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Décrire le lexique en diachronie :

problèmes théoriques et méthodologiques

Gérard PETIT, Université de Paris Ouest, LDI (UMR 7187, U. de Paris 13)

Résumé : L'objectif de cet article est de prolonger la réflexion sur la description du


lexique et des terminologies en diachronie, mais aussi de présenter un projet lexicogra-
phique novateur consacré au français technique et scientifique médiéval : Créalscience.
Les présupposés attachés usuellement à la représentation du lexique postulent chez ce-
lui-ci une stabilisation des formes, des significations et des régimes syntaxiques. Si une
approche en synchronie peut s’appuyer sur la permanence (même relative) des don-
nées, la question se pose pour une description diachronique, surtout lorsque la synchro-
nie T-1 envisagée – le Moyen Âge – constitue à elle seule une vaste diachronie. Dans
cette étude nous montrerons que : (i) les réglages théoriques et méthodologiques préa-
lables à la description sont fondamentalement tributaires de l'écart diachronique entre
T0 et T-1; (ii) la procédure de description, demandant à être adaptée à chaque synchro-
nie passée, ne peut permettre une modélisation de la démarche ou de ses paramètres,
sauf sous forme de schémas déclinables ; (iii) la notion d'état de langue constitue un
objectif pour le chercheur. Elle est néanmoins facteur de risques pour la description qui
veut éviter l'anachronisme.

Mots-clés : diachronie, lexicographie, terminologie, polysémie,


dénomination
1. Introduction
Dans cette étude, nous aborderons les difficultés majeures qui se posent à la
description du lexique en diachronie, dès lors que : (1) la période visée constitue en
elle-même un vaste champ de variations ; (2) l'analyse vise la production d'un
dictionnaire spécialisé (projet Créalscience, voir plus bas §II).

L’approche diachronique du lexique n’est pas un champ d’investigation récent, tout


comme les problèmes théoriques et méthodologiques qu’elle soulève. A l’inverse,
la Terminologie, en tant que discipline visant la description et la création d'unités
lexicales spécialisées, ne s’intéresse que depuis peu et de manière marginale à la
dimension diachronique de son objet (notamment Condamines et alii, Goose 1966,

1
Humbley 2008, Dury 2008, Picton 2009a et b, Campenhoudt 2009), ses
préoccupations se portant surtout sur l’optimisation de la description en synchronie
actuelle.

Le Moyen Âge constitue, pour le linguiste, un champ d’investigation diachronique


essentiellement depuis la seconde moitié du XX e siècle (notamment les travaux de
(Marchello-Nizia 1996), (Bertrand 2007) et (Rouquier 2011, 2007)). D’une
manière générale, dans ce cadre, la description privilégie l’évolution : de structures
syntaxiques, orthographiques ou phonologiques, d’emplois (configurations lexico-
syntaxiques), ainsi que l'étude de champs lexicaux.

Nous partirons du principe que, dans une perspective linguistique, une diachronie
peut se caractériser comme :

- une (succession de) synchronie(s), isolée(s) en fonction d’un questionnement


initial dont les paramètres peuvent être divers (historiques, culturels, sociaux,
politiques, lexicaux, sémantiques…) ;

- un chaînage empirique (et parfois arbitraire : cf. le partage institutionnellement


admis entre Ancien français et Français moderne, l’année 1500 fournissant la
frontière) dont les contours sont donc susceptibles de varier de manière plus ou
moins prévisible ;

- en toutes circonstances, comme un pontage entre un état T 0 et un état T -1, ce


pontage étant adossé fondamentalement à la notion d’écart.

Dans une première partie, nous envisagerons les réglages théoriques préliminaires à
une approche diachronique (notamment la gestion du paradoxe entre stabilité et
variation). Dans un second temps nous aborderons les réglages méthodologiques
nécessaires à la constitution d'un dictionnaire de la langue technique et scientifique
du Moyen Âge (projet Créalscience).

2
2. Le lexique : réglages théoriques

2.1. Une abstraction théorique et méthodologique :


Le lexique n’est pas un observable (il ne constitue pas une réalité sensible,
contrairement aux énoncés oraux ou écrits 1), mais une abstraction théorique et
méthodologique. Sa réalité est notamment niée par certaines branches de la
linguistique, comme la pragmatique. Autre avatar, associé à cette dénégation : le
lexique n’appartient pas au tétrapode académique des Sciences du langage :
Phonologie, Morphologie, Sémantique, Syntaxe. Il se dilue dans chacune des
quatre entités tout en les surplombant toutes. Enfin, l’analyse lexicale étant
toujours tributaire des corpus, ces derniers fournissent la variable d’ajustement qui
permet de mesurer la stabilité et la variation des formes et des emplois. S’opère
ainsi un déplacement du centre de gravité de la description vers l'énoncé (les
résultats en sortie seront toujours tributaires de la manière dont le corpus d'entrée
aura été construit).

Cette abstraction est pourtant doublement nécessaire, ne serait-ce que parce que les
énoncés métalexicaux généraux ne se réduisent pas à des constructions absurdes.
Nous ne prendrons que quelques exemples ;

- Comment s’écrit X ? (question sur le signifiant graphique hors emploi situé)

- Que veut dire X ? (question sur le signifié hors emploi situé)

- X est un nom (affirmation sur la catégorie grammaticale hors emploi situé)

- X se prononce … (affirmation sur le signifiant oral hors emploi situé).

Autre élément, l’existence séculaire de dictionnaires de langue et spécialisés 2


constitue un entour épilinguistique qui objectivise l’existence du lexique auprès de

1 C'est dans cette faille que s'est insinuée la linguistique variationniste (notamment Cadiot et alii,
voir bibliographie) pour nier l'existence spécifique du lexique et lui substituer des champs de
variations en discours.
2 Pour la France, on peut faire remonter la première entreprise au dictionnaire de Furetière (1690).
Mais c'est en 1694, avec l'ouvrage de Thomas Corneille que paraîtra le premier dictionnaire
entièrement consacré aux vocabulaires spécialisés.

3
la communauté des locuteurs. La sémiotique de ces ouvrages s'articule sur une
double logique : descriptive et prescriptive.

2.2. La réalité du lexique est adossée à un paradoxe


Les présupposés attachés à la représentation courante du lexique postulent une
permanence des formes, des significations et des régimes syntaxiques. Il ne peut y
avoir lexicalisation qu'à cette condition. Toutefois, une représentation linguistique
des phénomènes conduit à modérer cette représentation et à opter pour un mixte
incluant une dose de variation (cf. les développements de la linguistique
variationniste dans la seconde moitié du XX e s et notamment de la
sociolinguistique).

Si une approche en synchronie peut s’appuyer sur la stabilisation (même relative)


des données, la question se pose pour une description diachronique, surtout lorsque
la synchronie T-1 envisagée – le Moyen Âge – constitue à elle seule une vaste
diachronie. Plus généralement, toute approche diachronique, du moment qu'elle se
fonde sur la recherche de l'écart, est contrainte d'inverser l'ordre des paramètres et
de faire passer la variation au premier plan face à la stabilisation. Le problème, si
l'analyse diachronique doit aboutir à une description lexicographique, est que celle-
ci doit tenir compte prioritairement de la stabilisation. Le paradoxe est insoluble,
chacun des deux plans justifiant alors sa primauté sur l'autre.

2.2.1. Stabilité et variation

2.2.1.1. La variation qui affecte le lexique est multiparamétrique :


• discursive et sémantique : rêverie (chez Rousseau dans Les rêveries du
promeneur solitaire) ; malade (« enceinte », chez Mme de Sévigné -
Correspondance de l'année 1671) ; cendrier (« n'importe quel objet destiné
à recevoir des cendres » pour (Cadiot et alii, 2003, 1997)) ; effort / rigueur
/ austérité (différentes déclinaison d'une même réalité socio-économique,
selon que l'on en est partisan, adversaire ou que l'on ménage son avenir

4
politique) ; normal (l'adjectif connaît une évolution sémantique depuis
l'élection de François Hollande à la Présidence de la République) ;

• catégorielle : dîner (verbe ou nom) ; a priori (adverbe ou nom) ; que


(pronom relatif, adverbe exclamatif, conjonction de subordination, béquille
de subjonctif...) ; grâce (nom ou constituant de préposition) ;

• graphique : fivete / fivette ; chariot / charriot ; chauvesouris / chauve-


souris ; artefact / artéfact

• diastratique : voiture (registre standard) / bagnole (registre familier) ;


vache (mammifère / terme d'injure / évaluatif péjoratif) ;

• diaphasique : coupe claire / coupe sombre (dans le vocabulaire courant,


respectivement, « petite coupe (budgétaire, dans les effectifs) » vs « coupe
importante » ; en terminologie forestière « coupe importante dans le
massif » vs « petite coupe ») ;

• diatopique : baccalauréat (en Belgique, l’équivalent de la licence


française) ; essencerie (« station service », en Afrique de l'Ouest); vol
nolisé (« charter », au Québec) ;

• diachronique : amant (signification actuelle vs dans la tragédie classique où


il s'oppose à amoureux) ; navrer (sens actuel, psychologique, vs sens
médiéval, physique) ; chiffre (sens actuel, caractère numérique, vs sens
médiéval : « nombre zéro »).

2.2.1.2. La stabilité est la condition primordiale de la lexicalisation.


La stabilité est la condition à laquelle un phénomène discursif voit ses propriétés
sémantiques, phonologiques, graphiques et syntaxiques se déposer, permettant sa
reprise par les locuteurs et à terme son inscription dans le lexique de la langue.
Cette stabilisation est toutefois bordée de variations, contraintes et limitées, qui
circonscrivent l'espace de la liberté des locuteurs. La neutralisation, pour la

5
description linguistique, des variables formelles, sémantiques et syntaxiques est
soumise à un prérequis théorique (ou préthéorique) dont les tenants ne sont pas
toujours avoués par le descripteur lui-même (linguiste ou lexicographe). Nous en
énumérons les principaux, sous forme de questions :

• quel degré de stabilisation est nécessaire pour considérer un phénomène


comme lexical ou caractérisable en tant que tel ? La recherche ne dispose
pas de seuil statistique objectif et valable transversalement pour l'ensemble
des unités. Pour une seule unité, la question reste déjà problématique et
soumise généralement à une empirie relevant d'un épilinguistique flou.

• quels moyens le descripteur de la langue se donne-t-il pour évaluer la


stabilisation des faits qu'il traite : (i) recours à un dictionnaire de langue ?
Mais lequel et quelle signification accorder à l'absence d'enregistrement
dans tel ou tel ouvrage ? (ii) appel à la compétence des locuteurs ? Ce
critère avait déjà été fortement mis à mal par (Grunig 1982), compte-tenu
de la faible quantité d'informations disponibles sur un seul phénomène, de
leur pertinence relative et du caractère souvent, profane des informateurs
eux-mêmes. Ajoutons que la compétence du descripteur ne peut fournir un
étalon fiable en toutes circonstances ; (iii) observation des flux
métalinguistiques, et notamment la présence ou non de balisage méta-
énonciatif ou typographique pointant l'altérité du fait concerné ? L'absence
de ses indicateurs ne fournit pas un indice fiable de la stabilisation du
phénomène en question et de sa lexicalisation. En clair, aucun des recours
précités n'est fiable à 100%.

• quel espace géographique et social de référence le descripteur doit-il


adopter (français de la région de Tours / Paris / quid des régionalismes ou
de la francophonie) ? Aucun si la description est linguistique. Mais tous
conviendront que la langue ainsi isolée (ou plutôt, construite) n'est qu'un
artefact, un artifice théorique et méthodologique dont la pertinence ne

6
dépasse souvent pas le cadre de la recherche ou de la discipline qui la prend
en charge.

2.2.2. Identité à soi et hétérogénéité


Une des questions posées à l'hypothèse de la stabilisation tient précisément à la
résistance de celle-ci à la diachronie : il y a permanence supposée des données,
mais sur quelle durée ? Les synchronies construites en T -1, T-2, etc. sont elles aussi
des artifices dont les bornes visent à neutraliser le feuilleté de la variation ou a
feindre son inexistence. L'une des données de fond qui se pose consiste à
déterminer si tous les faits linguistiques sont permanents de manière équivalente ?
On sait de longue date que les faits syntaxiques sont beaucoup plus robustes que
leurs homologues sémantiques. La forme graphique évolue fréquemment au coup
par coup, notamment sous l'impulsion de décisions politiques. Il n'y a pas évolution
du système dans son ensemble à un moment T mais, localement, de certaines de ses
composantes. Ajoutons à cela que l'évolution, la variation, ne sont pas prédictibles
en termes de règles, donc pas anticipables. Pour cette raison, une synchronie n'est
qu'une forme de troncat qui masque, pour sa propre validité, les fragments
d'évolution dont il est le témoin.

2.2.3. Référence et culture 3


La représentation du sens est écartelée entre deux pôles aux propriétés
antithétiques : la description du réel et sa représentation culturelle. La sémantique
lexicale repose en grande partie sur l'hypothèse que la représentation, si elle est
pensée en termes lexicaux, repose sur la description de propriétés objectives du
référent. C'est sur ce modèle que s'est fondée l'analyse sémique. A sa façon, le
modèle par prototypes, tel qu'il a été approprié par la sémantique, n'a pas dérogé à
la règle même s'il s'est autorisé des incursions dans les représentations

3 L'étude des relations entre référence et culture n'est pas neuve. Elle demanderait plusieurs ouvrages
à elle seule. Nous nous limiterons, schématiquement, aux considérations principales.

7
psychologiques. Les modèles variationnistes (Cadiot ibid.) reposent sur une
approche par schèmes déformables, lesquels sont néanmoins ancrés dans une
conception objectale du référent. En toile de fond se pose la question du réel et du
référent : sont ils identiques, différents ? A la suite de (Grunig 1985) et de (Kleiber
1997), nous avons proposé (Petit 2010) de distinguer les deux et de voir dans le
référent qu'une rationalisation culturelle du réel. L’illusion inhérente à et générée
par la description sémantique est de (laisser) croire que le sens s’épuise dans une
représentation du réel, alors qu’elle ne construit qu'un référent.

2.3. Quelques contraintes propres à une approche en diachronie


1. Les contraintes inhérentes à une approche diachronique sont multiples.
Elles intéressent d'abord la source de l'information, à savoir le corpus.
Celui-ci doit-il être ouvert ou fermé ? Un corpus ouvert est susceptible
d'être enrichi par de nouveaux documents à l'intérieur de la synchronie T -1.
Au plan qualitatif, il n'est pas fermé sur un pan du lexique, mais se propose
de les examiner tous en fonction du matériau disponible, et même accorder
une place aux phénomènes marginaux (emplois d'auteurs, hapax, unités
dont la lexicalisation n'est pas certaine, unités appartenant à des registres
proscrits...). Toutefois, l'intérêt qualitatif que présente l'ouverture constitue
également une fragilité. La pertinence des résultats est toujours sujette à
caution et provisoirement validée, en l'attente d'attestation qui viendraient
soit confirmer, soit infirmer l'analyse 4.

2. La compétence du locuteur constitue une pierre d'achoppement pour la


description en diachronie car elle est fondamentalement tributaire des
corpus. Le problème devient plus épineux dès lors que la description se
donne pour objet de restituer, derrière le sens des unités, les représentations
culturelles et conceptuelles de la synchronie T -1. La dépendance vis-à-vis
des données sources est plus grande.

4 Toute la question reste de déterminer en quoi ces informations infirment l'analyse et quelle est leur
pertinence propre.

8
3. En sortie, la description peut aboutir soit à la production d'un dictionnaire
de langue soit à celle d'un dictionnaire de corpus. Un corpus ouvert est
propice à la production d'un dictionnaire de langue. Un dictionnaire de
corpus voit la pertinence de ses descriptions circonscrite à l’espace clos des
textes retenus par le chercheur 5. Il ne peut, au mieux, que s'apparenter à un
vocabulaire. Ceci ne doit pas laisser penser que sa pertinence soit moindre,
mais il ne convient pas d'attendre d'un tel ouvrage que ses descriptions
soient de portée linguistique. Dans ce dernier cas la description s'apparente
à une forme de philologie 6.

4. L'une des difficultés majeures rencontrées par la terminologie est de gérer


la diachronie, surtout si celle-ci enjambe une rupture épistémologique. Or
tel est le cas dès lors que l'on cherche à décrire le vocabulaire spécialisé du
Moyen Âge. La Renaissance, puis la période classique ont vu un profond
remaniement des sciences et des techniques, notamment par l'élaboration de
taxinomies sur des bases épistémologiques différentes (cf. entre autres la
classification de la botanique par Linné ou encore les travaux sur l'anatomie
d'Ambroise Paré). Deux options s'offrent à la terminographie : (i) rester
aveugle à la rupture épistémologique, mais dans ce cas prendre le risque
d'anachronismes 7, voire de contresens dans la description (cf. plus bas le
traitement de cyclamen, chirurgien et chiffre) ; (ii) prendre en compte cette
rupture (ou ces ruptures) et l'/les intégrer à la description, notamment en
restituant au plus près les contours du concept en T -1. Cette seconde option
présente l'intérêt de chercher à éviter le nivellement que constituerait une
représentation de T -1 dans les termes de T 0. Elle présente néanmoins
l'inconvénient majeur de rester fortement tributaire des corpus pour la

5 Pour une illustration, nous renvoyons à l'entrée de l'article dame, dans le TFL.
6 C'est ce qu'ont fait à leur manière le TLF et le Grand Robert de la langue française.
7 L'anachronisme peut résider soit dans une conceptualisation en T 0 étrangère à celle de T -1, soit dans
l'usage d'un définissant correspondant à un concept apparu postérieurement. Dans ce dernier cas, il
arrive fréquemment que la donnée indexée par ce terme était connue au Moyen Âge, mais non encore
conceptualisée. La botanique offre des exemples de ce type.

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recherche de ce concept. Et encore, comme le montre l'exemple de la
botanique au Moyen Âge, nombre de plantes étaient utilisées pour leurs
vertus médicinales ou culinaires, de sorte que les descriptions purement
botaniques des végétaux sont relativement difficiles d'accès.

3. La description lexicographique : réglages méthodologiques


La seconde partie de cette étude vise à présenter le dictionnaire Créalscience
(http://www.crealscience.fr/ ), en cours d'élaboration 8, et qui est consacré à une
description du français médiéval technique et scientifique. Au plan sémantique,
l'objectif de ce dictionnaire est de reproduire, dans toute la mesure du possible, le
concept en T-1. Créalscience vise la langue. Il entend manifester une indépendance
(prudente) relativement aux corpus qu’il explore, notamment en consultant l’avis
d’historiens des sciences et des techniques. Actuellement, le dictionnaire compte à
peu près 8 000 entrées, toutefois sa nomenclature est appelée à s'étendre.

3.1. La macrostructure
La macrostructure est l’ensemble des entrées d’un dictionnaire. Elle se pense en
termes d’extension et de structuration.

3.1.1. Questions relatives à l’extension de la macrostructure


L’unité de base est le terme attesté, reconnu, récurrent dans les textes d’un même
domaine. La récurrence constitue un indice de terminologisation de l'unité, ou du
moins d'appartenance à un vocabulaire d'un domaine donné. Toutefois, dans
Créalscience, l’hapax est admis (de ce fait le dictionnaire s'apparente à un trésor).
Deux questions se posent néanmoins : (i) le traitement des séquences
polylexicales : sont-elles considérées comme des termes ; (ii) la représentation
accordée aux familles morphologiques.

8 Le projet Créalscience est soutenu par l'ANR. Il est le fruit d'une collaboration entre les universités
Paris IV (directeur du projet : Joëlle Ducos, PR de langue et littérature médiévale) et Paris 13 (co-
directeur : Xavier-Laurent Salvador, MCF en linguistique française et médiéviste). Le dictionnaire
sera disponible sur internet, pour la lettre C, dans le courant de l’année 2013.

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Les séquences polylexicales constituent généralement le parent pauvre de la
description lexicographique. Par principe elles ne sont jamais (ou presque)
considérées comme des unités à part entière, et ce bien qu'aucune théorisation ne
justifie ce rejet. Dans le dictionnaire Créalscience, leur représentation tiendra
compte de leur degré de figement. Si celui-ci est élevé au point de conférer à
l'expression une signification opaque, la séquence sera traitée comme entrée.
Pareillement si elle est constituée de mots ne disposant individuellement d'aucune
attestation dans le corpus, et plus généralement dans la langue médiévale.
Autrement, la séquence sera traitée comme sous-entrée (cf. plus bas).

Les familles morphologiques ne sont représentées que très irrégulièrement dans les
dictionnaires. La raison est systémique : la construction morphologique relevant de
l'application de règles de langue, les dictionnaires ne se sentent pas tenus de la
renseigner (cf. dans le même esprit, le traitement des pluriels par ces mêmes
ouvrages). La macrostructure de Créalscience rendra compte de la dérivation et de
la composition dans toute la mesure où elles seront attestées dans les corpus.

Ces deux champs (polylexicalité et morphologie) constituent des points de fixation


du dictionnaire à son corpus de référence.

3.1.2. Questions relatives à la structuration de la macrostructure


La structuration de la macrostructure est sensible à la perspective projetée sur
l'unité. Une approche monosémisante privilégie le dégroupement des significations
par domaines, donc la prolifération d'emplois homonymiques, quelles que soient
par ailleurs les intersections sémantiques repérables entre des emplois d'une même
unité.

En revanche, une approche polysémisante privilégie l’unité psycholinguistique du


terme et est davantage conforme à une perspective lexicale. Elle admet qu’un
même noyau sémantique soit à la base d’une pluralité de relations référentielles,
donc de significations. Ce faisant, elle rationalise la fonction de l’entrée et limite le

11
volume de la nomenclature. Créalscience adopte cette perspective, même si elle ne
concorde pas avec les attendus traditionnels de la terminographie.

3.1.2.1. L’entrée
a. La forme graphique de l’entrée
Dans une perspective diachronique se posent crucialement la question de la forme
graphique de l'unité en T -1 et de sa représentation. Lorsque, en T -1, la forme de
l'unité diffère de celle de T 0, il a été jugé nécessaire que l’entrée soit orthographiée
en français moderne 9. Les variantes graphiques en T -1 seront renseignées dans un
champ spécifique. Ainsi, pour prendre l'exemple de cyclamen, l'unité se voit
orthographiée ciclamen et ciclam en français médiéval. Afin de ne pas perturber la
recherche pour un locuteur moderne, l'entrée portera la graphie cyclamen.

Une distinction est établie entre les variantes graphiques (qui ne concernent que
la seconde articulation) et les synonymes (qui affectent la première). Dans le cas
de cyclamen, ciclam et ciclamen sont tenue comme variantes graphiques et
affectées à un champ spécifique. Le terme dispose également de synonymes : pain
à porc, pain de pourceau qui sont renseignés dans un champ prévu à cet effet et
disposent d'un article où un renvoi est opéré vers cyclamen.

Une distinction est faite également au niveau de l'entrée entre le terme et le nomen
(le nomen est une étiquette de nomenclature, en général exprimée en latin) ; les
taxinomies s'expriment parfois prioritairement en nomens plutôt qu'en lexèmes.
Plusieurs cas de figure existent, qui révèlent la structuration des terminologies
médiévales. Ils sont détaillés dans la section qui ci-après.

b. Entrée et nomen
- L'entrée est un terme français (p.ex. lierre) et elle possède un nomen (p.ex.
appropria). Dans ce cas, les deux unités sont affectées à des champs différents, et
le nomen dispose d’un article à son ordre ;

9 Ne serait-ce que pour le succès des requêtes formulées par des lecteurs non-médiévistes. Rappelons
qu'au Moyen Âge l'orthographe n'est pas fixée comme elle pourrait l'être aujourd'hui ;

12
- L'entrée est une forme latine qui ne possède pas d’équivalent en français (p.ex.
carpobalsamum) : cette expression latine figure en entrée (on fait la supposition
que le nomen était le seul procédé pour dénommer le référent).

c. La dénomination multiple
Certaines unités se trouvent au carrefour de complexes désignatifs dans lesquels il
n'est pas toujours possible d'assigner un statut fixe et univoque (dénomination,
variante, synonyme, nomen...). Le cas de figure est illustré par l'article caristellum,
dont nous reproduisons le contexte cité :

Arthemesia, c'est armoise. Il en est de trois manieres. C'est assavoir la grande, la


moienne et la meindre, [La grande] est autrement appellee la mere des herbes. Les
Romains l'appellent regia ; les autres l'appellent caristellum. (Sec. Sal., éd. Camus,
xve s., p. 38)

S'il semble qu'armoise soit un terme et une dénomination et qu'arthemisia occupe


une fonction de nomen (quoique...), quid de la mère des herbes, de regia et
caristellum : les deux dernières sont-elles les nomens d'expressions subordonnées à
armoise-arthemisia ? Si mère des herbes est une dénomination subordonnée, qu'en
est-il de grande armoise, moyenne armoise et petite armoise ? À quoi s'oppose
terminologiquement reine des herbes ? Les données, pour riches qu'elles soient,
demandent souvent des investigations complémentaires dans le corpus (raison pour
laquelle, si le dictionnaire cherche à acquérir une forme d'indépendance
relativement aux corpus, il reconnaît néanmoins l'importance de ceux-ci).

3.1.2.2. Le traitement de la polylexicalité


La nomenclature du dictionnaire compte des unités polylexicales exprimées en
français et en latin :

- (fr.) Pain de crapaud, pain à porc, boyau gilbeux, boyau gresle, boyau culier ;

- (lat.) Mallum terre, trufes fungi, orbum intestinum

Trois cas de figure se présentent.

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a. La séquence présente une signification compositionnelle
Elle est composée d’un hyperonyme et de différences spécifiques : elle figure en
sous-entrée de l’hyperonyme : p.ex. boyau gilbeux (« gros intestin, colon »), traité
sous boyau du fait qu'il vérifie l'énoncé d'égalité référentielle : un boyau gilbeux
est un boyau. Même remarque pour boyau gresle (« intestin grêle »).

b. La séquence possède une signification codée


Sa signification est non réductible à celle de l’un de ses constituants : elle est
traitée en entrée d’article , avec éventuellement un renvoi synonymique : p.ex.
palais à lièvre :

Palacium leporis est une herbe nommee palais a lievre et croist la haulteur d'une
coutee et est nommee le palais a lievre pour ce que quant une beste chasse le lievre
et que le lievre se peut bouter dessoubx celle herbe il est a seuretté. (Livre des
Simples Méd., BR IV 1024, f. 169v)

c. La séquence est exprimée en latin


Elle peut constituer soit un nomen, soit une dénomination en latin (absence
d’équivalent français) : elle possède son propre article et peut figurer, s’il s’agit
d’un nomen, en renvoi à l’article de la dénomination en français :

- tintimallus tubera, nomen de pain de crapaud (champignon)

- capilli veneris, dénomination latine (« Fougère à rhizome rampant, aux fins


pétioles brillants, de couleur brun sombre, dont les frondes sont délicates,
bipennées régulièrement crénelées »).

3.2. La microstructure
La microstructure regroupe les informations qui ne ressortissent pas à la
nomenclature, à savoir : phonétique, étymologie, définition, exemples, notes
encyclopédiques, etc. Pour des raisons de place, nous n'envisagerons ici que la
définition, les notes encyclopédiques et les domaines de rattachement du terme.

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3.2.1. La définition
La définition peut exprimer soit un stéréotype linguistique (flou par définition), soit
un concept terminologique, architecturé et précis. L'objet d'un dictionnaire
consacré aux vocabulaires spécialisés est de rendre compte du concept
terminologique. Pour ce faire la qualité de la documentation fournie par le corpus
est importante, mais aussi le savoir de l’historien des disciplines, à fortiori lorsque
la définition en T -1 enjambe une ou plusieurs ruptures épistémologiques.

Autre difficulté, si l'on opte pour une approche polysémisante de la


macrostructure : l'ordonnancement des définitions au sein de l'article. Lorsque la
génération de la polysémie est attestable, la question ne fait pas ou peu problème.
Toutefois lorsqu'elle ne l'est pas, des choix doivent être faits. Les textes spécialisés
écrits au Moyen Âge sont de densité variable et ne proposent pas nécessairement de
caractérisation précise des conceptualisations qu’ils opèrent 10. Par ailleurs, du fait
de la distance diachronique, de la difficulté d'accès à des textes purement
terminologiques, de la nécessité de rendre compte du concept dans sa configuration
d'origine (à supposer qu'elle soit à tout coup aisément restituable), la description
sémantique se voit complexifiée et demande des vérifications multiples.

Une dernière difficulté, mais qui n'est pas inhérente à une démarche en diachronie :
le contrôle de la métalangue de description. Il n'est acquis dans aucun des
dictionnaires contemporains, exception faite du DAFA et du dictionnaire
combinatoire de (Mel'Cuk 1992). Contrôler la métalangue revient à homogénéiser
la description, à traiter de la même manière des réalités ou des référents identiques.
Toutefois, pour mener à bien l'entreprise, encore faut-il avoir accès réellement au
référent en diachronie. Bien évidemment, contrôler la métalangue revient à
produire des schémas définitionnels stables et homogènes, ce que la lexicographie
générale s'est régulièrement dispensée de faire.

10 Le phénomène est particulièrement patent avec les plantes, leurs usages médicaux, culinaires,
magiques, etc.

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a. Fonctions de la définition lexicographique
La définition en lexicographie spécialisée possède deux fonctions : l'une est
sémantique, l'autre signalétique (sémiotique). Sémantique en ce qu’elle exprime le
contenu de l’entrée (elle équivaut à un nom de signifié, pour (Rey-Debove 1971).
Signalétique à double titre : (i) comme toute définition terminologique elle est le
garant de la technicité du terme-entrée. C'est dans la forme de la définition que doit
se marquer et se justifier le caractère terminologique de l'entrée ; (ii) en diachronie,
elle marque la distance entre la signification en T 0 et celle en T -1. Dans sa forme
elle se doit de noter l'écart entre les deux synchronies et justifier ainsi l'exotisme
attendu sur la signification passée. Ce faisant, elle justifie également, et
indirectement, l'entreprise de description en diachronie et le bien fondé de
l'élaboration d'un dictionnaire. Toutefois, dans le cadre spécifique de la constitution
d'un dictionnaire spécialisé sur le français médiéval, il convient de s'attendre à ce
que les représentations sémantiques ne soient en général pas isomorphes entre
synchronies, des variations importantes et non prédictibles pouvant être
enregistrées entre T0 et T-1. Par ailleurs, il convient de rappeler que le chercheur n’a
pas toujours accès de manière claire et univoque au concept en T -1.

b. Choix culturel et sémantique


Il caractérise la démarche du dictionnaire Créalscience : refléter dans T 0 l’état des
connaissances en T -1. Ce parti pris a trois incidences directes : (i) la définition
n’exprime pas le concept moderne, mais l’état ancien ; (ii) plus spécifiquement, les
termes de la définition (les définissants) ne sont pas utilisés avec leur sens moderne
mais leur sens ancien, dans toute la mesure du possible ; (iii) les termes et concepts
modernes non usités en T-1 seront bannis de la définition.

Nous (re)prendrons l'exemple de cyclamen :

sens moderne sens ancien

16
Plante (primulacées) herbacée, Plante à feuilles en forme de cœur, à
vivace, à tubercules, à feuilles fleurs roses, pourpres, blanches ou
cordées, à fleurs roses, pourpres, mauves, et dont la racine en forme
blanches ou mauves très décoratives. de pomme servait notamment de
nourriture pour les cochons.

Ce comparatif appelle quelques précisions :

La définition moderne porte l'empreinte de la classification linnéenne ( primulacée,


herbacée, vivace) laquelle s'appuie sur la possession de propriétés structurelles
(tubercule, cordé) spécifiques terminologiquement à une approche post-médiévale.
Structurellement, cette définition est signalétique d'une approche en T 0. Une
représentation médiévale instanciera une autre classification, reposant sur d'autres
structures et embranchements (absence notamment d'embranchements par famille).
La notion de tubercule, inconnue au Moyen Âge, ne figurera pas dans la définition.
Pareillement, celle véhiculée par l'adjectif cordé (= en forme de cœur).

La divergence la plus importante entre les deux concepts tient aux propriétés
fonctionnelles (dites « extrinsèques ») des référents : le cyclamen est aujourd'hui
une plante d'agrément ; au Moyen Âge, il était purement utilitaire, sa racine
(tubercule) servant à nourrir les cochons. D'où les synonymes pain à porc, pain de
pourceau ; d'où également le nomen mallum terra, littéralement pomme de terre
(sic !).

Un problème différent est posé par la définition de chirurgie et de chirurgien :

sens moderne sens ancien

CHIRURGIE : Partie de la CHIRURGIE : Partie de l’art de guérir


thérapeutique qui met en œuvre des qui s’occupe des plaies et qui traite
procédés manuels et l'usage des maladies par des procédés

17
d'instruments, et qui groupe elle- manuels visant à réparer, trancher ou
même diverses spécialités selon les extirper, à l’aide d’instruments
organes ou appareils intéressés (saignée, cautérisation, ventouse,
(chirurgie thoracique), les buts etc. mais aussi incisions).
recherchés (chirurgie réparatrice),
CHIRURGIEN : Praticien qui soigne
etc.
les maladies externes ou à
CHIRURGIEN : Médecin spécialiste manifestations externes par divers
qui pratique la chirurgie. procédés manuels visant à réparer,
trancher ou extirper, à l’aide
d’instruments.

La notion de thérapeutique est moderne. Le Moyen Âge la conceptualisait en terme


de pratique raisonnée, d'art (art de guérir). Pareillement, les spécialités de la
chirurgie actuelle étaient inconnues. Plus intéressant est de savoir que la pose de
ventouse, la saignée et la cautérisation (quasiment abandonnée aujourd'hui)
relevaient de la chirurgie, celle-ci aujourd'hui étant spécialisée dans l'intervention
par incision. Si actuellement le chirurgien est médecin et spécialiste, en revanche
son homologue médiéval n'était que praticien.

Certaines définitions techniques peuvent présenter un écart maximal relativement à


l'acception moderne. Ainsi celle d’hippopotame :

sens moderne sens ancien

Gros mammifère ongulé, herbivore Poisson* vivant dans les fleuves dont
non ruminant, amphibie, vivant en le poil et le cri sont identiques à celui
Afrique, aux petits yeux ronds, aux du cheval, qui possède des dents
oreilles très courtes et aux membres rappelant celles du sanglier, à la

18
trapus terminés par quatre doigts 11. queue tordue et aux pattes terminées
par un ongle* fendu comme le bœuf.

La conceptualisation médiévale est très éloignée de celle en vigueur actuellement :


tout animal vivant dans l’eau est considéré comme poisson, donc la baleine et
l’hippopotame. Le terme ongle ne dispose pas non plus de la même extension
identique. La classification en ongulés, herbivores, ruminants et amphibies reflète
une conception propre aux taxinomies modernes.

La définition peut recourir à un terme pris dans son acception médiévale. Dans ce
cas, il est suivi d'un astérisque (nous soulignons) :

COMÈTE : Sorte d'étoile* chevelue dont l'apparition est provoquée par des
exhalaisons d'air enflammé par contact avec la sphère du feu* , projetées dans la
partie supérieure du monde sublunaire du fait de l'influence des planètes* .

Le parti pris de restituer le concept dans son acception d'origine peut produire, pour
un lecteur moderne, un sentiment de gêne devant des définitions qui lui sembleront
maladroites. Cette impression n'est qu'un effet de surface et ne doit pas être imputé
à une malfaçon dans la rédaction. Bien au contraire, il s'agit là d'un effet de
contrôle de la métalangue et la trace d'un écart entre états de langue et états de
culture.

c. Le contrôle de la métalangue de description


Contrairement à une tradition fortement établie en matière de lexicographie
diachronique, la définition n'opte pas pour le modèle de la traduction intralinguale,
inspiré des bilingues. Si effectivement deux états sont comparés, le fait (i) qu'il
s'agisse à la base de la même langue, le français, (ii) que le dictionnaire cherche à
restituer le sens en T -1 incitent à opter pour le modèle usité dans les ouvrages
monolingues (synchroniques) : la définition logique par incluant et différences

11 Définition extraite du TLF.

19
spécifiques. Pour cette raison, ciclam ne sera pas défini par « cyclamen », comète
par « comète » ou chirurgien par « chirurgien ». La tautologie hypothéquerait
lourdement la validité de l'entreprise.

Le contrôle de la métalangue doit également aboutir à une optimisation du


traitement de l'information. Le dictionnaire Créalscience est un produit
informatique, qui a demandé l’élaboration d'un logiciel particulier. Comme sur tout
ouvrage électronique, il doit être possible d'effectuer des requêtes transversales. Un
contrôle strict de la métalangue de description (indicateurs de domaines, choix des
définissants, syntaxe et structure sémantique des définitions...) a pour objet de
permettre des tris et de faire apparaître des classes sur la base de propriétés
partagées, classes qui autrement demeureraient invisibles. Il doit également
conduire à la constitution de champs notionnels et à la mise à jour de filages
sémantiques (notamment inférentiels et onomasiologiques) entre termes, et entre
les termes et leurs cotextes d'apparition.

La définition, comme attendu en terminologie, doit distinguer entre les propriétés


intrinsèques (tenant aux caractéristiques physiques : forme, texture, couleur, etc...)
et extrinsèques (propriétés fonctionnelles, liées à l'usage) des réalités qu’elle
décrit12. Pour cette raison le dégroupement entre propriétés intrinsèques et
propriétés extrinsèques peut déboucher sur des représentations polysémiques.
Certains termes peuvent ne posséder que des propriétés intrinsèques (cf. plus haut,
la définition de comète), ou bien des propriétés intrinsèques et extrinsèques, les
deux pouvant être intimement liées (p.ex. capupurge : « Remède destiné à purger la
tête »13). Toutefois, fréquemment, et en particulier dans le cas d'espèces naturelles,
la fonctionnalisation de celles-ci entraîne un dégroupage polysémique qui respecte
le partage entre propriétés intrinsèques et extrinsèques. Reprenons cyclamen, dans

12 Les abstraits sont exempts de propriétés intrinsèques. Réciproquement les espèces naturelles ne
possèdent pas de propriétés extrinsèques. Lorsqu'elles en sont pourvues, c'est qu'elles sont
envisagées comme artefacts (fonctionnalisées par l'homme).
13 Si, « destiné à purger la tête » constitue l'expression de PE, « remède » comprend un mixte de PI
et de PE.

20
un état de rédaction lexicographique plus avancé que celui examiné
précédemment :

1. BOT. Plante à feuilles en forme de cœur, à fleurs roses, pourpres, blanches ou


mauves

2. AGR . La racine de cette plante, de la forme d’une pomme, utilisée notamment


comme nourriture pour les cochons.

Le sens en botanique exprime des PI tandis que celui imparti à l'agronomie prend
en charge massivement les PE.

d. Impacts du contrôle de la métalangue de description sur :

- La structuration même de l’énoncé définitoire

Si l'on admet que la métalangue de définition est contrôlée, tous les termes
renvoyant au même type de référent sont décrits de la même manière, p.ex. les
espèces naturelles sont caractérisées en tant que telles, si possible telles qu’elles
étaient connues au Moyen Âge (apparence générale, constitution : p.ex. en Bot., les
tiges, feuilles, fleurs14).

Si la définition comporte une description aussi précise que possible des PI et des
PE, la caractérisation du concept doit refléter l’appareil épistémologique et
terminologique dans lequel il a pris corps (connaissance qui n'est pas toujours
accessible aisément). Ainsi, pour cuscute, plante médicinale (nous soulignons) :

1. BOT : Plante qui […]

2. MED. Cette plante en tant qu'elle est utilisée pour ses qualités purgatives des
humeurs* hépatiques et flegmatiques et contre les douleurs des reins et du bas-
ventre

14 Cette exigence, qui relève du truisme en synchronie contemporaine, pose un réel problème en
regard des connaissances disponibles sur le Moyen Âge.

21
- La spécification terminologique nécessaire pour des unités de T -1 courantes
en T0 :

La forme de la définition est signalétique de la valeur terminologique de l'unité. Le


contrôle de la métalangue doit refléter et valider dans sa forme le choix qui a été
fait par le lexicographe de sélectionner une unité comme terme. Si pour certaines
d'entre elles la question ne fait pas problèmes (les noms de plantes, de maladies, de
parties du corps, d'outils, etc.) il existe des faux-amis, mots appartenant en français
contemporain à un vocabulaire courant, ou bien inscrits comme termes dans un
autre domaine que celui auquel ils appartiennent dans les sciences et techniques
médiévales. La définition doit valider leur caractère terminologique en spécifiant
les traits qui justifient la spécialisation. Elle confirme par inférence leur domaine
de rattachement. Ainsi (nous soulignons) :

Conservatif : MED. Propre à maintenir un organisme en bonne santé, en parlant d’un


remède

Consolidation : MED. Action d'assurer la cicatrisation d’une plaie

Contraire : MED. Opposée en parlant des humeurs

Causer : MED. Provoquer , déclencher une maladie

Cailler : MED. Se coaguler, en parlant du sang

Chose15 : 1. (MED) Cause d’un phénomène physiologique, influant sur la santé ; 2.


(MED) Caractéristique d’un phénomène physiologique ; 3. (MATH) Terme
cherché dans un problème traité par l'algèbre de puissance 1

e. Quelques principes de base


La définition de termes appartenant à une synchronie éloignée et présentant une
signification parfois très différente et non prédictible nécessite que la description se
donne des principes de base à même d'assurer l'homogénéité de la caractérisation

15 Conservatif, consolidation, contraire, causer, cailler sont spécifiques au domaine de la médecine.


Chose, qui n'est pas un terme en français moderne, est caractéristique des domaines médical et
mathématique.

22
tout en évitant l'anachronisme. Il s'agit autant de principes rédactionnels que de
procédures visant à éviter l'usage de descripteurs inappropriés (compte tenu de
l’objectif visé). Plusieurs cas de figure se présentent :

- (i) le concept associé au définissant moderne existe au Moyen Âge (isomorphie


des concepts) mais dispose d'un terme spécifique. La cohérence de la description
impose d'utiliser le terme médiéval ou la périphrase couramment usitée à cette
époque (nous soulignons) :

Cancer : Gonflement bien délimité sur la peau, morbide (mod. pathologique) et le


plus souvent putride

Cerveau : Membre principal logé dans le crâne (mod. boîte crânienne) de l'homme
et de certains animaux, cerveau

Chirurgien : Praticien (mod. médecin spécialiste)…

- (ii) le concept visé par le définissant moderne existe au Moyen Âge mais n‘est pas
/ ne semble pas terminologisé : la définition évite autant que faire se peut
l'anachronisme et cherche à privilégier la périphrase. Toutefois l'opération n'est pas
toujours réalisable (nous soulignons) :

Chose : Terme cherché dans un problème traité par l'algèbre de puissance 1

Chiffre : Premier des dix symboles* permettant d’écrire les nombres dans le calcul
indo-arabe , quantité nulle, zéro

Contagieux : Qui passe d'un homme à un autre (mod. épidémique), en parlant d’une
maladie

Chirurgie : Partie de l’art de guérir (mod. thérapeutique) […]

- (iii) le définissant approprié dispose d’un emploi spécifique en synchronie T 0,


différent du sien en T -1 et pourrait susciter une incongruïté (pas d’isomorphie entre
concepts). Il ne serait pas cohérent de l'utiliser dans la définition ou bien assorti
d’un signe diacritique, <Terme*>, signalant qu’il apparaît avec le sens qui est le
sien en T-1, et qui sera défini dans le dictionnaire à son entrée :

23
Poireau : Herbe* qui….

Concombre : Fruit* qui…

Chou : Racine* qui…

Cerveau : Membre* (mod. organe) principal logé dans le crâne de l'homme et de


certains animaux, cerveau

Cacochymie : Corruption des humeurs* entraînant la dégradation de l'état de santé

3.2.2. Les notes encyclopédiques et linguistiques


Tout dictionnaire spécialisé comporte en principe et par principe un champ destiné
à accueillir des remarques encyclopédiques et / ou linguistiques destinées à
compenser les limitations imposées par la rhétorique de la définition. En effet, le
gabarit du syntagme se révèle fréquemment insuffisant à véhiculer l'ensemble des
informations nécessaires à la description du sens et à une bonne appropriation de la
signification. A fortiori si cette description porte sur une synchronie passée. Le
recours à des remarques linguistiques et encyclopédiques vise donc à compenser le
déficit structurel induit par la forme même de la paraphrase définitionnelle 16.

Les remarques constituent un pont avec la synchronie culturelle et linguistique du


descripteur (discours linguistique et terminologique en T 0 sur la synchronie T -1) et
permettent de marquer la différence conceptuelle entre la synchronie
contemporaine et celle passée. Les domaines de classement, qui ont connu des
remaniements épistémologiques profonds relevant d’une rupture (p.ex. la botanique
et plus généralement toutes les sciences de la nature, ainsi que l'astronomie) verront
ces notes proposer l'équivalence conceptuelle avec les classifications modernes
(elles exposent la conceptualisation en T 0 et marquent la différence avec T -1). Pour

16 L'existence même de ces notes dans les dictionnaires spécialisés inflige un démenti au postulat
fortement ancré selon lequel la définition serait à même de circonscrire la totalité du sens de l'entrée.
Sans entrer dans des développements qui n'auraient pas leur place ici, il ne serait pas incongru de
généraliser cette constatation à toute entreprise définitionnelle.

24
ne prendre qu'un exemple, dans un article de botanique, la note encyclopédique
exposera la classification linnéenne.

Au plan linguistique ces notes ont pour fonction de justifier le caractère parfois
surprenant de la définition, laquelle pourrait paraître maladroite à un lecteur
moderne. Elle précisera les choix rédactionnels 17.

Pour résumer, les notes linguistiques et encyclopédiques ont une fonction de


traduction interculturelle et intralinguale.

3.2.3. Les domaines terminologiques


Toute description terminologique se réfère à un ensemble de domaines de
connaissance, lesquels constituent des points de rattachement des termes. En clair il
n'existe pas de terme sans domaine d'appartenance 18. Toute la question, que le
volume de cet article ne nous permet pas de développer, est de savoir ce que l'on
peut entendre par « domaine »19. Les domaines sont tributaires du corpus étudié.
Dans le cas d'une description portant sur une synchronie éloignée, il est hautement
prévisible que les domaines de T 0 et ceux de T-1 ne seront pas isomorphes, surtout
lorsque la synchronie présente est caractérisée par une rupture épistémologique.

Pour une description en diachronie, deux options sont possibles : soit partir des
domaines en T0 pour la classification, soit privilégier ceux de T -1. Aucune de ces
deux méthodes ne propose d'intérêt décisif dans la mesure où elles aboutissent à
des anachronismes. Le dictionnaire Créalscience propose un double système de
rattachement : le terme-entrée est assorti de son domaine dans la conceptologie
médiévale, mais une entrée dans l'article est possible par un système de mots clés
reproduisant les architectures et conceptologies en T 0.

17 Elles permettront notamment de commenter le choix des caractères retenus pour la définition de
cyclamen ou d’hippopotame.
18 Toue la question reste de savoir, comme le faisait remarquer Rastier (colloque sur l'Intelligence
artificielle, décembre 1993, université de Paris 13), si la langue est un non domaine, c'est-à-dire le
lieu de classement par défaut de tout matériau non assignable à un domaine.
19 Pour une vue synthétique de la question, nous renvoyons à (Bessé 2000) et à (L'Homme 2004).

25
Nous présentons ci-dessous les domaines médiévaux, telle que leur architecture
était reconnue dans la synchronie passée, et les équivalents modernes (mots-clés),
qui réfèrent à des domaines en synchronie contemporaine. Ils sont proposés dans
leur correspondance juxtalinéaire (autant que celle-ci est possible) :

Domaines médiévaux Domaines modernes

(mots-clés)

- Agriculture - Agronomie

- Art de la divination - NÉANT

- Magie - NÉANT

- Astronomie / Astrologie - Astronomie

- Médecine - Médecine, Chirurgie, Anatomie,


Diététique, Pharmacopée

- Botanique, Chimie, Géologie,


- Sciences de la nature
Météorologie, Minéralogie,
Optique, Physique, Zoologie

- Mathématiques, Géométrie, Algèbre


- Arithmétique, Géométrie, Musique

- Musique

Système d'indexation à double entrée (domaines / mots-clés) 20

La comparaison appelle plusieurs commentaires, dont nous n'effectuerons que les


principaux : l'Astronomie et l'Astrologie n'étaient pas distinguées au Moyen Âge, la

20 Protocole d'équivalence : l'agronomie se pensait en termes d'agriculture ; la médecine était


regroupée avec la chirurgie, etc. Une requête menée en géologie (mot-clé) aboutira à un terme indexé
en sciences de la nature ; en algèbre, elle aboutira à un terme indexé en arithmétique, etc.

26
Musique appartenait aux sciences au même titre que l'Arithmétique ; l'Algèbre
n'était ni une science ni une technique, contrairement à la Magie et à l'Art de la
divination. Un lecteur peut ignorer la classification ancienne (surtout s'il n'est pas
médiéviste) et souhaiter entrer dans l'ouvrage par les classifications modernes, les
seules à sa portée. S'il désire effectuer une requête sur les termes appartenant à un
domaine de connaissance médiéval, il ne peut opérer qu'en ayant recours à des
descripteurs modernes. Pour ce faire, il doit disposer d’un jeu d’outils lui
permettant de s’approprier les regroupements médiévaux à partir de son savoir (T 0).
Il doit pouvoir également naviguer dans le texte sans quitter son appareil
conceptuel moderne et être en mesure de faire une péréquation entre les
conceptologies actuelle et ancienne. Le système à double entrée autorise un tel
accès tout en garantissant l'ouvrage contre l'anachronisme.

Contrairement à une règle établie en terminographie, le dictionnaire Créalscience


comporte une double taxinomie domainière . Cette fonction est une innovation,
imposée par la dimension diachronique de la perspective, ainsi que par la rupture
épistémologique qui la caractérise. À noter que le DMF et le Godefroy, qui font
autorité en la matière, ne comportent pas un tel système, bien que leurs
nomenclatures regroupent un grand nombre de termes spécialisés.

4. Conclusion
Pour clore ce très bref panorama, mais sans pour autant conclure sur le sujet de la
lexicographie diachronique, nous retiendrons les pistes qui nous paraissent
constituer des défis pour toute entreprise de ce genre :

- la mise au point de réglages théoriques et méthodologiques dépend


fondamentalement de l'écart diachronique entre T 0 et T-1, c'est-à-dire de la
localisation de la synchronie passée ;

- cette localisation est fortement tributaire de l'attente du chercheur (ou du lecteur)


moderne vis-à-vis de l'état de langue passé. Plus il conscientisera ses exigences,
meilleur sera le réglage ;

27
- au plan méthodologique, la procédure de description demandant à être adaptée à
chaque synchronie passée, elle ne peut être dupliquée intégralement, donc
permettre une modélisation de la démarche ou de ses paramètres, sauf sous forme
de schémas déclinables ;

- la notion d'état de langue diachronique constitue un objectif pour le chercheur.


Elle peut aussi représenter, mais plutôt pour le lecteur, un exotisme. En toutes
circonstances, elle est facteur de risques pour la description qui veut éviter
l'anachronisme, et ce pour plusieurs raisons : (i) d'abord parce que cet
anachronisme n'est pas toujours évitable ; (ii) parce qu'elle impose un contrôle
scrupuleux sur l'ensemble de la métalangue de description, faute de quoi, la validité
de la description risque de s'en voir hypothéquée. Pour ne prendre que l'exemple de
la définition, la rédaction de celle-ci oscille entre deux écueils permanents :
l’existence de termes déjà connus et usités en T -1 (p.ex. pour le Moyen âge :
œsophage, trachée artère, veine, agronomie) mais aussi les faux amis
terminologiques (organe, chiffre, humeur, symbole, chose, racine) ;

D'autres écueils existent, que les limites de cet article ne nous ont pas permis de
traiter, mais que nous mentionnons : la diachronie à l'intérieur de la synchronie T -1 ;
la diatopie dans la synchronie T -1 ; la nécessaire distinction entre les termes usités à
l’intérieur d’un domaine et les emplois d’auteurs.

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