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Actes des congrès de la Société

d'archéologie médiévale

Culture technique et architecture monumentale : analyse


structurelle des types de contrefort dans l'architecture romane
Nicolas Reveyron

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Reveyron Nicolas. Culture technique et architecture monumentale : analyse structurelle des types de contrefort dans
l'architecture romane. In: L'innovation technique au Moyen Âge. Actes du VIe Congrès international d'Archéologie Médiévale
(1-5 Octobre 1996, Dijon - Mont Beuvray - Chenôve - Le Creusot - Montbard) Caen : Société d'Archéologie Médiévale, 1998.
pp. 211-218. (Actes des congrès de la Société d'archéologie médiévale, 6);

https://www.persee.fr/doc/acsam_0000-0000_1998_act_6_1_1145

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CULTURE TECHNIQUE

ET ARCHITECTURE MONUMENTALE :

ANALYSE STRUCTURELLE DES TYPES


DE CONTREFORT DANS L'ARCHITECTURE ROMANE

Nicolas REVEYRON

Dans l'imaginaire occidental, la pierre est lourdement d'ailleurs impossible ; il vise à définir une problématique
connotée de stabilité1. Peu suspecte d'évolution, encore de construction, à établir une typologie fondée sur des
moins de révolution, elle offre l'image du matériau observations directes et un petit corpus de mesures, et à
destiné, par essence, à pérenniser la mémoire des comprendre quelles ont été les capacités d'évolution
commanditaires, des mécènes. Dans la réalité, l'art de bâtir en dans le savoir-faire observé.
pierre - au sens étroit du terme, c'est à dire la taille et le
montage des blocs - a connu des périodes
d'innovations fondamentales ou, au contraire, des moments où LE CONTREFORT
la création architectonique, plus spectaculaire,
appartient davantage au domaine esthétique qu'à la La fonction du contrefort est double. D'une part,
recherche pratique, comme cette imitation des assurer la stabilité d'un bâti en résistant par inertie aux
montages de charpenterie à Lyon au XVe siècle2. pressions exercées sur le mur. Viollet-le-Duc5 a décrit ce
Hors de ces temps, déjà bien balisés par la principe dans l'article «contre-fort» du Dictionnaire
recherche, et de toutes ces inventions architectoniques qui font raisonné: «Jusqu'à la fin du Xllle siècle, on n'avait point
un style, il reste la construction au quotidien, les savoir- encore songé à augmenter la stabilité des contreforts au
faire courants, le montage des éléments habituels de moyen d'une charge supérieure. On cherchait à les
l'édifice : murs, supports, contreforts. La culture rendre stables par leur masse et l'assiette de leur
technique qu'ils laissent deviner dans la mise en œuvre de la section horizontale». De fait, le contrefort ne se comprend
pierre, répond-elle, dans les faits, à son apparence pas seul. Au-delà de la masse murale, il se combine
d'immuable simplicité, ou a-t-elle évolué de façon plus ou avec le support engagé qui lui correspond (fig. 1). Tous
moins nette ? deux forment, pour ainsi dire, un môle particulièrement
Pour explorer cette réalité, le contrefort s'avère un volumineux, perpendiculaire au mur, et qui occupe au
excellent objet d'étude. Il appartient, en effet, au sol une surface importante. Ces deux dernières
domaine propre de l'architecture et dans sa définition formelle caractéristiques sont essentielles à la stabilité de l'ensemble6.
n'interviennent pratiquement que des données
matérielles : il reste, en quelque sorte, neutre, contrairement
aux supports3, par exemple, trop largement connotes
dans la culture médiévale pour ne pas échapper à des
contraintes autres que techniques.
Il convient donc d'aborder la question en examinant
les différents types de contrefort suivant une chronologie
large, puis d'analyser les variations d'ordre
technologique, avant d'évaluer leur ampleur et de reconnaître
leur rôle dans la construction. L'analyse technique a
porté sur un certain nombre de monuments de la région
Rhône-Alpes, qui ont fait l'objet d'études d'élévation à
l'occasion de leur restauration (cathédrale de Lyon,
Saint-Nizier de Lyon, cathédrale de Die)4. Les résultats
obtenus ont été confrontés à des observations
ponctuelles effectuées en fonction de programmes d'études
(UMR 5648-Lyon II), notamment en Bourgogne, en Fig. 1 - Structure du mur de la pile engagée et du contrefort (type
Auvergne et dans la zone méditerranéenne. Cet article 1), d'après Viollet-Le-Duc, article «construction» du Dictionnaire
ne se veut donc pas exhaustif - le projet en serait raisonné.

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D'autre part, donner ponctuellement au mur une
rigidité suffisante pour que son effet se répercute sur les
longueurs murales comprises entre deux points de
renfort. Selon P. Noël7, le contrefort sert « de point d'appui à
un autre mur que l'on craint de voir boucler sous l'effet
d'une poussée». Mais sa relation avec le mur est
complexe, ce dernier absorbant aussi une partie des efforts
développés par les voûtes. C'est pourquoi sa
localisation sur la longueur murale admet une marge
d'imprécision notable, à l'inverse de l'arc-boutant. Ce dernier, en
effet, doit être bâti dans l'exact prolongement des dou-
bleaux ou des ogives; en outre, il n'entre en contact
avec le mur que sur deux points sensibles : son sommet
et la zone des reins des voûtes8.
Dans ce cadre, les contreforts peuvent être répartis
en deux types généraux : les contreforts en continuité de
parement et les contreforts en assises spécialisées. Ils
se subdivisent eux-mêmes en catégories se distinguant
nettement par l'appareil et les variations techniques
dans le montage. L'appareil utilisé joue en effet un rôle
considérable. Dessinant la forme de cet organe de
stabilité, il en matérialise aussi la fonction. Le plus souvent, le
module des blocs employés - un bel appareil -
constitue la plus grande part ou la totalité du parement du Fig. 2 - Myon (Puy de Dôme) : assise d'un contrefort en cours de
contrefort9. Le choix d'un appareil spécifique n'est pas restauration (cliché N.R.).
sans conséquence sur l'articulation du contrefort avec le
mur, lorsque ce dernier est monté dans un appareil sente le schéma inverse (« bloc pénétrant » à gauche,
différent, des moellons, par exemple. « bloc butant » à droite) ; cette alternance permet
Cette typologie est fondée sur des exemples bien d'inverser systématiquement, sur un rythme binaire, l'ordre
caractérisés, qui répondent à des règles de construction d'apparition des joints verticaux pour éviter toute
spécifiques. Mais au Moyen Age, il en va de la superposition d'une assise à l'autre. Il s'agit là d'une
construction comme des autres arts et techniques : il est rare que application de l'appareillage «en besace».
les caractéristiques typologiques se retrouvent à l'état En définitive, les assises du contrefort ne se
pur dans le bâti. Toutes sortes de solutions pratiques à distinguent pas de celles du parement mural : il n'y a pas
des problèmes ponctuels, de micro-variations, de deux ensembles, mais un tout homogène ; le contrefort
bricolages interfèrent, sans pour autant entraîner la création se présente comme une excroissance régulière du mur,
d'une catégorie. Nous touchons là à l'essence du savoir- son noyau faisant corps avec la fourrure du mur. Dans
faire médiéval, et à la dialectique de l'architecte et de ces conditions, les blocs du contrefort n'accusent
l'appareilleur: si l'architecture moderne est aucune spécialisation dans leur forme, ni dans leurs
fondamentalement dessinée, celle du Moyen Age reste, dimensions, si ce n'est que ces dernières ne peuvent
profondément, un art de bâtir. dépasser les normes imposées par le contrefort ; ils
appartiennent à l'approvisionnement ordinaire du
chantier.
LE CONTREFORT
EN CONTINUITÉ DE PAREMENT Ce type est très répandu. Il apparaît tôt. On le
reconnaît, par exemple, au chevet de Saint-Philibert de
Tournus (fig. 3), dans les contreforts d'angle des
Définition du type chapelles rayonnantes. Le cas est intéressant à plus d'un
Ce type de contrefort est, pour l'essentiel, composé titre. Il s'agit, tout d'abord, de paires de contreforts join-
d'une enveloppe appareillée et d'un noyau de blocage, tifs, en bel appareil de petits et moyens modules, c'est-
l'enveloppe formant un U autour du noyau (fig. 1). Dans à-dire une masse importante de maçonnerie
le cas le plus simple, chaque face du contrefort est régulièrement assisée. Ensuite, ils s'articulent tout aussi
formée par le long côté d'un bloc, dont l'un des petits côtés régulièrement avec le parement mural en moellons,
est apparent sur la face suivante du contrefort et l'autre sans que le changement d'appareil introduise de
vient buter contre le bloc précédent. Le contrefort est dysfonctionnement ; le mariage des premiers avec le
assise régulièrement : si, dans une assise, le bloc latéral second s'effectue par un prolongement latéral du bel
gauche bute contre l'assise murale («bloc butant»), le appareil dans les assises de moellons, calibrées en
bloc latéral droit pénètre alors dans la maçonnerie du fonction. Enfin, ils appartiennent à une mise en oeuvre
mur («bloc pénétrant») (fig. 2)10; l'assise supérieure pré- savante du bel appareil, réservé à la structure architec-

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doit pas nécessairement être considérée comme un
gage de qualité ; l'association des deux notions reste
étrangère à l'esprit et au savoir-faire médiévaux : les
contreforts, présentés plus haut, de Saint-Philibert de
Tournus, accusent des irrégularités de détail, qui sont
autant d'adaptations ponctuelles.
Le premier cas est illustré par la grande abbatiale de
Cluny, dans les contreforts de la cour de la congrégation
(mur gouttereau du collatéral sud et mur ouest du bras
du transept11). Ils sont constitués d'un large dosseret où
s'appuie le corps quadrangulaire du contrefort. Le
parement est formé de blocs de grand module, relativement
minces, qui entourent un fort noyau de maçonnerie. Les
blocs latéraux d'une assise (dosseret compris) sont soit
tous pénétrants, soit tous butants ; mais cette
organisation n'interdit pas pour autant la disposition en besace
des blocs du corps même du contrefort, comme le
laissent voir les traces de construction ou le bâti conservé.
Seconde problématique, l'identité des hauteurs
d'assise entre mur et contrefort - on parle d'« assises
réglées de hauteur» - est une donnée courante de la
construction romane, qu'il s'agisse d'un appareil mixte
(moellons des assises murales et moyen ou grand
appareil des contreforts) ou homogène. Mais, dans ce dernier
cas, il arrive que les blocs du contrefort soient plus hauts
que ceux du mur (plus rarement l'inverse) ou que des
variations de hauteur introduisent un décalage entre les
assises des deux éléments. La solution couramment
mise en œuvre est le système de double pénétration,
une retaille organique des blocs érigée en système:
lorsque un bloc mural est en relation avec deux assises
à la fois du contrefort, par exemple, il est échancré de
telle sorte qu'une partie vient buter contre l'assise
pénétrante du contrefort, tandis que l'autre partie, laissée
longue, pénètre sous le bloc butant de l'autre assise du
contrefort (le cas inverse est aussi attesté) ; visiblement,
on évite de recalibrer les blocs. On observe cette
disposition à la priorale de Lagrand12, par exemple, construite
pourtant dans un long et relativement mince appareil13
Fig. 3 - Tournus, abbatiale Saint-Philibert, chevet : avant dernière
chapelle rayonnante sud, contrefort nord, 7e et 8e assises visibles d'un calcaire marneux qui se délite facilement.
(relevé N.R., dessin M.N. Baudran). Troisième problématique, dans la construction
romane, au Xle siècle principalement, on a souvent mis en
œuvre ensemble deux appareils essentiellement
tonique : contreforts, chaînes d'angle rentrant, zone des différents : \'opus quadratum pour les éléments de la
baies. La formule admet aussi l'emploi du grand appareil structure, les moellons pour les surfaces murales (par exemple,
régulier et à joints très fins, comme dans la réalisation les chapelles rayonnantes de Saint-Philibert de
tardive - et spectaculaire - des murs gouttereaux de Tournus). Mais l'usage d'un appareil hétérogène peut
l'abbatiale de Saint-Gilles-du-Gard. concerner aussi le corps même du contrefort. Dans
l'abbatiale de Conques, les contreforts présentent une
Variantes structure complexe (fig. 4) : opus quadratum dans leur
Les variantes sont nombreuses. Elles procèdent partie basse et au niveau du clair-étage ; appareil mixte
d'irrégularités dans l'alternance bloc butant/bloc pénétrant, dans leur partie médiane. Dans cette dernière section, le
de l'inadéquation des hauteurs d'assise entre mur et bel appareil a servi à chaîner les seuls angles externes
contrefort ou de l'utilisation d'un appareil hétérogène du contrefort («contreforts chaînés»), suivant une
dans le corps même de l'organe de stabilité. disposition régulière en besace, et les moellons à en
Rétrospectivement, la régularité apparaît comme la marque constituer la masse, qui s'articule tout naturellement avec le
d'un souci de rigueur dans la construction. Mais elle ne parement mural de même appareil14.

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Dans le type de base, bien représenté dans les
édifices auvergnats de la lignée de Notre-Dame-du-Port,
par exemple, les assises ancrées à bloc de façade
alternent avec les assises de liaisonnement en profondeur.
La formule est plus complexe qu'il y paraît et témoigne
d'une élaboration poussée. En effet, non seulement ces
fonctions ne sont pas interchangeables, mais encore
elles intéressent deux domaines bien distincts où se
développent les connexions : connexions internes au
contrefort, qui assurent sa cohésion et ne mettent en jeu
que cet élément (liaison en façade et liaison en
profondeur) ; connexion externe (ancrage dans le mur), qui
intervient entre deux éléments architectoniques,
autrement dit dans un autre ordre de grandeur et à un autre
niveau du bâti. Par ailleurs, l'absence d'un noyau de
blocage à l'intérieur du corps des contreforts, ou la
présence d'un noyau résiduel, contingent et non pas
néces aire comme dans le type «en continuité de parement»,
met en évidence la différence conceptuelle
fondamentale entre les deux types : le premier type doit être
Fig. 4 - Conques, abbatiale Sainte-Foy (Aveyron : contreforts de la considéré comme un surépaissisement ponctuel du mur,
nef et du transept (cliché N.R.). alors que le second est traité comme un bâti autonome
fonctionnant perpendiculairement au mur. Compte tenu
LES CONTREFORTS de l'importance croissante, depuis le Xle siècle,
accordée à l'art de la taille et à celui du montage des blocs,
EN ASSISES SPÉCIALISÉES toujours plus complexe, la distinction des deux types
généraux est d'une importance considérable pour
II s'agit d'un type général dans lequel les blocs ne l'histoire de l'architecture et de la pensée architecturale.
sont pas indifférenciés, comme précédemment, mais
exercent des fonctions précises dans le montage du Nous n'avons pas affaire, ici, à un détail de
contrefort et son articulation avec le mur. construction, ni à la conséquence secondaire d'un choix
d'appareil, mais bien à un parti. La réduction du noyau de
Définition du type maçonnerie, dans un support, par exemple, appartient
aux préoccupations d'un architecte comme Villard de
Le montage de ce type de contrefort définit, pour les Honnecourt. Dans le dessin sous-titré « par chu fait on
blocs, trois fonctions, selon leur position dans l'assise. piler de quatre coins venir aloison», R. Bechmann16 a
Premièrement, la « liaison en façade » : elle est assurée reconnu une solution pratique pour réaliser un pilier
par un bloc unique, dont la longueur tient toute la largeur carré avec des blocs en forme de trapèze-rectangle : ils
de la façade du contrefort et qui établit la cohésion en occupent le volume jusqu'au centre, tout en
latérale de l'ensemble (« bloc de façade ») ; ce respectant une alternance régulière dans le positionnement
positionnement du bloc par rapport à la masse de maçonnerie des joints verticaux.
évoque de près la fonction du parpaing. Deuxièmement,
la «liaison en profondeur»15: cette fonction est remplie Type primitif
par deux blocs parallèles, dont les petits côtés jointifs Sous sa forme la plus simple, ce type s'apparente à
forment la façade du contrefort et la longueur en tient une mise en œuvre qui remonte à l'Antiquité. Pour le
toute la profondeur («blocs latéraux»). Troisièmement, haut Moyen Age, mais aussi, quoique plus
la fonction d'ancrage dans le mur: elle est matérialisée ponctuellement, dans l'architecture romane (Italie du Nord, par
dans les blocs latéraux, d'une longueur inférieure à la exemple), il est bien représenté par les piédroits des
profondeur du contrefort, qui s'enfoncent dans le mur et ouvertures17 : montage alterné d'un bloc en délit plaqué
complètent les côtés du contrefort lorsque sa façade est contre la surface murale et d'un bloc horizontal
formée par un bloc unique («blocs d'ancrage»). Sur le profondément engagé dans la maçonnerie du mur ; dans
plan archéologique, cette fonction est mise en évidence l'architecture asturienne, les contreforts non restaurés de
Santa Cristina de Lena en offrent des exemples
par les vestiges des contreforts détruits : on observe à la précoces. D'une façon plus large, la formule a été
jonction de l'abside et du chœur de l'abbatiale appliquée aux parements romans dans l'appareil dit pisan ou,
d'Ambronnay, côté nord (Bugey, XVe), ou dans le plus tardif, l'opus monspeliensium™. Les contreforts
parement extérieur de la salle capitulaire de l'abbaye occidentaux de l'abside de l'abbatiale de Payerne19
cistercienne de Valcroissant (Drôme, fin Xlle), par exemple, présentent une version plus évoluée (fig. 5) : d'une part, des
des séries verticales de paires de blocs en saillie, blocs en délit, relativement minces et d'une bonne
séparées d'un espacement régulier équivalent à une hauteur hauteur, sont plaqués sur le noyau de maçonnerie, soit en
d'assise. façade seulement, soit en façade et sur le côté ; d'autre

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et blocs. Le chevet de la cathédrale de Lyon, dans sa
partie romane construite dans les dernières décennies
du Xlle siècle, présente un subtil jeu de variantes qui
méritent d'être exposées24. Les puissants contreforts de
l'abside et des chapelles orientales (environ 1 ,60/1 ,70 m
de côté à la base) sont montés en blocs dont les
grandes dimensions25 ont imposé une série de variantes
de détail (fig. 6). La première apparaît dès les débuts de
la construction, avec l'utilisation de blocs étroits de
complément en façade surtout, mais aussi sur les côtés ; ces
cas sont relativement rares et ne touchent pas les
fonctions architectoniques définies plus haut. La seconde
naît de la différenciation latérale des fonctions : certains
blocs de liaison en profondeur n'occupent que
partiel ement la face latérale ; à la racine du contrefort, un bloc
court le complète qui soit bute contre le mur, soit y
pénètre, rendant ainsi la fréquence d'ancrage par assise
supérieure à la moitié du nombre total d'assises. On
trouve - 3e variante - plusieurs assises qui offrent sur
un côté un bloc de liaison dont le petit côté forme
rarement la moitié, plus souvent un tiers de la façade du
Fig. 5 - Abbatiale de Payerne (Suisse) : contrefort sud-ouest de contrefort : de l'autre côté, un bloc plus court, mais plus
l'abside (cliché N.B.). large en façade, parfois proche du carré fait office de
part, des dalles épaisses positionnées à plat pour lier liaison diagonale interne, recueillant sur et sous sa seule
l'ensemble et l'ancrer dans le mur. masse une série de joints verticaux habituellement
distribués sur et sous plusieurs blocs.
Le contrefort en assises monolithiques
Cette variante primitive est caractérisée par l'emploi 2ème assise
d'un bloc unique à chaque assise, alternativement en
butée ou en pénétration dans le mur. Ce montage est
apparemment peu fréquent puisqu'il utilise
nécessairement des blocs de dimensions importantes : leur
production, leur transport et leur mise en œuvre ont sans doute
été un obstacle à sa diffusion ; sa simplicité, aussi, qui
n'autorise ni variation, ni subtilité, ni recherche
technique, l'a peut être desservi auprès des architectes20.
Au Moyen Age, la formule est d'un usage assez rare.
Son application dans quelques édifices du Bugey, par
exemple, dans une région où l'on a produit dès
l'Antiquité des blocs de très grands modules d'un très beau
calcaire blanc et dur (type Villebois ou Seyssel21), montre
qu'elle est tributaire de la géologie locale. D. Kimpel22 la
signale à Reims, mais dans les «piliers engagés
occidentaux érigés après ceux d'Amiens et qui sont
constitués de blocs monolithes énormes, alternativement
posés devant ou encastrés dans les murs latéraux».
Dès le IXe siècle, cependant, l'architecture asturienne
offre des exemples de contreforts par empilement
d'assises monolithiques : Camara Santa d'Oviedo, Sainte- Fig. 6 - Lyon (Rhône). Cathédrale Saint-Jean, abside : 2e contrefort
Marie de Naranco près d'Oviedo, San Miguel de Lillo, depuis le sud, 2e niveau, 1e et 2e assises (relevé et dessin Gh.
etc.23. L'exemple est d'autant plus intéressant qu'il Macabéo).
s'insère dans une problématique d'histoire de l'art bien
connue, celle de l'apparition du contrefort et de la voûte Blocs à différentiel de côtés
de grande portée dans un contexte pré-roman. L'étude exhaustive des contreforts romans du chevet
> de la cathédrale de Lyon26 a révélé une particularité de
Adaptation au grand appareil montage inattendue: dans les blocs de façade, un des
La mise en œuvre d'un grand, voire très grand petits côtés est souvent plus épais que l'autre de
appareil dans les contreforts en assises spécialisées modifie quelques centimètres. Sur la totalité des blocs de façade, un
nécessairement les rapports de masse entre contrefort bon tiers est composé de parallélépipèdes rectangles

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normaux, presque la moitié présente un différentiel réponse technique à la règle rigoureuse de
allant de 10 à 60 mm, un cinquième, enfin, un différentiel non-superposition des joints verticaux30 ; mais les différentiels sont
compris entre 90 et 150 mm. Le démontage, pour souvent trop faibles pour avoir une réelle efficacité.
restauration, d'un de ces blocs a fait apparaître une taille en L'observation du contrefort en restauration de Myon
emmarchement de la face interne (fig. 7). La mise en (fig. 2) a livré la solution. On remarque en effet que l'un
œuvre est trop systématique pour être fortuite ou des blocs (partie droite de la façade du contrefort) a été
accidentelle. L'extension de la recherche sur d'autres fortement démaigri à une extrémité, sur sa face interne ;
édifices - études d'envergure ou sondages extensifs27 - a le choix de cette face permet de dissimuler l'opération,
confirmé le caractère courant de la formule. qui, effectivement, reste invisible de l'extérieur. Le
problème à résoudre était le suivant: le bloc latéral droit
Le choix des édifices répond à une diversification des était trop long pour l'emplacement auquel il était
paramètres et des situations : époque (bâtis romans, destiné ; plutôt que de le raccourcir, le tailleur de pierre a
gothiques, restaurations néomédiévales), section des préféré entamer le bloc perpendiculaire selon une
contreforts, module des blocs, qualité des pierres, démarche bien attestée dans les monuments médiévaux.
absence ou présence d'un décor (Saint-Nizier de Lyon, De la même façon, la taille en emmarchement de la face
Brou). Les contreforts d'Orcival, Issoire et Saint- interne des blocs à différentiel de côtés permet de régler
Nectaire, de section moyenne et de structure simple, exactement le logement des blocs latéraux, sans leur
présentent des différentiels compris entre 1 0 et 70 mm ; porter atteinte. Il s'agit d'une technique de réglage,
ce sont les mesures les plus fréquentes. Ceux de comme celle, positive, qui consiste, a contrario, à insérer
sections plus importantes et utilisant des blocs de plus des chandelles ou à jouer sur l'épaisseur des joints,
grands (Saint-Nizier), voire très grands modules technique bien illustrée par les contreforts de Tournus
(Ambronnay28) révèlent des séries de mesures présentés plus haut. Chandelles, blocs démaigris, blocs
beaucoup plus étendues, parmi lesquelles les 200, 300, à différentiel de côtés doivent être considérés comme
400 mm, parfois même 500 mm. A Saint-Nizier, le total des blocs de réglage.
cumulé (XVe et XIXe, soit 2 x 76 mesures) donne une
bonne image de la situation: 10% de vrais
parallélépipèdes-rectangles, 50% de différentiels compris entre 10 PERMANENCE TECHNIQUE,
et 100 mm, 20% de différentiels compris entre 110 et ÉVOLUTION ARCHITECTONIQUE
200 mm, 20% de différentiels compris entre 210 et
440 mm. Les contreforts très ornés de la façade de L'étude des contreforts révèle des mises en œuvre
Brou, de grande section aussi29, accusent les mêmes simples, qui procèdent du savoir-faire des tailleurs de
caractéristiques : l'ouvrage de sculpture n'a rien changé pierre, des appareilleurs et des maçons. Cette culture
à la mise en œuvre. technique n'est pas déterminée par l'objet construit :
Les raisons de cette disposition sont restées définissant un art de bâtir, elle transcende, dans ce
longtemps obscures. On pouvait l'interpréter comme une domaine, la chronologie stylistique31. La meilleure
preuve en est la permanence de certaines solutions de base,
par exemple, les techniques de réglage par adjonction
(chandelles) ou soustraction (blocs démaigris, blocs à
différentiel de côtés), qui apparaissent, on l'a vu, à toute
époque.
Autre exemple, le souci de liaisonner les éléments
d'architecture. Qu'il s'agisse du type en continuité de
parement ou des contreforts en assises spécialisées, on
constate une mise en œuvre très soignée dans le
mariage de leurs assises avec celles du mur. A Cluny, le mur
gouttereau sud de l'avant nef, en moyen appareil,
montre des assises triples de moellons issus du
parement mural, avec lequel ils sont régulièrement mariés
(pénétration/butée), pour constituer l'amorce d'une
assise latérale du contrefort en grand appareil (premier
type). Le même schéma de mariage croisé a été
appliqué à des contreforts du deuxième type, ceux du chevet
de l'abbatiale de Valcroissant (Drôme), qui présentent,
en outre, une particularité de montage : certains blocs de
façade (fig. 8) dessinent un emmarchement, comme s'ils
avaient été débités dans un sarcophage32 ; la triple
assise de moellons qui amorce la face latérale du contrefort,
Fig. 7 - Lyon (Rhône). Cathédrale Saint-Jean, abside : 2e contrefort régulièrement mariée avec le parement mural, pénètre
depuis le sud, 3e niveau, 1e assise : bloc à différentiel de côtés alors profondément le contrefort en s'adaptant à ce bloc.
(relevé et dessin Gh. Macabéo). Les solutions apportées au mariage des assises de hau-

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parpaing, panneresse, etc. Mais il est remarquable
qu'elle ait suscité, dans le vocabulaire des derniers
siècles du Moyen Age, une extraordinaire floraison de
termes ; les travaux d'A. Salamagne sur le nord de la
France34, par exemple, ont permis d'en jauger l'étendue
et la signification. La linguistique a montré que la
terminologie spécialisée commence à se fixer bien après sa
création verbale, lorsqu'elle déborde le cercle des
spécialistes et fait appel à l'écrit, notamment pour les
contrats ; c'est donc bien antérieurement que sont
apparues les réalités qu'elle désigne, que se sont façonnées
les distinctions formelles et pratiques qui en sont
l'origine. Elle enseigne, d'autre part, que la richesse d'un
champ lexicologique désigne l'objet concerné comme
une des réalités culturelles majeures d'une civilisation.
Analyser la forme, la fonction et les règles d'usage des
blocs dans la construction des contreforts revient à
poser les jalons d'une évolution de fond, à long terme,
d'une culture de la pierre.
Fig. 8 - Abbaye de Valcroissant (Drôme), chevet : contrefort nord- Notes
est (cliché N.R.). 1. ED. de Bruyne, 1946. Sur l'analyse des mentalités des hommes du
Moyen Age, voir la récente synthèse d'H. Martin, 1996.
teurs différentes (cf. supra: Lagrand) révèlent le même 2. Je me permets de renvoyer à N. Reveyron, 1996.
raffinement dans le liaisonnement du mur et des 3. D'une manière générale, le support possède, sur le plan
contreforts ; le mur gouttereau de la cathédrale de Die (2e architectural, une valeur emblématique, bien illustrée par cet adynaton relevé
par E.R. Curtius (1991, p. 173) dans une pièce des Carmina burana
moitié Xlle), dont les contreforts, disparus, semblent être (Schumann, n° 37), une colonne avec chapiteau en bas et base en
typologiquement proches de ceux de Saint-Jean de haut. Les travaux de D. Kimpel ont mis en évidence la fonction réfé-
Lyon, laisse voir les traces de blocs échancrés pour rentielle, attendue dans un contexte féodal, qu'assume le support dans
buter contre une assise du contrefort et pénétrer la l'architecture gothique or, la diversité des partis induit des montages
différenciés. Mais la relation esthétique-technique déborde largement
;

suivante. ce cas. Par exemple, W. Haas, 1995, pp. 1-8).


Malgré cette prégnance du savoir-faire, les 4. Il faut souligner ici l'aide irremplaçable des architectes, des tailleurs
distinctions typologiques fondamentales présentées ici sont de pierre et des maçons avec lesquels les archéologues partagent au
quotidien une riche expérience professionnelle sur les chantiers de
opératoires, parce qu'elles reposent sur deux données restauration.
stables : l'organisation du parement et l'importance 5. Dictionnaire raisonné, article contre-fort, p. 293. Sur cette question,
proportionnelle du noyau maçonné, conséquence de la voir notamment A. Prache, 1976. J. Fichten, 1961. Sur la stabilisation
première. Il en découle que seul le choix d'un appareil - par surcharge supérieure, voir J. Mesqui, 1986.
moellon, pierre de taille, dimension du module, qualité 6. Sur l'importance du rôle joué par les fondations dans la stabilité
de la pierre - suscite des contraintes susceptibles de monumentale, voir l'article d'A. Baud, 1997. Lyon, 1997.
modifier le montage de l'élément d'architecture. Or, 7. Ingénieur E T P, auteur du dictionnaire : Technologie de la pierre de
taille. Paris, 1965.
l'appareil relève d'abord de l'architecture, c'est à dire d'une 8. Le phénomène est très net dans le contrebutement de la cathédrale
visée esthétique33. Pour cette raison, on peut affirmer de Lyon. L'enveloppe de l'édifice a été implantée, avec ses contreforts,
que les deux types de contrefort correspondent à deux à l'époque romane (dernier quart du Xlle siècle). Par la suite, on l'a
conceptions architecturales différentes : le premier est voûté d'ogives. Les arcs-boutants, imposés par le changement de
intégré au mur, avec lequel il ne forme qu'un seul bâti ; parti, ont été montés sur la souche des contreforts. Ils sont presque
tous sensiblement désaxés par rapport aux contreforts, parce que
le second, tout au contraire, procède d'une vision l'implantation de ces derniers ne répondait pas aux normes plus
monumentale de l'architecture, qui lui confère son autonomie exigeantes du contrebutement d'ogives.
structurelle et formelle. 9. Il existe des organes de contrebutement en moellons, construits
pour soutenir un mur qui déverse. C'est son poids qui joue le rôle
Dans un contexte de permanence des savoir-faire essentiel on ne peut parler de contrefort.
fondamentaux, la création architecturale induit donc une
;

10. La photographie de la fig. 2 a été prise en octobre 1993, sur le


évolution de la pratique quotidienne. La spécialisation chantier de restauration de l'église romane de Saint-Myon, village situé
des blocs, dans le second type de contrefort, signe très à quelques kilomètres au nord de Riom (Puy-de-Dôme). L'édifice, mal
fondé, s'est ouvert au cours de siècles ; on a contrebuté les murs
clairement un changement qui, d'ailleurs s'inscrit, sur le gouttereaux à une époque tardive, avec des contreforts trop grêles. La
long terme, dans la culture architecturale du Moyen Age, restauration a consisté, notamment, à rétablir des contreforts plus
depuis la redécouverte de Yopus quadratum à l'aube de puissants, montés selon la méthode décrite plus haut ; on remarque
l'art roman jusqu'à la gestion sophistiquée des pierres d'abord que l'assise à mettre en place a été préalablement montée au
sol pour vérifications et corrections éventuelles. Je remercie B. Sauget
dans l'architecture romane tardive. Cette spécialisation de son invitation sur le chantier de restauration.
des blocs, pierre de touche si l'on ose dire, de l'évolution 11. Ils ont été publiés par A. Baud. Voir A. Baud et G. Rollier, 1993
architecturale et, partant, architectonique, a laissé des (figures 6 et 7 p. 263).
traces dans le vocabulaire moderne: carreau, boutisse, 12. Alpes de Haute- Provence ; fin Xlle, début Xllle siècle.

217
1 3. Longueurs courantes comprises entre 0,20/0,30 m et 0,60/0,70 m, (1970), par exemple, à montré que les constructeurs provençaux, à
mais pouvant atteindre 1,00/1,20 m. Hauteurs courantes de l'époque romane, ont utilisé des éléments débités dans des
0,10/0,20 m. sarcophages, notamment des fragments de couvercles pour constituer des
14. Ces exemples n'épuisent pas le sujet. Il faudrait citer ici le cas très glacis de contreforts.
intéressant de l'église romane de Saint-Martin à Buellas (Ain). Comme 33. Les modules de pierre relèvent doublement du domaine
souvent en Dombes, l'édifice est construit en galets. L'amorce des esthétique : d'une part, dans leur rapport à l'édifice, qui définit une monu-
deux contreforts de l'abside est montée dans ce matériau, le reste, en mentalité ; d'autre part, en soi. J'ai voulu montrer cette tendance dans
belles pierres de taille. J-Fr. Reynaud (1994) a reconnu l'homogénéité mon étude de la cathédrale de Lyon (1992 - Chapitre: «Gabarits et
du bâti. recherche esthétique», p. 418 sq.), notamment dans la définition de
1 5. Pour un contrefort, le terme de profondeur - comme on dit d'une l'esthétique proto-renaissante du XI le siècle lyonnais. L'illustration la
niche, d'une baie, d'une arcade, etc. qu'elles sont profondes - est plus claire du phénomène est cette remarque écrite à la fin du XI le
plus expressif pour désigner l'épaisseur du contrefort envisagée dans siècle par Bertrand de Born, pour qui seuls les «seigneurs bastidors»
son rôle fonctionnel (il travaille perpendiculairement au mur). sont capables de construire « des portails et des tourelles de sable (...)
avec des pierres de taille» (cf. B. Phalip, 1992, p. 192).
16. R. Bechmann, 1991, p. 159. 34. Voir, par exemple, A. Salamagne, 1 992.
17. De fait, pour les ouvertures (portes et fenêtres), la formule a été
employée jusqu'à l'abandon de la pierre dans la construction. Bibliographie
18. J. Cl. Bessac J. Pécourt, 1996. BAUD A., 1997, Le rôle des fondations dans l'abbatiale de Cluny, dans
19. Seconde moitié du Xle siècle. le catalogue de l'exposition Au fil du chantier - Archéologie de la
construction au Moyen Age. Bibliothèque Municipale de Lyon. Avril-
20. On en rencontre des exemples remarquables dans l'architecture juillet 1997. Lyon.
néo-médiévale du XIXe siècle, où il se charge d'une signification BAUD A. et ROLLER G., 1993, Abbaye de Cluny: campagne
marquée de puissance architectonique. On peut citer, dans la région, le archéologique 1991-1992, Bulletin monumental, 151-111, pp. 453-458.
cas exemplaire de l'église lyonnaise de Saint-Georges, due à BECHMANN R., 1991 Villard de Honnecourt. La pensée technique au
l'architecte Bossan. Le soubassement des contreforts, correspondant au Xllle siècle et sa communication. Paris, p. 1 59.

,
niveau de la crypte, est monté en puissantes assises monolithiques BESSAC J. CL. et PÉCOURT J., 1996, Remarques sur les techniques
qui lui confèrent esthétiquement le rôle de socle massif, en contraste de construction de second art roman à propos de Saint-And ré-de-
avec le montage savant et gracieux des segments supérieurs. Souvignargues (Gard). Archéologie du midi médiéval. 13, pp. 91-
21. Sur la géologie monumentale de la région, voir cf. H. Savay- 122.
Guerraz, 1 985. BRUYNE ED. de, 1946, Etudes d'esthétique médiévale. 3 vol.
22. D. Kimpel, 1977, p. 206. CURTIUS E.R. , 1991 La littérature européenne et le Moyen Age latin.
23. La bibliographie sur le sujet est très abondante. L'étude la plus Press Pocket.

,
récente est celle de S. Noack-Haley et A. Arbeiter, 1 994. FICHTEN J., 1961, The construction of gothics cathedrals. A study of
24. Cf. Gh. Macabéo et N. Reveyron, 1989-1991. medieval vault erection. Chicago-Londres.
HAAS W., 1995, Der Steichnitt der Pfeiler des Domes in Sienna.
25. Hauteurs d'assise comprises couramment entre 0,50 et 0,60 m et Architectura, 25, pp. 1 -8.
longueurs courantes comprises entre 0,80 et 1 ,20 m (certains blocs KIMPEL D., 1977, Le développement de la taille en série dans
dépassent 2,50 m). l'architecture médiévale et son rôle dans l'histoire économique, Bulletin
26. Abside et chevet des chapelles latérales du chœur: soit environ monumental, T. 135-111, pp. 195-222.
1 8 m et 29 assises. LASSALLE V., 1970, L'influence antique dans l'art roman provençal,
27. Sondages extensifs : assises inférieures des contreforts du Paris.
réfectoire de l'abbaye de Silvacane (XlVe) ; assises inférieures des pilastres MACABEO G. et REVEYRON N., 1989-1991, Cathédrale Saint-Jean
de la nef de La Celle (Var, XI le) ; assises inférieures des contreforts de de Lyon. Rapport de fouilles de l'enveloppe extérieure du chevet de
l'abbaye de Valcroissant (Diois, Xll/Xllle) ; assises inférieures des la primatiale. Dactylographié. Lyon, Conservation des Monuments
contreforts des églises d'Issoire, de Sant-Nectaire et d'Orcival ; Historiques Rhône-Alpes.
abbatiale d'Ambronnay, abside ; église de Brou, façade. MARTIN H., 1996, Mentalités médiévales Xl-XVe siècle, PUF.
28. Saint-Nizier de Lyon : façade, tour nord, face ouest, contrefort MESQUI J., 1986, Le pont en France avant le temps des ingénieurs.
nord, XVe, parties hautes, soit environ 12 m et 18 assises, section Paris.
d'environ 80/90 cm x 60/70 cm ; façade, tour sud, face ouest, NOACK-HALEY S. et ARBEITER A., 1994, Asturische Kônigsbauten
contrefort sud, XIXe, parties inférieures soit environ 1 7 m, section d'environ des 9. Jahrhunderts. Mainz am Rhein, 2 vol.
120/220 cm x 70/80 cm ; bras nord du transept, 5 contreforts, XlV-XVe, NOËL P., 1965, Technologie de la pierre de taille. Société de diffusion
parties hautes soit environ 1 5 m et 56 assises, section d'environ 80 x des techniques du bâtiment et des travaux publics. Paris.
100 cm. PHALIP B., 1992, Le château et l'habitat seigneurial en haute
Abbatiale d'Ambronnay, abside, XVe, socle et assises inférieures des Auvergne et Livradois, entre le Xle et le XVe siècle. Essai de
contreforts, très grands modules de calcaire froid, soit environ 3 m et 7 sociologie monumentale. Thèse d'histoire de l'art, sous la direction d'A.
assises, section d'environ 180/200 cm x 100 cm. Prache, Paris IV-Sorbonne.
29. Eglise de Brou, contreforts de la façade, XVIe, socle et assises PRACHE A., 1976, Les arcs-boutants au Xlle siècle, Gesta, 15, pp.
inférieures, soit environ 3 m et 7 assises, section d'environ 31-42.
160/170 cm/80/100 cm. REVEYRON N., 1996, Influence de la charpenterie sur la stéréotomie
dans l'architecture gothique tardive à Lyon, Bulletin Monumental,
Le cas de l'église romane Saint Hypolite de Loupian (Hérault) est tome 154-111, pp. 149-165.
remarquable : dans les contreforts très plats de l'abside, section REVEYRON N. , 1992, La cathédrale de Lyon et sa place dans
d'environ 20/30 cm x 70/80 cm, en continuité de parement, apparaissent l'histoire de l'art, Thèse de doctorat sous la direction d'A. Prache, Paris
quelques blocs de façade, inattendus et présentant un net différentiel IV-Sorbonne.
de côté (de 50 à 150 mm). REYNAUD J-Fr., 1994, Architecture et décor, Eglise Saint-Martin -
30. C'est un phénomène que j'ai pu observer dans une tour de Buellas, Buellas, pp. 27-38.
l'enceinte de Clansayes (Drôme, Xllle?) la grande régularité dans SALAMAGNE A., 1992, Recherches épistémologiques sur
l'épaisseur des blocs à bossage a favorisé la superposition des joints
:

l'architecture médiévale: l'exemple de la porte Notre-Dame à Douai (1454-


verticaux près des angles de la tour et le développement, des deux 1457). - Prolégomènes. 117e congrès national des Sociétés
côtés, de fissures qui intéressent un bon nombre d'assises. Savantes. Clermont-Ferrand, 2e coll. Carrières et constructions, pp.
I

31. De fait, la primauté du savoir-faire sur l'objet explique les cas d'in- 73-87.
distinction typologique, phénomène, il est vrai, caractéristique du SAVAY-GUERRAZH., 1985, Recherches sur les matériaux de
Moyen Age citons les contreforts présentés plus haut de la cour de la construction de Lyon et de Vienne antiques. Thèse de 3e cycle.
Congrégation, à Cluny ou ceux de Saint Hypolite de Loupian (note 29). Université Lyon II.
:

32. Segment de côté, visible en façade, et partie contiguë du fond, VIOLLET-LE-DUC E., 1858-1868, Dictionnaire raisonné de
engagée dans le bâti. L'hypothèse n'est pas à rejeter: V. Lassalle l'architecture française du Xle au XVIe siècle. 1 0 vol. Paris.

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