Vous êtes sur la page 1sur 15

« LA MESURE »

*
TIPE 1998

LA VISCOSITE ET SA MESURE

1
PLAN DE L’EXPOSE

Introduction

I. Viscosité : un phénomène physique


1. Définition
2. Unités et ordres de grandeur
3. Importance de la nature du fluide et de l’écoulement
4. Influence de la température et de la pression

II. Mesure de la viscosité


1. Généralités
2. Viscosimètre à cylindres concentriques : Méthode de Couette
3. Viscosimètre à chute de bille
4. Viscosimètre à écoulement
5. Viscosimètres empiriques

III. Aspects industriels


1. Généralités
2. Viscosité des huiles
3. Etude des solutions colloïdales par viscosimétrie
4. Notion sur l’aérodynamique

Conclusion

Littérature

2
INTRODUCTION

On utilise communément le qualificatif de visqueux pour décrire une chose de consistance


pâteuse, ni liquide, ni solide. Plus qu’une simple caractéristique, la viscosité est un phénomène
physique important et intéressant.

En 1713, Newton signale le rôle de la viscosité en hydrodynamique et en donne


l’expression analytique fondée sur une hypothèse généralisée ensuite par Lamé : « A température
et à pression données, il y a proportionnalité de la tension visqueuse à la vitesse de déformation
pure, suivant une même direction ».

Ce phénomène est une caractéristique de la matière, quel qu’en soit l’état physique :
gazeux, liquide ou à la limite solide, sans oublier tous les états polyphasiques. Elle intervient
fréquemment dans les équations de la mécanique des fluides. Elle traduit, en bref, la résistance
d’un fluide à l’écoulement. Tous les liquides, par exemple, sont doués de viscosité et cette
propriété modifie l’allure des phénomènes : la viscosité ralentit le mouvement du liquide au
voisinage des parois.

On s’intéressera dans notre étude aux seuls fluides (réels) newtoniens, et plus
particulièrement aux liquides. Les fluides newtoniens reposent sur les hypothèses suivantes :

- Les propriétés du fluide sont identiques pour tous les observateurs, quels que soient les
systèmes d’axes qui les transportent ;
- Le fluide est entièrement dénué d’élasticité (il n’a donc aucune "mémoire" du passé) ;
- Le fluide est homogène ;
- Le fluide est isotrope (il a les mêmes propriétés dans toutes les directions) ;
- Les contraintes sont des fonctions linéaires des taux de déformation.

Seuls les gaz et les liquides ayant une structure chimique suffisamment simple vérifient ce
schéma. Encore faut-il que les taux de déformation ne soient pas trop importants. On négligera
donc tous les fluides élastiques, plastiques, pseudo plastiques, dilatants, thixotropiques ou
rhéopéxiques.

On se propose ici d’aborder la viscosité tout d’abord sous son aspect théorique, puis de
considérer sa mesure et enfin de s’intéresser aux divers domaines qui utilisent ses propriétés.

3
I. Viscosité : un phénomène physique

1. Définition

La viscosité se manifeste chaque fois que les couches voisines d’un même fluide sont en
mouvement relatif, c’est à dire lorsqu’il s’établit un gradient de vitesse. On peut donc dire de la
viscosité qu’elle est la mesure du frottement fluide. La force de frottement peut être figurée par
l’énergie nécessaire pour déplacer un objet qui frotte sur un autre. La viscosité peut donc être
considérée comme le frottement interne qui résulte du glissement d’une couche de fluide sur une
autre. Un liquide très visqueux est un liquide qui présente un frottement interne élevé.

Si on considère l’expérience suivante dans


laquelle le liquide adhère à la plaque supérieure
et est entraîné par elle, on constate que, dans ce
cas particulier, la vitesse varie
proportionnellement à la cote z. L’expérience
montre aussi qu’un mouvement stationnaire
s’établit où la vitesse v0 de la plaque supérieure
est constante. C’est donc que le liquide exerce
des forces tangentielles τ sur la plaque
supérieure dont la résultante vaut précisément
-F.

La tension τ est proportionnelle au gradient de vitesse d’où la formule de Newton:


dFz ∂v
τ= = η.
dS ∂t
Par définition, la viscosité, notée η , est ce coefficient de proportionnalité.

Il faut bien préciser que η est ce que l’on appelle la viscosité dynamique par opposition à la
viscosité cinématique, notée ν, utilisée chaque fois que l’accélération intervient. Cette dernière
est égale au rapport de la viscosité dynamique par la masse volumique du fluide considéré.
η
viscosité cinématique : υ =
ρ

Interprétation " mécanique " :

Le rapport τ = F S qui a la dimension d’une pression sera appelé pression d’entraînement ou


mieux force de cisaillement. Ce terme indique la force surfacique nécessaire pour produire le
cisaillement. Quant au gradient de vitesse D = ∂v ∂t , il est une mesure de la vitesse à laquelle les
différentes couches se déplacent les unes par rapport aux autres ; ce rapport représente le
cisaillement auquel le liquide est soumis. On le désigne sous le nom de taux de cisaillement.

Ainsi, la viscosité du liquide est :


dF dS pression d' entrainement effort de cisaillement
= =
∂v ∂z gradient de vitesse taux de cisaillement

Le terme de cisaillement traduit bien l’analogie formelle qui existe entre frottement liquide et
frottement mécanique.
4
2. Unités et ordres de grandeur

a) Unités

L’équation aux dimensions de la viscosité dynamique s’écrit :

[η ] = N .m
= Pa.s
m .(m.s −1 )
2

Le pascal-seconde est donc l’unité de la viscosité dynamique. On parle plus généralement de


poiseuille, noté Pl (1 Pl = 1 Pa.s).

Par définition, le pascal-seconde est la viscosité dynamique d’un fluide dans lequel le mouvement
rectiligne et uniforme, dans son plan, d’une surface plane, solide, indéfinie, donne lieu à une
force retardataire de 1 Newton par m² de la surface en contact avec le fluide homogène et
isotherme en écoulement relatif devenu permanent, lorsque le gradient de la vitesse de fluide, à
la surface du solide et par mètre d’écartement normal la dite surface, est de 1 m.s-1. (ouf !)

De même, l’équation aux dimensions de la viscosité cinématique s’écrit :

[υ ] =  η  = N .m
−1
.
m3
= m 2 .s −1
ρ 
2
m .(m.s ) kg

Le mètre carré par seconde est donc l’unité de viscosité cinématique. Cette unité n’a pas de nom
particulier.

Bien que le système international (1960, XIe Conférence Générale des Poids et Mesures) soit de
rigueur, on rencontre souvent dans ce domaine les unités exprimées dans le système C.G.S.
(centimètre-gramme-seconde, adopté en 1881). L’unité de la viscosité dynamique, dans le
système CGS, est la Poise, notée Po. (une Poise = dyne par centimètre carré ;
⇒ 1 Pl = 10 Po). L’unité de la viscosité cinématique, dans le système CGS, est le Stokes, notée
St. (⇒ 1 m².s-1 = 104 St). Pour des raisons d’ordres de grandeur plus commodes, on utilise plutôt
la centipoise et le centistokes.

Remarque documentaire :

Il existe aussi une autre unité de viscosité dynamique, la sthène seconde par mètre carré, notée
sn.s.m-2 (⇒ 1 sn.s.m-2 = 103 Pl). Dans certaines applications, on utilise aussi l’inverse de la
viscosité dynamique, appelé fluidité ou viscosité réciproque. L’unité CGS est le rhé, inverse de la
poise

b) Ordres de grandeur

Viscosité dynamique de quelques gaz à 300 K (en µPa.s) et de quelques fluides à 25°C (en
mPa.s) :

• H2 : 09.0 • Eau : 0.890


• CO2 : 15.0 • Essence : 0.6 (0.508 pour C8H18 et 0.387 pour C7H16)
• N2 : 17.9 • Glycérine : 934
• Air : 18.6 • Huiles de graissage : 10 à 1200 (les plus courantes de 10 à 40)

D’une façon générale, η des gaz est sensiblement 100 fois plus faible que pour les liquides.
5
Il est intéressant de remarquer que, dans les applications où intervient la viscosité cinématique,
l’air est plus visqueux que l’eau !
0,018 × 10 −2
à 20°C : ρ air ≈ 1,2 ×10 −3 g/cm 3 et υ air = = 0,15 St
1,2 ×10 −3
tandis que pour l’eau, on a ν air = 0,01 St .

3. Importance de la nature du fluide et de l’écoulement

Nature du fluide

Il est commode pour étudier la rhéologie des liquides (en général) de porter sur un graphique les
valeurs de τ en fonction de D. Sur un tel graphique la viscosité apparente est égale à la pente de la
tangente à la courbe obtenue, encore appelée courbe rhéologique ou rhéogramme.
Un fluide newtonien ne possède qu’une seule caractéristique rhéologique, la viscosité. Dans les
mêmes conditions de température et de pression, ce rapport est constant quel que soit le gradient
de vitesse, tant que l’écoulement reste laminaire. La courbe caractéristique est une droite passant
par l’origine.
η = τ = tan α
D

Nature de l’écoulement

La véritable définition de la viscosité implique l’existence de ce qu’on appelle l’écoulement


laminaire (ou mieux écoulement lamellaire) dans lequel le mouvement ou mieux le glissement
d’une couche du liquide sur l’autre s’effectue sans transfert de matière d’une couche à l’autre, la
viscosité étant définie comme le frottement entre ces couches. Il y a une certaine vitesse
maximum, dite vitesse critique, dont la valeur dépend d’un certains nombres de facteurs (vitesse,
viscosité, densité, forme du récipient), au delà de laquelle le mouvement relatif d’une couche de
liquide ne peut pas se faire sans qu’il y ait transfert de matière de l’une à l’autre : au delà de cette
vitesse se trouve l’écoulement turbulent. Les molécules ou les particules plus grandes passent
alors d’une couche à l’autre et le phénomène absorbe une quantité d’énergie considérable. Il en
résulte en définitive qu’une quantité d’énergie beaucoup plus grande que dans le cas d’un
écoulement laminaire est nécessaire pour maintenir cet écoulement turbulent. L’augmentation de
l’énergie nécessaire se reflète par l’existence d’un effort de cisaillement apparent beaucoup plus
grand, c’est à dire que la valeur calculée de la viscosité η sera beaucoup plus élevée en
écoulement turbulent qu’en écoulement lamellaire.

4. Influence de la température et de la pression

a) Température

La viscosité dépend fortement de la température. Aussi doit-on toujours, pour conserver un sens à
la mesure, préciser la température à laquelle elle a été faite. Dans un liquide, la viscosité décroît
rapidement en fonction de la température suivant la loi suivante :
1
η = η0 . où η0 : viscosité à 0°C.
1 + α .T + β .T 2

Voir exemples avec les huiles.

6
Exemple avec la glycérine :

T -42 -36 -25 -20 -15.4 -10.8 -4.2 0 6 15 20 25 30


(°C)

η 6,71 2,05 2,62 1,34 6,65 3,55 1,49 12110 6260 2330 1490 954 629
(cp) 106 106 105 105 104 104 104

Cas des gaz : La viscosité des gaz croît avec la température d’après la loi de Sutherland :

T 1 + S T0
η = η0 . .
T0 1 + S T

T=température en K et η0=viscosité à 0°C ;


S est une constante caractéristique du gaz.( S=114 K pour l’air)

b) Pression

L’action de la pression est inverse. La viscosité dynamique η croît à peu près


proportionnellement à la pression, du moins jusque vers 2000 à 3000 atmosphères ; ensuite, elle
augmente plus vite. Pour les liquides, la masse volumique ρ étant pratiquement indépendante de
la pression, les résultats précédents s’appliquent également à la viscosité cinématique ν. En
pratique, on ne tient pas compte de ces variations qui sont petites par rapport à celles dues à la
température.

Cas des gaz : la viscosité dynamique des gaz est indépendante de la pression dans la mesure
où les lois des gaz parfaits sont applicables. Aux très faibles pressions, inférieures au dixième de
millimètre de mercure, η diminue lentement. La viscosité dynamique des gaz est inversement
proportionnelle à la pression.

Exemple pour l’atmosphère type (température et pression variable)


z (km) 0 1 2 3 4 5 10 15 20
η (cPo) 0,01782 0,01755 0,0172 0,01686 0,0165 0,01616 0,01445 0,014 0,014
ν (cSt) 14,5 15,8 17,1 18,5 20,1 22,0 35,0 82,3 159

On voit que, à cause de la variation de masse volumique, ν augmente considérablement avec l’altitude.

Définition de la viscosité des gaz et des solides → Voir annexe

II. Mesure de la viscosité

1. Généralités

La mesure de la viscosité sa fait avec deux catégories d’appareils : les viscosimètres absolus,
fondés sur la définition même de la viscosité dynamique ou sur les conséquences de cette
définition (loi d’écoulement dans un tube capillaire, chute d’une bille dans un liquide) et les
viscosimètres empiriques, d’un emploi plus simple, dans lesquels on compare les temps
d’écoulement dans un appareil de caractéristiques données. La viscosité dynamique variant très
rapidement en fonction de la température, il faut, pour toute détermination sérieuse, prévoir une
enceinte thermostatée permettant le réglage de la température, ainsi qu’une mesure précise de
cette dernière.
7
2. Viscosimètre à cylindres concentriques : Méthode de Couette

a) Expérience préliminaire

Soit une tige mobile d’un pendule de torsion munie de palettes, est plongée dans un milieu à
étudier. Si on tourne brusquement d’un angle α la partie supérieure du fil de torsion, la tige va se
mettre ensuite lentement en mouvement, car le frottement des couches liquides retarde le retour à
la position d’équilibre. Le mouvement s’arrêtera quand la tige aura tourné, elle aussi du même
angle α. C’est une caractéristique de la viscosité, dont se sert certains viscosimètre (Principe du
Rhéomat)

Remarque : Si la tige s’arrêtait définitivement après avoir tourné seulement d’un angle α’ >α, on
aurait la preuve que le milieu s’oppose au mouvement, et subit simplement une déformation
élastique. On parlerait alors de rigidité. Aucun liquide pur n’est doué de rigidité mais seulement
de viscosité.

b) Viscosimètre de Couette

Ce viscosimètre comporte un cylindre rempli du liquide à étudier, dans lequel est immergé un
cylindre plein, entraîné de l’extérieur par un mécanisme permettant la mesure du couple. On
réalise ainsi une représentation de la loi de Newton, dans laquelle dS est remplacée par la surface
latérale du cylindre plein. Le couple d’entraînement de ce cylindre est proportionnel à la viscosité
dynamique, à la vitesse de rotation et à une constante propre de l’appareil.

Il en existe de nombreuses variantes, utilisant des mobiles de formes diverses. Celui que nous
avons étudié utilisait la déviation d’un faisceau laser sur un miroir et la mesure de la viscosité
était donnée par :
Γ.α .( R − r )
η= → cf. TP n°1
2π .r 2 .h.ω .R
Le viscosimètre de Couette donne une mesure directe de la viscosité dynamique par mesure d’une
déviation d’angle. Il utilise une méthode dynamique.

3. Viscosimètre à chute de bille

a) Description

Les viscosimètres à chute de bille utilisent la mesure de la vitesse limite de chute v d’une sphère
de diamètre D et de masse volumique ρ’ dans un liquide de masse volumique ρ, suffisamment
visqueux pour que cette vitesse soit faible et soit dans le domaine d’application de la loi de
Stokes. En effet, la bille, tout d’abord animée d’un mouvement uniformément accéléré, est vite
freinée. Quand la résistance est égale et opposée au poids, le mouvement devient rectiligne et
uniforme.
( ρ '− ρ ).g .D 2
La viscosité est donnée par la formule : η = ou encore η = K .( ρ '− ρ ).t .
18.ν

Cette dernière formule est valable pour les deux types de viscosimètres, à savoir le viscosimètre à
chute de bille et le viscosimètre à bille roulante. Cette méthode permet d’accéder à la valeur de la

8
viscosité dynamique par mesure de la vitesse de la bille. Elle utilise les résultats de la loi de
Stokes.

b) Viscosimètre à chute de bille

cf. TP n°2

c) Viscosimètre à bille roulante

Il est beaucoup plus facile de mesurer la vitesse avec laquelle une bille roule dans un tube incliné
rempli par le liquide à étudier que de mesurer la vitesse de chute libre de la même bille dans le
liquide. L’appareil d’Höppler est basé sur le principe de cette mesure de la vitesse de
déplacement de la bille dans un tube incliné. La bille doit rouler sans glisser. Mais le mécanisme
mis en jeu est tout à fait différent du précédent, le liquide devant contourner la bille à mesure
qu’elle avance, pour passer derrière elle. Il y a donc, d’une part, roulement de la bille, et, d’autre
part, résistance du liquide qui se déplace d’avant en arrière, résistance qui est d’autant plus
grande que le liquide est plus visqueux, d’une part, et que l’intervalle entre la bille et la paroi est
plus petit au-dessus de la bille, d’autre part. Les mesure sont faciles et précises, mais le calcul du
mouvement de la bille étant difficile, l’appareil est gradué empiriquement.

4. Viscosimètre à écoulement

Le viscosimètre absolu à capillaire utilise le débit Dv (temps d’écoulement d’un certain volume
de liquide) dans un tube capillaire de rayon r et de longueur l, sous l’action d’une différence de
pression ∆p. La loi de Poiseuille, dans le cas d’un écoulement laminaire, permet d’exprimer la
viscosité dynamique sous la forme :

π .∆P.r 4
η= → cf. TP n°3
8.l.Dv

Cette loi ne s’applique que si le tube est très étroit. Elle est valable pour tous les milieux
visqueux, liquides ou gazeux (Une méthode analogue est utilisée dans le viscosimètre à gaz de
Rankine dans lequel la surpression est crée par le poids d’une goutte de mercure). Elle cesse par
contre d’être valable si le liquide contient des particules en suspension dont le diamètre n’est pas
très petit par rapport à celui du tube (ex : sang).

Cette méthode permet d’atteindre la viscosité en mesurant un débit. Elle utilise les lois de la
dynamique des fluides, en particulier la formule de Poiseuille.

5. Viscosimètres empiriques

Les principaux types de viscosimètres empiriques sont des viscosimètres à écoulement, dans
lesquels la mesure de la viscosité relative se ramène à la mesure d’un temps. La viscosité relative
peut aussi se déterminer en comparant les temps de chute dans un viscosimètres à chute de bille.
D’autres moyens plus perfectionnés existent également pour mesurer la viscosité. Des moyens
optiques sont notamment utilisés dans le cadre des ferrofluides → Voir annexe.

9
III. Applications industrielles

1. Généralités

Industriellement, on détermine la viscosité relative ou " empirique ", ou encore


"conventionnelle", c’est à dire la viscosité comparée le plus souvent à celle de l’eau.
L’écoulement se fait dans des conditions bien déterminées, à température constante.

La viscosité Engler d’un liquide (pour les huiles de graissage) est le rapport du temps
d’écoulement de 200 cm3 de ce liquide à t °C au temps d’écoulement de 200 cm3 d’eau à 20°C,
ces temps étant mesurés dans un viscosimètre d’Engler.

L’appareil de Barbey permet de mesurer le volume de liquide écoulé en un temps fixe à travers
un tube immergé dans un thermostat, sous une pression constante. Le degré de fluidité du liquide
est égal au volume écoulé dans ces conditions, en un heure.

Avec les appareils Saybolt (Etats-Unis) ou Redwood (Grande-Bretagne), on note directement en


secondes le temps d’écoulement de 60 et de 50 cm3 du produit. Ces mesures ont une précision de
l’ordre de ± 5%. Elles conviennent que pour des fluides visqueux (ν =20 cSt).

Il existe des relations approchées entre la viscosité cinématique et les viscosités empiriques.
D’après la formule d’Ubbelohde, on a la formule approchée :
6,31
ν = 7,32° E − avec ν en cSt et °E = degré d’Engler
°E
Remarque documentaire : Le tableau ci-joint donne la correspondance entre la viscosité
cinématique et les viscosités en degré Engler, secondes Saybolt et secondes Redwood.

2. Viscosité des huiles

C’est sans doute dans ce domaine que la viscosité joue son plus grand rôle. Elle intervient dans
tous les phénomènes de frottement mécanique et ce sont ses variations en fonction de la
température qui sont recherchées. Les variations de température sont en effet très importante pour
les huiles de graissage.

Il existe de très nombreuses expressions empiriques permettant de représenter la loi de variation,


par exemple la loi de Mac Coull et Walther, utilisable pour les huiles minérales de viscosité
cinématique supérieure à 1,5 cSt : log(ν + 0,6) = A + B. log T (A et B étant des constantes
spécifiques de l’huile, que l’on peut déterminer à partir de la mesure de ν à deux températures
différentes).

Au point de vue commercial, c’est la viscosité à 50°C ou à 210°F qui est choisie comme
référence. Cependant, les huiles ayant par exemple même viscosité à 50°C peuvent avoir des lois
de variation de la viscosité en fonction de la température très différentes.

L’indice de viscosité est une caractéristique permettant de chiffrer cette variation. La valeur 100 a
été assignée arbitrairement à une série d’huiles paraffiniques étalons dont la viscosité varie peu
avec la température et la valeur 0, à une série d’huiles naphténiques ayant une grande variation.
Pour déterminer l’indice de viscosité d’une huile, on choisit une huile d’indice 100 et une huile
d’indice 0 ayant même viscosité que l’huile étudiée à 210°F (98.8°C). On compare ensuite les

10
viscosités à 100°F (37.7°C). Soit S100 et S0 les viscosités Saybolt des huiles étalon et S la
viscosité de l’huile étudiée. Son indice de viscosité est défini par :
S − S0
Indice de viscosité = 100.
S − S100
Exemple :

Soient deux huiles ayant même viscosité 6°E à 50°C et d’indice de viscosité 100 et 0. Les
variations sont les suivantes :

t °C -5 °C 50 °C 80 °C
Huile, indice de viscosité = 100 1500 °E 6 2.47
Huile, indice de viscosité = 0 6000 °E 6 2.15

L’huile d’indice élevé est donc plus fluide à froid et plus visqueuse à chaud. Elle facilite donc le
démarrage à froid et un meilleur graissage à chaud, tout en diminuant la consommation (pour
les moteurs à combustion interne).

On améliore l’indice de viscosité d’une huile par l’incorporation d’additif spéciaux ayant des
molécules à longue chaîne. On arrive, par ce procédé, à créer des huiles d’indice supérieur à 100,
pouvant atteindre 140 → Voir classement SAE de 5 à 50 ou de 75 à 250.

D’une façon assez paradoxale, on comprend l’importance de la viscosité dans les phénomènes de
lubrification. En effet, si l’on se rapporte à ce qui a été dit du mouvement relatif d’un liquide et
d’une surface solide, il apparaît qu’une pièce en mouvement dans un milieu liquide communique
son mouvement aux couches de liquide proches de sa surface. Imaginons la surface cylindrique
d’un axe qui tourne dans un palier. Les contraintes extérieures font qu’en l’absence de lubrifiant à
tout moment l’axe et le palier sont en contact le long d’une génératrice du cylindre. En présence
d’un lubrifiant, l’axe en rotation entraîne avec lui un film de liquide, lequel est capable de
subsister malgré la pression extérieure qui tend à réduire son épaisseur dans la zone où les deux
pièces sont pratiquement en contact. De l’analyse des forces en présence, on conclut aisément que
le film résiduel est d’autant plus épais que le liquide est plus visqueux. Cependant, il est évident
que la viscosité n’est pas le seul facteur important et que les propriétés de l’interface métal /
liquide jouent également un rôle.

3. Etude des solutions colloïdales par viscosimétrie

a) Principe

Les mesures de viscosité étant en général faciles et rapides, on se sert, dans l’industrie, de la
viscosité, pour caractériser les macromolécules. C’est l’une des nombreuses façons de déterminer
la taille ou encore la masse molaire des particules colloïdales dans une solution. L’état colloïdal
étant l’état de dispersion de la matière au sein d’un fluide caractérisé par des granules de
dimension moyenne comprises entre 0,2 et 0,002 µm. D’autres méthodes utilisent les propriétés
optiques des colloïdes et se servent du microscope électronique, des ultrafiltres ou des
ultracentrifugeuses.

Lorsque la solution colloïdale s’écoule avec un champ de vitesse non uniforme, la présence des
particules introduit des frottements supplémentaires de telle sorte que le coefficient de viscosité
est supérieur à celui du solvant pur. La viscosité d’une solution de polymère est fonction de sa

11
masse molaire. On relie la viscosité intrinsèque, notée [η], à M par la relation : [η] = K.M.α
où K et α sont des paramètres caractéristiques du système polymère-solvant à température
donnée. Cette relation est admise dans un terme général. Les relations théoriques entre la
viscosité et la masse moléculaire sont cependant difficiles à établir, d’autres facteurs intervenant,
et, en particulier, la forme des macromolécules.

Pour les polymères linéaires flexibles ("pelotes"), on peut considérer que 0,5<α<0,8. Pour le
couple styrène-toluène, à 25°C on a K = 1,18.10-2 et α =0,72.

b) Généralités

Si η est la viscosité de la solution macromoléculaire, et si η0 est la viscosité du solvant, on définit


la viscosité relative, notée ηr, par : η r = η / η0 .

Pour des solutions suffisamment diluées, la viscosité relative est donnée directement par :
η r = t / t 0 où t = durée d’écoulement d’un volume donné de solution au travers d’un capillaire
t0 = durée d’écoulement d’un même volume de solvant pur.

On définit de même la viscosité spécifique, notée ηsp, comme l’accroissement relatif de la


η − η0
viscosité : η sp = . Elle est proportionnelle au nombre de macromolécules dissoutes par
η0
η − η0
centimètre cube. On définit ensuite la viscosité réduite : η sp = avec c : la concentration
η 0 .c
massique de la solution.

La viscosité intrinsèque [η] correspond au cas idéal où les molécules de soluté sont
indépendantes les unes des autres ; cela se produit pour des solutions infiniment diluées. Pour
accéder à la valeur de la viscosité intrinsèque, on détermine ainsi graphiquement la limite vers
laquelle tend le rapport ηred lorsque la concentration c tend vers zéro : [η ] = limη red . Connaissant
c →0

[η], on peut remonter à M, la masse molaire, puis de calculer approximativement le nombre de


motifs que possède la macromolécule.

Mesure expérimentale :

Les mesures de viscosité sont simples et pratiques. Les viscosimètres classiques utilisés sont de
deux types : viscosimètre à capillaire (écoulement de Poiseuille) ou à cylindres tournants
(écoulement de Couette). Cependant pour les macromolécules très grosses (coefficient de
diffusion de rotation très petit), il faut prendre garde que, si les écoulements sont trop rapides, les
macromolécules peuvent être orientées ou déformées, et, dans ce cas, la valeur de [η ], dépend de
l’intensité du gradient de vitesse réalisé dans le viscosimètre (effet de viscosité de structure → cf.
annexe sur la rhéologie). D’où la nécessité de procéder non seulement à une extrapolation à
concentration nulle, mais aussi à une extrapolation à gradient de vitesse nul. C’est cette valeur
doublement extrapolée qui peut être interprétée sans trop de difficultés.

La mesure de la viscosité intrinsèque ne saurait être suffisante pour déterminer complètement


une macromolécule. Elle est complétée par des mesures de pressions osmotiques, des mesures
optiques , par tamisage, décantation, ou centrifugation, voire même par spectrophotométrie UV
ou RMN.
12
4. Notions sur l’aérodynamique

L’aérodynamique, dont l’étymologie évoque immédiatement l’action de l’air en mouvement, est


la science qui étudie les différents aspects de cette action, notamment les forces, pressions et
moments qui résultent du déplacement des corps dans l’atmosphère. L’aérodynamique intervient
essentiellement dans la conception des avions et des missiles, dont elle définit les formes
optimales, mais joue également un rôle d’importance variable dans le dessin de bateaux, voitures
rapides, véhicules à coussins d’air, ainsi que dans la construction d’ouvrages fixes comme les
ponts, tours, ou grands immeubles, dont elle détermine les réactions au vent.

La viscosité est responsable de phénomènes aussi importants que le frottement à la paroi,


l’échauffement cinétique, le décollement, la création de la circulation nécessaire à la sustentation,
etc. Elle joue, par ailleurs, un rôle très important dans l’étude des sillages. En aérodynamique, on
se limite à l’étude des fluides faiblement visqueux dont les mouvements sont caractérisés par des
nombres de Reynolds très grands, le cas des faibles nombres de Reynolds relevant plutôt de la
mécanique des fluides.

Outre la viscosité, les fluides réels possèdent aussi des propriétés de conductibilité thermique et
de diffusion massique. À l’échelle macroscopique, ces propriétés se traduisent par des effets de
diffusion de quantité de mouvement, de diffusion de chaleur et de masse qui apparaissent dans les
écoulements lorsque ceux-ci présentent des non-uniformités importantes de vitesse, de
température, de pression ou de concentration des espèces chimiques constituant le gaz. En
aérodynamique, ces phénomènes se concentrent essentiellement au voisinage des parois où se
forme la couche limite, dans les sillages qui résultent de la confluence de couches limites ou
encore dans les jets. La viscosité, la conductibilité thermique et la diffusion massique sont des
propriétés du fluide qui ont une interprétation à l’échelle moléculaire dans le cas des gaz. À l’aide
de la théorie cinétique, on montre que ces propriétés résultent du bilan statistique des échanges de
quantité de mouvement et d’énergie lors des chocs moléculaires. Ces propriétés peuvent se
calculer théoriquement si l’on connaît les lois d’interaction entre les molécules. Notre sujet ne
compte pas traiter ce phénomène trop compliqué, qui serait digne d’une étude particulière. On ne
s’aventurera donc pas plus loin dans des considérations aérodynamique.

Voir Annexe

13
CONCLUSION

La viscosité est donc une grandeur physique qui exprime la capacité d’un corps à s’opposer au
cisaillement. Mais on parle surtout de la viscosité en parlant d’un fluide. On dira alors qu’elle
exprime la résistance d’un liquide à l’écoulement uniforme et sans turbulence. La connaissance
de la viscosité est capitale. Si elle peut être négligée à très basses vitesses, sa présence se fait
remarquer d’autant plus à des vitesses conséquentes. Que ce soit pour construire l’aile d’un avion,
les tubes d’écoulement d’une centrale hydraulique ou encore d’obtenir une huile particulière,
l’ingénieur a besoin de connaître le comportement du fluide en question.

Les différents viscosimètres, qu’ils soient absolus ou empiriques permettent d’accéder par de
nombreux procédés à la grandeur que nous avons étudiés. Leur grand nombre traduit
l’importance du phénomène et de ses applications.

Il serait faux de croire que tout a été dit sur la viscosité, les chercheurs aujourd’hui encore se
penchent sur un aspect prometteur : la superfluidité. Les travaux de Kapitza montrent en effet
que, au dessous de 2,17 K, l’hélium (4He) liquide est susceptible de s’écouler sans viscosité
apparente à travers des pores microscopiques. L’intérêt de ce phénomène réside dans les courants
permanents ; on peut lancer un écoulement dans un anneau poreux et mesurer sa vitesse ; à
température constante, aucun ralentissement n’est observable.

Voir annexe

Plus qu’une simple caractéristique, la viscosité est véritablement un phénomène physique


intéressant et important.

1998 - Gorlier Philippe & Germain Gabriel. Tous droits de propriété intellectuelle et industrielle réservés.

14
SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES

• L’Etat liquide par M. Guillot

• Mécanique des fluides appliquée : Dynamique des fluides visqueux

• Encyclopédie des sciences et des techniques

• Encyclopaedia Universalis

• Encyclopaedia Britannica

• Handbook for Physics & Chemistry

• Que sais-je ? La mécanique des fluides

• La Recherche
! n°286 - avril 96
! n°275 - avril 95
! n°238 - décembre 91
! n°218 - février 90
! n°192 - octobre 87

• Bulletin de l’union des physiciens


! n°769 - décembre 94
! n°743 - avril 93
! n°704 -
! n°514 - avril 69

• Travaux pratiques de physique


! P.Larvelle et J.Rivet
! J. Laub et R. Bossart

15

Vous aimerez peut-être aussi