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Royaume du Maroc

Ecole Hassania des Travaux Publics

Cours de Mécanique des Fluides

Rajaâ Raïhani, Professeur

Département HEC 1ère année IHE-IVE


2020 - 2021
Chapitre 1

Notions générales
1-Définition d’un fluide
• Un fluide est une substance qui se déforme de manière continue sous l’application d’une
force très faible. Cette propriété est appelée fluidité, elle est due à une grande mobilité
des particules fluides.

• Un fluide se déforme facilement sous l’effet d’une contrainte de cisaillement (c’est-à-dire


une force par unité de surface) et ne cesse de se déformer : il s’écoule, se répand et prend
la forme du contenant dans lequel il se trouve. Par contre un solide est dur et se déforme
peu sous l’action d’une contrainte de cisaillement (et ne continu pas à se déformer).

• Dans les solides, des forces importantes provoquent des déformations très petites, alors
que dans les fluides des forces faibles entraînent des déformations importantes.

• Dans la famille des fluides, on inclue à la fois les liquides et les gaz, dans lesquels les
molécules sont mobiles les unes par rapport aux autres. Un liquide, par exemple l’eau, est
un fluide pratiquement incompressible, tandis que l’air est un fluide compressible.
Suivant les deux modèles de fluide on distingue en général deux branches de la
mécanique des fluides, notamment la dynamique des liquides (ou hydraodynamique) et la
dynamique des gaz (ou aérodynamique).

2- Principales caractéristiques des fluides


On reconnait aux fluides trois propriétés essentielles : ils sont continus, très déformables
et visqueux.

2-1 Continuité des milieux fluides


Pour étudier le mouvement d’un fluide, on n’étudie pas le mouvement de chaque
molécule. Mais on considère que le fluide est infiniment divisible (continu) et que la matière est
répartie de façon continue dans le champ de l’écoulement. De ce fait on traite le fluide comme un
milieu continu et on suppose que chacune de ses propriétés à une valeur définie en chaque point
de l’espace. Ainsi, la température, la vitesse, la masse volumique, etc. Toutes les propriétés de
fluides sont considérées comme des fonctions continues de l’espace et du temps.

Remarque 1 :
A l’échelle moléculaire, l’hypothèse de milieu continu n’a bien sûr pas de sens. Il est donc
sous-entendu que tous les phénomènes seront étudiés sous leur aspect macroscopique. Ceci veut
dire que l’on écarte a priori l’étude de tout phénomène dont la dimension caractéristique n’est pas
suffisamment grande par rapport à la distance intermoléculaire ou au libre parcours moyen des
molécules comme dans le cas d’un gaz (exemple : les écoulements polyphasiques, gaz raréfiés).
Remarque 2 :
Un milieu peut être continu par morceaux, ceux-ci étant séparés par des surfaces de
discontinuités (cas d’un contact entre deux milieux différents).
Remarques 3 :
En mécanique des fluides, on utilise la notion de particule fluide. Il s’agit d’un être tout à
fait fictif formé d’un ensemble de molécules contenu dans un volume dont la taille tend vers zéro
(en toute rigueur, cette ne peut pas être inférieure à l’échelle moléculaire).
Une particule fluide possède un volume et une surface et cette surface est d’une grande
importance physique puisque grâce à elle la particule fluide pourra subir des forces de contact.
2-2 Déformabilité des fluides
Du point de vue de la mécanique, les deux phases : liquides et gaz ont une caractéristique
macroscopique commune à savoir qu’elles n’ont pas de forme propre : les fluides épousent la
forme des récipients qui les contiennent, ils sont déformables.

Le liquide occupe le volume du récipient qui le contient et produit une surface libre quand
il est en contact avec l’atmosphère. Cette surface libre est un plan horizontal si le liquide ne subit
que le champ de la pesanteur.
2-3 Viscosité des fluides
La viscosité est une mesure de la résistance d’un fluide à l’écoulement, elle est due au
frottement entre les particules fluides en mouvement.

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Un fluide dont la viscosité n’est pas prise en compte lors de l’étude de l’écoulement est dis non
visqueux ou parfait et le mouvement n’est accompagné d’aucune force de frottement ; par
contre le fluide dont la viscosité est prise en compte en compte est dis visqueux ou réel. La
viscosité provoque une dissipation d’énergie cinétique.

3- Type d’écoulement d’un fluide


L’écoulement (ou le mouvement) d’un fluide est caractérisé par un champ de vitesse, par
la pression et par certaines de ces propriétés telles la densité et la viscosité. Un fluide s’écoule
tandis qu’un solide se déplace en bloc.

Ecoulement laminaire et écoulement turbulent

La classification des écoulements en laminaire et turbulent est liée au comportement


macroscopique de l’écoulement.
En écoulement laminaire, il n’y a pas de mélange macroscopique entre deux couches (ou lames)
adjacentes de fluide. Le mouvement du fluide est régulier. Par contre en écoulement turbulent,
l’écoulement du fluide est désordonné, il se déplace en formant des tourbillons de tailles
différentes accompagnés d’un mélange macroscopique des particules fluide.
La caractérisation du domaine des régimes laminaire ou turbulent est déterminé par la valeur du
nombre sans dimension, appelé nombre de Reynolds 𝑹𝒆, défini par :

𝜌𝑉𝐷
𝑅𝑒 =
𝜇
Avec :
𝜌 ∶ La masse volumique du fluide (𝑘𝑔⁄𝑚0 )
𝑉 ∶ La vitesse caractéristique de l’écoulement (𝑚⁄𝑠)
𝐷 ∶ Le diamètre de la conduite (longueur caractéristique de la conduite)
𝜇 ∶ La viscosité dynamique du fluide (𝑘𝑔. 𝑚56 . 𝑠 56 ) (voir chapitre 3)

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Exemple : Dans le cas de l’écoulement dans une conduite cylindrique à section constante,
l’écoulement est laminaire pour les valeurs de 𝑹𝒆 < 𝟐𝟐𝟎𝟎, et pour des valeurs plus grandes,
c’est-à-dire pour 𝑹𝒆 > 𝟐𝟐𝟎𝟎, l’écoulement est turbulent.

4- Domaine de la mécanique des fluides


La connaissance et la compréhension des principes de base de la mécanique des fluides
sont essentielles pour la conception et la réalisation de tout système dans lequel un fluide est un
élément actif.

Ainsi pratiquement tous les moyens de transport requièrent une application des concepts
de la mécanique des fluides, par exemple :

• Construction automobile : réduction des forces de traînée.


• Construction navale : réduction des bruits d’écoulements (sous-marins)
• Construction aéronautique : contrôle des effets des ondes de choc à des vitesses trans- et
supersoniques (avions).

Le dessein de toutes machines à fluides (pompes, ventilateurs, compresseurs et turbines)


nécessite à l’évidence une connaissance des principes de base de la mécanique des fluides.
En génie civil, le contrôle des forces et usures hydrodynamique sur les ponts et barrages est
issu de la mécanique des fluides.
Le système de circulation sanguine dans le corps est essentiellement un système fluide. La
conception de cœur et de rein artificiels procède de la mécanique des fluides.
En génie chimique, écoulement dans les réacteurs chimiques, écoulement des peintures.
En géophysique : météorologie.

5- Equations de base
L’étude de tout problème de mécanique des fluides est basée sur l’application des principes
généraux de la mécanique et de la thermodynamique. Il s’agit d’appliquer les lois de base
suivantes à un volume de fluide :
Ø Loi de conservation de la masse (principe de continuité)

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Ø Loi de conservation de la quantité de mouvement (principe fondamental de la dynamique)
Ø Loi de conservation de l’énergie ( premier principe de la thermodynamique) .

6- Dimensions et unités
Les dimensions de base utilisées sont :

§ Longueur : 𝐿 en mètre 𝑚 (dans le système international SI)


§ Temps : 𝑇 en seconde 𝑠 (dans SI)
§ Masse : 𝑀 en kilogramme 𝑘𝑔 ( dans SI)
§ Température : 𝜃 en degré kelvin °𝐾 (dans SI)

L’homogénéité d’une formule est vérifiée si, après avoir décomposé chaque grandeur des termes
de l’équation en ses dimensions de base, on retrouve les mêmes dimensions de chaque côté de
l’équation.

Dans le tableau ci-contre sont résumées quelques grandeurs et leurs dimensions.


Grandeur Symbole Dimension Unité SI
Surface 𝑆 𝐿C 𝑚C
Volume Ω 𝐿0 𝑚0
Vitesse 𝑉 𝐿𝑇 56 𝑚𝑠 56
Force 𝐹 𝑀𝐿𝑇 5C 𝑘𝑔. 𝑚. 𝑠 5C = 𝑁
Poids volumique 𝛾 𝑀𝐿5C 𝑇 5C 𝑁. 𝑚50
Masse volumique 𝜌 𝑀𝐿50 𝑘𝑔. 𝑚50
Débit 𝑄 𝐿0 𝑇 56 𝑚0 𝑠 56
Pression 𝑝 𝑀𝐿56 𝑇 5C 𝑁. 𝑚5C = 𝑃𝑎
Tension 𝜎, 𝜏 𝑀𝐿56 𝑇 5C 𝑁. 𝑚5C = 𝑃𝑎

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7- Propriétés physiques des liquides et des gaz
7-1 Mesures de la masse et du poids d’un fluide
• Masse volumique 𝝆 du fluide est le rapport de la masse du fluide 𝒎 à son volume 𝜴

𝑚
𝜌=
Ω
Unité : 𝑘𝑔⁄𝑚0 , si 𝑚 est exprimée en 𝑘𝑔 et Ω en 𝑚0 .
Le liquide est appelé homogène si sa masse volumique est égale en tous les points.

• Poids spécifique (ou volumique) : 𝛾 (ou 𝜛 ) est défini de la façon suivante :

𝛾 = 𝜌𝑔
𝑔 : l’accélération de la pesanteur, 𝑔 = 9,81 𝑚⁄𝑠 C .
Unité : 𝑁⁄𝑚0
Exemple : avec 𝜌 = 1000 𝑘𝑔⁄𝑚0 , 𝛾 = 9,81. 100 𝑁 ⁄𝑚0

• Volume spécifique 𝑉V est l’inverse de la masse volumique. Il représente le volume par


masse unitaire.

1
𝑉V =
𝜌
Unité : 𝑚0 ⁄𝑘𝑔

• Densité spécifique ( ou gravité spécifique) d’un fluide est définie comme étant le
rapport entre la masse volumique du fluide et la masse volumique de l’eau à 4°𝐶.

ρ
SZ =
ρ\]^ à `°a

7-2 Compressibilité des fluides


a) Compressibilité :

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La compressibilité du liquide est caractérisée par un coefficient de compression
volumétrique 𝛽. Il est égal à la variation relative de volume survenue à la variation de la pression
d’une unité, autrement dite :
1 𝑑𝑉
𝛽=−
𝑑𝑝 𝑉
Où 𝑉 est le volume initial du liquide à la pression atmosphérique, 𝑑𝑉 est la diminution du volume
du liquide à l’augmentation de la pression 𝑑𝑝.
Unité de compressibilité : 𝑚C ⁄𝑁.

b) Module d’élasticité :
Le module d’élasticité donne une idée du changement de volume d’une masse constante
de fluide sous l’effet d’une pression, c’est-à-dire de sa compressibilité.
Le module d’élasticité 𝐾 est défini par :
𝑑𝑝
𝐾 = −
𝑑𝑉e
𝑉
Il est égal à l’inverse du coefficient de compressibilité volumétrique. 𝐾a les dimensions d’une
pression.
Exemple : eau à 20°𝐶, 𝐾 = 2,2 10gh 𝑃𝑎𝑠𝑐𝑎𝑙

7-3 Pression de vapeur


Tous les liquides ont tendance à s’évaporer, la phase liquide se transforme en phase
gazeuse. Les molécules de vapeur (gaz) exercent une pression, appelée pression de vapeur 𝑃k .
La pression de vapeur 𝑃k varie pour chaque liquide, elle croît avec la température.
L’ébullition : lorsque la pression ambiante dans un liquide atteint la pression de vapeur, il y a
formation de bulles de vapeur.
Si dans un liquide en mouvement la pression absolue devient inférieure à la pression de vapeur
𝑃k , il se produit une évaporation. Le liquide en question contient donc des bulles de vapeur en
suspension ; c’est le phénomène de la cavitation.

7-4 Tension superficielle

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Pour une molécule A, dans un liquide, la résultante des actions des molécules situées à
l’intérieur de la sphère d’attraction est nulle, pour une molécule B située près de la surface, il y a
une résultante non nulle perpendiculaire à la surface et tendant à rappeler la molécule à l’intérieur
du liquide.

L’intensité de l’attraction moléculaire par unité de longueur est nommée tension de surface 𝜎.
La tension de surface agit tangentiellement à la surface, elle est donnée par unité de longueur.
Elle dépend de la température.
𝜎 possède les dimensions 𝐹𝐿56 , et l’unité 𝑁⁄𝑚.
Exemple : soit une demi-goutte d’eau :

La tension de surface 𝜎 : la force développée par la tension de surface est 2𝜋𝑅𝜎. Cette force doit
être équilibrée par la force due à la pression : 𝑝 × 𝜋𝑅C . Donc :
𝑝 × 𝜋𝑅C = 2𝜋𝑅 × 𝜎

2𝜎
𝑝=
𝑅
Un phénomène associé se produit dans les tubes capillaires.
Effet de la capillarité dans les tubes minces.

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a) élévation de colonne d’un liquide mouillant
c)abaissement de la colonne d’un liquide non-mouillant.
Selon que l’attraction entre la paroi du tube et les molécules du liquide est plus forte ou nom que
l’attraction mutuelle des molécules, on aura un ménisque concave ou convexe. Ce liquide est
respectivement qualifié de mouillant ou de non mouillant. Ainsi, l’eau est un liquide mouillant (
on observe une ascension capillaire) tandis que le mercure est non mouillant ( on observe une
descente capillaire). La tension de surface, le rayon du tube, le poids spécifique du fluide et
l’angle de contact entre le fluide et le tube, 𝜎, 𝑅, 𝛾 et 𝜃 respectivement sont reliés par l’expression
suivante :
2𝜎𝑐𝑜𝑠𝜃
ℎ=
𝛾𝑅
La tension de surface joue un rôle important par exemple dans les milieux poreux. Comme
applications, on peut également citer le mouvement des liquides dans les sols, les écoulements de
film minces, les matériaux imperméables. La tension de surface est négligeable cependant dans la
majorité des applications qui intéressent l’ingénieur, vis-à-vis les forces d’inertie et les forces
visqueuses.

8- Quelques notions de la mécanique des milieux continus


8-1 Forces de volume et forces de surface de
Dans l’étude de la mécanique des milieux continus fluides, on rencontre deux types de
forces : des forces de volume et des forces de surface.

Ø Toutes les forces externes développées sans contact physiques et distribuées selon le
volume du fluide sont appelées forces de volumes. Exemple, force de gravité, force
électromagnétique. On s’intéressera essentiellement aux forces de gravité. Pour un
élément de volume 𝑑Ω :

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rrrr⃗
𝑑𝑓 = 𝜌𝑔⃗𝑑Ω
𝜌 : masse volumique
𝑔⃗ : accélération de la pesanteur ou force de gravité par unité de masse.

Ø Les forces de surface ou de contact : englobent toutes les forces agissant sur la frontière
d’un milieu par contact direct. Exemple la force surfacique de pression −𝑝𝑛r⃗
𝑝 : pression
𝑛r⃗ : vecteur normal

8-2 Contrainte en un point

r⃗𝑑𝑆
𝑇

𝑛r⃗
𝑆

𝑀
𝑑𝑆

Soit 𝑑𝑆 un élément de surface entourant un point 𝑀 de 𝑆. La force de contact exercée sur 𝑑𝑆 par
le milieu extérieur est notée rrrrr⃗ r⃗ ou vecteur contrainte 𝑇
𝑑𝐹 . On appelle contraint 𝑇 r⃗ en 𝑀 sur
uv⃗
l’élément 𝑑𝑆, la limite du rapport uV
quand 𝑑𝑆 tend vers zéro.

𝑑𝐹⃗
r⃗ (𝑀, 𝑛r⃗) = lim
𝑇
uz→| 𝑑𝑆

Application : Forces de contact sur un parallélépipède élémentaire


Soit un repère orthonormé }𝑒⃗~ , 𝑒⃗• , 𝑒⃗€ • et soit un point 𝑀, de coordonnées (𝑥, 𝑦, 𝑧) et un
parallélépipède élémentaire de matière entourant le point 𝑀 et dont les côtes 𝑑𝑥, 𝑑𝑦 et 𝑑𝑧 sont
parallèles aux axes du repère.

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Sur la face perpendiculaire à l’axe 𝑥⃗ : la normale à cette surface est :
𝑛r⃗ = 𝑒⃗~
La force de surface exercée sur cette surface est 𝐹⃗~ . Dans le repère cartésien 𝐹⃗~ a trois
composantes }𝐹~~ , 𝐹~• , 𝐹~€ •.
Dans le cas général, 𝐹…† est la composante selon 𝑒⃗… du vecteur-force s’exerçant sur la face 𝑗. On
peut ainsi définir 9 composantes 𝜎…† homogène à des contraintes telles que
𝐹…†
𝜎…† =
𝑆

r⃗(𝑀, 𝑥⃗) s’écrit dans le repère }𝑒⃗~ , 𝑒⃗• , 𝑒⃗€ • :


Le vecteur contrainte 𝑇

r⃗(𝑀, 𝑥⃗) = 𝜎~~ 𝑒⃗~ + 𝜎~• 𝑒⃗• + 𝜎~€ 𝑒⃗€


𝑇

𝑧
𝑑𝑥 B

𝑑𝑧 𝜎~•
A
𝜎~~

𝑥 𝑂 𝑑𝑦
C
𝜎~€
D
𝑦

Convention de notation :

• Le premier indice dans ces composantes indique l’axe perpendiculaire à la facette sur
laquelle la contrainte agit.
• Le second indice indique l’axe sur lequel on projette le vecteur contrainte.

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uv‹
Exemple : 𝑇~• = lim définit la contrainte sur un plan 𝑥 (normal à 𝑥⃗ ) dans la direction
uzŠ →| uzŠ

𝑦⃗.

En adoptant la même convention dans les trois directions on peut dresser le tableau (1) suivant :

Projection sur 𝑜𝑥
rrrr⃗ Projection sur 𝑜𝑦
rrrr⃗ Projection sur 𝑜𝑧
rrrr⃗
Facette ⊥ 𝑜𝑥
rrrr⃗ 𝜎~~ 𝜏~• 𝜏~€
Facette ⊥ 𝑜𝑦
rrrr⃗ 𝜏•~ 𝜎•• 𝜏•€
Facette ⊥ 𝑜𝑧
rrrr⃗ 𝜏€~ 𝜏€• 𝜎€€

Ainsi, pour définir l’état de contrainte d’un fluide, on doit se donner les 9 éléments du tableau.

8-3 Tenseur des contraintes


Le tenseur des contraintes est une représentation utilisée en mécanique des milieux
continus pour représenter l’état de contrainte, c’est-à-dire les forces surfaciques mises en jeu
entre les portions déformées du milieu. Le terme a été introduit par Cauchy en 1822.

La matrice }𝜎…† • constituée par les 9 éléments du tableau (1) est la matrice des contraintes
appelée tenseur des contraintes, souvent notée :

𝜎~~ 𝜎~• 𝜎~€


𝜎
𝑇 = • •~ 𝜎•• 𝜎•€ Ž
𝜎€~ 𝜎€• 𝜎€€

Le tenseur 𝑇 est un tenseur d’ordre 2, à 3lignes et 3 colonnes.


Les 𝜎…† sont les 9 composantes du tenseur des contraintes : 𝑖 est l’indice de la projection et 𝑗 est
l’indice de la normale à la facette.

Les composantes 𝜎…† de 𝑇 sont les contraintes en 𝑀.


La projection sur la direction 𝑜𝑥⃗ est appelée contrainte normale, notée 𝜎~~ .
La contrainte normale est la projection du vecteur contrainte sur la normale à cette face. En
général, on note 𝜎…… contraintes normales.

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Les projections sur 𝑜𝑦⃗ et 𝑜𝑧⃗ sont appelées contraintes de cisaillement ou tangentielles, notées
𝜏…† (𝑖 ≠ 𝑗) ou 𝜎…† (𝑖 ≠ 𝑗).

𝜎~~ 𝜏~• 𝜏~€


𝑇 = •𝜏•~ 𝜎•• 𝜏•€ Ž
𝜏€~ 𝜏€• 𝜎€€

r⃗ est le vecteur contrainte qui s’exerce sur un élément de surface unitaire de normale
Le vecteur 𝑇
𝑛r⃗ (𝑛r⃗ normale extérieure au domaine) est donné par (théorème de Cauchy)

𝜎~~ 𝜎~• 𝜎~€ 𝑛~ 𝜎~~ 𝑛~ + 𝜎~• 𝑛• + 𝜎~€ 𝑛€


r⃗(𝑀, 𝑛r⃗) = 𝑇. 𝑛r⃗ = •𝜎•~
𝑇 𝜎•• 𝜎•€ Ž •𝑛• Ž = ‘𝜎•~ 𝑛~ + 𝜎•• 𝑛• + 𝜎•€ 𝑛€ ’
𝜎€~ 𝜎€• 𝜎€€ 𝑛€ 𝜎€~ 𝑛~ + 𝜎€• 𝑛• + 𝜎€€ 𝑛€

Le tenseur des contraintes 𝑇 est symétrique, c’est-à-dire 𝑇…† = 𝑇†… (ou 𝜎…† = 𝜎†… )
Le vecteur contrainte qui s’exerce sur la facette de normale 𝑥⃗ :

𝜎~~ 𝜎~• 𝜎~€ 1 𝜎~~


r⃗(𝑀, 𝑥⃗) = 𝑇. 𝑥⃗ = •𝜎•~
𝑇 𝜎•• 𝜎•€ Ž •0Ž = •𝜎~• Ž
𝜎€~ 𝜎€• 𝜎€€ 0 𝜎~€

9- Rappel
9-1 Notations indicielles
L’espace est rapporté à un repère orthonormé de vecteurs unitaires rrr⃗
𝑘“ , 𝑖 = 1,2,3. Les

composantes d’un vecteur 𝐴⃗ sont notées 𝐴… , 𝑖 = 1,2,3; celles d’un tenseur d’ordre deux 𝐴 sont
désignées par 𝐴…,† , 𝑖 = 1,2,3 et 𝑗 = 1,2,3, l’ordre des indices étant celui ligne colonne.

Sommation d’Einstein : Tout indice figurant deux fois dans tout groupement multiplicatif
implique sommation sur cet indice (celui-ci est dit ¨muet¨ ). Ainsi 𝐴… 𝐵… signifie :
…™0

𝐴… 𝐵… = ˜ 𝐴… 𝐵… = 𝐴6 𝐵6 + 𝐴C 𝐵C + 𝐴0 𝐵0
…™6

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Cette expression est donc celle du produit scalaire des deux vecteurs 𝐴⃗ et 𝐵
r⃗. Par contre, 𝐴… 𝐵† à la

dimension d’un tenseur d’ordre deux, chaque indice 𝑖 et 𝑗 étant libre, ce qui signifie qu’il doit
prendre chaque valeur 1, 2 et 3.

Remarque :
L’indice est dit muet car la lettre qui le représente est sans importance : par exemple 𝐴… 𝐵… et 𝐴š 𝐵†

désignent le même produit scalaire 𝐴⃗. 𝐵


r⃗

Exemple : Sommation sur indice muet : développez les expressions suivantes :

• La composante 𝑇… du vecteur contrainte s’écrit: 𝑇… =

›œ•
• 𝐵 =
›~ž †

›Ÿ•ž
• =
›~ž

Symboles conventionnels
Symbole de Kronecker : correspond au tenseur unité d’ordre deux noté 𝛿…† , 𝑖 = 1,3
et 𝑗 = 1,3. On a donc
𝛿…† = 1, 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑖 = 𝑗
¡
𝛿…† = 0, 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑖 ≠ 𝑗

9-2 Formule de la divergence (Ostrogradsky)


Cette formule permet de transformer une intégrale de volume en une intégrale de surface
et inversement.

¤ 𝑑𝑖𝑣 𝐴⃗ 𝑑Ω = § 𝐴⃗ . 𝑛r⃗ 𝑑𝑆 = § 𝐴¨ 𝑑𝑆
¦ z z

𝑆: La surface fermée entourant le domaine 𝐷.

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𝐴⃗ : vecteur défini dans 𝐷 et sur 𝑆.
𝑛r⃗ : le vecteur unitaire normal à 𝑑𝑆, orienté vers l’extérieur de 𝐷.
𝜕𝐴~ 𝜕𝐴• 𝜕𝐴€
¤ ª + + ¬ 𝑑Ω = § }𝐴~ 𝑛~ + 𝐴• 𝑛• + 𝐴€ 𝑛€ •𝑑𝑆
¦ 𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑧 z

𝜕𝐴…
¤ 𝑑Ω = § 𝐴… 𝑛… 𝑑𝑆
¦ 𝜕𝑥…

∬z 𝐴⃗ . 𝑛r⃗ 𝑑𝑆 : le flux de 𝐴⃗ sortant par la surface 𝑆.

Enoncé :
Le flux d’un vecteur sortant d’une surface fermée est égale à l’intégrale de la divergence de ce
vecteur étendue au volume que limite cette surface.

9-3 Formule de Stokes


Cette formule permet de transformer une intégrale de surface en une intégrale curviligne
et inversement.

𝑟𝑜𝑡𝐴⃗ 𝑑𝑆 = ° 𝐴⃗. 𝑑𝐶⃗


® 𝑛r⃗. rrrrrr⃗
z ±

𝑆 une surface orientable limitée par une courbe fermée 𝐶 sur laquelle on fixe un sens de
circulation.
Enoncé :
Le travail d’un vecteur 𝐴⃗ (ou la circulation de vecteur 𝐴⃗ ) le long d’une courbe fermée 𝐶 est égal
au flux de son rotationnel à travers une surface 𝑆 qui s’appuie sur cette courbe.

Cours mécanique des fluides Chapitre 1 Pr. Raihani


Ouvrages consultés :
P.Chassaing : Mécanique des fluides – éléments d’un premier parcours, 1997.
P.Chassing : Turbulence en mécanique des fluides, 2000.
Cognet : Introduction à la mécanique des fluides, E.N.S.E.M – Nancy.
Comolet : Mécanique expérimentales des fluides, 1982.
C.Deschênes : Mécanique des fluides I, Université Laval, Québec, Canada.
J.Padet : Fluides en écoulement – méthodes et modèles, 1991.
M.Rieutord : Une introduction à la dynamique des fluides, 1997.
Walter H.Graf : Hydrodynamique, 1991.

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Annexe

Eléments d’analyse vectorielle


1-Coordonnées cartésiennes
1-1 Gradient :

›z
›~
⎛›z ⎞
Scalaire : 𝑆 rrrrrrrrrr⃗
𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑆 = r∇⃗𝑆 = ⎜›•⎟
›z
⎝ ›€ ⎠

›» ›» ›»
›~ ›• ›€
𝑢 ⎛ ›k ⎞
r⃗ ª v ¬
Vecteur : 𝑉 r⃗ = ∇
𝑔𝑟𝑎𝑑𝑉 r⃗ = ›k
r⃗𝑉 ›k
⎜ ›~ ›• ›€ ⎟
𝑤 ›¼ ›¼ ›¼
⎝ ›~ ›• ›€ ⎠

1-2 Divergence :
𝜕𝑢 𝜕𝑣 𝜕𝑤
r⃗ = 𝑑𝑖𝑣 𝑉
∇𝑉 r⃗ = + +
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑧

1-3 Laplacien :

›¾ z ›¾ z ›¾ z
Scalaire : ∇C 𝑆 = ∆𝑆 = ›~ ¾ + ›• ¾ + ›€ ¾

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›¾ » ›¾ » ›¾ »
›~ ¾
+ ›• ¾ + ›€ ¾
∆𝑢 ⎛ ¾ ¾ ¾ ⎞
Vecteur : r⃗ = • ∆𝑣 Ž = › k¾ + › k¾ + › k¾
∆𝑉 ⎜ ›~ ›• ›€ ⎟
∆𝑤 ¾
› ¼ ¾
› ¼ ›¾ ¼
⎝ ›~ + +
¾ ›• ¾ ›€ ¾ ⎠

1-4 Rotationnel :

𝜕𝑤 𝜕𝑣
⎡ − ⎤
𝚤⃗ 𝚥⃗ 𝑘r⃗ ⎢ 𝜕𝑦 𝜕𝑧 ⎥
r∇⃗ × 𝑉
r⃗ = 𝑟𝑜𝑡 r⃗ = ¿ 𝜕
rrrrrr⃗𝑉 𝜕 𝜕 ¿ = ⎢𝜕𝑢 − 𝜕𝑤⎥
⎢ 𝜕𝑧 𝜕𝑥 ⎥
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑧 ⎢ ⎥
𝑢 𝑣 𝑤 ⎢ 𝜕𝑣 − 𝜕𝑢 ⎥
⎣ 𝜕𝑥 𝜕𝑦 ⎦

2-Coordonnées cylindriques (𝒓, 𝜽, 𝒛)

2-1 Gradient :

›z
›Ë
⎛6 ›z ⎞
Scalaire : 𝑆 rrrrrrrrrr⃗
𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑆 = r∇⃗𝑆 = ⎜Ë ›Ì⎟
›z
⎝ ›€ ⎠

𝑉Ë
r⃗ •𝑉Ì Ž
Vecteur : 𝑉
𝑉€

𝜕𝑉Ë 𝜕𝑉Ì 𝜕𝑉€


⎛ 𝜕𝑟 𝜕𝑟 𝜕𝑟 ⎞
r⃗ = ∇
r⃗𝑉
r⃗ = ⎜ 1 𝜕𝑉Ë 𝑉Ì 1 𝜕𝑉Ì 𝑉Ë 1 𝜕𝑉€ ⎟
𝑔𝑟𝑎𝑑𝑉 − −
⎜ 𝑟 𝜕𝜃 𝑟 𝑟 𝜕𝜃 𝑟 𝑟 𝜕𝜃 ⎟
𝜕𝑉Ë 𝜕𝑉Ì 𝜕𝑉€
⎝ 𝜕𝑧 𝜕𝑧 𝜕𝑧 ⎠

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2-2 Divergence :

𝜕𝑉Ë 𝑉Ë 1 𝜕𝑉Ì 𝜕𝑉€ 1 𝜕(𝑟𝑉Ë ) 1 𝜕𝑉Ì 𝜕𝑉€


r⃗ = 𝑑𝑖𝑣 𝑉
∇𝑉 r⃗ = + + + = + +
𝜕𝑟 𝑟 𝑟 𝜕𝜃 𝜕𝑧 𝑟 𝜕𝑟 𝑟 𝜕𝜃 𝜕𝑧
2-3 Laplacien :

6 › ›z 6 ›¾ z ›¾ z
Scalaire : ∇C 𝑆 = ∆𝑆 = Ë ›Ë Í𝑟 ›ËÎ + Ë ¾ ›Ì¾ + ›€ ¾

6 › ›ÏÐ Ï 6 › ¾ ÏÐ C ›ÏÑ › ¾ ÏÐ
Í𝑟 Î − Ëо + Ë ¾ ›Ì ¾

›€ ¾ ˾
+
∆𝑉Ë Ë ›Ë ›Ë ›Ì
⎛6 › ›ÏÑ ÏÑ ¾
6 › ÏÑ C ›ÏÐ › ¾ ÏÑ ⎞
r⃗ = •∆𝑉Ì Ž =
∆𝑉
Vecteur : ⎜Ë ›Ë Í𝑟 ›Ë Î − Ë ¾ + Ë ¾ ›Ì¾ + Ë ¾ ›Ì + ›€ ¾ ⎟
∆𝑉€ 6 › ›ÏÒ 6 › ¾ ÏÒ › ¾ ÏÒ
⎝ Ë ›Ë
Í𝑟 ›Ë
Î + ¾
Ë ›Ì ¾ + ›€ ¾ ⎠

2-4 Rotationnel :

1 𝜕𝑉€ 𝜕𝑉Ì
⎡ − ⎤
⎢ 𝑟 𝜕𝜃 𝜕𝑧 ⎥
r⃗ × 𝑉
∇ r⃗ = rrrrrr⃗
𝑟𝑜𝑡𝑉 r⃗ = ⎢ 𝜕𝑉Ë − 𝜕𝑉€ ⎥
⎢ 𝜕𝑧 𝜕𝑟 ⎥
⎢1 𝜕(𝑟𝑉Ì ) 1 𝜕𝑉Ë ⎥
⎣𝑟 𝜕𝑟 − 𝑟 𝜕𝜃 ⎦

Cours mécanique des fluides Chapitre 1 Pr. Raihani

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