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AERODYNAMIQUE DE L’INGENIEUR
Mondher YAHYAOUI, Ph.D.
1
Table des matières
i
M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
ii
M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
iv
M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
v
M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
La pression est une mesure de la quantité de mouvement transférée par chocs des molécules de fluides vers
l’élément de surface, par unité de temps et par unité de surface.
1. Différentes formes de pression
Un écoulement est le mouvement d’une certaine masse de fluide. Le mouvement de chaque molécule peut être
considéré comme la superposition de deux mouvements :
- le mouvement individuel aléatoire propre à chaque molécule
- ⃗ ) que représente l’écoulement.
le mouvement collectif orienté (dans le sens de la vitesse locale 𝑉
La pression est une mesure de la quantité de mouvement transférée par les particules de fluide vers l’élément de
surface, par unité de temps et par unité de surface, suite à des chocs de ces particules contre la surface.
Suivant que le mouvement individuel des molécules ou le mouvement collectif soit à l’origine du transfert de
quantité de mouvement on distingue :
a. La pression statique
C’est la pression provenant de la quantité de mouvement associée avec le mouvement individuel aléatoire des
molécules. Elle peut être mesurée par une sonde qui se déplace à la vitesse locale de l’écoulement ou par une prise
de pression par rapport à laquelle l’écoulement passe tangentiellement. La dernière approche est celle utilisée en
pratique mais le principe est le même. Il s’agit de neutraliser la contribution du mouvement collectif des particules
de fluide au transfert de quantité de mouvement à la surface qui constitue la prise de pression.
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M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
𝑅⃗ = − ∬ 𝑝𝑛⃗𝑑𝑆 + ∬ 𝜏𝑆 𝑡𝑑𝑆
Où 𝑡 et 𝑛⃗ sont les vecteurs unitaires, respectivement tangentiel et normal à l’élément de surface mouillée. Le signe
moins devant la première intégrale s’explique par le fait que la pression et le vecteur unitaire normal sortant sont
de signes opposés.
En aérodynamique, on se place souvent dans le contexte d’un avion fixe dans un écoulement d’air dont la vitesse
⃗∞ = −𝑉
à l’infini amont est 𝑉 ⃗𝑣 au lieu du contexte réel de l’avion en mouvement dans un air stagnant, à une vitesse
⃗𝑣 . La résultante aérodynamique est la même dans les deux cas.
vraie 𝑉
La résultante aérodynamique agit au centre de poussée et, en vol symétrique, admet deux composantes :
• une composante parallèle à et de même sens que 𝑉⃗∞ appelée traînée (𝐷).
• une composante orthogonale à 𝑉 ⃗∞ appelée portance (𝐿).
𝐿 = 𝑅⃗ ∙ 𝑘⃗ = − ∬ 𝑝𝑛⃗ ∙ 𝑘⃗ 𝑑𝑆 + ∬ 𝜏𝑆 𝑡 ∙ 𝑘⃗𝑑𝑆
⏟
𝑛é𝑔𝑙𝑖𝑔𝑒𝑎𝑏𝑙𝑒
𝐿 ≅ − ∬ 𝑝𝑛⃗ ∙ 𝑘⃗𝑑𝑆
La portance est due principalement à la différence de pression entre l’intrados et l’extrados de l’avion et c’est la
voilure (l’ensemble des deux ailes) qui fournit la majeure partie.
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M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
𝑅⃗
𝑝 − 𝑝∞
∬ 𝑝, 𝜏𝑆
⃗∞
𝑉 𝜏𝑆 𝛼 C.P.
⃗∞
𝑉
𝐿 𝑅⃗
𝑧 𝑝
𝑛⃗
𝑘⃗
⃗∞
𝑉 𝑑𝑆 𝑑𝑆 𝑡
𝑂 𝑖 𝑥 𝐷 𝜏𝑆
C.P.
La traînée est composée de deux parties : une traînée de pression (𝐷𝑝 ) et une traînée due aux frottements (𝐷𝑓 ).
D’autres formes de la traînée, notamment la traînée induite en subsonique et la traînée d’onde en transsonique et
supersonique, seront introduites dans d’autres chapitres. Ces deux formes de traînée sont aussi associées, d’une
manière indirecte, avec la pression. Dans certains cas de vol asymétrique (vol en dérapage) il existe une troisième
composante de force transversale (𝐹𝑦 ).
𝑥, axe de roulis
CG
𝑀
𝑁
𝑦, axe de tangage
𝑧, axe de lacet
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M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
Une alternative à cette approche serait de résoudre numériquement les équations de Navier-Stokes autour de l’objet
en question et obtenir toutes les forces d’un seul coup. Ce genre de calcul se fait en général par usage d’un logiciel
de CFD (Computational Fluid Dynamics) bien testé et validé.
3. Forme générale des forces aérodynamiques
En général la force (𝐹) qui agit sur un objet en mouvement dans un fluide non visqueux dépend de :
• La masse volumique du fluide (𝜌).
• La vitesse du mouvement de l’objet (𝑉).
• La taille de l’objet (𝑙).
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M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
B.A.
Corde
𝛼
⃗∞
𝑉
𝑆
B.F.
𝑦
Tourbillon marginal
𝑧
𝑧 𝑏 ⁄2 ou de bout d’aile
⃗∞
𝑉 𝑦
Dans un écoulement en tourbillon (Figure 1.6) la vitesse radiale est nulle alors que la composante tangentielle est
donnée par :
𝑐 𝑟 𝑠𝑖 𝑟 𝑓𝑎𝑖𝑏𝑙𝑒
𝑢𝜃 = { 1 (6)
𝑐2 ⁄𝑟 𝑎𝑢𝑡𝑟𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡
𝑢
⃗
𝑢𝜃
𝑟
𝑐1 𝑟 𝑐2 ⁄𝑟
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M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
La solution correspondant à 𝑟 faible est obtenue par résolution des équations de Navier-Stokes (effet de viscosité
important) alors que l’autre solution est la solution aux équations d’Euler (effet de viscosité négligé). Il existe
d’autres modèles mathématiques pour la représentation d’un écoulement en tourbillon mais celui-ci est le plus
souvent utilisé.
Sur une voilure d’envergure finie, les tourbillons dominants sont ceux créés autour du bord d’attaque et autour des
bouts d’ailes. Puisque le bord d’attaque et les saumons des ailes ont des rayons de courbure pas très faibles, c’est
la deuxième solution pour 𝑢𝜃 qui est retenue en aérodynamique des ailes.
La contrainte de cisaillement, qui représente les frottements, est dans ce cas donnée par :
𝜕𝑢𝜃 1
𝜏=𝜇 ∝ 2
𝜕𝑟 𝑟
Où 𝜇 est le coefficient de viscosité dynamique.
Puisque les frottements sont inversement proportionnels au carré de r (la distance radiale mesurée à partir du centre
du tourbillon, il y a intérêt à augmenter les rayons de courbure du bord d’attaque pour réduire les pertes d’énergie
par frottement que subit l’écoulement autour du bord d’attaque et retarder ainsi le phénomène de décrochage. Les
volets de bord d’attaque sont fondés sur cette idée.
b. Écoulement autour d’un cylindre circulaire sans et avec circulation
Soit l’écoulement permanent, incompressible et non visqueux autour d’un cylindre (Figure 1.7-a).
𝑝𝐵 = 𝑝𝐴 𝑝𝐵 𝐹
B
B ԡ𝑢
⃗ 𝐵 ԡ = ԡ𝑢
⃗ 𝐴ԡ ԡ𝑢
⃗ 𝐵 ԡ > ԡ𝑢
⃗ 𝐴ԡ
Γ
⃗∞
𝑉
⃗∞
𝑉 A
A 𝑝𝐴 > 𝑝𝐵
ԡ𝑢
⃗ 𝐴 ԡ > 𝑉∞
𝑝𝐴 (a) (b)
Figure 1.7 : Écoulement autour d'un cylindre : (a) sans circulation (b) avec circulation.
La symétrie fait que la répartition de la pression est symétrique. De ce fait la portance est nulle.
Remarque :
La traînée est aussi nulle et ceci est connu en mécanique des fluides comme le paradoxe de d’Alembert. Ce résultat,
qui ne correspond pas à la réalité, est dû à l’hypothèse d’un écoulement non visqueux, adoptée dans la théorie de
circulation.
On suppose maintenant que le même cylindre est soumis, en plus de l’écoulement unidirectionnel initial, à l’action
d’un tourbillon dont le centre coïncide avec celui du cylindre et tournant dans le sens horaire (Figure 1.7-b). Sur
la partie supérieure du cylindre, les vitesses dus au tourbillon s’ajoutent à celles dus à l’écoulement initial alors
que sur la partie inférieure les vitesses se retranchent. De ce fait, les vitesses sur la moitié supérieure du cylindre
seront plus importantes que celles sur la moitié inférieure. Les pressions en contrepartie seront, d’après l’équation
de Bernoulli, plus importantes sur la moitié inférieure du cylindre, résultant en une portance non nulle (𝐹). Ceci
nous amène à un théorème important de la mécanique des fluides, le théorème de Kutta-Joukowski.
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M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
c. Théorème de Kutta-Joukowski
La force qui agit sur un cylindre de section quelconque1 et d’envergure infinie (Figure 1.8) qui est soumis à la
superposition d’un écoulement incompressible uniforme de vitesse 𝑉 ⃗∞ et d’un tourbillon de circulation 𝛤 est
donnée par :
⃗∞ ∧ 𝛤
𝐹 = 𝜌𝑉 (7)
⃗∞ ∧ Γ
𝐹 = 𝜌𝑉
𝑧
𝑦
⃗∞
𝑉
Figure 1.8 : Illustration du théorème de Kutta-Joukowski sur une aile droite d'envergure infinie.
On peut déterminer une expression de la circulation 𝛤 (qui est une mesure de l’intensité d’un tourbillon) à partir
de l’égalité entre les deux différentes formes de la portance de tout profil de l’aile finie. L’expression de Kutta-
Joukowski pour la portance, qui est valable dans le cas d’une aile d’envergure infinie, est utilisée dans le cas d’un
profil d’une aile d’envergure finie. L’effet tridimensionnel, qui sera étudié en détail ultérieurement, est
principalement une diminution de l’incidence effective des profils est donc une diminution du coefficient de
portance. On suppose que cet effet est pris en compte dans la valeur de 𝐶𝐿 . On a donc :
1
𝜌𝑉∞ 𝛤 = 𝐶𝐿 𝜌𝑉∞2 𝑐
2
Soit :
𝐶𝐿
𝛤= 𝑉𝑐 (8)
2 ∞
Cette expression de la circulation montre que l’intensité des tourbillons de sillage d’un avion est proportionnelle
au coefficient de portance (important au décollage et à l’atterrissage), à la vitesse de vol et à la corde du profil
(importante pour un gros avion). Pour cela il est dangereux pour un avion (notamment un petit avion) de décoller
juste après un autre, surtout un gros transporteur.
II. Paramètres géométriques définissant une voilure
Les caractéristiques aérodynamiques d’une voilure (l’ensemble des deux ailes) d’avion sont déterminées par un
certain nombre de paramètres géométriques relatifs à son profil (Figure 1.9 et 1.10) et d’autres relatifs à sa forme-
en-plan (Figure 1.11).
Un profil est obtenu en prenant une coupe d’une des ailes à l’aide d’un plan orthogonal à la ligne des foyers d’une
aile (Figure 1.9).
1 Contrairement au sens commun, un cylindre n’a pas forcément une section circulaire.
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M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
CG Plan orthogonal à la
ligne des foyers de
Profil
l’aile.
𝑧 𝑧𝑚𝑎𝑥
Extrados
𝑧(𝑥 ) : équation de l’ossature
𝑒𝑚𝑎𝑥
Corde
𝑟0 𝜃𝐵𝐹
𝑥
Bord d’attaque
(𝑥 = 0) 𝑥𝑧𝑚𝑎𝑥 Bord de fuite
Intrados
(𝑥 = 𝑐)
𝑥𝑒𝑚𝑎𝑥
- La corde est le segment de droite qui joint le bord d’attaque (point extrême avant) et le bord de fuite (point
extrême arrière).
- L’intrados et l’extrados sont les surfaces inférieure et supérieure du profil
- L’ossature (dite aussi ligne de cambrure ou ligne médiane) est la ligne équidistante de l’intrados et de
l’extrados.
- La cambrure ou courbure est la distance entre l’ossature et la corde. Elle prend la valeur zéro au bord d’attaque
et au bord de fuite.
Les paramètres géométriques relatifs au profil qui ont une grande influence sur les caractéristiques aérodynamiques
d’une aile sont (les grandeurs barrées sont des grandeurs physiques divisées par la longueur de la corde, 𝑐) :
- La courbure maximale relative (𝑧̅𝑚𝑎𝑥 , donnée en pourcentage de 𝑐) et sa position par rapport au bord
d’attaque (𝑥̅ 𝑧𝑚𝑎𝑥 , en pourcentage de 𝑐 aussi).
- L’épaisseur maximale relative (𝑒̅𝑚𝑎𝑥 , en pourcentage de 𝑐) et sa position par rapport au bord
d’attaque(𝑥̅ 𝑒𝑚𝑎𝑥 , en pourcentage de 𝑐).
- Le rayon de courbure du bord d’attaque (𝑟̅0 , en pourcentage de 𝑐)
- L’angle entre l’intrados et l’extrados au niveau du bord de fuite. Cet angle indique combien pointu est le
profil au bord de fuite.
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M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
Les paramètres d’importance relatifs à la forme-en-plan des ailes (Figure 1.12) sont :
- L’allongement géométrique (A), défini par :
𝑒𝑛𝑣𝑒𝑟𝑔𝑢𝑟𝑒 𝑏
𝐴= = (9)
𝑐𝑜𝑟𝑑𝑒 𝑔é𝑜𝑚é𝑡𝑟𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛𝑛𝑒 𝑐̅𝑔
Puisque :
𝑐̅𝑔 = 𝑆⁄𝑏
On obtient la formule la plus souvent utilisée dans les calculs aérodynamiques :
𝐴 = 𝑏 2 ⁄𝑆 (10)
S étant la surface alaire
- La flèche, définie par l’angle Λ ; l’angle entre la projection de la ligne 𝑐 ⁄4 de l’aile droite sur le plan (𝑥, 𝑦),
et l’axe des 𝑦.
On note que, dans le repère avion, l’axe des 𝑥 est l’axe longitudinal de l’avion et que l’axe des 𝑦 passe par le
centre de gravité de l’avion, est orthogonal à son plan de symétrie (qui est le plan (𝑥, 𝑧)) et pointe vers la
droite. Il faut donc noter la différence avec le repère aérodynamique (Figure 1.10) dans lequel l’axe des 𝑥 est
orienté vers l’arrière et celui des 𝑧 vers l’extrados et non pas vers l’intrados de l’avion.
La flèche est dite positive (Λ positif) si les ailes sont orientées vers l’arrière et négative dans le cas contraire.
- L’effilement, défini par :
𝐶𝑜𝑟𝑑𝑒 𝑑′𝑒𝑥𝑡𝑟é𝑚𝑖𝑡é 𝑐𝑒𝑥𝑡
𝜆= = (11)
𝑐𝑜𝑟𝑑𝑒 à 𝑙′𝑒𝑚𝑝𝑙𝑎𝑛𝑡𝑢𝑟𝑒 𝑐𝑒𝑚𝑝
- Un autre paramètre qui a une influence importante sur les propriétés aérodynamiques de la voilure est le
vrillage des ailes. Ce dernier est réalisé par diminution de l’angle de calage des sections de l’aile de la racine
vers l’extrémité.
L’angle de calage d’une section est défini comme l’angle entre sa corde et un axe longitudinal de référence
de l’avion.
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M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
𝑐𝑟
𝑐𝑒 𝜃𝑟
𝑦
Λ Axe de référence
du fuselage
La ligne 𝑐 ⁄4
𝜃𝑒
𝑏
(a) Définition de paramètres géométriques (b) Vrillage d’une aile.
relatifs à la forme en plan de la voilure.
𝑧 𝑦
𝑏 ⁄2 Tourbillon en
𝑧 𝑦 fer-à-cheval
+∞
⃗∞
𝑉
⃗∞
𝑉
𝑥 −𝑏⁄2
𝑥
−∞
En soufflerie, pour déterminer les caractéristiques d’un profil expérimentalement, il suffit d’utiliser une maquette
d’aile droite qui s’étend d’une paroi de la veine d’essais à l’autre. De cette façon, on élimine la possibilité de
formation des tourbillons marginaux et de toute la nappe tourbillonnaire qui existe derrière une aile d’envergure
finie.
En aérodynamique il faut faire la distinction entre les propriétés aérodynamiques d’un profil et celles de l’aile qu’il
génère puisqu’il existe une grande différence entre ces propriétés. L’écoulement sur une voilure d’envergure finie
est un écoulement tridimensionnel complexe et sera étudié avec plus de détails ultérieurement.
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M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
1. Coefficient de pression
On définit le coefficient de pression en un point où la vitesse locale est 𝑢
⃗ et la pression locale est 𝑝 (Figure 1.14)
par :
𝑝 − 𝑝∞ 1
𝐶𝑝 = ; 𝑞̅∞ = 𝜌∞ 𝑉∞2 (12)
𝑞̅∞ 2
𝑞̅∞ est la pression dynamique de l’écoulement libre et 𝑝∞ sa pression statique. On a retenu le symbole 𝐶𝑝 parce
qu’il y très peu de chance qu’il y ait confusion avec la chaleur spécifique à pression constante, définie en
thermodynamique et qui prend le même symbole.
⃗∞
𝑉 𝑢
⃗
𝑝∞ , 𝜌∞
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M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
𝑐 𝑆𝑚𝑖𝑛 𝑑
𝑆 ↘ ⇒ ԡ𝑢
⃗ԡ↗𝑝↘
𝑆 ↗ ⇒ ԡ𝑢
⃗ԡ↘⇒𝑝↗ « Tube» de
courant
ԡ𝑢 ⃗∞ ‖
⃗ ԡ = ‖𝑉 𝑢
⃗ 𝑚𝑎𝑥
⃗∞
𝑉 B C D
𝑎 A B’ 𝑏
ԡ𝑢
⃗ԡ=0
ԡ𝑢
⃗ԡ
B
⃗∞ ‖
‖𝑉
B’
𝐶𝑝 > 0
A
B
1 𝑥̅
A B’ 𝑅⃗
𝐶𝑝 < 0 B
B’ 1 𝑥̅
1 A
𝐶𝑝
Figure 1.15 : Écoulement autour d'un profil symétrique à zéro incidence (𝛼 = 0° ; 𝐿 = 0).
Au point C la vitesse est maximale et la pression est minimale. Le coefficient de pression prend sa valeur minimale
négative (on note que c’est la convention de représenter le diagramme du 𝐶𝑝 avec l’axe des ordonnés orienté vers
le bas) :
𝐶𝑝 𝐶 = 𝐶𝑝 𝐶′ = 𝑣𝑎𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑚𝑖𝑛𝑖𝑚𝑎𝑙𝑒 𝑑𝑢 𝐶𝑃
Du point C au point D le tube de courant devient divergent et par conséquent la vitesse diminue et la pression
⃗∞ ‖ est le 𝐶𝑝 se rapproche de zéro
augmente. Au bord de fuite (point D) la norme de la vitesse se rapproche de ‖𝑉
au bord de fuite.
La symétrie du profil amène à une symétrie du champ de l’écoulement (par rapport à la corde). Pour cela la
résultante aérodynamique 𝑅⃗ est alignée avec le vecteur vent relatif et la portance est nulle.
b. Profil symétrique à incidence non nulle
A incidence de vol positive (Figure 1.16) le point d’arrêt (point A) se déplace vers l’intrados et les points B et B’
se déplacent dans deux sens opposés : le point 𝐵 avance alors que le point 𝐵′ recule.
La répartition des vitesses et des pressions sur le profil n’est plus symétrique. Par comparaison au cas d’incidence
nulle, la pression sur l’extrados diminue alors que celle de l’intrados augmente. Les courbes représentatives des
coefficients de pression 𝐶𝑝 𝑖 et 𝐶𝑝 𝑒 sont distinctes et la résultante aérodynamique admet maintenant deux
composantes : une traînée 𝐷 et une portance positive 𝐿.
On note que l’étude du profil symétrique est importante puisque l’empennage vertical a un profil symétrique. Les
ailes de certains avions de voltige ont des profils symétriques aussi mais pour la plupart des avions du régime
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M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
incompressible (les avions de basse vitesse) le profil de choix est le profil à simple courbure positive, discuté ci-
dessous.
𝐿
𝑅⃗
𝐶𝑝 > 0 B 𝐶𝑝 < 0
A B’ 𝐷
⃗∞
𝑉
ԡ𝑢
⃗ԡ
⃗∞ ‖
‖𝑉 B
B’
A
1 𝑥̅
𝐶𝑝 𝑒
𝐶𝑝
B 𝑖
B 1 𝑥̅
1 A
𝐶𝑝
Un profil à simple courbure positive fournit une portance positive même lorsqu’il est à incidence nulle (Figure
1.18-a). Sa portance s’annule s’il est placé à une incidence négative bien déterminée appelée incidence de portance
nulle, dénotée par 𝛼0 (Figure 1.18-b).
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M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
r.p.n.
⊖ 𝐿 𝑅⃗
⃗∞
𝑉 ⃗∞
𝑉 ⊖
⊕
⊖ ⊕
𝛼0 ⊖ 𝑅⃗
(a) A incidence nulle : 𝐿 > 0
(b) L’incidence de portance nulle est négative.
Figure 1.18 : Profil à simple courbure positive : (a) à incidence nulle, (b) à incidence de portance nulle.
Imaginons qu’on peut marquer une ligne sur le profil de façon à obtenir une portance nulle chaque fois que cette
ligne est alignée avec le vecteur vent relatif. Cette ligne est appelée référence de portance nulle (ou r.p.n.). L’angle
entre le vecteur vent relatif et la r.p.n. est appelé angle d’incidence absolu (Figure 1.19) et on a la relation :
𝛼𝑎 = 𝛼 − 𝛼0 = 𝛼 + |𝛼0 | (14)
Où α est l’angle d’incidence géométrique défini précédemment.
r.p.n.
|𝛼0 |
𝛼𝑎 Corde
𝛼
⃗∞
𝑉
Figure 1.20-a montre le diagramme du coefficient de pression type d’un profil à simple courbure positive à une
incidence positive de quelques degrés ou plus.
Figure 1.20-b montre que, lorsque l’incidence augmente, la dépression maximale augmente et que le point où se
trouve cette pression minimale avance vers le bord d’attaque extrados. Il en résulte que le centre de poussée avance,
la résultante aérodynamique s’incline plus vers le bord d’attaque et sa norme augmente.
𝑝𝑚𝑖𝑛 ↘
⊖
𝐶𝑝 𝛼↗
𝑒
⊕
1 𝑥̅
𝐶𝑝 𝑖
1
𝛼↗
𝑅⃗
𝐹𝑐 𝐹𝑐
(c) Mouvement du C.P. et changement du sens de la composante de force aérodynamique suivant la corde.
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M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
𝑧 𝑝𝑒 𝜃𝑒
𝑧
𝑑𝑆𝑒 𝑝𝑒
𝑑𝑆𝑖 𝑑𝜉𝑒
𝛼
1𝑚
𝑥
⃗∞
𝑉
𝑑𝜉𝑒
𝜃𝑒
𝑝𝑖 𝑥
𝑑𝑥
Il s’ensuit que :
𝑑𝐿′ = (𝑝𝑖 − 𝑝𝑒 )𝑑𝑥
Et la portance par unité d’envergure est donnée par :
𝑐
𝐿′ = ∫ (𝑝𝑖 − 𝑝𝑒 )𝑑𝑥
0
𝑐 𝑙
𝑝𝑖 − 𝑝∞ 𝑝𝑒 − 𝑝∞
= ∫ [(𝑝𝑖 − 𝑝∞ ) − (𝑝𝑒 − 𝑝∞ )]𝑑𝑥 = 𝑞̅∞ ∫ ( − ) 𝑑𝑥
0 0 𝑞̅∞ 𝑞̅∞
𝑐
= 𝑞̅∞ ∫ (𝐶𝑝𝑖𝑛 − 𝐶𝑝𝑒𝑥 )𝑑𝑥
0
Le coefficient de portance est donc égal à l’aire entre les courbes des 𝐶𝑝 intrados et extrados de la Figure 1.20-a.
Pour une incidence qui n’est pas faible la majorité de la portance est due à l’aspiration sur l’extrados.
b. Le diagramme CL-α d’un profil
Les essais en soufflerie donnent le diagramme de la Figure 1.22 pour le coefficient de portance en fonction de
l’angle d’incidence. Ce diagramme a les caractéristiques suivantes :
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M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
𝐶𝑙
𝐶𝑙 𝑚𝑎𝑥
𝑑𝐶𝑙
𝑎0 = 𝐶𝑙 𝛼 =
𝑑𝛼
𝛼0
𝛼𝐶𝑙 𝑚𝑎𝑥 𝛼
𝐿
𝛼<0
⃗∞
𝑉
𝑚𝑔
Vol sur le dos
Figure 1.22 : Diagramme 𝐶𝑧 − 𝛼 d'un profil à simple courbur positive (𝛼0 < 0).
𝐶𝑙 = 𝑎0 (𝛼 − 𝛼0 ) = 𝐶𝑙 𝛼 (𝛼 − 𝛼0 ) (16)
- La théorie des profils minces donne :
16
M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
Le diagramme 𝐶𝑑 − 𝛼 a une allure parabolique (Figure 1.23) avec un minimum à une incidence positive faible (de
l’ordre de 2 à 3°).
𝐶𝐷′
Drag bucket
≅ 3° 𝛼
On note ici que les diagrammes de certains profils présentent une diminution brusque du coefficient de traînée, au
voisinage de l’incidence de coefficient de traînée minimum, appelée drag bucket.
V. Aérodynamique d’une voilure finie
1. Vent induit et traînée induite
L’écoulement sur une voilure d’envergure finie est caractérisé par une surpression sur l’extrados et une dépression
sur l’intrados. La différence de pression crée un mouvement d’air de l’intrados vers l’extrados (Figure 1.24). Ce
mouvement prend la forme de tourbillons. Il se fait autour du bord d’attaque (et forme ce qu’on appelle le tourbillon
principal) mais aussi autour des bouts d’ailes. Par l’effet de la migration d’air autour des bouts d’aile, les filets
d’air sur l’intrados dévient vers les bouts d’ailes alors que ceux sur l’extrados dévient vers le milieu de la voilure
(vers l’axe des 𝑥). Les courants croisés provenant de l’intrados et de l’extrados, lorsqu’ils se rencontrent au bord
de fuite, créent un nombre de tourbillons dits tourbillons libres qui forment une nappe tourbillonnaire au sillage
immédiat de l’aile. Cette nappe tourbillonnaire, vue de l’arrière, est formée de tourbillons tournant dans le sens
horaire sur l’aile gauche et dans le sens contraire sur l’aile droite. Au bout d’une distance de l’ordre de l’envergure
de l’aile, les tourbillons de la nappe coalescent avec les tourbillons de bout d’aile pour former deux tourbillons, de
même intensité que le tourbillon principal, appelés tourbillons marginaux. L’ensemble du tourbillon principal et
des tourbillons marginaux forme ce qu’on appelle le tourbillon en fer-à-cheval.
𝑦
𝑧 𝑏 ⁄2 Tourbillon marginal ou de
− − − − − −
bout d’aile
+ + + + + +
⃗∞
𝑉
Nappe de tourbillons
libres
−𝑏⁄2
𝑥 Tourbillons
marginaux
(Turbulence de
Sous l’effet des tourbillons et comme indiqué sur Figure 1.25, tout profil se trouve soumis à un courant de faible
vitesse, soufflant vers le bas, appelé vent induit ou vent descendant (downwash en anglais) qu’on dénote par 𝑤
⃗⃗ 𝑖 (𝑦).
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M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
⃗ 𝑖′ (𝑦)
𝐷
𝑧
𝐿⃗′ (𝑦)
𝑦 𝜖 (𝑦 )
⃗⃗ 𝑖 (𝑦)
𝑤
⃗∞
𝑉
Répartition du vent induit ou vent 𝜖 (𝑦 )
descendant sur une voilure rectangulaire. ⃗⃗⃗
𝑉′ = 𝑉⃗∞ +𝑤 ⃗⃗ 𝑖 (𝑦) ⃗⃗ 𝑖 (𝑦)
𝑤
(Vent relatif à un profil)
𝐿⃗𝑣𝑜𝑖𝑙𝑢𝑟𝑒
𝜀
⃗∞
𝑉 𝜀
⃗⃗⃗ ⃗∞ +𝑤
𝑉′ = 𝑉 ⃗⃗ 𝑖 𝑤
⃗⃗ 𝑖 𝑛𝑒𝑡
De ce fait le vent relatif à ce profil n’est pas 𝑉⃗∞ mais la somme vectorielle⃗⃗⃗⃗
𝑉′ = 𝑉⃗∞ +𝑤⃗⃗ 𝑖 (𝑦). Ce vent est incliné
vers le bas d’un angle négatif et faible dénoté par 𝜖 (𝑦), appelé angle d’incidence induit. Puisque la portance du
⃗ ′, elle est donc inclinée vers l’arrière du même angle 𝜖 (𝑦).
profil est perpendiculaire à 𝑉
Ceci nous amène à dire que la portance de toute la voilure est inclinée vers l’arrière d’un angle induit net 𝜀. Dans
le cas de l’avion la portance de la voilure, du fait qu’elle soit inclinée vers l’arrière, admet une composante dans
⃗∞ ). Cette composante (𝐷
le sens du vent relatif à l’avion (𝑉 ⃗ 𝑖 ) constitue une traînée pour l’avion, appelée traînée
induite.
En résumé, on peut définir la traînée induite d’un avion comme la composante de la portance de la voilure dans
le sens du vent relatif à l’avion.
Comme on verra dans Chapitre IV, la théorie de la ligne portante de Ludwig Prandtl montre que pour une voilure
de forme-en-plan elliptique, de profil générateur invariable, non vrillée et dont l’allongement géométrique n’est
pas faible, le vent induit est constant dans le sens de l’envergure. L’angle d’incidence induit est aussi constant et
donné par :
𝐶𝐿
𝜖 (𝑦) = 𝜀 = 𝑐 𝑡𝑒 = − (18)
𝜋𝐴
Où 𝐶𝑧 est le coefficient de portance de la voilure (qui est, dans ce cas, égal au coefficient de portance de chaque
profil puisque ce dernier est indépendant de 𝑦) et 𝐴 est l’allongement géométrique.
La traînée induite est liée à la portance des ailes par :
𝐷𝑖 = −𝐿𝑣𝑜𝑖𝑙𝑢𝑟𝑒 𝑠𝑖𝑛𝜀 ≅ −𝐿𝑣𝑜𝑖𝑙𝑢𝑟𝑒 𝜀
Le coefficient de traînée induite correspondant est :
𝐶𝐷𝑖 = −𝐶𝐿 𝜀
On aboutit ainsi à la fameuse équation du coefficient de traînée induite (voilure elliptique) :
𝐶𝐿2
𝐶𝐷𝑖 = (19)
𝜋𝐴
18
M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
La même théorie de Prandtl montre que la voilure dont la répartition de la portance dans le sens de l’envergure
est elliptique a le plus faible coefficient de traînée induite par comparaison à toute autre voilure de même
allongement géométrique mais dont la répartition de la portance est autre qu’elliptique. Un exemple d’une telle
voilure est celle de Prandtl qui est e frome-en-plan elliptique et non vrillée.
De ce fait on peut écrire le coefficient de traînée induite d’une voilure d’une autre forme-en-plan comme :
(𝐶𝐷𝑖 )
𝑒𝑙𝑙𝑖𝑝𝑡𝑖𝑞𝑢𝑒
𝐶𝐷𝑖 = ; 0<𝑒<1
𝑒̂
Ou bien :
𝐶𝐿2
𝐶𝐷𝑖 = (20)
𝜋𝑒̂ 𝐴
𝑒̂ s’appelle coefficient d’efficacité de l’envergure et le produit «𝐴𝑒̂ » est appelé allongement géométrique effectif.
Le coefficient d’efficacité de l’envergure peut être aussi élevé que 0.99 pour une voilure dont le coefficient
d’effilement est moyen et dont l’allongement géométrique est important (seule, sans l’influence du fuselage). Les
ailes droites, les ailes en flèche, les ailes à faible coefficient d’effilement (< 0.2) ou à coefficient d’effilement
proche de 1, ont un coefficient d’efficacité de l’envergure beaucoup moins important.
Le coefficient de traînée totale d’une voilure s’écrit :
𝐶𝐿2
𝐶𝐷 = 𝐶𝑑𝑝𝑟𝑜𝑓𝑖𝑙 + (21)
𝜋𝑒̂ 𝐴
Remarque :
En réalité il n’est pas nécessaire que la voilure ait une forme-en-plan elliptique pour que la répartition de la portance
soit elliptique dans le sens de l’envergure. Une bonne combinaison d’effilement (0.4 à 0.5) et de vrillage des ailes
peut produire une répartition parfaitement elliptique de la portance mais à une incidence bien déterminée.
2. Coefficient de traînée parasite
Dans l’équation (21) 𝐶𝑑𝑝𝑟𝑜𝑓𝑖𝑙 dépend du coefficient de portance (Figure 1.26). On peut réécrire cette équation
comme la somme de termes dont un est constant et l’autre fonction de 𝐶𝐿 :
𝐶𝐿2 𝐶𝐿2
𝐶𝐷 = 𝐶𝑑𝑝𝑟𝑜𝑓𝑖𝑙 + = 𝐶𝐷0 + 𝑓(𝐶𝐿 ) +
𝜋𝑒̂ 𝐴 𝜋𝑒̂ 𝐴
Puis on annexe la partie de 𝐶𝑑𝑝𝑟𝑜𝑓𝑖𝑙 qui dépend de 𝐶𝐿 au coefficient de traînée induite.
𝐶𝐿 𝐶𝐿
𝐶𝐷𝑖
𝐶𝐷𝑝𝑟𝑜𝑓𝑖𝑙
𝐶𝐷0 𝐶𝐷 𝐶𝐷0 𝐶𝐷
L’expérience montre qu’il est possible d’écrire cette combinaison sous la même forme que le coefficient de traînée
induite, soit :
𝐶𝐿2 𝐶𝐿2
𝑓(𝐶𝐿 ) + =
𝜋𝑒̂ 𝐴 𝜋𝑒𝐴
19
M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
Où le coefficient 𝑒̂ est remplacé par un autre coefficient légèrement plus faible (𝑒), appelé coefficient d’Oswald.
Dans le cas d’un avion ce coefficient peut avoir des valeurs relativement faibles (inférieures à 0.7 dans le cas de
certains avions). La traînée induite est d’autant plus importante que le coefficient d’Oswald est plus faible.
Le coefficient de traînée totale s’écrit alors :
𝐶𝐿2
𝐶𝐷 = 𝐶𝐷0 + (22)
𝜋𝑒𝐴
𝐶𝐷0 est une constante appelée coefficient de traînée parasite. Le dernier terme de l’équation (22) est encore appelé
coefficient de traînée induite bien qu’il englobe, non seulement la traînée induite, mais aussi la partie de 𝐶𝑑𝑝𝑟𝑜𝑓𝑖𝑙
qui dépend de 𝐶𝐿 . L’idée ici est de diviser la traînée en deux parties : une partie qui ne dépend pas de la portance
(convenablement appelée traînée parasite) et une autre associée avec la portance appelée traînée induite (induite
par la portance).
L’équation (22) est l’équation d’une parabole :
1
𝐶𝐷 = 𝑐1 + 𝑐2 𝐶𝐿2 ; 𝑐1 = 𝐶𝐷0 𝑒𝑡 𝑐2 = (23)
𝜋𝑒𝐴
Une telle équation est très utile dans l’étude des performances d’avion.
3. Les différentes formes de traînée
▪ Traînée de frottement ou de friction : la force due aux contraintes de cisaillement sur la surface mouillée
⃗∞ .
d’un objet plongé dans un écoulement, intégrées suivant 𝑉
▪ Traînée de forme (ou de pression) : la force due à l’effet de la pression statique sue la surface mouillée d’un
⃗∞
objet, intégré suivant 𝑉
▪ Traînée de profil : la somme de sa traînée de frottement et sa traînée de forme.
▪ Traînée induite : comme vu précédemment, elle est due aux tourbillons marginaux et à la nappe de tourbillons
libres.
▪ Traînée parasite : elle est représentée par le coefficient 𝐶𝐷 0 qui est la partie du coefficient de traînée qui ne
dépend pas du coefficient de portance.
▪ Traînée d’interférence : c’est l’incrément de traînée qui résulte de l’assemblage des éléments de la cellule
d’un avion. La traînée d’un assemblage des ailes et du fuselage sera en général supérieure à la somme de la
traînée des ailes et de celle du fuselage, séparés.
▪ Traînée d’onde : c’est la traînée de pression associée avec la différence de pression entre l’après et l’avant
d’une onde de choc. Cette forme de traînée se manifeste en transsonique et en supersonique.
▪ Traînée de stabilisation (trim drag) : traînée qui résulte des forces nécessaires pour stabiliser l’avion autour
de son centre de gravité. Elle est associée avec la traînée de forme et la traînée induite des deux empennages
et de leurs gouvernes.
D’autres formes de traînée telles que la traînée de refroidissement d’un moteur à piston, la traînée d’un réacteur
en panne, peuvent être comptabilisées dans la traînée parasite d’un avion.
4. Coefficient de portance d’une voilure finie
Un autre effet des tourbillons générés par l’écoulement sur une voilure d’envergure finie est la diminution de
l’angle d’incidence.
Du fait de l’inclinaison vers le bas du vent relatif à la voilure d’un angle 𝜀, l’incidence géométrique et l’incidence
absolue sont toutes les deux diminuées de |𝜀|. On définit l’angle d’incidence effectif (Figure 1.27) par :
𝛼𝑒 = 𝛼𝑎 + 𝜀 = 𝛼𝑎 − |𝜀|
20
M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
r.p.n.
𝛼𝑎
⃗∞
𝑉
𝜀 𝑤
⃗⃗ 𝑖
⃗ =𝑉
𝑉 ⃗∞ +𝑤
′
⃗⃗ 𝑖 𝛼𝑒
L’angle effectif est donc l’angle entre le vecteur vent relatif au profil :
⃗′=𝑉
𝑉 ⃗∞ +𝑤
⃗⃗ 𝑖
et son r.p.n.
On a vu que pour un profil le coefficient de portance est :
𝐶𝐿 = 𝑎0 𝛼𝑎 ; 𝑎 = 2𝜋 (𝑟𝑎𝑑 −1 )
Si on tient compte de la diminution d’incidence due aux tourbillons on peut écrire le coefficient de portance de la
voilure finie comme :
𝐶𝐿 = 𝑎0 𝛼𝑒
Mais il est préférable d’exprimer ce coefficient en fonction de 𝛼𝑎 , l’angle d’incidence absolu de l’avion au lieu
de 𝛼𝑒 , l’angle d’incidence (effectif) de la voilure. On procède par un raisonnement par l’absurde et on se demande
s’il existe un coefficient 𝑎′ tel que le coefficient de portance de la voilure s’écrit :
𝐶𝐿 = 𝑎𝛼𝑎
Si oui, on doit avoir :
𝑎𝛼𝑎 = 𝑎0 𝛼𝑒
Alors :
𝑎0 𝑎0 𝑎0
𝑎=𝛼 = = 𝜀⁄
𝑎⁄ (𝛼𝑒 − 𝜀 ) 1 − 𝛼𝑒
𝛼𝑒 ⁄𝛼𝑒
Or d’après l’équation (18), généralisée au cas où le coefficient d’efficacité de l’envergure (𝑒̂ ) n’est pas unitaire,
on a :
𝐶𝐿 𝑎0 𝛼𝑒
𝜀=− =
𝜋𝑒̂ 𝐴 𝜋𝑒̂ 𝐴
Alors :
𝜀⁄ = − 𝑎0⁄
𝛼𝑒 𝜋𝑒̂ 𝐴
Il s’ensuit que :
𝑎0 2𝜋
𝑎= 𝑎0 =
1 + ⁄𝜋𝑒̂ 𝐴 1 + 2
𝑒̂ 𝐴
En général, on peut écrire le coefficient de portance comme :
2𝜋
𝐶𝐿 = 𝑎𝛼𝑎 ; 𝑎 = 𝐶𝐿𝛼 = (𝑟𝑎𝑑 −1 ) (24)
2
1+
𝑒̂ 𝐴
Ce gradient de portance correspond à une voilure sans flèche, à allongement géométrique non faible, en régime
incompressible. On note que 𝐴 → ∞ correspond bien à un profil puisque 𝐶𝐿𝛼 se réduit bien à 2𝜋.
21
M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
𝐶𝐿
𝛼𝐶𝐿𝑚𝑎𝑥
𝛼𝑓𝑚𝑎𝑥
𝜃𝑚𝑎𝑥
𝜃
𝛼0 𝐶𝐷
1 𝜋𝑒𝐴
𝑓𝑚𝑎𝑥 = √
2 𝐶𝐷 0
La finesse maximale (et la finesse en général) augmente avec l’allongement géométrique et diminue avec la flèche.
Les autres points particuliers de la polaire sont :
- L’incidence de portance nulle 𝛼0 .
- L’incidence de décrochage 𝛼𝐶𝐿𝑚𝑎𝑥 .
22
M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
C’est une couche mince, adjacente à la paroi, dans laquelle les gradients de vitesse sont importants et les
forces de friction sont donc non négligeables.
Zone de transition
𝑧
Sous couche
𝛿(𝑥)
laminaire
⃗∞
𝑉
𝑥𝑇 𝑥
⃗∞
𝑉
1. La transition laminaire-turbulent
La couche limite commence en général laminaire mais ne tarde pas à devenir turbulente. La transition laminaire-
turbulent se fait sur une distance relativement courte que l’on ramène à un point (d’abscisse 𝑥 𝑇 sur la plaque plane
à zéro incidence), appelé point de transition.
L’expérience montre que, pour une surface d’une finition donnée, la transition se fait à pratiquement un même
nombre de Reynolds local, appelé nombre de Reynolds critique. Celui-ci peut donc être considéré une propriété
de la surface.
On a dans le cas de la couche limite de Blasius (couche limite sur une surface plane à zéro incidence et sans
gradient de pression, Figure 1.29-a) :
𝑉∞ 𝑥 𝑇
𝑅𝑒𝑐𝑟 = (27)
𝜈∞
Le coordonné du point de transition est donné par :
𝜈∞ 𝑅𝑒𝑐𝑟
𝑥𝑇 = (28)
𝑉∞
Cette équation montre que lorsque la vitesse de l’écoulement libre augmente, le point de transition laminaire-
turbulent avance vers le bord d’attaque.
N.B : En aérodynamique la valeur du nombre de Reynolds critique est 5x105. La valeur conventionnelle pour les
écoulements dans les conduites est 2300.
2. Épaisseur de la couche limite
L’épaisseur de la couche limite est définie comme la distance, mesurée orthogonalement à la paroi, à laquelle la
vitesse est égale à 99% de la vitesse au bord extérieur de la couche limite (Figure 1.30) :
23
M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
𝑢(𝛿 ) = 0.99𝑈𝑒
𝑧
𝜂
𝑈𝑒 (𝜉 )
𝑈𝑒 (𝑥 ) = 𝑉∞
𝛿 (𝑥 ) 𝜉 𝛿 (𝜉 )
𝑢 (𝜂 )
𝑢 (𝑧 )
𝜁
𝑉∞
Ligne de courant droite (loin du profil)
𝑈𝑒 (𝜉 )
La couche limite
Point de l’extrados d’un profil 𝑢 (𝜁 )
24
M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
En général, la couche limite turbulente sur une paroi tend donc à être plus épaisse et à produire plus de frottement
que la couche limite laminaire.
𝛿𝑡𝑢𝑟𝑏
𝛿𝑙𝑎𝑚 𝜃𝑙𝑎𝑚
𝜃𝑡𝑢𝑟𝑏
⃗∞
𝑉
𝑢(𝑧)
𝑥 donné
Figure 1.32 : Différence d'épaisseur et de friction entre les couches limites, laminaire et turbulente.
La couche limite sur une plaque plane à zéro incidence est d’une grande importance pratique. Les formules
obtenues dans la cadre de son étude servent aussi à calculer la traînée de frottement sur les bateaux, les avions, les
ailettes de turbine, etc. Bien que le gradient de pression soit non nul pour les exemples cités, la traînée de frottement
n’est pas différente du cas de la plaque plane avec gradient de pression nul, tant que le décollement de la couche
limite n’a pas eu lieu.
Le coefficient de traînée de frottement d’une plaque plane à zéro incidence est donné par différentes lois :
• Toute la couche limite est laminaire :
1.328
𝐶𝐷𝑓 = 𝑅𝑒𝐿 ≤ 5 × 105 (38)
√𝑅𝑒𝐿
• Toute la couche limite est turbulente :
Loi de Blasius :
0.074
𝐶𝐷𝑓 = 1/5 𝑠𝑖 5 × 105 < 𝑅𝑒𝐿 107 (39)
𝑅𝑒𝐿
Loi de Prandtl-Schlichting :
0.455
𝐶𝐷𝑓 = 2.58 𝑅𝑒𝐿 ≤ 109 (40)
[𝑙𝑜𝑔10 (𝑅𝑒𝐿 )]
• La couche limite est laminaire du côté du bord d’attaque puis devient turbulente :
0.455 1614
𝐶𝐷𝑓 = 2.58 − (41)
[𝑙𝑜𝑔10 (𝑅𝑒𝐿 )] 𝑅𝑒𝐿
25
M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
A 𝑝 < 𝑝∞
⃗∞
𝑉
𝑝 = 𝑝∞ 𝑝 ≈ 𝑝∞
A
𝐶𝑝𝑒 𝜕𝑝
>0
𝜕𝑥
0
1 𝑥̅
𝐶𝑝𝑖
𝐶𝑝
Figure 1.33 : Existence du gradient adverse de pression sur l’extrados d’un profil.
A basses vitesses, le gradient de pression est dû à la dépression sur l’extrados alors que la pression au voisinage
du bord de fuite est proche de 𝑝∞ . A partir du point de pression minimale (point A sur Figure 1.33) et jusqu’au
bord de fuite, la pression sur l’extrados est en augmentation. Ceci constitue un gradient adverse de pression
(𝜕𝑝⁄𝜕𝑥 > 0).
Ce gradient existe même aux faibles incidences mais ne devient suffisamment fort pour entraîner le décollement
de la couche limite qu’à partir d’une incidence importante, légèrement inférieure à 𝛼𝑧𝑚𝑎𝑥 .
Sous l’effet du gradient adverse de pression, il y a perte de quantité de mouvement par les molécules d’air dans la
couche limite et cette perte est ressentie près de la paroi où les vitesses sont déjà faibles. Au point D (point de
décollement de la couche limite, Figure 1.34), la vitesse adjacente à la paroi tend vers zéro et la contrainte de
cisaillement s’annule :
𝜕𝑢
𝜏𝐷 = 𝜇 ( )| =0 (29)
𝜕𝜂 𝜂=0
La couche
A limite
D Inversion du sens
de l’écoulement
Lorsque le décrochage aérodynamique (décollement de la couche limite) a lieu on constate une diminution de la
portance et une augmentation de la traînée. Les changements en portance et traînée sont d’autant plus importants
que le point D avance.
A grande vitesse, le gradient adverse de pression est dû à l’onde de choc (Figure 1.35) qui se trouve sur l’extrados
aux grands nombres de Mach (et à faible incidence). La pression augmente considérablement à travers l’onde de
choc.
26
M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
𝑀>1 𝑀<1
𝑀∞ < 1 D
Figure 1.35 : grand Mach le décollement de la couche limite est dû à l’onde de choc.
Remarque :
Les profils de vitesse dans une couche limite turbulente sont plus « pleins » du côté de la paroi (Figure 1.36).
Puisque le décollement est dû à l’action du gradient adverse de pression contre la quantité de mouvement des
molécules d’air dans la couche limite, les vitesses plus importantes dans la couche limite turbulente (près de la
paroi) font que cette dernière résiste mieux au décollement.
Une couche limite à caractère turbulent permet donc de retarder le décrochage.
Couche limite
Couche limite
laminaire
turbulente
𝑢(𝑦)
Figure 1.36 : Différence entre les profils de vitesse des couches limites, laminaire et turbulente.
𝐶𝐿
𝛼𝐶𝐿𝑚𝑎𝑥
Plein décrochage
A
Début du décrochage aérodynamique
et buffeting ou tremblement.
𝛼𝐶𝐿𝑚𝑎𝑥 𝛼
Pour comprendre le décrochage d’un avion on considère le VRH (vol rectiligne horizontal). L’équation de la
sustentation est dans ce cas :
27
M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
1
𝑚𝑔 = 𝐿 = 𝐶𝐿 𝜌∞ 𝑉∞2 𝑆
2
Pour toute valeur de l’angle d’incidence inférieure à 𝛼𝐶𝐿𝑚𝑎𝑥 (et du fait que 𝐶𝐿 est une fonction croissante de l’angle
d’incidence 𝛼) le pilote peut, à la même altitude, diminuer sa vitesse de vol en compensant cette diminution par
une augmentation de 𝐶𝐿 et ceci en tirant sur le manche pour augmenter l’angle d’incidence (et en réduisant ou en
augmentant la puissance, cela dépend du fait qu’il soit au premier ou au deuxième régime ; chapitre VII). La
sustentation reste assurée.
S’il tente cette même manœuvre à l’incidence 𝛼𝐶𝐿𝑚𝑎𝑥 , la vitesse diminue mais 𝐶𝐿 diminue en même temps. La
sustentation de l’avion n’est plus assurée et l’avion commence à perdre de l’altitude. On dit que l’avion a décroché.
On définit la vitesse de décrochage en termes de vitesse vraie par :
2𝑚𝑔
𝑉𝑆1 = √ (30)
𝜌∞ 𝑆𝐶𝐿𝑚𝑎𝑥
2𝑚𝑔
𝑉𝑆𝐸𝐴𝑆 = √ (31)
𝜌𝑚 𝑆𝐶𝐿𝑚𝑎𝑥
L’indice « S » vient du mot « stall » (décrochage en anglais) et l’indice 1 correspond à un facteur de charge unitaire
(vol rectiligne et horizontal ou VRH). 𝜌𝑚 est la masse volumique du niveau de la mer.
28
M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
Exercices
Exercice 1.1
Un profil est en mouvement dans l’air standard, au niveau de la mer à une vitesse de 355𝑘𝑚/ℎ. La pression
ambiante est de 101325𝑃𝑎 et la température est de 27°𝐶.
En un point de l’extrados la vitesse locale est de 420𝑘𝑚/ℎ :
a. Déterminez la pression en ce point.
b. Si la pression calculée est égale à la valeur moyenne de la pression sur l’extrados, quelle est la portance par
mètre carré fournie par l’extrados ?
c. Si la vitesse moyenne sur l’intrados est de 320𝑘𝑚/ℎ, quelles est la pression moyenne sur l’intrados ?
d. Quelle est la portance totale par mètre carré ?
Exercice 1.2
Un profil est en mouvement à une vitesse de 180km/h dans l’air standard du niveau de la mer.
a. Montrer que la pression d’arrêt est 1531N/m2 plus grande que la pression atmosphérique.
b. Montrer que la pression en un point du profil, où la vitesse tangente locale est égale à 60m/s, est 674N/m 2
en dessous da la pression atmosphérique.
ԡ𝑢
⃗ ԡ = 60 𝑚⁄𝑠
𝑉 = 180 𝑘𝑚⁄ℎ
Exercice 1.3
De l’air du niveau de la mer est canalisé dans un réservoir initialement vide (voir figure). La pression statique au
niveau de la section A-A est égale à 94952 N/m2.
Montrer que la vitesse au niveau de cette même section est égale à 102m/s. On supposera un écoulement non
visqueux.
A 30m/s A
A
Exercice 1.4
Exercice 1.3
Exercice 1.4
On considère le cas de l’air canalisé dans un réservoir initialement vide et celui d’un profil est en mouvement dans
l’air à une vitesse de 30m/s (voir figure). Dans les deux cas on est au niveau de la mer et la vitesse au point A du
profil est de 60m/s.
Montrer que la pression statique au point A est :
a. 2205N/m2 en dessous de la pression atmosphérique ambiante dans le premier cas.
b. 1654N/m2 en dessous de la pression atmosphérique ambiante dans deuxième cas.
28
M. Yahyaoui Introduction à l’aérodynamique
Exercice 1.5
a. Un avion maintient un VRH pendant que sa vitesse indiquée (IAS) est doublée.
Quel est le changement du coefficient de portance ?
b. Un avion a une envergure de 50𝑚 et une surface alaire de 250𝑚2.
A quoi est égal son allongement géométrique ?
c. Sachant que :
𝐶𝐿 = 0.2 ; 𝑉 = 100𝑚⁄𝑠 ; 𝑆 = 200𝑚2 ; 𝜌 = 1 𝑘𝑔⁄𝑚3 .
Calculer la portance.
d. Comparer les vitesses du VRHU à même incidence d’un avion à une altitude de 3km puis à une altitude de
6km.
e. Si par l’effet d’une pluie torrentielle le poids de l’avion augmente de 5% et son 𝐶𝐿𝑚𝑎𝑥 diminue de 25%,
calculer le changement de la vitesse de décrochage.
f. Deux avions A et B ont tout en commun sauf le poids, l’allongement géométrique et la longueur de la corde
moyenne (𝐴𝐴 = 1.21𝐴𝐵 ).
Si leur coefficient de traînée induite est le même en VRHU à la même altitude et la même vitesse, comparez
leurs poids ?
29
M. Yahyaoui Théorie des profils minces
Nappe tourbillonnaire
Élément de la nappe de largeur 𝑑𝑠
⃗𝑖
𝑑𝑉
𝑑𝑠
𝑟 ∆𝑠
𝐸 𝑢1
𝛾𝑑𝑠 ∆𝑛 𝑢
⃗ 1 (𝑣 )
𝐷 1
𝐹
∆𝑛 𝐶 𝑢2
𝑢
⃗ 2 (𝑣 )
2
Ossature 𝐴 𝒞 𝐵
(𝑎)
(𝑏)
2. Densité de circulation
L’intensité de la nappe tourbillonnaire, appelée densité de circulation, est définie à l’aide du théorème de Stokes et
du contour 𝒞 donné sur Figure 2.1(b) :
1
𝛾 = 𝑙𝑖𝑚 − ∮ 𝑢⃗ ∙ 𝑑𝑙
∆𝑠,∆𝑛→0 ∆𝑠 𝒞
Le contour choisi est rectangulaire de longueur ∆𝑠 (parallèle à l’ossature) et de largeur 2∆𝑛 (normale à l’ossature).
⃗ 1 la vitesse de l’écoulement du côté de l’extrados et 𝑢
Soit 𝑢 ⃗ 2 celle du côté de l’intrados et soit 𝑢 la composante de
la vitesse qui est parallèle à l’ossature et 𝑣 la composante normale à celle-ci. Puisque ∆𝑠 et ∆𝑛 tendent vers zéro,
le produit scalaire 𝑢
⃗ ∙ 𝑑𝑙 est considéré constant sur chacun des segments du contour et on a :
∮ 𝑢
⃗ ∙ 𝑑𝑙 = 𝑢2 ∆𝑠
𝐴−𝐵
30
M. Yahyaoui Théorie des profils minces
∮ 𝑢
⃗ ∙ 𝑑𝑙 = 𝑣2 ∆𝑛
𝐵−𝐶
∮ 𝑢
⃗ ∙ 𝑑𝑙 = 𝑣1 ∆𝑛
𝐶−𝐷
∮ 𝑢
⃗ ∙ 𝑑𝑙 = −𝑢1 ∆𝑠
𝐷−𝐸
∮ 𝑢
⃗ ∙ 𝑑𝑙 = −𝑣1 ∆𝑛
𝐸−𝐹
∮ 𝑢
⃗ ∙ 𝑑𝑙 = −𝑣2 ∆𝑛
𝐹−𝐴
On dénote par 𝑉∞ 𝑛 la composante normale due à l’écoulement uniforme et 𝑉𝑖 𝑛 la composante normale induite par
la nappe tourbillonnaire sur elle-même, alors :
𝑉∞ 𝑛 + 𝑉𝑖 𝑛 = 0 (2)
La vitesse élémentaire induite par l’élément tourbillonnaire de largeur 𝑑𝑠, en un point situé à une distance 𝑟 (Figure
2.2) est celle d’un tourbillon ponctuel de longueur infinie :
𝛾𝑑𝑠
𝑑𝑉 =
2𝜋𝑟
Il s’ensuit que la vitesse induite par l’élément de largeur 𝑑𝑠 de la nappe tourbillonnaire d’abscisse 𝑥, en un point
d’abscisse 𝑥0 de la nappe même (Figure 2.2) est donnée par :
𝛾𝑑𝑠
𝑑𝑉𝑖 = −
2𝜋𝑟
Le signe négatif est associé à toute vitesse orientée vers la nappe.
La composante normale correspondante est :
𝛾𝑑𝑠
𝑑𝑉𝑖 𝑛 = 𝑑𝑉𝑖 𝑐𝑜𝑠 𝛿3 = − 𝑐𝑜𝑠 𝛿3
2𝜋𝑟
On note que 𝑑𝑠 = 𝑑𝑥⁄cos 𝛿1 et que :
31
M. Yahyaoui Théorie des profils minces
𝑥0 − 𝑥
𝑟=
𝑐𝑜𝑠 𝛿2
Alors :
𝛾𝑑𝑥 𝑐𝑜𝑠 𝛿2 𝑐𝑜𝑠 𝛿3
𝑑𝑉𝑖 𝑛 = −
2𝜋(𝑥0 − 𝑥 ) 𝑐𝑜𝑠 𝛿1
Et la composante de vitesse normale nette, induite par toute la nappe au point d’abscisse 𝑥0 est :
1 𝑐 𝛾𝑑𝑥 𝑐𝑜𝑠 𝛿2 𝑐𝑜𝑠 𝛿3
𝑉𝑖 𝑛 = − ∫
2𝜋 0 𝑥0 − 𝑥 𝑐𝑜𝑠 𝛿1
𝑧 𝛿3
𝑑𝑉𝑖 𝑑𝑉𝑖 𝑛
𝑑𝑠
𝛿1
𝑟
𝛿2
𝛼 𝑥 𝑥0 𝑐 𝑥
⃗∞
𝑉 𝑑𝑥
Pour les profils courants, la cambrure maximale relative est de l’ordre de 1 à 4%. Les angles 𝛿1 , 𝛿2 et 𝛿3 sont par
conséquent faibles de manière à pouvoir faire l’approximation :
𝑐𝑜𝑠 𝛿1 ≅ 𝑐𝑜𝑠 𝛿2 ≅ 𝑐𝑜𝑠 𝛿3 ≅ 1
On obtient alors :
1 𝑐 𝛾𝑑𝑥
𝑉𝑖 𝑛 = − ∫ (3)
2𝜋 0 𝑥0 − 𝑥
La composante normale due à l’écoulement libre uniforme est :
𝑑𝑧
𝑉∞ 𝑛 = 𝑉∞ 𝑠𝑖𝑛 [𝛼 − 𝑡𝑔−1 ( )| ]
𝑑𝑥 𝑥0
Et du fait que l’angle d’incidence 𝛼 est faible et que la pente de l’ossature est faible en tout point, on peut écrire :
𝑑𝑧
𝑉∞ 𝑛 ≅ 𝑉∞ [𝛼 − ( )| ] (4)
𝑑𝑥 𝑥0
𝑧 𝑉∞ 𝑛 ⃗∞
𝑉
𝛼
𝑑𝑧
𝜃 = 𝑡𝑔−1 ( | )
𝑑𝑥 𝑥0
𝛼
𝑥0 𝑐 𝑥
⃗∞
𝑉
32
M. Yahyaoui Théorie des profils minces
Un profil à bord de fuite pointu crée autour de lui-même la circulation qu’il faut pour maintenir le point d’arrêt
postérieur au bord de fuite de façon que les vitesses extrados et intrados soient égales au voisinage du bord
de fuite.
Conséquence :
𝛾 (𝑐 ) = 0 (6)
Ce critère ne sera plus valable dès que le profil entre en état de décrochage aérodynamique (décollement de la
couche limite).
Figure 2.4 compare un profil à bord de fuite aplati (profil elliptique) à un profil à bord de fuite pointu. Dans le cas
du profil elliptique, même à faible incidence, la couche limite se sépare du profil laissant derrière un sillage
turbulent de faible pression, ce qui donne une traînée importante et une portance amoindrie.
Point d’arrêt
antérieur ΓCK Point d’arrêt postérieur
Le profil à bord de fuite pointu, en contrepartie, maintient la couche limite attachée jusqu’à une incidence assez
importante appelée incidence de décrochage. Au-delà de cette incidence il y aura décollement de la couche limite,
augmentation de la traînée et diminution de la portance.
Le problème fondamental de la théorie des profils minces est de trouver la distribution de la densité de circulation
qui vérifie les équations (5) et (6).
4. Application à un profil symétrique
Pour un profil symétrique la cambrure est nulle sur toute la corde :
𝑧(𝑥 ) = 0, ∀ 𝑥 ∈ [0, 𝑐 ]
𝑑𝑧
⟹ (𝑥 ) = 0
𝑑𝑥
Et l’équation (5) se réduit à :
1 𝑐 𝛾𝑑𝑥
∫ = 𝑉∞ 𝛼
2𝜋 0 𝑥0 − 𝑥
On introduit le changement de variables :
𝑐
𝑥 = (1 − 𝑐𝑜𝑠 𝜃 ) (7)
2
33
M. Yahyaoui Théorie des profils minces
𝑐 𝑥
𝑐/2
Figure 2.5. Changement de variables utilisé dans la théorie des profils minces.
34
M. Yahyaoui Théorie des profils minces
Ou bien, en termes de 𝜃 :
𝜋
′
1 𝜋
𝑀𝐵𝐴 = − 𝜌𝑉∞2 𝑐 2 𝛼 ∫ (1 − 𝑐𝑜𝑠 2 𝜃 )𝑑𝜃 = −𝑞̅∞ 𝑐 2 𝛼
2 0 2
Le coefficient du moment de tangage correspondant est :
′
′
𝑀𝐵𝐴
𝐶𝑚 =
𝐵𝐴
𝑞̅∞ 𝑐 2
′
𝜋𝛼 𝐶𝑙
𝐶𝑚 𝐵𝐴
=− =− (11)
2 4
𝑧 ∆𝑝𝑑𝑥
′
𝑑𝑀𝐵𝐴
𝑑𝑥
𝑐 𝑥
𝑥
Le centre de poussée étant le point où le moment de tangage est nul, on a donc (Figure 2.7) :
′ ′
𝑀𝐶𝑃 = 0 = 𝑀𝐵𝐴 + 𝑥𝐶𝑃 𝐿′
On divise cette équation par 𝑞̅∞ 𝑐 2 :
′
𝑥𝐶𝑃
𝐶𝑚 + 𝐶 =0
𝐵𝐴
𝑐 𝑙
𝐶𝑙 𝑥𝐶𝑃
− + 𝐶 =0
4 𝑐 𝑙
𝑐
𝑥𝐶𝑃 = (12)
4
Le centre de poussée d’un profil symétrique est indépendant de l’angle d’incidence. Il est fixe, au quart de la corde.
𝐿′ 𝐿′
′
𝑀𝐵𝐴 ⟺ 𝐶𝑃
𝑥𝐶𝑃
∞
1 + 𝑐𝑜𝑠 𝜃
𝛾(𝜃) = 2𝑉∞ (𝐴0 + ∑ 𝐴𝑛 𝑠𝑖𝑛 𝑛𝜃 ) (14)
𝑠𝑖𝑛 𝜃
𝑛=1
′
𝜋 1
𝐶𝑚 𝐵𝐴
= − (𝐴0 + 𝐴1 − 𝐴2 )
2 2
′
𝐶𝑙 𝜋
𝐶𝑚𝐵𝐴 = − + (𝐴2 − 𝐴1 ) (19)
4 4
L’abscisse du centre de poussée est :
′
𝑀𝐵𝐴 𝑞̅∞ 𝑐 2 𝐶𝑚
′
𝐵𝐴
′
𝐶𝑚
𝑥𝐶𝑃 = − =− = − 𝐵𝐴 𝑐
𝐿′ 𝑞̅∞ 𝑐𝐶𝑙 𝐶𝑙
𝑐 𝜋𝑐 𝐴2 − 𝐴1
𝑥𝐶𝑃 = − (20)
4 4 𝐶𝑙
Le moment au quart de la corde est :
𝑐
𝑀𝑐′ ⁄4 = 𝑀𝐵𝐴
′
+ 𝐿′
4
36
M. Yahyaoui Théorie des profils minces
′ ′
𝐶𝑙 𝜋
𝐶𝑚 = 𝐶𝑚 + = (𝐴 − 𝐴1 ) (21)
𝑐/4 𝐵𝐴
4 4 2
• Le foyer
D’après l’équation (21), et puisque 𝐴1 et 𝐴2 ne dépendent pas de 𝛼, le coefficient du moment de tangage au quart
de corde est indépendant de l’angle d’incidence. Ceci nous amène à la définition du foyer d’un profil :
C’est le point fixe et unique d’un profil par rapport auquel le coefficient du moment de tangage est indépendant
de l’angle d’incidence.
Pour un profil à simple courbure positive (Figure 2.8) et d’après l’équation (21), le foyer est situé au quart de la
corde :
𝑥𝐹 = 𝑐 ⁄4
Et le coefficient du moment de tangage au foyer est :
′
𝜋 1 𝜋 𝑑𝑧
𝐶𝑚 𝐹
= (𝐴2 − 𝐴1 ) = ∫ (𝑐𝑜𝑠 2𝜃 − 𝑐𝑜𝑠 𝜃)𝑑𝜃 (22)
4 2 0 𝑑𝑥
𝑧
𝑧
𝑧(𝑥 ) : Ossature
c 𝑥
c 𝑥
Remarque :
Pour un profil symétrique, le foyer est aussi situé au quart de la corde, confondu avec le centre de poussée. Le
coefficient du moment au foyer est dans ce cas nul.
Il faut noter ici que la position du foyer change avec le Mach de vol en transsonique et ce dernier, pour un profil à
bord d’attaque arrondi, s’installera au milieu de la corde en supersonique (Figure 2.9).
𝑀∞
1.4
CP
Foyer
1.0
⃗∞
𝑉
𝑀𝑐𝑟
25% 50% 𝑥 ⁄𝑐
Figure 2.9. Mouvement du CP et du foyer d’un profil subsonique à simple courbure positive avec le nombre de Mach.
37
M. Yahyaoui Théorie des profils minces
𝐴1 1 𝜋 𝑑𝑧
𝐶𝑙 = 2𝜋 (𝐴0 + ) = 2𝜋 (𝛼 + ∫ (𝑐𝑜𝑠 𝜃 − 1)𝑑𝜃)
2 𝜋 0 𝑑𝑥
On pose :
1 𝜋 𝑑𝑧
𝛼0 = − ∫ (𝑐𝑜𝑠 𝜃 − 1)𝑑𝜃 (23)
𝜋 0 𝑑𝑥
Alors :
𝐶𝑙 = 2𝜋(𝛼 − 𝛼0 ) (24)
L’angle 𝛼0 est l’incidence de portance nulle et la différence entre l’incidence géométrique (𝛼) et l’incidence de
portance nulle est appelée angle d’incidence absolue (𝛼𝑎 ) :
𝛼𝑎 = 𝛼 − 𝛼0 (25)
Et le coefficient de portance d’un profil peut simplement s’écrire :
𝐶𝑙 = 𝑎0 𝛼𝑎 ; 𝑎0 = 2𝜋/𝑟𝑎𝑑 ≅ 0.11/𝑑𝑒𝑔𝑟é
Profil 𝒂𝟎 ⁄𝟐𝝅 ̅ 𝑭 = 𝒙𝑭 ⁄ 𝒄
𝒙
NACA 0009 0.995 0.25
NACA 2424 0.895 0.228
NACA 23012 0.985 0.241
NACA 643-418 1.06 0.271
NACA 663-418 1.00 0.264
𝐿
𝑧
𝑀𝐹
𝐷
𝑥𝐹 𝑥 𝑥
𝐹 (𝑧 ) 𝐶𝐺 ( )
𝐹 𝑧
On divise par 𝑞̅∞ 𝑆𝑐̅ et on dénote par une barre les longueurs qui sont divisées par 𝑐̅ . Cette dernière est la longueur
de référence en tangage, égale à la corde aérodynamique moyenne :
1 2 𝑏
𝑐̅ = ∬ 𝑐(𝑦)𝑑𝑆 = ∫ 𝑐 2 (𝑦) 𝑑𝑦
𝑆 𝑆 𝑏 0
Le coefficient du moment de tangage au centre de gravité est donc :
𝐶𝑚 = 𝐶𝑚𝐹 + 𝐶𝐿 (𝑥̅ − 𝑥̅ 𝐹 ) (26)
Or :
𝐶𝐿 = 𝑎𝛼𝑎
On a donc :
38
M. Yahyaoui Théorie des profils minces
CG 𝐿
𝑚𝑔
(a) Vol initial stabilisé à incidence 𝛼 : 𝐿 = 𝑚𝑔 et 𝑀 = 0
𝐿 𝐿
∆𝑀 > 0
∆𝐿
∆𝑀 > 0
∆𝐿
Figure 2.11 : La stabilité statique longitudinale est garantie si le CG est à l’avant du foyer.
Pour que la sustentation soit possible il faut que le coefficient du moment de tangage à portance nulle soit positif
(Figure 2.12-c) car dans ce cas, l’incidence de vol stabilisé, celle qui annule le moment de tangage, est positive et
la portance est orientée vers le haut, qui est le bon sens de la portance pour assurer la sustentation.
Or d’après l’équation 26 :
𝐶𝑚0 = 𝐶𝑚 |𝐶𝐿=0 = 𝐶𝑚𝐹
Pour avoir 𝐶𝑚0 positif il faut que le profil de la voilure soit à double courbure.
39
M. Yahyaoui Théorie des profils minces
𝐶𝑚
𝐶𝑚0 = 𝐶𝑚𝐹 = 0
𝛼𝑎
𝐿=0
(a) Profil symétrique : 𝐿 = 0 à 𝐶𝑚=0
𝐶𝑚 𝐶𝑚
𝐶𝑚0 = 𝐶𝑚𝐹 > 0
𝛼𝑎 𝐿↑
𝐿↓
𝐶𝑚0 = 𝐶𝑚𝐹 < 0
𝛼𝑎
(b) Profil à simple courbure positive :𝐿 < 0 à 𝐶𝑚=0 (c) Profil à double courbure : 𝐿 > 0 à 𝐶𝑚=0
En résumé, une aile volante qui est statiquement stable est une aile dont :
- Le CG est à l’avant du foyer soit 𝐶𝑚𝛼 < 0 (condition de stabilité)
- Le 𝐶𝑚0 est positif (condition de sustentation). Cette deuxième condition peut être assurée de deux façons,
soit en utilisant un profil à double courbure pour les ailes sans flèche, soit en combinant flèche et vrillage
négatif des ailes. Dans ce dernier cas le coefficient du moment au foyer des ailes sera de la forme :
𝐶𝑚0 = 𝐶𝑚𝐹 = 𝐾1 (𝜆, 𝜎, 𝛬𝑐⁄4 )(𝐶𝑚𝐹 )𝑝𝑟𝑜𝑓𝑖𝑙 + 𝐾2 (𝜆, 𝜎, 𝛬𝑐⁄4 )𝜃
où 𝜃 est l’angle de vrillage qui est négatif et 𝐾2 est négatif aussi. Le coefficient 𝐾1 est positif et même si
le 𝐶𝑚𝐹 du profil est négatif, on peut toujours espérer obtenir un 𝐶𝑚𝐹 global positif de la valeur par le propre
choix des paramètres géométriques de la voilure. Ceci sera certes plus faisable si le 𝐶𝑚𝐹 du profil n’est pas
trop négatif, c’est-à-dire que le profil a une faible cambrure.
𝐿1 𝐿2
𝛼𝑟
𝐿1
𝑥
𝐿2
𝛼𝑒
Figure 2.13 : Voilure vrillée et en flèche à zéro portance : 𝐶𝑚𝐹 peut être positif même si le profil est à courbure positive.
40
M. Yahyaoui Théorie des profils minces
de bord de fuite, les ailerons, les gouvernes de profondeur et de direction et les tabs de compensation de régime
ou d’évolution (Figure 2.14).
Aileron
Gouverne de
direction
Gouverne de Volet de BF
profondeur
Compensateur
Puisque tous les angles sont faibles dans la théorie des profils minces, on peut déterminer l’effet d’une surface
mobile de bord de fuite pour le cas d’un profil symétrique à zéro incidence puis généraliser les résultats au cas
d’un profil à cambrure et à incidence nulle. Cette approche est motivée par le fait qu’à incidence nulle, un profil
symétrique à zéro 𝐶𝐿′ et 𝐶𝑚
′
𝐹
. Si une surface mobile de bord de fuite est braquée à incidence nulle, les 𝐶𝐿′ et 𝐶𝑚 𝐹
qui en résultent ne peuvent être attribués qu’à cette surface.
L’effet du braquage d’une surface mobile de bord de fuite peut être considéré comme une modification de la corde
et de l’ossature. Pour un profil symétrique initialement à zéro incidence, la nouvelle ossature est donnée par Figure
2.15(b) :
𝑑𝑧 ℎ⁄(1 − 𝑘) 𝑠𝑖 𝑥 < (1 − 𝑘)𝑐
={
𝑑𝑥 −ℎ⁄𝑘 𝑠𝑖 𝑥 > (1 − 𝑘)𝑐
On calcule alors les coefficients 𝐴0 , 𝐴1 et 𝐴2 :
1 𝜋 𝑑𝑧 1 𝜃ℎ 𝑑𝑧 1 𝜋 𝑑𝑧
𝐴0 = 𝛼 − ∫ 𝑑𝜃 = 𝛼 − ∫ 𝑑𝜃 − ∫ 𝑑𝜃
𝜋 0 𝑑𝑥 𝜋 0 𝑑𝑥 𝜋 𝜃ℎ 𝑑𝑥
où :
𝑥ℎ
𝜃ℎ = 𝑐𝑜𝑠 −1 (1 − 2 ) (27)
𝑐
est la position de la charnière en termes de la variable 𝜃. Cette position en termes de l’abscisse 𝑥 est :
𝑥 ℎ = (1 − 𝑘 )𝑐
1 𝜃ℎ ℎ 1 𝜋ℎ
𝐴0 = 𝛼 − ∫ 𝑑𝜃 + ∫ 𝑑𝜃
𝜋 0 1−𝑘 𝜋 𝜃ℎ 𝑘
𝜃ℎ
1 ℎ 1 ℎ 𝜋
𝐴0 = 𝛼 − [ 𝜃] + [ 𝜃]
𝜋 1−𝑘 0 𝜋 𝑘 𝜃ℎ
1 ℎ ℎ 1ℎ
= 𝛼− 𝜃 + − 𝜃
𝜋1−𝑘 ℎ 𝑘 𝜋𝑘 ℎ
ℎ 1 ℎ ℎ
𝐴0 = 𝛼 + − ( + )𝜃
𝑘 𝜋 1−𝑘 𝑘 ℎ
Pars ailleurs on a :
ℎ ℎ
𝛼 = 𝑡𝑔−1 ≅
1−𝑘 1−𝑘
ℎ ℎ
𝛿 = 𝛼 + 𝑡𝑔−1 ≅ 𝛼 +
𝑘 𝑘
41
M. Yahyaoui Théorie des profils minces
Alors :
ℎ ℎ
𝛿= +
1−𝑘 𝑘
Et par suite :
𝜃ℎ
𝐴0 = (1 − )𝛿
𝜋
2 𝜋 𝑑𝑧 2 𝜃ℎ ℎ 2 𝜋 ℎ
𝐴𝑛 = ∫ 𝑐𝑜𝑠 𝑛𝜃 𝑑𝜃 = ∫ 𝑐𝑜𝑠 𝑛𝜃 𝑑𝜃 + ∫ − 𝑐𝑜𝑠 𝑛𝜃 𝑑𝜃
𝜋 0 𝑑𝑥 𝜋 0 1−𝑘 𝜋 𝜃ℎ 𝑘
2 ℎ ℎ 2 ℎ ℎ
= ( 𝑠𝑖𝑛 𝑛𝜃ℎ + 𝑠𝑖𝑛 𝑛𝜃ℎ ) = ( + ) 𝑠𝑖𝑛 𝑛𝜃ℎ
𝑛𝜋 1 − 𝑘 𝑘 𝑛𝜋 1 − 𝑘 𝑘
2 𝑠𝑖𝑛 𝑛𝜃ℎ
𝐴𝑛 = 𝛿
𝑛𝜋
Le changement en 𝐶𝐿′ est :
𝜃ℎ 2 𝑠𝑖𝑛 𝜃ℎ
∆𝐶𝑙 = 2𝜋𝐴0 + 𝜋𝐴1 = 2𝜋 (1 − ) 𝛿+𝜋 𝛿
𝜋 𝜋
∆𝐶𝑙 = 2(𝜋 − 𝜃ℎ + 𝑠𝑖𝑛 𝜃ℎ )𝛿 (28)
′
Alors que le changement en 𝐶𝑚 𝐹
est :
′
𝜋 𝜋 2 𝑠𝑖𝑛 2𝜃ℎ 2 𝑠𝑖𝑛 𝜃ℎ
∆𝐶𝑚 𝐹
= (𝐴2 − 𝐴1 ) = ( − )𝛿
4 4 2𝜋 𝜋
′
1
∆𝐶𝑚 𝐹
= − 𝑠𝑖𝑛 𝜃ℎ (1 − 𝑐𝑜𝑠 𝜃ℎ )𝛿 (29)
2
′
A faible angle 𝛼 et faible angle de braquage, les changements en 𝐶𝑙 et en 𝐶𝑚 𝐹
sont proportionnels à 𝛿.
𝑧
Nouvelle ossature ℎ𝑐
𝛿
𝛼
⃗∞
𝑉
𝛿>0 ⃗∞ 𝑥
𝑉
Nouvelle corde (1 − 𝑘 )𝑐 𝑘𝑐
(a) (b)
42
M. Yahyaoui Théorie des profils minces
− ∆𝛼0 ⁄𝛿
0.6
Expérimental
0.4
0.2
′
Figure 2.17 montre un exemple de courbes 𝐶𝑙 = 𝑓(𝛼) et 𝐶𝑚 𝑐/4
= 𝑓 (𝛼 ) en configuration propre et pour un volet
d’intrados braqué de 60° pour le profil NACA 1408 (1% de cambrure et 8% d’épaisseur). On note que, du fait que
le profil est relativement mince (𝑒̅𝑚𝑎𝑥 = 8%), la valeur maximale du 𝐶𝑙 en configuration propre est de 1.35 à peu
près. Elle est de 1.6 pour le profil NACA 1412. L’incidence de portance nulle est de l’ordre de -1°.
Re a. c. position 𝒙⁄𝒄
3x106 0.25
6x106 0.25
9x106 0.25
6x106 standard roughness
0.2c split flap deflected 60°
6x106
6x106 standard roughness
De même l’équation (26) régissant le coefficient du moment de tangage au centre de gravité devient :
′ ′ ′
𝜕𝐶𝑙
𝐶𝑚 = 𝐶𝑚 𝐹
+ ∆𝐶𝑚 𝐹
+ (𝑎0 𝛼𝑎 + 𝛿) (𝑥̅ − 𝑥̅ 𝐹 )
𝜕𝛿
Soit :
′ ′ ′
𝜕𝐶𝑙
𝐶𝑚 = 𝐶𝑚 𝐹
+ 𝑎0 𝛼𝑎 (𝑥̅ − 𝑥̅ 𝐹 ) + ∆𝐶𝑚 𝐹
+ (𝑥̅ − 𝑥̅ 𝐹 ) 𝛿 (33)
𝜕𝛿
Le braquage de la surface mobile de bord de fuite engendre le changement suivant dans le coefficient du moment
de tangage au centre de gravité :
′
𝜕𝐶𝑙
∆𝐶𝑚 = ∆𝐶𝑚 𝐹
− (𝑥̅ 𝐹 − 𝑥̅ ) 𝛿
𝜕𝛿
Et, à des angles de braquage modérés, ceci s’écrit comme :
′
𝜕𝐶𝑚 𝐹
𝜕𝐶𝑙
∆𝐶𝑚 = [ − (𝑥̅ 𝐹 − 𝑥̅ ) ]𝛿
𝜕𝛿 𝜕𝛿
Ou encore :
′
𝜕𝐶𝑚
∆𝐶𝑚 = 𝛿
𝜕𝛿
Avec :
′ ′
𝜕𝐶𝑚 𝜕𝐶𝑚 𝐹
𝜕𝐶𝑙
= − (𝑥̅ 𝐹 − 𝑥̅ ) (34)
𝜕𝛿 𝜕𝛿 𝜕𝛿
avec 𝜕𝐶𝑙 ⁄𝜕𝛿 donné par l’équation (32) et d’après l’équation (29) :
′
𝜕𝐶𝑚 𝐹
1
= − 𝑠𝑖𝑛 𝜃ℎ (1 − 𝑐𝑜𝑠 𝜃ℎ )
𝜕𝛿 2
On réécrit l’équation (33) sous la forme :
′ ′
′ ′
𝜕𝐶𝑚 𝜕𝐶𝑚
𝐶𝑚 = 𝐶𝑚 𝐹
+ 𝛼𝑎 + 𝛿 (35)
𝜕𝛼 𝜕𝛿
Avec :
′
𝜕𝐶𝑚
= −𝑎(𝑥̅ 𝐹 − 𝑥̅ ) (36)
𝜕𝛼
A l’équilibre, le moment de tangage (au centre de gravité) est nul.
𝛿>0
Surface mobile
′
𝐶𝑚
𝐶𝑙 𝛿>0
𝛼é𝑞 ↘ 𝛼
𝛿<0
𝛿>0
Figure 2.18 : Effet d’une surface mobile de bord de fuite sur les coefficients de portance et du moment de tangage.
44
M. Yahyaoui Théorie des profils minces
II. Effets des différents paramètres sur les coefficients aérodynamiques d’un profil
Une des limitations de la théorie des profils minces est qu’elle ne peut pas modéliser le phénomène de décrochage
que subit tout profil lorsque l’angle d’incidence dépasse une certaine valeur. Une telle limitation est évidente
puisque cette théorie suppose un fluide non visqueux alors que le décrochage aérodynamique est directement
associé au comportement de la couche limite où les effets de viscosité sont très importants.
Selon la théorie des profils minces, le coefficient de portance est régi par l’équation (24) indépendamment de la
valeur de 𝛼. Ceci n’est pas le cas en pratique et cette équation n’est pas valable à droite du point 𝐴 sur Figure 2.19.
A droite de ce point, le coefficient de portance continue à augmenter mais avec un gradient 𝑎0 = 𝐶𝑙 𝛼 de plus en
plus faible jusqu’à l’incidence de décrochage 𝛼𝐶𝑙 𝑚𝑎𝑥 . Au-delà de cette incidence, le coefficient de portance
diminue.
Figure 2.19 : Limitation de la théorie des profils minces à la partie linéaire du diagramme 𝐶𝑙 -𝛼.
Les caractéristiques du diagramme 𝐶𝑙 − 𝛼 et notamment les valeurs de 𝛼𝐶𝑙 𝑚𝑎𝑥 et de 𝐶𝑙 𝑚𝑎𝑥 dépendent de plusieurs
paramètres dont les effets sont donnés dans ce qui suit.
1. Influence de l’épaisseur relative
L’épaisseur relative est :
- Inférieure à 6% pour les profils minces.
- Entre 6% et 12% pour les profils semi-épais.
- Supérieure à 12% pour les profils épais.
Strictement parlant, la théorie des profils minces n’est valable que pour une épaisseur maximale relative inférieure
à 6%. Mais en pratique, les résultats fournis par cette théorie sont couramment utilisés pour des épaisseurs relatives
de 15% et même plus.
Si l’épaisseur relative augmente, commençant d’une faible épaisseur :
- 𝛼0 ne changera pas.
- 𝐶𝑙 𝑚𝑎𝑥 et 𝛼𝐶𝑙 𝑚𝑎𝑥 augmentent jusqu’à une valeur optimale de l’épaisseur relative de l’ordre de 15% puis
diminue (Figure 2.20). Cette valeur optimale de l’épaisseur maximale relative est une sorte de moyenne pour
les différentes familles de profils. La valeur optimale correspondant à la série NACA à 4 chiffres est de 12%
environ.
- Le gradient de portance diminue légèrement ou augmente légèrement, tout dépend de la famille de profils.
Mais la variation est faible.
45
M. Yahyaoui Théorie des profils minces
𝐶𝑙 𝑒̅𝑚𝑎𝑥 = 15%
𝐶𝑙 𝑚𝑎𝑥
𝑒̅𝑚𝑎𝑥 = 6%
𝛼0
≈ 15% 𝑒̅𝑚𝑎𝑥
𝛼
𝐶𝑙
𝛼0′
𝛼0 𝛼 ↘ à même 𝐶𝑙 𝛼
𝑟0 ↗
Profil à faible rayon de courbure au bord Profil à grand rayon de courbure au bord
d’attaque en état de décrochage. d’attaque, à la même incidence.
Figure 2.22 : Le décrochage est retardé si le rayon de courbure du bord d’attaque augmente.
Lorsque l’air entre dans la couche limite, ayant subi une perte importante de sa quantité de mouvement, il ne peut
pas résister au gradient adverse de pression qui existe sur l’extrados du profil, entre le point de pression minimale
46
M. Yahyaoui Théorie des profils minces
et le bord de fuite. Le décrochage a lieu à une incidence moins importante que dans le cas d’un profil dont le rayon
de courbure est important (Figure 2.23).
𝛼0
Figure 2.23 : Effet du rayon de courbure du bord d’attaque sur le diagramme 𝐶𝐿′ − 𝛼 et sur la polaire.
L’augmentation du rayon de courbure du bord d’attaque n’affecte pas 𝛼0 et le gradient de portance mais elle
augmente l’incidence de décrochage et la valeur maximale du coefficient de portance. Le coefficient de traînée de
forme augmente par augmentation de la surface frontale.
4. Influence de l’état de la surface
Toute forme de contamination de la surface du profil entraînera une diminution de l’incidence de décrochage et
de la valeur maximale du coefficient de portance (Figure 2.24).
Glace
𝛼0 Glace
𝛼
La conséquence la plus grave de la formation de givre sur le bord d’attaque des ailes est l’augmentation importante
de la vitesse de décrochage et la diminution importante de l’incidence de décrochage ce qui induit en erreur les
avertisseurs artificiels de décrochage et le dispositif de prévention du décrochage comme le pousseur de manche
qui équipe les avions à ailes en flèche.
5. Influence du nombre de Reynolds
L’augmentation du nombre de Reynolds global (𝑅𝑒 𝑐 = 𝑉∞ 𝑐 ⁄𝜈∞ ) fait avancer le point de transition laminaire-
turbulent de la couche limite et fait reculer son point de décollement mais l’augmentation correspondante du 𝐶𝐿′𝑚𝑎𝑥
par unité de variation du nombre de Reynolds n’est pas la même à toutes les valeurs de ce dernier. L’expérience
montre que le taux d’augmentation est plus important au voisinage d’un 𝑅𝑒 𝑐 de l’ordre de 2.106 et diminue en
s’éloignant de cette valeur (Figure 2.25).
𝐶𝑙 𝑅𝑒 𝑐 ↗
𝐶𝑙 𝑚𝑎𝑥
𝛼0
𝛼 𝑅𝑒 𝑐 ~2 × 106 𝑅𝑒𝑐
47
M. Yahyaoui Théorie des profils minces
(𝐶𝑙 𝛼 ) 2𝜋
𝑖𝑛𝑐𝑜𝑚𝑝
𝐶𝑙 𝛼 = = (𝑟𝑎𝑑 −1 )
√1 − 2
𝑀∞ 2
√1 − 𝑀∞
𝐶𝑙 Compressible Incompressible
𝐶𝑙 𝛼 ↗
Figure 2.26 : Effet du nombre de Mach sur le coefficient de portance d’un profil subsonique.
▪ L’incidence de décrochage et le 𝐶𝑙 𝑚𝑎𝑥 diminuent (Figure 2.26). Ceci s’explique par le fait que les lignes de
courant, par le fait de la compressibilité de l’air, se rapprochent beaucoup du bord d’attaque avant de le
contourner (Figure 2.27). La grande courbure des lignes de courant au voisinage du bord d’attaque fait perdre
à l’écoulement une bonne partie de son énergie cinétique par frottement ce qui entraîne un décollement
précoce de la couche limite.
Incompressible
Compressible
𝐶𝑑
𝐶𝐷𝑜𝑛𝑑𝑒
Figure 2.29 : A grand Mach le décollement de la couche limite est dû à l’onde de choc.
Zap flap
Volet à fente Volet à double fente
Dans le cas des volets à fente, l’écoulement la couche limite est alimenté en énergie par l’écoulement intrados à
travers d’une fente, de forme convergente qui augmente l’énergie cinétique de l’air qui la traverse. Le décollement
de la couche limite est ainsi retardé. Ceci explique la supériorité des volets à fente et du volet Fowler (Figure 2.31).
49
M. Yahyaoui Théorie des profils minces
𝐶𝑙 Volet Fowler
Volet à fente
Volet courbure
Volet de d’intrados
Configuration propre
𝛼0′ 𝛼0 𝛼
Figure 2.31 : Comparaison de l’effet des volets de bord de fuite sur le diagramme 𝐶𝐿′ − 𝛼.
Configuration propre
𝛼
Figure 2.33. Effet des volets et becs de bord d’attaque sur le diagramme 𝐶𝐿′ − 𝛼.
Sans braquage des volets, l’écoulement autour du bord d’attaque ressemble à un écoulement en tourbillon où le
rayon 𝑟 est relativement faible (Figure 2.34-(a)). Or la vitesse induite par un tourbillon est inversement
proportionnelle à 𝑟 (tant que 𝑟 n’est pas trop faible bien sûr) et le gradient de vitesse (𝜕𝑣⁄𝜕𝑟) est inversement
proportionnel à 𝑟 2 . De ce fait, les contraintes de cisaillement (𝜏) qui sont proportionnelles à ce gradient de vitesse
(𝜏 ∝ 𝜕𝑣⁄𝜕𝑟) sont très importantes.
50
M. Yahyaoui Théorie des profils minces
Forts gradients
de vitesse 𝑟
𝑟
(𝑎) (𝑏)
Figure 2.34. Effet des volets de bord d’attaque sur la courbure des lignes de courant au bord d’attaque.
Ces contraintes sont diminuées considérablement par le braquage d’un volet de bord d’attaque. Celui-ci augmente
le rayon de courbure des lignes de courant au voisinage du bord d’attaque, ce qui réduit 𝜏 et par conséquent atténue
les pertes d’énergie par friction que subit l’écoulement, notamment la couche limite, dans cette zone. La
minimisation des pertes d’énergie dans la couche limite retarde le décrochage à une incidence plus importante.
Dans le cas des becs à fente ou slats l’écoulement extrados, déficient en énergie sous l’effet des forts gradients de
vitesse, est alimenté en énergie par l’écoulement intrados à travers d’une fente, de forme convergente qui augmente
l’énergie cinétique de l’air qui la traverse. Le décollement de la couche limite est ainsi retardé. La nouvelle
incidence de décrochage peut aller jusqu’à 25°.
Par comparaison aux volets de bord de fuite, les changements de traînée et de moment de tangage sont faibles mais
l’inconvénient des slats (les volets de bord d’attaque aussi) est la grande valeur de 𝛼𝐶𝐿𝑚𝑎𝑥
′ . La position de l’avion
au décollage et à l’atterrissage sera trop cabrée ce qui pose un problème de visibilité à l’atterrissage et il y a risque
de toucher de la queue.
8. Avantages de la série LS de la NASA
Les travaux de Richard Whitcomb lors des années cinquante et soixante du vingtième siècle ont abouti à une
amélioration très importante des profils basse vitesse (General Aviation Whitcomb ou GAW) et des profils bas
transsonique (les profils supercritiques qui seront revus ultérieurement en aérodynamique transsonique).
Les avantages principaux des de la série GAW ou LS (low speed) sont un 𝐶𝐿′𝑚𝑎𝑥 plus important et une meilleure
finesse.
51
M. Yahyaoui Théorie des profils minces
Exercices
Exercice 2.1
Montrer que pour un profil symétrique le moment de tangage par rapport à un axe situé à 3c/4 du bord d’attaque
est donné par :
′
𝜋
𝑀3𝑐/4 = 𝛼𝜌𝑉∞2 𝑐 2
2
Vérifier ce résultat en utilisant le fait que le centre de pression est à 𝑐/4 du bord d’attaque indépendamment de
l’angle d’incidence.
Exercice 2.2
Un profil a une ligne de courbure en forme d’arc de cercle (Figure 1). Sa courbure maximale est égale à 𝑘𝑐 (k est
une constante et 𝑐 est la longueur de la corde). Montrez que, pour k faible, la répartition de la circulation est donnée
par :
1 + 𝑐𝑜𝑠 𝜃 𝑐
𝛾 = 2𝑉∞ [𝛼 + 4𝑘 𝑠𝑖𝑛 𝜃] ; 𝑥 = (1 − 𝑐𝑜𝑠 𝜃 )
𝑠𝑖𝑛 𝜃 2
Montrer que 𝛼0 = −2𝑘 et que 𝐶𝑚𝐹 = −𝜋𝑘.
𝑧 𝑘𝑐
𝜂1 𝑥 ℎ2
𝑥 ℎ1 𝜂2
O 𝑐 𝑥
Figure 1 Figure 2
Exercice 2.3
On donne la ligne de courbure d’un profil :
𝑧̅ = 𝑎𝑥̅ [(𝑏 − 1)𝑥̅ 2 − 𝑏𝑥̅ + 1]
Où a et b sont des constantes et 𝑥̅ = 𝑥/𝑐.
′
1. Montrer que si l’angle de portance nulle est nul alors b=7/3 et 𝐶𝑚 𝐹
= 𝜋𝑎⁄24.
′
2. Montrer qu’on a 𝐶𝑚 𝐹
nul pour b=15/7.
Représenter graphiquement la ligne de courbure dans chaque cas.
Exercice 2.4
On considère un profil symétrique muni de deux volets : un au bord d’attaque et l’autre au bord de fuite (Figure 2
avec 𝑥ℎ1 = 0.2𝑐 et 𝑥ℎ2 = 0.8𝑐 ; 𝑐 étant la longueur de la corde).
′
1. Montrer que la condition nécessaire pour avoir 𝐶𝑚 𝐹
= 0 est 𝜂2 = − 𝜂1 ⁄4.
2. Montrer que si 2 est nul et 1 est positif alors 𝐶𝑚𝐹 est négatif.
′
Exercice 2.5
On se propose de développer une théorie 2D simplifiée d’élément pour un profil symétrique mince (plaque plane)
de corde c placé dans un écoulement de vitesse 𝑉∞ et d’angle d’incidence 𝛼.
Comme la distribution de tourbillon sur une plaque plane est :
1 + cos 𝜃
𝛾(𝜃) = 2𝛼𝑉∞
sin 𝜃
On peut, en se plaçant en champ lointain, remplacer cette distribution tourbillonnaire par un seul tourbillon d’une
intensité constante, donnée par :
𝑐
Γ = ∫ 𝛾(𝑥 )𝑑𝑥
0
52
M. Yahyaoui Théorie des profils minces
3. On appelle le point où 𝑤 = 0 le point de collocation. Si la position de ce point sur la plaque est donnée
par 𝑘𝑐, déterminez 𝑘.
4. On applique maintenant ce modèle simple pour calculer la portance de deux plaques identiques de corde c,
placées en tandem et de circulation respectives Γ1 et Γ2 . Ces deux plaques sont séparées de 𝑐 ⁄2. La
composante de vitesse normale en chaque point de collocation est due à l’influence des deux tourbillons et
de l’écoulement libre. En imposant que cette composante soit nulle pour chacune des deux plaques,
déterminez les valeurs de Γ1 et Γ2 ainsi que la portance exercée sur chaque profil.
5. On considère l’écoulement sur une aile biplan, constituée de deux plaques de corde 𝑐, parallèles entre elles
et séparées d’une distance ℎ. En utilisant le modèle précédent, déterminez le coefficient de portance de
chacun des profils, en fonction de 𝛼, 𝑐 et ℎ.
𝑧 𝑤
Γ
Mono plane 𝛼
𝑥
𝑉∞
𝑧
𝑤1 Γ2 𝑤2
Γ1
En cascade
𝛼 𝑥
𝑐 3𝑐/2 5𝑐/2
𝑉∞
𝑧 𝑤2
Γ2
ℎ
Biplane
𝛼 𝑤1
Γ1
𝑉∞
𝑥
Exercice 2.6
Un deux-mâts est muni de deux voiles identiques de corde 𝑐 ouvertes d’un angle de 45° par rapport à l’axe du
bateau. Les deux voiles sont supposées sans cambrure et parallèles entre elles. La distance entre le bord de fuite
de la première et le bord d’attaque de la seconde est 𝑐. L’angle d’incidence α sur les voiles est faible et on raisonne
dans un plan en négligeant tout phénomène 3D. En utilisant la méthode des tourbillons ponctuels, déterminer la
portance exercée sur chacune des voiles.
𝑧 Γ2 𝑤2
𝑐
Un deux-mâts modélisé par deux tourbillons ponctuels.
Axe du voilier
𝛼 Γ1 𝑤1
⃗∞
𝑉
𝑂 𝑐 2𝑐 𝑥
53
M. Yahyaoui Les profils dans le plan complexe
I. Généralités
1. Équations de Cauchy-Riemann
La dérivée d’une fonction complexe 𝑓 (𝑧) est définie par :
𝑓 (𝑧 + ∆𝑧) − 𝑓 (𝑧)
𝑓 ′ (𝑧) = 𝑙𝑖𝑚 (1)
∆𝑧→0 ∆𝑧
si cette limite existe.
Si la dérivée d’une fonction existe en un point 𝑧0 alors la fonction est analytique en ce point. Une condition
nécessaire pour qu’une fonction complexe 𝜁 = 𝑓(𝑧) = 𝐴(𝑥, 𝑦) + 𝑖𝐵(𝑥, 𝑦) soit analytique sur une région ℛ du plan
complexe est que 𝐴 et 𝐵 doivent vérifier les équations de Cauchy-Riemann :
𝜕𝐴 𝜕𝐵
=
𝜕𝑥 𝜕𝑦
(2)
𝜕𝐴 𝜕𝐵
=−
{𝜕𝑦 𝜕𝑥
Démonstration :
𝑓(𝑧) = 𝐴(𝑥, 𝑦) + 𝑖𝐵(𝑥, 𝑦)
𝑓(𝑧 + ∆𝑧) = 𝐴(𝑥 + ∆𝑥, 𝑦 + ∆𝑦) + 𝑖𝐵(𝑥 + ∆𝑥, 𝑦 + ∆𝑦)
𝑓(𝑧 + ∆𝑧 − 𝑓(𝑧)) 𝐴(𝑥 + ∆𝑥, 𝑦 + ∆𝑦) − 𝐴(𝑥, 𝑦) + 𝑖 [𝐵(𝑥 + ∆𝑥, 𝑦 + ∆𝑦) − 𝐵(𝑥, 𝑦)]
𝑙𝑖𝑚 = 𝑙𝑖𝑚
∆𝑧→0 ∆𝑧 ∆𝑥→0 ∆𝑥 + 𝑖∆𝑦
∆𝑦→0
Si ∆𝑥 = 0 alors :
𝐴(𝑥, 𝑦 + ∆𝑦) − 𝐴(𝑥, 𝑦) + 𝑖 [𝐵(𝑥, 𝑦 + ∆𝑦) − 𝐵(𝑥, 𝑦)] 𝜕𝐵 𝜕𝐴
𝑙𝑖𝑚 = −𝑖
∆𝑦→0 𝑖∆𝑦 𝜕𝑦 𝜕𝑦
Si ∆𝑦 = 0 alors :
𝐴(𝑥 + ∆𝑥, 𝑦) − 𝐴(𝑥, 𝑦) + 𝑖[𝐵(𝑥 + ∆𝑥, 𝑦) − 𝐵(𝑥, 𝑦)] 𝜕𝐴 𝜕𝐵
𝑙𝑖𝑚 = +𝑖
∆𝑦→0 𝑖∆𝑦 𝜕𝑥 𝜕𝑥
Si la dérivée existe, ces deux limites seront égales. D’où les équations de Cauchy-Riemann données par (2).
2. Les transformations conformes
a. Théorème :
Une transformation 𝜁 = 𝑓 (𝑧)est conforme en 𝑧0 si 𝑓 est analytique en ce point et si 𝑓′(𝑧0 ) ≠ 0
c. Propriétés :
Une transformation conforme conserve les angles mais pas les distances.
Exemple :
Soit la transformation 𝜁 = 𝑧 2 .
- Déterminez le transformé par 𝜁 du carré (𝑂, 𝐴, 𝐵, 𝐶 ).
- Vérifiez si les angles sont conservés.
Solutions :
𝜁 = 𝑧 2 = (𝑥 + 𝑖𝑦)2 = 𝑥 2 − 𝑦 2 + 𝑖2𝑥𝑦 = 𝑔 + 𝑖ℎ
𝑔 = 𝑥2 − 𝑦2
{
ℎ = 2𝑥𝑦
- La droite 𝑥 = 1 se transforma en la parabole d’équation 𝜉 = 1 − 𝜂2 ⁄4 de courbe 𝐶1 .
54
M. Yahyaoui Les profils dans le plan complexe
𝑦 𝜂
0 1 𝐵′
𝐶( ) 𝐵( )
1 1
𝐶′ 𝑂′ 𝐴′ 𝜉
0 1 𝑥
𝑂( ) 𝐴( )
0 0
̂.
Cet angle est égal à 𝜋⁄2 et il est le même que l’angle 𝐴𝐵𝐶
- La dérivée :
𝑑𝜂
| = 0 𝑠𝑢𝑟 𝐶1 𝑒𝑡 𝐶2
𝑑𝜉 𝜂=𝟎
⟹ 𝑂̂ ̂
′ 𝐴′ 𝐵 ′ = 𝜋 ⁄2 = 𝑂𝐴𝐵
⟹ 𝑂̂
′ ′ ′
𝐶 𝐵 = 𝜋⁄2 = 𝑂𝐶𝐵 ̂
- L’angle 𝐶̂ ̂ = 𝜋 ⁄2
′ 𝑂 ′ 𝐴′ = 𝜋 ≠ 𝐶𝑂𝐴
55
M. Yahyaoui Les profils dans le plan complexe
𝑑𝐹 1 𝜕𝐹 𝜕𝜓 𝜕𝜙
= = −𝑖 = 𝑢 − 𝑖𝑣
𝑑𝑧 𝑖 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜕𝑦
En résumé :
𝐹 = 𝜙 + 𝑖𝜓
𝑑𝐹
= 𝑢 − 𝑖𝑣
𝑑𝑧
Exercice :
Justifiez les fonctions données ci-dessous représentent bien les écoulements qui leur sont associés :
- Écoulement uniforme :
𝐹 = 𝑉∞ 𝑧
- Source/puits :
𝛬
𝐹= 𝑙𝑛 (𝑧)
2𝜋
- Tourbillon ponctuel :
𝑖𝛤
𝐹=− 𝑙𝑛(𝑧)
2𝜋
- Dipôle :
𝜇
𝐹=
2𝜋𝑧
II. Les profils dans l’espace complexe
1. Transformation de Joukovski
La transformation de Joukovski est définie par :
𝑙2
𝜁=𝑧+ ; 𝑧 (3)
𝑧
La dérivée correspondante est :
𝑑𝜁 𝑙2
= 1− 2
𝑑𝑧 𝑧
Les point 𝑧 = 0 et 𝑧 = ±𝑙 sont les points critiques de cette transformation.
L’image, dans le plan 𝜁, d’un cercle centré à l’origine et de rayon 𝑎 dans le plan 𝑧 est une ellipse :
𝑧 = 𝑎𝑒 𝑖𝜃
𝑙2 𝑙2 𝑙2 𝑙2
𝜁 = 𝑎𝑒 𝑖𝜃 + 𝑖𝜃
= 𝑎𝑒 𝑖𝜃 + 𝑒 −𝑖𝜃 = (𝑎 + ) 𝑐𝑜𝑠 𝜃 + 𝑖 (𝑎 − ) 𝑠𝑖𝑛 𝜃 = 𝜉 + 𝑖𝜂
𝑎𝑒 𝑎 𝑎 𝑎
On a donc :
𝜉2 𝜂2
2+ 2 =1
𝑙2 𝑙2
(𝑎 + 𝑎 ) (𝑎 − 𝑎 )
𝑦
𝑙2
𝑎−
𝑎 𝑎
𝜃
⇒
𝑥 𝑙2 𝜉
𝑎+
𝑎
Dans le plan z Dans le plan 𝜁
C’est l’équation dans e plan 𝜁 d’une ellipse centrée à l’origine de demi grand axe 𝑎 + 𝑙 2 ⁄𝑎 et demi petit axe 𝑎 +
𝑙 2 ⁄ 𝑎.
Remarque : si on prend 𝑙 = 𝑎 l’ellipse dégénère en une plaque plane de longueur 4𝑎.
2. L’écoulement sur une plaque plane
On rappelle que l’écoulement sur une un cylindre est donné par :
𝑎2
𝜙 = 𝑉∞ (𝑟 + ) 𝑐𝑜𝑠 𝜃
𝑟
𝑎2
𝜓 = 𝑉∞ (𝑟 − ) 𝑠𝑖𝑛 𝜃
𝑟
𝜕𝜙 1 𝜕𝜓 𝑎2
𝑢𝑟 = = = 𝑉∞ (1 − 2 ) 𝑐𝑜𝑠 𝜃
𝜕𝑟 𝑟 𝜕𝜃 𝑟
𝜕𝜓 𝑎2
𝑢𝜃 = − = −𝑉∞ (1 + 2 ) 𝑠𝑖𝑛 𝜃
𝜕𝑟 𝑟
Il s’ensuit que :
𝑎2 𝑎2
𝐹 = 𝜙 + 𝑖𝜓 = 𝑉∞ (𝑟 + ) 𝑐𝑜𝑠 𝜃 + 𝑖𝑉∞ (𝑟 − ) 𝑠𝑖𝑛 𝜃
𝑟 𝑟
𝑎2
= 𝑉∞ [𝑟(𝑐𝑜𝑠 𝜃 + 𝑖 𝑠𝑖𝑛 𝜃 ) + (𝑐𝑜𝑠 𝜃 − 𝑖 𝑠𝑖𝑛 𝜃 )]
𝑟2
𝑎2 −𝑖𝜃
= 𝑉∞ (𝑟𝑒 𝑖𝜃 + 𝑒 )
𝑟2
𝑎2
𝐹 = 𝑉∞ (𝑧 + ) (4)
𝑧
C’est la fonction complexe qui décrit l’écoulement sur un cylindre. Si le vecteur vent relatif est incliné d’un angle 𝛼
par rapport à l’axe des abscisses alors :
′ 𝑎2 −𝑖𝜃′
𝐹 = 𝑉∞ (𝑟𝑒 𝑖𝜃 + 𝑒 )
𝑟
𝑎2 −𝑖(𝜃−𝛼)
= 𝑉∞ [𝑟𝑒 𝑖(𝜃−𝛼) + 𝑒 ]
𝑟
𝑎2 𝑖𝛼
𝐹 = 𝑉∞ (𝑧𝑒 −𝑖𝛼 + 𝑒 ) (5)
𝑧
𝑦
𝑦 𝜃′
𝜃
⃗∞
𝑉 𝛼 𝑥
𝑥 𝛼
⃗∞
𝑉
57
M. Yahyaoui Les profils dans le plan complexe
𝑑𝐹 𝑑𝑧 𝑑𝐹 𝑧2 −𝑖𝛼
𝑎2 𝑖𝛼
𝑢 − 𝑖𝑣 = = = 2 𝑉∞ (𝑒 − 𝑒 )
𝑑𝜁 𝑑𝜁 𝑑𝑧 𝑧 − 𝑎2 𝑧2
- La vitesse est infinie en 𝑧 = ±𝑎 ce qui correspond à 𝜁 = ±2𝑎, c’est-à-dire au bord d’attaque et au bord de
fuite.
- Les points d’arrêt sont donnés par :
𝑢=𝑣=0
𝑎2 𝑖𝛼
⟹ 𝑒 −𝑖𝛼 − 𝑒 =0
𝑧2
𝑧 2 = 𝑎2 𝑒 𝑖2𝛼
𝑧 = ±𝑎𝑒 𝑖𝛼
Les deux solutions sont
𝑎2
▪ 𝑧 = 𝑎𝑒 𝑖𝛼 ⟹ 𝜁 = 𝑎𝑒 𝑖𝛼 + 𝑎𝑒 𝑖𝛼 = 𝑎 (𝑒 𝑖𝛼 + 𝑒 −𝑖𝛼 ) = 2𝑎 cos 𝛼
𝑎2
▪ 𝑧 = 𝑎𝑒 𝑖(𝛼+𝜋) ⟹ 𝜁 = 𝑎𝑒 𝑖(𝛼+𝜋) + 𝑎𝑒 𝑖(𝛼+𝜋)
𝑦 𝜂
⃗∞
𝑉
58
M. Yahyaoui Les profils dans le plan complexe
𝑖𝛤
𝑒 𝑖(𝛼−𝛿) − 𝑒 −𝑖(𝛼−𝛿) =
2𝜋𝑎𝑉∞
𝑖𝛤
2𝑖 𝑠𝑖𝑛(𝛼 − 𝛿 ) =
2𝜋𝑎𝑉∞
𝛤
𝑠𝑖𝑛(𝛼 − 𝛿 ) = (7)
4𝜋𝑎𝑉∞
𝛤
⟹ 𝛿 = 𝛼 − 𝑠𝑖𝑛−1
4𝜋𝑎𝑉∞
Soit 𝛿0 la valeur de sin−1 Γ⁄4𝜋𝑎𝑉∞ appartenant à l’intervalle [0, 𝜋]. Alors les points d’arrêt sur le cylindre, dans
le repère (𝑥, 𝑦), sont donnés par :
𝛿 = 𝛼 − 𝛿0 , 𝜋 + 𝛼 + 𝛿0 (8)
Dans le repère (𝑥′, 𝑦′), ils sont donnés par :
𝛿 ′ = −𝛿0 , 𝜋 + 𝛿0
L’emplacement des points d’arrêt sur le cylindre est indiqué sur Figure 3.5 (a).
Leurs contreparties sur la plaque dans le plan 𝜁 sont donnés par :
𝑎2
𝜁0 = 𝑎𝑒 𝑖𝛿 + = 𝑎(𝑒 𝑖𝛿 + 𝑒 −𝑖𝛿 ) = 2𝑎 𝑐𝑜𝑠 𝛿
𝑎𝑒 𝑖𝛿
Or :
𝛤 𝛤 𝛤
𝑐𝑜𝑠 𝛿 = 𝑐𝑜𝑠 (𝛼 − 𝑠𝑖𝑛−1 ) = 𝑐𝑜𝑠 𝛼 𝑐𝑜𝑠 (𝑠𝑖𝑛−1 ) + 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑠𝑖𝑛 (𝑠𝑖𝑛−1 )
4𝜋𝑎𝑉∞ 4𝜋𝑎𝑉∞ 4𝜋𝑎𝑉∞
2
𝛤 𝛤
𝑐𝑜𝑠 𝛿 = 𝑠𝑖𝑛 𝛼 ± √1 − ( ) 𝑐𝑜𝑠 𝛼
4𝜋𝑎𝑉∞ 4𝜋𝑎𝑉∞
Et on a donc :
2
𝛤 𝛤
𝜁0 = 2𝑎 [ 𝑠𝑖𝑛 𝛼 ± √1 − ( ) 𝑐𝑜𝑠 𝛼] (9)
4𝜋𝑎𝑉∞ 4𝜋𝑎𝑉∞
On applique le critère de Kutta qui exige que la vitesse soit finie au bord de fuite de la plaque. Ceci serait possible
si on force le point d’arrêt postérieur tel qu’il est donné par l’équation (9) à se trouver au bord de fuite (𝜁 = 2𝑎,
ou aussi 𝑧 = 𝑎), là où la vitesse est infinie. Ceci revient à prendre 𝛿 = 0 et d’après l’équation (7) on obtient :
𝛤 = 4𝜋𝑎𝑉∞ 𝑠𝑖𝑛 𝛼 (10)
L’angle 𝛿0 est dans ce cas :
𝛤 4𝜋𝑎𝑉∞ 𝑠𝑖𝑛 𝛼
𝛿0 = 𝑠𝑖𝑛−1 = 𝑠𝑖𝑛−1 =𝛼
4𝜋𝑎𝑉∞ 4𝜋𝑎𝑉∞
L’imposition du critère de Kutta a modifié l’intensité de la circulation. On verra dans ce qui suit que cela affectera
la position des points d’arrêt sur le cylindre.
L’équation (9) donne :
59
M. Yahyaoui Les profils dans le plan complexe
Les points d’arrêt correspondant sur le cylindre sont donnés par l’équation (8) avec 𝛿0 = 𝛼 :
𝛿 = 0 , 𝜋 + 2𝛼
Les points d’arrêt sur cylindre, après application du critère de Kutta, sont indiqués sur Figure 3.5 (c).
𝑦
𝑦′ 𝑥′
𝛼
𝛿0
𝛼 𝑥
𝛿0
⃗∞
𝑉
(a)
𝜂 𝑦
2𝛼
−2𝑎 cos 2𝛼 𝜉 𝛼 𝑥
⃗∞
𝑉
(b)
(c)
Figure 3.5. Étude du profil plaque plane par la transformation de Joukovski : (a) points d’arrêt sur le cylindre avant application
du critère de Kutta (b) points d’arrêt sur le profil plaque plane conforme au critère de Kutta (c) points d’arrêt après application
du critère de Kutta au profil plaque plane.
60
M. Yahyaoui Les profils dans le plan complexe
On verra que le paramètre 𝑡 représente l’épaisseur relative alors que ℎ représente la cambrure relative.
L’équation (7) est toujours valable e la portance est donnée par :
𝐿 = 𝜌𝑉∞ 𝛤 = 8𝜋𝑎𝑞̅∞ 𝑠𝑖𝑛 (𝛼 − 𝛿 )
Et le coefficient de portance est :
𝑎
𝐶𝑙 = 8𝜋 𝑠𝑖𝑛(𝛼 − 𝛿 ) (13)
𝑐
On note ici que le profil plaque plane correspond à 𝑡 = ℎ = 0 et 𝑙 = 𝑎.
𝑦′
𝑦
𝑎
𝛿 𝑥′
𝛼 𝑥
ℎ
⃗∞
𝑉 𝑡
𝑙
Figure 3.6. Disposition d’un cylindre transformable en différents cas de profils de Joukovski.
a. Le profil symétrique
Un tel profil sera obtenu si on prend 𝑡 = 0. Le cercle est dorénavant centré en (– 𝑡, 0). On exprime le rayon du
cercle comme :
𝑎 = 𝑙 + 𝑡 = 𝑙 (1 + 𝜀 )
Où 𝜀 = 𝑡⁄𝑙 est l’épaisseur maximale relative du profil.
𝑦
𝑎
𝜃
𝑡
𝑙
61
M. Yahyaoui Les profils dans le plan complexe
𝑙2
𝜉 = (𝑎 𝑐𝑜𝑠 𝜃 − 𝑡) (1 + )
𝑎2 + 𝑡 2 − 2𝑎𝑡 𝑐𝑜𝑠 𝜃
𝑙2
𝜂 = 𝑎 [1 − ] 𝑠𝑖𝑛 𝜃
𝑎2 + 𝑡 2 − 2𝑎𝑡 𝑐𝑜𝑠 𝜃
𝑎2 + 𝑡 2 − 2𝑎𝑡 𝑐𝑜𝑠 𝜃 − 𝑙 2
=𝑎 𝑠𝑖𝑛 𝜃
𝑎2 + 𝑡 2 − 2𝑎𝑡 𝑐𝑜𝑠 𝜃
𝑎2 + 𝑡 2 − 2𝑎𝑡 𝑐𝑜𝑠 𝜃 − (𝑎 − 𝑡)2
=𝑎 𝑠𝑖𝑛 𝜃
𝑎2 + 𝑡 2 − 2𝑎𝑡 𝑐𝑜𝑠 𝜃
(1 − 𝑐𝑜𝑠 𝜃 ) 𝑠𝑖𝑛 𝜃
𝜂 = 2𝑎2 𝑡 2
𝑎 + 𝑡 2 − 2𝑎𝑡 𝑐𝑜𝑠 𝜃
Dans le plan 𝜁, le bord d’attaque et le bord de fuite correspondent à 𝜂 = 0. Ceci correspond à 𝜃 = 0 ou 𝜃 = 𝜋.
𝑙2
𝜃 = 0 ⟹ 𝜉 = (𝑎 − 𝑡) (1 + )
𝑎2 + 𝑡 2 − 2𝑎𝑡
(𝑎 − 𝑡 )2
= (𝑎 − 𝑡) [1 + ] = 2(𝑎 − 𝑡) = 2𝑙
(𝑎 − 𝑡 )2
Ce qui correspond au bord de fuite.
𝑙2 𝑙2
𝜃 = 𝜋 ⟹ 𝜉 = −(𝑎 + 𝑡) (1 + ) = −( 𝑎 + 𝑡 ) [1 + ]
𝑎2 + 𝑡 2 + 2𝑎𝑡 (𝑎 + 𝑡 )2
Or :
𝑎 + 𝑡 = 𝑙 + 2𝑡 = (1 + 2𝜀 )𝑙
𝑙2
𝜉 = −(1 + 2𝜀 )𝑙 [1 + ]
(1 + 2𝜀 )2 𝑙 2
1
= −𝑙 [1 + 2𝜀 + ]
1 + 2𝜀
= −𝑙 (1 + 2𝜀 + 1 − 2𝜀 + 4𝜀 2 − ⋯ )
𝜉 = −2𝑙(1 + 2𝜀 2 + ⋯ )
La corde est donnée par :
𝑐 = 𝜉 (𝜃 = 0) − 𝜉 (𝜃 = 𝜋 )
= 2𝑙 + 2𝑙(1 + 2𝜀 2 + ⋯ )
= 4𝑙 + 4𝜀 2 𝑙 + ⋯
𝑡2
𝑐 ≅ 4𝑙 (1 + 𝜀 2 ) = 4𝑙 + 4 (14)
𝑙
La position de l’épaisseur maximale est donnée par :
𝑑𝜂
=0
𝑑𝜃
Développer cette équation avec la forme générale de 𝜂 serait trop compliqué et presque sans issue. On procède
alors par une simplification de 𝜂 sur la base que 𝑡 est faible devant 𝑎 :
(1 − 𝑐𝑜𝑠 𝜃 ) 𝑠𝑖𝑛 𝜃
𝜂 = 2𝑎2 𝑡
𝑎2 + 𝑡 2 − 2𝑎𝑡 𝑐𝑜𝑠 𝜃
(1 − 𝑐𝑜𝑠 𝜃) 𝑠𝑖𝑛 𝜃
= 2𝑡
𝑡 2 𝑡
1 + (𝑎) − 2 𝑎 𝑐𝑜𝑠 𝜃
(1 − 𝑐𝑜𝑠 𝜃) 𝑠𝑖𝑛 𝜃
= 2𝑡 2
𝜀𝑙 𝜀𝑙
1+[ ] −2 𝑐𝑜𝑠 𝜃
(1 + 𝜀 )𝑙 (1 + 𝜀 )𝑙
2𝑡(1 − 𝑐𝑜𝑠 𝜃) 𝑠𝑖𝑛 𝜃
≅ 𝜀
1 − 2 1 + 𝜀 𝑐𝑜𝑠 𝜃
62
M. Yahyaoui Les profils dans le plan complexe
On pose :
1
𝑓 (𝜀 ) = 𝜀
1 − 2 1 + 𝜀 𝑐𝑜𝑠 𝜃
1+𝜀
=
1 + (1 − 2 𝑐𝑜𝑠 𝜃 )𝜀
1+𝜀
𝑓 (𝜀 ) = ; 𝐾(𝜃) = 1 − 2 𝑐𝑜𝑠 𝜃
1 + 𝐾 (𝜃 )𝜀
Puis on écrit un développement limité de 𝑓(𝜀 ) au voisinage de 𝜀 = 0 :
𝑓 (0) = 1
1−𝐾
𝑓 ′ (𝜀 ) = ⟹ 𝑓 ′ (0) = 1 − 𝐾
(1 + 𝐾𝜀 )2
2𝐾(1 − 𝐾 )
𝑓 ′′ (𝜀 ) = − ⟹ 𝑓 ′′ (0) = −2𝐾(1 − 𝐾 )
(1 + 𝐾𝜀 )3
On a donc :
𝜀2
𝑓(𝜀 ) = 1 + (1 − 𝐾 )𝜀 − 2𝐾(1 − 𝐾 ) + ⋯ = 1 + 𝑂 (𝜀 )
2
𝜂 = 2𝑡[1 + 𝑂(𝜀 )](1 − 𝑐𝑜𝑠 𝜃 ) 𝑠𝑖𝑛 𝜃
Ou bien :
𝜂 ≅ 2𝑡(1 − 𝑐𝑜𝑠 𝜃 ) 𝑠𝑖𝑛 𝜃 (15)
Il s’ensuit que :
𝑑𝜂
=0
𝑑𝜃
⟹ 𝑠𝑖𝑛2 𝜃 + 𝑐𝑜𝑠 𝜃 − 𝑐𝑜𝑠 2 𝜃 = 0
2 𝑐𝑜𝑠 2 𝜃 − 𝑐𝑜𝑠 𝜃 − 1 = 0
Une solution à cette équation est :
𝑐𝑜𝑠 𝜃 = 1 ⟹ 𝜃=0
Cette valeur de 𝜃 correspond à une valeur minimale de 𝜂 au bord de fuite. La dérivée nulle en ce point correspond
à une corne ou une cuspide (Figure 3.8). La deuxième solution est :
𝑐𝑜𝑠 𝜃 = − 1⁄2 ⟹ 𝜃 = 2𝜋⁄3
Cette valeur correspond à la valeur maximale de 𝜂 et on a :
𝑒𝑚𝑎𝑥 = 2𝜂𝑚𝑎𝑥
1 √3
= 2 ∙ 2𝑡 [1 − (− )]
2 2
𝑒𝑚𝑎𝑥 = 3√3𝑡
𝑒𝑚𝑎𝑥 3√3𝑡
𝑒̅𝑚𝑎𝑥 = ≅
𝑐 4𝑙
3√3
𝑒̅𝑚𝑎𝑥 = 𝜀 (16)
4
La position de l’épaisseur maximale relative est donnée par :
𝑙2
𝜉𝑒𝑚𝑎𝑥 = 𝜉|𝜃=2𝜋⁄3 = (𝑎 𝑐𝑜𝑠 𝜃 − 𝑡) (1 + )|
𝑎2 + 𝑡 2 − 2𝑎𝑡 𝑐𝑜𝑠 𝜃 𝜃=0
𝑎 𝑙2
= − ( + 𝑡) [1 + 2 ]
2 𝑎 + 𝑡 2 + 𝑎𝑡
Puisque 𝑎 = (1 + 𝜀 )𝑙 et 𝑡 = 𝜀𝑙 on a :
63
M. Yahyaoui Les profils dans le plan complexe
𝑙 1 𝑙 1
𝜉𝑒𝑚𝑎𝑥 = − (1 + 3𝜀 ) [1 + ] = − (1 + 3𝜀 ) (1 + 2 )
2 (1 + 𝜀 )2 + 𝜀 2 + (1 + 𝜀 )𝜀 2 3𝜀 + 3𝜀 + 1
𝑙 1 𝑙
≅ − (1 + 3𝜀 ) (1 + ) = − (2 + 3𝜀 )
2 3𝜀 + 1 2
𝜉𝑒𝑚𝑎𝑥 ≅ −𝑙 (17)
L’épaisseur maximale relative est donc située au quart de la corde.
𝜂
𝑙
𝑒𝑚𝑎𝑥
−2𝑙 2𝑙 𝜉
Figure 3.8 : Profil symétrique de Joukovski avec une cuspide au bord de fuite.
𝑎
𝜃 ℎ
𝛿
64
M. Yahyaoui Les profils dans le plan complexe
𝑙2
𝜁=𝑧+
𝑧
𝑙2
= 𝑎 𝑐𝑜𝑠 𝜃 + 𝑖(ℎ + 𝑎 𝑠𝑖𝑛 𝜃 ) +
𝑎 𝑐𝑜𝑠 𝜃 + 𝑖(ℎ + 𝑎 𝑠𝑖𝑛 𝜃 )
𝑎 𝑐𝑜𝑠 𝜃 − 𝑖(ℎ + 𝑎 𝑠𝑖𝑛 𝜃 )
= 𝑎 𝑐𝑜𝑠 𝜃 + 𝑖(ℎ + 𝑎 𝑠𝑖𝑛 𝜃 ) + 𝑙 2
𝑎2 + ℎ2 + 2𝑎ℎ 𝑠𝑖𝑛 𝜃
2
𝑙 𝑙2
= 𝑎 𝑐𝑜𝑠 𝜃 [1 + 2 ] + 𝑖 ( ℎ + 𝑎 𝑠𝑖𝑛 𝜃 ) [1 − ]
𝑎 + ℎ2 + 2𝑎ℎ 𝑠𝑖𝑛 𝜃 𝑎2 + ℎ2 + 2𝑎ℎ 𝑠𝑖𝑛 𝜃
= 𝜉 + 𝑖𝜂
𝑙2
𝜉 = 𝑎 𝑐𝑜𝑠 𝜃 [1 + 2 2
]
𝑎 + ℎ + 2𝑎ℎ 𝑠𝑖𝑛 𝜃
𝑎2 + ℎ2 + 2𝑎ℎ 𝑠𝑖𝑛 𝜃 + 𝑙 2
= 𝑎 𝑐𝑜𝑠 𝜃
𝑎2 + ℎ2 + 2𝑎ℎ 𝑠𝑖𝑛 𝜃
Or :
𝑎2 = ℎ2 + 𝑙 2
On a donc :
2𝑎2 + 2𝑎ℎ 𝑠𝑖𝑛 𝜃
𝜉 = 𝑎 𝑐𝑜𝑠 𝜃
𝑎2 + ℎ2 + 2𝑎ℎ 𝑠𝑖𝑛 𝜃
𝑎 + ℎ 𝑠𝑖𝑛 𝜃
𝜉 = 2𝑎2 𝑐𝑜𝑠 𝜃 2
𝑎 + ℎ2 + 2𝑎ℎ 𝑠𝑖𝑛 𝜃
De même :
𝑙2
𝜂 = (ℎ + 𝑎 𝑠𝑖𝑛 𝜃) [1 − ]
𝑎2 ℎ2
+ + 2𝑎ℎ 𝑠𝑖𝑛 𝜃
𝑎2 + ℎ2 + 2𝑎ℎ 𝑠𝑖𝑛 𝜃 − 𝑙 2
= (ℎ + 𝑎 𝑠𝑖𝑛 𝜃 )
𝑎2 + ℎ2 + 2𝑎ℎ 𝑠𝑖𝑛 𝜃
2ℎ2 + 2𝑎ℎ 𝑠𝑖𝑛 𝜃
= (ℎ + 𝑎 𝑠𝑖𝑛 𝜃 ) 2
𝑎 + ℎ2 + 2𝑎ℎ 𝑠𝑖𝑛 𝜃
2ℎ(ℎ + 𝑎 𝑠𝑖𝑛 𝜃 )2
𝜂= 2
𝑎 + ℎ2 + 2𝑎ℎ 𝑠𝑖𝑛 𝜃
Le bord d’attaque et le bord de fuite correspondent à :
𝜂=0
⟹ ℎ + 𝑎 𝑠𝑖𝑛 𝜃 = 0
Les solutions sont :
▪ 𝜃 = − sin−1 (ℎ⁄𝑎)
𝑐𝑜𝑠 𝜃 = 𝑙⁄𝑎
𝑙 𝑎 + ℎ(− ℎ ⁄𝑎 )
⟹ 𝜉 = 2𝑎2 ( ) 2
𝑎 𝑎 + ℎ2 + 2𝑎ℎ(− ℎ⁄𝑎)
𝑎 − ℎ2
2
= 2𝑙 2
𝑎 − ℎ2
𝜉 = 2𝑙
Ce qui correspond au bord de fuite.
▪ 𝜃 = 𝜋 + sin−1 (ℎ⁄𝑎)
𝑐𝑜𝑠 𝜃 = −𝑙 ⁄𝑎
𝑙 𝑎 + ℎ(− ℎ ⁄𝑎 )
⟹ 𝜉 = 2𝑎2 (− ) 2
𝑎 𝑎 + ℎ2 + 2𝑎ℎ(− ℎ⁄𝑎)
𝜉 = −2𝑙
Ce qui correspond au bord d’attaque.
65
M. Yahyaoui Les profils dans le plan complexe
𝑦 𝜂
ℎ
𝛿
𝜉
𝑙 𝑥
66
M. Yahyaoui Les profils dans le plan complexe
𝐴+1 𝑧+𝑙 𝑛
𝜁 = 𝑛𝑙 ; 𝐴=( ) ; 1<𝑛<2 (22)
𝐴−1 𝑧−𝑙
On peut vérifier que 𝑛 = 2 correspond aux profils de Joukovski :
𝑧+𝑙 2
( ) +1
𝜁 = 2𝑙 𝑧 − 𝑙 2
𝑧+𝑙
( ) −1
𝑧−𝑙
𝑧 + 2𝑧𝑙 + 𝑙 2 + 𝑧 2 − 2𝑧𝑙 + 𝑙 2
2
= 2𝑙 2
𝑧 + 2𝑧𝑙 + 𝑙 2 − 𝑧 2 + 2𝑧𝑙 − 𝑙 2
𝑧2 + 𝑙2
= 4𝑙
4𝑧𝑙
𝑙2
𝜁=𝑧+
𝑧
Ce qui correspond aux profils de Joukovski.
On détermine la transformée d’un cercle centré à l’origine :
𝑧 = 𝑎𝑒 𝑖𝜃
par la transformation de Karman-Treftz avec 𝑙 = 𝑎 :
𝑛
𝑎𝑒 𝑖𝜃 + 𝑎
𝐴 = ( 𝑖𝜃 )
𝑎𝑒 − 𝑎
𝜃 𝜃 𝑛
𝑛
𝑒 𝑖 2 + 𝑒 −𝑖 2 2 𝑐𝑜𝑠(𝜃 ⁄2)
=( 𝜃 𝜃
) =[ ] = [−𝑖 𝑐𝑜𝑡(𝜃 ⁄2)]𝑛
𝑖2 𝑠𝑖𝑛 (𝜃 ⁄2)
𝑒 𝑖2 − 𝑒 −𝑖
2
𝑛𝜋
𝐴 = [𝑐𝑜𝑡(𝜃 ⁄2)]𝑛 𝑒 −𝑖 2
𝑧+𝑎 2
(𝑧 − 𝑎 ) + 1
𝜁 = 𝑛𝑎
𝑧+𝑎 2
(𝑧 − 𝑎 ) − 1
(𝑧 + 𝑎 )𝑛 + (𝑧 − 𝑎 )𝑛
= 𝑛𝑎
(𝑧 + 𝑎 )𝑛 − (𝑧 − 𝑎 )𝑛
Or :
𝜃 𝜃 𝜃 𝜃
𝑧 + 𝑎 = 𝑎(𝑒 𝑖𝜃 + 1) = 𝑎𝑒 𝑖 2 (𝑒 𝑖2 + 𝑒 −𝑖 2 ) = 𝑎𝑒 𝑖 2 [2 𝑐𝑜𝑠(𝜃 ⁄2)]
𝜃 𝜃 𝜃 𝜃
𝑧 − 𝑎 = 𝑎(𝑒 𝑖𝜃 − 1) = 𝑎𝑒 𝑖 2 (𝑒 𝑖2 − 𝑒 −𝑖 2 ) = 𝑎𝑒 𝑖 2 [𝑖2 𝑠𝑖𝑛(𝜃 ⁄2)]
𝜃 𝑛 𝜃 𝑛
(𝑎𝑒 𝑖 2 ) [2 𝑐𝑜𝑠(𝜃 ⁄2)]𝑛 + (𝑎𝑒 𝑖 2 ) [𝑖2 𝑠𝑖𝑛(𝜃 ⁄2)]𝑛
𝜁 = 𝑛𝑎 𝜃 𝑛 𝜃 𝑛
(𝑎𝑒 𝑖 2 ) [2 𝑐𝑜𝑠(𝜃 ⁄2)]𝑛 − (𝑎𝑒 𝑖 2 ) [𝑖2 𝑠𝑖𝑛(𝜃 ⁄2)]𝑛
[2 𝑐𝑜𝑠(𝜃 ⁄2)]𝑛 + [𝑖2 𝑠𝑖𝑛(𝜃 ⁄2)]𝑛
= 𝑛𝑎
[2 𝑐𝑜𝑠(𝜃 ⁄2)]𝑛 − [𝑖2 𝑠𝑖𝑛(𝜃 ⁄2)]𝑛
1 + 𝑖 𝑛 [𝑡𝑔(𝜃 ⁄2)]𝑛
= 𝑛𝑎
1 − 𝑖 𝑛 [𝑡𝑔(𝜃 ⁄2)]𝑛
𝜋
1 + 𝑒 𝑖𝑛 2 [𝑡𝑔(𝜃 ⁄2)]𝑛
= 𝑛𝑎 𝜋
1 − 𝑒 𝑖𝑛 2 [𝑡𝑔𝑛(𝜃 ⁄2)]𝑛
𝜋
[𝑐𝑜𝑡𝑔(𝜃 ⁄2)]𝑛 + 𝑒 𝑖𝑛 2
𝜁 = 𝑛𝑎 𝜋 (23)
[𝑐𝑜𝑡𝑔(𝜃 ⁄2)]𝑛 − 𝑒 𝑖𝑛 2
On a :
• 𝜃 = 0 ⟹ 𝜁 = 𝑛𝑎
67
M. Yahyaoui Les profils dans le plan complexe
• 𝜃 = 𝜋 ⟹ 𝜁 = −𝑛𝑎
La corde du profil est :
𝑐 = 2𝑛𝑎
𝜋 𝜋 𝜋 𝜋
1 + 𝑒 𝑖𝑛 2 𝑒 𝑖𝑛 4 + 𝑒 −𝑖𝑛 4 2 𝑐𝑜𝑠 (𝑛 4 ) 𝜋
𝜁|𝜃=𝜋⁄2 = 𝑛𝑎 𝜋 = −𝑛𝑎 𝜋 𝜋 = −𝑛𝑎 𝜋 = 𝑖𝑛𝑎 𝑐𝑜𝑡 𝑔 (𝑛 4 )
1 − 𝑒 𝑖𝑛 2 𝑒 𝑖𝑛 4 − 𝑒 −𝑖𝑛 4 𝑖2 𝑠𝑖𝑛 (𝑛 4 )
En 𝜃 = 0 on a :
𝜉=0
{
𝜂 = 𝑛𝑎 𝑐𝑜𝑡𝑔(𝑛 𝜋⁄4)
𝜂
2𝑛𝑎 cotg(𝑛 𝜋⁄4)
−𝑛𝑎 𝑛𝑎 𝜉
𝑑𝐹 𝑎2 𝑖𝛤
= 𝑉∞ (𝑒 −𝑖𝛼 − 2 𝑒 𝑖𝛼 ) +
𝑑𝜁 𝑧 2𝜋𝑧
𝐴+1
▪ 𝜁 = 𝑛𝑙 𝐴−1
𝑑𝜁 𝐴−1−𝐴−1 2𝑛𝑙
= 𝑛𝑙 =−
𝑑𝐴 (𝐴 − 1)2 (𝐴 − 1)2
68
M. Yahyaoui Les profils dans le plan complexe
𝑑𝐴 (𝐴 − 1)2
⟹ =−
𝑑𝜁 2𝑛𝑙
𝑧+𝑙 𝑛
▪ 𝐴 = (𝑧−𝑙 )
69
M. Yahyaoui Les profils dans le plan complexe
Exercices
Exercice 3.1
Pour le profil de Joukovski sans cambrure montrer que la vitesse au bord de fuite n’est pas nulle mais égale à :
𝑉∞ (1 − 𝑡⁄𝑎) 𝑐𝑜𝑠 𝛼
On peut commencer par montrer que, sur la surface du cylindre, on a :
𝑑𝐹
= 𝑖2𝑉∞ [𝑠𝑖𝑛(𝜃 − 𝛼 ) + 𝑠𝑖𝑛 𝛼 ]
𝑑𝑧
Exercice 3.2
Appliquez la transformation de Karman-Treftz au cercle de rayon 𝑎, de centre le point (– 𝑡, ℎ) et passant par le
point critique droit en 𝑧 = +𝑙.
Écrivez un code sous MATLAB pour déterminer :
a. La forme du profil
b. Le gradient de portance (𝐶𝑙𝛼 ), l’incidence de portance nulle (𝛼0 ) et le coefficient du moment au foyer.
c. Le coefficient de pression sur le profil à une incidence de 5°.
On pendra 𝑛 = 35⁄18 et on prendra différentes valeurs de (𝑡, ℎ), en particulier le cas (𝑡, ℎ) = (0.01, 0).
Exercice 3.3
Le « théorème du cercle » dit que si F(z) est le potentiel complexe pour un écoulement donné alors le potentiel
complexe pour ce même écoulement, en présence d’un cylindre de rayon a et centré à l’origine, est donné par
𝐹 ∗ (𝑧) définie par :
2
𝐹 ∗ (𝑧) = 𝐹(𝑧) + 𝐹̅ (𝑎 ⁄𝑧)
70
M. Yahyaoui La théorie de la ligne portante
I. Généralités
1. Écoulement en tourbillon
L’écoulement en tourbillon est d’une grande importance en aérodynamique. En effet les ailes d’un avion
subsonique créent autour d’elles un champ d’écoulement dominé par les tourbillons. Il y a donc intérêt à rappeler
les notions de base sur ce type d’écoulement.
Dans un écoulement en tourbillon (Figure 4.1) la vitesse radiale est nulle alors que la composante tangentielle est
donnée par :
𝑐 𝑟 𝑠𝑖 𝑟 𝑓𝑎𝑖𝑏𝑙𝑒
𝑢𝜃 = { 1 (1)
𝑐2 ⁄𝑟 𝑎𝑢𝑡𝑟𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡
𝑢
⃗ 𝑢𝜃
𝑐2⁄
𝑐1 𝑟 𝑟
71
M. Yahyaoui La théorie de la ligne portante
c. En absence de forces extérieures rotationnelles, la circulation autour d’un contour qui renferme un nombre
donné de tourbillons est constante. Par conséquent, un écoulement initialement irrotationnel restera
irrotationnel.
3. Loi de Biot-Savart
Soit un tourbillon d’intensité Γ. La vitesse induite par un élément différentiel 𝑑𝑙 de ce tourbillon en un point 𝑀
situé à une distance ℎ du tourbillon est donnée par la loi de Biot-Savart :
𝑑𝛤 𝑟 ∧ 𝑑𝑙
⃗ =−
𝑑𝑉
4𝜋 𝑟 3
Seule la composante angulaire de cette vitesse est non nulle. Elle est donnée par :
𝛤 𝑐𝑜𝑠 𝛽 𝑑𝑙
𝑑𝑢𝜃 = (3)
4𝜋 𝑟 2
∞
Γ
𝑑𝑙
𝛽
𝑟
ℎ
Ligne de courant
𝑑𝑢𝜃 ∞
72
M. Yahyaoui La théorie de la ligne portante
− − − − − − 𝑧
+ + + + + +
𝑦
𝑦
𝑧 𝑏 ⁄2 Tourbillon principal
Tourbillon marginal
⃗∞
𝑉 ou de bout d’aile
⃗ 𝑖′ (𝑦)
𝐷
𝑧
𝐿⃗′ (𝑦)
𝑦 𝜖 (𝑦 )
⃗⃗ 𝑖′ (𝑦)
𝑤
⃗∞
𝑉
Répartition du vent 𝜖 (𝑦 )
induit sur une voilure ⃗⃗ 𝑖′ (𝑦)
𝑤
⃗ ′ (𝑦) = 𝑉
𝑉 ⃗∞ + 𝑤⃗⃗ 𝑖′ (𝑦)
rectangulaire.
(Vent relatif à une section)
⃗∞
𝑉
⃗∞
𝑉 𝜀
𝑤
⃗⃗ 𝑖𝑛𝑒𝑡
⃗∞′ = 𝑉
𝑉 ⃗∞ +𝑤
⃗⃗ 𝑖𝑛𝑒𝑡
73
M. Yahyaoui La théorie de la ligne portante
𝐵 Γ 𝐶
𝑏 ⁄2
Tourbillon Γ(y)
∞
principal
∞
𝑉∞ 𝑡
⃗∞
𝑉 ∞
⃗∞
𝑉 𝑥
∞ 𝑥
Γ Γ
∞
Γ Tourbillon de
démarrage ∞
−𝑏⁄2 𝐷
𝐴
(a) Juste après le démarrage (b) A l’état stationnaire (𝑉∞ 𝑡 ≫ 𝑏)
▪ La circulation étant nulle avant le démarrage, restera nulle après. Ceci s’explique par le fait les tourbillons
AB et CD d’une part et les tourbillons BC et AD sont de même intensité mais opposés et donc se neutralisent
▪ L’état stationnaire (Figure 4.6-b) : le tourbillon de démarrage est dorénavant loin de la ligne portante (𝑉∞ 𝑡 ≫
𝑏) et n’a plus d’influence. Il se développe un système plus complexe de tourbillons, modélisé par un ensemble
de tourbillons en « U » formé chacun d’un segment de tourbillon principal qui se trouve sur la ligne portante
⃗∞ (appelées tourbillons de
et de deux branches qui s’étendent à l’infini et qui sont parallèles au vent relatif 𝑉
sillage). L’intensité de ces tourbillons doit être variable pour pouvoir modéliser une portance qui varie dans
le sens de l’envergure. En réalité la circulation sera une fonction continue de 𝑦. On verra plus tard que la
répartition de circulation la plus rentable aérodynamiquement est la répartition elliptique :
74
M. Yahyaoui La théorie de la ligne portante
𝑦
𝑏 ⁄2 𝑑𝑥
𝑟
𝑦0 ⃗ 𝑖′ (𝑦)
𝐷
𝑦 𝐿⃗′𝑣 = 𝜌𝑉
⃗ ′ (𝑦) ∧ Γ
⃗′
𝐿
⃗⃗ 𝑖′ (𝑦0 )
𝑤 𝜖(𝑦)
⃗⃗ 𝑖′ (𝑦)
𝑤
𝜖(𝑦)
−𝑏⁄2
⃗∞
𝑉
′
⃗ ′ (𝑦) = ⃗⃗𝑉∞ + 𝑤
𝑉 ⃗⃗⃗ 𝑖 (𝑦)
⃗∞ , on a :
Puisque la portance de l’avion est définie comme étant normale à 𝑉
𝐿′ (𝑦) = 𝐿′𝑣 (𝑦) 𝑐𝑜𝑠 𝜖(𝑦) = 𝜌𝑉 ′ (𝑦)𝛤 (𝑦) 𝑐𝑜𝑠 𝜖 (𝑦) = 𝜌[𝑉 ′ (𝑦) 𝑐𝑜𝑠 𝜖 (𝑦)]𝛤(𝑦)
Soit d’après Figure 4.8 :
𝐿′ (𝑦) = 𝜌𝑉∞ 𝛤 (𝑦) (7)
75
M. Yahyaoui La théorie de la ligne portante
𝑏 ⁄2
𝑦0 𝑟
𝑑Γ
𝛽 𝑑𝑦
𝑑𝑦
𝑦
𝑑𝑥
0
𝑥 𝑥
−𝑏⁄2
Figure 4.9 : Vent induit sur la ligne portante par un de tourbillon de sillage
Or :
𝑟 = (𝑦0 − 𝑦)⁄𝑐𝑜𝑠 𝛽
𝑑𝛽
𝑥 = (𝑦0 − 𝑦) 𝑡𝑔 𝛽 ⟹ 𝑑𝑥 = (𝑦0 − 𝑦)
𝑐𝑜𝑠 2 𝛽
On remplace ces deux relations dans l’équation (11) :
𝜋⁄2
𝑑𝛤
̃𝑖 (𝑦0 ) = −
𝑤 ∫ 𝑐𝑜𝑠 𝛽 𝑑𝛽
4𝜋(𝑦0 − 𝑦) 0
𝑑𝛤
̃𝑖 (𝑦0 ) = −
𝑤 (12)
4𝜋(𝑦0 − 𝑦)
Ce résultat est en accord avec l’équation (2), appliquée à la moitié d’un tourbillon ponctuel infini.
76
M. Yahyaoui La théorie de la ligne portante
Ou bien :
𝑏⁄2 𝑑𝛤
1 ⁄𝑑𝑦
𝑤𝑖 (𝑦0 ) = − ∫ 𝑑𝑦 (13)
4𝜋 𝑦0 − 𝑦
−𝑏⁄2
Un autre effet des tourbillons générés par l’écoulement sur une voilure d’envergure finie est la diminution de
l’angle d’incidence qui va de 𝛼𝑎 à 𝛼𝑒 (Figure 4.10).
r.p.n.
𝛼𝑎
⃗∞
𝑉
𝜖 𝑤
⃗⃗ 𝑖
⃗ =𝑉
𝑉 ⃗∞ +𝑤
′
⃗⃗ 𝑖 𝛼𝑒
Du fait de l’inclinaison vers le bas du vent relatif à la voilure d’un angle 𝜀, l’incidence géométrique et l’incidence
absolue sont toutes les deux diminuées de |𝜀|. On définit l’angle d’incidence effectif par :
𝛼𝑒 (𝑦0 ) = 𝛼𝑎 (𝑦0 ) + 𝜖 (𝑦0 ) = 𝛼𝑎 (𝑦0 ) − |𝜖(𝑦0 )| (15)
C’est donc l’angle entre le vecteur vent relatif au profil :
⃗ ′ (𝑦0 ) = 𝑉
𝑉 ⃗∞ +𝑤
⃗⃗ 𝑖 (𝑦0 )
et sa référence de portance nulle (r.p.n).
On a vu que pour un profil le coefficient de portance est :
𝐶𝑙 = 𝑎0 𝛼𝑎 ; 𝑎0 = 2𝜋 (𝑟𝑎𝑑 −1 )
Si on tient compte de la diminution d’incidence due aux tourbillons on peut écrire le coefficient de portance de
toute section de la voilure finie comme :
𝐶𝑙 (𝑦0 ) = 𝑎0 𝛼𝑒 (𝑦0 ) (16)
Si on choisit d’exprimer ce même coefficient en fonction de 𝛼𝑎 , l’angle d’incidence absolu au lieu de 𝛼𝑒 , l’angle
d’incidence effectif, on cherche alors à déterminer un coefficient 𝑎 (s’i existe bien sûr) tel que le coefficient de
portance local de la voilure fini s’écrit :
𝐶𝑙 (𝑦0 ) = 𝑎𝛼𝑎 (𝑦0 )
Si un tel coefficient existe, on doit avoir :
𝑎𝛼𝑎 = 𝑎0 𝛼𝑒
Alors :
77
M. Yahyaoui La théorie de la ligne portante
𝑎0 𝑎0
𝑎= =
⁄
𝛼𝑎 𝛼𝑒 ( 𝛼𝑒 − 𝜖 )⁄𝛼𝑒
Ou aussi :
𝑎0
𝑎= (17)
1 − 𝜖 ⁄𝛼𝑒
Par ailleurs, la portance locale (par unité d’envergure) est donnée par :
1
𝐿′ (𝑦) = 𝐶𝑙 (𝑦) 𝜌𝑉∞2 𝑐(𝑦)
2
On utilise les équations (7) et (16) pour écrire l’égalité :
1 2
𝜌𝑉∞ 𝛤(𝑦) = 𝑎0 𝛼𝑒 (𝑦) 𝜌𝑉 𝑐(𝑦)
2 ∞
Cette équation donne :
2𝛤(𝑦)
𝛼𝑒 = (18)
𝑎0 𝑉∞ 𝑐(𝑦)
On combine les équations (14), (15) et (18) pour écrire :
𝑏⁄2 𝑑𝛤
2𝛤(𝑦0 ) 1 ⁄𝑑𝑦
𝛼𝑎 (𝑦0 ) = + ∫ 𝑑𝑦 (19)
𝑎0 𝑉∞ 𝑐 4𝜋𝑉∞ 𝑦0 − 𝑦
−𝑏⁄2
C’est l’équation fondamentale de la théorie de la ligne portante de Prandtl. C’est une équation intégro-
différentielle où le seul inconnu est la circulation Γ. Celle-ci doit vérifier comme condition aux limites :
𝛤 (± 𝑏 ⁄2) = 0
La circulation est directement liée à la portance locale par le théorème de Kutta-Joukowski :
𝛤 (𝑦) = 𝐿′ (𝑦)⁄𝜌𝑉∞
3. Cas d’une répartition elliptique de la portance
Un des rares cas où l’équation (19) admet une solution relativement simple est le cas d’une répartition elliptique
de la portance dans le sens de l’envergure :
𝑦 2
𝛤 = 𝛤0 √1 − ( ) (20)
𝑏 ⁄2
78
M. Yahyaoui La théorie de la ligne portante
0 𝑑 𝜋 𝜋
1 (𝛤0 𝑠𝑖𝑛 𝜃 ) 𝛤0 2 𝑐𝑜𝑠 𝜃 𝛤0 𝑐𝑜𝑠 𝜃
𝜖 (𝜃0 ) = − ∫ 𝑑𝜃 𝑑𝜃 = ∫ 𝑑𝜃 = ∫ 𝑑𝜃
4𝜋𝑉∞ 𝑏 (𝑐𝑜𝑠 𝜃 − 𝑐𝑜𝑠 𝜃) 4𝜋𝑉∞ 𝑏 𝑐𝑜𝑠 𝜃0 − 𝑐𝑜𝑠 𝜃 2𝜋𝑏𝑉∞ 𝑐𝑜𝑠 𝜃0 − 𝑐𝑜𝑠 𝜃
𝜋 2 0 0 0
pour écrire :
𝛤0
𝜖 (𝑦0 ) = − (24)
2𝑏𝑉∞
Si la répartition de la portance est elliptique, alors l’angle d’incidence induit est constant suivant l’envergure. Le
vent induit est également constant puisque d’après l’équation (5) on a :
𝛤0
𝑤𝑖 = 𝑉∞ 𝜖 = −
2𝑏
Les propriétés globales de la voilure sont déterminées en intégrant les propriétés locales (des sections). La portance
locale est donnée par le théorème de Kutta-Joukowski :
𝑦 2
𝐿′ (𝑦) = 𝜌𝑉∞ 𝛤0 √1 − ( ) (25)
𝑏 ⁄2
𝑦 2
𝑎0 (𝑦)𝛼𝑒 (𝑦)𝑞̅∞ 𝑐 (𝑦) = 𝜌𝑉∞ 𝛤0 √1 − ( )
𝑏 ⁄2
Ou encore :
2𝛤0 𝑦 2
𝑎0 (𝑦)𝛼𝑒 (𝑦)𝑐(𝑦) = √1 − ( ) (31)
𝑉∞ 𝑏 ⁄2
L’équation (31) indique que la combinaison 𝑎0 (𝑦)𝛼𝑒 (𝑦)𝑐(𝑦) doit être une fonction elliptique de 𝑦.
On suppose que le produit 𝑎0 𝛼𝑒 est indépendant de 𝑦, c’est-à-dire que le coefficient de portance local est constant
sur toute l’envergure (Figure 4.11-c). Ceci est le cas si le profil générateur de la voilure est le même sur toute
l’envergure (𝑎0 et 𝛼0 sont constants) et si la voilure n’est pas vrillée (𝛼 est constante). Sous une telle hypothèse,
la voilure doit avoir une forme en plan elliptique (Figure 4.11) :
𝑦 2
𝑐(𝑦) = 𝑐0 √1 − ( )
𝑏 ⁄2
(𝑎) Avion à ailes et empennage horizontal de forme en plan elliptique : l’avion britannique de la deuxième guerre mondiale
Super marine Spitfire
𝑧
⃗∞
𝑉
𝐶𝐿′ = 𝑐 𝑡𝑒
𝑦
𝑦 2 𝑦
𝑐 (𝑦) = 𝑐0 √1 − ( )
𝑥 𝑏 ⁄2
𝑤𝑖 = 𝑐 𝑡𝑒
(𝑏) (𝑐)
Mais même si la voilure n’a pas de forme en plan elliptique, une répartition elliptique de la portance peut être
obtenue en donnant à la voilure le vrillage géométrique nécessaire pour que la combinaison 𝑎0 (𝑦)𝛼𝑒 (𝑦)𝑐(𝑦) soit
une fonction elliptique, du moins pour une incidence de vol bien déterminée.
L’incidence effective 𝛼𝑒 sera constante aussi puisque l’angle induit 𝜖 est constant et :
𝛼𝑒 = 𝛼𝑎 + 𝜖 = 𝛼𝑎 − |𝜖|
80
M. Yahyaoui La théorie de la ligne portante
En plus, d’après l’équation (10), le coefficient de traînée induite local (𝐶𝐷′ 𝑖 ) est constant aussi. En évoquant le fait
que 𝐶𝐿′ (𝑦) est constant et égal au 𝐶𝐿 global de la voilure et en utilisant les équations (10) et (29), on écrit :
𝐶𝐿
𝐶𝑑 𝑖 (𝑦) ≅ −𝐶𝐿′ (𝑦)𝜀(𝑦) = −𝐶𝐿 (− )
𝜋𝐴
𝐶𝐿2
𝐶𝑑 𝑖 (𝑦) = (32)
𝜋𝐴
L’équation (32) indique que le coefficient de traînée induite local est constant dans le sens de l’envergure.
Le coefficient de traînée induite global de la voilure est donné par :
𝑏⁄2
𝐷𝑖 1 1 𝑏⁄2
𝐶𝐷𝑖 = = ∫ 𝑞̅∞ 𝐶𝑑 𝑖 (𝑦)𝑐(𝑦)𝑑𝑦 = ∫ 𝐶𝑑 𝑖 (𝑦)𝑐(𝑦)𝑑𝑦
𝑞̅∞ 𝑆 𝑞̅∞ 𝑆 −𝑏⁄2 𝑆 −𝑏⁄2
L’intégrale dans l’équation précédente est égale à la surface 𝑆 de la voilure. Il s’ensuit que :
𝐶𝐷𝑖 = 𝐶𝑑 𝑖 (𝑦)
soit d’après l’équation (32) :
𝐶𝐿2
𝐶𝐷𝑖 = (33)
𝜋𝐴
On voit de cette équation que le coefficient de traînée induite augmente avec le coefficient de portance. Il est donc
important aux faibles vitesses et diminue avec la vitesse de vol de l’avion. On note à cet égard qu’à portance 𝐿
donnée (égale au poids de l’avion par exemple), le coefficient de portance et la vitesse de vol évoluent dans deux
sens opposés :
1 2𝑚𝑔⁄𝜌∞ 𝑆
𝐿 = 𝐶𝐿 𝜌∞ 𝑉∞2 𝑆 = 𝑚𝑔 ⟺ 𝐶𝐿 =
2 𝑉∞2
Le coefficient de traînée induite est aussi inversement proportionnel à l’allongement géométrique. Un allongement
plus important réduit alors la traînée induite et augmente la finesse aérodynamique de l’avion. Cette dernière
représente une mesure de la qualité aérodynamique de la voilure et de l’avion en général. Une finesse plus
importante se traduit par une force de propulsion inférieure et une réduction de la consommation de carburant.
Finalement, on combine les équations (16), (17) et (29) pour déterminer le gradient de portance d’une voilure
d’envergure finie et dont la répartition de la portance est elliptique :
𝑎0
𝑎=
1 + 𝑎0 ⁄𝜋𝐴
Si on utilise la valeur théorique 𝑎0 = 2𝜋⁄𝑟𝑎𝑑, l’équation précédente devient :
2𝜋 𝐴
𝑎= = 2𝜋 (34)
1 + 2⁄𝐴 𝐴+2
L’équation (34-a) montre que le gradient de portance d’une voilure d’envergure finie (𝑎) est inférieur à celui d’un
profil (𝑎0 ). On note ici que 𝐴 → ∞ correspond au cas d’un profil puisque l’étude les profils se fait théoriquement
dans le contexte imaginaire d’une aile d’envergure infinie et ceci pour éliminer toute possibilité de formation de
tourbillons marginaux ou libres et garantir ainsi un écoulement bidimensionnel.
4. Répartition arbitraire de la portance
Puisqu’en termes de la variable 𝜃, la circulation est définie sur l’intervalle [0, 𝜋], elle s’apprête alors à une
représentation en série de Fourier sinus. On pose alors :
∞
81
M. Yahyaoui La théorie de la ligne portante
Γ( 𝑦 )
𝑦 = −𝑏⁄2 𝑦 = 𝑏 ⁄2 𝑦
𝜃=𝜋 𝜃=0
De la relation 𝛼𝑎 = 𝛼𝑒 − 𝜖(𝜃) on reconnait le dernier terme de l’équation (36) comme l’opposé de l’angle induit :
∞
𝑠𝑖𝑛 𝑛𝜃
𝜖 (𝜃) = − ∑ 𝑛𝐴𝑛 (37)
𝑠𝑖𝑛 𝜃
𝑛=1
82
M. Yahyaoui La théorie de la ligne portante
Puis on utilise l’équation (40) pour exprimer 𝐴1 en fonction de 𝐶𝐿 et remplacer dans l’équation précédente :
∞ ∞
𝐶𝐿 2 𝐴𝑛 2 𝐶𝐿2 𝐴𝑛 2
𝐶𝐷𝑖 = 𝜋𝐴 ( ) ∑ 𝑛 ( ) = ∑𝑛( )
𝜋𝐴 𝐴1 𝜋𝐴 𝐴1
𝑛=1 𝑛=1
ou aussi :
∞
𝐶𝐿2 𝐴𝑛 2
𝐶𝐷𝑖 = [1 + ∑ 𝑛 ( ) ] (42)
𝜋𝐴 𝐴1
𝑛=2
On pose :
∞
𝜏 = ∑ 𝑛(𝐴𝑛 ⁄𝐴1 )2
𝑛=2
Puisque 𝜏 ≥ 0, on peut conclure que la traînée induite correspondant à une répartition elliptique de la portance est
minimale par comparaison à toute autre voilure planaire de même allongement géométrique et pour laquelle la
répartition de la portance n’est pas elliptique.
83
M. Yahyaoui La théorie de la ligne portante
où Λ 𝑒̅𝑚𝑎𝑥 est la flèche au niveau de l’épaisseur relative maximale de las section de l’aile. La flèche à toute fraction
de la corde est donnée par :
𝑐0
𝑡𝑔 𝛬 (𝑥̅ ) = 𝑡𝑔 𝛬𝐿𝐸 − 2𝑥̅ (1 − 𝜆)
𝑏
ΛLE
𝑐0
𝑥 = 𝑥̅ 𝑐0
Λ(𝑥̅ )
Figure 4.13 : Schéma de définition de la flèche en une fraction quelconque des cordes pour les ailes trapézoïdales.
Remarque 1 : Il est supérieur à 1 pour les ailes non planes (Figure 4.14). La voilure rhomboédrique (ou box wings)
ayant la plus grande valeur de 1.46 pour ℎ⁄𝑏 = 0.2
𝑒 = 1.03 ℎ 𝑒 = 1.41
𝑒 = 1.36 ℎ ℎ 𝑒 = 1.45
𝑒 = 1.38 ℎ
ℎ 𝑒 = 1.46
Figure 4.14 : Coefficient d’efficacité de l’envergure pour les voilures non planes (h/b=0.2) [Kroo, 2005].
84
M. Yahyaoui La théorie de la ligne portante
Des valeurs de 𝑒 légèrement plus grandes ont été publiées par Yahyaoui 2 (Table 1). L’amélioration vient de l’ajout
d’une flèche modérée et d’un décalage vers l’arrière (stagger) des extensions verticales des ailes :
Table 1: Summary of the higher values of e for A=8, Kh=0.2, 𝜆 = 1 and CL = 0.5
Wing geometry e L/D % increase in L/D ratio
relative to planer wing
Cette équation montre qu’une voilure dont la répartition de la portance est elliptique a, non seulement la traînée
induite la plus faible comme vu auparavant, mais aussi le coefficient de portance le plus important. Le gradient de
portance de l’équation (49) correspond à une voilure à flèche nulle, à allongement géométrique non faible, en
régime incompressible. La précision de la théorie de la ligne portante diminue lorsque l’allongement géométrique
diminue. Par exemple, pour 𝜆 = 4, le gradient de portance donné par l’équation (34) est 11% plus important que
la valeur fournie par des méthodes plus précises. On cite à cet égard [McCormick, p137] :
- La loi de McCormick :
2 M. Yahyaoui, A Comparative Aerodynamic Study of Nonplanar Wings, International Journal of Aviation, Aeronautics, and
Aerospace, Vol.6, issue 4/10, 2019.
85
M. Yahyaoui La théorie de la ligne portante
𝐴
𝑎 = 2𝜋 (50)
𝐴 + 2(𝐴 + 4)⁄(𝐴 + 2)
- La loi de Lowry et Polhamas :
2𝜋𝐴
𝑎= (51)
2 + √𝐴2 + 4
Une généralisation de la dernière équation à des ailes en flèche et en régime subsonique compressible est :
2𝜋𝐴
𝑎= (52)
𝐴𝛽 2 𝑡𝑔 2 𝛬𝑐⁄2
2 + √( 𝜅 ) (1 + )+4
𝛽2
Où 𝛽 = √1 − 𝑀∞ 2 et 𝜅 est le rapport du gradient de portance réel du profil à la valeur théorique de 2𝜋 𝑟𝑎𝑑 −1.
𝐶𝐿
𝐴 ~4 et plus
𝐶𝐿𝑚𝑎𝑥 𝐴 →∞
2𝜋 𝐴 faible
𝛼 ↘ à même 𝐶𝐿 𝛼
1 𝜋𝑒𝐴
𝑓𝑚𝑎𝑥 = √ (53)
2 𝐶𝐷 0
La finesse maximale est proportionnelle à √𝑒𝐴. Il faut noter à cet égard que le coefficient d’efficacité de
l’envergure 𝑒 diminue avec l’allongement géométrique mais l’allongement géométrique effectif 𝐴′ = 𝑒𝐴
augmente ce qui explique l’augmentation de la finesse avec l’allongement géométrique.
5. Angle induit loin en aval
Une autre façon d’expliquer la création de la portance est la déviation le fait qu’un flux d’air est dévié vers le bas
par les ailes d’un angle 𝜀 ′ entre l’infini amont et loin en aval des ailes. Pour évaluer cet angle, on applique le
théorème de la quantité de mouvement en l’appliquant à un volume de contrôle cylindrique de diamètre égal à
l’envergure des ailes :
𝜋 𝜋
𝐿 ≅ −𝑚̇𝑉∞ 𝑠𝑖𝑛 𝜀 ′ ≈ (𝜌𝑉∞ 𝑆)𝑉∞ 𝜀 ′ = 𝜌𝑉∞2 ( 𝑏2 ) 𝜀 ′ = 𝜌𝑉∞2 𝑏2 𝜀 ′
4 4
Soit :
1 𝜋
𝐶𝐿 𝜌𝑉∞2 𝑆 = 𝜌𝑉∞2 𝑏2 𝜀 ′
2 4
D’où :
2𝐶𝐿 2𝐶𝐿
𝜀′ = =
𝜋(𝑏2 ⁄𝑆) 𝜋𝐴
2𝐶𝐿
𝜀′ =
𝜋𝐴
Dans le cas d’une répartition elliptique de la portance, ceci représente le double de l’angle induit au niveau des
ailes on a :
2𝐶𝐿
𝜀 ′ = 2𝜀 =
𝜋𝐴
𝐿
⃗∞
𝑉
𝜀
≈ 𝑉∞ 𝜀′
≈ 𝑉∞
Figure 4.16. La portance est la conséquence de la déviation du flux d’air vers le bas par les ailes.
-une variation de l’angle d’incidence géométrique dans le sens de l’envergure (à travers de 𝑖𝑣 qui représente
la variation de l’angle de calage des sections de la voilure). Ceci est dit vrillage géométrique.
- une variation de l’angle d’incidence de portance nulle (𝛼0 ) par variation du profil, dite vrillage
aérodynamique. Si on fixe la position de la cambrure maximale suivant la corde, le vrillage aérodynamique
peut être réalisé en diminuant la cambrure relative des sections, de l’emplanture vers le bout d’aile.
- Une variation du gradient de portance local 𝑎0 par variation du profil.
- une variation de la corde.
- une variation d’une combinaison de deux de ces paramètres ou plus en même temps.
Un problème d’ordre général est ainsi posé.
6. Portance de base et portance supplémentaire - Approximation de Schrenk
On suppose que le décrochage aérodynamique n’a pas lieu sur toute l’envergure. L’angle d’incidence absolu de
toute section est exprimé par rapport à la référence de portance nulle de la voilure (r.p.n.v.) :
𝛼𝑎 (𝑦) = 𝛼𝑎 𝑏 (𝑦) + 𝛼𝑎 𝑣 (57)
L’angle 𝛼𝑎 𝑏 est appelé l’incidence absolue de base, propre à chaque section de la voilure alors que 𝛼𝑎 𝑣 , l’incidence
absolue de la r.p.n.v. est appelée incidence absolue supplémentaire.
r.p.n. à la racine
𝛼0 r.p.n. de la section en 𝑦
𝛼𝑎 𝑏 (𝑦)
r.p.n.v. 𝛼𝑎 (𝑦) r.p.n.v.
⃗∞
𝑉 𝛼𝑎 𝑣 𝛼(𝑦)
⃗∞
𝑉
r.p.n. à l’extrémité
(b) Les angles 𝛼𝑎𝑣 et 𝛼𝑎𝑏
(a) A portance nulle : 𝛼0 = 𝛼𝑟 |𝐿=0
Figure 4.17 : (a) Définition de la référence de portance nulle de la voilure (b) Angles relatifs à cette référence.
Et :
𝐿′ (𝑦) = 𝐿′𝑎 (𝑦) + 𝐿′𝑏 (𝑦) = 𝜌𝑉∞ [𝛤𝑎 (𝑦) + 𝛤𝑏 (𝑦)] (60)
𝛤 = 𝛤𝑎 + 𝛤𝑏
𝛤𝑎
𝛤𝑏
𝑏/2 𝑦
1 𝑦 2 𝐿
𝐿′𝑎 (𝑦) = [𝑐 (𝑦) + 𝑐0 𝐸 √1 − ( ) ]
2 𝑏/2 𝑆
1 𝑐0 𝑦 2
𝐾𝑎 (𝑦) = [1 + 𝐸 √1 − ( ) ]
2 𝑐 (𝑦 ) 𝑏/2
Par ailleurs on a :
𝑆 𝜋
𝑐̅𝑔 = = 𝑐
𝑏 4 0𝐸
Alors :
4
𝑐0 𝐸 = 𝑐̅
𝜋 𝑔
Et on a :
1 4 𝑐̅𝑔 𝑦 2
𝐾𝑎 (𝑦) = [1 + √1 − ( ) ] (65)
2 𝜋 𝑐 (𝑦 ) 𝑏/2
89
M. Yahyaoui La théorie de la ligne portante
L’équation (65) montre l’effet de l’effilement sur la répartition de la portance dans le sens de l’envergure.
7. Moyens de réduire la traînée
a. Les réservoirs de bouts d’ailes
La vitesse induite par les tourbillons marginaux est inversement proportionnelle à la distance 𝑟 du centre du
tourbillon (tant que 𝑟 ne tend pas vers zéro). Lorsque ces tourbillons sont centrés aux bouts d’ailes, les réservoirs
de bouts d’ailes « éliminent » les faibles valeurs de 𝑟 et par conséquent les grandes valeurs de la vitesse induite
aux bouts d’ailes (Figure 4.19). Ceci a pour effet de réduire la traînée induite. Ceci s’applique surtout aux avions
à ailes droites où le vent induit est maximum aux bouts d’ailes.
Avec réservoir
Sans réservoir
Figure 4.19 : Effet des réservoirs de bout d’aile sur le vent induit
b. Les winglets
Les winglets sont des petites ailettes attachées aux bouts des ailes. La combinaison de 𝑉⃗∞ et du vent transversal 𝑣
(Figure 4.20) donne aux Winglets un angle d’incidence assez important qui fait que la résultante aérodynamique
⃗∞ . Cette composante se retranche de la traînée totale
qui lui agit dessus, a une composante vers l’avant, opposée à 𝑉
de l’avion.
On note qu’un Winglet d’extrados a son extrados (côté bombé) orienté vers le fuselage alors que celui d’un Winglet
d’intrados est orienté loin du fuselage.
−𝑣
(a) Vent horizontal dû au tourbillon de bout d’aile
𝛼𝑊
𝛼𝑊
⃗∞
𝑉
𝑅⃗ ⃗∞
𝑉
𝑅⃗
𝐷<0 𝐷<0
𝑣 −𝑣
90
M. Yahyaoui La théorie de la ligne portante
𝛼𝑎
Aile rectangulaire (𝜆 = 1)
𝐶𝑙 (𝑦) 𝐿′ (𝑦) Aile elliptique
0 𝑏 ⁄2 𝑦 0 𝑏 ⁄2 𝑦
a. Ailes droites
Le vent induit est faible du côté du fuselage et le coefficient de portance local 𝐶𝑙 (𝑦) est plus important dans cette
même zone. C’est là où le 𝐶𝐿𝑚𝑎𝑥 est atteint le premier. Le décollement des filets d’air commence à l’emplanture et
91
M. Yahyaoui La théorie de la ligne portante
se propage vers les bouts d’ailes et même si ce décollement a lieu sur une aile avant l’autre le déséquilibre en roulis
n’est pas très important. La zone où commence le décrochage est proche du C.G de l’avion et il y a une faible
tendance au roulis.
Le décrochage des ailes droites est aussi caractérisé par les faits que :
- le CP de l’avion se déplace vers l’arrière, le nez de l’avion baisse et l’angle d’incidence diminue.
- les ailerons, qui se trouvent en dehors de la zone de décrochage aérodynamique, gardent leur efficacité.
- le sillage turbulent de la zone de décollement du côté du fuselage entraine le buffeting de l’empennage
horizontal et de la partie arrière du fuselage ce qui constitue un avertisseur aérodynamique du décrochage
(Figure 4.23-b).
Tous ces facteurs donnent un comportement au décrochage des plus favorables : efficacité des ailerons, diminution
de l’incidence, buffeting (avertisseur du décrochage) et perte d’altitude lente.
Mais les ailes droites ne sont pas convenables aux avions de grandes vitesses tels que les avions transporteurs à
réaction. Ces derniers ont des ailes en flèche dans le but d’augmenter leur Mach de croisière.
Recul du CP
b. Ailes effilées
Le vent induit est plus important du côté de l’emplanture. L’angle d’incidence effectif est plus faible de ce côté et
le décrochage commence proche des bouts d’ailes.
Si, en pratique, on laisse une aile décrocher de cette façon, il y aurait :
- buffeting de l’aileron qui aurait très peu ou pas d’efficacité.
- chute rapide de l’aile qui décroche la première et tendance à entrer dans une vrille.
- pas d’avertissement aérodynamique de décrochage
Le recul du centre de poussée est très faible et l’avion à ailes effilées ne corrige pas son incidence naturellement.
⃗∞
𝑉
𝐶𝑃
𝐶𝐿′ (𝑦)
𝑏 ⁄2 𝑦
Pour corriger le comportement au décrochage de l’aile effilée on utilise une ou plusieurs des solutions suivantes :
▪ Vrillage géométrique des ailes : il s’agit de diminuer l’angle de calage des profils, de l’emplanture vers
l’extrémité, de manière à réduire les incidences effectives du côté des bouts d’ailes afin que le décollement
des filets d’air commence du côté du fuselage.
▪ Utilisation de profils d’aile différents de façon à ce que des profils avec plus de courbure au bord d’attaque
et qui ont une plus grande épaisseur relative soient placés vers le bout de l’aile. Mais ce choix va contre la
condition de résistance de la structure des ailes qui nécessite une épaisseur plus importante du côté de
l’emplanture.
▪ Utilisation de fentes de bord d’attaque vers les extrémités des ailes. Ces fentes augmentent l’énergie cinétique
de la couche limite sur l’extrados et retardent le décrochage aérodynamique dans cette zone de façon que les
ailerons maintiennent leur efficacité.
Fente
Fente
Aileron Aileron
Générateurs de tourbillons
Aileron
▪ Une autre façon d’améliorer le comportement au décrochage de l’aile effilée est de forcer le décrochage du
côté du fuselage avant le bout d’aile comme par l’utilisation d’un profil de faible rayon de courbure du bord
d’attaque du côté du fuselage. Mais cela affecte les qualités aérodynamiques globales de la voilure.
Le même effet peut être réalisé en attachant des « bandes inductrices de décrochage » au bord d’attaque du
côté du fuselage (Figure 4.27). A incidences importantes ces bandes favorisent le décrochage puisque leur
rayon de courbure au bord d’attaque est pratiquement nul, mais n’ont pas d’effet sur les qualités
aérodynamiques des ailes en croisière. Une telle solution est rarement utilisée en pratique.
93
M. Yahyaoui La théorie de la ligne portante
Fuselage
c. Ailes en flèche
La flèche a pour effet principal d’augmenter le Mach de croisière des avions volant en transsonique comme les
transporteurs civils. Mais le décrochage sur les ailes à flèche positive commence du côté des bouts d’ailes et ceci
présente un ensemble de problèmes.
La perte de portance vers les bouts d’ailes fait que le centre de poussée avance, entraînant un moment à cabrer. Le
mouvement vers l’avant du CP peut être expliqué en divisant la surface génératrice de la portance en trois
zones (Figure 4.28) :
• la zone 1 qui est la partie avant des ailes (plus le fuselage).
• la zone 2 qui couvre le voisinage des bouts d’ailes.
• la zone 3 qui est l’empennage horizontal.
Lorsque la zone 2 entre en état de décrochage et sa contribution à la portance est nettement diminuée, le centre de
poussée se décale vers la zone 1 dont la portance est dominante sur celle de zone 3.
Figure 4.28. Le CP avance car la contribution de la zone de bouts d’ailes (zone 2) à la portance est réduite par le décrochage
et le « barycentre » des zones 1 et 3 se décale vers l’avant.
- Le fait que l’avion à ailes en flèche est systématiquement soumis à des moments de tangage à cabrer suite
à son décrochage est appelé autocabrage. C’est une caractéristique dangereuse qui amène rapidement à un
état irréversible qui est le super décrochage ou décrochage profond (deep stall).
- L’incidence augmente encore plus du fait que, suite à la perte d’altitude, le vecteur vent relatif est
dorénavant incliné vers le haut (Figure 4.29-b). L’empennage horizontal haut se trouve alors dans le sillage
turbulent et de faible pression énergie de la voilure et perd son efficacité. Il devient impossible pour le
pilote de diminuer l’incidence.
94
M. Yahyaoui La théorie de la ligne portante
⃗∞
𝑉
Empennage
horizontal
(a)
⃗∞
𝑉
(b)
Figure 4.29. (a) Début du décrochage (b) Super décrochage : l’empennage horizontal est submergé dans le sillage turbulent
de la voilure qui est en plein décrochage.
- La portance est dorénavant concentrée près du fuselage et le vent induit le plus important agit sur
l’empennage horizontal (Figure 4.30), augmentant ainsi le moment à cabrer par augmentation de la
déportance de l’empennage horizontal.
- La combinaison ailes en flèches-empennages en T favorise le super décrochage, la flèche en étant la cause
principale. Un avion qui a tendance au super décrochage doit être équipé d’un dispositif de prévention du
décrochage. Ce dispositif est le pousseur de manche. Il est activé à une marge prédéfinie du décrochage et
pousse physiquement le manche vers l’avant avant que le super décrochage puisse avoir lieu.
Une fois ce type d’avion commence à décrocher, la progression vers le super décrochage devient trop rapide pour
qu’une réaction du pilote puisse corriger la situation.
La tendance au décrochage est due à l’écoulement transversal, de l’emplanture vers les saumons, qui est provoqué
par un gradient transversal de pression (Figure 4.31). Pour expliquer l’origine de ce gradient de pression on
considère trois points A, B et C situés sur une même droite parallèle à l’axe des 𝑦. Le point A est situé sur le bord
de fuite et la pression en ce point est proche de 𝑝∞ alors que les point B et C ont une pression inférieure puisqu’ils
sont sur les extrados de leurs profils respectifs. Et puisque le point C est plus proche du bord d’attaque, la pression
en ce point sera inférieure à celle du point B. La pression est décroissante de A vers C et il existe alors un gradient
transversal de pression 𝜕𝑝⁄𝜕𝑦 < 0. Ce gradient est à l’origine de l’écoulement transversal sur les ailes flèches. Ce
dernier produit une couche limite de faible énergie aux bouts des ailes ce qui explique que le décollement
commence dans cette zone.
Ligne de vent
induit maximal
Figure 4.30. Décrochage des ailes en flèche et emplacement du vent induit maximum.
95
M. Yahyaoui La théorie de la ligne portante
𝐴 𝐵 𝐶 𝑦
Figure 4.31. Existence d’un gradient transversal de pression sur l’extrados d’une aile en flèche.
Les solutions suivantes peuvent être utilisées pour minimiser cet effet et améliorer le comportement au décrochage
des avions à ailes en flèche :
▪ Les barrières :
Elles empêchent l’épaississement de la couche limite vers les bouts d’ailes en bloquant l’écoulement
transversal.
Sans barrière
Vortillon
Tourbillons
Mât moteur
Dent de scie
structure des ailes. Pour cela, la flèche est souvent combinée avec l’effilement et la tendance à décrocher aux bouts
d’ailes est augmentée.
Comme on a vu auparavant, ce mode de décrochage est inacceptable : peu d’avertissement aérodynamique avant
le décrochage, diminution importante de la commande en roulis et déplacement vers l’avant du centre de poussée
ce qui entraîne l’auto cabrage et même le super décrochage.
Ailes modifiées
𝑏 ⁄2 𝑦
97
M. Yahyaoui La théorie de la ligne portante
Exercices
Exercice 4.1
Le tourbillon principal AB, fixé à l’aile, est soumis à écoulement d’air de vitesse 100m/s au niveau de la mer. La
force totale qui s’exerce sur ce tourbillon est 𝐹 = 104 𝑁. Au bout de 0.2 seconde, la configuration des tourbillons
est telle qu’elle est indiquée sur la figure ci-dessous.
En utilisant la loi de Biot-Savart, montrez que le vent descendant induit au point E est 0.22m/s
𝑦
𝑧 Γ
B C
5m
⃗∞ 20m
𝑉
Γ 𝑥
E
A
D
20m
Exercice 4.2
Montrer que la traînée induite par le tourbillon de démarrage seulement, sur une ligne portante d’envergure 𝑏 et
de circulation constante Γ est :
𝜌Γ 2 𝑏 2
𝐷= [√1 + ( ) − 1]
2𝜋 𝑙
Exercice 4.4
Une aile elliptique vole au niveau de la mer avec une vitesse de 45m/s. Sa charge alaire est de 1000N/m2, son
envergure est de 10m, et son allongement géométrique est égal à 5.
1. Si le coefficient de portance de tout profil est 𝐶𝐿 = 𝑎0 𝛼𝑒 (𝑎0 = 5.7𝑟𝑎𝑑 −1 ), montrer que :
𝐶𝐿 = 0.806 ; 𝐶𝐷𝑖 = 0.041 ; 𝛼𝑒 = 8.1° ; 𝛼𝑎 = 11.04° ; 𝜀 = −2.94°
2. Calculer la puissance nécessaire pour vaincre la traînée induite.
Exercice 4.5
On considère l’équation :
∞
4𝑏 𝑛
𝛼(𝜃) − 𝛼0 (𝜃) = ∑ 𝐴𝑛 [ + ] 𝑠𝑖𝑛 𝑛𝜃
𝑎0 (𝜃)𝑐 (𝜃) 𝑠𝑖𝑛 𝜃
𝑛=1
98
M. Yahyaoui La théorie de la ligne portante
L’équation (22) est une solution exacte à cette équation et correspond à l’aile elliptique non vrillée de Prandtl. La
solution pour les autres cas s’obtient en général par analyse numérique.
Mais il existe aussi une solution analytique pour une aile de forme en plan elliptique affecté d’un vrillage
quelconque :
1. Montrez que pour une corde donnée par 𝑐 = 𝑐0 sin 𝜃 et pour 𝑎0 = 2𝜋, cette équation s’écrit sous la forme :
∞
𝐴
∑ 𝐴𝑛 𝑠𝑖𝑛 𝑛𝜃 ( + 𝑛) = [𝛼(𝜃) − 𝛼0 (𝜃)] 𝑠𝑖𝑛 𝜃
2
𝑛=1
2. Donnez l’expression générale du coefficient 𝐴𝑛 , en déduire que le coefficient de portance est donné par :
𝜋
4𝐴
𝐶𝐿 = ∫ [𝛼(𝜃) − 𝛼0 (𝜃)] 𝑠𝑖𝑛2 𝜃 𝑑𝜃
𝐴+2 0
3. Comme cas particulier, on considère un vrillage couramment appliqué en construction aéronautique : le
vrillage linéaire. La loi d’un tel vrillage est :
𝑦
𝛼(𝑦) = 𝛼1 ± 𝛼2 | | = 𝛼1 ± 𝛼2 |𝑐𝑜𝑠 𝜃|
𝑏 ⁄2
Où 𝛼1 et 𝛼2 sont deux constantes.
L’effet du vrillage géométrique peut être analysé en considérant la partie variable de 𝛼. La contribution de la
constante 𝛼1 peut être ajoutée à la fin.
a. Calculer 𝐴𝑛 correspondant à la partie variable.
b. Montrez que pour 𝐴 = 6 et un vrillage à angle croissant du milieu vers les bouts d’ailes, la répartition
de la circulation est donnée par :
2𝑏𝑉∞ 𝛼2 1 2 1 2
𝛤 (𝜃 ) = ( 𝑠𝑖𝑛 𝜃 + 𝑠𝑖𝑛 3𝜃 − 𝑠𝑖𝑛 5𝜃 + 𝑠𝑖𝑛 7𝜃 + ⋯ )
𝜋 3 15 42 225
Et pour un vrillage à angle décroissant (celui utilisé en pratique), la circulation est :
2𝑏𝑉∞ 𝛼2 1 2 1 2
𝛤 (𝜃 ) = (− 𝑠𝑖𝑛 𝜃 − 𝑠𝑖𝑛 3𝜃 + 𝑠𝑖𝑛 5𝜃 − 𝑠𝑖𝑛 7𝜃 + ⋯ )
𝜋 3 15 42 225
4. Ajoutez la contribution d’un angle d’incidence constant, puis pour des valeurs de 𝛼1 et 𝛼2 de votre choix,
représentez graphiquement 𝛤(𝑦) en fonction de 𝑦 pour les deux types de vrillage. Commentez sur les
modifications apportées par le vrillage dans chaque cas.
Exercice 4.6
La corde aérodynamique moyenne et la position du foyer d’une voilure sont essentielles pour l’étude de la stabilité
longitudinale de la voilure elle-même et de l’avion complet.
1. Montrer que la position du foyer sur la corde centrale d’une voilure d’effilement constant et de même profil
générateur est donnée par (voir figure) :
𝑥𝐹 = 𝑦̅ 𝑡𝑎𝑛 𝛬𝑐⁄4
avec :
1 + 2𝜆 𝑏
𝑦̅ =
1+𝜆 6
𝜆 est le coefficient d’effilement, Λc⁄4 est l’angle de la flèche au quart des cordes et 𝑏 est l’envergure.
2. La corde aérodynamique moyenne (Mean Aerodynamic Chord) est définie par :
𝑏 𝑏
1 ⁄2 1 ⁄2
𝑐̅ = ∫ 𝑐 (𝑦)𝑑𝑆 = ∫ 𝑐 2 (𝑦)𝑑𝑦
𝑆 −𝑏⁄ 𝑆 −𝑏⁄
2 2
3. Vérifier que la corde aérodynamique moyenne passe par le centre d’aire de chaque aile
𝑦 Ligne 𝑐 ⁄4
Λ c⁄4
𝑦̅ MAC
𝑏
𝑥
𝑥𝐹
𝑐0
𝑐𝑒
100
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
I. Problèmes tridimensionnels
1. Solution générale à l’équation de Laplace
On suppose un écoulement irrotationnel d'un fluide incompressible et non visqueux. Un tel écoulement est régi
par l'équation de Laplace :
∆𝜙 = 𝛻 2 𝜙 = 0 (1)
Où 𝜙 est la somme du potentiel de l'écoulement uniforme ( 𝜙∞ ) et de celui des perturbations dues à la présence de
l’objet (𝜙̃) :
𝜙 = 𝜙∞ + 𝜙̃ (2)
Les conditions aux limites sont :
• Les perturbations s'annulent loin de l'objet et on retrouve la vitesse de l'écoulement uniforme. Puisque la
vitesse est égale au gradient du potentiel de vitesse on a :
⃗ = 𝛻𝜙 = 𝛻(𝜙∞ + 𝜙̃) = 𝑉
𝑉 ⃗∞ + 𝑣
⃗∞
𝑙𝑖𝑚 𝛻𝜙 = 𝑉 (3)
𝑟→∞
Pour déterminer le potentiel de vitesse en un point 𝑃, si 𝑟 est la distance de ce point, il faut exclure ce point du
domaine d’intégration pour éviter la singularité de 𝜙1 . L’équation (7) s’écrit alors :
1 1
∬ [ 𝛻𝜙 − 𝜙𝛻 ( )] ∙ 𝑛⃗𝑑𝑆 = 0 (8)
𝑟 𝑟
𝑆+𝑆𝜖
où 𝑆 est définie sur Figure 5.1 et 𝑆𝜖 est la surface d’une sphère de rayon 𝜖 entourant le point 𝑃.
Pour évaluer l’intégrale sur la sphère, on introduit un repère sphérique centré en 𝑃. Alors :
𝜕𝜙 1 1
𝑛⃗ = −𝑒𝑟 ; 𝑛⃗ ∙ 𝛻𝜙 = − ; 𝛻 ( ) = − 2 𝑒𝑟
𝜕𝑟 𝑟 𝑟
L’équation (8) devient :
101
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
1 𝜕𝜙 𝜙 1 1
−∬[ + 2 ] 𝑑𝑆 + ∬ [ 𝛻𝜙 − 𝜙𝛻 ( )] ∙ 𝑛⃗𝑑𝑆 = 0 (9 )
𝑟 𝜕𝑟 𝑟 𝑟 𝑟
𝑆𝜖 𝑆
On suppose que les variations de 𝜙 et 𝜕𝜙⁄𝜕𝑟 sont faibles sur la sphère de rayon 𝜖 → 0, alors :
1 𝜕𝜙 𝜙 1 𝜕𝜙 𝜙 𝜕𝜙
𝑙𝑖𝑚 ∬ [ + 2 ] 𝑑𝑆 = 𝑙𝑖𝑚 ( + 2 ) (4𝜋𝜖 2 ) = 4𝜋 𝑙𝑖𝑚 (𝜖 + 𝜙) = 4𝜋𝜙(𝑃)
𝜖→0 𝑟 𝜕𝑟 𝑟 𝜖→0 𝜖 𝜕𝑟 𝜖 𝜖→0 𝜕𝑟
𝑆𝜖
𝑛⃗
𝜖
𝑃
Volume de contrôle 𝑉 𝑛⃗ 𝑆𝜖
𝑛⃗′
𝑛⃗
𝑆𝐵 : objet (body) 𝑆𝑤 : sillage (wake)
𝑆 = 𝑆𝐵 + 𝑆𝑤 + 𝑆∞ 𝑆∞
L’équation (10) donne la valeur du potentiel en tout point du domaine 𝑉 en termes de 𝜙 et 𝜕𝜙⁄𝜕𝑛 sur la paroi (on
note que 𝑛⃗ ∙ ∇𝜙 = 𝜕𝜙⁄𝜕𝑛).
Remarque :
Pour les points de la paroi elle-même, la sphère est remplacée par un hémisphère de rayon 𝜖 → 0 et l’intégration
amène au résultat :
1 1 1
𝜙(𝑃) = 2𝜋 ∬𝑆 [𝑟 𝛻𝜙 − 𝜙𝛻 (𝑟 )] ∙ 𝑛⃗𝑑𝑆 (11)
Pour définir le potentiel 𝜙𝑖𝑛 de l’écoulement à l’intérieur de la paroi 𝑆𝐵 , on pourra encore appliquer l’équation (7)
avec 𝑆 remplacée par 𝑆𝐵 tout en notant que tout point intérieur de l’objet est en réalité extérieur à 𝑆𝐵 :
1 1
0 = ∬𝑆 [𝑟 𝛻𝜙𝑖𝑛 − 𝜙𝑖𝑛 𝛻 (𝑟)] ∙ 𝑛⃗′ 𝑑𝑆 (12)
𝐵
Le potentiel intérieur est en général fictif mais pourra être exploité dans l’établissement d’une solution générale à
l’écoulement autour d’un corps tridimensionnel. Il faut noter à cet égard qu’on est en train d’utiliser des sources,
des dipôles et des conditions aux limites pour créer un écoulement bien déterminé. Il n’existe pas de restriction
préalable sur l’emplacement des répartitions de sources et dipôles et certains de ces écoulements élémentaires
peuvent être placés à l’intérieur de l’objet.
La solution générale qui tient compte de l’écoulement intérieur (défini par 𝜙𝑖𝑛 ) et extérieur (défini par 𝜙) est
obtenue en prenant la somme des équations (10) et (12) et en remplaçant 𝑛⃗′ par −𝑛⃗ :
1 1 1 1 1 1
𝜙(𝑃) = 4𝜋 ∬𝑆 [𝑟 𝛻(𝜙 − 𝜙𝑖𝑛 ) − (𝜙 − 𝜙𝑖𝑛 )𝛻 (𝑟)] ∙ 𝑛⃗𝑑𝑆 + 4𝜋 ∬𝑆 [ 𝛻𝜙 − 𝜙𝛻 ( )] ∙ 𝑛⃗𝑑𝑆 (13)
𝐵 𝑤 +𝑆∞ 𝑟 𝑟
Dans cette équation, nous avons séparé 𝑆 en 𝑆𝐵 et 𝑆𝑤 + 𝑆∞ et supposé que 𝜙𝑖𝑛 = 0 dans le sillage.
La contribution de 𝑆∞ dans l’équation précédente est définie par :
102
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
1 1 1
𝜙∞ (𝑃) = 4𝜋 ∬𝑆 [𝑟 𝛻𝜙 − 𝜙𝛻 (𝑟)] ∙ 𝑛⃗𝑑𝑆 (14)
∞
Contrairement à l’objet lui-même, son sillage ne doit pas produire de force dans l’écoulement. On le choisit alors
de façon qu’il soit parallèle à la vitesse locale (donnée par ∇𝜙). On verra plus loin que tout dipôle est équivalent
et un tourbillon et si la circulation 𝛾 du tourbillon est alignée avec la vitesse locale, la force de Kutta-Joukovski
sera nulle. Ce choix signifie que 𝑛⃗ ∙ ∇𝜙 = 0. On utilise ce résultat et l’équation (14) pour écrire :
1 1 1 1 1
𝜙 (𝑃 ) = ∬ [ 𝛻(𝜙 − 𝜙𝑖𝑛 ) − (𝜙 − 𝜙𝑖𝑛 )𝛻 ( )] ∙ 𝑛⃗𝑑𝑆 − ∬ 𝜙𝑛⃗ ∙ 𝛻 ( ) 𝑑𝑆 + 𝜙∞ (15)
4𝜋 𝑟 𝑟 4𝜋 𝑟
𝑆𝐵 𝑆𝑤
1 1 𝜕 𝜕 1 1 𝜕 1
𝜙 (𝑃 ) = ∬[ (𝜙 − 𝜙𝑖𝑛 ) − (𝜙 − 𝜙𝑖𝑛 ) ( )] 𝑑𝑆 − ∬ 𝜙 ( ) 𝑑𝑆 + 𝜙∞ (16)
4𝜋 𝑟 𝜕𝑛 𝜕𝑛 𝑟 4𝜋 𝜕𝑛 𝑟
𝑆𝐵 𝑆𝑤
L’équation (16) donne la valeur du potentiel en tout point du domaine 𝑉 en termes de 𝜙 et 𝜕𝜙⁄𝜕𝑛 sur la paroi de
l’objet et du sillage. Le problème est donc réduit à déterminer ces deux grandeurs.
On pose :
−𝜇 = 𝜙 −
𝜙𝑖𝑛 (17)
𝜕𝜙 𝜕𝜙𝑖𝑛
−𝜎 = − (18)
𝜕𝑛 𝜕𝑛
Le paramètre 𝜇 est égal au « saut » dans la valeur du potentiel de vitesse alors que 𝜎 est égal au changement dans
la composante normale de la vitesse à travers la paroi. On verra ultérieurement que 𝜇 et 𝜎 représentent les intensités
de dipôles et de sources, respectivement.
En termes des paramètres 𝜇 et 𝜎, l’équation (16) s’écrit :
1 𝜎 𝜕 1 1 𝜕 1
𝜙 (𝑃 ) = − ∬ [ − 𝜇 ( )] 𝑑𝑆 + ∬ [𝜇 ( )] 𝑑𝑆 + 𝜙∞
4𝜋 𝑟 𝜕𝑛 𝑟 4𝜋 𝜕𝑛 𝑟
𝑆𝐵 𝑆𝑤
Ou aussi :
1 𝜕 1 1 𝜎
𝜙(𝑥, 𝑦, 𝑧) = ∬ 𝜇 ( ) 𝑑𝑆 − ∬ 𝑑𝑆 + 𝜙∞ (19)
4𝜋 𝜕𝑛 𝑟 4𝜋 𝑟
𝑆𝐵 +𝑆𝑤 𝑆𝐵
On note que :
• Puisque les vitesses dues à des sources ou à des dipôles s’annulent lorsque 𝑟 → ∞, la condition aux limites
(3) est automatiquement vérifiée.
• Les distributions des sources ne figurent que sur l’objet lui-même mais pas au niveau du sillage.
Pour déterminer le potentiel de vitesse dans la région 𝑉, on doit déterminer l’intensité des sources et/ou dipôles
sur la paroi. Le choix du type de potentiel élémentaire (source et ou dipôle) doit être basé sur la physique de
l’écoulement à résoudre :
• Si on impose la condition aux limites :
𝜕𝜙𝑖𝑛 ⁄𝜕𝑛 = 𝜕𝜙⁄𝜕𝑛 𝑠𝑢𝑟 𝑆𝐵
alors les sources 𝜎 sont annulées sur 𝑆𝐵 et on retient uniquement les dipôles. Ceci était le cas dans la théorie
des profils minces où le profil est remplacé par son ossature et la vitesse normale à celle-ci était nulle sur les
deux côtés. La solution était donc formulée en termes d’une distribution de tourbillons. On note ici que les
dipôles sont remplaçables par des tourbillons ponctuels en bidimensionnel et par des tourbillons en fer-à-cheval
ou des tourbillons en anneaux (vortex rings) en tridimensionnel. La relation entre la circulation du tourbillon
et l’intensité du dipôle est :
𝛾 = 𝑛⃗ ∧ 𝛻𝜇 (20)
103
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
⃗𝑛
𝑉 ⃗𝑡
𝑉
𝑒𝑥 𝑒𝑥
Extérieur 𝐷2 𝐷1
𝑆1 ⃗𝑡
𝑆2 𝑉 𝑖𝑛
⃗𝑛
𝑉 𝑉𝑡
𝑖𝑛
Intérieur ⃗
𝑉
⃗
𝑉
𝑉𝑛 ⃗1
𝑉 ⃗2
𝑉
⃗1
𝑉
⃗2
𝑉
𝐷1
𝑆1 𝐷2
𝑆2 ⃗ 2′
𝑉
⃗ 1′
𝑉
⃗ 2′
𝑉
⃗′
𝑉
⃗ 1′
𝑉
𝑉𝑛′ opposé à 𝑉𝑛
⃗′ 𝑉𝑡′ opposé à 𝑉𝑡
𝑉
⃗ et 𝑉
(a) Deux sources adjacentes : 𝑉 ⃗′ ⃗ et 𝑉
(b) Deux dipôles adjacents : 𝑉 ⃗′
ont même 𝑉𝑡 mais des 𝑉𝑛 opposées. ont même 𝑉𝑛 mais des 𝑉𝑡 opposées.
Si l’axe du dipôle est suivant la normale, il y aura aussi un « saut » dans la composante tangentielle de la vitesse :
⃗𝑡 − 𝑉
𝑉 ⃗ 𝑡 = −𝛻𝜇(𝜉, 𝜁 ) (21)
𝑒𝑥 𝑖𝑛
Comme illustré sur Figure 5.2-(b), deux dipôles adjacents entraînent en toute pair de points symétriques par rapport
à la ligne joignant les deux dipôles des vitesses dont la composante normale est la même mais leurs composantes
tangentielles sont opposées.
Pour un écoulement incompressible, le changement net de la vitesse à travers la paroi est :
⃗𝑒𝑥 − 𝑉
𝑉 ⃗ 𝑖𝑛 = −𝜎𝑛⃗ − 𝛻𝜇(𝜉, 𝜁 ) (22)
104
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
1 𝜕 1 1 𝜎
𝜙𝑖𝑛 = ∬ 𝜇 ( ) 𝑑𝑆 − ∬ 𝑑𝑆 + 𝜙∞ = 𝜙̃𝑖𝑛 + 𝜙∞
4𝜋 𝜕𝑛 𝑟 4𝜋 𝑟
𝑆𝐵 +𝑆𝑤 𝑆𝐵
1 𝜕 1 1 𝜎
∬ 𝜇 ( ) 𝑑𝑆 − ∬ 𝑑𝑆 = 0 (27)
4𝜋 𝜕𝑛 𝑟 4𝜋 𝑟
𝑆𝐵 +𝑆𝑤 𝑆𝐵
L’équation (27) constitue la base du calcul aérodynamique numérique par la méthode des singularités, basée sur
l’approche indirecte. Pour que cette équation soit valable, l’intensité des sources doit être donnée par l’équation
(24). En plus, pour aboutir à une solution unique, la répartition de dipôles au niveau du sillage doit être connue ou
du moins reliée aux dipôles inconnus de la paroi 𝑆𝐵 par application du critère de Kutta. Cette idée sera clarifiée
dans la section suivante.
105
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
Centre du
panneau
P
𝜁 4 Point de collocation
𝑗 3 sous le panneau (à
𝑘⃗ 1 l’intérieur).
2 Panneau 𝑘
𝑖
𝜉
Figure 5.3. Représentation de la paroi par des panneaux et influence d’un panneau k en un point P.
En appliquant l’équation (27) au point de collocation du panneau 𝑖 et on ajoutant les effets de tous les panneaux 𝑘,
on obtient l’équation :
𝑁𝑏 𝑁𝑤 𝑁𝑏
1 𝜕 1 1 𝜕 1 1 𝜎
∑ ∬𝜇 ( ) 𝑑𝑆 + ∑ ∬𝜇 ( ) 𝑑𝑆 − ∑ ∬ 𝑑𝑆 = 0 (28)
4𝜋 𝜕𝑛 𝑟 4𝜋 𝜕𝑛 𝑟 4𝜋 𝑟
𝑘=1 𝑆𝐵 𝑘 𝑗=1 𝑆𝑤 𝑗 𝑘=1 𝑆𝐵 𝑘
L’intégration sera effectuée au niveau de panneaux et dépendra de la géométrie de ceux-ci et de la fonction qu’on
choisira pour représenter la singularité.
Si par exemple on opte pour des dipôles dont les intensités sont constantes sur chaque panneau (mais qui varient
d’un panneau à l’autre), alors l’influence du panneau 𝑘 (défini par quatre nœuds 1, 2, 3 et 4) au point de
collocation 𝑃 du panneau 𝑖 sera :
𝜇𝑘 𝜕 1
𝐶̂𝑖𝑘 = ∬ ( ) 𝑑𝑆 = 𝐶𝑖𝑘 𝜇𝑘
4𝜋 𝜕𝑛 𝑟
1,2,3,4
𝜎𝑘 1
𝐵̂𝑖𝑘 = − ∬ 𝑑𝑆 = 𝐵𝑖𝑘 𝜎𝑘
4𝜋 𝑟
1,2,3,4
106
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
1 𝜕 1
𝐶𝑖𝑘 = ∬ ( ) 𝑑𝑆 (30)
4𝜋 𝜕𝑛 𝑟
1,2,3,4
1 1
𝐵𝑖𝑘 = − ∬ 𝑑𝑆 (31)
4𝜋 𝑟
1,2,3,4
Dans l’équation (29), les intensités des sources sont connues et données par l’équation (24) et le dernier peut être
déplacé à droite.
𝑁𝑏 𝑁𝑤 𝑁𝑏
L’équation (32) est appliquée en chacun des 𝑁𝑏 points de collocation intérieurs 𝑃. Ceci constitue un système de 𝑁𝑏
équations algébriques linéaires en 𝑁𝑏 + 𝑁𝑤 inconnus (𝑁𝑏 inconnus 𝜇𝑘 associés à la surface de l’objet et 𝑁𝑤
inconnus 𝜇𝑗 associés au sillage). Pour aboutir à une solution unique, on doit définir l’intensité des dipôles du
sillage.
La façon la plus simple de définir l’intensité des dipôles du sillage est d’appliquer le critère bidimensionnel de
Kutta au bord de fuite de l’objet tridimensionnel à bord de fuite pointu (Figure 5.4). Le critère de Kutta en termes
de la circulation de tourbillon est :
𝛾𝐵𝐹 = 0 (33)
D’après l’équation (20) on a au niveau de la paroi de l’objet (Figure 5.4-b) :
𝑡 𝑗 𝑛⃗
𝛾 = 𝑛⃗ ∧ 𝛻𝜇 = | 0 0 1| = 𝜕𝜇 𝑗
𝜕𝜇 𝜕𝑠
0 0
𝜕𝑠
Soit :
𝜕𝜇(𝜉 )
= 𝛾 (𝜉 ) (34)
𝜕𝑠
𝑛⃗ 𝛾
𝑗
𝑠
Bord de fuite (BF) 𝑧 𝜁
𝜇𝐵𝐹𝑒𝑥 𝑡 ∇𝜇 𝑥
𝜉
⃗∞
𝑉
𝜇𝑤 (𝑏)
𝜇𝐵𝐹𝑖𝑛
(𝑎)
Figure 5.4. Relation entre l’intensité d’un tourbillon et celle d’un dipôle.
Le sens du vecteur ∇𝜇 sur Figure 5.4 est déduit du sens de 𝛾 qui est orienté dans le sens de l’envergure de manière
à fournir une portance dans le sens imposée par la forme vectorielle du théorème de Kutta-Joukowski.
L’équation (34) est appliquée au niveau du bord de fuite où 𝛾 est nulle (critère de Kutta) donne :
𝜕𝜇
(𝑐) = 0 (35)
𝜕𝜉
C'est-à-dire que l’intensité des dipôles du sillage est constante :
107
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
𝜇𝑤 = 𝜇𝐵𝐹 = 𝑐 𝑡𝑒 (36)
Soit (Figure 5.4-a) :
𝜇𝑤 = 𝜇𝐵𝐹𝑒𝑥 − 𝜇𝐵𝐹𝑖𝑛
Ou encore :
𝜇𝐵𝐹𝑒𝑥 − 𝜇𝐵𝐹𝑖𝑛 − 𝜇𝑤 = 0 (37)
En marge de l’équation (37), l’équation (32) s’écrit :
𝑁𝑏 𝑁𝑤 𝑁𝑏
Une fois ce système est résolu et les intensités des dipôles sont connues, on pourra évaluer les charges
aérodynamiques sur l’objet. Les détails du calcul des coefficients aérodynamiques seront donnés ultérieurement.
b. Approche directe
L’approche directe est basée sur l’application des conditions aux limites (25). La première des ces deux conditions
est :
⃗𝑒𝑥 ∙ 𝑛⃗ = (𝑉
𝑉 ⃗∞ + 𝑣𝑒𝑥 ) ∙ 𝑛⃗ = 0
𝑠 𝑠
Soit :
⃗∞ ∙ 𝑛⃗
𝑣𝑒𝑥 𝑠 ∙ 𝑛⃗ = −𝑉 (40)
où (Figure 5.5) :
𝑢̃𝑠
𝑣𝑒𝑥 𝑠 = ( 𝑣̃𝑠 ) = 𝛻𝜙̃𝑒𝑥 (𝜉𝑠 , 𝜂𝑠 , 0) (41)
𝑤 ̃𝑠 (𝜉 ,𝜂
𝑠 𝑠 ,𝜁𝑠 )
est la vitesse due aux perturbations engendrées par les distributions de singularités (sources et dipôles) au niveau
de la surface de l’objet (d’où l’indice « s »).
𝜁𝑠 𝜂𝑠
𝑤
̃𝑠 𝑣̃𝑠
𝑢̃𝑠
𝜉𝑠
Figure 5.5. Composantes des perturbations de la vitesse dues aux sources et dipôles.
108
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
On rappelle que l’équation du potentiel de vitesse des perturbations de l’écoulement extérieur peut être déduite de
l’équation (19) :
1 𝜕 1 1 𝜎
𝜙̃𝑒𝑥 = ∬ 𝜇 ( ) 𝑑𝑆 − ∬ 𝑑𝑆 (42)
4𝜋 𝜕𝑛 𝑟 4𝜋 𝑟
𝑆𝐵 +𝑆𝑤 𝑆𝐵
On remplace l’équation (42) dans (41) et on évalue sur les panneaux de la surface de l’objet et ceux du sillage :
𝑁𝑏 𝑁𝑤 𝑁𝑏
1 𝜕 1 1 𝜕 1 1 𝜎
𝑣𝑒𝑥 𝑠 =∑ ∬ 𝛻 [𝜇 ( )] 𝑑𝑆 + ∑ ∬ 𝛻 [𝜇 ( )] 𝑑𝑆 − ∑ ∬ 𝛻 ( ) 𝑑𝑆 (43)
4𝜋 𝜕𝑛 𝑟 4𝜋 𝜕𝑛 𝑟 4𝜋 𝑟
𝑘=1 𝑆𝐵 𝑘 𝑘=1 𝑆𝑤 𝑘 𝑘=1 𝑆𝐵 𝑘
Si on opte aussi pour des sources et des dipôles dont les intensités sont constantes sur chaque panneau, alors les
coefficients d’influence du panneau 𝑘 (défini par quatre nœuds 1, 2, 3 et 4) au point de collocation 𝑃 du panneau 𝑖
seront :
𝜇𝑘 𝜕 1
𝐶̂𝑖𝑘
′
= ′
∬ 𝛻 [ ( )] 𝑑𝑆 = 𝐶𝑖𝑘 𝜇𝑘
4𝜋 𝜕𝑛 𝑟
1,2,3,4
⃗̂ ′ = − 𝜎𝑘 1
𝐵 𝑖𝑘
⃗ 𝑖𝑘
∬ 𝛻 ( ) 𝑑𝑆 = 𝐵 ′
𝜎𝑘
4𝜋 𝑟
1,2,3,4
𝑣𝑒𝑥 𝑠 = ′
∑ 𝐶𝑖𝑘 𝜇𝑘 + ∑ 𝐶𝑖𝑗′ 𝜇𝑗 ⃗ 𝑖𝑘
+ ∑𝐵 ′
𝜎𝑘 (44)
𝑘
𝑘=1 𝑗=1 𝑘=1
Où :
′
1 𝜕 1
𝐶𝑖𝑘 = ∬ 𝛻 [ ( )] 𝑑𝑆 (45)
4𝜋 𝜕𝑛 𝑟
1,2,3,4
1 1
⃗ 𝑖𝑘
𝐵 ′
=− ∬ 𝛻 ( ) 𝑑𝑆 (46)
4𝜋 𝑟
1,2,3,4
Les coefficients d’influence 𝐶𝑖𝑘 et 𝐵𝑖𝑘 sont donnés par les équations (30) et (31). Ici aussi le nombre d’inconnus
doit être réduit de 𝑁𝑤 et ceci en reliant les dipôles du sillage à ceux de la surface de la paroi par application du
critère de Kutta comme on l’a fait dans l’approche indirecte.
Remarque importante :
L’approche indirecte à l’avantage d’être plus économique en termes de temps de calcul et ceci pour deux raisons :
• Seul deux coefficients d’influence par panneau, associés au potentiel de la vitesse de perturbation, doivent
être calculés (équations (30) et (31)). La méthode directe exige le calcul de huit coefficients d’influence par
109
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
panneau : deux sont donnés par les équations (30), (31) alors que les six autres sont donnés par les équations
(45) et (46)).
• Les intensités des sources sont spécifiées et par conséquent le nombre d’inconnus est réduit pratiquement à
moitié.
4. Les charges aérodynamiques
La condition aux limites d’un écoulement tangent :
⃗𝑒𝑥 ∙ 𝑛⃗ = 0
𝑉
permet aussi d’évaluer la composante normale de la perturbation de la vitesse dans le repère local du panneau
(Figure 5.5) puisque :
⃗∞ + 𝑣𝑒𝑥 ) ∙ 𝑛⃗ = 0
(𝑉
𝑤 ⃗∞ ∙ 𝑛⃗
̃𝑠 = 𝑣𝑒𝑥 ∙ 𝑛⃗ = −𝑉
Soit d’après (24) :
𝑤
̃𝑠 = −𝜎 (49)
De même les équations (17) et (23) permettent d’écrire :
−𝜇 = 𝜙𝑒𝑥 − 𝜙𝑖𝑛 = 𝜙∞ + 𝜙̃𝑒𝑥 − 𝜙∞
Soit :
𝜇 = −𝜙̃𝑒𝑥 (50)
L’intensité d’un dipôle de la surface est égale à la valeur du potentiel de perturbation en ce point.
La vitesse tangentielle à la paroi due aux perturbations est donnée par :
𝑣𝑡𝑒𝑥 = 𝛻𝜙̃𝑒𝑥
Soit d’après l’équation (50) :
𝑣𝑡𝑒𝑥 = −𝛻𝜇 (51)
Les composantes de vitesse tangentielle des perturbations dans le repère local sont donc :
𝜕𝜇
𝑢̃𝑠 = − (52 − 𝑎)
𝜕𝜉𝑠
𝜕𝜇
𝑣̃𝑠 = − (52 − 𝑏)
𝜕𝜂𝑠
La vitesse totale dans le repère local du panneau 𝑘 est :
⃗𝑘 = 𝑉
𝑉 ⃗∞ + 𝑣𝑠 = (𝑉∞ , 𝑉∞ , 𝑉∞ ) + (𝑢̃𝑠 , 𝑣̃𝑠 , 𝑤
̃𝑠 )𝑘 = (𝑉∞𝜉𝑠 + 𝑢̃𝑠 , 𝑉∞𝜂𝑠 + 𝑣̃𝑠 , 𝑉∞𝜁𝑠 + 𝑤
̃𝑠 )
𝑘 𝑘 𝜉𝑠 𝜂𝑠 𝜁𝑠
𝑘 𝑘
Et du fait que la composante de vitesse normale à la paroi est forcément nulle, on obtient :
⃗ 𝑘 = (𝑉∞ + 𝑢̃𝑠 , 𝑉∞ + 𝑣̃𝑠 , 0)
𝑉 𝜉 𝑠 𝜂𝑠
𝑘
Les composantes de cette résultante suivant les axes du repère global sont :
110
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
𝜕𝜙 𝜎 𝑥 − 𝑥0
𝑢(𝑥, 𝑦, 𝑧) = = (66)
𝜕𝑥 4𝜋 [(𝑥 − 𝑥0 ) + (𝑦 − 𝑦0 )2 + (𝑧 − 𝑧0 )2 ]3⁄2
2
𝜕𝜙 𝜎 𝑦 − 𝑦0
𝑣(𝑥, 𝑦, 𝑧) = = (67)
𝜕𝑦 4𝜋 [(𝑥 − 𝑥0 ) + (𝑦 − 𝑦0 )2 + (𝑧 − 𝑧0 )2 ]3⁄2
2
𝜕𝜙 𝜎 𝑧 − 𝑧0
𝑤(𝑥, 𝑦, 𝑧) = = (68)
𝜕𝑧 4𝜋 [(𝑥 − 𝑥0 ) + (𝑦 − 𝑦0 )2 + (𝑧 − 𝑧0 )2 ]3⁄2
2
Une répartition de sources peut être intégrée sur une ligne (𝑙), une surface (𝑆) ou un volume (𝑉) pour établir une
solution basée sur la méthode des singularités :
111
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
1 𝜎 (𝑥0 , 𝑦0 , 𝑧0 )
𝜙(𝑥, 𝑦, 𝑧) = ∫ 𝑑𝑙 (69)
4𝜋 √(𝑥 − 𝑥0 ) + (𝑦 − 𝑦0 )2 + (𝑧 − 𝑧0 )2
2
𝑙
1 𝜎 (𝑥0 , 𝑦0 , 𝑧0 )
𝜙(𝑥, 𝑦, 𝑧) = ∬ 𝑑𝑆 (70)
4𝜋 √(𝑥 − 𝑥0 )2 + (𝑦 − 𝑦0 )2 + (𝑧 − 𝑧0 )2
𝑆
où 𝜎 représente cette fois-ci l’intensité de la source par unité de longueur, de surface et de volume, respectivement.
La vitesse correspondante est :
𝜕𝜙 𝜕𝜙 𝜕𝜙
⃗ (𝑢, 𝑣, 𝑤) = 𝛻𝜙 = (
𝑉 , , )
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑧
b. Dipôle
La deuxième solution élémentaire qui figure dans l’équation (19) est le dipôle :
𝜇 1
𝜙= 𝑛⃗ ∙ 𝛻 ( ) (72)
4𝜋 𝑟
On note que pour 𝜎 et 𝜇 unitaires on a :
𝜕
𝜙𝑑𝑖𝑝ô𝑙𝑒 = − 𝜙 (73)
𝜕𝑛 𝑠𝑜𝑢𝑟𝑐𝑒
Et de ce fait, la solution correspondant à un dipôle peut être construite à partir de source et puits :
𝑃
𝑟
𝑟−𝑑
𝑒𝑑
𝑑 cos 𝛽 Source
𝛽
𝑑
Puits à l’origine
Figure 5.6 : Construction d’un dipôle à partir d’une source et d’un puits.
Soit un puits à l’origine et une source située à une distance 𝑑 de ce puits. Alors en un point 𝑃, le potentiel de vitesse
est donné par :
−𝜎 1 1
𝜙= ( − )
4𝜋 ԡ𝑟ԡ ‖𝑟 − 𝑑 ‖
−𝜎 1 1 −𝜎 ‖𝑟 − 𝑑 ‖ − ԡ𝑟ԡ
𝜙= 𝑙𝑖𝑚 ( − )= 𝑙𝑖𝑚 ( )
4𝜋 𝑑→0 ԡ𝑟ԡ ‖𝑟 − 𝑑 ‖ 4𝜋 𝑑→0 ԡ𝑟ԡ‖𝑟 − 𝑑 ‖
𝜎→∞ 𝜎→∞
Or lorsque 𝑑 → 0 :
ԡ𝑟ԡ‖𝑟 − 𝑑 ‖ → 𝑟 2
‖𝑟 − 𝑑 ‖ − ԡ𝑟ԡ → 𝑑 𝑐𝑜𝑠 𝛽
112
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
Alors :
−𝜎 𝑑 𝑐𝑜𝑠 𝛽
𝜙=
4𝜋 ԡ𝑟ԡ2
Et puisque 𝜇 = 𝜎𝑑 on a :
−𝜇 𝑐𝑜𝑠 𝛽
𝜙= (74)
4𝜋 𝑟 2
L’angle 𝛽 est l’angle entre le vecteur 𝑟 et le vecteur unitaire 𝑒𝑑 , orienté du puits vers la source (axe ou direction
du dipôle). On définit un vecteur 𝜇 représentant l’intensité du dipôle :
𝜇 = 𝜇𝑒𝑑
Alors :
𝜇 𝑒𝑑 ∙ 𝑟
𝜙=− (75)
4𝜋 𝑟 3
On peut à partir de cette équation établir le lien entre le dipôle et la solution générale du potentiel de vitesse :
𝜇 𝑒𝑑 ∙ 𝑟 𝜇 1 𝑟 𝜇 1
𝜙=− 3
= 𝑒𝑑 ∙ [(− 2 ) ] = 𝑒𝑑 ∙ [(− 2 ) 𝑒𝑟 ]
4𝜋 𝑟 4𝜋 𝑟 𝑟 4𝜋 𝑟
Soit :
𝜇 1
𝜙 = 4𝜋 𝑒𝑑 ∙ 𝛻 (𝑟) (76)
Si le vecteur unitaire 𝑛⃗ normal à la paroi est orienté dans la direction du dipôle (𝑛⃗ = 𝑒𝑑 ) alors :
𝜇 𝜕 1
𝜙= ( )
4𝜋 𝜕𝑛 𝑟
On retrouve la fonction à intégrer dans la première intégrale du second membre de l’équation (19).
On considère par exemple un dipôle à l’origine avec le vecteur 𝜇 orienté suivant l’axe des x. Alors 𝑒𝑑 = 𝑖 et 𝛽 =
𝜃, le coordonné du repère sphérique. Le potentiel dans ce repère est :
𝜇 𝑐𝑜𝑠 𝜃
𝜙(𝑟, 𝜃, 𝜑) = − (77)
4𝜋𝑟 2
Les composantes de vitesse dans le repère sphérique sont :
𝜕𝜙 𝜇 𝑐𝑜𝑠 𝜃 1 𝜕𝜙 𝜇 𝑠𝑖𝑛 𝜃 1 𝜕𝜙
𝑣𝑟 = = ; 𝑣𝜃 = = ; 𝑣𝜑 = =0
𝜕𝑟 2𝜋𝑟 3 𝑟 𝜕𝜃 4𝜋𝑟 2 𝑟 𝑠𝑖𝑛 𝜃 𝜕𝜑
Ces composantes montrent qu’un dipôle n’a pas de symétrie radiale.
𝑧 𝑦
Figure 5.7 : Lignes de courant d’un dipôle orienté suivant l’axe des x.
Dans un repère cartésien, un dipôle d’orientation quelconque peut être représenté par des dipôles orientés suivant
les trois axes :
(𝜇, 0,0) ; (0, 𝜇, 0) ; (0,0, 𝜇)
L’équation (42) donne directement le potentiel de vitesse pour ces trois dipôles en remplaçant 𝑒𝑑 par 𝑖, 𝑗 ou 𝑘⃗. Pour
un dipôle centré en 𝑟0 (𝑥0 , 𝑦0 , 𝑧0 ) on a :
113
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
• dipôle suivant x :
𝜇 𝑥 − 𝑥0
𝜙=− (78)
4𝜋 [(𝑥 − 𝑥0 ) + (𝑦 − 𝑦0 )2 + (𝑧 − 𝑧0 )2 ]3⁄2
2
• dipôle suivant y :
𝜇 𝑦 − 𝑦0
𝜙=− (79)
4𝜋 [(𝑥 − 𝑥0 ) + (𝑦 − 𝑦0 )2 + (𝑧 − 𝑧0 )2 ]3⁄2
2
• dipôle suivant z :
𝜇 𝑧 − 𝑧0
𝜙=− (80)
4𝜋 [(𝑥 − 𝑥0 ) + (𝑦 − 𝑦0 )2 + (𝑧 − 𝑧0 )2 ]3⁄2
2
Les composantes de vitesse pour un dipôle orienté suivant z par exemple sont :
3𝜇 (𝑥 − 𝑥0 )(𝑧 − 𝑧0 )
𝑢=
4𝜋 [(𝑥 − 𝑥0 )2 + (𝑦 − 𝑦0 )2 + (𝑧 − 𝑧0 )2 ]5⁄2
3𝜇 (𝑦 − 𝑦0 )(𝑧 − 𝑧0 )
𝑣= (81)
4𝜋 [(𝑥 − 𝑥0 )2 + (𝑦 − 𝑦0 )2 + (𝑧 − 𝑧0 )2 ]5⁄2
𝜇 (𝑥 − 𝑥0 )2 + (𝑦 − 𝑦0 )2 − 2(𝑧 − 𝑧0 )2
𝑤=−
4𝜋 [(𝑥 − 𝑥0 )2 + (𝑦 − 𝑦0 )2 + (𝑧 − 𝑧0 )2 ]5⁄2
Ces dipôles orientés peuvent être la base s’une solution générale basée sur la méthode des singularités. Si on opte
pour une répartition linéique, surfacique ou volumique de dipôles orientés suivant z par exemple, le potentiel de
vitesse sera, par analogie aux équations (69)-(71) :
On suppose que les variations de 𝜙 et 𝜕𝜙⁄𝜕𝑟 sont faibles sur la sphère de rayon 𝜖 → 0, alors :
𝜕𝜙 𝜙 𝜕𝜙 𝜙 𝜕𝜙
𝑙𝑖𝑚 ∬𝑆 ( 𝜕𝑟 𝑙𝑛 𝑟 − 𝑟 ) 𝑑𝑆 = 𝑙𝑖𝑚 ( 𝜕𝑟 𝑙𝑛 𝜖 − 𝜖 ) (2𝜋𝜖 ) = 2𝜋 𝑙𝑖𝑚 ( 𝜕𝑟 𝜖 𝑙𝑛 𝜖 − 𝜙)
𝜖→0 𝜖 𝜖→0 𝜖→0
𝜕𝜙 𝜙
𝑙𝑖𝑚 ∬ ( 𝑙𝑛 𝑟 − ) 𝑑𝑆 = −2𝜋𝜙(𝑃)
𝜖→0 𝜕𝑟 𝑟
𝑆𝜖
114
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
Si le point est sur la paroi 𝑆𝐵 , on intègre sur un demi-cercle de rayon 𝜖 et l’équation (23) est remplacée par :
1
𝜙(𝑃) = − 𝜋 ∬𝑆 [𝛻𝜙 𝑙𝑛 𝑟 − 𝜙𝛻(𝑙𝑛 𝑟)] ∙ 𝑛⃗𝑑𝑆 (87)
Et comme dans le cas tridimensionnel, le vecteur unitaire normal 𝑛⃗ doit être dans la direction du dipôle local.
En résumé :
- Une solution générale (analytique ou numérique) à l’équation de Laplace est obtenue en plaçant une
répartition d’écoulements élémentaires (sources/puits et/ou dipôles) sur la paroi de l’objet et de son
sillage (𝑆𝐵 , 𝑆𝑤 ).
- Les écoulements élémentaires vérifient la condition aux limites pour 𝑟 → ∞ mais les vitesses dues à ces
écoulements sont singulières en 𝑟 = 0 d’où le nom méthode des singularités.
- La résolution d’un écoulement à potentiel est réduite à déterminer la répartition appropriée des écoulements
élémentaires sur une paroi bien déterminée qui vérifie la condition d’un écoulement tangent, soit l’équation
(4).
- L’approche est directement applicable au calcul numérique en aérodynamique :
• Lorsque le potentiel est spécifié sur la paroi, le problème mathématique est du type Dirichlet. On cite à
cet égard la méthode des panneaux.
• Lorsqu’on impose la condition que la composante normale à la paroi de la vitesse soit nulle, le problème
est du type Neumann. Cette deuxième option est plus fréquemment adoptée puisque cette condition est
bien la condition aux limites sur la paroi pour les écoulements des fluides parfaits.
- Une fois le potentiel de vitesse est déterminé, la vitesse peut être obtenue en prenant le gradient de 𝜙. Pour
un écoulement tridimensionnel, le gradient de l’équation (19) donne :
⃗ = 𝛻𝜙 = − 1 ∬ 𝜎𝛻 (1) 𝑑𝑆 + 1 ∬
𝑉
𝜕 1
𝜇𝛻 [𝜕𝑛 (𝑟)] 𝑑𝑆 + 𝛻𝜙∞ (90)
4𝜋 𝑆 𝑟
𝐵 4𝜋 𝑆 𝐵 +𝑆𝑤
- Remplacer l’équation (90) dans la condition aux limites (4) constitue la base du calcul de la répartition des
singularités, analytiquement ou numériquement.
2. Versions bidimensionnelles des écoulements élémentaires
a. Sources/puits
Dans un repère polaire la vitesse en tout point est purement radiale :
⃗ (𝑣𝑟 )
𝑉
0
Le potentiel de vitesse est donné par :
𝜎
𝜙= 𝑙𝑛𝑟 (91)
2𝜋
Où σ à est le débit volumique à travers un cercle de rayon 𝑟. La seule composante de vitesse est :
𝜎
𝑣𝑟 = (92)
2𝜋𝑟
⃗
𝑉
Dans un repère cartésien et pour une source/puits centrée en (𝑥0 , 𝑧0 ), le potentiel et les composantes de vitesse
sont :
𝜎
𝜙= 𝑙𝑛√(𝑥 − 𝑥0 )2 + (𝑧 − 𝑧0 )2 (92)
2𝜋
𝜕𝜙 𝜎 𝑥 − 𝑥0
𝑢= = (94)
𝜕𝑥 2𝜋 𝑥 − 𝑥0 2 + (𝑧 − 𝑧0 )2
( )
𝜕𝜙 𝜎 𝑧 − 𝑧0
𝑤= = (95)
𝜕𝑧 2𝜋 (𝑥 − 𝑥0 )2 + (𝑧 − 𝑧0 )2
b. Dipôle
Comme dans le cas tridimensionnel, un dipôle bidimensionnel peut être obtenu en faisant tendre vers zéro la
distance (d) entre une source et un puits de même intensité (𝜎) de façon que le produit 𝜎𝑑 soit une constante finie 𝜇.
Le potentiel de vitesse sera dans ce cas :
𝜇∙𝑟
𝜙=− (96)
2𝜋𝑟 2
On peut aussi utiliser l’équation (40) et écrire :
𝜕 𝑙𝑛𝑟
𝜙 = −𝜇 ( ) (97)
𝜕𝑛 2𝜋
Pour un dipôle orienté suivant z on a :
𝑛⃗ = 𝑘⃗ ; 𝜇 (0, 𝜇)
Le potentiel de vitesse de ce dipôle centré à l’origine est :
𝜕 𝑙𝑛𝑟 𝜇 𝜕 𝜇 𝜕 𝜇 2𝑧
𝜙 = −𝜇 ( )=− 𝑙𝑛 (√𝑥 2 + 𝑧 2 ) = − 𝑙𝑛(𝑥 2 + 𝑧 2 ) = −
𝜕𝑧 2𝜋 2𝜋 𝜕𝑧 4𝜋 𝜕𝑧 4𝜋 𝑥 2 + 𝑧 2
𝜇 𝑧
=−
2𝜋 𝑥 2 + 𝑧 2
Soit, en termes de coordonnés polaires :
𝜇 𝑠𝑖𝑛 𝜃
𝜙=− (98)
2𝜋 𝑟
Dans un repère cartésien et pour un dipôle centré en (𝑥0 , 𝑧0 ), le potentiel de vitesse est :
𝜇 𝑧 − 𝑧0
𝜙=− (99)
2𝜋 (𝑥 − 𝑥0 )2 + (𝑧 − 𝑧0 )2
Les composantes de vitesse correspondantes sont :
𝜇 2(𝑥 − 𝑥0 )(𝑧 − 𝑧0 )
𝑢= (100 − 𝑎)
2𝜋 [(𝑥 − 𝑥0 )2 + (𝑧 − 𝑧0 )2 ]2
𝜇 (𝑧 − 𝑧0 )2 − (𝑥 − 𝑥0 )2
𝑤= (100 − 𝑏)
2𝜋 [(𝑥 − 𝑥0 )2 + (𝑦 − 𝑦0 )2 + (𝑧 − 𝑧0 )2 ]5⁄2
c. Tourbillon ponctuel
La vitesse en tout point est donnée par :
𝑣
⃗ ( 𝑟)
𝑉 𝑣𝜃
116
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
⃗
𝑉
𝑟
𝑧 𝑦
𝑊
𝛼 = tg −1 ( 𝑈∞) : angle d'incidence
∞
𝑈∞ 𝑉
𝛽 = tg −1 (𝑈∞ ) : angle de dérapage
⃗∞ ( 𝑉∞ )
𝑉 ∞
𝑊∞
𝑥
117
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
2 + 𝑊2 ≅ 𝑈
𝑉∞ = √𝑈∞ ∞ ∞
On obtient :
𝜕𝜙̃ 𝜕𝑓
(𝑥, 𝑦, 𝑧 = 𝑓) = 𝑉∞ ( − 𝛼) (115)
𝜕𝑧 𝜕𝑥
L’équation (108) et la condition aux limites (115) sont toutes les deux linéaires ce qui permet d'appliquer le
principe de superposition. Ce dernier est essentiel dans le calcul aérodynamique numérique basé sur la méthode
des singularités.
Il est consistant avec les approximations précédentes de transférer la condition aux limites de la surface de l'aile
au plan x-y et ceci en appliquant un développement de Taylor :
𝜕𝜙̃ 𝜕𝜙̃ 𝜕 2 𝜙̃
(𝑥, 𝑦, 𝑧 = 𝑓) = (𝑥, 𝑦, 0) + 𝑓 2 (𝑥, 𝑦, 0) + 𝑂(𝑓 2 )
𝜕𝑧 𝜕𝑧 𝜕𝑧
On suppose que 𝜕𝑤 ̃ ⁄𝜕𝑧 = 𝜕 𝜙̃ ⁄𝜕𝑧 est faible. Alors :
2 2
𝜕𝜙̃ 𝜕𝜙̃
(𝑥, 𝑦, 𝑧 = 𝑓) ≅ (𝑥, 𝑦, 0)
𝜕𝑧 𝜕𝑧
L’équation (115) est remplacée par :
𝜕𝜙̃ 𝜕𝑓
(𝑥, 𝑦, 0) = 𝑉∞ ( − 𝛼) (116)
𝜕𝑧 𝜕𝑥
2. Séparation entre l'épaisseur et la création de la portance
La forme du contour du profil de l'aile peut être définie en employant une fonction 𝑓𝑒 qui décrit l'épaisseur et une
autre 𝑓𝑐 qui définit la cambrure (Figure 5.12) :
𝑓 = 𝑓𝑐 + 𝑓𝑒
{ 𝑒𝑥 (117)
𝑓𝑖𝑛 = 𝑓𝑐 − 𝑓𝑒
Ceci est équivalent à :
1
𝑓𝑐 = (𝑓𝑒𝑥 + 𝑓𝑖𝑛 )
{ 2 (118)
1
𝑓𝑒 = (𝑓𝑒𝑥 − 𝑓𝑖𝑛 )
2
La condition aux limites (116) doit être vérifiée du côté de l’extrados et du côté de l'intrados :
𝜕𝜙̃ 𝜕𝑓
(𝑥, 𝑦, 0+ ) ≅ 𝑉∞ ( 𝑒𝑥 − 𝛼)
𝜕𝑧 𝜕𝑥
𝜕𝜙̃ 𝜕𝑓
(𝑥, 𝑦, 0− ) ≅ 𝑉∞ ( 𝑖𝑛 − 𝛼)
𝜕𝑧 𝜕𝑥
On utilise l’équation (117) pour écrire :
𝜕𝜙̃ 𝜕𝑓 𝜕𝑓
(𝑥, 𝑦, 0+ ) ≅ 𝑉∞ ( 𝑐 + 𝑒 ) − 𝑉∞ 𝛼 (119 − 𝑎)
𝜕𝑧 𝜕𝑥 𝜕𝑥
𝜕𝜙̃ 𝜕𝑓 𝜕𝑓
(𝑥, 𝑦, 0− ) ≅ 𝑉∞ ( 𝑐 − 𝑒 ) − 𝑉∞ 𝛼 (119 − 𝑏)
𝜕𝑧 𝜕𝑥 𝜕𝑥
119
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
𝑧
𝑓𝑒
𝜙1
⃗∞
𝑉 𝑐 𝑥
𝑧
𝜙2
𝛼
𝑐 𝑥
⃗∞
𝑉
𝑧
𝑓𝑐
𝜙3
⃗∞
𝑉 𝑐 𝑥
Les équations et conditions aux limites régissant le problème étant linéaires, il est possible de résoudre trois
problèmes plus simples (associés avec l'épaisseur, l'angle d'incidence et la cambrure) séparément puis superposer
les résultats :
• Aile à profil symétrique, à zéro incidence (effet de l'épaisseur) :
𝛻 2 𝜙̃1 = 0
{𝜕𝜙̃1 𝜕𝑓 (120)
(𝑥, 𝑦, 0 ±) ≅ ±𝑉∞ 𝑒
𝜕𝑧 𝜕𝑥
• Aile de zéro épaisseur et cambrure (plaque plane) mais à incidence non nulle (effet de l'angle d'incidence) :
𝛻 2 𝜙̃2 = 0
{𝜕𝜙̃2 (121)
(𝑥, 𝑦, 0 ±) ≅ −𝑉∞ 𝛼
𝜕𝑧
• Aile cambrée de zéro épaisseur et à zéro incidence (effet de la courbure) :
𝛻 2 𝜙̃3 = 0
{𝜕𝜙̃3 𝜕𝑓 (122)
(𝑥, 𝑦, 0 ±) ≅ 𝑉∞ 𝑐
𝜕𝑧 𝜕𝑥
La solution générale d'une aile sera donnée par la somme des trois potentiels de vitesse :
𝜙̃ = 𝜙̃1 + 𝜙̃2 + 𝜙̃3 (123)
Remarque : Il est évident que la solution du problème (120) amènera à une répartition symétrique de la vitesse et
donc de la pression par rapport au plan x-y. Pour une telle répartition la portance sera nulle. Dans l'approche des
faibles perturbations, la contribution de l'épaisseur à la portance est nulle. Seule la cambrure du profil et l'angle
d'incidence contribuent à la portance.
IV. Les surfaces portantes
Une surface portante en général est une surface cambrée à incidence non nulle. Pour cela les problèmes (121) et
(122) seront résolus simultanément. L’antisymétrie par rapport au plan xy suggère que potentiel de vitesse peut
être représenté par une superposition de dipôles ou de tourbillons.
Puisqu'en accord avec les lois de Helmholz les tourbillons ne peuvent pas avoir leurs bouts dans un fluide, alors
lorsque le problème de la surface portante sera modélisé par des tourbillons, ceux-ci ne peuvent pas se terminer au
bord de fuite et doivent s'étendre à l'infini dans le sillage de l'aile.
120
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
𝑓𝑐 (𝑥, 𝑦)
𝑧
⃗∞
𝑉
𝛼 𝑊∞
𝑈∞ 𝑐 𝑥
Pour que les branches de tourbillons de sillage ne génèrent pas de forces dans l'écoulement, d'après le théorème de
Kutta-Joukowski, elles doivent être parallèles à la vitesse locale en tout point du sillage. Mais en consistance avec
l'approche des faibles perturbations, le sillage sera considéré plan et situé dans le plan 𝑧 = 0.
𝑧 𝑦
𝑑𝛤 = 𝛾𝑦 𝑑𝑥 𝑑𝛤 = 𝛾𝑥 𝑑𝑦
⃗∞
Parallèle à 𝑉
𝑥 ∞
Sillage de l'aile
1 𝜇 (𝑥0 , 𝑦0 )𝑧
𝜙̃(𝑥, 𝑦, 𝑧) = − ∫ 𝑑𝑥 𝑑𝑦 (125)
4𝜋 [(𝑥 − 𝑥0 ) + (𝑦 − 𝑦0 )2 + (𝑧 − 𝑧0 )2 ]3⁄2 0 0
2
𝑣+𝑠
121
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
1 𝜇 (𝑥0 , 𝑦0 ) 𝑥 − 𝑥0
𝑤(𝑥, 𝑦, 0 ±) = ∫ 2
[1 + ] 𝑑𝑥0 𝑑𝑦0 (128)
4𝜋 ( 𝑦 − 𝑦0 ) √(𝑥 − 𝑥0 ) + (𝑦 − 𝑦0 )2 + (𝑧 − 𝑧0 )2
2
𝑣+𝑠
Pour établir l’équation intégrale régissant l’inconnu 𝜇(𝑥, 𝑦), on remplace (128) dans (116) :
1 𝜇 (𝑥0 , 𝑦0 ) 𝑥 − 𝑥0 𝜕𝑓𝑐
∫ 2
[1 + ] 𝑑𝑥0 𝑑𝑦0 = 𝑉∞ ( − 𝛼) (129)
4𝜋 (𝑦 − 𝑦0 ) √(𝑥 − 𝑥0 )2 + (𝑦 − 𝑦0 )2 + (𝑧 − 𝑧0 )2 𝜕𝑥
𝑣+𝑠
𝑑𝛤 𝑟 ∧ 𝑑𝑙
⃗ =−
𝑑𝑉 (130)
4𝜋 𝑟 3
Les tourbillons orientés suivant l’envergure auront pour densité de circulation 𝛾𝑦 et ceux dans la direction des x
seront dénotés par 𝛾𝑥 . La vitesse
𝛾𝑥 𝑑𝑦0 𝑟 ∧ 𝑑𝑥0 𝑖 𝛾𝑦 𝑑𝑥0 𝑟 ∧ 𝑑𝑦0 𝒿
⃗ =−
𝑑𝑉 −
4𝜋 𝑟3 4𝜋 𝑟3
𝛾𝑥 𝑑𝑦0 𝑑𝑥0 𝑖 𝒿 𝑘⃗ 𝛾𝑦 𝑑𝑥0 𝑑𝑦0 𝑖 𝒿 𝑘⃗
=− | 𝑥 − 𝑥 𝑦 − 𝑦 𝑧 | − | 𝑥 − 𝑥 𝑦 − 𝑦0 𝑧|
4𝜋𝑟 3 0 0 4𝜋𝑟 3 0
1 0 0 0 1 0
𝛾𝑥 𝑑𝑦0 𝑑𝑥0 𝛾𝑦 𝑑𝑥0 𝑑𝑦0
=− 3
[𝑧𝒿 − (𝑦 − 𝑦0 )𝑘⃗] − [−𝑧𝑖 + (𝑥 − 𝑥0 )𝑘⃗]
4𝜋𝑟 4𝜋𝑟 3
1
=− {−𝛾𝑦 𝑧𝑖 + 𝛾𝑥 𝑧𝒿 + [𝛾𝑦 (𝑥 − 𝑥0 ) − 𝛾𝑥 (𝑦 − 𝑦0 )]𝑘⃗}𝑑𝑦0 𝑑𝑥0
4𝜋𝑟 3
𝛾 𝑧 𝛾𝑧 1
⃗ ={ 𝑦 𝑖− 𝑥 𝒿−
𝑑𝑉 [𝛾 (𝑥 − 𝑥0 ) − 𝛾𝑥 (𝑦 − 𝑦0 )]𝑘⃗} 𝑑𝑦0 𝑑𝑥0 (131)
4𝜋𝑟 3 4𝜋𝑟 3 4𝜋𝑟 3 𝑦
𝑦 𝑥
𝑧
𝑃 (𝑦 )
𝑟 𝑧
𝑦0 𝛾𝑦 𝑑𝑥
𝑥0 𝛾𝑥 𝑑𝑦
Figure 5.15 : Modélisation d’une surface portante par une nappe tourbillonnaire.
On a donc :
1 𝛾𝑦 𝑧
𝑢(𝑥, 𝑦, 𝑧) = ∫ 𝑑𝑥 𝑑𝑦 (132)
4𝜋 [(𝑥 − 𝑥0 ) + (𝑦 − 𝑦0 )2 + 𝑧 2 ]3⁄2 0 0
2
𝑣+𝑠
1 𝛾𝑥 𝑧
𝑣(𝑥, 𝑦, 𝑧) = − ∫ 𝑑𝑥 𝑑𝑦 (133)
4𝜋 [(𝑥 − 𝑥0 ) + (𝑦 − 𝑦0 )2 + 𝑧 2 ]3⁄2 0 0
2
𝑣+𝑠
122
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
1 𝛾𝑦 (𝑥 − 𝑥0 ) − 𝛾𝑥 (𝑦 − 𝑦0 )
𝑤(𝑥, 𝑦, 𝑧) = − ∫ 𝑑𝑥 𝑑𝑦 (134)
4𝜋 [(𝑥 − 𝑥0 )2 + (𝑦 − 𝑦0 )2 + 𝑧 2 ]3⁄2 0 0
𝑣+𝑠
On note ici qu’il ne s’agit pas de deux inconnus per points 𝛾𝑥 et 𝛾𝑦 . La loi de Helmholz exige que l’intensité d’un
tourbillon soit constante le long du tourbillon. Si notre modèle consiste en un grand nombre des tourbillons
infinitésimaux alors en tout point de la voilure on a :
𝜕𝛾𝑥 𝜕𝛾𝑦
= (135)
𝜕𝑦 𝜕𝑥
et le nombre d’inconnus par point est réduit à un.
On peut montrer que :
𝛾𝑦 (𝑥, 𝑦)
𝑢(𝑥, 𝑦, 0 ±) = ± (136)
2
𝛾𝑥 (𝑥, 𝑦)
𝑣(𝑥, 𝑦, 0 ±) = ± (137)
2
Pour établir l’équation intégrale régissant l’inconnu 𝛾(𝑥, 𝑦), on remplace (134) dans (116) :
1 𝛾𝑦 (𝑥 − 𝑥0 ) − 𝛾𝑥 (𝑦 − 𝑦0 ) 𝜕𝑓𝑐
− ∫ 𝑑𝑥 𝑑𝑦 = 𝑉∞ ( − 𝛼) (138)
4𝜋 [(𝑥 − 𝑥0 )2 + (𝑦 − 𝑦0 )2 + 𝑧 2 ]3⁄2 0 0 𝜕𝑥
𝑣+𝑠
Lorsque la surface est définie par l’équation (104), le vecteur normal 𝑛⃗ est donné par les équations (105) et (106).
En plus, en consistance avec l’approche des faibles perturbations, on a :
𝜕𝑓 2 𝜕𝑓 2
ԡ𝛻𝐹ԡ = √1 + ( ) +( ) ≅1
𝜕𝑥 𝜕𝑦
Il s’ensuit que :
𝜕𝑓𝑒𝑥 𝜕𝑓𝑒𝑥
𝑛⃗𝑒𝑥 ≅ (− ,− , 1) (141)
𝜕𝑥 𝜕𝑦
𝜕𝑓𝑖𝑛 𝜕𝑓𝑖𝑛
𝑛⃗𝑖𝑛 ≅( , , −1) (142)
𝜕𝑥 𝜕𝑦
Les composantes de 𝑅⃗𝑝 sont :
123
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
𝜕𝑓𝑒𝑥 𝜕𝑓𝑖𝑛
𝑅𝑥 = ∫ (𝑝𝑒𝑥 − 𝑝𝑖𝑛 ) 𝑑𝑆 (143)
𝜕𝑥 𝜕𝑥
𝑣
𝜕𝑓𝑒𝑥 𝜕𝑓𝑖𝑛
𝑅𝑦 = ∫ (𝑝𝑒𝑥 − 𝑝𝑖𝑛 ) 𝑑𝑆 (144)
𝜕𝑦 𝜕𝑦
𝑣
124
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
Figure 5.16 : Différentes possibilités de circulation globale autour d’une section d’une voilure.
L’écoulement quitte calmement le bord de fuite et la différence de vitesse, entre intrados et extrados en ce point,
est nulle. Par conséquent :
(∆𝑝)𝐵𝐹 = 0
𝛾𝐵𝐹 = 0
On calcule le rotationnel de la vitesse en utilisant les composantes de vitesses données par les équations (96) et
(97) :
𝜕𝑣 𝜕𝑢 1 𝜕𝛾𝑥 𝜕𝛾𝑦
𝜔𝑧 = − = ( − )
𝜕𝑥 𝜕𝑦 2 𝜕𝑥 𝜕𝑦
Pour que l’écoulement sur la voilure soit irrotationnel, il faut que :
𝜕𝛾𝑥 𝜕𝛾𝑦
(𝑥, 𝑦) = (𝑥, 𝑦) (153)
𝜕𝑥 𝜕𝑦
Lorsque le sillage est modélisé par une couche tourbillonnaire, pour que les branches de tourbillons de sillage ne
génèrent pas de forces dans l'écoulement, elles doivent être parallèles à la vitesse locale en tout point du sillage.
Ainsi :
⃗ ∧𝛾 =0
𝑉
L’application de l’approche de faibles perturbations au sillage modifie la condition mathématique précédente à :
⃗∞ ∧ 𝛾 = 0
𝑉
𝑧 𝑦
𝛤
𝛤 𝑑𝑦
𝛾𝑦 𝛾𝑥
𝑑𝑥
Figure 5.17 : Par la loi de Helmholz les tourbillons s’étendent à l’infini parallèlement à l’axe des x.
125
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
Exercices
Exercice 5.1
Montrez que pour une distribution de sources bidimensionnelles placées sur l’axe des 𝑥 on a :
𝜕𝜙̃ 𝜎 (𝑥 )
̃ (𝑥, 0 ±) =
𝑤 (𝑥, 0 ±) = ±
𝜕𝑧 2
On rappelle que le potentiel correspondant à cette distribution de sources est donné par :
1 𝑥2
𝜙̃(𝑥, 𝑧) = − ∫ 𝜎 (𝜉 ) 𝑙𝑛 √(𝑥 − 𝜉 )2 + 𝑧 2 𝑑𝜉
2𝜋 𝑥1
Justifiez puis utilisez le fait que les bornes d’intégration n’ont pas d’influence sur 𝑤 ̃ (𝑥, ±0) et il sera donc
convenable d’étendre ces bornes à l’infini lors de l’évaluation de l’intégrale donnant 𝑤
̃ (𝑥, ±0).
Exercice 5.2
On considère une répartition de sources bidimensionnelles sur un cercle de rayon R. L’intensité des sources par
unité de longueur d’arc du cercle est dénotée par 𝑓(𝜃).
Déterminez l’expression analytique du potentiel de vitesse de cette distribution.
Exercice 5.3
On considère la superposition d’une source d’intensité 𝜎 et d’un écoulement uniforme de vitesse 𝑉∞ .
1. Déterminez le point (ou les points) d’arrêt.
2. Déterminez la largeur à l’infini amont de l’objet virtuel semi-infini ainsi créé.
Exercice 5.4
On considère l’écoulement crée par la superposition d’un écoulement uniforme de vitesse 𝑉∞ suivant l’axe des x,
d’un tourbillon ponctuel de circulation 𝛤 dans le sens horaire et situé en (0, 𝑏) et d’un tourbillon ponctuel de sens
opposé de même circulation 𝛤 situé en (0, −𝑏).
Déterminez la fonction de courant pour les limites 𝑏 → 0, Γ → ∞ tel que 2Γ𝑏 → 𝑐 avec 𝑐 une constante.
Exercice 5.5
Écrire un code sous MATLAB qui calcule les caractéristiques aérodynamiques d’un profil en divisant la corde de
ce profil en N segments et en plaçant un tourbillon ponctuel sur chacun de ces segments, spécifiquement au quart
de sa longueur. Les vitesses induites par ces tourbillons sur le profil lui-même doivent être calculés sur la corde,
en des points spécifiques dits points de collocation. Il y aura un tel point par segment, situé aux trois-quarts de sa
longueur.
L’application de :
- la condition d’un écoulement tangent à l’ossature du profil en N points dont les abscisses coïncident avec les
points de collocation.
- du critère de Kutta au bord de fuite 𝛾(𝑐 ) = 0.
Permet d’établir un système linéaire d’ordre 𝑁 + 1, la dernière équation étant l’application du critère de Kutta
sur 𝛾𝑁+1 dont la résolution permettra de déterminer les circulations 𝛾1 , 𝛾2 , ⋯ 𝛾𝑁+1 . Par la suite, les coefficients
aérodynamiques pourront être calculés.
Votre code doit afficher :
- Une représentation graphique du profil
- Un diagramme 𝐶𝐿 = 𝑓 (𝛼 ) pour 𝛼 entre -8° et 12°
- Un digramme de la densité de circulation 𝛾 = 𝑓(𝑥 )à une incidence de votre choix
- Un diagramme de la position du centre de poussée en fonction 𝛼.
- Les valeurs de la pente 𝐶𝐿𝛼 et de l’incidence de portance nulle 𝛼0 .
- Le coefficient du moment de tangage au foyer 𝐶𝑚𝐹
126
M. Yahyaoui Les méthodes des singularités
𝑧𝑐 (𝑥)
0 𝑥𝑖 𝑥𝑖+1 𝑥
𝑐
𝑐𝑖
𝑥𝑖 𝑥𝑖+1
127
M. Yahyaoui Introduction aux écoulements compressibles
128
M. Yahyaoui Introduction aux écoulements compressibles
Soit 𝛿𝑞 un incrément de chaleur rajoutée au système par rayonnement ou par conduction et soit 𝛿𝑤 un travail
élémentaire effectué par l’environnement sur le système (par déplacement de la paroi qui augmente et réduit le
volume). Ces deux actions changent l’énergie du système. Le gaz étant au repos, le changement d’énergie ne
touche que l’énergie associée avec le mouvement aléatoire des molécules, soit l’énergie interne (𝑢̃) :
𝑑𝑢̃ = 𝛿𝑞 + 𝛿𝑤 (1)
C’est le premier principe de la thermodynamique, écrit ici sous forme spécifique, soit par unité de masse du gaz.
L’énergie (spécifique) interne 𝑢̃ est une variable d’état. Alors 𝑑𝑢̃ est un différentiel exact et sa valeur ne dépend
que de l’état final et initial du système. En contre partie, 𝛿𝑞 et 𝛿𝑤 dépendent de la transformation qui amène de
l’état initial à l’état final. Pour 𝑑𝑢̃ donnée, il existe théoriquement une infinité de transformations par lesquelles
on peut transférer une quantité de chaleur et d’effectuer un travail sur le système. On s’intéressera aux trois
transformations suivantes :
• Adiabatique : il y a aucun transfert de chaleur entre le système et son environnement
• Réversible : il y a aucun phénomène de dissipation de l’énergie ; viscosité et conductivité
thermique nulles et pas de diffusion de la masse.
• Isentropique : à la fois adiabatique et réversible.
Pour une transformation réversible on a :
𝛿𝑤 = −𝑝𝑑𝑣
Où 𝑣 = 1⁄𝜌 est le volume spécifique. L’équation (1) devient :
𝑑𝑢̃ = 𝛿𝑞 − 𝑝𝑑𝑣 (2)
b. Cas d’un volume de contrôle
Dans le cas d’un volume de contrôle, le gaz a d’autres formes d’énergie que l’énergie interne. Si on dénote par 𝐸
l’énergie totale (instantanée) du gaz continue dans le volume de contrôle, alors le premier principe s’écrit :
𝑑𝐸 = 𝛿𝑄 + 𝛿𝑊 (3)
Ou encore :
𝑑𝐸 𝛿𝑄 𝛿𝑊
= + (4)
𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡
On introduit l’énergie spécifique totale :
2
𝐸 ⃗‖
‖𝑉
𝑒 = = 𝑢̃ + + 𝑔𝑧 (5)
𝑀 2
Alors :
𝑑𝐸 𝜕
⃗ ∙ 𝑛⃗)𝑑𝐴
= ∭ 𝑒𝜌𝑑𝑉𝑜 + ∬ 𝑒𝜌(𝑉 (6)
𝑑𝑡 𝜕𝑡
𝑉𝑜 𝐴
𝜕 𝛿𝑄 𝛿𝑊
⃗ ∙ 𝑛⃗)𝑑𝐴 =
∭ 𝑒𝜌𝑑𝑉𝑜 + ∬ 𝑒𝜌(𝑉 + (7)
𝜕𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡
𝑉𝑜 𝐴
129
M. Yahyaoui Introduction aux écoulements compressibles
Volume de contrôle
𝑝
𝑛⃗
𝑑𝐴
𝑢
⃗
𝑉𝑜
Si l’écoulement est monodimensionnel alors 𝜌, 𝑒 et 𝑉 sont constantes sur toute section. Il s’ensuit que :
∬ 𝑒𝜌(𝑢
⃗ ∙ 𝑛⃗)𝑑𝐴 = ∑ 𝑒𝜌𝑉𝑛 𝐴 = ∑ 𝑒𝑚̇
𝐴
Où la somme englobe toutes les parties de la surface du volume de contrôle que traverse le fluide. Le signe de
chaque terme de cette somme est déterminé par celui de 𝑉𝑛 . Ce dernier est positif lorsque le fluide quitte le volume
de contrôle et vice-versa.
Volume de
⃗
𝑉 contrôle
𝛿𝑊𝑎
𝑑𝑥 = 𝑉𝑑𝑡 𝑑𝑡
𝜕 𝛿𝑄 𝛿𝑊
∭ 𝑒𝜌𝑑𝑉𝑜 + ∑ 𝑒𝑚̇ = + (8)
𝜕𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡
𝑉𝑜
Le taux d’échange de travail entre le volume de contrôle et son environnement est la somme de parties :
- Travail effectué par les forces de pression pour pousser le fluide vers l’intérieur du volume de contrôle, ou
de l’intérieur vers l’extérieur de celui-ci (𝑊𝑝 ).
- Travail utile, transmis par un dispositif mécanique à travers la paroi du volume de contrôle (𝑊𝑎 ) qu’on
appellera travail sur l’arbre.
Le travail nécessaire pour forcer la masse de fluide (hachurée sur Figure 6.2) à entrer dans le volume de contrôle,
dit travail d’admission ou travail d’envasement est :
𝛿𝑊𝑝 = 𝐹𝑑𝑥 = 𝑝𝐴𝑑𝑥 = 𝑝𝐴𝑉𝑑𝑡
La puissance correspondante est :
𝛿𝑊𝑝 𝜌𝐴𝑉
= 𝑝𝐴𝑉 = 𝑝
𝑑𝑡 𝜌
Et du fait que :
130
M. Yahyaoui Introduction aux écoulements compressibles
⃗ ∙ 𝑛⃗)𝐴 = 𝜌𝑉𝑛 𝐴
𝑚̇ = 𝜌(𝑉
Et que 𝑉𝑛 = −𝑉 sur la face d’entrée considérée, on a :
𝛿𝑊𝑝 (−𝜌𝐴𝑉𝑛 ) 𝑚̇
=𝑝 = −𝑝
𝑑𝑡 𝜌 𝜌
Ou encore :
𝛿𝑊𝑝
= −𝑚̇𝑝𝑣
𝑑𝑡
Il s’ensuit que le taux de d’échange de travail s’écrit :
𝛿𝑊 𝛿𝑊𝑎
= − ∑ 𝑚̇𝑝𝑣 (9)
𝑑𝑡 𝑑𝑡
On remplace l’équation (9) dans (8) :
𝜕 𝛿𝑄 𝛿𝑊𝑎
∭ 𝑒𝜌𝑑𝑉𝑜 + ∑ 𝑒𝑚̇ = + − ∑ 𝑚̇𝑝𝑣
𝜕𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡
𝑉𝑜
𝑉2
ℎ0 = ℎ + (16)
2
L’équation (15) s’écrit :
∆(ℎ0 + 𝑔𝑧) = 𝑞 + 𝑤𝑎 (17)
C’est la forme finale du premier principe de la thermodynamique, appliqué à un volume de contrôle.
𝑤𝑎
2
1
𝑧2
𝑧2 𝑞
Les équations (21) et (23) sont différents fromes du second principe de la thermodynamique.
Remarque :
Pour une transformation isentropique on a :
𝑑𝑠 = 𝑑𝑠𝑞 + 𝑑𝑠𝑖 = 0
Cette équation signifie qu’une transformation adiabatique et réversible est isentropique mais le contraire n’est
pas vrai. Si une transformation isentropique contient des effets d’irréversibilité, alors 𝑑𝑠𝑞 est négatif et le système
a perdu de la chaleur.
3. Calcul du changement d’entropie
On considère l’équation (2) :
𝑑𝑢̃ = 𝛿𝑞 − 𝑝𝑑𝑣
Et on suppose une transformation réversible. Alors :
𝛿𝑞 = 𝑇𝑑𝑠
𝑑𝑢̃ = 𝑇𝑑𝑠 − 𝑝𝑑𝑣
𝑇𝑑𝑠 = 𝑑𝑢̃ + 𝑝𝑑𝑣 (24)
On rappelle la définition de l’enthalpie statique spécifique :
ℎ = 𝑢̃ + 𝑝𝑣
⟹ 𝑑𝑢̃ + 𝑝𝑑𝑣 = 𝑑ℎ − 𝑣𝑑𝑝
Alors :
𝑇𝑑𝑠 = 𝑑ℎ − 𝑣𝑑𝑝 (25)
On divise l’équation (25) par 𝑇 :
𝑑ℎ 𝑑𝑝
𝑑𝑠 = −𝑣
𝑇 𝑇
Par définition du volume spécifique 𝑣 on écrit :
𝑑ℎ 𝑑𝑝
𝑑𝑠 = −
𝑇 𝜌𝑇
Pour un gaz thermiquement parfait, on a :
𝑑ℎ = 𝑐𝑝 𝑑𝑇
Où 𝑐𝑝 est la chaleur spécifique à pression constante.
𝑑𝑇 𝑑𝑝 𝑑𝑇 𝑑𝑝 𝑑𝑇 𝑑𝑝
𝑑𝑠 = 𝑐𝑝 − = 𝑐𝑝 −𝑅 = 𝑐𝑝 −𝑅
𝑇 𝜌𝑇 𝑇 𝜌𝑅𝑇 𝑇 𝑝
En utilisant la loi des gaz parfaits :
𝑝 = 𝜌𝑅𝑇 (26)
on peut écrire :
𝑑𝑇 𝑑𝑝
𝑑𝑠 = 𝑐𝑝 −𝑅
𝑇 𝑝
On intègre cette équation entre deux états quelconques :
𝑇2
𝑑𝑇 𝑝2
𝑠2 − 𝑠1 = ∫ 𝑐𝑝 − 𝑅𝑙𝑛 ( ) (27)
𝑇1 𝑇 𝑝1
L’équation (27) est valable pour un gaz thermiquement parfait. Elle peut être évaluée si 𝑐𝑝 = 𝑓 (𝑇) est une fonction
connue.
Si on suppose que le gaz est calorifiquement parfait (𝑐𝑝 = 𝑐 𝑡𝑒 ) alors :
133
M. Yahyaoui Introduction aux écoulements compressibles
𝑇2 𝑝2
𝑠2 − 𝑠1 = 𝑐𝑝 𝑙𝑛 ( ) − 𝑅𝑙𝑛 ( ) (28)
𝑇1 𝑝1
D’une manière pareille on peut partir de l’équation (24) et utiliser la relation 𝑑𝑢̃ = 𝑐𝑣 𝑑𝑇, on peut exprimer le
changement d’entropie sous la forme :
𝑇2 𝑣2
𝑠2 − 𝑠1 = 𝑐𝑣 𝑙𝑛 ( ) + 𝑅𝑙𝑛 ( ) (29)
𝑇1 𝑣1
4. Transformation isentropique
L’entropie est dans ce cas constante (𝑠2 = 𝑠1 ) et on a de l’équation (28) :
𝑇2 𝑝2
𝑐𝑝 𝑙𝑛 ( ) − 𝑅𝑙𝑛 ( ) = 0
𝑇1 𝑝1
𝑝2 𝑐𝑝 𝑇2
𝑙𝑛 ( ) = 𝑙𝑛 ( )
𝑝1 𝑅 𝑇1
𝑝2 𝑇2 𝑐𝑝 ⁄𝑅
=( )
𝑝1 𝑇1
De la thermodynamique on a aussi les relations :
𝑅 = 𝐶𝑝 − 𝐶𝑣 ; 𝛾 = 𝐶𝑝 ⁄𝐶𝑣
Alors :
𝑐𝑝 𝑐𝑝 𝑐𝑝 ⁄𝑐𝑣 𝛾
= = =
𝑅 𝑐𝑝 − 𝑐𝑣 𝑐𝑝 ⁄𝑐𝑣 − 1 𝛾 − 1
On a donc :
𝑝2 𝑇2 𝛾⁄(𝛾−1)
=( ) (30)
𝑝1 𝑇1
De même on a de l’équation (29) :
𝑇2 𝑣2
𝑐𝑣 𝑙𝑛 ( ) + 𝑅𝑙𝑛 ( ) = 0
𝑇1 𝑣1
𝑣2 𝑐𝑣 𝑇2
𝑙𝑛 ( ) = − 𝑙𝑛 ( )
𝑣1 𝑅 𝑇1
𝑣2 𝑇2 −𝑐𝑣 ⁄𝑅
=( )
𝑣1 𝑇1
Or :
𝑐𝑣 1 1
= =
𝑅 𝑐𝑝 ⁄𝑐𝑣 − 1 𝛾 − 1
On a donc :
𝑣2 𝑇2 −1⁄(𝛾−1)
=( ) (31)
𝑣1 𝑇1
Et puisque :
𝜌2 𝑣1
=
𝜌1 𝑣2
On a :
𝜌2 𝑇2 1⁄(𝛾−1)
=( ) (32)
𝜌1 𝑇1
En résumé, on peut écrire que :
134
M. Yahyaoui Introduction aux écoulements compressibles
𝑝2 𝜌2 𝛾 𝑇2 𝛾⁄(𝛾−1)
=( ) =( ) (33)
𝑝1 𝜌1 𝑇1
C’est l’équation qui relie la pression, masse volumique et température pour une transformation isentropique. Elle
est souvent utilisée dans l’analyse des écoulements compressibles, en dehors de la couche limite. Dans celle-ci,
les phénomènes de viscosité, conduction thermique et diffusion de la masse sont important et l’entropie augmente.
L’équation (33) ne peut pas être appliquée entre deux états séparés par une onde de choc puisque, comme on verra
ultérieurement en théorie des ondes de choc et de détente, le passage d’un gaz à travers une onde de choc est une
transformation non isentropique.
III. Vitesse du son et nombre de Mach
On considère la propagation d’une onde sonore dans un gaz (Figure 6.5). Soit 𝒂 la vitesse (célérité) de l’onde dans
un repère fixe. Le gaz qui se trouve à l’avant se déplace à la vitesse 𝒂 relativement à l’onde alors que le gaz qui à
été déjà traversé (donc perturbé) par l’onde se déplace à une vitesse 𝒂 + 𝒅𝒂.
Volume de
Onde contrôle
sonore
𝑎 𝑎 𝑎 + 𝑑𝑎
𝑝, 𝜌 𝑝 + 𝑑𝑝, 𝜌 + 𝑑𝜌
135
M. Yahyaoui Introduction aux écoulements compressibles
Puisque le passage d’une onde sonore dans un gaz est transformation isentropique par rapport au gaz, on peut
écrire :
𝜕𝑝
𝑎2 = ( )
𝜕𝜌 𝑠
Où 𝒔 est l’entropie. On aboutit ainsi à l’équation de la vitesse du son :
𝜕𝑝
𝑎 = √( ) (34)
𝜕𝜌 𝑠
Si le gaz peut être approximé par un gaz parfait, ce qui est le cas en aérodynamique subsonique et supersonique 3,
alors :
𝑝 = 𝜌𝑅𝑇 (35)
D’où la formule de la vitesse du son, utilisée couramment en aérodynamique :
𝑎 = √𝛾𝑅𝑇 (36)
Dans le cas de l’air on a :
𝛾 = 1.4 ; 𝑅 = 287 𝐽𝑜𝑢𝑙𝑒𝑠⁄𝑘𝑔°𝐾
⇒ 𝑎 ≅ 20√𝑇
Où la température T est exprimée en °𝐾.
On définit le nombre de Mach en tout point d’un écoulement où la vitesse locale est 𝑢
⃗ et la vitesse du son locale
est 𝑎 (calculée à partir de la température en ce point) par :
𝑀 = ԡ𝑢
⃗ ԡ ⁄𝑎 (37)
Un nombre de Mach inférieur à 1 désignera un écoulement ou un vol subsonique alors qu’un nombre de Mach
supérieur à 1 désignera le cas dit supersonique.
Remarque :
On peut écrire le nombre de Mach comme :
𝑀2 = ԡ𝑢
⃗ ԡ2 ⁄(𝛾𝑅𝑇) = ԡ𝑢
⃗ ԡ2 ⁄(𝛾 𝑝⁄𝜌) = 𝜌ԡ𝑢
⃗ ԡ2 ⁄𝛾𝑝
2
𝑀 ~ 𝑓𝑜𝑟𝑐𝑒 𝑑′𝑖𝑛𝑒𝑟𝑡𝑖𝑒⁄𝑓𝑜𝑟𝑐𝑒 𝑑𝑒 𝑝𝑟𝑒𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛
La grandeur 𝑀2 est une mesure de la valeur relative des forces d’inertie par rapport aux forces de pression.
Remarque :
On rappelle l’équation (2) définissant l’élasticité :
𝑑𝑝
𝐸=𝜌
𝑑𝜌
Alors :
𝐸 = 𝜌𝑎2
3
En hypersonique, et à partir de Mach 7 environ, la loi des gaz parfaits cesse d’être valable.
136
M. Yahyaoui Introduction aux écoulements compressibles
On peut donc définir un fluide incompressible comme un fluide pour lequel 𝑎2 → ∞ ou aussi 𝑀2 → 0.
IV. Équation de Saint Venant
1. Énergie d’un gaz
Toutes les formes d’énergie présentées ci-dessous sont données sous forme d’énergie spécifique, c’est-à-dire
l’énergie d’une masse unitaire de gaz.
L’énergie totale d’un gaz est égale à la somme de son enthalpie totale et de son énergie potentielle de pesanteur :
𝑒 = ℎ0 + ԡ𝑔ԡ𝑧 (38)
Où h0 est l’enthalpie spécifique totale. C’est la somme de l’enthalpie spécifique statique h et de l’énergie cinétique
spécifique :
2
⃗‖
‖𝑉
ℎ0 = ℎ +
2
L’enthalpie statique est égale à la somme de l’énergie interne 𝑢̃ et du rapport pression sur masse volumique :
𝑝
ℎ = 𝑢̃ + = 𝑢̃ + 𝑝𝑣
𝜌
On rappelle de la thermodynamique que l’énergie spécifique interne est donnée par :
𝑑𝑢̃ = 𝑐𝑣 𝑑𝑇
Où 𝐶𝑣 est la chaleur spécifique à volume constant. Et si le gaz est calorifiquement parfait alors :
𝑢̃ = 𝑐𝑣 𝑇
Il s’ensuit que l’énergie totale spécifique d’un gaz est :
𝑝 ԡ𝑢⃗ ԡ2
𝑒 = 𝐶𝑣 𝑇 + + + ԡ𝑔ԡ𝑧 (39)
𝜌 2
En aérodynamique, lors des études des vols en palier, la variation de l’énergie potentielle de pesanteur est
négligeable et on retient :
𝑝 ԡ𝑢⃗ ԡ2
𝑒 = 𝐶𝑣 𝑇 + + = ℎ0 (40)
𝜌 2
2. Différentes formes de l’équation de Saint Venant
Le premier principe de la thermodynamique appliquée à une masse de gaz en écoulement stationnaire, entre la
sortie et l’entrée d’un volume de contrôle, prend la forme :
∆ℎ0 = 𝑞 + 𝑤
Si aucun travail n’est fait (inclus le travail des forces de viscosité) et aucune quantité de chaleur n’est transférée,
l’énergie du gaz sera conservée :
ℎ0 = 𝑐 𝑡𝑒 (41)
C’est une des formes de l’équation de Saint Venant. D’autres formes peuvent être obtenues en développant h0 :
⃗ ԡ2
ԡ𝑢
ℎ+ = ℎ0 = 𝑐 𝑡𝑒 (42)
2
De la thermodynamique on a les relations :
𝑅 = 𝐶𝑝 − 𝐶𝑣 ; 𝛾 = 𝐶𝑝 ⁄𝐶𝑣
Si on suppose que le gaz est calorifiquement parfait, alors ℎ = 𝑐𝑝 𝑇 et on a par conséquent :
⃗ ԡ2
ԡ𝑢
𝐶𝑝 𝑇 + = 𝐶𝑝 𝑇0 (43)
2
On divise les deux côtés de cette équation par 𝐶𝑝 𝑇 :
137
M. Yahyaoui Introduction aux écoulements compressibles
𝑇0 ⃗ ԡ2
ԡ𝑢 𝛾𝑅 ԡ𝑢⃗ ԡ2
= 1+ =1+
𝑇 2𝐶𝑝 𝑇 2𝐶𝑝 𝛾𝑅𝑇
Or :
𝐶𝑝
𝛾𝑅 (𝐶𝑝 − 𝐶𝑣 ) 𝛾 − 1
𝐶
= 𝑣 =
2𝐶𝑝 2𝐶𝑝 2
Et :
𝛾𝑅𝑇 = 𝑎2
On a donc :
𝑇0 ⃗ ԡ2
𝛾 − 1 ԡ𝑢
= 1+
𝑇 2 𝑎2
Ou bien :
𝑇0 𝛾−1 2
= 1+ 𝑀 (44)
𝑇 2
C’est une autre forme de l’équation de Saint Venant.
Pour une transformation isentropique d’un gaz parfait on a :
𝑝0 𝜌0 𝛾 𝜌0 𝑅𝑇0
=( ) =
𝑝 𝜌 𝜌𝑅𝑇
D’où :
𝜌0 𝑇0 1⁄𝛾−1
=( )
𝜌 𝑇
Et d’après l’équation (44) on a :
1
𝜌0 𝛾 − 1 2 𝛾−1
= (1 + 𝑀 ) (45)
𝜌 2
Et du fait que :
𝑝0 𝜌0 𝛾
=( )
𝑝 𝜌
On a aussi :
𝛾
𝑝0 𝛾 − 1 2 𝛾−1
= (1 + 𝑀 ) (46)
𝑝 2
Les équations (45) et (46) sont aussi d’autres formes de l’équation de Saint Venant.
Remarque :
Les différentes formes de l’équation de Saint Venant régissent un écoulement isentropique. Ces équations montrent
que les propriétés statiques du gaz évoluent dans un sens opposé à celui du Mach. Si le nombre de Mach
augmentent T, p et ρ diminuent et vice-versa.
On a parfois besoin d’exprimer l’équation de Saint Venant en termes de la vitesse du son. Ceci est possible
directement à partir de l’équation (43) :
ԡ𝑢⃗ ԡ2
𝐶𝑝 𝑇 + = 𝐶𝑝 𝑇0
2
On multiplie et divise le premier et dernier membre de cette équation par 𝛾𝑅 :
𝐶𝑝 ⃗ ԡ2 𝐶𝑝
ԡ𝑢
𝛾𝑅𝑇 + = 𝛾𝑅𝑇0
𝛾𝑅 2 𝛾𝑅
Or, d’après l’équation (36), on a 𝛾𝑅𝑇 = 𝑎2 . Alors :
138
M. Yahyaoui Introduction aux écoulements compressibles
𝐶𝑝 𝐶𝑝 1 1
= = =
𝛾𝑅 𝐶𝑝 𝐶𝑝 𝛾−1
(𝐶 )
𝐶𝑣 𝑝 − 𝐶𝑣 𝐶𝑣 − 1
𝑎2 ⃗ ԡ2
ԡ𝑢 𝑎02
+ = (47)
𝛾−1 2 𝛾−1
C’est l’équation de Saint Venant en termes de la vitesse du son.
V. Écoulement monodimensionnel
1. Définition
Un écoulement monodimensionnel est un écoulement où les propriétés sont fonctions d’une seule variable de
l’espace. L’écoulement à travers un choc droit est un exemple d’un tel écoulement puisque les propriétés du gaz
ne varient qu’avec le coordonné 𝑥 (Figure 6.6-b).
𝑥
𝑀∞ < 1 𝑢
⃗
(a) (b)
Dans un écoulement monodimensionnel, tout tube de courant doit avoir une section constante. Ceci sera démontré
ultérieurement. Par ailleurs, il existe des écoulements où les tubes de courant varient avec 𝑥 (Figure 6.7-b). En
général ces écoulements sont tridimensionnels, c’est-à-dire que les propriétés varient avec 𝑥, 𝑦 et 𝑧. Cependant, si
la variation de la surface de la section est graduelle, on pourra supposer avec suffisamment de précision que les
propriétés de l’écoulement ne varient qu’avec 𝑥. Un tel écoulement pour lequel 𝑆 varie avec 𝑥 mais les propriétés
ne sont que fonctions de 𝑥 seulement est dit quasi monodimensionnel. Les propriétés sont uniformes sur toute
section du tube de courant.
𝑆 = 𝑐 𝑡𝑒 𝑆 = 𝑓(𝑥)
𝑥 𝑥
𝑧
𝜕
∭ 𝜌 𝑑𝑉 = − ∬ 𝜌 𝑢
⃗ ∙ 𝑛⃗𝑑𝑆
𝜕𝑡
𝑉 𝑆
∬𝜌𝑢
⃗ ∙ 𝑛⃗𝑑𝑆 = 0 (48)
𝑆
139
M. Yahyaoui Introduction aux écoulements compressibles
⃗ ∙ 𝑛⃗ = −𝑢1 ⟹ ∬ 𝜌 𝑢
𝑢 ⃗ ∙ 𝑛⃗𝑑𝑆 = −𝜌1 𝑢1 𝑆
𝑆
• sur la face droite :
⃗ ∙ 𝑛⃗ = 𝑢2 ⟹ ∬ 𝜌 𝑢
𝑢 ⃗ ∙ 𝑛⃗𝑑𝑆 = 𝜌2 𝑢2 𝑆
𝑆
𝑛⃗ Volume de contrôle
𝑢
⃗1 𝑢
⃗2
𝑛⃗1 = −𝑖 𝑛⃗2 = 𝑖
𝑝1 𝑝2
𝜕
∭ 𝜌𝑢 ⃗ (𝑢
⃗ 𝑑𝑉 + ∬ 𝜌 𝑢 ⃗ ∙ 𝑛⃗)𝑑𝑆 = − ∬ 𝑝 ∙ 𝑛⃗𝑑𝑆 + ∭ 𝜌𝑓 𝑑𝑉 (50)
𝜕𝑡
𝑉 𝑆 𝑆 𝑉
⃗ (𝑢
∬ 𝜌𝑢 ⃗ ∙ 𝑛⃗)𝑑𝑆 = − ∬ 𝑝𝑛⃗𝑑𝑆 (51)
𝑆 𝑆
On applique cette équation au volume de contrôle prismatique de Figure 6.8. Sur les parois supérieure et inférieure,
⃗ ∙ 𝑛⃗ est nul el l’intégration se limite aux faces gauche et droite, du volume de contrôle :
𝑢
⃗ (𝑢
∬ 𝜌𝑢 ⃗ ∙ 𝑛⃗)𝑑𝑆 + ∬ 𝜌𝑢
⃗ (𝑢
⃗ ∙ 𝑛⃗)𝑑𝑆 = − ∬ 𝑝𝑛⃗𝑑𝑆 − ∬ 𝑝𝑛⃗𝑑𝑆
𝑆1 𝑆2 𝑆1 𝑆2
140
M. Yahyaoui Introduction aux écoulements compressibles
L’équation (52) est semblable à l’équation de Bernoulli sauf que les termes contenant la masse volumique ne sont
pas multipliés par 1⁄2. Mais le lien entre les deux équations peut tout de même être établi en réécrivant l’équation
(36) sous la forme :
𝑝2 + (𝜌2 𝑢2 )𝑢2 = 𝑝1 + (𝜌1 𝑢1 )𝑢1 (53)
Or d’après l’équation (33) on a :
𝜌2 𝑢2 = 𝜌1 𝑢1 = 𝜌𝑢 = 𝑐 𝑡𝑒
Et l’équation (53) devient :
𝑝2 + (𝜌𝑢)𝑢2 = 𝑝1 + (𝜌𝑢)𝑢1
Puisque les stations 1 et 2 sont arbitraires, on peut écrire :
𝑝 + (𝜌𝑢)𝑢 = 𝑐 𝑡𝑒
On prend le différentiel de cette équation en tenant compte du fait que 𝜌𝑢 = 𝑐 𝑡𝑒 :
𝑑𝑝 + (𝜌𝑢)𝑑𝑢 = 0
Ou bien :
𝑑𝑝 + 𝜌𝑢𝑑𝑢 = 0 (54)
Par ailleurs, on considère l’équation de Bernoulli :
1
𝑝 + 𝜌𝑢2 = 𝑝0 = 𝑐 𝑡𝑒
2
Puisque la masse volumique est constante, le différentiel de cette équation est :
𝑑𝑝 + 𝜌𝑢𝑑𝑢 = 0 (55)
Puisque les équations (54) et (55) sont identiques, l’équation (52) et l’équation de Bernoulli dérivent d’une même
équation, celle d’Euler suivant une ligne de courant. Mais elles résultent de différentes hypothèses.
c. Équation de l’énergie
L’équation de l’énergie a été établie précédemment en appliquant le premier principe de la thermodynamique à un
volume de contrôle :
∆ℎ0 = 𝑞 + 𝑤
Si aucun travail n’est effectué sur le volume de contrôle, inclus le travail des forces de viscosité, alors :
∆ℎ0 = 𝑞
On utilise la définition de l’enthalpie spécifique totale (ℎ0 ) pour écrire :
𝑢22 𝑢12
ℎ2 + = ℎ1 + + 𝑞 (56)
2 2
où 𝑞 est la chaleur rajoutée par unité de masse du fluide dans le volume de contrôle. L’équation (56) ne tient pas
compte du travail dû aux forces de viscosité, du transfert thermique dû à la conductivité thermique et de l’énergie
potentielle de pesanteur.
Si en plus 𝑞 = 0 alors :
𝑢22 𝑢12
ℎ2 + = ℎ1 + (57)
2 2
Un écoulement monodimensionnel, stationnaire, adiabatique d’un fluide non visqueux est régi par l’équation de
Saint Venant.
141
M. Yahyaoui Théorie des faibles perturbations
140
M. Yahyaoui Théorie des faibles perturbations
𝑑𝑝 𝜕𝑝
= ( ) = 𝑎2 (6)
𝑑𝜌 𝜕𝜌 𝑠
On utilise les équations (5) et (6) pour écrire :
𝑑𝑝 𝜌
𝑑𝜌 = 2
= − 2 𝑑(𝛷𝑥2 + 𝛷𝑦2 + 𝛷𝑧2 )
𝑎 2𝑎
Il s’ensuit que :
𝜕𝜌 𝜌 𝑑
=− 2 (𝛷 2 + 𝛷𝑦2 + 𝛷𝑧2 )
𝜕𝑥 2𝑎 𝑑𝑥 𝑥
Ou bien :
𝜕𝜌 𝜌
= − 2 (𝛷𝑥 𝛷𝑥𝑥 + 𝛷𝑦 𝛷𝑦𝑥 + 𝛷𝑧 𝛷𝑧𝑥 ) (7)
𝜕𝑥 𝑎
Par une démarche semblable on peut montrer que :
𝜕𝜌 𝜌
= − 2 (𝛷𝑥 𝛷𝑥𝑦 + 𝛷𝑦 𝛷𝑦𝑦 + 𝛷𝑧 𝛷𝑧𝑦 ) (8)
𝜕𝑦 𝑎
𝜕𝜌 𝜌
= − 2 (𝛷𝑥 𝛷𝑥𝑧 + 𝛷𝑦 𝛷𝑦𝑧 + 𝛷𝑧 𝛷𝑧𝑧 ) (9)
𝜕𝑧 𝑎
On remplace les équations (7)-(9) dans (4) :
𝜌
𝜌(𝛷𝑥𝑥 + 𝛷𝑦𝑦 + 𝛷𝑧𝑧 ) − 𝛷𝑥 2 (𝛷𝑥 𝛷𝑥𝑥 + 𝛷𝑦 𝛷𝑦𝑥 + 𝛷𝑧 𝛷𝑧𝑥 )
𝑎
𝜌
−𝛷𝑦 2 (𝛷𝑥 𝛷𝑥𝑦 + 𝛷𝑦 𝛷𝑦𝑦 + 𝛷𝑧 𝛷𝑧𝑦 )
𝑎
𝜌
−𝛷𝑧 2 (𝛷𝑥 𝛷𝑥𝑧 + 𝛷𝑦 𝛷𝑦𝑧 + 𝛷𝑧 𝛷𝑧𝑧 ) = 0
𝑎
On simplifie 𝜌 et on réécrit sous la forme suivante :
𝛷𝑥2 𝛷𝑦2 𝛷𝑧2
(1 − ) 𝛷𝑥𝑥 + (1 − ) 𝛷𝑦𝑦 + (1 − ) 𝛷𝑧𝑧
𝑎2 𝑎2 𝑎2
𝛷𝑥 𝛷𝑦 𝛷𝑥 𝛷𝑧 𝛷𝑦 𝛷𝑧
−2 2 𝛷𝑥𝑦 − 2 2 𝛷𝑥𝑧 − 2 2 𝛷𝑦𝑧 = 0 (10)
𝑎 𝑎 𝑎
C’est l’équation du potentiel de vitesse. Elle peut être exprimée en termes de Φ seulement en exprimant la vitesse
du son 𝑎 en termes de Φ. Ceci est possible en utilisant l’équation de l’énergie qui, sous les hypothèses posées, se
réduit à :
⃗ ԡ2
ԡ𝑢
ℎ+ = ℎ0 = 𝑐 𝑡𝑒 (11)
2
où ℎ est l’enthalpie statique et ℎ0 est l’enthalpie totale ou d’arrêt.
On utilise la relation entre l’enthalpie et la température pour écrire l’équation (11) comme :
⃗ ԡ2
ԡ𝑢
𝐶𝑝 𝑇 + = 𝐶𝑝 𝑇0
2
𝐶𝑝 ԡ𝑢⃗ ԡ2 𝐶𝑝
𝛾𝑅𝑇 + = 𝛾𝑅𝑇0 (12)
𝛾𝑅 2 𝛾𝑅
Or :
𝛾𝑅𝑇 = 𝑎2
𝛾𝑅𝑇0 = 𝑎02
𝐶𝑝 𝐶𝑝 1 1
= = =
𝛾𝑅 𝐶𝑝 𝐶𝑝 𝛾−1
(𝐶 )
𝐶𝑣 𝑝 − 𝐶𝑣 𝐶𝑣 − 1
On remplace ces trois relations dans l’équation (12) :
141
M. Yahyaoui Théorie des faibles perturbations
𝑎2 ⃗ ԡ2
ԡ𝑢 𝑎02
+ = (13)
𝛾−1 2 𝛾−1
𝛾−1
𝑎2 = 𝑎02 − ⃗ ԡ2
ԡ𝑢
2
On exprime la vitesse en termes de son potentiel pour avoir :
𝛾−1 2
𝑎2 = 𝑎02 − (𝛷𝑥 + 𝛷𝑦2 + 𝛷𝑧2 ) (14)
2
où 𝑎0 est constante puisque la température d’arrêt est, comme l’enthalpie d’arrêt, constante.
Remarque :
▪ Pour un écoulement incompressible (𝜌 = 𝑐 𝑡𝑒 ) :
𝜕𝑝
𝑎2 = →∞
𝜕𝜌
Et l’équation (10) se réduit à :
𝛷𝑥𝑥 + 𝛷𝑦𝑦 + 𝛷𝑧𝑧 = 0
Ou bien :
∆𝛷 = 0
C’est l’équation de Laplace rencontrée en cours fondamental de mécanique des fluides.
▪ L’équation du potentiel de vitesse (10) est non linéaire. Une solution à cette équation peut être obtenue par :
• Analyse numérique
• Transformation en une équation linéaire (méthode de l’hodographe)
• Approximation par une équation linéaire.
C’est cette dernière approche qui sera adoptée dans ce chapitre.
II. Théorie linéarisée
1. Équation linéarisée du potentiel de vitesse
On se limitera pour simplifier au cas bidimensionnel. Le cas tridimensionnel n’est qu’une simple généralisation
de ce qui est présenté ci-dessous. On suppose que Φ est la superposition d’un potentiel représentant l’écoulement
uniforme de vitesse 𝑉⃗∞ :
𝛷∞ = 𝑉∞ 𝑥
et d’un deuxième potentiel, dénoté par 𝜙(𝑥, 𝑧), qui représente les faibles perturbations imposées à cet écoulement
par la présence d’un objet de faible épaisseur :
𝛷(𝑥, 𝑦) = 𝑉∞ 𝑥 + 𝜙(𝑥, 𝑧) (15)
Les composantes de vitesse sont :
𝑢 = 𝛷𝑥 = 𝑉∞ + 𝜙𝑥
𝑤 = 𝛷𝑧 = 𝜙𝑧
On définit les perturbations de vitesse :
𝑢̃ = 𝜙𝑥 , 𝑤
̃ = 𝜙𝑧 (16)
Alors :
𝑢 𝑉 𝑢̃
( )= ( ∞) + ( ) (17)
𝑤 ⏟ 0 ⏟𝑤
̃
é𝑐𝑜𝑢𝑙𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑏𝑎𝑠𝑒 𝑝𝑒𝑟𝑡𝑢𝑟𝑏𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠
142
M. Yahyaoui Théorie des faibles perturbations
⃗∞ 𝑉∞ + 𝑢̃
𝑉
𝑤
̃
𝑢
⃗
Figure 7.1 : Perturbation d’un écoulement uniforme par la présence d’un objet mince.
2
𝛾+1 2 𝛾−1 2
= 𝑎∞ − 𝑉∞2 − (𝑢̃ + 2𝑢̃𝑉∞ ) − 𝑤
̃
2 2
• 𝑢𝑤 = (𝑉∞ + 𝑢̃)𝑤
̃
𝛾−1
• 𝑎 2 − 𝑤 2 = 𝑎∞
2
− (2𝑢̃𝑉∞ + 𝑢̃2 + 𝑤
̃ 2) − 𝑤
̃2
2
2
𝛾−1 2 𝛾+1 2
= 𝑎∞ − (𝑢̃ + 2𝑢̃𝑉∞ ) − 𝑤
̃
2 2
Puis on remplace dans (18) :
2
𝛾+1 2 𝛾 − 1 2 𝜕𝑢 𝛾−1 2 𝛾 + 1 2 𝜕𝑤
[𝑎∞ − 𝑉∞2 − (𝑢̃ + 2𝑢̃𝑉∞ ) − 𝑤
̃ ] 2
+ [𝑎∞ − (𝑢̃ + 2𝑢̃𝑉∞ ) − 𝑤
̃ ]
2 2 𝜕𝑥 2 2 𝜕𝑧
𝜕𝑢
− 2(𝑉∞ + 𝑢̃)𝑤̃ =0
𝜕𝑧
Ou aussi :
2
𝜕𝑢 𝜕𝑤 𝛾+1 2 𝛾 − 1 2 𝜕𝑢
( 𝑎∞ − 𝑉∞2 ) 2
+ 𝑎∞ =[ (𝑢̃ + 2𝑢̃𝑉∞ ) + 𝑤
̃ ]
𝜕𝑥 𝜕𝑧 2 2 𝜕𝑥
𝛾−1 2 𝛾 + 1 2 𝜕𝑤 𝜕𝑢
+[ (𝑢̃ + 2𝑢̃𝑉∞ ) + 𝑤
̃ ] + 2(𝑉∞ + 𝑢̃)𝑤
̃
2 2 𝜕𝑧 𝜕𝑧
2
On divise par 𝑎∞ et on utilise la définition de nombre du Mach pour exprimer l’équation précédente sous la forme :
2)
𝜕𝑢 𝜕𝑤 2 [
𝛾 + 1 𝑢̃ 2 𝑢̃ 𝛾−1 𝑤̃ 2 𝜕𝑢
(1 − 𝑀∞ + = 𝑀∞ ( ) + ( 𝛾 + 1) + ( ) ]
𝜕𝑥 𝜕𝑧 2 𝑉∞ 𝑉∞ 2 𝑉∞ 𝜕𝑥
2 [
𝛾 − 1 𝑢̃ 2 𝑢̃ 𝛾+1 𝑤̃ 2 𝜕𝑤
+𝑀∞ ( ) + (𝛾 − 1 ) + ( ) ]
2 𝑉∞ 𝑉∞ 2 𝑉∞ 𝜕𝑧
2
𝑤̃ 𝑢̃ 𝜕𝑢
+2𝑀∞ (1 + ) (20)
𝑉∞ 𝑉∞ 𝜕𝑧
143
M. Yahyaoui Théorie des faibles perturbations
2 [
𝛾 + 1 𝑢̃ 2 𝑢̃ 𝛾−1 𝑤̃ 2 𝜕𝑢
𝑀∞ ( ) + (𝛾 + 1) + ( ) ]
2 𝑉∞ 𝑉∞ 2 𝑉∞ 𝜕𝑥
est négligeable devant :
2)
𝜕𝑢
(1 − 𝑀∞
𝜕𝑥
ii. Si 𝑀∞ ≤ 5 :
2
𝑤̃ 𝑢̃ 𝜕𝑢
𝑀∞ (1 + )
𝑉∞ 𝑉∞ 𝜕𝑧
est négligeable, et
2 [
𝛾 − 1 𝑢̃ 2 𝑢̃ 𝛾+1 𝑤̃ 2 𝜕𝑤
𝑀∞ ( ) + (𝛾 − 1) + ( ) ]
2 𝑉∞ 𝑉∞ 2 𝑉∞ 𝜕𝑧
est négligeable devant
𝜕𝑤
𝜕𝑧
iii. Si (i) et (ii) réduisent l’équation du potentiel de vitesse (20) à :
2)
𝜕𝑢 𝜕𝑤
(1 − 𝑀∞ + =0
𝜕𝑥 𝜕𝑧
ou, en termes de 𝜙 :
2)
(1 − 𝑀∞ 𝜙𝑥𝑥 + 𝜙𝑧𝑧 = 0 (21)
L’équation (21) est valable pour un écoulement subsonique (𝑀∞ ≤ 0.8) ou un écoulement supersonique (1.2 ≤
𝑀∞ ≤ 5), irrotationnel, stationnaire, isentropique où les perturbations sont faibles. Elle n’est pas valable en
transsonique (0.8 ≤ 𝑀∞ ≤ 1.2) ou en hypersonique (𝑀∞ > 5).
Contrairement à l’équation (20), cette équation est linéaire et des solutions analytiques sont dans ce cas possibles.
2. Coefficient de pression linéarisé
On rappelle la définition du coefficient de pression :
𝑝 − 𝑝∞
𝐶𝑝 = (22)
𝑞̅∞
1 𝛾
𝑞̅∞ = 𝜌∞ 𝑉∞2 = 𝑝∞ 𝑀∞ 2
2 2
On réécrit l’équation (22) sous la forme :
𝑝∞ 𝑝
𝐶𝑝 = ( − 1)
𝑞̅∞ 𝑝∞
ou aussi :
2 𝑝
𝐶𝑝 = ( − 1)
2 𝑝
(23)
𝛾𝑀∞ ∞
144
M. Yahyaoui Théorie des faibles perturbations
⃗ ԡ2
ԡ𝑢 𝑉∞2
ℎ+ = ℎ∞ +
2 2
⃗ ԡ2
ԡ𝑢 𝑉∞2
𝐶𝑝 𝑇 + = 𝐶𝑝 𝑇∞ +
2 2
On divise par 𝐶𝑝 𝑇∞ et on réarrange :
𝑇 𝑉∞2 − ԡ𝑢
⃗ ԡ2
=1+
𝑇∞ 2𝐶𝑝 𝑇∞
𝑇 𝛾𝑅 𝑉∞2 − ԡ𝑢 ⃗ ԡ2
=1+ (24)
𝑇∞ 2𝐶𝑝 𝛾𝑅𝑇∞
Or :
𝛾𝑅 𝛾−1
=
2𝐶𝑝 2
2
𝛾𝑅𝑇∞ = 𝑎∞
On remplace ces deux équations dans (24) :
𝑇 𝛾 − 1 𝑉∞2 − ԡ𝑢
⃗ ԡ2 𝛾 − 1 𝑉∞ 2 ⃗ ԡ2
ԡ𝑢
=1+ 2
= 1 + ( ) (1 − )
𝑇∞ 2 𝑎∞ 2 𝑎∞ 𝑉∞2
𝑇 𝛾−1 2 ԡ𝑢⃗ ԡ2
=1+ 𝑀∞ (1 − 2 )
𝑇∞ 2 𝑉∞
𝑇 𝛾−1 2 ԡ𝑢⃗ ԡ2
=1+ 𝑀∞ (1 − 2 ) (25)
𝑇∞ 2 𝑉∞
Puisque l’écoulement est isentropique, on a :
𝛾 ⁄(𝛾−1)
𝑝 𝑇 𝛾⁄(𝛾−1) 𝛾−1 2 ⃗ ԡ2
ԡ𝑢
=( ) = [1 + 𝑀∞ (1 − 2 )]
𝑝∞ 𝑇∞ 2 𝑉∞
On remplace dans l’équation (23) :
𝛾 ⁄(𝛾−1)
2 𝛾−1 2 ⃗ ԡ2
ԡ𝑢
𝐶𝑝 = 2
{[1 + 𝑀∞ (1 − )] − 1} (26)
𝛾𝑀∞ 2 𝑉∞2
L’équation (26) est la forme générale du coefficient de pression.
Dans le cas de faibles perturbations où la vitesse est donnée par l’équation (17) on a :
⃗ ԡ2 = (𝑉∞ + 𝑢̃)2 + 𝑤
ԡ𝑢 ̃ 2 = 𝑉∞2 + 2𝑢̃𝑉∞ + 𝑢̃2 + 𝑤
̃2
2
ԡ𝑢⃗ԡ 𝑢̃ 𝑢̃2 + 𝑤̃2
⟹( ) =1+2 + 2
𝑉∞ 𝑉∞ 𝑉∞
En marge de cette relation, l’équation (26) devient :
𝛾 ⁄(𝛾−1)
2 𝛾−1 2 𝑢̃ 𝑢̃2 + 𝑤 ̃2
𝐶𝑝 = 2
{[1 + 𝑀∞ (−2 − )] − 1}
𝛾𝑀∞ 2 𝑉∞ 𝑉∞2
Un développement limité de cette équation donne :
145
M. Yahyaoui Théorie des faibles perturbations
Ou encore :
𝑢̃ 2
𝑢̃2 𝑤
̃2
𝐶𝑝 = −2 − (1 − 𝑀∞ ) 2− 2 (27)
𝑉∞ 𝑉∞ 𝑉∞
Dans le cas des écoulements bidimensionnels, on peut se limiter au premier ordre :
𝑢̃
𝐶𝑝 = −2 (28)
𝑉∞
C’est l’équation du coefficient de pression linéarisé qui accompagne l’équation (21) et se conforme donc aux
mêmes hypothèses.
III. Les lois de similitude
1. Similitude entre profil en subsonique compressible et profil en incompressible
On considère un écoulement subsonique stationnaire, compressible, irrotationnel et non visqueux autour d’un
profil mince à faible incidence de façon que la théorie des faibles perturbations et l’équation (21) soient valables.
Le potentiel des perturbations est gouverné par l’équation (21) :
𝛽 2 𝜙𝑥𝑥 + 𝜙𝑧𝑧 = 0 (29)
Avec :
2
𝛽 = √1 − 𝑀∞ (30)
La condition aux limites à la surface du profil, correspondant à un écoulement non visqueux, est que l’écoulement
doit être tangent au profil :
𝑑𝑓 𝑤
̃
=
𝑑𝑥 𝑉∞ + 𝑢̃
Et puisque 𝑢̃ ≪ 𝑉∞ , on peut simplement écrire :
𝑑𝑓 𝑤̃ 𝜙𝑧
≅ = (31)
𝑑𝑥 𝑉∞ 𝑉∞
Et on introduit la transformation :
𝑥 ′ = 𝜆𝑥 𝑥
{ 𝑧 ′ = 𝜆𝑧 𝑧 (32)
𝜙 ′ (𝑥 ′ , 𝑧 ′ ) = 𝜆𝜙 𝜙(𝑥, 𝑧)
Où 𝜆𝑥 , 𝜆𝑧 et 𝜆𝜙 sont des constantes à spécifier ultérieurement. Alors :
𝜕𝜙 𝜕(𝜙 ′ ⁄𝜆𝜙 ) 𝜆𝑥 𝜕𝜙 ′ 𝜆𝑥 ′
𝜙𝑥 = = = = 𝜙 ′
𝜕𝑥 𝜕(𝑥 ′ ⁄𝜆𝑥 ) 𝜆𝜙 𝜕𝑥 ′ 𝜆𝜙 𝑥
𝜆2𝑥 ′
𝜙𝑥𝑥 = 𝜙 ′ ′ (33)
𝜆𝜙 𝑥 𝑥
De même :
𝜆2𝑧 ′
𝜙𝑧𝑧 = 𝜙 ′ ′ (34)
𝜆𝜙 𝑧 𝑧
On remplace les équations (31), (33) et (34) dans (29) :
𝜆2𝑥 ′ 𝜆2𝑧 ′
𝛽2 𝜙𝑥 ′𝑥 ′ + 𝜙 ′ ′=0
𝜆𝜙 𝜆𝜙 𝑧 𝑧
Si on impose la condition :
𝜆𝑧 = 𝛽𝜆𝑥 (35)
′
On obtiendra l’équation de la Laplace en 𝜙 :
𝜙𝑥′ ′𝑥 ′ + 𝜙𝑧′ ′𝑧 ′ = 0
146
M. Yahyaoui Théorie des faibles perturbations
On peut donc dire que les variables 𝑥 ′, 𝑧 ′ et 𝜙 ′ décrivent un écoulement incompressible si la condition (35) est
imposée.
𝑧 Profil : 𝑧 = 𝑓(𝑥) 𝑧′
Profil : 𝑧 ′ = 𝑓 ′ (𝑥 ′ )
𝑉∞ + 𝑢̃ 𝑉∞′ + 𝑢̃′
⃗∞
𝑉 ⃗∞′
𝑉
𝑤
̃ 𝑥 ̃′
𝑤 𝑥′
On transforme aussi la condition aux limites (31) en notant que la fonction 𝑓 suit la même transformation que 𝑧 :
𝑑𝑓 𝜕(𝑓 ′ ⁄𝜆𝑧 ) 𝜆𝑥 𝜕𝑓 ′
= =
𝑑𝑥 𝜕(𝑥 ′ ⁄𝜆𝑥 ) 𝜆𝑧 𝜕𝑥 ′
𝜕𝜙 𝜕(𝜙 ′ ⁄𝜆𝜙 ) 𝜆𝑧 𝜕𝜙 ′ 𝜆𝑧 ′
𝜙𝑧 = = = = 𝜙 ′
𝜕𝑧 𝜕 ( 𝑧 ′ ⁄ 𝜆𝑧 ) 𝜆𝜙 𝜕𝑧 ′ 𝜆𝜙 𝑧
On remplace dans (31) :
𝜆𝑥 𝜕𝑓 ′ 1 𝜆𝑧 ′
= 𝜙 ′
𝜆𝑧 𝜕𝑥 ′ 𝑉∞ 𝜆𝜙 𝑧
Soit :
𝜕𝑓 ′ 𝜆2𝑧 𝜙𝑧′ ′
=
𝜕𝑥 ′ 𝜆𝑥 𝜆𝜙 𝑉∞
Si on suppose que :
𝜆2𝑧 = 𝜆𝑥 𝜆𝜙
Soit d’après (35) :
𝜆𝜙 = 𝛽 2 𝜆 𝑥 (36)
Et que 𝑉∞′ = 𝑉∞ , on obtiendra :
𝜕𝑓 ′ 𝜙𝑧′ ′ 𝑤̃′
′
= =
𝜕𝑥 𝑉∞ 𝑉∞
La condition d’un écoulement tangent à la surface du profil dans l’écoulement incompressible est vérifiée si on
impose la condition (36) et l’égalité des vitesses du vent relatif.
a. Relation entre les géométries des deux profils
• Les pentes :
Les pentes des surfaces des deux profils sont reliées par :
𝑑𝑓 ⁄𝑑𝑥 𝑑(𝑓 ′ ⁄𝜆𝑧 )⁄𝑑(𝑥 ′ ⁄𝜆𝑥 ) 𝜆𝑥
= =
𝑑𝑓 ′ ⁄𝑑𝑥 ′ 𝑑𝑓 ′ ⁄𝑑𝑥 ′ 𝜆𝑧
Soit d’après l’équation (35) :
𝑑𝑓 ′ 𝑑𝑓
′
=𝛽 (37)
𝑑𝑥 𝑑𝑥
La pente du profil dans l’écoulement compressible est plus grande que la pente de la surface dur profil
correspondant dans l’écoulement incompressible.
• La cambrure :
147
M. Yahyaoui Théorie des faibles perturbations
𝑧𝑖′ + 𝑧𝑒′ 1 𝑧𝑖 + 𝑧𝑒
𝑧𝑐′ = = (𝜆𝑧 𝑧𝑖 + 𝜆𝑧 𝑧𝑒 ) = 𝜆𝑧
2 2 2
Soit :
𝑧𝑐′ = 𝜆𝑧 𝑧𝑐
La cambrure relative est
′
𝑧𝑐′ 𝑚𝑎𝑥 𝜆𝑧 𝑧𝑐 𝑚𝑎𝑥 𝜆𝑧
𝑧̅𝑚𝑎𝑥 = = = 𝑧̅𝑚𝑎𝑥
𝑐′ 𝜆𝑥 𝑐 𝜆𝑥
Soit d’après l’équation (35) :
′
𝑧̅𝑚𝑎𝑥 = 𝛽 𝑧̅𝑚𝑎𝑥 (38)
• L’épaisseur relative :
On a :
𝑒 ′ = 𝑧𝑒′ − 𝑧𝑖′ = 𝜆𝑧 𝑧𝑒 − 𝜆𝑧 𝑧𝑖 = 𝜆𝑧 (𝑧𝑒 − 𝑧𝑖 )
Soit :
𝑒 ′ = 𝜆𝑧 𝑒
L’épaisseur maximale relative est :
′
′
𝑒𝑚𝑎𝑥 𝜆𝑧 𝑒𝑚𝑎𝑥 𝜆𝑧 𝑒𝑚𝑎𝑥 𝜆𝑧
𝑒̅𝑚𝑎𝑥 = = = = 𝑒̅𝑚𝑎𝑥
𝑐′ 𝜆𝑥 𝑐 𝜆𝑥 𝑐 𝜆𝑥
Soit d’après l’équation (35) :
′
𝑒̅𝑚𝑎𝑥 = 𝛽 𝑒̅𝑚𝑎𝑥 (39)
• Les angles d’incidence :
En considérant la figure 7.4 on peut écrire :
′
𝑧𝐵𝐴 𝜆𝑧 𝑧𝑚𝑎𝑥 𝜆𝑧 𝑧𝐵𝐴 𝜆𝑧 𝑧𝐵𝐴 𝜆𝑧
𝛼 ′ = 𝑠𝑖𝑛−1 ′
= 𝑠𝑖𝑛−1 = 𝑠𝑖𝑛−1 ( )≅ = 𝛼
𝑐 𝜆𝑥 𝑐 𝜆𝑥 𝑐 𝜆𝑥 𝑐 𝜆𝑥
Soit :
𝛼 ′ = 𝛽𝛼 (40)
𝑧′
′
𝑧𝐵𝐴
⃗∞
𝑉 𝛼′
𝑥′
Les effets des transformations (32)-(36) sur le profil réel placé dans l’écoulement compressible sont illustrés sur
Figure 7.4. On note que ce ne sont pas les valeurs des coefficients 𝜆𝑥 et 𝜆𝑧 mais plutôt leur rapport qui détermine
la modification de forme du profil. On peut alors choisir :
𝜆 =1
{ 𝑥 (41)
𝜆𝑧 = 𝛽
Dans ce cas on maintient la même corde mais on modifie les ordonnés. L’épaisseur et la cambrure relatives sont
affectées. Aussi, d’après l’équation (36) on a :
𝜆𝜙 = 𝛽 2
On peut aussi opter pour :
148
M. Yahyaoui Théorie des faibles perturbations
𝜆 = 1⁄𝛽
{ 𝑥 (42)
𝜆𝑧 = 1
Et ce changement n’affecte pas les ordonnés mais augmente la corde. D’après l’équation (36) on doit avoir :
𝜆𝜙 = 𝛽
La transformation appliquée au profil d’origine est dite affine. Elle est caractérisée par le fait que les coordonnés
dans une direction donnée sont modifiés par un même rapport.
𝑧′
𝑧 𝑧 = 𝑓(𝑥) 𝑧 ′ = 𝑓 ′ (𝑥 ′ )
𝑧𝑐 (𝑥) 𝛼′ 𝑧𝑐′ (𝑥 ′ )
𝛼
⃗∞
𝑉 𝑥 ⃗∞
𝑉 𝑥′
𝑐′
𝑐
149
M. Yahyaoui Théorie des faibles perturbations
Cette dernière écriture retient en indice les modifications de la géométrie du profil et d nombre de Mach.
2. Similitude entre deux profils en incompressible
Les fonctions qui définissent la forme d’un profil sont considérées comme la somme de trois fonctions :
- Une fonction associée avec l’angle d’incidence : 𝑧𝑖 (𝑥 ) = 𝛼 (𝑐 − 𝑥 )
- Une fonction qui décrit la cambrure du profil : 𝑧𝑐 (𝑥)
- Une fonction qui décrit la moitié de l’épaisseur du profil : 𝑧𝑒 (𝑥)
L’extrados et l’intrados sont donnés par :
𝑧 (𝑥) = 𝛼(𝑐 − 𝑥 ) + 𝑧𝑐 (𝑥 ) − 𝑧𝑒 (𝑥 )
{ 𝑖𝑛
𝑧𝑒𝑥 (𝑥 ) = 𝛼(𝑐 − 𝑥 ) + 𝑧𝑐 (𝑥 ) + 𝑧𝑒 (𝑥 )
𝑧 𝑧 𝑧 𝑧
𝑧𝑒𝑥 (𝑥 )
𝑧𝑖 (𝑥 ) 𝑧𝑐 (𝑥 ) 𝑧𝑒 (𝑥 )
𝑥 𝑥 𝑐 𝑥 𝑧𝑖𝑛 (𝑥) 𝑥
𝑐 𝑐 𝑐
Incidence Courbure Épaisseur Profil
150
M. Yahyaoui Théorie des faibles perturbations
dernière étant déterminée par l’incidence, l’épaisseur et la cambrure du profil, on supposera que le coefficient de
pression est proportionnel à 𝛼, 𝑧̅𝑚𝑎𝑥 et à 𝑒̅𝑚𝑎𝑥 .
On considère deux profils plongés dans un écoulement incompressible et reliés par une transformation affine telle
que :
′ ′
𝑧̅𝑚 𝑎𝑥 𝑒̅𝑚 𝑎𝑥 𝛼′
′′
= ′′
= =𝛽 (48)
𝑧̅𝑚𝑎𝑥 𝑒̅𝑚𝑎𝑥 𝛼 ′′
Il s’en suit que :
𝐶𝑝′ 𝑆 𝐶𝑙′ 𝐶𝑚′
′′
= ′′ = ′′ = 𝛽 (49)
𝐶𝑝𝑆 𝐶𝑙 𝐶𝑚
3. Similitude de Prandtl-Glauert
La similitude de Prandtl-Glauert est une transformation entre un profil plongé dans un écoulement subsonique
compressible (d’incidence 𝛼) et un profil qui lui est affine et qui est placé dans un écoulement incompressible
(d’incidence 𝛼 ′′ ) en passant par un profil intermédiaire (d’incidence 𝛼 ′ ) qui est relié au profil d’origine par les
équations (37)-(40) et au profil final par l’équation (48). On a pour l’angle d’incidence :
𝛼 𝛼 𝛼′ 1
= = 𝛽=1
𝛼 ′′ 𝛼 ′ 𝛼 ′′ 𝛽
De même pour la cambrure et l’épaisseur et on a :
𝛼 𝑧̅𝑚𝑎𝑥 𝑒̅𝑚𝑎𝑥
= ′′ = ′′ = 1 (50)
𝛼 ′′ 𝑧̅𝑚𝑎𝑥 𝑒̅𝑚𝑎𝑥
Et d’après les équations (46) et (49) on a :
𝐶𝑝𝑆 𝐶𝑝 𝑠 𝐶𝑝′ 𝑆 1 1
= = 𝛽=
𝐶𝑝′′𝑆 𝐶𝑝′ 𝑆 𝐶𝑝′′𝑆 𝛽 2 𝛽
On réécrit cette équation comme :
𝐶𝑝0
𝐶𝑝 = (51)
2
√1 − 𝑀∞
Où 𝐶𝑝 est le coefficient de pression en un point sur le profil réel en subsonique compressible et 𝐶𝑝0 est le coefficient
de pression au point équivalent sur le profil plongé dans un écoulement incompressible. Du moment que ce dernier
est relié au profil d’origine par l’équation (50), il s’agit du même profil à la même incidence.
Les coefficients de portance et du moment de tangage prennent la même forme :
𝐶𝑙0
𝐶𝑙 = (52)
√1 − 𝑀∞2
𝐶𝑚0
𝐶𝑚 = (53)
√1 − 𝑀∞2
Les équations (51)-(53) constituent la similitude ou loi de Prandtl-Glauert. C’est une forme de correction pour la
compressibilité de l’air qui permet d’exploiter les lois développées en régime incompressible, comme par la théorie
des profils minces par exemple, directement en subsonique compressible. On peut alors écrire le coefficient de
portance d’un profil en subsonique compressible comme :
2𝜋(𝛼 − 𝛼0 )
𝐶𝑙 = (54)
2
√1 − 𝑀∞
Le gradient de portance correspondant est :
2𝜋
𝐶𝑙𝛼 = (55)
2
√1 − 𝑀∞
151
M. Yahyaoui Théorie des faibles perturbations
L’équation (54) est suffisamment précise pour des profils minces (𝑒̅𝑚𝑎𝑥 inférieure à 6% en théorie mais l’équation
peut être appliquée à des profils plus épais) et jusqu’à Mach 0.6 à 0.7.
D’autres lois de correction pour la compressibilité sont :
▪ Loi de Laitone
Le nombre de Mach 𝑀∞ dans la similitude de Prandtl-Glauert est remplacé par le nombre de Mach local du
profil où on le coefficient de pression compressible est calculé :
𝐶𝑝0
𝐶𝑝 = (55)
√1 − 𝑀2
▪ Loi de Karman-Tsien
Cette loi est obtenue par la méthode de l’hodographe mentionnée auparavant :
𝐶𝑝0
𝐶𝑝 = (56)
2 𝑀∞2 𝐶𝑝0
√1 − 𝑀∞ +
1 + √1 − 𝑀∞ 2
2
𝑦 𝑧′ 𝑦′
𝑧
𝑧
𝑧 ′ = 𝛽𝑧
𝑦 𝑦 ′ = 𝛽𝑦
𝑥 𝑥′
′
𝑥 𝑥 =𝑥
𝑑 𝑦′
𝑦 𝑑
ΛLE Λ′𝐿𝐸
𝑏 ⁄2 𝑏 ′ ⁄2
𝑥 𝑥′
Figure 7.6 : La transformation affine d’une aile en subsonique compressible à une aile en régime incompressible.
On a :
• deux points correspondants ont la même abscisse 𝑥 mais 𝑦 et 𝑧 sont réduits par le coefficient 𝛽.
• les cordes sont les mêmes mais les envergures sont modifiées par la même échelle :
152
M. Yahyaoui Théorie des faibles perturbations
𝑏′ = 𝛽𝑏 (60)
Les allongements géométriques sont reliés par :
𝐴′ = 𝛽𝐴
• Les angles des flèches sont tels que :
𝑑 𝑑 1 𝑑 𝑡𝑔 𝛬𝐿𝐸
𝑡𝑔 𝛬′𝐿𝐸 = = = =
𝑏 ′ ⁄2 𝛽𝑏⁄2 𝛽 𝑏⁄2 𝛽
Soit :
𝑡𝑔 𝛬𝐿𝐸
𝛬′𝐿𝐸 = 𝑡𝑔−1 ( ) (61)
𝛽
• Les cambrures et les épaisseurs relatives comme les incidences sont reliées par les équations (38)-(40) :
′ ′
𝑧̅𝑚𝑎𝑥 𝑒̅𝑚𝑎𝑥 𝛼′
= = =𝛽 (62)
𝑧̅𝑚𝑎𝑥 𝑒̅𝑚𝑎𝑥 𝛼
• Les coefficients de pression sont reliés par l’équation (43) :
𝐶𝑝′
𝐶𝑝 = (63)
𝛽2
En notant les effets de la transformation sur la géométrie du profil qui sont donnés par les équations (38)-(40), on
peut écrire l’équation précédente sous la forme :
1
[𝐶𝑝 ] = [𝐶𝑝 ] (64)
𝑀∞ ,𝐴,𝛼,𝑒̅𝑚𝑎𝑥 ,𝑧̅𝑚𝑎𝑥,𝛬 2
1 − 𝑀∞ 0,𝛽𝐴,𝛽𝛼,𝛽𝑒̅𝑚𝑎𝑥 ,𝛽𝑧̅𝑚𝑎𝑥 ,𝛬′
Cette équation est la version tridimensionnelle de la loi de Göthert pour les ailes dont le principe peut être résumé
comme suit :
Pour résoudre l’écoulement autour d’un corps mince donné d’envergure 𝑏 plongé dans un écoulement
subsonique compressible, on considère d’abord un écoulement incompressible sur un corps d’envergure
𝑏′ = 𝛽𝑏 (les cordes sont les mêmes) pour lequel le potentiel des perturbations de la vitesse est dénoté par 𝜙 ′ .
Par la suite, les perturbations de la vitesse dans l’écoulement compressible autour du corps d’origine sont
données par :
𝜕𝜙 𝜕(𝜙 ′ ⁄𝛽 2 )
𝑢̃ = =
𝜕𝑥 𝜕 (𝑥 ′ )
Soit :
1 𝜕𝜙 ′ 𝑢̃′
𝑢̃ = = (65)
𝛽 2 𝜕𝑥 ′ 𝛽 2
Et :
𝜕𝜙 𝜕(𝜙 ′ ⁄𝛽 2 ) 1 𝜕𝜙 ′
𝑣̃ = = =
𝜕𝑦 𝜕 (𝑦 ′ ⁄𝛽 ) 𝛽 𝜕𝑦 ′
Soit :
𝑣̃ ′
𝑣̃ = (66)
𝛽
De même on a :
̃′
𝑤
𝑤
̃= (67)
𝛽
La portance locale de l’aile réelle en subsonique compressible est :
153
M. Yahyaoui Théorie des faibles perturbations
𝑐 𝑐′
𝐶𝑝′ 𝑖 (𝑥, 𝑦) 𝐶𝑝′ 𝑒 (𝑥, 𝑦)
𝐿̂(𝑦) = ∫[𝐶𝑝𝑖 (𝑥, 𝑦) − 𝐶𝑝𝑒 (𝑥, 𝑦)] 𝑞̅∞ 𝑑𝑥 = ∫ [ − ] 𝑞̅∞ 𝑑𝑥 ′
𝛽2 𝛽2
0 0
Soit :
𝐿̂′ (𝑦 ′ )
𝐿̂(𝑦) = (68)
𝛽2
Le coefficient de portance local correspondant est :
𝐿̂(𝑦)
𝐶𝑙 (𝑦) =
𝑞̅∞ 𝑐 (𝑦)
Et du fait que les cordes sont les mêmes on a :
𝐶𝑙′ (𝑦 ′ )
𝐶𝑙 (𝑦) = (69)
𝛽2
Ceci est bien sûr en accord avec l’équation (46) et on aurait pu l’écrire directement. La même relation (46)
s’applique au coefficient du moment de tangage local :
′ (𝑦 ′ )
𝐶𝑚 𝐵𝐴
𝐶𝑚𝐵𝐴 (𝑦) = (70)
𝛽2
La portance globale de l’aile d’origine est :
𝑏⁄2 𝑏′ ⁄2 ′ ⁄2
𝐶𝑙′ (𝑦) ′ ′ 𝑦′ 2 𝑏
𝐿 = 2∫ 𝑞̅∞ 𝐶𝑙 (𝑦)𝑐(𝑦)𝑑𝑦 = 2 ∫ 𝑞̅∞ 𝑐 ( 𝑦 ) 𝑑 ( ) = ∫ 𝑞̅∞ 𝐶𝑙′ (𝑦 ′ )𝑐 ′ (𝑦 ′ )𝑑𝑦 ′
0 0 𝛽2 𝛽 𝛽3 0
Soit :
𝐿′
𝐿=
𝛽3
Le coefficient de portance global est :
𝐿 𝐿′ ⁄𝛽 3
𝐶𝐿 = = (71)
𝑞̅∞ 𝑆 𝑞̅∞ 𝑆
Or:
𝑆 = 𝑏𝑐̅𝑔 = (𝑏′ ⁄𝛽 )𝑐̅𝑔′ = 𝑏′ 𝑐̅𝑔′ ⁄𝛽
Les cordes géométriques moyennes sont les mêmes car les cordes n’ont pas changé et :
1+𝜆
𝑐̅𝑔 = 𝑐 (72)
2 0
𝜆 étant l’effiement et 𝑐0 la corde centrale. On a donc :
𝑆′
𝑆= (73)
𝛽
On remplace l’équation (73) dans (71) et on a :
1 𝐿′
𝐶𝐿 =
𝛽 2 𝑞̅∞ 𝑆 ′
Ou encore :
𝐶𝐿′
𝐶𝐿 = (74)
𝛽2
Le moment de tangage au niveau de l’apex de l’aile est tel que (Figure 7.7) :
̂𝐵𝐴 (𝑦) − 𝐿̂(𝑦)𝑦 𝑡𝑔 𝛬𝐿𝐸 = 𝑞̅∞ [𝐶𝑚 (𝑦)𝑐 2 (𝑦) − 𝐶𝑙 (𝑦)𝑐(𝑦)𝑦 𝑡𝑔 𝛬𝐿𝐸 ]𝑑𝑦
𝑑𝑀𝐴 = 𝑀 𝐵𝐴
154
M. Yahyaoui Théorie des faibles perturbations
𝑏⁄2
𝑀𝐴 = 2𝑞̅∞ ∫ [𝐶𝑚𝐵𝐴 (𝑦)𝑐 2 (𝑦) − 𝐶𝑙 (𝑦)𝑐(𝑦)𝑦 𝑡𝑔 𝛬𝐿𝐸 ] 𝑑𝑦
0
Soit :
𝑀𝐴′
𝑀𝐴 = (75)
𝛽3
𝑦
𝐿̂(𝑦)
̂𝐵𝐴 (𝑦)
𝑀
𝑧 𝑦 tg Λ𝐿𝐸
𝑐 (𝑦)𝑑𝑦
Λ𝐿𝐸
A 𝑥
𝐶𝑝 𝐶𝐿 𝐶𝑚 1
′
= ′= ′ = 2 (80)
𝐶𝑝 𝐶𝐿 𝐶𝑚 𝛽
La loi de Göthert est utilisée dans un code de calcul aérodynamique numérique des ailes, basé sur la méthode du
vortex-lattice et l’effet de la compressibilité sur le gradient de portance est considéré. Les résultats sont comparés
à l’équation :
2𝜋𝐴
𝑎= (81)
𝐴𝛽 2 𝑡𝑔 2 𝛬𝑐⁄2
2 + √( 𝜅 ) (1 + )+4
𝛽2
Figure 7.8 : Effet du Mach sur le gradient de portance d’une voilure : comparaison entre la loi de Göthert en association avec
la méthode numérique VLM (vortex-lattice method) et l’équation (81).
156
M. Yahyaoui Théorie des faibles perturbations
Exercices
Exercice 7.1
Montrer que l’équation non linéaire suivante est l’équation du potentiel de vitesse en transsonique dans le cas de
faibles perturbations :
2) 2
𝛾+1
(1 − 𝑀∞ 𝜙𝑥𝑥 + 𝜙𝑦𝑦 = 𝑀∞ 𝜙 𝜙
𝑉∞ 𝑥 𝑥𝑥
Exercice 7.2
On considère un écoulement subsonique compressible sur un mur sinusoïdal décrit par l’équation :
2𝜋𝑥
𝑧𝑚 = ℎ 𝑐𝑜𝑠
𝑙
Pour ℎ faible, utiliser la théorie des faibles perturbations pour déterminer :
1. Le potentiel de vitesse sous la forme :
𝑉∞ ℎ 2 𝑧̅
−2𝜋√1−𝑀∞
𝜙(𝑥, 𝑧) = 𝑒 𝑠𝑖𝑛 2𝜋𝑥̅ , 𝑥̅ = 𝑥⁄𝑙 , 𝑧̅ = 𝑧⁄𝑙
√1 − 2
𝑀∞
2. Le coefficient de pression à la surface du mur
Existe-t-il une force de traînée de pression sur le mur ? Expliquer.
𝑧
ℎ
Exercice 7.3
On considère une voilure trapézoïdale d’allongement géométrique égal à 4.6 et d’effilement égal à 0.4.
1. Calculer 𝑐̅𝑔 , 𝑐0 et 𝑐𝑡 .
2. Montrer que la flèche en toute fraction de la corde est donnée par :
𝑐0
𝑡𝑔 𝛬 (𝑥̅ ) = 𝑡𝑔 𝛬𝐿𝐸 − 2𝑥̅ (1 − 𝜆) ; 𝑥̅ = 𝑥𝛬 (𝑦)⁄𝑐(𝑦)
𝑏
où 𝜆 est l’effilement. En déduire la flèche au milieu de la corde de la voilure donnée.
𝑐𝑡
31°
9𝑚
𝑐0
3. Utiliser la théorie de Göthert pour calculer 𝐶𝐿 à 𝛼𝑟 = 5° et 𝑀∞ = 0.7 sachant que 𝛼0 = −2.2°. On supposera
que l’incidence de portance nulle est proportionnelle à la cambrure.
4. Vérifier la valeur obtenue en calculant 𝐶𝐿 directement.
157
M. Yahyaoui L’hélice
Chapitre 8. L’hélice
I. Définitions
1. Angles et vitesses
On considère un élément de pale de longueur 𝑑𝑟 pour lequel on représente le triangle des vitesses (Figure 8.1):
⃗ 𝑡 ), vitesse d’avancement (𝑉
vitesse de rotation (𝑉 ⃗𝑎 ) et vitesse nette (𝑉
⃗ ). On définit les angles suivants :
- 𝛽 : angle de calage
- 𝛼 : angle d’incidence, entre 𝑉⃗ et la corde de l’élément.
- ⃗𝑎 qui est la composante de la
𝜙 : angle d’avancement, entre le plan de rotation et la vitesse d’avancement 𝑉
vitesse de l’avion suivant l’axe de rotation de l’hélice.
𝑑𝑟
𝑉⃗ 𝛼
⃗𝑎
𝑉 𝑟 𝛽
𝑉𝑎 𝜙
𝛼𝑎𝑣𝑖𝑜𝑛 Plan de rotation 𝑉𝑡 = 𝑟ω
⃗ 𝑎𝑣𝑖𝑜𝑛
𝑉
ω
Figure 8.1 : Élément de pale situé à une distance r de l’axe de rotation de l’hélice
Dans la définition de l’angle d’incidence, l’angle induit n’a pas été pris en compte. Cet angle sera introduit par
moyen de l’angle d’incidence effectif.
2. Pas géométrique et pas réel
Le pas géométrique est la distance qu’avancerait un élément de pale en un tour de l’hélice s’il se déplaçait suivant
l’angle de calage (𝛽) :
𝐻 = 2𝜋𝑟𝑡𝑔𝛽 (1)
A’’ A’’
A’
A’ H
𝛽
A
A
2𝜋𝑟
Or l’hélice en réalité n’avance pas dans l’air suivant l’angle 𝛽 mais suivant l’angle 𝜙. La distance réelle qu’elle
avance par tour est appelée pas réel ou avance par tour. Elle est donnée par :
𝐻′ = 2𝜋𝑟𝑡𝑔𝜙 (2)
158
M. Yahyaoui L’hélice
Comme indiqué sur Figure 8.1, le pas réel dépend de la vitesse de rotation de l’hélice et de la vitesse de vol de
l’avion.
On appelle recul la différence entre le pas géométrique et le pas réel et pas relatif le rapport du pas géométrique
au diamètre de l’hélice :
𝐻
ℎ=
𝐷
Pour un rayon représentatif 𝑟 = 0.7𝑅 on a :
2𝜋(0.7𝑅)𝑡𝑔𝛽
ℎ= = 2.2𝑡𝑔𝛽
2𝑅
II. Fonctionnement aérodynamique
1. Vrillage des pales
Le pas est proportionnel à 𝑟. D’après l’équation (1), pour que le pas géométrique soit constant le long de la pale,
il faut que l’angle de calage 𝛽 diminue, du pied vers l’extrémité. Pour un pas donné, la loi de vrillage d’une pale
est :
𝐻
𝛽 = 𝑡𝑔−1 ( )
2𝜋𝑟
Le vrillage des pales peut s’expliquer aussi en évoquant l’angle d’incidence des éléments de pale au lieu de leurs
pas :
𝛽1 𝛼 𝛽2 < 𝛽1 𝛼
𝑉𝑎 𝜙1 𝑉𝑎 𝜙2 < 𝜙1
𝑟1 ω 𝑟2 ω > 𝑟1 ω
(a) Profil proche du pied de pale. (b) Profil proche de l’extrémité de pale.
Figure 8.3 : Diminution de l’angle de calage du pied vers l’extrémité (même incidence).
159
M. Yahyaoui L’hélice
𝑑𝐿
𝑑𝑅
𝑑𝑇
𝛼 𝜙+𝜀
𝛼𝑒
𝜀
𝜀 𝑑𝐹
Vent relatif à 𝑤𝑖 𝑑𝐷
l’élément de pale 𝑉𝑎 𝜙
𝑉𝑡 = 𝑟Ω
Le rendement de l’hélice est le rapport de la puissance fournie à celle absorbée par l’hélice :
𝑑𝑊𝑢 𝑑𝐿𝑐𝑜𝑠(𝜙 + 𝜀 ) − 𝑑𝐷𝑠𝑖𝑛(𝜙 + 𝜀 ) 𝑉𝑎
𝜂𝐻 = =
𝑑𝑊𝑎 𝑑𝐿𝑠𝑖𝑛(𝜙 + 𝜀 ) + 𝑑𝐷𝑐𝑜𝑠(𝜙 + 𝜀 ) 𝑟𝛺
𝑑𝐿𝑐𝑜𝑠(𝜙 + 𝜀 ) − 𝑑𝐷𝑠𝑖𝑛(𝜙 + 𝜀 )
= 𝑡𝑔𝜙
𝑑𝐿𝑠𝑖𝑛(𝜙 + 𝜀 ) + 𝑑𝐷𝑐𝑜𝑠(𝜙 + 𝜀 )
On divise numérateur et dénominateur par 𝑑𝐷 cos(𝜙 + 𝜀 ) et on obtient :
𝑓 − 𝑡𝑔(𝜙 + 𝜀 )
𝜂𝐻 = 𝑡𝑔𝜙
1 + 𝑓𝑡𝑔(𝜙 + 𝜀 )
Où 𝑓 est la finesse du profil de pale.
On suppose aussi que l’angle induit 𝜀 est faible (l’allongement géométrique d’une pale d’hélice est important).
Dans ce cas :
𝑓 − 𝑡𝑔𝜙
𝜂𝐻 = 𝑡𝑔𝜙
1 + 𝑓𝑡𝑔𝜙
On note que, pour un angle de calage 𝛽 donné (c’est-à-dire un pas donné), le rendement de l’hélice est fonction
de 𝜙 et plus spécifiquement de tg𝜙. Il dépend aussi de la finesse du profil de pale qui est fonction de son incidence
mais cette dernière est, pour 𝛽 donné, fonction de 𝜙. Or :
𝑉𝑎 𝑉𝑎 𝑉𝑎
𝑡𝑔𝜙 = = = ; 𝑑 = 2𝑟
𝑟𝜔 𝑟(2𝜋𝑁) 𝜋𝑁𝑑
On introduit le coefficient de similitude des vitesses :
𝑉𝑎 𝑉∞
𝐽= ≈ (5)
𝑁𝐷 𝑁𝐷
𝐷 étant le diamètre de l’hélice. On peut donc écrire :
𝑉𝑎 𝐷 𝐷
𝑡𝑔𝜙 = ∙ =𝐽∙
𝑁𝐷 𝜋𝑑 𝜋𝑑
Le rendement de l’hélice dépend donc du paramètre 𝐽 (Figure 8.5) :
2
𝐶𝑇
1
𝐶𝑃
1 2 𝛾 = 𝑉 ⁄𝑁𝐷
161
M. Yahyaoui L’hélice
𝑇 𝑅 𝛼<0
𝛼 𝑉𝑎
𝐹
𝛼
𝑉𝑎 𝐹=𝑅
𝐹
𝑉𝑎 𝑉𝑡
𝜙
𝑉𝑡 𝑇 𝑅
𝑉𝑡
(a) Le mode propulseur. (b) Le mode de transparence. (c) Le mode de frein
aérodynamique.
𝑉𝑎 𝛼<0 ⃗∞
𝑉 Vent relatif à 𝛼 << 0
𝑉𝑎
l’avion
𝐹 𝑉𝑡
𝐹
𝑉𝑡
𝑅 𝑇 𝑅
𝑇
On peut localiser tous les modes d’une hélice sur une même polaire de Lilienthal (𝜉 et 𝜁 sont les coordonnées
suivant la corde et suivant la normale à la corde de l’élément de pale, respectivement).
162
M. Yahyaoui L’hélice
Propulseur
Transparence
Frein 𝜉
Moulinet
Reverse
Figure 8.8 : Emplacement de la pointe de la résultante aérodynamique d’une pale d’hélice sur la polaire de Lilienthal aux
différents modes de fonctionnement.
4. Les plans 1 et 4 sont suffisamment loin du disque de façon que la pression soit uniforme et égale à 𝑝∞ . Par
contre les plans 2 et 3 sont au voisinage immédiat du disque.
En appliquant le théorème de la quantité de mouvement on peut montrer que la traction est donnée par :
𝑇 = 𝜌𝐴3 𝑉3 (𝑉3 − 𝑉∞ ) (9)
La traction peut aussi s’exprimer en termes de la différence de pression à travers du disque :
𝑇 = 𝐴(𝑝2 − 𝑝1 ) (10)
Les pressions 𝑝2 et 𝑝1 peuvent être reliée en appliquant l’équation de Bernoulli en amont et en aval du disque :
1 1
𝑝∞ + 𝜌𝑉∞2 = 𝑝1 + 𝜌𝑉12 (11)
2 2
1 2 1
𝑝∞ + 𝜌𝑉3 = 𝑝2 + 𝜌𝑉22 (12)
2 2
La soustraction des équations (11) et (12) et le fait que 𝑉2 = 𝑉1 donnent :
1
𝑝2 − 𝑝1 = 𝜌(𝑉32 − 𝑉∞2 ) (13)
2
𝑉∞ , 𝑝∞ 𝑉∞ , 𝑝∞
2 𝑉3
𝑉1 𝐴3
3
1 4
Figure 8.9 : Schéma pour l’application de la théorie de la quantité de mouvement (théorie de Froude).
164
M. Yahyaoui L’hélice
𝑉3 = 𝑉∞ + 2𝑣𝑖 (15)
où 𝑣𝑖 est la vitesse induite par l’hélice. Alors :
𝑉1 = 𝑉∞ + 𝑣𝑖 (16)
On reprend l’équation (9) :
𝑇 = 𝜌𝐴3 𝑉3 (𝑉3 − 𝑉∞ ) = 𝜌𝐴𝑉1 (𝑉3 − 𝑉∞ )
On utilisant les équations (15) et (16) on peut écrire :
𝑇 = 2𝜌𝐴(𝑉∞ + 𝑣𝑖 )𝑣𝑖 (17)
Le travail spécifique effectué par l’hélice sur l’air est d’après le premier principe de la thermodynamique :
𝑝 𝑉2
𝑤 = ∆ (𝑐𝑣 𝑇 + + )
𝜌 2
Et du fait que les pressions, amont et aval, sont les même et qu’on est en régime incompressible où le changement
de température est négligeable on a :
∆(𝑉 2 )
𝑤=
2
La puissance rajoutée à l’écoulement par l’hélice est :
∆(𝑉 2 ) (𝑉∞ + 2𝑣𝑖 )2 − 𝑉∞2
𝑊 = 𝑚̇𝑤 = 𝑚̇ = [𝜌𝐴(𝑉∞ + 𝑣𝑖 )] [ ] = [𝜌𝐴(𝑉∞ + 𝑣𝑖 )][2𝑣𝑖 (𝑉∞ + 𝑣𝑖 )]
2 2
Soit :
𝑊 = 2𝜌𝐴𝑣𝑖 (𝑉∞ + 𝑣𝑖 )2 (18)
D’après l’équation (17) on a :
𝑊 = 𝑇(𝑉∞ + 𝑣𝑖 ) (19)
C’est le produit de la traction et de la vitesse de l’écoulement traversant le plan de rotation de l’hélice. Cette
puissance peut être divisée en deux parties :
▪ La puissance utilisable : 𝑊𝑢 = 𝑇𝑉∞
▪ La puissance induite : 𝑊𝑖 = 𝑇𝑣𝑖
On peut résoudre l’équation (17) pour trouver 𝑣𝑖 :
𝑇
𝑣𝑖2 + 𝑉∞ 𝑣𝑖 − =0
2𝜌𝐴
Donne :
1 2𝑇
𝑣𝑖 = [√𝑉∞2 + − 𝑉∞ ] (20)
2 𝜌𝐴
𝑇
𝑣0 = √ (21)
2𝜌𝐴
165
M. Yahyaoui L’hélice
Ou aussi :
1
𝜂=
1 + (𝑣𝑖 ⁄𝑉∞ )
Et d’après (20) :
𝑣𝑖 1 𝑇
= [√1 + − 1]
𝑉∞ 2 𝑞̅∞ 𝐴
On pose :
𝑇
𝑇𝐶 =
𝑞̅∞ 𝐴
𝑇𝐶 est une forme du coefficient de traction, différente de la forme plus courante qui est l’équation (6). Alors :
𝑣𝑖 1
= [√1 + 𝑇𝐶 − 1]
𝑉∞ 2
Le rendement devient :
1
𝜂= (23)
1 + √1 + 𝑇𝐶
Exemple :
On considère une hélice de 2m de diamètre, utilisée avec un moteur d’une puissance maximale de 150 kW.
Calculer :
1. La traction statique maximale au niveau de la mer.
2. Le rendement de l’hélice en croisière à basse altitude à une vitesse de 60 m/s lorsque la traînée est égale à
1500N.
Solutions :
1. La traction statique maximale au niveau de la mer est donnée par l’équation (22) :
𝜋 1⁄3
⁄
𝑇0 = 𝑊𝑖02 3 (2𝜌𝐴)1⁄3 = (150000)2⁄3 [2(1.225) (2)2 ] = 5574 𝑁
4
Cette valeur est une limite que l’on ne peut pas atteindre en pratique car la théorie de Froude ne tient pas
compte de la traînée de profil des pales. Il ya aussi des pertes de pression près des bouts de pales et la
formation de tourbillons de bout de pale, semblables au cas de l’aile finie.
2. On a :
2𝑇 2(1500)
𝑇𝐶 = = = 0.216
𝜌𝑉∞2 𝜋(𝐷⁄2)2 (1.225)(60)2 𝜋(1)2
1
𝜂= = 0.95
1 + √1 + 𝑇𝐶
Cette valeur est trop grande puisque le rendement d’une hélice ne dépasse pas 0.85
Il est clair que la théorie de Froude manque de précision dans l’estimation de la puissance et du rendement.
IV. Théorie de l’élément de pale
On reprend l’équation (3) tout en supposant que l’angle induit 𝜀 est faible devant l’angle d’avancement 𝜙 et que
la traînée est faible devant la portance :
𝑑𝑇 ≅ 𝑑𝐿𝑐𝑜𝑠𝜙
1
𝑑𝐿 = 𝜌𝑉𝑒2 𝐶𝑙 (𝑟)𝑐(𝑟)𝑑𝑟
2
Puisque le vent induit est faible devant 𝑉on supposera que :
𝑉𝑒 ≅ 𝑉
166
M. Yahyaoui L’hélice
𝑑𝐿
𝑑𝑅
𝑑𝑟 𝑑𝑇
𝜙+𝜀
𝛼
𝑟
𝑉 𝛼𝑒
𝑉𝑒 𝜀
𝜀 𝑑𝐹
𝑣𝑖 𝑑𝐷
ω 𝑉𝑎 𝜙
𝑉𝑡 = 𝑟ω
L’égalité des deux expressions de 𝑑𝑇 données par les équations (24) et (25) donne :
𝑁𝑝
𝑉𝑎0 (𝛽 − 𝜙 − 𝛼0 − 𝜀 )𝑐(𝑟) = 4𝜋𝑟(𝑉𝑎 + 𝑉𝜀 𝑐𝑜𝑠 𝜙)𝜀
2
𝑁𝑝 𝑐(𝑟)
𝑉𝑎0 (𝛽 − 𝜙 − 𝛼0 − 𝜀 ) = 𝜀𝑉𝑎 + 𝜀 2 𝑉 𝑐𝑜𝑠 𝜙
8𝜋𝑟
Puisque :
𝑉𝑡 = 𝑉 𝑐𝑜𝑠 𝜙
On a :
𝑁𝑝 𝑐(𝑟)
𝑉𝑎0 (𝛽 − 𝜙 − 𝛼0 − 𝜀 ) = 𝜀𝑉𝑎 + 𝜀 2 𝑉𝑡
8𝜋𝑟
Ou aussi :
𝑉𝑎 𝑁𝑝 𝑐 (𝑟) 𝑉 𝑁𝑝 𝑐(𝑟) 𝑉
𝜀2 + [ + 𝑎0 ] 𝜀 − 𝑎 (𝛽 − 𝜙 − 𝛼0 ) = 0 (26)
𝑉𝑡 8𝜋𝑟 𝑉𝑡 8𝜋𝑟 𝑉𝑡 0
167
M. Yahyaoui L’hélice
Par ailleurs on a :
𝑉𝑎 𝑉𝑎 𝑉𝑎 ⁄(𝑅𝜔)
= =
𝑉𝑡 𝑟𝜔 𝑟 ⁄𝑅
On introduit aussi le coefficient d’avance (rapport de la vitesse d’avancement à la vitesse en bout de pale) :
𝑉𝑎
𝜇= (27)
𝑅𝜔
Et on pose :
𝑟
𝑟̅ =
𝑅
Alors :
𝑉𝑎 𝜇𝑅𝜔 𝜇
= =
𝑉𝑡 𝑟̅ 𝑉𝑇 𝑟̅
On définit aussi la solidité de l’hélice (surface des pales sur la surface du disque) :
𝑁𝑝 𝑐̅𝑔 𝑅
𝜎=
𝜋𝑅2
Soit :
𝑁𝑝 𝑐̅𝑔
𝜎= (28)
𝜋𝑅
On a :
𝑁𝑝 𝑐(𝑟) 𝑉 𝜎𝜋𝑅 𝑐(𝑟) 𝑉 𝜎𝑎0 𝑐(𝑟) 𝑉
𝑎 = 𝑎 =
8𝜋𝑟 𝑉𝑡 0 𝑐̅𝑔 8𝜋𝑟 𝑉𝑡 0 8𝑟̅ 𝑐̅𝑔 𝑉𝑡
On introduit la vitesse de bout de pale :
𝑉𝑇 = 𝑅𝜔 (29)
Alors :
𝑟
𝑉𝑡 = 𝑟𝜔 = (𝑅𝜔) = 𝑟̅ 𝑉𝑇
𝑅
Il s’ensuit que :
𝑁𝑝 𝑐(𝑟) 𝑉 𝜎𝑎0 𝑐(𝑟) 𝑉
𝑎 =
8𝜋𝑟 𝑉𝑡 0 8𝑟̅ 2 𝑐̅𝑔 𝑉𝑇
L’équation (26) devient :
𝜇 𝜎𝑎0 𝑐(𝑟) 𝑉 𝜎𝑎0 𝑐(𝑟) 𝑉
𝜀2 + [ + 2 ]𝜀 − 2 (𝛽 − 𝜙 − 𝛼0 ) = 0 (30)
𝑟̅ 8𝑟̅ 𝑐̅𝑔 𝑉𝑇 8𝑟̅ 𝑐̅𝑔 𝑉𝑇
C’est l’équation qui régit l’angle induit dont la solution est :
2
1 𝜇 𝜎𝑎0 𝑐(𝑟) 𝑉 𝜇 𝜎𝑎0 𝑐 (𝑟) 𝑉 𝜎𝑎0 𝑐(𝑟) 𝑉
𝜀(𝑟) = {− [ + 2 ] + √[ + 2 ] + 2 (𝛽 − 𝜙 − 𝛼0 )} (31)
2 𝑟̅ 8𝑟̅ 𝑐̅𝑔 𝑉𝑇 𝑟̅ 8𝑟̅ 𝑐̅𝑔 𝑉𝑇 2𝑟̅ 𝑐̅𝑔 𝑉𝑇
On note que :
𝑉 √𝑉𝑡2 + 𝑉𝑎2 𝑉𝑡 2 𝑉𝑎 2 𝑉𝑎 2
= = √( ) + ( ) = √𝑟̅ 2 + ( )
𝑉𝑇 𝑉𝑇 𝑉𝑇 𝑉𝑇 𝑅𝜔
168
M. Yahyaoui L’hélice
Or :
𝑞̅𝑒 𝑉𝑒2 𝑉2 𝑉𝑎2 + 𝑉𝑡2 1 𝑉𝑎 2 𝑉𝑡 2 1 𝜔𝑟 2
2 2
= 2 2
≅ 2 2
= 2 2
= [( ) + ( ) ] = [4𝐽2 + ( ) ]
𝜌𝑁 𝑅 2𝑁 𝑅 2𝑁 𝑅 2𝑁 𝑅 2 𝑁𝑅 𝑁𝑅 2 𝑁𝑅
Puisque 𝜔 = 2𝜋𝑁 , on obtient :
𝑞̅𝑒 1
2 2
= [4𝐽2 + (2𝜋𝑟̅ )2 ] = 2(𝐽2 + 𝜋 2 𝑟̅ 2 )
𝜌𝑁 𝑅 2
On remplace dans (33) :
𝜋 1 2 𝑐 (𝑟 )
𝐶𝑇 = ∫ (𝐽 + 𝜋 2 𝑟̅ 2 ) 𝜎 [𝐶𝑙 𝑐𝑜𝑠(𝜙 + 𝜀 ) − 𝐶𝑑 𝑠𝑖𝑛(𝜙 + 𝜀 )]𝑑𝑟̅ (34)
8 𝑟̅0 𝑐̅𝑔
Une fois les coefficients 𝐶𝑇 et 𝐶𝑝 sont obtenus, le rendement de l’hélice est donné par l’équation (8), soit :
𝐶𝑇
𝜂𝐻 = 𝐽 (36)
𝐶𝑃
V. Effets de l’hélice sur la stabilité
La rotation de l’hélice engendre des moments de roulis, tangage et lacet. Ces moments sont dus à quatre causes
différentes :
169
M. Yahyaoui L’hélice
- Précession gyroscopique.
- Couple de réaction (ou de renversement).
- Souffle hélicoïdal de l’hélice
- Déport de la traction.
1. Précession gyroscopique
La précession gyroscopique est le mouvement qui résulte de l’application d’une force à la périphérie d’un disque
en rotation : si l’axe du disque est dévié dans un sens, il en résulte un mouvement dans une direction
perpendiculaire au plan dans lequel se déplace l’axe. Le sens de ce mouvement peut être déterminé de différentes
façons :
a. Méthode des forces imaginaires
Le mouvement dû à la précession gyroscopique peut être considéré comme le mouvement dû à une force F’ qui
agit 90° à l’avant, dans le sens de rotation, et qui a le même sens que la force imaginaire F qui a provoqué le
mouvement initial du disque et donc de son axe. Pour mieux expliquer cette méthode on considère comme exemple
le cas d’un disque tournant vers la droite et auquel on applique une force F en son point extrême haut. Cette force
entraînera un moment vers le bas (donc un mouvement qui, dans le cas de l’avion à hélice, sera un tangage à
piquer). Sous l’effet de la force F, l’axe du disque a tendance à se déplacer dans le plan vertical. Il y aura un
mouvement induit dans le plan horizontal dont le sens est donné par la force F’, qui agit au point extrême droit du
disque (90° à l’avant de F, dans le sens de la rotation). Ce mouvement induit sera donc vers la gauche, ce qui
correspond à un mouvement de lacet vers la gauche dans le cas de l’avion.
Par un même raisonnement, on peut conclure qu’un mouvement de lacet vers la droite induira un mouvement de
tangage à piquer et qu’un mouvement de lacet à gauche entraînera un mouvement de tangage à cabrer.
𝐹 ⇒ lacet à
𝐹 ⇒ tangage à piquer gauche
𝐹 ′ ⇒ lacet à
gauche
𝐹′ ⇒ tangage à
cabrer
(a) un mouvement de tangage à piquer (b) un mouvement de lacet à gauche entraîne
entraîne un mouvement de lacet à gauche. un mouvement de tangage à cabrer.
Figure 8.11 : Sens de la précession gyroscopique par la méthode des forces imaginaires.
Moment cinétique
170
M. Yahyaoui L’hélice
(f)
Les flèches permettant de déterminer l’interaction par précession gyroscopique entre les mouvements de tangage
et de lacet peuvent être représentées sur un seul schéma (Figure 8.13-f) ou les flèches noires, sortant de l’axe de
rotation de l’hélice indiquent le sens du moment perturbateur alors que les flèches rouges tangentes au disque
représentent le sens du mouvement induit par la précession gyroscopique.
2. Souffle hélicoïdal de l’hélice
On suppose que, vue du cockpit, l’hélice tourne dans le sens horaire (vers la droite). Son souffle crée au niveau de
l’empennage vertical un vent transversal (𝑣𝑦 ) et donc une force transversale 𝐹𝑦 qui entraîne un moment de lacet
vers la gauche. Le mouvement de lacet sera vers la droite si l’hélice tourne dans le sens antihoraire.
Roulis à droite
⃗
𝑌
Lacet à gauche
𝑧
171
M. Yahyaoui L’hélice
3. Couple de réaction
L’hélice tourne dans un sens (plus souvent à droite lorsque vue du cockpit). Par conservation de la quantité de
mouvement, un couple de roulis, égal et opposé à celui de l’hélice, agit dans le sens contraire. Ce couple est ressenti
surtout aux fortes variations de puissance et au vol à basses vitesses et puissance importante (comme au décollage
par exemple). La faible vitesse réduit l’efficacité des surfaces mobiles qui vont contrer ce couple.
4. Déport de la traction
Le déport de la traction signifie que la traction n’agit pas au niveau de l’axe de rotation de l’hélice. Elle est décalée
du côté de la pale descendante qui fournit plus de traction que la pale ascendante. La différence de traction
s’explique par le fait que la composante dans le plan de rotation du vent relatif à un profil de pale descendante
(𝑟Ω + 𝑉∞ sin 𝛼 𝑇 ) est supérieure à celle relative à un profil d’une pale ascendante (𝑟Ω − 𝑉∞ sin 𝛼 𝑇 ) alors que la
composante axiale (𝑉𝑎 = 𝑉∞ cos 𝛼 𝑇 ) est la même pour les deux pales. Cela fait que l’incidence moyenne de la pale
descendante et sa traction sont supérieures à celle de la pale ascendante.
⃗
𝑇 Plan de
𝑟Ω rotation
𝑟 𝛼𝑇 ≈ 𝛼
𝑟Ω ⃗∞
𝑉
ω 𝑉𝑎 𝑉∞ sin 𝛼 𝑇
𝛼𝑇
⃗∞
𝑉
Même 𝛽
𝑉𝑎
𝑟ω − 𝑉∞ sin 𝛼𝑇
𝛼′ < 𝛼
𝜙′ > 𝜙
𝛼 𝜙
𝑟ω + 𝑉∞ sin 𝛼 𝑇
𝛽
𝑉𝑎
Profil descendant Profil ascendant
Figure 8.15 : Déport de la traction : la composante dans le plan de rotation du vent relatif à un profil de pale descendante est
supérieure à celle relative à un profil d’une pale ascendante.
172
M. Yahyaoui Aérodynamique de l’avion
Référence
du fuselage
𝐿𝑤𝑏
𝐿𝐻 𝑀𝐹𝐻
𝑀𝐹𝑤𝑏
𝑖𝐻
𝑖𝑤 CG
𝛼𝑤𝑏
𝛼𝑟𝑓
𝑥̅ 𝐹𝑤𝑏 𝑐̅ 𝑚𝑔
⃗∞
𝑉
𝑙𝐻
𝑥̅ 𝑐 ̅
𝑥̅ 𝐻 𝑐̅
Figure 9.1 : Portances et moments aux foyers de l’empennage horizontal et des ailes-fuselage.
173
M. Yahyaoui Aérodynamique de l’avion
4 1−𝜆
𝑡𝑔 𝛬 (𝑥̅ ) = 𝑡𝑔 𝛬𝐿𝐸 − 𝑥̅
𝐴 1+𝜆
Mais pour l’empennage vertical on a :
2 1−𝜆
𝑡𝑔 𝛬 (𝑥̅ ) = 𝑡𝑔 𝛬𝐿𝐸 − 𝑥̅
𝐴 1+𝜆
ΛLE
𝑐0 𝑥 = 𝑥̅ 𝑐0
ΛLE
Λ(𝑥̅ ) 𝑏𝑣
Figure 9.2 : Schéma de définition de la flèche en une fraction quelconque de la corde pour les ailes trapézoïdales
Remarque :
Selon l’équation (7) le gradient de portance de l’avion est supérieur à celui de l’ensemble ailes-fuselage alors que
l’équation (8) indique que l’incidence absolue de l’avion est inférieure.
2. Moment de tangage
On définit le coefficient du moment de tangage d’un avion par :
𝑀
𝐶𝑚 = (10)
𝑞̅ ∞ 𝑆𝑐̅
Où 𝑀 est le moment de tangage (positif à cabrer), 𝑆 est la surface alaire et 𝑐̅ est la corde aérodynamique moyenne
ou CAM (Mean aerodynamic chord) définie par :
𝑏⁄
1 2 2
𝑐̅ = ∬ 𝑐(𝑦)𝑑𝑆 = ∫ 2
𝑐 (𝑦) 𝑑𝑦 (11)
𝑆 𝑆
𝑏 0
La CAM est la corde qui coïncide avec le centre d’aire de chacune des ailes. Sa signification est qu’une voilure
rectangulaire qui a pour corde 𝑐̅ et la même envergure aura la même variation du coefficient du moment de tangage
avec l’angle d’incidence que la voilure en question. On note que la CAM est différente de la corde géométrique
moyenne qui est donnée par :
𝑏⁄
2 2 𝑆
𝑐̅𝑔 = ∫ 𝑐(𝑦) 𝑑𝑦 =
𝑏 0
𝑏
175
M. Yahyaoui Aérodynamique de l’avion
𝑦 Centre d’aire
𝑑𝑦
d’une aile
𝑐(𝑦) 𝑐̅𝑔
𝑦
𝑐̅ 𝑏 ⁄4
𝑦𝑐̅
𝑏
𝑥
𝑐0
𝑏 1 + 2𝜆
𝑦𝑐̅ = ∙
6 1+𝜆
Figure 9.3 : (a) Schéma pour le calcul de la CAM (b) CAM et 𝑐̅𝑔 d’une voilure trapézoïdale.
Le terme 𝐶𝐿 0 est associé au fait que la référence longitudinale considérée ne coïncide pas avec la référence de
𝑤𝑏
portance nulle de l’ensemble « aile-fuselage ». Alors :
𝜕𝜀
𝐶𝑚 = 𝐶𝑚 𝐹 + (𝑥̅ − 𝑥̅ 𝐹𝑤𝑏 ) (𝐶𝐿0 + 𝑎𝑤𝑏 𝛼𝑤𝑏 ) − 𝜂𝐻 𝑉𝐻 𝑎𝐻 [(1 − ) 𝛼 − (𝑖𝑤 + 𝑖𝐻 + 𝜀0 )]
𝑤𝑏 𝑤𝑏 𝜕𝛼 𝑤𝑏
Ou encore :
𝐶𝑚 = 𝐶𝑚 𝐹 + (𝑥̅ − 𝑥̅ 𝐹𝑤𝑏 )𝐶𝐿0 + 𝜂𝐻 𝑉𝐻 𝑎𝐻 (𝑖𝑤 + 𝑖𝐻 + 𝜀0 )
𝑤𝑏 𝑤𝑏
𝑎𝐻 𝜕𝜀
+𝑎𝑤𝑏 [𝑥̅ − 𝑥̅ 𝐹𝑤𝑏 − 𝜂𝐻 𝑉𝐻 (1 − )] 𝛼𝑤𝑏 (17)
𝑎𝑤𝑏 𝜕𝛼
On écrit le coefficient du moment de tangage sous la forme :
𝐶𝑚 = 𝐶𝑚0 + 𝐶𝑚𝛼 𝛼 (18)
Avec :
𝜕𝐶𝑚 𝜕𝐶𝑚
𝐶𝑚𝛼 = =
𝜕𝛼 𝜕𝛼𝑤𝑏
Soit :
𝑎𝐻 𝜕𝜀
𝐶𝑚𝛼 = 𝑎𝑤𝑏 [𝑥̅ − 𝑥̅ 𝐹𝑤𝑏 − 𝜂𝐻 𝑉𝐻 (1 − )] (19)
𝑎𝑤𝑏 𝜕𝛼
Le coefficient du moment de tangage à portance nulle (𝐶𝑚0 ) est obtenu en posant 𝛼 = 0 dans l’équation (8) puis
en remplaçant l’expression obtenue pour 𝛼𝑤𝑏 dans l’équation (17) :
176
M. Yahyaoui Aérodynamique de l’avion
𝑆𝐻 𝑎𝐻
𝛼=0 ⟹ 𝛼𝑤𝑏 = 𝜂𝐻 (𝑖 + 𝑖𝐻 + 𝜀0 )
𝑆 𝑎 𝑤
𝐶𝑚0 = 𝐶𝑚 𝐹 + (𝑥̅ − 𝑥̅ 𝐹𝑤𝑏 )𝐶𝐿0 + 𝜂𝐻 𝑉𝐻 𝑎𝐻 (𝑖𝑤 + 𝑖𝐻 + 𝜀0 )
𝑤𝑏 𝑤𝑏
𝑎𝐻 𝜕𝜀 𝑆𝐻 𝑎𝐻
+𝑎𝑤𝑏 [𝑥̅ − 𝑥̅ 𝐹𝑤𝑏 − 𝜂𝐻 𝑉𝐻 (1 − )] 𝜂𝐻 (𝑖 + 𝑖𝐻 + 𝜀0 )
𝑎𝑤𝑏 𝜕𝛼 𝑆 𝑎 𝑤
On peut montrer que 𝐶𝑚0 est indépendant de 𝑥̅ et on peut alors l’évaluer pour 𝑥̅ = 𝑥̅ 𝐹𝑤𝑏 . Dans ce cas :
177
M. Yahyaoui Aérodynamique de l’avion
𝑎𝐻 𝜕𝜀
𝐶𝑚𝛼 = 𝑎𝑤𝑏 [𝑥̅ − 𝑥̅ 𝐹𝑤𝑏 − 𝜂𝐻 𝑉𝐻 (1 − )]
𝑎𝑤𝑏 𝜕𝛼
Et d’après (22) on a :
𝑆𝐻 𝑎𝐻 𝜕𝜀
𝐶𝑚𝛼 = 𝑎𝑤𝑏 [𝑥̅ − 𝑥̅ 𝐹𝑤𝑏 − 𝜂𝐻 (𝑥̅ 𝐻 − 𝑥̅ ) (1 − )]
𝑆 𝑎𝑤𝑏 𝜕𝛼
Soit d’après (24) :
𝑎
𝐶𝑚𝛼 = 𝑎𝑤𝑏 [𝑥̅ − 𝑥̅ 𝐹𝑤𝑏 − (𝑥̅𝐻 − 𝑥̅ ) ( − 1 )]
𝑎𝑤𝑏
𝑎 𝑎 𝑎 𝑎
= 𝑎𝑤𝑏 [𝑥̅ − 𝑥̅ 𝐹𝑤𝑏 − 𝑥̅ 𝐻 ( − 1 ) + 𝑥̅ ( − 1 )] = 𝑎𝑤𝑏 [ 𝑥̅ − 𝑥̅ 𝐹𝑤𝑏 − 𝑥̅ 𝐻 ( − 1 )]
𝑎𝑤𝑏 𝑎𝑤𝑏 𝑎𝑤𝑏 𝑎𝑤𝑏
En considérant l’équation (25) on peut écrire :
𝑎 𝑎
𝐶𝑚𝛼 = 𝑎𝑤𝑏 ( 𝑥̅ − 𝑥̅ 𝐹𝑤𝑏 − 𝑥̅ + 𝑥̅ 𝐹𝑤𝑏 )
𝑎𝑤𝑏 𝑎𝑤𝑏 𝑛
Cette équation se simplifie à :
𝐶𝑚𝛼 = −𝑎(𝑥̅ 𝑛 − 𝑥̅ ) (26)
La grandeur 𝑥̅ 𝑛 − 𝑥̅ est appelée marge statique. Le coefficient du moment de tangage s’écrira alors :
𝐶𝑚 = 𝐶𝑚0 − 𝑎(𝑥̅ 𝑛 − 𝑥̅ ) 𝛼 (27)
Où 𝐶𝑚0 est donnée par l’équation (20), a est donné par l’’équation (7) et 𝑥̅ 𝑛 est donné par l’équation (25).
Loin de l’incidence de décrochage, La courbe représentative de l’équation (27) est une droite de pente 𝐶𝑚𝛼 dont
le signe est déterminé par la valeur de 𝑥̅ . L’avion sera statiquement stable si 𝐶𝑚𝛼 est négatif, c’est-à-dire si la marge
statique est positive, soit si le centre de gravité est à l’avant du point neutre (𝑥̅ < 𝑥̅ 𝑛 ).
𝐶𝑚
𝑥̅ 𝑛 > 𝑥̅ (instable)
𝐶𝑚 0 𝑥̅ 𝑛 = 𝑥̅ (neutre)
𝛼
Incidence de vol 𝑥̅ 𝑛 < 𝑥̅ (stable)
stabilisé
178
M. Yahyaoui Aérodynamique de l’avion
Tourbillon de
bout d’aile
Vent descendant
Vent ascendant (Downwash) Vent descendant
(Upwash)
Tourbillon principal
Vent ascendant
Vent descendant
Vent ascendant
Vent ascendant
Vent descendant
4
Raymer, Daniel P., Aircraft Design: A Conceptual Approach, AIAA Education Series, Second Edition, 1992.
179
M. Yahyaoui Aérodynamique de l’avion
où 𝜉𝐻̅ = 𝜉𝐻 ⁄(𝑏⁄2), 𝜁𝐻̅ = 𝜁𝐻 ⁄(𝑏⁄2) et les paramètres 𝜁𝐻 et 𝜉𝐻 sont définis sur Figure 9.6.
𝑐𝑟 Plan de la corde
à la racine 𝑐̅ 𝐻⁄4
𝜁𝐻
𝜉𝐻
𝑐̅⁄4
𝑐̅
• Il a été démontré que la loi empirique du document USAF-DATCOM (équation 30) n’est pas toujours précise.
Une bonne alternative serait d’utiliser l’approche de Yahyaoui :
𝜕𝜀 1 + 𝑐1 𝜉𝐻̅
= (31)
𝜕𝛼 𝑐2 + 𝑐3 𝜉𝐻̅
pour une aile sans flèche (Λ c⁄4 = 0) et :
𝜕𝜀 1 + 𝑐1 𝜉𝐻̅
= (32)
𝜕𝛼 (𝑐 + 1.8𝛬 ⁄ ) + {𝑐 + [(𝐶 − 𝐶 𝜁 )̅ 𝑠𝑖𝑛 𝛬 ⁄ + (𝑠𝑖𝑛 𝛬 ⁄ )3.5 ] 𝛬 ⁄ } 𝜉 ̅
2 𝑐 4 3 𝐴𝜆 𝜆 𝑐 4 𝑐 4 𝑐 4 𝐻
Avec :
𝐶𝐴𝜆 = 1.1𝐴 + 12𝜆 − 8.15, 𝐶𝜆 = 35𝜆 − 7.5
Pour une aile en flèche. Les constantes 𝑐1 , 𝑐2 , 𝑐3 sont fonctions de 𝜁 ,̅ 𝐴 et 𝜆 et sont données dans des tables5.
Cette approche est plus précise mais elle est limitée à des valeurs de 𝜁𝐻̅ entre 0 et 0.2. On peut toujours
extrapoler si la valeur de 𝜁𝐻̅ est en dehors de cet intervalle.
Le passage de l’incompressible au subsonique compressible peut être effectué en utilisant l’équation (29).
4. Effet du fuselage
a. Effet sur Cm0
Si on néglige les effets d’interférence entre les ailes et le fuselage, on pourra écrire le coefficient du moment au
foyer de l’ensemble ailes-fuselage comme :
𝐶𝑚 𝐹 = 𝐶𝑚 𝐹 + 𝐶𝑚0
𝑤𝑏 𝑤 𝑓
5
Yahyaoui, Mondher, “A New Method for the Prediction of the Downwash Angle Gradient”. International Journal of Aviation,
Aeronautics, and Aerospace, Volume 6, Issue 3, Article 9, 2019.
180
M. Yahyaoui Aérodynamique de l’avion
Surface médiane
Tronçon k
𝑤𝑓 (𝑥𝑘 )
𝑖𝑓 < 0
∆𝑥𝑘 Référence 𝐿𝑘 : tangage à
𝐿𝑗 : tangage à cabrer ⇒ 𝑖𝑓 > 0
piquer ⇒ 𝑖𝑓 < 0
En absence de fonctions analytiques décrivant la largeur du fuselage 𝑤𝑓 (𝑥 ) et son angle de calage 𝑖𝑓 (𝑥 ), on peut
diviser le fuselage en tronçons et approximer l’équation (31) par une somme :
𝑘2 − 𝑘1
𝐶𝑚0 ≅ ∑ 𝑤𝑓2 (𝑥𝑘 )[𝛼𝑤 0 + 𝑖𝑓 (𝑥𝑘 )]∆𝑥𝑘 (34)
𝑓 36.5𝑆𝑐̅
Où :
∆𝑥𝑘 : largeur du kème tronçon.
𝑘2 − 𝑘1 : correction associée au rapport de forme du fuselage (𝐿𝑓 ⁄𝐷𝑓𝑚𝑎𝑥 ) donné par Figure 9.8.
𝑤𝑓 : largeur moyenne du tronçon du fuselage.
𝛼𝑤 0 : l’angle de la référence de portance nulle des ailes par rapport à la ligne de référence du fuselage.
𝑖𝑓 : angle de calage de la ligne médiane du tronçon ∆𝑥𝑘 du fuselage par rapport à la ligne de référence de
ce dernier, mesuré au centre du tronçon. Pour les tronçons situés en amont du bord d’attaque des ailes
cet angle est considéré positif lorsque la pente de la ligne moyenne est négative et vice-versa. Quant
aux tronçons situés en aval du bord de fuite, 𝑖𝑓 est considéré positif lorsque la pente de la ligne
moyenne est positive.
Une façon de décider sur le signe de 𝑖𝑓 est de déterminer le signe du moment de tangage par rapport
au centre de gravité de l’avion que donne la portance (ou déportance) de la surface médiane du
tronçon. Puisque le terme 𝑘2 − 𝑘1 dans l’équation (32) est positif, alors 𝑖𝑓 (𝑥𝑘 ) est positif lorsque la
contribution du tronçon au moment de tangage est positive, soit à cabrer.
181
M. Yahyaoui Aérodynamique de l’avion
∆(𝐶𝑚𝛼 ) = 𝐶𝑚𝛼 𝑓
Alors :
𝐶𝑚𝛼 𝑓
∆𝑥𝐹𝑤𝑏 = − (35)
𝑎𝑤𝑏
L’incidence locale le long du fuselage est fortement influencée par l’écoulement créé par les ailes. Comme illustré
sur Figure 9.9, la partie du fuselage située à l’avant est sous l’effet du vent ascendant (upwash) dû aux ailes alors
que la partie derrière les ailes est dans le vent descendant (downwash).
Vent ascendant
(Upwash)
Vent descendant
(Downwash)
La dérivée 𝜕𝐶𝑚 ⁄𝜕𝛼 du fuselage peut aussi être estimée par la méthode de Multhopp (Figure 9.10) :
1 𝜕𝜀̅
𝐶𝑚𝛼𝑓 = ∑ 𝑤𝑓2 (𝑥𝑘 ) | ∆𝑥𝑘 (36)
36.5𝑆𝑐̅ 𝜕𝛼 𝑘
𝑐0
1 2 4 5 6 7 8
Foyer de l’empennage
∆𝑥𝑘 𝑥𝑘 aval
(∆𝑥 )𝐵𝐴 𝑙ℎ
Figure 9.10 : Schéma pour l’estimation de l’effet du fuselage et des nacelles sur la position du foyer
La valeur donnée est en degré-1. Le gradient de l’angle induit 𝜕𝜀̅⁄𝜕𝛼 est évalué de la façon suivante :
- En aval des ailes il est donné par :
𝜕𝜀̅ 𝜕𝜀 𝑥𝑘
| = (1 − ) (37)
𝜕𝛼 𝑘 𝜕𝛼 𝑙𝐻
182
M. Yahyaoui Aérodynamique de l’avion
𝜕𝜀̅
𝜕𝛼
Figure 9.11 : Graphe pour l’estimation du gradient du vent ascendant en amont des ailes.
′
𝐺
(𝐶𝑚𝐹 ) = 𝐸𝐶𝑚 𝑎𝑐
− ( 𝑎0 𝐴 𝑡𝑎𝑛 𝛬𝐹 ) 𝜃 (39)
𝑎 𝐸
• 𝐶𝑚
′
𝑎𝑐
est le coefficient du moment au foyer du profil des ailes.
• 𝑎0 est le gradient de portance du profil des ailes.
• 𝛬𝐹 est l’angle de la flèche de la ligne passant par les foyers des sections de l’aile.
• 𝜃 l’angle de vrillage total en degrés, qui est en général négatif.
183
M. Yahyaoui Aérodynamique de l’avion
- La contribution de la flèche au moment au foyer d’une aile vrillée est positive lorsque le vrillage est négatif.
Il est donc possible d’obtenir un 𝐶𝑚𝑎𝑐 positif pour un avion sans empennage horizontal et dont le profil est
à simple courbure positive, surtout si ce dernier n’a pas une grande cambrure (NACA 1412 par exemple)
et donc son propre coefficient au foyer n’est pas trop négatif.
- L’équation (39) étant valable uniquement en régime incompressible, pour des Mach supérieurs à 0.3, un
coefficient de correction associé à l’effet de la compressibilité est nécessaire. La loi empirique suivante
(développée par Dr. Mondher Yahyaoui) peut être utilisée :
𝐶𝑚 𝐹 = 𝐾𝑀 (𝐶𝑚 𝐹 )
𝑖𝑛𝑐𝑜𝑚𝑝
184
M. Yahyaoui Aérodynamique de l’avion
où 𝐶𝐷 𝑜𝑛𝑑𝑒,0 est le coefficient de la traînée d’onde à portance nulle et celui-ci peut être inclus dans le coefficient de
traînée parasite global de l’avion. Le terme 𝑘𝐶𝐿2 est le coefficient de la traînée d’onde dû à la portance et peut être
inclus dans le dernier terme de l’équation (40) en admettant une valeur de e légèrement moins importante.
1. Les différentes formes de traînée
Il existe plusieurs formes et donc plusieurs désignations de la traînée. Pour éviter toute confusion et aider à la
rétention de la terminologie, on donne la liste suivante qui englobe les formes les plus courantes :
▪ Traînée de frottement ou de friction : la force due aux contraintes de cisaillement sur la surface mouillée
⃗∞ .
d’un objet plongé dans un écoulement, intégrées suivant le sens de 𝑉
▪ Traînée de forme (ou de pression) : la force due à la répartition de la pression statique sur la surface mouillée
⃗∞ .
d’un objet, intégrée suivant 𝑉
▪ Traînée de profil : la somme de sa traînée de frottement et sa traînée de forme.
▪ Traînée induite : comme vu précédemment, elle est due au vent descendant, engendré par les tourbillons
marginaux et par la nappe de tourbillons libres.
▪ Traînée parasite : elle est représentée par le coefficient 𝐶𝐷 0 qui est la partie du coefficient de traînée qui ne
dépend pas du coefficient de portance.
▪ Traînée d’interférence : c’est l’incrément de traînée qui résulte de l’assemblage des éléments de la cellule
d’un avion. La traînée d’un assemblage des ailes et du fuselage sera en général supérieure à la somme de la
traînée des ailes et de celle du fuselage, séparées. L’excès de traînée est dû à l’interférence aérodynamique
des écoulements sur les ailes et sur le fuselage.
▪ Traînée d’onde : c’est la traînée de pression associée à la différence de pression entre l’après et l’avant d’une
onde de choc. Cette forme de traînée se manifeste en transsonique et en supersonique.
▪ Traînée de stabilisation (trim drag) : traînée qui résulte des forces nécessaires pour stabiliser l’avion autour
de son centre de gravité. Elle est associée à la traînée de forme et la traînée induite des empennages et de
leurs gouvernes.
▪ Traînée de refroidissement : cette forme de traînée concerne les avions à hélices et provient du
refroidissement du moteur à pistons par air. Elle résulte de deux effets : la déviation du flux d’air de
185
M. Yahyaoui Aérodynamique de l’avion
refroidissement entre l’entrée, du côté de l’hélice, et la sortie par les volets de capot et la perte de quantité de
mouvement que subit ce flux (malgré la quantité de chaleur qu’il reçoit) entre l’entrée et la sortie.
Capot moteur
Volet de capot
Déviation du flux d’air de refroidissement
D’autres formes de traînée telles que la traînée d’un réacteur en panne ou celle d’une hélice mise en drapeau…
peuvent être comptabilisées dans la traînée parasite d’un avion.
2. Estimation de la traînée parasite d’un avion subsonique
Le coefficient de traînée parasite peut être décomposé de la manière suivante :
𝑆𝑚
𝐶𝐷0 = (∑ 𝐶𝐷𝑓 𝐾𝑒 𝐾𝑀 ) + 𝐶𝐷𝑐𝑢𝑙𝑜𝑡 + 𝐶𝐷𝑑𝑖𝑣𝑒𝑟𝑠 + 𝐶𝐷𝑜𝑛𝑑𝑒 (43)
𝑆 𝑛𝑎𝑐𝑒𝑙𝑙𝑒
• Le premier terme du second membre de l’équation (43) représente la traînée de frottement des éléments
principaux de la cellule de l’avion qui sont le fuselage, les ailes, les empennages, les nacelles, les mâts des
moteurs, etc. Dans ce terme 𝐶𝐷𝑓 est le coefficient de traînée de frottement d’une plaque plane à zéro incidence
au même nombre de Reynolds que l’élément en question. Ce coefficient est donné par différentes lois, suivant
la nature de l’écoulement dans la couche limite :
• Toute la couche limite est laminaire :
1.328
𝐶𝐷𝑓 = 𝑅𝑒𝐿 ≤ 5 × 105 (44)
√𝑅𝑒𝐿
• Toute la couche limite est turbulente :
Loi de Blasius :
0.074
𝐶𝐷𝑓 = 1/5 𝑠𝑖 5 × 105 < 𝑅𝑒𝐿 107 (45)
𝑅𝑒𝐿
Ou la loi de Prandtl-Schlichting :
0.455
𝐶𝐷𝑓 = 2.58 𝑅𝑒𝐿 ≤ 109 (46)
[𝑙𝑜𝑔10 (𝑅𝑒𝐿 )]
• La couche limite est laminaire du côté du bord d’attaque puis devient turbulente :
0.455 1614
𝐶𝐷𝑓 = 2.58 − (47)
[𝑙𝑜𝑔10 (𝑅𝑒𝐿 )] 𝑅𝑒𝐿
Cette équation suppose que le nombre de Reynolds critique est de 5 × 105, qui es bien la valeur utilisée en
aéronautique.
• Le second terme du second membre de l’équation (43) représente la traînée de culot associée avec la nacelle.
Elle provient du fait que la plupart de turboréacteurs à double flux maintiennent un écart entre le diamètre de
la nacelle et celui de la tuyère (𝛿). Cet écart est de l’ordre de 15cm.
186
M. Yahyaoui Aérodynamique de l’avion
L’écoulement décolle au niveau de cet anneau et crée une traînée de culot. Le coefficient de traînée associé
avec cette zone est estimé à 0.2. Alors :
Nacelle
Tuyère
𝛿
• La partie de 𝐶𝐷0 dénotée par 𝐶𝐷𝑑𝑖𝑣𝑒𝑟𝑠 peut inclure la traînée due aux volets, la traînée d’un train d’atterrissage
déployé ou complètement non escamotable, la traînée associée avec le balayage vers le haut de la queue du
fuselage, la traînée due aux spoilers et aérofreins, etc.
a. Le fuselage et la nacelle
Le coefficient de traînée parasite du fuselage peut être estimé par l’équation :
𝑆𝑚
𝐶𝐷0 = 𝐶𝐷𝑓 𝐾𝐿𝐷 𝐾𝑀 (50)
𝑓 𝑆
Où :
• 𝐶𝐷𝑓 est donné par une des équations (44) à (47) avec le nombre de Reynolds basé sur la dimension dans la
direction du vol.
• 𝑆𝑚 est la surface mouillée du fuselage ou de la nacelle.
• 𝑆 est la surface de référence qui est la surface alaire.
• Le coefficient 𝐾𝐿𝐷 est fonction du rapport du diamètre moyen du fuselage à son longueur :
60 𝐿 ⁄𝐷
𝐾𝐿𝐷 = 1 + + (51)
(𝐿/𝐷)3 400
où 𝐿 est la longueur du fuselage et 𝐷 est son diamètre maximal. Si la section du le fuselage n’est pas circulaire,
il faut utiliser le diamètre équivalent :
𝐷 = √(4⁄𝜋)𝐴𝑚𝑎𝑥 (52)
où 𝐴𝑚𝑎𝑥 est la surface maximale des sections du fuselage.
Pour les nacelles, le coefficient 𝐾𝐿𝐷 est estimé à l’aide de l’équation :
0.35
𝐾𝐿𝐷 = 1 + (53)
𝐿 ⁄𝐷
• Le coefficient 𝐾𝑀 tient compte des effets de la compressibilité. Il peut être estimé à l’aide de la relation :
𝐾𝑀 = 1 − 0.08𝑀1.45 (54)
b. Les ailes, les empennages, les mâts moteurs et les caches profilés des trains d’atterrissage
Du fait de la ressemblance des formes de ces éléments de la cellule de l’avion, leurs coefficients de traînée parasite
peuvent être estimés à l’aide d’une même équation :
187
M. Yahyaoui Aérodynamique de l’avion
0.4
𝑆𝑚 𝐶𝑑𝑚𝑖𝑛
𝐶𝐷0 = 𝐶𝐷𝑓 𝐾𝑒 𝐾𝑀 ( ) (55)
𝑆 0.004
où 𝐶𝐷𝑓 est donné par une des équations (44) à (47) avec le nombre de Reynolds basé sur la corde aérodynamique
moyenne et 𝐶𝑑𝑚𝑖𝑛 est le coefficient de traînée minimale de la section.
Le coefficient 𝐾𝑒 est fonction de l’épaisseur maximale relative de la section :
0.6 4
𝐾𝑒 = 1 + 𝑒̅ + 100𝑒̅𝑚𝑎𝑥 (56)
𝑥̅ 𝑒𝑚𝑎𝑥 𝑚𝑎𝑥
Et le coefficient 𝐾𝑀 dépend du nombre de Mach mais aussi de la flèche à l’abscisse sur la corde de l’épaisseur
maximale relative :
0.28
𝐾𝑀 = 1.34𝑀0.18 (𝑐𝑜𝑠 𝛬𝑒𝑚𝑎𝑥 ) (57)
La surface mouillée (𝑆𝑚 ) dépend de la surface exposée (𝑆𝑒 ). Pour les ailes par exemple, la surface exposée doit
exclure la partie des ailes contenue dans le fuselage. Elle est augmentée de 0.2𝑒̅𝑚𝑎𝑥 pour tenir compte de la
courbure de l’intrados et de l’extrados puis le tout est doublé pour tenir compte des deux faces des ailes.
𝑆𝑚 = 2(1 + 0.2𝑒̅𝑚𝑎𝑥 )𝑆𝑒 (58)
𝑆𝑒
Des valeurs types du coefficient de traînée parasite sont données dans Tableau I. Le coefficient d’Oswald est donné
sur le même tableau.
Tableau 1 : Valeurs usuelles du coefficient de traînée parasite et du coefficient d’Oswald des avions
3. Effet du sol
Pendant le décollage et l’atterrissage, la proximité des ailes du sol empêche le développement complet des
tourbillons marginaux et les rend plus faibles (Figure 9.17). Le vent induit diminue et l’angle d’incidence effectif
augmente. Il en résulte une augmentation de 𝐶𝐿 et une diminution de 𝐶𝐷 𝑖 .
188
M. Yahyaoui Aérodynamique de l’avion
L’effet du sol commence à être ressenti à partir d’une distance égale à la moitié de l’envergure. Une diminution
importante du 𝐶𝐷𝑖 des ailes seulement a lieu lorsque les ailes sont très proches du sol. Cette diminution est mesurée
par le coefficient 𝐾𝑆 dans l’équation suivante :
𝐶𝐿2
𝐶𝐷𝑖 = 𝐾𝑆 (59)
𝜋𝑒̂ 𝐴
où 𝑒̂ le coefficient d’efficacité de l’envergure.
Le coefficient 𝐾𝑆 peut aussi être déterminé à l’aide de l’équation :
(16ℎ/𝑏)2
𝐾𝑆 = (60)
1 + (16ℎ/𝑏)2
Pour déterminer l’effet du sol sur l’équation de la polaire de l’avion, on doit isoler la traînée induite de la voilure
puis prendre en considération la diminution de cette traînée dans l’effet du sol :
𝐶𝐿2 𝐶𝐿2
𝐶𝐷 = 𝐶𝐷0 + = 𝐶𝐷0 + 𝑘𝐶𝐿2 +
𝜋𝑒𝐴 𝜋𝑒̂ 𝐴
De cette égalité on :
1 1 1
𝑘= ( − )
𝜋𝐴 𝑒 𝑒̂
Alors dans l’effet du sol on a :
𝐾𝑆
𝐶𝐷 = 𝐶𝐷0 + (𝑘 + ) 𝐶2 (61)
𝜋𝑒̂ 𝐴 𝐿
La résolution de l’effet du sol ci-dessus exige la connaissance du coefficient d’efficacité de l’envergure des ailes
aussi bien que le coefficient d’Oswald de l’avion. Le 𝐶𝐷0 de l’équation (61) doit inclure l’incrément de traînée
parasite dû au braquage des volets et au déploiement du train d’atterrissage lorsque ce dernier est escamotable.
L’augmentation du coefficient de traînée parasite due au train d’atterrissage peut être approximée par :
𝑚𝑔
∆𝐶𝐷0 = 𝐾 𝑚−0.215 (62)
𝑆 𝐿𝐺
où 𝑚 est la masse maximale de l’avion. Le coefficient 𝐾𝐿𝐺 dépend de l’angle de braquage des volets. On admettra
les valeurs :
5.81 × 10−5 𝑧é𝑟𝑜 𝑏𝑟𝑎𝑞𝑢𝑎𝑔𝑒
𝐾𝐿𝐺 = {
3.15 × 10−5 à 𝑏𝑟𝑎𝑞𝑢𝑎𝑔𝑒 𝑚𝑎𝑥𝑖𝑚𝑎𝑙
Ces valeurs ne sont qu’approximatives puis qu’elles sont obtenues par corrélation pour un certain nombre de
transporteurs civiles.
La dépendance du coefficient 𝐾𝐿𝐺 de l’angle de braquage des volets s’explique par l’effet ce braquage sur la vitesse
de l’air sur l’intrados des ailes. Cette dernière est moins importante lorsque les volets sont braqués.
▪ L’effet du sol diminue aussi le vent induit au niveau de l’empennage horizontal si ce dernier est monté
bas. Cela donne une tendance à piquer.
189
M. Yahyaoui Aérodynamique de l’avion
𝐶𝐿 𝐷
𝛼 𝑉
( 𝐶𝐿 𝛼 ) (𝛼𝛿 )𝐶𝐿
𝑀
𝐶𝐿𝛿 = 𝐾𝑏 𝐶𝑙 𝛿 [ ][ ] (65)
( 𝐶𝑙 𝛼 ) (𝛼𝛿 )𝐶𝑙
𝑀
190
M. Yahyaoui Aérodynamique de l’avion
𝜂 = 𝑦 ⁄(𝑏 ⁄2)
Figure 9.19 : Coefficient associé au rapport de l’envergure de la surface mobile à celle de la surface principale.
• 𝐶𝑙𝛿 représente le changement du coefficient de portance local par effet de la surface mobile de bord de fuite :
𝐶𝑙 𝛿
𝐶𝑙 𝛿 = 𝐾′ [ ] (𝐶𝑙 𝛿 ) (66)
(𝐶𝑙 𝛿 ) 𝑡ℎ
𝑡ℎ
191
M. Yahyaoui Aérodynamique de l’avion
𝑐𝑓
𝐾′
𝛿, (°)
Figure 9.20 : Correction empirique de l’efficacité d’un volet de courbure à angle de braquage important.
Le quotient 𝐶𝑙𝛿 ⁄(𝐶𝑙𝛿 ) représente une correction empirique de l’effet des volets de courbure sur le coefficient de
𝑡ℎ
portance local des sections. Il peut être déterminé à partir de Figure 9.21.
Figure 9.21 : Correction empirique de l’effet des volets de courbure sur le coefficient de portance des profils.
Le paramètre (𝐶𝑙𝛿 ) représente l’effet des volets de courbure sur le coefficient de portance des profils. En régime
𝑡ℎ
incompressible, ce paramètre peut être déterminé à partir de Figure 9.22. On peut aussi utiliser l’équation provenant
de la théorie des profils minces :
𝐶𝑙 𝛿 = 2(𝜋 − 𝜃ℎ + 𝑠𝑖𝑛 𝜃ℎ ) (67)
où 𝜃ℎ :
192
M. Yahyaoui Aérodynamique de l’avion
Figure 9.22 : Efficacité des volets de courbure de bord de fuite représentée par 𝐶𝑙𝛿 = 𝜕𝐶𝑙 ⁄𝜕𝛿 .
• Le quotient (𝛼𝛿𝑓 ) ⁄(𝛼𝛿𝑓 ) de l’équation (65) est le rapport du paramètre tridimensionnel d’efficacité
𝐶𝐿 𝐶𝑙
des volets au rapport du paramètre bidimensionnel d’efficacité des volets. Il peut être déterminé à partir de
Figure 9.23.
193
M. Yahyaoui Aérodynamique de l’avion
Allongement géométrique, 𝐴
Figure 9.23 : Correction reliant l’effet tridimensionnel des volets à l’effet local au niveau des sections.
20
𝛿𝑓 = 0
15
𝛿𝑓 = 5°
𝐶𝐿 ⁄𝐶𝐷
15°
10 25°
40°
5
194
M. Yahyaoui Aérodynamique de l’avion
Exercices
Ligne 𝑐/4
Profil :
𝑒̅𝑚𝑎𝑥 = 0.15
𝑥̅ 𝑒𝑚𝑎𝑥
̅ = 0.25
𝐶𝐷 𝑚𝑖𝑛 = 0.006
𝑎0 = 0.96(2𝜋)/𝑟𝑎𝑑
Ailes : 𝑐0
b = 10 m C.G.
𝑐0 = 2 m
𝜆 = 0.5
𝑐𝑓 ⁄𝑐 = 0.25
4.5 m
𝑏𝑓 ⁄𝑏 = 0.7
Empennage :
𝑏ℎ = 3.6 m
𝐴ℎ = 4
𝑎0 = 0.93(2𝜋)/𝑟𝑎𝑑 𝑙𝑓 = 9.6 m
1.4m
Cylindrique
195
M. Yahyaoui Aérodynamique supersonique
I. Équations de base
1. Équations d’un écoulement mono dimensionnel
On considère un écoulement mono dimensionnel, compressible, non visqueux, adiabatique et stationnaire. Un tel
écoulement est régi par les équations :
𝜌1 𝑢1 = 𝜌2 𝑢2 (1)
𝑝1 + 𝜌1 𝑢12 = 𝑝2 + 𝜌2 𝑢22 (2)
𝑢12 𝑢22
ℎ1 + = ℎ2 + (3)
2 2
Volume de contrôle
𝑢
⃗1 𝑢
⃗2
𝑝1 , 𝜌1 𝑝2 , 𝜌2
Choc droit
𝛾+1 1 2 (1⁄𝑀 )2 1
( ∗) = +
2 (𝛾 − 1 ) 𝑀 𝛾−1 2
On résout pour 𝑀2 en fonction de 𝑀∗ 2 :
2
𝑀2 = (7)
𝛾+1
− (𝛾 − 1)
𝑀∗ 2
La relation inverse est :
(𝛾 + 1)𝑀 2
𝑀∗ 2 = (8)
2 + (𝛾 − 1)𝑀 2
L’équation (8) sera le « pont » qui permettra de lier les propriétés de l’air derrière un choc droit à celle d’avant.
On note que :
• 𝑀∗ = 1 ⟺ 𝑀 = 1
• 𝑀∗ < 1 ⟺ 𝑀 < 1
• 𝑀∗ > 1 ⟺ 𝑀 > 1
• lim 𝑀∗ = √(𝛾 + 1)⁄(𝛾 − 1)
𝑀→∞
Choc incurvé
𝑀>1
𝑀<1
𝑀∞ < 1 𝑀∞ > 1
𝑀>1
Point d’arrêt
Figure 10.2 : Condition d'existence d'une onde de choc : le Mach avant le choc doit être >1
197
M. Yahyaoui Aérodynamique supersonique
L’onde de choc est une couche mince, de l’ordre de 10−4 𝑚𝑚 dans l’air ambiant. L’écoulement à travers d’une
onde de choc est une transformation non isentropique (en vue des frottements importants au niveau de l’onde)
caractérisée par :
- Une augmentation de la pression, température et masse volumique statiques du gaz (𝑝, 𝑇, 𝜌 ↗).
- Une augmentation de la vitesse du son (puisque la température statique augmente).
- Une diminution du nombre de Mach et de la vitesse.
- Une diminution de la pression totale (𝑝0 ).
- La température totale reste constante (𝑇0 ).
2. Le choc droit
Un choc droit est, par définition perpendiculaire à la direction de l’écoulement. Il est caractérisé par le fait que le
nombre de Mach derrière le choc est toujours subsonique (𝑀2 < 1). Il se produit lorsqu’un écoulement
supersonique, sans changer de direction, s’affronte à un gradient de pression plus fort que ce qu’il faut pour avoir
un écoulement sans choc. Un exemple de choc droit est celui qui se produit sur un profil subsonique (à bord
d’attaque arrondi) lorsqu’il est en régime transsonique (à nombres de Mach supérieurs au Mach limite et inférieurs
à 1) :
𝑀∞ < 1 𝑢
⃗
1 2
L’écoulement à travers le choc droit est supposé adiabatique, non visqueux et stationnaire. Il est alors régi par les
équations (1)-(3). On suppose que les propriétés de l’écoulement avant le choc sont connues et on détermine les
propriétés en aval. Pour un gaz qui est thermiquement parfait (𝐶𝑝 et 𝐶𝑣 sont fonctions de la température), il n’y a
pas de solutions analytiques alors que pour un gaz qui est calorifiquement parfait, des solutions analytiques existent
et seront détaillées ci-dessous.
On divise l’équation (2) par équation (1) :
𝑝1 𝑝2
+ 𝑢1 = + 𝑢2
𝜌1 𝑢1 𝜌2 𝑢2
𝑝1 𝑝2
− = 𝑢2 − 𝑢1
𝜌1 𝑢1 𝜌2 𝑢2
Or la vitesse du son est donnée par :
𝑝
𝑎2 = 𝛾𝑅𝑇 = 𝛾
𝜌
Alors :
𝑎12 𝑎22
− = 𝑢2 − 𝑢1 (9)
𝛾𝑢1 𝛾𝑢2
A partir de l’équation (6) on peut tirer les relations suivantes :
𝛾 + 1 ∗2 𝛾 − 1 2
𝑎12 = 𝑎 − 𝑢1
2 2
𝛾 + 1 ∗2 𝛾 − 1 2
𝑎22 = 𝑎 − 𝑢2
2 2
L’écoulement étant adiabatique, 𝑎∗ est conservé entre la zone 1 d’avant et la zone 2 derrière le choc (Figure 10.3).
198
M. Yahyaoui Aérodynamique supersonique
𝑝2 𝛾𝑢12 𝑢2 𝛾𝑢12 𝑢2
= 1 + 𝑝 (1 − ) = 1 + 2 (1 − )
𝑝1 𝛾𝜌 1 𝑢1 𝑎1 𝑢1
1
On remplace le rapport 𝑢2 ⁄𝑢1 , donné par l’équation (14), dans l’équation précédente :
𝑝2 2 + (𝛾 − 1)𝑀12
= 1 + 𝛾𝑀12 [1 − ]
𝑝1 (𝛾 + 1)𝑀12
𝑝2 2𝛾
= 1+ (𝑀 2 − 1 ) (15)
𝑝1 𝛾+1 1
Le rapport des températures statiques est obtenu directement à partir des équations (13) et (15) :
𝑝2
𝑇2 ⁄𝑅𝜌 𝑝2 𝜌1
2
=𝑝 =
𝑇1 1
⁄𝑅𝜌 𝑝1 𝜌2
1
𝑇2 2𝛾 2 + (𝛾 − 1)𝑀12
= [1 + (𝑀12 − 1)] [ ] (16)
𝑇1 𝛾+1 (𝛾 + 1)𝑀12
Remarque :
- Les équations (12)-(16) sont valables pour l’air jusqu’à 𝑀1 = 5. Au-delà de cette valeur, la température
derrière le choc devient élevée au point que 𝛾 ne peut plus être considéré constant.
- Les limites suivantes, bien que 𝑀1 soit limité à 5, donne une indication sur la valeur en dessous de laquelle 𝑀2
ne descend jamais et la valeur que le rapport des masses volumiques ne peut jamais dépasser. De telles valeurs
peuvent être utiles dans la vérification des calculs :
𝛾−1 𝛾+1
𝑙𝑖𝑚 𝑀2 = √ = 0.378, 𝑙𝑖𝑚 𝜌2 ⁄𝜌1 = =6
𝑀1 ⟶∞ 2𝛾 𝑀1 ⟶∞ 𝛾−1
𝑙𝑖𝑚 𝑝2 ⁄𝑝1 = ∞, 𝑙𝑖𝑚 𝑇2 ⁄𝑇1 = ∞
𝑀1 ⟶∞ 𝑀1 ⟶∞
Mais le taux d’augmentation de la pression statique avec 𝑀1 est plus important que celui de la température :
𝑴𝟏 2 3 5
- Pour 𝑀1 = 1 on a :
𝑀2 = 1 ; 𝜌2 ⁄𝜌1 = 1 ; 𝑝2 ⁄𝑝1 = 1 ; 𝑇2 ⁄𝑇1 = 1
C’est le cas d’un choc infiniment faible, l’onde de Mach.
- 𝑀1 > 1 est une condition nécessaire pour l’existence d’une onde de choc mais les équations (12)-(16) sont
mathématiquement valables pour 𝑀1 > 1 aussi bien que pour 𝑀1 < 1. On démontrera ci-dessous que ces
équations ne sont physiquement valables que pour 𝑀1 > 1 en appliquant le second principe de la
thermodynamique :
𝛿𝑞𝑟𝑒𝑣 = 𝑇𝑑𝑠
Et le premier principe de la thermodynamique :
𝑑𝑒 = 𝛿𝑞 − 𝑝𝑑𝑣
= 𝑇𝑑𝑠 − 𝑝𝑑𝑣
Où 𝑒 est l’énergie spécifique interne.
𝑇𝑑𝑠 = 𝑑𝑒 + 𝑝𝑑𝑣
On rappelle la définition de l’enthalpie statique spécifique :
ℎ = 𝑒 + 𝑝𝑣
200
M. Yahyaoui Aérodynamique supersonique
⟹ 𝑑𝑒 + 𝑝𝑑𝑣 = 𝑑ℎ − 𝑣𝑑𝑝
𝑇𝑑𝑠 = 𝑑ℎ − 𝑣𝑑𝑝
𝑑ℎ 𝑑𝑝
𝑑𝑠 = −𝑣
𝑇 𝑇
𝑑ℎ 𝑑𝑝
= −
𝑇 𝜌𝑇
𝑑ℎ 𝑑𝑝 𝑑𝑇 𝑑𝑝
𝑑𝑠 = −𝑅 = 𝐶𝑝 −𝑅
𝑇 𝜌𝑅𝑇 𝑇 𝑝
On intègre cette équation entre deux points quelconques, un avant le choc et l’autre en aval :
𝑇2 𝑝2
𝑑𝑇 𝑑𝑝
𝑠2 − 𝑠1 = 𝐶𝑝 ∫ −𝑅∫
𝑇1 𝑇 𝑝1 𝑝
𝑇2 𝑝2
𝑠2 − 𝑠1 = 𝐶𝑝 𝑙𝑛 ( ) − 𝑅𝑙𝑛 ( ) (17)
𝑇1 𝑝1
2𝛾 (𝛾 + 1)𝑀12 2𝛾
𝑠2 − 𝑠1 = 𝐶𝑝 𝑙𝑛 {[1 + (𝑀12 − 1)] [ ]} − 𝑅𝑙𝑛 [1 + (𝑀 2 − 1)]
𝛾+1 2 + (𝛾 − 1)𝑀12
𝛾+1 1
D’après cette dernière équation on a :
• Si 𝑀1 = 1 ⟹ 𝑠2 − 𝑠1 = 0, il n’y a pas de choc et l’écoulement est isentropique.
• Si 𝑀1 < 1 ⟹ 𝑠2 − 𝑠1 < 0, ce qui est impossible puisque l’entropie ne diminue pas lors d’une
transformation adiabatique.
• Si 𝑀1 > 1 ⟹ 𝑠2 − 𝑠1 > 0, résultat important qui dit que l’écoulement à travers une onde de choc n’est
pas isentropique. Il y a dissipation importante d’énergie au niveau de l’onde de choc.
Le cas de 𝑀1 ≥ 1 est physiquement possible.
Du fait que l’enthalpie totale est conservée on a directement :
𝑇02 = 𝑇01 (18)
Si on considère les états d’arrêt d’avant et de derrière le choc, l’équation (17) devient :
𝑇02 𝑝0 𝑝0
𝑠2 − 𝑠1 = 𝐶𝑝 𝑙𝑛 ( ) − 𝑅𝑙𝑛 ( 2 ) = −𝑅𝑙𝑛 ( 2 )
𝑇01 𝑝01 𝑝01
𝜇
⃗‖<𝑎
‖𝑉 ⃗‖>𝑎
‖𝑉
𝐴 𝐴
𝐵
𝐵
Figure 10.4 : Déplacement d'un point source sonore relativement aux ondes sonores qu'il émet.
201
M. Yahyaoui Aérodynamique supersonique
▪ Si ‖𝑉⃗ ‖ < 𝑎 (le point source a une vitesse subsonique) : le point source, étant moins rapide que le son, reste
à l’intérieur des ondes sonores sphériques qu’il émet. Le son précède l’objet ce qui explique pourquoi, loin
du bruit de la ville, on peut parfois entendre un avion subsonique avant de le voir.
▪ Si ‖𝑉⃗ ‖ > 𝑎 (le point source a une vitesse supersonique) : le point source, étant plus rapide que le son, reste
à l’extérieur des ondes qui traînent derrière.
On définit l’angle 𝜇 par :
𝜇 = 𝑠𝑖𝑛−1 (𝐴𝐶 ⁄𝐴𝐵)
Or 𝐴𝐶 = 𝑎𝑡 et A𝐵 = 𝑉𝑡. Il s’ensuit que :
𝑎𝑡 1 1
𝜇 = 𝑠𝑖𝑛−1 = 𝑠𝑖𝑛−1 = 𝑠𝑖𝑛−1
𝑉𝑡 𝑉 ⁄𝑎 𝑀
1
𝜇 = 𝑠𝑖𝑛−1 (20)
𝑀
Du fait que l’angle μ est indépendant du temps on peut déduire que toutes les ondes sphériques sont toutes
tangentes à un même cône, appelé cône de Mach. Ce cône a un angle au sommet égal à 2𝜇.
L’angle 𝜇 est appelé angle de Mach. C’est un angle d’une grande importance en aérodynamique supersonique.
Les faibles perturbations d’un écoulement supersonique sont limitées à un cône d’angle au sommet égal à 2𝜇,
c’est-dire à un cône de Mach.
2. Les équations des chocs obliques
Un choc oblique se produit lorsqu’un écoulement supersonique est dévié de façon qu’il occupe moins d’espace à
partir de la déviation. A partir du point de déviation, le demi-plan est diminué du secteur angulaire d’angle 𝜃
(l’angle de déviation de l’écoulement). Un exemple de choc oblique est le choc crée par un coin concave (Figure
10.5-(a)) ou par un dièdre/un biseau (Figure 10.5-(b)).
Choc oblique
𝛽
𝛽
𝑀2 > 1 𝑀1 > 1 𝜃
𝑀1 > 1
𝜃
Choc oblique
(a) Choc en un coin concave. (b) Choc crée par un dièdre.
Figure 10.6. Chocs et détentes sur un profil losangique visualisés par le système optique Schlieren.
202
M. Yahyaoui Aérodynamique supersonique
𝛽
𝜇 𝑢
⃗1 𝑢
⃗2
𝑀1 > 1 𝜃
𝑢𝑡2 𝑢𝑛2 Volume de
𝑢
⃗1 contrôle
𝑢
⃗2
𝜃
𝑢𝑛1 𝑢𝑡 1
On rappelle les équations de conservation de la masse et de la quantité de mouvement sur un volume de contrôle 𝑉
enfermée par une surface 𝑆 :
𝜕
∭ 𝜌𝑑𝑉 = − ∬ 𝜌𝑢
⃗ ∙ 𝑛⃗𝑑𝑉
𝜕𝑡
𝑉 𝑆
𝜕
⃗ )𝑑𝑉 + ∬ 𝜌𝑢
∭(𝜌𝑢 ⃗ (𝑢
⃗ ∙ 𝑛⃗)𝑑𝑉 = − ∬ 𝑝𝑛⃗𝑑𝑉 + ∭ 𝜌𝑓𝑑𝑉
𝜕𝑡
𝑉 𝑆 𝑆 𝑉
Si on applique ces lois au volume de contrôle de Figure 10.7, on obtiendra les équations suivantes :
𝜌1 𝑢𝑛 1 = 𝜌2 𝑢𝑛 2 (21)
𝑝1 + 𝜌1 𝑢𝑛 12 = 𝑝2 + 𝜌2 𝑢𝑛 22 (22)
De même on aura aussi la relation :
𝑢𝑡 1 = 𝑢𝑡 2 (23)
L’équation de l’énergie prendra aussi la forme suivante :
𝑢𝑛 12 𝑢𝑛 2
ℎ1 + = ℎ2 + 2 (24)
2 2
Les équations (21)-(22) et (24) ont les mêmes formes générales que les équations (1)-(3) qui régissent l’écoulement
à travers un choc droit. On peut donc déduire que les variations des propriétés de l’écoulement à travers un choc
oblique sont déterminées par la composante de la vitesse qui est orthogonale à l’onde. En plus, ces changements
seront donnés par des équations semblables à celles qui gouvernent le choc droit avec 𝑀1 remplacé par 𝑀𝑛 1 :
𝑀𝑛 1 = 𝑀1 𝑠𝑖𝑛 𝛽 (25)
𝜌2 (𝛾 + 1)𝑀𝑛 12
= (26)
𝜌1 2 + (𝛾 − 1)𝑀𝑛12
𝑝2 2𝛾
= 1+ (𝑀 2 − 1) (27)
𝑝1 𝛾 + 1 𝑛1
2 + (𝛾 − 1)𝑀𝑛 12
𝑀𝑛 22 = (28)
2𝛾𝑀𝑛12 − (𝛾 − 1)
Le nombre de Mach en aval du choc est :
𝑀𝑛 2
𝑀2 = (29)
𝑠𝑖𝑛 𝛽 − 𝜃)
(
Dans les équations précédentes, l’angle de choc 𝛽 reste jusque là inconnu. Pour le déterminer, on considère les
relations suivantes :
𝑢𝑛
𝑡𝑔 𝛽 = 1
𝑢𝑡 1
203
M. Yahyaoui Aérodynamique supersonique
𝑢𝑛 2
𝑡𝑔(𝛽 − 𝜃) =
𝑢𝑡 2
𝑡𝑔(𝛽 − 𝜃) 𝑢𝑛 2 𝑢𝑡 1
=
𝑡𝑔 𝛽 𝑢𝑛 1 𝑢𝑡 2
Or :
𝑢𝑡 1 = 𝑢𝑡 2
𝑡𝑔(𝛽 − 𝜃) 𝑢𝑛 2 𝜌1 𝜌2 𝑢𝑛 2 𝜌1 2 + (𝛾 − 1)𝑀𝑛 12
= = = =
𝑡𝑔 𝛽 𝑢𝑛 1 𝜌2 𝜌1 𝑢𝑛 1 𝜌2 (𝛾 + 1)𝑀𝑛12
𝑡𝑔(𝛽 − 𝜃) 2 + (𝛾 − 1)𝑀12 𝑠𝑖𝑛2 𝛽
=
𝑡𝑔 𝛽 (𝛾 + 1)𝑀12 𝑠𝑖𝑛2 𝛽
Cette équation peut être transformée à la forme suivante :
𝑀12 𝑠𝑖𝑛2 𝛽 − 1
𝑡𝑔 𝜃 = 2 2( 𝑐𝑜𝑡𝑔 𝛽 (30)
𝑀1 𝛾 + 𝑐𝑜𝑠 2𝛽 ) + 2
L’équation (30) est appelée la relation θ-β-M. C’est une équation algébrique non linéaire dont les solutions peuvent
être obtenues par les méthodes d’analyse numérique.
On représente sur Figure 10.8 les solutions correspondant à 𝑀1 donné en faisant varier l’angle de déviation 𝜃.
Comme indiqué sur cette figure, on peut noter que :
- Pour 𝑀1 donné, il existe un angle de déviation maximum (𝜃𝑚𝑎𝑥 ), au-delà duquel l’équation (30) n’admet
pas de solution. Le choc oblique se détache et devient incurvé.
- Pour 𝑀1 donné, et pour chaque angle de déviation 𝜃 inférieur à 𝜃𝑚𝑎𝑥 , il existe deux valeurs possibles pour
l’angle du choc (𝛽). La plus grande valeur de 𝛽 correspond au choc fort et l’autre au choc dit faible. C’est
ce dernier qui se produit naturellement (en vol d’avions supersoniques). Le choc de grand 𝛽 ne peut se
produire que si on augmente artificiellement la pression derrière le choc.
- Lorsque l’angle de déviation tend vers zéro, le choc dégénère en une onde de Mach. L’onde de Mach est
donc est la limite lorsqu’un choc oblique devient infiniment faible.
𝛽
𝑖𝑠𝑜 − 𝑀1 Choc oblique 𝛽
90°
𝜇 (𝑀1 )
𝑀1 > 1
𝜃0 𝜃𝑚𝑎𝑥 𝜃 𝜃 > 𝜃𝑚𝑎𝑥
204
M. Yahyaoui Aérodynamique supersonique
Une onde de détente est formée d’une infinité d’ondes de Mach, limitées en amont par l’onde qui fait l’angle 𝜇1
avec la direction initiale de l’écoulement et en aval par celle qui fait l’angle 𝜇2 avec la direction finale de
l’écoulement.
Le passage à travers d’une onde de détente est une transformation isentropique telle que :
- Le nombre de Mach augmente (𝑀 ↗).
- La pression et la température d’arrêt sont conservées (𝑝0 , 𝑇0 = 𝐶 𝑡𝑒 ).
- La pression, masse volumique et température statiques diminuent (𝑝, 𝑇, 𝜌 ↘).
Le problème est de trouver 𝑀2 , 𝑝2 et 𝑇2 pour 𝑀1 , 𝑝1 et 𝑇1 donnés. L’approche est de considérer un changement
infinitésimal à travers une onde infiniment faible (une onde de Mach), créé par une déviation infinitésimale 𝑑𝜃 :
1
𝑀1 >1 𝜇1 = sin−1 ( )
𝑀1
𝜇
1 𝑑𝜃
𝜇2 = sin −1
( ) 𝑑𝑢
⃗
𝑀2 𝑢
⃗ 𝜋
− 𝜇 − 𝑑𝜃 𝑢
⃗ + 𝑑𝑢
⃗
𝑀2 > 𝑀1 2
(a) (b)
Figure 10.9 : Onde de détente de Prandtl-Meyer.
𝑡𝑔 𝜇 = 1⁄√𝑀2 − 1
𝑑𝑢
𝑑𝜃 = √𝑀2 − 1
𝑢
C’est l’équation différentielle qui régit une détente. Elle est valable pour un gaz parfait ou réel ou un gaz en état
de réagir chimiquement. Dans le cas d’un écoulement autour d’un coin convexe, dit écoulement de Prandtl-Meyer
(Figure 10.9 (b)), on intègre cette équation pour déterminer les variations des propriétés subies par l’écoulement :
𝜃2 𝑢2
𝑑𝑢
∫ 𝑑𝜃 = ∫ √𝑀2 − 1
𝜃1 𝑢1 𝑢
𝑢2
𝑑𝑢
𝜃2 − 𝜃1 = ∫ √𝑀2 − 1
𝑢1 𝑢
205
M. Yahyaoui Aérodynamique supersonique
Or :
𝑢 = 𝑀𝑎
𝑑𝑢 = 𝑀𝑑𝑎 + 𝑎𝑑𝑀
On divise 𝑢 le premier membre et par 𝑀𝑎 la partie droite de l’égalité :
𝑑𝑢 𝑑𝑀 𝑑𝑎
= +
𝑢 𝑀 𝑎
Pour un gaz qui est calorifiquement parfait, on a :
𝑎0 2 𝑇0 𝛾−1 2
( ) = =1+ 𝑀
𝑎 𝑇 2
𝛾 − 1 2 −1⁄2
𝑎 = 𝑎0 (1 + 𝑀 )
2
𝑎0 𝛾 − 1 2 −3⁄2
𝑑𝑎 = − (1 + 𝑀 ) (𝛾 − 1)𝑀𝑑𝑀
2 2
𝑑𝑎 𝛾−1 𝛾 − 1 2 −1
=− 𝑀 (1 + 𝑀 ) 𝑑𝑀
𝑎 2 2
𝑑𝑢 𝑑𝑀 𝛾 − 1 𝛾 − 1 2 −1
= − 𝑀 (1 + 𝑀 ) 𝑑𝑀
𝑢 𝑀 2 2
𝛾−1 𝛾−1
1 + 2 𝑀2 − 2 𝑀2
= 𝑑𝑀
𝛾−1
𝑀 (1 + 2 𝑀 2 )
𝑑𝑢 1 𝑑𝑀
=
𝑢 𝛾−1 2 𝑀
1+ 2 𝑀
𝑀2
√𝑀2 − 1 𝑑𝑀
𝜃2 − 𝜃1 = ∫ (31)
𝑀1 1 +
𝛾−1 2 𝑀
2 𝑀
La primitive :
√𝑀2 − 1 𝑑𝑀
𝜈 (𝑀 ) = ∫
𝛾−1
1 + 2 𝑀2 𝑀
𝛾 + 1 −1 𝛾 − 1 2
𝜈 (𝑀 ) = √ 𝑡𝑔 √ (𝑀 − 1) − 𝑡𝑔 −1 √𝑀2 − 1 (32)
𝛾−1 𝛾+1
La constante d’intégration a été choisie de façon que 𝜈 = 0 pour 𝑀 = 1. En effet le choix de cette constante est
arbitraire puisqu’on s’intéresse au changement de 𝜈 à travers une on de détente.
En termes de la fonction de Prandtl-Meyer, l’équation (31) s’écrit :
𝜃2 − 𝜃1 = 𝜈 (𝑀2 ) − 𝜈 (𝑀1 ) = 𝜈2 − 𝜈1
Soit :
𝛥𝜈 = 𝛥𝜃 (33)
Étapes de la solution :
i. Obtenir 𝜈1 à partir du tableau de la fonction de Prandtl-Meyer pour 𝑀1 donné.
ii. Calculer 𝜈2 à partir de l’équation (33) :
𝜈2 = 𝜈1 + 𝛥𝜃
iii. Obtenir 𝑀2 , correspondant à 𝜈2 à partir du même tableau
iv. Utiliser le fait que l’écoulement à travers une onde de détente est isentropique, et donc 𝑝0 et 𝑇0 sont
conservées, pour calculer les propriétés de l’écoulement en aval de l’onde de détente :
206
M. Yahyaoui Aérodynamique supersonique
𝑝0
𝑝2 ⁄𝑝
𝑝2 = 𝑝1 = 𝑝 1 𝑝1
𝑝1 0⁄
𝑝2
𝑇0
𝑇2 ⁄𝑇
1
𝑇2 = 𝑇1 = 𝑇1
𝑇1 𝑇0
⁄𝑇
2
Les rapports des propriétés totales aux propriétés d’arrêt sont donnés par les équations de Saint Venant ou
bien, on peut les déterminer à partir d’un tableau.
REMARQUE :
Lorsqu’une onde de choc heurte contre une surface solide, elle est réfléchie comme une onde de choc. Mais il est
possible d’annuler l’onde réfléchie par moyen d’un coin convexe dont l’apex coïncide avec le point d’impact de
l’onde. L’angle de déviation 𝜃2 sera en général différent de 𝜃1 , l’angle de déviation à l’origine du choc lui-même.
L’effet du coin convexe est de créer la détente qu’il faut pour contrer l’augmentation de pression que provoquerait
l’onde de choc réfléchie. Pour déterminer l’angle 𝜃2 , il faut donc calculer l’augmentation de pression
qu’entraînerait le choc réfléchi puis calculer la déviation nécessaire pour qu’il n’y ait pas de changement de
pression entre les zones 2 et 3.
𝜃1
Choc réfléchi 1 2
Choc oblique 𝑀1 > 1
𝑀1 > 1
𝜃1
𝜃2 3
(a) (b)
V. Théorie d’Ackeret
1. Coefficient de pression
On rappelle l’équation du potentiel de vitesse régissant les faibles perturbations d’un écoulement subsonique ou
supersonique :
2)
(1 − 𝑀∞ (34)
𝜙𝑥𝑥 + 𝜙𝑧𝑧 = 0
Puis on considère le cas supersonique (𝑀∞ > 1.2).
On pose :
𝜆 = √𝑀∞2 −1 (35)
2 (36)
𝜆 𝜙𝑥𝑥 − 𝜙𝑧𝑧 = 0
L’équation (36) est une équation hyperbolique dont la solution générale est de la forme :
𝜙 = 𝑓(𝑥 − 𝜆𝑧) + 𝑔(𝑥 + 𝜆𝑧)
Vérification :
𝜙𝑥 = 𝑓′(𝑥 − 𝜆𝑧) + 𝑔′(𝑥 + 𝜆𝑧)
𝜙𝑥𝑥 = 𝑓′′(𝑥 − 𝜆𝑧) + 𝑔′′(𝑥 + 𝜆𝑧)
𝜙𝑧 = −𝜆𝑓′(𝑥 − 𝜆𝑧) + 𝜆𝑔′(𝑥 + 𝜆𝑧)
𝜙𝑧𝑧 = 𝜆2 𝑓′′(𝑥 − 𝜆𝑧) + 𝜆2 𝑔′′(𝑥 + 𝜆𝑧)
𝜆2 𝜙𝑥𝑥 − 𝜙𝑧𝑧 = 𝜆2 𝑓′′(𝑥 − 𝜆𝑧) + 𝜆2 𝑔′′(𝑥 + 𝜆𝑧)−𝜆2 𝑓′′(𝑥 − 𝜆𝑧) − 𝜆2 𝑔′′(𝑥 + 𝜆𝑧) = 0
Dans le cas d’un écoulement autour d’un profil, on a :
207
M. Yahyaoui Aérodynamique supersonique
𝜙 = 𝑓 (𝑥 − 𝜆𝑧) 𝑠𝑖 𝑧 > 0
{
𝜙 = 𝑔(𝑥 + 𝜆𝑧) 𝑠𝑖 𝑧 < 0
Les lignes équipotentielles du côté de l’extrados (Figure 10.11) sont données par :
𝑥 − 𝜆𝑧 = 𝑐 𝑡𝑒
𝑑𝑧 1 1
= = = 𝑡𝑔 𝜇
𝑑𝑥 𝜆 √𝑀∞ − 1 2
Ces lignes sont des ondes de Mach orientées vers le haut. Pour 𝑧 < 0, les lignes équipotentielles seront des ondes
de Mach orientées vers le bas.
𝑧
𝜇
A 𝜃 B 𝜙 = 𝑓 = 𝑐 𝑡𝑒
𝑥
C D
Région non
Région perturbée
perturbée
Figure 10.11.Ondes de Mach créées par un profil mince dans un écoulement supersonique.
Une des différences entre un écoulement supersonique et un écoulement subsonique est que les faibles
perturbations se propagent dans toutes les directions en subsonique (comportement mathématiquement elliptique)
mais seulement suivant des ondes de Mach en supersonique. Elles sont ainsi limitées à une zone en aval de leurs
origines.
Pour 𝑧 > 0 on a :
𝜙 = 𝑓(𝑥 − 𝜆𝑧)
Les perturbations de la vitesse sont :
𝑤̃ = 𝜙𝑧 = −𝜆𝑓′(𝑥 − 𝜆𝑧)
𝑢̃ = 𝜙𝑥 = 𝑓 ′ (𝑥 − 𝜆𝑧) = − 𝑤
̃ ⁄𝜆
𝑑𝑧 𝑤̃ 𝑤
̃
= 𝑡𝑔 𝜃 = ≅
𝑑𝑥 𝑉∞ + 𝑢̃ 𝑉∞
Le profil étant mince (ce qui est le cas des profils supersoniques), l’ange 𝜃 est faible et on peut écrire :
𝑤̃ = 𝑉∞ 𝜃
𝑉∞ 𝜃
𝑢̃ = −
𝜆
Le coefficient de pression linéarisé est :
2𝑢̃ 2𝜃
𝐶𝑝 = − =
𝑉∞ 𝜆
2𝜃
𝐶𝑝 =
2 −1
√𝑀∞
Cette équation est valable sur l’extrados. L’équation qui s’applique à l’intrados et l’extrados est :
2𝜃
𝐶𝑝 = ± (37)
2 −1
√𝑀∞
Où le signe moins correspond à l’intrados.
208
M. Yahyaoui Aérodynamique supersonique
Le signe de l’angle 𝜃 est positif dans le sens trigonométrique. On peut vérifier (Figure 10.11) que 𝐶𝑝𝐴 et 𝐶𝑝 𝐶 sont
positifs alors que 𝐶𝑝 𝐵 et 𝐶𝑝 𝐷 sont négatifs. Les points A et C sont situés dans des zones de compression où les
pressions sont supérieures à 𝑝∞ alors que les points B et D sont situés dans des zones de détente.
2. Coefficients aérodynamiques
Le coefficient de pression (équation 37) est :
2(−𝛼 + 𝜃𝑐 − 𝜃𝑒 )
𝐶𝑝 𝑖𝑛 = −
√𝑀∞2 −1
(38)
2(−𝛼 + 𝜃𝑐 + 𝜃𝑒 )
𝐶𝑝 𝑒𝑥 = +
2 −1
√𝑀∞
{
a. Portance
En se basant sur Figure 10.12, on peut écrire la contribution à la portance d’un élément de surface de l’intrados du
profil de longueur curviligne 𝑑𝑠𝑖𝑛 et d’envergure unitaire :
(𝑑𝐿)𝑖𝑛 = 𝑝𝑖𝑛 𝑑𝑠𝑖𝑛 𝑐𝑜𝑠 𝜃𝑖𝑛
(𝑑𝐿)𝑖𝑛 = 𝑝𝑖𝑛 𝑑𝑥 (39)
Une loi semblable pour l’extrados peut être écrite directement par analogie mais en faisant attention au signe :
(𝑑𝐿)𝑒𝑥 = −𝑝𝑒𝑥 𝑑𝑥 (40)
La portance est obtenue en intégrant les équations (39) et (40) du bord d’attaque au bord de fuite :
𝑐 1 1
𝑝𝑖𝑛 − 𝑝∞ 𝑝𝑒𝑥 − 𝑝∞
𝐿′ = ∫ (𝑝𝑖𝑛 − 𝑝𝑒𝑥 ) 𝑑𝑥 = 𝑞̅∞ 𝑐 ∫ ( − ) 𝑑𝑥̅ = 𝑞̅∞ 𝑐 ∫ (𝐶𝑝 − 𝐶𝑝 ) 𝑑𝑥̅
0 0 𝑞̅∞ 𝑞̅∞ 0
𝑖𝑛 𝑒𝑥
Or :
1 1 1
𝑑𝑧̅𝑐
∫ 𝜃𝑐 𝑑𝑥̅ = ∫ 𝑑𝑥̅ = ∫ 𝑑𝑧̅𝑐 = 𝑧̅𝑐 (1) − 𝑧̅𝑐 (0) = 0 − 0 = 0
0 0 𝑑𝑥̅ 0
Il s’ensuit que :
4𝛼
𝐶𝑙 = (41)
2 −1
√𝑀∞
Le gradient de portance pour les profils minces est :
4
𝐶𝑙 𝛼 = (42)
2 −1
√𝑀∞
Ce qui est inférieur à son équivalent en subsonique.
209
M. Yahyaoui Aérodynamique supersonique
𝑑𝑠
𝑑𝑥
𝑉∞ 𝜃𝑖𝑛 𝑑𝐿 𝑑𝑠 𝑑𝑧
𝑑𝐹 = 𝑝𝑑𝑆 𝜃𝑖𝑛
𝑑𝐷
Figure 10.12. Relation entre pression statique locale et éléments de portance et de traînée.
b. Traînée
La contribution à la traînée d’un élément de surface de l’intrados du profil, de longueur curviligne 𝑑𝑠𝑖𝑛 et
d’envergure unitaire, est donnée par :
𝑑𝑧𝑖𝑛
(𝑑𝐷)𝑖𝑛 = −𝑝𝑖𝑛 𝑑𝑠𝑖𝑛 𝑠𝑖𝑛 𝜃𝑖𝑛 = −𝑝𝑖𝑛 𝑑𝑧𝑖𝑛 = −𝑝𝑖𝑛 𝑑𝑥
𝑑𝑥
(𝑑𝐷)𝑖𝑛 = −𝑝𝑖𝑛 𝜃𝑖𝑛 𝑑𝑥 (43)
Par analogie pour l’extrados on a :
(𝑑𝐷)𝑒𝑥 = 𝑝𝑒𝑥 𝜃𝑒𝑥 𝑑𝑥 (44)
Le signe moins dans 𝑑𝐷𝑖𝑛 s’explique par le fait que 𝜃𝑖𝑛 est un angle négatif alors que sa contribution à la traînée
est dans le sens du vent relatif et elle est donc positive.
La traînée est obtenue en intégrant les équations (43) et (44) :
𝑐
𝐷′ = ∫ (𝑝𝑒𝑥 𝜃𝑒𝑥 − 𝑝𝑖𝑛 𝜃𝑖𝑛 ) 𝑑𝑥 (45)
0
Le coefficient de pression peut être introduit dans cette intégrale en utilisant le fait que :
𝑐
∫ (𝑝∞ 𝜃𝑖𝑛 − 𝑝∞ 𝜃𝑒𝑥 )𝑑𝑥 = 0 (46)
0
En effet :
𝑐 1 1
𝑑𝑧̅𝑒𝑥
∫ (𝑝∞ 𝜃𝑒𝑥 ) 𝑑𝑥 = 𝑝∞ 𝑐 ∫ ( ) 𝑑𝑥̅ = 𝑝∞ 𝑐 ∫ 𝑑𝑧̅𝑒𝑥 = 𝑝∞ 𝑐[𝑧̅𝑒𝑥 (1) − 𝑧̅𝑒𝑥 (0)]
0 0 𝑑𝑥̅ 0
Alors :
𝑐
∫ (𝑝∞ 𝜃𝑒𝑥 − 𝑝∞ 𝜃𝑖𝑛 ) 𝑑𝑥 = 𝑝∞ 𝑐 [𝑧̅𝑒𝑥 (1) − 𝑧̅𝑒𝑥 (0) − 𝑧̅𝑖𝑛 (1) + 𝑧̅𝑖𝑛 (0)]
0
Et du fait que :
𝑧̅𝑖𝑛 (0) = 𝑧̅𝑒𝑥 (0)
𝑧̅𝑖𝑛 (1) = 𝑧̅𝑒𝑥 (1)
On obtient :
𝑐
∫ (𝑝∞ 𝜃𝑖𝑛 − 𝑝∞ 𝜃𝑒𝑥 )𝑑𝑥 = 0
0
210
M. Yahyaoui Aérodynamique supersonique
1
2 2 2)
𝐶𝑑 = ∫ (𝜃𝑒𝑥 + 𝜃𝑖𝑛 𝑑𝑥̅
√𝑀∞2 −1
0
1
2
= ∫ [(−𝛼 + 𝜃𝑐 + 𝜃𝑒 )2 + (−𝛼 + 𝜃𝑐 − 𝜃𝑒 )2 ] 𝑑𝑥̅
2 −1
√𝑀∞ 0
1
2
= ∫ (2𝛼 2 + 2𝜃𝑐2 + 2𝜃𝑒2 − 4𝛼𝜃𝑐 ) 𝑑𝑥̅
2 −1
√𝑀∞ 0
1
4𝛼 2 4
𝐶𝑑 = + ∫ (𝜃𝑐2 + 𝜃𝑒2 )𝑑𝑥̅ (47)
2 −1
√𝑀∞ 2 −1
√𝑀∞ 0
Le coefficient de traînée est non nul pourtant l’envergure est infinie et le fluide est non visqueux. La traînée agissant
sur un objet plongé dans un écoulement supersonique d’un fluide parfait est appelée traînée d’onde.
Pour mettre en évidence l’existence de la traînée d’onde en supersonique, on considère un profil lenticulaire par
exemple. Si ce profil est placé dans un écoulement stationnaire, subsonique et non visqueux, il y aura symétrie de
la répartition de la pression (Figure 10.13) par rapport à la verticale du milieu de la corde et par conséquent zéro
traînée. Cette situation de zéro traînée n’est pas très réaliste. Elle est le résultat des hypothèses qu’on imposées à
cet écoulement. Ce résultat est connu en mécanique des fluides comme le paradoxe de D’Alembert.
𝑝
𝑝
𝑀∞ > 1 𝐷′ ≠ 0
𝑀∞ < 1 ′
𝐷 =0
Figure 10.13. Traînée d’onde sur un profil plongé dans un écoulement supersonique.
Si ce même profil est placé dans un écoulement supersonique, la pression ne sera pas symétrique est la traînée ne
sera pas nulle. Cette traînée, qui existe en supersonique mais pas en subsonique, est appelée traînée d’onde.
Le coefficient de traînée d’onde d’un profil supersonique est la somme de deux coefficients :
- Coefficient de traînée d’onde due à la portance ou traînée d’onde induite :
4𝛼 2
𝐶𝑑𝑜𝑛𝑑𝑒,𝐶𝐿 = = 𝛼𝐶𝐿 (48)
2 −1
√𝑀∞
- Coefficient de traînée d’onde due à la cambrure et à l’épaisseur appelé simplement coefficient de traînée
d’onde due à l’épaisseur :
1
4
𝐶𝑑𝑜𝑛𝑑𝑒,é𝑝𝑎𝑖𝑠𝑠𝑒𝑢𝑟 = ∫ (𝜃𝑐2 + 𝜃𝑒2 )𝑑𝑥̅ (49)
2 −1
√𝑀∞ 0
c. Moment de tangage
L’équation du moment de tangage par rapport au bord d’attaque correspondant à la théorie linéarisée est :
𝑐 1
′
𝑀𝐵𝐴 = − ∫ 𝑥(𝑝𝑖𝑛 − 𝑝𝑒𝑥 ) 𝑑𝑥 = −𝑞̅∞ 𝑐 2 ∫ 𝑥̅ (𝐶𝑝 𝑖𝑛 − 𝐶𝑝 𝑒𝑥 ) 𝑑𝑥̅
0 0
′ 1
𝑀𝐵𝐴
𝐶𝑚 ′𝐵𝐴 = = − ∫ 𝑥̅ (𝐶𝑝 𝑖𝑛 − 𝐶𝑝 𝑒𝑥 ) 𝑑𝑥̅
𝑞̅∞ 𝑐 2 0
1
2 2
= − ∫ 𝑥̅ [− (−𝛼 + 𝜃𝑐 − 𝜃𝑒 ) − (−𝛼 + 𝜃𝑐 + 𝜃𝑒 )] 𝑑𝑥̅
2 −1
√𝑀∞ 2 −1
√𝑀∞
0
211
M. Yahyaoui Aérodynamique supersonique
1
2
= ∫ 𝑥̅ (−2𝛼 + 2𝜃𝑐 ) 𝑑𝑥̅
√𝑀∞2 −1
0
1 1
−4𝛼 4
= ∫ 𝑥̅ 𝑑𝑥̅ + ∫ 𝑥̅ 𝜃𝑐 𝑑𝑥̅
2 −1
√𝑀∞ 2 −1
√𝑀∞
0 0
1
−2𝛼 4
𝐶𝑚 ′𝐵𝐴 = + ∫ 𝑥̅ 𝜃𝑐 𝑑𝑥̅ (50)
2 −1
√𝑀∞ 2 −1
√𝑀∞ 0
𝐶𝑙 = 𝑎0 𝛼 ; 2 −1
𝑎0 = 4⁄√𝑀∞
2 1 1
𝐶𝐿′
𝐶𝑑 = 𝑎0 (𝐾1 + 𝐾2 ) + ; 𝐾1 = ∫ 𝜃𝑐2 𝑑𝑥̅ ; 𝐾2 = ∫ 𝜃𝑒2 𝑑𝑥̅
𝑎0 0 0
1
𝐶𝐿′
𝐶𝑚 ′𝐵𝐴 = − + 𝑎0 𝐾3 ; 𝐾3 = ∫ 𝑥̅ 𝜃𝑐 𝑑𝑥̅
2 0
Le moment de tangage autour d’un axe de tangage situé en 𝑥 quelconque du profil est :
′
𝑀′ (𝑥 ) = 𝑀𝐵𝐴 + 𝑥𝐿′
Le coefficient du moment de tangage correspondant est :
𝐶𝑙
𝐶𝑚 𝑥 = 𝐶𝑚 ′𝐵𝐴 + 𝑥̅ 𝐶𝑙 = −
′ ( )
+ 𝑎0 𝐾3 + 𝑥̅ 𝐶𝑙
2
′ ( )
1
𝐶𝑚 𝑥 = 𝑎0 𝐾3 + (𝑥̅ − ) 𝑎0 𝛼 (51)
2
Par définition du foyer, le coefficient du moment de tangage en ce point doit être indépendant de l’angle
d’incidence. Cela impose que 𝑥̅ soit égal à 1⁄2 dans l’équation (51). Le foyer d’un profil supersonique de faible
épaisseur est situé au milieu de sa corde.
212
M. Yahyaoui Aérodynamique supersonique
β (°)
213
M. Yahyaoui Aérodynamique supersonique
β (°)
214
M. Yahyaoui Aérodynamique supersonique
Exercices
Exercice 10.1
En un point donné d’une aile d’avion dans un écoulement à grande vitesse, le nombre de Mach, pression et
température locaux sont 0.7, 0.9 atmosphère et 250°K, respectivement.
Calculer les valeurs de 𝑝0 , 𝑇0 , 𝑝∗ , 𝑇 ∗ , 𝑎∗ en ce point.
Exercice 10.2
En un point d’un écoulement autour d’un missile, la vitesse et température locale sont de 915 m/s et 4°C,
respectivement.
Calculer le nombre de Mach réel M et le nombre de Mach caractéristique (𝑀∗ ) en ce point.
Exercice 10.3
Calculer la pression maximale qu’on peut atteindre avec un choc attaché à la surface d’un dièdre :
𝑀∞ = 3
𝑝∞ = 1𝑎𝑡𝑚
Exercice 10.3
Exercice 10.4
On considère l’écoulement à travers la prise d’air d’un réacteur d’un avion supersonique. L’écoulement est
parallèle à la paroi dans la région 1 et 3 et on donne 𝑀1 = 2.8, 𝑝1 = 1𝑎𝑡𝑚, 𝑇1 = 300°𝐾 et 𝛽1 = 30°.
- Calculer l’angle du choc réfléchi par rapport au mur supérieur.
- Calculer la pression, température, nombre de mach et pression totale en aval du choc réfléchi.
1 3 𝛼
2
𝛽1 𝑀∞ = 2
Exercice 10.5
Exercice 10.4
Exercice 10.5
Un profil supersonique losangique de demi-angle 𝜀 est placé dans un écoulement supersonique à une incidence 𝛼
bien déterminée.
1. Représenter sur des schémas les ondes de choc et de détente sur le profil suivant que 𝛼 est inférieure, égale
ou supérieure à 𝜀.
2. En utilisant la théorie des ondes de choc et des ondes de détente calculer la portance et la traînée de pression
sur ce profil pour les données numériques suivantes :
𝑒 = 15 cm, 𝜀 = 5°, 𝑀∞ = 2, 𝛼 = 3° et 𝑝∞ = 1 atm.
Exercice 10.6
On donne la fonction qui décrit l’épaisseur d’un profil symétrique supersonique, appelé profil lenticulaire :
𝑧̅ = ±2𝑒̅𝑥̅ (1 − 𝑥̅ )
Où la barre indique une division par la longueur de la corde et 𝑒 est l’épaisseur maximale du profil.
1. Utiliser la théorie d’Ackeret pour déterminer le coefficient de traînée d’onde en fonction de 𝑒̅ et de 𝑀∞ .
2. Recalculer ce coefficient pour un profil égal à la moitié supérieur du profil donné.
La valeur trouvée en (2) due à l’épaisseur doit être égale à la moitié de celle trouvée en (1).
215
M. Yahyaoui Aérodynamique supersonique
Exercice 10.7
On considère un écoulement d’air à M1 = 3 de rapport de chaleurs spécifiques γ = 1,4. On souhaite ralentir cet
écoulement jusqu’à une vitesse subsonique. Pour cela, on peut procéder de deux façons :
1. L’écoulement est ralenti jusqu’à une vitesse subsonique directement par un choc droit ;
2. L’écoulement passe d’abord par un choc oblique formant un angle de 40° puis par un choc droit.
Calculer le rapport final de pression totale, finale sur initiale, ans chacun de ces cas. Commenter la signification
de ce résultat en termes de pertes énergétiques.
Choc droit
Choc oblique puis choc droit
Exercice 10.8
On considère un écoulement supersonique qui se développe sur un profil en biseau de demi-angle au sommet de
5°, de corde c = 2 m, à incidence nulle et attaqué par la pointe. Le nombre de Mach en amont du profil est 𝑀∞ =
2, la pression de l'écoulement incident et sa masse volumique sont respectivement 𝑝∞ = 1 atm et 𝜌∞ =
1,225 kgm−3. Les répartitions de pression sur les deux faces du profil sont égales :
𝑝𝑖 = 𝑝𝑒 = 1,31 × 105 (𝑃𝑎)
et la pression exercée à l'arrière du profil vaut 𝑝∞ . Le cisaillement sur les deux faces est :
431
𝜏𝑖 = 𝜏 𝑒 = (𝑃𝑎)
𝑠 0.2
Calculer le coefficient de traînée de ce profil.
𝑧
𝑑𝑠 5°
𝑀∞ = 2 O 𝑐 𝑥
Ce coefficient de traînée est incomplet. Il manque la traînée du culot dont la pression est en général déterminée
expérimentalement.
216
M. Yahyaoui Le régime transsonique
𝑀>1
ODC
𝑀𝑐𝑟 < 𝑀∞ < 𝑀𝑙𝑖𝑚 𝑀∞ = 𝑀𝑙𝑖𝑚
𝑀>1
Onde d’Ackeret
𝑀𝑙𝑖𝑚 < 𝑀∞ < 1 𝑀∞ = 1 − 𝜀 𝑀>1
ODC
Décrochage 𝑀>1
𝑀<1 𝑀>1
𝑀<1
𝑀>1 𝑀>1
𝑀>1
𝑀𝑐𝑟 est en général de l’ordre de 0.7 et 𝑀𝑙𝑖𝑚 est légèrement supérieur (0.72 par exemple). Au voisinage de 𝑀∞ =
0.8 il y aura décollement de la couche limite suivi de l’apparition d’un choc en lambda « 𝜆 », appelé aussi choc
d’Ackeret (l’intrados subit la même évolution mais il est une ou deux étapes en retard).
Dès qu’on dépasse Mach 1, il apparaît un choc courbé détaché. Au fur et à mesure que le Mach continue à
augmenter le choc courbé se renferme et, loin du bord d’attaque, il ressemble de plus en plus à un choc oblique.
On note que, quelque doit la valeur supersonique de 𝑀∞ , il y aura toujours une zone d’écoulement subsonique
derrière le choc, au voisinage immédiat du bord d’attaque.
216
M. Yahyaoui Le régime transsonique
Ligne M=1
La couche limite
Point de décollement
de la couche limite
Figure 11.2. Formation du choc en « lambda » suite à l’inversement du sens de l’écoulement dans la couche limite
𝐶𝐿
𝐶𝐿 𝑚𝑎𝑥
Aile subsonique
Aile supersonique
0.3 𝑀∞ 0.3
0.8 1 1.4
1 𝑀∞
(a) Évolution du 𝐶𝐿 avec le Mach (b) Évolution du C𝐿 𝑚𝑎𝑥 avec le Mach
La traînée continue à augmenter jusqu’à une valeur de 𝑀∞ égale à 1 environ. On définit le Mach de divergence de
la traînée comme le nombre de Mach auquel le taux d’augmentation du coefficient de traînée avec 𝑀∞ est égal à
1/10. L’augmentation très importante de la traînée à l’entrée du régime transsonique est l’une des raisons derrière
la notion de mur du son. Une autre raison est liée au décrochage à grand Mach. Le mur du son en tant qu’obstacle
fut surmonté en 1947 suite au premier vol supersonique (USA). Mais l’expression « mur du son » continue à être
employée pour désigner « l’obstacle » Mach 1 lors du passage du subsonique au supersonique et le bang sonique
qui accompagne ce passage.
Le décrochage a lieu à une incidence moins importante qu’en régime incompressible et la valeur maximale du
coefficient de portance est moins importante. Ce décrochage précoce s’explique par la forme des lignes de courant
en compressible qui, par le fait de la compressibilité de l’air, se rapprochent du bord d’attaque avant de le
contourner. La grande courbure des lignes de courant au voisinage du bord d’attaque fait perdre à l’écoulement
une bonne partie de son énergie cinétique ce qui entraîne le décollement de la couche limite donc le décrochage.
Un profil désigné pour le vol supersonique récupère dès qu’il passe au rédime supersonique.
𝐶𝐷
𝑀∞
1.4
CP
Foyer
1.0
𝑀𝑐𝑟
50% 𝑥 ⁄𝑐
25%
𝑒̅𝑚𝑎𝑥
15 Ailes droites
Flèche de 45°
10
Figure 11.6. Effet de l’épaisseur relative et de la flèche sur le Mach critique (profil conventionnel).
218
M. Yahyaoui Le régime transsonique
que le choc sur un profil conventionnel au même Mach 𝑀∞ et le décollement de la couche limite est donc retardé
à un Mach plus important.
Le fait que le profil supercritique augmente le Mach critique est exploité pour réduire la flèche (une flèche de 45°
étant en général trop importante pour un avion transporteur) et augmenter l’allongement géométrique dans le but
d’améliorer les performances de la voilure à basses vitesses. Avec ce type de profil, on peut aussi augmenter
l’épaisseur relative (au-delà de l’épaisseur de 15% qui convient au profil conventionnel) et avoir donc des ailes
plus robustes qui logent une plus grande quantité de carburant.
𝑀>1 𝑀>1
𝑀 > 𝑀𝑙𝑖𝑚 𝑀 > 𝑀𝑙𝑖𝑚
𝑀𝑎𝑑𝑗 𝑀𝑎𝑑𝑗
1 1
𝑥
𝑥
Figure 11.7. Variation du Mach extrados sur (a°) un profil conventionnel (b°) le profil supercritique
1. La flèche
La flèche est le moyen le plus efficace pour augmenter 𝑀𝑐𝑟 et par suite le Mach de croisière. L’idée est que le
comportement aérodynamique d’un profil sur une aile en flèche est déterminé par la composante normale au bord
d’attaque de 𝑀∞ . Les effets de compressibilité deviennent importants lorsque 𝑀∞𝑛 atteint le Mach critique du
profil. L’expérience montre que :
𝑀𝐶𝑅 |𝛬=0
𝑀𝐶𝑅 |𝛬≠0 = (𝑐𝑜𝑠 𝛬)𝑚
; 0 ≤ 𝑚 ≤ 0.8
pour 𝐶𝐿 ≤ 0.6 .
Mais la flèche à un nombre d’inconvénients :
- Elle augmente la vitesse de décrochage et les distances de décollage et d’atterrissage.
- Les ailes en flèche décrochent du côté des saumons et l’avion aura tendance à l’autocabrage et peut même
atteindre le super décrochage.
- Elle réduit l’efficacité des surfaces mobiles de bord de fuite par diminution de leurs bras de levier et par
diminution de la pression dynamique effective.
- L’incidence de décrochage est plus importante ce qui rend la position d’un avion à flèche importante trop
cabrée à l’atterrissage. Cela pose un problème de visibilité de la piste et rend compliqué la conception du
train d’atterrissage (pour éviter le risque de toucher de la queue).
Les avantages de la flèche :
- L’avantage principal est l’augmentation du Mach de croisière des avions désignés pour le vol à grand Mach
subsonique et en bas transsonique.
- L’empennage vertical qui a toujours une flèche assez importante maintient son efficacité aux grands
dérapages. L’idée est que les angles de dérapage prévus en vol doivent être inférieurs à l’incidence de
décrochage de l’empennage vertical qui est augmentée par la flèche.
- L’avion est moins sensible à l’augmentation du facteur de charge 𝑛𝑧 qu’entraîne une rafale normale
ascendante. Cette augmentation est proportionnelle au gradient de portance 𝐶𝐿𝛼 et ce dernier est réduit par
la flèche.
- La flèche contribue positivement à la stabilité en lacet et l’effet de dièdre.
219
M. Yahyaoui Le régime transsonique
𝐶𝐿 𝐶𝐷
Λ moyen Λ=0
Λ=0
Λ = 30°
Λ = 45°
Λ important
𝑀𝑐𝑟 ↗
𝛼
𝛼 ↗ à même 𝐶𝐿 0 0.7 1 1.3 𝑀∞
Figure 11.8. Effets de la flèche sur les coefficients de portance et de traînée en subsonique et en transsonique.
Aire Aire
Voilure Voilure
Empennage Empennage
Nez de l’avion 𝑥
Nez de l’avion 𝑥
(a) Conception sans la loi des (b) Application de la loi des aires
aires
Une conception conforme à la loi des aires minimise la surface de la section transversale de l’avion en intégrant
une partie de la surface des ailes et des empennages dans la surface de la section du fuselage.
220
M. Yahyaoui Le régime transsonique
𝐶𝐷
Application de
la loi des aires
0.7 1 1.5 𝑀∞
Figure 11.10. Réduction du coefficient de traînée d’interférence par la loi des aires.
221
M. Yahyaoui Le régime transsonique
En supersonique et à partir d’une altitude bien déterminée (dénotée ℎ∗ sur Figure 11.11), il existe deux valeurs du
Mach de décrochage et l’avion doit forcément évoluer entre ces valeurs. Pour pouvoir éviter le décrochage à grand
Mach et accélérer vers le supersonique, l’avion doit rester en dessous de cette altitude, traverser le domaine
transsonique puis monter à l’altitude qui lui convient.
ℎ Décrochage
Limite due à
l’échauffement
Décrochage aérodynamique
∗
ℎ
1 𝑀∞
ℎ Coffin corner
ℎ𝑝
Décrochage
𝑀𝑀𝑂
𝑂 𝑀1 𝑀𝑃 𝑀2 𝑀∞
A haute altitude, l’avion peut évoluer entre un nombre de Mach de décrochage bas (𝑀1 ) et un nombre de Mach de
décrochage haut (𝑀2 ). Cette plage de Mach de vol diminue avec l’altitude jusqu’à ce qu’elle réduise à une seule
valeur du Mach (𝑀𝑝 ) au plafond de sustentation (ℎ𝑝 ). Seul le VRHU à une vitesse unique est possible et toute
modification de l’angle d’incidence, volontaire ou involontaire, amènera inévitablement et immédiatement au
décrochage. Cette situation précaire et dangereuse explique le nom coffin corner attribué à ce point du diagramme
du domaine aérodynamique.
222
M. Yahyaoui Le régime transsonique
A des altitudes moins importantes, le Mach de vol est compris entre un nombre de Mach de décrochage bas et
le 𝑀𝑀𝑂 de l’avion.
L’augmentation du poids ou du facteur de charge à pour effets de :
- diminuer le plafond de sustentation (Figure 11.13).
- réduire la marge de Mach de vol en augmentant le Mach de décrochage bas et en diminuant le Mach de
décrochage haut.
𝑚𝑔 ou 𝑛𝑧 ↗
augmente
𝑀∞
𝑀𝑀𝑂
Figure 11.13. Diminution du plafond de sustentation avec le poids et/ou le facteur de charge.
Remarque :
Le Mach 𝑀𝑀𝑂 (Maximum Operating Mach) est le Mach qu’on ne doit pas dépasser dans tous les régimes (montée,
croisière, descente) pour les gros avions. La vitesse correspondante (𝑉𝑀𝑂 ) est une vitesse indiquée. Elle doit laisser
une marge suffisante par rapport à 𝑉𝐷 pour s’assurer que cette dernière n’est jamais dépassée. Elle est inférieure
à 𝑉𝐶 (𝑀𝑀𝑂 inférieur à 𝑀𝐶 )
V. Calcul du Mach critique
Soit un profil évoluant à 𝑀𝑐𝑟 . Il existe alors un point sur le profil où le Mach local est égal à 1 (point A sur Figure
11.14). L’écoulement est supposé isentropique, on a par les équations de Saint Venant :
𝛾
⁄𝛾−1
𝛾−1 2
𝑝𝐴 𝑝𝐴 ⁄𝑝0 1 + 2 𝑀∞
= =( )
𝑝∞ 𝑝∞ ⁄𝑝0 𝛾−1
1 + 2 𝑀𝐴2
𝑀𝐴 = 1
𝑀∞ = 𝑀𝑐𝑟
223
M. Yahyaoui Le régime transsonique
L’équation (7), utilisée simultanément avec une des lois de correction pour compressibilité (similitude de Prandtl-
Glauert par exemple), offre un moyen de déterminer graphiquement ou numériquement le Mach critique d’un
profil (Figure 11.15).
La procédure du calcul du Mach critique consiste en :
- Obtenir expérimentalement ou par calcul la valeur du coefficient de pression en régime incompressible (𝑐𝑝0 )
au point de pression minimale.
- Utiliser une loi de correction pour compressibilité (similitude de Prandtl-Glauert ou loi de Karman-Tsien)
pour calculer des valeurs de 𝑐𝑝 (correspondant à 𝑐𝑝0 ) et les représenter graphiquement en fonction de 𝑀∞
(courbe B).
- Représenter sur le même graphe 𝐶𝑝𝑐𝑟 = 𝑓(𝑀𝑐𝑟 ), donné par l’équation (7) (courbe C).
- L’intersection des courbes B et C donne la Mach critique et on note que ce dernier diminue lorsque l’épaisseur
relative du profil augmente.
(C)
𝑒̅𝑚𝑎𝑥 ↗
(B)
𝑀𝑐𝑟 1 𝑀∞
𝐶𝑝
Figure 11.15. Estimation graphique du Mach critique d’un profil à incidence donnée.
La composante 𝑉∞ cos 𝛼 sin Λ est dans le plan de l’aile et parallèle à la ligne des quarts de cordes. Elle n’a aucune
influence sur les efforts aérodynamiques associés à la répartition de la pression comme la portance. La traînée
d’onde vue en supersonique et présente aussi en transsonique est normale au bord d’attaque. Seule la traînée de
frottement dépend de toute la vitesse.
Par rapport à un observateur qui se déplace suivant le bord d’attaque à cette vitesse, l’écoulement se comporte
comme un écoulement bidimensionnel. On dénotera par l’indice e les grandeurs associées avec cet écoulement
dont la vitesse est appelée vitesse effective :
𝑉∞𝑒 = √(𝑉∞ 𝑠𝑖𝑛 𝛼 )2 + (𝑉∞ 𝑐𝑜𝑠 𝛼 𝑐𝑜𝑠 𝛬)2 = 𝑉∞ √𝑠𝑖𝑛2 𝛼 + 𝑐𝑜𝑠 2 𝛼 𝑐𝑜𝑠 2 𝛬
𝑉∞𝑒 = 𝑉∞ √1 − 𝑐𝑜𝑠 2 𝛼 𝑠𝑖𝑛2 𝛬 (8 − 𝑎)
En particulier, pour 𝛼 faible on a :
𝑉∞𝑒 ≅ 𝑉∞ 𝑐𝑜𝑠 𝛬 = 𝑉∞𝑛 (8 − 𝑏)
Le nombre de Mach effectif est :
224
M. Yahyaoui Le régime transsonique
Section 𝐴 − 𝐴′
𝑦
Λ 𝑐
𝑉∞𝑛 = 𝑉∞ cos 𝛼 cos Λ 𝑉∞ cos α
𝑒̅𝑚𝑎𝑥 𝑒
𝛼
𝑉∞𝑡 = 𝑉∞ cos 𝛼 sin Λ 𝑉∞ sin α
𝑥 𝑐 𝐴 𝑉∞ cos α
𝑐 cos Λ 1m
Figure 11.16. A faible incidence, le comportement aérodynamique dépend de la composante 𝑉∞𝑛 ≅ V∞ cos Λ.
2. Paramètres géométriques
a. L’angle d’incidence
Sa valeur effective est :
𝑉∞ 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑡𝑔 𝛼
𝛼𝑒 = 𝑡𝑔−1 ( ) = 𝑡𝑔−1 ( )
𝑉∞ 𝑐𝑜𝑠 𝛼 𝑐𝑜𝑠 𝛬 𝑐𝑜𝑠 𝛬
Pour 𝛼 faible on a :
𝛼 ≅ 𝛼𝑒 𝑐𝑜𝑠 𝛬 (10)
⃗∞ alors que l’incidence effective est déterminée par rapport à 𝑉
L’incidence « réelle » est mesurée par rapport à 𝑉 ⃗∞ .
e
Puisque ce dernier est inférieur en norme, l’incidence effective est supérieure à l’incidence réelle.
Remarque : On peut projeter sur le plan de la référence de portance nulle du profil au lieu de la corde. L’incidence
ainsi obtenue est l’incidence absolue (𝛼𝑎𝑒 ) et obéit à la même équation (10).
𝛼𝑎 = 𝛼𝑎𝑒 𝑐𝑜𝑠 𝛬 (11)
b. L’épaisseur relative
L’épaisseur maximale relative est donnée par :
𝑒𝑚𝑎𝑥 𝑒𝑚𝑎𝑥 ⁄𝑐
𝑒̅𝑚𝑎𝑥𝑒 = =
𝑐 𝑐𝑜𝑠 𝛬 𝑐𝑜𝑠 𝛬
𝑒̅𝑚𝑎𝑥
𝑒̅𝑚𝑎𝑥𝑒 = (12)
𝑐𝑜𝑠 𝛬
⃗∞ , le profil aurait une épaisseur relative plus importante que si on regarde suivant 𝑉
En regardant suivant 𝑉 ⃗∞ . Ceci
𝑒
225
M. Yahyaoui Le régime transsonique
226
M. Yahyaoui Le régime transsonique
𝐷′ 𝐷′
𝐶𝐷′ 𝑒 = =
1 2 ( 1 2( 2 2 )
)( ⁄ )
2 𝜌∞ 𝑉∞𝑒 𝑐 𝑐𝑜𝑠 𝛬 1 𝑐𝑜𝑠 𝛬 2 𝜌∞ 𝑉∞ 1 − 𝑐𝑜𝑠 𝛼 𝑠𝑖𝑛 𝛬 𝑐
Le coefficient de traînée est :
𝐷′ 𝑐𝑜𝑠 𝛬
𝐶𝐷′ =
1 2
2 𝜌∞ 𝑉∞𝑒 𝑐
Ou encore :
𝐶𝐷′ = 𝐶𝐷′ 𝑒 𝑐𝑜𝑠 𝛬 (1 − 𝑐𝑜𝑠 2 𝛼 𝑠𝑖𝑛2 𝛬) (16)
Pour 𝛼 faible, cette équation se simplifie à :
𝐶𝐷′ ≅ 𝐶𝐷′ 𝑒 𝑐𝑜𝑠 3 𝛬 (17)
Le coefficient de traînée d’une infinie en flèche est inférieur à celui d’une aile infinie droite.
c. Le gradient de portance
L’effet de la flèche sur le gradient de portance est déterminé à partir de la relation :
2𝜋𝛼𝑎𝑒
𝐶𝐿′𝑒 =
2
√1 − 𝑀∞ 𝑒
Il s’ensuit que :
2𝜋 𝑐𝑜𝑠 𝛬
𝐶𝐿′ = 𝛼𝑎
2 𝑐𝑜𝑠 2 𝛬
√1 − 𝑀∞
227
M. Yahyaoui Le régime transsonique
Cette équation montre que le gradient de portance d’une aile d’envergure infinie diminue avec l’angle de la flèche
(Figure 11.17). On verra plus loin que cet effet sera opposé en supersonique.
Pour une voilure en flèche et d’envergure finie, le gradient de portance en subsonique compressible est donné par :
2𝜋𝐴
𝐶𝐿𝛼 = (19)
2
𝐴𝛽 𝑡𝑔2 𝛬𝑐⁄2
2 + √4 + ( 𝜅 ) (1 + )
𝛽2
Dans l’équation (19), l’utilisation de la flèche au milieu des cordes rend la formule indépendante de l’effilement.
228
M. Yahyaoui Le régime transsonique
Exercice 11.1 :
On considère un profil NACA 0012 à incidence nulle dans un écoulement subsonique. Le coefficient de pression
minimum sur ce profil placé dans un écoulement incompressible est Cp = − 0,43. Déterminer la valeur du nombre
de Mach critique de ce profil pour une incidence nulle.
Exercice 11.2 :
Un avion est conçu pour voler à un nombre de Mach 𝑀∞ = 0,9 avec une aile sans flèche construite à partir d’un
profil d’épaisseur maximum de 8 % de corde. On souhaite augmenter sa capacité en carburant qui est stocké dans
l’aile, en utilisant une aile de plus grande épaisseur relative avec 45° de flèche. Quelle est alors l’épaisseur
maximale relative du profil pour que l’avion éprouve la même traînée ?
Exercice 11.3
Un chasseur supersonique (nombre de Mach maximum M = 2,2) possède un fuselage de base dont le maître couple
évolue selon une fonction elliptique :
(𝑥 + 𝑥 0 − 𝐿 ⁄2)2 𝐴2
+ =1
(𝐿⁄2)2 𝐴2𝑚𝑎𝑥
avec une longueur 𝐿 = 14,85 𝑚, un maître couple maximum 𝐴𝑚𝑎𝑥 = 3 𝑚2 et 𝑥0 = 4 𝑚. L’aile de l’avion est une
aile delta (bord de fuite parallèle à l’axe y) d’envergure 𝑏 = 9,13 𝑚, de corde en pied 𝑐𝑟 = 8,2 𝑚 et de corde en
tête 𝑐𝑡 = 0,7 𝑚. L’origine du repère correspond au bord d’attaque de l’aile en pied (sur l’axe x) et il est situé à la
distance 𝑥0 du nez de l’avion. L’épaisseur de l’aile varie selon la relation :
1
𝑒(𝑥, 𝑦) 𝑥̅ 𝑝𝑜𝑢𝑟 0 ≤ 𝑥̅ ≤ 0,13
0,13
𝑒̅(𝑥̅ ) = = ; 𝑥̅ = 𝑥⁄𝑐
𝑒𝑚𝑎𝑥 (𝑦) 1
− (1 − 𝑥̅ ) 𝑝𝑜𝑢𝑟 0,13 ≤ 𝑥̅ ≤ 1
{ 0,87
1 1
𝑒𝑚𝑎𝑥 (𝑦) = − 𝑦 +
𝑏 2
On néglige l’influence de l’empennage de queue.
Comment modifier le fuselage de l’avion pour conserver de bonnes performances aérodynamiques en écoulement
transsonique ? Tracer selon l’axe x l’évolution du maître couple pour le fuselage modifié.
229
M. Yahyaoui L’écoulement dans une tuyère
I. Introduction
Les tuyères sont des conduits convergents ou convergents divergents utilisées fréquemment en aéronautique et
propulsion spatiale et servent à accélérer ou décélérer un écoulement. Les tuyères purement convergentes sont
utilisées pour accélérer un écoulement subsonique, au maximum jusqu’à Mach 1. Les tuyères convergente-
divergentes peuvent accélérer un écoulement d’un gaz du subsonique au supersonique ou le décélérer dans le sens
inverse.
La soufflerie supersonique a une tuyère convergente-divergente juste avant la veine d’essais qui sert à accélérer
l’air provenant du réservoir, où la vitesse est pratiquement nulle, au Mach supersonique de conception de la veine.
Elle contient aussi une tuyère convergente-divergente juste après la veine d’essai pour décélérer l’air jusqu’à une
faible vitesse subsonique.
Les tuyères sont aussi utilisées dans le processus de propulsion des engins volants. Les réacteurs des avions et les
moteurs de fusée sont équipés de tuyères d’éjection pour accélérer les gaz brûlés et produire la poussée nécessaire.
II. Équation d’Hugoniot
On considère l’écoulement d’un gaz dans une veine solide ou fluide. L’équation de conservation du débit
massique s’écrit :
𝑚̇ = 𝜌𝑉𝑆 = 𝐶 𝑡𝑒
On prend le différentiel de cette équation :
𝑑(𝜌𝑆𝑉 ) = 0
𝑆𝑉𝑑𝜌 + 𝜌𝑆𝑑𝑉 + 𝜌𝑉𝑑𝑆 = 0
On divise par le produit 𝜌𝑆𝑉qui est non nul :
𝑑𝜌 𝑑𝑉 𝑑𝑆
+ + =0
𝜌 𝑉 𝑆
𝑑𝜌 𝑑𝑝 𝑑𝑉 𝑑𝑆
+ + =0
𝑑𝑝 𝜌 𝑉 𝑆
Or :
𝑑𝜌 1
= ; 𝑎 é𝑡𝑎𝑛𝑡 𝑙𝑎 𝑣𝑖𝑡𝑒𝑠𝑠𝑒 𝑑𝑢 𝑠𝑜𝑛.
𝑑𝑝 𝑎2
Et on rappelle l’équation d’Euler suivant une ligne de courant dans un écoulement stationnaire :
𝑑𝑝
= −𝑉𝑑𝑉
𝜌
Ces deux relations nos permettent d’écrire :
−𝑉𝑑𝑉 𝑑𝑉 𝑑𝑆
+ + =0
𝑎2 𝑉 𝑆
𝑉 2 𝑑𝑉 𝑑𝑆
(1 − 2 ) + =0
𝑎 𝑉 𝑆
𝑑𝑆 𝑑𝑉
= (𝑀 2 − 1) (1)
𝑆 𝑉
C’est l’équation d’Hugoniot qui régit les variations différentielles de la vitesse d’un écoulement stationnaire et non
visqueux dans une veine, en fonction de la variation de la surface de la section. Cette équation permet d’établir un
point de comparaison important entre un écoulement subsonique et un écoulement supersonique dans une veine.
230
M. Yahyaoui L’écoulement dans une tuyère
1. Écoulement subsonique
On a :
𝑀2 − 1 < 0
D’après l’équation d’Hugoniot 𝑑𝑆 et 𝑑𝑉sont de signes opposés. Si la section diminue, la vitesse augmente (et
d’après l’équation de Bernoulli ou l’équation de St Venant, la pression diminue) et vice-versa (Figure 12.1). Ce
fait doit être familier à toute personne qui a utilisé un tuyau d’arrosage et qui a constaté qu’appuyer sur l’extrémité
du tuyau augmente la vitesse du jet d’eau.
𝑉 ↗ et 𝑝 ↘ 𝑉 ↘ et 𝑝 ↗
Figure 12.1 : Variation de la vitesse d'un écoulement subsonique dans une veine.
2. Écoulement supersonique
On a :
𝑀2 − 1 > 0
D’après l’équation d’Hugoniot 𝑑𝑆 et 𝑑𝑉sont de même signe. Si la section diminue, la vitesse diminue (la pression
augmente) et vice-versa (Figure 12.2). Ce résultat peut aller contre l’intuition de tout lecteur qui n’a pas de
connaissance préalable sur la physique d’un écoulement supersonique, ce dernier n’étant pas un objet de la vie
quotidienne.
𝑉 ↘ 𝑒𝑡 𝑝 ↗ 𝑉 ↗ 𝑒𝑡 𝑝 ↘
Figure 12.2 : Variation de la vitesse d'un écoulement supersonique dans une veine.
𝑑𝑆 = 0
C’est-à-dire que S passe par un extremum.
On peut raisonner qu’un minimum absolu est la seule solution physiquement possible :
1. On suppose que S est un maximum, relatif ou absolu (Figure 12.3) :
Si l’écoulement approche l’extremum avec un Mach subsonique, la vitesse de l’écoulement va diminuer
puisque cette partie de la veine est divergente et l’écoulement est subsonique. Il n’y a donc de possibilité
d’avoir 𝑀 = 1 là où 𝑑𝑆 = 0.
De même si l’écoulement approche avec un Mach supersonique sur la partie divergente de la veine, le Mach
va augmenter et on s’éloigne encore plus de Mach 1 en allant vers l’extremum de la surface de la section.
231
M. Yahyaoui L’écoulement dans une tuyère
𝑑𝑆 = 0
𝑆𝑖 𝑀 < 1 ⟹ 𝑀 ↘
𝑆𝑚𝑎𝑥
𝑆𝑖 𝑀 > 1 ⟹ 𝑀 ↗
𝑀 = 1?
L’extremum de S, correspondant à Mach 1, ne peut pas être un maximum, ni relatif ni absolu et doit être
un minimum.
2. On suppose que S est un minimum relatif (Figure 12.4) :
𝑑𝑆 = 0
𝑆 𝑆′ = 𝑆
𝑀 = 1?
Soit S un minimum relatif et supposons que 𝑀 = 1 au niveau de cette section. Puisqu’il existe des sections
plus petites, il y aura au moins une section 𝑆′ qui est égale à 𝑆. Puisque l’écoulement dans la veine est
stationnaire et non visqueux et le fluide doit avoir les mêmes propriétés au niveau de 𝑆′ qu’au niveau de S.
Le nombre de Mach en 𝑆′ doit aussi être égal à 1. Mais ceci est en contradiction avec le fait que 𝑑𝑆 ≠ 0
en 𝑆′. On peut donc conclure que l’extrémum de S ne peut pas être un minimum relatif.
L’extremum de 𝑆′ ne pouvant pas être un maximum, ni un minimum relatif, il ne peut être qu’un minimum
absolu. On peut par exemple avoir Mach 1 au niveau du col d’une tuyère convergente-divergente ou tuyère
de Laval (Figure 12.5) :
Col/gorge de la tuyère
𝑀<1 𝑀>1
𝑀>1 𝑀<1
𝑀=1
L’écoulement peut être subsonique en amont du col et supersonique en aval ou bien le contraire.
La tuyère convergente-divergente est une géométrie d’une très grande importance en aéronautique. Elle est souvent
utilisée pour accélérer un écoulement du subsonique au supersonique comme est le cas des tuyères d’éjection des
réacteurs et des moteurs fusée et la tuyère qui alimente la veine d’essai d’une soufflerie supersonique. Elle peut
aussi servir à décélérer un écoulement du supersonique au subsonique (tuyère d’éjection d’une soufflerie
supersonique à rafale, Figure 12.6).
232
M. Yahyaoui L’écoulement dans une tuyère
𝑝0 𝑀>1
𝑀≈0
𝑀≈0
Col/gorge
Réservoir ODC
𝑀𝑒
𝑀≈0
𝑝0 𝑝𝑒
𝑝(𝑥)
𝑝𝑒 ⁄𝑝0 = 1
𝑝0
𝑝𝑒′ ⁄𝑝0
𝑀(𝑥)
−𝛾
𝛾 − 1 2 𝛾−1
𝑀𝑐 𝑝𝑒′′ ⁄𝑝0 = (1 + 𝑀𝑐 )
2
𝑀=1
𝑝𝑒′′ ⁄𝑝0 < 𝑝𝑒 ⁄𝑝0 < 𝑝𝑒′ ⁄𝑝0
𝑝𝑒′ ⁄𝑝0
𝑝𝑒 ⁄𝑝0 = 1 𝑥
On suppose que la pression d’alimentation 𝑝0 est fixe alors que le rapport 𝑝𝑒 ⁄𝑝0 peut être varié en contrôlant la
pression d’éjection (𝑝𝑒 , Figure 12.7) :
- Si 𝑝𝑒 ⁄𝑝0 = 1 il n y’aura pas d’écoulement et on aura :
𝑝(𝑥) = 𝑝0
{ ∀𝑥
𝑀 (𝑥 ) = 0
- On réduit légèrement le rapport 𝑝𝑒 ⁄𝑝0 . Il s’établit dans ce cas un écoulement subsonique dans la tuyère
caractérisé par une augmentation de la vitesse, de l’entrée de la tuyère jusqu’au col, puis une diminution du
233
M. Yahyaoui L’écoulement dans une tuyère
col jusqu’à la sortie de la tuyère. La vitesse maximale se trouve au col de la tuyère. La pression évolue dans
le sens contraire à celui de la vitesse. Elle est minimale au col.
- Si on continue à diminuer le rapport 𝑝𝑒 ⁄𝑝0 on atteindra une valeur de ce rapport pour laquelle le nombre de
Mach atteint 1− (tend vers 1 par valeur inférieure) au niveau du col puis diminue de nouveau. Ce rapport est
dénoté 𝑝𝑒′ ⁄𝑝0 .
- Si on continue à diminuer le rapport de pression il apparaîtra un choc droit au niveau du col et ce choc se
déplacera vers la sortie de la tuyère au fur et à mesure que le rapport 𝑝𝑒 ⁄𝑝0 diminue.
- On atteindra une valeur de 𝑝𝑒 ⁄𝑝0 pour laquelle le choc disparait à la sortie de la tuyère. A ce rapport, que l’on
dénotera 𝑝𝑒′′ ⁄𝑝0 , la tuyère atteint son Mach de conception supersonique (𝑀𝑐 ). L’écoulement est isentropique
sur toute la tuyère et le rapport de pression vérifie la relation de Saint Venant :
−𝛾
𝛾 − 1 2 𝛾−1
𝑝𝑒′′ ⁄𝑝0 = (1 + 𝑀𝑐 )
2
- Si la pression d’éjection 𝑝𝑒′′ est inférieure à la pression ambiante (𝑝𝑎 ), le jet est dit sur-détendu.
L’augmentation de pression de 𝑝𝑒′′ à 𝑝𝑎 se fait à travers de chocs obliques qui peuvent être attachés à la
sortie de la tuyère ou même décalés vers l’intérieur lorsque le gradient de pression est suffisamment
important pour entraîner le décollement du jet à l’intérieur du divergent (Figure 12.8-a).
- Si la pression d’éjection 𝑝𝑒′′ est supérieure à la pression ambiante (𝑝𝑎 ), le jet est sous-détendu et la
diminution de pression de 𝑝𝑒′′ à 𝑝𝑎 se fait à par moyen d’ondes de détente (Figure 12.8-b).
𝑝𝑎
𝑝𝑎
𝑝𝑠′′ Chocs obliques
𝑝𝑠′′ Chocs obliques
𝑝𝑎
𝑝𝑎
Sans décollement Avec décollement
(a) Tuyère sur-détendue : 𝑝𝑠′′ < 𝑝𝑎
𝑝𝑎
𝑝𝑠′′ Ondes de
détente
𝑝𝑎
(b) Tuyère sous-détendue : 𝑝𝑠′′ > 𝑝𝑎
- Si la pression d’éjection est égale à la pression ambiante la tuyère est dite adaptée. Pour les tuyères
propulsives, cette condition correspond à une poussée optimale. En effet, la poussée d’une tuyère est donnée
par :
𝐹 = 𝑚̇(𝑉𝑒 − 𝑉0 ) + (𝑝𝑒 − 𝑝𝑎 )𝑆𝑒
où 𝑆𝑒 est la surface de la section d’éjection, et 𝑉0 est la vitesse à l’entrée d’un réacteur. Dans le cas d’un
moteur de fusée, 𝑉0 est nulle.
- La poussée sera toujours optimale dans le vide (𝑝𝑎 = 0). Mais dans les conditions normales, la poussée
dépend de la pression extérieure et elle est optimale pour 𝑝𝑒 = 𝑝𝑎 . Lorsque le jet est sur-détendu, le
terme (𝑝𝑒 − 𝑝𝑎 )𝑆𝑒 est négatif et la poussée est inférieure à la poussée d’adaptation. Lorsque le jet est sous-
détendu, bien que ce terme soit positif, la pression reste inférieure à la poussée d’adaptation puisque la vitesse
d’éjection n’atteint pas la valeur qu’elle aurait atteint dans le cas d’un jet adapté. Le terme 𝑚̇(𝑉𝑒 − 𝑉0 ) est
moins important donnant une poussée nette moins importante.
234
M. Yahyaoui L’écoulement dans une tuyère
- Pour tout rapport de pression inférieur ou égal à 𝑝𝑒′ ⁄𝑝0 la partie de la courbe de 𝑀(𝑥) correspondant à la
partie de la tuyère en amont du col reste la même et le Mach au col reste égal à un. Le débit massique de la
tuyère (𝑚̇) reste constant aussi. On appelle cet état de la tuyère où son débit massique devient indifférent au
changement du rapport 𝑝𝑒 ⁄𝑝0 état d’engorgement ou de blocage (Figure 12.9).
𝑚̇ 𝑀𝑐𝑜𝑙
Col/gorge
𝑝𝑒 , 𝑇𝑒
𝑀≈0 𝑒
𝑢𝑥
𝑝0
𝑇0
𝑝∗ , 𝑇 ∗
𝑀∗ = 1 𝑆𝑥
235
M. Yahyaoui L’écoulement dans une tuyère
𝛿𝑞 = 𝑑𝑒 + 𝑝𝑑𝑣 (5)
Or l’enthalpie statique ℎ est liée à l’énergie spécifique interne par la relation :
ℎ = 𝑒 + 𝑝𝑣
⟹ 𝑑ℎ = 𝑑𝑒 + 𝑝𝑑𝑣 + 𝑣𝑑𝑝 = 𝛿𝑞 + 𝑣𝑑𝑝
Puisque l’écoulement dans la tuyère est supposé adiabatique (𝛿𝑞 = 0), on obtient :
𝑑𝑝
𝑑ℎ = 𝑣𝑑𝑝 = (6)
𝜌
L’écoulement étant isentropique, on a de la thermodynamique la relation :
𝑝 = 𝑘𝜌𝛾 (7)
où 𝛾 = 𝑐𝑝 ⁄𝑐𝑣 .
On a donc :
𝑑𝑝
= 𝑘𝛾𝜌𝛾−2 𝑑𝜌 (8)
𝜌
On remplace l’équation (8) dans (6) et on intègre entre l’entrée de la tuyère et la section quelconque 𝑆𝑥 :
ℎ𝑥 𝜌𝑥
𝛾 𝛾
∫ 𝑑ℎ = 𝑘𝛾 ∫ 𝜌𝛾−2 𝑑𝜌 = 𝑘 [𝜌𝛾−1 ]𝜌𝜌𝑥0 = 𝑘 (𝜌𝛾−1 − 𝜌0𝛾−1 )
ℎ0 𝜌0 𝛾−1 𝛾−1 𝑥
𝛾 𝛾
𝛾 𝛾−1 𝛾−1 𝛾 𝑘𝜌𝑥 𝑘𝜌0
ℎ𝑥 − ℎ0 = (𝑘𝜌𝑥 − 𝑘𝜌0 ) = ( − )
𝛾−1 𝛾 − 1 𝜌𝑥 𝜌0
𝛾 𝑝0 𝑝𝑥 𝛾 𝑝0 𝑝𝑥 𝜌0
ℎ0 − ℎ𝑥 = ( − )= (1 − )
𝛾 − 1 𝜌0 𝜌𝑥 𝛾 − 1 𝜌0 𝑝0 𝜌𝑥
De l’équation (7) on a aussi :
1⁄
𝜌0 𝑝𝑥 − 𝛾
=( ) (9)
𝜌𝑥 𝑝0
Il s’ensuit que :
𝛾−1
𝛾 𝑝0 𝑝𝑥 𝛾
ℎ0 − ℎ𝑥 = [1 − ( ) ] (10)
𝛾 − 1 𝜌0 𝑝0
On remplace aussi les équations (11) et (9) dans (4) pour écrire :
𝑚̇
𝑆𝑥 =
1⁄ 𝛾−1
𝑝 − 𝑝 𝑝
√ 2𝛾 0 [1 − ( 𝑥 )
𝛾 𝛾
𝜌0 (𝑝0 ) ]
𝑥 𝛾 − 1 𝜌0 𝑝0
𝑚̇
𝑆𝑥 =
2⁄ 𝛾+1
√ 2𝛾 𝑝0 𝜌0 [(𝑝𝑥 )
𝛾 𝑝 𝛾
− (𝑝𝑥 ) ]
𝛾−1 𝑝0 0
2⁄ 𝛾+1
𝑚̇ 2𝛾 𝑝𝑥 𝛾 𝑝𝑥 𝛾
=√ 𝑝0 𝜌0 [( ) −( ) ] (12)
𝑆𝑥 𝛾−1 𝑝0 𝑝0
L’équation (12) nous permet de déterminer dans quel cas le rapport 𝑚̇⁄𝑆𝑥 est maximal. Pour ce faire, on pose :
236
M. Yahyaoui L’écoulement dans une tuyère
1
𝑝𝑥 ⁄𝛾
𝜙=( )
𝑝0
𝑓(𝜙) = 𝜙 2 − 𝜙 𝛾+1
Alors le rapport 𝑚̇⁄𝑆𝑥 admet un extremum si :
𝑓 ′ (𝜙) = 2𝜙 − (𝛾 + 1)𝜙 𝛾 = 0
1⁄
2 𝛾−1
⟹𝜙=( )
𝛾+1
On a dans ca cas :
𝛾
⁄𝛾−1
𝑝𝑥 2
=( ) (13)
𝑝0 𝛾+1
Ce rapport est appelé rapport critique de pression. Comme vu auparavant, l’écoulement dans une tuyère de Laval
admet un seul extremum au niveau du col. Puisque 𝑆𝑥 est minimale au niveau du col et 𝑚̇ est une constante, le
rapport 𝑚̇⁄𝑆𝑥 est maximal au niveau du col et on a :
𝛾
⁄𝛾−1
𝑝∗ 2
=( ) (14)
𝑝0 𝛾+1
où 𝑝∗ est la pression au niveau du col. Dans le cas de l’air on a 𝛾 = 1.4 et :
𝑝∗
≅ 0.528
𝑝0
On remplace l’équation (14) dans (11) lorsque 𝑆𝑥 coïncide avec le col, on obtient la vitesse de l’écoulement au
col :
2𝛾 𝑝0 2
𝑢∗ = √ [1 − ]
𝛾 − 1 𝜌0 𝛾+1
2𝛾 𝑝0
𝑢∗ = √ (15)
𝛾 + 1 𝜌0
Par ailleurs on a :
1⁄ 1 𝛾 1−𝛾
𝑝0 𝑝0 𝑝∗ 𝜌∗ 𝑝0 𝑝∗ 𝑝∗ 𝛾 𝑝∗ 𝛾−1 𝑝∗ 2 𝛾−1 𝛾 𝑝∗ 𝛾 + 1 𝑝∗
= = ( ) =( ) =( ) =
𝜌0 𝑝∗ 𝜌∗ 𝜌0 𝑝∗ 𝜌 ∗ 𝑝0 𝑝0 𝜌 ∗ 𝛾+1 𝜌∗ 2 𝜌∗
𝑝0 𝛾 + 1 𝑝∗
=
𝜌0 2 𝜌∗
On utilise cette relation dans l’équation (15) :
2𝛾 𝛾 + 1 𝑝∗ 𝑝∗
𝑢∗ = √ = √𝛾 = √𝛾𝑅𝑇 ∗
𝛾 + 1 2 𝜌∗ 𝜌∗
𝑢∗ = 𝑎∗ ⟺ 𝑀∗ = 1
Le nombre de Mach au niveau du col est alors égal à 1.
Une fois le rapport critique de pression est atteint au niveau du col, on a d’après les équations (9) et (14) :
1⁄
𝜌∗ 2 𝛾−1
=( ) (17)
𝜌0 𝛾+1
On combine les équations (17) et (15) pour écrire :
237
M. Yahyaoui L’écoulement dans une tuyère
1⁄
𝑚̇ 2 𝛾−1 2𝛾 𝑝0
= 𝜌∗ 𝑢∗ = 𝜌0 ( ) √
𝑆∗ 𝛾+1 𝛾 + 1 𝜌0
1⁄
𝑚̇ 2 𝛾−1 2𝛾
=( ) √ 𝜌 𝑝 (18)
𝑆 ∗ 𝛾+1 𝛾+1 0 0
L’équation (18) montre que le débit massique est déterminé par la surface de la section du col et la pression et
masse volumique de stagnation (dites aussi de réservoir).
On divise l’équation (18) par (12) pour obtenir une relation entre la surface d’une section quelconque 𝑆𝑥 et 𝑆 ∗ :
1⁄
𝑆𝑥 2 𝛾−1 2𝛾 1
=( ) √ 𝜌 𝑝
𝑆 ∗ 𝛾+1 𝛾+1 0 0 2⁄ 𝛾+1
√ 2𝛾 𝑝0 𝜌0 [(𝑝𝑥 )
𝛾 𝑝 𝛾
− (𝑝𝑥 ) ]
𝛾−1 𝑝0 0
1⁄
𝑆𝑥 2 𝛾−1 𝛾−1
∗
=( ) 𝛾+1
𝑆 𝛾+1 √ 𝑝 ⁄𝛾
2
𝑝 𝛾
(𝛾 + 1) [( 𝑥 ) − ( 𝑥 ) ]
𝑝0 𝑝0
L’équation (19) montre que, pour une tuyère de rapport de section 𝑆𝑒 ⁄𝑆 ∗ donné, il existe un rapport de
pression 𝑝𝑒 ⁄𝑝0 bien déterminé pour lequel on a un écoulement sans onde de choc (isentropique) sur toute la tuyère.
Cette équation est plus souvent exprimée en termes du nombre de Mach. Ceci peut être fait en reconsidérant
l’équation de conservation du débit massique et en utilisant le fait que 𝑢∗ = 𝑎∗ :
𝑆 𝜌∗ 𝑎∗ 𝜌∗ 𝜌0 𝑎∗
𝜌∗ 𝑎∗ 𝑆 ∗ = 𝜌𝑢𝑆 ⇒ ∗
= =
𝑆 𝜌𝑢 𝜌0 𝜌 𝑢
Or d’après les équations de Saint Venant on a :
1⁄ 1⁄
𝜌0 𝛾−1 2 𝛾−1 𝜌0 𝜌0 𝛾+1 𝛾−1
= (1 + 𝑀 ) ⟹ = | =( )
𝜌 2 𝜌∗ 𝜌 𝑀=𝑀∗ =1 2
On rappelle la définition du nombre de Mach caractéristique (𝑀∗ = 𝑢⁄𝑎∗ ) et la relation entre 𝑀∗ le Mach réel :
(𝛾 + 1)𝑀 2
𝑀∗ 2 =
2 + (𝛾 − 1)𝑀 2
On utilise les trois dernières relations pour déterminer le rapport 𝑆⁄𝑆 ∗ :
2⁄ 2⁄ (𝛾 − 1) 2
𝑆 2 𝜌∗ 2 𝜌0 2 𝑎∗ 2 2 𝛾−1 𝛾−1 2 𝛾−1 1+
2
𝑀
( ∗) = ( ) ( ) ( ) = ( ) (1 + 𝑀 ) [ ]
𝑆 𝜌0 𝜌 𝑢 𝛾+1 2 (𝛾 + 1 ) 2
𝑀
2
𝛾+1
𝑆 2 1 2 𝛾 − 1 2 𝛾−1
( ∗) = 2 [ (1 + 𝑀 )]
𝑆 𝑀 𝛾+1 2
𝛾+1
𝑆 1 2 𝛾 − 1 2 2(𝛾−1)
∗
= [ (1 + 𝑀 )] (20)
𝑆 𝑀 𝛾+1 2
L’équation (20) indique que le nombre de Mach à la sortie de la tuyère est fonction du rapport 𝑆𝑒 ⁄𝑆 ∗ . Autrement
dit, une tuyère à géométrie fixe, lorsqu’elle fonctionne correctement, fournira le Mach d’éjection pour lequel elle
a été conçue. Mais, comme on a vu auparavant, le fonctionnement à ce nombre de Mach exige pression à la sortie
soit inférieure ou égale à 𝑝𝑒′′ avec :
238
M. Yahyaoui L’écoulement dans une tuyère
Exercices
Exercice 12.1
Une soufflerie supersonique est conçue pour un Mach de 2.4 dans les conditions atmosphériques standard du
niveau de la mer. Déterminer :
a. Le rapport de la section de sortie à la section au col.
b. La pression et température du réservoir d’alimentation en air.
Exercice 12.2
La pression du réservoir d’une soufflerie supersonique est égale à 10atm. Un tube de Pitot est inséré dans la veine
d’essais et mesure une pression de 0.627atm. Calculer :
a. Le nombre de Mach dans la veine d’essais
b. Le rapport des surfaces de section sortie/gorge.
Exercice 12.3
Monter que le dédit d’un gaz calorifiquement parfait dans une tuyère convergente-divergente en état
d’engorgement est donné par :
𝑝0 𝑆 ∗
𝛾 2 𝛾+1⁄𝛾−1
𝑚̇ = √ ( )
√𝑇0 𝑅 𝛾 + 1
Exercice 12.4
Lorsque la pression et température du réservoir sont 15atm et 750°K, respectivement, le débit d’air est de 1.5kg/s.
Déterminer le débit si p0=20atm et T0=600°K.
Réservoir
𝑀∞ Faible
Mach
Tuyère Diffuseur
Veine d’essai
Exercice 10.5
Une tuyère convergente-divergente de section circulaire aspire de l’air aux conditions de l’atmosphère standard
avec une vitesse amont nulle.
D*=1cm
DS=2cm
L=10cm
I. ECOULEMENT CONIQUE
1. Définition d’un écoulement axisymétrique
On considère l’écoulement autour d’un corps de révolution à zéro incidence. Dans un repère cylindrique (𝑟, 𝜙, 𝑧),
un tel écoulement ne dépend que de 𝑟 et 𝑧 (Figure 13.1) et il est défini comme écoulement axisymétrique :
𝜕
=0 (1)
𝜕𝜙
𝑧
𝑟
𝜙
⃗∞
𝑉
On s’intéresse plus spécifiquement à l’écoulement supersonique autour d’un cône à zéro incidence. Un tel cas est
d’une grande importance en aérodynamique appliquée puisque le nez du fuselage de la plupart des avions
supersoniques et de missiles est conique. Une solution exacte existe pour ce type d’écoulement bien que l’étape
finale de la résolution soit numérique.
2. Équations de Taylor-MacColl d’un écoulement conique
On considère un cône de demi-angle au vertex 𝜃𝑐 placé à zéro incidence dans un écoulement supersonique (Figure
13.2).
𝑝, 𝑇, 𝜌, 𝑉 constants
𝑉𝜃 𝑉𝑟 sur tout rayon polaire
𝑥
𝛽 𝑟
𝜙
𝜃 𝜃
𝜃𝑐
⃗∞
𝑉 𝑧
𝑀∞ > 1 ∞
𝑦
Choc conique
On suppose que ce cône s’étend à l’infini aval. Il existe alors un choc conique attaché au sommet du cône. Une
ligne de courant, rectiligne en amont du choc, dévie continuellement en aval du choc jusqu’à ce qu’elle devienne
parallèle à la surface du cône asymptotiquement à l’infini. Ce comportement est différent du cas bidimensionnel
de l’écoulement sur un dièdre où les lignes de courant en aval du choc deviennent immédiatement parallèles à la
240
M. Yahyaoui Les corps de révolution
paroi. L’écoulement conique a aussi la caractéristique suivante : les propriétés (𝑝, 𝑇, 𝑉, etc.) sont constantes sur la
paroi du cône et sur tout rayon polaire émanant du sommet du cône. Une telle caractéristique a été démontrée
expérimentalement. Théoriquement, elle s’impose par l’hypothèse d’un cône semi infini où une propriété comme
la pression par exemple ne peut pas varier dans le sens de la longueur du cône car si elle change entre une distance
de 1m du sommet et une distance de 10m alors qu’elle valeur aura-t-elle à l’infini ?
Les caractéristiques mathématiques fondamentales de l’écoulement conique sont l’équation (1) et les fait que :
𝜕
=0 (2)
𝜕𝑟
On suppose que l’écoulement est adiabatique et stationnaire. L’équation de la continuité est :
⃗)=0
𝛻 ∙ (𝜌𝑉
En termes de coordonnés sphériques cette équation s’écrit :
1 𝜕 2 1 𝜕 1 𝜕(𝜌𝑉𝜙 )
2
(𝑟 𝜌𝑉𝑟 ) + (𝜌𝑉𝜃 𝑠𝑖𝑛 𝜃) + =0 (3)
𝑟 𝜕𝑟 𝑟 𝑠𝑖𝑛 𝜃 𝜕𝜃 𝑟 𝑠𝑖𝑛 𝜃 𝜕𝜙
On développe cette équation et on applique les conditions (1) et (2). On obtient alors :
2𝜌𝑉𝑟 1 𝜕
+ [𝜌𝑉𝜃 𝑐𝑜𝑠 𝜃 + 𝑠𝑖𝑛 𝜃 (𝜌𝑉𝜃 )] = 0
𝑟 𝑟 𝑠𝑖𝑛 𝜃 𝜕𝜃
Ou encore :
𝜕𝑉𝜃 𝑉𝜃 𝜕𝜌
2𝑉𝑟 + 𝑉𝜃 𝑐𝑜𝑡𝑔 𝜃 + + =0 (4)
𝜕𝜃 𝜌 𝜕𝜃
Puisque le choc conique n’est pas incurvé, l’augmentation d’entropie est la même pour toute les lignes de courant
et alors :
𝛻𝑠 = 0
En plus, l’écoulement étant adiabatique, on :
𝛻ℎ0 = 0
Alors, d’après le théorème de Crocco, l’écoulement est irrotationnel :
𝑒𝑟 𝑟𝑒𝜃 (𝑟 𝑠𝑖𝑛 𝜃 )𝑒𝜃
𝜕 𝜕 𝜕
⃗ = ||
𝛻∧𝑉 || = 0 (5)
𝜕𝑟 𝜕𝜃 𝜕𝜙
𝑉𝑟 𝑟𝑉𝜃 (𝑟 𝑠𝑖𝑛 𝜃 )𝑉𝜙
On développe ce déterminant et on applique les conditions (1) et (2), l’équation (5) se simplifie à :
𝜕𝑉𝑟
𝑉𝜃 = (6)
𝜕𝜃
L’équation (6) représente le fait que l’écoulement conique est irrotationnel. Dans ce cas, on peut appliquer
l’équation d’Euler dans n’importe quelle direction (et pas seulement suivant les lignes de courant) :
𝑑𝑝 = −𝜌𝑉𝑑𝑉 (7)
Et du fait que
𝑉 2 = 𝑉𝑟2 + 𝑉𝜃2
L’équation (7) devient :
𝑑𝑝 = −𝜌(𝑉𝑟 𝑑𝑉𝑟 + 𝑉𝜃 𝑑𝑉𝜃 ) (8)
On rappelle l’équation de la vitesse du son :
𝑎2 = (𝜕𝑝⁄𝜕𝜌)𝑠
Alors :
𝑑𝑝 = 𝑎2 𝑑𝜌
241
M. Yahyaoui Les corps de révolution
Ou aussi :
𝛾−1 2 𝑑𝑉 𝑑𝑉 𝑑𝑉
(𝑉𝑚𝑎𝑥 − 𝑉𝑟2 − 𝑉𝜃2 ) (2𝑉𝑟 + 𝑉𝜃 𝑐𝑜𝑡𝑔 𝜃 + 𝜃 ) − 𝑉𝜃 (𝑉𝑟 𝑟 + 𝑉𝜃 𝜃 ) = 0 (12)
2 𝑑𝜃 𝑑𝜃 𝑑𝜃
On prend la dérivée de l’équation (6) par rapport à 𝜃 :
𝑑𝑉𝜃 𝑑 2 𝑉𝑟
=
𝑑𝜃 𝑑𝜃 2
Puis on remplace cette relation et l’équation (6) elle-même dans (12) :
𝛾−1 2 𝑑𝑉𝑟 2 𝑑𝑉𝑟 𝑑 2 𝑉𝑟 𝑑𝑉𝑟 𝑑𝑉𝑟 𝑑𝑉𝑟 𝑑 2 𝑉𝑟
[𝑉𝑚𝑎𝑥 − 𝑉𝑟2 − ( ) ] (2𝑉𝑟 + 𝑐𝑜𝑡𝑔 𝜃 + 2
)− (𝑉𝑟 + )=0 (13)
2 𝑑𝜃 𝑑𝜃 𝑑𝜃 𝑑𝜃 𝑑𝜃 𝑑𝜃 𝑑𝜃 2
L’équation (13) est l’équation de Taylor-MacColl. C’est une équation différentielle qui régit la composante de
vitesse suivant les rayons polaires 𝑉𝑟 et celle-ci est fonction du coordonné 𝜃 seulement. Une fois cette composante
est calculée, la composante 𝑉𝜃 est obtenue résolvant l’équation (6).
L’équation (13) n’admet pas de solution analytique mais une solution numérique est possible. Du fait que la vitesse
dépend du Mach et de la température, on pourra réduire le temps de calcul et ceci en introduisant la vitesse
adimensionnelle :
𝑉
𝑉′ = (14)
𝑉𝑚𝑎𝑥
En termes de vitesse adimensionnelle, l’équation (13) devient :
2
𝛾−1 𝑑𝑉𝑟′ 𝑑𝑉𝑟′ 𝑑 2 𝑉𝑟′ 𝑑𝑉𝑟′ ′ 𝑑𝑉𝑟′ 𝑑𝑉𝑟′ 𝑑 2 𝑉𝑟′
[1 − 𝑉𝑟′ 2 − ( ) ] (2𝑉𝑟′ + 𝑐𝑜𝑡𝑔 𝜃 + ) − (𝑉 + )=0 (15)
2 𝑑𝜃 𝑑𝜃 𝑑𝜃 2 𝑑𝜃 𝑟 𝑑𝜃 𝑑𝜃 𝑑𝜃 2
242
M. Yahyaoui Les corps de révolution
où :
𝑉𝑟
𝑉𝑟′ =
𝑉𝑚𝑎𝑥
La vitesse adimensionnelle est fonction du nombre de Mach seulement. Ceci peut être démontré en partant de
l’équation :
𝑎2 𝑉 2 𝑉𝑚𝑎𝑥
2
+ =
𝛾−1 2 2
1 𝑎 2 1 1 𝑉𝑚𝑎𝑥 2
( ) + = ( )
𝛾−1 𝑉 2 2 𝑉
1 1 2 1 1 𝑉𝑚𝑎𝑥 2
( ) + = ( )
𝛾−1 𝑀 2 2 𝑉
−1⁄2
𝑉 2
𝑉′ = =[ + 1] (16)
𝑉𝑚𝑎𝑥 (𝛾 − 1)𝑀 2
Le fait que la vitesse adimensionnelle soit fonction du Mach seulement, le calcul de la température n’est plus
nécessaire et il y a réduction du nombre de variables à calculer par la solution numérique.
3. Procédure de calcul numérique
La solution numérique de l’équation de Taylor-MacColl consiste en les étapes suivantes :
- Supposer une valeur de l’angle du choc 𝛽 puis, en utilisant les équations du choc oblique, déterminer l’angle
de déviation de l’écoulement à travers le choc (𝛿) et le Mach juste derrière le choc (𝑀2 ).
- Ayant déterminé 𝑀2 , déterminer 𝑉𝑟′ 2 et 𝑉𝜃′ 2 au même endroit en utilisant l’équation (16) et Figure 13.3.
- Utiliser la valeur de 𝑉𝑟′ 2 comme condition aux limites et une méthode d’intégration des équations
différentielles (la méthode de Runge-Kutta d’ordre 4 est une bonne méthode) pour intégrer l’équation (15)
en marchant du choc vers la paroi du cône.
- A chaque incrément ∆𝜃, la valeur de 𝑉𝜃′ est calculée en utilisant l’équation (6). On arrivera à une valeur de 𝜃
pour laquelle 𝑉𝜃′ = 0. Si cette valeur est différente de 𝜃𝑐 , il faut réajuster la valeur supposée de 𝛽 et refaire le
calcul.
- Une fois les étapes précédentes ont convergé vers une solution, les propriétés de l’écoulement entre le choc
et la paroi du cône seront connues. La vitesse adimensionnelle est donnée par :
2
𝑉 ′ = √𝑉𝑟′ 2 + 𝑉𝜃′ ,
et le nombre de Mach est déterminé à partir de l’équation (16). Quant à la pression, température et masse
volumique, elles sont calculables en appliquant les équations de Saint Venant.
𝛽
𝑉𝑟′ 𝑉𝜃′
𝛿
𝑀2 , 𝑉2
𝑀∞
𝜓
∆𝜃
𝜃𝑐
𝜃
L’application de la procédure précédente amène à la solution donnée sur Figure 13.4. Sur la même figure est
représentée la solution correspondant à l’écoulement supersonique sur un dièdre de même angle et sommet et au
même nombre de Mach. Ces résultats montrent que le choc sur un dièdre est plus fort que celui sur un cône puisque
l’angle du choc est plus important. La pression agissant sur le dièdre sera aussi plus importante. La nature
tridimensionnelle de l’écoulement sur un cône offre au gaz plus d’espace en aval du choc et ceci explique les
différences en termes d’angle du choc et d’augmentation de pression entre l’amont du choc et la paroi de l’objet.
Figure 13.4 Diagramme 𝜃 − 𝛽 − 𝑀 à 𝑀∞ = 2 pour l’écoulement tridimensionnel sur un cône et l’écoulement bidimensionnel
sur un dièdre (choc faible).
Comme dans le cas d’un écoulement sur un dièdre, au-delà d’une certaine valeur du demi-angle au sommet du
cône, le choc se détache et devient incurvé (Figure 13.5). La solution de Taylor-MacColl n’est plus valable.
Choc incurvé
Choc conique détaché
𝑀1 > 1 𝑀1 > 1
𝜃𝑐 < 𝜃𝑚𝑎𝑥 𝜃𝑐 > 𝜃𝑚𝑎𝑥
Figure 13.5. Détachement du choc conique au-delà d’un angle au sommet bien déterminé.
Figure 13.6 montre la variation du nombre de Mach et de la pression entre le choc et la surface du cône. La pression
augmente continuellement du choc conique vers la paroi alors que le nombre de Mach évolue en sens inverse. Ceci
s’explique par la forme des lignes de courant qui, en aval du choc, dévie continuellement (Figure 13.7) puis
asymptotiquement deviennent parallèles à la surface du cône. L’écoulement est continuellement dévié vers lui-
même et subit ainsi une compression.
244
M. Yahyaoui Les corps de révolution
Bien que pour la plupart des cas, l’écoulement reste supersonique sur tout le domaine entre le choc et la surface,
si l’angle du cône est élevé tout en restant inférieur à 𝜃𝑚𝑎𝑥 , l’écoulement subit une compression isentropique
jusqu’au subsonique (Figure 13.7).
Choc
𝜓 Ligne sonique
𝑀<1
𝑀>1
𝜃𝑐
𝑀∞ > 1
𝛽
Figure 13.7. Compression isentropique jusqu’au subsonique près de la paroi pour 𝜃𝑐 important (mais < 𝜃𝑚𝑎𝑥 ).
245
M. Yahyaoui Les corps de révolution
𝛷(𝑥, 𝑟, 𝜃) = 𝑉∞ 𝑥 + 𝜙̃(𝑥, 𝑟, 𝜃)
où 𝜙̃ est le potentiel qui représente les faibles perturbations imposées à cet écoulement par la présence du corps
axisymétrique de faible rayon.
Les composantes de vitesse dans un repère cylindrique tel que l’axe des 𝑥 est aligné avec l’axe du corps
sont (Figure 13.8) :
𝜕𝛷 𝜕𝜙̃
𝑢= = 𝛷𝑥 = 𝑉∞ + = 𝑉∞ + 𝜙̃𝑥
𝜕𝑥 𝜕𝑥
𝜕𝛷 𝜕𝜙̃
𝑣= = = 𝜙̃𝑟 (17)
𝜕𝑟 𝜕𝑟
1 𝜕𝛷 1 𝜕𝜙̃ 1
𝑤= = = 𝜙̃
𝑟 𝜕𝜃 𝑟 𝜕𝜃 𝑟 𝜃
On définit les perturbations de vitesse :
𝑢̃ = 𝜙̃𝑥
𝑣̃ = 𝜙̃𝑟 (18)
1
𝑤̃ = 𝜙̃𝜃
𝑟
𝑧
𝑦
𝑟
𝜃
𝑥
Figure 13.8. Repère cylindrique affecté à un corps de révolution.
Par une démarche semblable à celle du chapitre 7, on peut établir l’équation régissant le potentiel des vitesses des
perturbations :
2)̃
𝜙̃𝑟 1
(1 − 𝑀∞ 𝜙𝑥𝑥 + 𝜙̃𝑟𝑟 + + 2 𝜙̃𝜃𝜃 = 0 (19)
𝑟 𝑟
• Écoulement incompressible (𝑀∞
2
→ 0) :
𝜙̃𝑟 1
𝜙̃𝑥𝑥 + 𝜙̃𝑟𝑟 + + 2 𝜙̃𝜃𝜃 = 0 (20)
𝑟 𝑟
• Écoulement subsonique compressible :
𝜙̃𝑟 1
𝛽 2 𝜙̃𝑥𝑥 + 𝜙̃𝑟𝑟 + + 2 𝜙̃𝜃𝜃 = 0 (21)
𝑟 𝑟
𝛽 2 = 1 − 𝑀∞
2
• Écoulement supersonique :
𝜙̃𝑟 1
𝜆2 𝜙̃𝑥𝑥 − 𝜙̃𝑟𝑟 − − 2 𝜙̃𝜃𝜃 = 0 (22)
𝑟 𝑟
𝜆2 = 𝑀∞
2
−1
Remarque :
Dans le cas d’un écoulement axisymétrique, les propriétés de l’écoulement ne dépendent pas du coordonné 𝜃 ce
qui revient à éliminer le denier terme des équations (20)-(22).
246
M. Yahyaoui Les corps de révolution
247
M. Yahyaoui Les corps de révolution
−𝑓 (𝜉 )𝑑𝜉
𝑑𝜙̃ =
√(𝑥 − 𝜉 )2 + 𝑟 2
La fonction 𝑓(𝜉 ) représente l’intensité par unité de longueur des sources.
(𝑥, 𝑟)
𝑟
𝑅 (𝑥 )
⃗∞
𝑉 𝑓(𝜉 )𝑑𝜉 𝑥, 𝜉
Dans le cas d’un écoulement subsonique, l’écoulement étant mathématiquement elliptique, tout point du champ
de l’écoulement est influencé par toutes les sources. L’effet des sources est donc intégré sur toute la longueur du
corps :
𝑙
−𝑓 (𝜉 )𝑑𝜉
𝜙̃(𝑥, 𝑟) = ∫ (29)
0 √ (𝑥 − 𝜉 )2 + 𝑟 2
La solution consiste dorénavant à déterminer 𝑓(𝜉 ) en calculant tout d’abord les composantes de la vitesse des
perturbations 𝑢̃ et 𝑣̃ puis en imposant la condition aux limites qui, pour un fluide non visqueux, traduit le fait que
l’écoulement doit être tangent à la paroi de l’objet :
𝑑𝑅 𝑣̃
= (30)
𝑑𝑥 𝑉∞ + 𝑢̃
Où :
𝜕𝜙̃ 𝜕 𝑙 −𝑓 (𝜉 )𝑑𝜉
𝑢̃ = = ∫
𝜕𝑥 𝜕𝑥 0 √(𝑥 − 𝜉 )2 + 𝑟 2
𝑙
𝑓 (𝜉 )(𝑥 − 𝜉 )𝑑𝜉
𝑢̃ = ∫ (31)
0 [(𝑥 − 𝜉 )2 + 𝑟 2 ]3⁄2
Et :
𝜕𝜙̃ 𝜕 𝑙 −𝑓(𝜉 )𝑑𝜉
𝑣̃ = = ∫
𝜕𝑟 𝜕𝑟 0 √(𝑥 − 𝜉 )2 + 𝑟 2
𝑙
𝑓 (𝜉 )𝑑𝜉
𝑣̃ = 𝑟 ∫ (32)
0 [(𝑥 − 𝜉 )2 + 𝑟 2 ]3⁄2
La solution donnée par l’équation (29), appliquée au cas subsonique compressible, devient :
𝑙
−𝑓 (𝜉 )𝑑𝜉
𝜙̃(𝑥, 𝑟) = ∫ (33)
0 √ (𝑥 − 𝜉 )2 + 𝛽 2 𝑟 2
𝑙
𝑓 (𝜉 )(𝑥 − 𝜉 )𝑑𝜉
𝑢̃ = ∫ (34)
0 [(𝑥 − 𝜉 )2 + 𝛽 2 𝑟 2 ]3⁄2
𝑙
𝑓 (𝜉 )𝑑𝜉
𝑣̃ = 𝛽 2 𝑟 ∫ (35)
0 [(𝑥 − 𝜉 )2 + 𝛽 2 𝑟 2 ]3⁄2
Les équations (30), (34) et (35) sont la base de la résolution de l’écoulement subsonique, compressible ou
incompressible (𝛽 = 1), stationnaire, irrotationnel et non visqueux autour de corps axisymétriques de faible rayon,
pouvant être traité par l’approche des petites perturbations. Une solution numérique à ce problème est donnée ci-
dessous.
248
M. Yahyaoui Les corps de révolution
5. Solution numérique
On représente l’écoulement par un nombre 𝑁 donné de sources et puits. D’après les équations (33)-(35), le
potentiel et les composantes de la vitesse associés avec les perturbations sont :
𝑁
−𝐴𝑖
𝜙̃(𝑥, 𝑟) = ∑ (36)
𝑖=1
√(𝑥 − 𝜉𝑖 )2 + 𝛽 2 𝑟 2
𝑁
𝐴𝑖 (𝑥 − 𝜉𝑖 )
𝑢̃(𝑥, 𝑟) = ∑ (37)
[(𝑥 − 𝜉𝑖 )2 + 𝛽 2 𝑟 2 ]3⁄2
𝑖=1
𝑁
𝐴𝑖 𝛽 2 𝑟
𝑣̃(𝑥, 𝑟) = ∑ (38)
[(𝑥 − 𝜉𝑖 )2 + 𝛽 2 𝑟 2 ]3⁄2
𝑖=1
𝑟 (𝑥𝑁 , 𝑟𝑁 )
(𝑥𝑘 , 𝑟𝑘 )
(𝑥1 , 𝑟1 ) 𝑅 (𝑥 )
⃗∞
𝑉 𝑥, 𝜉
On remplace les équations (37) et (38) dans la condition aux limites (30) que l’on réécrit comme :
𝑑𝑅
(𝑉∞ + 𝑢̃) = 𝑣̃
𝑑𝑥
𝑢̃ 𝑑𝑅 𝑣̃
(1 + ) = (39)
𝑉∞ 𝑑𝑥 𝑉∞
On pose :
𝑢̃′ = 𝑢̃⁄𝑉∞
𝑣̃ ′ = 𝑣̃ ⁄𝑉∞
On remplace ces deux relations dans l’équation (39) :
𝑑𝑅
(1 + 𝑢̃′ ) = 𝑣̃ ′
𝑑𝑥
𝑑𝑅 𝑑𝑅
𝑣̃ ′ − 𝑢̃′ = (40)
𝑑𝑥 𝑑𝑥
On pose aussi :
𝐴𝑖
𝐴′𝑖 = (41)
𝑉∞
L’équation (40) s’écrit :
𝑁 𝑁
𝐴′𝑖 𝛽 2 𝑟𝑘 𝑑𝑅 𝐴′𝑖 (𝑥𝑘 − 𝜉𝑖 ) 𝑑𝑅
∑ − ( ) ∑ =( )
[(𝑥𝑘 − 𝜉𝑖 )2 + 𝛽 2 𝑟𝑘2 ]3⁄2 𝑑𝑥 𝑘 [(𝑥𝑘 − 𝜉𝑖 )2 + 𝛽 2 𝑟𝑘2 ]3⁄2 𝑑𝑥 𝑘
𝑖=1 𝑖=1
𝑁 𝛽 2 𝑟 − (𝑥 − 𝜉 ) (𝑑𝑅 )
𝑘 𝑘 𝑖 𝑑𝑥 𝑘 ′ 𝑑𝑅
∑ 𝐴 =( ) (42)
[(𝑥𝑘 − 𝜉𝑖 )2 + 𝛽 2 𝑟𝑘2 ]3⁄2 𝑖 𝑑𝑥 𝑘
𝑖=1
Ou encore :
𝑁
𝑑𝑅
∑ 𝐶𝑘𝑖 𝐴′𝑖 = ( ) (43)
𝑑𝑥 𝑘
𝑖=1
249
M. Yahyaoui Les corps de révolution
Avec :
𝑑𝑅
𝛽 2 𝑟𝑘 − (𝑥𝑘 − 𝜉𝑖 ) ( 𝑑𝑥 )
𝑘
𝐶𝑘𝑖 = (44)
[(𝑥𝑘 − 𝜉𝑖 )2 + 𝛽 2 𝑟𝑘2 ]3⁄2
En appliquant l’équation (44) en 𝑁 points distincts de la paroi, on établit un système linéaire en 𝐴′𝑖 .
Une fois les intensités des sources sont calculées, les composantes de la vitesse des perturbations peuvent être
déterminées en utilisant les équations (37), (38) et (41). Ensuite le coefficient de pression sur la paroi est calculé
en utilisant l’équation (26) et les coefficients des forces aérodynamiques peuvent être déterminés.
III. ÉCOULEMENT AXISYMETRIQUE SUPERSONIQUE
1. Formulation du problème
Dans le cas d’un écoulement supersonique axisymétrique, l’équation (22) se réduit à :
𝜙̃𝑟
𝜆2 𝜙̃𝑥𝑥 − 𝜙̃𝑟𝑟 − =0 (46)
𝑟
Cette équation peut être transformée en une forme semblable à celle du cas incompressible et ceci en adoptant le
changement de variable :
𝑟 ′ = 𝑖𝜆𝑟
Dans ce cas :
𝜕𝜙̃
= 𝜆𝑖𝜙̃𝑟 ′
𝜕𝑟
𝜕 2 𝜙̃
= −𝜆2 𝜙̃𝑟 ′𝑟 ′
𝜕𝑟 2
On remplace ces deux relations dans l’équation (46) :
1
𝜆2 𝜙̃𝑥𝑥 − (−𝜆2 𝜙̃𝑟 ′𝑟′ ) − 𝜆𝑖𝜙̃𝑟 ′ = 0
𝑟
2
𝜆
𝜆2 𝜙̃𝑥𝑥 + 𝜆2 𝜙̃𝑟 ′𝑟 ′ + 𝜙̃ ′ = 0
𝑖𝜆𝑟 𝑟
Soit, en éliminant 𝜆2 et en remplaçant 𝑖𝜆𝑟 par 𝑟 ′ :
𝜙̃𝑟 ′
𝜙̃𝑥𝑥 + 𝜙̃𝑟 ′𝑟 ′ + =0 (47)
𝑟′
L’équation (47) est bien de la même forme qu’équation (27). Par suite, la solution donnée par l’équation (29) peut
être directement appliquée au cas supersonique :
𝑓 (𝜉 )𝑑𝜉
𝜙̃(𝑥, 𝑟) = − ∫ (48)
√(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
sauf que les bornes d’intégration ne peuvent pas être les mêmes que celles du cas subsonique puisque le
dénominateur n’est pas défini sur tout le champ de l’écoulement.
En effet, Il existe une singularité pour :
(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2 = 0
Soit :
1
𝑟 = ± (𝑥 − 𝜉 )
𝜆
𝑑𝑟 1 1
=± =± (49)
𝑑𝑥 𝜆 2
√𝑀 − 1
Il convient en ce point de rappeler la définition de l’angle du Mach :
1
𝜇 = 𝑠𝑖𝑛−1 ( )
𝑀
250
M. Yahyaoui Les corps de révolution
𝑡𝑔𝜇 = 1⁄√𝑀2 − 1
Dans le cas tridimensionnel, l’angle de Mach génère un cône de Mach et on peut simplement déduire que le
potentiel des perturbations donné par l’équation (48) n’est défini qu’à l’intérieur du cône de Mach (Figure 13.11-
(a)). Ceci reflète le caractère hyperbolique des écoulements supersoniques où les perturbations ne peuvent pas se
propager vers l’amont comme en subsonique. Les faibles perturbations créées dans un écoulement supersonique
sont limitées à l’intérieur du cône de Mach.
𝑟
Cône de Mach
𝜇 (𝑥, 𝑟)
𝜉 =𝑥−𝜂
𝜇
𝜇
𝜙̃ réel
𝑥
𝜙̃ imaginaire 𝑥, 𝜉
Sources ayant 𝜂 = 𝜆𝑟
une influence
(𝑎) au point (𝑥, 𝑟) (𝑏)
Il y a donc besoin de proprement définir les bornes d’intégration qu’il faut affecter à l’intégrale de l’équation (48).
Pour ce faire, on suppose que le rayon du corps est suffisamment faible de façon que le nombre de Mach soit
pratiquement égal à 𝑀∞ sur tout le champ de l’écoulement. Du fait que pour chaque point du champ de
l’écoulement il existe une ligne de Mach qui joint ce point et une source ponctuelle sur l’axe de l’objet, on peut
écrire :
𝑟 𝑟
𝑡𝑔𝜇 = =
𝑥−𝜉 𝜂
Donc :
𝑟 2 −1
𝜂= = 𝑟√𝑀∞
𝑡𝑔𝜇
soit :
𝜂 = 𝜆𝑟 (51)
Or, d’après Figure 13.11-(b), on a :
𝜉 =𝑥−𝜂
soit, en utilisant l’équation (51) :
𝜉 = 𝑥 − 𝜆𝑟 (52)
L’équation (52) permet d’établir la borne supérieure d’intégration que l’on doit imposer à l’intégrale de l’équation
(48) :
𝑥−𝜆𝑟
𝑓 (𝜉 )𝑑𝜉
𝜙̃(𝑥, 𝑟) = − ∫ (53)
0 √(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
Cette borne signifie que seules les sources situées en amont du point d’abscisse 𝜉 induisent des vitesses au point
de coordonnées (𝑥, 𝑟).
Ayant établi la forme finale du potentiel des perturbations, on peut maintenant calculer 𝑢̃ et 𝑣̃ puis appliquer la
condition aux limites (30) ou (39). Il faut noter ici que :
251
M. Yahyaoui Les corps de révolution
𝑥−𝜉 2
𝑠𝑖𝑛ℎ 𝜎 = √𝑐𝑜𝑠ℎ2 𝜎 − 1 = √( ) −1 (56)
𝜆𝑟
On remplace l’équation (56) dans (55) :
𝑥−𝜉 2
𝑑𝜉 = −𝜆𝑟√( ) − 1𝑑𝜎
𝜆𝑟
𝑑𝜉 = −√(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2 𝑑𝜎 (57)
Du fait que :
𝑥−𝜉
𝜎 = 𝑐𝑜𝑠ℎ−1 ( )
𝜆𝑟
Les limites d’intégration sur la variable 𝜎 seront :
𝑥 − 𝑥 + 𝜆𝑟
𝜎|𝜉=𝑥−𝜆𝑟 = 𝑐𝑜𝑠ℎ−1 ( ) = 𝑐𝑜𝑠ℎ−1 (1) = 0
𝜆𝑟
𝑥
𝜎|𝜉=0 = 𝑐𝑜𝑠ℎ−1 ( )
𝜆𝑟
En termes de la nouvelle variable 𝜎, le potentiel des perturbations devient :
0
𝑓 (𝑥 − 𝜆𝑟 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 )(−√(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2 𝑑𝜎 )
𝜙̃(𝑥, 𝑟) = − ∫
𝑥
𝑐𝑜𝑠ℎ −1(
𝜆𝑟
) √(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
Soit :
𝑥
𝑐𝑜𝑠ℎ −1 ( )
𝜆𝑟
𝜙̃(𝑥, 𝑟) = − ∫ 𝑓(𝑥 − 𝜆𝑟 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 )𝑑𝜎 (58)
0
Avant d’évaluer les composantes de vitesse des perturbations, on rappelle le théorème de Leibnitz :
𝜕 𝑏(𝑡) 𝑑𝑏(𝑡) 𝑑𝑎(𝑡) 𝑏(𝑡)
𝜕𝑓
∫ 𝑓 (𝑥, 𝑡)𝑑𝑡 = 𝑓[𝑏(𝑡), 𝑡] − 𝑓 [ 𝑎 ( 𝑡 ), 𝑡 ] +∫ (𝑥, 𝑡)𝑑𝑡 (59)
𝜕𝑡 𝑎(𝑡) 𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑎(𝑡) 𝜕𝑡
𝑐𝑜𝑠ℎ−1 𝜏 = 𝑙𝑛 (𝜏 + √𝜏 2 − 1) 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝜏 ≥ 1
𝑑 1 + 𝜏⁄√𝜏 2 − 1 1
⟹ (𝑐𝑜𝑠ℎ−1 𝜏) = =
𝑑𝜏 2
𝜏 + √𝜏 − 1 2
√𝜏 − 1
Alors :
252
M. Yahyaoui Les corps de révolution
𝑥
𝑐𝑜𝑠ℎ −1( )
𝜆𝑟 𝑓 (0)
𝑢̃ = − ∫ 𝑓 ′ (𝑥 − 𝜆𝑟 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 )𝑑𝜎 − (60)
0 √𝑥 2 − 𝜆2 𝑟 2
De même on peut montrer que :
𝑥
𝑐𝑜𝑠ℎ −1( )
𝜆𝑟 𝑥𝑓 (0)
𝑣̃ = ∫ 𝑓 ′ (𝑥 − 𝜆𝑟 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 )𝜆 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 𝑑𝜎 + (61)
0 𝑟√𝑥 2 − 𝜆2 𝑟 2
On suppose que le corps axisymétrique a un nez pointu6, alors 𝑓 (0) = 0. Dans ce cas :
𝑥
𝑐𝑜𝑠ℎ −1( )
𝜆𝑟
𝑢̃ = − ∫ 𝑓 ′ (𝑥 − 𝜆𝑟 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 )𝑑𝜎 (62)
0
𝑥
𝑐𝑜𝑠ℎ −1 ( )
𝜆𝑟
𝑣̃ = 𝜆 ∫ 𝑓 ′ (𝑥 − 𝜆𝑟 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 ) 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 𝑑𝜎 (63)
0
𝑥 𝑥 2
= −𝑎𝑥 𝑐𝑜𝑠ℎ−1 ( ) + 𝑎𝜆𝑟√( ) − 1
𝜆𝑟 𝜆𝑟
𝑥 𝜆𝑟 2
𝜙̃(𝑥, 𝑟) = −𝑎𝑥 [𝑐𝑜𝑠ℎ−1 ( ) + √1 − ( ) ] (66)
𝜆𝑟 𝑥
Les composantes de vitesse des perturbations sont calculées à partir des équations (62) et (63) :
𝑥 𝑥
𝑐𝑜𝑠ℎ −1( ) 𝑐𝑜𝑠ℎ −1( )
𝜆𝑟 𝜆𝑟
′(
𝑢̃ = − ∫ 𝑓 𝑥 − 𝜆𝑟 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 )𝑑𝜎 = − ∫ 𝑎𝑑𝜎
0 0
𝑥
𝑢̃ = −𝑎 𝑐𝑜𝑠ℎ−1 ( ) (67)
𝜆𝑟
et :
𝑥 𝑥
𝑐𝑜𝑠ℎ −1 ( ) 𝑐𝑜𝑠ℎ −1 ( )
𝜆𝑟 𝜆𝑟
′(
𝑣̃ = 𝜆 ∫ 𝑓 𝑥 − 𝜆𝑟 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 ) 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 𝑑𝜎 = 𝜆 ∫ 𝑎 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 𝑑𝜎
0 0
𝑥 𝑥
𝑐𝑜𝑠ℎ −1( ) 𝑐𝑜𝑠ℎ −1 ( )
𝜆𝑟 𝜆𝑟
= 𝑎𝜆[𝑠𝑖𝑛ℎ 𝜎]0 = 𝑎𝜆 [√𝑐𝑜𝑠ℎ2 𝜎 − 1]
0
6
Un corps pointu ne peut pas avoir une source au niveau du nez.
253
M. Yahyaoui Les corps de révolution
𝑥 2
𝑣̃ = 𝑎𝜆√( ) −1 (68)
𝜆𝑟
𝑥
𝑟 = 𝑐 𝑡𝑒
𝜆𝑟
𝜃𝑐
(𝑎) 𝑥 (𝑏)
𝑐𝑜𝑡𝑔𝜃𝑐 2
𝑣̃ = 𝑎𝜆√( ) −1
𝜆
𝑣̃ = 𝑎√𝑐𝑜𝑡𝑔 2 𝜃𝑐 − 𝜆2 (71)
On remplace les équations (70) et (71) dans (69) :
𝑎√𝑐𝑜𝑡𝑔 2 𝜃𝑐 − 𝜆2
𝑡𝑔𝜃𝑐 =
𝑐𝑜𝑡𝑔𝜃𝑐
𝑉∞ − 𝑎 𝑐𝑜𝑠ℎ−1 ( )
𝜆
Puis on détermine la constante 𝑎 :
𝑉∞ 𝑡𝑔𝜃𝑐
𝑎= (72)
𝑐𝑜𝑡𝑔𝜃𝑐
√𝑐𝑜𝑡𝑔 2 𝜃𝑐 − 𝜆2 + 𝑡𝑔𝜃𝑐 𝑐𝑜𝑠ℎ−1 ( )
𝜆
Étant donné 𝜃𝑐 , 𝑉∞ et 𝑀∞ , on peut calculer la constante 𝑎 et par suite l’intensité de la distribution des sources :
𝑓(𝜉 ) = 𝑎𝜉
Ensuite, les composantes 𝑢̃ et 𝑣̃ et le coefficient de pression sur le cône peuvent être déterminés.
IV. THEORIE APPROXIMEE DES ECOULEMENTS SUR DES CORPS ELANCES
Un corps élancé est un corps dont la longueur est beaucoup plus grande que la dimension transversale (diamètre
par exemple) :
𝐿⁄𝐷𝑚𝑎𝑥 ≫ 1
254
M. Yahyaoui Les corps de révolution
1. Formulation du problème
On reprend l’expression du potentiel des perturbations d’un écoulement supersonique, donnée par l’équation
(53) qui est :
𝑥−𝜆𝑟
𝑓 (𝜉 )𝑑𝜉
𝜙̃(𝑥, 𝑟) = − ∫
0 √(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
Or :
𝑑 1
𝑐𝑜𝑠ℎ−1 𝑥 =
𝑑𝑥 2
√𝑥 − 1
Par conséquent :
𝜕 𝑥−𝜉 1 1 1
[𝑐𝑜𝑠ℎ−1 ]= =
𝜕𝑥 𝜆𝑟 2 𝜆𝑟 √(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
√( 𝑥 − 𝜉 ) − 1
𝜆𝑟
On utilise l’égalité précédente pour écrire l’équation (53) sous la forme :
𝑥−𝜆𝑟
𝜕 𝑥−𝜉
𝜙̃(𝑥, 𝑟) = − ∫ 𝑓 (𝜉 ) [𝑐𝑜𝑠ℎ−1 ] 𝑑𝜉
0 𝜕𝑥 𝜆𝑟
On peut vérifier en appliquant le théorème de Leibnitz que l’équation précédente peut s’écrire comme :
𝜕 𝑥−𝜆𝑟 𝑥−𝜉
𝜙̃(𝑥, 𝑟) = − ∫ 𝑓 (𝜉 )𝑐𝑜𝑠ℎ−1 𝑑𝜉 (73)
𝜕𝑥 0 𝜆𝑟
Par ailleurs on a :
Et pour 𝑢 ≫ 1 on a :
𝑐𝑜𝑠ℎ−1 𝑢 ≅ 𝑙𝑛(2𝑢) (74)
Pour un corps élancé de faible rayon on a :
(𝑥 − 𝜉 )⁄𝜆𝑟 ≫ 1
du moins loin du nez. De ce fait et en utilisant l’équation (74), l’équation (73) s’écrit :
𝜕 𝑥−𝜆𝑟 2(𝑥 − 𝜉 )
𝜙̃(𝑥, 𝑟) = − ∫ 𝑓 (𝜉 ) 𝑙𝑛 [ ] 𝑑𝜉
𝜕𝑥 0 𝜆𝑟
Ou encore en négligeant 𝜆𝑟 devant 𝑥 dans la borne supérieure d’intégration :
𝜕 𝑥 𝜕 𝑥 𝜆𝑟
𝜙̃(𝑥, 𝑟) = − ∫ 𝑓 (𝜉 ) 𝑙𝑛(𝑥 − 𝜉 ) 𝑑𝜉 + ∫ 𝑓(𝜉 ) 𝑙𝑛 ( ) 𝑑𝜉 (75)
𝜕𝑥 0 𝜕𝑥 0 2
𝑟 𝑥 − 𝜉 ≫ 𝜆𝑟
𝜇
𝜉 𝜆𝑟 𝑥 𝑥, 𝜉
Comme auparavant, on a besoin de calculer 𝑢̃ et 𝑣̃ pour pouvoir appliquer la condition aux limites :
𝑑𝑅 𝑣̃(𝑥, 𝑅)
(𝑥, 𝑅) =
𝑑𝑥 𝑉∞ + 𝑢̃(𝑥, 𝑅)
Du fait que 𝑢̃ ≪ 𝑉∞ on a :
255
M. Yahyaoui Les corps de révolution
𝑑𝑅 𝑣̃
≅
𝑑𝑥 𝑉∞
Soit :
𝑑𝑅 𝜙̃𝑟
≅ (76)
𝑑𝑥 𝑉∞
Pour un corps élancé de révolution, on peut exprimer cette condition aux limites en fonction de la surface de la
section de l’objet au lieu de son rayon puisque :
𝑆(𝑥 ) = 𝜋𝑅2 (𝑥 )
𝑑𝑅
𝑆 ′ (𝑥 ) = 2𝜋𝑅(𝑥) (𝑥 )
𝑑𝑥
Et alors :
𝑑𝑅 𝑆 ′ (𝑥 )
(𝑥 ) = (77)
𝑑𝑥 2𝜋𝑅(𝑥)
On a besoin de calculer aussi 𝜙̃𝑟 avec 𝜙̃ donné par l’équation (75) :
𝜕𝜙̃ 𝜕 𝜕 𝑥 𝜕 𝑥 𝜆𝑟
𝜙̃𝑟 = = [− ∫ 𝑓 (𝜉 ) 𝑙𝑛(𝑥 − 𝜉 ) 𝑑𝜉 + ∫ 𝑓 (𝜉 ) 𝑙𝑛 ( ) 𝑑𝜉 ]
𝜕𝑟 𝜕𝑟 𝜕𝑥 0 𝜕𝑥 0 2
𝜕 𝜕 𝑥 𝜆𝑟 𝜕 𝑥 𝜕 𝜆𝑟 𝜕 𝑥 𝑑𝜉
= [ ∫ 𝑓 (𝜉 ) 𝑙𝑛 ( ) 𝑑𝜉 ] = ∫ [𝑓 (𝜉 ) 𝑙𝑛 ( )] 𝑑𝜉 = ∫ 𝑓 (𝜉 )
𝜕𝑟 𝜕𝑥 0 2 𝜕𝑥 0 𝜕𝑟 2 𝜕𝑥 0 𝑟
𝑓 (𝑥 )
𝜙̃𝑟 = (78)
𝑟
On substitue pour les équations (77) et (78) dans (76) tout en remplaçant 𝑟 par 𝑅, le rayon du corps :
𝑆 ′ (𝑥 ) 𝑓 (𝑥 )
=
2𝜋𝑅(𝑥) 𝑅𝑉∞
Soit :
𝑉∞ ′
𝑓 (𝑥 ) = 𝑆 (𝑥 ) (79)
2𝜋
L’équation (79) donne l’intensité par unité de longueur de la distribution de sources et puits qui, placés sur l’axe
du corps élancé, modélisent l’écoulement autour de cet objet.
On peut à cette étape remplacer l’équation (79) dans (75) et appliquer le théorème de Leibnitz aux deux termes du
second membre de cette équation :
𝜕 𝑥 𝑥
𝜕
∫ 𝑓 (𝜉 ) 𝑙𝑛(𝑥 − 𝜉 ) 𝑑𝜉 = 𝑓 (𝑥 ) 𝑙𝑛 0 + ∫ [𝑓 (𝜉 ) 𝑙𝑛(𝑥 − 𝜉 )]𝑑𝜉
𝜕𝑥 0 0 𝜕𝑥
soit, en utilisant l’équation (79) :
𝜕 𝑥 𝑉∞ ′ 𝑉∞ 𝑥 𝑆 ′ (𝜉 )
∫ 𝑓 (𝜉 ) 𝑙𝑛(𝑥 − 𝜉 ) 𝑑𝜉 = 𝑆 (𝑥 ) 𝑙𝑛 0 + ∫ 𝑑𝜉 (80)
𝜕𝑥 0 2𝜋 2𝜋 0 𝑥 − 𝜉
Le dernier terme de l’équation précédente peut être évalué par intégration par partie :
𝑉∞ 𝑥 𝑆 ′ (𝑥) 𝑉∞ 𝑉∞ 𝑥 ′′
∫ 𝑑𝜉 = − 𝑆 ′ (𝑥 ) 𝑙𝑛 0 + ∫ 𝑆 (𝑥 ) 𝑙𝑛(𝑥 − 𝜉 ) 𝑑𝜉
2𝜋 0 𝑥 − 𝜉 2𝜋 2𝜋 0
On remplace dans l’équation (80) :
𝜕 𝑥 𝑉∞ 𝑥 ′′
∫ 𝑓 (𝜉 ) 𝑙𝑛(𝑥 − 𝜉 ) 𝑑𝜉 = ∫ 𝑆 (𝑥 ) 𝑙𝑛(𝑥 − 𝜉 ) 𝑑𝜉 (81)
𝜕𝑥 0 2𝜋 0
On applique maintenant le théorème de Leibnitz au dernier terme de l’équation (75) :
𝜕 𝑥 𝜆𝑟 𝜆𝑟 𝑥
𝜕 𝜆𝑟
∫ 𝑓 (𝜉 ) 𝑙𝑛 ( ) 𝑑𝜉 = 𝑓(𝑥 ) 𝑙𝑛 ( ) + ∫ [𝑓 (𝜉 ) 𝑙𝑛 ( )] 𝑑𝜉
𝜕𝑥 0 2 2 0 𝜕𝑥 2
256
M. Yahyaoui Les corps de révolution
C’est le potentiel des perturbations pour un écoulement supersonique autour d’un corps axisymétrique élancé à
incidence nulle.
Les composantes de vitesse correspondantes sont :
𝑉∞ ′′ 𝜆𝑟 𝜕 𝑥
𝑢̃ = [𝑆 (𝑥 ) 𝑙𝑛 ( ) − ∫ 𝑆 ′′ (𝜉 ) 𝑙𝑛((𝑥 − 𝜉 ))𝑑𝜉 ] (84)
2𝜋 2 𝜕𝑥 0
𝑉∞ 𝑆 ′ (𝑥 )
𝑣̃ = 𝜙̃𝑟 =
2𝜋𝑟
Ou encore en utilisant l’équation (77) :
𝑅 𝑑𝑅
𝑣̃ = 𝑉∞ (85)
𝑟 𝑑𝑥
On note que les équations (83)-(85) ne sont pas valables près du nez de l’objet puisque :
- 𝑥 − 𝜉 n’est pas dominant sur 𝜆𝑟.
- la théorie des faibles perturbations n’est pas valable.
- la condition aux limites linéarisée, l’équation (76), n’est pas valable non plus.
2. Application à un cône élancé
La forme géométrique d’un cône est donnée par :
𝑅 = 𝑐𝑥
⟹ 𝑆 = 𝜋𝑐 2 𝑥 2 , 𝑆 ′ = 2𝜋𝑐 2 𝑥 , 𝑆 ′′ = 2𝜋𝑐 2
On sait aussi que le rapport 𝑅⁄𝑥 est constant sur la surface du cône :
𝑅⁄𝑥 = 𝑡𝑔𝜃𝑐 ≅ 𝜃𝑐
pour un cône élancé. En en déduit que :
𝑐 ≅ 𝜃𝑐
D’après l’équation (79) l’intensité de la distribution des sources/puits est :
𝑓(𝜉 ) = 𝑉∞ 𝜃𝑐2 𝜉 (86)
Dans le cas d’un cône élancé l’équation (83) devient :
𝑥
𝑉∞ 2
𝜙̃(𝑥, 𝑟) = − [2𝜋𝜃𝑐2 𝑥𝑙𝑛 ( ) + ∫ 2𝜋𝜃𝑐2 𝑙𝑛(𝑥 − 𝜉 ) 𝑑𝜉 ]
2𝜋 𝜆𝑟 0
2
= −𝑉∞ 𝜃𝑐2 {𝑥𝑙𝑛 ( ) − [𝜉 + (𝑥 − 𝜉 ) 𝑙𝑛(𝑥 − 𝜉 )]0𝑥 }
𝜆𝑟
Et, du fait que :
𝑙𝑛𝛿 1⁄𝛿
𝑙𝑖𝑚(𝜖𝑙𝑛𝜖 ) = − 𝑙𝑖𝑚 ( ) = − 𝑙𝑖𝑚 ( ) =0
𝜖→0 𝛿→∞ 𝛿 𝛿→∞ 1
On obtient :
2
𝜙̃(𝑥, 𝑟) = −𝑉∞ 𝜃𝑐2 𝑥 [𝑙𝑛 ( ) + 𝑙𝑛𝑥 − 1]
𝜆𝑟
257
M. Yahyaoui Les corps de révolution
Ou encore :
2𝑥
𝜙̃(𝑥, 𝑟) = −𝑉∞ 𝜃𝑐2 𝑥 [𝑙𝑛 ( ) − 1] (87)
𝜆𝑟
Les composantes de vitesse correspondantes sont :
2𝑥
𝑢̃ = −𝑉∞ 𝜃𝑐2 𝑙𝑛 ( ) (88)
𝜆𝑟
Et :
𝑥
𝑣̃ = 𝜙̃𝑟 = 𝑉∞ 𝜃𝑐2 (89)
𝑟
En particulier, au niveau de la surface du cône où 𝑅⁄𝑥 ≅ 𝜃𝑐 on a :
2
𝑢̃ = −𝑉∞ 𝜃𝑐2 𝑙𝑛 (90)
𝜆𝜃𝑐
𝑣̃ = 𝑉∞ 𝜃𝑐 (91)
Le coefficient de pression dans le cas d’un écoulement axisymétrique étant :
𝑢̃ 𝑣̃ 2
𝐶𝑝 = −2 −( )
𝑉∞ 𝑉∞
dans le cas du cône élancé, il se réduit à :
2
𝐶𝑝 = 𝜃𝑐2 [2𝑙𝑛 ( ) − 1] (92)
𝜆𝜃𝑐
La précision de la solution développée pour un cône élancé diminue lorsque 𝜃𝑐 ou 𝑀∞ augmente. L’augmentation
de 𝜃𝑐 nous éloigne naturellement de l’hypothèse du cône élancé alors que l’augmentation de 𝑀∞ diminue l’angle
de Mach 𝜇 et la grandeur 𝜆𝑟 devient de plus en plus importante par rapport à 𝑥 − 𝜉.
En effet, des calculs basés sur l’équation (92) d’un côté et sur la méthode précise de Taylor-MacColl de l’autre
permettent de faire la comparaison suivante :
Table1. Comparaison de la théorie des corps élancés à la solution de Taylor-MacColl pour un cône.
𝑀∞ 𝜃𝑐 (°) 𝐶𝑝 (équation 92) 𝐶𝑝 (Taylor-MacColl) Erreur relative (%)
1.5 5 0.0384 0.04 4.2
10 0.111 0.122 8.7
15 0.276 0.377 26.8
2.0 5 0.0317 0.035 9.4
10 0.0847 0.104 18.6
15 0.1697 0.324 41.6
Remarque :
Le coefficient 𝐶𝑝 donné par l’équation (92) peut être comparé au coefficient de pression d’un dièdre mince d’angle
au sommet 2𝜃𝑐 :
2𝜃𝑐 2𝜃𝑐
𝐶𝑝 = =
2
√𝑀∞ −1 𝜆
L’augmentation de pression sur le cône est beaucoup moins importante grâce au caractère tridimensionnel de
l’écoulement conique (Figure 13.14).
𝐶𝑝
Dièdre
Cône
Figure 13.14. Variation de la pression entre le choc du nez et la surface pour un dièdre mince et un cône élancé.
258
M. Yahyaoui Les corps de révolution
𝑟 Choc conique
𝜃𝑠
𝜃𝑐 = 𝜃𝑠
𝑥
Cône virtuel tangent
au point de calcul
du 𝐶
Figure 13.15. Calcul du coefficient de pression par l’approche du cône tangent.
Exemple :
Soit un corps de révolution dont le rayon est donné par :
𝑅(𝑥 ) = 0.45𝑥 − 0.05𝑥 2
Ce corps est plongé dans un écoulement supersonique dont 𝑀∞ = 3.
Déterminer le coefficient de pression en un point de la surface du corps d’abscisse 𝑥 = 1
Solution :
Méthode 1 (calcul direct) :
En 𝑥 = 1 on a :
𝜃𝑠 = 𝑡𝑔−1 (𝑑𝑅⁄𝑑𝑥 )|𝑥=1 = 𝑡𝑔−1 0.35 = 19.3°
𝛽 ≅ 29°
⟹ {𝑀𝑠 ≅ 2.25
𝐶𝑝𝑠 ≅ 0.267
Méthode 2 (correction du résultat de la première méthode) :
2 𝑝𝑠
𝐶𝑝 = ( − 1)
𝛾𝑀12 𝑝1
𝑝𝑠 𝑝𝑠 𝑝02 𝑝01
=
𝑝1 𝑝02 𝑝01 𝑝1
Le premier des rapports est calculé à 𝑀𝑠 = 2.25 par la formule de Saint Venant ou les tables des écoulements
isentropiques :
𝑝𝑠
= 0.0865
𝑝02
Le rapport 𝑝02 ⁄𝑝01 est obtenu comme pour un choc oblique à 𝑀1 = 3 et un angle de déviation égal à l’angle au
sommet du corps de révolution. Cet angle est :
𝜃0 = 𝑡𝑔−1 (𝑑𝑅⁄𝑑𝑥)|𝑥=0 = 𝑡𝑔−1 0.45 = 24.23°
Pour un choc conique on a :
259
M. Yahyaoui Les corps de révolution
𝑀1 = 3
} ⟹ 𝛽 ≅ 33.5°
𝜃0 = 24.23°
𝑀𝑛1 = 𝑀1 𝑠𝑖𝑛 𝛽 = 1,656 ⟹ 𝑝02 ⁄𝑝01 = 0.874
Et le rapport 𝑝01 ⁄𝑝1 est donné par la formule de Saint Venant ou les tables des écoulements isentropiques à 𝑀1 =
3:
𝑝01
= 36.73
𝑝1
On a donc :
𝑝𝑠 𝑝𝑠 𝑝02 𝑝01
= = 0.0865(0.874)(36.73) = 2.777
𝑝1 𝑝02 𝑝01 𝑝1
Et le coefficient de pression corrigé est :
2 𝑝𝑠 2
𝐶𝑝 = 2( − 1) = (2.777 − 1) = 0.282
𝛾𝑀1 𝑝1 1.4(32 )
La valeur corrigée du 𝐶𝑝 est de 0.282 alors qu’elle était de 0.267 avant correction. Une différence relative de 5%
existe entre les deux valeurs.
4. Traînée d’un corps élancé axisymétrique à zéro incidence
Pour déterminer la traînée on commence par évaluer le coefficient de pression sur la surface du corps en utilisant
les équations (26), (84) et (85) :
𝑆 ′′ (𝑥 ) 2 1 𝑑 𝑥 ′′ 𝑑𝑅 2
𝐶𝑝 = 𝑙𝑛 ( ) + ∫ ( ) ( )
𝑆 𝜉 𝑙𝑛 𝑥 − 𝜉 𝑑𝜉 − ( ) (93)
𝜋 𝜆𝑅 𝜋 𝑑𝑥 0 𝑑𝑥
La traînée est donnée par (Figure 13.6) :
𝐿
𝐷 = ∫ 𝑝𝑑𝑆 − 𝑝𝑐 𝑆𝑐 (94)
0
𝑝𝑐
𝑀∞
𝑑𝑥 𝑆𝑐
Du fait que :
𝐿
∫ 𝑝∞ 𝑑𝑆 = 𝑝∞ 𝑆𝑐
0
1 𝐿 2 1 𝐿 𝑑 𝑥
𝑆𝑐 𝐶𝐷1 = ∫ 𝑆 ′ (𝑥)𝑆 ′′ (𝑥 ) 𝑙𝑛 ( ) 𝑑𝑥 + ∫ 𝑆 ′ (𝑥 ) ∫ 𝑆 ′′ (𝜉 ) 𝑙𝑛(𝑥 − 𝜉 ) 𝑑𝜉 𝑑𝑥
𝜋 0 𝜆𝑅 𝜋 0 𝑑𝑥 0
𝐿
𝑑𝑅 2
− ∫ 𝑆 ′ (𝑥 ) ( ) 𝑑𝑥 (96)
0 𝑑𝑥
On peut tout de suite évaluer les deux premières intégrales du second membre de l’équation précédente :
1 𝐿 ′ 2 1 𝐿 𝑑 (𝑆 ′ )2 𝜆𝑅
∫ 𝑆 (𝑥 )𝑆 ′′ (𝑥 ) 𝑙𝑛 ( ) 𝑑𝑥 = − ∫ 𝑙𝑛 ( ) 𝑑𝑥
𝜋 0 𝜆𝑅 2𝜋 0 𝑑𝑥 2
1 𝜆𝑅 𝐿 1 𝐿 ′ 2 𝑅′
=− [(𝑆 ′)2 𝑙𝑛 ( )] + ∫ (𝑆 ) 𝑑𝑥
2𝜋 2 0 2𝜋 0 𝑅
1 𝜆𝑅 𝐿 1 𝐿 ′ 𝑅′
=− [(𝑆 ′)2 𝑙𝑛 ( )] + ∫ 𝑆 (2𝜋𝑅𝑅′ ) 𝑑𝑥
2𝜋 2 0 2𝜋 0 𝑅
1 𝐿 ′ 2 1 𝜆𝑅 𝐿 𝐿
∫ 𝑆 (𝑥 )𝑆 ′′ (𝑥 ) 𝑙𝑛 ( ) 𝑑𝑥 = − [(𝑆 ′ )2 𝑙𝑛 ( )] + ∫ 𝑆 ′ (𝑅′ )2 𝑑𝑥
𝜋 0 𝜆𝑅 2𝜋 2 0 0
Or :
𝜆𝑅 𝜆𝑅 𝜆
𝑙𝑖𝑚(𝑆 ′ )2 𝑙𝑛 ( ) = 𝑙𝑖𝑚(2𝜋𝑅𝑅′ )2 𝑙𝑛 ( ) = 4𝜋 2 𝑙𝑖𝑚(𝑅𝑅′ )2 𝑙𝑛 𝑅 + 4𝜋 2 𝑙𝑖𝑚(𝑅𝑅′ )2 𝑙𝑛 ( )
𝑥→0 2 𝑅→0 2 𝑅→0 𝑅→0 2
𝑙𝑛 𝑅 1⁄𝑅
= 4𝜋 2 [𝑅′(0)]2 𝑙𝑖𝑚 𝑅2 𝑙𝑛 𝑅 = 4𝜋 2 [𝑅′ (0)]2 𝑙𝑖𝑚 2
= 4𝜋 2 𝑅′ (0) 𝑙𝑖𝑚 =0
𝑅→0 𝑅→0 1⁄𝑅 𝑅→0 −2⁄𝑅 3
On obtient :
1 𝐿 ′ 2 [𝑆 ′ (𝐿)]2 2 𝐿
𝑑𝑅 2
∫ 𝑆 (𝑥 )𝑆 ′′ (𝑥 ) 𝑙𝑛 ( ) 𝑑𝑥 = 𝑙𝑛 ( ) + ∫ 𝑆 ′ (𝑥) ( ) 𝑑𝑥 (97)
𝜋 0 𝜆𝑅 2𝜋 𝜆𝑅𝑐 0 𝑑𝑥
où 𝑅𝑐 est le rayon du culot.
Pour la deuxième intégrale on a :
𝐿
1 𝐿 ′ 𝑑 𝑥 1 𝑥
∫ 𝑆 (𝑥 ) ∫ 𝑆 ′′ (𝜉 ) 𝑙𝑛(𝑥 − 𝜉 ) 𝑑𝜉 𝑑𝑥 = [𝑆 ′ (𝑥 ) ∫ 𝑆 ′′ (𝜉 ) 𝑙𝑛(𝑥 − 𝜉 ) 𝑑𝜉]
𝜋 0 𝑑𝑥 0 𝜋 0 0
1 𝐿 𝑥
− ∫ 𝑆 ′′ (𝑥 ) ∫ 𝑆 ′′ (𝜉 ) 𝑙𝑛(𝑥 − 𝜉 ) 𝑑𝜉 𝑑𝑥
𝜋 0 0
Soit :
1 𝐿 ′ 𝑑 𝑥 𝑆 ′ (𝐿 ) 𝐿 ′′
∫ 𝑆 (𝑥 ) ∫ 𝑆 ′′ (𝑥) 𝑙𝑛(𝑥 − 𝜉 ) 𝑑𝜉 = ∫ 𝑆 (𝜉 ) 𝑙𝑛(𝐿 − 𝜉 ) 𝑑𝜉
𝜋 0 𝑑𝑥 0 𝜋 0
1 𝐿 𝑥
− ∫ ∫ 𝑆 ′′ (𝑥 )𝑆 ′′ (𝜉 ) 𝑙𝑛(𝑥 − 𝜉 ) 𝑑𝜉 𝑑𝑥 (98)
𝜋 0 0
On remplace les équations (97) et (98) dans (96) :
[𝑆 ′ (𝐿)]2 2 𝐿
𝑑𝑅 2 𝑆 ′ (𝐿) 𝐿 ′′
𝑆𝑐 𝐶𝐷1 = 𝑙𝑛 ( ) + ∫ 𝑆 ′ (𝑥 ) ( ) 𝑑𝑥 + ∫ 𝑆 (𝜉 ) 𝑙𝑛(𝐿 − 𝜉 ) 𝑑𝜉
2𝜋 𝜆𝑅 0 𝑑𝑥 𝜋 0
1 𝐿 𝑥 𝐿
𝑑𝑅 2
− ∫ ∫ 𝑆 ′′ (𝑥 )𝑆 ′′ (𝜉 ) 𝑙𝑛(𝑥 − 𝜉 ) 𝑑𝜉 𝑑𝑥 − ∫ 𝑆 ′ (𝑥 ) ( ) 𝑑𝑥
𝜋 0 0 0 𝑑𝑥
Soit :
261
M. Yahyaoui Les corps de révolution
[𝑆 ′ (𝐿)]2 2 𝑆 ′ (𝐿) 𝐿 ′′
𝑆𝑐 𝐶𝐷1 = 𝑙𝑛 ( ) + ∫ 𝑆 (𝜉 ) 𝑙𝑛(𝐿 − 𝜉 ) 𝑑𝜉
2𝜋 𝜆𝑅 𝜋 0
1 𝐿 𝑥
− ∫ ∫ 𝑆 ′′ (𝑥 )𝑆 ′′(𝜉 ) 𝑙𝑛(𝑥 − 𝜉 ) 𝑑𝜉 𝑑𝑥 (99)
𝜋 0 0
Les deux premiers termes du second membre s’annulent si :
𝑆 ′ (𝐿 ) = 2𝜋𝑅(𝐿)𝑅′ (𝐿) = 0
C'est à dire si :
- 𝑅(𝐿) = 0 : le corps est pointu en sone extrémité arrière
- Ou 𝑅′ (𝐿) = 0 : la pente de l’objet est nulle au niveau du culot.
Dans ces deux cas :
1 𝐿 𝑥
𝑆𝑐 𝐶𝐷1 = − ∫ ∫ 𝑆 ′′ (𝑥 )𝑆 ′′ (𝜉 ) 𝑙𝑛(𝑥 − 𝜉 ) 𝑑𝜉 𝑑𝑥 (100 − 𝑎)
𝜋 0 0
Cette intégrale double est évaluée sur un domaine triangulaire limité par 𝜉 = 0, 𝜉 = 𝑥 et 𝑥 = 𝐿. Elle est égale à la
moitié de l’intégrale sur le domaine carré 0 ≤ 𝜉 ≤ 𝐿 et 0 ≤ 𝑥 ≤ 𝐿 (Figure 13.17).
1 𝐿 𝐿 ′′
𝑆𝑐 𝐶𝐷1 = − ∫ ∫ 𝑆 (𝑥 )𝑆 ′′ (𝜉 ) 𝑙𝑛|𝑥 − 𝜉| 𝑑𝜉 𝑑𝑥 (100 − 𝑏)
2𝜋 0 0
C’est l’équation de Von Kármán.
𝜉
𝜉=𝑥
𝐿
0 𝐿 𝑥
2)̃
𝜙̃𝑟 1
(1 − 𝑀∞ 𝜙𝑥𝑥 + 𝜙̃𝑟𝑟 + + 2 𝜙̃𝜃𝜃 = 0 (101)
𝑟 𝑟
Cette équation étant linéaire, on peut superposer des solutions :
𝜙̃(𝑥, 𝑟, 𝜃) = 𝜙̃𝑎 (𝑥, 𝑟) + 𝜙̃𝑡 (𝑥, 𝑟, 𝜃) (102)
Où l’indice a réfère à l’écoulement axial et l’indice 𝑡 à l’écoulement transversal.
On remplace l’équation (102) dans (101) :
2 )( ̃
1 1
(1 − 𝑀∞ 𝜙𝑎 𝑥𝑥 + 𝜙̃𝑡 𝑥𝑥 ) + 𝜙̃𝑎 𝑟𝑟 + 𝜙̃𝑡 𝑟𝑟 + (𝜙̃𝑎 𝑟 + 𝜙̃𝑡 𝑟 ) + 2 𝜙̃𝑡 𝜃𝜃 = 0 (103)
𝑟 𝑟
L’équation (103) amène à deux problèmes séparés : l’écoulement axial et l’écoulement transversal.
a. L’écoulement axial
L’écoulement axial est donc régi par l’équation :
2)̃
𝜙̃𝑎 𝑟
(1 − 𝑀∞ 𝜙𝑎 𝑥𝑥 + 𝜙̃𝑎 𝑟𝑟 + =0
𝑟
Dans le cas d’un écoulement supersonique, l’équation précédente s’écrit :
262
M. Yahyaoui Les corps de révolution
𝜙̃𝑎 𝑟
𝜆2 𝜙̃𝑎 𝑥𝑥 − 𝜙̃𝑎 𝑟𝑟 − =0 (104)
𝑟
L’équation (104) est identique à l’équation (46), régissant le cas d’un écoulement axisymétrique, et la solution
donnée par l’équation (53) reste valable :
𝑥−𝜆𝑟
𝑓 (𝜉 )𝑑𝜉
𝜙̃𝑎 (𝑥, 𝑟) = − ∫ (105)
0 √(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
b. L’écoulement transversal
L’équation régissant le potentiel des perturbations dus à l’écoulement transversal est déduite d’équation (103) :
2)̃
𝜙̃𝑡 𝑟 1
(1 − 𝑀∞ 𝜙𝑡 𝑥𝑥 + 𝜙̃𝑡 𝑟𝑟 + + 2 𝜙̃𝑡 𝜃𝜃 = 0
𝑟 𝑟
Dans le cas d’un écoulement supersonique, l’équation précédente s’écrit :
𝜙̃𝑡 𝑟 1
𝜆2 𝜙̃𝑡 𝑥𝑥 − 𝜙̃𝑡 𝑟𝑟 − − 2 𝜙̃𝑡 𝜃𝜃 = 0 (106)
𝑟 𝑟
On montre dans ce qui suit que le potentiel 𝜙̃𝑡 est directement relié au potentiel 𝜙̃𝑎 et ceci en commençant par
prendre la dérivée partielle de l’équation (104) par rapport à 𝑟 ∶
𝜕 2 𝜕𝜙̃𝑎 𝜕 2 𝜕𝜙̃𝑎 1 𝜕 𝜕𝜙̃𝑎 1 𝜕𝜙̃𝑎
𝜆2 2
( ) − 2
( )− ( )+ 2 =0
𝜕𝑥 𝜕𝑟 𝜕𝑟 𝜕𝑟 𝑟 𝜕𝑟 𝜕𝑟 𝑟 𝜕𝑟
Puis on multiplie cette équation par cos 𝜃 :
𝜕2 𝜕𝜙̃𝑎 𝜕2 𝜕𝜙̃𝑎 1 𝜕 𝜕𝜙̃𝑎 1 𝜕𝜙̃𝑎
𝜆2 2
(𝑐𝑜𝑠 𝜃 ) − 2
(𝑐𝑜𝑠 𝜃 )− (𝑐𝑜𝑠 𝜃 ) + 2 𝑐𝑜𝑠 𝜃 =0 (107)
𝜕𝑥 𝜕𝑟 𝜕𝑟 𝜕𝑟 𝑟 𝜕𝑟 𝜕𝑟 𝑟 𝜕𝑟
Or :
1 𝜕𝜙̃𝑎 1 𝜕2 𝜕𝜙̃𝑎
2
𝑐𝑜𝑠 𝜃 = − 2 2 (𝑐𝑜𝑠 𝜃 )
𝑟 𝜕𝑟 𝑟 𝜕𝜃 𝜕𝑟
On remplace cette équation dans (107) :
𝜕2 𝜕𝜙̃𝑎 𝜕2 𝜕𝜙̃𝑎 1 𝜕 𝜕𝜙̃𝑎 1 𝜕2 𝜕𝜙̃𝑎
𝜆2 2
(𝑐𝑜𝑠 𝜃 ) − 2
(𝑐𝑜𝑠 𝜃 ) − (𝑐𝑜𝑠 𝜃 ) − 2 2
(𝑐𝑜𝑠 𝜃 )=0
𝜕𝑥 𝜕𝑟 𝜕𝑟 𝜕𝑟 𝑟 𝜕𝑟 𝜕𝑟 𝑟 𝜕𝜃 𝜕𝑟
En posant :
𝜕𝜙̃𝑎
𝜙̃𝑡 = 𝑐𝑜𝑠 𝜃 (108)
𝜕𝑟
On obtient :
𝜕 2 𝜙̃𝑡 𝜕 2 𝜙̃𝑡 1 𝜕𝜙̃𝑡 1 𝜕 2 𝜙̃𝑡
𝜆2 − − − =0
𝜕𝑥 2 𝜕𝑟 2 𝑟 𝜕𝑟 𝑟 2 𝜕𝜃 2
C’est bien l’équation (106) et les potentiels 𝜙̃𝑎 et 𝜙𝑡 sont donc reliés par l’équation (108).
La solution à l’écoulement transversal est donnée par l’équation (108) avec 𝜙̃𝑎 donné par (105) et 𝜕𝜙̃𝑎 ⁄𝜕𝑟 donné
par l’équation (65) :
𝜕𝜙̃𝑎 1 𝑥−𝜆𝑟 𝑓 ′ (𝜉 )(𝑥 − 𝜉)𝑑𝜉
𝑣̃ = = ∫
𝜕𝑟 𝑟 0 √(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
On substitue pour 𝜕𝜙̃𝑎 ⁄𝜕𝑟 dans l’équation (108) :
𝑐𝑜𝑠 𝜃 𝑥−𝜆𝑟 𝑓 ′ (𝜉 )(𝑥 − 𝜉)𝑑𝜉
𝜙̃𝑡 = ∫
𝑟 0 √(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
Dans cette solution 𝑓 ′ (𝜉 ) représente l’intensité par unité de longueur des dipôles que l’on la dénotera par 𝜎 ′ (𝜉 ) :
263
M. Yahyaoui Les corps de révolution
𝑧 𝑉∞ 𝑡 sin 𝜃
𝑉∞ 𝑡 cos 𝜃
𝜃
𝑉∞ 𝑡 = 𝑉∞ sin 𝛼
Cette équation est séparée en deux parties : une condition sur l’écoulement axial et une sur l’écoulement
transversal :
• Écoulement axial :
𝑑𝑅 𝜙̃𝑎 𝑟
=( ) (115)
𝑑𝑥 𝑉∞ 𝑎 + 𝜙̃𝑎 𝑥
𝑆
Qui est de la même forme qu’équation (30) régissant le cas d’un écoulement axisymétrique sauf que 𝑉∞𝑎 doit
remplacer 𝑉∞ .
• Écoulement transversal :
𝑑𝑅 𝑉∞ 𝑐𝑜𝑠 𝜃 + 𝜙̃𝑡 𝑟
=( 𝑡 ) (116)
𝑑𝑥 𝜙̃𝑡 𝑥
𝑆
Dans le cas d’un corps élancé, on peut supposer que 𝑑𝑅⁄𝑑𝑥 et 𝜕𝜙̃𝑡 ⁄𝜕𝑥 sont faibles (116) se réduit à :
(𝑉∞ 𝑡 𝑐𝑜𝑠 𝜃 + 𝜙̃𝑡 𝑟 ) = 0 (117)
𝑆
L’équation (117) est la condition aux limites approximée sur l’écoulement transversal.
d. Résolution de l’écoulement transversal dans le cas d’un corps élancé
Une solution analytique est possible si on se limite au cas d’un corps élancé :
𝜆𝑟 ≪ 𝑥
et :
𝜆𝑟 ≪ 𝑥 − 𝜉
264
M. Yahyaoui Les corps de révolution
Soit :
𝑐𝑜𝑠 𝜃
𝜙̃𝑡 = 𝜎 (𝑥 ) (118)
𝑟
On applique la condition aux limites approximée (117) :
𝑐𝑜𝑠 𝜃
(𝑉∞ 𝑡 𝑐𝑜𝑠 𝜃 − 𝜎 (𝑥 ) ) = 0
𝑟2 𝑆
1
𝑉∞ 𝑡 − 𝜎 (𝑥 ) = 0
𝑅2
D’où :
𝜎(𝑥 ) = 𝑅2 𝑉∞ 𝑡
Puis d’après l’équation (113) :
𝜎(𝑥 ) = 𝑅2 𝑉∞ 𝑠𝑖𝑛 𝛼 (119)
En remplaçant l’équation (119) dans (118) on obtient :
𝑅2
𝜙̃𝑡 = 𝑉∞ 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑐𝑜𝑠 𝜃 (120)
𝑟
6. Portance et traînée d’un corps de révolution élancé en incidence
a. Coefficient de pression
Pour pouvoir évaluer les coefficients aérodynamiques, on commence par déterminer le coefficient de pression.
Celui-ci est donné par l’équation générale :
2 𝛾 ⁄(𝛾−1)
2 𝛾−1 2 ⃗‖
‖𝑉
𝐶𝑝 = 2
{[1 + 𝑀∞ (1 − )] − 1} (121)
𝛾𝑀∞ 2 𝑉∞2
2 𝛾 𝛾−1 2 𝑢′ 𝑢′ 2 + 𝑣 ′ 2 + 𝑤 ′ 2
𝐶𝑝 = 2
{1 − 𝑀∞ (2 + )
𝛾𝑀∞ 𝛾−1 2 𝑉∞ 𝑉∞2
2
𝛾 𝛾 𝛾−1 2 𝑢′ 𝑢′ 2 + 𝑣 ′ 2 + 𝑤 ′ 2
+ ( − 1) [ 𝑀∞ (2 + )] ⋯ − 1}
𝛾−1 𝛾−1 2 𝑉∞ 𝑉∞2
266
M. Yahyaoui Les corps de révolution
𝜙̃𝜃 = 𝜙̃𝑡 𝜃
Et d’après l’équation (120) on a :
𝑅2
𝜙̃𝑡 𝜃 = −𝑉∞ 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑠𝑖𝑛 𝜃
𝑟
En particulier, au niveau de la paroi, l’équation précédente devient :
𝜙̃𝑡 𝜃 = −𝑉∞ 𝑅 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑠𝑖𝑛 𝜃
𝜙̃𝜃
⇒ = −𝑉∞ 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑠𝑖𝑛 𝜃
𝑅
Cette équation donne :
𝑉𝜃2 = 4𝑉∞2 𝑠𝑖𝑛2 𝛼 𝑠𝑖𝑛2 𝜃
Et pour 𝛼 faible, on obtient :
𝑉𝜃2 = 4𝑉∞2 𝛼 2 𝑠𝑖𝑛2 𝜃 (130)
On remplace les équations (128)-(130) dans (124) :
1 𝑑𝑅 2 2 𝑢′2
𝐶𝑝 = 1 − [𝑉 2(
1 − 𝛼 2)
+ 2𝑉 ̃
𝜙 + ̃
𝜙 2
+ ( ) 𝑉 + 4𝑉 2 2
𝛼 𝑠𝑖𝑛 2
𝜃] + 𝑀 2
𝑉∞2 ∞ ∞ 𝑥 𝑥
𝑑𝑥 ∞ ∞ ∞ 2
𝑉∞
𝜙̃𝑥 𝑑𝑅 2 𝜙̃𝑥2 𝑢′ 2
𝐶𝑝 = 𝛼 2 − 2 − ( ) − 4𝛼 2 𝑠𝑖𝑛2 𝜃 − 2 + 𝑀∞
2
(131)
𝑉∞ 𝑑𝑥 𝑉∞ 𝑉∞2
Les équations (122) et (125) permettent d’établir le lien entre 𝜙̃𝑥 et 𝑢′ :
𝑉∞ + 𝑢′ = 𝑉∞ 𝑐𝑜𝑠 𝛼 + 𝜙̃𝑥
Pour 𝛼 faible on a :
𝑢′ ≅ 𝜙̃𝑥
On remplace dans (131) :
𝜙̃𝑥 𝑑𝑅 2 𝜙̃𝑥2
𝐶𝑝 = 𝛼 2 − 2 − ( ) − 4𝛼 2 𝑠𝑖𝑛2 𝜃 + (𝑀∞
2
− 1) 2
𝑉∞ 𝑑𝑥 𝑉∞
Soit :
𝜙̃𝑥 𝑑𝑅 2 𝜙̃𝑥2
𝐶𝑝 = 𝛼 2 − 2 − ( ) − 4𝛼 2 𝑠𝑖𝑛2 𝜃 + 𝜆2 2
𝑉∞ 𝑑𝑥 𝑉∞
Le dernier terme de cette équation est en général négligeable et on obtient :
𝜙̃𝑥 𝑑𝑅 2
𝐶𝑝 = −2 − ( ) + (1 − 4 𝑠𝑖𝑛2 𝜃 )𝛼 2 (132)
𝑉∞ 𝑑𝑥
C’est l’équation du 𝐶𝑝 au niveau de la surface d’un corps axisymétrique élancé en incidence. Elle peut être séparée
en deux parties. Une de ces parties est axisymétrique :
𝜙̃𝑎 𝑥 𝑑𝑅 2
𝐶𝑝 𝑎 = −2 −( ) (133)
𝑉∞ 𝑑𝑥
et une deuxième qui dépend de 𝛼 et de 𝜃:
𝜙̃𝑡 𝑥
𝐶𝑝 𝑡 = −2 + (1 − 4 𝑠𝑖𝑛2 𝜃 )𝛼 2 (134)
𝑉∞
L’expression de 𝐶𝑝 𝑎 donnée par l’équation (133) est en réalité la même que celle donnée par l’équation (93). Elle
contribue la même force axiale qu’avant mais n’a aucune contribution à la force transversale.
Le premier terme dans l’expression de 𝐶𝑝 𝑡 peut être calculé à partir de l’équation (120) :
267
M. Yahyaoui Les corps de révolution
𝑑𝐹 = 𝑝𝑑𝑆 𝑑𝐹 𝛿
𝑝 𝜃
𝑑𝑥 𝛿 𝑑𝐹𝑛 = −𝑑𝐹 cos 𝜃 𝑑𝑙
𝑑𝑙
𝑑𝑆 = 𝑅𝑑𝜃𝑑𝑙 𝛿 𝑑𝑅
⃗∞
𝑉 𝑑𝑥
𝑑𝑥
𝑉∞𝑡
𝑑𝑥
268
M. Yahyaoui Les corps de révolution
Et puisque l’intégrale d’une pression constante (en particulier égale à 𝑝∞ ) sur le périmètre de toute section du corps
de révolution est nulle, on peut écrire :
𝑅𝑐 2𝜋
𝐴𝑡 = 𝑞̅∞ ∫ ∫ 𝐶𝑝𝑡 𝑅𝑑𝜃 𝑑𝑅
0 0
Ou encore :
𝑅𝑐 2𝜋
𝑑𝑅
𝐴𝑡 = 𝑞̅∞ ∫ ∫ [−4 𝛼 𝑐𝑜𝑠 𝜃 + (1 − 4 𝑠𝑖𝑛2 𝜃 )𝛼 2 ] 𝑅𝑑𝜃 𝑑𝑅
0 0 𝑑𝑥
𝑅𝑐
= −2𝜋𝑞̅∞ 𝛼 2 ∫ 𝑅 𝑑𝑅 = −𝜋𝑅𝑐2 𝑞̅∞ 𝛼 2
0
𝐴𝑡 = −𝑞̅∞ 𝑆𝑐 𝛼 2 (138)
Le coefficient de force axiale basé sur la surface du culot est :
𝐶𝐴𝑡 = −𝛼 2 (139)
La force axiale nette est :
𝐴 = 𝐴𝑡 + 𝐴𝑎
où 𝐴𝑎 est la force axiale due à l’écoulement axial :
𝐴𝑎 = 𝐶𝐴𝑎 𝑞̅∞ 𝑆𝑐
Le coefficient 𝐶𝐴𝑎 est donné par l’équation (95) sauf que la notation va être changée. Cette équation était
développée dans le cas d’incidence nulle et la résultante aérodynamique était axiale et constituait de la traînée
pure. Le symbole sera changé de 𝐶𝐷 à :
𝐶𝐴𝑎 = 𝐶𝐴1 + 𝐶𝑝𝑐
où 𝐶𝐴1 est donné par l’équation (100) :
𝐿 𝐿
1
𝐶𝐴1 = − ∫ ∫ 𝑆 ′′ (𝑥 )𝑆 ′′ (𝜉 )𝑙𝑛|𝑥 − 𝜉| 𝑑𝜉 𝑑𝑥
2𝜋𝑆𝑐 0 0
Le coefficient de force axiale nette est :
𝐶𝐴 = 𝐶𝐴𝑡 + 𝐶𝐴𝑎 = 𝐶𝐴𝑡 + 𝐶𝐴1 + 𝐶𝑝𝑐
Soit d’après l’équation (139) :
𝐶𝐴 = −𝛼 2 + 𝐶𝐴1 + 𝐶𝑝𝑐 (140)
Le coefficient de portance est donné par :
𝐶𝐿 = 𝐶𝑁 𝑐𝑜𝑠 𝛼 − 𝐶𝐴 𝑠𝑖𝑛 𝛼
𝛼2 𝛼2
𝐶𝐿 ≅ 𝐶𝑁 (1 − ) − 𝛼𝐶𝐴 = 2𝛼 (1 − ) − 𝛼(−𝛼 2 + 𝐶𝐴1 + 𝐶𝑝𝑐 ) = [2 − (𝐶𝐴1 + 𝐶𝑝𝑐 )]𝛼
2 2
Le coefficient de traînée étant en général faible (𝐶𝐴1 + 𝐶𝑝𝑐 ≪ 2), on obtient :
𝐶𝐿 ≅ 2𝛼 (141)
Le coefficient de traînée est donné par :
𝛼2 𝛼2
𝐶𝐷 = 𝐶𝑁 𝑠𝑖𝑛 𝛼 + 𝐶𝐴 𝑐𝑜𝑠 𝛼 ≅ 𝐶𝑁 𝛼 + 𝐶𝐴 (1 − ) = 2𝛼 2 + (−𝛼 2 + 𝐶𝐷1 + 𝐶𝑝𝑐 ) (1 − )
2 2
Et puisque 𝛼 2 ≪ 1 on obtient :
269
M. Yahyaoui Les corps de révolution
𝐿 𝐷𝑖
Normale à l’axe longitudinal
𝛼/2
𝛼
𝛼
⃗∞
𝑉
Figure 13.20. Direction de la force sur un corps élancé, associée avec l’angle d’incidence.
Une autre façon d’interpréter ce résultat est de faire une analogie avec le cas des ailes à allongement important et
sans flèche. Pour ces ailes, en régime incompressible, l’angle induit est :
𝐶𝐿
𝜀=
𝜋𝑒𝐴
Pour un corps élancé en supersonique et angle d’incidence, l’angle équivalent, si on peut l’appeler « angle induit »,
est :
𝛼
𝜀=
2
V. Corps de révolution : solution numérique de Karman-Moore
1. Formulation du problème
Dans le cas général d’un corps de révolution en incidence la solution générale de l’écoulement peut s’écrire sous
la forme :
𝜙̃(𝑥, 𝑟, 𝜃) = 𝜙̃𝑎 (𝑥, 𝑟) + 𝜙̃𝑡 (𝑥, 𝑟, 𝜃) (145)
où 𝜙̃𝑎 représente les perturbations de l’écoulement axial et 𝜙̃𝑡 représente les perturbations de l’écoulement
transversal.
On pose :
𝜙̃𝑎 (𝑥, 𝑟) = 𝜙1 (𝑥, 𝑟) 𝑐𝑜𝑠 𝛼 (146)
𝜙̃𝑡 (𝑥, 𝑟, 𝜃) = 𝜙2 (𝑥, 𝑟) 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑐𝑜𝑠 𝜃 (147)
Et le problème sera de déterminer les fonctions 𝜙1 et 𝜙2 .
▪ L’écoulement axial
La fonction 𝜙1 est régie par l’équation (104) et elle est donnée par l’équation (105) :
𝑥−𝜆𝑟
𝑓 (𝜉 )𝑑𝜉
𝜙1 (𝑥, 𝑟) = − ∫ (148)
0 √(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
Or le potentiel 𝜙̃𝑎 doit vérifier la condition aux limites (115) :
270
M. Yahyaoui Les corps de révolution
▪ L’écoulement transversal
En substituant l’équation (147) dans (106), on peut déterminer l’équation aux dérivées partielles régissant la
fonction 𝜙2 :
𝜙2 𝑟 𝜙2
𝜆2 𝜙2 𝑥𝑥 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑐𝑜𝑠 𝜃 − 𝜙2 𝑟𝑟 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑐𝑜𝑠 𝜃 − 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑐𝑜𝑠 𝜃 + 2 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑐𝑜𝑠 𝜃 = 0
𝑟 𝑟
Soit :
𝜙2 𝑟 𝜙2
𝜆2 𝜙2 𝑥𝑥 − 𝜙2 𝑟𝑟 − + 2 =0 (150)
𝑟 𝑟
Le potentiel des perturbations de l’écoulement transversal est donné par l’équation (109). Et de cette solution
on peut déduire que :
1 𝑥−𝜆𝑟 𝜎 ′ (𝜉 )(𝑥 − 𝜉)𝑑𝜉
𝜙2 𝑠𝑖𝑛 𝛼 = ∫
𝑟 0 √(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
C’es-à-dire que :
1 𝑥−𝜆𝑟 [𝜎 ′ (𝜉 )/ 𝑠𝑖𝑛 𝛼 ](𝑥 − 𝜉)𝑑𝜉
𝜙2 = ∫
𝑟 0 √(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
On pose :
𝑔(𝜉 ) = 𝜎 ′ (𝜉 )⁄𝑠𝑖𝑛 𝛼
Alors :
1 𝑥−𝜆𝑟 𝑔(𝜉 )(𝑥 − 𝜉)𝑑𝜉
𝜙2 = ∫ (151)
𝑟 0 √(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
Le potentiel 𝜙̃𝑡 doit être conforme à la condition aux limites (116) :
𝑑𝑅 𝑉∞ 𝑐𝑜𝑠 𝜃 + 𝜙̃𝑡 𝑟
=( 𝑡 )
𝑑𝑥 𝜙̃𝑡 𝑥
𝑆
On rappelle que 𝑉∞𝑡 = 𝑉∞ sin 𝛼 et on remplace l’équation (147) dans l’équation précédente :
𝑑𝑅 𝑉∞ 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑐𝑜𝑠 𝜃 + 𝜙2𝑟 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑐𝑜𝑠 𝜃
=( )
𝑑𝑥 𝜙2𝑥 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑐𝑜𝑠 𝜃
𝑆
On simplifie pour aboutir à la condition aux limites sur la fonction 𝜙2 :
𝑑𝑅 𝑉∞ + 𝜙2𝑟
=( ) (152)
𝑑𝑥 𝜙2𝑥
𝑆
Le problème mathématique se résume dorénavant en la détermination de :
- la fonction 𝜙1 donnée par l’équation (148) et qui vérifie la condition aux limites (149).
- la fonction 𝜙2 donnée par l’équation (151) et qui vérifie la condition aux limites (152).
2. Calcul des vitesses des perturbations
L’application des conditions aux limites (149) et (152) nécessite le calcul des fonctions 𝜙1 𝑥 , 𝜙1 𝑟 , 𝜙2 𝑥 et 𝜙2 𝑟 . En
vue de la singularité au niveau de la borne supérieure des équations (148) et (151), on adopte le même changement
de variable donné par l’équation (54) :
𝜉 = 𝑥 − 𝜆𝑟 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎
271
M. Yahyaoui Les corps de révolution
𝑑𝜉 = −√(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2 𝑑𝜎
Et on exprime 𝜙1 et 𝜙2 en termes de 𝜎 au lieu de 𝜉 :
𝑥−𝜆𝑟
𝑓(𝜉 )𝑑𝜉
𝜙1 = − ∫
0 √(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
0
𝑓 (𝑥 − 𝜆𝑟 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎)(−√(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2 )𝑑𝜎
= −∫
𝑐𝑜𝑠ℎ −1(𝑥 ⁄𝜆𝑟 ) √(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
𝑐𝑜𝑠ℎ −1 (𝑥 ⁄𝜆𝑟 )
𝜙1 = − ∫ 𝑓(𝑥 − 𝜆𝑟 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 )𝑑𝜎 (153)
0
On suppose que le corps de révolution a un nez pointu et il n y aura pas de sources au niveau du nez :
𝑓 (0) = 0
Dans ce cas :
𝑐𝑜𝑠ℎ −1 (𝑥 ⁄𝜆𝑟 )
𝜙1 𝑥 = − ∫ 𝑓 ′ (𝑥 − 𝜆𝑟 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎)𝑑𝜎
0
On ré exprime en termes de 𝜉 :
0
−𝑑𝜉
𝜙1 𝑥 = − ∫ 𝑓 ′ (𝜉 ) ( )
𝑥−𝜆𝑟 √(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
Soit :
𝑥−𝜆𝑟
𝑓 ′ (𝜉 )𝑑𝜉
𝜙1 𝑥 = − ∫ (155)
0 √(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
On rappelle la relation :
𝑥−𝜉 −𝑑𝜉
𝑑 [𝑐𝑜𝑠ℎ−1 ( )] = (156)
𝜆𝑟 √(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
On remplace l’équation (156) dans (155) :
272
M. Yahyaoui Les corps de révolution
𝑥−𝜆𝑟
𝑥−𝜉
𝜙1 𝑥 = ∫ 𝑓 ′ (𝜉 ) 𝑑 [𝑐𝑜𝑠ℎ−1 ( )] (157)
0 𝜆𝑟
De même :
−1 (𝑥 ⁄𝜆𝑟 )
𝜕𝜙1 𝜕 𝑐𝑜𝑠ℎ
𝜙1 𝑟 = =− ∫ 𝑓(𝑥 − 𝜆𝑟 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 )𝑑𝜎
𝜕𝑟 𝜕𝑟 0
𝑐𝑜𝑠ℎ −1 (𝑥 ⁄𝜆𝑟 )
𝑥𝑓(0)
= +∫ 𝑓 ′ (𝑥 − 𝜆𝑟 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 )𝜆 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 𝑑𝜎
𝜆𝑟 2 √𝑥 2 − 𝜆2 𝑟 2 0
On ré exprime en termes de 𝜉 :
0
𝑥−𝜉 −𝑑𝜉
𝜙1 𝑟 = 𝜆 ∫ 𝑓 ′ (𝜉 ) ( )( )
𝑥−𝜆𝑟 𝜆𝑟 √(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
1 𝑥−𝜆𝑟 𝑓 ′ (𝜉 )(𝑥 − 𝜉 )𝑑𝜉
𝜙1 𝑟 = ∫ (158)
𝑟 0 √(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
Par ailleurs on a :
𝑥−𝜉 2 (𝑥 − 𝜉 )𝑑𝜉
𝑑 (√( ) − 1) = − (159)
𝜆𝑟 𝜆𝑟√(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
𝑥−𝜆𝑟
𝑥−𝜉 2
𝜙1 𝑟 = −𝜆 ∫ 𝑓 𝜉 )𝑑 (√(
′(
) − 1) (160)
0 𝜆𝑟
▪ Dérivées partielles de 𝝓𝟐
Ces dérivées sont évaluées sur la base d’équation (154) :
−1 (𝑥 ⁄𝜆𝑟 )
𝜕𝜙2 𝜕 𝑐𝑜𝑠ℎ
𝜙2 𝑥 = =𝜆 ∫ 𝑔(𝑥 − 𝜆𝑟 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎) 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 𝑑𝜎
𝜕𝑥 𝜕𝑥 0
On applique le théorème de Leibnitz :
𝑥 𝑥 𝜕 𝑥
𝜙2 𝑥 = 𝜆𝑔 (𝑥 − 𝜆𝑟 𝑐𝑜𝑠ℎ [𝑐𝑜𝑠ℎ−1 ( )]) ( ) [𝑐𝑜𝑠ℎ−1 ( )]
𝜆𝑟 𝜆𝑟 𝜕𝑥 𝜆𝑟
𝑐𝑜𝑠ℎ−1 (𝑥 ⁄𝜆𝑟 )
+𝜆 ∫ 𝑔′ (𝑥 − 𝜆𝑟 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 ) 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 𝑑𝜎
0
𝑐𝑜𝑠ℎ −1 (𝑥 ⁄𝜆𝑟 )
𝑥 𝜕 𝑥
= 𝜆𝑔(0) ( ) [𝑐𝑜𝑠ℎ−1 ( )] + 𝜆 ∫ 𝑔′ (𝑥 − 𝜆𝑟 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎) 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 𝑑𝜎
𝜆𝑟 𝜕𝑥 𝜆𝑟 0
On suppose que le corps de révolution a un nez pointu et il n y aura pas de dipôles au niveau du nez :
𝑔 (0) = 0
Dans ce cas
𝑐𝑜𝑠ℎ −1(𝑥 ⁄𝜆𝑟 )
𝜙2 𝑥 = 𝜆 ∫ 𝑔′ (𝑥 − 𝜆𝑟 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎) 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 𝑑𝜎
0
On ré exprime en termes de 𝜉 :
0
𝑥−𝜉 −𝑑𝜉
𝜙2 𝑥 = 𝜆 ∫ 𝑔 ′ (𝜉 ) ( )( )
𝑥−𝜆𝑟 𝜆𝑟 √(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
273
M. Yahyaoui Les corps de révolution
Soit :
1 𝑥−𝜆𝑟 𝑔′ (𝜉 )(𝑥 − 𝜉 )𝑑𝜉
𝜙2 𝑥 = ∫ (161)
𝑟 0 √(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
Et si on utilise l’équation (159), on pourra écrire :
𝑥−𝜆𝑟
𝑥−𝜉 2
𝜙2 𝑥 = −𝜆 ∫ 𝑔′ (𝜉 )𝑑 (√( ) − 1) (162)
0 𝜆𝑟
De même :
−1 (𝑥 ⁄𝜆𝑟 )
𝜕𝜙1 𝜕 𝑐𝑜𝑠ℎ
𝜙2 𝑟 = =𝜆 ∫ 𝑔(𝑥 − 𝜆𝑟 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎) 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 𝑑𝜎
𝜕𝑟 𝜕𝑟 0
𝑥 𝜕 𝑥
= 𝑔 (0) ( ) [𝑐𝑜𝑠ℎ−1 ( )]
𝜆𝑟 𝜕𝑟 𝜆𝑟
𝑐𝑜𝑠ℎ −1(𝑥 ⁄𝜆𝑟 )
+𝜆 ∫ 𝑔′ (𝑥 − 𝜆𝑟 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎)(−𝜆 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎) 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 𝑑𝜎
0
𝑐𝑜𝑠ℎ −1 (𝑥 ⁄𝜆𝑟 )
𝑥 𝜕 𝑥
= 𝑔 (0) ( ) [𝑐𝑜𝑠ℎ−1 ( )] − 𝜆 ∫ 𝑔′ (𝑥 − 𝜆𝑟 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎 ) 𝑐𝑜𝑠ℎ2 𝜎 𝑑𝜎
𝜆𝑟 𝜕𝑥 𝜆𝑟 0
Ou encore, en termes de 𝜉 :
0
𝑥−𝜉 2 −𝑑𝜉
𝜙2 𝑟 = −𝜆 ∫ 𝑔 ′ (𝜉 ) ( ) ( )
𝑥−𝜆𝑟 𝜆𝑟 √(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
1 𝑥−𝜆𝑟 𝑔 ′ (𝜉 )(𝑥 − 𝜉 )2 𝑑𝜉
𝜙2 𝑟 = − ∫ (163)
𝜆𝑟 2 0 √(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
Par ailleurs on a :
𝑥 − 𝜉 −1
𝑑 𝑥−𝜉 𝑥−𝜉 2 𝑥−𝜉 −1 𝑥 − 𝜉 2 𝑥 − 𝜉 ( 𝜆𝑟 ) ( 𝜆𝑟 )
[ √( −1
) − 1 + 𝑐𝑜𝑠ℎ ( )] = √( ) −1+
𝑑𝜉 𝜆𝑟 𝜆𝑟 𝜆𝑟 𝜆𝑟 𝜆𝑟 𝜆𝑟 2
√(𝑥 − 𝜉 ) − 1
𝜆𝑟
𝑥−𝜉 2 𝑥−𝜉 2
−1⁄𝜆𝑟 −1 ( ) − 1 + ( 𝜆𝑟 ) − 1
+ = ( ) 𝜆𝑟
2 𝜆𝑟 2
√(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
√ (𝑥 − 𝜉 ) − 1 √(𝑥 − 𝜉 ) − 1
𝜆𝑟 𝜆𝑟
𝑥−𝜉 2
1 −2( ) 1
= 𝜆𝑟 −
2 2
√(𝑥 − 𝜉 ) − 𝜆 𝑟 2 √(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 𝑟 2
274
M. Yahyaoui Les corps de révolution
𝜇 𝜇
𝜇
𝜉1 𝜉2 𝜉3 𝑥, 𝜉
𝑓𝑖 (𝜉 ) Source
𝜉2 𝜉
𝜉1 𝜉3
Puits
𝑓 (𝜉 )
𝜉2 𝜉3 𝜉
Figure 13.21. Résolution d’un écoulement axisymétrique par superposition d’écoulements coniques.
Alors que l’écoulement transversal sera représenté par une superposition de dipôles :
𝑔(𝜉 ) = 𝑏1 𝜉 + 𝑏2 (𝜉 − 𝜉2 ) + 𝑏3 (𝜉 − 𝜉3 ) + ⋯ (167)
Le calcul des coefficients 𝑎𝑖 et 𝑏𝑗 se fera par application des conditions aux limites (149) et (152) déjà établies sur
les fonctions 𝜙1 et 𝜙2 .
a. Écoulement axial
On remplace l’équation (166) dans (157) et (160) puis on applique la condition (149) :
𝑘
𝑥𝑘 − 𝜉𝑖 𝑥𝑘 − 𝜉𝑖−1
𝜙1 𝑥 = ∑ 𝑎𝑖 [𝑐𝑜𝑠ℎ−1 ( ) − 𝑐𝑜𝑠ℎ−1 ( )]
𝜆𝑅𝑘 𝜆𝑅𝑘
𝑖=1
𝑥𝑘 − 𝜉𝑖 √ 𝑥𝑘 − 𝜉𝑖 2
𝑘 𝜆𝑅𝑘 + ( 𝜆𝑅𝑘 ) − 1
𝜙1 𝑥 = ∑ 𝑎𝑖 𝑙𝑛
𝑖=1 𝑥𝑘 − 𝜉𝑖−1 √ 𝑥𝑘 − 𝜉𝑖−1 2
+ ( 𝜆𝑅 ) −1
[ 𝜆𝑅𝑘 𝑘 ]
On pose :
275
M. Yahyaoui Les corps de révolution
𝑥𝑘 − 𝜉𝑖 √ 𝑥𝑘 − 𝜉𝑖 2
𝜆𝑅𝑘 + ( 𝜆𝑅𝑘 ) − 1
𝐴𝑘𝑖 = 𝑙𝑛 (168)
2
𝑥𝑘 − 𝜉𝑖−1 √ 𝑥𝑘 − 𝜉𝑖−1
+ ( 𝜆𝑅 ) −1
[ 𝜆𝑅𝑘 𝑘 ]
Alors :
𝑘
𝜙1 𝑥 = ∑ 𝐴𝑘𝑖 𝑎𝑖 (169)
𝑖=1
De même :
𝑘
𝑥𝑘 − 𝜉𝑖 2 𝑥𝑘 − 𝜉𝑖−1 2
𝜙1 𝑟 = −𝜆 ∑ 𝑎𝑖 [√( ) − 1 − √( ) − 1]
𝜆𝑅𝑘 𝜆𝑅𝑘
𝑖=1
Soit :
𝑘
𝜙1 𝑟 = ∑ 𝐵𝑘𝑖 𝑎𝑖 (170)
𝑖=1
Avec :
𝑥𝑘 − 𝜉𝑖 2 𝑥𝑘 − 𝜉𝑖−1 2
𝐵𝑘𝑖 = −𝜆 [√( ) − 1 − √( ) − 1] (171)
𝜆𝑅𝑘 𝜆𝑅𝑘
On substitue dans la condition aux limites (149) que l’on applique au point de coordonnés (𝑥𝑘 , 𝑅𝑘 ) :
𝑑𝑅
[𝑉∞ + (𝜙1𝑥 ) ] ( ) = (𝜙1𝑟 )𝑘
𝑘 𝑑𝑥 𝑘
𝑘 𝑘
𝑑𝑅
[𝑉∞ + ∑ 𝐴𝑘𝑖 𝑎𝑖 ] ( ) = ∑ 𝐵𝑘𝑖 𝑎𝑖
𝑑𝑥 𝑘
𝑖=1 𝑖=1
𝑘 𝑘
𝑎𝑖 𝑑𝑅 𝑎𝑖
[1 + ∑ 𝐴𝑘𝑖 ] ( ) = ∑ 𝐵𝑘𝑖
𝑉∞ 𝑑𝑥 𝑘 𝑉∞
𝑖=1 𝑖=1
On pose :
𝑎𝑖
𝑎ො𝑖 =
𝑉∞
Alors :
𝑘 𝑘
𝑑𝑅
[1 + ∑ 𝐴𝑘𝑖 𝑎ො𝑖 ] ( ) = ∑ 𝐵𝑘𝑖 𝑎ො𝑖
𝑑𝑥 𝑘
𝑖=1 𝑖=1
ou aussi :
𝑘−1 𝑘−1
𝑑𝑅
[1 + ∑ 𝐴𝑘𝑖 𝑎ො𝑖 + 𝐴𝑘𝑘 𝑎ො𝑘 ] ( ) = ∑ 𝐵𝑘𝑖 𝑎ො𝑖 + 𝐵𝑘𝑘 𝑎ො𝑘
𝑑𝑥 𝑘
𝑖=1 𝑖=1
D’où :
𝑑𝑅
[1 + ∑𝑘−1 ො𝑖 ] (
𝑖=1 𝐴𝑘𝑖 𝑎 ∑𝑘−1
𝑑𝑥 )𝑘 − 𝑖=1 𝐵𝑘𝑖 𝑎ො𝑖
𝑎ො𝑘 = (172)
𝑑𝑅
𝐵𝑘𝑘 − ( 𝑑𝑥 ) 𝐴𝑘𝑘
𝑘
b. Écoulement transversal
On remplace l’équation (167) dans (162) et (165) puis on applique la condition (152) :
276
M. Yahyaoui Les corps de révolution
𝑘
𝑥𝑘 − 𝜉𝑖 2 𝑥𝑘 − 𝜉𝑖−1 2
𝜙2 𝑥 = ∑ 𝑏𝑖 [√( ) − 1 − √( ) − 1]
𝜆𝑅𝑘 𝜆𝑅𝑘
𝑖=1
On pose :
𝑥𝑘 − 𝜉𝑖 2 𝑥𝑘 − 𝜉𝑖−1 2
𝐶𝑖𝑘 = [√( ) − 1 − √( ) − 1]
𝜆𝑅𝑘 𝜆𝑅𝑘
On note que :
𝐵𝑖𝑘
𝐶𝑖𝑘 = − (173)
𝜆
Alors :
𝑘
𝜙2 𝑥 = ∑ 𝐶𝑘𝑖 𝑏𝑖 (174)
𝑖=1
De même :
𝑘
𝜆 𝑥𝑘 − 𝜉𝑖 𝑥 − 𝜉𝑖 2 𝑥𝑘 − 𝜉𝑖 𝑥𝑘 − 𝜉𝑖−1 𝑥𝑘 − 𝜉𝑖−1 2
𝜙2 𝑟 = ∑ 𝑏𝑖 [ √( 𝑘 ) − 1 + 𝑐𝑜𝑠ℎ−1 ( )− √( ) −1
2 𝜆𝑅𝑘 𝜆𝑅𝑘 𝜆𝑅𝑘 𝜆𝑅𝑘 𝜆𝑅𝑘
𝑖=1
𝑥𝑘 − 𝜉𝑖−1
− 𝑐𝑜𝑠ℎ−1 ( )]
𝜆𝑅𝑘
Soit :
𝑘
𝜙2 𝑟 = ∑ 𝐷𝑘𝑖 𝑏𝑖 (175)
𝑖=1
Avec :
𝜆 𝑥𝑘 − 𝜉𝑖 𝑥𝑘 − 𝜉𝑖 2 𝑥𝑘 − 𝜉𝑖−1 𝑥𝑘 − 𝜉𝑖−1 2
𝐷𝑘𝑖 = [ √( ) −1− √( ) − 1 + 𝐴𝑘𝑖 ] (176)
2 𝜆𝑅𝑘 𝜆𝑅𝑘 𝜆𝑅𝑘 𝜆𝑅𝑘
On substitue dans condition aux limites (152) que l’on applique au point de coordonnés (𝑥𝑘 , 𝑅𝑘 ) :
𝑑𝑅
(𝜙2𝑥 ) ( ) = 𝑉∞ + (𝜙2𝑟 )𝑘
𝑘 𝑑𝑥 𝑘
𝑘 𝑘
𝑑𝑅
( ) ∑ 𝐶𝑘𝑖 𝑏𝑖 = 𝑉∞ + ∑ 𝐷𝑘𝑖 𝑏𝑖
𝑑𝑥 𝑘
𝑖=1 𝑖=1
On pose :
𝑏𝑖
𝑏̂𝑖 =
𝑉∞
Alors :
𝑘 𝑘
𝑑𝑅
( ) ∑ 𝐶𝑘𝑖 𝑏̂𝑖 = 1 + ∑ 𝐷𝑘𝑖 𝑏̂𝑖
𝑑𝑥 𝑘
𝑖=1 𝑖=1
𝑘−1 𝑘−1
𝑑𝑅
( ) (∑ 𝐶𝑘𝑖 𝑏̂𝑖 + 𝐶𝑘𝑘 𝑏̂𝑘 ) = 1 + ∑ 𝐷𝑘𝑖 𝑏̂𝑖 + 𝐷𝑘𝑘 𝑏̂𝑘
𝑑𝑥 𝑘
𝑖=1 𝑖=1
D’où :
277
M. Yahyaoui Les corps de révolution
̂ 𝑑𝑅 ̂
1 + ∑𝑘−1 𝑘−1
𝑖=1 𝐷𝑘𝑖 𝑏𝑖 − ( 𝑑𝑥 ) ∑𝑖=1 𝐶𝑘𝑖 𝑏𝑖
𝑘
𝑏̂𝑘 = (177)
𝑑𝑅
( ) 𝐶𝑘𝑘 − 𝐷𝑘𝑘
𝑑𝑥 𝑘
c. Les coefficients aérodynamiques
Pour évaluer les coefficients de force aérodynamiques, on commence par déterminer le coefficient de pression. Ce
dernier est donné par l’équation (121) :
2 𝛾 ⁄(𝛾−1)
2 𝛾−1 2 ⃗‖
‖𝑉
𝐶𝑝 = 2
{[1 + 𝑀∞ (1 − )] − 1} (178)
𝛾𝑀∞ 2 𝑉∞2
avec :
2
⃗ ‖ = 𝑉𝑥2 + 𝑉𝑟2 + 𝑉𝜃2
‖𝑉
On pose :
2
⃗‖
‖𝑉
2
𝑣̅ = 2 (179)
𝑉∞
Alors :
𝑉𝑥2 + 𝑉𝑟2 + 𝑉𝑥2 𝑉𝑥 2 𝑉𝑟 2 𝑉𝜃 2
𝑣̅ 2 = = ( ) + ( ) + ( )
𝑉∞2 𝑉∞ 𝑉∞ 𝑉∞
𝑣̅ 2 = 𝑉̅𝑥2 + 𝑉̅𝑟2 + 𝑉̅𝜃2 (180)
2
En termes de 𝑣̅ , le coefficient de pression s’écrit :
𝛾 ⁄(𝛾−1)
2 𝛾−1 2 2)
𝐶𝑝 = 2
{[1 + 𝑀∞ ( 1 − 𝑣̅ ] − 1} (181)
𝛾𝑀∞ 2
⃗ :
On doit évaluer les composantes de la vitesse nette 𝑉
𝑉𝑥 = 𝑉∞𝑎 + 𝜙̃𝑥 = 𝑉∞ 𝑐𝑜𝑠 𝛼 + 𝜙̃𝑥 = 𝑉∞ 𝑐𝑜𝑠 𝛼 + 𝜙̃𝑎 𝑥 + 𝜙̃𝑡 𝑥
= 𝑉∞ 𝑐𝑜𝑠 𝛼 + 𝜙1 𝑥 𝑐𝑜𝑠 𝛼 + 𝜙2 𝑥 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑐𝑜𝑠 𝜃
𝑉𝑥 = (𝑉∞ + 𝜙1 𝑥 ) 𝑐𝑜𝑠 𝛼 + 𝜙2 𝑥 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑐𝑜𝑠 𝜃 (182)
Et par suite :
𝑉̅𝑥 = (1 + 𝜙̂1 𝑥 ) 𝑐𝑜𝑠 𝛼 + 𝜙̂2 𝑥 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑐𝑜𝑠 𝜃 (183)
De même :
𝑉𝑟 = 𝑉∞𝑡 𝑐𝑜𝑠 𝜃 + 𝜙̃𝑟 = 𝑉∞ 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑐𝑜𝑠 𝜃 + 𝜙̃𝑎 𝑟 + 𝜙̃𝑡 𝑟
= 𝑉∞ 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑐𝑜𝑠 𝜃 + 𝜙1 𝑟 𝑐𝑜𝑠 𝛼 + 𝜙2 𝑟 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑐𝑜𝑠 𝜃
𝑉𝑟 = (𝑉∞ + 𝜙2 𝑟 ) 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑐𝑜𝑠 𝜃 + 𝜙1 𝑟 𝑐𝑜𝑠 𝛼 (184)
Soit :
𝑉̅𝑟 = (1 + 𝜙̂2 𝑟 ) 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑐𝑜𝑠 𝜃 + 𝜙̂1 𝑟 𝑐𝑜𝑠 𝛼 (185)
Finalement :
𝜙̃𝜃 𝜙̃𝑎 + 𝜙̃𝑡 𝜃
𝑉𝜃 = −𝑉∞ 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑠𝑖𝑛 𝜃 + = −𝑉∞ 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑠𝑖𝑛 𝜃 + 𝜃
𝑟 𝑟
On rappelle les équations (146) et (147) :
𝜙̃𝑎 = 𝜙1 (𝑥, 𝑟) 𝑐𝑜𝑠 𝛼 ⟹ 𝜙̃𝑎𝜃 = 0
𝜙̃𝑡 = 𝜙2 (𝑥, 𝑟) 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑐𝑜𝑠 𝜃 ⟹ 𝜙̃𝑡𝜃 = −𝜙2 (𝑥, 𝑟) 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑠𝑖𝑛 𝜃
Alors :
278
M. Yahyaoui Les corps de révolution
𝜙2 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑠𝑖𝑛 𝜃
𝑉𝜃 = −𝑉∞ 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑠𝑖𝑛 𝜃 −
𝑟
𝜙2
𝑉𝜃 = − (𝑉∞ + ) 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑠𝑖𝑛 𝜃 (186)
𝑟
C'est-à-dire que :
𝜙̂2
𝑉̅𝜃 = − (1 + ) 𝑠𝑖𝑛 𝛼 𝑠𝑖𝑛 𝜃 (187)
𝑟
Les dérivées partielles chapeautées dans les équations (183), (185) et (187) sont données par :
𝑘
Le calcul du coefficient de pression exige le calcul des composantes de vitesse. En particulier, l’évaluation de 𝑉̅𝜃
(équation 187) nécessite le calcul de 𝜙̂2 . Cette fonction peut être évaluée en intégrant l’équation (151) par rapport
à 𝜉 puis en divisant par 𝑉∞ .
• La force axiale
En se référant à Figure 13.19, la force élémentaire axiale est donnée par :
𝑑𝐴 = 𝑑𝐹 𝑠𝑖𝑛 𝛿 = 𝑝𝑅𝑑𝜃𝑑𝑙 𝑠𝑖𝑛 𝛿 = 𝑝𝑅𝑑𝜃𝑑𝑅
𝑅𝑐 2𝜋 𝑅𝑐 2𝜋
𝑑𝑅
𝐴 = ∫ ∫ 𝑝𝑅𝑑𝜃 𝑑𝑅 = ∫ ∫ 𝑝𝑅 𝑑𝜃 𝑑𝑥
0 0 0 0 𝑑𝑥
Et puisque l’intégrale d’une pression constante (en particulier égale à 𝑝∞ ) sur le tout périmètre de toute section du
corps de révolution est nulle (l’intégrale d’une fonction constante sr un contour fermé est nulle), on peut écrire :
𝐿 2𝜋
𝑑𝑅
𝐴 = 𝑞̅∞ ∫ ∫ 𝐶𝑝 𝑅 𝑑𝜃𝑑𝑥 (192)
0 0 𝑑𝑥
Le coefficient de force correspondant est :
𝐿 2𝜋
𝐴 1 𝑑𝑅
𝐶𝐴 = = 2
∫ ∫ 𝐶𝑝 𝑅 𝑑𝜃𝑑𝑥 (193)
𝑞̅∞ 𝑆𝑐 𝜋𝑅𝑐 0 0 𝑑𝑥
où 𝑅𝑐 est le rayon du culot.
Le coefficient de force axiale locale est :
1 𝑑𝑅 2𝜋
𝐶𝑎 (𝑥) = 𝑅 ∫ 𝐶 (𝑥, 𝑅, 𝜃)𝑑 𝜃 (194)
𝜋𝑅𝑐2 𝑑𝑥 0 𝑝
• La force transversale
La force élémentaire normale suivant 𝑉∞𝑡 (Figure 13.19) est donnée par :
𝑑𝑁 = −𝑑𝐹 𝑐𝑜𝑠 𝜃 𝑐𝑜𝑠 𝛿 = −𝑝𝑅 𝑐𝑜𝑠 𝜃 𝑑𝜃𝑑𝑙 𝑐𝑜𝑠 𝛿 = −𝑝𝑅 𝑐𝑜𝑠 𝜃 𝑑𝜃𝑑𝑥
On intègre sur la surface latérale du corps de révolution :
𝐿 2𝜋
𝑁 = ∫ ∫ −𝑝𝑅 𝑐𝑜𝑠 𝜃 𝑑𝜃 𝑑𝑥
0 0
279
M. Yahyaoui Les corps de révolution
𝑑𝑅
𝑎1 = 𝑉∞ (0)
𝑑𝑥
Soit :
𝑑𝑅
𝑎ො1 = (0) (203)
𝑑𝑥
Par ailleurs, la condition aux limites (152) avec 𝜙2𝑥 = 0 donne :
𝑉∞ + 𝜙2𝑟 = 0
Soit d’après l’équation (175) :
𝑉∞ + 𝐷11 𝑏1 = 0
Pour un raisonnement pareil à celui utilisé dans le choix de 𝑎1 , on prendra :
𝐷11 = −1 (204)
𝑏1 = 𝑉∞
Ou encore :
𝑏̂1 = 1 (205)
Les équations (199), (200) et (202)-(205) constituent les données nécessaires, définies en 𝑥 = 0, qui permettent de
lancer la solution.
Un exemple de solution numérique obtenue par la méthode de Kármán-Moore pour les coefficients de force
aérodynamique 𝐶𝑎 et 𝐶𝑛 est donné sur Figure 13.22. Le corps de révolution étudié est donné sur la même figure.
Forme de l’ogive
281
M. Yahyaoui Les corps de révolution
Exercices
Exercice 13.1
Un cône dont le demi-angle au sommet est 15° est plongé dans un écoulement supersonique dans des conditions
atmosphérique standard du niveau de la mer à 𝑀∞ = 2.
1. Utiliser les abaques et tables relatifs aux écoulements sur les cônes pour déterminer :
a. L’angle du choc.
b. 𝑝, 𝑇, 𝜌 et 𝑀 juste derrière le choc
c. 𝑝, 𝑇, 𝜌 et 𝑀 sur la surface du cône.
2. Pour quelle valeur du nombre de Mach le choc se détachera-t-il du cône ?
Exercice 13.2
On considère le corps axisymétrique dont le rayon est donné par l’équation :
1
𝑅̅(𝑠) = (1 − 4𝑠 2 ) , −0.5 ≤ 𝑠 ≤ 0.5
2𝑎
1. Montrer que le rayon est aussi donné par l’équation :
2
𝑅̅(𝑥̅ ) = (𝑥̅ − 𝑥̅ 2 ) , 0 ≤ 𝑥̅ ≤ 1
9
Décrire la forme de cet objet et le représenter par un schéma.
2. Utiliser la théorie des corps élancés pour déterminer :
a. 𝜙̃⁄𝑉∞
b. 𝑢̃⁄𝑉∞
c. 𝑣̃ ⁄𝑉∞
d. Le coefficient de pression au premier ordre.
3. Déterminer 𝐶𝑝 en 𝑥̅ = 0.2, 𝑥̅ = 0.4 et 𝑥̅ = 0.6 à 𝑀∞ = 1.5 et pour 𝑎 = 9.
Exercice 13.3
On considère le corps axisymétrique d’équation :
2𝑡
𝑅 (𝑥 ) = 𝑥 (𝐿 − 𝑥 )
𝐿2
1. Montrer que la solution amène à :
𝜕𝜙̃ 4𝑉∞ 𝑡 2 2𝑥
𝑢̃ = = − 4 [3𝑥(2𝐿 − 3𝑥 ) + (𝐿2 − 6𝐿𝑥 + 6𝑥 2 ) 𝑙𝑛 ]
𝜕𝑥 𝐿 2 −1
𝑅√𝑀∞
2. Comparer la répartition de pression avec le cas d’un profil (2D) qui a la même forme biconvexe à Mach 1.5,
2 et 4. On recommande de représenter les 𝐶𝑝 graphiquement (sous MATLAB par exemple).
Exercice 13.4
Pour le corps de révolution de l’exercice 11.2, recalculer le coefficient de pression en 𝑥̅ = 0.2 par la méthode du
cône tangent et comparer les valeurs obtenues.
Exercice 13.5
Le nez d’un corps axisymétrique est décrit par l’équation :
𝑅(𝑥 ) = 𝜖𝑥 3⁄2 , 𝑥 ∈ [0,1]
1. Montrer que le coefficient de pression sur la surface est donné par :
𝐶𝑝 2 33
2
= 6𝑥 𝑙𝑛 − 3𝑥 𝑙𝑛 𝑥 − 𝑥
𝜖 2
𝜖√𝑀∞ − 1 4
2. Calculer le coefficient de traînée et comparer avec celui d’un nez conique.
282
M. Yahyaoui Les corps de révolution
Exercice 13.6
Calculer le coefficient de traînée des deux corps de révolution qui ont tous les deux une longueur de 18m et tel
que 𝐿⁄𝐷𝑚𝑎𝑥 = 8. Le rayon du corps est une fonction parabolique de 𝑥.
𝛿 = 10°
𝛿=0
L = 24m
L = 24m
283
M. Yahyaoui Les ailes supersoniques
I. Introduction
1. Écoulement bidimensionnel sur des ailes finies en supersoniques
On suppose qu’une aile supersonique est de faible épaisseur et ceci pour éviter une traînée excessive. On supposera
aussi un écoulement stationnaire, irrotationnel, non visqueux et isentropique.
Au vu de la règle qu’une faible perturbation est limitée à l’intérieur du cône de Mach dont l’apex est au point de
perturbation et qui s’étend vers l’aval de ce point, il y a des zones d’écoulement bidimensionnel sur les ailes volant
en supersonique (Figure 14.1).
∞
F H
𝜇
𝜇 𝜇
B D 𝜇 K
L
A
𝑀∞ 𝑀∞ J 𝑀∞
𝜇
C A 𝜇
A
E G
A
∞
(b) (c)
(a)
𝑀∞
Figure 14.1. Illustration de zones d’écoulement bidimensionnel sur des ailes finies en supersonique.
- Soit une aile d’envergure infinie (figure Figure 14.1-a) de faible épaisseur et à faible angle d’incidence : toute
perturbation créée dans la zone E-A-C-G ou la zone B-F-H-D n’a aucune influence sur l’écoulement dans la
zone A-B-D-C. Si cette aile est rendue finie en découpant suivant A-C et B-D, elle produira le même
écoulement bidimensionnel qu’initialement. Le vent induit par contre ne sera pas complètement
bidimensionnel.
- Pour une aile finie et droite, si les extrémités des ailes sont à l’extérieur des cônes de Mach dont les apex sont
aux extrémités de l’aile (Figure 14.1-b), l’écoulement sur toute l’aile sera bidimensionnel. Cependant, le vent
induit sera bidimensionnel seulement dans la zone J-K-L.
284
M. Yahyaoui Les ailes supersoniques
- Pour une aile finie et droite, sil les extrémités des ailes sont à l’intérieur des cônes de Mach dont les apex
sont aux extrémités de l’aile (Figure 14.1-c), l’écoulement sera bidimensionnel partout sauf à l’intérieur des
cônes.
Les zones d’écoulement bidimensionnel peuvent être analysées par les méthodes bidimensionnelles telles
que la théorie d’Ackeret.
2. Bord d’attaque et bord de fuite subsonique ou supersonique
On considère une aile à flèche positive. Le vecteur vent relatif est décomposé en une composante parallèle au bord
d’attaque (𝑉∞𝑡 ) et une composante normale (𝑉∞𝑛 ). C’est cette dernière qui détermine les propriétés aérodynamiques
de l’aile et l’écoulement effectif sera subsonique ou supersonique suivant la valeur relative de 𝑉∞𝑛 par rapport
à 𝑎∞ . Et puisque :
𝑎∞ = 𝑉∞ 𝑠𝑖𝑛 𝜇∞ (1)
𝑉∞𝑛 = 𝑉∞ 𝑠𝑖𝑛(𝜋⁄2 − 𝛬) = 𝑉∞ 𝑠𝑖𝑛 𝛿 (2)
Il s’ensuit que :
𝑉∞𝑛 𝑠𝑖𝑛 𝛿
𝑀∞𝑛 = = (3)
𝑎∞ 𝑠𝑖𝑛 𝜇∞
L’écoulement effectif relatif au bord d’attaque sera subsonique si 𝑀∞𝑛 < 1, soit si 𝛿 < 𝜇∞ . Par exemple, le bord
d’attaque et le bord de fuite sont supersoniques pour l’aile de Figure 14.1-(d) et subsoniques pour l’aile de Figure
14.1-(e).
Onde de Mach
Ligne de Mach
Λ
𝑎∞
𝑎∞ 𝜇∞
𝜇∞ 𝜇
⃗∞
𝑉 ⃗∞
𝑉
𝜇 𝛿 𝛿
𝛿 𝛿
𝑉∞𝑛 𝑉∞𝑡 𝑉∞𝑛
𝑉∞𝑡
Figure 14.2. Aile à flèche positive : (a) bord d’attaque supersonique (b) bord d’attaque subsonique.
Le même critère s’applique au bord de fuite. Un point du bord de fuite est supersonique si la composante de vitesse
normale locale est supersonique.
Pour plus de clarification permettant la distinction entre un bord d’attaque ou bord de fuite subsonique et un bord
d’attaque ou bord de fuite supersonique, on considère la forme en plan de la figure 12.3. Le segment A-B du bord
d’attaque est supersonique alors que B-C est subsonique. La partie C-E fait partie de bord de fuite. Le segment C-
D est subsonique alors que D-E est supersonique.
𝑀∞𝑛 < 1
A-B : supersonique
𝑀∞𝑛 > 1 B-C : subsonique
𝜇∞ C-D : subsonique
A E
D-E : supersonique
B D 𝜇∞
C
285
M. Yahyaoui Les ailes supersoniques
Figure 14.3. Forme en plan d'une voilure avec bord d’attaque et bord de fuite partiellement supersonique.
Le bord de fuite doit être pointu qu’il soit en régime subsonique ou supersonique. Quant au bord d’attaque, le fait
qu’il soit sous régime subsonique ou supersonique est déterminant de sa forme géométrique :
- s’il est en régime subsonique il faut qu’il soit arrondi pour éviter le décrochage précoce. Son bord de fuite
pointu permet de vérifier le critère de Kutta-Joukowski.
- s’il est en régime supersonique il faut qu’il soit pointu pour éviter une traînée d’onde trop élevée due à une
onde de choc détachée.
3. Les effets de la flèche
On rappelle un ensemble de lois, vues dans le chapitre 9, qui montrent l’effet de la flèche sur des paramètres aussi
bien géométriques (épaisseur relative, angle d’incidence) qu’aérodynamiques (coefficients) :
Il s’ensuit que :
4 𝑐𝑜𝑠 𝛬
𝐶𝐿′ = 𝛼 (13)
2 𝑐𝑜𝑠 2 𝛬 − 1
√𝑀∞
Le gradient de portance est donc :
4 𝑐𝑜𝑠 𝛬
𝐶𝑙𝛼 = (14)
2
√𝑀∞ 𝑐𝑜𝑠 2 𝛬 − 1
Contrairement au régime subsonique, le gradient de portance augmente avec la flèche (Figure 14.4) mais
l’augmentation de 𝐶𝐿𝛼 diminue avec le nombre de Mach.
286
M. Yahyaoui Les ailes supersoniques
Figure 14.4. Variation du gradient de portance avec la flèche pour une aile d’envergure infinie en supersonique.
b. Coefficient de traînée
Le coefficient de traînée en supersonique se divise en traînée d’onde et traînée de frottement :
𝐶𝐷𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙 = 𝐶𝐷′ 𝑒 + 𝐶𝐷 𝑓
où le coefficient de traînée d’onde est donné par la théorie d’Ackeret :
1
4
𝐶𝐷′ 𝑒 = [𝛼𝑒2 + ∫ (𝜃𝑐2 + 𝜃𝑒2 )𝑑𝑥̅ ] (15)
2 −1
√𝑀∞𝑒 0
𝑒̅𝑚𝑎𝑥𝑒 = 10%
288
M. Yahyaoui Les ailes supersoniques
𝑒̅𝑚𝑎𝑥𝑒 = 10%
289
M. Yahyaoui Les ailes supersoniques
Cette vitesse est nulle partout dans le plan x-y sauf au niveau de la zone 𝑑𝜉𝑑𝜂, centrée au point de
coordonnées (𝜉, 𝜂), où |𝑥 − 𝜉| ≪ 𝑑𝜉 et |𝑦 − 𝜂| ≪ 𝑑𝜂 (Figure 14.7-a). Dans cette zone la vitesse 𝑤 ̃ est
indéterminée et, pour la déterminer, on doit subdiviser la zone 𝑑𝜉𝑑𝜂 en des éléments plus petits 𝑑𝜉′𝑑𝜂′ et sommer
leurs effets en un point 𝑃 qui se trouve juste au dessus de la zone, puis prendre la limite lorsque 𝑧 → 0.
Cependant, il faut limiter le domaine d’intégration à la zone où le dénominateur de 𝑑𝜙̃ est réel. Cette zone est
limitée à l’intérieur d’une hyperbole (Figure 14.7-b). En termes de (ξ′ = 𝑥, 𝜂′ = 𝑦 − 𝜂) on a :
𝑥−𝜆𝑧 𝜂1′ 𝑥−𝜆𝑧
−𝜎(𝜉 ′ , 𝜂′ )𝑑𝜂′
𝜙̃ = ∫ ∫ 𝑑𝜉 ′ = ∫ 𝐼(𝜉 ′ , 𝑧)𝑑𝜉 ′
𝑎 −𝜂1′ 𝑎
√(𝑥 − 𝜉 ′ )2 − 𝜆2 [𝜂′ 2 + 𝑧 2 ]
(𝑥 − 𝜉 ′ )2
𝑦 − 𝜂 = ±√ − 𝑧2
𝜆2
Alors :
290
M. Yahyaoui Les ailes supersoniques
(𝑥 − 𝜉 ′ )2
𝜂1′ = √ − 𝑧2
𝜆2
Ou encore :
𝜆𝜂1′ = √(𝑥 − 𝜉 ′ )2 − 𝜆2 𝑧 2
L’intégrale 𝐼 devient :
𝜎 √(𝑥 − 𝜉 ′ )2 − 𝜆2 𝑧 2 𝜎 𝜎𝜋
𝐼 = −2 𝑠𝑖𝑛−1 [ ] = −2 𝑠𝑖𝑛−1 1 = −2
𝜆 ′ 2
√(𝑥 − 𝜉 ) − 𝜆 𝑧 2 2 𝜆 𝜆2
𝜋𝜎
𝐼=−
𝜆
Il s’ensuit que :
𝑥−𝜆𝑧
𝜋𝜎 ′
𝜙̃ = − ∫ 𝑑𝜉
𝑎 𝜆
𝜋𝜎
𝜙̃ = − (𝑥 − 𝜆𝑧 − 𝑎) (23)
𝜆
On applique la condition aux limites d’un écoulement tangent à la surface de l’aile :
𝑤
̃ 𝜕𝑧
= 𝑡𝑔−1 ( )|
𝑉∞ + 𝑢̃ 𝜕𝑥 𝑆
𝑤̃ 𝜕𝑧
≅ ( )| = 𝜏
𝑉∞ 𝜕𝑥 𝑆
𝑤
̃ = 𝜏𝑉∞ (24)
̃ en prenant la dérivée par rapport à 𝑧 de l’équation (23) et on remplace dans (24) :
On calcule 𝑤
𝜋𝜎 = 𝜏𝑉∞
𝜏𝑉∞ 𝑤 ̃
𝜎= = (25)
𝜋 𝜋
L’intensité des sources est proportionnelle à la vitesse du vent relatif et à la pente locale (𝜏) de la section de l’aile
dans le plan 𝑦 = 𝑐 𝑡𝑒 .
L’objectif principal reste de déterminer la répartition de la pression sur une aile en supersonique et ceci permettra
de calculer sa traînée d’onde. On rappelle que le coefficient de pression linéarisé est :
𝑢̃
𝐶𝑝 = −2 (26)
𝑉∞
avec 𝑢̃ évalué à partir de 𝑑𝜙̃ qui est donné par l’équation (21) et 𝜎 qui est donné par l’équation (25).
L’intensité 𝜎 est constante sur toute zone de l’aile où la pente est constante. Les ailes désignées au vol supersonique
sont souvent constituées d’un assemblage de surfaces planes (Figure 14.8) et, sur chacune de ces surfaces, la pente
est connue et par suite, l’intensité de la distribution de sources est constante sur cette zone.
𝑥 𝑥
291
M. Yahyaoui Les ailes supersoniques
Il y aura souvent un nombre donné de distributions triangulaires de sources d’intensité constante par zone et la
vitesse 𝑢̃ sera obtenue en sommant les influences des ces distributions. Le calcul de la vitesse induite par une
distribution triangulaire de sources d’intensité constante, de la forme donnée sur la figure Figure 14.9-(a), peut
constituer la base de calcul de formes plus complexes.
Une distribution triangulaire de sources d’intensité constante est souvent :
- de part et d’autre de l’axe des 𝑥 (Figure 14.9-b) et peut être considérée comme la somme de deux distributions
triangulaires du premier type,
- ou d’un même côté (Figure 14.9-c) et peut être considérée comme la différence de deux distributions
triangulaires du premier type, COB et AOB.
𝑦 𝑦 𝑦
C C C
A
B
O B 𝑥 O 𝑥 O B 𝑥
A
(a) (b) (c)
Mais avant de développer les calculs, on introduit la notion d’aile en régime supersonique à bord d’attaque
subsonique.
La position relative du bord d’attaque par rapport à l’onde de Mach est définie par le paramètre :
𝑡𝑔 𝛬
𝑛=
𝑡𝑔(𝜋⁄2 − 𝜇)
On pose :
𝛽 = 𝑡𝑔 𝛬 (27)
Alors :
𝛽
𝑛= (28)
𝜆
Un bord d’attaque de l’aile subsonique correspond alors à 𝑛 > 1. C’est le cas où le bord d’attaque de l’aile est
situé derrière l’onde de Mach émanant de l’apex (Figure 14.10) et la composante effective du Mach (𝑀∞𝑛 ) devient
inférieur à 1. On note que, pour une aile donnée, 𝑛 est un nombre bien déterminé.
1. Aile triangulaire semi infinie à bord d’attaque subsonique
a. Point sur la distribution des sources
D’après les équations (21) et (25), le potentiel de perturbation en un point 𝑃 sur la distribution de sources (sur
l’aile) est obtenu en intégrant sur les des zones marquées 1 et 2 (Figure 14.10-a) :
̃ 𝑦 𝑥−𝜆(𝑦−𝜂)
𝑤 𝑦2 𝑥+𝜆(𝑦−𝜂)
𝜙̃(𝑥, 𝑦, 0) = − [∫ ∫ 𝑓 (𝜉, 𝜂)𝑑𝜉𝑑𝜂 + ∫ ∫ 𝑓 (𝜉, 𝜂)𝑑𝜉𝑑𝜂 ] (29)
𝜋 0 𝛽𝜂 𝑦 𝛽𝜂
1
𝑓(𝜉, 𝜂) =
√(𝑥 − 𝜉 )2 − 𝜆2 (𝑦 − 𝜂)2
Dans cette expression de 𝑓 (𝜉, 𝜂), nous avons posé 𝑧 = 0. Par conséquent, la composante de vitesse de
perturbation 𝑢̃ sera calculée dans ce plan. Cependant, 𝑢̃ sera utilisé pour calculer le coefficient de pression, donné
par l’équation (26), au niveau de la paroi de l’aile où 𝑧 ≠ 0. Une telle approximation est consistante avec
l’hypothèse d’une aile de faible épaisseur relative.
En introduisant la variable 𝜎 telle que :
292
M. Yahyaoui Les ailes supersoniques
𝜉 = 𝑥 − 𝜆(𝑦 − 𝜂) 𝑐𝑜𝑠ℎ 𝜎
puis en effectuant l’intégration de l’équation (29) par rapport à 𝜉 on peut montrer que :
̃ 𝑦2
𝑤 𝑥 − 𝛽𝜂
𝜙̃ = − ∫ 𝑐𝑜𝑠ℎ−1 [ ] 𝑑𝜂
𝜋 0 𝜆|𝑦 − 𝜂|
La composante de la vitesse de perturbation 𝑢̃ est :
𝜕𝜙̃ ̃ 𝑦2
𝑤 𝑑𝜂
𝑢̃ = =− ∫ (30)
𝜕𝑥 𝜋 0 √(𝑥 − 𝛽𝜂) − 𝜆2 (𝑦 − 𝜂)2
2
La borne d’intégration 𝑦2 peut être exprimée en termes des coordonnées (𝑥, 𝑦) du point P en notant que :
𝑥2 = 𝛽𝑦2
{ 1 𝑦2 − 𝑦
𝑡𝑔 𝜇 = =
𝜆 𝑥 − 𝑥2
De ce système on obtient :
𝑥 + 𝜆𝑦
𝑦2 =
𝜆+𝛽
Du fait que 𝛽 > 𝜆 et avec la borne supérieure donnée par l’équation précédente, on peut montrer que l’intégration
de l’équation (30) donne :
𝑤
̃ 𝛽𝑥 − 𝜆2 𝑦
𝑢̃ = − 𝑐𝑜𝑠ℎ−1 [ ]
𝜋√𝛽 2 − 𝜆2 𝜆(𝑥 − 𝛽𝑦)
Ou encore :
𝑤
̃ 𝑛2 − 𝑡
𝑢̃ = − 𝑐𝑜𝑠ℎ−1 [ ] (31)
𝜋𝜆√𝑛2 − 1 𝑛(1 − 𝑡 )
où :
𝛽𝑦
𝑡= (32)
𝑥
L’équation (31) est valable pour 𝑛 > 1 (bord d’attaque subsonique) et pour 𝑡 < 1, c’est-à-dire sur la distribution
de sources elle-même (sur l’aile).
𝜂 𝜉 = 𝜆𝜂 ⟺ 𝑡 = 𝑛 𝑃1 (𝑥, 𝑦, 0)
π⁄2 − μ 𝜉 = 𝛽𝜂 ⟺ 𝑡 = 1
𝜉 = 𝛽𝜂
𝑦2 A
𝑦𝐴
μ 𝑥 − 𝜉 = −𝜆(𝑦 − 𝜂)
Λ C
𝑦𝐶
2 O 𝑥 − 𝜉 = 𝜆 (𝑦 − 𝜂 )
𝑦 𝑃(𝑥, 𝑦, 0)
μ μ μ
𝟏
O B D μ
O 𝜉 𝑥, 𝜉
μ 𝑥 − 𝜉 = 𝜆 (𝑦 − 𝜂 ) 𝑃2 (𝑥, 𝑦, 0)
𝑥 − 𝜉 = −𝜆(𝑦 − 𝜂)
293
M. Yahyaoui Les ailes supersoniques
La borne d’intégration 𝑦𝐴 peut être exprimée en termes des coordonnées (𝑥, 𝑦) du point P en notant que :
𝑥𝐴 = 𝛽𝑦𝐴
{ 1 𝑦 − 𝑦𝐴
𝑡𝑔 𝜇 = =
𝜆 𝑥 − 𝑥𝐴
𝑥 − 𝜆𝑦
⟹ 𝑦𝐴 =
𝛽−𝜆
L’intégration de l’équation (34) avec la borne supérieure donnée par l’équation précédente amène à :
𝑤
̃ 𝑛2 − 𝑡
𝑢̃ = − 𝑐𝑜𝑠ℎ−1 [ ] (35)
𝜋𝜆√𝑛2 − 1 𝑛 (𝑡 − 1)
Cette équation est valable pour 1 < 𝑡 < 𝑛, soit en tout point entre l’onde de Mach et le bord d’attaque.
c. Point du côté opposé (y négatif)
Un exemple de tels points est le point 𝑃2 (Figure 14.10-b) qui ne doit pas être à l’avant de l’onde de Mach émanant
de l’apex, du même côté. Le potentiel en ce point est dû à la distribution triangulaire de sources O-C-D et il est
donné par :
̃ 𝑦𝐶 𝑥+𝜆(𝑦−𝜂)
𝑤
𝜙̃(𝑥, 𝑦, 0) = − ∫ ∫ 𝑓(𝜉, 𝜂)𝑑𝜉𝑑𝜂 (36)
𝜋 0 𝛽𝜂
La composante de la vitesse de perturbation 𝑢̃ est :
𝜕𝜙̃ ̃ 𝑦𝐶
𝑤 𝑑𝜂
𝑢̃ = =− ∫ (37)
𝜕𝑥 𝜋 0 √(𝑥 − 𝛽𝜂)2 − 𝜆2 (𝑦 − 𝜂)2
La borne d’intégration 𝑦𝑐 est être exprimée en termes des coordonnées (𝑥, 𝑦) du point 𝑃2 en notant que :
𝑥𝐶 = 𝛽𝑦𝐶
{ 1 𝑦𝐶 − 𝑦
𝑡𝑔 𝜇 = =
𝜆 𝑥 − 𝑥𝐶
𝑥 + 𝜆𝑦
⟹ 𝑦𝐶 =
𝛽+𝜆
L’intégration de l’équation (37) avec la borne supérieure donnée par l’équation précédente amène à :
𝑤
̃ 𝑛2 + 𝑡
𝑢̃ = − 𝑐𝑜𝑠ℎ−1 [ ] (38)
𝜋𝜆√𝑛2 − 1 𝑛(1 + 𝑡 )
Avec :
𝛽|𝑦|
𝑡= (39)
𝑥
et ce paramètre est positif.
5. Aile triangulaire semi infinie à bord d’attaque supersonique
Dans ce cas, le bord d’attaque de l’aile est situé à l’avant de l’onde de Mach (Figure 14.11). Les angles sont tels
que :
294
M. Yahyaoui Les ailes supersoniques
𝜋
𝛬< −𝜇
2
et par conséquent 𝑛 < 1.
a. Zone d’écoulement bidimensionnel
L’écoulement est bidimensionnel dans la zone I où 𝑛 < 𝑡 < 1 et on peut simplement appliquer la théorie
d’Ackeret tout en traitant cette zone comme une partie d’une aile de flèche Λ et d’envergure infinie :
𝑤
̃𝑒
𝑢̃ = − (40)
2 −1
√𝑀∞𝑛
𝑡=1
D μ
𝑃1 (𝑥, 𝑦, 0)
μ 𝑡=0
O
𝑀∞ > 1 C E 𝑥
𝑃2
μ
𝑡 = −𝑛
A
2 − 1 = √𝜆2 − 𝑡𝑔 2 𝛬 𝑐𝑜𝑠 𝛬
√𝑀∞𝑛
2 − 1 = √𝜆2 − 𝛽 2 𝑐𝑜𝑠 𝛬
√𝑀∞𝑛
2 − 1 = 𝜆 √1 − 𝑛 2 𝑐𝑜𝑠 𝛬
√𝑀∞𝑛
(42)
L’équation (43) est valable pour 𝑡 tel que 𝑛 < 𝑡 < 1. On note que, pour une aile donnée, 𝑛 est un nombre donné
alors que 𝑡 varie avec les coordonnées (𝑥, 𝑦) du point de calcul de la vitesse 𝑢̃.
b. Point à l’intérieur de l’onde de Mach
Si le point est entre l’onde de Mach (𝑡 = 𝑛) et l’axe des x (𝑡 = 0), la vitesse induite peut être considérée comme
la différence entre les contributions de deux distributions de sources :
- Une contribution provenant de l’aile infinie à bord d’attaque supersonique, dont la zone d’influence sur le
point 𝑃1 est limitée à A-B-P1, et dont la vitesse induite est donnée par l’équation (43) correspondant à un
écoulement bidimensionnel.
- la distribution A-O-C dont l’intensité est égale et opposée à celle de la première et dont la vitesse induite est
donnée par (voire l’équation 30) :
(−𝑤̃) 0 𝑑𝜂
𝑢̃′ = − ∫ (44)
𝜋 2 2
𝑦𝐴 √(𝑥 − 𝛽𝜂) − 𝜆 (𝑦 − 𝜂)
2
Si l’aile infinie et en flèche est découpée suivant l’axe des 𝑥 pour donner l’aile triangulaire semi infinie en question,
seule la zone A-O-C affecte le point 𝑃1 et c’est cette partie qu’il faudra donc soustraire.
La borne d’intégration 𝑦𝐴 peut être exprimée en termes des coordonnées (𝑥, 𝑦) du point P en notant que :
𝑥𝐴 = 𝛽𝑦𝐴
{ 1 𝑦 − 𝑦𝐴
𝑡𝑔 𝜇 = =
𝜆 𝑥 − 𝑥𝐴
𝑥 − 𝜆𝑦
⟹ 𝑦𝐴 =
𝛽−𝜆
Du fait que 𝛽 < 𝜆, on peut montrer que l’intégration de l’équation (44) avec la borne supérieure ci-dessus donne :
𝑤
̃ 𝑡 − 𝑛2
𝑢̃′ = 𝑐𝑜𝑠 −1 [ ] (45)
𝜋𝜆√1 − 𝑛2 𝑛 (1 − 𝑡 )
La vitesse totale induite au point 𝑃1 est la somme des expressions données par les équations (43) et (45) :
−𝑤
̃ 1 𝑡 − 𝑛2
𝑢̃ = {1 − 𝑐𝑜𝑠 −1 [ ]} (46)
𝜆√1 − 𝑛2 𝜋 𝑛 (1 − 𝑡 )
Cette équation est valable pour 0 < 𝑡 < 𝑛 < 1.
c. Point du côté opposé
Si le point considéré est entre l’axe des 𝑥 et l’onde de Mach 𝑡 = −𝑛 (point 𝑃2 sur Figure 14.11), la vitesse induite
est donnée par la distribution triangulaire O-D-E :
𝜕𝜙̃ ̃ 𝑦𝐷
𝑤 𝑑𝜂
𝑢̃ = =− ∫ (47)
𝜕𝑥 𝜋 0 √(𝑥 − 𝛽𝜂) − 𝜆2 (𝑦 − 𝜂)2
2
296
M. Yahyaoui Les ailes supersoniques
L’équation (48) est valable pour 0 < 𝑡 < 𝑛 < 1 du côté de 𝑦 négatif, c’est-à-direque le point P2 ne peut pas être à
l’avant de l’onde de Mach 𝑡 = −𝑛 du côté négatif (figure 12.11).
2. Application au calcul des ailes supersoniques
a. Application à une aile delta infinie simple à bord d’attaque subsonique
On considère une aile delta avec une pente 𝜏 constante et par conséquent l’intensité des sources 𝜎 et la composante
de la vitesse de perturbation 𝑤 ̃ sont constantes. La pente 𝜏 étant la même sur toute la surface, une forme possible
de la section de l’aile est un losange dans le plan y-z (Figure 14.12-a).
𝑦 Onde de Mach 𝑥 = 𝜆𝑦 ⟹ 𝑡 = 𝑛
𝑦 𝑦
Λ 𝐴 𝑃′ 𝑥 = 𝛽𝑦 ⟹ 𝑡 = 1
μ
𝑀∞ 𝑥 𝑧
𝑃
𝐴
Λ
Section A-A 𝑡=0 𝑥
𝑧
Section en 𝑦 = 0
𝑥
2𝜏 Section en 𝐴 𝑥 = −𝛽𝑦
La vitesse induite 𝑢̃ en tout point 𝑃 de l’aile est obtenu en prenant la somme des équations (31) et (38) :
𝑤
̃ 𝑛2 − 𝑡 𝑛2 + 𝑡
𝑢̃ = − {𝑐𝑜𝑠ℎ−1 [ ] + 𝑐𝑜𝑠ℎ−1 [ ]} (49)
𝜋𝜆√𝑛2 − 1 𝑛(1 − 𝑡 ) 𝑛 (1 + 𝑡 )
avec :
𝑡 = 𝛽|𝑦|⁄𝑥
En utilisant la relation :
𝑐𝑜𝑠ℎ−1 𝑎 = 𝑙𝑛 (𝑎 + √𝑎2 − 1)
2𝑤
̃ 𝑛2 − 𝑡 2
𝑢̃ = − 𝑐𝑜𝑠ℎ−1 √ (50)
𝜋𝜆√𝑛2 − 1 1 − 𝑡2
L’équation (50) est valable pour 0 < 𝑡 < 1, c’est-à-dire sur l’aile elle-même (Figure 14.12). Le coefficient de
pression est donné par :
𝑢̃
𝐶𝑝 = −2
𝑉∞
avec 𝑢̃ donné par l’équation (50).
Pour un point situé entre l’onde de Mach et le bord d’attaque (point 𝑃′ sur Figure 14.12-b), la vitesse induite
provient de la somme des équations (35) et (38) :
297
M. Yahyaoui Les ailes supersoniques
𝑤
̃ 𝑛2 − 𝑡 𝑛2 + 𝑡
𝑢̃ = − {𝑐𝑜𝑠ℎ−1 [ ] + 𝑐𝑜𝑠ℎ−1 [ ]}
𝜋𝜆√𝑛2 − 1 𝑛(𝑡 − 1 ) 𝑛 (1 + 𝑡 )
On peut montrer que cette équation peut s’écrire :
2𝑤
̃ 𝑛2 − 1
𝑢̃ = − 𝑐𝑜𝑠ℎ−1 √ (51)
𝜋𝜆√𝑛2 − 1 𝑡2 − 1
pour 1 < 𝑡 < 𝑛. Cette vitesse n’intervient pas dans le calcul du coefficient de pression sur l’aile de la figure 14.12.
b. Aile delta simple à bord d’attaque supersonique
On considère l’aile à bord d’attaque supersonique de la figure 12.13. Dans ce cas, la distinction doit être faite entre
les points qui sont entre le bord d’attaque et l’onde de Mach et ceux qui sont entre les deux ondes de Mach émanant
de l’apex de l’aile. Pour le premier type de points (point P1), l’écoulement étant bidimensionnel, la vitesse 𝑢̃ est
encore donnée par l’équation (43) car le côté opposé de l’aile n’a aucune influence :
−𝑤
̃
𝑢̃ = (52)
𝜆√1 − 𝑛2
Pour les points qui sont à l’intérieur des ondes de Mach (point 𝑃2 sur Figure 14.13), la vitesse induite est obtenue
en sommant les équations (46) et (48) :
−𝑤
̃ 𝑡 − 𝑛2 𝑡 + 𝑛2
𝑢̃ = {𝜋 − 𝑐𝑜𝑠 −1 [ ] + 𝑐𝑜𝑠 −1 [ ]} (53)
𝜋𝜆√1 − 𝑛2 𝑛 (1 − 𝑡 ) 𝑛(1 + 𝑡 )
Utilisant les relations :
−𝑤
̃ 𝑛2 − 𝑡 2
𝑢̃ = (𝜋 − 2 𝑠𝑖𝑛−1 √ ) (54)
𝜋𝜆√1 − 𝑛2 1 − 𝑡2
𝑦 𝑡=1
𝑡=𝑛
𝑃1
Λ
𝑃2
μ
𝑀∞ 𝑡=0 𝑥
En observant l’équation (50) qui détermine la vitesse 𝑢̃ sur une aile delta à bord d’attaque subsonique (pourtant
𝑀∞ étant supérieur à 1) et les équations (52) et (54) qui déterminent la vitesse 𝑢̃ sur une aile delta à bord d’attaque
supersonique, on voit que cette vitesse se présente sous la forme :
298
M. Yahyaoui Les ailes supersoniques
𝑤
̃
𝑢̃ = − 𝑓 (𝑛, 𝑡)
𝜆
Alors :
𝑢̃ 𝑤
̃
𝐶𝑝 = −2 =2 𝑓 (𝑛, 𝑡)
𝑉∞ 𝜆𝑉∞
et d’après l’équation (24) on a :
̃ ⁄𝑉∞ = 𝜏
𝑤
Il s’ensuit que :
𝜏
𝐶𝑝 = 2 𝑓 (𝑛, 𝑡) (55)
𝜆
Le coefficient de pression modifié :
𝜆𝐶𝑝
𝐶𝑝′ = = 2𝑓(𝑛, 𝑡) (56)
𝜏
est une fonction de 𝑡 et 𝑛 uniquement. Pour une aile à bord d’attaque subsonique on a :
2 𝑛2 − 𝑡 2
𝑓(𝑛, 𝑡) = 𝑐𝑜𝑠ℎ−1 √ 𝑡<1<𝑛 (57)
𝜋√𝑛2 − 1 1 − 𝑡2
1 𝑛2 − 𝑡 2
(𝜋 − 2 𝑠𝑖𝑛−1 √ ) 𝑠𝑖 0 < 𝑡 < 𝑛 < 1
𝜋√1 − 𝑛2 1 − 𝑡2
𝑓(𝑛, 𝑡) = (58)
1
𝑠𝑖 𝑛 < 𝑡 < 1
{ √1 − 𝑛2
Une représentation graphique du coefficient de pression modifié 𝐶𝑝′ en fonction de 𝑡 pour différentes valeurs
de 𝑛 = 𝛽 ⁄𝜆 = tg(Λ)/tg(π/2 − μ) est donnée sur Figure 14.14. On remarque que :
𝑡=𝑛
𝑡=𝑛
Figure 14.14. Répartition de la pression sur une aile delta à pente constante.
299
M. Yahyaoui Les ailes supersoniques
- dans le cas d’un bord d’attaque supersonique (𝑛 < 1), la pression est constante entre le bord d’attaque (𝑡 =
1) et l’onde de Mach ( 𝑡 = 𝑛). C’est la zone d’écoulement supersonique bidimensionnel. Entre les ondes
de Mach (𝑡 = 𝑛), la répartition de la pression est variable.
- dans le cas d’un bord d’attaque subsonique (𝑛 > 1), la pression est variable suivant l’envergure, sur toute
ligne 𝑥 = 𝑐 𝑡𝑒 . En plus, la pression tend vers l’infini au niveau du bord d’attaque (𝑡 = 1). Ceci est en accord
avec la répartition de la pression en subsonique sur une plaque plane en incidence schématisée sur Figure
14.15-(a). Mais il faut noter que, vue la valeur importante du 𝐶𝑝 et par conséquent de 𝑢̃ au voisinage du
bord d’attaque, la théorie des faibles perturbations n’est pas valable sur cette zone.
𝑀∞ > 1
𝑀∞ < 𝑀𝑐𝑟
(a) En subsonique (b) En supersonique
Le diagramme du 𝐶𝑝 donné sur Figure 14.14 permet de représenter la répartition de la pression dans le sens de
l’envergure sur une aile delta plongée dans un écoulement supersonique dans les deux cas de bord d’attaque
subsonique (Figure 14.16-a) et de bord d’attaque supersonique (Figure 14.16-b).
𝑦 𝑦
𝑡=1
μ μ
𝜆𝐶𝑝 3 𝜆𝐶𝑝 3
𝜏 𝜏
2 2
1 1
-1 0 1 -1 -0.4 0 0.4 1
𝑡 = 𝛽𝑦⁄𝑥 𝑡 = 𝛽𝑦⁄𝑥
Tous les résultats obtenus jusqu’ici sont basée sur une répartition de sources. Ils s’appliquent à des ailes
symétriques de profil symétrique zéro incidence, c’est-à-dire au cas de portance est nulle. Ils servent à déterminer
la traînée de pression due à l’épaisseur. Pour les problèmes asymétriques (incidence non nulle et/ou profil de l’aile
asymétrique), une répartition de dipôles supersoniques permettra le calcul de la portance et de la traînée de pression
due à l’épaisseur et à la cambrure.
300
M. Yahyaoui Les ailes supersoniques
𝑦 𝑦
𝐵
𝜏2 𝜏1 − 𝜏2
𝐴 𝜏1
𝑀∞ > 1 𝐷 𝐶 𝑥, 𝑥 ′ 𝑥
Profil (𝑒̅𝑚𝑎𝑥 donnée)
Le reste de l’analyse de l’écoulement sur l’aile dépend de la position relative des bords d’attaque par rapport aux
ondes de Mach.
On considère le cas où le bord d’attaque AB est supersonique et par suite le bord d’attaque DB l’est aussi. Soient :
- Λ1 la flèche au bord d’attaque de la distribution ABC et 𝛽1 = tan Λ1 .
- Λ2 la flèche au bord d’attaque de la distribution DBC et 𝛽2 = tan Λ2 .
Alors le paramètre de localisation du bord d’attaque par rapport à l’onde de Mach 𝑛 est tel que :
𝑛1 = 𝛽1 ⁄𝜆 < 1
𝑛2 = 𝛽2 ⁄𝜆 < 1
On rappelle que le coefficient de pression est donné par l’équation (55) :
𝜏
𝐶𝑝 = 2 𝑓 (𝑛, 𝑡)
𝜆
où 𝜏 est la pente locale.
Alors :
• Sur la zone ABB1, la solution provient de l’équation (43) pour la distribution ABC d’intensité 𝜎1 et de
pente 𝜏1 :
𝜏1 1
𝐶𝑝 (𝑛1 ) = 2
𝜆 √1 − 𝑛12
301
M. Yahyaoui Les ailes supersoniques
• Sur la zone AB1D, la solution provient des équations (46) et (48) pour la même distribution ABC :
2 𝜏1 𝑡1 − 𝑛12 𝑡1 + 𝑛12
𝐶𝑝 (𝑛1 , 𝑡1 ) = {𝜋 − 𝑐𝑜𝑠 −1 [ ] + 𝑐𝑜𝑠 −1 [ ]}
𝜆 𝜋√1 − 𝑛12 𝑛(1 − 𝑡1 ) 𝑛1 (1 + 𝑡1 )
Où :
𝛽1 |𝑦|
𝑡1 =
𝑥
On note que la distribution de sources DBC n’a aucune influence sur la partie ABD de l’aile.
• Sur la zone B1BB2, la solution provient la superposition de l’équation (43) pour la distribution ABC de
pente 𝜏1 et la zone DBC de pente 𝜏2 − 𝜏1 :
2 𝜏1 𝜏2 − 𝜏1
𝐶𝑝 (𝑛1 , 𝑛2 ) = ( + )
𝜆 √1 − 𝑛12 √1 − 𝑛22
• Sur la zone DB1B2D1, la solution provient de la superposition des équations (46) et (48) pour la distribution
ABC de pente 𝜏1 et (43) pour la distribution DBC de pente 𝜏2 − 𝜏1 :
2 𝜏1 𝑡1 − 𝑛12 𝑡1 + 𝑛12 2 𝜏2 − 𝜏1
𝐶𝑝 (𝑛1 , 𝑛2 , 𝑡1 ) = {𝜋 − 𝑐𝑜𝑠 −1 [ ] + 𝑐𝑜𝑠 −1 [ ]} +
𝜆 𝜋√1 − 𝑛12 𝑛(1 − 𝑡1 ) 𝑛1 (1 + 𝑡1 ) 𝜆 √1 − 𝑛22
• Sur la zone DD1C, la solution provient de la superposition des équations (46) et (48) pour la distribution ABC
de pente 𝜏1 aussi bien que pour la distribution DBC de pente 𝜏2 − 𝜏1 :
2 𝜏1 𝑡1 − 𝑛12 𝑡1 + 𝑛12
𝑓(𝑛1 , 𝑡1 , 𝑛2 , 𝑡2 ) = {𝜋 − 𝑐𝑜𝑠 −1 [ ] + 𝑐𝑜𝑠 −1 [ ]}
𝜆 𝜋√1 − 𝑛12 𝑛1 (1 − 𝑡1 ) 𝑛1 (1 + 𝑡1 )
2 𝜏2 𝑡2 − 𝑛22 𝑡2 + 𝑛22
+ {𝜋 − 𝑐𝑜𝑠 −1 [ ] + 𝑐𝑜𝑠 −1 [ ]}
𝜆 𝜋√1 − 𝑛22 𝑛2 (1 − 𝑡2 ) 𝑛2 (1 + 𝑡2 )
Où :
𝛽2 |𝑦| 𝛽2 |𝑦|
𝑡2 = ′
=
𝑥 𝑥 − 𝑑𝐴𝐶
𝑦 𝐵
B1 B2
Λ1
Λ2
D1
𝑀∞ > 1 𝜇
𝐴
𝐷 𝐶 𝑥, 𝑥 ′
302
M. Yahyaoui Les ailes supersoniques
Exercices
Exercice 14.1
Compléter les étapes qui amènent de l’équation (29) à l’équation (30) dans ce chapitre.
Exercice 14.2
Pour les distributions de sources des figures ci-dessous, déterminer le coefficient de pression aux points 𝑃𝑘 sachant
que chacun de ces points est représentatif de la zone où il se trouve.
𝑦 𝑦
Λ2 Λ1 Λ2 Λ1
μ
μ P2 P4 P1
P3 P2
P1
𝑥 𝑥
(𝑎) (𝑏)
𝑦 𝑦
Λ2 Λ2
Λ1 Λ1
P1
P4 μ P1 P4 μ
P2 P2
P3 P3
𝑥 𝑥
(𝑐) (𝑑)
Exercice 14.3
Donnez une approche détaillée pour évaluer le coefficient de pression associé avec la distribution de source
ABCDE ci-dessous.
A
𝑦
𝐵
𝑦
μ Λ1
𝐶 P4
P3
𝐷 P1 P2
Exercice 14.4
Déterminer le coefficient de pression aux points 𝑃𝑘 dû à la distribution de source asymétrique dont l’angle de
flèche est nul sur un côté et égal à Λ1 sur l’autre.
303
M. Yahyaoui La couche limite compressible
∆𝑝
= 𝑂(𝑅𝑒−1 ) (12)
𝜌𝑒 𝑉∞2
Cette variation est négligeable.
On considère l’équation de l’énergie (4) :
𝜕𝐻 𝜕𝐻 𝜕𝑞𝑥 𝜕𝑞𝑦
𝜌 (𝑢 +𝑣 ) = 𝜌𝑄̇ + 𝜌(𝑢𝑓𝑥 + 𝑣𝑓𝑦 ) − ( + )
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑥 𝜕𝑦
𝜕 𝜕
+ (𝑢𝜏𝑥𝑥 + 𝑣𝜏𝑦𝑥 ) + (𝑢𝜏𝑥𝑦 + 𝑣𝜏𝑦𝑦 )
𝜕𝑥 𝜕𝑦
▪ D’après les ordres de grandeurs déjà établis, et notamment l’équation (10), on a :
𝜌𝑢𝑓𝑥 = 𝑂 (𝜌 𝑉∞3 ⁄𝐿)
On suppose que le premier terme de l’équation (4) est du même ordre, soit :
𝜕𝐻 𝐻 𝑉∞3
𝜌𝑢 = 𝑂 (𝜌𝑒 𝑉∞ ) = 𝑂 (𝜌𝑒 )
𝜕𝑥 𝐿 𝐿
Alors :
𝐻 = 𝑂(𝑉∞2 ) (13)
▪ Si 𝑓𝑥 est du même ordre de grandeur que 𝑓𝑦 alors :
𝑣𝑓𝑦 ≪ 𝑢𝑓𝑥
𝜌(𝑢𝑓𝑥 + 𝑣𝑓𝑦 ) ≅ 𝜌𝑢𝑓𝑥 (14)
▪ Le flux de chaleur est donné par la loi de Fourier :
𝑘 𝜇
𝑞 = −𝑘𝛻𝑇 = − 𝛻ℎ = − 𝛻ℎ (15)
𝐶𝑝 𝑃𝑟
où 𝑘 est la conductivité thermique et :
𝜇𝐶𝑝
𝑃𝑟 = (16)
𝑘
est le nombre de Prandtl.
𝜇 𝜇 ⁄𝜌 𝜈
𝑃𝑟 = = =
𝑘⁄𝐶𝑝 𝑘⁄(𝜌𝐶𝑝 ) 𝛼
où 𝜈 est le coefficient de viscosité cinématique (diffusion de la quantité de mouvement) et 𝛼 est la diffusivité
thermique. Ces deux paramètres ont la même unité et 𝑃𝑟 est adimensionnel.
Le nombre de Prandtl est le rapport de la diffusion de la quantité de mouvement à la diffusion7 de chaleur dans
un même fluide. Il compare la rapidité des phénomènes thermiques et des phénomènes hydrodynamiques dans
un fluide. Un nombre de Prandtl élevé indique que le profil de température dans le fluide sera fortement
influencé par le profil de vitesse. Un nombre de Prandtl faible indique que la conduction thermique est tellement
rapide que le profil de vitesse a peu d'effet sur le profil de température.
Des valeurs types de nombre de Prandtl sont :
• entre 0.7 et 1 (𝑃𝑟𝑎𝑖𝑟 = 0.72) pour les gaz.
• entre 1 et 10 pour l’eau suivant la température (𝑃𝑟𝑒𝑎𝑢 = 7 à 20°C) .
• entre 100 et 40000 pour les huiles de lubrification des moteurs.
• entre 0.003 et 0.03 pour les métaux liquides (𝑃𝑟𝑚𝑒𝑟𝑐𝑢𝑟𝑒 = 0.025 à 20°C).
De l’équation (15) on a :
7 La diffusion est le fait de répandre une substance, une onde dans toutes les directions.
306
M. Yahyaoui La couche limite compressible
𝜕𝑞𝑥 𝜕 𝜇 𝜕ℎ
=− ( )
𝜕𝑥 𝜕𝑥 𝑃𝑟 𝜕𝑥
𝜕𝑞𝑦 𝜕 𝜇 𝜕ℎ
=− ( )
𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝑃𝑟 𝜕𝑦
En utilisant les équations (6) et (13) et en supposant que 𝑃𝑟 est de l’ordre de 1, on a :
𝜕𝑞𝑥 1 𝑉∞2 𝑉∞3 −1
= 𝑂 [ (𝜌𝑒 𝑉∞ 𝐿𝑅𝑒−1 )] = 𝑂 (𝜌𝑒 𝑅 )
𝜕𝑥 𝐿 𝐿 𝐿 𝑒
De même :
𝜕𝑞𝑦 1 𝑉∞2 𝑉∞3
= 𝑂 [ −1⁄2 (𝜌𝑒 𝑉∞ 𝐿𝑅𝑒−1 −1⁄2 )] = 𝑂 (𝜌𝑒 )
𝜕𝑦 𝐿𝑅𝑒 𝐿𝑅𝑒 𝐿
On a donc :
𝜕𝑞𝑥 𝜕𝑞𝑦
≪
𝜕𝑥 𝜕𝑦
Et :
𝜕𝑞𝑥 𝜕𝑞𝑦 𝜕𝑞𝑦 𝜕 𝜇 𝜕ℎ
+ ≅ =− ( ) (17)
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝑃𝑟 𝜕𝑦
▪ De l’équation (7) on a :
𝜕 𝑉∞3
(𝑢𝜏𝑥𝑥 ) = 𝑂 (𝜌 𝑅𝑒−1 )
𝜕𝑥 𝐿
𝜕 𝑉∞3
(𝑣𝜏𝑦𝑥 ) = 𝑂 (𝜌 𝑅𝑒−1 )
𝜕𝑥 𝐿
𝜕 𝑉∞3
(𝑢𝜏𝑥𝑦 ) = 𝑂 (𝜌 )
𝜕𝑦 𝐿
𝜕 𝑉∞3
(𝑣𝜏𝑦𝑦 ) = 𝑂 (𝜌 𝑅𝑒−1 )
𝜕𝑦 𝐿
Le terme dominant parmi ces quatre est le troisième et on a :
𝜕 𝜕 𝜕 𝜕 𝜕𝑢
(𝑢𝜏𝑥𝑥 + 𝑣𝜏𝑦𝑥 ) + (𝑢𝜏𝑥𝑦 + 𝑣𝜏𝑦𝑦 ) ≅ (𝑢𝜏𝑥𝑦 ) = (𝜇𝑢 ) (18)
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜕𝑦
Les équations (14), (17) et (18) amènent à l’équation de l’énergie suivante :
𝜕𝐻 𝜕𝐻 𝜕 𝜇 𝜕ℎ 𝜕 𝜕𝑢
𝜌 (𝑢 +𝑣 ) = 𝜌𝑄̇ + 𝜌𝑢𝑓𝑥 + ( )+ (𝜇𝑢 ) (19)
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝑃𝑟 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜕𝑦
On élimine l’enthalpie spécifique statique ℎ pour exprimer l’équation (19) en termes de l’enthalpie spécifique
totale seulement :
⃗ ԡ2
ԡ𝑢 𝑢2 + 𝑣2 𝑢2
𝐻 =ℎ+ = ℎ+ ≅ℎ+
2 2 2
𝜕𝐻 𝜕ℎ 𝜕𝑢
≅ +𝑢
𝜕𝑥 𝜕𝑥 𝜕𝑥
𝜕𝐻 𝜕ℎ 𝜕𝑢
≅ +𝑢
𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜕𝑦
𝜕ℎ 𝜕𝐻 𝜕𝑢
⟺ ≅ −𝑢
𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜕𝑦
On remplace cette dernière équation dans (19) :
𝜕𝐻 𝜕𝐻 𝜕 𝜇 𝜕𝐻 𝜕𝑢 𝜕 𝜕𝑢
𝜌 (𝑢 +𝑣 ) = 𝜌𝑄̇ + 𝜌𝑢𝑓𝑥 + [ ( − 𝑢 )] + (𝜇𝑢 )
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝑃𝑟 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜕𝑦
307
M. Yahyaoui La couche limite compressible
Ou encore :
𝜕𝐻 𝜕𝐻 𝜕 𝜇 𝜕𝐻 1 𝜕𝑢
𝜌 (𝑢 +𝑣 ) = 𝜌𝑄̇ + 𝜌𝑢𝑓𝑥 + [ + 𝜇 (1 − ) 𝑢 ] (20)
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝑃𝑟 𝜕𝑦 𝑃𝑟 𝜕𝑦
L’équation (20) est convenable pour le cas où 𝑃𝑟 = 1.
Alternativement, on peut éliminer l’enthalpie spécifique totale en faveur de l’enthalpie spécifique statique :
𝜕ℎ 𝜕𝑢 𝜕ℎ 𝜕𝑢 𝜕 𝜇 𝜕 𝑢2 1 𝜕𝑢
𝜌 [𝑢 ( + 𝑢 ) + 𝑣 ( + 𝑢 )] = 𝜌𝑄̇ + 𝜌𝑢𝑓𝑥 + [ (ℎ + ) + 𝜇 (1 − ) 𝑢 ]
𝜕𝑥 𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝑃𝑟 𝜕𝑦 2 𝑃𝑟 𝜕𝑦
𝜕ℎ 𝜕ℎ 𝜕𝑢 𝜕𝑢 𝜕 𝜇 𝜕ℎ 𝜕 𝜕𝑢
𝜌 (𝑢 + 𝑣 ) + 𝑢 (𝜌𝑢 + 𝜌𝑣 ) = 𝜌𝑄̇ + 𝜌𝑢𝑓𝑥 + ( )+ (𝜇𝑢 )
𝜕𝑥 𝜕𝑦 ⏟ 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝑃𝑟 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜕𝑦
308
M. Yahyaoui La couche limite compressible
𝑢
𝐻 = ℎ𝑤 + (𝐻𝑒 − ℎ𝑤 ) (23)
𝑈𝑒
C’est la relation de Crocco. Il s’agit d’une solution de l’équation de l’énergie pour 𝑃𝑟 = 1.
Du fait que 𝑐1 et 𝑐2 sont constantes la relation de Crocco est valable pour :
iv. Une paroi isotherme (ℎ𝑤 = 𝑐 𝑡𝑒 ).
v. Écoulement isentropique à l’extérieur de la couche limite (𝐻𝑒 = 𝑐 𝑡𝑒 ).
Le flux de chaleur est donné par l’équation (15) :
𝜇
𝑞 = − 𝛻ℎ
𝑃𝑟
Dans le cas d’un nombre de Prandtl unitaire on a :
𝑞 = −𝜇𝛻ℎ
Il s’ensuit que :
𝜕ℎ 𝜕𝐻 𝜕𝑢
𝑞𝑦 = −𝜇 = −𝜇 ( −𝑢 )
𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜕𝑦
Le flux au niveau de la paroi est :
𝜕𝐻 𝜕𝑢 𝜕𝐻 𝜕𝐻
𝑞𝑤 = 𝑞𝑦 ห𝑦=0 = −𝜇 | = −𝜇 | = −𝜏𝑤 |
𝜕𝑦 𝑦=0 𝜕𝑦 𝜕𝑢 𝑦=0 𝜕𝑢 𝑦=0
Or d’après la relation de Crocco on a :
𝜕𝐻 𝐻𝑒 − ℎ𝑤
=
𝜕𝑢 𝑈𝑒
Alors :
𝐻𝑒 − ℎ𝑤
𝑞𝑤 = − 𝜏𝑤 (24)
𝑈𝑒
On introduit le nombre de Stanton :
ℎ𝑐
𝑆𝑡 = (25)
𝜌𝑈𝑒 𝐶𝑝
où ℎ𝑐 est le coefficient de convection.
Le nombre de Stanton représente le rapport entre le transfert thermique par convection et le transfert par
conduction.
On peut réécrire :
ℎ𝑐 (𝑇𝑤 − 𝑇𝑒 ) ℎ𝑐 (𝑇𝑤 − 𝑇𝑒 ) 𝑞𝑤
𝑆𝑡 = = =
𝜌𝑈𝑒 𝐶𝑝 (𝑇𝑤 − 𝑇𝑒 ) 𝜌𝑈𝑒 (ℎ𝑤 − 𝐻𝑒 ) 𝜌𝑈𝑒 (ℎ𝑤 − 𝐻𝑒 )
Soit :
𝑞𝑤
𝑆𝑡 = − (26)
𝜌𝑈𝑒 (𝐻𝑒 − ℎ𝑤 )
L’équation (24) peut s’écrire simplement :
𝐶𝑓
𝑆𝑡 = (27)
2
L’équation (27) est appelée l’analogie de Reynolds :
- Elle n’est valable que sous les conditions (i)-(vi) ci-dessus.
- C’est un moyen direct de calculer le transfert thermique une fois le coefficient de frottement est connu.
- À partir de la relation de Crocco, si 𝐻𝑒 = ℎ𝑤 , alors l’enthalpie totale est contante à travers la couche limite.
L’interprétation physique est que la dissipation d’énergie cinétique par frottement (sous forme de chaleur)
est exactement équilibrée par la chaleur transférée par conduction à travers la couche limite comme le montre
l’équation (19) avec 𝑓𝑥 et 𝑄̇ nuls :
309
M. Yahyaoui La couche limite compressible
𝜕𝐻 𝜕𝐻 𝜕 𝜇 𝜕ℎ 𝜕 𝜕𝑢
𝜌 (𝑢 +𝑣 )=0= ( )+ (𝜇𝑢 ) (28)
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝑃𝑟 𝜕𝑦
⏟ 𝜕𝑦
⏟ 𝜕𝑦
𝑐𝑜𝑛𝑑𝑢𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑖𝑠𝑠𝑖𝑝𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛
On a dans ce cas :
𝜕𝐻 𝜕𝐻
𝑢 +𝑣 =𝑢
⃗ ∙ 𝛻𝐻 = 0
𝜕𝑥 𝜕𝑦
c’est-à-dire que
𝑢2
𝐶𝑝 𝑇 + = 𝐻 = 𝑐 𝑡𝑒
2
suivant toute ligne de courant dans la couche limite.
Ce cas correspond forcément à une paroi adiabatique puisque le dénominateur de l’équation (26) est nul et,
du fait que le nombre de Stanton est fini, le numérateur de cette équation doit aussi être nul :
𝑞𝑤 = 0
Une autre justification provient de l’équation (28) :
𝜕 𝜇 𝜕ℎ 𝜕 𝜕𝑢
( ) = − (𝜇𝑢 )
𝜕𝑦 𝑃𝑟 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜕𝑦
Pour 𝑃𝑟 = 1 on a :
𝜕ℎ 𝜕𝑇 𝜕𝑢
= 𝐶𝑝 = −𝑢
𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜕𝑦
On voit de cette équation que 𝜕𝑇⁄𝜕𝑦 = 0 là où 𝜕𝑢⁄𝜕𝑦 = 0, c’est-à-dire à la périphérie de la couche limite
(𝜕𝑢⁄𝜕𝑦 = 0), et au niveau de la paroi (𝑢 = 0). Evidemment, 𝜕𝑇⁄𝜕𝑦 nul est équivalent à 𝑞𝑤 = 0.
III. Transformation des équations de la couche limite compressible
On montrera que la solution aux équations de la couche limite compressible sans gradient de pression peut être
obtenue par résolution des mêmes équations avec des propriétés (𝜌 et 𝜇) constantes et ceci en introduisant la
transformation de Dorydnitsyn qui est basée sur le changement de variable :
𝑦
𝜌
𝑦∗ = ∫ 𝑑𝑦 (29)
𝑂 𝜌∗
où 𝜌 et 𝑦 représentent la masse volumique et la distance de la paroi de l’écoulement réel à propriétés variables
et 𝜌∗ et 𝑦 ∗ sont leurs équivalents pour l’écoulement à propriétés constantes dit aussi écoulement de référence.
On applique la transformation (29) aux équations de la couche limite compressible à gradient de pression nul :
𝜕 𝜕
(𝜌𝑢) + (𝜌𝑣) = 0 (30)
𝜕𝑥 𝜕𝑦
𝜕𝑢 𝜕𝑢 𝜕 𝜕𝑢
𝜌 (𝑢 +𝑣 ) = (𝜇 ) (31)
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜕𝑦
𝜕ℎ 𝜕ℎ 𝜕 𝜇 𝜕ℎ 𝜕𝑢 2
𝜌 (𝑢 +𝑣 )= ( )+𝜇( ) (32)
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝑃𝑟 𝜕𝑦 𝜕𝑦
Pour ce faire on commence par évaluer les conséquences de la transformation sur différentes dérivées partielles.
Avec 𝑥 ∗ = 𝑥 et 𝑦 ∗ donné par (29) on a :
𝜕 𝜕𝑥 ∗ 𝜕 𝜕𝑦 ∗ 𝜕
= +
𝜕𝑥 𝜕𝑥 𝜕𝑥 ∗ 𝜕𝑥 𝜕𝑦 ∗
ou encore :
𝜕 𝜕 𝜕𝑦 ∗ 𝜕
= ∗+ (33)
𝜕𝑥 𝜕𝑥 𝜕𝑥 𝜕𝑦 ∗
et :
310
M. Yahyaoui La couche limite compressible
𝜕 𝜕𝑥 ∗ 𝜕 𝜕𝑦 ∗ 𝜕 𝜕𝑦 ∗ 𝜕
= + =
𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜕𝑥 ∗ 𝜕𝑦 𝜕𝑦 ∗ 𝜕𝑦 𝜕𝑦 ∗
soit :
𝜕 𝜌 𝜕
= ∗ ∗ (34)
𝜕𝑦 𝜌 𝜕𝑦
L’équation de la continuité (30) est systématiquement vérifiée par une fonction de courant (𝜓) définie par :
𝜕𝜓
𝜌𝑢 = 𝜌∗ (35)
𝜕𝑦
𝜕𝜓
𝜌𝑣 = −𝜌∗ (36)
𝜕𝑥
Et ceci peut être vérifié immédiatement en remplaçant dans l’équation (30) :
𝜕 𝜕 𝜕 𝜕𝜓 𝜕 𝜕𝜓 𝜕2𝜓 𝜕2𝜓
(𝜌𝑢) + (𝜌𝑣) = (𝜌∗ ) + (−𝜌 ∗ ) = 𝜌∗ ( − )=0
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜕𝑥 𝜕𝑥𝜕𝑦 𝜕𝑦𝜕𝑥
En utilisant les équations (33) et (34), les équations (35) et (36) peuvent s’écrire :
𝜕𝜓 𝜌 𝜕𝜓 𝜕𝜓
𝜌𝑢 = 𝜌∗ = 𝜌∗ ∗ ∗ = 𝜌 ∗
𝜕𝑦 𝜌 𝜕𝑦 𝜕𝑦
soit :
𝜕𝜓
𝑢= (37)
𝜕𝑦 ∗
et :
𝜕𝜓
𝜌𝑣 = −𝜌∗
𝜕𝑥
soit :
𝜕𝜓 𝜕𝑦 ∗ 𝜕𝜓
𝜌𝑣 = −𝜌∗ ( + ) (38)
𝜕𝑥 ∗ 𝜕𝑥 𝜕𝑦 ∗
Pour l’écoulement à propriétés constantes, la fonction de courant (𝜓 ∗ ) serait définie par :
𝜕𝜓 ∗
𝑢∗ = (39)
𝜕𝑦 ∗
𝜕𝜓 ∗
𝑣∗ = − (40)
𝜕𝑥 ∗
En comparant les équations (39) et (40) à (37) et (38), on voit que les composantes de vitesse de la couche limite
compressible seront transformées en la forme correspondant à un écoulement incompressible si on pose :
𝜓∗ = 𝜓
𝑢∗ = 𝑢 (41)
{
𝜕𝑦 ∗
𝜌∗ 𝑣 ∗ = 𝜌𝑣 + 𝜌∗ 𝑢
𝜕𝑥
La dernière des équations (41) provient de l’équation (38) en remplaçant 𝜓 par 𝜓 ∗ :
𝜕𝜓 ∗ 𝜕𝑦 ∗ 𝜕𝜓 ∗ 𝜕𝑦 ∗ ∗ 𝜕𝑦 ∗ ∗
𝜌𝑣 = −𝜌∗ ( ∗
+ ∗
) = −𝜌 ∗ (−𝑣 ∗ + 𝑢 ) = 𝜌∗𝑣 ∗ − 𝜌∗ 𝑢
𝜕𝑥 𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑥 𝜕𝑥
d’où la troisième des équations (41).
En plus des transformations (33) et (34) on évalue la transformation que subit la dérivée particulaire :
𝜕𝑓 𝜕𝑓 𝜕𝑓 𝜕𝑦 ∗ 𝜕𝑓 𝜌∗ ∗ 𝜌∗ 𝜕𝑦 ∗ 𝜌 𝜕𝑓
𝑢 +𝑣 = 𝑢∗ ( ∗ + ) + ( 𝑣 − 𝑢 )( )
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑥 𝜕𝑥 𝜕𝑦 ∗ 𝜌 𝜌 𝜕𝑥 𝜌∗ 𝜕𝑦 ∗
311
M. Yahyaoui La couche limite compressible
𝜕𝑓 𝜕𝑦 ∗ 𝜕𝑓 ∗
𝜕𝑓 𝜕𝑦 ∗ 𝜕𝑓 𝜕𝑓 𝜕𝑓
=𝑢 ∗
+ 𝑢 ∗
+ 𝑣 ∗
− 𝑢 ∗
= 𝑢 ∗ + 𝑣∗ ∗
𝜕𝑥 𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑥 𝜕𝑦
Et du fait que 𝑢∗ = 𝑢, on obtient :
𝜕𝑓 𝜕𝑓 𝜕𝑓 𝜕𝑓
𝑢 +𝑣 = 𝑢∗ ∗ + 𝑣 ∗ ∗ (42)
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑥 𝜕𝑦
La dérivée particulaire est conservée par la transformation. La fonction 𝑓 peut être la vitesse 𝑢 ou l’enthalpie
statique ℎ comme il clair des équations (31) et (32). Il reste à cette étape de transformer les seconds membres de
ces deux mêmes équations :
𝜕 𝜕𝑢 𝜌 𝜕 𝜌 𝜕𝑢
(𝜇 ) = ∗ ∗ (𝜇 ∗ ∗ ) (43)
𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜌 𝜕𝑦 𝜌 𝜕𝑦
On impose la condition :
𝜌𝜇 = 𝜌∗ 𝜇 ∗ (44)
Cette condition est en réalité un cas particulier de la loi de Chapman-Rubesin :
𝜇 𝑇 𝜔
= 𝑐( )
𝜇𝑟 𝑇𝑟
correspondant à 𝑐 = 𝜔 = 1. La température 𝑇𝑟 est une température de référence et 𝜇𝑟 est le coefficient de viscosité
correspondant. L’équation (43) s’écrit :
𝜕 𝜕𝑢 𝜌 𝜕 𝜕𝑢 𝜌 𝜕2𝑢
(𝜇 ) = ∗ ∗ (𝜇∗ ∗ ) = ∗ 𝜇 ∗ ∗ 2
𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜌 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜌 𝜕𝑦
ou aussi :
𝜕 𝜕𝑢 𝜕 2 𝑢∗
(𝜇 ) = 𝜌𝜈 ∗ ∗ 2 (45)
𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝜕𝑦
En marge des relations (42) et (45), l’équation (31) se transforme en :
𝜕𝑢∗ 𝜕𝑢∗ 𝜕 2 𝑢∗
𝜌 (𝑢∗ ∗
+ 𝑣 ∗ ∗ ) = 𝜌𝜈 ∗ ∗ 2
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑦
soit :
𝜕𝑢∗ 𝜕𝑢∗ 𝜕 2 𝑢∗
𝑢∗ + 𝑣 ∗
= 𝜈 ∗
(46)
𝜕𝑥 ∗ 𝜕𝑦 ∗ 𝜕𝑦 ∗ 2
L’équation (46) est identique à l’équation de la quantité de mouvement de la couche limite incompressible de
Blasius.
On transforme maintenant les termes du second membre de l’équation (32) :
𝜕 𝜇 𝜕ℎ 𝜌 𝜕 𝜇 𝜌 𝜕ℎ
( ) = ∗ ∗( )
𝜕𝑦 𝑃𝑟 𝜕𝑦 𝜌 𝜕𝑦 𝑃𝑟 𝜌∗ 𝜕𝑦 ∗
soit en utilisant (44) :
𝜕 𝜇 𝜕ℎ 𝜌 𝜕 𝜇∗ 𝜕ℎ 𝜌 𝜕 1 𝜕ℎ
( ) = ∗ ∗( ∗
) = ∗ 𝜇∗ ∗ ( )
𝜕𝑦 𝑃𝑟 𝜕𝑦 𝜌 𝜕𝑦 𝑃𝑟 𝜕𝑦 𝜌 𝜕𝑦 𝑃𝑟 𝜕𝑦 ∗
𝜕 𝜇 𝜕ℎ 𝜕 1 𝜕ℎ
( ) = 𝜌𝜈 ∗ ∗ ( ) (47)
𝜕𝑦 𝑃𝑟 𝜕𝑦 𝜕𝑦 𝑃𝑟 𝜕𝑦 ∗
De même :
𝜕𝑢 2 𝜌 𝜕𝑢∗ 2 𝜌 2 𝜕𝑢∗ 2 𝜌 𝜌 𝜕𝑢∗ 2 𝜌 𝜕𝑢∗ 2
𝜇( ) = 𝜇 ( ∗ ∗ ) = 𝜇 ( ∗ ) ( ∗ ) = 𝜇 ∗ ∗ ( ∗ ) = 𝜇∗ ∗ ( ∗ )
𝜕𝑦 𝜌 𝜕𝑦 𝜌 𝜕𝑦 𝜌 𝜌 𝜕𝑦 𝜌 𝜕𝑦
𝜕𝑢 2 𝜕𝑢∗ 2
𝜇( ) = 𝜌𝜈 ∗ ( ∗ ) (48)
𝜕𝑦 𝜕𝑦
En marge des équations (42), (47) et (48), l’équation de l’énergie devient :
312
M. Yahyaoui La couche limite compressible
𝜕ℎ 𝜕ℎ 𝜕 1 𝜕ℎ 𝜕𝑢∗ 2
𝜌 (𝑢∗ + 𝑣 ∗
) = 𝜌𝜈 ∗
( ) + 𝜌𝜈 ∗
( )
𝜕𝑥 ∗ 𝜕𝑦 ∗ 𝜕𝑦 ∗ 𝑃𝑟 𝜕𝑦 ∗ 𝜕𝑦 ∗
ou encore :
𝜕ℎ 𝜕ℎ 𝜕 1 𝜕ℎ 𝜕𝑢∗ 2
𝑢∗ + 𝑣 ∗
= 𝜈 ∗
( ) + 𝜈 ∗
( ) (49)
𝜕𝑥 ∗ 𝜕𝑦 ∗ 𝜕𝑦 ∗ 𝑃𝑟 𝜕𝑦 ∗ 𝜕𝑦 ∗
Les équations (46) et (49) sont dans une forme qui correspond à un fluide dont les propriétés sont constantes à
condition que le nombre de Prandtl 𝑃𝑟 soit constant. Cette hypothèse est raisonnable pour la plupart des fluides
puisque le changement de 𝑃𝑟 avec la température est en général faible bien que 𝐶𝑝 , 𝜇 et 𝑘 peuvent, séparément,
varier considérablement.
L’analyse précédente permet de conclure que la solution aux équations de la couche limite compressible à gradient
de pression nul peut être obtenue à partir des solutions aux équations de la couche limite à propriétés constantes
qui sont les équations (46) et (49) sur l’étendue de la validité des hypothèses de 𝜌𝜇 = 𝑐 𝑡𝑒 et d’un nombre de Prandtl
constant.
IV. La couche limite thermique sur un plaque plane
Comme conséquence de la transformation de Dorodnitsyn, on s’intéressera dorénavant à la résolution des
équations de la couche limite à gradient de pression nul et à propriétés constantes. L’application des solutions
obtenues au calcul des frottements et des transferts thermiques dans la couche limite compressible à gradient de
pression nul sera effectuée ultérieurement.
On note que les équations de la continuité et de la quantité de mouvement (46) sont découplées de l’équation de
l’énergie (49) et la solution de Blasius, développée dans le cas d’une couche limite à gradient de pression nul en
régime incompressible, s’applique à ces deux équations.
On rappelle la variable de similitude de Blasius :
𝑉∞
𝜂 = 𝑦 ∗√ ∗ ∗ (50)
𝜈 𝑥
1 𝜈 ∗ 𝑉∞
𝑣 ∗ = − √ ∗ [𝑓(𝜂) − 𝜂𝑓′(𝜂)] (53)
2 𝑥
La seule équation qui reste à résoudre est celle de l’énergie, c’est-à-dire l’équation (49) que l’on réécrit en
considérant 𝑃𝑟 constant :
𝜕ℎ 𝜕ℎ 𝜈∗ 𝜕2ℎ 𝜕𝑢 2
𝑢∗ + 𝑣 ∗
= + 𝜈 ∗
( ) (54)
𝜕𝑥 ∗ 𝜕𝑦 ∗ 𝑃𝑟 𝜕𝑦 ∗ 2 𝜕𝑦 ∗
Les conditions aux limites sont :
ℎ(𝑥 ∗ , 0) = ℎ𝑤 = 𝑐 𝑡𝑒
ℎ(𝑥 ∗ , ∞) = ℎ𝑒 = 𝑐 𝑡𝑒 (55)
∗) ∗
ℎ(0, 𝑦 = ℎ𝑒 si 𝑦 > 0
La solution de Blasius pour la couche limite incompressible étant du type auto similaire, les conditions aux limites
sur ℎ suggèrent que la solution au problème de la couche limite thermique sera aussi du type auto similaire, c’est-
à-dire que l’enthalpie ℎ sera fonction de 𝜂 seulement. On pose alors :
ℎ = ℎ (𝜂 )
𝜕ℎ 𝜕ℎ 𝜕𝜂 𝜕𝜂
𝑢∗ + 𝑣 ∗ ∗ = (𝑢∗ ∗ + 𝑣 ∗ ∗ ) ℎ′ (𝜂)
𝜕𝑥 ∗ 𝜕𝑦 𝜕𝑥 𝜕𝑦
313
M. Yahyaoui La couche limite compressible
−𝜂 1 𝜈 ∗ 𝑉∞ 𝑉
= {𝑉∞ 𝑓′(𝜂) ( ∗
) + (− √ ∗ [𝑓(𝜂) − 𝜂𝑓′(𝜂)]) √ ∗∞ ∗ } ℎ′ (𝜂)
2𝑥 2 𝑥 𝜈 𝑥
𝜕ℎ 𝜕ℎ 𝑉∞
𝑢∗ ∗
+ 𝑣 ∗ ∗ = − ∗ 𝑓 (𝜂 ) ℎ ′ ( 𝜂 ) (56)
𝜕𝑥 𝜕𝑦 2𝑥
De même :
2
𝜈 ∗ 𝜕 2ℎ 𝜈∗ 𝑉∞ 𝑉∞ ′′
2 = (√ ∗ ∗ ) ℎ′′ (𝜂) = ℎ (𝜂 ) (57)
𝑃𝑟 𝜕𝑦 ∗ 𝑃𝑟 𝜈 𝑥 𝑃𝑟 𝑥 ∗
2
𝜕𝑢∗ 2 𝑉∞ 𝑉∞3
𝜈 ∗ ( ∗ ) = 𝜈 ∗ [√ ∗ ∗ 𝑉∞ 𝑓 ′′ (𝜂)] = ∗ [𝑓 ′′ (𝜂)]2 (58)
𝜕𝑦 𝜈 𝑥 𝑥
Ou encore :
𝜂
ℎ′ (𝜂) = −𝑃𝑟 𝑉∞2 [𝑓 ′′ (𝜂)]𝑃𝑟 ∫ [𝑓 ′′ (𝜉 )]2−𝑃𝑟 𝑑𝜉 + 𝑐1 [𝑓 ′′ (𝜂)]𝑃𝑟 (63)
0
Alors :
𝜂 𝜁 𝜂
ℎ(𝜂) = −𝑃𝑟 𝑉∞2 ∫ [𝑓 ′′ (𝜁 )]𝑃𝑟 ∫ [𝑓 ′′ (𝜉 )]2−𝑃𝑟 𝑑𝜉𝑑𝜁 + 𝑐1 ∫ [𝑓 ′′ (𝜁 )]𝑃𝑟 𝑑𝜁 + 𝑐2 (64)
0 0 0
Ce qui amène à :
∞ 𝜁
ℎ𝑒 − ℎ𝑤 + 𝑃𝑟 𝑉∞2 ∫0 [𝑓 ′′ (𝜁 )]𝑃𝑟 ∫0 [𝑓 ′′ (𝜉 )]2−𝑃𝑟 𝑑𝜉𝑑𝜁
𝑐1 = ∞ (66)
∫0 [𝑓 ′′ (𝜁 )]𝑃𝑟 𝑑𝜁
Puisque 𝑓 ′′ (𝜂) est une fonction connue, les équations (64)-(66) constituent une solution complète à l’équation de
la couche limite thermique.
La borne supérieure infinie des intégrales de l’équation (66) peut être rendue finie en posant :
𝑑𝑓 ′
𝑑𝜂 = (67)
𝑓 ′′
et le domaine d’intégration sera dans ce cas limité à [0,1] puisque 𝑢∗ = 𝑉∞ 𝑓 ′ (𝜂) et les valeurs limites de 𝑢∗ sont
zéro au niveau de la paroi et 𝑉∞ à la périphérie de la couche limite. Ces intégrales peuvent être évaluées
numériquement.
1. Cas particulier d’une paroi adiabatique
Un cas d’une grande importance pratique est le cas d’une paroi adiabatique (𝑞𝑤 = 0). Cette condition est
équivalente à dire que le gradient d’enthalpie est nul au niveau de la paroi. Ce gradient est directement obtenu en
évaluant l’équation (63) en 𝜂 = 0 :
ℎ′ (0) = 𝑐1 [𝑓 ′′ (0)]𝑃𝑟 (68)
L’état d’une paroi adiabatique correspond à 𝑐1 = 0, soit d’après l’équation (66) :
∞ 𝜁
ℎ𝑒 − ℎ𝑎𝑤 + 𝑃𝑟 𝑉∞2 ∫ [𝑓 ′′ (𝜁 )]𝑃𝑟 ∫ [𝑓 ′′ (𝜉 )]2−𝑃𝑟 𝑑𝜉𝑑𝜁 = 0
0 0
Il s’ensuit que :
∞ 𝜁
ℎ𝑎𝑤 = ℎ𝑒 + 𝑃𝑟 𝑉∞2 ∫ [𝑓 ′′ (𝜁 )]𝑃𝑟 ∫ [𝑓 ′′ (𝜉 )]2−𝑃𝑟 𝑑𝜉𝑑𝜁
0 0
315
M. Yahyaoui La couche limite compressible
1 𝑓′
2 ∫ ( ′′ )𝑃𝑟−1 ∫ ( ′′ )1−𝑃𝑟
ℎ𝑎𝑤 = ℎ𝑒 + 𝑃𝑟 𝑉∞ 𝑓 𝑓 𝑑𝑓 ′ 𝑑𝑓 ′ (69)
0 0
𝑉∞2
ℎ𝑎𝑤 = ℎ𝑒 + = 𝐻𝑒
2
Ce résultat a été déjà obtenu précédemment sous les mêmes hypothèses d’un nombre de Prandtl unitaire et d’une
paroi adiabatique.
Dans le cas général d’un nombre de Prandtl non unitaire, on introduit le coefficient de récupération (𝑟) défini par :
ℎ𝑎𝑤 − ℎ𝑒
𝑟= (70)
𝑉𝑒2 ⁄2
Alors d’après l’équation (69) :
1 𝑓′
′′ )𝑃𝑟−1 ∫ (𝑓 ′′ )1−𝑃𝑟 𝑑𝑓 ′ 𝑑𝑓 ′
𝑟 = 2𝑃𝑟 ∫ (𝑓 (71)
0 0
La comparaison présentée sur le tableau précédent montre que l’on peut simplement approximer le coefficient de
récupération par √𝑃𝑟 sur une étendue des valeurs du nombre de Prandtl entre 0.6 et 10. Dans le cas des gaz (nombre
de Prandtl entre 0.7 et 1), l’erreur introduite par cette approximation est inférieure à 0.3%.
On remplace cette approximation dans l’équation (70) et on résout pour l’enthalpie spécifique statique de la paroi
adiabatique :
𝑈𝑒2
ℎ𝑎𝑤 = ℎ𝑒 + √𝑃𝑟 (72)
2
La température de la paroi adiabatique est :
𝑈𝑒2
𝑇𝑎𝑤 = 𝑇𝑒 + √𝑃𝑟 (73)
2𝐶𝑝
Le coefficient de récupération représente la fraction de l’énergie cinétique de l’écoulement extérieur qui est
récupérée au niveau de la paroi. La dissipation d’énergie cinétique dans la couche limite est représentée par le
terme 𝜇 (𝜕𝑢⁄𝜕𝑦)2 de l’équation (21).
2. Transfert thermique et frottement dans la couche limite compressible
Le flux de chaleur au niveau de la paroi est donné par :
𝜇 𝜕ℎ 𝜇 𝜌 𝜕ℎ 𝜇 ∗ 𝜕ℎ
𝑞𝑤 = − ( )| =− ∗
( ∗ )| = −( )|
𝑃𝑟 𝜕𝑦 𝑦=0 𝑃𝑟 𝜌 𝜕𝑦 𝑦 ∗=0 𝑃𝑟 𝜕𝑦 ∗ 𝑦 ∗=0
On voit que l’équation du flux de chaleur n’est pas modifiée par la transformation de Dorodnitsyn.
𝜇 ∗ 𝑑𝜂 𝜕ℎ 𝜇 ∗ 𝑉∞ 𝜕ℎ 1 𝜌∗ 𝜇 ∗ 𝑉∞ ′
𝑞𝑤 = − ( )| = − √ ( )| =− √ ℎ (0)
𝑃𝑟 𝑑𝑦 ∗ 𝜕𝜂 𝜂=0 𝑃𝑟 𝜈 ∗ 𝑥 ∗ 𝜕𝜂 𝑃𝑟 𝑥∗
𝜂=0
316
M. Yahyaoui La couche limite compressible
𝑐1 ′′ 𝜌∗ 𝜇 ∗ 𝑉∞
𝑞𝑤 = − [𝑓 (0)]𝑃𝑟 √ (74)
𝑃𝑟 𝑥∗
𝜕𝑢 𝜌 𝜕𝑢 𝜕𝑢 𝑉∞ 𝜕𝑢
𝜏𝑤 = (𝜇 )| = (𝜇 ∗ ∗ )| = (𝜇∗ ∗ )| = 𝜇 ∗ √ ∗ ∗ ( )|
𝜕𝑦 𝑦=0 𝜌 𝜕𝑦 𝑦 ∗=0 𝜕𝑦 𝑦 ∗=0 𝜈 𝑥 𝜕𝜂 𝜂=0
𝑉∞
𝜏𝑤 = 𝜇 ∗ √ ∗ ∗ 𝑉∞ 𝑓 ′′ (0)
𝜈 𝑥
ou encore :
𝜌∗ 𝜇 ∗ 𝑉∞
𝜏𝑤 = √ 𝑉∞ 𝑓 ′′ (0) (75)
𝑥∗
On définit :
𝜏𝑤
𝐶𝑓∗ = (76)
1 ∗ 2
2 𝜌 𝑉∞
−𝑞𝑤
𝑆𝑡∗ = ∗ (77)
𝜌 𝑉∞ ℎ𝑎𝑤 − ℎ𝑤 )
(
𝜌∗ 𝑉∞ 𝑥
𝑅𝑒∗ = (78)
𝜇∗
En remplaçant l’équation (75) dans (76) on obtient :
2𝑓 ′′ (0) 0.664
𝐶𝑓∗ = ≅ (79)
√𝑅𝑒∗ √𝑅𝑒∗
Puis en remplaçant l’équation (74) dans (77) on a :
𝑐1 ′′ 𝜌∗ 𝜇∗ 𝑉∞
[𝑓 (0)]𝑃𝑟 √ 𝑐1 [𝑓 ′′ (0)]𝑃𝑟
𝑃 𝑥∗
𝑆𝑡∗ = 𝑟 ∗ =
𝜌 𝑉∞ (ℎ𝑎𝑤 − ℎ𝑤 ) 𝑃𝑟 (ℎ𝑎𝑤 − ℎ𝑤 )√𝑅𝑒∗
On substitue pour √𝑅𝑒∗ en utilisant l’équation (79) :
𝑐1 [𝑓 ′′ (0)]𝑃𝑟 𝐶𝑓∗
𝑆𝑡∗ =
𝑃𝑟 (ℎ𝑎𝑤 − ℎ𝑤 ) 2𝑓 ′′ (0)
Soit :
𝑐1 [𝑓 ′′ (0)]𝑃𝑟−1 𝐶𝑓∗
𝑆𝑡∗ = (80)
𝑃𝑟 (ℎ𝑎𝑤 − ℎ𝑤 ) 2
Il convient de définir un coefficient d’analogie de Reynolds 𝑠 tel que :
𝐶𝑓∗
𝑆𝑡∗ = (81)
2𝑠
D’après l’équation (80), le coefficient 𝑠 s’écrit :
𝑃𝑟 (ℎ𝑎𝑤 − ℎ𝑤 )
𝑠= (82)
𝑐1 [𝑓 ′′ (0)]𝑃𝑟−1
Or la constante 𝑐1 est donnée par l’équation (66) qui, par application de (67), devient :
1 𝑓′
ℎ𝑒 − ℎ𝑤 + 𝑃𝑟 𝑉∞2 ∫0 (𝑓 ′′ )𝑃𝑟−1 ∫0 (𝑓 ′′ )1−𝑃𝑟 𝑑𝑓 ′ 𝑑𝑓 ′
𝑐1 = 1
∫0 (𝑓 ′′ )𝑃𝑟−1 𝑑𝑓 ′
317
M. Yahyaoui La couche limite compressible
Pour une paroi adiabatique, l’équation (69) permet de simplifier l’équation précédente à :
1 𝑓′ 1 𝑓′
ℎ𝑎𝑤 − 𝑃𝑟 𝑉∞2 ∫0 (𝑓 ′′ )𝑃𝑟−1 ∫0 (𝑓 ′′ )1−𝑃𝑟 𝑑𝑓 ′ 𝑑𝑓 ′ − ℎ𝑤 + 𝑃𝑟 𝑉∞2 ∫0 (𝑓 ′′ )𝑃𝑟−1 ∫0 (𝑓 ′′ )1−𝑃𝑟 𝑑𝑓 ′ 𝑑𝑓 ′
𝑐1 = 1
∫0 [𝑓 ′′ (𝜁 )]𝑃𝑟−1 𝑑𝑓 ′
ℎ𝑎𝑤 − ℎ𝑤
𝑐1 = 1 ′′ 𝑃 −1
∫0 [𝑓 ] 𝑟 𝑑𝑓 ′
On remplace dans l’équation (82) :
1
𝑃𝑟
𝑠= ′′ 𝑃 −1
∫ [𝑓 ′′ ]𝑃𝑟−1 𝑑𝑓 ′ (83)
[𝑓 (0)] 𝑟 0
La comparaison présentée sur le tableau précédent montre que l’on peut simplement approximer le coefficient de
2/3
récupération par 𝑃𝑟 sur une étendue des valeurs du nombre de Prandtl entre 0.6 et 10. Dans le cas des gaz (nombre
de Prandtl entre 0.7 et 1), l’erreur introduite par cette approximation est inférieure à 0.5%.
Cette approximation permet de réécrire l’équation (81) sous la forme :
𝐶𝑓∗ −2⁄3
𝑆𝑡∗ = 𝑃 (84)
2 𝑟
La procédure de calcul de la contrainte de cisaillement et du transfert thermique sur une plaque plane à zéro
incidence en régime compressible est :
i. Choisir la température de référence en utilisant la formule d’Eckert :
𝑇 ∗ = 𝑇𝑒 + 0.5(𝑇𝑤 − 𝑇𝑒 ) + 0.22(𝑇𝑎𝑤 − 𝑇𝑒 ) (85)
On note que, pour une paroi adiabatique (adiabatic wall), 𝑇𝑤 et 𝑇𝑎𝑤 sont égales (la dernière est donnée par
l’équation 73).
Puis calculer 𝜇 ∗ en appliquant la loi de Sutherland :
𝜇 𝑇𝑟 + 𝑐1 𝑇 ∗ 3⁄2
= ( ) (86)
𝜇𝑟 𝑇 ∗ + 𝑐1 𝑇𝑟
où 𝑐1 = 110.4°𝐾 pour l’air et les valeurs de référence sont 𝜇𝑟 = 1.68 × 10−5 à 𝑇𝑟 = 273°𝐾. Cette loi est
valable pour des températures entre 0 et 555°K.
ii. Calculer 𝑅𝑒∗ = 𝜌∗ 𝑉∞ 𝑥⁄𝜇 ∗ puis calculer 𝐶𝑓∗ = 0.664⁄√𝑅𝑒∗ et la contrainte de cisaillement :
1
𝜏𝑤 = 𝐶𝑓∗ 𝜌 ∗ 𝑉∞2
2
2⁄ 3
iii. Déterminer le coefficient de récupération 𝑟 = √𝑃𝑟∗ et le coefficient de l’analogie de Reynolds 𝑠 = 𝑃𝑟∗
iv. Calculer l’enthalpie correspondant à une paroi adiabatique (équation 72)
v. Calculer 𝑆𝑡∗ par l’équation (81) ou (84) puis calculer le flux de chaleur (équation 77) :
𝑞𝑤 = −𝑆𝑡∗ 𝜌∗ 𝑉∞ (ℎ𝑎𝑤 − ℎ𝑤 )
Dans le cas d’une couche limite compressible turbulente on utilisera la formule de Schultz-Grunow pour le calcul
du coefficient de frottement local :
2,584
𝐶𝑓 = 0.37[𝑙𝑜𝑔10 (𝑅𝑒𝑥 )]
Cette loi est valable pour un nombre de Reynolds entre 105 et 109.
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M. Yahyaoui La couche limite compressible
Exercices
Exercice 15.1
On considère l’écoulement de Couette dans le cas où la paroi supérieure est en mouvement uniforme de vitesse 𝑉0
et elle est maintenue à une température constante 𝑇𝑢. On supposera que la pression est constante et que les
propriétés de l’air (𝐶𝑝 , 𝜇 et 𝑘) sont constantes.
1. Montrer que si la plaque inférieure est thermiquement isolée alors la répartition de la température entre les
deux plaques est donnée par :
𝜇𝑉02 𝑦 2
𝑇 = 𝑇𝑢 + [1 − ( ) ]
2𝑘 𝑑
Montrer que dans ce cas le coefficient de récupération de la température est égal au nombre de Prandtl.
2. Recalculer la distribution de la température entre les deux plaques si la plaque inférieure n’est pas isolée mais
maintenue à la même température que la plaque supérieure.
𝑦 𝑇 = 𝑇𝑢 𝑉0
𝑑
𝑥
Exercice 15.2
On considère l’écoulement de Couette de l’exercice précédent pour le cas où la pression est constante mais les
propriétés sont variables.
1. Montrer que la contrainte de cisaillement est constante et on la dénotera par 𝜏0 .
2. Utiliser l’équation de l’énergie pour exprimer le flux de chaleur en termes de la vitesse 𝑢 et de 𝜏0 .
3. Montrer que la vitesse est donnée par :
𝑦
𝜏0 ∗ 𝑑𝑦
𝑢= ∗
𝑦 ; 𝑦 ∗ = 𝜇∗ ∫
𝜇 0 𝜇
∗
où 𝜇 est la viscosité dynamique de l’écoulement de référence.
4. Montrer que l’enthalpie spécifique statique est donnée par :
𝑢2 𝑞𝑙 ∗
ℎ = ℎ𝑙 − 𝑃𝑟 ( + 𝑦 )
2 𝜇∗
5. Donner l’équation du flux thermique au niveau de la paroi inférieure. En déduire le coefficient de
récupération.
Exercice 15.3
Une plaque plane est plongée à zéro incidence dans un écoulement d’air standard du niveau de la mer dont 𝑀∞ =
0.8.
Montrer que la température à la paroi de la plaque est de 46°C.
Exercice 15.4
1. Pour la couche limite compressible sur une plaque plane à zéro incidence montrer que :
𝑇𝑒 (1−𝜔) ⁄2
𝐶𝑓 √𝑅𝑒 = 2𝑓 ′′ (0) ( )
𝑇∗
où 𝜔 provient de la loi de Chapman-Rubesin.
2. Dans le cas particulier d’une paroi adiabatique et en utilisant la température de référence d’Eckert, montrer
que l’équation précédente donne :
2𝑓 ′′ (0)
𝐶𝑓 √𝑅𝑒 = ⁄2
(𝛾 − 1) 2 (1−𝜔)
[1 + 0.72𝑟 2 𝑀𝑒 ]
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