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Université de Tizi-Ouzou/Département de Pharmacie

5eme Pharmacie/ Toxicologie


Dr. Belazougui

Fongicides
1. DEFINITION :

Les fongicides (antimycosiques, anticryptogamiques) servent à détruire les champignons et


moisissures parasites et à protéger les semences, les végétaux, les bois de charpente et de
menuiserie, les papiers et les cuirs. Leurs représentants sont très nombreux.

Les fongicides ont des applications dans de nombreux domaines : agriculture, industrie
agroalimentaire (conservateurs des aliments, désinfection du matériel), industrie du bois (en
association avec les insecticides ; dans les produits xyloprotecteurs), bâtiments (protection des
peintures et revêtements dans les constructions et habitations), industrie textile…

Certains fongicides sont utilisés également en thérapeutique humaine et vétérinaire comme


antimycosiques, fongistatique et bactéricides et même antihelminthiques ; c’est le cas des dérivés
triazoles et imidazolés.

2. ETUDES TOXICOLOGIQUES DES PRINCIPAUX HERBICIDES:


1. LES DITHIOCARBAMATES :
Contrairement aux carbamates insecticides, les carbamates usés comme fongicides sont dépourvus
d’activité anticholinestérasique significative.

Ils sont connus sous le nom de : Cuprobame, Thirame, Ferbame, Zinèbe, Zirame, Manèbe…
Ils représentent la classe d’anticryptogamiques la plus employée actuellement en raison de son
efficacité, de sa polyvalence, de sa faible rémanence et de sa faible toxicité.
Ils sont souvent présentés sous forme de sels métalliques non hydrosolubles.
L’exposition de la population générale, extrêmement faible, provient des résidus alimentaires
(épinards, salades, légumes).
En aigue, les dithiocarbamates sont modérément irritants pour la peau et les muqueuses ; certains
sont sensibilisants, à l’origine de réactions immunu-allergiques retardées (eczéma).
Lors d’expositio chroniques, les éthylènes bis dithiocarbamates (Manebe, Zinebe) se transforment en
ethylène thiourée qui est goitrogène, teratogène, mutagène et cancérigène.
La plupart des dithiocarbamates s’avèrent toxiques pour le nerf périphérique (symptômes
neuropsychiques : asthénie, céphalées, nervosité, rigidité extrapyramidale).
Le diméthyl thiocarbamates forme au Ph acide de l’estomac, et en présence d’excès de nitrite, le
diméthyl-nitrosamine cancérogène.

2. LES CHLOROPHENOLS (PENTACHLOROPHENOL : PCP)

Le PCP est surtout utilisé pour le traitement préventif et curatif des bois.
L’exposition de la population générale provient de l’alimentation (fruits, légumes et céréales
contaminés au contact de bois traités).

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Le PCP inhibe la phosphorylation oxydative de l’ADP en ATP au niveau de la chaîne respiratoire
mitochondriale. L’énergie des réactions d’oxydoréduction cellulaire, normalement stockée sous
forme d’ATP, d’UTP…est alors libérée sous forme de chaleur.
Le blocage étant irréversible, l’hyperthermie dépasse rapidement les mécanismes de régulation
physiologique et conduit à des lésions tissulaires diffuses (foie, rein, myocarde, cerveau, alvéoles)
aggravées par l’action cytotoxique directe du PCP.
L'exposition aiguë de l'homme cause des tressaillements, des spasmes, des tremblements, des
phénomènes de faiblesse et d'ataxie, des convulsions et des évanouissements.
Les solutions de PCP sont caustiques pour la peau et pour l’œil ; les vapeurs concentrées sont
irritantes pour les voies respiratoires.
La plupart des manifestations liées à l’exposition chronique serait en rapport avec les contaminants
du produit technique (Ex : dioxines)
Une dose de 30 mg/Kg par voie orale est potentiellement létale chez l’homme ;
Le PCP reste suspect et figure avec l’ensemble des chlorophénols dans le groupe 2B du CIRC
(cancérogène possible pour l’homme).

3. SULFATE DE CUIVRE :
Le sulfate de cuivre entre dans la composition de la « bouillie bordelaise », employée pour le
traitement de la vigne et de certains arbres fruitiers.
L’ingestion suicidaire massive provoque une intoxication sévère se traduisant par un syndrome
digestif majeur (vomissements et diarrhées de couleur verte), une cytolyse hépatique, une hémolyse
et une rhabdomyolyse, une insuffisance rénale aiguë oligo-anurique.
Le sulfate de cuivre est irritant pour la peau, les yeux et les voies respiratoires, en partie en raison
des impuretés acides qu’il contient.
L’ingestion de 160mg/kg de CuSO4 est potentiellement mortelle.

Le traitement est basé sur le lavage gastrique, réanimations, l’administration d’un chélateur de
cuivre : D-pénicillamine, BAL.

4. LE SOUFRE :
Le soufre élémentaire est utilisé depuis 1843 pour le traitement de la vigne, des betteraves, des
arbres fruitiers et des rosiers contre l’oïdium, il représente le plus fort tonnage des fongicides
employés.
Plusieurs préparations commerciales à base de soufre seul ou en association avec du cuivre, des
organostanniques des dithiocarbamates ou des organophosphorés, sont disponibles sur le marché.
C’est un irritant pour les muqueuses, notament respiratoires. Le danger réside surtout dans sa
transformation en anhydride sulfureux (SO2) et hydrogène sulfuré (H2S).

5. LES ORGANOMERCURIELS
Leur utilisation pour le traitement des semences de céréales sont actuellement interdites.

6. DERIVES ORGANIQUES DE L’ETAIN :

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Les composés trisubstitués sont fongicides et acaricides employés en agriculture mais aussi dans
l’industrie textile…
Les sels de dibutyle, tributyle et triphényle étain sont fortement irritants à caustiques pour la peau,
l’œil, et les voies respiratoire. Une intoxication systémique est possible en cas de contamination
cutanée étendue et prolongée par des solutions concentrées de composés trisubstitués .
La toxicité systémique des organostranniques est essentiellement neurologique : ils provoquent une
démyélinisation et un œdème cérébral avec une nécrose de l’hyppocampe.
Ils sont également hépatotoxiques à forte dose.
Les composés triet disubstitués sont les plus toxiques.

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