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VIBERT Sven

SERRE-COMBE Arnaud

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Mécanique des Milieux Continus


Travaux Pratiques
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Introduction
Dans ce TP de mécanique des milieux continus on s'intéresse à l'étude de différents fluides
pour lesquelles on va chercher à déterminer certaines caractéristiques telles que la
viscosité ou la tension superficielle mais on cherchera aussi à travailler sur leur
écoulement notamment à travers l'étude d'aérodynamisme en soufflerie ainsi que
l'écoulement libre d'un canal. Ces manipulations nous permettrons entre autres de
vérifier certains modèles théoriques.

1. Caractéristiques d'un fluide

1.1. Viscosité

Dans cette première manipulation, nous réalisons un écoulement de Poiseuille dans un


tube en verre alimenté par un réservoir d’eau de type vase de Mariotte (Figure 1). Il est
d'abord important de veiller à ce que le tube principal soit parfaitement horizontal afin
de ne pas rajouter un terme d’énergie potentielle à l’écoulement. Dans une telle
canalisation, l’écoulement laminaire (et permanant) du fluide s’accompagne d’une chute
de pression tout au long du trajet. On parle alors de perte de charge. On observe
clairement cette baisse de pression le long du trajet par la hauteur du niveau du liquide
dans chacun des capillaires en dérivation. Étant donné que la chute de pression dépend
de la vitesse d’écoulement il faut conserver un débit constant.

Figure 1 - Schéma du montage des dérivations alimentées par le vase de Mariotte.

1
L'intérêt d'utiliser un vase de Mariotte est donc d'obtenir un débit réglable et constant.
On peut faire varier ce débit en ajustant la hauteur de la sortie de ce vase par rapport à
celle du tube horizontal. Plus cette hauteur du vase sera importante et plus le débit sera
élevé. Les hauteurs de liquide dans les capillaires seront alors aussi plus importantes.
Toutefois, bien qu'une grande hauteur favorise la visualisation de phénomène de perte de
charges, elle n'est pas idéale pour une mesure précise car elle entraine de grandes
fluctuations du niveau de liquide dans les tubes. Ainsi, on peut commencer par évaluer ce
débit pour une certaine hauteur du vase que l'on gardera tout au long de cette
manipulation. Pour cela, il suffit de mesurer la quantité d'eau sortant par l'orifice de sortie
du conduit horizontal pendant un certain temps. On veillera à attendre que le régime
stationnaire soit bien établi (soit environ 5 secondes) avant de commencer la mesure. On
place donc le vase de Mariotte à une hauteur de :

h!"#$ = 14,5 cm

On effectue la mesure pour une durée de :

Δt = 120 s

On pèse (sans oublier de tarer la balance au lancement de la mesure) la masse de liquide,


ici de l'eau, sortie du tube et on obtient :

m$"% = 1,532 kg

On obtient alors le débit par la relation suivante :

m$"% 1,532
D= = = 1,28 ∙ 10&' m( ∙ s &)
ρ$"% ∙ Δt 997 ∙ 120

Sachant que le diamètre du conduit horizontal est :

d = 2R = 4 mm

On peut en déduire la vitesse moyenne du fluide dans ce conduit par la relation :

D D
v= = ≈ 1 m/s
S πR*

Grâce au travail de préparation, on peut rappeler qu'un écoulement de Poiseuille est un


écoulement laminaire stationnaire limité par des parois immobiles. Ici on considère
l’écoulement stationnaire, homogène, d’un fluide visqueux à l’intérieur d’une conduite
cylindrique horizontale de rayon R. Le mouvement du fluide est provoqué par le dispositif
qui impose une différence de pression entre l’entrée et la sortie du fluide. À l'entrée, on
impose une pression P(0) et à une certaine distance L la pression vaut P(L) < P(0). On a
alors la force de pression initiale, moins la force de pression finale plus la force de
frottement visqueuse F (s’exerçant sur la surface latérale du conduit) qui est égale à 0 :

πr * P(0) − πr * P(L) + F = 0

2
On considère que l’écoulement du fluide est partout parallèle aux parois et la pression ne
varie pas dans l'épaisseur de l'écoulement (approximation de lubrification) mais aussi
que le frottement aux parois implique qu'aux échelles macroscopiques, la vitesse du fluide
y est nulle (condition de non-glissement). On considère donc que l'on a un fluide visqueux
newtonien dont la force de viscosité F est donnée par :

dv(r)
F=η 2πrL
dr

On en déduit :

dv(r)
πr * P(0) − πr * P(L) + η 2πrL = 0
dr

Ce qui nous donne :

dv(r) P(0) − P(L)


=− r
dr 2ηL

On considère que le fluide colle à la paroi et que sa vitesse y est nulle. Une intégration
nous permet d'obtenir alors la vitesse :

P(0) − P(L) *
v(r) = (R − r * )
4ηL

Figure 2 - Schéma du profil du champ de vitesse.

Le profil du champ de vitesse obtenu est parabolique (Figure 2) avec une vitesse nulle aux
parois et maximale au centre. Le débit volumique dans la conduite est le flux du vecteur
vitesse à travers une section transverse quelconque, soit, en prenant comme surface
élémentaire celle comprise entre deux cercles de rayons infinitésimalement proches on
trouve :
+ +
P(0) − P(L) *
D = r v(r)2πrdr = r (R − r * )2πrdr
, , 4ηL

D’où l’expression du débit volumique :

3
πR- πR-
D= tP(0) − P(L)u = Δ𝑃
8ηL 8ηL

Ceci constitue la loi de Poiseuille qui énonce de façon théorique la relation entre le débit
d'un écoulement et la viscosité du fluide, la différence de pression aux extrémités de la
canalisation, la longueur et le rayon de cette canalisation. Cette relation est vérifiée
expérimentalement dans les canalisations de rayons faibles et est souvent utilisée dans
les viscosimètres car elle énonce notamment que le débit est inversement proportionnel
à la viscosité. On peut désormais déterminer la viscosité à l'aide de cette loi. Pour cela on
mesure la hauteur de liquide dans chacun des capillaires "i" pour en déduire la pression
correspondante dans le conduit horizontal à l'aide de la loi de l'hydrostatique :

P. = P, + ρgh.

On trace ensuite le graph de Δ𝑃 (la différence de pression entre 𝑃/ et celle du dernier


capillaire 𝑃0 ) en fonction de la position du capillaire sur le conduit (telle que l'origine est
au niveau du dernier capillaire). On répertorie nos mesures et résultats dans un tableau
(Figure 3) avant de de tracer notre graph (Figure 4).

L (m) h (m) P (Pa) ∆P (Pa)


0,750 0,0760 102068,3 645,5
0,625 0,0615 101926,5 503,7
0,500 0,0050 101814,0 391,2
0,375 0,0038 101696,7 273,9
0,250 0,0029 101608,6 185,8
0,125 0,0019 101510,8 88,0
0,000 0,0010 101422,8 0,0

Figure 3 - Tableau des mesures et valeurs déduites.

Graph de ∆P=f(L)
700,0

600,0 y = 812,11x

500,0

400,0
∆P (Pa)

300,0

200,0

100,0

0,0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8
L (m)

Figure 4 - Graph de la différence de pression en fonction de la position du tube.

4
On constante que les résultats obtenus peuvent être approximés par une droite linéaire
de pente α, ce qui est bien la tendance prédite par le modèle de Poiseuille.
Expérimentalement on a donc :

α = 812,11 Pa/m

On peut alors en déduire la valeur de la viscosité :

πR- ΔP πR-
η= = α ≈ 4 ∙ 10&- Pa ∙ s
8D L 8D

Cette valeur semble faible en comparaison à la valeur théorique de la viscosité dynamique


de l'eau à 20°C qui est de 10&( Pa ∙ s. Ceci pourrait s'expliquer par le fait que nous avons
des frottements supplémentaires qui ne sont pas pris en compte dans le modèle de
Poiseuille. Calculons alors le nombre de Reynolds :

ρvd
Re = = 9970 > 2000
η

Ainsi nous sommes loin d'être dans un régime laminaire ce qui signifie que l'on a des
turbulences qui augmentent la dissipation et donc diminue la valeur de la viscosité. Afin
de se rapprocher du régime laminaire il faudrait réussir à abaisser la hauteur de la sortie
du vase de Mariotte pour la faire coïncider avec celle du conduit.

1.2. Tension superficielle

1.2.1. Loi de Jurin

Dans cette expérience on utilise un "chandelier" constitué d’une série de tubes capillaires
de diamètres différents et reliés à un même réservoir (Figure 5). Le remplissage de cet
objet est délicat et un nettoyage préalable au vinaigre est souvent nécessaire. Ce dispositif
est d'ailleurs à manipuler avec précaution car il est très fragile. L'objectif est ici de
mesurer l’ascension h du liquide dans la série de tubes capillaires par rapport à la hauteur
de référence du plus gros diamètre (où l’ascension est négligeable) et de vérifier si la
hauteur h d’ascension obéit à la loi de Jurin. Rappelons qu'en physique, la loi de Jurin
donne la hauteur d'ascension ou de dépression d'un liquide dans un tube capillaire. Cette
loi a été énoncée en 1717 par le médecin anglais James Jurin et son expression est :

2 ∙ A ∙ cos(θ)
h=
r∙ρ∙g

- h est la hauteur du liquide


- A est le coefficient de tension superficielle du liquide
- θ est l'angle de contact entre le liquide et la paroi du tube
- ρ est la masse volumique du liquide
- r est le rayon du tube
- g est l'accélération de la pesanteur

5
Figure 5 - Photographie de la série de capillaires "chandelier".

On peut démontrer la loi de Jurin en prenant un tube en verre de rayon R plongé dans
l'eau où le ménisque est une demi-sphère. L’élévation du liquide dans un tube compense
la différence de pression entre les deux côtés de l'interface (Figure 6). D'après la loi de
Laplace, la pression au point A est :

2A
P1 = P"23 −
R

La loi de l'hydrostatique entre les points B et A nous donne alors :

2A 2A
P4 = P"23 = P1 + ρgh = P"23 − + ρgh ⇔ h =
R ρgR

Ce qui est bien la relation souhaitée avec A = Acos(θ) dans le cas d'un mouillage parfait.

Figure 6 - Photographie de la série de capillaires "chandelier".

6
On peut alors mesurer le plus précisément possible la hauteur du niveau de liquide (eau
puis éthanol) de chacun des tubes en s'aidant éventuellement d'un pied à coulisse. Une
fois que l'on a nos valeurs (Figure 7), on trace le graph de la hauteur en fonction de
l'inverse du rayon d'un tube pour vérifier la loi de Jurin (Figure 8).

Eau Éthanol
d (m) h (m) 1/r (m&) ) h (m) 1/r (m&) )
0,0004 0,051 5000 0,025 5000
0,0008 0,024 2500 0,012 2500
0,0011 0,015 1818 0,008 1818
0,0012 0,010 1667 0,004 1667
0,0022 0,000 909 0,000 909

Figure 7 - Tableau des mesures et valeurs déduites.

Graph de h=f(1/r)
0,06
Eau
0,05 y = 1,23E-05x - 9,19E-03
Éthanol
0,04
h (m)

0,03

0,02
y = 6,05E-06x - 4,58E-03
0,01

0,00
500 1500 2500 3500 4500 5500
1/r (m-1)

Figure 8 - Graph de la hauteur en fonction de l'inverse du rayon.

On observe bien que pour un rayon plus petit, la hauteur est également réduite ce qui est
cohérent avec la loi de Jurin. On peut alors calculer la valeur de A ∙ cos(θ) à partir des
pentes α$"% et α$25. obtenues :

α$"% ∙ ρ$"% ∙ g (1,23 ∙ 10&' ) ∙ 997 ∙ 9,81


[A ∙ cos(θ)]$"% = = ≈ 60 mN/m
2 2

α$25. ∙ ρ$25. ∙ g (6,05 ∙ 10&7 ) ∙ 789 ∙ 9,81


[A ∙ cos(θ)]$25. = = ≈ 23 mN/m
2 2

La valeur de la tension superficielle A pourrait être approximée par ces résultats si l'on
considère que le mouillage est parfait (θ = π). Ces valeurs sont cohérentes aux valeurs
théoriques pour l'eau et l'éthanol qui sont de 73 et 22 mN/m respectivement. Toutefois,
on notera que la précision de cette manipulation peut être améliorée car la mesure des
hauteurs est compliquée sur ce dispositif qui ne présente pas de repères ou graduations.

7
1.2.2. Stalagmométrie

Dans cette partie on utilise une seringue associée à une série d’embouts (aiguilles
émoussées) de diamètres différents et une balance de précision. On remplit la seringue
avec le liquide choisi puis on place un récipient léger sur le plateau de la balance pour
réceptionner les gouttes. Après avoir taré la balance et avoir retiré le récipient, on
détermine la masse d’un ensemble de 20 gouttes (suffisamment grand pour minimiser
l’incertitude) formées avec précaution au bout de l’aiguille tenue verticalement au-dessus
du récipient.

L'objectif est alors de retrouver la loi de Tate qui permet de calculer la masse d'une goutte
sortant d'un compte-goutte. Cette loi a été énoncée en 1864 par Tate et elle s'exprime par
la relation suivante :

A ∙ 2π ∙ k ∙ R
m=
g

- m est la masse de la goutte


- A est la tension superficielle du liquide
- R est le rayon de l'orifice du compte-goutte
- g est l'intensité de la pesanteur
- k est le coefficient de forme du compte-goutte (coefficient numérique)

Cette expression se retrouve directement en égalisant l'expression du poids de la goutte


et celle de la force due à la tension superficielle au niveau du capillaire car au moment
précis où la goutte se détache, le poids de la goutte est égal aux forces capillaires :

P=F

⇔ mg = 2πrkA

On effectue alors les étapes décrites précédemment pour chacun des diamètres que l'on
mesure avec le pied à coulisse puis l'on exploite nos mesures pour deux liquides (Figure
9) à l'aide d'un graph (Figure 10).

Diamètre des Rayon r des Masse d'une goutte Masse d'une goutte
seringues (m) seringues (m) d'eau (kg) d'éthanol (kg)

0,00061 0,000305 0,0000100 0,0000045


0,00070 0,000350 0,0000120 0,0000055
0,00092 0,000460 0,0000165 0,0000060
0,00107 0,000535 0,0000185 0,0000070
0,00128 0,000640 0,0000205 0,0000075
0,00151 0,000755 0,0000255 0,0000090
0,00162 0,000810 0,0000270 0,0000095

Figure 9 - Tableau des mesures et valeurs déduites.

8
Graph de m=f(r)
4E-5
Eau
3E-5 y = 0,0315x + 1E-06
Éthanol
3E-5

2E-5
m (kg)

2E-5
y = 0,0095x + 2E-06
1E-5

5E-6

0E+0
2E-4 3E-4 4E-4 5E-4 6E-4 7E-4 8E-4 9E-4 1E-3
r (m)

Figure 10 - Graph de la masse de liquide en fonction du rayon.

Les graphs obtenus peuvent être approximés par des courbes de tendance linéaire ce qui
est cohérent avec la loi de Tate. En prenant les valeurs théoriques de tension superficielles
de l'eau et l'éthanol citées précédemment on peut déterminer la valeur du facteur k que
l'on considère commun à la série d'embouts. On a alors :

α$"% ∙ g 0,0315 ∙ 9,81


k $"% = = = 0,673
2π ∙ A$"% 2π ∙ 0,073

α$25. ∙ g 0,189 ∙ 9,81


k $25. = = = 0,674
2π ∙ A$25. 2π ∙ 0,022

Ces valeurs sont cohérentes entre elles par le faible écart qui les sépare, ce qui nous
permet de conclure sur une valeur de k qui est d'environ :

k = 0,67

Cette valeur pourrait alors être utilisée pour déterminer la tension superficielle d’un autre
fluide en utilisant la relation de la loi de Tate.

2. Écoulement des fluides

2.1. Écoulement à surface libre

2.1.1. Étude des pertes de charge dans un canal horizontal

Dans cette dernière partie on s'intéresse dans un premier temps à un écoulement à


surface libre. Pour cela, on travaille avec un canal horizontal (Figure 11) permettant
l’observation en régime stationnaire de l’écoulement d’eau en présence de différents

9
types d’obstacles ainsi que le passage du régime fluvial au régime torrentiel associé. Le
débit via un débit mètre qui renvoie 752 impulsions par litre peut être modifié en agissant
sur le Variac (transformateur homopolaire) d’alimentation de la pompe.

Figure 11 - Schéma du dispositif d'écoulement à surface libre.

2.1.1. Étude des pertes de charge dans un canal horizontal

Commençons par une observation des pertes de charges en absence d'obstacle et de saut.
La hauteur d’eau h en un point particulier du canal peut être mesurée directement ainsi
que la vitesse au niveau de la surface libre avec un tube de Pitot. La vitesse est alors
donnée par la relation suivante que l'on obtient à partir de la loi de Bernoulli (avec ℎ8/9:9
la hauteur de liquide dans le tube) en approximant ρ$"% <"!$=.#é$ ≈ ρ$"% :

ΔP = ρ$"% gh?.2@2

2 ∙ ΔP
v=† = ‡2gh?.2@2
ρ$"%

On pourra alors pour chacune de nos mesures déterminer le nombre de Froude Fr


correspondant (avec h la hauteur de la surface libre dans le canal) ainsi que l'énergie
mécanique E par unité de volume avec :
v
Fr =
ˆgh

1
E = ρ$"% gh + ρ$"% v *
2

Les résultats obtenus (Figure 12) nous permettent alors de tracer l'évolution de la densité
d'énergie E en fonction de la distance L par rapport à l'origine du canal (Figure 13).

10
L (cm) 𝐡𝐩𝐢𝐭𝐨𝐭 (cm) v (m/s) 𝐡 (cm) Fr E (J/m3)
0,01 0,30 0,242 2,80 0,46 302,9
0,25 0,35 0,262 2,70 0,51 298,0
0,65 0,40 0,280 2,50 0,57 283,3
0,98 0,60 0,343 2,20 0,74 273,6
1,21 0,70 0,370 2,05 0,83 268,7
1,35 0,90 0,420 1,80 1,00 263,8
1,46 1,15 0,475 1,50 1,24 258,9

Figure 12 - Tableau des mesures et valeurs déduites.

Perte énergétique du fluide dans le canal


310,0
305,0
Densité d'énergie mécanique (J/m3)

300,0
295,0
290,0
285,0
280,0
275,0
270,0
265,0
260,0
255,0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1,6
Longueur du canal (m)

Figure 13 - Graph de la densité d'énergie en fonction de la longueur du canal.

On observe ici clairement une perte de charge le long du canal à travers la baisse d'énergie
mécanique. Notons d'ailleurs que la valeur du nombre de Froude évolue de manière
croissante. Elle est inférieure à 1 sur les 135 premiers centimètres du canal, décrivant un
régime fluvial et elle est supérieure à 1 sur la fin du canal ou la vitesse est suffisamment
grande pour décrire un régime torrentiel. Toutefois, ce régime torrentiel n'est observable
uniquement à cause de la cascade se trouvant à la sortie du canal, créant ainsi une
accélération. On pourrait alors s'intéresser maintenant à ces mêmes aspects dans le cas
d'un obstacle créant un ressaut hydraulique (Figure 14).

A
C

Figure 14 - Schéma du ressaut hydraulique créé par l'obstacle (seuil rectangulaire).

11
Cette fois ci on peut essayer d'ajouter des incertitudes sur nos mesures (Figure 15). On
estime alors que l'incertitude sur la mesure de la hauteur Δh?.2@2 de liquide dans le tube
de Pitot à 1mm ce et l'erreur sur la vitesse est donc :

∂v 𝑔
Δv = Δh?.2@2 = † Δh
∂h?.2@2 2h?.2@2 ?.2@2

On peut ensuite dériver les incertitudes du nombre de Froude, ce qui nous donne (avec
Δh que l'on estime aussi à 1 mm) :

∂Fr ∂Fr 1 Δh
ΔFr = Δv + Δh = ŒΔv + (/* •
∂v ∂h ˆ𝑔ℎ 2ℎ

𝐡𝐩𝐢𝐭𝐨𝐭 (cm) v (m/s) 𝚫v (m/s) 𝐡 (cm) Fr 𝚫𝐅𝐫 E (J/m3)


A 0,3 0,24 0,04 6,0 0,32 0,10 615,5
B 3,7 0,85 0,01 0,7 3,25 0,04 429,9
C 1,0 0,44 0,02 1,9 1,03 0,05 283,3

Figure 15 - Tableau des mesures et résultats associées pour un ressaut hydraulique.

Nous constatons qu'en présence du seuil créant le ressaut hydraulique, il y a bien


évidemment toujours une perte de charge mais il y a surtout l'apparition d'un régime
torrentiel devant le ressaut hydraulique (Fr > 1). Après le ressaut, le régime est de
nouveau fluvial (Fr < 1). Ces régimes semblent clairement présents et différenciables
comme le montrent les intervalles d'erreur qui ne se superposent pas.

2.1.2. Déversoir à lame mince en V

Enfin, nous allons finalement nous intéresser à l'étalonnage du débit pour un déversoir à
la lame mince en V (Figure 16) afin d'étudier la relation entre le débit Q et la hauteur H
du liquide.

Figure 16 - Schémas du déversoir vu de profil (à gauche) et de face (à droite).

12
Commençons par retrouver le modèle théorique reliant ces deux grandeurs. Pour cela, on
applique le théorème de Bernoulli en faisant l'approximation que la pression en A et B est
égale à la pression atmosphérique. On a ainsi :

1 1
P1 + ρv1* + ρgy1 = P4 + ρv4* + ρgy4
2 2
1
⇔ ρgH = ρv * + ρgy
2

⇔ v(y) = ˆ2g(H − y)

En appliquant le théorème de Thales dans le triangle décrivant l'encolure du déversoir on


obtient :

x l
=
y h

Par un calcul intégral on remonte alors jusqu'à l'expression du débit :

J F(H)
Q= r r v(y)dxdy
, ,

=
J H
5
= ˆ2g r r ˆH − ydxdy
, ,

On pose le changement de variable suivant :

z=H−y

dz = −dy

Ce qui nous donne enfin :

J
l
Q = ˆ2g r yˆH − y dy
h ,

J
l
= ˆ2g r (H − z)√z dz
h ,

J J (
l )
= ˆ2g ”r Hz * dz − r z * dz•
h , ,

4 l '
= ˆ2g H *
15 h

13
On cherche donc à mesurer pour différents débits Q la hauteur de la lame d’eau (Figure
17). Par un graph approprié, on doit pouvoir vérifier si la relation théorique entre Q et H
est correcte. On remarque alors qu'en utilisant une échelle logarithmique on peut tracer
le logarithme du débit en fonction du logarithme de H (Figure 18) afin de comparer la
pente au modèle théorique qui devrait être égale à 5/2. En effet on a :

5 4 l
ln(Q) = ln(H) + ln Œ ˆ2g•
2 15 h

Pour le débit, on lit directement la valeur f en Hz affichée sur le débit mètre que l'on
convertit en m3/L de la manière suivante (en sachant qu'il y a 752 impulsions pour 1 L) :

f(Hz)
Q(m( /s) =
752 ∙ 10(

H (m) log(H) Q (m3/s) ln(Q)


0,021 -1,68 3,01E-05 -4,52
0,026 -1,59 6,78E-05 -4,17
0,032 -1,49 1,13E-04 -3,95
0,033 -1,48 1,19E-04 -3,92
0,035 -1,46 1,43E-04 -3,84
0,038 -1,42 1,62E-04 -3,79
0,040 -1,40 1,73E-04 -3,76

Figure 17 - Tableau des mesures des couples de valeurs de hauteur et de débit.

Graph de ln(Q)=f(ln(H))
-3,3
-1,75 -1,70 -1,65 -1,60 -1,55 -1,50 -1,45 -1,40 -1,35
-3,5

-3,7
ln(Q)

y = 2,5918x - 0,09
-3,9

-4,1

-4,3

-4,5

-4,7
ln(H)

Figure 18 - Graph de l'évolution de ln(Q) en fonction de ln(H).

Les mesures obtenues nous permettent bien d'effectuer une approximation linéaire de
nos valeurs en logarithme et la pente est tout à fais cohérente au modèle théorique et l'on
trouve :
Q ∝ H *,'L ≈ H '/*

14
Pour ce qui est de l'ordonnée à l'origine on est censé trouvé d'après le modèle (en
mesurant 4,5 cm pour l et 8 cm pour h) :

4 l
ln Œ ˆ2g• ≈ −0,4
15 h

Ce qui n'est pas cohérent avec la valeur de -0,09 obtenue grâce à notre approximation
linéaire. Nous avons ainsi probablement manqué de rigueur ou de précision lors des
mesures et notamment lors de la lecture du débit qui variait de manière importante sur
le débit mètre.

2.2. Aérodynamique en soufflerie ouverte

On dispose de trois souffleries, l’une ouverte et les deux autres à tunnel ainsi que de
plusieurs types d’anémomètres (à fil chaud ou différentiels). On s'intéresse alors ici à
l'étude de la soufflerie ouverte qui peut être munie d’embouts différents et peut-être
installée pour souffler à la verticale ou à l’horizontale avec un débit d’air qui est ajustable.

2.2.1. Lévitation d'une balle

Dans un premier temps, on place une balle de polystyrène expansée au-dessus de la


soufflerie en mode vertical (Figure 19).

Figure 19 - Schémas de l'effet de la soufflerie vertical sur la balle.

En plaçant la balle dans l'axe de la soufflerie, elle est en lévitation, le poids (P) est
compensé par les frottements de l'air (F). Si on écarte légèrement avec la main la balle de
cette position d'équilibre on applique une force (D) qui éloigne la balle de la région
centrale où la vitesse de l'air est maximale, et où la dépression est la plus forte. Ceci
s'exprime d'ailleurs par le théorème de Bernoulli. Il y a donc une nouvelle force (B) qui
apparait sur la balle et la ramène dans la position initiale. Si on incline ensuite légèrement
le flux d'air, la balle reste dans le flux, sans tomber jusqu'à un certain angle. La balle subit
ici une force (B) due à la différence de pression entre l'axe du flux d'air et l'endroit où se
trouve la balle qui permet de la maintenir dans ce flux

15
2.2.2. Tube de Pitot

On place maintenant la soufflerie horizontalement et l'on commence par placer devant sa


sortie un tube de Pitot. Nous allons alors ici pour différentes valeurs de la vitesse de l’air
v, mesurées grâce à l’anémomètre à fil chaud, déterminer au moyen d’un manomètre
différentiel la différence de pression ∆P entre la prise dynamique frontale et la prise
statique latérale du tube de Pitot (Figure 20). L'objectif et ici de vérifier la
proportionnalité entre ∆P et v2 (Figure 21) et d'en déduire une mesure de la masse
volumique de l’air.

∆P (Pa) v2 (m2/s2) v (m/s)


23 43,56 6,60
27 47,61 6,90
32 54,76 7,40
40 60,06 7,75
45 67,24 8,20
51 75,69 8,70
60 86,12 9,28
67 94,87 9,74
82 116,64 10,80
72 98,01 9,90
89 123,21 11,10
139 190,44 13,80

Figure 20 - Tableau de mesures de pression et de vitesse.

Tube de Pitot en souflerie ouverte


160
140
y = 0,7881x - 8,9155
120
100
ΔP (Pa)

80
60
40
20
0
20 40 60 80 100 120 140 160 180 200
v (m/s)

Figure 21 - Graphe de la pression en fonction de la vitesse de l'air.

Les données mesurées nous permettant d'effectuer une approximation linéaire


confirmant bien la relation de proportionnalité entre ∆P et v2. Théoriquement, dans le cas
d'un régime laminaire pour le tube de Pitot, on peut appliquer Bernoulli entre deux points.
Un premier point au bout du tube où la vitesse est nulle et où il est possible de mesurer

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une pression et un autre point donnant accès au côté du tube pour mesurer la pression
(qui soit suffisamment loin du premier point pour considérer que la vitesse est égale à
celle du fluide en amont du tube). On peut ainsi écrire :

1
P1 = P4 + ρv4*
2

1
⇔ ΔP = ρv²
2

⇔ ρ = 2 ∙ 0,788 = 1,58 kg/m(

On s’attend à une valeur de 1 pour la masse volumique de l’air, la différence peut être due
au mauvais positionnement du tube de Pitot ou encore au fait que le flux d’air de la
soufflerie ne soit en réalité pas parfaitement laminaire.

2.2.3. Tube de Venturi

A débit d’air constant, on utilise un tube de Venturi (Figure 22) pour mesurer la différence
de pression entre des sections différentes du tube grâce à un manomètre différentiel relié
entre deux points du tube de Venturi. L'objectif est ici d'exploiter les mesures (Figure 23)
et d'expliquer les différences existantes entre zone de rétrécissement et zone
d’élargissement. Pour cela, on prend comme pression de référence la pression en sortie
du tube. La vitesse en sortie est de 10m/s.

Figure 22 - Schéma du tube de Venturi.

Sortie i 0 1 2 3 4 5 6 7
ΔPi
0 0,19 0,75 2,51 0 -0,56 -0,78 -0,87
(mBar)

Figure 23 - Tableau de mesure des différences de pression.

On observe que la différence de pression augmente au fur et à mesure du rétrécissement


puis diminue (augmente négativement) lorsque le rayon du tube augmente de nouveau.
Ceci est cohérent au modèle théorique que l'on pourrait écrire à l'aide de la relation de
Bernoulli entre le point de référence et un point i en négligeant la gravité :

17
1 1
P, + ρv,* = P. + ρv.*
2 2

La conservation du débit à travers des surfaces circulaires nous donne :

r,*
v, ∙ πr,* = v. ∙ πr.* ⇒ v. = v, *
r.
Ce qui nous donne enfin :
1
∆P = ρ(v.* − v,* )
2

1 * r,*
∆P = ρv, ” * − 1•
2 r.

Le signe de la différence de pression ΔP nous renseigne sur les rayons des points de
mesures. Lorsque ΔP est positif, on a ri < r0, et lorsque que ΔP est négatif, c’est l'inverse,
on a ri > r0. Expérimentalement, les résultats suivent bien cette tendance. Par exemple
entre le point 1 et le point 0, le rayon s'agrandi (r1 < r0) et on a bien ΔP = ΔP1 – ΔP0 =
0,19 mBar qui est positif. Inversement, entre les points 3 et 4 le rayon diminue (r4 > r3),
et on a ΔP = ΔP4 – ΔP3 = - 2,51 mBar qui est négatif. Toutefois, les valeurs ne suivent pas
parfaitement la formule trouvée. En effet les rayons r0 et r4 sont différents et pourtant ils
sont à la même pression. Ces différences avec le modèle peuvent éventuellement
s'expliquer par le fait que l'écoulement dans cette configuration ne peut pas être
considéré comme celui d'un fluide parfait.

Finalement l'incompressibilité d'un fluide implique que le débit volumique dans une
conduite de section variable est constant. Dans un rétrécissement, la vitesse augmente,
dans un élargissement, elle diminue. Le théorème de Bernoulli montre alors que la
pression diminue à la sortie d'un rétrécissement due à l’accélération du fluide qui résulte
de la surpression due au rétrécissement. C'est justement l'effet Venturi que l'on vient
d'observer.

2.2.4. Aile d'avion

Pour cette dernière expérience, on étudie une aile d’avion (Figure 24) perforée en une
série de points sur l’intrados et extrados qui, par des embouts, permettent des mesures
de pression différentielles (Figure 25). L'objectif est ici de retrouver le phénomène de
portance. L’aile est ici inclinée d’un angle d’environ 10° et la vitesse incidente est de
7,75m/s.

Figure 24 - Schéma du tube de Venturi.

18
Point i 0 1 2 3 4 5 6 7 8
ΔPi
0 0,76 0,70 0,59 0,51 0,40 0,38 0,34 0,29
(mBar)

Figure 25 - Tableau de mesure des différences de pression.

On observe que la pression est plus importante en dessous de l’aile qu’en dessus. C'est
cette dépression qui permet alors la présence d’une force de portance orienter vers le
haut permettant à l'aile de faire voler un avion par exemple. Il aurait aussi pu être
intéressant d'incliner l’aile pour visualiser le décrochage à l’aide du fil de laine fixé sur
l’extrados de l’aile mais nous n'avons pas eu le temps nécessaire pour terminer cette
manipulation.

Conclusion
Finalement, ce TP nous auras permis de revoir quelques lois incontournables de la
mécanique des milieux continus à travers le travail de préparation (Annexe 1, p.20-21).
Bien que nous n'ayons pas eu le temps de réaliser l'ensemble des manipulations
proposées nous avons réussi à déterminer la viscosité d'un fluide grâce au vase de
Mariotte et de vérifier de manière satisfaisante les lois de Jurin et de Tate. Nous avons
ensuite pu effectuer l'étude d'un écoulement en surface libre puis celle d'une soufflerie
ouverte associée à divers dispositifs comme le tube de venturi ou une aile d'avion.
Toutefois un travail plus approfondi des incertitudes aurait pu être réalisé sur nos
mesures afin d'apporter plus de crédibilité à nos interprétations.

19
Annexe 1 - Travail de préparation
Parmi les différentes questions du travail de préparations, certaines n'ont pas été utilisées
précédemment étant donné que nous n'avons pas réalisé la totalité des expériences
proposées. Ainsi, les questions qui ne sont pas intervenues jusqu'à présent dans le rapport
sont traitées dans cette annexe.

LOI DE LAPLACE

Pour une goutte sphérique de rayon R, de tension de surface A et la différence de


pression ΔP entre extérieur et l’intérieur on peut écrire que le travail des forces de
tension de surface est :
δW1 = AdS = A 8πRdr

De même, le travail des forces de pressions est :

δWM = −ΔPdV = −ΔP 4πR* dr

À l'équilibre on a ainsi :
δW1 + δWM = 0

⇔ A 8πRdr = ΔP 4πR* dr

2A
⇔ ΔP =
R

CANAL D'ÉCOULEMENT INCLINÉ

Figure A - Schéma du canal d'écoulement incliné.

On suppose le fluide parfait, l'écoulement laminaire et irrotationnel. On peut appliquer le


théorème de Bernoulli à une ligne de courant avec une constante identique dans tout le
fluide :

1 1
P1 + ρv1 * + ρgz1 = P4 + ρv4 * + ρgz4
2 2

20
De plus on a :

Q = v1 h1 l = v4 h4 l

z1 = L ∙ sin(α) + h1

z4 = h1

P1 = P4 = P"23

Ce qui nous donne :

1 Q * 1 Q *
ρ Œ • + ρg(L ∙ sin(α) + h1 ) = ρ Œ • + ρgh4
2 h1 l 2 h4 l

1 1
⇔ Q* ” * − *• = 2g(L ∙ sin(α) + h1 − h4 )l*
h4 h1

2g(L ∙ sin(α) + h1 − h4 )
⇔ Q = h1 h4 l†
h1 * − h4 *

On alors un premier régime dans le cas où h1 ≫ h4 tel que :

Q 2g(L ∙ sin(α) + h1 − h4 ) 2g
v= = h1 † = h1 † = ˆ2gh1
h4 l h1 * − h4 * h1

v h1
FN = = √2† → ∞
ˆgh4 h4

Et le second régime est obtenu lorsque l'on a h1 ≪ h4 :

Q 2g(L ∙ sin(α) + h1 − h4 ) 2g
v= = h1 † * * = h1 †
h4 l h1 − h4 h4

v h1
FN = = √2 →0
ˆgh4 h4

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