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Gérard PETIT, Université de Paris Ouest, LDI (UMR 7187, U. de Paris 13)
1
Humbley 2008, Dury 2008, Picton 2009a et b, Campenhoudt 2009), ses
préoccupations se portant surtout sur l’optimisation de la description en synchronie
actuelle.
Nous partirons du principe que, dans une perspective linguistique, une diachronie
peut se caractériser comme :
Dans une première partie, nous envisagerons les réglages théoriques préliminaires à
une approche diachronique (notamment la gestion du paradoxe entre stabilité et
variation). Dans un second temps nous aborderons les réglages méthodologiques
nécessaires à la constitution d'un dictionnaire de la langue technique et scientifique
du Moyen Âge (projet Créalscience).
2
2. Le lexique : réglages théoriques
Cette abstraction est pourtant doublement nécessaire, ne serait-ce que parce que les
énoncés métalexicaux généraux ne se réduisent pas à des constructions absurdes.
Nous ne prendrons que quelques exemples ;
1 C'est dans cette faille que s'est insinuée la linguistique variationniste (notamment Cadiot et alii,
voir bibliographie) pour nier l'existence spécifique du lexique et lui substituer des champs de
variations en discours.
2 Pour la France, on peut faire remonter la première entreprise au dictionnaire de Furetière (1690).
Mais c'est en 1694, avec l'ouvrage de Thomas Corneille que paraîtra le premier dictionnaire
entièrement consacré aux vocabulaires spécialisés.
3
la communauté des locuteurs. La sémiotique de ces ouvrages s'articule sur une
double logique : descriptive et prescriptive.
4
politique) ; normal (l'adjectif connaît une évolution sémantique depuis
l'élection de François Hollande à la Présidence de la République) ;
5
description linguistique, des variables formelles, sémantiques et syntaxiques est
soumise à un prérequis théorique (ou préthéorique) dont les tenants ne sont pas
toujours avoués par le descripteur lui-même (linguiste ou lexicographe). Nous en
énumérons les principaux, sous forme de questions :
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dépasse souvent pas le cadre de la recherche ou de la discipline qui la prend
en charge.
3 L'étude des relations entre référence et culture n'est pas neuve. Elle demanderait plusieurs ouvrages
à elle seule. Nous nous limiterons, schématiquement, aux considérations principales.
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psychologiques. Les modèles variationnistes (Cadiot ibid.) reposent sur une
approche par schèmes déformables, lesquels sont néanmoins ancrés dans une
conception objectale du référent. En toile de fond se pose la question du réel et du
référent : sont ils identiques, différents ? A la suite de (Grunig 1985) et de (Kleiber
1997), nous avons proposé (Petit 2010) de distinguer les deux et de voir dans le
référent qu'une rationalisation culturelle du réel. L’illusion inhérente à et générée
par la description sémantique est de (laisser) croire que le sens s’épuise dans une
représentation du réel, alors qu’elle ne construit qu'un référent.
4 Toute la question reste de déterminer en quoi ces informations infirment l'analyse et quelle est leur
pertinence propre.
8
3. En sortie, la description peut aboutir soit à la production d'un dictionnaire
de langue soit à celle d'un dictionnaire de corpus. Un corpus ouvert est
propice à la production d'un dictionnaire de langue. Un dictionnaire de
corpus voit la pertinence de ses descriptions circonscrite à l’espace clos des
textes retenus par le chercheur 5. Il ne peut, au mieux, que s'apparenter à un
vocabulaire. Ceci ne doit pas laisser penser que sa pertinence soit moindre,
mais il ne convient pas d'attendre d'un tel ouvrage que ses descriptions
soient de portée linguistique. Dans ce dernier cas la description s'apparente
à une forme de philologie 6.
5 Pour une illustration, nous renvoyons à l'entrée de l'article dame, dans le TFL.
6 C'est ce qu'ont fait à leur manière le TLF et le Grand Robert de la langue française.
7 L'anachronisme peut résider soit dans une conceptualisation en T 0 étrangère à celle de T -1, soit dans
l'usage d'un définissant correspondant à un concept apparu postérieurement. Dans ce dernier cas, il
arrive fréquemment que la donnée indexée par ce terme était connue au Moyen Âge, mais non encore
conceptualisée. La botanique offre des exemples de ce type.
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recherche de ce concept. Et encore, comme le montre l'exemple de la
botanique au Moyen Âge, nombre de plantes étaient utilisées pour leurs
vertus médicinales ou culinaires, de sorte que les descriptions purement
botaniques des végétaux sont relativement difficiles d'accès.
3.1. La macrostructure
La macrostructure est l’ensemble des entrées d’un dictionnaire. Elle se pense en
termes d’extension et de structuration.
8 Le projet Créalscience est soutenu par l'ANR. Il est le fruit d'une collaboration entre les universités
Paris IV (directeur du projet : Joëlle Ducos, PR de langue et littérature médiévale) et Paris 13 (co-
directeur : Xavier-Laurent Salvador, MCF en linguistique française et médiéviste). Le dictionnaire
sera disponible sur internet, pour la lettre C, dans le courant de l’année 2013.
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Les séquences polylexicales constituent généralement le parent pauvre de la
description lexicographique. Par principe elles ne sont jamais (ou presque)
considérées comme des unités à part entière, et ce bien qu'aucune théorisation ne
justifie ce rejet. Dans le dictionnaire Créalscience, leur représentation tiendra
compte de leur degré de figement. Si celui-ci est élevé au point de conférer à
l'expression une signification opaque, la séquence sera traitée comme entrée.
Pareillement si elle est constituée de mots ne disposant individuellement d'aucune
attestation dans le corpus, et plus généralement dans la langue médiévale.
Autrement, la séquence sera traitée comme sous-entrée (cf. plus bas).
Les familles morphologiques ne sont représentées que très irrégulièrement dans les
dictionnaires. La raison est systémique : la construction morphologique relevant de
l'application de règles de langue, les dictionnaires ne se sentent pas tenus de la
renseigner (cf. dans le même esprit, le traitement des pluriels par ces mêmes
ouvrages). La macrostructure de Créalscience rendra compte de la dérivation et de
la composition dans toute la mesure où elles seront attestées dans les corpus.
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volume de la nomenclature. Créalscience adopte cette perspective, même si elle ne
concorde pas avec les attendus traditionnels de la terminographie.
3.1.2.1. L’entrée
a. La forme graphique de l’entrée
Dans une perspective diachronique se posent crucialement la question de la forme
graphique de l'unité en T -1 et de sa représentation. Lorsque, en T -1, la forme de
l'unité diffère de celle de T 0, il a été jugé nécessaire que l’entrée soit orthographiée
en français moderne 9. Les variantes graphiques en T -1 seront renseignées dans un
champ spécifique. Ainsi, pour prendre l'exemple de cyclamen, l'unité se voit
orthographiée ciclamen et ciclam en français médiéval. Afin de ne pas perturber la
recherche pour un locuteur moderne, l'entrée portera la graphie cyclamen.
Une distinction est établie entre les variantes graphiques (qui ne concernent que
la seconde articulation) et les synonymes (qui affectent la première). Dans le cas
de cyclamen, ciclam et ciclamen sont tenue comme variantes graphiques et
affectées à un champ spécifique. Le terme dispose également de synonymes : pain
à porc, pain de pourceau qui sont renseignés dans un champ prévu à cet effet et
disposent d'un article où un renvoi est opéré vers cyclamen.
Une distinction est faite également au niveau de l'entrée entre le terme et le nomen
(le nomen est une étiquette de nomenclature, en général exprimée en latin) ; les
taxinomies s'expriment parfois prioritairement en nomens plutôt qu'en lexèmes.
Plusieurs cas de figure existent, qui révèlent la structuration des terminologies
médiévales. Ils sont détaillés dans la section qui ci-après.
b. Entrée et nomen
- L'entrée est un terme français (p.ex. lierre) et elle possède un nomen (p.ex.
appropria). Dans ce cas, les deux unités sont affectées à des champs différents, et
le nomen dispose d’un article à son ordre ;
9 Ne serait-ce que pour le succès des requêtes formulées par des lecteurs non-médiévistes. Rappelons
qu'au Moyen Âge l'orthographe n'est pas fixée comme elle pourrait l'être aujourd'hui ;
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- L'entrée est une forme latine qui ne possède pas d’équivalent en français (p.ex.
carpobalsamum) : cette expression latine figure en entrée (on fait la supposition
que le nomen était le seul procédé pour dénommer le référent).
c. La dénomination multiple
Certaines unités se trouvent au carrefour de complexes désignatifs dans lesquels il
n'est pas toujours possible d'assigner un statut fixe et univoque (dénomination,
variante, synonyme, nomen...). Le cas de figure est illustré par l'article caristellum,
dont nous reproduisons le contexte cité :
- (fr.) Pain de crapaud, pain à porc, boyau gilbeux, boyau gresle, boyau culier ;
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a. La séquence présente une signification compositionnelle
Elle est composée d’un hyperonyme et de différences spécifiques : elle figure en
sous-entrée de l’hyperonyme : p.ex. boyau gilbeux (« gros intestin, colon »), traité
sous boyau du fait qu'il vérifie l'énoncé d'égalité référentielle : un boyau gilbeux
est un boyau. Même remarque pour boyau gresle (« intestin grêle »).
Palacium leporis est une herbe nommee palais a lievre et croist la haulteur d'une
coutee et est nommee le palais a lievre pour ce que quant une beste chasse le lievre
et que le lievre se peut bouter dessoubx celle herbe il est a seuretté. (Livre des
Simples Méd., BR IV 1024, f. 169v)
3.2. La microstructure
La microstructure regroupe les informations qui ne ressortissent pas à la
nomenclature, à savoir : phonétique, étymologie, définition, exemples, notes
encyclopédiques, etc. Pour des raisons de place, nous n'envisagerons ici que la
définition, les notes encyclopédiques et les domaines de rattachement du terme.
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3.2.1. La définition
La définition peut exprimer soit un stéréotype linguistique (flou par définition), soit
un concept terminologique, architecturé et précis. L'objet d'un dictionnaire
consacré aux vocabulaires spécialisés est de rendre compte du concept
terminologique. Pour ce faire la qualité de la documentation fournie par le corpus
est importante, mais aussi le savoir de l’historien des disciplines, à fortiori lorsque
la définition en T -1 enjambe une ou plusieurs ruptures épistémologiques.
Une dernière difficulté, mais qui n'est pas inhérente à une démarche en diachronie :
le contrôle de la métalangue de description. Il n'est acquis dans aucun des
dictionnaires contemporains, exception faite du DAFA et du dictionnaire
combinatoire de (Mel'Cuk 1992). Contrôler la métalangue revient à homogénéiser
la description, à traiter de la même manière des réalités ou des référents identiques.
Toutefois, pour mener à bien l'entreprise, encore faut-il avoir accès réellement au
référent en diachronie. Bien évidemment, contrôler la métalangue revient à
produire des schémas définitionnels stables et homogènes, ce que la lexicographie
générale s'est régulièrement dispensée de faire.
10 Le phénomène est particulièrement patent avec les plantes, leurs usages médicaux, culinaires,
magiques, etc.
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a. Fonctions de la définition lexicographique
La définition en lexicographie spécialisée possède deux fonctions : l'une est
sémantique, l'autre signalétique (sémiotique). Sémantique en ce qu’elle exprime le
contenu de l’entrée (elle équivaut à un nom de signifié, pour (Rey-Debove 1971).
Signalétique à double titre : (i) comme toute définition terminologique elle est le
garant de la technicité du terme-entrée. C'est dans la forme de la définition que doit
se marquer et se justifier le caractère terminologique de l'entrée ; (ii) en diachronie,
elle marque la distance entre la signification en T 0 et celle en T -1. Dans sa forme
elle se doit de noter l'écart entre les deux synchronies et justifier ainsi l'exotisme
attendu sur la signification passée. Ce faisant, elle justifie également, et
indirectement, l'entreprise de description en diachronie et le bien fondé de
l'élaboration d'un dictionnaire. Toutefois, dans le cadre spécifique de la constitution
d'un dictionnaire spécialisé sur le français médiéval, il convient de s'attendre à ce
que les représentations sémantiques ne soient en général pas isomorphes entre
synchronies, des variations importantes et non prédictibles pouvant être
enregistrées entre T0 et T-1. Par ailleurs, il convient de rappeler que le chercheur n’a
pas toujours accès de manière claire et univoque au concept en T -1.
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Plante (primulacées) herbacée, Plante à feuilles en forme de cœur, à
vivace, à tubercules, à feuilles fleurs roses, pourpres, blanches ou
cordées, à fleurs roses, pourpres, mauves, et dont la racine en forme
blanches ou mauves très décoratives. de pomme servait notamment de
nourriture pour les cochons.
La divergence la plus importante entre les deux concepts tient aux propriétés
fonctionnelles (dites « extrinsèques ») des référents : le cyclamen est aujourd'hui
une plante d'agrément ; au Moyen Âge, il était purement utilitaire, sa racine
(tubercule) servant à nourrir les cochons. D'où les synonymes pain à porc, pain de
pourceau ; d'où également le nomen mallum terra, littéralement pomme de terre
(sic !).
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d'instruments, et qui groupe elle- manuels visant à réparer, trancher ou
même diverses spécialités selon les extirper, à l’aide d’instruments
organes ou appareils intéressés (saignée, cautérisation, ventouse,
(chirurgie thoracique), les buts etc. mais aussi incisions).
recherchés (chirurgie réparatrice),
CHIRURGIEN : Praticien qui soigne
etc.
les maladies externes ou à
CHIRURGIEN : Médecin spécialiste manifestations externes par divers
qui pratique la chirurgie. procédés manuels visant à réparer,
trancher ou extirper, à l’aide
d’instruments.
Gros mammifère ongulé, herbivore Poisson* vivant dans les fleuves dont
non ruminant, amphibie, vivant en le poil et le cri sont identiques à celui
Afrique, aux petits yeux ronds, aux du cheval, qui possède des dents
oreilles très courtes et aux membres rappelant celles du sanglier, à la
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trapus terminés par quatre doigts 11. queue tordue et aux pattes terminées
par un ongle* fendu comme le bœuf.
La définition peut recourir à un terme pris dans son acception médiévale. Dans ce
cas, il est suivi d'un astérisque (nous soulignons) :
COMÈTE : Sorte d'étoile* chevelue dont l'apparition est provoquée par des
exhalaisons d'air enflammé par contact avec la sphère du feu* , projetées dans la
partie supérieure du monde sublunaire du fait de l'influence des planètes* .
Le parti pris de restituer le concept dans son acception d'origine peut produire, pour
un lecteur moderne, un sentiment de gêne devant des définitions qui lui sembleront
maladroites. Cette impression n'est qu'un effet de surface et ne doit pas être imputé
à une malfaçon dans la rédaction. Bien au contraire, il s'agit là d'un effet de
contrôle de la métalangue et la trace d'un écart entre états de langue et états de
culture.
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spécifiques. Pour cette raison, ciclam ne sera pas défini par « cyclamen », comète
par « comète » ou chirurgien par « chirurgien ». La tautologie hypothéquerait
lourdement la validité de l'entreprise.
12 Les abstraits sont exempts de propriétés intrinsèques. Réciproquement les espèces naturelles ne
possèdent pas de propriétés extrinsèques. Lorsqu'elles en sont pourvues, c'est qu'elles sont
envisagées comme artefacts (fonctionnalisées par l'homme).
13 Si, « destiné à purger la tête » constitue l'expression de PE, « remède » comprend un mixte de PI
et de PE.
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un état de rédaction lexicographique plus avancé que celui examiné
précédemment :
Le sens en botanique exprime des PI tandis que celui imparti à l'agronomie prend
en charge massivement les PE.
Si l'on admet que la métalangue de définition est contrôlée, tous les termes
renvoyant au même type de référent sont décrits de la même manière, p.ex. les
espèces naturelles sont caractérisées en tant que telles, si possible telles qu’elles
étaient connues au Moyen Âge (apparence générale, constitution : p.ex. en Bot., les
tiges, feuilles, fleurs14).
Si la définition comporte une description aussi précise que possible des PI et des
PE, la caractérisation du concept doit refléter l’appareil épistémologique et
terminologique dans lequel il a pris corps (connaissance qui n'est pas toujours
accessible aisément). Ainsi, pour cuscute, plante médicinale (nous soulignons) :
2. MED. Cette plante en tant qu'elle est utilisée pour ses qualités purgatives des
humeurs* hépatiques et flegmatiques et contre les douleurs des reins et du bas-
ventre
14 Cette exigence, qui relève du truisme en synchronie contemporaine, pose un réel problème en
regard des connaissances disponibles sur le Moyen Âge.
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- La spécification terminologique nécessaire pour des unités de T -1 courantes
en T0 :
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tout en évitant l'anachronisme. Il s'agit autant de principes rédactionnels que de
procédures visant à éviter l'usage de descripteurs inappropriés (compte tenu de
l’objectif visé). Plusieurs cas de figure se présentent :
Cerveau : Membre principal logé dans le crâne (mod. boîte crânienne) de l'homme
et de certains animaux, cerveau
- (ii) le concept visé par le définissant moderne existe au Moyen Âge mais n‘est pas
/ ne semble pas terminologisé : la définition évite autant que faire se peut
l'anachronisme et cherche à privilégier la périphrase. Toutefois l'opération n'est pas
toujours réalisable (nous soulignons) :
Chiffre : Premier des dix symboles* permettant d’écrire les nombres dans le calcul
indo-arabe , quantité nulle, zéro
Contagieux : Qui passe d'un homme à un autre (mod. épidémique), en parlant d’une
maladie
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Poireau : Herbe* qui….
16 L'existence même de ces notes dans les dictionnaires spécialisés inflige un démenti au postulat
fortement ancré selon lequel la définition serait à même de circonscrire la totalité du sens de l'entrée.
Sans entrer dans des développements qui n'auraient pas leur place ici, il ne serait pas incongru de
généraliser cette constatation à toute entreprise définitionnelle.
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ne prendre qu'un exemple, dans un article de botanique, la note encyclopédique
exposera la classification linnéenne.
Au plan linguistique ces notes ont pour fonction de justifier le caractère parfois
surprenant de la définition, laquelle pourrait paraître maladroite à un lecteur
moderne. Elle précisera les choix rédactionnels 17.
Pour une description en diachronie, deux options sont possibles : soit partir des
domaines en T0 pour la classification, soit privilégier ceux de T -1. Aucune de ces
deux méthodes ne propose d'intérêt décisif dans la mesure où elles aboutissent à
des anachronismes. Le dictionnaire Créalscience propose un double système de
rattachement : le terme-entrée est assorti de son domaine dans la conceptologie
médiévale, mais une entrée dans l'article est possible par un système de mots clés
reproduisant les architectures et conceptologies en T 0.
17 Elles permettront notamment de commenter le choix des caractères retenus pour la définition de
cyclamen ou d’hippopotame.
18 Toue la question reste de savoir, comme le faisait remarquer Rastier (colloque sur l'Intelligence
artificielle, décembre 1993, université de Paris 13), si la langue est un non domaine, c'est-à-dire le
lieu de classement par défaut de tout matériau non assignable à un domaine.
19 Pour une vue synthétique de la question, nous renvoyons à (Bessé 2000) et à (L'Homme 2004).
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Nous présentons ci-dessous les domaines médiévaux, telle que leur architecture
était reconnue dans la synchronie passée, et les équivalents modernes (mots-clés),
qui réfèrent à des domaines en synchronie contemporaine. Ils sont proposés dans
leur correspondance juxtalinéaire (autant que celle-ci est possible) :
(mots-clés)
- Agriculture - Agronomie
- Magie - NÉANT
- Musique
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Musique appartenait aux sciences au même titre que l'Arithmétique ; l'Algèbre
n'était ni une science ni une technique, contrairement à la Magie et à l'Art de la
divination. Un lecteur peut ignorer la classification ancienne (surtout s'il n'est pas
médiéviste) et souhaiter entrer dans l'ouvrage par les classifications modernes, les
seules à sa portée. S'il désire effectuer une requête sur les termes appartenant à un
domaine de connaissance médiéval, il ne peut opérer qu'en ayant recours à des
descripteurs modernes. Pour ce faire, il doit disposer d’un jeu d’outils lui
permettant de s’approprier les regroupements médiévaux à partir de son savoir (T 0).
Il doit pouvoir également naviguer dans le texte sans quitter son appareil
conceptuel moderne et être en mesure de faire une péréquation entre les
conceptologies actuelle et ancienne. Le système à double entrée autorise un tel
accès tout en garantissant l'ouvrage contre l'anachronisme.
4. Conclusion
Pour clore ce très bref panorama, mais sans pour autant conclure sur le sujet de la
lexicographie diachronique, nous retiendrons les pistes qui nous paraissent
constituer des défis pour toute entreprise de ce genre :
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- au plan méthodologique, la procédure de description demandant à être adaptée à
chaque synchronie passée, elle ne peut être dupliquée intégralement, donc
permettre une modélisation de la démarche ou de ses paramètres, sauf sous forme
de schémas déclinables ;
D'autres écueils existent, que les limites de cet article ne nous ont pas permis de
traiter, mais que nous mentionnons : la diachronie à l'intérieur de la synchronie T -1 ;
la diatopie dans la synchronie T -1 ; la nécessaire distinction entre les termes usités à
l’intérieur d’un domaine et les emplois d’auteurs.
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