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Master M1 de Physique Appliquée et Mécanique — P-PAM-407A Université Paris-Sud 11

Examen de Méthodes Expérimentales en Mécanique des Fluides


31 octobre 2013

Durée : 3 heures - sans document.

1 Un écoulement tournant
On considère un volume d’eau, de masse volumique ρ et viscosité dynamique µ, dans un récipient cylin-
drique de rayon R = 10 cm et de hauteur H = 10 cm, que l’on peut mettre en rotation autour de son axe
de symétrie. Le fluide est initialement au repos. Le récipient est mis en rotation à la vitesse angulaire Ω,
constante.

~

~eθ
~er

r
θ

H
R ~
Ω R

Figure 1: Dispositif expérimental vue de face, à gauche, et de dessus, à droite.

1. Dans les tous premiers instants de l’expérience, le récipient tourne mais le volume fluide est en-
core immobile. Après plusieurs minutes d’expérience, le fluide est globalement en rotation avec le
récipient. Comment interpréter cette observation?
2. On souhaite caractériser le régime permanent. Pour cela, on injecte continûment de l’encre à l’aide
d’une seringue en un point particulier du volume. On réitère l’expérience pour différentes distances
r à l’axe de rotation, et à différentes altitudes z. Quelle sorte de lignes révèle-t-on ainsi?
3. Quelle autre technique aurait-on pu utiliser, dans l’eau, pour réaliser la même visualisation?
4. Donner au moins deux raisons pour lesquelles une visualisation par ombroscopie n’est pas adaptée
dans le cadre de cette expérience.
5. L’encre injectée par la seringue forme rapidement des ondulations à l’interface encre/fluide1 , puis
un chapelet de tourbillons plus en aval. Comment peut-on interpréter cette observation?
6. L’injection simultanée d’encre en deux points distants r1 et r2 > r1 , à une même altitude z, révèle la
formation de deux cercles concentriques, centrés sur l’axe de rotation du récipient, qui se referment
1 Qui n’est pas l’interface fluide/air.

1
en même temps au bout d’un temps ∆t = 5 s. Montrer que le champ de vitesse est nécessairement
de la forme:
~v (~r, t) = αr ~eθ (1)
où ~eθ est le vecteur unitaire azimuthal et α une constante.

7. Quelle est la valeur numérique de α?

8. Comment appelle-t-on le type d’écoulement décrit par le champ de vitesse (1)? Que représente
alors α?

9. La vorticité d’un tel écoulement est-elle nulle? On rappelle l’expression du rotationnel en coor-
données cylindriques:
     
~ A
rot ~ = 1 ∂Az − ∂Aθ ~er + ∂Ar − ∂Az ~eθ + 1 ∂(rAθ ) − 1 ∂Ar ~ez .
r ∂θ ∂z ∂z ∂r r ∂r r ∂θ

10. On dépose une petite bille de polystyrène à la surface du fluide. A la lumière des résultats
précédents, quel mouvement s’attend-on à observer pour la bille?

11. Une inspection de la surface révèle qu’elle est incurvée. On désire en déterminer la forme. On note
(R′ ) le référentiel en rotation avec le récipient. On négligera dans ce qui suit la tension de surface.

(a) Dans (R′ ), une particule fluide est immobile. Quelles forces agissent sur elle?
(b) L’équation d’Euler dans (R′ ) s’écrit:
 
∂~v
ρ + (~v · ∇) ~v = −∇P + ρ~g + ρrΩ2 ~er + µ∆~v . (2)
∂t

Rappeler la siginification physique de chacun des termes de l’équation.


(c) Déduire de l’équation d’Euler la forme que prend la relation de Bernoulli dans (R′ ). On
rappelle que:
∇v 2 /2 = (~v · ∇) ~v + ~v ∧ rot ~v .

(d) Pourquoi peut-on considérer l’interface comme une ligne de courant?


(e) Déduire de ce qui précède que l’interface prend une forme parabolique.
(f) Ecrire la différence d’altitude ∆z de l’interface entre le centre et les bords du récipient. Com-
ment ∆z dépend-il de R et Ω?
(g) En pratique, la forme de l’interface s’écarte de la forme parabolique près des bords. Quelle en
est la raison?

12. On désire mesurer la pression sur le bord du récipient. Quelles modifications de l’expérience
proposeriez-vous d’apporter afin de pouvoir réaliser cette mesure?
13. Quel devrait être, selon vous, l’ordre de grandeur de la pression détectée sur un élément de surface
dS à la paroi du récipient? On exprimera cette valeur en fonction des données du problème.

2 Mesures par LDV


Afin de tester expérimentalement la validité du profil de vitesse ~v (~r) = αr~eθ pour 0 ≤ r ≤ R de
l’écoulement étudié dans la partie 1, on souhaite mettre en oeuvre une mesure de LDV par rétro-diffusion
montée sur un système de déplacement radial. La longueur d’onde du Laser est λ = 532 nm, le diamètre
des faisceaux est de 0.9 mm, et l’angle entre les 2 faisceaux est de θ = 15o . On rappelle que la distance
interfrange est donnée par Λ = λ/(2 sin(θ/2)). L’écoulement est ensemencé de particules (billes de verre
creuses, diamètre 15 µm, densité 1.05 g cm−3 ).

1. Rappeler (en une dizaine de lignes maximum), le principe de la LDV selon le modèle des franges.

2
2. Comment orienter l’axe optique du système de LDV ? (justifiez soigneusement votre réponse).
Faire un schéma représentant la cuve en rotation et le système optique, en faisant figurer les deux
faisceaux Laser, le détecteur (photomultiplicateur), le volume de mesure (intersection des faisceaux)
ainsi que les différentes lentilles.
3. Estimer l’ordre de grandeur du nombre de franges dans le volume de mesure (intersection des
faisceaux).
4. Calculer l’ordre de grandeur de la fréquence du signal d’intensité lumineuse collecté, dans le cas de
mesures proches du centre ou proches de la périphérie de la cuve, lorsque Ω = 60 tours/min.
5. Quelle est la densité optimale de particules (exprimée en nombre de particules par cm3 ) pour
obtenir un signal de vitesse en permanence ?
6. Dans le régime transitoire (mise en rotation de la cuve), les composantes vr et vz de la vitesse
sont également non nulles. Expliquer comment orienter les faisceaux laser pour mesurer ces deux
composantes, et discuter dans chaque cas les éventuelles difficultés optiques rencontrées.
7. Danspce régime transitoire, il apparait près des parois des couches limites d’épaisseur caractéristique
δ ≃ ν/Ω, où ν = 10−6 m2 s−1 est la viscosité cinématique de l’eau. Est-il possible de mesurer les
profils de vitesse dans ces couches limites avec ce système ?

Thermométrie à fil froid


Afin d’étudier les propriétés de transfert de chaleur dans un écoulement turbulent d’air, on souhaite
mesurer la corrélation entre les fluctuations locales de température et de vitesse. Pour cela, il est nécessaire
de disposer d’une mesure instantanée en un même point de ces fluctuations (voir la Figure 2).

Vitesse (m/s)
4

3
Temperature (°C)

45

40

35

30
0 1 2 3 4 5
temps (s)

Figure 2: Exemple de signaux simultanés de température et de vitesse, mesurés par fil froid et chaud
respectivement.

Pour réaliser les mesures de température, il est possible d’utiliser un dispositif classique d’anémo-
mètre à fil chaud comme simple thermomètre. En l’absence de chauffage, la température du fil Tw
est simplement égale à la température locale instantanée du fluide environnant T0 , et il suffit alors de
mesurer la résistance Rw (Tw ) du fil afin d’en déduire cette température. Cette technique porte le nom
de thermométrie à fil froid. La mesure couplée des fluctuations de vitesse et de température s’obtient
alors en basculant à haute fréquence l’asservissement électronique du fil, entre asservissement fil froid
(thermométrie) et fil chaud (anémométrie).
Le fil utilisé a une longueur ℓ = 1 mm et un diamètre d = 5 µm. La loi de variation de la résistance
avec la température est donnée par :

Rw (Tw ) = R0 (1 + α(Tw − T0 )),

3
avec T0 = 40o C la température moyenne de l’air, R0 = 150 Ω, et α = 6 10−3 K−1 . Pour mesurer
cette résistance Rw , il suffit de faire circuler un faible courant constant Iw dans le fil et de mesurer la
tension E = Rw Iw à ses bornes. Cependant, ce courant de mesure Iw , s’il n’est pas suffisament faible,
peut engendrer une surchauffe ∆T = Tw − T0 du fil. Il faut donc s’assurer que cette surchauffe ∆T soit
faible comparée aux fluctuations T ′ que l’on souhaite mesurer : dans le cas contraire, le thermomètre se
comporterait comme un classique anémomètre à fil chaud.
On rappelle l’expression de la puissance dissipée par le fil :

Rw Iw2 = πℓkf ∆T Nu,

avec la conductivité thermique de l’air (les valeurs numériques sont données dans le tableau 1), et Nu
le nombre de Nusselt. On négligera les variations de kf avec T . La loi de transfert de chaleur pour le fil
chaud est donnée par le nombre de Nusselt :
p
Nu = 0, 7 + 1, 2 Rew ,

où Rew est le nombre de Reynolds basé sur le diamètre du fil.

1. D’après la figure 2, donner l’ordre de grandeur de l’écart-type des fluctuations de vitesse et de


température. Que vaut le taux de turbulence ?

2. Rappeler l’expression de la loi de King, reliant la tension de mesure aux bornes du fil chaud à la
vitesse du fluide.

3. Que pensez-vous de la calibration du fil chaud dans un tel écoulement à température variable ?
Décrivez le protocole de calibration dans ce cas.

4. Dessiner l’allure du champ de vitesse et des isothermes au voisinage du fil (toujours en fonction-
nement fil chaud).
5. Rappeler la signification du nombre de Nusselt Nu. Calculer Rew et Nu, et en déduire la puissance
moyenne dissipée ainsi que le courant électrique Iw en fonctionnement fil chaud avec Tw = 180o C.

6. Montrer que, selon certaines hypothèses que l’on précisera, seule la composante de la vitesse alignée
selon l’écoulement moyen est mesurable.

7. On considère maintenant le fonctionnement en mode fil froid. Calculer l’ordre de grandeur des

fluctuations de résistance Rw (t) à mesurer si l’on souhaite connaı̂tre les fluctuations de température
de l’air T (t) avec une précision de 0,02o C.

8. En déduire le courant maximum Iw,max utilisable pour que la sonde soit sensible à de telles fluc-
tuations, et l’ordre de grandeur des fluctuations de tension à mesurer.

9. Plutôt que d’effectuer les deux mesures à partir du même fil, une autre méthode pourrait consister
à disposer deux fils côte à côte, le premier fonctionnant en fil chaud et le second en fil froid. Décrire
les avantages et inconvénients de cette autre méthode par rapport à celle étudiée ici.

Densité air ρ = 1, 2 kg.m−3


Viscosité cinématique ν = 1, 5 10−5 m2 .s−1
Conductivité thermique air kf = 2, 4 10−2 W.K−1 .m−1
Conductivité thermique fil kw = 155 W.K−1 .m−1
Résistance du fil Rw = 150 Ω

Table 1: Propriétés physiques de l’air et du fil chaud.

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