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SITUATION GLOBALE DU SECTEUR

FINANCIER AGRICOLE EN HAÏTI


OPPORTUNITÉS ET PERSPECTIVES

Rapport préparé et présenté par Bénédique PAUL, PhD

Finance Inclusive Haiti


Cette publication a été produite par le Projet Finance Inclusive dans le cadre du Contrat N° AID-521-A-17-00004 à la demande de l’Agence des
États-Unis pour le Développement International. Ce document a été rendu possible grâce au soutien du Peuple Américain par l’intermédiaire
de l’Agence des États Unis pour le Développement International. Le contenu de ce document engage uniquement la responsabilité de son
auteur ou de ses auteurs et ne reflète pas nécessairement les points de vue de l’USAID ou ceux du Gouvernement des États-Unis.
SITUATION GLOBALE DU SECTEUR
FINANCIER AGRICOLE EN HAÏTI
OPPORTUNITÉS ET PERSPECTIVES

Finance Inclusive Haiti

Nom du Programme: Finance Inclusive

Numéro du contrat : AID-521-A-17-00004

Bureau de l’USAID: USAID Haiti

Maitre d’Ouvrage: DAI Global, LLC

Gestionnaire de Projet: Fanny Florimon-Reed

Date de Publication: August 07, 2019

Responsable de Projet: Jean Succar

Gestionnaire de l’activité: Fatima Albegonova

Cette étude est rendue possible grâce au support du peuple américain par le biais de l'Agence américaine pour le développement international
(USAID). Le contenu de cette étude relève de la seule responsabilité de « Dr. Bénédique Paul » et ne reflète pas nécessairement les vues de
l'USAID ou du Gouvernement des États-Unis
CONTENTS

RÉSUMÉ EXÉCUTIF ..........................................................................................................................6


CONTEXTE DE MISE EN ŒUVRE DE L’ÉTUDE ......................................................................7
2.1. OBJECTIFS VISÉS PAR L’ÉTUDE 8
2.2. RÉSULTATS ATTENDUS DE L’ÉTUDE 8
VUE D’ENSEMBLE DE L’ÉCONOMIE HAÏTIENNE ..................................................................9
3.1. ETAT DU SYSTÈME PRODUCTIF 10
3.2. QUELQUES CHIFFRES DU SECTEUR AGRICOLE 12
MÉTHODOLOGIE DE L’ÉTUDE ................................................................................................ 14
FINANCEMENT DU SECTEUR AGRICOLE ........................................................................... 15
5.1. APERÇU DES PRINCIPAUX FLUX DE FINANCEMENT DU SECTEUR AGRICOLE 15
5.1.1. Financement public national 16
5.1.2. Financement international 19
5.1.3. autofinancement 22
5.2. FINANCEMENT DE L’AGRICULTURE 24
5.2.1. financement agricole de marché 24
5.2.2. financement de quoi au juste ? 26
5.2.2. financement à quelles conditions ? 27
BESOINS DE FINANCEMENT DU SECTEUR AGRICOLE .................................................. 28
6.1. BESOINS ACTUELS 29
6.2. BESOINS FUTURS 31
STRATEGIES DE FINANCEMENT DU SECTEUR AGRICOLE ........................................... 32
7.1. STRATÉGIES ACTUELLES 32
7.2. STRATÉGIES POSSIBLES 32
CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS ........................................................................ 33
8.1. PRINCIPALES CONCLUSIONS 33
8.2. RECOMMANDATIONS 33
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................. 35

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SITUATION GLOBALE DU SECTEUR FINANCIER AGRICOLE EN HAÏTI
| i
TABLES AND FIGURES

TABLE
Tableau 1. Indice d’emploi par secteur institutionnel (base 100 au premier trimestre
2014). ................................................................................................................................................. 11
tableau 2. Insérer tableau des 25 principales exportations d’haïti ........................................ 13
tableau 3. Microfinancement du secteur agricole en haïti ...................................................... 25

FIGURE

Graphique 1. Évolution de la croissance de la richesse nationale sur les 10 dernières


années ...................................................................................................................................................9
Graphique 2. Perte de valeur de la gourde haïtienne par rapport au dollar américain
depuis 2010....................................................................................................................................... 10
Graphique 3. Dernière décote annuelle de la gourde ............................................................. 11
Graphique 4. Indicateur conjoncturel d’activité économique du secteur primaire .......... 12
Graphique 5. Indicateur conjoncturel d’activité économique de la branche agricole ..... 13
Graphique 6. Les 15 produits agricoles les plus exportés (valeur en milliers de dollars
américains) ........................................................................................................................................ 14
Graphique 7. Flux financiers publics à l’agriculture (2006-2010) en millions de htg –
valeurs réelles (base 100 en 2006) .............................................................................................. 17
Graphique 8. Flux financiers publics à l’agriculture (2010-2014) en millions de htg –
valeurs réelles (base 100 en 2006) .............................................................................................. 18
Graphique 9. Flux financiers publics et internationaux à destination de l’agriculture
(moyenne annuelle 2010-2014 en millions de us$).................................................................. 20
Graphique 10. Programmes et sous-programmes de l’etat et des donateurs à destination
de l’agriculture (2010-2014).......................................................................................................... 21
Graphique 11. Flux financiers de l’etat, des donateurs et des agriculteurs (moyenne
annuelle 2010-2014 en millions de us$). .................................................................................... 23
Graphique 12. Sources et montants de financement selon la forme organisationnelle de
l’agriculture ....................................................................................................................................... 24
Graphique 13. Besoins financiers exprimés par les agriculteurs (fréquence)..................... 29
Graphique 14. Accès aux marchés et contraintes agricoles en haïti.................................... 29

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Graphique 15. Demande et réception de crédit par les exploitations agricoles selon leur
taille .................................................................................................................................................... 30
Graphique 16. Évaluation des besoins de l’agriculture en haïti ............................................. 31

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ABRÉVIATIONS AND ACRONYMES
ABCP Association de Base de Cotisations et de Prêts
ANACAPH Association Nationale des Caisses Populaires Haïtiennes
ANIMH Association Nationale des Institutions de Microfinance Haïtienne
BID Banque Interaméricaine de Développement
BRH Banque de la République d’Haïti
CEC Coopératives d’épargne et de crédit
CNSA Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire
DAI Development Alternative Inc
HTG Haitian Gourde (Gourde Haïtienne)
ICAE Indicateur conjoncturel d’activité économique
IHSI Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique
KNFP Konsèy Nasyonal Finansman Popilè
MARNDR Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural
MCI Ministère du Commerce et de l’Industrie
OMF Organisations de microfinance
PDV Points de Service
PIB Produit Intérieur Brut
PNIA Plan National d’Investissement Agricole
PSTA Prestataires de services financiers à l’agriculture
RGA Recensement Général Agricole
SFD Société financière de développement
TDR Termes de Références
USAI Unité de Statistique Agricole et d’Informatique
USAID United States Agency for International Development
USD US Dollar (Dollar américain)

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RÉSUMÉ EXÉCUTIF
L’inclusion financière dans un pays comme Haïti représente un défi aussi bien de réduction de la pauvreté,
de réduction des inégalités de revenus et de croissance économique ; de même que le développement
financier contribue au développement économique. Pourtant, les opérateurs financiers dits formels, à
savoir les banques et les organisations de microfinance, offrent leurs services à des populations situées
plutôt au niveau des villes. Les plus pauvres, vivant généralement des milieux ruraux éloignés et peu
accessibles, ont été très peu desservis, donc exclus de pouvoir participer pleinement dans l’activité
économique nationale.

Le secteur de l’agriculture qui emploie la plus grande part de la population active se retrouve en déclin
continu quoique un peu plus modéré grâce aux financements récents injectés dans le secteur. Cette étude
vise à montrer l’état actuel du financement dans le secteur, afin de faire ressortir les défis et les
perspectives.

L’analyse des données disponibles et les échanges avec les experts du domaine financier agricole montrent
un regain d’intérêt pour le financement de l’agriculture. Mais cette nouvelle tendance est associée avec un
ciblage de bénéficiaires dont l’activité est plus ou moins structurée (approche entrepreneuriale). Dans
cette optique, non seulement les prestataires de services financiers doivent innover mais également les
bénéficiaires sont obligés d’emprunter une approche managériale qui démontre leur capacité à gérer les
risques liés tant à l’agriculture qu’au crédit lui-même. Dans cette mouvance, les innovations et les
technologies auront une place prépondérante, car l’agriculture de demain sera très probablement une
activité connectée, dans laquelle les jeunes auront une place de choix. Elle concernera la production, mais
surtout le conditionnement, la transformation et la distribution.
CONTEXTE DE MISE EN ŒUVRE DE L’ÉTUDE
La présente étude se situe dans le cadre du Projet " USAID/Finance Inclusive", implémenté par la DAI, qui
supporte l’objective d’assistance de la USAID visant à promouvoir une “Haïti économiquement stable et
durable” a pour but de faciliter l’environnement du secteur financier afin d’approfondir l’inclusion financière
pour celles ou ceux qui sont mal desservis ou non desservi et pour les micros, petites et moyennes
entreprises particulièrement dans les zones rurales et agricoles soutenues par le Gouvernement Américain
en Haïti.

En Haïti, depuis les années 2000, l’agriculture a commencé à bénéficier d’une meilleure considération
étatique. Le ministère de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (MARNDR)
a repris ses activités de vulgarisation agricole et a créé expressément une Direction d’Innovation pour
coordonner les activités de recherche et de vulgarisation, mais aussi un certain nombre de projets
financés par des bailleurs internationaux (Banque Mondiale, BID, etc.). À la suite du 12 janvier 2010, le
MARNDR s’est doté d’une politique sectorielle (la politique de développement agricole, déclinée en plan
national d’investissement agricole, PNIA1et2) qui sert de cadre pour la coopération et la canalisation des
ressources de l’Etat et des bailleurs vers le secteur de l’agriculture.

En particulier, la dynamique de production de données plus ou moins exhaustives sur le secteur de


l’agriculture, à travers le recensement général agricole (RGA/MARNDR, 2012) et les statistiques
annuelles compilées sur la production agricole nationale (par l’Unité de Statistique Agricole et
d’Informatique, USAI) participent d’une dynamique d’informations très utiles pour les interventions dans
le secteur de l’agriculture haïtienne. Ces informations viennent compléter celles habituellement produites
par d’autres institutions (comme l’IHSI, la CNSA, etc.), au profit des interventions privées, publiques et
internationales dans le secteur. Parmi les interventions importantes, il y a celles du secteur financier dans
l’agriculture. À part la part du crédit bancaire à l’agriculture, peu d’informations sont diffusées sur le
financement de l’agriculture en Haïti. Dans cette dynamique, le projet projet USAID / Finance Inclusive a
également contribué à la production d’un certain nombre de données qui complètent la dynamique
publique d’informations.

Finance Inclusive organisera en août 2019 une activité de Co-création (Hackaton) afin d'inciter le secteur
financier et les jeunes de la Fin Tech à utiliser les données générées à partir des études conduites par le
projet USAID / Finance Inclusive pour le développement de nouveaux produits, services ou points de
service (PDV) et de nouvelles solutions qui approfondiront l’inclusion financière en desservant d’autres
clients et des praticiens des prêts destinés au secteur agricole. Ce rapport a pour but de dresser le
panorama du secteur financier agricole haïtien afin d’inciter à trouver les pistes qui permettront de
développer des nouveaux produits et services financiers.

7
RAPPEL DES OBJECTIFS ET DES RÉSULTATS ATTENDUS DE
L’ÉTUDE
L’étude est réalisée dans le cadre d’un mandat à nous confié par la DAI qui implémente le projet
"USAID/Finance Inclusive" avec l’assistance de l’USAID. L’objectif du projet consiste à promouvoir une
“Haïti économiquement stable et durable”. Il a pour but de faciliter l’environnement du secteur financier
afin d’approfondir l’inclusion financière pour celles ou ceux qui sont mal desservis ou non desservi et
pour les micros, petites et moyennes entreprises particulièrement dans les zones rurales et agricoles
soutenues par le Gouvernement Américain en Haïti. Le mandat consistait à faire le panorama du secteur
financier agricole haïtien afin de trouver les pistes qui permettront de développer des nouveaux produits
et services financiers.

2.1. OBJECTIFS VISÉS PAR L’ÉTUDE


L’objectif recherché, sous la supervision du Senior Financial Inclusion Expert du projet Finance Inclusive,
était le suivant : « Présentation de la Situation globale du secteur financier agricole, opportunités et
perspectives ». De manière spécifique, le travail devait consister à:

1e) Consulter toutes les données produites par les récentes études commanditées par le projet de la
USAID susmentionnés.

2e) Consulter la présentation faite par les différentes Associations d’institution de microfinance d’Haïti
sur le secteur agricole lors du sommet de la Finance et technologie lors de l’édition 2019

3e) Rencontrer quelques acteurs clés du secteur et du financement agricole.

4e) Présenter les différentes opportunités de financement et faciliter le développement de nouveaux


produits.

2.2. RÉSULTATS ATTENDUS DE L’ÉTUDE


L’étude visait à produire « Présentation de la Situation globale du secteur financier agricole,
opportunités et perspectives ». Dans ce cadre, les livrables suivants étaient attendus :

Livrable 1 : Un rapport d’étude détaillé présentant le panorama du financement agricole en Haïti


en 2019.

Livrable 2 : Une présentation en atelier, avec en support un Powerpoint présentant les principaux
résultats de l’étude.

Le présent document fait office du livrable 1 attendu (le second étant une présentation
powerpoint issu du présent document). Les deux livrables seront utilisés comme éléments servant
au but d’alimenter les discussions et de susciter le débat au sein des différents ateliers qui se
tiendront dans l’activité de co-création (hackaton) envisagé par le projet.

8 | SITUATION GLOBALE DU SECTEUR FINANCIER AGRICOLE EN HAÏTI USAID.GOV


VUE D’ENSEMBLE DE L’ÉCONOMIE HAÏTIENNE
Avec un taux de croissance démographique d’au moins 1,5%, Haïti (avec une population estimée à
11.5 millions d’habitants en 2018) est en train de vivre une situation économique de plus en plus
chaotique. Après avoir atteint, en 2017/2018 un taux de croissance économique qui égalait le taux de
croissance démographique, pour l’exercice fiscal en cours (octobre 2018 – septembre 2019), les
prévisions initiales de croissance économique de 1,5% ont été réduites à 0,4% par la Banque Mondiale
(World Bank, 2019) qui prévoit dans le même temps une croissance économique plus élevée pour la
région. Ce qui fait dire aux économistes que le pays est en train de connaitre, en 2019, la pire année
économique du pays depuis 10 ans1. En effet, les fluctuations du taux de croissance économique sur
la période montrent une tendance baissière qui même si elle s’inverse dans le court terme (prévisions
de croissance de la Banque Mondiale à 1,6% et 1,3% pour 2020 et 2021) risque de ne pas pouvoir se
récupérer rapidement.

Graphique 1. Évolution de la croissance de la richesse nationale sur les 10 dernières années

6
5.5
Taux de croissance du PIB en %

4 4.2
2.9 2.8
2 1.2 1.5 1.2
1.5 1.6

0 0.4
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019f 2020f
-2

-4
-5.5
-6

-8

Taux de croissance du PIB

Source : IHSI/Les comptes économiques.

Avec la vaporisation des ressources du Fonds Petro Caribe (plus de 4 milliards de dollars américains
depuis l’année 2008) et l’évanouissement des promesses de relèvement économique post-séisme
(estimations à près de 10 milliards de dollars américains), en termes global, on peut dire qu’Haïti aura
connu une décennie perdue dont s’en est sortie endettée sans possibilité réelle de rembourser.

1
Riphard Serent : 0,4% de croissance prévue pour Haïti pour 2019 : la pire année économique depuis 10 ans, article
publié dans le journal Le Nouvelliste le 6 juin 2019, voir https://lenouvelliste.com/article/202796/04-de-croissance-
prevue-pour-haiti-pour-2019-la-pire-annee-economique-depuis-10-ans
9
3.1. ETAT DU SYSTÈME PRODUCTIF
Le système productif de l’économie haïtienne repose grandement sur l’agriculture qui occupe d’ailleurs la
plus grande part de la main-d’œuvre active (38,1% en 2010). Pourtant sa contribution à la richesse nationale
(mesurée très imparfaitement par le PIB) n’a cessé de décliner, pour se situer à 20% en 2018 (selon l’IHSI)
et 17,6% en 2019, selon Banque Mondiale. Dans un contexte de tensions sociopolitiques persistantes
(depuis les élections de 2015 à aujourd’hui), les investissements dans l’économie en générale et dans la
production en particulier sont modérés.

Ainsi, les dernières données disponibles montrent que l’économie haïtienne connue pour sa dominance en
informalité a un secteur productif qui ne progresse que de façon très timide. Selon les comptes
économiques établies par l’IHSI (2018), les trois principales branches d’activités productives2 que sont
respectivement : 1) l’agriculture, sylviculture, l’élevage et la pêche ; 2) les industries manufacturières et 3)
les batiments et travaux publics ont connu des taux de croissance faible de l’ordre de 1,0%, 1,1% et 2,1%
respectivement. Aussi, le secteur de la construction a été le plus dynamique de l’économie haïtienne durant
l’exercice fiscal considéré, même plus que le secteur commercial qui n’a pas crû plus que 1,1%.

Conséquence parallèle des perturbations de l’économie, la monnaie nationale a connu une décôte
incontrolable par les autorités de stabilisation monétaire. La décennie qui est en train de se terminer aura
donc connu perte moyenne des plus élevées dans l’histoire récente de la gourde. Le taux de change de la
gourde haïtienne par rapport au dollar américain a plus que doublé entre 2010 (environ 40 HTG pour
1USD) et 2019 (94 HTG pour 1 USD).

Graphique 2. Perte de valeur de la gourde haïtienne par rapport au dollar américain depuis 2010

Source : Google finance.

2
Les industries extractives ne représentent qu’une contribution peu signifiante dans la richesse nationale (0.13% en
2018).

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Graphique 3. Dernière décote annuelle de la gourde

Source : Google Finance.

Dans le même temps, les principaux employeurs non agricoles du pays ont détruits une part considérable
des emplois. Seules les entreprises publiques ont sensiblement recruté entre 2017 et 2018, et les
organisations non gouvernementales ou internationales sont les principales sources de licenciements
durant la même période.

Tableau 1. Indice d’emploi par secteur institutionnel (base 100 au premier trimestre 2014).

Source : IHSI/Unité de suivi des statistiques de l’emploi

Comme on le verra plus loin, si les emplois se réduisent, les salaires rongés par l’inflation (18,6% en
glissement annuel au mois de juin 2019) et le taux de change galopant, les revenus per capita à la baisse vu
le nombre croissant de personnes à partager un gâteau national qui n’en est plus un, les possibilités de
financement endogène de l’agriculture sont naturellement moins importantes.

11
3.2. QUELQUES CHIFFRES DU SECTEUR AGRICOLE
Dans son document de programme d’incitations à des secteurs-clés dont l’agriculture, la banque
centrale d’Haïti (la BRH) reconnait la tendance baissière du secteur agricole. Du taux de décroissance
de 0,1 % en 2010, le secteur agricole a poursuivi sa tendance avec un taux de -5,4 % en 2015. La part
de la branche d’activité « agriculture, sylviculture, élevage et pêche » représentait 24,8% du PIB d’Haïti
en 2009/2010, avec une contribution de 3,29 milliards de gourdes. En 2017/2018, elle n’a représenté
que 20.2% du PIB (soit 3,28 milliards de gourdes) d’après les estimations de l’IHSI. Durant toute la
décennie finissante, la meilleure performance de cette branche d’activités a été observée en 2012/2013
où elle a apporté 3,36 milliards de gourdes à l’économie, même si sa contribution relative n’était déjà
qu’à 22,4% du PIB.

Avec la persistance du déficit d’investissement dans ce secteur, les problèmes d’accès au financement
n’ont pas permis d’inverser cette tendance. Le programme d’incitations lui-même n’a pas abouti aux
effets escomptés. Au contraire, non seulement la production agricole nationale n’a pas sensiblement
augmenté, mais l’insécurité alimentaire s’est installée dans le pays, au point qu’en avril 2019, 2,6
millions d’Haïtiens vivant en milieu rural étaient en insécurité alimentaire aigue et près de la moitié de
la population, au niveau national, était menacée par la prévalence de l'insécurité alimentaire (modérée
et élevée). A la fin de l’exercice fiscal 2018/2019, le peu d’investissements dans le secteur de
l’agriculture est contrebalancé par les épisodes de sécheresse à répétition depuis plusieurs mois. Il en
résulte une contribution en cône du secteur primaire et de l’agriculture plus précisément, selon les
dernières statistiques rendues disponibles par la BRH (2019). Pourtant, l’activité économique globale
montre une certaine stabilité voire une reprise timide sur la période 2017-2018.

Graphique 4. Indicateur conjoncturel d’activité économique du secteur primaire

Source : BRH / Haïti en graphes

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Graphique 5. Indicateur conjoncturel d’activité économique de la branche agricole

Source : BRH / Haïti en graphes

Malgré sa maigre performance globale, les données disponibles montrent que la branche d’activité
« agriculture, sylviculture, élevage et pêche » permettent d’alimenter majoritairement les exportations
du pays. Les 20 premiers produits d’exportation d’Haïti vers le monde en 2018 étaient essentiellement
des produits agricoles et ils représentaient 99% des exportations totales (soit 1 226 milliards de
dollars, selon les données disponibles sur Trademap.org). Autrement dit l’agriculture demeure le point
fort de la balance commerciale d’Haïti, même si pour la même année (2018), les céréales étaient le 3e
produit d’importation d’Haïti (280 milliards de dollars).

Tableau 2. Insérer tableau des 25 principales exportations d’Haïti

Code Produits exportés Valeur en milliers de


produit Dollars américains
'01 Animaux vivants 852393
'02 Viandes et abats comestibles 168802
'03 Poissons et crustacés, mollusques et autres 70532
invertébrés aquatiques
'04 Lait et produits de la laiterie; œufs d'oiseaux; miel 27422
naturel; produits comestibles d'origine ...
'05 Autres produits d'origine animale, non dénommés ni 17551
compris ailleurs
'06 Plantes vivantes et produits de la floriculture 11610
'07 Légumes, plantes, racines et tubercules alimentaires 10846
'08 Fruits comestibles; écorces d'agrumes ou de melons 8997
'09 Café, thé, maté et épices 8415

13
'10 Céréales 6382
'11 Produits de la minoterie; malt; amidons et fécules; 5172
inuline; gluten de froment
'12 Graines et fruits oléagineux; graines, semences et fruits 3814
divers; plantes industrielles ou ...
'13 Gommes, résines et autres sucs et extraits végétaux 3449
'14 Matières à tresser et autres produits d'origine végétale, 3116
non dénommés ni compris ailleurs
'15 Graisses et huiles animales ou végétales; produits de 2623
leur dissociation; graisses alimentaires
'16 Préparations de viande, de poissons ou de crustacés, 2580
de mollusques ou d'autres invertébrés
'17 Sucres et sucreries 2545
'18 Cacao et ses préparations 2078
'19 Préparations à base de céréales, de farines, 1780
d'amidons, de fécules ou de lait; pâtisseries
'20 Préparations de légumes, de fruits ou d'autres parties 1605
de plantes
Source : Trademap.org (online)

A l’intérieur de la branche d’activités économiques, les principales exportations agricoles d’Haïti


proviennent de la pêche, des graines et des fruitiers.

Graphique 6. Les 15 produits agricoles les plus exportés (valeur en milliers de dollars américains)

MÉTHODOLOGIE DE L’ÉTUDE
La question de l’inclusion financière est particulièrement d’intérêt pour le secteur de l’agriculture,
peu incluse dans le marché financier en Haïti (Paul, 2016). Afin de dresser ce panorama du secteur
financier agricole haïtien, la méthodologie a été pensée et élaborée de manière à : 1) tirer une
compréhension actualisée des interventions du monde financier en faveur du secteur agricole,
en interviewant séparément différents types d’acteurs (dans l’ordre : secteur bancaire, secteur

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microfinancier, secteur de la finance alternative) ; afin de compléter 2) les informations
disponibles dans les différentes sources documentaires (papier et en ligne).

Plusieurs bases de données ont été analysées. Parmi les plus remarquables, il y a la base de
données de Trademap.org, celle de la BRH sur le marché financier bancaire, et les données du
recensement général agricole (RGA/MARNDR, 2012). Ensuite, les différents rapports sectoriels du
marché financier (banque, microfinance, ABCP) ont été analysés.

Plusieurs techniques (statistique, graphique, etc.) ont été utilisées dans l’analyse des données
collectées. L’ensemble a été complété par une analyse d’expert.

FINANCEMENT DU SECTEUR AGRICOLE


De manière générale, l’investissement dans l’économie haïtienne demeure timide mais croissant. Ce qui
témoigne une certaine prise de risque par tous les grands acteurs (l’Etat, la coopération internationale, le
secteur privé national). Les données rendues publiques par l’IHSI montrent que l’investissement global a
crû, en volume, de 2.3% en 2018, grâce notamment aux montants relativement élevés insérés dans les
Projets d’Investissement Public qui ont quasiment doublé en 2018 avec une hausse de 99%.

5.1. APERÇU DES PRINCIPAUX FLUX DE FINANCEMENT DU SECTEUR AGRICOLE


L’analyse des flux de financement vers l’agriculture est présentée dans cette section selon trois
regroupements : le financement public, le financement international et le financement privé des
agriculteurs. Sur ce dernier point, il est important de considérer d’emblée que les agriculteurs, quoique
fonctionnant sous un statut entrepreneurial non reconnu par les services concernés de l’Etat haïtien (le
Ministère du Commerce et de l’Industrie, en l’occurrence), représentent bien un secteur privé en tant que
tel.

Les financements publics vers l’agriculture sont dirigés d’abord au paiement des salaires des fonctionnaires
de l’Etat qui encadrent l’activité agricole. Ensuite, viennent le financement des programmes et projets dont
une part (dépassant rarement les 60%) arrive aux agriculteurs. Enfin, le flux financier dont les agriculteurs
ont généralement le contrôle relève de l’autofinancement des exploitations et des entreprises agricoles du
pays.

15
5.1.1. FINANCEMENT PUBLIC NATIONAL

Les financements par le trésor public des programmes et projets agricoles sont peu différenciés en termes
géographique. Les départements les plus bénéficiaires sont l’Ouest et l’Artibonite. Si effectivement, ces
départements hébergent de grands bassins de production, elles ne sont pas le lieu d’insécurité alimentaire.
Aussi, les départements du Centre, du Nord-Ouest et de la Grande-Anse sont peu financés par l’Etat
haïtien, selon les données disponibles. Bien entendu, après le passage du cyclone Mathew en 2016, les
extrémités occidentales du pays (Nord-Ouest, Sud et Grand-Anse) ont bénéficié d’une réorientation
forcée des financements publics, notamment à travers des projets financés par des bailleurs internationaux.

Le financement public de l’agriculture est passé par différentes étapes avant de se stabiliser actuellement à
travers d’une part le Bureau de Crédit Agricole (BAC) dont la perception est relativement mauvaise et
l’implémentation des projets financés par les bailleurs (exemple des projets RESEPAG, PTTA, SECAL, etc.).
Graphique 7. Flux financiers publics à l’agriculture (2006-2010) en millions de HTG – Valeurs réelles (base 100 en 2006)

Source : Direction du Trésor.

17
Graphique 8. Flux financiers publics à l’agriculture (2010-2014) en millions de HTG – Valeurs réelles (base 100 en 2006)

Source : Direction du Trésor.

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5.1.2. FINANCEMENT INTERNATIONAL

Tout d’abord, le financement international de l’agriculture haïtienne est beaucoup plus important en
termes de montant que le financement national (par le trésor public). Ce financement international est
composé de financement multilatéral et de financement bilatéral
Graphique 9. Flux financiers publics et internationaux à destination de l’agriculture (moyenne annuelle 2010-2014 en millions de US$).

Source : Direction du Trésor, MGAE (MPCE).


Graphique 10. Programmes et sous-programmes de l’Etat et des donateurs à destination de l’agriculture (2010-2014)

Source : Direction du Trésor, MDGAE (MPCE).

21
5.1.3. AUTOFINANCEMENT

Aussi importants qu’ils puissent paraitre, les financements publics et internationaux réunis ne représentent
pas un plus gros montant que l’investissement des agriculteurs eux-mêmes dans l’agriculture. De ce fait,
les dernières analyses (Giordano, 2016) montrent que le principal bailleur de l’agriculture est l’agriculteur.

Le million d’agriculteurs recensés à la veille de 2010 (RGA/MARNDR, 2012) ont apporté près de 7,5
Milliards de gourdes à l’agriculture (en autofinancement) quand le secteur bancaire n’avait apporté que
89,5 millions d gourdes.
Graphique 11. Flux financiers de l’Etat, des donateurs et des agriculteurs (moyenne annuelle 2010-2014 en millions de US$).

Source : Direction du Trésor, MGAE (MPCE).

23
5.2. FINANCEMENT DE L’AGRICULTURE
Le financement de l’agriculture par le marché financier est étroitement lié à son niveau de formalisation.
Les analyses scientifiques ont déjà montré cette corrélation. En effet, Paul (2016) a montré que plus le
mode de gestion de l’activité agricole est structurée plus elle accède au marché financier et obtient des
montants de prêts élevés. Malheureusement, le nombre d’entreprises agricoles est relativement très
faible en Haïti (RGA/MARNDR, 2012).

Graphique 12. Sources et montants de financement selon la forme organisationnelle de l’agriculture

Montants Prêts
Sources et Finance formelle Nombre EA
montant des
financements

Finance informelle

Montants Prêts
Nombre EA

Mode de
Agriculture gestion de
Agriculture familiale Agriculture Agriculture de
familiale l’activité
de subsistance entrepreneuriale firme
structurée agricole

Source : Paul, 2016.

5.2.1. FINANCEMENT AGRICOLE DE MARCHÉ

Les entités du marché financier qui contribuent directement au secteur agricole sont le secteur bancaire,
la microfinance, les associations de base de cotisations et de prêts (ABCP) et les usuriers.

Depuis longtemps, le secteur bancaire (actuellement 8 banques) a pratiquement toujours contribué à moins
de 1% du portefeuille consolidé. En 2015, la contribution était à 0,12% (91,48 millions de gourdes). En
2016, cette contribution était réduite à 0,01% (7,96 millions de gourdes). Le crédit bancaire à l’agriculture
a connu une certaine ampleur à partir du programme d’incitation mis en place par la BRH (BRH, 2017).
Ce programme d’appui au secteur agricole visait à « faciliter l’accès au crédit en faveur des entreprises
agricoles et d’élevage » (ibid.). Comme tout banquier, les banquiers centraux priorisent là aussi les
entreprises formelles dans leur démarche de financement à travers l’incitation des banques commerciales
à octroyer du crédit à l’agriculture. En effet, la circulaire 108, émise en 2016 par la BRH, a autorisé les
banques à ne pas constituer de réserves obligatoires pour les ressources en gourdes utilisées pour financer
des projets agricoles. En 2016, seul l’Unibank avait réagi positivement à ces incitations, vu le rapport annuel
du secteur bancaire.

Le principal programme de crédit agricole de l’Unibank est le Programme de Crédit Rural et Agricole,
dénommé Kredi Agrikòl, mise en place au sein de la filiale microfinancière appelée micro-crédit national
(MCN). Ce programme qui vise à permettre aux agriculteurs et entrepreneurs du milieu rural d’avoir accès
au crédit. Lancé en 2011, ce programme prétend avoir injecté plus de 2.5 milliards de gourdes dans le
financement rural et agricole, à environ 88,000 prêts à des entrepreneurs évoluant dans les secteurs :
production végétale, élevage de bétail, commercialisation de denrées agricoles, pêche, vente de matériels
et d’équipements agricoles, etc. Au 30 septembre 2017, la division Kredi Agrikòl de MCN compte 17,671
clients actifs bénéficiant de 501 Millions de gourdes de crédit dont 34.5 % des prêts sont octroyés aux
femmes.

En 2017 et 2018, la Sogebank a augmenté ses prêts à l’agriculture de 11 153 clients à 12 654 clients
respectivement, pour des prêts moyens en gourdes de 43 991 HTG à 56 801 gourdes respectivement.
Comme l’Unibank, le programme phare de crédit agricole de la Sogebank est le Kredi Agrikòl Sogesol placé
dans la filiale microfinancière SOGESOL.

Le secteur microfinancier est composé (d’après le dernier recensement) de 67 organisations réparties dans
4 réseaux (ANACAPH, Le Levier, KNFP et ANIMH). Le secteur de la microfinance, selon les données
présentées par les responsables en 2018 montre la performance de crédit agricole suivante.

Tableau 3. Microfinancement du secteur agricole en Haïti


SEPTEMBRE 2017
Décaissements totaux 5,847,714,295
# de clients servis 191,275
Taille moyenne des décaissements 30,572
Portefeuille total 1,307,068,584
Nombre de clients 35,342
Taille moyenne des prêts 36,983
Couverture géographique Tout le territoire national
Toutes les filières de production - Élevage -
Filières financées Transformation - stockage - Équipement
Taux d'intérêt min et max 1.5% à 3.5% le mois
Pertes cumulées 370,355,934
PAR agricole 9.2%
PAR autres segments 4.3%
Taux de radiations agricole 18.8%
Taux de radiations global 7.5%

Source : ANACAPH/KNFP/ANIMH, 2018.

Les ABCP (dont le nombre est récemment estimé à plus de 10 300 en 2018, avec un taux de croissance
annuel de près de 5%) représentent des structures de financement alternatif de proximité du milieu rural

SITUATION GLOBALE DU SECTEUR FINANCIER AGRICOLE EN HAÏTI


25
et périurbain. Compte tenu de leur statut autonome (les ABCP ne sont pour l’instant pas rattaché au
système financier traditionnel), elles bénéficient d’une flexibilité dans l’affectation des prêts qui ne sont
conditionnées que par la confiance entre les membres et leur capacité à rembourser. Dans l’enquête menée
au début de l’année 2019, une part significative (15%) des prêts des ABCP a servi à des activités agricoles
(cultures et élevage). Sachant que le portefeuille de prêts de ces structures était évalué à 236 021 063
Gourdes octroyées à 35 091 emprunteurs en 2017 et que ces données ont considérablement augmenté
en 2018 et 2019.

Les usuriers ne peuvent pas être étudiés facilement. Cependant, on sait que le recours des agriculteurs à
ces emprunteurs permet de résoudre certains problèmes précis, notamment lors des moments critiques
(plantation, sarclage, etc.) où les besoins de crédit ne peuvent pas attendre. C’est d’ailleurs, en plus de
l’importance des montants et le caractère confidentiel du crédit, l’urgence de ces besoins de financement
qui poussent généralement les agriculteurs à s’adresser aux usuriers. Bien entendu, ce sont majoritairement
les activités agricoles non structurées en termes de mode de gestion qui se recourraient le plus à l’usure.

5.2.2. FINANCEMENT DE QUOI AU JUSTE ?

Le financement agricole national par le marché financier s’adresse en général à des filières de production
jugées plus rentables (et dans « rentables », il y a « rente », voire les cultures de rentes que sont les
cultures à campagne agricole très courte, soit en moyenne trois mois).

Le financement bancaire de l’agriculture s’adresse essentiellement à des entreprises constituées qui


peuvent présenter des états financiers et éventuellement un plan d’affaires solides. Selon les dernières
données disponibles (2016), pour tout le secteur bancaire, seul Unibank contribuait au financement de
l’agriculture pour un équivalent de 0,83% du crédit bancaire total. Cette contribution très faible
représentait dans le détail 2,77% du portefeuille total de l’Unibank. Et les bénéficiaires de ce pourcentage
étaient répartis comme suit : Entreprises agricoles à hauteur de 2,73% et entreprises d’élevage à hauteur
de 0,04% du portefeuille de crédit de la banque. Cette distribution préférentiellement entrepreneuriale du
crédit agricole bancaire est conforme est à l’analyse faite par Paul (2016) pour qui plus l’agriculture se
professionnalise plus elle a la possibilité de s’insérer sur le marché financier national, lui-même
insuffisamment innovant en termes d’offres de produits et services financiers appropriés à l’agriculture.

Les activités agricoles visées dans le cadre du programme d’incitation mis en place par la BRH concernaient
toute la chaine de valeur du secteur agricole Cette incitation avait pour vertu annoncée : le financement
préalable d’infrastructures de production (système d’irrigation, espace de conditionnement, système de
stockage) et l’octroi de période de grâce avant remboursement. Les prêts à être effectués par les banques,
les sociétés financières de développement (SFD), les sociétés de crédit-bail, les coopératives d’épargne et
de crédit ou toute autre institution financière ayant bénéficié d’avances de la BRH concernant de manière
séparée :

• le financement de court terme (moins d’un an) ou de campagne agricole ou de production


(minimum : 500 000 HTG),

26 | SITUATION GLOBALE DU SECTEUR FINANCIER AGRICOLE EN HAÏTI USAID.GOV


• le financement de moyen terme (1 à 5 ans) ou d’activités agricoles, de mise en place
d’infrastructures de base, l’acquisition d’équipements ou de matériels agricoles

• le financement de long terme (plus de 5 ans) pour les projets agroindustriels, les zones franches
agricoles, la production sous serre, l’agriculture hydroponique, le développement de vergers ou
de cultures pérennes, la mise en place d’infrastructures sur les exploitations agricoles.

Les institutions financières participantes seraient exonérées de réserves obligatoires pour tous les prêts
accordés à ces activités. Cependant, tout compte fait, la réponse des banques commerciales à cette
incitation est limitée. On verra plus loin qu’elles choisissent les créneaux généralement réduits sur lesquels
elles investissent.

La microfinance s’oriente plus largement à des activités non-nécessairement structurées en entreprises


formalisées. Leurs produits de crédit s’adressent (jusqu’en 2018) à :

• la production,

• l’élevage,

• la transformation,

• l’équipement

• et la commercialisation.

Les produits microfinanciers s’adressent, selon les dirigeants du secteur, plus précisément à des filières
agricoles de rentes comme le riz, la banane, le café, le cacao, le haricot, les tubercules et les maraîchères.
Comme les banques, la microfinance s’adresse peu à l’élevage, probablement à cause de la longueur du
cycle de production. Pourtant l’élevage est généralement plus rémunérateur que les cultures, ces dernières
étant très sensibles aux chocs, notamment climatiques (sécheresses, tempêtes, etc.).

À part ces prestataires financiers ordinaires, il y a eu récemment la création d’une entreprise de crédit-
bail (Ayitileasing.ht) qui offre des facilités sur les équipements et le transport. Mais ces services longtemps
attendus dans le pays ne s’adressent qu’aux entreprises structurées comme telles.

5.2.2. FINANCEMENT À QUELLES CONDITIONS ?

5.2.2.1. Taux d’intérêt

Lorsque la BRH a lancé les programmes d’incitation, elle a exonéré les réserves obligatoires sur les prêts
accordés à l’agriculture entrepreneuriale, cependant elle n’a pas nécessairement pu contraindre les banques
commerciales à pratiquer des taux préférentielles adaptées à ce secteur. Dans la circulaire 113 qui précise
les modalités des incitations au financement agricole, la BRH a précisé que « le taux d’intérêt annuel des
avances de la BRH sera compris entre 1 % et 2 % à la date de leur octroi et sera maintenu pendant toute
la durée desdites avances. Les banques et les sociétés financières de développement utiliseront les avances

SITUATION GLOBALE DU SECTEUR FINANCIER AGRICOLE EN HAÏTI


27
de la BRH pour financer les activités agricoles de moyen et long terme à des taux d’intérêt ne dépassant
pas 6 % l’an. » Et pour les prêts de court terme ou crédit campagne, le taux d’intérêt ne devrait pas
dépasser 6% l’an. Mais dans la période suivante, on observe que les crédits bancaires à l’agriculture sont
gérés essentiellement à travers leur filiale microfinancière, cas pour lequel la BRH prévoit un mécanisme
d’accroissement de taux d’intérêt (15% pour les crédits campagne).

Les rapports produits par les faitières du secteur de la microfinance indiquent que les taux d’intérêt
pratiqués varient entre 1,5 et 3,5% le mois. De ce fait, ces taux sont peu appropriés à des activités agricoles
de moyenne et longue période.

Dans le cas de l’usure, il ne s’agit pas d’un taux d’intérêt à proprement parler mais d’une majoration
forfaitaire fixée à l’avance par le prêteur (30 à 40% du prêt, selon nos observations dans la commune de
Kenscoff). Dans certains cas, cette forme d’intérêt peut prendre la forme d’un remboursement en nature
privant l’emprunteur la possibilité de spéculer sur les ventes de sa production agricole.

5.2.2.2. Remboursement

On pourrait classer les filières agricoles financées par le marché en deux catégories : les campagnes courtes
(haricot et maraîchères) et les campagnes longues (tubercules, bananes, café et cacao). Mais en réalité, les
organisations de microfinance tendent à ne pas vouloir discriminer les échéances. Aussi, les emprunteurs
doivent trouver d’autres moyens pour commencer les remboursements exigés généralement dès le
premier mois suivant le prêt.

L’accès au financement de marché suppose une certaine formalisation de l’entité emprunteuse. Dans le cas
de la banque, l’impossibilité de montrer un minimum de formalité entraine l’exclusion financière, tandis
que la microfinance offre dans certains cas des appuis ou des outils permettant aux emprunteurs de mieux
préparer leur demande. Cet accompagnement comporte des outils de comptabilité simple, des éléments
de gestion d’entreprises agricoles et des canevas de plan de production ou de plan d’affaires.

Le remboursement dans le cas du financement usuraire, surtout dans le cas de particuliers, est à versement
unique. La durée varie selon l’entente, entre une à six semaines. C’est dire que c’est encore plus
contraignant que les crédits bancaires, microfinanciers ou par les ABCP.

BESOINS DE FINANCEMENT DU SECTEUR AGRICOLE


Comme activité économique particulière, l’agriculture est généralement exigeante en capitaux. Dans la
mesure où elle est réalisée en Haïti majoritairement par des pauvres ou gens peu aisés, le recours au
financement externe est globalement nécessaire. Nous considérons ici les besoins actuels et les besoins à
venir du secteur.

Il convient de noter que compte tenu des perceptions ancrées et des comportements induits par les
pratiques d’exclusion financière des agriculteurs, les données du RGA (MARNDR, 2012) ont montré une
demande de crédit généralement faible en provenance du secteur agricole. Sur le million d’agriculteurs
recensés, le nombre de demandeurs a été estimé à 5,3%. Cette faible demande n’a été satisfaite qu’à 35%,
soit au total, seulement 1,9% de la totalité des agriculteurs recensés ont accédé à un crédit.

28 | SITUATION GLOBALE DU SECTEUR FINANCIER AGRICOLE EN HAÏTI USAID.GOV


6.1. BESOINS ACTUELS

Pour les agriculteurs interviewés dans le cadre du RGA (la plus grande base de données disponibles à ce
jour sur le secteur agricole), les besoins de financement sont essentiellement financiers (manque de
ressources financières à 74,9% et le problème d’accès au crédit à 21,9%). Ensuite, il y a les besoins à la base
de l’innovation et la productivité, à savoir l’accès à l’encadrement, à l’eau et aux intrants, sans oublier les
moyens de lutte contre les pestes. Au final, l’essentiel des besoins présentés comme non financiers aura
besoin pour leur satisfaction des moyens financiers, dans le contexte actuel de financiarisation des échanges
(y compris de la main-d’œuvre agricole devenue rare et précieuse).

Graphique 13. Besoins financiers exprimés par les agriculteurs (fréquence)

Source : MARNDR, 2012.

Les données issues du FinScope 2018 présentent une certaine actualisation de ces contraintes et font
mieux ressortir les risques climatiques et l’accès aux marchés de commercialisation des produits agricoles.

Graphique 14. Accès aux marchés et contraintes agricoles en Haïti

Source : FinScope, 2018.

SITUATION GLOBALE DU SECTEUR FINANCIER AGRICOLE EN HAÏTI


29
Contrairement à ce qui couramment véhiculé, la demande de crédit ne suit pas la tendance de la taille des
exploitations agricoles. Au contraire, la demande de crédit est très faible (inférieure à 2% quelque soit la
tranche de taille des exploitations agricoles). Elle est plus élevée pour les tailles allant de 0,5 à 1,0 carreaux.
Ce constat suscite deux curiosités : 1) les grands agriculteurs (au sens de la SAU) ne sont pas les principaux
demandeurs de crédits ; 2) un nombre important d’agriculteurs sans SAU demande du crédit. On peut se
demander si les crédits, en général de petite taille, ne soulèvent pas la désaffection des grands agriculteurs
(censés s’approvisionner sur le marché financier formel). De même, la demande de crédit ne semble pas
être dépendante du mode de faire valoir de la terre et questionne de ce fait exigences traditionnelles de
garantie liées aux demandes de crédit.

Graphique 15. Demande et réception de crédit par les exploitations agricoles selon leur taille

18000
16000
14000
12000
10000
8000
6000
4000
2000
0
Moins 0,05 - 0,1 - 0,2 - 0,3 - 0,5 - 1,0 - 2,0 - 3,0 - 4,0 - 5,0 - 10,0 et Pas de
de 0,05 0,1 0,2 0,3 0,5 1,0 2,0 3,0 4,0 5,0 10,0 plus SAU

Nombre d'EA ayant demandé un crédit Nombre d'EA ayant reçu un crédit

Source : Paul, 2016.

Dans le détail, les besoins spécifiques de l’agriculture pour lesquels il y a un besoin de financement pouvant
être couvert par le marché, il y a : les semences, les fertilisants, les équipements (outils et machinerie), le
transport, l’eau et la technologie. Dans un document de Feed The Future (FTF), intitulé « enabling the
business agriculture data snapshot: Haiti”, l’analyse graphique des besoins/faiblesses de l’agriculture montre
qu’Haïti n’offre un accès moyen qu’au niveau des équipements (on se rappellera des distributions régulières
du MARNDR). Le cadre légal, les intrants et le transport (qui conditionne en partie l’accès aux marchés)
sont des points de faiblesse importants (FTF, 2017).

30 | SITUATION GLOBALE DU SECTEUR FINANCIER AGRICOLE EN HAÏTI USAID.GOV


Graphique 16. Évaluation des besoins de l’agriculture en Haïti

Source : Feed The Future, 2017.

6.2. BESOINS FUTURS


Le futur de l’agriculture haïtienne, comme celle d’autres pays pauvres sous les tropiques sera déterminé
par les conséquences du changement climatique. Les perturbations attendues du climat auront des
conséquences tant sur la pluviométrie (problème de gestion de l’eau) que sur la fertilité (des sols et des
espèces animales/végétales) ou encore sur les maladies et les pestes (insectes ravageurs). Dès lors, il sera
demandé aux agriculteurs une grande capacité en gestion de risque. Les entrepreneurs seront invités à
développer de véritables plans de gestion des risques. Pour ce faire, des innovations et la maitrise des
technologies appropriées seront nécessaires.

Aussi, non seulement il sera exigé d’être dans une démarche entrepreneuriale plus ou moins formalisée
pour accéder au financement mais également les produits financiers devront évoluer de pair avec les
besoins émergents.

En résumé, les besoins de financement agricole porteront sur :

la gestion de l’eau

l’accès aux équipements (de plus en plus intelligents et efficients)

la lutte contre les maladies et les pestes

la gestion de fertilité/productivité (à travers des (bio-)fertilisants)

l’accès à des technologies appropriées (de plus en plus connectées)

SITUATION GLOBALE DU SECTEUR FINANCIER AGRICOLE EN HAÏTI


31
STRATEGIES DE FINANCEMENT DU SECTEUR AGRICOLE
Les stratégies de financement du secteur agricole sont appelées à évoluer, par la force du cours des choses.
Comme discuté par les experts, la marche des stratégies est/sera imposé par les changements climatiques.

7.1. STRATÉGIES ACTUELLES

Actuellement, l’offre de financement peut être qualifiée de « demand-driven ». Autrement dit, elle est peu
douée d’innovativité. Ce qui est contraire au bon sens, car les financeurs sont actuellement plus formés
que les agriculteurs. Ils devraient donc proposer des produits financiers plus innovants à l’agriculture, et
servir ainsi comme des courroies de transfert d’innovations à l’agriculture.

Les produits et services financiers offerts sont de nature traditionnelle. Ils concernent les filières d’activités
relativement courtes (ne dépassant pas un an). Lorsque le crédit s’adresse à des filières moyennement
longues, le calendrier de remboursement ne prend pas en compte celui de l’arrivée des flux financiers de
l’activité. Pourtant, il existe des opportunités d’affaires importantes dans l’arboriculture fruitière et la
chaine de valeur qui y est liée, pour citer juste un exemple.

7.2. STRATÉGIES POSSIBLES


Les stratégies de financement à venir pour l’agriculture vont suivre la transformation entrepreneuriale des
activités. Il sera demandé aux pratiquants de l’agriculture une maitrise plus poussée de la gestion du cycle
de vie ou de transformation, ainsi que celle de la gestion des nouveaux risques.

Les produits et services seront de plus en plus à distance, offerts à partir de technologies portatives
(embarquées sur les téléphones intelligents) et connectées à des plateformes de partages de connaissances
et de bonnes pratiques.

Les perspectives qui s’annoncent vont de pair avec une démarche de professionnalisation de l’agriculture.
Car de toute manière les chefs d’exploitation actuels, majoritairement peu éduqués, sont en train de vieillir.
Le profil d’agriculteur de demain est : plus jeune, plus éduqué, plus connecté, avec un désir de faire mieux
que les parents. Ce profil offrira des opportunités aux PSTA d’apporter des produits financiers moins
coûteux en termes de gestion de proximité. Ces entrepreneurs de demain investiront non seulement dans
la production (maitrise du cycle biologique animale ou végétale) mais surtout ils feront des affaires dans le
conditionnement (poissons par exemple), la transformation (jus de fruits, huiles végétales, pâtes
alimentaires, équipements, conseil, etc.).

Le financement par le marché sera certainement/nécessairement sélectif, et cherchera à cibler les filières
d’activités ou de production les plus rentables et les moins risquées (donc à cycle plus court). Selon les
zones agro-écologiques, l’élevage, la pêche, les céréales et les maraîchères seront priorisés par les PSTA.
Dans la partie post-récoltes, les ateliers de transformation structurés en entreprise attireront les
financements formels. Mais tout au long de la chaine, les futurs jeunes agriculteurs connectés pourront
attirer également des financeurs non conventionnels, pas nécessairement à proximité (via le crowdfunding
notamment).

32 | SITUATION GLOBALE DU SECTEUR FINANCIER AGRICOLE EN HAÏTI USAID.GOV


Les modes de financement alternatif auront une place importante. Aussi, au lieu de recourir au marché
financier traditionnel, ces agro-entrepreneurs du futur mobiliseront la finance de réseau (local ou
international), comme la finance solidaire, les blockchains, etc.

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

8.1. PRINCIPALES CONCLUSIONS


L’agriculture, le plus gros employeur de l’économie haïtienne, continue son déclin quoique à un
rythme plus modéré, grâce aux différentes interventions dans le secteur. Après les échecs des
financements publics directs, l’État s’est cantonné à financer des projets et programmes alimentés
par des bailleurs internationaux. Entre temps, le financement de marché, le plus efficace et le plus
compétitif, demeure lent à s’adapter aux besoins actuels et futurs.

Dans ce contexte, la banque centrale a mis en place un programme d’incitation à l’endroit des
banques commerciales pour les porter à financer l’agriculture. Pour l’instant, les activités financées
sont celles constituées en entreprises formelles. De ce fait, les activités agricoles informelles sont
essentiellement financées par la microfinance, les ABCP et l’usure. Cependant, les défis actuels et
à venir représentent des impulsions qui devraient inciter les prestataires de services financiers à
définir des produits spéciaux pour l’agriculture, tout en accompagnant celle-ci dans sa démarche
de professionnalisation.

8.2. RECOMMANDATIONS
À la fin de cette étude, il nous parait recommandable qu’il y ait :

1. un effort des porteurs d’activités agricoles et agro-alimentaires à emprunter la voie de la


gestion managériale pour une meilleure insertion aux marchés. Même s’il n’y a pas de loi
créant le statut d’entrepreneur agricole, il n’est guère interdit d’adopter un
fonctionnement bureaucratique formalisé dans la gestion des activités agricoles,
permettant de mieux monitorer les flux de matières et d’argent.

2. une proactivité des prestataires de services financiers à l’agriculture (PSTA) à diversifier


leur offre, avec plus d’innovations et d’accompagnement des bénéficiaires. Des capitaux
risques seront nécessaires dans le cas des entreprises naissantes. L’approche chaine de
valeur devra être adoptée par les PSTA afin de mieux rejoindre les différents nœuds
d’entreprises qui apparaitront avec leurs besoins financiers associés.

3. un effort de production institutionnelle du côté du ministère du commerce et de l’industrie


(MCI) et du côté des législateurs pour respectivement prendre des mesures incitatives et
voter une loi (avant-projet de loi déjà disponible) permettant de diversifier les statuts
juridiques dans l’activité agricole. Actuellement seules les coopératives agricoles sont

SITUATION GLOBALE DU SECTEUR FINANCIER AGRICOLE EN HAÏTI


33
spécifiquement associées à l’agriculture et ne bénéficient pratiquement d’aucun traitement
distinctif en raison du caractère stratégique de l’agriculture.

4. un investissement des jeunes de façon plus massive dans l’économie agricole, afin
d’accélérer le renouvellement de la main-d’œuvre et de la gérance dans l’agriculture, ainsi
que dans l’adoption des innovations.

5. Un monitoring de transition de la gérance dans les exploitations (changement de


générations). Pour la classe vieillissante, il y a la nécessité d’offrir un filet social (car il n’y a
aucune protection sociale pour ces travailleurs informels). Pour la classe à venir, il y a
besoin d’un modèle entrepreneurial agricole attractif.

6. L’offre d’une mécanisation (respectueuse de l’environnement, donc raisonnée), afin de


faire avec la rareté et la cherté de la main-d’œuvre agricole.

34 | SITUATION GLOBALE DU SECTEUR FINANCIER AGRICOLE EN HAÏTI USAID.GOV


BIBLIOGRAPHIE
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exhaustive et stratégique du secteur agricole/rural haïtien et des investissements publics requis pour
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