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Ecole polytechnique d’architecture et d’urbanisme

Exposé sur la pierre:


•Définition
•Les déférents types de maçonnerie en pierre
•Le comportement mécanique

Module: Matériaux et Technique


de Construction
Chargé de module: Dr, Mr DJEBRI
Introduction
La pierre est l'un des matériaux les plus anciens employés par
l'homme pour construire des murs. L'abondance des dépôts
rocheux, leur durabilité et leur résistance en ont fait, le matériau le
plus utilisé. Sa capacité à supporter de fortes charges en fait un
matériau idéal pour réaliser de grands ouvrages.

Et comme elle offre l'avantage supplémentaire d'être un matériau


inerte, son comportement mécanique est entièrement prévisible.
Étant donné que la pierre possède un caractère figuratif et
emblématique, le mur lui doit sa plus grande expressivité et sa
plus grande beauté.

Si la pierre choisie est de premier choix, sa durabilité est


pratiquement infinie. Son merveilleux aspect et sa taille artisanale
peuvent donner lieu à de multiples variétés de formes.
Origine de la pierre/définition
Formation de la pierre : les pierres sont des
fragments de roche provenant de l’écorce terrestre
 
"LA PIERRE SÈCHE« 

 Au sens strict, "la pierre sèche" (avec l'article défini) désigne le matériau
("la pierre") et son mode d'emploi ("sèche"), de la même manière que "la
pierre de taille", "la charpente en bois", "le pisé banché", etc., désignent
divers matériaux et leur mise en œuvre. On évitera donc d'employer cette
expression métonymiquement à la place des expressions aux
connotations plus étendues et plus élaborées que sont "maçonnerie à
pierres sèches", "construction à pierres sèches", "architecture de pierre
sèche", "paysage de pierre sèche".
I . LES TYPES DE MACONNERIE EN PIERRE
1. MAÇONNERIE À PIERRES SÈCHES
 
La maçonnerie à pierres sèches (ou à sec)
est la pose de moellons, de plaquettes, de
blocs, de dalles, bruts ou ébauchés, sans
recourir à un quelconque liant, pour monter
un mur, une paroi.
 La maçonnerie à sec se trouve employée
pour la confection d'une part de murs
extérieurs (de clôture, de démarcation, de
soutènement, d'épierrement, etc.), d'autre
part de murs d'habitations rurales et de
bâtiments annexes.
2. MAÇONNERIE À JOINTS VIFS
 La maçonnerie à joints vifs désigne une
maçonnerie de pierres de taille sans liant.
Les pierres, extraites de carrière, ont leurs
faces soigneusement dressées pour s'ajuster
aux pierres qui les jouxtent. Ce type de
maçonnerie est propres aux architectures
savantes.
3. MAÇONNERIE À PIERRES CRUES

L'expression "à pierres crues" (ou encore "écrues") n'est pas tout à fait
synonyme de “à pierres sèches”, cette dernière formulation mettant l'accent
sur l'absence de mortier et non sur le côté naturel, brut, non élaboré du
matériau.

“construire en pierre crue”, c'est-à-dire en pierres brutes, telles qu'elles sont


retirées du terrain défriché
4. MAÇONNERIE AVEC LIANT
 
C’est construire à l'aide d'un mortier de
terre ou "mortier d'hirondelle", invisible en
parement. Ce mortier a davantage un rôle
d'étanchéisation à l'air qu'une fonction de
liaisonnement. Il ne dispense pas de
souder entre eux les deux parements à
l'aide de boutisses traversantes
II. Le comportement mécanique

La rigidité de la pierre résulte de la cohésion entre les grains, elle


est communément caractérisée par la "dureté". Elle est due à la
coexistence de composants minéraux dont les dimensions ont
des échelles différentes, voire très différentes. Une première
classe de minéraux est constituée par les plus grosses fractions
(quartz, calcite, micas, etc.). Ces grosses particules de formes
très variées laissent entre elles un espace libre : c'est la porosité
à l'intérieur de laquelle se placent des particules beaucoup plus
fines (silice, colloïdes, argiles, gels, oxydes et hydroxydes, etc.)
qui assurent les liaisons entre les premières.
Lorsque la pierre est extraite de la carrière, elle subit une série de
perturbations importantes provenant essentiellement des
conditions suivantes

• la rupture de continuité dans son banc naturel en carrière ;


• la modification des conditions physiques ;
• l'impact et la mémoire des chocs et des contraintes dus aux outils
utilisés pour l'extraction ;
• les chocs, contraintes et vibrations relatifs au transport.
Par la suite, la pierre est façonnée à l'aide de techniques variées
telles que :
• sciage manuel ou mécanique ;
• taille au burin et au marteau ;
• meulage ;
• fraisage (par exemple sur des bancs à commande numérique).
Pour la pierre, le passage de la carrière à sa position sur le bâtiment
l'amène dans une situation tout à fait nouvelle pour elle et faisant
intervenir :

•les décompressions lors de l'extraction et du passage à la


surface;
•les compressions axiales (murs et piliers);
•les charges agissant en flexion (exemple des linteaux);
•les charges agissant en cisaillement (exemple des corbeaux);
•les contraintes de rotation (exemple des structures en saillies);
•les effets de traction, beaucoup plus rarement;
•les chocs de voisinage, souvent dus au public;
•l'action des variations de température et du gel;
•l'action des variations des teneurs en eau du matériau;
•l'action de la lumière (soleil ; lune ; lumière artificielle);
•le contact de l'atmosphère et des produits qu'elle contient;
•le passage à une situation d'interface biologique.
Les résultats sont les suivants :

•fissuration lors de contraintes excessives (figure 1) ;


•rupture dans le cas de flexions importantes (exemple des
gargouilles et des linteaux);
•éclatement par dilatation lors du gel;
•éclatement par dilatation "chimique" provoquée par exemple
par l'oxydation du fer (figure 2);
•action physico-chimique : gonflement de certains
phyllosilicates (argiles) par exemple;
•éclatement par précipitation;
•cristallisation ou hydratation de sels;
•création de zones de pénétration des éléments fluides et
divers produits provenant de l'extérieur;
•variation de la capillarité;
•développement de la photosynthèse autorisant la croissance
biologique
(1) Fissure d'une base de colonne (2) Eclatement de la pierre par
due à une contrainte excessive oxydation d'une pièce en fer
(Cathédrale Sainte-Croix d'Orléans forgé
La porosité est à la fois un véritable
système circulatoire mais aussi un
poumon pour la pierre. Ce poumon peut
être empoisonné par des éléments
chimiques provenant de la pollution
atmosphérique. Par ailleurs, obstruer la
porosité dans la zone superficielle en
utilisant une peinture par exemple est bien
souvent un acte fatal pour la pierre.

Cette porosité est naturelle, il faut éviter la


pénétration d'éléments nocifs (soufre, (3) Microphotographie d'une
nitrates, phosphates, sels, etc.) et il faut section polie de tuffeau
laisser son émergence libre pour que la altéré. On remarque la porosité
pierre puisse respirer. plus forte dans la zone
d'altération (couleur plus
foncée) et son décollement
Ces notions de base imposent le choix
des techniques d'entretien et de
protection ainsi que leur application
EFFETS MÉCANIQUES ET PHYSIQUES SUR LA
PIERRE

3.1.1. Action des contraintes mécaniques

Compte tenu de la constitution par association de particules, la


résistance mécanique du tuffeau n'est pas très bonne. Il est très
sensible à la flexion et à l'écrasement (voir figure 1). De même les
contraintes par dilatation ou augmentation de volume de corps
inclus pour les besoins de la construction (en particulier de
métaux) amènent souvent des ruptures (voir figure 2).
L'anisotropie due au lit de la pierre se manifeste nettement sur
les propriétés mécaniques.
1. Action de la température

Les variations de température auxquelles sont soumises les


pierres sont importantes entre l'été et l'hiver, le jour et la nuit, les
zones chauffées et l'extérieur, le nord et le sud. Dans toutes les
situations, l'effet de la dilatation thermique provoque de fortes
contraintes si la structure de l'édifice n'est pas libre de se dilater.
Le gradient de température entraîne par ailleurs des
déplacements de fines particules qui suivent les liquides par
thermophorèse
a/ effet du gel :
l'eau contenue dans la pierre gèle dans les pores. L'eau n'occupe pas tout
l'espace disponible. Toutefois, il existe une teneur en eau dite "critique" au-
delà de laquelle l'espace libre est insuffisant pour que la glace se développe
librement. C'est particulièrement le cas pour les pierres dont les pores sont
les plus fins (Mamillan [5] ). La température extérieure variant, un effet de
contrainte se développe sur le front de l'isotherme de solidification de l'eau.
Ce front d'équilibre eau/glace est très compliqué car l'eau est fortement
chargée en ions de toutes sortes. Rappelons ici que pour dégeler une
chaussée on y dépose du sel et que le résultat fait bien disparaître la phase
gelée mais abaisse considérablement la température. A l'intérieur de la
pierre, il y a une forte réserve de "frigories" et, pendant les variations de
température, une importante inhomogénéité de température à l'échelle
microscopique se développe. Il est bien connu que "la pierre gèle toujours
deux fois", en fait elle gèle même plusieurs fois. Dans une première étape, il
se crée intérieurement une réserve de froid qui, si elle est assez importante,
lors du réchauffement diurne, provoque de nouveaux gels même si la
température extérieure n'est pas assez basse. Ce processus se répète
jusqu'à épuisement du froid stocké.
b/ action de la chaleur naturelle :
la pierre est soumise à des différences de températures cycliques
qui sont associées à l'exposition géographique. Par exemple, deux
pierres orientées au nord et au sud peuvent en été présenter des
différences de température de 50°C le jour. Le principal effet des
gradients de température est de provoquer la circulation de l'eau
qui aboutit au phénomène de transpiration. L'eau ainsi éliminée
(jusqu'à 70%), une cascade de phénomènes de précipitation de
sels s'amorce lorsque les concentrations locales de saturation
sont atteintes. Le développement de cristaux de différents états
d'hydratation peut alors mettre en oeuvre de violents effets
mécaniques. La pierre est alors soumise à une desquamation ou à
une alvéolisation
c/ action des fortes températures (incendies et
foyers)
: de très nombreux édifices laissent apparaître des lésions dues à
des incendies. La pierre a subi de graves dommages. A l'échelle
microscopique, en chauffant, de nombreux minéraux perdent leur
structure par déshydratation et déshydroxylation. C'est l'exemple
typique des argiles (Caillère et al. [6]). A l'échelle macroscopique,
l'eau en s'échappant amène des contraintes qui font éclater la
pierre. Très souvent ces pierres ont des couleurs roses, rouges ou
noires dues à l'oxydation, et en particulier à celle du fer.
II.2 Illustration des déférents types de
manifestation mécaniques ( Dégradations ) des
pierres(Desquamation/alvéolisation)
Sur les parements smillés de moellons appareillés à jointsmaigres (il
s’agit en général de bâtiments anciens car on ne construit plus de cette
manière), on observe des dégradations qui affectent parfois plusieurs
centimètres d’épaisseur de la pierre. Ces dégradations se manifestent
essentiellement sur des pierres calcaires, calcaire franc ou grès calcaire.

Les dégradations les plus


fréquentes sont classées en
deux
catégories,
d’une part la desquamation
et d’autre part, la
désagrégation sableuse et
l’alvéolisation.
1. Desquamation
Des plaques dont l’épaisseur
varie de quelques millimètres à
quelques centimètres et qui sont
parallèles au parement de la
pierre se décollent. La pierre est
pulvérulente sous la plaque ;
l’analyse chimique révèle la forte
teneur en gypse et l’analyse
microbiologique montre la
présence d’une importante
colonie bactérienne.

Lorsqu’une plaque s’est détachée, une autre se forme, l’épaisseur de la


pierre étant chaque fois réduite.
On observe la desquamation sur les calcaires, tuffeaux, grès, mais aussi sur
des roches magmatiques. Sur des calcaires à grains très fins, sur des
marbres, elle est discontinue, sous la forme de pustules de quelques
millimètres ou centimètres de diamètre.
Schémas montrant le phénomène de Desquamation
2. Désagrégation sableuse et alvéolisation

Une partie de la roche devenue pulvérulente tombe en pied de mur.


Cette désagrégation peut affecter régulièrement toute o02 une zone
ou bien ne concerner que des sillons ou des alvéoles délimités par
des arêtes dures. L’analyse microbiologique révèle la présence de
colonies bactériennes moins importantes que dans les
desquamations. Ce type d’altération est souvent aggravé par le
développement de micro-lichens, mousses et champignons.

On observe en particulier la
désagrégation sableuse (et
l’alvéolisation)
sur les calcaires à grains fins,
le tuffeau en
Touraine, la molasse de la
vallée du Rhône, le grès.

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