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AÉRODYNAMIQUE ET CONTRÔLE1
L’aérodynamique est l’étude des phénomènes qui se créent autour d’un mobile (aéronef) en
déplacement dans l’air. Il convient donc d’examiner en premier lieu le milieu dans lequel les
aéronefs évoluent, puis de déterminer quels sont les critères applicables à ces aéronefs pour
qu’ils aient la forme la plus appropriée au vol.
1. ÉCOULEMENT DE L’AIR
Le vol de l’avion résulte des interactions qui se produisent entre des surfaces portantes (ailes)
et la masse d’air dans laquelle ces dernières se déplacent à grande vitesse. Pendant le vol,
c’est l’avion qui se déplace dans l’air, mais un observateur placé dans l’avion peut considérer
qu’il voit l’aile immobile et que c’est l’air qui se déplace; c’est ce que l’on va reproduire en
soufflerie.
- L’écoulement laminaire : les particules d’air suivent toutes des trajectoires rectilignes
parallèles entre elles. On peut imaginer que l’air est constitué de lames superposées,
glissant parfaitement les unes sur les autres.
- L’écoulement turbulent : Les particules d’air suivent des trajectoires quasiment
parallèles entre elles, mais qui ne sont plus rectilignes, tout en se déplaçant
globalement dans la même direction avec une même vitesse d’ensemble.
- L’écoulement tourbillonnaire : L’ensemble de l’écoulement est très désordonné et,
bien que globalement tout l’écoulement d’air se déplace dans la même direction,
certaines particules peuvent remonter le courant et former ainsi des tourbillons.
Au voisinage d’une surface solide, la vitesse de l’écoulement ralentit au fur et à mesure que
l’on s’en approche pour finalement s’annuler au contact de celle-ci. Cette couche d’air freinée
s’appelle la couche limite. Ce phénomène est causé par la viscosité de l’air : le mouvement
1
L’essentiel du texte de ce chapitre est adapté du chapitre 2 de : du Puy de Goyne, Thierry, Plays, Yves,
Lepourry, Patrick, Besse, Jacques, Initiation à l’aéronautique, Cépaduès-Éditions, Toulouse, 1995, 176 pages,
ISBN 2.85428.372.4.
GPA-725 Aérodynamique et contrôle
des particules d’air est freiné par leur frottement les unes contre les autres et tout au long de la
surface.
2. LA RÉSISTANCE DE L’AIR
Prenons en main une plaque plane. En la tenant bien verticale, déplaçons-la horizontalement
à une vitesse donnée dans de l’air calme : on ressent alors une certaine force qui tend à
s’opposer au déplacement. Cette force est due à la résistance de l’air.
sans présenter de tourbillons. On constate alors que la résistance de l’air est nettement
plus faible que dans le cas du disque initial. Le corps obtenu est un corps fuselé dont
la résistance aérodynamique est peu élevée : environ huit fois moindre que celle du
disque initial.
R = K.ρ.V2.S
avec:
3. SURFACES PORTANTES
Précédemment, nous avons vu que lorsqu’une plaque plane était placée perpendiculairement à
l’écoulement, il se formait en amont une surpression, alors qu’en aval il y avait un «vide»
relatif apportant une dépression. La plaque subit une force horizontale due au produit des
différences de pression par l’aire de la plaque. Si l’on incline cette plaque, les filets d’air la
contournent plus facilement, mais les zones de surpression et de dépression subsistent
néanmoins. Cette fois la force qui s’exerce sur la plaque
n’est plus horizontale, mais est inclinée vers l’arrière : on
l’appelle alors résultante aérodynamique. Elle se
décompose en deux forces :
Dans le cas d’une aile d’avion, la portance est la force qui Portance
va permettre de vaincre le poids de l’avion, alors que la
traînée constitue la résistance à l’avancement : il faut donc
chercher à réduire au maximum cette dernière. Sur un avion Traînée
en vol horizontal à vitesse constante, la portance équilibre
Il est très vite apparu que les surfaces courbes étaient plus efficaces que les surfaces planes
pour assurer la portance d’un avion. En effet, les filets d’air s’incurvent alors facilement et
«collent» mieux à une surface courbe, si bien que la zone tourbillonnaire disparaît presque
totalement. De plus, l’effet de courbure a pour effet d’accentuer fortement la vitesse de
l’écoulement sur le dessus de l’aile.
La plaque courbe est donc aspirée par sa surface supérieure et poussée sous sa face inférieure.
La résultante aérodynamique est plus importante que pour une plaque plane d’aire identique :
la portance augmente et la traînée est plus faible.
Pour des raisons de résistance structurale, il a fallu construire des ailes ayant une certaine
épaisseur. On a donc été amené à dessiner des «profils» dont les caractéristiques permettent
de répondre aux exigences précédentes, notamment accélérant l’écoulement au-dessus et le
ralentissant au-dessous. On appelle profil la coupe verticale de l’aile par un plan parallèle au
plan de symétrie de l’avion2. Un ensemble de termes permettent de décrire un profil d’aile :
2
Le terme anglophone Airfoil correspond à une surface destinée à produire une réaction utile dans un flot d’air,
tel qu’une aile ou un aileron. L’expression Airfoil section correspond à une coupe prise dans un plan parallèle au
plan de symétrie de l’avion. L’expression Airfoil profile correspond au contour de la section. Le terme Airfoil est
fréquemment employé pour désigner les expressions Airfoil section et Airfoil profile [Kroes88].
L’angle d’attaque est l’angle formé entre la corde et la direction des filets d’air. Il est noté
a sur la figure ci-dessous. On ne doit pas le confondre avec l’angle de calage, définit entre la
corde et l’axe longitudinal de l’avion. Bien sûr, l’angle de calage est fixe pour un appareil et
un profil donnés, alors que l’angle d’attaque varie en vol.
Angle d’attaque
Angle de calage
Dans une soufflerie où l’écoulement se déplace à vitesse constante, plaçons un profil d’aile et
examinons comment ce profil va modifier la vitesse de l’écoulement à son voisinage
immédiat.
À l’extrados, par effet de courbure, la vitesse des particules d’air s’accroît fortement.
Conformément au principe de Bernoulli, tout l’extrados est donc le siège d’une dépression. À
l’intrados, le profil constituant un obstacle à l’écoulement, l’air se trouve freiné : on voit donc
apparaître une surpression localisée sur l’intrados.
Pour représenter l’évolution des surpressions et des dépressions autour du profil, on va porter
sur sa périphérie des vecteurs normaux à la surface, dirigés vers le profil s’il s’agit d’une
surpression, et vers l’extérieur du profil en cas de
dépression. La longueur des vecteurs étant bien
entendu proportionnelle à la valeur de la surpression
ou de la dépression.
plus forte) : la sustentation est générée essentiellement par l’extrados de l’aile. Le produit de
ces dépressions et surpressions par l’aire totale de la voilure crée la résultante aérodynamique.
On peut aussi noter que le différentiel de pression est de l’ordre de 1 à 2 %. Ainsi, si l’on
mesure une pression moyenne de 14.70 psi à l’intrados et une pression moyenne de 14.49 psi
à l’extrados, ce différentiel de 0.21 psi (soit un différentiel de 1.5%) correspond à 30 psf
(livres par pied carré), ce qui suffirait à soulever un poids de près de 1000 lbs, soit environ 5
personnes, posé sur une feuille de contreplaqué de 4’ x 8’ ( !).
Lorsque l’angle d’attaque du profil placé dans la soufflerie augmente à partir de zéro, la
répartition des champs de pression évolue. C’est ainsi que, dans un premier temps, on voit
augmenter la taille des zones de pression et de dépression avec un déplacement du maximum
vers l’avant du profil : la résultante aérodynamique augmente.
Puis, lorsque l’angle d’attaque atteint une certaine valeur, le champ de dépression sur
l’extrados diminue brutalement, alors qu’à l’intrados il y a peu d’évolution : on a atteint à ce
moment l’angle de décrochage. Si on regarde de près l’écoulement autour du profil, on
remarque que la déviation des filets d’air au bord d’attaque devient si importante qu’ils ne
peuvent plus suivre l’extrados et qu’ils «décollent» ou «décrochent» de la surface de l’aile en
créant une zone tourbillonnaire. Ce phénomène appelé décrochage survient brutalement pour
un angle d’attaque donnée, voisin de 20° et, la portance diminuant soudainement, l’avion perd
de l’altitude.
À l’extrémité de l’aile vont apparaître des phénomènes particuliers. En effet, à cet endroit, la
surpression de l’intrados a tendance à aller combler la dépression d’extrados en contournant
l’extrémité de la voilure. Comme l’avion avance, le mouvement de rotation ainsi amorcé crée
un tourbillon à chaque extrémité d’aile, appelé tourbillon marginal.
Les deux tourbillons marginaux sont contrarotatifs (tournent en sens inverse) et peuvent se
faire sentir jusqu’à une distance assez importante derrière l’avion. Ils n’existent que lorsque
la portance existe, puisqu’une différence de pression entre le dessus et le dessous de l’aile est
nécessaire à leur création. Ces tourbillons freinent la progression de l’avion et apportent une
traînée supplémentaire à la traînée propre du profil, que l’on appelle traînée induite (sous-
entendu : induite par la portance).
Sur les avions de ligne des années 90, on installe en extrémité de voilure des petites surfaces
appelées winglets (ailette d’extrémité de voilure) permettant de réduire la traînée induite.
Elle est proportionnelle aux mêmes paramètres que la résistance de l’air, et elle s’écrit sous la
forme :
Rx = 1 . ρ. V2 . S. Cx
2
avec :
En vol, des dispositifs de contrôle permettent d’augmenter fortement la traînée : ce sont les
aérofreins, discutés plus loin.
RZ = 1 . ρ. V2 . S. CZ
où : 2
L’on peut considérer que le coefficient CZ traduit l’aptitude d’une surface portante à
‘transformer en portance’ les pressions exercées sur elle par les filets d’air qui la contournent,
tandis que le coefficient Cx est le coefficient de ‘défaut inévitable résiduel’ de cette
transformation3. Dans le cas d’un parachute, ce dernier traduit bien sûr une qualité plutôt
qu’un défaut…
Pour augmenter la portance pendant les phases de décollage et d’atterrissage, on utilise des
dispositifs de contrôle appelés hypersustentateurs, discutés plus loin.
5.3 La polaire
6. MÉCANISMES DE CONTRÔLE
3
Gilbert KLOPFSTEIN, L’air et l’avion, Institut du transport aérien, Paris, 1995.
de réaliser des manœuvres à des vitesses plus faibles. La figure suivante illustre l’effet des
becs et des volets sur la portance.
Spoilers
Utilisés symétriquement sur les deux ailes, ils permettent une augmentation de la pente de
descente et une réduction des distances de roulement. Ils peuvent également être utilisés en
vol de façon dissymétrique (c’est-à-dire déployés sur une aile et pas sur l’autre), dans ce cas,
ils aident à la mise en virage de l’avion.
Les aérofreins sont des dispositifs qui permettent d’augmenter fortement la traînée. En
général, il ne perturbent pas l’écoulement sur l’aile et ne modifient donc pas sa portance. Ils
peuvent être placés sur l’extrados, sur l’intrados, ou sur le fuselage et sont toujours disposés
symétriquement par rapport à l’axe longitudinal de l’avion.
7. RÉFÉRENCES
[DUP95] du Puy de Goyne, Thierry, Plays, Yves, Lepourry, Patrick, Besse, Jacques, Initiation
à l’aéronautique, Cépaduès-Éditions, Toulouse, 1995, 176 pages, ISBN 2.85428.372.4.
[KRO88] Michael J. Kroes, James R. Rardon, Aircraft Basic Science, 7th ed.,
Glencoe/McGraw-Hill, 1993, 413 pages, ISBN 0-02-801814-1.
[KLO95] Gilbert KLOPFSTEIN, L’air et l’avion, Institut du transport aérien, Paris, 1995, 226
pages, ISBN 2-908537-12-5.