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Licence 3 - Sciences Physiques pour l’Ingénieur

Mécanique des fluides et


hydraulique industrielle
Agathe Chouippe
chouippe@unistra.fr

Chapitre 2 : La statique des fluides


2023-2024
Introduction :

Objectifs de ce chapitre
• Faire un rappel et des compléments sur les connaissances déjà
acquises
• Se familiariser avec les notions de milieux continus et de fluides
• Introduire le concept de tenseur des contraintes et pression
• S’approprier la relation fondamentale de la statique des fluides
• Connaître les différentes unités de grandeurs introduites
• Savoir calculer les forces de pression sur des parois

Note : Une partie de ce chapitre est tirée du cours du Prof. Yannick Hoarau,
de l’Université de Strasbourg.

Mécanique des Fluides | L3 - Mecatro - MgI | Chap 2 2/21


Milieu continu : Validité de l’hypothèse
En mécanique des fluides, on considère les propriétés du fluide du point de vue
macroscopique, en utilisant les lois de la mécanique de Newton :
• La composition moléculaire est négligée
• Le milieu est considéré comme continu
Un élément de volume fluide contient un grand nombre de molécules, mais du point de
vue mathématique, une particule est un point matériel.
Nombre de Knudsen :
La définition précédente exclut les milieux raréfiés. On définit le nombre de Knudsen
Kn = `∗ /L , avec `∗ le libre parcours moyen et L une dimension caractéristique de
l’écoulement.
On distingue 4 types de mouvements selon Kn :
• Kn ≥ 10 : régime moléculaire discontinu Example :
• 10−1 ≤ Kn ≤ 10 : régime de transition Air sous conditions normales
• 10−2 ≤ Kn ≤ 10 : écoulement avec P = 105 Pa, T = 273K
glissement `∗ = 10−7 m
• Kn ≤ 10−2 : régime continu =⇒ pour L = 1m on a Kn = 10−7

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Mécanique des Fluides et Milieux Continus :

~n
On considère un volume de contrôle
dV N V délimité par une surface S
z M dS S
On caractérise un écoulement de fluide
V notamment par les grandeurs suivantes :
y
• ρ(M , t) : La masse volumique
x • P(M , t) : La pression


• u (M , t) : La vitesse
• ν(M , t) ou µ(M , t) : La viscosité
Masse volumique :
Soit dm la masse d’un petit élément de fluide de volume dV centré au point M , la
masse volumique au point M sera
dm
ρ(M , t) =
dV

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La viscosité : Illustration
La viscosité est liée à la résistance qu’oppose tout fluide à sa mise en mouvement
y −

paroi mobile U0
Illustration :
Ecoulement de h
Couette plan

x paroi fixe

• Hypothèse sur ce cas : les forces visqueuses sont les seules à agir (néglige
l’effet de la pression et de la gravité)
• Dans le cas du fluide Newtonien il est possible d’obtenir un profil de vitesse
linéaire au sein du fluide

→ −
→ −

• Soit F = F ex la force à exercer sur une aire A pour imposer la vitesse U0 à la
paroi supérieure, alors la contrainte tangentielle τxy vérifie
F U0
τxz = =µ où µ est la viscosité dynamique
A h

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La viscosité : autres comportements rhéologiques
Comportements indépendants du temps

τxy plastique de Bingham


plastique • Fluide parfait : aucune contrainte de
fluide solidifiant stable cisaillement, quelque soit la vitesse de
déformation
fluide newtonien
• Fluide Newtonien : Relation linéaire
fluide épaississant entre contrainte et déformation
dU (Ex : air, eau)
fluide parfait dx • Fluides à comportements
non-linéaires

• Milieux plastiques : si τxy est inférieure à une contrainte seuil il y a peu voire
pas de mise en mouvement.
(Ex : gélatine, lait, sang, ciment liquide)
Cas du milieu plastique de Bingham : au delà de la contrainte seuil, le
comportement est Newtonien
(Ex : boues de forage)

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La viscosité : autres comportements rhéologiques

Comportements dépendants du temps


• Fluides thixotropes : la viscosité diminue avec le temps d’application de la
contrainte.
Le fluide retrouve sa viscosité initiale seulement après une durée de repos plus
ou moins grande.
(Ex : peintures, solutions d’argiles, mayonnaise, ketchup)
• Fluides rhéopectiques : la viscosité augmente avec le temps d’application de la
contrainte.
• Fluides viscoélastiques : la structure moléculaire du fluide est modifiée sur une
échelle de temps caractéristique et selon le cas le fluide peut avoir un
comportement visqueux ou élastique.
(Ex : pâte à pain, gelées, mélange eau-fécule de maïs)

Mécanique des Fluides | L3 - Mecatro - MgI | Chap 2 7/21


Forces dans un milieu continu en équilibre :

~n
On considère un volume de
dV N
z fluide V délimité par une
M dS S surface S .
On introduit également le
V volume élémentaire dV et la
y surface élémentaire d’aire dS et
de normale sortante ~
n.
x
Pour déterminer le comportement d’un milieu soumis à une contrainte il faut
connaître la distribution de forces en chaque point M du volume et N de la
surface. On distingue :
• les forces volumiques s’exerçant sur chaque élément de volume du milieu
• les forces superficielles s’exerçant sur chaque élément de surface du
milieu

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Forces dans un milieu continu en équilibre :

~n
dV N
z M dS S

− V
fv
y
x
Forces volumiques : Le système de forces peut être réduit à
• une force unique ˚

→ →

Fv = fv (M )dV
V
• un moment résultant par rapport à un point du repère
˚
−−→v −−→ → −
MO = OM ∧ fv (M )dV
V

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Forces dans un milieu continu en équilibre :

~n
Forces surfaciques :
dV N f~s
z →

M dS S On note fs la densité
superficielle de force. Celle-ci
dépend de la position du point
V N et de l’orientation de la
y
normale ~n
x
Le système de forces peut être réduit à
• une force unique ‹

− →

Fs = fs (N )dS
S
• un moment résultant par rapport à un point du repère

−−→s −−→ → −
MO = ON ∧ fs (N )dS
V

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Conditions d’équilibre : Equation du tétraèdre
Forme intégrale :
Les conditions d’équilibre du milieu continu de volume V et de frontière S s’écrivent :
˚ ‹

→ −
→ −
→ −

fv (M )dV + fs (N , n )dS = 0
˚ V
‹ S
−−→ −→ −−→ −→ −
→ −

OM ∧ fv (M )dV + ON ∧ fs (N , n )dS = 0
V S

où M correspond à un point du volume et N à un point de la surface.

Densité superficielle de force : On note σij la densité superficielle de force :


σ22
• l’indice j indique l’axe perpendiculaire à la
σ12 surface considérée
σ32 • l’indice i l’axe sur lequel on projette la force
σ21
σ23 Donc l’aire élémentaire de surface dS et de normale
σ11 −

sortante ei va subir la force élémentaire
σ13 σ31 −

σ33 −
→ −
→ −
→ −
→
e2 dFk = σ1k e1 + σ2k e2 + σ3k e3 dS

→ −
→ −
→ −
→
e1 = σ1k ex + σ2k ey + σ3k ez dS


e3
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Conditions d’équilibre : Equation du tétraèdre

→ −

On souhaite connaître la tension fs en un point N sur la surface δS de normale n . On

→ −
→ −
→ −
→ −

note α1 , α2 et α3 les cosinus directeurs de n (donc n = α1 ex + α2 ey + α3 ez )


e3



n δS
N


e2


e1

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Conditions d’équilibre : Equation du tétraèdre

→ −

On souhaite connaître la tension fs en un point N sur la surface δS de normale n . On

→ −
→ −
→ −
→ −

note α1 , α2 et α3 les cosinus directeurs de n (donc n = α1 ex + α2 ey + α3 ez )


e3
Idée : On construit un tétraèdre pour délimiter un
volume δV autour du point N .


D’après les conditions d’équilibre : n δS
˚ ‹ C N

→ −
→ −

fv (M )dV + fs dS = 0 A
δV S −

| {z } | {z } e2
néglige (3ème ordre) →
− →− →
− −

fs δS+δ FA +δ FB +δ FC

→ B
e1

Normale
Face Aire −
→ Force subie
n
−→ −
→ −
→ −
→ −
→
A α1 δS − e1 δ FA = − σ11 e1 + σ21 e2 + σ31 e3 α1 δS
−→ −
→ −
→ −
→ −
→
B α3 δS − e3 δ FB = − σ13 e1 + σ23 e2 + σ33 e3 α3 δS
−→ −
→ −
→ −
→ −
→
C α2 δS − e2 δ FC = − σ12 e1 + σ22 e2 + σ32 e3 α2 δS

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Conditions d’équilibre : Equation du tétraèdre

→ −
→ −
→ −
→ −

La relation fs δS + δ FA + δ FB + δ FC = 0 fournit ainsi

→ −

fs δS −
[ α1 σ11 + α2 σ12 + α3 σ13 ] δS e1


− [ α1 σ21 + α2 σ22 + α3 σ23 ] δS e2

→ −

− [ α1 σ31 + α2 σ32 + α3 σ33 ] δS e3 = 0
 

→ σ11 σ12 σ13


On obtient ainsi fs = σ n avec σ = σ21 σ22 σ23 
σ31 σ32 σ33

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Conditions d’équilibre : Equation du tétraèdre

Tenseur des contraintes :



→ −
→ −

Le terme fs = σ n dépend linéairement de n et du tenseur des contraintes σ . On
montre que le moment résultant est nul, ce qui implique que le tenseur des contraintes
est symétrique : σij = σji même si i 6= j .

Cas d’un fluide :


Pour les fluides en équilibre et les fluides parfaits, les forces de contact sont toujours
normales aux éléments de surface sur lesquelles elles s’exercent, donc
σij = 0 si i 6= j
Les forces sont aussi indépendantes de l’orientation, donc
σ11 = σ22 = σ33 = −P(x, y, z)

→ −
→ −

donc fs (N , n )
= −P(N ) n
P est le champ de pression et la force de pression est isotrope.

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Caractéristiques du champ de pression :
Les unités
• Unités normalisées : dans le système international, l’unité est le Pascal dont le
symbole est Pa
1 Pa = 1N.m−2
• Unités industrielles : Souvent exprimées en mètre de fluide.
Exemple : pour passer du SI à la valeur en mètre de fluide il suffit de diviser le
résultat SI par le produit de la masse volumique et de l’accélération de pesanteur :
105 Pa = 105 /(103 × 9, 81) mètres d’eau
= 10, 1937 mètres d’eau

Mécanique des Fluides | L3 - Mecatro - MgI | Chap 2 15/21


Equation fondamentale de la statique :

On considère un volume de fluide


~n quelconque et on y applique le
dV N ~σ bilan des forces de volume et de
z M surface
dS S ˚ ‹

→ −
→ −

fv dV + −P n dS = 0
~
F V V S

y On rappelle que
‹ ˚

→ −−→
x −P n dS = −grad(P) dV
S
˚ h V
→ −−→ i
− −

donc fv − grad(P) dV = 0
V

Ceci est vrai quelque soit le volume V , donc on aura

→ −−→
− −

fv − grad(P) = 0

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Hydrostatique :
C’est la statique d’un fluide incompressible dans le champ de pesanteur.
Hypothèses
• Masse volumique ρ constante
• Température T constante

→ −
→ −

• Force volumique constante avec fv = ρ g = −ρg ez . Donc les forces volumiques

→ −−→
dérivent d’un potentiel et peuvent s’écrire sous la forme fv = −grad(ρgz)
L’équation fondamentale de la statique des fluides devient alors
−−→ −
→ 0
grad(−ρgz − P) = 0 , ce qui implique que P + ρgz est égal à une constante P .

Autre formulation : L’équation précédente peut s’écrire en hauteur de fluide, soit


P
+ z = h, h est la hauteur piézométrique (en mètres)
ρg
On peut retrouver ces équations en utilisant la conservation de l’énergie mécanique.
On montre facilement que toute variation de pression en un point du fluide se transmet
intégralement en tout point du fluide (théorême de Pascal).
Applications : presses et freins hydrauliques
Mécanique des Fluides | L3 - Mecatro - MgI | Chap 2 17/21
Application : Forces de pression sur une paroi plane
Système considéré : une surface plane AB servant
α fluide de délimitation entre un fluide de masse volumique ρ
A et de l’air à la pression atmosphérique Patm .

M Calcul de la résultante des forces :


dS L’élement de surface dS subira des forces de

− pression dues :
ey −−→ −

• à l’air : dFext = −Pext × (+ ey )dS
B −

= −Patm dS ey
z air x −−→ −

• au fluide : dFint = −Pint × (− ey )dS


= +(Patm + ρgz)dS ey

La résultante des forces sur la surface élémentaire est



→ −−→ −−→ −

dF = dFext + dFint = ρgz ey dS

Et la résultante
¨ des¨forces sur toute la¨
surface 

→ −
→ −
→ −
→ −
→ −

F = dF = ρgz ey dS = ρg zdS ey =⇒ F = ρgZG S ey
S S S
| {z }
SZG ZG est la côte du centre de
gravité de la surface mouillée
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Application : Forces de pression sur une paroi plane
Centre de poussée :
α fluide Soit C le centre de poussée (ou point d’application),
¨
A on a −→ − → −−→ − →
AC ∧ F = AM ∧ dF
M S

dS −→ − →

− −
→0 −
→0 − → − →
AC ∧ F = xc ρgZG S ez avec ez = ex ∧ ey
ey ¨ ¨
−−→ − → −
→0
AM ∧ dF dS = xρgz ez dS
B S
¨S
z air x −
→0
= ρg sin(α)x 2 dS ez
S
¨ ˜ 2
˜
2 sin(α) S x dS S
x 2 dS
=⇒ sin(α) x dS = xc ZG S =⇒ xc = =
S ZG S xG S
˜
• I = S
x 2 dS : moment d’inertie par
rapport à une droite passant par A
IG
• IG : le moment d’inertie par rapport au =⇒ xc = xG +
centre de gravité SxG
• théorême d’Huygens : I = IG + SxG2
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Application : Forces de pression sur une paroi non-plane
x On cherche les forces de pression exercées sur la
fluide paroi AB . Comme la surface est irrégulière le
A système n’est pas équivalent à une force unique.

M Force élémentaire exercée sur la surface dS de


dSx −

normale extérieure n reste

→ −−→ −−→ −

−→ dF = dFext + dFint = −ρgzdS n
dF B
dSz (α l’angle entre la surface et la verticale :
Soit
z air dFx = −ρ g z dS cos(α) = −ρgz dSx
dFz = ρ g z dS sin(α) = ρgz dSz

Mécanique des Fluides | L3 - Mecatro - MgI | Chap 2 20/21


Application : Forces de pression sur une paroi non-plane
x En intégrant sur la surface AB
fluide
¨
A
Fx = −ρg zdSx = −ρgZG Sx
M
AB
˜
dSx zdSx
avec Sx = AB
−→ ZG
¨
dF B
Fz = ρg zdSz = ρg V
z air dSz AB
¨
avec V = zdSz
AB

La pousée horizontale Fx est égale à la poussée hydrostatique s’exerçant sur la


projection Sx du contour de la surface dans le plan vertical.
La poussée verticale Fz est égale au poids d’une colonne de fluide verticale limitée
vers le bas par la surface AB et vers le haut par la surface libre.

Mécanique des Fluides | L3 - Mecatro - MgI | Chap 2 21/21

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