue
héréditaire, dont les canalopathies.
de la FA chez ces patients.

Tableau III : Types cliniques de fibrillation atriale (qui coexistent chez de nombreux patients).

mie myocardique. La figure 2 résume


Score EHRA modifié Symptômes Description
l’approche des patients qui ont une FA
1 Absents La FA ne cause aucun symptôme. et une IC récemment diagnostiquées.
L’activité quotidienne normale n’est pas
2a Légers D’autres maladies telles qu’une valvu-
affectée par des symptômes liés à la FA.
lopathie, un diabète, une obésité, une
L’activité quotidienne normale n’est maladie pulmonaire ou rénale chro-
pas affectée par des symptômes liés à
2b Modérés nique coexistent souvent avec une FA.
la FA, mais le patient est gêné par les
symptômes. Elles doivent être traitées afin de réduire
le risque CV.
L’activité quotidienne normale est affectée
3 Sévères
par des symptômes liés à la FA. 2. Recommandations chez les patients
L’activité quotidienne normale doit être qui ont une fibrillation atriale et une
4 Handicapants
interrompue. valvulopathie
Les classes 2a et 2b peuvent être différenciées en évaluant la façon dont les patients sont
affectés fonctionnellement par les symptômes liés à la FA. Les symptômes sont le plus Une intervention chirurgicale mitrale
souvent de la fatigue et de la dyspnée, moins souvent des palpitations et des douleurs précoce doit être envisagée en cas de FA
thoraciques. d’apparition récente chez les patients
qui ont une régurgitation mitrale sévère
Tableau IV : Score symptomatique de l’European Heart Rhythm Association modifié. avec fonction ventriculaire gauche (VG)
préservée, même en l’absence de symp-

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réalités Cardiologiques

Prise en charge des patients présentant une IC et une FA

Prise en charge à la phase aiguë Prise en charge à la phase chronique

Cardioversion si instabilité

Anticoagulation selon le risque d’AVC

Normalisation de la volémie avec des diurétiques afin d’améliorer les symptômes

Contrôle de la FC : FC cible initiale < 110 bpm ; moins s’il persiste des symptômes d’IC/FA

Inhibition du système rénine-angiotensine-aldostérone

Envisager un contrôle du rythme

Traitements de l’IC avancée, y compris les matériels médicaux, chez les patients
qui ont une IC avec FEVG réduite

Traitement des autres maladies CV, en particulier ischémie et HTA

Fig.  2 : Prise en charge initiale en cas de diagnostic concomitant d’insuffisance cardiaque et de fibrillation atriale.

tôme, notamment lorsqu’une réparation chez les patients qui ont une FA (IIa, C). Prise en charge intégrée des
valvulaire est possible (IIa, C). Un interrogatoire à la recherche de signes patients qui ont une fibrillation
cliniques de syndrome d’apnées du som- atriale
Une commissurotomie mitrale doit être meil doit être fait chez tous les patients
envisagée en cas de FA d’apparition qui ont une FA (IIa, B). L’évaluation initiale des patients qui ont
récente chez les patients asymptoma- une FA nouvellement diagnostiquée
tiques qui ont une sténose mitrale sévère Le traitement d’un syndrome d’apnées doit porter sur cinq domaines majeurs :
et une anatomie valvulaire accessible du sommeil obstructif doit être optimisé la stabilité hémodynamique, la présence
(IIa, C). afin de réduire le risque de récidive de de facteurs précipitants ou de maladies
FA et d’améliorer les résultats du traite- sous-jacentes, le risque d’AVC et celui de
3. Recommandations chez les patients ment de la FA (IIa, B). l’anticoagulation, le contrôle de la fré-
qui ont une fibrillation atriale et qui sont quence cardiaque (FC) et le besoin d’un
obèses 5. Recommandations chez les patients traitement de contrôle du rythme (fig. 3).
qui ont une fibrillation atriale et une
Une perte de poids en même temps maladie rénale Plusieurs examens diagnostiques sont
qu’une prise en charge des autres fac- nécessaires pour définir la meilleure
teurs de risque doit être envisagée afin L’évaluation de la fonction rénale par la prise en charge de la FA. Une revue
de diminuer les symptômes et les consé- créatininémie ou la clairance de la créa- par un service spécialisé dans la FA est
quences de la FA (IIa, B). tinine est recommandée chez tous les habituellement recommandée, dont le
patients qui ont une FA afin de détecter transfert urgent pour certains patients
4. Recommandations chez les patients une maladie rénale et d’adapter la dose (tableau V). Une approche intégrée et
qui ont une fibrillation atriale et une des traitements de la FA (I, A). structurée de la prise en charge de la FA
maladie respiratoire (comme cela est fait avec succès dans
Chez tous les patients qui ont une FA d’autres domaines de la médecine) va
La correction d’une hypoxémie et d’une et qui sont traités par une anticoagula- faciliter la prise en charge cohérente, sui-
acidose doit être envisagée lors de la tion orale, une évaluation de la fonc- vant les recommandations, de la FA chez
prise en charge initiale d’une maladie tion rénale doit être faite au moins une tous les patients, avec le potentiel d’en
pulmonaire aiguë ou de l’exacerbation fois par an afin de détecter une maladie améliorer l’évolution. La prise en charge
d’une maladie pulmonaire chronique rénale chronique (IIa, B). de la FA inclut les traitements ayant un

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réalités Cardiologiques

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Traitement Prise en charge chronique Élément désiré Bénéfice pour le patient

Contrôle, en
aigu de la FC Stabilité hémodynamique
et du rythme

Prise en charge Modifications du mode de vie, traitement Augmentation de l’espérance de vie


des facteurs des maladies CV sous-jacentes Réduction du risque CV
précipitants

Évaluation du Anticoagulation orale chez les patients à risque d’AVC Prévention des AVC
risque d’AVC
Amélioration des symptômes, Amélioration de la qualité de vie,
Évaluation Traitement de contrôle de la FC
préservation de la fonction VG de l’autonomie, du fonctionnement social
de la FC

Médicaments antiarythmiques,
Évaluation Amélioration des symptômes
cardioversion, ablation, chirurgie de la FA
des symptômes

Fig.  3 : Prise en charge aiguë et chronique des patients qui ont une fibrillation atriale, élément cardiovasculaire désiré, et bénéfices pour le patient.

doit être envisagée chez tous les patients Une surveillance ECG à long terme doit
l Instabilité hémodynamique
qui ont une FA, avec pour buts l’amélio- être envisagée chez certains patients
l FC non contrôlable ration de l’adhésion aux recommanda- afin d’évaluer le caractère adéquat du
l  radycardie symptomatique ne
B tions et la réduction des hospitalisations contrôle de la FC chez les patients symp-
répondant pas à la réduction des et des décès (IIa, B). tomatiques et de relier les symptômes
médicaments contrôlant la FC aux épisodes de FA (IIa, C).
l  ngine de poitrine sévère ou
A Il faut mettre les patients au centre du
aggravation de la fonction VG processus de prise de décision afin
l AIT ou AVC
d’adapter la prise en charge aux préfé- Prévention des accidents
rences du patient et d’améliorer l’obser- vasculaires cérébraux chez les
Tableau V : Signes cliniques nécessitant l’implica-
vance du traitement chronique (IIa, C). patients en fibrillation atriale
tion urgente d’un service spécialisé dans la fibrilla-
tion atriale. 2. Recommandations sur le diagnostic Le traitement anticoagulant oral peut pré-
des patients qui ont une fibrillation venir la majorité des AVC ischémiques
impact sur le pronostic (anticoagulation atriale chez les patients qui ont une FA et il peut
et traitement des maladies CV) et les trai- prolonger la durée de vie. Il est recom-
tements fournissant de façon prédomi- Une documentation par ECG est requise mandé d’estimer le risque d’AVC chez
nante une amélioration symptomatique pour établir le diagnostic de FA (I, B). les patients qui ont une FA avec le score
(contrôle de la FC, contrôle du rythme). de risque CHA2DS2-VASc (tableau VI).
L’explication des bénéfices attendus à Une évaluation CV complète incluant En général, les patients qui n’ont pas de
chaque patient au début de la prise en un interrogatoire adapté, un examen facteur clinique de risque d’AVC n’ont
charge de la FA évite des attentes non clinique soigneux et l’évaluation de pas besoin d’un traitement anticoagu-
fondées et a le potentiel d’optimiser la maladies concomitantes est recomman- lant oral, alors que les patients dont le
qualité de vie. dée chez tous les patients qui ont une score CHA2DS2-VASc est d’au moins 2
FA (I, C). chez les hommes et d’au moins 3 chez les
1. Recommandations sur une approche femmes ont un bénéfice clair (fig. 4). De
intégrée des soins Une échocardiographie transthoracique nombreux patients qui ont un facteur de
est recommandée chez tous les patients risque (c’est-à-dire un score CHA2DS2-
Une approche intégrée avec une orga- qui ont une FA afin de guider la prise en VASc à 1 chez les hommes, à 2 chez les
nisation structurée des soins et du suivi charge (I, C). femmes) bénéficient aussi du traitement

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réalités Cardiologiques

Lettre Caractéristique Points

C (Congestive heart failure/LV dysfunction) Insuffisance cardiaque congestive/dysfonction du ventricule gauche 1

H (Hypertension) HTA 1

A2 (Age ≥ 75) Âge ≥ 75 ans 2

D (Diabetes mellitus) Diabète 1

S2 (Stroke/TIA/thrombo-embolism) AVC/AIT/événement thromboembolique 2

V (Vascular disease) Maladie vasculaire (antécédent d’infarctus du myocarde, artériopathie périphérique,


1
plaque aortique)

A (Age 65-74) Âge compris entre 65 et 74 ans 1

Sc (Sex category [female]) Sexe féminin 1

Tableau VI : Facteurs cliniques de risque d’accident vasculaire cérébral, d’accident ischémique transitoire et d’embolie systémique selon le score CHA2DS2-VASc.

anticoagulant oral, en prenant en compte


Prothèse valvulaire mécanique Oui le risque absolu d’AVC, le risque hémor-
ou sténose mitrale modérée ou sévère ragique et les préférences du patient.

Non Plusieurs scores de risque hémorra-


gique ont été développés. Les facteurs de
risque hémorragique recoupent souvent
Risque d’AVC estimé selon le nombre de facteurs les facteurs de risque d’AVC. Un score
de risque d’après CHA2DS2-VASc de risque hémorragique élevé ne doit
généralement pas entraîner l’arrêt du
traitement anticoagulant. Il vaut mieux
identifier les facteurs de risque hémorra-
gique et traiter les facteurs qui peuvent
0a 1 ≥2
être corrigés (tableau VII).

Et les antivitamines K (AVK) et les anti-


Pas de traitement Un traitement anticoagulant coagulants oraux directs (AOD) sont
antiagrégant Un traitement oral est indiqué efficaces pour la prévention des AVC
plaquettaire anticoagulant oral Évaluer les contre-indications
ou anticoagulant dans la FA. Chez les patients qui ont une
doit être envisagé Corriger les facteurs de risque
oral (III, B) (IIa, B) hémorragique réversibles FA et chez lesquels un traitement anti-
coagulant oral est indiqué, un AOD est
recommandé de préférence à un AVK.
Les dispositifs d’occlusion de Les AOD ne doivent pas être utilisés chez
l’auricule gauche peuvent être les patients qui ont une sténose mitrale
envisagés chez les patients
qui ont une contre-indication
modérée ou sévère ou une prothèse val-
AOD AVK
claire au traitement (I, A) b (I, A) b, c
vulaire mécanique. Les essais des AOD
anticoagulant oral (IIb, C) ont été conduits avec des doses soigneu-
sement choisies, incluant des règles
claires de réduction de la dose chez
a
Dont les femmes sans autre facteur de risque d’AVC. les patients qui ont une maladie rénale
b
IIa, B chez les femmes qui ont un seul autre facteur de risque d’AVC. (tableau VIII).
c
I, B chez les patients qui ont une prothèse valvulaire mécanique ou une sténose mitrale.

Les antiagrégants plaquettaires (par


Fig.  4 : Prévention des accidents vasculaires cérébraux chez les patients en fibrillation atriale. exemple, aspirine ou clopidogrel)

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réalités Cardiologiques

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Facteurs de risque hémorragique modifiables sont inférieurs aux anticoagulants et


ne sont pas recommandés pour la pré-
HTA (spécialement quand la PA systolique est > 160 mm Hg)a, b, c
INR labile ou pourcentage de temps dans la fourchette thérapeutique < 60 %a chez les vention des AVC chez les patients qui
patients qui prennent un AVK ont une FA.
Médicaments prédisposant au saignement, tels que les antiagrégants plaquettaires et les
anti-inflammatoires non stéroïdiens a,d L’occlusion de l’auricule gauche peut
Consommation excessive d’alcool (≥ 8 verres par semaine)a, b
être envisagée pour les patients chez
Facteurs de risque hémorragique potentiellement modifiables lesquels il y a une contre-indication
Anémieb,c, d claire à l’anticoagulation ; une exclu-
Altération de la fonction rénalea,b, c, d sion chirurgicale de l’auricule gauche
Altération de la fonction hépatiquea, b peut être réalisée en même temps qu’une
Réduction du nombre ou de la fonction des plaquettesb
intervention chirurgicale cardiaque ou,
Facteurs de risque hémorragique non modifiables isolée, par thoracoscopie.
Âgee (> 65 ans)a (≥ 75 ans)b, c, d
Antécédent d’hémorragie majeurea,b, c, d 1. Recommandations sur la prédiction
Antécédent d’AVCa, b
Dialyse ou transplantation rénalea,c
du risque d’accident vasculaire cérébral
Cirrhose hépatiquea et du risque hémorragique
Cancerb
Facteurs génétiquesb Le score CHA2DS2-VASc est recom-
Facteurs de risque hémorragique basés sur les biomarqueurs mandé pour la prédiction du risque
Troponine ultrasensiblee d’AVC chez les patients qui ont une FA
Facteurs de différenciation de croissance 15e (I, A).
Créatininémie/clairance de la créatinine estiméee
a Dérivé du score HAS-BLED (tableau VIIA) (Chest, 2010;138:1093-100). Les scores de risque hémorragique
b Dérivé du score HEMORR2HAGES (Am Heart J, 2006;151:713-719). doivent être utilisés chez les patients
c Dérivé du score ATRIA (AnTicoagulation and Risk factors In Atrial fibrillation)
(J Am Coll qui ont une FA et qui ont un traitement
Cardiol, 2011;58:395-401).
d Dérivé du score ORBIT (Outcomes Registry for Better Informed Treatment of atrial fibrillation) anticoagulant oral, afin d’identifier les
(Eur Heart J, 2015;36:3258-3264). facteurs de risque modifiables d’hémor-
e Dérivé du score hémorragique ABC (Age, Biomarkers, Clinical history) (Lancet, ragie majeure (IIa, B).
2016;387:2302-2311).
Les biomarqueurs tels que la troponine
Tableau VII : Facteurs de risque hémorragique modifiables et non modifiables chez les patients qui ont un ultrasensible et le NT-proBNP peuvent
traitement anticoagulant, selon les scores de risque hémorragique.

Lettre Caractéristique Points


H (hypertension) HTA (PA systolique > 160 mmHg) 1
Fonction rénale anormale (hémodialyse chronique ou transplantation rénale ou créatininémie
1
≥ 200 µmol/L)
A (Abnormal renal and liver Fonction hépatique anormale (maladie hépatique chronique [par exemple, cirrhose] ou
function) preuves biochimiques d’anomalies hépatiques significatives [par exemple, bilirubine > 2 fois
1
la limite supérieure de la normale, associée à des taux d’aspartate aminotransférase/alanine
aminotransférase/phosphatases alcalines > 3 fois la limite supérieure de la normale])
S (Stroke) AVC 1
Antécédents hémorragiques ou prédisposition hémorragique (par exemple, diathèse hémorragique,
B (Bleeding) 1
anémie, etc.).
INR labiles (valeurs instables ou élevées de l’INR ou peu de temps [par exemple, < 60 % du temps]
L (Labile INRs) 1
dans la zone thérapeutique)
E (Elderly) Âge > 65 ans 1
Médicaments (notamment antiagrégants plaquettaires et anti-inflammatoires non stéroïdiens) 1
D (Drugs or alcohol)
Consommation excessive d’alcool 1
H (Hypertension) HTA (PA systolique > 160 mmHg) 1

Tableau VIIA : Évaluation du risque hémorragique chez des patients en fibrillation atriale selon le score HAS-BLED.

8
réalités Cardiologiques

Rivaroxaban (ROCKET- Edoxaban (ENGAGE


Dabigatran (RE-LY) Apixaban (ARISTOTLE)
AF) AF-TIMI 48)
Nombre de patients 18 113 14 264 18 201 21 105
Dose 150 ou 110 mg, 2 fois par 20 mg, 1 fois par jour 5 mg, 2 fois par jour 60 ou 30 mg, 1 fois par
jour jour
Critère d’exclusion ClCr < 30 mL/min ClCr < 30 mL/min Créatininémie > 220 µmol/L ClCr < 30 mL/min
ou ClCr < 25 mL/min
Ajustement de la dose Non 15 mg, 1 fois par jour si la 2,5 mg, 2 fois par jour 30 mg ou 15 mg, 1 fois par
en cas de maladie ClCr est < 30-49 mL/min si la créatininémie est jour si la ClCr est < 50 mL/
rénale ≥ 130 µmol/L + âge ≥ 80 ans min
ou poids ≤ 60 kg
Pourcentage de patients ClCr 30-49 mL/min : 20 % ClCr 30-49 mL/min : 21 % ClCr 30-50 mL/min : 15 % ClCr < 50 mL/min : 19 %
qui avaient une maladie
rénale
Réduction du risque Pas d’interaction avec le Pas d’interaction avec le Pas d’interaction avec le Non disponible
d’AVC et d’embolie statut rénal statut rénal statut rénal
systémique
Réduction des Réduction avec le Taux similaires Réduction avec l’apixaban Non disponible
hémorragies majeures dabigatran supérieure
par rapport à la chez les patients qui
warfarine avaient un DFG > 80 mL/
min avec les deux doses

Tableau VIII : Ajustement de la dose des anticoagulants oraux directs dans les essais de phase III. ClCr : clairance de la créatinine.

être envisagés afin d’affiner l’évaluation Une anticoagulation orale, afin de pré- peutique n’est pas bien contrôlé malgré
du risque d’AVC et du risque hémorra- venir les accidents thromboemboliques, une bonne observance thérapeutique,
gique chez les patients qui ont une FA doit être envisagée chez les femmes qui ou selon les préférences du patient,
(IIb, B). ont une FA et un score CHA2DS2-VASc lorsqu’il n’a pas de contre-indication
à 2, en prenant en considération les aux AOD (par exemple, prothèse valvu-
2. Recommandations sur la prévention caractéristiques individuelles et les pré- laire) (IIb, A).
des accidents vasculaires cérébraux férences de la patiente (IIa, B).
chez les patients en fibrillation atriale L’association d’un traitement anticoa-
Un traitement AVK (INR 2,0-3,0 ou plus) gulant oral et d’un traitement antiagré-
Une anticoagulation orale, afin de préve- est recommandé pour la prévention des gant plaquettaire augmente le risque
nir les accidents thromboemboliques, est AVC chez les patients qui ont une FA et hémorragique et doit être évitée chez les
recommandée chez tous les hommes qui une sténose mitrale modérée ou sévère patients qui ont une FA et qui n’ont pas
ont une FA et un score CHA2DS2-VASc ou une prothèse valvulaire mécanique d’indication de traitement antiagrégant
≥ 2 (I, A). (I, B). plaquettaire (III Maléfice, B).

Une anticoagulation orale, afin de pré- Quand une anticoagulation orale est ini- Chez les patients qui ont une FA,
venir les accidents thromboemboliques, tiée chez un patient qui a une FA et qui hommes ou femmes, qui n’ont pas de
est recommandée chez toutes les femmes peut avoir un AOD, un AOD est recom- facteur de risque additionnel d’AVC,
qui ont une FA et un score CHA2DS2- mandé de préférence à un AVK (I, A). un traitement anticoagulant oral ou
VASc ≥ 3 (I, A). antiagrégant plaquettaire n’est pas
Chez les patients traités par AVK, le recommandé pour la prévention des
Une anticoagulation orale, afin de pré- pourcentage de temps dans la fourchette AVC (III Maléfice, B).
venir les accidents thromboemboliques, thérapeutique doit être le plus élevé pos-
doit être envisagée chez les hommes qui sible et étroitement surveillé (I, A). Une monothérapie par antiagrégant pla-
ont une FA et un score CHA2DS2-VASc quettaire n’est pas recommandée pour la
à 1, en prenant en considération les Chez les patients traités par AVK, un prévention des AVC chez les patients qui
caractéristiques individuelles et les pré- AOD peut être envisagé si le pourcen- ont une FA, quel que soit le risque d’AVC
férences du patient (IIa, B). tage de temps dans la fourchette théra- (III Maléfice, B).

9
réalités Cardiologiques

Revues générales

Les AOD ne sont pas recommandés chez AVC, chez les patients qui ont une FA et 4. Prévention secondaire des
les patients qui ont une prothèse valvu- qui ont une contre-indication à un trai- accidents vasculaires cérébraux et
laire mécanique (niveau de preuve : B) ou tement anticoagulant oral à long terme anticoagulation après une hémorragie
une sténose mitrale modérée ou sévère (par exemple, ceux qui ont un antécé- intracérébrale
(niveau de preuve : C) (III Maléfice, B/C). dent d’hémorragie menaçant la vie, sans
cause réversible) (IIb, B). Les facteurs de risque d’AVC les plus
3. Recommandations sur l’occlusion et importants chez les patients qui ont
l’exclusion de l’auricule gauche L’occlusion chirurgicale ou l’exclusion de une FA sont un âge avancé et un anté-
l’auricule gauche peut être envisagée, pour cédent d’AVC ou d’AIT. Le moment où
Après une occlusion chirurgicale ou la prévention des AVC, chez les patients le risque de récidive d’AVC est le plus
une exclusion de l’auricule gauche, Il qui ont une FA et qui ont une intervention élevé est la période précoce après un
est recommandé, pour la prévention des chirurgicale cardiaque (IIb, B). AVC. L’initiation d’un traitement anti-
AVC, de poursuivre l’anticoagulation coagulant chez les patients qui ont une
chez les patients qui ont une FA et qui L’occlusion chirurgicale ou l’exclusion FA après un AVC ou un AIT aigu, après
sont à risque (I, B). de l’auricule gauche peut être envisa- exclusion d’une hémorragie intracéré-
gée, pour la prévention des AVC, chez brale, nécessite de mettre en balance les
L’occlusion de l’auricule gauche peut les patients qui ont une chirurgie de la risques d’AVC et d’hémorragie intracéré-
être envisagée, pour la prévention des FA par thoracoscopie (IIb, B). brale (fig. 5). Un algorithme de décision

Patient qui a une FA et qui a eu un AIT et/ou un AVC ischémique aigu


Exclusion d’une hémorragie intracérébrale par scanner ou IRM

AIT AVC léger (NIHSS < 8) AVC modéré (NIHSS 8-15) AVC sévère (NIHSS ≥16)

Envisager les facteurs cliniques additionnels favorisant une initiation


de l’anticoagulation précoce ou retardée

Facteurs favorisant une initiation précoce Facteurs favorisant une initiation retardée
NIHSS bas (< 8) NIHSS élevé (≥ 8)
Infarctus cérébral absent ou petit à l’imagerie Infarctus cérébral modéré ou large à l’imagerie
Risque de récidive élevé, par exemple thrombus Besoin de gastrostomie ou d’intervention
intracardiaque à l’échocardiographie chirurgicale majeure
Pas de besoin de gastrostomie endoscopique Besoin de chirurgie carotide
percutanée Transformation hémorragique
Pas de besoin de chirurgie carotide Neurologiquement instable
Pas de transformation hémorragique Patient âgé
Cliniquement stable HTA non contrôlée
Patient jeune
PA contrôlée

Évaluer la transformation Évaluer la transformation


hémorragique par hémorragique par scanner
scanner ou IRM au 6e jour ou IRM au 12e jour

Commencer
1 jour après 3 jours après 6 jours après 12 jours après
l’anticoagulation
l’événement aigu l’événement aigu l’événement aigu l’événement aigu
orale

NIHSS : National Institutes of Health stroke severity scale (http ://www.strokecenter.org/wp-content/uploads/2011/08/NIH_Stroke_Scale.pdf).

Fig.  5 : Initiation ou poursuite d’une anticoagulation après un accident vasculaire cérébral ou un accident ischémique transitoire chez les patients en fibrillation atriale.
Cette approche est basée sur un consensus d’experts plutôt que sur des données prospectives.

10
réalités Cardiologiques

multidisciplinaire pour l’initiation ou mique n’est pas recommandée chez les multidisciplinaire des risques d’AVC et
la reprise d’un traitement anticoagulant patients qui ont une FA (III Maléfice, A). d’hémorragie (IIa, C).
chez les patients qui ont une FA et qui
ont eu une hémorragie intracérébrale est Chez les patients qui ont eu un AIT ou un Chez les patients qui ont une FA et qui
présenté dans la figure 6. AVC alors qu’ils prenaient un traitement ont eu un AVC, l’aspirine doit être envi-
anticoagulant, l’observance du traitement sagée pour la prévention secondaire des
5. Recommandations sur la prévention doit être évaluée et optimisée (IIa, C). AVC jusqu’à l’initiation ou la reprise du
secondaire des accidents vasculaires traitement anticoagulant oral (IIa, B).
cérébraux Chez les patients qui ont eu un AVC
ischémique modéré ou sévère alors qu’ils Une thrombolyse systémique avec le
L’anticoagulation par de l’héparine non prenaient un traitement anticoagulant, rtPA n’est pas recommandée si l’INR est
fractionnée ou de bas poids moléculaire l’anticoagulation doit être interrompue > 1,7 (ou, pour les patients qui prennent
immédiatement après un AVC isché- pendant 3 à 12 jours selon l’évaluation du dabigatran, si le temps de céphaline

Patient qui a une FA et une hémorragie intracrânienne alors qu’il prend un anticoagulant oral
Si événement aigu : établir l’intensité de l’anticoagulation

Contre-indication Obtenir des informations supplémentaires pour permettre un jugement informé


à l’anticoagulation
orale
Facteurs en faveur d’une suspension Facteurs en faveur d’une reprise
de l’anticoagulation orale de l’anticoagulation orale
Hémorragie survenant alors que la dose Hémorragie sous AVK ou dans le contexte
était correcte d’un surdosage
AOD ou contexte d’interruption ou de Cause traumatique ou traitable
sous-dosage du traitement Âge plus jeune
Âge plus avancé HTA bien contrôlée
HTA non contrôlée Saignement des ganglions de la base
Saignement cortical Lésions de la substance blanche absentes
Hémorragie intracrânienne sévère ou légères
“Microbleeds” multiples (> 10) Exérèse chirurgicale d’un hématome
La cause de l’hémorragie ne peut sous-dural
pas être enlevée ou traitée Hémorragie sous-arachnoïdienne :
Éthylisme chronique anévrisme traité (clip, coil)
Nécessité d’une double antiagrégation Risque élevé d’AVC ischémique
plaquettaire après intervention
coronaire percutanée

Choix du patient ou de la personne de confiance


après information par l’équipe pluridisciplinaire

Pas de protection Occlusion de Initier ou reprendre l’anticoagulation orale, avec


contre l’AVC l’auricule gauche un médicament à risque d’hémorragie intracrânienne faible,
(pas de preuve) (IIb, C) après 4 à 8 semaines (IIb, B)

Fig.  6 : Initiation ou reprise de l’anticoagulation après une hémorragie intracérébrale chez les patients en fibrillation atriale. Cette approche est basée sur un consensus
d’experts et sur des données rétrospectives. Chez tous les patients, une évaluation par une équipe pluridisciplinaire (neurologues, cardiologues, neuroradiologues et
neurochirurgiens) est nécessaire avant le traitement.

11
réalités Cardiologiques

Revues générales

activée est en dehors des valeurs nor- gant plaquettaire n’est pas recomman- 6. Hémorragie chez les patients en
males) (III Maléfice, C). dée (III Maléfice, B). fibrillation atriale qui prennent un
traitement anticoagulant
Les AOD sont recommandés de préfé- Après une hémorragie intracrânienne,
rence aux AVK ou à l’aspirine chez les une anticoagulation orale chez les La minimisation des facteurs de risque
patients qui ont une FA et qui ont eu un patients qui ont une FA peut être ré-ini- hémorragique traitables (tableau VII)
AVC (I, B). tiée après 4 à 8 semaines, sous réserve est essentielle pour réduire le taux d’hé-
que la cause de l’hémorragie ou le fac- morragie sous anticoagulant. Cela inclut :
Après un AVC ou un AIT, l’association teur de risque responsable a été traité – le contrôle de la TA selon les recom-
d’un anticoagulant et d’un antiagré- ou contrôlé (IIb, B). mandations actuelles sur l’HTA ;

Hémorragie active

Compression mécanique

Évaluer le statut hémodynamique, la PA,


les paramètres basiques de la coagulation,
la numération formule sanguine et la fonction rénale

Retracer l’historique de l’anticoagulation


(dernière dose d’AOD/AVK)

AVK AOD

Suspendre la prise d’AVK Retarder la prise d’AOD


Mineure
jusqu’à ce que l’INR soit < 2 d’une dose ou d’un jour

Ajouter un traitement Ajouter un traitement


symptomatique : remplissage symptomatique : remplissage
vasculaire, transfusion vasculaire, transfusion sanguine,
sanguine, raitement de la cause traitement de la cause de l’hémorragie
de l’hémorragie Modérée-sévère (par exemple, gastroscopie)
(par exemple, gastroscopie) Envisager de donner du charbon
par voie orale si l’AOD
Envisager d’administrer a été ingéré récemment
de la vitamine K (1-10 mg)
par voie IV Envisager d’administrer
du complexe prothrombique
et du plasma frais congelé

Envisager un remplacement Envisager un antidote spécifique,


plaquettaire quand c’est approprié Sévère-menaçant la vie ou du complexe prothrombique
s’il n’y a pas d’antidote disponible
Envisager un remplacement
plaquettaire quand c’est approprié

Fig.  7 : Prise en charge d’une hémorragie active chez les patients qui prennent un traitement anticoagulant.

12
réalités Cardiologiques

– l’évaluation des événements hémor- rivaroxaban 20 mg 1 fois par jour ou à Chez les patients qui ont une FA et qui
ragiques antécédents ; chez les patients l’edoxaban 60 mg 1 fois par jour (IIa, B). ont une hémorragie active sévère, il est
chez lesquels la source de l’hémorragie recommandé d’arrêter le traitement anti-
a été identifiée et corrigée, le traitement Des conseils de limitation de la consom- coagulant jusqu’à ce que la cause de l’hé-
anticoagulant peut être réintroduit ; mation d’alcool ou le traitement d’une morragie soit traitée (I, C).
– l’obtention d’un pourcentage de temps consommation excessive d’alcool doivent
dans la cible sous AVK élevé ou le choix être envisagés chez tous les patients qui 8. Association d’un anticoagulant oral
d’un dosage d’AOD approprié évalué ont une FA et chez lesquels un traitement et d’antiagrégants plaquettaires
dans les essais cliniques, en prenant anticoagulant est envisagé (IIa, C).
en compte la fonction rénale, l’âge et le L’association d’un anticoagulant et
poids ; Les tests génétiques avant l’initiation d’antiagrégants plaquettaires, en par-
– l’évitement d’un excès d’alcool ; d’un traitement AVK ne sont pas recom- ticulier la triple association, d’un
– la diminution des chutes ; cependant, mandés (III Pas de bénéfice, B). anticoagulant, d’aspirine et de clo-
le traitement anticoagulant ne doit être pidogrel, augmente le risque absolu
arrêté que chez les patients qui font des La reprise d’un traitement anticoagu- d’hémorragie majeure. Une monothé-
chutes sévères et non contrôlées (par lant après un événement hémorragique rapie par anticoagulant, et non pas une
exemple, épilepsie, atrophie multisysté- doit être discutée par une équipe plu- association anticoagulant-antiagrégant
matisée avancée avec chutes en arrière) ridisciplinaire, en envisageant les dif- plaquettaire, est recommandée chez les
ou chez certains patients déments chez férents anticoagulants et interventions patients qui ont une FA et une corona-
lesquels l’observance thérapeutique ne de prévention des AVC, l’amélioration ropathie stable. Chez les patients trai-
peut pas être assurée par un aidant ; de la prise en charge des facteurs qui tés pour un syndrome coronaire aigu
– quand l’interruption du traitement ont contribué à l’hémorragie et le risque (fig. 8) et chez ceux chez qui un stent
anticoagulant est requise, le rempla- d’AVC (IIa, B). coronaire a été mis en place (fig. 9), une
cement par de l’héparine ne paraît pas
bénéfique, sauf chez les patients qui ont
une prothèse valvulaire mécanique. Patient qui a une FA nécessitant une anticoagulation orale,
après un syndrome coronaire aigu
Même lorsque la prise en charge est opti-
male, des hémorragies peuvent survenir
et les professionnels de santé doivent Risque hémorragique bas Risque hémorragique élevé
être préparés à leur prise en charge. Un comparé au risque de syndrome comparé au risque de syndrome
Intervalle de coronaire aigu et de coronaire aigu et de thrombose
schéma de prise en charge des événe- temps depuis thrombose de stent de stent
ments hémorragiques chez les patients le syndrome
coronaire aigu
qui ont un traitement anticoagulant est
0
présenté dans la figure 7. Traitement triplea (IIa, B)
1 mois Traitement triplea (IIa, B)
3 mois
7. Recommandations sur la prise en
Traitement doubleb (IIa, C) A ou C
charge d’une hémorragie
6 mois A ou C
Traitement doubleb (IIa, C) A ou C
Le contrôle de la PA chez les patients A ou C
hypertendus qui prennent un traitement 12 mois
Monothérapie Monothérapie
anticoagulant doit être envisagé afin de À vie par anticoagulant oralc (I, B) par anticoagulant oralc (I, B)
diminuer le risque d’hémorragie (IIa, B).
Lorsque le dabigatran est utilisé, une
dose réduite (110 mg 2 fois par jour) peut Anticoagulant oral Aspirine, 75-100 mg/j Clopidogrel, 75 mg/j
être envisagée chez les patients âgés de
plus de 75 ans afin de diminuer le risque a
Un traitement double, par un anticoagulant oral et de l’aspirine ou du clopidogrel, peut être
hémorragique (IIb, B). envisagé chez certains patients, notamment ceux qui n’ont pas de stent.
b
Anticoagulant oral + un seul antiagrégant plaquettaire.
c
Un traitement double par un anticoagulant oral et un antiagrégant plaquettaire (aspirine ou
Chez les patients à haut risque d’hémor- clopidogrel) peut être envisagé chez les patients à haut risque d’événement coronaire.
ragie gastro-intestinale, un AVK ou une
préparation AOD autre est préférable Fig.  8 : Traitement antithrombotique après syndrome coronaire aigu chez les patients en fibrillation atriale
au dabigatran 150 mg 2 fois par jour, au nécessitant une anticoagulation orale.

13
réalités Cardiologiques

Revues générales

dose de 75 mg/j, peut être envisagée comme


alternative à l’association triple avec l’aspi-
Patient qui a une FA nécessitant une anticoagulation orale, après une
intervention coronaire percutanée programmée avec mise en place d’un stent
rine chez certains patients (IIb, C).

Contrôle de la fréquence
Risque hémorragique bas Risque hémorragique élevé
Intervalle de
comparé au risque de comparé au risque cardiaque
temps depuis
syndrome coronaire aigu de syndrome coronaire
l’intervention
et de thrombose de stent aigu et de thrombose de stent Le contrôle de la FC, en aigu (fig. 10)
coronaire
percutanée ou à long terme (fig. 11), peut être fait
0
Traitement triplea (IIa, B)
avec les bêtabloquants, la digoxine, les
1 mois calcium-bloquants diltiazem et vérapa-
3 mois Traitement doubleb (IIa, C) A ou C mil, ou une association thérapeutique
A ou C (tableau IX). La FC cible optimale chez
Traitement doubleb (IIa, C) A ou C
6 mois A ou C
les patients qui ont une FA n’est pas
claire, mais un contrôle “lâche” de la FC
12 mois
Monothérapie (< 110 bpm au repos) est une approche
Monothérapie par anticoagulant oralc (I, B) initiale acceptable sauf si les symptômes
À vie par anticoagulant oralc (I, B)
nécessitent un contrôle plus strict de la
FC. La bradycardie doit être évitée.

Anticoagulant oral Aspirine, 75-100 mg/j Clopidogrel, 75 mg/j Les bêtabloquants sont souvent les médi-
caments de première intention, même si,
a
Un traitement double, par un anticoagulant oral et de l’aspirine ou du clopidogrel, peut être y compris chez les patients qui ont une IC
envisagé chez certains patients, notamment ceux qui n’ont pas de stent.
b
Anticoagulant oral + un seul antiagrégant plaquettaire. à FEVG réduite, il n’y a pas de bénéfice
c
Un traitement double par un anticoagulant oral et un antiagrégant plaquettaire (aspirine ou pronostique dans la FA. Le vérapamil
clopidogrel) peut être envisagé chez les patients à haut risque d’événement coronaire.
et le diltiazem sont des médicaments
possibles lorsque la FEVG est ≥ 40 % ;
Fig.  9 : Traitement antithrombotique après intervention coronaire percutanée programmée chez les patients on a montré qu’ils diminuent les symp-
en fibrillation atriale nécessitant une anticoagulation orale. tômes. Il y a peu de preuves en faveur
de la digoxine, mais elle paraît efficace
triple association de courte durée paraît de prévenir les événements ischémiques pour contrôler la FC, sans effet connu sur
justifiée. coronaires et cérébraux (IIa, C). la mortalité. L’ablation du nœud atrio-
ventriculaire/du faisceau de His peut
9. Recommandations sur l’association Après un syndrome coronaire aigu sans effectivement contrôler la fréquence
des anticoagulants oraux et des implantation de stent chez les patients ventriculaire lorsqu’il y a échec du trai-
antiagrégants plaquettaires qui ont une FA et sont à risque d’AVC, tement médicamenteux, mais cela néces-
une association double, d’un anticoagu- site l’implantation d’un stimulateur
Après mise en place programmée d’un lant oral et d’aspirine ou de clopidogrel, cardiaque permanent. Chez les patients
stent coronaire pour une coronaropathie doit être envisagée pendant 12 mois au dans un état critique et chez ceux dont la
stable chez les patients qui ont une FA maximum afin de prévenir les événe- fonction VG systolique est sévèrement
et sont à risque d’AVC, une association ments ischémiques coronaires et céré- altérée, l’amiodarone par voie IV est
triple d’aspirine, de clopidogrel et d’un braux (IIa, C). aussi une option, et une cardioversion
anticoagulant oral doit être envisagée en urgence doit toujours être envisagée
pendant un mois afin de prévenir les La durée de l’association d’antithrom- chez les patients instables.
événements ischémiques coronaires et botiques, en particulier la triple asso-
cérébraux (IIa, B). ciation, doit être limitée, en mettant en
balance le risque estimé de récidives Recommandations sur le
Après un syndrome coronaire aigu pour d’événements coronaires récurrent et le contrôle de la fréquence
lequel un stent a été mis en place, chez risque hémorragique (IIa, B). cardiaque
les patients qui ont une FA et sont à
risque d’AVC, l’association triple doit Une association double, de quelque anti- Les bêtabloquants, la digoxine, le dil-
être envisagée pendant 1 à 6 mois afin coagulant que ce soit et de clopidogrel à la tiazem et le vérapamil sont recomman-

14
réalités Cardiologiques

dés pour contrôler la FC chez les patients


Contrôle de la FC en aigu dans la FA qui ont une FA et qui ont une FEVG
≥ 40 % (I, B).

Les bêtabloquants et la digoxine sont


FEVG < 40 % FEVG ≥ 40 % recommandés pour contrôler la FC chez
ou signes d’IC congestive les patients qui ont une FA et qui ont une
FEVG < 40 % (I, B).

Dose de bêtabloquant la plus petite Bêtabloquant Une association thérapeutique compor-


permettant le contrôle de la FC ou diltiazem ou vérapamil tant différents agents contrôlant la FC
L’amiodarone est une option chez Vérifier le traitement en doit être envisagée si une monothérapie
les patients hémodynamiquement cours pour éviter une ne permet pas d’atteindre la FC cible
instables ou en cas de administration concomitante nécessaire (IIa, C).
FEVG sévèrement réduite FC cible initiale < 110 bpm
FC cible initiale < 110 bpm au repos au repos
En cas d’instabilité hémodynamique ou
de FEVG très diminuée, l’amiodarone
Ajouter de la digoxine Ajouter de la digoxine peut être envisagée pour contrôler la FC
en aigu (IIb, B).
FC cible < 110 bpm au repos FC cible < 110 bpm au repos
En cas de FA permanente (c’est-à-dire,
Éviter une bradycardie pour laquelle il n’y a pas de tentative
Faire une échocardiographie pour prévue de restauration du RS), les médi-
déterminer la prise en charge ultérieure caments antiarythmiques ne doivent pas
et choisir le traitement de maintien être utilisés en routine pour le contrôle
Envisager le besoin d’une anticoagulation de la FC (III Maléfice, A).

Une FC de repos < 110 bpm (c’est-à-dire


Fig.  10 : Contrôle de la fréquence cardiaque en aigu dans la fibrillation atriale. un contrôle “lâche” de la FC) doit être
envisagée comme la FC cible initiale
dans le cadre d’une stratégie de contrôle
Contrôle à long terme de la FC dans la FA de la FC (IIa, B).

Une stratégie de contrôle du rythme


Réaliser une échocardiographie (I, C)
Choisir le traitement initial de contrôle de la FC (I, B) et une association thérapeutique
plutôt que de la FC doit être envisagée
si nécessaire (IIa, C) Viser une FC initiale < 110 bpm au repos (IIa, B), comme le traitement de préférence en
en évitant une bradycardie cas de FA dans le cadre d’une préexcita-
tion et de FA pendant la grossesse (IIa, C).

FEVG < 40% FEVG ≥ 40% Une ablation du nœud atrioventriculaire


doit être envisagée pour contrôler la FC
chez les patients qui ne répondent pas
Diltiazem/ ou qui sont intolérants à un traitement
Bêtabloquant Digoxine Bêtabloquant Digoxine
vérapamil intensif de contrôle du rythme et de la FC,
en acceptant le fait que ces patients vont
Envisager précocement
une association thérapeutique
Ajouter un traitement afin d’obtenir la FC cible devenir stimulateur-dépendants (IIa, B).
ou s’il y a toujours des symptômes
à faibles doses

+ diltiazem, Contrôle du rythme


+ digoxine + bêtabloquant + digoxine + digoxine vérapamil ou
bêtabloquant
Restaurer et maintenir le rythme sinusal
(RS) est une partie intégrale de la prise en
Fig.  11 : Contrôle de la fréquence cardiaque à long terme dans la fibrillation atriale. charge de la FA ayant pour but d’amélio-

15
réalités Cardiologiques

Revues générales

Contrôle de la FC par voie IV Contrôle de la FC par voie


Traitement Effets secondaires Commentaire
en aigu orale à long terme
Bêtabloquantsa
Symptômes les plus fréquents :
Le bronchospasme est rare ; en
fatigue, céphalées, œdèmes
cas d’asthme, recommander
périphériques, symptômes
les agents b1-sélectifs
1,25-20 mg 1 fois des voies aériennes
Bisoprolol (éviter le carvédilol) ; contre-
par jour ou diviser supérieures, embarras gastro-
indiqués dans l’IC aiguë
intestinal, vertiges ; effets
et en cas d’antécédent de
secondaires : bradycardie, bloc
bronchospasme sévère
atrioventriculaire, hypotension
Carvédilol 3,125-50 mg 2 fois par jour
2,5-10 mg en bolus IV 100-200 mg dose journalière
Métoprolol
(répéter selon besoin) totale
2,5-10 mg 1 fois par jour ou
Nébivolol
diviser
0,5 mg en bolus IV
Esmolol en une minute ;
puis 0,05-0,25 µg/kg/min
Calcium-bloquants
Symptômes les plus fréquents : Utiliser avec précaution en
vertiges, malaise, fatigue, association aux bêtabloquants ;
céphalées, flush, embarras réduire la dose en cas d’atteinte
60 mg 3 fois par jour jusqu’à
gastro-intestinal, œdèmes ; hépatique, commencer avec
15-25 mg en bolus IV 360 mg/j
Diltiazem effets secondaires : bradycardie, des doses plus faibles en cas
(répéter selon besoin) (forme LP : 120-360 mg
bloc atrioventriculaire, d’atteinte rénale ; contre-
1 fois par jour)
hypotension (hypotension indiqués en cas de dysfonction
prolongée possible avec le VG avec congestion pulmonaire
vérapamil) ou FEVG < 40 %
40-120 mg 3 fois par jour
2,5-10 mg en bolus IV
Vérapamil (forme LP : 120-480 mg 1 fois
(répéter selon besoin)
par jour)
Glycosides cardiaques
Des taux plasmatiques
élevés sont associés à une
augmentation du risque de
Symptômes les plus fréquents : décès ; vérifier la fonction
embarras gastro-intestinal, rénale avant de commencer
vertiges, vision trouble, le traitement et adapter
céphalées, rash ; aux doses la dose chez les patients
0,5 mg en bolus IV (0,75-1,5 mg dose journalière :
Digoxine toxiques (digoxinémie > 2 ng/mL), qui ont une néphropathie
en 24 heures en doses divisées) 0,0625-0,25 mg
la digoxine est proarythmogène chronique ; contre-indiqués
et peut aggraver une chez les patients qui ont
IC, notamment en cas une voie accessoire, une
d’hypokaliémie concomitante tachycardie ventriculaire
ou une cardiomyopathie
hypertrophique avec
obstruction intraventriculaire
Digitoxine 0,4-0,6 mg en bolus IV dose journalière : 0,05-0,3 mg
Indications spécifiques
Hypotension, bradycardie,
nausées, allongement de
300 mg IV dilués dans 250 mL Suggérée comme traitement
QT, toxicité pulmonaire,
de dextrose 5 % en 30-60 min adjuvant quand le contrôle de
Amiodarone 200 mg/j coloration cutanée, dysfonction
(de préférence via un cathéter la FC n’est pas atteint avec une
thyroïdienne, dépôts cornéens,
veineux central) b association thérapeutique
réaction cutanée avec
extravasation
a De nombreux autres bêtabloquants sont disponibles, mais ils ne sont pas recommandés comme traitement de contrôle de la FC spécifique dans la FA. Ils
incluent l’aténolol (25-100 mg 1 fois par jour avec une demi-vie biologique courte), le propranolol (non sélectif, 1 mg en une minute et répétition jusqu’à 3 mg avec
des intervalles de 2 minutes [aigu] ou 10-40 mg 3 fois par jour [long terme]), ou le labétalol (non sélectif, 1-2 mg/min [aigu]).
b Si le besoin d’amiodarone se prolonge, poursuivre avec 900 mg IV en 24 heures dilués dans 500-1 000 mL, via un cathéter veineux central.

Tableau IX : Traitement de contrôle de la fréquence cardiaque dans la fibrillation atriale.

16
réalités Cardiologiques

rer les symptômes liés à la FA chez les 1. Restauration aiguë du rythme sinusal Les médicaments antiarythmiques
patients appropriés. Des essais sont en doublent, approximativement, le taux de
cours dont il faudra attendre les résul- La cardioversion électrique est une tech- retour en RS par rapport au placebo. Ils
tats avant que l’on puisse commenter le nique utile pour le contrôle du rythme, peuvent être utilisés pour la cardiover-
bénéfice du traitement de contrôle du notamment dans les situations aiguës et sion sans sédation (tableau X), y com-
rythme au-delà de l’amélioration des chez les patients qui ont une FA chronique pris la “pilule dans la poche”. L’ablation
symptômes. et qui sont symptomatiques (fig. 12). par cathéter, l’ablation chirurgicale ou
le traitement hybride sont souvent effi-
caces lorsque les médicaments anti­
arythmiques sont en échec ; ils peuvent
FA récente être le traitement de première intention
chez certains patients.
Oui Instabilité Non
hémodynamique ?
Les patients qui ont eu une FA pendant
Programmée plus de 48 heures doivent commencer
Choix du patient un traitement anticoagulant oral au
moins 3 semaines avant la cardioversion,
En urgence

Cardioversion et le continuer pendant 4 semaines après


pharmacologique
la cardioversion (ou indéfiniment si des
facteurs de risque d’AVC sont présents).
Coronaropathie, IC Une échocardiographie transœsopha-
IC à FEVG Pas de cardiopathie
réduite sévère, à FEVG réduite modérée structurale significative gienne peut être faite afin d’exclure des
ou IC à FEVG
RA significatif
moyenne/préservée,
thrombus atriaux si une cardioversion
HVG anormale rapide est requise.

Cardioversion Amiodarone
Vernakalant IV (IIb, B)
Flécaïnide IV (I, A) Pilule dans 2. Contrôle du rythme à long terme
électrique (I B) IV (I, A) Ibutilidea (IIa, B) la poche
Amiodarone (I, A)
Propafénone (I, A) Flécaïnide (IIa, B)
Vernakalant (I, A) Propafénone (IIa, B) L’utilisation de médicaments antiaryth-
a
L’ibutilide ne doit pas être utilisé en cas de QT long miques à long terme doit prendre en
compte les éléments suivants :
– le but du traitement est de diminuer les
Fig.  12 : Contrôle du rythme dans la fibrillation atriale récente. symptômes liés à la FA ;

Médicament Voie 1re dose Dose de maintien Risques


Hypotension, flutter atrial à conduction 1/1, allongement de QT ;
Orale 200-300 mg
Flécaïnide à éviter chez les patients qui ont une coronaropathie ou une
IV 1,5-2 mg/kg en 10 min
cardiopathie structurale significative.
50 mg/h jusqu’à un
Phlébite, hypotension, bradycardie/bloc atrioventriculaire ; va ralentir
Amiodarone IVa 5-7 mg/kg en 1 à 2 h maximum de 1 g
la fréquence ventriculaire ; conversion en RS retardée (8-12 h).
en 24 h
Hypotension, flutter atrial à conduction 1/1, allongement de QRS
IV 1,5-2 mg/kg en 10 min
Propafénone (léger) ; à éviter en cas de coronaropathie ou de cardiopathie
Orale 450-600 mg
structurale significative.
Allongement de QT, tachycardie ventriculaire polymorphe/torsade de
1 mg en 10 min
pointe (3-4 % des patients) ; va ralentir la fréquence ventriculaire ; à
Ibutilide IV 1 mg en 10 min après avoir attendu
éviter en cas de QT long, d’hypokaliémie, d’HVG sévère ou de FEVG
10 min
basse.
Hypotension, arythmie ventriculaire non soutenue, allongement de QT
2 mg/kg en 10 min
et de QRS ; à éviter en cas de PA systolique < 100 mmHg, syndrome
Vernakalant IV 3 mg/kg en 10 min après avoir attendu
coronaire aigu récent (< 30 jours), IC en classe III ou IV de la NYHA, QT
15 min
long (QT non corrigé > 440 ms), rétrécissement aortique sévère.
a Utiliser une veine périphérique large et passer à l’amiodarone per os dans les 24 heures du traitement par voie IV (voie centrale).

Tableau X : Médicaments antiarythmiques pour une cardioversion pharmacologique.

17
réalités Cardiologiques

Revues générales

– l’efficacité des antiarythmiques pour QRS et QT) peut permettre d’identifier ventriculaire significative et qui n’ont
maintenir le RS est modeste ; les patients à risque de proarythmie pas de stimulateur cardiaque.
– un traitement antiarythmique efficace induite par le médicament (tableau XI).
cliniquement réduit plutôt qu’élimine Les antiarythmiques ne doivent pas être Une ablation percutanée est indiquée
les récidives de FA ; utilisés chez les patients qui ont un QT afin d’améliorer les symptômes liés
– si un antiarythmique échoue, une long préexistant ou chez ceux qui ont à la FA chez les patients qui ont des
réponse cliniquement acceptable peut une dysfonction sino-atriale ou atrio- récidives symptomatiques de FA alors
être obtenue avec un autre antiaryth-
mique ; Sévérité Type Taux
– les proarythmies dues aux médica- Décès < 0,2 %
ments et les effets secondaires extracar-
Complications menaçant Blessure œsophagienne (perforation/fistule)a < 0,5 %
diaques sont fréquents ;
la vie AVC (y compris AIT/embolie gazeuse) < 1 %
– des considérations de sûreté plus que
d’efficacité doivent guider en priorité le Tamponnade cardiaque 1-2 %
choix de l’antiarythmique. Sténose veineuse pulmonaire < 1 %
Paralysie phrénique persistante 1-2 %
Afin de réduire le risque d’effets secon- Complications sévères
Complications vasculaires 2-4 %
daires, une durée plus courte du traite-
ment antiarythmique paraît désirable, Autres complications sévères 1 %
par exemple après cardioversion ou abla- Autres complications modérées ou mineures 1-2 %
tion. Un usage à plus long terme doit soi- Embolie cérébrale asymptomatique
gneusement prendre en compte le profil 5-10 %
Sévérité inconnue (AVC silencieux)
de sûreté de chaque antiarythmique et Exposition aux radiations
les caractéristiques du patient (fig. 13). a Une fistule œsophagienne doit être suspectée en cas de triade de signes non spécifiques
d’infection, de douleurs thoraciques et d’AVC ou AIT durant les premières semaines après
Une analyse soigneuse des modifica- une ablation. Elle requiert un traitement immédiat.
tions ECG pendant l’initiation du trai-
tement antiarythmique (intervalles PR, Tableau XI : Complications liées à l’ablation percutanée d’une fibrillation atriale.

Initiation d’un traitement de contrôle du rythme à long terme afin d’améliorer les symptômes liés à la FA

Signes de cardiopathie structurale Coronaropathie, valvulopathie IC


absents ou minimes significative, HVG anormale

Choix du patient Choix du patient Choix du patientc

Dronédarone (I, A) Ablation Dronédarone (I, A) Ablation Amiodarone Ablation


Flécaïnide (I, A) percutanéeb (IIa, B) Sotalola (I, A) percutanéeb (I, A) percutanéeb
Propafénone (I, A) Amiodaroned (I, A) (IIa, B) (IIa, B)
Sotalola (I, A)

a
Évaluation soigneuse du risque proarythmique.
b
L’ablation percutanée doit isoler les veines pulmonaires et peut être réalisée par des cathéters de radiofréquence ou des
ballons de cryoablation.
c
L’ablation percutanée comme traitement de 1re intention est habituellement réservée aux patients en IC avec tachycardiomyopathie.
d
L’amiodarone est le choix de 2e intention chez de nombreux patients du fait de ses effets secondaires extracardiaques.

Fig.  13 : Initiation d’un traitement de contrôle du rythme chez les patients symptomatiques.

18
réalités Cardiologiques

Monitorage
Ralentissement
Principales contre-indications et Signes d’alerte ECG suggéré
Médicament Dose dans le nœud
précautions justifiant un arrêt pendant
atrioventriculaire
l’initiation
Prudence en cas de traitement
600 mg par jour concomitant par des médicaments
en plusieurs doses allongeant la durée de QT et chez les
pendant patients qui ont une maladie du nœud
4 semaines, sinusal ou du nœud AV ou un trouble de Au début, à
Allongement de 10-12 bpm dans
Amiodarone 400 mg par jour conduction. 1 semaine,
QT > 500 ms la FA
pendant La dose d’AVK et de digoxine doit être à 4 semaines
4 semaines, puis diminuée.
200 mg 1 fois par Augmentation du risque de myopathie
jour avec les statines.
Prudence en cas de maladie hépatique.
Contre-indiquée dans l’IC classe III ou
IV de la NYHA ou instable, si traitement
concomitant par des médicaments
allongeant la durée de QT ou par
des inhibiteurs puissants du CYP3A4
(par exemple, vérapamil, diltiazem,
antifongiques azolés) et quand la
clairance de la créatinine est < 30 mL/ Au début,
400 mg 2 fois par Allongement de 10-12 bpm dans
Dronédarone min. à 1 semaine,
jour QT > 500 ms la FA
La dose de digitaliques, de à 4 semaines
bêtabloquants et de certaines statines
doit être réduite.
L’augmentation de la créatininémie
de 10-20 µmol/L est fréquente et ne
reflète pas un déclin de la fonction
rénale.
Prudence en cas de maladie hépatique.
Contre-indiquée si la clairance de la
créatinine est < 50 mL/min, maladie
hépatique, cardiopathie ischémique ou
FEVG réduite. Augmentation
Flécaïnide 100-150 mg 2 fois
Prudence en présence d’une maladie de la durée de
Flécaïnide par jour Au début, à J1,
du nœud sinusal ou du nœud AV ou d’un QRS > 25 % par Aucun
à libération 200 mg 1 fois par à J2-3
trouble de conduction. rapport à l’état de
prolongée jour
Les inhibiteurs du CYP2D6 (par base
exemple, fluoxétine, antidépresseurs
tricycliques) augmentent la
concentration plasmatique.
Contre-indiquée en cas de cardiopathie
ischémique ou de FEVG réduite.
Augmentation
Propafénone 150-300 mg 3 fois Prudence en cas de maladie du nœud
de la durée du
Propafénone par jour sinusal ou du nœud AV ou de trouble Au début, à J1,
QRS > 25 % par Léger
à libération 225-425 mg 2 fois de conduction, d’atteinte rénale ou à J2-3
rapport à l’état de
prolongée par jour hépatique ou d’asthme.
base
Augmente la concentration de
digitaliques et de warfarine.
Contre-indiqué en cas d’HVG
significative, d’IC systolique, d’asthme,
QT > 500 ms
d’allongement préexistant de QT,
Allongement de Similaire aux
80-160 mg 2 fois d’hypokaliémie, de clairance de la Au début, à J1,
DL Sotalol QT de plus de bêtabloquants à
par jour créatinine < 50 mL/min. à J2-3
60 ms par rapport forte dose
Une dysfonction rénale modérée
à avant l’initiation
nécessite une adaptation soigneuse de
la dose.

Tableau XII : Médicaments antiarythmiques per os utilisés pour le maintien du rythme sinusal après cardioversion.

19
réalités Cardiologiques

Revues générales

qu’ils ont un traitement antiaryth- mique aiguë afin de restaurer le débit Une anticoagulation par l’héparine ou
mique, ou comme une alternative au cardiaque (I, B). un AOD doit être commencée dès que
traitement antiarythmique chez cer- possible avant toute cardioversion de FA
tains patients qui ont une FA paroxys- La cardioversion d’une FA (électrique ou de flutter atrial (IIa, B).
tique symptomatique, ablation réalisée ou pharmacologique) est recommandée
dans des centres expérimentés par une chez les patients symptomatiques qui Pour une cardioversion de FA/flutter
équipe entraînée. Afin de minimiser le ont une FA persistante ou persistante atrial, une anticoagulation effective
taux de complications (tableau XII), prolongée comme partie du traitement est recommandée pendant au moins
les patients doivent avoir l’ablation de de contrôle du rythme (I, B). 3 semaines avant la cardioversion (I, B).
la FA alors qu’ils prennent un traite-
ment anticoagulant oral. Les patients Un prétraitement par amiodarone, flé- Une échocardiographie transœsopha-
qui ont des récidives de FA alors qu’ils caïnide, ibutilide ou propafénone doit gienne est recommandée afin d’ex-
prennent plusieurs antiarythmiques et/ être envisagé afin d’augmenter le taux clure un thrombus cardiaque, comme
ou après ablation percutanée doivent de succès de la cardioversion électrique alternative à une anticoagulation avant
être discutés par l’équipe FA. et prévenir la récidive de FA (IIa, B). l’intervention quand une cardioversion
précoce est prévue (I, B).
La prise en charge des maladies CV Chez les patients qui n’ont pas d’anté-
concomitantes peut aussi diminuer cédent de cardiopathie ischémique ou Une cardioversion précoce peut être
les symptômes et faciliter le main- structurale, la flécaïnide, la propafénone réalisée sans échocardiographie transœ-
tien d’un RS, dont la perte de poids, ou le vernakalant sont recommandés sophagienne lorsque la durée de la FA
le contrôle de la PA, le traitement de pour la cardioversion pharmacologique est certainement inférieure à 48 heures
l’IC et un exercice modéré. Les IEC, d’une FA nouvelle (I, A). (IIa, B).
les ARAII et les bêtabloquants dimi-
nuent les taux de FA nouvelle chez Chez les patients qui n’ont pas d’anté- Chez les patients à risque d’AVC, le trai-
les patients qui ont une cardiopathie cédent de cardiopathie ischémique ou tement anticoagulant doit être poursuivi
structurale. structurale, l’ibutilide doit être envisagé à long terme après la cardioversion, selon
pour la cardioversion pharmacologique les recommandations sur l’anticoagu-
3. Recommandations sur le contrôle du d’une FA (IIa, B). lation à long terme, quelle que soit la
rythme méthode de cardioversion ou le main-
Chez certains patients qui ont une FA tien apparent du RS. Chez les patients
>>> Recommandations générales de début récent et pas de cardiopathie qui n’ont pas de facteur de risque d’AVC,
structurale ou ischémique, une dose orale l’anticoagulation doit être poursuivie
Un traitement de contrôle du rythme est unique de flécaïnide ou de propafénone pendant 4 semaines après la cardiover-
indiqué pour l’amélioration des symp- (approche “pilule dans la poche”) doit sion (I, B).
tômes chez les patients qui ont une FA (I, B). être envisagée pour une cardioversion
conduite par le patient, après évaluation Lorsqu’un thrombus a été vu à l’écho-
La prise en charge des facteurs de risque de la sûreté (IIa, B). cardiographie transœsophagienne, une
CV et la suppression des facteurs déclen- anticoagulation effective est recom-
chant une FA doivent être faites chez Chez les patients qui ont une cardio- mandée pendant au moins 3 semaines
les patients qui ont un traitement de pathie ischémique ou structurale, (I, C).
contrôle du rythme afin de faciliter la l’amiodarone est recommandée pour la
maintenance du RS (IIa, B). cardioversion d’une FA (I, A). Une nouvelle échocardiographie transœ-
sophagienne doit être faite avant la car-
À l’exception de la FA associée à une ins- Le vernakalant peut être envisagé dioversion afin de vérifier la disparition
tabilité hémodynamique, le choix entre comme une alternative à l’amiodarone du thrombus (IIa, C).
cardioversion électrique et pharmacolo- pour la cardioversion pharmacologique
gique doit être guidé par les préférences d’une FA chez les patients qui n’ont pas >>> Médicaments antiarythmiques
du patient et du médecin (IIa, C). d’hypotension, d’IC sévère ou de cardio- pour le maintien du RS à long terme et
pathie structurale sévère (notamment, la prévention de la récidive de FA
>>> Cardioversion d’une FA rétrécissement aortique) (IIb, B).
Le choix du médicament arythmique
Une cardioversion électrique est recom- >>> Prévention des AVC chez les patients doit être soigneux, en prenant en
mandée en cas d’instabilité hémodyna- qui vont avoir une cardioversion d’une FA compte les comorbidités, le risque CV,

20
réalités Cardiologiques

le risque de proarythmie sévère, les mais les effets toxiques extracardiaques Ajouter une stimulation double
effets toxiques extracardiaques, les sont fréquents et augmentent avec le chambre à un traitement médica-
préférences du patient et le niveau des temps. Pour cette raison, les autres médi- menteux qui induit ou aggrave une
symptômes (I, A). caments antiarythmiques doivent être dysfonction sinusale doit être envi-
envisagés d’abord (IIa, C). sagé afin de permettre la poursuite du
La dronédarone, la flécaïnide, la propa- traitement antiarythmique chez les
fénone et le sotalol sont recommandés Les patients qui ont un traitement anti­ patients chez lesquels une ablation
pour la prévention des récidives sympto- arythmique doivent être réévalués de la FA est refusée ou non indiquée
matiques de FA chez les patients qui ont périodiquement afin de confirmer qu’ils (IIa, B).
une fonction VG normale et qui n’ont pas peuvent prendre ce traitement (IIa, C).
d’HVG pathologique (I, A). La poursuite d’un traitement anti­
Un enregistrement ECG pendant l’ini- arythmique au-delà de la période de
La dronédarone est recommandée pour tiation du traitement antiarythmique quelques semaines après l’ablation
la prévention des récidives symptoma- doit être fait afin de surveiller la FC et de de FA doit être envisagée afin de
tiques de FA chez les patients qui ont une détecter un allongement de QRS ou de maintenir le RS quand les récidives
coronaropathie sans IC (I, A). QT et la survenue d’un bloc atrioventri- paraissent probables (IIa, B).
culaire (IIa, B).
L’amiodarone est recommandée pour >>> Effets antiarythmiques des médica-
la prévention des récidives symptoma- Un traitement antiarythmique n’est pas ments non antiarythmiques
tiques de FA chez les patients qui ont une recommandé chez les patients qui ont un
IC ((I, B). QT long (> 0,5 s) ou une maladie sino- Les IEC, les ARA II et les bêtablo-
atriale significative ou une dysfonction quants doivent être envisagés pour la
L’amiodarone est plus efficace pour la du nœud atrioventriculaire significative prévention d’une FA nouvelle chez les
prévention des récidives de FA que les et qui n’ont pas de stimulateur cardiaque patients qui ont une IC et une FEVG
autres médicaments antiarythmiques, permanent (III Maléfice, C). réduite (IIa, A).

Sélection du traitement de contrôle du rythme après un échec thérapeutique pour améliorer les symptômes liés à la FA

Échec de la dronédarone, de la flécaïnide, Échec de l’amiodarone Échec de l’ablation


de la propafénone, du sotalol percutanée

Choix du patient Choix du patient Choix du patient

Autre Ablation Nouvelle Autre


Amiodarone Traitement
antiarythmique percutanée ablation antiarythmique
(I, A) hybride (IIa, C)c
(IIa) (I, A/IIa, B)a (I, A/IIa, B)a (IIa)

Choix du patient informé par l’équipe FA

Chirurgie de la FA (IIa, C)b Contrôle de la FC (I, B) Traitement hybride (IIa, C)c

a
L’ablation percutanée doit cibler l’isolation des veines pulmonaires. I, B pour la FA paroxystique, 2AB pour la FA persistante
et persistante prolongée.
b
La chirurgie de la FA peut être une isolation des veines pulmonaires (par exemple dans la FA paroxystique) ou une chirurgie
du labyrinthe (“maze”) ; par exemple dans la FA réfractaire au traitement ou persistante ou persistante prolongée.
c
Le traitement hybride inclut l’association de médicaments antiarythmiques, d’ablation percutanée et/ou de chirurgie de la FA.

Fig.  14 : Choix de l’approche de contrôle du rythme après un échec thérapeutique.

21
réalités Cardiologiques

Revues générales

Les IEC et les ARA II doivent être envi- ment de contrôle du rythme après un le RS, mais avec un taux plus élevé de
sagés pour la prévention d’une FA échec initial du traitement (fig. 14). Une complications (tableau XIII). Comme
nouvelle chez les patients hyperten- récidive précoce de la FA ou une tachy- pour l’ablation percutanée, l’anticoa-
dus, particulièrement ceux qui ont une cardie atriale après l’ablation (dans les gulation pour la prévention des AVC
HVG (IIa, B). 8 semaines) peuvent être traitées par une doit être poursuivie indéfiniment chez
cardioversion. les patients à haut risque d’AVC, même
Un prétraitement par les IEC ou les ARA II après une ablation chirurgicale appa-
peut être envisagé chez les patients qui 5. Chirurgie de la fibrillation atriale remment réussie de la FA.
ont une FA récidivante, qui ont une car-
dioversion électrique et qui prennent un La décision d’une approche chirurgicale 6. Équipe fibrillation atriale
traitement antiarythmique (IIa, B). doit être discutée par l’équipe FA, afin
de conseiller et d’informer le patient. Le groupe de travail propose que les
Les ARA II et les IEC ne sont pas recom- Une chirurgie concomitante de la FA décisions de chirurgie de la FA ou
mandés pour la prévention secon- entraîne une plus grande liberté de FA d’ablation extensive de la FA, mais aussi
daire d’une FA paroxystique chez les que l’absence de chirurgie, sans diffé- le retour à une stratégie de contrôle de la
patients qui ont une cardiopathie sous- rence détectable pour les autres événe- FC chez les patients sévèrement symp-
jacente inexistante ou légère (III Pas de ments (fig. 15). À part l’augmentation tomatiques, reposent sur l’avis d’une
bénéfice, B). du taux d’implantation de stimulateur équipe FA. Une telle équipe doit inclure
cardiaque, les complications périopé- un cardiologue ayant une expertise
4. Choix du contrôle du rythme après un ratoires ne sont pas significativement dans les médicaments antiarythmiques,
échec du traitement augmentées en cas d’addition d’une un électrophysiologiste interventionnel
chirurgie de la FA. Une chirurgie isolée et un chirurgien cardiaque ayant l’ex-
Les préférences du patient, l’accès local du labyrinthe peut être réalisée par une périence de l’ablation chirurgicale de
aux traitements et une approche mul- approche thoracoscopique mini-inva- la FA. De telles équipes doivent être
tidisciplinaire sont des considérations sive ; elle est plus efficace qu’une nou- constituées afin de fournir un conseil
importantes pour le choix du traite- velle ablation percutanée pour maintenir optimal et ultimement d’améliorer
l’évolution sur le plan rythmique des
patients qui ont besoin d’une interven-
Patient qui a une FA et qui a une intervention chirurgicale cardiaque tion de contrôle du rythme avancée et
à cœur ouvert (par exemple pontage coronaire, chirurgie valvulaire) complexe.

7. Recommandations sur l’ablation


Traitement de contrôle percutanée et la chirurgie de la
du rythme fibrillation atriale
souhaitable pour améliorer
Oui les symptômes liés à la FA Non
L’ablation percutanée d’une FA paroxys-
tique symptomatique est recommandée
Choix du patient après information par l’équipe FA pour améliorer les symptômes liés à la
FA chez les patients qui ont des réci-
dives symptomatiques de FA alors qu’ils
Chirurgie de la FA (IIa, A)a Pas de chirurgie de la FA prennent un traitement antiarythmique
(amiodarone, dronédarone, flécaïnide,
propafénone, sotalol) et qui préfèrent la
poursuite d’un traitement de contrôle du
Envisager d’ajouter une exclusion chirurgicale rythme, lorsqu’il est fait par un électro-
de l’auricule gauche chez certains patients (IIb, C)b
physiologiste qui a eu un entraînement
approprié et qui réalise les interventions
a
La chirurgie de la FA peut être une isolation des veines pulmonaires dans la FA dans un centre expérimenté (I, A).
paroxystique et un labyrinthe biatrial dans la FA persistante ou persistante prolongée.
b
Chez les patients à risque d’AVC, l’anticoagulation orale doit être poursuivie après L’ablation d’un flutter atrial commun
chirurgie de la FA ou exclusion de l’auricule gauche. doit être envisagée afin de prévenir une
récidive de flutter comme partie d’une
Fig.  15 : Contrôle chirurgical du rythme chez les patients qui ont une intervention chirurgicale cardiaque. intervention percutanée d’ablation de

22
réalités Cardiologiques

Complication Taux labyrinthe et le bénéfice du traitement de


contrôle de rythme (IIa, A).
Conversion en sternotomie 0-1,6 %
Implantation d’un stimulateur cardiaque 0-3,3 % Une intervention chirurgicale du laby-
Drainage d’un pneumothorax 0-3,3 % rinthe biatriale ou d’isolation des veines
Tamponnade péricardique 0-6,0 % pulmonaires peut être envisagée chez les
Accident ischémique transitoire 0-3,0 %
patients qui ont une FA asymptomatique
et qui ont une intervention chirurgicale
Tableau XIII : Complications de la chirurgie thoracoscopique de la fibrillation atriale. cardiaque (IIb, C).

FA s’il a été documenté ou s’il est sur- Une ablation de la FA doit être envisa- Situations spécifiques
venu pendant l’ablation de la FA (IIa, B). gée comme une stratégie permettant
d’éviter l’implantation d’un stimulateur 1. Patients âgés/fragiles
Une ablation percutanée de FA doit être cardiaque chez les patients qui ont une
envisagée comme traitement de pre- bradycardie liée à la FA (IIa, C). Les patients âgés qui ont une FA ont un
mière intention pour prévenir les réci- risque accru d’AVC. Ils bénéficient donc
dives de FA et améliorer les symptômes Une ablation percutanée ou chirurgicale d’avantage de l’anticoagulation orale
chez certains patients qui ont une FA doit être envisagée chez les patients qui que les patients plus jeunes. Les inter-
paroxystique symptomatique, comme ont une FA symptomatique persistante ventions disponibles de contrôle de la
alternative à un traitement antiaryth- ou persistante prolongée réfractaire au FC ou de contrôle du rythme, y compris
mique, en prenant en compte le choix traitement antiarythmique, afin d’amé- les stimulateurs cardiaques et l’ablation
du patient ainsi que les bénéfices et les liorer les symptômes, en prenant en percutanée, doivent être utilisées sans
risques (IIa, B). compte le choix du patient, les béné- discrimination liée à l’âge. Les patients
fices et les risques, attitude validée par plus vieux peuvent avoir de multiples
Tous les patients doivent avoir un trai- l’équipe FA (IIa, C). comorbidités qui peuvent limiter leur
tement anticoagulant oral pendant au qualité de vie plus que les symptômes
moins 8 semaines après l’ablation per- Lorsqu’une ablation percutanée a liés à la FA. L’altération des fonctions
cutanée (IIa, B) ou chirurgicale (IIa, C). échoué, une intervention chirurgicale rénale et hépatique et les traitements
mini-invasive avec isolation épicardique simultanés et multiples font que les inte-
L’anticoagulation pour prévenir les AVC des veines pulmonaires doit être envi- ractions médicamenteuses et les effets
doit être poursuivie indéfiniment après sagée chez les patients qui ont une FA secondaires liés aux médicaments sont
une ablation percutanée ou chirurgicale symptomatique (IIa, B). Une telle déci- plus probables. Une prise en charge inté-
apparemment réussie chez les patients sion doit être validée par l’équipe FA. grée de la FA et une adaptation soigneuse
qui ont une FA et à haut risque d’AVC des doses des médicaments paraissent
(IIa, C). Une intervention chirurgicale du laby- raisonnables afin de réduire les compli-
rinthe (maze), possiblement via une cations du traitement de la FA chez les
Lorsqu’une ablation percutanée de FA approche mini-invasive, réalisée par un patients fragiles.
est prévue, l’anticoagulation orale par un opérateur adéquatement entraîné dans
AVK (IIa, B) ou un AOD (IIa, C) doit être un centre expérimenté, doit être envisa- 2. Cardiomyopathies héréditaires,
poursuivie pendant l’intervention, en gée par l’équipe FA comme option théra- canalopathies et voies accessoires
maintenant une anticoagulation efficace. peutique chez les patients qui ont une FA
persistante symptomatique réfractaire Le traitement de la cardiopathie sous-
L’ablation percutanée doit cibler l’isola- ou une FA après ablation, afin d’amélio- jacente est une contribution impor-
tion des veines pulmonaires par radiofré- rer les symptômes (IIa, C). tante à la prise en charge de la FA chez
quence ou cryothermie (IIa, B). les patients qui ont une FA et une car-
Une intervention chirurgicale du laby- diomyopathie héréditaire, dont les
Une ablation de FA doit être envisagée rinthe, de préférence biatriale, doit être maladies arythmogènes héréditaires.
chez les patients asymptomatiques qui envisagée chez les patients qui ont une Chez les patients qui ont un syndrome
ont une FA et une IC avec FEVG réduite intervention chirurgicale cardiaque, afin de Wolff-Parkinson-White, une FA et
afin d’améliorer les symptômes et la d’améliorer les symptômes attribuables la preuve d’une voie accessoire, l’abla-
fonction cardiaque lorsqu’une tachy- à la FA, en mettant en balance l’accrois- tion percutanée de la voie accessoire est
cardiomyopathie est suspectée (IIa, C). sement du risque lié à l’intervention du recommandée afin de réduire le risque

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réalités Cardiologiques

Revues générales

de mort subite. La FA est l’arythmie la quement stable et une FA, un contrôle que l’activité sportive plus intense et de
plus fréquente chez les patients qui ont de la fréquence ventriculaire par les bêta- durée longue peut promouvoir la FA (I, A).
une cardiomyopathie hypertrophique ; bloquants et le diltiazem ou le vérapamil
elle est associée à un risque élevé d’AVC est recommandé (I, C). L’ablation de la FA doit être envisagée
et nécessite un traitement anticoagu- afin de prévenir les récidives de FA chez
lant oral. Une FA récente chez un sujet Le traitement d’une obstruction de la les athlètes (IIa, B).
jeune en bonne santé par ailleurs doit chambre de chasse du VG doit être envi-
déclencher la recherche soigneuse d’une sagé chez les patients qui ont une FA et La fréquence ventriculaire pendant l’exer-
maladie héréditaire, incluant l’histoire une cardiomyopathie hypertrophique, cice chez un patient doit être évaluée chez
clinique, les antécédents familiaux, le afin d’améliorer les symptômes (IIa, B). tous les athlètes qui ont une FA (par les
phénotype ECG, l’imagerie cardiaque et symptômes ou par le monitorage) et le
des tests génétiques ciblés. L’amiodarone doit être envisagée afin d’ob- contrôle de la FC doit être institué (IIa, C).
tenir un contrôle du rythme et de main-
>>> Recommandations sur les car- tenir un RS chez les patients qui ont une Après ingestion d’un médicament anti­
diomyopathies héréditaires cardiomyopathie hypertrophique et une arythmique de classe I “dans la poche”,
FA récidivante symptomatique (IIa, C). les patients doivent éviter de faire du
l Syndrome de Wolff-Parkinson-White sport tant que la FA persiste et tant que
l Cardiomyopathies héréditaires et deux demi-vies du médicament antia-
L’ablation percutanée d’une voie acces- canalopathies rythmique ne se sont pas écoulées (IIa, C).
soire est recommandée chez les patients
qui ont un syndrome de Wolff-Parkinson- Des tests génétiques ciblés doivent être 4. Grossesse
White avec FA et conduction rapide par envisagés chez les patients qui ont une
la voie accessoire afin de prévenir le FA et une suspicion de cardiomyopathie Les femmes enceintes qui ont une FA
risque de mort cardiaque subite (I, B). héréditaire ou de canalopathie selon doivent être prises en charge comme
l’histoire clinique, les antécédents fami- ayant une grossesse à haut risque, avec
L’ablation percutanée d’une voie acces- liaux ou le phénotype ECG (IIa, A). une collaboration étroite entre les car-
soire est recommandée sans délai chez diologues, les obstétriciens et les néona-
les patients qui ont un syndrome de 3. Sport et fibrillation atriale tologistes. Les anticoagulants doivent
Wolff-Parkinson-White et qui ont sur- être sélectionnés en fonction des risques
vécu à une mort cardiaque subite (I, C). La prise en charge des athlètes qui ont potentiels pour le fœtus. Pour le contrôle
Une ablation de la voie accessoire doit une FA est similaire à la prise en charge de la FC, les bêtabloquants (sauf l’aténo-
être envisagée chez les patients asymp- de la FA en général, mais les contacts et lol) et/ou la digoxine sont préférables.
tomatiques qui ont une préexcitation les traumatismes potentiels doivent être Tous les agents de contrôle de la FC
prouvée et une FA, après qu’ils ont été pris en compte pour décider de l’anti- sont présents dans le lait maternel, bien
soigneusement conseillés (IIa, B). coagulation orale. Les bêtabloquants ne que les taux de bêtabloquant, digoxine
sont pas bien tolérés et parfois prohibés ; et vérapamil soient habituellement
l Cardiomyopathie hypertrophique la digoxine, le vérapamil et le diltiazem suffisamment bas pour être considérés
sont souvent insuffisamment puissants comme dangereux. Pour le contrôle du
Une anticoagulation orale à vie afin de pour ralentir la FC pendant une FA à rythme, la flécaïnide et le sotalol peuvent
prévenir les AVC est recommandée chez l’effort. L’ablation percutanée de la FA être utilisés. La cardioversion électrique
les patients qui ont une cardiomyopathie doit être envisagée. Si le patient utilise est efficace en cas d’instabilité hémody-
hypertrophique et chez lesquels une FA un médicament antiarythmique “dans namique, mais elle nécessite un moni-
apparaît (I, B). la poche”, il doit éviter de faire du sport torage fœtal.
tant que le médicament antiarythmique
La restauration du RS par une cardiover- n’a pas été éliminé. >>> Recommandations
sion électrique ou pharmacologique afin
d’améliorer les symptômes est recom- >>> Recommandations sur l’exercice Une cardioversion électrique peut être
mandée chez les patients qui ont une physique chez les patients en fibrilla- réalisée de façon sûre à tous les moments
cardiomyopathie hypertrophique et une tion atriale de la grossesse. Elle est recommandée
FA récente symptomatique (I, B). chez les patientes hémodynamiquement
Une activité physique modérée régulière instables du fait de la FA, et chaque fois
Chez les patients qui ont une cardiomyo- est recommandée afin de prévenir la FA, que le risque lié à la FA est élevé, pour la
pathie hypertrophique hémodynami- alors que les athlètes doivent être avertis mère ou pour le fœtus (I, C).

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réalités Cardiologiques

L’anticoagulation est recommandée chez ont une FA après chirurgie cardiaque, cation interatriale et qui ont un antécé-
les femmes enceintes qui ont une FA et à à risque d’AVC, en prenant en compte dent d’arythmie atriale symptomatique,
risque d’AVC. Pour minimiser le risque le risque individuel d’AVC et d’hémor- une ablation de la FA doit être envisagée
tératogène et le risque d’hémorragie ragie (IIa, B). au moment de la fermeture chirurgicale
intra-utérine, l’héparine à dose ajustée (IIa, C).
est recommandée durant le premier Les médicaments antiarythmiques
trimestre de la grossesse et durant les doivent être envisagés en cas de FA post­ Une intervention chirurgicale du laby-
2-4 semaines avant l’accouchement. Les opératoire symptomatique après chirur- rinthe de Cox doit être envisagée chez
AVK ou l’héparine peuvent être utilisés gie cardiaque, dans l’intention de rétablir les patients qui ont une FA sympto-
pendant le reste de la grossesse (I, B). le RS (IIa, C). matique et une indication de répara-
tion d’une cardiopathie congénitale
Les AOD doivent être évités durant la L’amiodarone périopératoire doit être (IIa, C). Une telle intervention chirur-
grossesse et chez les femmes prévoyant envisagée comme traitement prophylac- gicale doit être réalisée dans un centre
une grossesse (III Maléfice, C). tique pour prévenir la FA après chirurgie expérimenté.
cardiaque (IIa, A).
5. Fibrillation atriale post-opératoire Une anticoagulation orale doit être envi-
Une FA postopératoire asymptomatique sagée chez tous les patients adultes qui
La FA est fréquente après chirurgie. Elle doit initialement être prise en charge par ont une réparation intracardiaque, de la
est associée à une augmentation de la le contrôle de la FC et l’anticoagulation cyanose, une palliation de Fontan, un
durée de séjour et à un taux plus élevé (IIa, B). ventricule droit systémique et un antécé-
de complications. La FA postopératoire dent de FA, de flutter atrial ou de tachy-
est associée à une augmentation du Le vernakalant par voie IV peut être cardie intra-atriale par réentrée (IIa, C).
risque d’AVC. Les AOD sont associés à envisagé pour la cardioversion d’une Chez tous les autres patients qui ont une
une moindre mortalité à long terme chez FA postopératoire chez les patients sans cardiopathie congénitale et une FA, une
ces patients, bien qu’il n’y ait pas d’essai IC sévère, hypotension ou cardiopathie anticoagulation doit être envisagée si le
contrôlé. Chez les patients hémodyna- structurale sévère (notamment, rétrécis- score CHA2DS2-VASc est ≥ 1.
miquement instables, une cardiover- sement aortique) (IIb, B).
sion électrique ou pharmacologique est L’ablation percutanée d’une arythmie
recommandée. L’amiodarone et le verna- 6. Arythmies atriales chez les patients atriale associée à une cardiopathie
kalant sont efficaces pour rétablir le RS adultes qui ont une cardiopathie congénitale peut être envisagée lors-
chez les patients symptomatiques. Chez congénitale qu’elle est réalisée dans un centre expé-
les patients asymptomatiques et chez rimenté (IIb, C).
ceux qui ont des symptômes acceptables, Les arythmies atriales surviennent
un contrôle de la FC ou une cardiover- souvent longtemps après la réparation Chez les patients qui ont une cardiopa-
sion différée précédée par une anticoa- chirurgicale chez les patients adultes thie congénitale, une échocardiographie
gulation sont une approche raisonnable. qui ont une cardiopathie congénitale. transœsophagienne peut être envisagée,
Elles sont associées à une morbidité comme une anticoagulation pendant
>>> Recommandations sur la préven- et une mortalité accrues. La prise en 3 semaines, avant une cardioversion
tion d’une fibrillation atriale postopé- charge repose largement sur des don- (IIb, C).
ratoire nées observationnelles et des consen-
sus d’expert. 7. Prise en charge d’un flutter atrial
Un traitement bêtabloquant per os pério-
pératoire est recommandé pour la pré- >>> Recommandations chez les patients Une anticoagulation doit être prescrite
vention d’une FA postopératoire après adultes qui ont une cardiopathie congé- chez les patients qui ont un flutter atrial
chirurgie cardiaque (I, B). nitale comme chez ceux qui ont une FA. Le
contrôle de la FC et une cardioversion
La restauration d’un RS par cardioversion La fermeture d’une communication peuvent être tentés comme dans la FA,
électrique ou pharmacologique est recom- interatriale doit être envisagée avant la mais les médicaments peuvent être
mandée en cas de FA postopératoire avec 4e décennie de vie afin de diminuer le moins efficaces dans le flutter atrial.
instabilité hémodynamique (I, C). risque de flutter atrial et de FA (IIa, C). L’ablation d’un isthme cavo-tricuspide
en cas de flutter atrial droit isthmo-
Une anticoagulation prolongée doit Chez les patients qui doivent avoir une dépendant est recommandée en cas de
être envisagée chez les patients qui fermeture chirurgicale d’une communi- récidive de flutter atrial.

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réalités Cardiologiques

Revues générales

>>> Recommandations sur la prise en La prise en charge d’un flutter atrial Implication du patient,
charge d’un flutter atrial typique avec ablation de l’isthme éducation et auto-prise
cavo-tricuspide est recommandée chez en charge
En cas de flutter atrial, un traitement les patients après échec d’un traitement
antithrombotique est recommandé selon antiarythmique ou comme traitement Une éducation du patient doit être faite.
le même profil de risque que dans la FA de première intention, en fonction des Elle est centrée sur la maladie, la recon-
(I, B). préférences du patient (I, B). naissance des symptômes, le traitement,
les facteurs de risque modifiables et
Une stimulation atriale “overdrive” d’un Si un flutter atrial a été documenté avant l’auto-prise en charge.
flutter atrial doit être envisagée comme une ablation de FA, l’ablation de l’isthme
une alternative à une cardioversion cavo-tricuspide doit être envisagée L’auteur a déclaré ne pas avoir de conflits
électrique, selon la disponibilité locale comme un des éléments de l’interven- d’intérêts concernant les données publiées
et l’expérience (IIa, B). tion d’ablation de la FA (IIa, C). dans cet article.

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