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Heraclite
1. Cf. p. 160-161.
2. Soph., 242 d/e.
3. Polit., 278 b/c/d ; ibid., 308 c et suiv. M. A. Diès, dans la Définition de l'Etre et la
nature des Idées dans le Sophiste (p. 119) écrit : « Une pénétration plus intime est sup-
posée dans les formules... aufXTrXoxV) (259 e), fxetxxóv (254 d), jjlsí^cwç e/eiv (253 b),
{jieÉYvudOat (256 b), (tu(jl(íl6^i; (252 b). »
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1. Cf. Banquet, 187 b : ^ yap àppLoviot dufxcpoma £<m, cufxcpwvia 8è ójxoXoyta tiç.
Pour áoaÓT-reiv, cf. Rép., IV, 433 d : la musique unifie les intervalles. M. Diès (L'Être
et la Définition, p. 119) met en parallèle les ternies désignant l'idée de Mélange avec
les termes tels que : avapuoaxeî (Soph., 253 a) ; auvapaorrtiv (ibid.) ; su^ioveïv
(253 b).
2. Cf. fr. 54 : àouLOvir, dbavriç œavspv.ç xosittîov.
3 et 4. Cf. pour les mêmes problèmes, Sophiste, 253 a/b ; Banquet, 187 a ; Philèbe,
17 bed.
5. Cf. Philèbe, 16 c, 9/9, où il s'agit de la même question de rUn-inflni
illimité).
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apprenons que le dieu (ó osò;), qui est toute une série de couples de
contraires (tels que: jour et nuit, hiver et été, guerre et paix, abondance
et disette) se transforme comme le feu qui, mélangé ((tj^uiiytj) d'aromates,
reçoit des noms divers, selon le goût de chacun.
Et dans le fr. 125, « le breuvage composé (xuxewv) se décompose (oV'stouou)
de même, s'il n'est pas remué (xivoú^evoç) a1. Nous obtenons dans ces frag-
ments (et tout particulièrement dans le dernier) une première intuition
du mélange héraclitéen : ce mélange, loin d'être immobile, comme ce
sera le cas pour la sphère parfaite de l'Être parménidien, nous apparaît
déjà par contre comme se trouvant en une sorte de mouvement perpé-
tuel ; comme s'accomplissant, en d'autres termes, dans une série alter-
native de montages et de démontages, de dénouements et de renouements
successifs. C'est justement ce mixte éternellement mobile, se déliant et
se recomposant sans cesse, qui constitue l'image même du flux univer-
sel, de l'Être héraclitéen.
Car qu' est-il d'autre, au fond, cet Être sinon le logos ou £uvóv2, c'est-à-
dire, justement d'après l'interprétation lumineuse de M. Heidegger (Ein-
führung in die Metaphysik) le rassemblement, le composé, le mélange ?
Or ce mixte qu'est le logos, ou £uv4v, sous ses autres appellations de cocpo'v
et çooveeiv, ou encore de àpe-c^ et ¿tAYJôsta 8¿ne fait que se rattacher, d'après
les etymologies significatives du Cratyle 4, de la façon la plus étroite au
mobilisme qui est au fond des choses.
D'après ce dialogue, en effet, <ro<pía « marque le contact avec le mouve-
ment », avec ce qui « commence à avancer rapidement », avec ce qui
« bondit » 6 ; quant à la 9póvr,<jt;, elle n'est autre que « l'intellection du
mouvement et de l'écoulement » 6. Et il en va de même pour ce qui
concerne les deux autres qualificatifs, ápeinq et àX^Oeta : àperrç indique
1. Cf. F. Nietzsche : Die Philosophie im tragischem Zeitalter der Griechen (p. 29)
qui nous dit que pour Heraclite, « die Welt selbst ist eine Mischkrug die beständig
umgerührt werden muss ». C'est là probablement la source du passage de teneur très
présocratique de Zarathoustra (Les sept sceaux, ou : le chant de l'Alpha et de l'Omega)
qui constitue, à notre sens, l'apologie nietzschéenne même du Mélange : ... « aus jenem
schäumender Würz-und Mischkruge in dem alle Dinge gut gemischt sind ».
2. Cf. fr. 1 : tou ös Xóyou sovroç... oc;úveTOt.
Fr. 2 : tou Xo'you $' âovTOÇ ;uvou.
Fr. 41 : sv tò aocpóv...
3. Fr. 108 : docpóv ¿art TrdtvTwv xeywpicrfjLévov.
Fr. 112 : aojcppoveîv ápsTYj (xeytdTt), xai aocptYj áXyjOea Xsy^v...
Fr. 113 : l-uvóv san irãat to '¿povseiv.
4. Etymologies faites dans un esprit incontestablement héraclitéen. Ainsi que nous
le dit M. L. Méridier dans sa notice du Cratyle, l'école d'Heraclite « était naturelle-
ment amenée à l'exégèse étymologique » (p. 16). Souvenons-nous en même temps que
ces etymologies ne vont pas sans une imagination et une ironie très platoniciennes.
5. Crat., 412 b.
6. Ibid., 411 d.
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l. ibid., 415 d.
2. Ibid., 421 b.
3. Cf. E. Bréhier : Chrysippe et l'Ancien Stoïcisme, p. I4i.
4. Cf. Alexandre d'Aphrodise : De Mixtione. Le ota est le terme stoïcien qui désigne
la pénétration (oíeicxi.,. 8ià TiávTcov).
5. Cf. fr. 23, 28, 66 (xûiveî-, 80, 94, 102.
6. Rappelons encore les réserves nécessaires qui sont d usage quand il s agit ües
etymologies du Cratyle. _
7 J. Burnet (Aur
8-xatov' de Sia-ió
une bonne part d
8. Cf. Cratyle, 4
Cratyle - où Soc
par la repartie qu
Soleil (eraiòàv b
n'est jamais Suvov
ttu)ç av tic XáOot)
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au soleil, soit au feu qui se trouve dans le soleil, soit à la chaleur qui se
trouve dans le feu, soit enfin à l'Esprit (voì>;) lui-même.
Il y a dans ce dernier passage du Cratyle une sorte de mouvement
ascendant, hiérarchiquement structuré, qui se traduit par la série : soleil,
feu, chaleur, Esprit, et qui constitue un pont entre Heraclite et
Anaxagore. Platon, qui a commencé par expliciter le Stxatov dans un
esprit héraclitéen, citera maintenant le vou; anaxagoréen ; le juste ne
serait, après tout, que le vouç du Clazoménien qui gouverne et ordonne
toute chose grâce au fait de traverser l'ensemble de l'Univers (xo<rp.eîv Ta
TrpáyfAãTa 8 là ttöcvtcüv íovtoc) *.
Or, le principe Síxaiov, ou vou;, comporte, comme autres noms, ceux du
xaXóv et du àyaOóv, ainsi que nous le suggère le fr. 102 : to> jasv ôeoî xaXà
irávTa xaì àyaôa xaì Btxaia...
Nous devons, par conséquent, présumer que xaXóv et àyaôóv doivent, à
leur tour, impliquer la vertu de pénétration. Or, c'est justement cela que
nous révèlent les etymologies du Cratyle qui font constamment ici allu-
sion aux doctrines héraclitéennes :
LViff^pov, qui est le contraire exact du xaXóv, nous est décrit par le
passage 416 b comme ce qui «entrave et arrête les êtres dans leur cours»
(xb... £[X7To3tÇov xat tcyrcv ty¡; po9¡c xa ovia) ; ou encore, comme ce qui « arrête
toujours le cours » (to> oYt Îœ^ovti tòv pouv).
Autrement dit/il est défini exactement comme V injustice, qui n'est que
¿|X7:oôt7(jLa tou StatovTO; (413 e) a.
Par conséquent, le xaXóv 3, qualificatif de la Siávoia et du voü; 4, sera ce
qui présente des caractères diamétralement opposés à celui du alcypóv :
à savoir ce qui n'empêche en rien la pov] des choses, le facteur positif à
la traversée universelle. Il en ira de même pour áyaòov. Le Cratyle (412 c)
nous dira à son propos qu'il désigne l'élément rapide (tò ôoóv)5, seule par-
tie admirable dans l'Univers des êtres en marche ; et loin d'être une
chaîne et un obstacle au mouvement (xtúXu^a cpopàç) [418 e], il est, par
contre, le parcourant (Siòv) [419 a], ce qui ordonne et qui va (tò 8taxo<j-
[jLouv xaì tòv) [419 a], ce qu'il y a de plus rapide dans l'Être (to^kitov ô'v tou
1. Crat.y 413 c. Ainsi que l'écrit J. Burnet : « II est très probable... que quelques
Héraclitéens essayèrent de fusionner le système d' Anaxagore avec le leur propre, exac-
tement comme Diogene d'Apollonie essaya de fusionner le sien avec celui d'Anaxi-
mène. » (Aurore, p. 163-164, n. 1.)
2, Cf. fr. 12 d'Ànaxagore : le vou; n'est mêlé à rien ; car autrement il serait empêché
parles choses mélangées à lui (xaì av IxióXuev aÙTÒv Ta ffuauLeuLetvixeva).
3. Notons le passage 413 b/c, où Socrate nous dit que lorsqu'il entend de quelqu'un
que le ¿t'xaiov est le soleil (ou feu pénétrant), il a l'impression d'avoir entendu quelque
chose de beau (¿ç xaXov ti áxinxoto;).
4. Cf. Crat., 416 b : le xaXóv semble qualifier la pensée (<îiavoiaç) ; or, Siávoia est
ici très près du vou; : vou; te xaì Siávota (416 c).
5. C'est par le ôoov, qu'est expliquée la nature divine : Crat., 397 d : ôeïv... áet
íóvTa... ôsovTa..., cf. ibid., 422 a.
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(ou Xtjxóç du fr. 67) qui ne désigne, d'après l'explication d'Hippolyte (IX,
10), que la StaxoajATjat; * .
Or, xópoç, d'après la même explication, n'est que l'autre nom de
Fèx7WGo><xiç, l'acmé de la verticalité du Feu spirituel en tant que limite
accomplie. Autrement dit encore, avec cet aspect du Logos, nous sommes
devant le faîte même de la Hauteur, de l'óBò; áv<o 2.
Mais cette bòbe est la même que la bhbç xá™ (fr. 60) ; il y a identité
des contraires, la limite absolue recouvre l'illimité parfait.
Nous dirons, par conséquent, que c'est justement au moment de la
plus grande transcendance du vouç, quand ce dernier se trouve au som-
met de sa solitude (pour employer un mot empédocléen) que le Cosmos
(tout comme c'est le cas dans le système d' Anaxagore) apparaît tout d'un
coup. La limite - mixte accompli, coïncidant avec l'Unité même du
Logos - se transforme subitement, grâce à l'antinomie et la réversibi-
lité essentielle du système (loi fondamentale de la Causalité) en illimité,
en tout l'infini des êtres et des choses de l'Univers (fr. 10 : ... l' évo;
TToívxa).
Nous obtenons ainsi la òtaxo<r[A7]<xtç intégrale dans cette instance fou-
droyante qu'Heraclite appelle xepauvoç (fr. 64) et qui constitue probable-
ment l'origine de l'instant intemporel ou instantané (£;at<pvr)ç) platonicien 8.
Le fragment 30 nous dit, en effet, que le Cosmos s'allume et s'éteint 4,
autrement dit qu'il se fait et se défait. Or, comme d'un autre côté, le
Cosmos est, d'après le même fragment, àefÇwov, nous devons présumer
qu'il renaît intégralement (pour qu'il puisse être considéré comme le
Tout) à l'instant même où il vient de périr.
C'est ce que l'Éphésien exprime justement par le fragment 64 qui
nous dit que le xepauvóç régit toute chose (xà 8è rcavra otaxíÇet xepauvo;) 5
1. Cf. fr. 65 : ypT)dULO(TÚvy) 8¿ egtiv y¡ oiaxóo-ayjdiç xolt' aòróv.
2. Cf. Cratyle, 396 b/c : Zeus est fils d'Ouranos. « Or, la contemplation du Monde
supérieur est elle-même bien nommée oûpocvfa (céleste), puisqu'elle voit ce qui esten
haut (òsò5aa t¿ ¿va)) ; c'est cette contemplation... qui... produit la pureté de l'esprit
(tov xaÒocpòv vouv) et justifie le nom donné au Ciel » (oûpavû).
3. M. Jean Wahl (Étude sur le Parménide, lre édition, p. 170) voit dans le é^aicpvrjç
platonicien un souvenir de la foudre héraclitéenne.
4. Avec mesure ([¿érpa) [fr. 30] ; nous poumons dire que nous avons là le peTpiov
héraclitéen ; or le jaetciov est situé, selon Platon, sur le même niveau ontologique que
le xaiptov, moment où le Un s'ouvre pour constituer la constellation du TiavTsXàJç #v
qui enveloppe le Cosmos et le temps. Ce [xerpiov-xatpiov coïncide, en dernière analyse,
avec le xepxuvóç.
5. H. Fränkel (Dichtung und Philosophie des frühen griechentums, p. 494) écrit : t Zu
einer seltsamen Paradoxie verbinden sich hier die Gegensätze : der vernichtende Wetter-
strahl soll Steuermann, das ist : Weltlenker und Welterhalter, sein ; ähnlich wie der
ferntreffende Bogen Apolls Tod und Leben in einem ist (fg. 48). So dient auch der Prügel
des göttlichen Hirten als Werkzeug pfleglicher Erhaltung ». (Fg. 11 : Tcav... ep7ceròv
7c>71v71 véaerat). Fränkel rappelle le mythe de Phaëthon : la foudre lancée contre Phaëthon
préserve l'Univers de la destruction.
Le mot oiaxi'Çet se retrouve chez Platon, dans le mythe du Politique. Le démiurge y
est appelé xußepvTjTr^... TnqòaXttov oïaxoç, eçpeípoç tíív 7n)$aXta>v (272 e, 273 d /e).
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(cf. fr. 41: to cocpáv... exußepvTjde irávta...) [cf. Cratyle, 412, cde : l7nTpo7rsúet].
C'est dans cette instance foudroyante que le Cosmos naît tout entier
- et, avec le Cosmos, le tout de la Temporalité. Nous pouvons nous
référer ici au fragment 25 : fxopot ykç> jaeÇoveç néÇovaç poipaç ^ayyávou<Ti x.
Plus est grande la destruction de l'Univers, et plus totale est sa recréa-
tion dans l'infiniment petit de la temporalité (xspauvoç ou á;aícpvY)ç) 2 qui
s'avère être la source du xpávo? : Ie xepauvó; explose et, pour parler un
langage platonicien, l'e;aí(pvriç se transforme en xaipiov 3, instaurateur de
toutes les structures (les 7ravT<x du fr. 20), parmi lesquelles le temps. Le
Un, qui est le commencement et la fin sur le cercle (fr. 103), se rassemble
et se divise dans l'instant éternel du xepauvó;.
Or, la oiaxóc[X7|<Tiç, vue dans le temps, qui est un processus graduel,
comportera en correspondance une vection progressive.
Dans sa voie xáxw, le feu du Logos se transforme graduellement 4 aux
autres éléments constitutifs du Cosmos : il devient air et eau, et ce der-
nier devient à son tour terre 5.
Le mixte - limite parfaite du Logos - Feu, se dissociant de plus en
plus sous l'effet de la Guerre (TróXefxoç, ou Discorde: epiç) se métamorphose
en une sorte de dispersement complet où toutes les choses auxquelles il
s'est échangé 6 se trouvent séparées les unes des autres. Nous obtenons
alors l'espèce de mixte que les Stoïciens beaucoup plus tard, portés par
un esprit héraclitéen, appelleront le mélange-juxtaposition (7rapáôe<7iç), en
l'opposant au mélange infiniment touffu et confus (<júp.<p6ap<7tç) de l'unité
totale qui caractérise l'exTropaxi«; 7.
Nous sommes déjà au bout de la descente. Déjà la voie ávo> commence
1. Cf. aussi le fr. 62: àoavaTOt ôvï^to(, ôvrçxoï aôávaroi, Çcovteç tòv èxstvo>v Odtvarov,
TGV 0£ £X£IVIOV SÎOV Te0v£(OTEÇ.
2. D'après les Stoïciens aussi l'Univers se crée instantanément, d'une façon massive
et compacte áQpóojçi [cf. Dion Chrysostome, or. 38 § 51].
3. Chez Platon e^aícpvriç et xaiçiov correspondent aux sommets des deux voies royales
de la dialectique :î voie ascendante de la cúvo^tç ou au*<xyo)y7', voie descendante de la
division (ôtaipetv^. Avec le xatptov, le Un (du Parménide) sort de sa transcendance (de
Un-Un) pour devenir le TiavTfiXt. ; ov (de la 2e hypothèse) ; avec le £çaicpv7)ç, il sombre
de nouveau (simultanément avec le Cosmos et le temps qu'il enveloppe) dans le Un-Un
(dans lequel, d'après la lre hypothèse, ne peut exister aucune Idée, c'est-à-dire aucune
structure). Or chez Platon xocçtov et eÇatcp^riç coïncident avec le Bien (cf. échelle finale
des biens du Philèbe).
4. H. Fränkel {ouvrage cité) établit un schéma de proportion à trois termes entre la
terre, l'eau et le feu : « Eine dreistufige Ordnung, nach dem Schema der mittleren Pro-
portionale, fand Heraklit auch in den Elementarzuständen der Materie wieder, aus der
die Welt gebaut ist. Was wir Materie im festen, flüssigen und gasförmigen Zustand
nennen, heisst bei ihm Erde, Wasser und Feuer » (p. 490-491).
5. Cf.fr. 126 : 6ep{xov 'J/u/sxai. - « Les transformations du Feu sont, en tout premier
lieu, mer ; et la moitié de la mer est terre, la moitié prestère (vent tourbillonnant). »
(fr. 31).
6. Cf. fr. 90 : 7cupoç ts devra uo'ßT, rà rcavra... tfxuxjTcsp YOuaou ypy''iOLT<x....
7. Cf . Hippolyte, Réf., 1,3 (D 558)... xat t!ç irup ávaXuÓVjaeTuU co (x^eSov xaì ot Xtcdï-
xot (TuvTÍOsvtai òóyjxaTi exTrúpcoçtv TrpodSoxoívTCÇ.
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Nous dirons ainsi, avec PÉphésien 8, que le monde n'a été fait par
aucun des dieux, à aucun instant absolument, mais qu'il «a toujours été,
est et sera toujours un feu éternellement vivant», une étincelle suprême,
source de génération, « qui s'allume avec mesure et s'éteint avec mesure »
(fxÉTpa) dans l'instance intemporelle du xepauvoVecaicpvTjc. Car c'est là jus-
tement que se situe la ®ú<xiç qui « aime à se cacher » (fr. 123) ; c'est dans
l'infiniment petit et grand de l'instantané-éternité que le Cosmos éternel-
lement jeune, tel le logos de l'âme, s'accroît et décroît successivement 4.
Ainsi que nous le dit, en effet le Cratyle 414 a, la croissance de la jeunesse
(au;-/)) se rattache étroitement à la promptitude et la soudaineté (rayeîa
xat èçatiiViSia YlYV£^at) *•
Le logos-feu-justice, principe pénétrant qui instaure la nature du
Cosmos, est excessivement rapide (ta^tdTov). C'est cette rapidité illimitée
qui fait sa force,, sa vertu d'explosion. Le logos - ou ;uvov - rejoint
ainsi dans l'instantané du xepauv&ç sa fin et son commencement, son infi-
niment petit et son infiniment grand, immobile sur le cercle infini du
devenir.
C'est ainsi que la connaissance, correspondant à la structure la plus
profonde du Réel, c'est-à-dire du Logos, présente un caractère de sou-
daineté, qu'elle est xa/eîa xal ê£at<pvtoia, instantanée et immédiate, appar-
4. Cf. fr. 115 : ^u/rj«; Itti >óyo; éocutòv ccj;o;v. Cf. pour une idée analogue le fr. 110
d'Empédocle : II nous dit que les choses contemplées croissent d'elles-mêmes (aÙTàyap
auceiTauxa) dans le cœur (rfioç) de l'homme ; car toutes choses « ont de la sagesse et
une part à la pensée » (rcavra yàp tciôi çppovYjdtv s/eiv xcù vwaaxo; alaav). On pourrait
dire qu'il y a croissance de l'âme quand celle-ci se nourrit du Logos faocpov ou ©povsetv)
et décroissance quand, perdant son contact et sa participation au Feu du Logos, elle
devient humide et sans tension.
5. Cf. pour cette relation entre le è£atçpv7|ç et la au^criç : Banquet, 210 d : ^coardrfç
xat aù^Ôeiç ; ibid. (e) : èÇaícpv7)ç.
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