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et
Levoyagedu Horla
Guyde Maupassant
A d a p t ée n f r a n g a i fsa c i l e
p a rC a t h e r i n e
Barnoud
r. Observele bateau page 4.
Cochela bonne réponse.
Uneépave,c'est...
?. un bateauneuf. n
aprésun acc¡dent. T
b. un bateauabandonné
G. un bateauen construction. n J
GeorgesGarin:
c'estle narrateur.
Il est inspecteur Ce jour-lá, 31 décembre,je suis invité á déjeuner chez
d'une compagnie lnon ami GeorgesGarin. Pendantle repas,son domestique
d'assurances maritimes.
lui apporte une lettre de l'étranger.Georgesla lit, la met sur
la cheminéepuis il me dit :
- Cette lettre est liée á ma jeunesse...et me rappelle une
belle histoire...
>h )t >t
[.],
,,,, 5
Ce soir-lá,je prends le train pour La Rochelle oü j'arrive
le lendemain matin, 31 décembre.
|e trouve rapidement un bateau pour aller á 1'11e
de Ré,
le lean-Guiton. Ie suis impatient d'embarquer mais
j'apprends que le bateau ne part pas immédiatement ; j'ai
deux heures devant moi. Que faire ? Ie décidede visiter La
Rochelle,ville que je ne connais pas. Ie découvreque c'est
une vieille cité sérieuse,sansmonuments admirables.
L'heure du départ arrive enfin !
Je monte dans le petit bateau á vapeur qui va á 1'11e de
Ré. Il passeentre les deux tours antiques de la ville, quitte
le port et se dirige vers la droite. |e regardeau loin.
C'est un jour triste, gris et humide. I'ai froid et je suis
fatigué.
Dans le brouillard, la mer parait jaune ; elle est peu
profonde, sablonneuse,sansmouvement, sansvie. Seul le
passagedu lean-Guiton laissedesvagues.
]e parle avecle capitaine, un petit homme rond comme
son bateau. Ie cherche des informations sur le sinistre que
je vais constater.|e saisque le Marie-]osephs'estéchoué sur
les sablesde l'ile de Ré, la nuit, á caused'une tempéte.Ma
mission est de vérifier la situation de l'épave et d'imaginer
"::::;;:;,:,i,'::;,!;^'quitte
L'étatdu bateau avant le naufrage. Ie suis le représentantde
la compagnie d'assuranceset je dois penserá sesintéréts.
Le capitaine du lean-Guiton m'explique :
- Le Marie-loseph, perdu dans la tempéte, s'est échoué
sur le sable et il est impossible de le ramener au port, á
causedes marées.En effet, á marée basse,l'eau se retire trés
loin et le bateau se retrouve comme au milieu du désert du
Sahara... et la marée haute ne dure pas assezlongtemps
pour pouvoir intervenir.
le regardeautour de moi et devant moi. Entre I'océan et
le ciel, je vois une terre. Ie demande :
- C'est l'ile de Ré ?
- Oui monsieur.
- Regardez,c'estvotre bateau! dit le capitaine.
Le capitaine me montre quelque chose,en pleine mer, et
dit :
- Regardez,c'est votre bateau ! vous povrrez y aller á pied, par la plage. A deux heures
- Le Marie-loseph ? cinquante, vous arriverez á l'épave sans difficulté et les
- Oui. pieds au sec.Vous disposerezalors de deux heures pour la
visiter... pas une minute de plus car I'eau montera á
Ie suis stupéfait. Le point noir qu'il me montre est au nouveau... et vite !Quittez l'épave á quatre heures
moins á trois kilométres des cótes.
cinquante ; á sept heures et demie vous serezsur le ]ean-
Mais, capitaine, comment je vais faire pour Guiton et je vous conduirai á La Rochelle.
l'approcher ? Il est trés loin et c'est trés profond, lá-bas ! - Merci, capitaine,dis-je.
Il rit.
Puis je vais m'asseoir á I'avant du bateau. Nous
- Il est neuf heures quarante, me dit-il et nous sommes approchons de Saint-Martin, un important village de
á marée haute. Vous alIez d'abord déjeuner á l'hótel puis pécheurs.
t les pieds au sec : ici, cela signifie que l'homme ne sera pas obligé de marcher
un naufrage : abandon d'un bateauaprésun accidenten mer. I dans l'eau.
m
m assezlongtemps : ici,le temps suffisant. t l'avant : partie antérieure du bateau.
|e déjeune dans un hótel puis je vais observerla mer. Elle
baisse rapidement. Ie peux maintenant aller á pied en r. Le début de Ithistoire.Vrai ou faux ? VF
direction du point noir que j'apergois, lá-bas. a. CeorgesCarinpartde Parisle t"' janvier. NX
fe marche sur la plaine jaune. Maintenant la mer est
d'assurances.
pourunecompagnie
b. lltravaille KI
loin ; impossiblede distinguer la ligne qui séparele sablede un bateauaccidenté.
c. ll doit inspecter wn
I'océan.|'avanceseul au milieu d'un désert.Je sensl'odeur d. [ile de Réest loinde LaRochelle. Mu
de la vague,la délicieuseodeur du bord de mer.
fe marche vite ; je suis bien, je n'ai plus froid. |e regarde z. Entourela bonne réponse.
continuellement l'épave. Ie la vois bien maintenant. Elle a. Ceorgestrouveque LaRochelle est unevilleagréable -pui n'a\1
ressembleá une énorme baleine couchéesur le sable.Une ',pasdebe:auxmonuments.t,
heure plus tard, j'arrive enfin prés d'elle. b. C'estunebellejournée-\un iour gris. ,
*>(-* c. Ceorgesarrivesur l'ilede Réavantle déieuner- Iesoir.
de lépavea maréebassel-a maréehaute.
d.,ll s'approche
|e I'examine attentivement : l'avant a pénétré dans le
sableet l'arriére parait s'éleververs le ciel. Brusquement,je
lis Marie-loseph : ces deux mots blancs sur le bateau noir 3. Compléte les phrasesavec z heure,désert,tempéte, baleine.
sont comme un cri désespéré. le MarieJoseph
a. Perdudansune ......, s'échoue sur lessablesde
l'ilede Ré.
|e monte sur le bateau par le cóté le plus bas.Je marche
b. A maréebasse, lescótesressemblent á un ......
sur le pont puis je vais voir l'intérieur. Tout est obscur ; le
c. Ceorges marchependantune......pourarriverá l'épave.
sable est partout. |e commence á prendre des notes sur
d. Vuede loin,lépavefait penserá uneénorme...... couchéesurle
l'état du bateau. C'est un moment de grande solitude.I'ai
sable.
froid... j'arréte d'écrire pour écouterle bruit mystérieuxde
l'épave.|'ai I'impressionque mille petits animaux de la mer
4. Cocheles phrasesexactes.
ffil
habitent le navire et le dévorent.
Ceorges...
Surle bateau,
apercevoir : commencer á voir plus ou moins distinctement.
a. prenddesnotes. n
une plaine : terme géographiquepour désignerune surfaceplane ;ici,la plage.
ressembler á : avoir I'aspectde (une baleine). b. sesentseul. n
h$#
une baleine : trés grand animal (mammifére) qui vit dans la mer.
l'arriére : partie postérieure du bateau.
le pont : partie supérieure d'un bateau qui n'est pas couverte.
c. entend desgensparler.
d. voit desanimaux.
I
l-l
,M
ffi
1l
Brusquement,j'entends desvoix humaines prés de moi.
Qu'est-ce que c'est ? Une apparition ? |'imagine deux
i
I
noyés.. . est-cequ'ils vont me raconterleur mort !!! Vite, je
,f '
* '-*rÍ*"*s$ tnonte sur le pont.
*.**a-
,$
*ñ Je vois alors, devant le bateau,un grand monsieur avec
I
{
:*"[riÁ,,: trois jeunesfilles.C'est un Anglais avectrois misses.Quand
j'apparaissur le pont, ils ont une réaction de peur, surtout
les filles : la plus jeune s'éloigne rapidement ; les deux
¿rutresprennent le bras de leur pére. Peu aprés,I'homme
me demande :
- Vous étesle propriétaire de ce bateau ?
- Oui, monsieur, d'une certainemaniére.
- Est-ceque je peux le visiter ?
- Naturellement.
Il dit une longue phrase en anglais,mais je comprends
seulementce mot : graciou.s,
prononcé trois ou quatre fois.
Ie lui indique le meilleur endroit pour monter puis
rlous aidons les trois filles, enfin rassurées. Elles sont
charmantes... elles font penser aux perles rares et
précieusesqui naissent au fond des océans. L'ainée
\dw$ee- l
surtout, de dix-huit ans, délicate comme une fleur, et si
'11
"r'1
belle !
dangereux : qui représente un danger, qui peut étre une menace pour la vie
de quelqu'un.
I'angoisse : trés grande préoccupation avec un sentiment de peur.
un naufragé : victime d'un naufrage, d'un accident en mer.
ffi se serrer : se mettre tout prés de, contre (quelqu'un). Noussommesdoncserréslesuns contrelesautres,
l5 entourésd'eau et dansl'obscurité.
ffi
Le temps passe.Une heure ? deux heures? |e I'ignore. La
jeune Anglaisetremble contre moi. Nous ne parlons plus ;
nous sommes immobiles. La situation est grave mais je suis
heureux d'étre lá, prés de cettejolie fille.
|'ai cette sensationde bien-étre et de joie parce qu'elle
est 1á! Oui, elle, cettepetite Anglaiseinconnue. Ie me sens
merveilleusementbien prés d'elle ! |e veux faire mille folies
pour elle ! Que se passe-t-il ? L'amour sans doute... oui,
c'estbien cela !
C'estla mort certainesi desvaguesemportentl'épave.
Bientót le silence est effrayant. La plus petite des filles
commence á pleurer. Son pére veut la consoler.Ils parlent
dans leur langue ; je ne comprendspas ce qu'ils disent mais Oui, c'est la mort certaine si des vagues emportent
je vois qu'elle a toujours peur. l'épave.
Je demande á ma voisine : Les rafales sont brusquement trés fortes.Notre angoisse
- Vous avez froid, miss ? augmentede secondeen seconde.Maintenant, la mer agite
- Oui, trés froid. fortement le Marie-loseph. La jeune Anglaise tremble de
tout son corps. |'ai envie de la prendre dans mes bras.
|e veux lui donner mon manteau, elle dit non mais je le
mets sur elle. Ifair est maintenant plus vif, le bruit de I'eau Lá-bas,devant nous, á gauche,á droite, et derriére nous,
plus fort contre le navire : le vent se léve ! des pharesbrillent sur les cótes,des pharesblancs,jaunes,
rouges ; ils me font penser á des yeux énormes, á des yeux
L Anglais dit simplement :
de géants qui nous observent.
- C'est mauvaispour nous, cette...
De temps en temps,l'Anglais regardeI'heure á la lumiére
d'une allumette. Brusquementil me dit d'un ton sérieux :
trembler : étre agité de petits mouvement (á causedu froid, de la peur...). certain : sür, évident.
la joie : grande satisfaction, bonheur. emporter : ici, faire disparaitre sous I'eau.
inconnu : qu'on ne connait pas. une rafale (de vent) : coup de vent brusque et violent.
une folie : ici, acte insensé. de tout son corps (trembler) : tout son corps tremble.
effrayant : qui fait peur. un géant : dans les légendeset les contes, personnage gigantesque.
toujours : ici, indique qu'une action, un état continue ; encore. une allumette : petit báton de bois avec une extrémité rouge qu'on utilise
vif : ici, froid. pour allumer du feu, une cigarette.
- Bonne année,monsieur.
Il est minuit ! Je lui serre la main. Puis il prononce une
phrase en anglais,et sesfilles chantent God save the Queen.
Au début, j'ai envie de rire mais je ressensbientót une
grande émotion. Ce chant de naufragés est comme une
priére sublime. A la fin, je demande á ma voisine de chanter
seulepour nous faire oublier nos angoisses.Elle accepteet
sa voix claire s'élévedans la nuit.
La mer grossit. f'écoute cette belle voix et je pense aux
sirénes... Oui, cette fille de la mer, prisonniére sur ce
navire, est une siréne...
Le Marie-Josephs'incline du cóté droit et nous tombons
tous les cinq sur le pont. La jeune Anglaiseest sur moi ; je
la prends dans mes bras €t, je ne sais pas pourquoi,
j'embrasse sescheveux.Le bateau est á nouveau immobile.
- Kate ! dit le pére.
Yes,répond la jeune fille et elle fait un mouvement
pour se libérer.
A ce moment, j'aiun seul désir: tomber á l'eau avecelle.
- Ce n'est rien. Mes trois filles vont bien, dit I'Anglais.
imprudence.
Nous sommes sauvés.On nous raméne á Saint-Martin.
e3
ry
r. Vrai ou faux ? VF Donneton op¡nion...
i. Ceorges Carinentenddesvoix. TN l. Que penses-tude la rencontrede CeorgesCarin avec les
b. ll trouvedesmarinssur le pont du bateau. nn Anglais?Justifieta réponse.
c. UnefamilledAnglaisestvenuevoir l'épave. TT b. A ton avis,pourquoiCeorges
Carinracontecettehistoireá son
d. Ceorges
leurfait visiterle bateau. ln a m i?
z. Cocheler phrasesexactes.
a. LesquatreAnglaisprennentdesphotosde lépave. I Réfléchis...
b. Lamermonteet lescinqpersonnes
sontprisonniéres l. A ton avis,Ceorges
CarinaimetoujoursKate?
surle bateau. T
b. Penses-tu
quec'estun hommeheureux?
c. Ceorges
tombeamoureuxde lajeuneAnglaise. T
d. Lesvaguesemportentlépaveet sespassagers. f
e. Unebarquearriveet sauvelescinqpersonnes. f Parl€...
3. coche. (Plurieursréponsespossibles.)euel¡ sentiments !. Peut-on
étreamoureux
d'unepersonne
qubn connaitá peine?
éprouve GeorgesGarin... b. Peut-onétre amoureuxpendantdes annéesd'une personne
i. avantla rencontre
aveclesAnglais? qubn nevoitjamais?
c. As-tuvu uneépave?Quelleimpression
#
la solitudef Ie bonheurI la peur f ratristessef tu aseue?
b. quandil estprésde lajeuneAnglaise? d. Aimerais-tu
faireunvoyage
en mer?Avecqui?Oü?Pendant
com-
biendetemps?
l'admirationI lajalousief lajoie f ra tristesseI
ffi
4. Que se pasie-t-¡lá la fin ? Cochela bonne réponse.
a. CeorgesCarinva se marieravecKate. f] lmagin€...
b. ll nevajamaisrevoirlajeunefille. I lmagineunesituationextréme.Troispersonnes (á
sontbloquées
la montagne,
en mer...)
et attendentde I'aide. :tl
Jouela scéneavecdeuxautrespersonnes. 'ffi
e5
ilr*?rsffi
t . Observe.
page28.Cochela bonneréponse.
la présentation
Regarde
LeHorlaest...
l. le nom d'unpersonnage. I
b. le nomde l'auteur. n
C. le nomd'unballondirigeable.
n
l. lmagine.
Cettehistoireraconteun voyage...
r. danslesairs. x
n
'ffi
b. en montagne.
C. en mer. tr
3. Précise.
on peututiliser...
poursedéplacer,
Au xrxesiécle,
n
ffi
l. Ietrain á vapeur. I d. la bicyclette.
b. l'avionairbus. T e. le ballondirigeable.
f
C. le scooter. n f. le bateauá vapeur. n
#
jm@
34n
-k
Présentation rI
f tge du Horla
Le voyage
p u b l i éd a n sj o u r n aLl eF i g a rdou t 6 j u i l l e t 8 8 7 .
Texte
e,.F*
"=.'#,F..
Brusquement, les spectateurs se précipitent car re gaz
commence á pénétrer dans le ballon. La béteva gonfler et
va bientót s'envoler !
Les aides du capitaine Iovis vérifient la pression. Elle t
doit étre répartie de maniére égalesur tous les points : c'est
une opération délicate et de grande importance.
M. Mallet a dessiné Le Horla et a participé á sa
construction. Tout est nouveau dans ce ballon €t, en
particulier, le vernis. Cette découverte du capitaine Iovis
est inestimablepour l'aérostation.
Aujourd'hui, nous allons enfin expérimenter ce ballon
d'un nouveau type avecbonheur et succés.
Le ballon continue á grossir, lentement. un aide du Le balloncontinue
d grossir,
lentement.
capitaine Iovis découvre des petits trous qui se sont
produits pendant le transport. on les bouche avec des
morceaux de journal et de I'eau. Cette méthode préoccupe derniers détails.Nous, les voyageurs,nous allons diner au
un peu le public. Pas le capitaine : c'est une pratique restaurantde l'usine d gaz.
efficaceet habituelle. Quand nous revenons,I'aérostatse balance,énorme et
Le capitaine Iovis et son personner s'occupent des transparent.Avec les derniersrayons du soleil,il ressemble
i un fruit d'or, á une poire fantastique.
Les aides fixent la nacelle, apportent les barométres, la
gonfler : augmenter de volume gráce au gaz qui remplit le ballon. siréne,des aliments pour le voyage,les vétements et tout le
s'envoler : partir dans les airs.
un- aide : personne qui aide une autre personne dans son travail
petit matériel.
collaborateur. Tout á coup, le capitaine Jovis appelle les passagers.
un vernis : produit brillant et transparent (sorte de peinture) qu on utilise
pour protéger un meuble... Monsieur Mallet monte dans le filet aérien qui se trouve
I'aérostation : étude et construction des aérostatsou ballons dirigeablesqui entre la nacelle et l'aérostat. Lá, pendant toute la nuit, il
contiennentun gaz plus léger que I'air.
le succés': excellentrésultat.
dirigera la marche du Horla á travers le ciel.
grossir : étre plus gros.
un trog : orifice (ici, dans la toile du ballon).
boucher : fermer. I tout á coup : brusquement.
eüi
ry 1
M. Étienne Beer monte alors dans Ia nacelle, puis
M. Paul Bessandet moi.
M. Jovis,debout sur le bord de la nacelle,demande aux
damesde s'éloigner un peu. Il a peur de jeter du sable sur
leurs chapeaux.Enfin , faceau public, il dit, trés fort : < En
route ! > et il coupe les cordes.Le Horla est enfin libre !
>F Yr )t
3e 33
Des hommes nous appellent, des locomotives sifflent :
nous répondons avecla siréne.
Des lumiéres s'allument, surtout dans les villes. Nous
allons vers le nord-ouest.Une riviére apparait : c'estI'Oise.
Nous discutons pour savoir oü nous sommes. Cette ville
qui brille lá-bas, est-ce Creil ou Pontoise ? Et ce feu, cet
énorme feu sur Ia gauche, n'est-ce pas l'usine de
Montataire ?
Nous volons en réalité au-dessusde Creil. Le spectacle
est surprenant ! Sur la terre, il fait nuit mais nous, nous
avons encore de la lumiére, et il est plus de dix heures !
Maintenant nous entendons les bruits légers de la
campagne,le cri des oiseaux,des chats et des chiens. Les
chiens sentent le ballon, le voient et aboient pour donner
I'alarme. Tous les animaux paraissent effrayés par ce
monstre aérien.
De délicieusesodeurs montent vers nous : odeur de
I'herbe coupée, des fleurs et de la terre. |e respire avec
plaisir cet air Iéger et agréable. |e connais un bien-étre
profond, rln bien-étre du corps et de I'esprit. I'aime cette
sensationnouvelle de traverserI'espaceaveclégéreté.
Quand nous descendons, monsieur Mallet dit au
capitaine Iovis : < Nous descendons,jetez du sable ! >. Le
capitaineobéit aussitót.
35
La manauvre du ballon me passionne.C'est un énorme
jouet, libre et docile, qui obéit avec une surprenante
sensibilité; mais c'est aussi l'esclavedu vent que nous ne
pouvons pas contróler. Pour le faire monter, il faut jeter un
peu de sable,la moitié d'un journal ou des gouttes d'eau.
Mais l'air humide et froid, qui vient d'un bois ou d'une
riviére, peut le faire descendrede deux centsmétres.Sur les
champs cultivés,le ballon se maintient ; par contre, sur les
villes il s'éléve.
La terre dort maintenant ou, plus exactement,l'homme
dort sur la terre. Les animaux, éveillés,annoncent toujours
notre arrivée.
*>tYr
La terreestloin maintenant.
36 17
Nous ne distinguons plus la terre et sur nos tétes, des
llfft i'toilesbrillent.
f'r1 de Paris.
d. Leballonvoleau-dessus
Joviscoupelescordes.
€. Lecapitaine
La terre est sous les nuages. Nous sommes seuls
nraintenantdans l'immensité avec la lune qui ressembleá
trn ballon, en facede nous. Nous ne parlons plus, nous ne
lb$,
lf-l j
l. Vrai ou faux ?
d. Cinqpassagers partenten voyageen ballon.
tru
VF
TN
b . l l y a t r o i sh o m m e se t d e u xf e m m e sd a n sl e b a l l o n .
hommes qui ont quittéIa terre et I'ont presque oubliée.
Gráce á la lune, nous voyons maintenant trés bien les
barométres ; ils indiquent mille deux cents métres, puis
nrille trois cents,mille quatre cents,mille cinq cents.
",ffi
G. Cuyde Maupassant n'apprécie pas
beaucoupcevoyage. IN Le capitaine Iovis dit que la lune fait souvent monter les
d. Lefroidfait descendre le ballon. nn aérostats.Le voyagevers le haut va continuer.
€ . L ac h a l e ufra i t m o n t e rl e b a l l o n . ntr Nous sommes maintenant á deux mille métres. Nous
rlrontons á deux mille trois cent cinquante métres et le
r.f
*ü
4. Cochepuis justifie ta réponse.
Cettehistoireest...
r. unefiction. I
ballon s'arréteenfin. Nous faisonsentendrela siréne,mais
.=:39
les étoilesne nous répondent pas.
A présent,nous descendons.M. Mallet crie : < Jetezdu
sable! > Notre chute est rapide.Voici la terre !
Oü sommes-nous? le voyagedans le ciel a duré plus de
deux heures : il est plus de minuit et nous traversonsun
grand paIS,oü les routes sont nombreuses.Voici une ville,
une grande ville á droite, une autre á gauche,plus loin.
Mais, brusquement, au-dessousde nous, une lumiére
s'allume et s'éteint, puis elle apparait, et disparait á
nouveau.Joviss'écrie: < Regardez,c'est le reflet de la lune
dans l'eau. C'est absolument sublime ! >
En effet, le spectacleest merveilleux. Mais le ballon va
vite et nous avons á peine le temps de l'admirer.
Nous sommes maintenant plus prés de la terre, et notre
ami Beer s'écrie: < Regardez! Quelque chosecourt lá-bas,
dans ce champ. . . c'estun chien ? > Le capitainerit : < C'est
I'ombre de notre ballon. >, dit-il.
Nous allons en direction de la Belgique. Notre siréne
appelleet descris nous répondent.Nous demandons: < Oü
sommes-nous? > Mais le ballon va trés vite et les gensn'ont
pas le temps de nous répondre. Lombre du Horla court
devant nous, sur les champs,les routes et les bois. J'entends
maintenant le bruit du vent dans les arbres.
Ie demande au capitaine Jovis : ( Vous entendez le
:J,p*,,, r-{l
vent ? > Il me répond : < Non. > |'insiste.Iovis met son doigt
sur sa bouche : je me tais. |e comprends : il entend l'orage
mais il ne veut rien dire pour ne pas préoccuper ses
passagers.
Tout á coup, une ville considérable apparaitjuste devant
nous. C'est Lille, sans doute. Nous apercevons une
briqueterie. Puis deux, trois. Nous voyons les hautes
cheminéesavecleurs flammes et nous entendons desbruits
de métal.
( Oü sommes-nous? >
Une voix ironique nous répond :
< Dans un ballon.
- Oü sommes-nous? C'estBruges!
- Lille. >
Mais nous ne voyons plus la ville. Maintenant, c'est Lespaysansagitent les bras,nous crient : < Laissez-vous
Roubaix sur la droite, puis des champs bien cultivés, tomber ! > Mais nous continuons notre route.
réguliers,jaunes, gris ou bruns dans la nuit. Des nuages Jovis signale une autre ville, trés loin. Nous nous
sont nombreux derriére nous et cachentla lune. A I'Est, le approchons ; elle est magnifigüe, vue d'en haut. C'est
ciel est plus clair : un peu de bleu apparait avec des reflets Gand ?
rouges.Nous voyons mieux les petits détails de la terre : les Nous sommes trés prés maintenant : elle est entourée
trains, les riviéres,les vaches,les maisons... d'eau, traverséepar des canaux.Les cloches sonnent trois
Les coqs chantent, mais la voix des canards domine tout. heures.C'est Bruges !
Peu aprés,Paul Bessandme dit: < Regardezsur la droite,
un orage : perturbation atmosphérique avec des phénoménes électriques lá, devant vous ! C'est un fleuve, n'est-cepas ? >
(éclairs,tonnerre).
Lille : grande ville du nord de la France, prés de la frontiére belge.
une briqueterie : fabrique de briques (objets en terre rouge cuite qui servent un canard : oiseau au bec large et aux pattes palmées. Il nage trés bien.
á construire des maisons) ; dans le nord de la France.les murs des maisons un paysan : personne qui cultive la terre ; agriculteur.
sont souvent en briques. Gand : ville située en Belgique, entre Bruges et Bruxelles.
une flamme : quand on allume un feu, il y a des flammes. Ies flammes une cloche : située á I'extérieur d'une église, elle sonne pour indiquer les
dansent dans la cheminée. heures.
Roubaix : ville prés de la frontiére belge. Bruges : ville située á l'ouest de la Belgique, prés de la mer du Nord.
Devant nous, en effet, je vois un fleuve, un immense
fleuve avec des iles.
( Préparons-nouspour descendre )), dit le capitaine.
M. Bessands'écriealors : < Mais il v a des bateaux.C'est la
mer) á gauche et en face ! >
Nous avons une minute ou deux pour descendre.
Derriére nous, on entend le tonnerre. < Tirez ! >>crie
|ovis. Nous passonssur un canal. La nacelles'incline deux
fois. Elle touche des grands arbresmais celane freine pas la
marche du Horla. Nous arrivons á toute vitesse sur une
ferme. Les poules,les canardsvolent dans tous les sens.
Iovis jette le dernier demi-sacde sableet Le Horla passe - Préparez-vous
! Nousallonstoucherterre.
au-dessusdu toit de la ferme.
Enfin, nous jetons I'ancre derriére nous, dans un grand Ils se décident enfin et viennent nous libérer. Nous ne
champ. Mon Dieu ! des arbres ! < Attention aux tétes ! > pouvons pas descendrepour le mom ent. I aérostatdoit se
Nous passons au-dessus ; puis nous sentons une forte dégonfler. Nous devons attendre.
secousse.Lancre s'estfixée. Nous parlons avec les gens ; nous répondons á leurs
< Préparez-vous! Nous allons toucher terre. > La nacelle questionset nous descendonsenfin.
touche en effet le sol, vole á nouveau, tombe une nouvelle Les paysansbelges nous aident ensuite á plier notre
fois et se pose enfin. matériel et nous allons á la gare de Heyst. A huit heures
Il est trois heuresquinze du matin et I'orage est derriére vingt, nous prenons le train pour Paris.
nous. Gráce au capitaine |ovis, j'ai pu voir, depuis le ciel, le
Des paysansarrivent, mais ils ont peur de s'approcher. coucher du soleil, le lever de la lune et le retour du iour.
Tout cela en une seule nuit.
16 juillet 1887
ffi
un fleuve : grande riviére qui va jusqu'á la mer (la Seine,la Loire. . . ).
le tonnerre : bruit trés violent pendant un orage, aprés un éclair.
un toit : le toit couvre une maison ; il sert á la protéger des intempéries. se dégonfler : perdre de I'air et diminuer de volume.
ffi une ancre : objet en métal (utilisé pour les bateaux) qui sert á immobiliser plier : rabattre une chose sur elle-méme, mettre en double une ou plusieurs
tlq
ffi l;nt:*sse : un choc.un mouvement
violent.
fois. Ie plie mon pull et je le mets dans l'armoire.
Heyst : ville prés de Bruges, au bord de la mer du Nord.
*flxdsr+il I ,
#l l. ftlletsces phra¡es dans ltordre (de r á 5).
#
rr{
i. Aprésplusdedeuxheures
b. ll fait nuit,lespassagers
devoyage, lespassagers
admirentla lune.
survolent
Lille.
Donneton op¡nioh...
s; C . Leballonarriveau-dessus
d. A troisheures
d'unefermeet il seposeá terre.
du matin,lesvoyageurspassent au-dessus
de Bruges.
?. Quepenses-tu
b. Aimerais-tu
de cevoyage?
faireun voyageen ballondirigeable
? Justifieta
€. llsprennent letrainpourparis. réponse.
2. Cochela(les)réponse(s)exacte(s).
Pendant cevoyage,
le ballon... Prétise...
?. montejusqu'á 6oo métres tl 15oométres I
A l'a¡ded'une carte,cherchele voyageréaliséparLe Horla
2ooo métresf 2350métres.fl Paris+ Lille-+ Bruges.
b. survole Nicef Paris f Lyon I
LilleI Bruges
f Bruxelles.
f]
ffi
étoilesbrillent...... ?
de nous.Laluneest......
de nouset la terre
est...... b. Quel(s)moyen(s) detransportutilises-tu
pourte promener á l'ex-
lesnuages.
térieurde laville? Lequelpréféres-tu
?Justifie
ta réponse.
G. Aimerais-tu faireun voyagedansl'espace?
4. Coche.
Pendantcevoyage, d. Penses-tu qued'autres planétessonthabitées ?
qu'est-ce
que lespassagers
voient,sur la
terreet dansleciel?
á. l al u n e
b. un hópital f
C . un météore tl
d. lesétoiles f
n e. unefabrique
f. uneécole
g. la mer
h. uneferme
de briques l
T
u
r
lmagine...
lmagineune interviewdesparticipantsde cevoyageen ballon.
ffi
ffi
Tuesjournaliste
et tu poseslesquestions
auxvoyageurs.
['Épave
Page 3
1.b
2.b
3.c
4. b. xrx"siécle
pate rr
l. a. fauxb. vraic. vraid.faux
z.a.quin' apasde beauxm onum entb. s unjour gr isc.avantledéjeuner d.
á m ar ée
basse
3.a. tempéteb. désertc. heured. baleine
4.a-b
page 24
t. a. vraib. fauxc. vraid. vrai
z.b-c-e
3.a. lasolitude - latristesse - lajoie
b. l'admiration
4.b
Le voyage du Horla
page 27
1.c
2.a
l.a-d-e-f
Page38
r.a.2b.sc.rd.4e.3
2. a. un nouveautype de ballonb. le vernisc. iovisd. expérimental
3. a. vrai b. faux c. faux d. vrai e. vrai
4.b
page 46
\ a . 2 b . t c .4 d . ¡ e . S
2. a.23Sométresb. Paris- Lille- Bruges
3. dans- loin - autour- en face- sous
4.a-d-e-g-h
5.b