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Dictionnaire Des Mathematiques Algebre Analyse Geometrie
Dictionnaire Des Mathematiques Algebre Analyse Geometrie
des
Mathémati
algèbre7
analvse
geometrie
PRÉFACE
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PRÉFACE
fortiori si l’on veut accéder aux concerts ou aux compétitions. Mais, au moins a
partir d’un certain niveau, cette activité, sérieuse certes, acquiert une dimension
ludique : les mathématiques, pour qui les aime, ouvrent aussi sur tout un espace
de jeux. De sorte que la résolution d’un joli problème peut se révéler aussi dis-
trayante que, par exemple, une partie d’échecs ou de shogi (un jeu japonais proche
des échecs). Joie de chercher, joie de trouver, joie de la communion enfin avec
une beauté qui, pour abstraite qu’elle soit, n’en suscite pas moins de très réels
plaisirs : qui est capable de faire ainsi des mathématiques est dans une situation
très voisine de celle de l’alpiniste.
Au lecteur, à la lectrice, qu’il ou qu’elle soit ou non mathématicien ou mathé-
maticienne, à tout lecteur tel que le définissait Paul Valéry ~ c’est-à-dire G de
bonne foi )) autant que (( de mauvaise volonté H - de relever le détï...
Mais la mathématique est aussi et d’abord un langage et, de ce point de vue,
intéresse linguistes et lexicographes. Chaque mot ou locution reçoit une détïnition
précise et, à côté de termes spécitïquement mathématiques (morphisme, simplexe...),
d’adjectifs honorant un mathématicien (euclidien, eulérien, népérien...) ou une
mathématicienne (noethérien...), tïgurent un assez grand nombre de substantifs
(anneau, clan, corps, distribution, fibre, groupe, lacet, spectre, tribu...) ou d’ad-
jectifs (complet, conforme, séparé, simple...) empruntés à la langue courante mais
avec un sens mathématique précis, où l’aspect métaphorique est d’ailleurs parfois
présent (tïhre, noyau, treillis...). De sorte que, au-delà de son aspect faussement
ésotérique, il y a parfois une certaine poésie, voire une poésie certaine - osons
aller jusque-là ! -, dans le langage mathématique. Avec une pointe d’humour, un
grand bol d’enthousiasme et une réserve inépuisable de persévérance, chevauchons
donc (sur un paraboloïde hyperbolique, évidemment) à travers les univers mathé-
matiques pour y découvrir les corps algébriquement clos, les endomorphismes dia-
gonalisables, les espaces bornologiques, les fonctions holomorphes ou les produits
de convolution.
L’aventure mathématique, Commencée sans doute depuis qu’Adam et Ève ont
pensé qu’ils étaient deux, n’a certes pas tïni de nous passionner. Le présent volume
de la collection (( Encyclopzdia Universahs H nous rappelle ~ alors que le grand
théorème de Fermat vient enfin, après plus de trois siècles de travaux, d’être
démontré - qu’il reste bien des questions simples non résolues, par exemple celle-
ci : existe-t-il une infïnité de nombres premiers N jumeaux )), c’est-à-dire de nombres
premiers consécutifs dont la différence est deux?
L’Éditeur
INTRODUCTION
7
INTRODUCTION
F à s i i d o m Id ’ n pU ’ è a a v é n pE l l cs o r i ane
r l t e aq r f s lua m l u e ’ nt a c é b l s a os t o t
s d d e d le P o m
s e as e mL p cb d n1 aa ré il e s9 i er ee
l d s ’ ue dt f a tq ur s o p ue u m
’ r o ni c ea m g
p l p a aa r d b r b é l u om s d e c u a bo o q e r r
d l d Le ad i u e é s d l vs cc c ei t o see i mv é i
t e d de t ’ d m or a e c a m, l mu s o t a e a at mh i
q j ua u r éb l s d e d c es e L q r t ed i 1se u ’ tu o r e t 9n
c d c mo eg e à uum m r t pnt p o s â pt d oae 3t pd u1 c er e rt
d t e e s x t e
D q d
ec u c e a se e i o n u r pn l n u d o xl tC ut q q d a t e i o
1 U ’ a q n Ed l i d u i n a v e n i a ev c n oo ts s f n e y
m c D a r e i u t e l ca n i q p e tr i lq ug r s it q eu
p d ra X sé e os u I l i g t t ub X e è aj r il l ~ u c ug a vè
c Lol p es nef o a ’ t lca n u vo y eetmmo r eb m
m d l a od ’ ct nel ma oi etv m ap nq I y sa o tp su
t u p r cn r o d ote é cu e nh U sa l v e s té n eu a e
d t ’d q r é ae u a ph r s e io d i t sp tu ’ s i
c f o l d re n ’ u ’ er t o l u ca e b t n u m
B q d i a u ’ c e n ae o e dn c mp r r e ic ap i t s
l n ’ f u da ci s m va n eg Qe é a on ac u dcu r u ls la
p d rl n od oad a X s na sb u pi V i tt a aa rs I è e x b
c do a K u n d od 1 eC t a l l er 9 p ’e tl a m a 3 o em
n e a ro n a v q é ul l i o mu s sa o n nl a’ e d g sc s’ tà r
v u o l l t u é m r
C D d e mi e s uvc a l sr e tet d fi e e hui eu dno f
l ’d d d ee i m i ns v Ca s l cs e ot c e ho
s J D o ce ci u( i ’a ee v( nH i en qtu f e lt nf s ut d a n
e l d t m’ e c ao s Lo tra d l en hir e ’ st
U o t n d r n c e i ed ec t o n c v u na omt o e d cdr u pé n r
d é m a r
J V e E
COMMENT UTILISER L’INDEX
Platé en fin de volume, c’est I?ndex qui donne sa valeur proprement encyclopédique
i ce dictionnaire. C’est par lui que toute recherche ou. plus généralement, toute
consultation devraient commencer. Nous avons adopté pour sa constitution un
certain nombre de conventions qui nous sont propres. Le lecteur les trouvera
défïnies ci-après, exemples A l’appui, sous la forme d’un tableau.
l SUITES
CALCUL INFliwrÉSIMAL - c&U~ à une - RÉFÉRENCE à un article long : titre d’article
variable 7/ et numéro de page lwalisant la partie de texte
CONVEXITÉ - Fonctions convexes /46 pertinente au sein de l’article
DISTRIBUTIONS 276
FONCuONS (REPRESENTATION ET
APPROxIMATION DES) 364, 373, 385
LIMITE (N~TT~N DE) RÉFÉRENCE à un arhck court : titre de l’article
ALEMBERT THÉORÈME DE D’
* ALGEBRE THÉORÈ,~ pour des rkms d’ordre sémantique
FONDAMENTAL DE L’
9
AFFINES ESPACE a REPÈRE
A
tion affine u de A dans A est bijective si et
seulement si son application linéaire asso-
ciéefest aussi bijective. Ainsi l’application
qui à L fait correspondre ,f est un mor-
phisme du groupe affine GA(A) dans le
groupe linéaire GL(E).
4. Soit A et B deux espaces affines de
dimensions finies (dim A = q). Pour défi-
nir une application affine de A dans B, il
suffit de se donner (q + 1) points affine-
ment indépendants dans A et leurs images
dans B.
JACQUES MEYER
A A FP P F L I I
S
oit E et F deux espaces vectoriels sur
un corps commutatif K et A et B des
espaces affines attachés à E et F. On dit A E & R F S E
qu’une application u de A dans B est une
D
application linéaire affine (ou application ans la conception intuitive de
affine) si, quelle que soit la famille finie l’espace usuel, il n’y a pas d’origine
d’éléments (M;, &), pour 1 < i < k, où k privilégiée ; c’est une fois qu’une origine
est quelconque, de A X K, possédant un est choisie que cet espace devient un
barycentre G, u(G) est le barycentre des espace vectoriel. La structure d’espace
éléments (u(M,), A,) de B X K. affine formalise cette situation à partir de
On démontre les résultats suivants : la notion de translation associée à un
1 Il existe une application
. linéaire,fet vecteur d’extrémités données, défini
une seule de E dans F telle que, pour tout comme bipoint, Plus précisément, la struc-
M et tout N dans A et pour M’ = u(M) et ture affine se définit comme suit.
N’ = u(N) : Espuce @ne. Soit E un espace vectoriel
sur un corps commutatif K. Un ensemble
fG=zKzL
A est dit espace attaché à l’espace E s’il est
f s’appelle l’application linéaire associée muni d’une application de A X E dans A,
à ll. notée (M, x ) - M + _x,telle que le groupe
2. La Composée v 0 u de deux appli- additif de E opère simplement transitive-
cations affines z et v est une application ment sur A, i.e. telle que à (M, x) E A X E
affine et l’application linéaire associée 1 correspond un point N de A et un seul, tel
v 0 L est g 0 f (où f et g désignent les que N = M + x ; et à un couple quelcon-
applications linéaires associées à u et v). que de points (M, N) de A X A, que l’on
3. Les applications linéaires affines désigne sous le nom de bipoint, corres-
bijectives d’un espace affine A dans lui- pond dans E un vecteur .x (appelé opéra-
11
ALGÈBRE
teur de translation de A) et un seul, tel que barycentres des u(. Par définition, les
N = M + .Y. Ce vecteur .Y se note z (k + 1) points ui sont dits affinement
Deux bipoiz ABz CD sont dits équi- indépendant (ou forment une famille affi-
pollents si AB = CD. nement libre) si la dimension de la variété
Soit 0 un point quelconque de A. Le linéaire qu’ils engendrent est égale à k ; si
couple (A, 0) s’appelle espace affine muni cette dimension est inférieure à k, ils sont
de l’origine 0. L’application de A dans E, dits affinement liés.
définie par M - .Y = OM, est une Rep&e afine. On appelle repère affine
bijection qui permet d’identifier l’espace A d’un espace affine A attaché à un espace
muni de l’origine 0 à l’espace vectoriel E. vectoriel E de dimension /r la donnée d’un
Réciproquement, par l’application qui point 0 de A et d’une base 3 de E. Le
a tout couple de vecteurs (.Y,y) de E associe point 0 est l’origine du repère et les
le vecteur x + y, l’ensemble E devient un coordonnées d’un point M sont les com-
espace affine attaché à l’espace vectoriel E. posantes de ?%?Sur la base 3. Ainsi, si :
Le vecteur nul de E s’appelle origine
33= @J,
canonique de l’espace affine E.
Si l’espace E est de dimension finie, on pour 1 < i < rz, et si :
pose dim (A) = dim (E).
vfké tb linéuire ujïne. Un sous-
ensemble A’ CA est appelé variété linéaire
affine (ou variété linéaire) de l’espace les Coordonnées de M sont les .Y,.
affine A si, pour toute famille finie de Géomét~ie ujïne. La géométrie affine
points de A’, tout barycentre de ces points est l’étude des espaces affines et des
appartient à A’. Une condition nécessaire variétés linéaires affines ainsi que des
et suffisante pour qu’une partie non vide A’ invariants par le groupe affine.
de A soit une variété linéaire affine est que,
en prenant un point 0 quelconque dans A’, JACQUES MEYER
12
A
f e o d é x ar e q pn lm as u lo cg u p al i t o oé l p
q L t u i e e e p n s en s op f é s t l . cuo r t sea s e oru u
r l é é g e q d sd é s f u ea o e n a c a l u g àé l gc o t g d r
s o é u à c ua g qp li ti a ué en a rn l e;r a sq s b i s g i i ,
p d l rt d e na o h le l o b é g es a m el o aé cn b èn r lo
c a o l m l ne àa m o ds L t u r l u ’ ph t us i i a
i d ên m e tt da gs r ri et r l e om h u a oa s d p
n n qa p o eu t r e u m n i u é uc v a tl r ms xo e t re e ea n
d a é e dn l mt s a e s ra nl d uc’ on l os u rdaa n i i i g
e p s àr t a l ub ed d r e ie b s e é s t s r es d g li e o e t e de a ’t
c q p ê e cu o 5 tt oic u p o r de l v r ue
m Eems ci a o ( t l t uo
s I f i a a l u à tp i m sm r ue n ee au e o an s snd t n n lr t s i
q l Nn N d u oa am ee b t af vs j a p u to c i e l o r hr o t t’
é e a ft s s u ou e l e t u dnd ts e pc n N ( edi e aoC i H é s
m a a G Bn t p e d ol g ch o o e d ao l1 oé u lr e l aa9 nm - ’
v d e 1 a :éG L m n 8 i c a ra 4ta ls et l 7 v apu l jhc ’ e ra
t l o r c e p ea e o s éd ni ls n ré s t u li ms aer u e nem iê
m i ê n d m m d be d a s e é las e t t s e t pel ir , t
d a ie p u ê v al e xq t ( e pl u q u a r c r lep b v u e i de o sasl r
q 1 u ) é m e aa s a pt t . l
T a l do X u so vu u s I li n a t e X oè g ~ gc
d c p é d e r v ’ o e a c l x e o
d i q ea ’ a us b a u it o l x r ug u t i
?+
a S d 1c l mi è 8t e a, s u5 s t e0 h l,
a o d n a un pé g vn nt ga l ee e ra a ct fg i -
t l n d e l ad oc e t o ee t o é i t im o p
l à d ’ s V e a i( a 1 s Lp t vt dr . ga pu eh ei r l a cé
t m ae da l l l u i te a o g r l r g ès i i b,
f a 1a1 p t t 9du 0 ol t r L s ad uad e go a t nr r e n ru r sa
v s d aS y l e a st n ’ L s bte td e g a t seei u he dx r s r tsn n
q m l d u da l e ém i e r ’ t b ao qa ul pu ld s u l ere s l t ge i eg
p d r i o c t p l p io e r a d l m mn . e eu
L d g ’ d e r té to s omot im S uuouu q i o n pndtd
d l p ’ e dr c a é s se é e bp p l : l p’ o t oa o àP e as ac m t rs - i
q ;i p uC n e s a em a t te u é r ui rl r n er v scj oe ôp tsc i eho d
e é p Gn v q e a a ma i u nn r dol d l i mo oan eme ét d l nit n ês
l d ’l t d aé i a h Pe nq m e é H P se su pa t po . d o nq al o ur i
c n v j e u or e a o t d n tô ns u t d a gi l os p e e e n rode ten r r s ona
p t l dr o d e m oe u e s ac m s l g ss nt a qsa ac é p p he r uei o o
t e p i e e nm h q qt n é sy e u uC c as i l ae fa e p a ni lul s an p
t L t i d em r q e s as a pu s q t i sv d oe su hè ef a é .u o
a s l l n ua el o a r l s e cm n b g m eb o s é a t r
s à l e d l ’ d r ce ’ o Ae o o é r xs u n rg t i e iu n t pr u
e d a t ce n e ocs ne t m me den l d m us c ’ as o e nuo
1
ALGÈBRE
14
A
q n s p m u e o p al t o i n a n se r d d t r o s a i a’ p t t sn f i r
m d g a A u dr tn i v ao ai o ln d a nu ov t es dé ll sp ner s
e u à t s d s rl pa i u m oe an m e ea ési cg e l l f nt qsv el tn
e l d n ts e pi c e po s u sa ht s an n ts pao e t rte au onun nr l n
d l aé e l r e np d t e d a s gl e s ’Cp al( i i e p Nec( d
l r oi ep u nn s dsa g n gv i i ter r e aua m cs es ào l l er i o
l l n i d p a o t oe la tt u du lar r hi d e ala e éo d e il
n d c a s ’ i o t po u n g n u q a n e n vl r r i r u r et s le aao e q d e i t
u t n lr r e ida gé dnen m rg i eéss a o(u sà af
c C o F K d’ o s . l d ae hr o e é nsà udo gn i df ts nom r
c ( p é d ( r l) d ’ o L èt) e Ep g e rb, s l rgr r s ar u a
1 q d 8 u up é g 7 n ir ag é 2m e i é va n l, i n n v ag d é’ s
q n é u os nu ef u o Nogn o csu e ; sous
nr N r ol s oc d m n’
v vo e i al : l t nS L geo d as é t. i putn e d e É lC u e uet e s
d d e o e d’ gs n dt ’u c rp n n e a un eê oa lo gé l dn t t udcet e l
t ro s c ape u t e nsé L p r ch t spr de l m eé faa es u
d u ( g é )n q ( eé lf ) e uq so c ’i , iu tm : ol ént d e g éan tih
d p qe rr i us eo p n d Li ( sp G e v e - G i cRt r ds La eOr f e i
l a o l t p r e dr tp sq s ual al d qu g ’n ni c e ue r es
g A l gr i m a éo( n éq cour s àtu l t ompe d i gr ea h n ées e
a r p f ee Lr f d s s a ’o i e q pat l é j d n s u . d g a t e ’ e i
p i r p l ng oo a e cvr pr e rg aao art n é true e l ih o
g ( a or rp f en ec e r t f t amse s o hd i n l opt p j ée n o d.t .
t c hu l o c én aq n o o nu s m r gi t m i a
e à l f ln g a o e eg é i u sl o s c o m l b é
n e n e e t co u às c on c e n l t s i t
2 l o . e r s i
é ( Gp C RO Gf L Oq É.
A UL OS PK MS E ÉI
d l c e ’ o a
T ;l t R d l r a hI a e aa e E é l t )l o l t a r a i t
l s l ’g uc a a é à ro t o n t m s e é
p d g ad L u r q j re ou oC u o et a rn uo i u it ne pr er nn
r e d ô l ts qa l e hs L un e sd ée c ’ e as d ae on o ét t n e ns rt r
L t d K e ar é e l s la s go e dlv o l art i aaad nl e l ir n in
m e é el n n vd g ta o ai e r t d t x ld ss o r p ui r le i ue r o
i : e 1s K d n 8o q l cé d 7mK u e eK c e 7ou e D i uor e , rm ne
l g d p e r de re od eH ar A u ed s i l cmm u p é sl e i ui o e p
l d c ’ d u ei s é e e sn uq g l s t tq bu d ré a s h u s a e
t i i a g d d e t u r pe el l tr o a un sa l ha d u rn it e én e
f d po r u o ra éa lm p q g ld y pa d ru u gé è et e e
i ; b qc t i uo c e re es ea c t en da tuFh h l ; p eè t en é
n d g o i e r at és t o ii to e j a u tlo ém t ucr p ’n o
U p G te m a G a d it dê r ap l a l l em g uoo nai a s e é sr ai é ssl o
c p e a na s l sf ’ r é o l o a ut s g u de r pin e o a s ’ m pce s
g q c éé uE f e cnpn ’ n aLt neéo’ d à i ta dor qe s’ f t e ét a us oa
q b pu re l qe éla a u u l acau b C s e e enc p s e o s m ao
1
ALGÈBRE
p ld ae nl smaniement e d en o sm b r e s e n t i e r s n o m b r e s algébriques ; c s eo nd t e c so r p s
r e l a t i fes d tepolynômes
s : u a n n e a eu us t n Q ( Oo b) t e n u sd l ef aa ç os un i v a n t e: s ( ei1 s 3 t
ensemble m u nd i d ee ul xo di sc oem p o s i - u nno m b r ecomplexe r a c i n de ’ u n ée q u a -
t i oi nnt e r n e s: t i of (n . = ~ )0 d d ee g r né a ,coefficients
e n t i e r s irréductible
, s u l r c eo r p Qs d e s
n o m b r e s rationnels, o an p p e l l e Q ( O )
a p p e l é e s a d d i t i o ne multiplication
t r e s p e c - l’ensemble, q ue isu tc no r p sd , en osm b r e s
tivement, t e l l qe s ul ep r ae m i è r e s o ui tnl eo complexes i u + 0a , + 0 + u , ~ _ , @ ’ o ù
d g er o u p ea b é h e ne q t u l es eac o n d e s o i tl eu ss io nd t e n osm b r e s rationnels q u e l -
associative ( L (e x . y = ) z x ( y z :) o) i m n p o s e conques.
d p e l ul seconditions s suivantes d d ei s t r i - T o ul s ec os r pd s n oe m b r e s algébriques
b u t i v i t ée n t rl e ed es ul xo :i s s o nd t esous-corps
s d c uo r pd s en osm b r e s
complexes ; reprenant u n i ed éd eC ea u c h y
q u définissait
i l e n os m b r e s complexes
p o ux ry ,2 quelconques
, d a nl’anneau.
s 1 1c o m m ec l a s s erésiduelles
s d polynômes
e à
e scommode t d s uep p o s e r l’existence d ’ u n coefficients r é e lms o d u l o l polynôme e
é l é m e n tu n i pt éo ul rmultiplication.
a L o r s - J + ? l Kronecker , d o n n e ,e 1n 8 8 2l , e s
q u ec o, m m ed a n l s c e a d s e n os m b r e s p r e m i e r s exemples d c eo r p( sn ot r ni v i a u x )
rationnels p a e xr e m p l e , l’ensemble d e sd é f i n i abstraitement s e mno n t r a n t q u e ,
é l é m e n t sd i s t i n c t sd l’élément
e n e u t rpe o u r a v eL c notations e s ci-dessus, l c oe r pQs ( O )
l p r ae m i e r e l o( n io 0t ée ) su tg nr o u p pe o u r e sisomorphe t a c uo r pds e c lsa s s e rs é s i -
l s eac o n d el o o i d, n qi tu l ’ ae m r e a u e su t n d u e l l eds polynômes e à coefficients r a t i o n -
c o r p Is . co iconsidérera
n seulement l c e a sn e lm so d u l ol polynôme e Y ( X )V . e rl s a
o l ù multiplication
a e scommutative,
t e n m ê m éep o q u e ,Dedekind e Wt e b e fr o n t
renvoyant a l f a id nc hu a p i t r e3 l c e an so n r e n t r edr a nl st haé o r i de ec os r pl s c ae l c u l
commutatif. d econgruences
s m o d u l ou n no m b r ep r e -
m i e( mr e t t a n t a i n es i é nv i d e n c e l ep sr e -
L ta h é o r i e d e c so r p s m i e rc so r pf si n ids é, jé tàu d i é ps aG ar l o i s )
L e p rse m i e r s exemples d c eo r pns o t nr i e- d ot n n e n t u n p ree m i è r e e s q u i s s e d ’ u n e
v i a uox né ttintroduits é p al rt haé o r i de e st h é o r i axiomatique
e d ec os r p s .
équations. L e t r sa v a u xd Gea u s as v a i e n t À l f a id nXu I X s i ~è c l el , eexemples
s d e
famiharisé l e mathématiciens
s a v e l c ec o r pd sé f i n iabstraitement
s v o ns t m eu l t i -
maniement d e n os m b r e s complexes e tp l i e Ir . f la uc it t es ur r t o u tl e c os r p ds e
A b e l ,p u i G s a l o i s , d é g a g e n t l ’ i d é e n o m b r e sp-adiques, introduits p a H er n s e l
d’adjonction : i lconsidèrent
s l e c os r p s e d to nl’importance t d a nd s nombreuses
e
engendrés p al rer a csi n eos l uecoefficients s b r a n c h e s d emathématiques
s e sc o nt s i d é -
(indéterminés) d ’ u n éeq u a t i o n m a i se , n r a b l ee , l t e c os r p ds s eé r i eformelles, s
f a i s t c, i ea ust e u r sdéfinissent a v ep cr é c i - introduits p aVéronèse r e l i na i s oan v ed c e s
s i ol’appartenance
n d ’ u nq eu a n t i t éà u t n e préoccupations
l d géométrie
e algébrique.
c o r p si , nl considèrent
se p aexplicitement
s T o uc s eexemples s a l l a i e n ct o n d u i r e S t e i -
l’ensemble a i n constitué. s i I f al au t tte n d r e n i t ez , 1 n9 1 0à ,développer systématique-
Dedekind ( q iun t ir o d u i tl m e oc ot r p sp ) o u r m e n l t t ha é o r i ed e c so r p es d t l ee u r s
u n é et u dsystématique
e d c ee r t a i n sc o r p s extensions s o ul s f oa r m qeu ’ e l l pe o s s è d e
d ’ u t n y p a es s e gzé n é r a l , l e c os r p ds e actuellement.
1 6
ALGÈBRE
1
ALGÈBRE
18
ALGÈBRE
19
ALGÈBRE
son inverse x appartient à A ; ces anneaux début du XIX~ siècle dans l’enseignement
correspondent à l’ensemble des éléments élémentaire et négligée des mathémati-
de K OÙ une valuation de K prend des tiens, lorsqu’une axiomatisation convena-
valeurs supérieures à 1. ble montra la puissance des notions nou-
Reprenons l’exemple de l’anneau ZwJ velles ainsi mises en évidence. Sous sa
ci-dessus pour expliquer dans un cas parti- forme actuelle, l’algèbre linéaire est une
culier la méthode générzdle de localisation. remarquable synthèse conduisant à un
Considérons une équation diophantienne : vocabulaire et à des résultats qui s’appli-
P(x,, . . . . X”) = 0, quent presque universellement dans tous
les domaines des mathématiques et de la
OÙ P est un polynôme à coefficients entiers physique contemporaine, tandis que le
rationnels. Pour trouver les solutions entiè- processus de (( linéarisation N apparaît
res de cette équation, on peut d’abord cher- comme essentiel dans de nombreuses bran-
cher les solutions qui appartiennent au ches des mathématiques pures et appli-
corps des quotients Q de l’anneau Z, puis, quées. La notion fondamentale est ici celle
dans une seconde étape, les solutions d’espace vectoriel ; elle généralise les pro-
rationnelles dont le dénominateur n’est pas priétés de l’ensemble des vecteurs de notre
divisible par un nombre premier p, i. e. les
espace à trois dimensions. Un espuce
solutions qui appartiennent à l’anneau Ztil,
vectorie/ E sur un corps K est un ensemble
appelé l’anneau local de Z qui correspond
d’éléments, appelés (( vecteurs F), muni
au nombre premier p Bien entendu, si.
d’une loi de groupe abélien notée additi-
l’équation considérée à une solution dans
vement et d’une loi externe qui à tout
Z, cette solution appartiendra à tous les
couple (a, x) d’un élément a du corps K et
anneaux locaux Zwj. Dans le cas d’un
d’un vecteur ,Y de E fait correspondre un
anneau général A, on peut de même résou-
vecteur u.,~ de E de telle sorte que l’on ait :
dre le problème posé dans les anneaux
locaux correspondant aux idéaux premiers = (ub).x, pour u, b dans K et x dans E;
u.(b.x)
lx = x, pou tout x de E (1 est l’élément neutre
de l’anneau. La résolubilité de l’équation de K pour la multiplication) ;
dans chacun des anneaux locaux (locahsa- (u + b .x = u.x + b) ~IJW a, b dans
. K et x x
tion) est une condition nécessaire d’exis- dans E;
tence d’une solution dans l’anneau A. a.(.~ + y) = IZX + b.y, pour L dans K et x, y dans
E.
l,‘étude de la suffisance de ces conditions
(en nombre infini dans le cas général) Les applications d’un tel espace vecto-
s’appelle la globalisation ; signalons tout de riel E dans un autre qui respectent la
suite qu’en général la globalisation n’est pas structure d’espace vectoriel, i.e. telles que :
possible sous la forme indiquée ci-dessus.
20
ALGÈBRE
21
ALGÈBRE
2 2
ALGÈBRE
q e i l un t n f e e o t os s t q r gnu i uc o édi d l o ie d
r a a
e d du f l f e ; i xl g a i d vm o è d t n ’l e ee n b da i i ue s
d p l
t’ da L e ( r ad s er di s e a ue of t : ei t v t ni , m ar n
é à p dc a r q peo l o ua i osl =g 0 s p e si) / re è s i xot= e0 ;_ t) b i
s n a do o lln énf m a l o bl Ilg,x o + y Il<aIlxt 11 + Il yan11,pour ,Y,i J’
i quel- gd
m d r e e É. e C a na t ca d t dl E ;or i ala nt c lan
m e é e l r n ev t je ô si c) l~a.~~~
t o =f 1a 1~I.Y~I,
sd p r ua de ee e o. e é a
K
p l a sa e l U er a s g d n E m(u 1e è i a l ve . i1t a s bc n ao al - ~r b t
a t ip dr l mp mèe ’ pl d n os r a oiou c o d éa l cur o m
n c o e ol r n s ma e L c t m p da o ( uf r ’ n (
h d g n e a e r d é t l s n o ) é a( g e u d) v ci è v l p ’ e r’ b
p d 1 à 1 é p e F8 9 eB a r9 d 1 l u ré o6 o s 0e rd l fb n o s neé
s e S i t c d h m de nu u c ’ o re nd o u r
n u d o u e n e du l e s s et
c o n
4. Algèbre topologique L t d e a h v e sn é e
m s C é ’d 1 o à s 1 ee 9 n
L c d ao o a e p n a l s é t p ge i er i l p ét c na n
e d c s d’ l o t c au ’ d uH l nas j a eu r ri ah sa o n nc a ôl si g u
q : d l du de X e s é e e up Id i b H n u aXé d è u d i x i s ur~ é fc t ul x s
l a l i v d ’ n a e ae i o i à i c m s n u ds nn e t dv eo to
ê m t c a p r h o t c l e a n h d o u s s u sl ié n ds u t i’ m f
l m e aa r s lt s e ( ldh n u n . r aeét o iq c l xé im
e
d d n a p e o d n r m e as o b t b r u l
V d e a m e nd nr u s s s’ oi . n s éeuc ét Y i oe rém no ie ; s i
Z
d c eed ol d c t e no e o vi m es p r
( c p (c o n od c e n o l uce o t t td na ro nt i a ie o n ve n po
g D C m e f . e da l n r l er ’ c Qé i ai a e puq t n nav l l eu
e d l t t ae ca o à é o p1 t Sn o9 Fu cd e l0R rd hu
a xc s i ie i g n os t l l é d
t m u l g e a n d e
r a aa é
s a d n a is e o t n u nt e u r t dt rsd s v è f ie àuii l p e sdi l cm’
e t r q tj r i u r ue o è c n Hô i s ue s i h il sl et n n e d le cea n o t s
d d n a t e o m n h mc ap s é ; l ba n t a d o a rsvo h r ’ r
q c u ; oà t d e n i r ’n s g t t i a eo a é e rv e p 1xr ln m
o p s nl e e i v e u s gd el st t p nda H ce re d a B aen a ts at e c
t e lo g t t ep r o U s do o a pe n el uds p os so pep r
s l e vu e sn er e s f p o
Espaces vectoriels normés t d l dh t e a ué q o
et espaces vectoriels topologiques o d u cp cé n d cl l e j e
U e v n ns se l c opK ut c e o d r a F Rr t s r el mc .e i a o dup e ée s
d n r e o od n é s cu me of e o m bs o l À pm t r d nb1 s
m a -é e
p e u e l v s n Es s el e t H p u xee B c a a a r teq ta d m h b c su on e
e d u f s é x . n11 .Y11,
oà vt f - ge n a l i p . é c dl eln rd n et e ai ou
r p pé o l p eo s em r ls q i ps o o m ls u l td e n d p ueé ’e i
2
ALGÈBRE
24
ANNEAUX COMMUTATIFS
A D B L EA O GH NO ÈA
- B A 8 A OL D -N H GE O N AÈ A E NLB
A L &L I A GD B N N ÈE O
M - LU - B I LA & A OL DN T N
& M A U L LG È T
A C N O
A T L O G P È
- T O P O
D
A L G on se bornera
ans tout ce qui suit, aÈ
considérer des anneaux commutatifs
unitaires, c’est-à-dire possédant un élément
unité pour la multiplication, noté 1. Les
définitions sont celles de l’article suivant,
ANNEAUX ET ALGÈBRES.
A N L O De G
nombreux cas Rparticuliers È
- N A O L
d’anneaux
étudiés au
commutatifs
G
XIX~
Rsiècle, unitaires ont
È
principalement
été
M
à propos de recherches de théorie des
nombres et de géométrie algébrique. Intro-
duits à l’origine pour étudier la divisibilité
dans de tels anneaux, les idéaux, cas
particuliers de modules, se sont révélés
A N L O essentiels dans G Mde nombreuses B
questions. É
- N ( O En T
fait. la M
classification des H
différents B
D -N a E o l S m g ]
1
i
A C N O A M L
- C A O N M A L B
25
ANNEAUX COMMUTATIFS
26
ANNEAUX COMMUTATIFS
exemple, dans l’anneau Z des entiers p’/q’, distinctes, possédant des numéra-
relatifs, les seules unikks sont les nombres teurs et des dénominateurs distincts, peu-
+ 1 et - 1 et, dans l’anneau des poiynô- vent définir le wêlne nombre rationnel si
mes i coefficients dans un corps K, ce sont pq’ = p’q. De plus, si p/q et p’/q’ sont des
les polynômes constants non nuls. Dans fractions définissant des nombres ration-
tous les cas, on vérifie facilement que les nels t et ~j, les fractions (pq’+p’q)/qq’ et
unités forment un groupe multiplicatif; pp’/qq’ définissent les nombres rationnels
pour un anneau A, la structure de ce U+V et w. La démonstration générale est
groupe est une importante caractéristique Calquée sur la construction ci-dessus ;
arithmétique de A. Deux éléments CIet !I, donnons-en l’esquisse.
qui diffèrent seulement par un élément Nous allons d’abord définir la notion de
inversible, c’est-i-dire tels que a = ub, u G fraction )). Pour cela, désignons par A*
inversible, possèdent des propriétés de l’ensemble des éiéments non nuls de A et
divisibilité très analogues et sont dits considérons l’ensemble A X A* des cou-
ussociés. Pour terminer ces définitions, ples (.x, _J,),y # 0 ; un tel élément (x, J>)
indiquons qu’un élément a de A* est dit s’appelle une (( fraction H de numérateur ,Y
premier, ou irréductibk, s’il n’est pas inver- et de dénominateur y. Nous allons main-
sible et si pour toute décomposiCon tenant identifier des fractions (,Y, y) et
a = /TC; b, c éléments de A*, l’un des deux (.x’, y’) telles que .x_$ = ,~‘y, c’est-k-dire
facteurs b ou c est inversible, Un des considérer sur l’ensemble A X A* la
problèmes fondamentaux de la divisibilité relation d’équivalence ainsi définie.
dans A* est l’étude de la décomposiCon L’ensemble des classes d’équivalence
éventuelle de tout élément comme produit forme un ensemble que nous désignerons
d’éléments premiers. par K. On vérifie alors facilement que, si
on déjinit la somme et le produit de deux
(Cfractions )) par les formules :
Corps des fractions
d’un anneau d’intégrité
La construction du corps Q des nombres
rationnels i partir de l’anneau Z des on obtient sur K, par passage uu quotient,
entiers relatifs se généralise sans difficulté deux opérations qui en font un corps ; cela
i un anneau d’intégrité quelconque. Plus signifie que, si L et z/ sont des éléments de
précisément, on a le résultat suivant : ccSi K représentés par des (( fractions )) (x, J,)
A est un anneau d’intégrité, il existe un et (,Y’,y’), alors par définition, u+u’ et CM’
corps K contenant A comme sous-anneau sont les éléments de K représentés
et dont tous les éléments sont de la forme par les (( fractions )) (x, y) + (.Y’,y’) et
.YY ’ , ,Y, y éléments de A. De plus, un tel (.Y,_J,)(_Y’,y’) et que u + u’ et w’ ainsi
corps K est unique à un isomorphisme définis dont indépendants du choix des
laissant A fixe près. H (( fractions 1) représentant t et v.
Pour faire comprendre la démonstra- Le plongement de A dans K s’effectue
tien, analysons ce qu’est un nombre ration- maintenant en identifiant tout élément de
nel. Un nombre rationnel u est C(défini H A à l’élément de K défini par la (( fraction ))
par une fraction p/q, OÙ p et q sont des (0, l), dont le numérateur est égal à u et le
entiers relatifs, mais deux fractions p/q et dénominateur 1 1. Remarquons que, si on
27
ANNEAUX COMMUTATIFS
28
ANNEAUX COMMUTATIFS
un anneau commutatif unitaire appelé trer que l’ensemble des éléments de K qui
uwz~uu quodenf de A par l’idéal a. Dans sont entiers sur A forme un anneau (qui
le cas OÙ A est l’anneau Z des entiers contient donc A) appelé la fermeture
relatifs et a l’ensemble (ti) des multiples inte’grde de A duns K. Un cas particuliè-
d’un entier rz, cet anneau n’est autre que rement important est celui OÙ K est le
l’anneau des classes résiduelles d’entiers corps des fractions de A (cf. mpra) ; si les
modulo n. seuls éléments du corps des fractions de A
Un idéal II # A est dit premier s’il ne qui sont entiers sur A sont les éléments de
contient le produit & de deux éléments de A, on dit que l’anneau A est i&gra/etnent
A que lorsqu’il contient au moins l’un dos. Ces anneaux jouent un rôle essentiel
d’entre eux ; dans l’anneau Z des entiers, dans de nombreuses questions, en théorie
cette condition caractérise les idéaux prin- des nombres et en géométrie algébrique
cipaux @) engendrés par un nombre pre- notamment.
mier p. On voit facilement qu’un idéal est
premier si, et seulement si, l’anneau quo-
tient est sans diviseurs de zéro ; ainsi, un 2. L’arithmétique élémentaire
exemple important d’idéaux premiers est et les anneaux principaux
constitué par les idéaux maximaux n
(idéaux qui ne sont contenus dans aucun Un anneau principul est un anneau d’inté-
autre idéal propre) caractérisés par le fait grité dans lequel tout idéal est principal,
que A/p est un corps. Généralisons main- c’est-à-dire formé des multiples d’un même
tenant aux idéaux quelconques les proprié- élément, appelé g&&ateur de i’idéal.
tés des idéaux principaux de Z engendrés L’étude de la divisibthté dans un tel anneau
par les puissances des nombres premiers : est analogue à la théorie arithmétique
un idéal q est dit primaire si & E q et u 6? q élémentaire des nombres entiers, qui en
enttaînent qu’une puissance de h appar- constitue d’ailleurs un cas particulier.
tient à q, il résuhe des définitions que si q L’étude de la divisibihté dans l’anneau
est primaire, son radical, qui est l’ensemble K[X] des polynômes à une variable sur un
des éléments dont une puissance appar- corps K rentre aussi dans ce cadre.
tient à q, est premier. NOLIS verrons, dans
la quatrième partie, l’importance des Exemples
idéaux primaires. o) Montrons que l’anneuu Z des entier.~
relat$ est principal. La démonstration
Élérnmts entiers repose sur la propriété suivante de divisi-
Soit A un anneau d’intégrité contenu bihté dans cet anneau : étant donné deux
dans un corps K. On dit qu’un élément de entiers rationnels a et b, h > 0, il existe un
K est entier sur ,4 s’il est racine d’un couple et un seul d’entiers rationnels q et
polynôme : I tels que :
29
ANNEAUX COMMUTATIFS
contient des éléments strictement positifs constitué par les éléments de la forme
puisque avec tout élément 0 il contient son u_x+ !~y, u, b t2 A. Puisque A est princi-
opposé - 0 = ( - 1) u. Soit b le plus petit pal, cet idéal est engendré par un élément
élément strictement positif de a ; montrons u’, déterminé a cela près qu’on peut le
que tout élément a de a est un multiple de remplacer par ud, où u est un élément
b. En effet, l’existence de la division dans Z inversible quelconque de l’anneau. On
permet d’écrire u = hq + r, 0 < r < h ; appelle plus grund conmun diviseur (en
or le multiple hq de h appartient à a, donc abrégé P.G.C.D.) de .Yet y tout élément d
aussi r = u ~ bq : la définition de b tel que (.x, y) = (4.
entraîne I = 0. Puisque d E (d), on voit en particulier
/T) Un autre exemple important qu’il existe u, I E A tels que :
d’anneau principal est l’anneau K[X] des
(*) d = Q.X+ by
polynômes a coefficients dans un corps
commutatif K. La démonstration repose (ce résuhat constitue le théorème de
ici encore sur l’existence dans cet anneau Bezout). Justifions la terminologie adoptée
d’une division (( euclidienne N : si A et B en montrant qu’un élément z de A divise
sont des polynômes, il existe un couple et simultanément ,x et y si et seulement s’il
un seul de polynômes Q et R tels que divise d : puisque (4 contient x et y, ces
A = BQ + R, le degré de R étant stric- nombres sont des multiples de d et, par
tement inférieur au degré de B. On montre suite, tout diviseur de d divise x et y ;
alors, par une démonstration analogue à ce réciproquement. si z divise .Yet y, écrivons
qui précède, qu’un idéal a # (0) de K[X] .x = ~2, _Y= $, et portons dans (*) ; on
est formé des multiples de tout polynôme obtient d = z(a,x’ + hy’), ce qui prouve
B non nul de a dont le degré est le plus petit que 2 divise d, Dans le cas de l’anneau Z
possible (cf. PoLYNôMEs). des entiers rationnels, d est déterminé au
C) À propos de recherches sur les signe près puisque les seuls éléments inver-
formes quadratiques, Gauss a utilisé le fait sibles sont ici + 1 et - 1 ; on peut donc
que l’anneau des nombres complexes de la prendre d > 0 et on retrouve la notion
forme 0 + bi, a, 1 E Z (appelés entiers de élémentaire de P.G.C.D. enseignée dans
Gauss), possède une arithmétique compa- les classes primaires.
rable à celle des entiers ordinaires. Ce fait Deux éléments _Yet _)Jde A sont dits
s’explique, avec la terminologie ci-dessus, premiers entre eux s’ils admettent 1 pour
par le fait que cet anneau est principal. P.G.C.D., c’est-à-dire si leurs seuls divi-
seurs communs sont les unités de l’anneau.
Plus grand commun diviseur D’après Je théorème de Bezout indiqué
et plus petit commun multiple ci-dessus, ,Yet L sont premiers entre eux si
Dans ce qui suit, nous nous limiterons, et seulement s’il existe des éléments u,
pour simplifier les notations, au cas de 1 fF A tels que U-Y+ by = 1 (la condition
deux éléments, mais il est clair que tous les suffisante résulte du fait que, si cette
résultats s’étendent sans difficulté au US relation est satisfaite, tout diviseur com-
d’un nombre fini d’éléments. mun a x et y divise 1). Ce résuhat entraîne
Soient x, y deux éléments d’un anneau facilement le théorèrne de Gauss (ou lente
principal A et considérons l’idéal (x, y) d’Euclide), qui s’énonce : ccSoit .x et ~1des
30
A C N O N
éléments non nuls d’un anneau principal A p’i sont associés (c’est-à-dire p’[ = u,p,, u,
et d un diviseur du produit .~y ; si d et ,Ysont inversible), pour 2 = 1,2,..., n.
premiers entre eux, alors d divise y. H En Remarquons que, puisque deux élé-
effet, puisque d e _ sont premiers t Y entre ments de A engendrent le même idéal
eux, il existe U, v E A tels que : si et seulement s’ils sont associés, les
u + v = 1 d x
conditions (Fr) et (FJ expriment que tout
idéal de A non nul et différent de A (de
d’où après multiplication par V, la forme (_Y) puisque A est principal)
y=yud+wy s’écrit, de nzunihe unique à l’ordre près
des facteurs, comme un produits d’idéaux
puisque d divise XJJet yud, il divise aussi y.
premiers :
Soit encore x et _r des éléments d’un
anneau principal A. Les multiples de _Y
et de y sont les éléments de (x) et (J)
ainsi la situation est plus simple dans le
respectivement et par suite les multiples
monoïde M(A) que dans le monoïde A*
communs à x et J sont les éléments de
puisqu’il n’y a plus cette fois d’ambiguïté
l’idéal (x) f7 b). Puisque l’anneau A est
quant au sens à donner à l’expression
principal, cet idéal est formé des multi-
unicité de lu décomposition. Dans la prati-
ples d’un élément défini à un facteur
que, on élimine cette ambiguïté en choi-
inversible près : on appelle plus petit
sissant une fois pour toutes un ensemble P
commun multiple (en abrégé P.P.C.M.)
d’éléments premiers de A tels que pour
de .X et _r tout élément WI de A tel
tout élément premier p’ de A il existe un
que (,Y)f’ (_r) = (w) ; a v
cette défini- e c
élément premier p de P et un seul qui soit
tien, tout multiple de x et _r est un multiple
de m. associé à p’. Les propriétés (F,) et (FJ
s’expriment alors ainsi : tout élément .Xde
A s’écrit, de manière unique a l’ordre près
D eé f p nc a r o c e m t m pe i
des facteurs, sous la forme :
Pour tout anneau d’intégrité, on a défini
sous le titre 1 les éléments premiers. On ,x = U .. P . l
x =p,pz...pn =p;p;...p;
31
ANNEAUX COMMUTATIFS
32
ANNEAUX COMMUTATIFS
que le quotient de A par un idéal premier en convenant que ~~(a) = 0 quand l’idéal
non nul quelconque est non seulement un premier p ne figure pas dans la décompo-
anneau d’intégrité mais même un corps. sition de a ; par définition le produit
L’exemple le plus simple d’un tel anneau ci-dessus est alors égal au produit fini
est l’anneau Z [W] des nombres de la correspondant aux idéaux tels que
forme a + b XT, u, I entiers relatifs, d v&a) > 0. L’intérêt de cette convention
entier tel que d E 2 ou 3 (mod. 4). Plus réside dans des formules du type suivant :
généralement, Dedekind a démontré que, si a et b sont deux idéaux, alors on a :
si K est une extension finie du corps Q des
nombres rationnels (K est appelé un corps
de nombres algébriques), alors la fermeture
intégrale A de l’anneau Z dans K est un c’est-à-dire, avec les notations ci-dessus,
anneau de Dedekind (A est appelé l’anneau r&ah) = r,,(a) + t+(h).
des entiers du corps K ; cf. théorie des Remarquons que l’existence et l’unicité
N - Nombres
O algébriques).
M En fait, B de la décomposition
R de tout
E idéal de M(A)
S
l’exemple précédent, qui est très important comme produit d’idéaux premiers permet
en théorie des nombres, est lui-même un cas d’appliquer à M(A) tous les résultats
particulier du résultat algébrique suivant : élémentaires relatifs à la divisibihté des
soit A un anneau de Dedekind. de corps des entiers ; par exemple si a et b sont deux
quotients K, et soit Lune extension finie de idéaux non nuls, leurs diviseurs communs,
K (cf. C ; alors O
la fermeture intégrale
R ou P leurs multiples
S communs, ) sont Les
de A dans L est un anneau de Dedekind. diviseurs, ou les multiples, d’éléments
L’intérêt essentiel des anneaux de appelés respectivement Le P.G.C.D. et le
Dedekind réside dans la structure particu- P.P.C.M. de a et b et qui s’écrivent :
lièrement simple, pour un tel anneau, du
monoïde M(A) des idéaux non nuls. On a
le résultat suivant : un anneau d’intégrité
A est un anneau de Dedekind si, et respectivement.
seulement si, tout idéal non nul de A s’écrit
idéaux fractionnaires
de manière unique (à l’ordre près des
facteurs) comme produit d’idéaux pre- Soit A un anneau d’intégrité ; la structure
miers non nuls. Soit a un tel idéal non nul ; du monoïde M(A) des idéaux non nuls
écrivant p” si l’idéal premier p figure a fois donne des indications sur la structure du
dans la décomposition de a, on peut donc monoïde multiplicatif A*. De la même
écrire a de manière unique sous la forme : manière, pour étudier La structure du
groupe multiplicatif K* du corps des
quotients K de A, on est amené a étendre
les p! étant des idéaux premiers distincts. la notion d’idéal.
Un sous-ensemble a, non réduit à [OI,
Désignant par P L’ensemble des idéaux
de K est appelé un idia f~uctionnuiw si
premiers non nuls de A, on écrit souvent
c’est un sous-anneau de K stable par
cette décomposition sous la forme :
multiplication par les éléments de A et
pour Lequel il existe un élément d # 0 de
A tel que & appartienne à A pour tout .Y
33
A C N O N M E M A U U T X
d a;c d e r e é5 d q e t uf i d u v t ni dr é t ’ (i e : p en ue cy u e1
i f d e lr d é s p ’a p d e a t r ec V a = é V s l o nte é~ r f & - si t t (
d d ‘ d n u n P fy l oi u _ i , c o f nt l V a x ce r oKs d f u é ot s dn e r ,
p u i a( s nu d d ra A e1 sA ée pecu . n1: u an o o s e l su
e c q i s nl nu e du t i ao u’ s én d in lu t a é r n l a
f ;d r l t d a ai a h e n cd é s s té o ia r
f o ra s n ai p o cd p u té e v i ul
e l i nu ep d é ts t so O é v v iuo q u p an i zé = eeX u u ’ dr o u Kt r l rl tJ e a u
c o n v af d a e i iu é l sd ln ns f
I e f d gl s a a e ié t c d u dn . i é x c éé ; l ~ln c h ar e ey
f l ro u e ap s V s s a c é du n , u ai t r qér l ’ , e un i a uf ’
l i :e p e d s a ne ab s s éd i d t pr do ale d e t an uas( é d l i nt x2 c e
i f d or v é q na f é a u ( c r( r ud e é z t af i E xe l)i
l d s’ f e d oe i p s ’ umnp n oA é O m sa o i a u) ul n eer b ei
d t . , d u ay e I Xd Y ab e put J av n, s (en J na n s t d s K
, sl co iu ,
n i f o d a r lu p é pà a euv r f a p- cv d ne o o s l K ed et éà el - n u
d d a e b n ua ; el t o I i b d’ v t ( t d ee Z U a{ é CA at sn q + l: C ) ne s u
i f d n rn e aé ou a u ( s p i a z np c l at o nKu Va t sp ) u s*x (r i a
m p c o m o e n Uu lu t o n Zl d’r et ï t r ee nee d ie
i f d a er d i é s a i Vm = a+ C’t c; t ( x l iC t Ow l i
e u i fx n d b tri q é eas u a lct e l te
P ~ = I~ ( @ ~
a = A A c b t . v e o ep e t n re c t m
u e ti
C V +Z >m c ( @~ J lh ~ I@
m d au n o d in o n é ne u n f t v e i e e
d a d De n : e Ue aes n A n ind t e i ip ne o p nad n nr o a ke u oué u
d D e ue ae d s n ndt f’ tc ne aui ov ekl d inne ra ai i
q t i f u o d n r ne eu ét o a; pu sdt ai n uc al t té v le tn r e f a
i ) L mn I ) ed ovi ( p e ndde v A r p s oeré ao n) e o s sïsa lu u
f n rn e a ou ag u s lt né cr l t d oA o R l tos e r u. éoé i u s
m e t u é d t co g l l pe eum r t é q et t ovoi m u ( ou s naup e e a
p s d me ’ u e i lau é n c ’nt p c i i s oAi e o r o q - u à rè s s i b u
d f p es a l f r : so c a o p è d u t i r ap s ’ s; ie d e m rr a, u lu é x e
u c n bo e e ilr n
v ( a n d p l o i o
s A e l i u p t e nd nr r d s oé
O l l s dÙ e e , wo e ns n & l n l s A u t Ua ’e t u el. i dn) ax p t ss e o
s p u n a of dn o u p ui l’ m f Zr d rn e ’i br e e ie ln ad er - s t ’t
m D c i d a e e lé n Z d t nr ec sp , e t os ( so t a] sde .mc mh
i e s d c n po é l a f t N an ae -r aN Oi p rt u a Mi o e - Bx c t m r
q l > 0 p ut j i p o e o n& d r u uo a é e r t n) a m l
n u l .
4 A n. n o n e
V e i a p t d l r éu e aa m ut i xi
S A u a od D n n P ie t e n
A o t H
od ev l u mui e aa e r alt k
é C # 0 d lA l Ip e é,(’ a rc m ui f iop d e r)d o nns e l e né é r
3 4
ANNEAUX COMMUTATIFS
anneaux de poiynômes à plusieurs varia- fini, tels que a soit l’ensemble des éléments
bles. À propos de recherches sur la théorie de la forme U,X, + + u,,x~ lorsque a,,
des invariants, Hilbert mit en évidence le .... an parcourent A indépendamment l’un
fait que tout idéal d’un tel anneau est de l’autre.
engendré par un nombre fini d’éléments et Esquissons la démonstration de l’équi-
montra tout le parti que l’on pouvait tirer valence de ces trois conditions car elle est
de cette propriété ; par là même, il instructive. Pour montrer que (u) entraîne
dégageait l’importance des anneaux avec (b), on raisonne par l’absurde. Si la famille
conditions de finitude qui allaient être (a,), fz l n’admettait pas d’élément maximal,
étudiés systématiquement sous forme alors pour tout i E 1 on pourrait trouver
générale par E. Noether. Signalons que les j E 1 tel que l’idéal aj contienne strictement
conditions de finitude en un sens plus large l’idéal a[ et on pourrait construire ainsi, par
jouent un rôle absolument essentiel dans récurrence à partir d’un idéai ai, une suite
toutes les recherches (( géométriques )) infinie strictement croissante d’idéaux.
contemporaines en géométrie algébrique Montrons que (b) entraîne (c). Soit a un
ou analytique (au sens moderne, à savoir idéal et considérons la famille des idéaux
l’étude des espaces analytiques) et dans de de type fini (c’est-à-dire engendré par un
nombreuses questions d’algèbre homolo- nombre fini d’éléments) contenus dans a ;
gique. cette famille est non vide car elle contient
{OI et par suite elle admet un élément
Définitions équivalentes maximal b engendré par des éléments
Un anneau noethérien est un anneau com- ,Y,, .....Y~.Pour tout .Xde b, l’idéal engendré
mutatif unitaire A qui vérifie une des trois par les éléments ,Y,, .... ,Y,,, x contient b,
conditions de finitude équivalentes suivan- appartient à la famille d’idéaux considérée
tes : et par suite est égal à b puisque b est
Condition (u), dite de chaîne ascen- maximal. Ainsi a = (x,, .... .Y~).
dante : G Toute suite strictement croissante Pour terminer, montrons que (c)
d’idéaux est finie )), ou encore : a Si : entraîne (a). Soit an une suite croissante
d’idéaux encastrés. On vérifie que, dans ce
a,C a2C Ca” C ...
cas, la réunion des idéaux an est encore un
est une suite infinie d’idéaux de A idéal ; d’après (c). cet idéal est engendré
encastrés, il existe un entier n tel que par un nombre fini d’éléments x,, .... -Y~
a” = an _, = >). et, par définition d’une réunion, il
Condition (b) : a Toute famille non vide existe des entiers p,, ,,., pm tels que
d’idéaux a un élément maximal )), ce qui ,Y,E aP, , , ,Y” E ap,,Il est maintenant clair
signifie que si (a)), E ,, 1 non vide fini ou non, que, si JJ est le plus grand des entiers p,. .
est une famille d’idéaux de A, il existe un p,,, on a ak = a pour k 2 p.
indice i0 pour lequel l’idéal a+ n’est
contenu strictement dans aucun autre idéal Exemples d’anneaux noethériens
de la famille. Par définition, les anneaux de Dedekind, et
Condition (c) : N Tout idéal est engen- en particulier, bien entendu, les anneaux
dré par un nombre fini d’éléments )F, principaux, sont des anneaux noethériens.
c’est-à-dire que si a est un idéal de A, il Une source importante d’exemples ne
existe des éléments ,Y,, .... ,Y,,, en nombre rentrant pas dans les précédents est la
35
ANNEAUX COMMUTATIFS
36
ANNEAUX & ALGÈBRES
x+(-x)=0
(-x est appel.4 l’opposé de X) ;
éfinis par des axiomes qui déga-
(4 x (MI = @Y&
D gent les propriék usuelles des (associaGviGde la m&iplication) ;
opérations d’addition et de muhiplica-
OI X(Y +z) =J? +.=
tien dans les ensembles de nombres ou
(y +zjx =_VX+zx
les polynômes, les anneaux cons&uent (double distributivité de la multiplication
le cadre général dans lequel on peut par rapport à l’addition) ;
appliquer les règles du calcul algébrique
(g) bien que cela ne soit pas toujours ainsi
élémentaire. Nous donnerons dans cet
dans la littérature, nous supposerons l’exis-
arkle les défïnitions générales et des
tente d’un élément unité pour la mukipli-
exemples. Pour une étude plus détaillée des
cation, souvent noté 1, tel que :
anneaux qui interviennent en théorie des
nombres ou en géomékie algébrique, nous l x =
renvoyons i l’intérieur de ce texte i
Les propriétés (a) à (d) expriment que
d’autres articles.
A est un groupe commutatif pour l’addi-
tion.
Dans de nombreux exemples. la mul-
* tiplication est de plus commutative, c’est-
i-dire XY= !,Y : un tel anneau est alors dit
commtdf~ Cependant on ne peut pas se
limiter à ce cas. car des anneaux impor-
tanb dans la pratique, les anneaux de
1 Définihons .
matrices par exemple, ne possèdent pas
cette propriék ; comme on le verra au
Anneaux début du chapitre, le calcul algébrique
Un u~~rwu~ A est un ensemble muni dans de tels anneaux réclame quelques
de deux lois de composition internes précautions. Pour terminer, indiquons
@, J) - .Y+ y et (.I-,J,) - A-J, appelées qu’un cas particulier Vès important est
addition et multiplication respective- constitué par les anneaux dans lesquels
ment, qui possèdent les propriéks suivan- tout élément non nul est inversible, c’est-
tes : il-dire a un inverse pour la mukiplication ;
un kl anneau s’appelle un corps (cf.
( ~ 4 + ( . Y
CassociaGviG de l’addition) : C O R P
Un sous-ensemble B non vide d’un
@l x + y = y
(commu~ahhé de l’addition) ; anneau A est appelé un XXMVIMW~~,s’il
contient l’unité multiplicative et .Y~ 1 et
(c) existence d’un élément, noté @,tel que, .\-y pour tout couple d’éléments Y et 1’ de
pour tout élément Y de A on ait : B : B est alors un anneau pour les
x+o=x res&ictions i B de l’addition et de la
(élément neutre pour l’addition) ; mukiplicaCon,
37
ANNEAUX & ALGÈBRES
Algèbres B U c p . nt a i a e r s mr
Nous i m n i ua t o c l ni r f eb u i ao en o s t b n pr t d
a s q u s rt ud t e d er t ; l ia r e nu ii ’ ne e a c avn ua s s l ot
n q o u m h e b ;o os d r q f em nt u i e u
S K u c co n o O doi i r n itm e sq p A er mB ts ou ds ta u o
q e Eu e u n K ’ s o ns a- u to u dee ana n i u e m l n/ D s s b
u u ~ nK sl c uV e , ig ’ p n, d s v è d e l o t W e p ud b ae s a i h i a e r nt
v s l c e K m u de o c a u r n ’ a rp t p l dn d’ u pao p i e ei eyi n d s s r l e n
c n i ma o c ut: t a i li i é n to s n in o
E x E - E
q e b uc s i l i ’ pt l i 2. e a i
Exemples n
d’anneauxs r et nalgèbres
é t é
r i c af p hs ap :r aé cp i qp to s ua er
O r d n ae e d e a nn t e
;;; (~+~~).z=~(x.~)+~~.z),
b d d n r aa e od pe nr mu
x. (Ay+ w) =A@ .y) + P@.z),
o ;n n u c o od v o i u u
q q s l u é u o , y eze dl Ee id Y c , s l eéq ee ,eh s mu d mn xo ee e
e l Gs Pt Aee p ac ) sàt K pa u p a . pl n de rd aad au te iro
O p a d n eu ut sé un sev tf d mt e sl a ri e p a m li r unl s o t o
l K n po u c ’ m lr s n o re a us d e c rs i s i sq e u e pt c t s u - s sr
l u a e c n n mo n L eem ed e n nn m s ae sd o ts u o
S l m i ae ua o s ls e t n t s ts x d r i ipo e l ’ è mp
p d m a ’ ;c s r c u eo o l eul pp d c e r s g e deé m ’ i - uèt
t a o a ud l p u i e te et r b n :lt e i é l s
Z d ’e u p r c i e enr
i l n d ’ l d c a a t a eé lu a n s i c sf un n su s f o ti e e n no
d a m ’ p l q a u i rn g l u e i n l é ’ è Qe aR ns Ce c yd b n, s n, s , i e r
a p a a s s s r r o ea c é cr tt o e ie
m s d c e S oA e e u o a n in ss nr
Homomorphismes d’onneoux et aigèbres
c l o A [ ’ .... Xm d X e
S A e B do a t ( ei d n p o ue e i nH v o u hxnc u e a l d to x a r
a e la t d A dgp B f Ae e u aèp a . cu s nnbl n ; s A o=n Kt e sri n i
C ao d gu n é u c é x f af l n o n do li p ’ r é& er on o a
d m e o do q f es n u ir c
u s d
nrp K oe e u t a a ah e
s s Kn l ni
l dl ( d ’o s o ’ U e
aï i u af n n?x d o l n e
n~ ’ n
, l s f d a t ( rd ’ c r o e ’ a e ocu u s a pn s l m oc pl an t ’
b : r e Y )d e ( e nd eE s d’
v E ; s E ee d d i sfc e H i
a c a l e ie l ào ls s t g
b d m rC e da ePa i s n ’t
( é e sv A e B s t ide tl o e n cen i ( nat ost L g c Etl Il u
a = lA p t sg i o Mo cè u Lu ab r It lr
h p d é ) o. e ye q k u dt s u mC
Y re e edo xn la n’ m eo
A ; on i d p q ml e pl u p’ t acu e loi i a ri s d esmLv l ( tf e se a
l u d ’A s l n eué o d ’ iG nl - iGe é t R d Lié t r l é Oe tim o é
3 8
A & A N L
A d B n e o n otion
e par un nombre
l a e ules fonc-
réel h sont x
L’exemple suivant montre le caractère un tions dont les valeurs en chaque point sont
peu insolite que peuvent présenter certains respectivement la somme et le produit des
anneaux. L’ensemble , (E) des parties 2 valeurs en ce point ou le produit par P, de
d’un ensemble donné E est un anneau pour la valeur de la fonction en ce point. Si on
les opérations d’(( addition H et de (( mul- analyse les propriétés qui ont permis de
tiplication H qui a deux sous-ensembles X munir l’ensemble précédent d’une struc-
et Y de E font correspondre les sous- ture d’algèbre, on constate que, de manière
ensembles : générale, on peut munir d’une structure
d’anneau ou d’algèbre l’ensemble des
( exx t nn yy y
applications d’un ensemble quelconque E
respectivement, en désignant par X’ et dans un anneau ou une algèbre respecti-
Y’ les complémentaires de X et Y dans vement, les valeurs en un point _vde E des
E ; l’élément nul est ici l’ensemble vide fonctions somme, produit et éventuelle-
et l’élément unité est l’ensemble E tout ment produit par un scalaire étant données
entier. Remarquons que le (( produit )) de par :
X par lui-même est égal a X car on a
xnx=x.
Revenons aux notations usuelles en
désignant les éléments d’un anneau par des Le procédé précédent permet, bien
lettres minuscules. Généralisant la situa- entendu, de définir des structures
tion précédente, on considère des anneaux, d’anneaux ou d’algèbres sur de nombreux
appelés u d B n qui possèdent
e O t la & w dc fonctions
ensembles , u contenus u
dans
propriété que le carré de tout élément est l’ensemble, considéré ci-dessus, de t
égal à cet élément : x = x = x Il en 2 les. fonctions
, définies xdans un ensemble et
résulte que, pour tout élément _x, on a à valeurs dans un anneau ou une algèbre.
.v + .x = 0 ; en effet, écrivant que le pro- Ainsi, les fonctions continues ou différen-
duit de x + ,y par lui-même est égal à tiables à valeurs réelles définies dans un
.y + .y, on obtient : ouvert du plan constituent des algèbres sur
le corps des nombres réels. Il est clair qu’il
est possible de multiplier à volonté les
= x x + x
exemples de ce type.
d’où la conclusion. Ces anneaux sont Lorsqu’on s’intéresse a l’étude locale
importants en logique symbolique (algèbre des fonctions au voisinage d’un point, on
des propositions) et dans la théorie des est conduit a introduire des anneaux et
circuits électroniques (algèbre des cir- algèbres d’un type différent du précédent.
cuits). N prendrons pour o exemplel’algèbre u des
g e
di~jbnctionsmul~Qtues ?Ilàt?gitwm0
A e a n d tf l n e o g due plan complexe.
n è a Considérons c b lesu couples t r x
Les fonctions réelles d’une variable réelle (U,f) d’un voisinage ouvert de 0 dans le
définies dans un intervalle [a, b] de la plan complexe et d’une fonction,fdéfinie et
droite réelle constituent une algèbre en analytique dans U. Nous dirons que deux
convenant que la somme et le produit de tels couples (U, f) et (V, g) définissent lc
deux fonctions ou le produit d’une fonc- même germe a l’origine sifet g coïncident
39
ANNEAUX & ALGÈBRES
sur un voisinage ouvert W de 0 contenu A : (q, u,, . . . . an ,...) ; une telle série for-
dans U f7 V ; il est clair que cette relation melle est souvent notée :
est une relation d’équivalence ; par défini-
tien, le germe d’une fonction analytique
définie dans un voisinage de 0 est sa classe
d’équivalence pour cette relation. Mon- notation qu’il faut considérer pour l’ins-
trons que cet ensemble des germes peut être tant comme un pur symbole. Définissons la
muni d’une structure d’algèbre sur le corps somme et le produit de deux telles séries
des nombres réels ou des nombres comple- formelles ; on pose, par définition,
xes. Soient A et B deux germes et h un
nombre réel ou complexe. Si (U,f) et (V,g)
définissent les germes A et B respective-
ment, nous appellerons germe somme,
germe produit et germe produit par le sca-
laire A, noté A + B, AB et AA respective-
ment, les germes à l’origine des couples où Ci est la somme finie :
40
ANNEAUX & ALGÈBRES
Limitons-nous maintenant au cas où A e,, .... efl de cet espace. On appelle tubk de
est le corps des nombres réels ou des multiplicutionde A la donnée des produits :
nombres complexes. La série (*) est dite n
convergente si elle a un rayon de conver-
gence non nul, c’est-a-dire s’il existe un
nombre réel strictement positif R tel que la (les & éléments u,,~ de K ainsi définis sont
famille de nombres positifs : appelés les constantes de structure de l’algè-
bre A) ; connaissant la table, on peut caku-
ler le produit de deux éléments quelconques
soit sommable (cela signifie qu’il existe un par bilinéarité. On représente souvent la
nombre M qui majore toute somme finie de table par un schéma à double entrée. Par
tels nombres). On montre que si deux séries exemple, la table de multiplication du corps
sont convergentes, alors les séries formelles des nombres complexes considéré comme
somme et produit sont aussi des séries une algèbre de dimension 2 sur le corps des
convergentes ; ainsi les séries convergentes nombres réels est la suivante :
à coefficients dans le corps des réels ou des 1 i
nombres complexes forment des anneaux, 1 1 i
qui sont d’ailleurs aussi des algèbres sur R ti i -1
41
ANNEAUX & ALGÈBRES
42
ANNEAUX & ALGÈBRES
ments (si n et fn sont deux entiers relatifs une égalité du type u_x= u_r. Ainsi, dans
distincts les éléments nl et ~1 sont dis- un anneau de Boole unitaire, on a toujours
tincts car (n - ~7) 1 # 0) et par suite tout .~‘-~y = s (.y- 1) = 0 et, par suite, le
anneau ne contenant qu’un nombre fini produit de deux éléments non nuls peut
d’éléments est de caractéristique non nulle. être nul; de même, dans l’anneau (de
Pour terminer avec les notations, indi- caractéristique nulle) des fonctions a
quons qu’on désigne par ,xJ’,n entier > 0, valeurs réelles définies sur l’ensemble réu-
le produit d’une suite de n termes égaux a nion de deux ensembles X et Y sans point
_x; il est clair que deux telles puissances de commun, le produit de deux fonctions
.x vérifient : l’une nulle sur X et non nulle sur Y et
l’autre nulle sur Y et non nulle sur X est
nul (cf. chap. 2). De manière générale, on
Remarquons que, si .x et y sont deux dit qu’un élément .x # 0 d’un anneau A est
éléments quelconques d’un anneau A, on un diviseur de &a (à gauche) s’il existe un
a: élément ,r # 0 tel que xy = 0. Un cas
particulier de cette situation est constitué
par les éléments non nuls dont une puis-
si .y et _)’cwnniutent : . = y alors on x sance x est nulle y(ainsi, , dans l’anneau des
retrouve la formule classique : entiers modulo 4, cf. icfra, le carré de la
classe du nombre 2 est la classe nulle) ; un
tel élément non nul dont une puissance est
Cette situation se généralise aux idmtitb nulle est appelé un élément nilpatent. Les
rwnurquubles, qui sont valables si les élé- anneaux commutatifs sans diviseurs de
ments qui y figurent commutent. Par zéro sont dits int>gres (on dit aussi qu’un
exemple, on a : tel anneau est un anneau d’intégrité) ; on
peut alors (( simplifier 1) par un élément a
xn-y” = (x-y) (x+’ + xn-zy +
non nul puisque ux = uy est équivalent à
+ xy”+* +y”+l),
u (_x-y) = 0, qui entraîne s ~ y = 0.
(x +y)n = xa + +-‘y +
+ cfp-pyp + + y”
Idéaux
(formule du binôme) si .x et J commutent. Soient A et B deux anneaux (ou deux
Puisque pour I premier tous les coef- algèbres) et f un homomorphisme
ficients CA, Ci, C:i-’ sont des entiers d’anneau (ou d’algèbre) de A dans B.
divisibles par n, il résuhe de la formule du L’ensemble N des éféments de A dont
binôme que si .y et J) sont deux éléments qui l’image par f est l’élément nul de B est
commutent dans un anneau de caractéris- appelé le ~UJW def; c’est un sous-groupe
tique n premier, on a (_y+ y)!?= ,?’ + y” ; additif (ou une sous-algèbre) de A qui
d’autre part, sous les mêmes hypothèses, possède la propriété supplémentaire sui-
on a (.y~)“= ,V_r”. Ainsi dans un anneau vante : a Pour tout élément x de A et tout
commutatif de caractéristique I premier élément 2 de N, les éléments ,vy et ~‘.y
l’application .y- _y’! est un homomor- appartiennent encore a N. 1) De manière
phisme d’anneau. plus générafe, on appelle id&& à guuchc
Dans un anneau quelconque, il n’est pas d’un anneau (ou d’une algèbre) A tout
toujours possible de Hsimplifier par a ~1 sous-groupe additif (ou sous-algèbre) u tel
43
A 8 A N s L N G E È A B U R X
q s s e y s du é i t oq ee l g nu se é pa te l n m c au l ’ g e o
d A e 7 r e t l Xe s u ,u Jss o é n n a Jpee i l l deus t ’ é
é d ? Ol d e d. mné é l é Le ê m df e l f l . x ml e ie sa Y o p é u oe nn r a
i a d c d r p l afé q oA a ce r a a u l i r, ’ a i ud e G m ’ t e càt xe eu e
_ a a X Jp p , d W e ’xo dp r a g _ t YHu daa C ; nd am rgenr I se ula ést
A U e q , cn n l n u do s àe g o i e’ m e pa y u, nup m m M dau aAn gna e b
h oe à l f u ims àa o f no dnto e ii i u é oàml s dsn d a no’ t e
d e u i rà g t n e d a o a u ss é p i f u n . ot +a p + t i .c xo m ( l ee e n xh , ù
i M ;b d e a s l i é n At ui ’ ef a t è q n a na / e d r u e n m d n’ e
e c ts o c t dot me y M e l’ u . d m s é p t eiqs x e u l e d Asdu ! s t é
c T ao c o a nïm o u U u nin o % n # At dn decai t A e ’ d éai nn i
d i b e dp i u éa m l x s anr a c a ’ d u’t ax o t i a xei
s l ni c ’ s um o i a e il p n p d u d u A d l Dt r é t e l àé. e ée o a
l 0 e l ’ m ct ’ é p i to i d k a t l i n i d’ m m r & et s d dÇe e a
l t e ’ ; u io dn a dn d u l it n Z de ée t ’ si r n e A an a te e e s d lt
c d i ee d e p d O ssv i u r é ici (Cf. n t ANNEAUX
é t x o a COMMUTATIFS) r p qUCu tOUt i r
f q s au a ue ui cnc n i es n d i o Z ne é d t à lel r es g (é d ’ e p at a
i n p d l p ’ a ’D r ad s i om o ed éd nu Ip u; ’ o vlé nl q r xu n oé
e s xd pi e’: d rl
m (mi ac o’p l Fdp(n o s epil s’ Zélws n i t
l d e ’ r e l n ma e s me t us n m l es ie il un m au nd es n t ;ne tiu
d n n f ’ ou i on u ( mn da lr o n n@b e éim ’mt s ) e) rss an a i eé i t eet
e a l pt p e’ r p p n ni s n i a e p dg ’ ’ nn r#l ap d ’eéi e Fc é s i e
( i n pc nd s ’n # 0ae e eué i ee t qst t ( sl a # Ats ec u n t l I # ,t kl’ 1 e; )
différent de Z si n # k 1) et on peut a d l i Z al i’ n m , ne da
m q t io e ud co t dn ( s eem eu ys ét cf t ad t m po ar fo d uen eun le . r e
ANNEAUX COMMUTATIFS); d m d eb ê p a Lr m r nd l e’n e e se a
u a d f n n l e o dn ’d n m ee e r’ c s a sa dn éi t t ux u us
f q s o e uu p’ ne u n nir oa scs n d è ian Kutt e ûd m nn l rii t
i d é d a u é l l d t cm ’ : . ui
I m n u p a sd n HrD i u oi a o a tn ni uq n à g c not d -u n
v u p ec t do i no i; d eu d t n d l l i sr é ts e i e’ f e a ot s na
i s id i i c é in g c i a dd na m o ul aéi i u a gno n nadf f
à g à d oa b rs puu i mo a r cH l N a ri u é h a oà l xte f ce t u
s c i oO v f o mn o a a n NORMÉES p i lp c v u bl et go i o n eé x
q l ud ’ f q e’ i a d l u u dn l m ne ’ ed n et ami o u l ’ e e al
q d f u o ’n e ie e u ui o s Lnn dn n d tg ’ic d fé , e e eo e oa s
i O e d d q sn Mn e é u é pu i ds d n a a ae d et su e n l r n e ms éi n . t o
q d A ul e d , ’ie l e idl d ’ a s ncé p e i n u toa o s
d Aq c e Mu ( oe a m i i nx u u io m
l ti n q d i e aa is i m u é n s l x et
u t i à s n eA td e a e l u oé mn v cs n ua ut q o c’t tl t imu li oe , o
i Y q e ld p Lp u i s céc l , e ii d t ado u l t d éd len s ’ d i l é a i t a et ’
n M ;o d a a q M ne i u l s n u sl t n o y t eD utl c r s d la ei ad s t e ’ n
d g d eU éo e qe ,W neu n g u d ésf c e ea e rt o o àr l n an r
e p M nP e a .l g a àx gr ’l e r g e i d i e nu e r m n o d s dn r e p
4 4
ANNEAUX 8c ALGÈBRES
(U,,fl s’annule pour 2 = 0 (if en est alors pendantes des représentants s et J choisis
de même de tous les représentants d’un tel et que l’ensemble quotient est un anneau
germe) forment manifestement un idéal. (ou une algèbre) noté A/u pour les
Cet idéal contient tout idéal propre : en opérations ainsi définies. A s’appelle
effet si g est une fonction analytique dans l’anneau quotient de A pur llde’al TL. Il est
un voisinage de l’origine qui ne s’annule clair que si A est commutatif, alors
pas pour z = 0, il existe un voisinage U de l’anneau quotient par un idéal est encore
0 dans lequel g(z) # 0 et, par suite, dans commutatif, Avec ces notions, un idéal %
lequel Il (2) = l/g(z) est analytique ; ainsi d’un anneau commutatif est maximal si et
le germe A, défini par g, a un inverse B seulement si l’anneau quotient A/% est un
dans l’anneau (c’est le germe défini par 11); corps.
tout germe C est alors un multiple de A car
C = (CB)A et le seul idéal contenant A est Anneau des entiers relatifs
donc l’anneau des germes tout entier. On modula n
démontre également que tout anneau de Nous allons maintenant indiquer un exem-
séries possède un unique idéaf maximal. ple fondamental d’anneau quotient qui
Les anneaux de ce type, qui peuvent aussi montrera que le calcul des congruences
être caractérisés par le fait que l’ensemble dans l’anneau Z des entiers relatifs rentre
des éléments non inversibles est un idéal. dans la théorie des anneaux.
sont appelés des anneaux locaux. Soit TIun entier positif et considérons la
relation d’équivalence définie par l’idéal
Anneau quotient (n) = TZZdes multiples de n ; deux entiers
Les idéaux bilatères d’un anneau (ou d’une ,v et Jj sont équivalents pour cette relation
algèbre) A jouent un rôle fondamental d’équivalence si, et seulement si, leur
dans l’étude des relations d’équivalence différence est un multiple de n, c’est-a-
sur A compatibles avec sa structure dire avec la terminologie classique en
d’anneau (ou d’algèbre). De manière pré- arithmétique, si .y et y sont congrus ~~~o~iulo
cise, toute relation d’équivalence telle TI (cette relation est notée .v e y, mod. n) ;
qu’on puisse munir l’ensemble quotient la classe d’un entier x s’appelle la classe
d’une structure d’anneau (ou d’algèbre) résiduelle de Y modula n. D’après les
pour laquelle l’application canonique (qui propriétés du quotient d’un anneau com-
a un élément fait correspondre sa classe) mutatif unitaire par un idéal, l’ensemble
soit un homomorphisme s’obtient de la Z/?rZ des classes résiduelles modula IZ est
façon suivante : il existe un idéal bilatère W un anneau commutatif unitaire ; il en
tel que deux éléments .y et _r soient équi- résuke en particulier qu’on peut appliquer
valents si et seulement si leur différence aux congruences les règles usuelles du
.v -_)I appartient a l’idéal TL. Si X et Y sont calcul algébrique.
deux classes, on définit leur somme, leur Dans l’anneau Z/nZ, les classes des
produit, et éventuellement leur produit par nombres 0, 1, .... H - 1 sont distinctes car
un scalaire A, en choisissant des représen- la différence de deux tels nombres est
tants ,y et y de X et Y ; on vérifie alors (ct inférieurc a /z cn valeur absolue et par suite
ici intervient le fait que % est un idéal) que ne peut être un multiple de n ; réciproque-
les classes X + Y, XY et AX des éléments ment, tout nombre entier est égal a un de
.v + y, .y~, et, éventuekment k sont indé- ces nombres à un multiple de n près. Cela
45
ANNEAUX & ALGÈBRES
montre que Z/nZ est un anneau fini premier avec p et par suite il existe des
contenant exactement I éléments qui sont entiers relatifs u et v tels que up + vq = 1
les classes 0, 1, .... n ~ 1 des nombres (théorème de Bezout) ; passant aux classes
0, 1, .... I ~ 1. Le tableau ci-joint donne d’équivalence, on a ti@+ $4 = kj = j et
par suite 4 est inversible, d’inverse G; ainsi
tout élément non nul de Z/(p) est inversible
et cet anneau est un corps souvent noté F,,
(Cf. C O R P S
J V E E A
I l = Bibliographie
3
N, B , O ! U % livre
de rnuf/wGmfi~ue.~, R Il, w B
Alg2w, chap, I à I Association Collaborateurs
I
Bourbaki, Paris, 1982 / R. G CO OD
d’ulgcXwe. Hermann, 3’ éd. 1980 / N. J A
Lwiurt~ in Abstruci Algebra, 3 vol., Vm Nostrand,
Princeton, 1977 / S. L A
Undugraduote Algeh, N
Springer-Verlag, New York, 1987 / C. M ~
Le Di/i ulgébriyue t I Vuibert? 1976. . I
46
A S Y M P T cAtcuts
O T I Q U
A P P ?+ R
D I O P
- D I O P
1. Comparaison de la croissance
APPROXIMATIONS
des fonctions
t dl n a d e a do c n ’ det lo c é l e i l ’ mv e c o t oavi pa h r e
s ; i a é o é l t e nd g l u n éa ’ d tl i i ae
l e l ’d dt ar i é e S efn er g s ds i l ft it o de a éo v n
d c eT o c r o om e pé . a u np g s ose àYv s s t a rn unut as r ao
t l f rr e oe d oi u o rt d é uqg f er g nsm i f a vuo t o e t i s éeu
d l t da H e r en a s a 6 s r p v xq t vd o l a u e e ey u ’
o n : n o t
R d c e e o l m a pf b - t a ) - i r
D d n a q e o d n u m ’ s e b a s r n t
a v d ul o s l er ’ i i e
o e c n& é s o l o t td n ’ r ue d ( d d u ( r i
f ( t v x1 p e. t e ) v o Y
n e r
g ) d r f ) ,’ a do fu n’ n (n du c ne en t
l R ’ q ec n i u m e ’
v e pa pn n g or o ot r si u ui a ia rè nt b r
m p q l dê a u( -a i m s s _e g
d f y ’ d o v ( uc ’ n a _ no u c r ~ en n t i ) t e i
n , l . e u g Y o o v Y s edr r u b o t ’ca s l o im uon l q e r s od nmd’ u
v u F a l . po l d e f
rr e a e oom u s é nb u r yq
m p ea n lr nan oc ié . + . e
ui au , a m
c xv Y t
è s d
Y lu i ?
o L r e? ’ st
d v c’ a p f ou l r o r i nn e i ud f e é
x te s a r e o c à d eiq nb
i d é f e d o e p s s o on t p l . i n
S f f o à uv or i o ra m n é t ue il u a c pe s ee e n n t lr t us
c d op a ~ h é < x <mo u o ( f P pu u c i i a c lr 2 e q f n pn r h e ) t
a < s < a + 1 ( d a 2q o , ie l ê fu n fd rs o ;t a oe s iKat d r r i rl i f ( és
d d u vé a k g n of o à n n a ii d u n s o u p sn e o < X lmc( r l i i m .
d d a o p r . a e )g u o ( o Xd s rd r uo i i s d ae né r nt r e p e n op ) e a z r s
q f e d au v s é d l ue o t fC e ’ i p Gi o i q se a na nq n:u ix r
P e l a x : ’ r e a m p p p l
1
X l
x - e u r a p s n éd l t r t d se a h o
t l v r à de o da a e rns i en q n n éoo d s s u q’ tim 1 é i f i ua
l v d el o e p es s’ io t pa Hu i sn , e adr Lai nV i t r e adt f a n
p e c e l nf o : u a o n N t a n ms o , l p c ia c u l r t
m o p c e nl ec o n d e ur m
f L f
a
p
s n
A
x o- C O od q n. f O
d y é g
e n ui
e
u
r l ad f a v’ m
e d u éo o q ge ce ti uv u q n r p xust i e u eo o di
( d à l i dr a ’ f o’ uv é ol ui s pte t ’nt tn& >i 0ror ou ioac ee ,
a v d lu o ; n en ’ l i o 1 ( o 1i< iEs1g u1 p. . u xn a mi ( g s fo y ; os f s in , r
t à c c ed c ce a ra I e e h s on l s a ns t p s
é a : c l r o
c d pl q’ l ana ua e roi eu s trt t , ,i r
c s i d m ’ é- e a é fvd = O n t z ( i e C i e z xd s !è
a c O l v u a n Ùp a a q ds e r r u e e ( i e d sL nn a e a
v e aN nn p lo ot 1r e e uc qui l 1o ds u sl uèsc a p ét r a rei
i d m q c ee po du iC cs on s e’ (qot ls t r i i f u( m esr a gs le xe - i e p
p ) l f a d ) e oa v r é s nu o e f c i r i t s n
A8
ASYMPTOTIQUES c/,wJts
défini pour x assez grand, tend vers 0. dominée par g pour .Ytendant vers l’infini.
Remarquons que le symbole de Landau et on écrit :
doit être considéré seulement comme une
f(x) = O(~(X)), .x - ,X (notation de Landau) ;
écriture commode mais ne représente pas
une fonction déterminée croissant moins bien entendu, sifest négligeable devant g,
vite que g et ne doit donc pas être manipulé elle est aussi dominée par g. Si g est la
comme les nombres ou les fonctions ; ainsi fonction constante 1. l’égalitéf(,Y) = 0( 1)
écrire que o(g) + o(g) = o(g) exprime exprime simplement quej”est bornée pour
que la somme de deux fonctions négligea- Y assez grand ; par exemple :
bles devant g est négligeable devant g, mais 1
sine +; = O(l), x -=.
cela n’aurait aucun sens d’en conclure que
o(g) = 0 ! Pour une formulation mathé- Le symbole 0 permet de préciser cer-
matique satisfaisante, on pourrait convenir tains ordres de croissance ; ainsi écrire
que o(g) désigne l’enser~~ble des fonctions que :
négligeables devant g, qui est un espace
vectoriel ; la notationy= o(g) est alors un
abus de langage pour ,fg o(g).
La notation précédente permet de tra- est plus précis que :
duire maintenant facilement les résultats
sur la G croissance Comparée )) des fonc-
tions puissance, logarithme et exponen-
tielle ; ainsi, pour a < b, Les Anglo-saxons utilisent les notations
dc Hardy :
plus faible que la précédente, qui puisse et les produits d’un nombre fini de telles
s’appliquer à des fonctions dont la crois- fonctions. Remarquons au passage que, à
sance n’est pas très régulière. S’il existe une l’exception de la fonction 1 (obtenue pour
constante M telle que if(.~) 1< M I~(X) 1 u = O), chacune de ces fonctions tend vers
pour .Y assez grand, on dit que ,f est 0 ou vers l’infini lorsque ,Y tend vers
49
ASYMPTOTIQUES atcuts
l’infini ; de plus, d’après les propriétés de rer trouver une échelle dénombrable telle
croissance Comparée de ces fonctions, sij” que toute fonction s’(( intercale )) exacte-
et g sont de ce type, on a une et une seule ment dans l’échelle ; en effet, on peut
des trois relations : montrer que, pour toute échelle dénom-
brable, il existe une fonction qui croît plus
f(x) = ~k(~N* f(x) = k?(x), vite que toute fonction de l’échelle (Du
x-ce.
’ Bois-Reymond) et une fonction qui croît
cette propriété signifie que deux fonctions moins vite que toute fonction de l’échelle
distinctes f et g du type considéré ont des (Hadamard).
croissances que l’on peut comparer et ne Tout ce qui précède sur les relations de
font pas (Cdouble emploi )), en ce sens qu’il comparaison au voisinage de l’infini se
n’existe pas de constante c telle que définit de même pour les fonctions définies
J(X) - cg(Y), X + CO. De manière géné- dans un voisinage (à droite par exemple)
raie, une famille E de fonctions définies et d’un point u : ainsi l’échelle de comparai-
positives pour x assez grand peut être son qui correspond à (2) est dans ce cas :
Utilisée de manière profitable pour étudier ....(.X---CzPfl,....(X-CI-I, 1,
(3)
la croissance d’une fonction quelconque si, X-ll, . . . . (X-UP, ...
quelles que soient,fet g dans E, on a une
et une seule des relations (1) ; on dit alors
que la famille E constitue une éclwlle de
comparaison pour x tendant vers l’infini. 2. Développements asymptotiques
Bien entendu, toute partie d’une échehe de
comparaison en est aussi une ; dans la Dans ce chapitre, on supposera choisie une
pratique, on se limite à des &wlles échelie de comparaison E (au voisinage
logarithmico-exponentielles Constituées de d’un point a ou au voisinage de l’infini).
fonctions du type considéré ci-dessus ou de
Composées (au sens de la composition des Partie principale
fonctions) de telles fonctions, par exem- L’idée la plus simple pour étudier le
ple : comportement d’une fonction donnée ,j’
(au voisinage de u ou de l’infini) est de
L*x = lnlm, e*(x) = exp(expx).
chercher si, à une constante près, elle est
On utilise souvent des échelles de compa- équivalente f une fonction de l’échelle E
raison dénombrables ; l’exemple le plus choisie. S’il existe une telle fonction g de
simple est : E et une constante c # 0 telles que f - cg,
c et g sont déterminées de manière unique
(2) ,.., xn,xn-‘,..., .x,l,x-l,..., x-a ,.,,,
et on dit que cg est la purtie principale de
x- a,
,f (par rapport à l’échelle E) ; remarquons
qui est décroissante, en ce sens que chaque que cela équivaut 1 dire que :
terme est négligeable, pour .Ytendant vers
l’infini, devant tous les termes précédents.
Indiquons, pour terminer, que le choix ou encore que j”(.x)/g(,x) tend vers une
d’une échelle de comparaison dépend limite finie c # 0. Dans le cas où l’échelle
essentiellement du type de fonction que choisie est (2) ou (3), on retrouve la notion
l’on veut étudier et il serait illusoire d’espé- usuelle de partie principale ; ainsi, 1/sur.~ a
50
ASYMPTOTIQUES c~tcuts
pour partie principale l/x pour x- 0, telle que la différence ,f- g soit néghgea-
ey - eu a pour partie principale eU(x - 0) ble? les g, formant une suite c décrois-
pour x + u, sante N de fonctions de E, en ce sens que,
pour chaque i, la fonction gi+ , est négh-
2xz+ 1
x-l geable devant g!.
L’exemple le plus simple de cette situa-
a pour partie principale 2x pour _Y+ X. tion est la théorie classique des développe-
Remarquons que la partie principale ment.~ limités au voisinage d’un point a : ce
n’existe pas nécessairement ; en effet, n’est autre que la recherche du dévelop-
toutes les fonctions d’une échelle pement asymptotique d’une fonction par
logarithmico-exponentielle sont positives rapport à l’échelle (3). Le résultat classique
pour x assez grand et par suite une le plus important est ici la jhrzuie de
fonction (( oscillante )) (comme x sinx, qui TaJYor, qui affirme que toute fonction k
s’annule dans tout voisinage de l’infini)
fois continûment dérivable au voisinage de
n’est comparable à aucune fonction de
a admet le développement limité d’ordre
ce type, pour x+ c0, If se peut aussi
k:
que L’échelle choisie ne soit pas assez
N riche N et quey croisse plus vite ou moins f(x) =_T-(u) +_w)(x-~) + ..
vite que toute fonction de f’échehe, ou + JF(x-uy
( W
+ o((x-u)k), x-u. )
encore tombe dans un G trou N de
l’échelle : ainsi la fonction x ln x n’a pas de On obtient ainsi, pour les fonctions usuel-
partie principale par rapport à l’échelle (2) les de l’analyse, des développements limi-
car elle croît plus vite que x et moins vite tés d’ordre arbitrairement grand ; par
que x2. exemple, au voisinage de 0 :
(1 + x)S = 1 + sx +
Développements asymptotiques
+ s(s- 1) (s-k + Oxk + o(xk)
au sens de Poincaré k!
Si ,f a une partie principale erg, par ,xk
ex = 1 +x + + E + o(xk).
rapport à une échelle E, on peut chercher
à préciser un peu plus Lecomportement de On trouvera de nombreux autres exemples
f en étudiant la différence,f- L,g, ; si cette dans l’article SÉRIES & PRODUITS INFINIS.
fonction a une partie principale c2gz, on a Les résultats précédents permettent
alors : déjà d’étudier un grand nombre de formes
indéterminées.
51
ASYMPTOTIQUES cacuts
s 1
mf(t) dt -
scc
.r
g(t) dt,
développements asymptotiques avec les
séries ; dans de nombreux cas, on n’est
capable de déterminer explicitement qu’un
dans le cas divergent :
petit nombre de termes et d’obtenir cepen-
dant ainsi de très précieux renseignements
sur les fonctions considérées. De toute
Les énoncés sont analogues pour les façon, un développement asymptotique est
re1ations.f = o (g) et f = 0 (g). En revan- essentiellement une somme$nie et, même
che, on ne peut pas toujours d&ivcr les si on peut obtenir un nombre arbitraire-
relations de comparaison ; par exemple : ment grand de termes, cela n’entraîne
nullement que la série correspondante
converge, comme le montre l’exemple
suivant, étudié par Laplace. Considérons
mais : la fonction :
intégral : f-.-CO.
52
ASYMPTOTIQUES CALCULS
À travers les exemples précédents, on logue à celui des intégrales. Il s’agit d’étu-
voit que le rôle de l’intégration par parties dier le comportement asymptotique des
est de transformer l’intégrale à étudier en restes de séries convergentes :
une intégrale négligeable devant la précé-
dente. On peut expliquer le schéma de cal-
cul de la manière suivante. Soit l’intégrale :
Générahés
53
ASYMPTOTIQUES c~tcuts
54
A S C
s”
n-t
=
ta
d
55
ASYMPTOTIGNJES w_cuts
La méthode de Laplace
Donnons également une application à
Considérons une fonction :
sg
la fontion gamma d’Euler :
I(f) = b (x) et,+@)
dx,
a
56
ASYMPTOTIQUES CALCULS
f---
obtenue au voisinage des extrémités de
l’intervalle d’intégration et surtout au voi- lT
57
ASYMPTOTIQUES atcuts
des fonction analytiques. Le théorème de d’une telle courbe, elh(:) a une phase
Cauchy montre qu’on peut, dans de nom- constante, alors que son module varie (( le
breux cas, modifier le chemin L sans plus vite possible 11,car les lignes de plus
changer la valeur de l’intégrale ; la grande pente sont les lignes de gradient du
méthode du col consiste a profiter de cette relief. Limitons-nous, pour simplifier, au
possibihté en choisissant un chemin L’ sur cas d’un coi d’ordre 2. Par un tel point
lequel la fonction IV(Z)= 1erhcz) 1= e’R’~hc’) passent deux lignes de niveau et deux lignes
n’atteigne son maximum qu’en un seul de plus grande pente, la ligne de faîte, qui
point, dans des conditions qui permettent suit la crête, et la ligne de thalweg, qui
d’appliquer la méthode de Laplace (un peu descend dans la vallée. L’idée, ici, est
modifiée pour tenir compte du fait que I essentiellement de chercher une ligne L’
prend des valeurs complexes). Intuitive- qui passe par un seul col et qui soit aussi
ment. on choisira le chemin L’ passant par proche que possible (au voisinage de ce
un point z0 de telle sorte que, sur L’ au col) de la projection de la ligne de thalweg ;
voisinage de ce point, la phase Im /Z(Z) en effet, sur cette dernière, la phase de e’A(Z)
varie peu, alors que l’amplitude W(Z) reste constante et le module de e’hcr)
décroît assez vite. Indiquons l’aspect présente un maximum au col. Si on sait
géométrique de cette question, ce qui trouver une telle ligne, la méthode du col
justifiera la terminologie Utilisée. Consi- consiste à remplacer fintégrale étudiée par
dérons dans l’espace 1 trois dimensions l’intégrale prise le long d’un petit segment
la surface d’équation z = NJ (X + iy) de la tangente à la ligne de thalweg du coi,
= e’Rc’h(‘+lJ ), appelé le rekf de e’h(z).Cette et de remplacer g et Iz par leurs dévelop-
surface ne présente pas de N sommet )) pements aymptotiques dans cette inté-
relatif, d’après le principe du maximum grale.
pour les fonctions analytiques, et, par Donnons un exemple significatif de
suite, les seuls points OÙ le plan tangent cette méthode. Dans ce qui suit, nous
est horizontal (ce sont les points où la considérerons seulement des chemins infi-
dérivée /I’(Z) s’annule), sont des cols ; on nis L :
dira donc qu’un point 2” du plan complexe
tel que Y(:,,) = 0 est un ~1; l’ordre du col
est. par définition, le nombre m tel que : définis pour -m < .Y< + CO,et satisfai-
h '(zo)
= ,..= h@-)(q) = 0, sant aux conditions (A) :
h e + l)(zo)
# 0.
58
ASYMPTOTIQUES cAtcuts
Jév&ppemenis asvmptot!ques
59
A S cAtcut.s Y M P T O
x(t) - P-*eAj’b.
U +u &+ +u , = 0 ) n(
6 0
ASYMPTOTIQUES atcuts
un -zu = 0
on trouve V(Z)= exp(- c’/3) et : qui s’écrit aussi :
61
ASYMPTOTIQUES CALCULS
qui fournit aussitôt le développement est satisfaite par W,,,,,(z) et W& z). La
asymptotique de F((I. !I, c, z) au voisinage décomposition de la fonction de Bessel JV
de l’infini sur C ~ R+. dans cette base (cf. fonctions de BESSEL)
s’écrit :
t’équation hypergéométrique confluente
1
L’équation hypergéométrique confluente J”(z) = G W&2iz) exp i(” + k)xi
t
est le cas OÙ deux des trois singularités de
l’équation de Riemann confluent en un
1
+ WO,>(- 212) exp -T(U
1
+ ~)TG ,
même point. Ici encore. on se ramène au
ce qui fournit un développement de J, i
cas OÙ ce point est i l’infini et où l’autre
toute précision.
singularité est au point 0. On obtient alors
l’équation de Whittaker, qui s’écrit : JEAN-LOUIS OVAERT et JEAN-LUC VERLEY
dh 1-4m* ~ TO
z+ -;+;+7
c 1
62
BESSEL FONCTIONS DE
dans laquelle v est un paramètre complexe vérifie que JV satisfait à l’équation diffé-
quelconque. Les fonctions de Bessel, ainsi rentielle donnée. Si v est entier, JC peut
que d’autres fonctions voisines. les fonc- être définie pour tout x complexe. Si v
tions de Neumann et de Hankel, sont des n’est pas entier, on peut étendre le
solutions particuhères de cette équation domaine de définition de JL, à l’ensemble
différentielle. Supposant que .X est une des _Ycomplexes non nuls, mais l’origine
variable réelle positive, cherchons des SO~U- sera un point critique à cause du facteur
tions de la forme : (42)V.
Si v n’est pas entier, la solution ci = ~ v
fournit la fonction :
6A
BESSEL FONCTIONS ~JE
Propriétés principales
65
B A &O
A LD NO GE N L È E EB A R U E
o e déduit, npour
n tout Y réel, les majo- alors, on a la formule suivante d’inver-
rations : sion :
L
a notion d’algèbre de Boole, introduite
définie pour _Y> 0, à valeurs réelles ou
par G. Boole (1847) et par A. De
complexes, continue par morceaux, telle
Morgan afin d’algébriser les opérations
que :
propositionnelles de la logique, joue un
rôle très utile dans plusieurs branches
des mathématiques (algèbre, théorie
des ensembles ordonnés, calcul des pro-
pour tout entier U, positif, posons : babihtés) et en logique mathéma-
tique (logique algébrique, modèles boo-
léens).
6 6
BOOLE ALGÈBRE
& ANNEAU DE
67
CALCUL INFINITÉSIMAL
C
variable, en s’efforçant de tout démontrer,
et en ne demandant du lecteur que les
connaissances Les plus élémentaires sur les
inégalités entre nombres décimaux. plus
tout de même, cela va sans dire, une
certaine habitude des raisonnements
mathématiques.
68
CALCUL INFINITÉSIMAL
bre 1 = 1,000 0.. = 0,999 99. .... et que plus précises sur les éléments de E en
l’on peut effectuer sur ces nombres des écrivant qu’ils sont tous inférieurs à M’,
opérations algébriques que tout le monde qu’en écrivant qu’ils sont tous inférieurs a
connaît. On peut aussi comparer deux M (exemple concret : savoir que tout
nombres réels x et y, autrement dit donner homme vit au plus 500 ans est mieux que
un sens à la relation .Y < J (qui exclut, rien, mais il vaut mieux savoir que tout le
notons-le, l’égalité x = _J,). On peut, a monde meurt avant 200 ans). Pour obte-
partir de là, définir des interwlles de nir, de ce point de vue, les informations les
plusieurs natures ; par exemple, si a et 1 plus précises possibles sur E, on est donc
sont deux nombres réels donnés, on définit amené a choisir le nombre M aussi petit
quatre intervalles dont u et 1 sont les que possible, d’où la définition suivante :
extrémités, et qui ne diffèrent entre eux que on dit que M est la borne sup&ieure de E
dans la mesure OÙ ils contiennent, ou non, si x < M pour tout x E E, et si, de plus, il
leurs extrémités : l’intervalle [u, !7] est n’existe aucun nombre M’ < M possédant
l’ensemble des nombres Y tels que la première propriété, ou encore si, pour
Q < x < b, l’intervalle [u, b[ est formé des tout M’ < M, il y a au moins un Y f& E tel
s tels que L < x < !I, etc. Les intervalles que M’ < x < M. Par exemple, la borne
de la forme [u, b] sont dits compucts, e les supérieure tde l’intervalle [O, l[ est le nom-
intervalles de la forme 1~7,h[ sont dits brel:ona.v< ldèsqueO<x< l,et,
owert3. pour tout M’ < 1, il y a des nombres x tels
Considérons maintenant un ensemble E que l’on ait à la fois 0 < x < 1 et M’ < x.
de nombres réels. On dit qu’il est kwk On désigne par SU~(E) la borne supérieure
supérieurement s’il existe un nombre réel d’un ensemble E de nombres réels, et par
M tel que l’on ait ,Y < M pour tout .YE E inf(E) sa borne inférieure, définie de façon
(rappelons que cette notation signifie que analogue en renversant les inégalités.
le nombre .Y appartient à E, ou est un Thkorhe 1. Tout ensemble non vide
élément de E), et borné inférieurement s’il borné supérieurement de nombres réels
existe un nombre ~2 tel que Ton ait 171< x possède une borne supérieure.
pour tout x E E. Si E est borné supérieu- La démonstration très simple de ce
rement et inférieurement (c’est-à-dire s’il théorème d’existence (il ne suffit pas de
existe un intervalle qui contient E), on dit parler d’un objet possédant des propriétés
que E est bornÇ tout court. Par exemple, données pour que l’objet en question
l’ensemble N des entiers naturels (ses existe) procède comme suit. Supposons,
éléments sont 0, 1, 2, . ..) est borné infé- pour fixer les idées, que l’ensemble E
rieurement, mais non supkieurement, tan- considéré soit contenu dans l’intervalle
dis que l’ensemble des nombres rationnels [O, l[ ; on notera 0, .Y,.Y~.Y~...
le développe-
s tels que x3 < 2 est borné supérieurement ment décimal illimité de tout XE E. de
(en effet x3 < 2 implique .y3 < 8 = 2j, sorte que les chiffres sA sont des entiers
d’où .Y < 2, comme on le voit facilement). compris entre 0 et 9. Nous allons cons-
Soit E un ensemble borné supérieure- truire les décimales successives u,, u:, de
ment, et soit M un nombre tel que .Y < M la borne supérieure Cherchée ~1.On prend
pour tout .YE E. S’il existe un nombre pour u, la plus grande valeur prise par la
M’ < M tel que l’on ait aussi Y < M’ pour décimale _Y, de x lorsque x décrit E
tout .YE E, on obtient des informations (autrement dit : on a Y, < u, pour tout
69
CALCUL INFlNlTÉSlMAl
7 0
CALCUL lNFlNlTÉSlMAL
tel que L =f(x) ((( image H de X par f), pour tout entier p, il existe un entier q tel
autrement dit l’ensemble des (( valeurs H que l’on ait 1.Y,)>
~ .Y,~
1< 10 JJdès que m et
prises par la fonction f(x) lorsque x TI dépassent q. Alors il existe un nombre
G décrit H X. On dit que f est bornée réel u tel que, pour tout p, on ait :
supérieurement (resp. inférieurement) sur
IX” -a 1< lO-p *wr tout ” > q.
X si l’ensemble ,f(X) est borné supérieu-
rement (resp. inférieurement), c’est-à-dire Nous supposerons (on s’y ramènerait
s’il existe un nombre réel u tel que l’on ait facilement) que tous les nombres .Y, sont
f(x) < 0 (resp. f(.~) > u) pour tout compris entre 0 et 1. Écrivons le dévelop-
xEX. Le nombre SU~(~(X)) [resp, pement décimal de ,Y, sous la forme :
inf(,f(X))] s’appelle alors la borne supé-
rieure (resp. inférieure) ou le maximum x, = o,xr,xr2x~~
....
(resp. minimum) de la fonctionfsur X, et
en désignant par .Y,~la k-ième décimale de
on le désigne par l’assemblage de lettres et
,Y(,comprise entre 0 et 9. Comme on a :
de signes que voici :
xm -xn 1< lO-p pour n > 4 et I 2 Q,
71
CALCUL INFINITÉSIMAL
72
CALCUL INFINITÉSIMAL
En effet, si l’on partage X en intervalles puisque les intervalles Xl sont deux à deux
X, deux à deux disjoints, sur lesquels f disjoints, et remplissent X tout entier.
73
CALCUL INFINITÉSIMAL
3 I d . fn r e ot e é qs lné x g
C u ’cg d pf d lh e i tr e
ê c e t Mo e M ; n n r q mt ot
C m o l c ag n ; e c a i é st é o s dn n Eoi e l i m et àé *du s én
n n s o p e q u l f u l f u p t a oé s u d e pEo c nl so ev o*u do cél n i
s é m on ts a io p a u voir,
i on t u oa gaussip ~TZs < Ms ;u pour ép que la r eo
é d d v s e i iq e s rf tum <c I ef < M es’ o (à d li rue nf
e b c s wq e’ u t n ~u xne l nn o é’ I ies c e o m eii s ( s rt dh m - l,l uf
b M t q l r a ~ e u< f ’ e <i MMl de (s o t q l e xu an 1 = Mu E ’ v )p ~ .e n
p t x E X ; op ol m uso ue o d t uru t2 m l u ch pr , eqe opé p
s a 2 o0 p u t , S n $o es o c Y o sd u ts u è . d i é s r i at d o t t a . m
c d f ép e ot q tl” sa en I u s a’ l i lc ( se i oga t e l t r f u :né’ s ei e
0 < $ < f < c( p ( t _p (, op x o t Y”eY
i uop ) i uoe @
ln) s rX
u, dl t ux t) u
e e :p n cx = 0r p pi e fe a é’s t qo n er r t t(t q l’n d t t af e a.e u
T = M p ” p e a (L a x d r Yp’ r 0e <’ qt ( )a< f m< u To’ A ri (
l p l id . e a l ’g me d Yf t r e p ar t is e, E X oexa d o t Yp , I utep ’ -ué a
c l a o r ’ àn q n e e e a I a ’<t t1 s l Si (e le, i a 0 t ao ’r d$n qos e i P t nie
c d l o a a r’ n nà ln fea t a , eas intkgruble
ol i e l f ( s s nar n o a
T n ; s l p a i ’ u es tr o n d u
e R ta ns e t
ln i r i X u e ’ sl e i s ,r
n àl aI d’l f b( o e i a po : fl n n on )e t sc é
d d a l or o :v a ie n o t l c i a r t
7 4
C I A N
parce que personne, en vingt siècles, n’a Pour qu’une fonction f définie et
été capable de lui fournir des définitions bornée sur un intervalle compact X soit
précises de ces termes que le mathémati- intégrable sur X, il faut et il suffit, comme
cien, en tant que tel, les rejette vers les on l’a vu plus haut, que l’on puisse trouver,
ténèbres dialectiques de la métaphysique, pour tout entier JJ > 0, des fonctions
de la psychologie et de l’histoire humaines, étagées q’ et q” sur X vérifiant les
sans chercher à (( comprendre 1) au sens relations :
des philosophes. À la limite, la seule chose I(v#)-I(q’) < lO-p.
(7) q’ <f< 9*,
qui intéresse le mathématicien, en tant que
tel, est d’être en mesure de calculer des La seconde de ces relations s’écrit
intégrales, voire, diraient beaucoup de encore I(cpm~ q’) < 10 P. Or on a,
gens, d’édifier des procédures mécanisées d’après la relation (5) appliquée à la
qui, introduites à l’entrée d’une calculatrice fonction étagée positive q” - q’, l’inéga-
électronique, fourniront automatiquement hté :
le résultat cherché avec une marge d’erreur
calculable. La définition des intégrales que
nous venons d’exposer est éminemment en sorte que, pour réaliser la seconde
adaptée à ce point de vue H opérationnel H condition (7) ci-dessus, il s de choisir z
~ il suffit de substituer, au calcul de I(f), les fonctions étagées q’ et y” de telle sorte
celui de l’intégrale I(q) d’une fonction que l’on ait :
étagée q (( suffisamment voisine D de f
1( X <
s”p [(&,, (x) - $l‘(X)l 1 - ; 0)p
~ comme aussi, bien entendu, au point de x = x
vue (( absolu H du mathématicien pur, qui si l’on choisit un entier y tel que l(X). 10 (1
désire poursuivre indéjïniment la construc- < lO_“, on est évidemment ramené à
tion du nombre I(f) par approximations construire des fonctions étagées q’ et q”
de plus en plus étroites. C’est probable- vérifiant les conditions suivantes :
ment dans ce désir de précision ukw/w que
se sont réfugiées les conceptions métaphy-
siques des Anciens et des classiques, pour tout x G X.
puisqu’on n’imagine pas une machine cal- S’il est possible, quel que soit q de
culant éternellement... trouver deux telles fonctions q’ et q”, on
Indépendamment des problèmes de dit que la fonction f est régl& sur l’inter-
calcul pratique, qui n’intéressent pas le valle X. Il est bien clair que ces considé-
mathématicien, la notion d’intégrale serait rations n’ont d’autre but que d’assurer le
inutilisable si l’on ne connaissait pas résuhat (xic) suivant :
(( beaucoup H de fonctions intégrables, et si Th&w6/7ze 4. Soit X un intervalle com-
l’on ne disposait pas de procédés mathé- pact. Toute fonction réglée sur X est
matiques pour calculer (absolument, c’est- intégrable sur X.
a-dire sans marge d’erreur) les intégrales Il est à peu près évident que, si .f
de beaucoup de fonctions. Nous allons et g sont deux fonctions réglées sur X,
définir ici une catégorie de fonctions inté- il en est de même de leur somme f + ,
grables qui, en pratique, permet de couvrir de leur différence f-g, et de leur
tous les besoins de l’analyse classique. produit _& = h, défini par la relation
75
CALCUL INFINITÉSIMAL
d’où résulte que I(,f) est égal à I($) à 4. Caractérisations des fonctions
lO~~~~+’près, et que I(g) est égal à I(v’) a réglées
lO~J’+’ près aussi. Mais les fonctions éta-
gées 0’ = q’ + v’ et OU= qw + wH véri- Soitfune fonction à valeurs réelles définie
fient évidemment les relations suivantes : sur un intervalle X, et Y un intervalle (ou
0’ <f +g < em, I(t3 y - I(l3’) < 2.lo-p-‘, un ensemble) contenu dans X. Nous
dirons que f estcmstmteB ~O~~~I?S sur Y
la seconde résultant du fait que l’on a :
s’il existe un nombre c tel que l’on ait
lj’(.v) ~ c 1< 10 31 pour tout .v E Y.
= PC9 7 + 1cv31 - 11Cq‘)+ 1w ‘)l T 5 Soit,funel fonction. définie k
= [I(q,y-I(q’)] + [I(tpU)-I(ql’)] < 2.lo-p-‘.
sur un intervalle compact X. Pour que ,f
Par suite, I(f+g) est égal à 2.10 ” ’ soit réglée dans X il faut et il suffit que pour
près à I(W) = I(v’) + I(i$), lui-même égal tout entierp, on puisse partager l’intervalle
a 2.10 I ’ près à I(.f) + I(g), de sorte X en un nombre fini d’intervalles partiels
que I(,f+ ,g) et I(f) + I(g) sont égaux X,, . . . . X,, tels que,f soit constante a 10 ”
à 4.10~~“-’ près, à plus forte raison à 10 ” près dans chaque X,.
près, et cela pour tout p : d’où la première C’est presque la définition Si en effet
relation (9). on peut trouver, pour chaque X!. une
À partir de la relation (5) établie pour constante c, telle que l,f(.v) ~ c, 1 < 10 ”
les fonctions étagées on démontrerait, par pour tout .v E X,. on peut immédiate-
des raisonnements analogues, que celle-ci ment construire deux fonctions étagées
est valable plus généralement pour les $‘* et v” véritiant q’ < ,f < q” et
fonctions réglées. On l’exprime encore, en q” (.y) ~ q’ (.y) < 2.10 ” pour tout s E X.
utilisant la notation de Leibniz. en écrivant a savoir les fonctions qui dans chaque X!,
que l’on a : sont respectivement égales a <.i~ 1O-I’
et à ci + lO_‘J. Inversement, si ,f est
w9 ~[:f(x)a’+ M(b-a) réglée, il est possible de réaliser les
conditions (8) ci-dessus, puis de partager
si I.~(X) 1 < M pour touts E [cl, b], résultat X en intervalles sur chacun desquels q’ et
connu sous le nom de (( premier théorème v” sont constantes, et sur chacun desquels
76
CAKUL INFINITÉSIMA~
77
CALCUL INFINITÉSIMAL
78
CALCUL INFINITÉSIMAL
(donc en dehors de X), et on prend pour du théorème 6, de prouver que l’on peut
I(u) l’intervalle u’ < x < u”, où un E X trouver des points u,, . . . . Q,,E X en nom-
est choisi comme ci-dessus ; et si a est l’ex- bre fini tek que X soit contenu dans la
trémité droite de X, on choisit arbitraire- réunion des intervalles I(u,), . . . . I(cJ,J,
ment, en dehors de X, un u” > u, et on puisque, en décomposant chaque intersec-
prend pour I(Q) l’intervalle u’ < x < u”, tion X n X(uJ en, au plus, trois intervalles
où u’ E X est choisi de telle sorte qu’on ait sur chacun desquels ,fest constante à 1OPp
CJ’ < u et que f soit constante a 1 O-P près près, on obtiendrait alors une décomposi-
dans l’intervalle u’ < x < u. Les interval- tion de X en un nombre fini d’intervalles
les I(a), pour tous les a E X, jouissent alors possédant chacun cette propriété. Tout
des propriétés suivantes (fig. 3) : revient donc, finalement, à étabhr le résul-
tat suivant, qui peut servir à démontrer
beaucoup d’autres théorèmes, et qui se
généralise a beaucoup d’autres (( espaces
topologiques 1) que les intervalles com-
pacts :
Th&km 7 (Bore]-Lebesgue chez les
francophones, Heine-Bore1 à Tétranger).
Soit X un intervalle compact. Pour tout
a E X, soit I(u) un intervalle ouvert conte-
nant u. Il existe alors des points u,, . . . . CJ,)
de X en nombre fini tels que tout ,\efGX
appartienne à l’un au moins des intervalles
+
l I(U,)> .... I(cJtj).
Soit L et v les extrémités gauche et
droite de X, et considérons l’ensemble
E C X des points Y G X qui possèdent
la propriété suivante : on peut trouver
(a) chaque I(u) contient u (de sorte que des points a) E X en nombre ,fini tels que
X est contenu dans la réunion des I(u)) ; tout point de l’intervalle compact [u, J]
(b) chaque I(u) est ouvert, c’est-à-dire appartienne à l’un au moins des inter-
de la forme lu’, u”[. donc défini par valles I(u,) i tout revient à montrer que
des inégalités strictes de la forme v E E. On a évidemment t f5 E, par
0’ < s < ü ; exemple, parce que l’intervalle [u, zl] est
(c) l’intersection de X et de I(u) peut se contenu dans l’intervalle I(u). L’ensemble
décomposer en trois intervalles au plus sur E n’étant pas vide, et étant borné supé-
chacun desquels la fonctionfest constante rieurement (on a Y < r pour tout _YE E)
a 10 ” près ; si par exemple a est distinct admet donc (théorème 1) une borne
des extremités de X, ces trois intervalles supérieure IZ < 1~; nous allons montrer
sont lu’, CJ[, [a u] et lu, u”[ ; (noter qu’un que u G E, puis que a = V, ce qui termi-
intervalle peut fort bien être réduit à un nera la démonstration.
seul point). Considérons en effet l’intervalle ouvert
En raison de la propriété (c) ci-dessus, I(u) = lu’. u~[ avec u’ < a < un. Comme
il suffirait, pour achever la démonstration u = sup (E), il existe un x E E tel que
79
CALCUL INFINITÉSIMAL
80
CALCUL INFINITÉSIMAL
dès que t < t + ii < t,,, ou, puisque la primitive de yen un point u de X, Alors
IJ > 0, que : la fonction F admet en chaque point t E X
des dérivées h droite et i gauche domlées
Wf++W_b’< IOpP
(201 \ par :
h
(23) F;(f) =f(t + 0), F;(t) =f(t--0).
dès que t < t + II < t,,.
On est ainsi conduit à dire qu’une Le cas le plus fréqucnt est celui d’une
fonction F admet en un point t une dérivée fonction ,f partout : alors
C~~TC/~UCJ
N droite égale à b si, pour tout entier p, il F:,(t) = F,;(t) pour tout t E X, ce qui
existe un nombre t,, > t tel que l’on ait la exprime que la fonction F admet en
relation (20), ou, si l’on préfère (poser chaque point tEX une dkriv&
t,, = t + 17,,),un nombre /7,,> 0 tel que la F’(t) = F,;(t) =Fz,(t), donnée, puisque
relation : f(t-O)=,f(t+O) =.f(/). par :
(21) 0 < h < hp implique:
(24) F’(f) =f@).
FG + f+FC~)_b
.- < lopp
\
h Nous allons maintenant montrer que
cette relation suffit pour caractériser pres-
le rapport [F (t + h) ~ F (t)]/h représente,
géométriquement, la pente de la droite que entièrement la fonction F, de sorte que
k cukul des int&ulcs prtut7t .sw~ 111,f&w
joignant les points Ct,F Ctl) et
tien ,f wviend7z L7 10 ~i~:tt,~777i77f~ti~)77
d’w7c
(t + h, F (t + h)) du graphe de F. On
désignc habituellement la dérivée à droite solutio77F C~ClXquutio7~ (24) ; c’est Ii le
au point t, si elle existe, par F’(, (t). cœur même du C(calcul infinitésimal H tel
On définit bien entendu de même que le concevaient les analystes du
la notion de dhivbe 6 gmche au point t : xvn? siècle,
c’est un nombre c possédant la pro-
Priété que. pour tout p, il existe un nom-
bre II,, < 0 (aucun rapport avec ce que
nous avons désigné ci-dessus par /f,J tel 6. Détermination d’une fonction
que : par sa dérivée
(22) hp<h<Oa
Soit F et G, deux fonctions admettant en
~F(~+h)-WO_c~< lo_9
\ un point t des dérivées F’(t) et G’(t) : on
1 l
voit facilement qu’alors les fonctions
Le raisonnement qui, pour la primi- F + G, F ~ G et FG admettent aussi. au
tive F dex nous a conduit i la relation (19) point t, des dérivées données par des
avec I>=,f(t + 0) conduirait. moyennant forp&tu!es sipnl6~
AY-.,. P+
-. 6~21~~ r*Q~w~tiv~n7~nt
a...-d .U.,YU~.~.-.~.-~~.
des modifications triviales, à la relation à:
(22) avec cette fois c =.f(f -- 0). En
résumé : F’(z) + G’(f), F’(t) -G’(t),
F’(t)G(r) + F@)G’@).
Tl7kw&77w 8. Soit f une fonction réglée
sur un intervalle X, et La meilleure t”dcon d’établir ces rksul-
s
tats est d’utiliser la notation de Landau et
F (f) = ‘f(x) dx d’écrire, ce qui est clair d’après (19)?
a
82
CALCUL INFINITÉSIMAL
lorsque Iz tend vers 0 ; écrivant de même d’où : c= - F(a) et ‘f(x) & = F(t) - F(a).
sa
que :
Autrement dit :
G(r + h) = G(t) + ch + o(h) Thko&ne 10. Soit f une fonction conti-
nue dans un intervalle X et F une fonction
lorsque I tend vers 0, avec I = G’(f), on
dérivable dans X telle que F’(f) = f (t)
en déduit par addition que :
pour tout t E X. On a alors :
F(t + h) + G(f + A)
= F(f) + G(r) + (b + c)h + o(h), (27) ;j+) dx = F(b) - F(u),
s
d’où l’existence et le calcul de la dérivée de
quels que soient a, b E X.
F + G...
C’est ce qu’on appelle fréquemment le
Cela dit, et en nous bornant aux fonc-
th&orèïne fondumeWul du culcul infinit&-
tions dérivables pour éviter des complica-
fwul puisqu’il montre l’équivalence entre
tions secondaires (mais les résultats que les deux problèmes suivants : calculer
nous allons établir seraient encore vala-
bles, moyennant des modifications trivia-
les, pour des fonctions admettant partout
des dérivées i droite et i gauche), consi- pour toutes les valeurs possibles de u et IJ ;
dérons deux solutions F, et Fz de l’équa- trouver une fonction F telle que
tion (24) ; la fonction F = F, ~ FI admet F’(f) = f (t) quel que soit t. Si, par exem-
alors dans l’intervalle X considéré une ple, l’on sait que la dérivée de la fonction
dérivée : .Y’~est 15,~‘~. de sorte qu’on a F’(f) =,f(f)
si f(t) = xl4 et F(r) = _~‘~/15, on peut
F’(t) = F’,(z)-F’~(~) =f(f)-f(f) = 0.
immédiatement écrire :
On est alors amené à établir le résukat
suivant :
Thekxim~ 9. Soit F une fonction définie
quels que soient u et b, sans autre calcul.
dans un intervalle X et admettant, en tout
point de X, une dérivée égale i 0. Alors la
fonction F est constante dans X.
7. Théorème des accroissements
Si l’on admet ce théorème, on voit que
finis
deux solutions quelconques de (24) diffè-
rent entre elles d’une simple constmte. Si Il nous faut maintenant démontrer le
donc l’on connaît une solution F de (24), théorème 9, c’est-à-dire prouver que l’on a
et si l’on choisit un point a de X, on aura F(u) = F(b), quels que soient a et b dans
une relation de la forme : X. L’idée de la démonstration est d’une
extrême simplicité, et fort ingénieuse. Elle
consiste i observer que, si l’on contemple
83
CALCUL INFINITÉSIMAL
le graphe F dans l’intervalle ]a, /J[, on peut (Par une fonction dérivable sur [u, h]
trouver un point c de cet intervalle OÙ la nous entendons une fonction qui admet
tangente au graphe de F (fig. 4) est une dérivée en tout point x tel que
u < .X < b, ainsi qu’une dérivée à droite en
fig. 4 a et une dérivée à gauche en h. On démon-
tre souvent le théorème 11 sans supposer
l’existence de ces dérivées en u et b.)
Notons d’abord qu’il sufit dZtublir le
thkor$me 11 pour les fonctions F telles que
F(a) = F(b). Supposons-le en effet établi
moyennant cette hypothèse supplémen-
taire, et substituons à la fonction F donnée
ta fonction :
bien plus utile encore que voici : et telle que F(U) = F(b). Il existe un point
T/zéorCme 11 (formule des accroisse- c E 1~7,!T[OÙl’on a F’(c) = 0.
ments finis). Soit F une fonction dérivabie Ce résultat est connu sous le nom de
dans un intervalle compact [u. /T]. Il existe CTthéorcme de Rolle )), académicien fran-
un point c E lu, LI[ OÙ l’on a : çais de la fin du XVII~ siècle, et resté célèbre
pour avoir eu le premier, du moins le
suppose-t-on, l’idée géométrique d’une
84
CALCULINFINITÉSIMAL
démonstration du théorème 11 !~k. Cette F’(c) ; on en conclut que F’(c) doit être à
idée, identique à celle que nous avons la fois positif et négatif, ce qui prouve que
exposée au début de ce chapitre, consiste F’(c) = 0. On parviendrait évidemment à
à remarquer que le théorème 11 bis la même conclusion en supposant :
exprime l’existence d’un point du graphe
(31) L < c < b et F(x) > F(c)
de F OÙ la tangente à celui-ci est lmkmz-
tule ; et la meilleure façon de trouver un tel pour tout s E [u, b].
point (c’est du moins l’impression que l’on On voit ainsi qu’en définitive les théo-
retire d’une réflexion géométrique simple) rèmes 9, 10 et 11 reposent sur l’existence
consiste à le chercher parmi les points OÙ d’un point c vérifiant soit les conditions
la fonction F est rm,~imutw ou mirzimun (30), soit les conditions (31).
v% 3.
F(c +h)-F@l
(le cas oti Iz = 0 est exclu de (21) et (22),
h ’
mais se traite dircckmcnt par vérikation
défini pour tout /z # 0 assez petit (parce triviale). Posant M = 1 + 1F’(t) 1,on en dé-
qu’on suppose c distinct des extrémités u duit que l’on a 1F(t + /z) ~ F(t) 1 < M 1h 1
et h de l’intervalle considéré) est alors pour /z’ < 11 < 11”. Choisissons un entier 12
positif ou nul pour Iz < 0 (quotient de tel que M < 10” ; alors M i h i < 1OW’
deux nombres négatifs), et négatif ou nul pourvu que 1h 1 < 10 Jl+“. Les t’ tels que le
pour Iz > 0. Mais si 1h1est suffisamment nombre I = t’ ~ t vérifie à la fois /z’ <
petit, ce rapport est égal, à lO--J’près, à Iz < h” et 1h 1< 10mJ’~‘J forment un inter-
85
CALCUL INFINITÉSIMAL
valle ouvert I(t) contenant le point t, et le posé être compact), et nous nous bornerons
raisonnement précédent montre que, pour à prouver l’existence de c’, celle de c” se
t’ E X 0 I(t), on a 1F(t’) - F(t) 1< 10 P, démontrant de la même façon (ou, mieux
autrement dit que F est constante à lO--p encore, se déduisant de l’existence de c’
près dans X f’ I(t) : d’où la continuité de F puisque c” joue pour la fonction - F le
en t (cf. fin du chap. 5). même rôle que c’ pour la fonction F).
Cela dit, le théorème 12 s’applique a F, Or nous savons que. pour tout p,
d’où des points c’ et c” dans X tels que l’on il existe des xE X où l’on a
ait F(c”) < F(x) < F(c’) pour tout x E X. M - lO_P < F(x) < M. Soit A,, l’ensem-
Si l’on a (1 < c’ < b, la condition (30) est ble de ces x E X ; tout revient à prouver
realisée ; si l’on a Q < c” < b, la condition qu’il existe un point c commun à tous les
(31) l’est, et dans chacun de ces deux A,,, car si l’on a :
cas le théorème 11 bis est démontré,
M- lO-p < F(c) < M
comme on l’a vu. Il reste à examiner le
cas OÙ L’ et Ci sont situés aux extrémités quel que soit p, on aura évidemment aussi
de X. Mais comme F(Q) = F(b), on a F(c) = M. Nous allons maintenant raison-
alors F(c’) = F(c”) = F(a) = F(b), donc ner par l’absurde, en supposant que les
F(x) = F(u) = F(b) pour tout x E X, et la ensembles A,? n’ont aucun point commun
fonction F est constante, d’où F’(t) = 0, et en déduisant de la. une contradiction.
quel que soit t E X, de sorte que le Si les AP n’ont aucun point commun,
théorème 11 bis est trivialement vrai dans alors, pour tout x E X, il existe un entier p
ce cas aussi. tel que x @A,,, c’est-à-dire tel que l’on ait
Passons maintenant à la d&wnstmtion F(x) < M - lO_P. Comme F est continue
du théorème 12, Tout d’abord la fonction, en tout point de X, il existe alors un
étant continue sur l’intervalle compact X, intervalle ouvert I(x) contenant x, et tel que
est réglée sur X d’après le théorème 6, F soit constante à lO-‘+’ près dans
comme nous l’avons déjà observé au cha- Xn I(x); pour tout x’ EXn I(x) on a
pitre 5 ; elle est donc bornée sur X : choisir donc alors F(x) < M - 10 P + lO~J’+’ <
sur X une fonction étagée q telle que l’on M - lO-‘+’ puisque l’on a :
ait par exemple 1F(x) ~ cp(_x)1< 1 pour
tout .x E X, désigner par u et v la - 1 + l o c - l + L1op + ’
-
P
P p P &
plus petite et la plus grande des valeurs - 10+1 -9 -1
-_p=__-<-m->
(en nombre fini) prises par la fonction lop+’ loP+l 1oJ,+1
cf sur X, et observer qu’on a alors
u - 1 < F(x) < v + 1 pour tout Y E X. comme on le voit en observdnt que
L’ensemble F(X) des valeurs prises par la ~ 9 < - 1, Désignant par q Ientier p + 1
fonction F sur l’intervalie X est donc borné on voit donc que, pour tout x E X, il existe
et admet par suite une borne supérieure M un intervalle ouvert I(x) contenant s et un
et une borne inférieure m (cf. chap. 1) ; entier q tels que l’on ait :
toute la question est de prouver l’existence F(x’) < M - 10-9
(33)
de nombres c’ et c” E X tels uue JH = F(c”)
et M = F(c’) (ce qui, nous l’avons vu au pour tout x’ E I(x) n X.
chapitre 1, pourrait fort bien se révéler Appliquons alors le théorème 7 ; on
impossible si l’intervalle X n’était pas sup- trouve des points xi, . . . . x,, de X, en nom-
86
C I A N L F C I U N L I
+
N q l p o u e eq o t en u
p a p uo l m u o& ,s e q i ir
S , e d c iCf so pe l c 4 tn e a a , u s l t s c
hf f U ol p ji bn un
l d i a e e p n dr n r t an e é ni n g sè
c q l c e ue e a p in r u
l f d a o p ’ p r a i a m r n r u t t l
e d d p a sp e e u tl g
U = ( e ( V, = x( ~ bt X f( ; ). ) ) ,X Y 3 ,) / ’
L f d T a on p de a sr’ a ’
c v = 0 oi v (a m, m l i [l a me ?o n en )r i t s
l n c p ’ d me o s a o ep é n i s
m : e n t
é l dv g ’ d re a r R o u e
f - = f ( - a + f y b - f Q) Uu d) (( )o @() pa u 3 d* u)( 4l p )un 9 qban 0a r
o d t ns é s o p a’ s e u o
c l f h l ap o d ed e o n e
pc c o S i p nc u - o
I e c q l l sr l u es t a a e e i i s r o
a < b d ( l ac s3 t ’ d na e8 r
p a l o qu l o d u us e n é r es s g r s i ti u
m a d êc v ed m hs e se
e e s xc t oA i o nu s n tt t t r e i
t d l rr a e dia s n s e
d s , e d c i i ( f s oe al lt r Y t n a a, e + s l ‘ s a ,
q l a ( - x u > ’0 p b a < ) .e < ob o J
t : i o n
S n e M l mo ? t e l em i i t e a n
(j?‘)f(b)-f(a) = f
+f”(u)(b--a)*/2 +...’ d l ( c a u’ [ b d ol)n f i u ] ( e
+ _+ R t c P f i ( o ; o, (a a@ o : . n n u l +
O l a p Ùp !’= 1 o ( o , s p n 2 é r . o .
( l v &
4 = na I 9 d2 ba
d p p en r e s o e e n m t m t b i i r e
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ù ’e d p, esl o C R <a] bxta n E Mb n
+ r p , ’
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sC P l s C p!I l
r : e l a t i
d s q t er o àu é o el r ev u
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L d T a a r e iu , v e ny f e s tl o c t to r
P c a o lef p ( u a al o p
e l r : s a e t l a t i
l f . a = o( ~ ~ f + 1n. ! y l
( = + 3 +f y 9 y@ d @ )l d( )o ) sfe é a n s ( u(s r)
+. ( ) - Q ! + FR a ( ( - Pu ! P.. . . b, .~ u /e) 1 p , , l Y xd ~tJ o a
8 8
CALCUL INFINITÉSIMAL
89
C i A N L F C i U N L
9 0
CALCUL INFINITÉSIMAL
plus tardif que celui des fonctions d’un seul variables. Malheureusement, cette notion
argument. Inauguré avec un siècle de est essentiellement liée au choix d’un
retard, il ne parvient à établir solidement système de coordonnées
ses fondements qu’au début du XX~siècle. Par exemple, considérons les formules
Ce n’est qu’aux environs de 1930 que W = RI’ = EI = El/R, qui traduisent un
sont abordés les problèmes difficiles de cas particulier des lois d’ohm en électri-
cette branche de l’analyse, très Utilisée cité. On constate que le symbole aW/aI est
depuis lors. égal à 2 RI, E ou 0 selon l’expression de W
que l’on adopte. L’explication de ce para-
doxe vient de ce que la dérivation par
1. La préhistoire rapport à 1 n’a pas la même signification
selon que l’on opère à R constant (et E
le formalisme variable), ou à E constant (et R variable)
des dérivées partielles et enfin si l’on fixe E et R.
Avant d’étudier le comportement d’une S’inspirant de ce que Leibniz avait fait
fonction f(x,y) de deux variables, lorsque pour la différentielle des fonctions d’une
,y et y varient simultanément et indkpen- variable, Euler et Clairaut étudièrent une
dumment, on commence par faire varier .y expression remarquable, la dij&entielle
et y successivement. Fixons la valeur de ,r : totule :
la dérivée de la fonction x - j’(,x,y),
lorsqu’elle existe, s’appelle la dérivée par-
af (~,y) de f par rapport
tielle Zy à .y (à ,V c’est une fonction de quatre variables
constant). La notation utilisant le a pour indépendantes ,y. y, d,x, dy (hnéaire par
désigner la dérivation partielle, par oppo- rapport aux deux dernières). Cette expres-
sition au d désignant la dérivation ordi- sion possède un caractère invariant
naire, a été préconisée par Legendre lorsqu’on la soumet à des changements de
(1786) et vulgarisée par Jacobi (1841). variables du type particulier suivant : si
Si, maintenant, on fdit varier x et y en l’on exprimes et y en fonction de nouvelles
fonction d’une même variable t, on trouve variables X,Y au moyen des formules
que : .y = _y(X,Y), y = y (X,Y), et si l’on effec-
tue, epr t&ne temps, le changement de
variables (( covariant D, selon les formules :
91
CALCUL INFINITÉSIMAL
92
CALCUL INFINITÉSIMAL
on pose, de plus :
93
CALCUL INFINITÉSIMAL
avec de telles notations, la série de Taylor composantes X(M), Y(M), Z(M) du vec-
s’écrit alors comme une série i une varia- teur q on associe une fonction scalaire, la
ble, mais avec une sommation étendue i divergence du champ :
l’ensemble de tous les multi-indices :
ax ay az
tiens du point M.
Ces notions permettent d’écrire, sous
Une étape historique importante,
une forme concise et suggestive, un grand
aujourd’hui complètement dépassée, a été
nombre de formules de la physique théo-
l’élaboration, par 0. Heaviside et
rique, de la mécanique et de la géométrie.
W. Gibbs, de l’analyse vectorielle, qui met
Par exemple, les divers cas particuliers de
l’accent sur certaines expressions invarian-
la formule de Stokes (attribués i Green,
tes par changement de Coordonnées rec-
Ampère, Ostrogradsky, etc.) prennent la
tangulaires dans l’espace à trois dimen-
forme :
siens. La structure euclidienne y joue donc
un rôle primordial. À une fonction numé- &f .dr = f.;do,
rique M -f(M) = f(.x,~,z) (OÙ l y, z
sont les Coordonnées de M par rapport à div?.dT = (;.;)dq
11 11
une base orthonormée), on associe le
--
vecteur, dont les composantes sont : rotV.dT = ;AVdq
Ii1 JJ
94
CALCUL INFINITÉSIMAL
et des changements de bases orthonorma- forme qui s’applique également aux fonc-
les. La véritable solution du problème de tions définies sur des espaces de dimension
la formulation intrinsèque du calcul diffé- infinie (cf. chap. 2).
rentiel n’a été obtenue qu’après l’édifica- Après que R. Gateaux et V. Volterra
tion de l’analyse tensorielle (par Ricci et eurent dégagé la notion de dérivée direc-
Levi-Civita) et du calcul différentiei exté- tionnelle d’une fonction définie sur un
rieur (par Élie Cartan). Bien que ces espace fonctionnel (établissant ainsi la syn-
théories n’aient été exposées à l’origine thèse entre le calcul des variations [cf. calcul
qu’en termes de Coordonnées, il n’a pas été des VARIATIONS] et le calcul différentiel clas-
difficile (après la construction axiomatique sique), 0. Stoltz et M. Fréchet donnaient la
de falgèbre linéaire et multilinéaire), de les définition intrinsèque de la notion de diffé-
traduire en langage intrinsèque. rentielle. Ces travaux ont fait prendre cons-
Le calcul différentiel extérieur explique cience du fait fondamental suivant : pour
l’origine (qui paraissait quelque peu mys- traiter le calcul différentiel des fonctions
térieuse) des notions de gradient, de rota- définies sur un espace vectoriel normé E et
tionnel et de divergence, puisque les déri- prenant leurs valeurs dans un espace normé
vées extérieures de : F, il est indispensable de manier simultané-
ment de nombreux espaces auxiliaires obte-
nus a partir de produits tensoriek des espa-
XcGY,@dX + Y@>Y>G~Y + wGY,a~&
ces E, F et du dual de E. En particulier,
X(x,_r,z)dy A dz + Y(x,y,z)dz A dx
chacune des dérivées successives d’une
+ W,.v,z)dx A dy
application différentiablefdoit prendre ses
sont respectivement : valeurs dans un espace différent.
Cette conception oblige à manipuler
simultanément un grand nombre d’espaces
normés, ayant des dimensions différentes,
(g-z)dy/ldz+($g)dz/ldx
ce qui n’est pas fait pour faciliter l’intuition
géométrique. Pour obvier à cet inconvé-
+(+&g)dxAdy,
nient, C. Ehresmann a créé, en 1943 et en
g+c+g dxAdy/ldz. 1952, deux outils extrêmement commo-
dY )
des : la notion d’espucejbré et la notion de
La formule de Stokes qui s’exprimait, variété cIesjets. Grâce à ce langage, on peut
nous l’avons vu, sous des formes très concevoir le support géométrique du
diverses et d’emploi limité dans le langage calcul différentiel a n variables comme un
de l’analyse vectorielle s’écrit aujourd’hui : domaine !A de l’espace à n dimensions, et,
N au-dessus 1) de chaque point M de 0, on
imagine une (( fibre H, formée par une
collection d’objets mathématiques (vec-
OÙ ti est une forme différentielle, &J sa teurs. tenseurs, matrices, covecteurs et
différentielle extérieure, 0 une chaîne cotenseurs, etc.), dont on aura besoin pour
Orientée, et 30 le bord orienté de 0, décrire la théorie. La description a priori
Les progrès de l’algèbre linéaire ont de la variété des jets, exprimée de façon
permis enfin de définir la différentielle sans intrinsèque, permet de s’affranchir de la
aucun recours aux Coordonnées sous une manipulation de signes hérissés d’indices
95
CALCUL INFINITÉSIMAL
96
CALCUL INFINITÉSIMAL
98
CALCULINFINITÉSIMAL
99
CALCUL INFINITÉSIMAL
100
C I A N
a f C ua o d é dm xv n é bt é( a F c j lé Amc iO t à e rN of N t i
p M : a o r r v p sl f a o C ee o l u= s
T É dh u at o& n pIa s n do e d lpn ’ a n ’r r i ( l t a v é uè
d c C d Re dl R ? l em ’ aa a P l a e là l ns ud o es as i :g i ueu e v
s d L e d le e d np e ’ bp e sod di e oa vs ie imd l s su o n v ae
s e n il n s > un - no + 1 ? tu l pf gr C n ld o uns + 1 vme ee n lq
( ac W u e o m h n x b n X o = i ( . e . , s.. ..) . n t yp Y muY tp x t n ,a ,
q c i u e en n e s té én : t tc gô ee am s
U c r t R T e éa d i . h s é l o u m i m l o s
t u t
r l m
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q e ér g
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Ys,, , é
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q c uu a o f ned Rp n I lele unp sd d c fel ( l oi C e iq ose i
d W p êa a e pt n dp su ar s epp X’t = 0 er a soru r a q, v uon
f n o q d ’ s n u e ea i u pc e s dsy ndn ot i etàa kge e li n
d C û a m t_ d le c a Y o s en Co e l X , n o st fe
L c ~ 1e ~ a =e ~ ,s = s 2t D= l c2 a / a2 eo a ns n q 2 n1 n sa
e é n p W l ct a h t u d io r s i e c id enf ’ u t l i vIe r sa e
t s c ut o dé p eh n uln l e né p d m è’ o sd to l l ec bêeC n ct a r u e
s l t ev e d o la à Iqi q u f orl d fu u t d a t nia fi e d i eM ui h é é f l
d a i p ê b rm e gt s é e u rr t an t ae r hs
c s o d o e mR ’ u s mZ u s p en n- a .
O p m s nc e ê d ee o u m’ s n t eu Gp t G n E a e
R s l a Z d li ’ sc ” ed a o uc - ei n be ’ ss sp s
( s e () P e l l )( ba xf a .( o-r e i u m n -
t d K N pe ê e r l dei tR ée B aul r j aii ntl e b ln es l
à c d s to e e e rn e Gl BEAUDOIN, a d t C&ul. l w ve i l ePc et t i
U L 1 n/ C BOUCHET
a 9 & Ji . SAGNET,
v 8 .v
d R s a a p 4 ad u n o no c s i su u n b n t
Culeul &j%mW e/ i M C n a h
( 1 /Q H CARTAN, 9 COU~S u . & UIINI 8 é
É d i t e d u s é dd“. Ha ei n ée u 1 / oJf DIEU- dr x 9
d f d e o i n f DONNÉ,
c F f d lt o mé e ~Ci n o r
V 3 é 1 ; Ci i d’ 9 H al n. 7
Àl s d ta ud H uWh d ie , 2 héé 1 é/ tJ DOUCHET io j e
’ d 9 & B. .ZWAHLEN, . t8C&I/
r à
c S L i a d. o et 1 é j Q né 9e mi a @ P , 5f p no s er 9o ~n
q t i e u o d d l n e du a é r ’ g L et n a o1a e /a Js
l m9l n
sTOUGERON, u.
I d f d~ e oS
h ~ B xpn i
f C p ou f m a nn o rn ce n a t c l i t
1 / P VEREECKE, F9 . d c o d7 u u n
r e n é s fé e t ce t P l 1 e ;rA i . ld c9 s m dp t U u ea s8 ~
C t s e hq f i f éu i o1g o’ & n9n ru f c 8 i è
d c C e de : p i ~ s f~ a a ~t ov s r ~ ,~ s ï ï s e
a g s lnd G, p i a a i n o lv n yi c ts
d fs e dé T o e cs er a r n h i y m a e l e q s o
p d d od u go e p i e ms o n f at s te i s t
E 1 B M n 9 e .p a à 6 s a l 2 t r g , v r
d q l ét dup e m h eer éo é on C p rtS A Y
d W ce e d l lc di a
-
e aa ee n ss
C
sr s
S s
A
s
Y
f a o d pn nv e l a ca u l tr s y ii
1
COMBINATOIRE ANALYSE
CALCUL TENSORIEL
- TENSORIEL CALCUL
1. Dénombrements élémentaires
L
7 analyse combinatoire est l’ensemble boules dont les numéros vont en crois-
des techniques qui servent, en mathé- sant? Pour déterminer ce nombre. on
matiques. a cowpter (ou &hxduw) cer- raisonne de la façon suivante. Si la pre-
taines structures jïnics, ou 2i les énwnérer mière boule a été tirée et que son numéro
(établir des listes exhaustives de structures est 1 (1 < 1 < 10) pour obtenir un tirage
considcrécs), enfin à démontrer leur c~xi~- croissant, on peut choisir le numéroj dc la
tenu pour certaines valeurs des paramè- seconde de 10 ~ i façons différentes.
tres dont elles dépendent. Ces structures Enfin, pour obtenir un tirage croissant. on
sont très Variées ; leur seul trait commun peut choisir soit un tirage commençant par
c’est d’êtrejkc.y. En revanche, les problè- le numéro 1, soit un tirage conimençant
mes qu’on se pose sur ces structures sont par 2, etc. Le nombre de tirages croissants
très divers. et les techniques mathémati- est alors égal a (10 ~ 1) + (10 ~ 2) +
ques qu’on utilise pour résoudre ces pro- +(lo-9)+(10--10)=45. 011 a
blèmes, très différentes. Par exemple, si on implicitement utilisé les deux règles su-
veut dénombrer les arbres de I sommets, vantes (la seconde avant la première) :
on établit une correspondance biunivoque Règle de la .~omme : Si on peut choisir
entre l’ensemble de ces arbres et L’ensem- un objet a de THfzrçons et un objet h de 17
ble de certaines suites qu’on sait compter. façons, on peut choisir ll OLI I de TII + 17
Mais, si l’on veut démontrer l’existence façons.
d.une famille infinie de codes correcteurs, - Règle du produit : Si on peut choisir LII?
on utilise des résultats fins sur les anneaux objet a de n7 façons, puis un objet b de 17
de polynômes a coefficients dans un corps façons, on peut choisir 0 puis h, h7s C~V
fini. Pourtant, dans les deux cas, on dit ordre, de n7n façons
qu’on s’occupe d’analyse combinatoire. Reprenons l’exemple ci-dessus. Pour
Dans le foisonnement des sujets dits de caracleriser un tirage, il sutlit de se donnera
nature combinatoire, on a donc dû faire un un couple (i,,j) d’entiers tels que i et,j soient
choix et laisser de côté des objets impor- compris entre 1 et 10. Désignons par X
tants. l’ensemble des couples (i,,j) tels que
102
COMBINATOIRE ANALYSE
ïO3
COMBINATOIRE ANALYSE
D’abord les trois formules (3) (4) et (5) 1 < 2 < k. On définit ainsi une bijection de
s’étendent au cas général de k ensembles l’ensemble XL des k-uples (.x,, ,Y~,.... .Y~)
(k > 2). On obtient : pris dans X sur l’ensemble, noté Xy, de
toutes les applications de Y dans X. La
(7) 1x, u x*u u Xk 1
formule (10) et le principe (6) impliquent
=l~,l+l~2l+...+lw> dont:
+ (- 1y-’
Il <
z
i2 <
1xztn
< 3,
x,>n n x,, 1+
104
C O
ANALYSE
105
C OA N M A B L IY S N E A
l c d p e ae p e rO a ln r m o n sp cu oe e c d upp uén cn n mh e re ll hs
d p d’ l u X lae d’ r o p ab oef ta n e o nanc ni p u r -ise to
n d r s é e Ao A e.... A ,cu Z c r , os d , os L m - f’ eé
( > 0 d X ( r c) e p d êe t e od d tr v i u ne e u rt = a e o (v t u ) ea r x
v s i 5 A a A = @ sd I #i t , t - 1 ie s fj d i ) es e ’s és s )l n) é vf
e X = A U A t U A, N * q , Uf o : u . o t e . r o
p d u po é o n s au f n e ’ rr i i t n mi i
p u o s la An Dr u esp P$ dé r sa ! sr r , ei g
l n d p e o d Xe ea p s m e n r ob t ur i se
e n v n P do i es o én d ne u f e sm r i s ub
l n d S e o q a e t d m p i
u s f dn Xu s Y i s ee dr u , l u ej r f e f c
p n ! c ac , o d m ro m u
s d u ep o d n X ae np ee rn n t e i r
unP. O d q l f n i ,f(t, u u) a eo t e
s no v p u o ub i u nn si d i e -j e s ee s
l f g a o d kn n e no
t d l i f e ’p c op so ea e n or nr s m
u s sé e
~ !; p /c ul Fo d i ’
e s Yn D ul r .s ’d ar è e au g m p l b r
c f ge o o épt n n
p o a 1S1r= p ! S$n I e mo l s ad t iu ni
r d ép ’ c sr a o
n f d v a qa l en é n xuc e o r t ie s mi l bf e
r o t d e f u r g e s o o é s
s a r a d ru e t s e éx l i u c a s i u t f -
d n ’ l a o n a i d u mo
v : a n t e s
S t i
S = s = 1 e qA ;= s t+ + f p , S - s d u’ u ai o A c pn n n
m e a uu é t y u tn Ol a n
pour 1 < p < n.
a s f p àc é o dp Ao r r
C r d re e p e és l e c a r u t m r i
e e u i t n n u nu s e , dn
d d c 18o 1d ep a e pn e r l n rc o c o c u c h
s i y: n m f
L c x es o l n s’ e e o a f s mp f bp i
d S ( d e t e d eD i s e uo r p xn h è in g c
l t d p e a c e r yb : o s e il e m e f i a f
O l u s d ÙAe ( n> o0 Oa d sq I n) nn
a e l c ! d s ue do c e? s t ae e
L s e l ap o d td e rs m e e
f s od d o m ré à e n a
r l r e u e d èd s s s e gi
P e l n a x d s e or e e u m m r b p j r l
v p l p i d od e s r it e u e éo
d e d’ 5 né seu u sl un n ée r m eb
e l c s l pt e a uU e = u U l r% s
e d 3 né ee és k à s ge m t am e lbn
( A E Ac N c T 2 Lf : s oN h )
3 ! s; = 1 5 0 .
a d s : e é u r
2 F g o. é n n c é t r i
l s e le s o : s au é m t
O a v q nns u pu t e a d a’ r v e so o a n u i
f e o d x l nr o p e om n l mu n i bl a
d s d e ue d ’ n érn eu lj s n éee -cm
1 0 6
COMBINATOIRE ANALYSE
C”un,
Ix
nao dans u est donc égal à :
OÙl’on a : c,, = auh,,+ a,b+, +...+ u,&
pour tout I > 0. Si U est une telle skie
sans terme constant, c’est-à-dire telle que le
coefficient de u” soit nul, on appelle On peut vérifier que ce nombre est le
exponentielle de U la série : nor~bw de partitions de type (rn,, rn2, . . . .
m,J, c’est-à-dire de partitions de l’ensemble
X = [ 1, 2, .... n} en m, + nzz + + w,,
sous-ensembles non vides, parmi lesquels
En d’autres termes, exp U est la série m, sont de cardinal 1, wrx de cardinal 2, . . . .
formelle dont le coefficient de un est le w,, de cardinal II.
coefficient de r/’ dans la somme (finie) : Cette interprétation nous permet de
retrouver le nombre de partitions de
1 + U/l! + V/2! + . . . + un/n ! (n > 0).
l’ensemble X = { 1, 2, .... TZ} en p sous-
Une suite infinie d’indéterminées ensembles non vides. En effet, le nombre
t = (f,, t!, . ..) étant donnée, nous prenons de sous-ensembles non vides d’une parti-
pour anneau A l’anneau des polynômes à tion de type (wr,, w2, . . . . nz),) est
coefficients rationnels dont les indétermi- p = m, + Q + + I~I,,. Si donc l’on
nées sont prises dans la suite t. Posons pose r, = tl = = f), = t dans l’expres-
alors : sion (1) le coefficient de P dans le second
membre va être égal au nombre de parti-
tions de X en p sous-ensembles non vides,
soit :
son terme constant est nul, on peut donc n
prendre son exponentielle, qu’on peut a” (t, 1, . . . . t) = s$ tp.
z
p=l
écrire :
107
COMBINATOIRE ANALYSE
5+-----?<
6
urtks. Si l’on a .K,,r E X et {.x, y} E U, on
dit que .Yet y sont adjacents. Une c!&w
du graphe [X, U} est une suite {.Y,, y,],
{,Y?,y?}, . . . . {.x,!,y,,} d’arêtes distinctes telle
que, lorsque n > 1, on ait :
b,,Y,l n bi+*>Y,+*l f 0, 3
pour i = 1, 2, . . . . n ~ 1. Si de plus, on a
17 > 1 et Ensuite, si l’on (( efface n un sommet pen-
dant d’un arbre de I sommets, et l’arête qui
le contient, on obtient un arbre de (TT- 1)
on dit que la chaîne est un ci&. Un graphe sommets. La construction de Prüfer est
est dit cwzne_~e si. pour tout couple de alors la suivante : pour un arbre de A,,
sommets distincts (s, y), il existe une donné, on efface le plus petit sommet pen-
chaîne {.Y,,y, 1, I.x?, ~~1, .... {,Y,~,
y,$] telle dant et l’on désigne par ,Y,l’unique sommet
que .x, = x et yfl = y. Un arbre de II qui était adjacent à ce sommet pendant. On
sommets est alors défmi comme un graphe répète cette opération avec l’arbre restant
108
COMBINATOIRE ANALYSE
d’un ensemble non vide X, on dit que cette groupe fini d’ordre n est un carré latin. En
suite possède un système de représentants fait, un carré latin peut être considéré
distincts, s’il existe une suite (.x,, .x?, . . . . .xJ comme la table de multiplication d’un
de I éléments distincts de X satisfaisant à système afgébrique dont la loi est seule-
.Y~E X, pour tout i tel que 1 < I < n. ment Supposée simplifiable. Soit l,, le nom-
Théorème de Hull-Khig. La condi- bre de carrés latins d’ordre n ; jusqu’à ce
tion nécessaire et suffisante pour qu’une jour, on a pu déterminer les valeurs exactes
suite (X,, X?, . . . . XJ de parties d’un de ln pour 1 < n < 8. Pour calculer ls, on
ensemble non vide X possède un sys- a dû recourir à l’usage d’ordinateurs, mais
tème de représentants distincts est même avec ceux-ci, en l’absence de nou-
que, pour tout k (1 < k < n) et tout velles méthodes, on ne peut espérer aller
sous-ensemble {i,, iI, .... &} de k in- bien loin dans cette direction. En revanche,
dices extrait de { 1. 2, . . . . n} on ait l’orthogonalité a permis de trouver des
1X,, U X,? U U X,k 1 > k. résultats plus intéressants. Soit A = (a,,) et
La condition nécessaire est tout à fait B = (b& deux carrés latins d’ordre n ; on
évidente, mais la condition suffisante est dit qu’ils sont orthogonaux si tous les n*
loin de l’être. couples (a,,, bJ, où i,j = 1, 2, .... n, sont
distincts. Par exemple, les deux carrés
latins d’ordre 4 indiqués ci-dessous sont
5. Existence et construction orthogonaux :
de modèles
110
COMBINATOIRE ANALYSE
récréatifs Supposons, en effet, que, dans ple de carrés latins orthogonaux d’ordre I
six régiments donnés, on relève, dans pour tout n différent de 2 et 6. Avant cette
chacun, six officiers, tous de grades diffé- date, cependant, on savait construire un
rents, et qu’on veuille disposer ces trente- couple de carrés latins orthogonaux pour
six officiers dans un carré de six cases de tout I non congru 1 2 modula 4. Une des
CÔté, de sorte que dans chaque ligne et méthodes qui s’est révélée des plus fécon-
dans chaque colonne if y ait un représen- des a été de considérer pour tout n > 3,
tant de chaque régiment et un représentant de la forme p”, OÙp est un nombre premier
de chaque grade. Une telle disposition et r > 0, le corps fini F,! ayant n éléments.
est-elle possible ? La réponse est non, et ce Désignons par ,Y~= 0, x,, .... .x,?_, les I
n’est qu’en 1900 que Tarry démontra cette éléments de Ffl et formons les matrices A,,
impossibilité par une analyse très systéma- A?, .... A,,_,, où Ak = (kui,) avec
tique de tous les cas possibles. Leproblènw Aui,,= x~.x, + ,x, (i, j = 0, 1, . . . . n-l ;
des trente-six oJï&rs était donc impossi- k = 1, 2, . . . . ?I-1). 11 est facile de vérifier
ble. Si l’on numérote de 1 à 6 les six que A,, A2, .... A, , sont des carrés latins
régiments et les six grades, chacun des orthogonaux deux à deux. On a pu étendre
officiers peut être repéré par un couple cette construction a tous les entiers n + 2
(i,j), OÙ 1 < 1,j < 6 ; le premier indice 1 modulo 4 et démontrer que sip,~~p~~~. ..pk”h
désigne son régiment et le second j son est la décomposition d’un entier pz en
grade. Vouloir un représentant de chaque facteurs premiers (lespi étant tous distincts
régiment (resp. grade) dans chaque ligne et et les r, strictement positifs) et si t = min
chaque colonne et vouloir quand même (JJ: - 1) pour 1 < i < k est supérieur ou
disposer les trente-six officiers, c’est cher- égal à 2, alors il existe t carrés latins d’ordre
cher à satisfaire aux trois exigences : n orthogonaux deux à deux.
Les premiers indices 1 forment un carré Notons que pour n > 3, il est aisé de
latin ; démontrer que le cardinal de tout ensem-
- Les seconds indices j forment un carré ble de carrés latins orthogonaux deux à
latin ; deux est au plus égal à (n - 1). Lorsque I
Les deux carrés latins ainsi formés sont est supérieur ou égaf à 3 et de la forme p’
orthogonaux. OÙ p est premier et r > 0, d’après ce qui
L’impossibilité du problème des trente- précède, on peut construire un ensemble
six officiers démontrée par Tarry équivaut de carrés latins orthogonaux deux à deux
donc à l’impossibilité de construire deux qui soit de cardinal maxima, à savoir
carrés latins d’ordre 6 orthogonaux, Euler (n ~ 1). Qu’en est-il pour les autres
n’ayant pu réussir à construire de couples entiers? La question est loin d’être réso-
de carrés latins orthogonaux d’ordre n lue. Le théorème de Bruck-Ryser démon-
pour des entiers de la forme n = 4 k + 2, tré en 1949 et énoncé ci-dessous apporte
conjectura qu’il n’existait pas de couples un premier élément de réponse. 11affirme
de carrés latins orthogonaux d’ordre n la non-existence de certaines configura-
pour tout I de la forme 4 k + 2. À tions dites plans project$ d’ordre n, pour
l’exception du seul cas I = 6, sa conjec- une famille infinie d’entiers, Sans vouloir
ture s’est révélée complètement erronée et, donner de nouvelles définitions, disons que
en 1959, Base, Shrikhande et Parker l’existence d’un plan projectif d’ordre n est
démontrèrent qu’il existe en effet un cou- équivalente à l’existence d’un ensemble de
111
COMPLEXES NOMBRES
1
ntroduits a l’origine comme symboles
Les paramètres b, v, r, k et A ne sont pas
purement formels destinés à rendre
indépendants. Il est aisé de vérifier les deux
compte des propriétés des équations algé-
relations :
briques, les nombres imaginaires sont d’un
(1) bk=w et r(k-l)=k(v-1). usage courant au xvnF siècle, mais ce n’est
qu’au siècle suivant qu’ils seront définis et
Mais i leur tour, si b, v, r, k et A satisfont utihsés correctement, avec la rigueur qui
aux relations (l), cela n’implique pas caractérise les préoccupations des mathé-
nécessairement qu’il existe un modèle maticiens du XIX~siècle. Et c’est alors le
en blocs incomplets équilibrés de paramè- prodigieux essor de la théorie des fonctions
tres (b, v, r, k, A). Beaucoup de résuhats d’une variable complexe et l’entrée en
partiels sont connus au sujet de la cons- force des imaginaires dans presque tous les
truction de tels modèles. Lorsque b = v domaines des mathématiques. De nos
(donc k = r), on dit que le modèle est jours, Ies nombres complexes intervien-
symétrique ; on l’appelle encore (Y, k, A)- nent de manière essentielle, comme un
conjîgurution et l’on montre qu’un pIan cadre naturel, dans maintes théories
projectif d’ordre n est équivaIent à mathématiques et physiques.
112
COMPLEXES NOMBRES
113
COMPLEXES NOMBRES
Théorie géométrique
L’idée, non seulement de représenter les
nombres imaginaires par les points du
plan, exprimée maladroitement par Wallis
dès 1685, mais de les déjinir à partir de ces
notions, est apparue dans deux mémoires,
passés inaperçus à l’époque, du Danois
Wessel(l798) et du Suisse Argand (1806).
En fait, c’est Cauchy qui diffusera ce point
de vue.
Dans le plan muni de deux axes de
Coordonnées OX et Oy, on dira que les
vecteurs d’origine 0 portés par 0.~
définissent les nombres réels, tandis que les
autres vecteurs d’origine 0 définissent les
nombres imaginaires ; le terme nombres
opposé du vecteur a c’est-a-dire que la
complexes recouvre à la fois les nombres
multiplication par i2 revient à multiplier
réels et les nombres imaginaires.
par le nombre réel - 1.
L’addition des nombres complexes se
définit a partir de l’addition usuelle des
Théorie arithmétique
vecteurs. Pour la multiplication, on fait la
construction suivante : soit Güle vecteur La théorie géométrique présente l’incon-
-
unitaire de l’axe 0.~ ; le vecteur OC N pro- vénient de subordonner toutes les proprié-
duit )) des vecteurs x et s s’obtient tés algébriques des nombres complexes a
alors en construisant sur GTun triangle des considérations géométriques qui peu-
OAC directement semblable au triangle vent sembler étrangères. La théorie arith-
OUB (fig. 1). À partir de là, on retrouve métique, due à Hamilton (1835) consiste
géométriquement toutes les propriétés des à considérer les nombres complexes
nombres complexes. comme des couples de nombres réels et à
Le nombre complexe i est défini par le déjnir la somme et le produit par des
vecteur unitaire de l’axe Oy, et fa multi- formules explicites ; nous n’insisterons pas
plication d.un vecteur x par I revient davantage ici sur cette approche, que nous
donc à prendre un vecteur ?%? directe- exposerons ci-dessous. Ce point de vue
ment perpendiculaire à x; répétant cette conduit à essayer de définir plus généra-
opération, on obtient le vecteur c lement des opérations d’addition et de
114
COMPLEXESNOMBRES
ces deux opérations, l’ensemble des cou- Les nombres complexes écrits sous
ples de nombres réels est un corps, le corps forme cartésienne satisfont aux règles
115
COMPLEXES NOMBRES
116
COMPLEXES NOMBRES
rie des fonctions de variable complexe usuelles des suites de nombres réels ne
au XIX~ sièck ont vu naître d’innom- faisant pas intervenir la relation < sont
brables démonstrations de ce résuhat valables ici ; en particulier, le critère de
(cf. FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions Cauchy, qui permet d’affirmer qu’une suite
analytiques d’une variable complexe, est convergente sans connaître sa limite,
chap. 4). s’applique.
Un corps sur lequel tout pofynôme se Les .se’~Yes
de nombres complexes jouent
décompose en facteurs du premier degré un rôle absolument essentiel car elles
est dit algébriquement clos ; cette pro- interviennent dans fa définition des fonc-
Priété explique par exemple pourquoi la tions analytiques d’une ou de plusieurs
théorie des courbes algébriques se déve- variables complexes, qui est une branche
loppe plus harmonieusement sur le corps fondamentale de l’analyse. Soit (z,,) une
des nombres complexes que sur le corps suite de nombres complexes et soit (.y,J la
des nombres réek (cf. COURBES ALGÉBRI- suite des sommes partielles :
QUES).
Limites
on dit que la série de terme général z,,, ou
Puisque le module des nombres complexes que la série :
possède les mêmes propriétés que la
valeur absolue des nombres réels, on
peut définir de manière analogue toutes
les notions relatives aux limites ; remar-
est convergente de somme S. et on écrit :
quons d’ailleurs que les définitions qui
suivent, appliquées au cas particulier des
nombres réels, redonnent toutes les Ix Z” = s,
lzn-ul <E est sans conteste une des fonctions les plus
importantes des mathématiques (cf. EXPO-
pour n assez grand, c’est-à-dire sauf pour
NENTIELLE ET LOGARITHME). La règle de
au plus un nombre fini d’entiers n. On écrit
muhiphcation des séries permet d’étabhr la
alors :
propriété fondamentale de la fonction
limon = 24
n-m exponentielie : si z et :’ sont deux nombres
complexes, on a :
La limite si elle existe est déterminée de
manière unique, et toutes les propriétés
117
COMPLEXES KI~BR~~
E. U.
?G
CONIQUES
1. les sections coniques
L
7 étude des coniques a été pendant
deux millénaires le terrain de prédi- le cône circulaire
lection des géomètres qui ont accumulé sur Le cercle est la figure conique la plus simple
ce sujet d’innombrables théorèmes. Dès la et la plus ancienne ; il a été considéré
fin du III~ siècle avant J.-C., les mathéma- comme une figure bien avant le couple de
ticiens avaient obtenu par des méthodes droites, pourtant plus simple a priori (de
purement géométriques des résultats très tels couples existent dans toute géométrie,
complets : le Tmité des sections coniques alors que le cercle n’apparaît que dans
d’Apollonius (né vers 245 avant J.-C.) est quelques-unes). On peut alors définir le
un des sommets de la mathématique grec- cône circulaire, ensemble des droites
que. s’appuyant sur un point fixe (le sommet 0)
Le xvne siècle allait voir à nouveau se et sur un cercle (la base C). Le plus simple
développer la théorie des coniques dans de ces CÔnes est le cône de révolution, où la
deux directions très différentes. Descartes droite qui joint 0 au centre de C est
met en évidence les équations des coniques perpendiculaire au plan du cercle.
et reconnaît qu’elles constituent les cour- Les sections d’un cône circulaire par un
bes du second degré, tandis que Pascal et plan sont appelées sections coniques. On
Desargues donnent une impulsion consi- peut ainsi obtenir, outre le cercle, des
dérable à la géométrie pure en inaugurant ellipses, des paraboles, des hyperboles et
l’étude projective des coniques. des figures particulières (droites sécantes si
De nos jours, les mathématiciens ne se le plan passe par le sommet, droites
préoccupent plus guère d’enrichir l’herbier confondues s’il contient de plus une tan-
un peu vieillot des théorèmes sur les gente au cercle). Seul échappe à cette
coniques, qui ont été réduites 1 un chapitre définition (conforme à l’étymologie) le cas
de la théorie des formes quadratiques. Une de deux droites parallèles distinctes.
conique apparaît aujourd’hui comme une Celui-ci pourra néanmoins venir complé-
courbe non vide du plan projectif, définie ter la famille en application du théorème :
par une équation Q(x, y, r) = 0, OÙ Q est Toute section plane d’un cône dont une base
une forme quadratique en les Coordonnées est une conique est elle-rnême une conique
homogènes X, y, t ; cette définition est la ou le plan tout entier.
120
CONIQUES
Ce théorème capital, qui va beaucoup que les coniques ont été reconnues et
plus loin que la définition grecque (qui ne étudiées. Dans un plan métrique tel que le
considérait que certains types de CÔnes), plan euclidien traditionnel, les cas parti-
affirme en quelque sorte que la notion de culiers de coniques décomposées sont
conique est la notion projective fondamen- triviaux et on ne les considérera plus
tale, c’est-à-dire la notion invariante dans dans le cadre de cet article. Il suffira de
toute perspective par excellence, si l’on dire que deux droites sécantes forment
consent naturellement à étudier, dans le le cas de décomposition d’une hyper-
plan ou l’espace projectifs, autre chose que bole, deux droites parallèles (ou même
des configurations exclusivement formées confondues) celui d’une parabole ; nous en
de droites. tenant ici aux coniques réelles, il est clair
Dans le plan projectif OÙ la notion de qu’une ellipse ne peut se décomposer en
droites parallèles ne se différencie pas de droites dans notre système volontairement
celle de droites sécantes (en un point a limité.
l’infini), les ellipses, hyperboles et parabo-
Restent les trois grands types : ellipse
les sont de même nature : ce sont des
(dont le cercle est un cas particulier
coniques propres. Deux droites distinctes,
capital), hyperbole (pour laquelle l’hyper-
deux droites confondues forment les deux
bole équilatère joue un rôle analogue),
sous-familles de coniques décomposées.
parabole.
Un théorème de Pascal
Citons maintenant un important résultat
projectif, le célèbre théorème de Pascal : si 2. La parabole
A, B, C, D, E, F sont six points d’une
conique (décomposée ou non), les points
Définitions
d’intersection de BF et CE, AF et CD, AE
La parabole est la plus simple des trois
et BD sont alignés. Cela permet une
coniques traditionnelles (cercle mis à part,
construction point par point à partir de
naturellement : on ne le considérera ici que
cinq points d’une conique. Elle provient de
comme un cas particulier d’ellipse). La
ce que le point d’intersection de deux
droites passant par des points fixes dont les notion de parabole est affine, non métri-
pentes sont liées homographiquement que ; c’est-a-dire qu’il suffit de choisir,
décrit une conique ; cette définition, très parmi les droites d’un plan projectif, une
élémentaire, est peut-être la meilleure de tangente a une conique pour en faire la
toutes et ramène très simplement à la droite de l’infini : la conique en question
définition analytique par une forme qua- devient alors une parabole. Par contre, les
dratique. Elle explique, par sa simplicité, concepts d’axe, de sommet, de foyer
pourquoi des coniques interviennent si surtout, étant métriques, nous donnerons
souvent dans les problèmes élémentaires de la parabole des définitions équivalentes
de géométrie pure ou de mécanique. plus élémentaires que celle qui la décrit
comme une (( conique tangente a la
Coniques décomposées droite de l’infini )), utilisant les longueurs
Historiquement, c’est pourtant par des (ou, ce qui est équivalent, la notion de
considérations affines et surtout métriques cercle).
121
CONIQUES
122
CONIQUES
1
Donnons-nous une droite quelconque
fig. 2
D. Si la projection de F sur D est sur la
tangente au sommet, on vient de voir que
D est une tangente a la parabole. Si cette
projection est du même côté de cette
tangente au sommet que F, D coupe
effectivement la parabole en deux points
distincts (un seul si D est parallèle à l’axe)
que l’on peut construire a la règle et au
compas (suivant les vieilles règles grec-
ques). Si cette projection est Située dans
l’autre demi-plan, il n’existe aucun point
d’intersection.
Prenant le problème d’un point de vue
Diamèires de la parabole différent, on peut chercher les tangentes à
la parabole issues d’un point donné M. Il
en existe une seule si M est sur la courbe.
Sinon MF > MH définit l’extérieur de la
parabole, d’où l’on peut mener deux tan-
unique et la droite non parallèk a l’axe,
gentes a la courbe (perpendiculaires si M
la droite est tangente. Pour qu’il en soit
appartient à la directrice) ; de l’intérieur,
ainsi, il faut et il suffit que la projection
caractérisé par MF < MH, on ne peut
du foyer F sur elle appartiemre a la
mener de tangentes. Le foyer est à l’inté-
tangente au sommet, ce qui donne une
rieur.
définition traditionnelle de la parabole
comme enveloppe de droites (dont la
projection sur elles d’un point fixe décrit Propriétés différentielles et intégrales
une droite fixe). Le point de contact est Px un point donné, il peut exister jusqu’a
alors aisément déterminé par sa projection trois normales à la parabole, coupant
sur l’axe, symétrique de T par rapport a S celle-ci en trois points définissant un cer-
Il existe une tangente unique ayant une cle passant par le sommet, et un triangle
direction donnée, sauf si celle-ci est celle dont le centre de gravité appartient à
de l’axe. Si une tangente variable coupe l’axe.
deux tangentes Iixes distinctes en U et U’, Le centre de courbure C en M, point OÙ
les abscisses de ces points sont liées par la normale en M est tangente à son
une relation affine (.Y’= M + b), ce qui enveloppe, se projette en P sur MF de
. __-__.
est une propriété affine, et ie triangle UPU façon que FM = FP = FN (N étant
reste semblable à lui-même (ses angles l’intersection de la normale et de l’axe) ;
sont constants), ce qui est une propriété CM = R est le rayon de courbure, Iié à
métrique ; toutes deux sont caractéristi- MF par l’égalitépR? = 8MF3. La normale
ques de la parabole. Si les tangentes fixes CNM coupe la directrice en D tel que Cc
se coupent en V, F appartient au cercle =2KE
(UVU’) et l’orthocentre du triangle UVU’ L’aire comprise entre un arc de para-
est sur la directrice. bole SM, l’axe et la projetante de M sur
123
CONIQUES
l’axe est égale aux deux tiers de l’aire du parabole, si test un nombre tel qu’abscisse
rectangle de diagonale SM, de CÔtés paral- et Ordonnée de M soient égaies respecti-
Ièles et perpendiculaires a l’axe (une telle vement a :
propriété se conserve, mututis mutadis, x = @/2) shzI, y = p sh t (d’où y2 = 2px),
par projection). Cette quadrature, la pre-
rnière du genre. était déja connue d’Archi- alors la longueur de l’arc SM est :
mede qui utilisait la sa méthode d’exhaus- s = @/4) (2 + sh 29.
tion (cf. CALCUL INFINITÉSIMAL). Des
géomètres tek que Roberval retrouvèrent Les longueurs des arcs des autres coni-
ques ne peuvent s’exprimer en général qu’à
ce résultat par des raisonnements inspirés
l’aide de fonctions elliptiques.
de la mécanique et du fait que la portion
de tangente comprise entre M et l’axe était
Coupée en son milieu par sa tangente au 3. Les coniques à centre
sommet : ils obtenaient ainsi deux arcs
symétriques de paraboles découpant trois Foyers
aires égales dans un rectangle (fig. 3). Pour les coniques à centre, les deux
définitions métriques courantes sont les
l fig. 3
suivantes :
l’ensemble des points M qui sont centre
d’un cercle passant par un point donné F
et tangent à un cercle donné C’ de centre
F’ : définition bifocale (fig. 4) ;
fig. 4
Quadrature de /a parabole
L-._._
exemple, ce qui est rare pour une conique
autre qu’un cercle, la parabole est recti-
fiable, ce qui veut dire que l’on peut
Défktion bifocale de l’ell@e
1
donner une formule explicite pour la - l’ensemble des points M tels que la
longueur d’un arc de parabole SM. Dans distance MF soit proportionnelle à la
un système d’axes orthogonaux d’origine distance MH de M à la droite D (directrice
S dont l’axe des abscisses est l’axe de la associée a F) : définition monofocale.
124
CONIQUES
La première met en jeu deux foyers, F Pour une hyperbole, on pose au contraire :
et F’, et le cercle directeur C’ de centre F’ 3 - a2 = P, si l’on veut n’utiliser que des
et de rayon (2~). Par hypothèse, FF’ = 2c nombres réek.
est distinct de 2u (F n’appartient pas à C’).
Si l’on peut écrire c < u, alors F est Tangentes
intérieur à C’ et la courbe obtenue, lieu de
En chaque point d’une conique a centre il
M tel que :
existe une tangente. Celle-ci est la bissec-
MF+MF’=2a, trice de l’angle géométrique FMF’ (exté-
rieure pour l’ellipse, fig. 6, intérieure pour
est une ellipse, convexe, connexe et bornée
(fig. 5). Si c > u, F est extérieur à C’ : fig. 6
fig. 5
Tangente à l’ellipse
125
CONIQUES
126
C O
fig. 8 P e p ô t o l l e
S u c M i cn o l d M oe D r a i
e P F e u n b , P s dn l i t
% S M p % p iF M l t a ‘ a , e’
en M et en M’ se coupent en T sur
L d e Pa ei c th sr o
q d F p r u e à Ma e aMe ; d r t
p l = l e ’d C u ds a r e
t D e S r a u sd i i u n t i t
d 0 e p e , s a el f et r’
S d m ci d u 0 êq Ftô E e mu
n p p u’ c a p o l en e F s o u
F e 0 s c ’ t do co = e = 0 : ’ n n
c f q l ed d u m a lé i e o
q m d ul c a éd die a s j
s d l cy ne a p o m a ’
g q pé 1 eu n an 1 x’
m u d e a n i D np n e r
f d c o e d oc u d u l u ne fr e F x’ sn on ’ a tt yi .
c s a os ad l u u of ue P’ x ruom c f poa bncmq o xru à uea eu n
o l r d c ù e a R = eM o e é y c C u so gp o e l r ctu aa n hn e b o lr
a p = b p d? l ca ( e/ an or d e p u i f an M ’ p t ro , qi m ia u a ai
l d l do ei a edn F e se meg P t e Q sxd ci u pt ut’ p -oe a
p à eF E u p rFq n nM os p ’ us s iuo e)die ua nnn n. rtl
c o a : o n n p qd M ( o9 A ue u f d l ) i e n i
e f p d f s ac o u ot S ol
a = M % J F= M z + J NR R M 3z F ’
O r a ln pe u c e at l so rr sm ao fig. 9
i m m
l d l po oe a r n d r o g e t j u h e e
M
M s M o N M u S N F eu s F lr i ’ s u ’ a t r.
m d F é e s Me FM d t s u N ’ Ni e r , ’a t
p s u r l u é n oa o i g e sj n v a e g a l t u
M o M lF t u vs eN r e s ’o tc Ni t ,s
N e N s ’ p t M o M ar n uo t xp o
n ? a eo u - c ,( 2 p t m 2u 2 @ o b n u r e r e
e - @ p lu h o l n y u i e p r p e s r
L c d c e e e l es o s n n e o u t s mr r mb
A e B d e ts ’a l a ol u l l v ne ni i e t eg p c
p d o d ’t ei Ae e ia nn s t nn t tg e
B ;c d e p e r s a eA t ; o t r Bt i pe t e
l c d a co d c e en e e o s rs n u ct r lr
A e Bp u ct e gn o r re n m a s e p t
t S d lr Ao e ’è Bi as g. r n c é
1
CONIQUES
le centre n’a pas de polaire. Un point de égale à U!I,comme on le voit en prenant les
la conique a sa tangente comme polaire. axes de l’ellipse pour D et D’ (fig. 10). De
Toute droite ne passant pas par le centre
fig. 10
éventuel est la polaire d’un certain point
qui est appelé son pôle.
Si la polaire de M passe par M’, celle de
M’ passe par M. Si M, P, Q sont alignés,
leurs polaires sont concourantes et réci-
proquement. Si MT et MT’ sont des
tangentes issues de M, la corde TT’ qui
joint leurs points de contact est la polaire
de M (cf. fig. 9 pour l’ellipse). Ces pro-
priétés peuvent être obtenues très simple-
ment par perspective (conique éventuehe-
Diamèws conjugués d‘une ellipse
ment) à partir des propriétés analogues
pour le cercle, où elles sont bien connues ;
elles sont projectives en dépit des appa- plus OP2 + OQ2 = u2 + b2 est constant.
rences. De tels diamètres conjugués sont simpie-
ment les projections orthogonales de deux
diamètres perpendiculaires d’un cercle de
Diamètres
diamètre AA’ placé de façon que l’ellipse
Donnons-nous une direction D ; les soit sa projection : la plupart des propriétés
milieux des cordes parallèles 1 D sont de la conjugaison (ainsi que la formule
situés sur un diamètre, c’est-à-dire une donnant l’aire de l’ellipse : S = mb) sont
droite passant par le centre (ellipse ou des conséquences immédiates de cette
hyperbole) ou parallèle à l’axe (parabole). projection.
La conique est invariante dans la symétrie
par rapport à ce diamètre parallèlement
a la direction D. Fixons un point M ; à
tout diamètre de direction D. associons 4. Propriétés particulières
son point d’intersection avec la perpen-
diculaire issue de M au diamètre conju- L’ellipse
gué de D défini ci-dessus. Ces points Une construction très simple permet
engendrent une hyperbole (équilatère), d’obtenir autant de points de l’ellipse que
coupant la conique aux points où la l’on en désire. Donnons-nous deux droites
normale passe par M, ce qui permet de les perpendiculaires 0.~ et OJ, et un segment
construire. constant PQ dont les extrémités décrivent
Pour une ellipse, a tout diamètre D, on respectivement 0,~ et 0~ (fig. 11). Un
peut associer le diamètre conjugué D’ dont point M situé entre P et Q tel que MQ = u
D est à nouveau le conjugué. D et D’ et MP = b décrit une ellipse de centre 0,
coupent l’ellipse en P et Q, par exemple, d’axe focal 0,~. La tangente en M est
tels que la tangente en P soit parallèle à D’, perpendiculaire à IM, OÙ 1 est le quatrième
et forme avec D, D’ et la tangente en Q, sommet d’un rectangle OPIQ. Deux posi-
un parallélogramme d’aire constante, tions perpendiculaires de PQ (appel&
17R
CONIQUES
MF=la-exl, MF’=~a+ex~
.x2/a2 + y2/b2 = 1.
17Q
CONIQUES
fig. 13
17f-l
CONVEXITÉ
( x + i s x C= c r +i i s) O f a z n iS
~ z s x n x .
Bibliographie
Si l’aire comprise entre OA, OM et A PERGA,
P DE L C O ( a ’ K L
l’hyperbole est égale à &/2, les coordon- P V é
P. e1 / Md Ba r 9G E.. r &
trk, t. I : F q V o q u re ma
nées de M (dans les axes convenables) sont c C m N Pe z 1 a / J H ad i 9 t
alors x = a ch t y = a sh t d’où , l’équa- M, L Ad g q Rd e é m D2 vé o ,
:
cartes géographiques selon la projection de
L
A CONVEXITÉ, étude des ensembles et
Mercator, est définic par
des fonctions convexes, constitue une
1’=2arctgei-w2. branche de la géométrie et de l’analyse qui
unifie des phénomènes à première vue
u2/2.t’ est la moitié de l’aire comprise entre
totalement dissemblables. Elle intervient a
OA, OP et le cercle.
divers niveaux dans des branches très
Dans une hyperbole équilatère :
Variées des mathématiques : théorie des
M = MF M zO M F z 2N ’
nombres, Z
problèmes ,
combinatoires, ana-
lyse fonctionnelle et applications (théorie
l rayon de e courbure R est tel que
des graphes, théorie des jeux...).
u2R = OM3. Si C et C’ sont deux points
La convexité se retrouve dans des
de l’hyperbole symétriques par rapport à
contextes très divers ; mais le cas fonda-
0, les bissectrices de 6%?’ sont parallèles
mental, le seul qui sera considéré ici, est
aux asymptotes, et la différence des angles
celui des espaces vectoriels sur le corps R
C et C’ est constante. Tout cercle passant
des nombres réels,
par CC’ est recoupé suivant un diamètre :
un cercle de centre C et de rayon CC’
recoupe l’hyperbole équilatère suivant les
sommets d’un triangle équilatéral. Deux
hyperboles équilatères se coupant en les
sommets et l’orthocentre d’un triangle, on
A E c . n o s
peut en déduire de nombreuses propriétés.
Si une corde MM’ se déplace en restant Un sous-ensemble C d’un espace vectoriel
parallèle à elle-même, en coupant toujours réel E est dit corzve,ye si, pour tout couple
C O N V E X I
p s , a o à Xi ev sp X e i. s t c ip t nx oX q p o a Tt pn u o ndr sa r t i
s p H éL f a 1 .d pa ui rc o a d gn t oe n r a c u o nc n é n o r
n X ;2 s a l ’ C n ’ d a
fig. 1 ~ X ( 3 O p af d) n eX c ui .é
d ;m
\
f i
X
x
0 Y 0
H
.
.
e d h x H ’d y de X e u’ p em n na . e p p r l
, s X e Yx( é E = R et H ,ei pu z t cs an . , it r e a
d r o i t e
. .
E c n o s n e v m e b
X f i n i
U s nC do E e d c eu s s i o si t t n - v e
p t c .oy dop o d xu edu o u i , r et i p s n l t
C Ts [ y ,e eee . ]c s ng l x o t tm d t ’ , nT ci ee oe t e èo n
d C ( 2 I ae c f q ) t l ns i l i uc .o tsn da gp e o u d t Xei c. o n t e e ,sr
l d p ’ d l f e o: e e a o s
r f 2 i g .
l
O l x s d Ù p e , d o X e e o ol s A e n t
s d n o r e p o qné s o m
q d s 1u O e a o e .e n p m
c do X l ed n X ’
L e ec n d s so v
e j dn R s ïa e s ’d o r p
p ( i o E pc n l o n af
a s pd d i n ple i m
s d e c ’ e e c o u e l s n c t n n nd o (t +c o1i pv sed pt o no) oe
e c n P s o s d
X se a u u n i R n s
es r n i v d e n u omm
t i th ae n n bê t e
s q o d E lu u e ( , ’e s p n =s 1 itl - o p en =, nrc2 e u o
t k d t il e e o c oe n t u o ns p s F é= s 3 ne o; ec Z tn , vt u me
c X ( y eo a t ai m n n ou j lu ou t run f o in e ôj,e ot u n n lon
E l e uu e s c ni n a t o - s l n m e g v ê m
C O N V E X I
2 A q . s u p a e n c t t i
G d né e oo s m
m bé rt er
C e
sont des recherches de théorie des
nombres qui furent à l’origine des premiers
travaux de Minkowski. Nous renvoyons, Dans le cas de l’espace à trois dimensions,
pour cet aspect, à l’article approximations on a conjecturé que l’empilement de den-
DIOPHANTIEKWES, en nous COnktItmt de sité maximum de bou/es égales est obtenu
rappeler ici l’énoncé du célèbre théorème par une construction due à Kepler : on
de Minkowski : Si C est un sous-ensemble commence par diviser R3 en un échiquier
convexe de R’l, symétrique par rapport à à trois dimensions, OÙ les cubes sont
l’origine, et de volume V(C) > 2”, alors C Coloriés alternativement en blanc et en
contient au moins un point dont toutes les noir ; on construit ensuite des boules
Coordonnées sont des nombres entiers. Centrées en chacun des centres des cubes
1 3 4
CONVEXITÉ
135
CONVEXITÉ
Ri’ de diamètre < b est contenu dans un notion de graphe d’intersection. qui est
corps convexe de largeur constante h. Utilisée dans des domaines aussi variés que
Cette propriété permet, par exemple, de la génétique moléculaire, la psychologie et
ramener le problème suivant de Borsuk au l’écologie. Pour toute famille d’ensembles,
cas oti X est de largeur constante : Peut-on on appelle gwpiw dïntmcction un graphe
recouvrir tout ensemble X de diamètre 1 abstrait OÙ chaque ensemble correspond à
dc R’j par (/z + 1) ensembles de diamètres un sommet du graphe et OÙ chaque inter-
< 1 ? La réponse est affirmative si tz < 3, section non vide est représentée par un arc
mais inconnue pour /? > 3. réunissant les sommets correspondants ; la
Euler (en 1778) et de nombreux mathé- figure 5 donne un exemple d’une famille
maticiens après lui ont étudié les corps
convexes de largeur constante dans le plan fig. 5
c!i+J
(n = 2) ; les propriétés trouvées ont été
Utilisées en cinématique et même pour
construire un foret utilisé pour forer des 2
1
trous carrés : un corps possédant ces 4
3
propriétés peut être placé dans un carré de
telle sorte qu’en les tournant il reste 5
3. Aspects combinatoires
Intersections
Une partie des problèmes combinatoires
est reliée zY+l’étude des intersections d’ensembles convexes et de leur graphe
d’ensembles convexes qui sont toujours d’intersection. Tout graphe ayant un nom-
convexes, comme on l’a vu ci-dessus bre fini d’éléments est un graphe d’inter-
(l’ensemble vide est, par définition, section d’ensembles convexes de R’, mais
convexe). pas nécessairement un graphe d’intersec-
D’après un théorème démontré par tion d’ensembles convexes de Rz ou de R.
Helly. l’intersection C d’une famille de Un gw,!Ac d?ntmdles est un graphe
convexes de R”, telle que l’intersection de d’intersection d’une famille finie d’ensem-
toute sous-famille de (e + 1) de ces ensem- bles convexes de R (ce sont des interval-
bles soit non vide, est non vide si l’une ou les) : on peut caractériser ces graphes
l’autre des hypothèses suivantes est réali- d’intervalles, mais le problème correspon-
sée : la famille est finie ou chacun des dant pour le plan n’est pas résolu.
convexes de la famille est fermé et borné
(c’est-à-dire compact). Ce théorème admet Étude des enveloppes convexes
de nombreuses généralisations et applica- Une autre série de problèmes combinatoi-
tions. res est la recherche de formes algébriques
L’étude des propriétés des intersections pour la représentation des enveloppes
d’ensembles convexes est facilitée par la convexes. Voici, dans cet ordre d’idées, un
136
CONVEXITÉ
théorème très simple et très utile, dû i c’est-i-dire P est l’ensemble des points de
Carathéodory : Si X est un sous-ensemble la forme :
de R’l et u un point de l’enveloppe convexe
de X, alors u appartient à l’enveloppe
convexe d’un sous-ensemble fini Y de X 4 P est l’enveloppe convexe fermée de
contenant au plus (f? + 1) points. Par la réunion d’un polytope B et du translaté
exemple, si X est un sous-ensemble du plan d’un cône polyédral. (On a représenté, sur
et si ,y appartient à l’enveloppe convexe de la figure 6. un polyèdre P de dimension 2,
X, alors s appartient soit à X. soit à un
segment ayant pour extrémités deux points flg.6
Polyèdres
Parmi tous les probièmes combinatoires
que l’on rencontre dans la théorie de la
convexité, celui qui est le plus ancien et qui
a éti étudié de la manière la plus approfon-
die est la structure des faces des polyèdres
convexes. Nous appellerons po/y&/re tout ainsi que le polytope B et le cône C
mentionnés ci-dessus.)
sous-ensemble de R” intersection d’un
Le premier résultat, dans l’étude com-
nombre fini de demi-espaces fermés, en
binatoire des polytopes est le théorème
réservant la dénomination depo/yfope, aux
d’Euler (1752) qui affirme que si V, c’,,f
polyèdres /wwA ; un lemme, dû à Farkas,
sont respectivement le nombre de som-
montre qu’un ensemble est un polytope si et
mets, d’arêtes et de Faces d’un polytope U’<J
seulement s’il est l’enveloppe convexe d’un
hmwion 3. on a :
nombrej% de points. On peut caractériser
de même les CÔnes polyédraux comme v-e+f=2
enveloppes convexes d’un nombre fini de
(on appelle ici sommets les points extré-
demi-droites de même origine. De manière
maux du polyèdre). Poincaré et SchMi ont
générale, un sous-ensemble P de R’r est un
g&n&ra!is& ce th&rkme ZdX polytopes de
polyèdre si et seulement s’il satisfait à une
dimension I : siJ (P) est le nombre de faces
des conditions équivalentes suivantes :
de P de dimensions i, on a la relation :
u) P est un ensemble convexe fermé qui
a un nombre fini de faces : n-1
de points et de demi-droites ;
c) P est la somme vectorielle B + C En 1934, Steinitz est parvenu i UIW-
d’un polytope B et d’un cône polyédral C, t&ixr les graphes des polytopes de dimen-
137
CONVEXITÉ
fig. 7
138
CONVEXITÉ
m e a i a s e lu n d t ot nt o n pi e t a u ùs o r m of se n y u ds iuo i
s d P eo c ep tm e d vr m rce oo : o s elt o ii c à nd e ita n
r d p é he r s r nr o oie aé e g r hnp p pa n rl e udo
s s c pe u eO e rn d r tdn s o t o a a té t ep n u v r ef sr c x
a a e ml n s d s ee o tN e o ne me i o v m ét bs - m R e m i rp
d p P e’ f o d s ndu o l Q e a in n y U m cE t Se t o
s e d n i d tf u do d o e a em i n c bm e r e s
( ~ 1 P 2 <H I <) k od p . , uéEspaces normés a rs r i
u k l n (m ) e o d s n a Om e so . x s nb om il r e dr ul m m e ô
q p u pu o d d n oe sn e c i l Rs om q y anè ns e u è pod
q a k f d du a ( - e 1 i ie p c T e )m vt a eE sI( s e i r r s epq u e cn c é
q k l s ( d ) ca o ~ be o fm , pi s à v e o mp n da f n deo o él
m : i a E t qu : e x
u l e
a P = 0 s e )s ( s i _ t= e0 ;X i
b p = 1A 1J ) p( , E EJ e o b Y
p = k~ L 1oK4, q = k - i@ b + u W k + r E p R
2 e d p 1 [n l é p e a , r da s a c n /r + ] eyi r< p ) t +~ p )g( t ( i ( ( sn
r c l ,p ’ g e e l <e r r; t n u s a i t s t n v i - d
a c n v o ea a o : e n s l t U cn oe a s n on rs~t o e ro
L d e ’ v e sn é e s
e d c s f ’ l e t a du ’ r
e c i dt e en f u eé t né aP n vgd t gc i é ed i u’ e la t ct ’ eW u
si I < 8, ou k < I + 3, ou k 2 n2/4 (on x ; l l e é e e
p i l fs t s d a e a ot
n s s yat e a é’ L
o i dg i j u’ S ~
t ea l e a u éj n i ~l s s u En oto o iu
l f u m a o p e o l nf a x a n e/wL~~ca r unité e p (t tis mpu rr itp
r q pe t k > un i omy a uo p e c,l ua nnu lo e rr od t , E’ uE t t q re Y
p d d o n à ek si l t q om ] y < (e Iu me=] 1t Lrl p l e m n. )o ee r
q c g u d h[ s r ede na o d o l n é /q e me u a oq t l 2ubn m pu ru e a ]e ot
m u f : a i i yna d a p i n l d e e c o n e e s e l s
U e u e c
s n n d l t
o
y i so
d 4 a iu n qv mn o s ue a
e t
m e d ec pvn ob p c r0 l e a e
s ur
d s o ce o p dù sh m a u e s oa s i
m n e m [q . Xye (r r g -m u Y ]m t ne
e r p u sa e d pa n tr l u ora ep ê 0i R l u o t )é és y U iu e .e oc
e c ns o a c s ap n
p ;p t r _ # 0 od o i Yp , ué
4. Aspects qualitatifs P l p p (e e pl e h tXn q ou t
. f U e p x ~ 5 = 0t ( o f / ( p ls o
C 1 co q p l ene u r e a e t s i l éj s dp sl r p a c Ut eO p’ aa w
è
c c i se oq c ose nnu v i fnt os e qé l j at ni dl U eur ua a c dce
n déd f eci n i se m E p o ln us eU e o l r bai rs n s u
L c i a o d mn n u e (a t f l vj n de ne ae a ea i p ’ n i r in
e d ls e av es s d sne d s e ps e d e sc hé n ao b e t yf t cu
l :e ’ v sn a eo pp o g n c u A l a r t é a t l p i u c mon l oe r
p g le é v u st n ed e s po én c ’ p s ap êr o dt u e p co ta r
l l o c o c g o cu ’ i n e af n e q d vs n b ol i so u e ea
1
CONVEXITÉ
140
CONVEXITÉ
141
CONVEXITÉ
qui minimise la distance entre x et C (pour problèmes ainsi abordés sont des questions
R’j, il suffit que C soit fermé ; dans le cas d’optimisation provenant de divers domai-
d’un espace de Hilbert quelconque le nes : la mécanique. l’économie, les équa-
problème n’est pas résolu). tiens aux dérivées partielles. l’analyse
Le théorème de Markov-Kakutani numérique. Compte tenu de la difficulté
affirme que si C est un compact convexe d’aborder de manière un peu générale les
d’un espace vectoriel topologique et si @ problèmes non linéaires, c’est I~I un rôle
est une famille commutative de transfor- très important qui a motivé le développe-
mations affines continues de C dans C, ment autonome de la théorie.
alors il y a au moins un point p de C tel que Les travaux de W. Fenchel, de T. Roc-
~(II) = p pour toute fonction de @. Ce kafellar, de J.-J. Moreau ont déveioppé les
théorème sert à établir l’existence de mesu- outils de base de l’u~~u/~~wu~7w.w notam
res invariantes pour les groupes commu- ment la notion de fonctions convexes
tatifs et à construire des mesures qui Conjuguées et la notion de sous-différentiel
généralisent la mesure de Lebesgue pour qui sert de produit de remplacement pour
les ensembles bornés de R”. les fonctions convexes non dilYércntiables.
Nous renvoyons à la partie A ci-dessus -
VICTOR KLEE
Ensembles convexes, pour tout cc qui
concerne les résultats g&iéraux sur les
convexes.
142
CONVEXITÉ
d o m
( J -= ) { cE cE ; f ( x ) < + - 1 .
r i o pn s aa ps r i o ;r néammoins,
i n o ui ns t r o -
d u i s o n ls terminologie
a s u i v a n t e: L f ao n c -
t i oc onn v e x ef e sp r to p r se s io d onm a i n e
effectifest n ov ni de se et linl pe re e nj ad m a i s
l v aa l e u~ r m ; l restriction
a d fà e d o (m f )
e sa l to ur s nf o en c t i o nà v a l e u r ds a nR s( c f .
l p aa r t iAe ci-dessus - Ensembles c o n v e -
x e s U) . n f oen c t i o nd e uf xo contimiment
i s
différentiabie s uu ro nu v e rcto n v e x eC d e
R à’ v la l e u r rs é e l l ee s sc o nt v e x es e si et u l e - t
m e ns tl m i a t r i c ehessienne :
c e l du il ed ra o i Mt e , M e? c et l du il ed ra o i t e
M I M 3 E. s n s eer v a ndt c e einégalités,
s o n
e s et t, no pu ot i n. td YC e l .m a t r i c ed ’ u n e m o n t r qe u e e, f cs o ntt i n u es ul’intérieur
r d c
f o r mquadratique
e positive. s o d onm a i n e e f f e c t i f .
1 4 3
C O N V E X I
L d i ’ ( p e n ud 3 es é t e ) r gi m al
f 2 i
m q e ot p u i n no ào e n tu i , t rt n é e t
d l f o, a a ou d mf d à nn é J m ce r e t i t
d _ ( e u r d / _à gt n o , é ‘ Y a e i ~r ( ) u t Ji i c e .v
e q a e ot u y , <nJ u( ’D $ C xt oe . ; r) n ~ e. )
p f ( e cl i x e sc r u a ) t t o os n i, t s
d s l r d du ’ S X oe eu or i i ” is n m n tt , t e c
p i à do nt q , oi = 0 te u f tn , él e ( nt r . f i
p t x i o oà d n o u p u o t n r e t m é u L r t
é : c r i r e
Y 0
L N e - s f o n c t
C m o l fa n e S oi f s N s o n uei - s i lct rxd f
c d os R à vé dnu R aff a(vr ; p lio : 4ne o enr )s x s
e q a ut u r d n d i el m e e~ pa e ( r t ~ é t
( 5 )
f : o r m e
S q e c i s s o c t t n
( f =4 ~ ( )~ sx y‘ e l a) f k s r an o f t é
d 9 ( 3 e f ) i ,
O 9 e u f Ù d s n s o [ + Cét e un O Cf rc , i[ t n,
c c r à d on o e 0r nu i n ,o t l s i fi l 3 s i t
t q : e u l e l e
l + i ~ m e & t ) q =
X - + m
c f pe o u rsi n n én c st t eé i
p p al d o d ar e é u e t s f r s i p i c an
c d ; c e s ’ l N e s o O e - n r s f t l o i
I s e f ld ’ f n a c ea o i o sg n t n i c , v t t
p d s a R à év ud i R fa rar il ne ne ss iu
s c t s [ r+ Cr t u Oo Ci e r , i [c l s ,t l
q : u e
L N ve - e o ésl f n u re o t is n fr c
i ( f n2 : c i é) f g
R g .q .e u a i u m l
s n n
f <a s (x E e 0fi < a < 1a R t l ( q e, x c ex c s) o uq ) s o t n
f < a s (x # 0 e 0f < a i < 1a t d( l f ,x y exe a q o u) s )td ul n n a
f q c o u i o n s n n r
l v e c e ; s ls or q a i ’t na
1 4 4
CONVEXITÉ
fig. 4
Y
alors :
145
CONVEXITÉ
n
à $, où g est la Conjuguée de f, grâce à
+=
i=o
f 2
I <+m. l’isomorphisme :
avec :
Cette norme est équivalente à la pre- ~~P~I xV)_v@)df l i gC.y(r))dr < 11 < +m.
sI sK
mière ; plus précisément :
LAK) muni de l’une des deux normes
équivalentes :
146
CONVEXITÉ
147
CONVEXITÉ
Sous-différentiel w x*Ev(x),
Soit f une fonction convexe de E dans QI x E Jf*(x *),
R. Supposons qu’il existe un élément I de (3) J.(x) +f*(x*) =x*(x),
A, (c’est-a-dire une minorante afine conti- (4) f(x) +f*(x*)-x*(x) < 0.
nue def) tel que /(.y,,) = f (x”) ; on dit alors
Le sous-différentiel en x0 d’une fonction
que f est sous-d$jëwntiablc en .\-(,: l’appli-
convexe f est un sous-ensemble convexe
cation linéaire continue .y* associée a
fermé de E*.
l’application affine I est un ~~~~~~.s-~~/,[/~/j~,~t
de
Le résuhat suivant donne une condition
f en .y0 ; l’ensemble des sous-gradients def
intéressante de sous-différentiabilité d’une
en .y0 est appelé le sous-d@+cwtic/ en s,) de
fonction convexe :
,fet est noté d&).
Si f est finie et continue en un point +J”est
Remarquons que, dans ces conditions,
sous-différentiable en tout point intérieur
on a :
de dom(f) et en particulier en .xU.
If@& < + mi [GI =~*@-~d +_fcxLJ; Dans le cas où f est Gâteaux-différentiable
en +, c’est-a-dire s’il existe un élément
l’hyperplan H graphe dans E X R de 1 est
f ‘(x”) de E* tel que, pour tout y de E, on ait :
un hyperplan d’appui du convexe épi
(fig. 6). Comme on a vu, par ailleurs, que
la plus grande minorante affine continue
148
C
CORPS
continue inférieurement, sous-
différentiable en chaque point de
W;,‘(O) n W2,2(C2) ; pour chaque point u
L
de ce sous-espace, le sous-différentiel ~F(IA) a structure de corps n’est en fait qu’un
est constitué du seul élément : cas particulier de la structure plus
générale d’anneau (cf. A EN A N T
B : en plus Rdes axiomes généraux,
E on S
stipule que le groupe multiplicatif des
éléments inversibles est le complémentaire
c’est-à-dire que, pour v E L?(O), on a :
de 0. Les corps sont donc les domaines
dans lesquels les opérations habituelles du
u = - * 2 ( v )
calcul sont valables, y compris la division
1 = ,
par un élément non nul. La terminologie
Notons encore que, sij’est une fonction habituelle sous-entend la commutativité de
convexe propre de l-(E) pour tous les la multiplication, mais il s’introduit de
.Y,, xs, XT, $ vérifiant XTE d f (.y,) et manière naturelle des corps OÙ la multi-
.$E df (xl), on a : plication n’est pas commutative (cf. QUU-
twnkw,in A EN T A N L G2 E È
et iafro, chap. 3). Du point de vue arith-
On dit que le sous-différentiel est un métique, l’étude d’un corps commutatif se
opérateur monotone ; il est même maximal caractérise par l’absence d’idéaux non
monotone en ce sens que, pour tout triviaux.
1
CORPS
150
CORPS
modula p (cf. A N
ET ALGÈBRES, N
définir abstraitementE les corps de nombres
A
chap. 3). Ainsi, tout corps de caractéristi- algébriques comme des extensions finies de
que p est une extension du corps F,, et deux Q. Ainsi, si, dans l’anneau Q[X] des
corps de caractéristiques différentes ne polynômes à coefficients rationnels, on
peuvent être extension l’un de l’autre. identifie deux polynômes R(X) et R’(X)
Soit K un corps fini. Un théorème dû 5 dont la différence est un multiple d’un
J. H. M. Wedderburn affirme qu’un tel pojynôme P(X), à coefficients entiers, de
corps est nécessairement commutatif. La degré n, irréductible sur Q, on obtient, sur
caractéristique de K est nécessairement un l’ensemble quotient Q[X]/P(X) muni de
nombre premier p et K est une extension l’addition et de la multiplication induites
finie du corps premier F,,. Si n = [K : F,,], par celles des polynômes, une structure de
alors K est isomorphe 1 (F,$’ comme corps qui en fait une extension finie de
espace vectoriel sur F,] et il a donc p” degré n de Q. En choisissant une racine .Y
éiéments. On verra ci-dessous que pour de l’équation P(X) = 0 dans le corps des
tout entier de la forme p avec n premier, ” nombres complexes, , on peut expliciter un
il existe un corps (unique à un isomor- isomorphisme de Q[X]/(P(X)) sur Q(,Y)
phisme près) possédant p éjéments ; on le n défini précédemment : à un polynôme
note F,,n. R(X) on associe sa valeur R(.x) en x et,
comme deux polynômes congrus nzo&1(1
Corps de nombres P(X) ont même valeur en x, cela définit un
Le corps C des nombres complexes est un homomorphisme :
exemple bien classique de corps. Les J : Q[xjI(P(@jj - Q(xj,
sous-corps de C forment une vaste famille
à laquelle appartiennent le corps Q des qui est l’isomorphisme annoncé. La der-
nombres rationnels (qui est le plus petit) et nière définition des corps de nombres
le corps R des nombres réels. Les corps de algébriques, qui est, au langage près, celle
nombres algébriques présentent un intérêt de Kronecker, est ainsi reliée à celle de
tout particulier. Dedekind en donne la Dedekind.
description suivante : Soit .Y un nombre
complexe algébrique, c’est-i-dire une Corps de restes
racine d’une équation P(X) = 0, OÙ P(X) Le procédé de Kronecker pour définir les
est un polynôme à coefficients entiers, de corps de nombres algébriques peut être
degré n irréductible sur le corps Q ; alors présenté dans un contexte plus général. Un
l’ensemble Q(x) des nombres complexes idéal m d’un anneau commutatif unitaire A
de la forme : est appelé idéd muximal s’il n’est contenu
strictement dans aucun autre idéal que A
l +c + - a x z k ” 0 , _ . , x
lui-même. L’anneau quotient A/U~ ne pos-
O les a8 sont des Ù nombres rationnels sède alors aucun idéal autre que 0 et A/~I,
quelconques, est un corps. De la définition. car de tels idéaux sont en correspondance
il résujte que Q(,Y) est un espace vectoriel biunivoque avec les idéaux de A qui
sur Q de dimension finie n. Inversement, contiennent m. Tout élément non nul x de
on peut montrer que toute extension finie A/~?I engendre donc A/tn tout entier ; il en
de Q est isomorphe c une extension de la résulte qu’il existe un élément xpl de A/S~
forme précitée Q(x). Si bien que l’on peut tel que .w-’ = 1 et que l’anneau unitaire
151
CORPS
A/n? est en fait un corps, le corps des restes puis on vérifie que la relation d’équiva-
de A ~no&lo M. lente 3, définie sur A X (A-{O]) par
Nous avons déjà apphqué ce résultat au (u,b)%(a’,b’), lorsque ub’ = bu’, est com-
plus simple de tous les anneaux unitaires : patible avec ces lois de composition et que
l’anneau Z des entiers relatifs. Les idéaux le quotient K est un corps : l’unité est la
maximaux de Z sont les idéaux pZ engen- classe de (a,~), et l’inverse de la classe de
drés par un nombre premier p et le corps (a,b) existe dès que a n’est pas nul et n’est
des restes F,, = Z/pZ possède p éléments. autre que la classe de (&z).
Nous avons ici un premier exemple de Il est d’usage de noter u/b la classe d’un
corps à un nombre fini d’éléments, ou couple (o,b). L’anneau A s’identifie alors
corpsfinis. Nous reviendrons sur ces corps au sous-anneau de K formé des classes du
(parfois appelés champs de Galois dans la type 0/1. Il est à remarquer que cette
vieille littérature), dont l’importance est construction est (( universelle H : chaque
essentielle en théorie des nombres. fois que A sera obtenu comme sous-anneau
Dans l’anneau K[X] des polynômes à d’un corps K’, le corps K’ pourra être
une variable sur un corps commutatif K, considéré comme extension du corps K.
un idéal est maximal si, et seulement si, il On dit que K est le corps des fractions de A.
est engendré par un polynôme irréductible Nous allons appliquer ce qui précède à
non constant P(X). Les classes de polynô- deux importants cas particuliers. Si K est
mes modula P(X) forment donc un corps un corps commutatif, l’anneau K[X] des
K[X]/(P(X)). C’est ainsi que le corps des polynômes :
nombres complexes peut être défini, avec
P(X) = ao + a,x + + anX”,
Cauchy, comme le corps de restes
R[X]/(X? + 1). Si K = Q, on retrouve les à coefficients dans K est intègre. Il est alors
corps de nombres algébriques de Kronec- possible de former le corps des fractions de
ker. K[X], noté K(X), et dont les éléments
P(X)/Q(X), OÙ P(X) et Q(X) sont deux
Corps de fractions polynômes, sont appelés jmtions rufian-
Tout corps possède la propriété que le nelles sur K. Il est facile de généraliser cela
produit de deux éléments non nuls est au cas de plusieurs variables : on obtient
lui-même non nul ; il en est de même de alors le corps K(X,, Xz, .... XJ des frac-
tout sous-anneau (c’est-à-dire de tout sous- tions rationnelles à I variables indétermi-
ensemble du corps qui, pour l’addition et nées comme corps des fractions de
la multiplication induites, est un anneau). l’anneau intègre K[X,, Xz, . . . . . X,,] des
Un anneau possédant une telle propriété polynômes à n variables.
est appelé un anneau intègre. La construc- De même, l’anneau des séries formelles
tion des nombres rationnels à partir des entières :
entiers relatifs suggère un moyen de consi-
S =a +a + (+ U o+ ...., X ”
dérer tout anneau commutatif intègre A
comme un sous-anneau d’un corps K. On à coefficients dans K (cf. A E N
considère d’abord, sur A X (A - {O}), les A queL l’on note habituellement
G È
lois de composition : K[[X]], est intègre. Il est donc de nouveau
possible de former le corps K((X)) des
fractions de K[[X]]. Si l’on remarque que
152
CORPS
Nous avons parlé plus haut du corps extension Ï? qui soit algébrique sur K et
C(V) des fonctions algébriques rationnel- algébriquement close. On appelle une telle
les sur une sous-variété algébrique V de C?. extension une clôture algébrique de K. Si
Le degré de transcendance de C(V) sur C K, et Kz sont deux ciôtures algébriques de
est égdl à la dimension de V considérée K, il existe un isomorphisme de K, sur
comme variété analytique complexe K2 qui laisse fixe chaque élément du
(dimension elle-même égale à la moitié de sous-corps K, si bien que, dans la pratique,
la dimension de V considérée comme on ne les distingue pas. Le corps C est
variété différentiable, mais cela est une algébrique sur R et est donc une ClÔture
autre histoire !). En particulier, si V est une algébrique de R ; mais ce n’est pas une
courbe, le degré de transcendance est 1. ClÔture algébrique de Q, car des éléments
On appelle parfois une extension de degré tels que 7r et e sont transcendants sur Q. Le
de transcendance 1 de C, et plus généra- sous-corps Q de C, formé par l’ensemble
lement d’un corps K, un corps de fonction.7 des nombres complexes algébriques sur Q,
sur K. est algébriquement clos, et, comme, par
définition, il est algébrique sur Q, if en est
une ClÔture algébrique.
Corps algébriquement clos,
Pour le corps fini Fp, on a :
ClÔture algébrique, corps de rupture
Une équation algébrique à coefficients
dans un corps K n’admet pas nécessaire-
ment de racine dans K. Ainsi, l’équation à
coefficients réels Xz + i = û naa pas de
racine réelle. De même, dans Z/2Z, le On connaît aussi la structure de la
ClÔture algébrique du corps K((X)) des
polynôme X* + X + 1 prend fa valeur 1
sur les deux éléments 0 et 1 et n’a donc séries formelles à coefficients dans un
corps K algébriquement clos de caracté-
aucun zéro. Si un corps K est tel que tout
ristique nulle. Elle s’obtient par une
polynôme à coefficients dans K admette
méthode analogue à Fp. On a :
une racine dans K, on dit qu’il est ulgé-
briquement clos. Un tel corps ne saurait
avoir d’extension algébrique propre ;
inversement, un corps qui n’admet pas OÙK((X”“)) est l’extension de degré H de
d’extension algébrique propre est algébri- K((X)) obtenue en adjoignant les racines
quement clos. Dans un corps algébrique- de l’équation algébrique T’l~ X = 0. Ces
ment clos, un polynôme non constant se corps sont appelés corps de Puiseux.
décompose en un produit de facteurs Étant donné un corps K, K une ClÔture
(irréductibles) du premier degré. Un théo- algébrique de K, les racines dans K d’un
rème, démontré par Gauss (cf. nombres polynôme P(X) à coefficients dans K
COMPLEXES), montre que le corps C des engendrent sur K un corps Kp. Tout corps
nombres complexes est algébriquement dans lequel P(X) se décompose en facteurs
clos. Le mathématicien allemand Steinitz, du premier degré peut être considéré
qui a exposé vers 19 10 une nouvelle théorie comme une extension de Kp : on dit que
des corps commutatifs, a démontré que Kp est un corps de rupture pour le poly-
tout corps K admettait au moins une nôme P(X). Comme le corps Kp est
155
CORPS
engendré par un nombre fini d’éléments les corps finis, on dit que le corps K est
algébriques sur K, c’est une extension finie pwfkit. On peut alors chercher quels sont
de K. les invariants dans K pour le groupe
d’automorphismes H engendré par q : ce
Automorphismes, extensions normales, sont les racines de l’équation :
groupes de Galois Xp-X==O;ilyenadoncauplusp,et
Un K-autwnorphime d’une extension L KH n’est autre que le sous-corps premier
d’un corps K est un automorphisme o du KO, qui est isomorphe au corps 2 p
corps L tel que, pour tout .x dans K, on ait éléments Z/pZ.
9 =.x (nous utilisons la notation expo- Il est clair que les K-automorphismes
nentielle, et le composé 0~ de deux auto- d’un corps L respectent le caractere de
morphismes o et T est défini par transcendance ou d’algébricité sur K des
JOT zzzz(Y~)~). Ainsi, tout automorphisme éléments de L. Le dernier point peut être
d’un corps K est un K,,-automorphisme, précisé : si .Y est racine d’une équation
K0 étant le sous-corps premier de K. On algébrique :
notera G(L/K) le groupe des UnX”+ Q”_lx+’ + + a,.x + ao = 0
K-automorphismes d’une extension L d’un
corps K. Pour tout sous-groupe H de irréductible sur K, on a, en posant JJ = Y’,
G(L/K), on peut considérer l’ensemble LH o E G(L/K) :
des éléments de L laissés fixes par tout
a”yn + Q”_,Y”_’ + + a,y + ao
automorphisme appartenant 5 H. Il est = (a”x~+u”_~x”-‘+...+u,x+u~~ = oa=o,
immédiat que Ln est un corps qui contient
K. On l’appelle le corps des irzwwiunts de H. si bien que ,Y et son transformé .xO ont
Voici deux exemples de cette situation : même polynôme minimal (deux éléments
- La conjugaison complexe o qui, à tout algébriques de L qui sont dans ce cas sont
nombre Y = a + ib de C, associe le nom- dits w@g&s sur K).
bre .? = a - ib, est un automorphisme du Une extension algébrique nomule L
corps C. Le groupe H d’automorphismes d’un corps K est, par définition, une
de C formé par o et l’identité admet R extension algébrique dans laquelle le poly-
pour corps des invariants. nôme minimal de tout élément Y se décom-
Dans un corps K de caractéristique p pose en facteurs du premier degré (en
non nulle, l’application q de K dans K qui, d’autres termes, L contient tous les conju-
i tout élément .Y, associe sa puissance gués de ,Ydans une ClÔture algébrique L de
p-ième 9 est un endomorphisme du corps, L). Il est évident qu’un corps de rupture
que l’on appelle endom~rphisme de Fro- sur un corps K d’un polynôme P(X) à
benius. Le seul point non trivial à vérifier coefficients dans K est une extension
est que : algébrique normale de K. Le groupe
G(L/K) d’une extension algébrique nor-
(x -yp = xp -yp ;
male L d’un corps K, que l’on appelle alors
mais cela résulte du fait que dans la le groupe de Gulois de l’extension, opère
formule du binôme, les coefficients non transitivement dans toute classe d’élé-
extrêmes sont divisibles par p puisque p est ments conjugués, c’est-à-dire que, si .x et _J’
premier. Lorsque cet endomorphisme est sont deux éléments conjugués, il existe
un automorphisme, ce qui est le cas pour o E G(L/K) tel que y = Y’. Lorsque L est
156
CORPS
157
CORPS
de L qui contient K, l’extension L du corps que ce groupe n’est pas résoluble lorsque
M est encore normale et séparable, donc n > 5, il est inutile d’espérer une formule
galoisienne ; son groupe de Galois de résolution par radicaux des équations
G(L/M) est un sous-groupe du groupe de degré supérieur ou égal à 5. La théorie
G(L/K), et l’application M - G(L/M) est de Galois a permis de ramener le théorème
inverse de l’application H - LH. De plus, de Ruffini-Abel 1 un théorème de théorie
un sous-corps M de L qui contient K est des groupes.
une extension galoisienne de K si, et Signalons pour terminer qu’une exten-
seulement si, le groupe de Galois G(L/M) sion L d’un corps K est dite cyclique (resp.
est un sous-groupe normal de G(L/K) et, ubélienne, kohble) si elle est galoisienne
dans ce cas, le groupe de Galois G(M/K) et si son groupe de Galois est cyclique
s’identifie au groupe quotient G(L/K)/ (resp. commutatif, résoluble). L’étude
G(L/M). des extensions abéliennes des corps
Il est maintenant possible de donner un de nombres algébriques constitue l’objet
sens précis à la (( résohtbilité par radi- de la théorie du corps de clusses, dont
caux )). Une équation algébrique l’initiateur fut D. Hilbert (1900) et dont les
P(X) = 0 à coefficients dans un corps K principaux résuhats furent démontrés par
de caractéristique 0 est tksoluble pur T. Takagi et E. Artin, 1920-1930 (cf.
rudicmx, par définition, si le corps de théorie des N - Nombres
O algébri-M
rupture K,, de P(X) sur K peut être ques).
(( plongé )) comme sous-corps dans un
corps L tel qu’il existe une suite de Exemple de détermination
sous-corps de L, L0 = K, L,, . . . . Lk_,, d’un groupe de Galois
LA = L, avec L,+, = L!(x,), xZ étant Nous avons déjà considéré le corps de
racine d’une équation .Y’- a; = 0 avec rupture L de P(X) = Xj ~ 2 sur le corps
u,e Li. En traduisant cette définition au Q des nombres rationnels. Comme d’habi-
moyen du dictionnaire que fournit la tude, L sera vu comme un sous-corps de C.
correspondance de Galois, on obtient Soit M la racine réelle de P(X) = 0. Les
assez facilement le critère : la résolubilité conjugués de o sont uj et oj?, ou
par radicaux de l’équation P(X) = 0 équi-
vaut à la résolubilité du groupe de l’équa-
tion G = G(KJK). Rappelons qu’un
groupe G est un groupe rkwhble sont les racines cubiques non réelles de
s’il
possède une suite de composition : l’unité. Nous avons donc L = Q(o,,j).
Comme [L : Q] = 6, l’ordre du groupe de
Galois G(L/Q) est 6. 11 reste donc, pour
telle que les quotients G,/G!+, soient des déterminer complètement ce groupe, à
groupes commutatifs. trouver six automorphismes distincts de L.
L’équation générale du wième degré : Un automorphisme de L est connu dès que
X + q X + ” + r _x + ’ t = 0 i , ,l’onl oconnaît, son action - sur o et j. La’
coefficients algébriquement indépendants conjugaison complexe o échange j et j et
dans le corps Q(tO. l,, .... t,,_,), a pour laisse fixe o ; l’automorphisme T échange
groupe le groupe symétrique S!! des per- j etj d’une part et o et oj de l’autre. N
mutations de /T éléments Comme on sait pouvons dresser un tableau donnant les
158
CORPS
159
CORPS
d c n c ’ o eo c o uc r [t n e: Zm n=a [ p : Z K [ t : Z] m rI Lr s ] Li t ] ual é
t n aé q c ’ d u rc u e ed u t ie d e d l si r snq e sé l ta e t tu s of e
D m s L e e u êc in sc n mo Loe cto er s nse som p, s iL C t eLmm s i
t e K u s a t d nL ol tn e e , q au i ol s t u sc f et o m e - o si u
d i K d’ s ’a S do m sud ceu p a l onj e s L =o uL eS no u-
L g t s s a I eo à or e r l su b en q n d s n t te i lm ud s e i s sZe de a e . u
q s K e c u i e xs u o é e d t t sn ml ce o m é m o d uK m uo a m e
L q p a ut e é vd Koi L r l a [ e:eZ ,=u enmé : l K d c J d t * cum e en ’ ot e
s K do L o ( p aeu b c Xa ds st s o )cr j- e uet o m e u oc s rno
t d , à K e ei ec Y s no c q o c t cC n e u bm ac q o’ v i i m dre u l re é e u
p d d e l e é dr s ’ c d cm o e H d a oq u oe u x o e s Cnue rt s i u
m e
c c om o d L r(a m ua s pcx m nnc o s’i u m os u em t
a d s - c e o dq on u[ : R iu= 4m e= 2H s = [ ] ri: R m 2 - C e I u
s c so o d t na n a S r tu te nqi i Rc B en asug puc .u r nf
a s cu o L ot d u m ’ m lr e s u é ’edm sc -
B nrd t e eu l c
a du e c et x m o so t d c o md mc e e Z o re dm e oe n
t f d ci ci ’ ocv on du rfoe s m i Z d en s pi ns u emd ’ g g t nsd r s ue u
à c q a el ut p d G a h’ C p eg a aéo el e rg l dpon B e l ord o epr r
M i e u a t l x d nGi h iZ re eas u é g s , ne l ndo rp t of o e r ar
n c o d oà E N n u em . a o e t md rc e Z a uuq io l t , i tu
T S ( . kd o1 d o o m n9 oH Hl n 2
eo R B . a l n e t tn . r 8 n m
s u
c q i r u S K -e é u ei ds s n l et u q s l
c n c o do c o Z r i e en e m ,pl s n m GERGONDEY
ROBERT s t t et uE
f d m ea é e e d a nc v t e u i i t s t l d r oe e
p d K q lh Ze f :up ai t i i o is o x u sm u e r se t
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S L e u s i ds Kn q o c eZ
t unu o 3i >,2 éd, i>ws1971. n h ’ n- t i
l L d ’é y d’ eK tel q e s ené u l sm e s ee
. = p ty J . d o L oe ’ ux a u us _ n n r tt Y s
s d K qo c eZ e quu lo t ui s ’n e - ot c ni
a l c p d eL oO v p f e . mn o e a m i l c u t l i
l q s o er lu i n mé o a ’e ep n o, nè p t é
(L’)’ = L. De plus, on a l’égalité
1 6 0
COURBES ALGÉBRIQUES
E
n fondant la géométrie analytique, pour laquelle les mathématiques ont connu
Descartes avait substitué au plan de la toute une abondante Hflore N de courbes
géométrie d’Euclide l’ensemble R2 des algébriques remarquables.
couples de nombres réels et, de ce fait, 1
la notion de courbe, celle d’équation. La
construction d’un point, puis la détermi-
nation d’un lieu géométrique se trouvaient
ainsi remplacées par une représentation
paramétrique, et une élimination L’exis-
1. Courbes irréductibles
tence de méthodes canoniques d’élimina-
tion en théorie des polynômes est sans Considérons donc un plan projectif com-
doute à l’origine de l’intérêt porté aux plexe, dans lequel les Coordonnées homo-
courbes algébriques, c’est-à-dire, grosso gènes sont .~,y, I, et un polynôme (à
modo, à l’ensemble des points d’un plan OÙ coefficients réels ou complexes) homo-
s’annule un polynôme. gène F de degré n ;
Le rôle important de l’homogénéité
dans la théorie des polynômes, aperçu au
moment OÙ s’élaborait la géométrie pro- est l’équation d’une courbe algébrique. Le
jective, a conduit à concevoir les modèfes point A (u, /I, c) appartient à la courbe si :
de courbes algébriques comme apparte-
F(a,b,c)=O.
nant au plan projectif, qui a l’avantage
d’être compact. D’autre part, si la concep- Si l’on représente le même point par les
tion initiale de la géométrie analytique était Coordonnées Aa, Ah, Ac, OÙ A # 0, on a :
essentiellement une question de variables
F(kz,hb,k)= iVF(a,b,c)= 0;
réelles, les géomètres algébristes ont été
amenés à prendre comme corps de base le on voit que ce fait est bien indépendant du
corps complexe 1 cause de la propriété choix des Coordonnées homogènes et que
fondamentale suivante : Tout polynôme de des polynômes proportionnels définissent
degré n à coefficients complexes a exacte- la même courbe.
ment I racines complexes, en tenant Si F(x, _r, z) n’est pas décomposable sur
compte de leur ordre de multiplicité (pro- le corps complexe en un produit de fac-
Priété de ClÔture algébrique du corps C des teurs non constants, tout polynôme qui
nombres complexes) ; les courbes algébri- s’annule partout OÙ s’annule F est de la
ques ont été les premiers exemples de forme :
variétés analytiques complexes.
Cela n’empêche pas, au moins dans le
cas des polynômes à coefficients réels, par suite, si on appelle COU& irrkhclible
pour aider l’imagination, de s’intéresser à l’ensemble des points OÙ s’annule un poly-
la courbe réelfe, heu des points à coordon- nôme indécomposable, la connaissance de
nées réelles, dans un plan affine ou même la courbe entraîne celle de son équation (à
métrique déduit du plan projectif en spé- un facteur constant non nul près).
161
COURBES ALGÉBRIQUES
L d ad é p q ’ c o S u u o ml u eq n mAay e pu lu p
c e p od f n ri ne a po r dq l c c odr F e u=a t 0 o c fiué ( e e. u t
m a q o c l au n o o v l ’ B t a u r a g u : rs r l pr s r é n : ei be bo
g d ê éc o c t no c i o r én o t me rs n m ai s
t d composmtes
i idductibles,
e t a u f é f ee
t c d é e h q’ ee x u a n u u p ss np ncq ’q i nsa t M uo tuu eud os l, s one
e n s nmz4ltiplicit6.
a Ca t a t p ’ i p i A uc a le ce an ero c s p as or r s neu
q l c : u a o e u a l m r v 1 aà l u b e d, l ’ l e
d : r o
e f d l ds o double e z a= r0
t e rd o t me i é t e
l c .sirnplea .$ o+ y’ ~ z’ = 0 n q c. i l cu o e q Aa a o i u u n u v
B e l ni nd c a oe t em o tna m e u mé i 2u L no p l pgA o . e di
i ( lr m e c ar u e t oa é l a su r lpoint
d t p~simplc t nd rol u i p
d s d na po e on i rn c s t t en l ots o ei e td a jé u e ox ) é ec
p d c e d r u hm n qu e a o a dl utmgcnt~
p p e iA i aa( i a è p an xs ne c r
s e o l s a f nq i ls ul af tu é eed e io e d e l ni g s t r e s aft é
c d b e oa e a s crl sa t lpg en osé a sb
L : o r
PI(A, M) = = PL_,(A, M) E 0
2. Tangentes s n q q os M
u s u q u neo s l . a e u e
a d P t i d e pA o np r A a, u
I a nu d v tn r c e ele co o c c ra p oi a u n l cs o ut
C u do p n j rn r m e o o s ko à l u i i i d , jd ’ l q g t d e e r e
l p A _ ez oe B ( y vz s,e sit ( ~v ? ,2 )t Pon . MIé , = , )0 q knt cY -) r l. u ( o?
i a nl c F v y 2at =o 0 (c e , )ee uA .a .uo c m rn r v a Ynum u s b e u
O o : n b t é g k + i 1 L gp A e e a. e ao s nl
u point nu4ltiple k-L@ n d l c e l e a o
s e é s x a c l o c p
E A”F(A) + An-’ pP,(A, B) + kn-2 p*P2(A, B)
t e A a n . n
+ + pnF(B) = 0.
L p A e me o k s du l i -
S t l c i o s e no c u o cs ue s et s nl o d lf i to d et uké sf 1 tu ’
é e u qi : st n p ud d t od F e so ae n e eue c poi tn u( p ntt e on it le a
l d a a r 2 l pc qo a l po d ui d e auké B ti e’ s r r )ru i e no
a l d cd ac r om i o oc me r dm ihv mt r p e p t aa s eé r o
d u c ( p ot s ( A y )z ium u . q , , )l b o r Y
T d q no pr c u ’u a or o i pet s ié m s i r se t s opd n é t
d l c l c e a e o I p a o( é n u Z or un t r ie p a b np e n e
l d d F c e e t e d) l o og e e em rr n u p dé u r t r
d m e ec éu a e t e nl É x t t to q a a in u c np c
l m s a ê q il m u: g’L q e e s anpa u a fi
de co e l e
u é a n q d d l I ea u e er g u d ca gi aé n m ot n sr l~~LIS b e e iu o
f r z a c c li o d s ’n p m me e ee o
162
COURBES ALGÉBRIQUES
W,Y>~) = 0
et FJU = y,/v = Fz/w
G(U,~,W) = 0.
163
COURBES ALGÉBRIQUES
fig. 2
164
COURBES ALGÉBRIQUES
6. Courbes unicursales
165
COURBES ALGÉBRIQUES
Les coniques (courbes algébriques irré- rationnelle de degré I n’a que des points
ductibles du second degré) sont rationnel- doubles de même nature que ceux des
les ; elles admettent en effet la forme cubiques, ces points sont au nombre de :
réduite projective :
(n - 1)(n- 2)/2.
xz-y* = 0,
C’est ainsi que la quartique tricuspidale
qui conduit a la représentation : Citée plus haut est rationnelle ; elle admet
la représentation :
.x =rz, _!J=r& z=e*,
x = I/l~, y = l/(f - l)Z.
OÙf, 0 sont des paramètres complexes. De
ce fait, on peut définir sur une conique le Mais la quartique d’équation (affine) :
birapport de quatre points, les divisions
homographiques et involutives. Ces
notions peuvent être étendues à toute que l’on appelle parfois fr~oliuru (fig.4),
courbe rationnelle. admet un seul point singulier, l’origine, qui
L’équation de la tangente au point est un point triple. En coupant cette courbe
courant d’une courbe paramétrique et la
fig. 4
théorie des enveloppes montrent qu’if y a
identité entre les courbes qui sont ration-
Y
nelles du point de vue ponctuel et les +
166
COURBES ALGÉBRIQUES
(affine) :
V
1
2xd+y4-y(3x2 + 29) +y2 = 0
f1g. 5
v
1
7. Courbes elliptiques
Définitions
Nous avons dit que les cubiques sont
(,Y= 0, _y= l), qui est un point nodal, et rationnelles lorsqu’elles ont un point dou-
l’origine, qui est un point tacnodal (contact ble. Les cubiques sans point singulier sont
de deux branches algébroïdes). Cette quar- projectivement réductibles à la forme :
tique admet la représentation paramétri-
Y* = 4x!-g2x--g3
que :
167
COURBES ALGÉBRIQUES
ku+k’d,(k+ l)w+k’w’,
kw + (k’ + l)~‘, (k + 1)~ + (k’ + l)w’,
168
COURBES ALGÉBRIQUES
Sur la figure 7, cpi illustre le théorème courbes qui admettent une intégrale abé-
des points alignés, nous avons placé B2 en lienne hyperelliptique ; pour cette raison
un point d’inflexion. Cela va nous permet- on les appelle courbes hyperelliptiques.
tre de montrer la structure de gmqw L’extension aux courbes algébriques géné-
abélien de la cubique elliptique, qui a B1 rales de la méthode paramétrique nécessite
pour élément neutre : deux points (tels que l’emploi des fonctions fuchsiennes intro-
B, et B3) alignés sur B2 sont opposés ; duites par Henri Poincaré.
quand trois points sont alignés chacun est
opposé à la somme des deux autres. Ainsi,
la somme A, + A3 est C2 opposé de A?. 8. le genre
Cette opération est évidemment commu-
tative et le théorème de Lamé établit son L’étude locale a permis de définir en
associativité : chaque point d’une courbe algébrique une
ou plusieurs branches algébroïdes : on
(4 + A,) + BI = (- AJ + (-- BJ = G
appelle place la donnée d’un point et d’une
AZ + (A, + BI) = (- CJ + C-C,) = G.
branche algébroïde issue de ce point.
La détermination du point (X, Y) L’ensemble des places d’une courbe est la
somme des points (x,, y,) et (.y?, y?) se fait riemannienne de cette courbe et on appelle
rationnellement et cette propriété es1 en CJ& (parfois aussi &kw) de la courbe
liaison directe avec le théorème d’addition une combinaison linéaire formelle à coef-
pour la fonction n(zf) : ficients entiers. positifs, négatifs ou nuls,
des points de la riemannienne, un nombre
fini seulement de points ayant un coeffi-
cient non nul. Les cycles d’une courbe
forment un groupe abélien.
On appelle w&e d’un cycle la somme
D’un point arbitraire d’une cubique de ses coefficients. Un cycle est dit @cctf
elliptique, on peut lui mener quatre tan- (ou positif) si tous ses coefficients sont
gentes, dont les contacts ont des arguments positifs ou nuls. Un cycle effectif ayant une
qui diffèrent d’une demi-période. D’après signification géométrique simple peut, par
un théorème de Salmon, lorsque le point exemple, être obtenu en envisageant, sur
parcourt la cubique, le faisceau de ces une courbe C irréductible Coupée par une
quatre tangentes reste projectivement courbe aigébrique y, chaque branche algé-
constant. broïde affectée de la multiplicité de Bezout
L’invariant (birapport symétrisé) de ce correspondante.
faisceau s’exprime au moyen de 1, ou du Plus généralement, étant donné une
quotient a’/~ des périodes : c’est la signi- fraction rationnelle N(,y, JS,:)/D(x, _)‘,z),
fication géométrique de la fonction modu- OÙ N et D sont deux polynômes homogè-
laire : nes de même degré, dont aucun n’est nul
sur toute la courbe C, on peut lui associer
le cycle ZN -Zo, différence des cycles
associés au numérateur et au dénomina-
Les méthodes Utilisées pour l’étude des teur : on vérifie en effet que toutes les
courbes elliptiques ont été généralisées aux fractions, formellement différentes, qui ont
169
C A O L U G R É B B E R S
1 7 0
D P É AA
ÉQUATIONS R
r d as u c é it u n o f ri r e u i ro r n én
t U p Pi m nd l m b u ee a u l n c l e i e t . e
D
n p ê l ep t d ’ f uô r ’ u r t l e u n a e n i c
r à c a q n no f t p u e na i a e ds o s is n
p d c ae ’ ed F er n u re nt s n t ti e a ie m
l ( l ) i e ( a à 2 )p -n s1 S cP , f .i u é n r
p s l r r u ea ip h i d r s er o s ’ t m i r u sa s n
c e ef l n l ris e s a t no s e c ain mu i, t
1 2 .. .. p E g , , .a n é a l o b g m s é é -
t s u c r d c u n o a en a r r i o m p t n c s e
n l s up ade t la d u c h lr e oé et no ,i
W n pe v : i ’p ai r l ee rse a su rr i tt is e
q p t p u P ol l o ld e ue a u ai sr c t cf ue ef
d 1 2, p e , . . . . ,
L G U A C U T
DÉRIVÉES
PARTIELLES
É A Q u U
B i b l i o
A C C .H d o E gP uN éu C
r hb Ib rl N e
t m i d la Po e ’ t P an uh a rs né r i imi s
L
1 / H C 9A S . L o 7 m EC / 8 EpM É w ‘ abE Swd Q C pNo u é oU S
T P P h N l Y r r e 1e o / e o w 9n r s r 8u k s y 0m - , ,
s s d l od a do m e no n
J F G . d,,éhrique,
R Ué d mE . o e a S F k t .N ~h R E
m e d a dt ’l t d B e i’ m i e o onu l lq a a r l fn pù eu i t ev - loi a h e
d T 1e / F a A 9 a U Cl l 8pu L é ue I gn 9 xsT l prnt s cl O e, ’ udwc far eb N
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F l I Q An TC I Alt H u g.r S r o ,
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g l p i é e lo ém n m s un
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d d i e d e a 2 vr S g g ovn e ép dé q l e éc b da op e .un r Ire s etr h s t e
m 1 a/ J P L9 C t .I d e 8 aho C e m .s 5 éuHu d fys t uq O mr l s iu a ru ab
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p p d ll ué O e e ue t it n
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C é a e e à st t uut ou
i f n s ol d f u ne
m g d le é m e ’n n a
a X s L u c V l pi c e a eI e lè
l q d s a us t ef a e ei o o
d e és t n vé r
P d p ol t ’ d a d se r a
b e D B e t sa l e r d un ’
c v po p ic d Fur a be
1
DÉRIVÉES PARTIELLES ~ A N U A X T I O N
172
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQIJATIONSAIJX
familles beaucoup plus riches de solutions dans chaque problème particulier). Cette
Ce fait se voit sur l’exemple particulière- condition est automatiquement vérifiée
ment simple d’une équation linéaire du dans les problèmes linéaires (c’est une
premier ordre : conséquence du théorème du graphe
n
fermé ; cf. espaces vectoriels roror,oci~-
j
1a I =
= j , l,..., n;
l
f QUES).
=i , &
Il est remarquable, ce qui sera évident
+
173
DÉRIVÉES PARTIELLES ~ A N U A X T I O N
174
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS
AUX
décrire ici deux résuhats simples sur otih est une fonction qui se calcule à partir
l’équation : des coefficients de (3) et de S. On voit donc
que la discontinuité [u] vérifie une équation
(3) g-divx(c2(x)gradxu) + b$ = 0, hnéaire du premier ordre dont le système
caractéristique est :
équation qui décrit la propagation d’une
onde amortie avec une vitesse dépendant
du point OÙ on se trouve (comme le son
(5) X’(s) = -C~(X) gradxS
dans une atmosphère inhomogène). Nous
poserons : = 1 gadp(r, xF , gradx S) ;
175
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX
176
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONSAUX
" = q i j = 11, . . . . n.
C é a de p q t et à r u
L d o ’ d e a n é: e sl d q v o e u i r s a
a f à cG nd L et ae a
O r l n e d L ’ ( t e a
! k ! -
J - t d v ie a cnu r
j=l
c d oc d e C no e
e o c l t s n o e é e y l m nR c s eE p e i rd t v sl l s pe i o l è é l
é q e q q u l x du u pi e p r éa e l epa s rié rt t a par dimei
t p r ia . ae ia t c eu Y r:t p t o fnx , apo m os d nvou m n ’
c C f o a é l es a m dt a o
ut - G, j = 1, . . . . n. c p e d lr t r de a o h
é a d q p u é(u a x
L s o ee y b sb s ti yts l p
t èe o
me d e f r mn na
én e s oo e
D é ’ q l qh a u et u y q pu e is ê a p gu et q it t ?e éi ru
q o d s u qn s e p o e out e s r1 l a a s ni & lo1 u s u d t c ap t o s eé
e v d e n e t e nx h r o s aoe n r du p nl m p é ac os pea p l a é n
d l p C c a a aÉ i nn r qm - sdo J t ué a ( enu o ic at pi n u
l M di c a a é a n e u ai q n é s t l spc u s ad é r e ,pa a i ’ ce
l v d p a i d e r t t é i o o e p an p u ds eauc a sj ’s
d l s c e a o o l r n à u up a s d rn t r m i e e i o
c o n
p L b e pr p l i s oo o
d L t ci e a e g oo l p n é
2 Le t e . y l l ps
s u o oe bi u ! nd uR” l d po r A e
n n l l of o L - d a ur p t e
L’équahon de Laplace, s :
u s o u n
ou de Poisson L , d De w : GT e i uo
S d l id a o ’ o s e nn é n ’ v (
s s d q s 0 é e i d 6l eru u r t n o à )a esr
A d s s e o ( t s l l e
c a d uH - s
’ t o t et i n i
i dnt o t u de s - L pwblcbne
n o ém u d N e
m p pr : cc T e e bu e s
l d P ’ : e o é v i q ( s é0 se ud 6 lu dr st ao ) ar
n s r e od uB s ro r
À v d c d r ni p e te aà ’ r a
f b p D a i i no a p ’ iu e l ’ s a
p a u à u js i u n oo
plus c s l no d o e don ’c u oemn r éo s u a n ue s qn n u et
L l l as om e epe n re D s lcp u p s m ’ q yt aoa l e o q ba u l cnir , x u
e p d ét r e e q oD ld s u dt e vl o ua ooc ié n q nt i t o
m s o s ê a i sn ’ qm nu o n i a ue ex t l on e l i,u r u ult nl t o
1
DÉRIVÉESPARTIELLESÉQUATIONSAUX
formule
de Glwrl : QUES).
Applications à la topologie
Considérons une variété compacte V et
c-J gradt,.gradudx + ranudq munissons-la d’une métrique rieman-
n sI
nienne, comme il est possible de le faire.
OÙ 8n désigne la dérivée normale sortante On sait que cette métrique riemannienne
et 0!0 la mesure superficielle ; nous notons induit pour tout k un produit scalaire sur
g la dérivée normale sortante (donnée) de l’espace vectoriel AL des champs de for-
t et nous appliquons la formule de Green mes extérieures de degré k sur V. La
avec IJ = 1, ce qui nous donne compte différentiation extérieure d qui opère de
tenu de (6) : A k dans II k+, possède donc un adjoint ci*.
Posons :
A = dd* + d*d.
Cette condition aune interprétation très Dans le cas des fonctions sur un espace
claire dans tous les cas où ~ grad u est le flux euclidien, on retrouve bien le laplacien
d’une grandeur (par exemple si ~ 1 est le usuel ; c’est essentiellement la formule :
potentiel des vitesses d’un liquide animé
Au = divgradu.
d’un mouvement irrotationnel ; ou si on est
dans le cas stationnaire de l’équation de la Notons en général Ak la restriction de
chaleur, L est alors la densité d’énergie A à II k, On a alors le 0zé~rè~~zcde Hodp-de
interne et - grad u, moyennant un choix Rham : la dimension du noyau de AA.est le
d’unités, son flux). Dans cette situation, le k-ième nombre de Betti de V.
premier membre de (7) est la quantité de la Ce théorème a reçu une série de géné-
grandeur en question créée à l’intérieur de ralisations dont le célèbre théorème de
!2 et le second membre la quantité qui sort i l’indice d’Atiyah-Singer et, tout récem-
travers la frontière. ment, le résultat d’Alain Connes classifiant
On rencontre très souvent des problè- les feuilletages en attachant un indice EUX
mes mêlés, c’est-à-dire OÙ on donne u sur opérateurs elliptiques sur chaque feuillet.
une partie de la frontière et sa dérivée
normale sur le reste. Ces problèmes sont Principe des travaux virtuels et formulations
bien posés. Une série de problèmes géné- variationnelles
ralisent celui de Neumann (condition de Les équahons vérifiées par le déplacement
Newton, dérivées obliques...). d’un solide élastique en équilibre forment
Les solutions des équations de Poisson un système elliptique. Nous allons en
et de Laplace et des équations analogues donner une formulation fondée sur le
possèdent de multiples propriétés : elles principe des travaux virtuels.
sont analytiques, ne peuvent pas avoir de Soit !2 le volume occupé par le solide au
maximum ni de minimum à l’intérieur repos, l- sa frontière. Supposons que sur
d’un domaine où l’équation est vérifiée. une partie r0 de l- le solide soit fixé et que
On appelle fonctions hwnoniques les fonc- sur le reste I-, on lui applique une force de
tions qui vérifient l’équation de Laplace densité superficielle g. Un déplacement
178
D P É A AUX
ÉQUATIONS R
a e u dc d sv n mh q e ct e ia ui q ’ cs sm sci T u e1 ’t f s p ui
s s I S’ @ ul d , oa ) er d é, p ni q v e p. l u tn uc é l ud n u ’ o
d p d s u q o s tu o e ,u ia e r r l n Yi qnu a o é i a m ut s u gl d u i i
r O s q ec n ca u ph d oti e do a l e m et q es qf ’ d np ul . iui
l d d f a eé e so n:l fs ’r ( sa n oy r éc 9 i s o O r ae ce ) tt u
t à l j i v ba dt u pm
b d l r l d e da e è au é c
l : T ’ u d r é n é
a L q dv p J tu m éd o oi
o e l t d s ce e qe t eo n us sn s i tt e r
c a eu : d r m
s L yt d eu d rm a un é aé n r p vt s l ar
m v a e iu e :d n r s m t t t i u s e
E g un pé o a nà le n n r
f s o O V e u u er Ù s in
O l Ié Ù l’ m c i v Hei; l o dn o f n e t s et0 qo( pd s u êe unq à ei r
/ s l c r o ed oh nk n s ev m i ov t a ep l r eF d f l t o e m c! e
s e & l mo s t a er s I u c st u( .e p c o ua rei ps e or n rn lt et r
S d op id c ia re od s tr eqs ne vu c s
F u ( 0 ép = !t’ x
p q s h t l u d e dy r o 0’ : ee rTés o L na )i a r ci pa V t gpl q i o rq
i s e a c oà ( n u p i i i 8 npp n t , t f ) eol tt ao o iuà Véi :pu n
p p e ea t a c t n r de lr o en at m a i p n e
s d o oy a ea l , nnm r a o é r u t i vr v
f : o r m u l
v.gdS.
L l d c a o ed o l i o mD ’ i n ppe e pn m n oas x at
s d oq d i d e d u é d ot e e ( é i q p ue vn t s s lr u e éa id ’i e pn ru é év
l s é e ei o t d s nU l u t et dh s i s d io . :uoude i er y meec
l s l d e i e a aé mp s sf ee t so nt er ti
p q l s ro éu e o i seu dle l l usr ea i ft s d fe t
s l d u e au l é pM n ip p a ne o i én s s
i e i dl cs m q e nto p u om o e up r sr t
n p b ’ d c a s e a e e s i s v t mo o t pi n e
i ;n n l f c do ep a a i ou ae d i c ns ast els o q c d .u sio n u é
A d q vl t ’ v u dae r éd ci e d en l a cu hrV e st ’ v r to. ea
f é eo é là c d sl r f g a e Le atpc o a g s l a e le r l dr t uf v us c ea i
a i r pà p l c e q p ru t e s u vl én i t ’e ai jc o e des rq ui
d a é I f dq p s l ac mu l aà l f uol i’ a t aa o dt n’ si c i u i
f a l a i u i a s s m x ap u y s pe l iac s e ot a e lsro t s us
1
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQIJATIONSAUX
Voyons cela de plus près pour les problè- appartenant à l’espace de Sobolev). On
mes mêlés. Sous forme classique, nous arrive finalement à la formulation sui-
cherchons u deux fois différentiable qui vante : ccTrouver u E H’(G) telle que sa
vérifie (6) sur 0, L = g0 sur Fa et 8,+ = g, restriction à r. soit g0 et que, pour tout
sur F,, OÙ g0 et g, sont des fonctions u E V, la relation (13) soit vérifiée. ))
données. C’est la formule de Green qui va On notera que les conditions de Diri-
nous permettre de passer à la forme chlet et de Neumann ont des statuts très
variationnelle. Elle assure que pour toute différents dans la formulation variation-
fonction u sufhsamment régulière et nulle nelle : la première doit être imposée à u et
sur F0 : aussi, par l’intermédiaire de Ia définition de
V, à v, alors que la seconde est intégrée dans
la relation (1 O), (11) ou (13) selon le cas,
180
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS
AUX
Cette terminologie est d’ailleurs assez mal- une partie de la frontière. Dans d’autres
heureuse, puisque dans le cas d’une seule cas, c’est la présence d’un terme en F,)
variable réelle elle amène à dire qu’une strictement positif qui élimine la constante.
fonction croissante est monotone mais Dans d’autres cas encore, tel celui du
qu’une fonction décroissante ne l’est pas ! problème de Neumann, il existe bel et bien
Il reste qu’elle est adoptée par tous les toute une famille de solutions différant
spécialistes. On dit que la fonction est deux & deux d’une constante.
strictement monotone si le seul cas d’éga- Avec des conditions d’uniformité de la
lité dans (14) est celui où u = u. monotonie et des conditions de continuité
Si F est linéaire par rapport i grad U, on assez faibles pour pouvoir être vérifiées
peut écrire : dans la plupart des problèmes usuels, on
démontre l’existence d’une solution (théo-
F, (grad u ) = rème de Minty-Browder). La démonstra-
,=1 tien, assez technique, se fait en deux
La condition de Fonotonie signifie alors étapes. La première consiste à démontrer
que la partie symétrique de la matrice des l’existence dans le cas de la dimension
a;, est positive, et définie positive s’il y a finie. Elle s’appuie essentiellement sur un
monotonie stricte. On notera en particulier résultat de topologie algébrique (le (( théo-
que dans le cas de l’équation de Poisson- rème des antipodes P de Borsuk). La
Laplace c’est l’opérateur -A qui a la seconde étape consiste à démontrer la
propriété de monotonie. convergence des approximations de Ritz-
Montrons que si F est strictement Galerkine.
monotone, deux solutions du problème
variationnel ne peuvent différer que par Formulation varia~ionneile
l’addition d’une constante. Soient U, et et calcul des variations
z+ ces deux solutions. Écrivons la rela- Dans de nombreux problèmes, parmi les-
tion variationnelle (11) pour chacune quels les plus fréquents dans les applica-
des deux avec la même fonction u = U, - tions, la formulation variationnelle
u2, puis retranchons l’une à l’autre les exprime que la solution u est point critique
deux équations obtenues. Nous aboutis- d’une fonctionnelle J sur l’espace V. Ainsi
sons à : du problème mêlé pour l’équation de
s t,
Poisson-Laplace (et comme cas particu-
(grad - grad u 2) liers des problèmes de Dirichlet et de
fl
X [F(grad u ]) - F(grad # *)] dx = 0. Neumann). La fonctionnelle J est dans ce
cas définie par la formule :
Si U, ~ U2 n’était pas constante, la fonction
à intégrer dans le premier membre de cette
équation serait positive et non nulle et, par
suite, l’intégrale strictement positive. Les équations linéaires du second ordre
Si F est strictement monotone, il suffit pour lesquelles une telle fonctionnelle peut
donc que l’espace V du problème varia- se trouver sont celles qui s’écrivent :
tionnel ne contienne pas de constante non
div(A(x).gradu)+c(x)u+f=O,
nulle pour qu’il y ait unicité ; ce sera le cas
si on a imposé la valeur de la solution sur où A est une matrice symétrique.
181
D P É É AA Q R U U R XI A T T V I I ÉO
L cf o e e o ro l tf x n s nc a tr i d cD q o oeo sde t i u n
e d r as u o p a d t n nr mN ’ oco m e e do u bp ê n u L ’p la l
s L p a d m a r t é e o do i qa nl i pc h o u v oe f rae ya n i e
v al c ad l fa o ue qa o n c t du n l vc h a’ cve eo e d ni t i
s d d m’ o e i a n l v n g t c aD a i i o e n d ’ r im t n m e o
L f J aa so u i on q ln v n iuc u dae ua et p nvtc e d e s l te a iiee
p c ré po én d odm t Ee u etémc la nr~ i ter e’ et gs~ m
s S c y i a o ds l n l s n ot na d a eo vg nè ’ q i d nl e él cm e uq
s d l c t ed a o a e ’ f n cb l épu f l ’ i v l pqot i e el a e
l e m éu s ê d q il ct mdea t.u e Ona retrouve en i la s l’opposition s v
l D l i f a ve n o nr sa é r sé r a mL c v i i ua o
n l de f ’ cel o a d d lo n i b e oe edr cd n s a ntl sre to i e
p s à uo n o nn od u f ed d ne v o r d ’ - e nu o p ’ uc n’
l l c ’ d ma o é i e oe n n n : o l nt s d ae d dn a orcs i ur i a
q q y a d u u i a ’ p s n h i r s t y l o i p
C p e d l r dr l e ’ o
c l r h da la a d c ’p
3 L d. l ’ c e aé h L S q aa p l u m u l p qo ep o a
f 0 ( =q cn a n s u n ’ i o
e l t p t e y a p r e a b
a d c b L se h s s e o a
S l é hi e q d y s u a é p i a l d
c e n t o e i
r rd i
l d ’p e p éh l s h vé f t o c ys on di f, r e os l o xe o
r l pé ei hv a sr ée d . nEr p n r e Yl anéd a os .
r d t pe u yd all p s po e ère i r i en d s va nco s oq t a ts be se- e
t e l o d s l ’c t d e t a déh uy p i aqm
a n pl r dt inuli ae o oe
a d F :u e o s u e n s e d r s d
u i vn e i t d ’l o h
p d q t eo s è u p si t i s e o
a
- + =
u A f n a p a
~ p. ’ al U v u o d
y uu o c
( a 1 t5 )
l s r an o C re u pl e és
N t d so q o c e ut du u a o s i od e’ t d u n vet né ad p’ s t ee sd uu
l d o’ c eé né ee dsq m dq s t a u u a eau l t t d ad xl s a’ e a
m p l c o a d e t he d ~ t rc e an i . h nf a gi
E d l d l é d la c i l c e aN hf ae r é o afl l i t d u l lu’ l t
m a b da u p i ’i d s h ce a sp eus ér hn u a niq na ac t r u
d e p i c nd a c f ee n’ r o f nml au t s r u ola bna i ’ p s edu
s o l p u d d h tN ep i é i o rf
L p b e pr t i s d oo p y u l e d e s b do pl a n e i é l eu i’ n n sè
l d l c’ e de a é hé t ce q daq s es d u elu o t l ’ a esa u h
p e ga s dn épr o N e nnar n l o se éébo d a lt e du f grob u a
n m O dm i u o n o0 d x n t u t n e t ai v h n n a nuo e e e o .
l e o c ’ u t sn h e L s n or e ps uà e( il m r apS u r s1 ou a oc saI n y5
[ w X 0 q Ov [ u u c é, n f i o r c ée i n ei ce qd g f d ft et u
i :~ . = nU (Z f Y i ”d 0Qto ) lt (t o m , ,i n p ei Y oun c o c c da a un) - o d
n e ac i é t t uh c n e ,s ,n a co é s u eeq en eqt Nr nud s d l ua o t
1 8 2
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX
rons par u le flux d’énergie thermique, Le justifiée dans les situations les plus usuel-
bilan d’énergie dans un domaine U nous les. Dans tous les cas, (16) et (17) se
donne ainsi : combinent en :
183
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONSAUX
Réciproquement. on vérifie que tout Les notations ont le même sens que dans
processus de Markov gaussien à accroisse- l’équation (22) ; p’(p) est le carré de la
ments indépendants et stationnaires, com- vitesse de propagation du son dans le
mutant avec les déplacements de l’espace,
fluide, on voit qu’elle dépend de Y par
est donné par les formules (20) et (21).
l’intermédiaire de la densité. Dans la
En plus des équations de diffusion, les
région subsonique, c’est-à-dire celle où
systèmes paraboliques comprennent les
1124ii2 < p’(p), le système est elliptique, il est
équations de Navier-Stokes pour un fluide
hyperbolique dans la région supersonique,
incompressible :
c’est-à-dire celle où 11 c 11
z > $(p).Dans les
équations et systèmes hyperboliques dont
nous avons parlé jusqu’ici, la variable
temps jouait un rôle privilégié ; ce rôle est
tenu dans la région supersonique par le
OÙ1 est la vitesse du liquide, p sa pression, déplacement dans la direction de l’écou-
p sa densité, p son coefficient de viscosité lement, On peut d’ailleurs dans ce cas
et,fla force extérieure. De plus, on impose entendre la propagation des singularités
à ZAd’être de divergence nulle : c’est dans la région hyperbolique : c’est le
l’équation de continuité. G bang H de l’avion passant le mur du son.
Naturellement, c’est dans les régions
4. Autres équations
comportant à la fois des parties superso-
niques et des parties subsoniques que
Équations qui changent de type l’étude de l’écoulement est la plus délicate
L’équation de Tricomi : (régions transsoniques, fig. 3). L’étude de
ces régions transsoniques connaît un
JIU JZu
x*-+7=0 regain d’intérêt car la hausse du prix du
ax; ax2
carburant a amené à renoncer, pour les
est hyperbolique dans le demi-plan .Y?< 0, avions de ligne du futur, aux vitesses
elliptique dans le demi-plan ,Y? > 0. supersoniques.
184
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX
fig. 3
Photos prkes en souff/erk, oh /es gradknts de pression sont visua//sés. On vo2 /a d;fférence entre un régime
subson;que (en haut) et un régime transsomque (en bas/.
185
D P É ÉQUATIONSA AUX R R I T V I É
D l m o a d e ê l r n ’ mA’ dd s i ce éu eér d n eq m eq é
d K e ed oV e l t ae rr vt e p u d ti d i p s a t a ee p e e r s r n ws h s
é ( à s q ) d ( l o pu ) o eEh r ap , n l s nt to tr dt aS o hp i i e
t s e é de l xp sc ar a Kpa o noe K aor d n psnt a sts u o s e t w
c a p r n u l r oé od x i o c ne ne d
n b l s t l e
s é l a y a i s
a
c a a : e nn s r p l dae o a p a l élM n c a s e ro ae t t r s
h m y l à d éa p i ee dqi e éc ss t ’us r ea a t e uae b sr b
h y p d e q én e r u g t’ v n b ’ u
d à u’ c p na na a
c l a
É g q é u n a é G r o
O d c d é ’ c a e q a u u s u b pMARTIN
x ZERNER
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d p él aà c ri r o in t e vé i f éa
c d s o o à ut e v n r r c a s d o o r t r i n i a e
i Pn u c ad nd h B ré e a i p n b e
v o p ta snr e or à u e Ya V u EGOROV,
ui nM.A.. SHLJBINSZ
m t. ajR.V. GAMKRELIDZE, e bo
d t c s e r: a u s o sP i D i u E
v @ 2 s vol,, r q S
aw t u
V N York, 1991-1992
e e / J. KEVORKIAN, r w
a) l p p a a ( r r h di
P mE t oi nC ct f i B H m c th i f
d d d l’ e e i e ’o u s1990 n /éJ:’r RAUCH, x Pt c qd &) o ur t
( q nc f p u d d’ i aS ’ e eyé g 1 1. sp i sr u 9 r l ti r 9
t p r ià u a d a v o n; r e p a n e s pr oi
b) c p p e ae l r t rs ’ i t tt o n e i p c
t d L le e a e e ’u ; p sB lT ér l l t l
. h q ia i ué c
c) l p p a ae l r rs ’ i tt o n i p c e
d o ( d e d n à ed s i d I e u
’ m
u e t l xm e
x e
n h s ai as en é
l e h ’ s y é bt pC q d i é eo u a ed e q r n a u s
S o p à q i nv a iu a sp na l r sa dd t i n i e r a oé r no a
d u q a c sn pu nc a
e rea td e ds éstu i ee l E o c ssr n d s u n o
d i : e ’ é
l é q n eh q up o s n uu ar n
f d op e de m ir t e
d d p s ge o e S o q és n n ua n u
l p à ce r f c h éd o e
C é e e aq t us pu r t lqt n pa é a e tdu o et ds l l roe ui
h p ya a f a q pl y a u c a rl u le s g a i i ’ ur a en é l s t n i sb u o n
u s d p nq i d el l u gd a ’P u e nm en éco s f esê sp qeu d l o ma
o M c ne a ne d d x i t et é el p s sh tq s isl r g oé eu i na, e é
p u t c a ln y o so ’ l p n ml u h e s e ol mi à dy o s in ne ep i i
p ; c aa f u d’ ru o n t ée r a n esr ssq e b nd s oo itup s o e ’
p n u E n cé r l n e odg u e lt i rca n m eh ront e e é
à d p d ep r b e psr o Pi po o p c eo osl b n r o nud éue l oi
o à d s u d es i n à ue s o n l p i pn l g a a p rle up u ro eé t r
f q s a c u a ms la ’ d u ui arn o ’ n r plr ao n sé o ua l cu
f d l o y ce ’ pr l o éo omd Re m( qul u ee *C s pà eu’v n r +? r
o s rà d u d e p n r eu g é o I = e ( nx J é, r yt l s_ . n, i
1 8 6
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX
187
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQIJATIONS
AUX
La démonstration d’unicité est simple ble pour l’époque par la façon dont elle
et instructive. Si u est une solution analy- met en jeu des idées de l’analyse moderne :
tique, elle possède un développement de dualité et densité.
Taylor en t : Le résultat de Holmgren a été étendu
par Hkmander aux solutions distributions.
Il est nécessaire dans ce nouveau cadre de
reformuler le problème, puisque la restric-
tion d’une distribution à l’hyperplan 2 = 0,
Où :
qui intervient dans les données de Cauchy,
n’a a priori pas de sens. Notons 0 la fonc-
tion qui vdut 0 pour t < 0 et 1 pour t > 0,
et 6 la distribution de Dirac. La fonction u
pour tout k positif cette fois. Les gk sont
vérifie les conditions (2) et (3) si et seule-
donnÇs pour k < m. En faisant t = 0 dans
ment si on a l’équation entre distributions :
l’équation aux dérivées partielles, on
trouve : P(&i) = ef
.
,.-!,.s-‘
+
XE ekS('-')(f)QdO,x, Vx)g'--'(x).
k=O ,=,
188
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX
surface X. Il y a donc heu de voir si on peut Un point important à retenir est que
trouver des coordonnées (f, .y) telles que : les hypersurfaces qui peuvent faire partie
a) l’opérateur P prend la forme (1) au de la frontière du support d’une solution
produit près par une fonction non nulle de l’équation (7) sont les caractéristiques.
(nous pourrons diviser le second membre Un autre est la caractérisation des équa-
par cette fonction) ; cela revient a dire que le tions elliptiques : elles n’ont pas de carac-
coefficient de (8%)/(8?) ne s’annule pas ; téristiques réelles. Dans le cas elliptique,
b) l’équation de X devienne t = 0. il n’y a pas d’hypersurfaces pour limiter
Supposons donc que Z soit déhnie par le support des solutions de (7) et pour
une équation S(J~) = 0, ou S est une cause : on démontre qu’elles sont analyti-
fonction analytique dont le gradient ne ques.
s’annule pas. Nous prenons pour nouvelles Les 1hitution.s du théohne de Cuuchy-
Coordonnées t = S(J) et des fonctions .y,, Kov~~le&~~ï~~ont été mises en lumière de
.... x,? de façon que l’ensemble (t, .Y) fasse Façon particulièrement claire par Hada-
un système de coordonnées. Un calcul mard dans ses Lesons sur le problème de
sans histoire montre que le coefficient de
Cauch_y (Publiées à Yale en 1923 et à Paris
(d%)/(dP’) est : en 1932). Elles portent sur trois points liés
entre eux qui rendent le résultat inopérant
dans les applications physiques :
Trois cas peuvent alors se présenter. - sa nature très locale ;
Le premier cas est dit non caractéristi-
- l’hypothèse d’analyticité des données ;
que : l’expression (6) est non nulle ; le
les situations physiques OÙ l’analyticité est
théorème de Cauchy-Kovalevskaïa et celui
une propriété naturelle sont rares et en tout
de Holmgren s’appliquent au problème de
cas ce ne sont pas celles OÙ se posent des
Cauchy avec données Portées par X.
problèmes de Cauchy ;
Le deuxième cas est le cas caractéristi-
- conséquence des deux circonstances
que, c’est-à-dire que l’équation :
précédentes, une instabilité de la solution :
P,&, @adWN = 0 si on modifie les données en leur ajoutant
est vérifiée. On dit que X est une l~~,per- des fonctions analytiques si petites soient-
surjtice curactéristique. Ou peut démontrer elles, on perd tout contrôle de la solution,
dans ce cas que l’équation : et même de son domaine d’existence, si on
ne connaît pas le domaine d’analyticité
(7) P(!J,v)u =o complexe de la perturbation.
a des solutions dont le support a X pour Ces limitations expliquent l’importance
frontière, et des solutions dont les singu- des équations hyperboliques définies
larités sont Portées par X. comme celles où il y a encore existence
Il reste des cas intermédiaires OÙ pour le problème de Cauchy a données
l’expression (6) s’annule, mais pas identi- indéfiniment différentiables (ou à données
quement. C’est le plus délicat. Il y a lieu a distributions : si le passage de l’analytique
ce sujet de signaler les résultats de Leray au différentiable implique dans ce pro-
sur l’uniformisation du problème de Cau- blème une différence essentielle, le passage
chy : la solution se ramifie autour de la des fonctions différentiables aux distribu-
variété OÙ l’expression (6) s’annule. tions est au contraire automatique pourvu
189
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONSAUX
que les coefficients soient eux-mêmes indé- d’hypoehipticité. Une de ces conditions
finiment différentiables). s’exprime sur les opérateurs (( à coeffi-
cients gelés )), c’est-à-dire les opérateurs à
coefficients constants obtenus, pour cha-
2. Problèmes de régularité que point y, en remplaçant les coefficients
variables b par leur valeur !I(JJ) désormais
fixée. La condition est que chacun de ces
On a déja Signalé que si P est un opérateur
opérateurs soit hypoelhptique et qu’ils
elliptique à coefficients analytiques et L une
distribution vérifiant l’équation (2) L est aient tous le même domaine dans L?. Une
analytique sur tout ouvert OÙf l’est. De faiblesse de cette condition (obtenue à peu
plus, cette propriété caractérise les opéra- près simultanément par Hormander et
teurs elliptiques. Malgrange) est qu’elle n’est pas Conservée
On dit que l’opérateur P est hypoellip- par les changements de coordonnées,
tique si toute u vérifiant (2) est indéfini- comme le montre l’exemple de 1 ‘équation
ment différentiable sur tout ouvert OÙ le de la chaleur.
second membre f est indéfiniment diffé- Par la suite, Hormander a étudié les
rentiable. opérateurs de la forme :
Dans sa thèse, Hormander a donné
la caractérisation suivante des opéra-
teurs hypoelliptiques à coefficients cons-
tan& :
OÙ c est une fonction indéfiniment diffé-
Pour tout o différent de 0 on a :
rentiable et XO,X,, .... Xk des opérateurs
Jii? v aP(g/P(Q = 0. d’ordre un sans terme d’ordre zéro :
chacun de ces opérateurs est donc défini
La dérivée est évidemment prise par rap- par un champ de vecteurs (cf. la partie A
port à c : c’est la seule variable dont dépend ci-dessus - Sources et applications). Dési-
P puisque les coefficients sont constants. gnons par [X,, X,] le commutant XkX,-
L’intervention de ces dérivées est assez X,Xk ; c’est encore un opérateur de la
naturelle du fait qu’on cherche à localiser même nature et le champ de vecteurs qui
les propriétés de u en multipliant cette lui correspond est le crochet des deux
distribution par une fonction indéfiniment autres champs de vecteurs au sens de la
ditférentiable a support borne On utilise géométrie différentielle. Nous noterons
alors la générahsation de la formule de désormais de la même Façon opérateurs du
Leibniz. valable pour tout opérateur dif- premier ordre et champs de vecteurs.
ferentiel linéaire : Appelons encore Z le plus petit espace
vectoriel stable par le crochet auquel
XO,XI, . . . . Xk appartiennent et Yb) la
dimension de l’espace vectoriel formé par
oi /3 ! désigne le produit des factorielles de les valeurs au point y des champs appar-
0,. tenant à E. Cet entier ~b) prend son
Pour les opérateurs à coefficients varia- maximum m sur un ouvert non vide. Si m
bles (indéfiniment différentiables), on ne est strictement plus petit que la dimension
connaît que des conditions suffisantes n + 1 de l’espace, l’opérateur P n’est pas
190
D P É É A AR Q
1
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS
AUX
compact. Supposons donc que P ait une port dans le (( futur )) (c’est-à-dire le demi-
solution élémentaire E indéfiniment diffé- espace t 2 0). Si P est hyberbolique, il faut
rentiable en dehors de l’origine, et soit q en particulier (puisque le second membre
une fonction indéfiniment différentiable à peut être la distribution de Dirac) qu’il
support compact qui vaut 1 sur un voisi- existe une solution élémentaire dont le
nage de l’origine. Posons : support est contenu dans ledit futur (dans
le cas des coefficients variables, un noyau
F=cpE.
élémentaire dont le support est contenu
Il est facile de s’assurer que : dans l’ensemble des couples (y, Z) tels que
J soit dans le futur de z).
I’F = F + y~,
Inversement, supposons que l’hyper-
OÙ y~ est indéfiniment différentiable h plan t = 0 soit non caractéristique et qu’il
support compact. On a donc : existe une solution élémentaire E à support
dans le futur. Supposons aussi, mais uni-
quement pour simplifier, que P soit à
la deuxième égalité à cause de l’associati- coefficients constants. Le théorème de
vité, et la commutativité du produit de Holmgren assure alors que i’hyperplan
convolution assurées du fait que L est le t = 0 n’a que l’origine en commun avec le
seul des trois facteurs à ne pas avoir un support de E. Il y a plus : l’intersection de
support compact. Comme v * c est indé- ce support avec tout hyperplan t = C’? est
finiment différentiable, on voit que u est un compact. Il en résulte que le produit de
indéfiniment différentiable sur tout ouvert convolution E*T est défini pour toute
OÙf est indéfiniment différentiable. distribution à support dans le futur. Il
La distribution F Utilisée dans cette résout le problème de Cauchy et par
démonstration est ce qu’on appelle une conséquent P est hyperbolique.
~~KMZ~W~.XLe terme n’a pas de définition C’est la construction de solutions élé-
mathématique précise et universellement mentaires qui a permis la démonstration
admise. Il signifie que PF est la distribution d’existence dans le problème de Cauchy
de Dirac plus (( quelque chose de pas pour les opérateurs hyperboliques du
méchant )), cette dernière expression dési- second ordre à coefficients variables, quel-
gnant en général une fonction assez régu- ques dizaines d’années avant que la théorie
lière. des distributions vienne fournir le cadre
Le résultat que nous venons de donner général dans lequel cette méthode s’insère
et sa démonstration s’étendent aux opéra- aujourd’hui.
teurs à coefficients variables moyennant
des complications techniques assez sérieu- Solution élémentaire et répartition
ses. asymptotique de valeurs propres
Soit A un opérateur elliptique du second
Solution élémentaire et hyperbolicité ordre ; pour étudier le problème de Diri-
On se souvient que la formulation du chlet, restreignons-le aux fonctions qui
problème de Cauchy en théorie des distri- s’annulent sur la frontière d’un ouvert
butions amène à étudier l’équation aux borné 0 ; on obtient ainsi un opérateur
dérivées partielles en supposant que auto-adjoint dans L?(O) et cet opérateur
second membre et solution ont leur sup- est anticompact, c’est-à-dire que si un
192
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX
nombre A n’est pas valeur propre de A, ont été accomplis par les théoriciens des
alors (A ~AI))’ est un opérateur compact. nombres pour obtenir son ordre de gran-
Supposons-le inversible pour simplifier. deur et que pourtant l’exposant de r n’y est
Un noyau éfémentaire, qui résout le pro- pas encore exactement connu.
blème de Dirichlet, est alors donné par la Un premier outil pour aborder ce
formule : problème s’obtient en évaluant la fonc-
tion :
193
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX
vention des géodésiques fermées est plus ractéristiques), on ne s’étonnera pas des
apparente. Elle s’obtient en complétant N deux résultats suivants :
par antisymétrie (N(- r) = - N(r)) et en les bicaractéristiques de P s’obtiennent
prenant la transformée de Fourier de sa en parcourant à une vitesse unité les
dérivée : géodésiques de X ;
- les singularités de V( se propagent selon
fAJdN(h)= COS V’%$= T(f ), ces bicaractéristiques.
En particulier, si X possède une géo-
équation purement symbolique entre désique fermée de longueur L, on va voir
distributions. La distribution T ainsi obte- revenir une singularité dans V, avec une
nue est associée à l’opérateur hyperboli- période L. Ce type de résultats a été
que : étendu par la suite, en particulier au
problème de Dirichlet. Le rôle des géo-
&-A = P, désiques fermées est alors joué par les
lignes polygonales qui se referment par
comme la fonction S l’était a un opérateur réflexion sur la frontière. On en déduit
parabolique. En effet, si on définit l’opé- (pas directement !) que les singularités de
rateur V, en posant : 7 sont des points de la forme k L. Ce qui
se traduit enfin sur le comportement
V,g(.) = u (t> .),
asymptotique de N en vertu d’un des
où u est la solution du problème de aspects de la dualité régularité locale-
Cauchy : décroissance à l’infini dans la transforma-
tion de Fourier.
4. La transformation de Fourier
on trouve que T est la G trace-distribution )) et ses généralisations
de V,. En fait, V, n’est pas un opérateur à
trace, mais, pour q indéfiniment dérivable Nous emploierons les notations suivantes
à support compact, pour la transformation de Fourier :
en est un et sa trace n’est autre que : OÙ n est la dimension de l’espace (cf. DIS-
TRIBUTIONS, chap. 4. et analyse HARMONI-
QUE, chap. 3).
Il en résulte que :
On remarquera que V, s’obtient à partir
d’une solution élémentaire de P en déri-
vant par rapport à t.
Si on se rappelle ce qui a été expliqué en d’autres termes, la transformation de
(cf. chap. 1 L Zquution des ondes et le type Fourier transforme la dérivation partielle
h~pddique. dans la partie A ci-dessus - en produit par la variable correspondante.
Sources et applications, au sujet des bica- au facteur i près. Si P est un opérateur
194
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX
195
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX
transformée de Fourier est limite, pour n On voit qu’on dispose d’outils puissants
tendant vers 0. d’une fonction F analytique pour l’étude des équations aux dérivées
dans le demi-plan complexe n > 0 qui partielles à coefficients constants. Le pas-
vérifie une inégalité : sage aux coefficients variables a souvent
consisté a se ramener ALIX coefficients
F(t + in) < C tikr’~.
constants. L’idée est que, les coefficients
À plusieurs variables, le théorème exprime étant continus, localement l’équation est
une dualité entre distributions à sup- assez proche d’une équation à coefficients
196
DÉRIVÉES P É A QAUX U
(111 A + 1 21 = 0 L 2 ,
o k= w C ù é / ae ql c
O g c nf é e ne s o n n ’t u r é yt p m r e p ua
s é o : l l é
s p q P s a u lp u oe n < nOu o e in t . ns l t y n
d q a a i a u o f pt ’n p f . o & a s n x i w
d d Q r s v ’ l ji n ’ é o e % n i r r s éw l i d gz
h : t é d d s s ’d le f o : o e as o l
p t c o K oe t o c d u ut o (m s i r s t d u i l p ’ f o a e t ls’ a a f i v
d 0 L c e e . e au f e c stm f s ce i e e t s ol p hs mc o ru l
O P e s Ùd s f o p’ t o dm f ou q nv e mo ( s n e u d cé en d 1i e n i
v h e d d o ~ e m <e e e s
m7 7 d
te U
7g 1o u i ne p r n rgp n ,t aé
d d ’ o c pu p u a k p sn é d px ea d
e r e a
si r ’
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d d i s ’ p f pt d o l l f re d eor ’ u é it e nd é s r ci s
q 0 u 1 e .
M Z A E
L o ep p ss é e d r u a
p pe d eo lr l
p om e
é ne r gt s
d iu a daO sf n t l n Ù ef er g s é o è r u b
v a l p e u eI j a n a s ul o r t i s sr u a n i s e m s
l r q e ep ô l u o s o l àe i p t u e s é r r
c c o c do l ce e en a of l s fn u t iv i
l C c ue t eb a a ts ra i d d i t èu e r a o s n e p n
c d p a d em a d l l cu o r a ce a ia n u s nm s l
e D ll a c a o ele ut a n n si n ti s s p r , t e
p e p a p n ad v rum o se u t i i s e ic n a r t
l o c a l .
L s ’e l pu aés e ai ut t vs ax sa p
o i p d F n L &g e o t a aé u & &
n + r éw
r c a a r o dh le n as am s na p i st l
DÉRIVÉES PARTIELLES ~NATIONS AUX
198
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX
199
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX
L’équation ainsi obtenue est dite équu- relation (4) ne suffit pas à assurer l’unicité
tien de Burger. On déduit de (3) que l’on de la solution. Il convient d’ajouter une
a: condition supplémentaire qui signifie que
les caractéristiques rentrent dans le choc.
Une telle condition est dite condition
d’entropie et elle est, dans cet exemple,
et donc que 1 est constant le long des équivalente à la condition u+ < ut- qui
solutions de (2) ce qui implique ensuite signifie que, dans un choc, la vitesse
que les courbes définies par (2) sont en fait diminue. On est donc conduit à résoudre
des droites, Cela permet de construire la l’équation (4) dans le cadre des fonctions
solution de l’équation de Burger : qui admettent des discontinuités et qui
vérifient de plus la relation d’entropie. La
(4) g+&(q) =o, u(x,o)=T(X), vérification de cette relation d’entropie
introduit une difficulté car elle fait inter-
pour une donnée initiale régulière q, et venir les courbes de choc, qui sont elles-
pendant un temps petit, en inversant mêmes des inconnues du problème. Pour
l’équation :
simplifier, on introduit une fonction n(u),
strictement convexe, quelconque et on
note g(u) la primitive de la fonction
et posant z&, t) = cp(&). Un tel procédé q’(u) . u ; on remarque que là où u est
n’est possible que tant que l’équation (4) une solution régulière, elle vérifie la rela-
est résoluble. Or, l’équation (4) cesse d’être tion :
résoluble des que deux droites caractéris-
tiques se rencontrent, ce qui correspond à
un choc entre les molécules de fluides et
empêche que la solution reste continue. Cela cesse d’être vrai là où il y a des
On est donc conduit à chercher une discontinuités, car la condition de saut
solution discontinue de (3) après le choc, pour le premier membre de (5) est en
c’est-a-dire une fonction u-mesurable et général différente de la relation de
bornée qui vérifie (4) au sens des distribu- Rankine-Hugoniot. Ainsi :
tions En particulier, si elle est discontinue
le long d’une courbe .Y= s(t), dite courbe
de choc, elle devra vérifier la relation de
saut : est une distribution dont le support est
porté par l’ensemble des points singuliers
s’(t) = ; (u + + u -),
de u. Il est ensuite facile de voir que la
relation ü > u+ est équivalente au fait
où z4+ et ~1~désignent les vitesses du fluide
que cette distribution est négative. Une
avant et après le choc. Une telle relation,
solution faible entropique est donc une
qui est contenue dans la formulation (4)
fonction qui vérifie au sens des distribu-
au sens des distributions, est dite relation
tions les équation et inéquation :
de Rankine-Hugoniot. En fait, un choc
correspond à une perte d’information et,
sur des exemples simples, on voit que la
200
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX
Dans le cas scalaire, on peut généraliser plus facile car la présence du laplacien
ces notions à un système à I variables empêche la formation de chocs. Lorsque E
d’espace : tend vers zéro, uE converge vers une
solution de :
(7)
201
D P É É A A RQ R
U U I X AT V T I É I E O E
O p m na g e ul a( u l’ d i 1u t tér o 2c s i qé n ( 1
nL i )he y p
p l v V a m e e i n ~ rp ae c l ’e é( a in t à :es qU s s e xt u) u
g d f ég d e no v n ) q e rn a é( u cr tu i ti a)
v l r é: a e r l i a f t i
( V = V 1 g n 3 , S +o ) u @c s i )n pt é)e y d V io t
p a e d é su r ’ t t t
c l v f a eà de di ( r n cr c eg 1 ü’ o ot e oc u 3ae, neié s no r : us) tuq t
e g p u nv é g a n ; ei fn r s cl aé a t ur d e ta i
( d l e e qa l e xc t une ’ s eo . esn o m
n n sp
m d f é i s e q l l c al u s uu ’ a i f ei o n t f d ni i
l r : e e s l q c a uu so t s ni yn i y
h y p
C c e j o l s u n
t p da s r s en y a y s
U c s m
n a q i c r o l d u m el e an c o e p se s l pt u n b l s ’ a rp l
t s é i oà l rq om n a eau n da ét lui ds et M q av- e d ea sr u
c : i e D l i l r e
B q l s i uh e y e ey s
( V 1 = (2 V4 Vn n h z) F(a o s n n d ,ui n l u é @ e @ )e
o c q r u a e mu e à l ,su êi t v a l y m de i m ’ m e eme ( a i é ,
t d m r V e V
a i? I ss etA ~ e l e e 1 rx ( C( n e 9F ieU( o t 3r
t q L p r d u s a l oh e e y é u uy ls sp t p vp he tr u a e e ys è
b p o u fo l n n ops pi ( le v nso s qa u e o cèso u n ur ) l
q v l pu é de c r i r de s o o p i d t i mp a p f e h s dmr s e i
t ( C if 1 c e o a u4 op t n d n) u ïcrt a c a g . n naoel s t n é
é c v d s h p ae e l i a t r evn l a g ne dè l t set ’ n dgn es at ouc u e
f d o i ’ e tn n e s n h c Pt L nvy e tl ros t tes r ie oue h
d C fy j a e p an u a o ia s d c s t em tr i t a u t si ie s
l n d f e do e o p n ’m e ns o v ( e t d ec u a uUn d ’ ut r r ) nt ée
d f d e pl ’g = ( uo e (t a é g d xu niup G t , o re 1 to)a s l é ( n n 9
% . . .. g ~C n ) a J ed o d, h Lte at e( gy Itu : 1si pus éup )ex os
c i o D m np t ’ p s a p r u o dé r p a a n dr uq t r r
e c àc l o l s a l dn e l o r e ned ls ’ l a d a oD su Pi é u ce u nii ne
s p l yé ae ie sq rnt nsp t ué a ’ é a d è at mL m a qs e mét ée
s : u i m v oe c a t nsé e n
d c i c i a p l eo é a rI a xr
( 1 5 p ) d r o d c u do n L e h n U
p d m ia e e o I ps x t l
a d c u d ep o s~ e r n O
d u s a s n y c n p Le m o
s ~ . a d
& I w Dtsi Up w s’i d l r st sa d e L’ po n fu e ae
p d l p a da r a h r ( en é a a td p m s g u c s , e a d a u bt r e s r ’ s
e p u xt po na ee d e ua v mm e t rt e pp s i o c ls t
2 0 2
DÉRIVÉES PARTIELLES ~ A M
203
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉCWATIONS AUX
Compte tenu de (3) le champ u(.x, f) est calcul explicite. En prenant la divergence
soit tangent au bord SA de 0 si v = 0, soit des deux membres de (1), on obtient :
nul sur 80 ; ainsi, les trajectoires .X(f)
restent à l’intérieur de 0 et, pour t fixé,
l’application de 0 dans 0 définie par
l’équation (5) :
(6) xQ++.x(r)
est une bijection de 0 sur 0. La rela- La dernière équation donne p par convo-
tion (2) est équivalente, d’après un théo- lution avec le noyau 1 1. On obtient
4Tr xl
rème dû a Liouvihe, au fait que l’applica-
donc finalement :
tion _y0- x(t) conserve les volumes.
L’équation de conservation de la masse
s’écrit sous la forme :
204
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX
Pour construire une solution faible, il culier pour I = 2, 3, qui sont les cas
est essentiel d’obtenir des suites Ut qui physiques). Il caractérise la solution des
appartiennent à L’(O, 7 X Q), pour T fixé équations de Navier-Stokes par une rela-
arbitrairement grand, et qui convergent tion de type variationnel (comme pour les
presque partout pour pouvoir passer à La problèmes paraboliques) ; ainsi, les équa-
limite dans le terme u$$. Multipliant tions de Navier-Stokes se prêtent bien à
l’équation (1) par t et intégrant par parties, des calculs numériques par éléments finis.
on obtient (en supposant que LI est une Par contre, il y a une différence fonda-
fonction régulière) la relation : mentale entre le cas ?z= 2 et le cas I = 3.
En dimension 2, on peut prouver que si j
est régulière, alors u est aussi une fonction
régulière, ce qui assure l’unicité de la
solution. Par contre, en dimension 3, on ne
sait pas prouver la régularité de la solution
cette relation (12) exprime le bilan d’éner- pour tout temps, et donc l’unicité, sauf si
gie et, pour v positif, elle assure que la donnée initiale 11 uo~Lclest petite par
l’expression : rapport a la viscosité et si f est égale à 0.
Dans ce cas, on démontre, par des métho-
des de perturbation, l’existence d’une solu-
tion régulière pour tout temps.
est uniformément bornée. On introduit Dans le cas v = 0, on ne dispose plus de
donc les espaces de type Sobolev suivants : l’estimation sur le gradient de la solution et
H = CUE (Lz(Q))j 1V . t = 0, u . n 1 aQ = 01, ainsi on ne peut, en dimension 3, envisager
Vo = CUEH;(Q) 1V. u = 01, f’étude d’une solution fdible définie pour
V,=~u~H’(~)~V.~=O,~.~l~~=Ol. tout temps. Par contre, pour t petit, on peut
appliquer a l’équation d’Euler un théorème
Compte tenu de la relation Vu = 0, on
de type Cauchy-Kovalevskakd (ce résultat
peut définir, comme une distribution, la
sous sa forme primitive est dtî 1 Lichtens-
valeur de c . tzl 8n ; on a alors les inclusions
tein en 1930 et il a été amélioré par de
V0 C V, C H : l’espace VU est fermé dans
nombreux auteurs, sans que sa nature soit
V, et V, est dense dans H. Appliquant
vraiment modifiée). La limitation sur le
l’inégalité (12), on peut prouver (ce résul-
temps provient du fait suivant : on établit
tat est, pour l’essentiel, dû à Leray) le
des estimations a priori sur la solution (ou
théorème suivant :
sur une solution approchée) en majorant
Thkw~rne 1. Pour tout u”E H, le pro-
une norme convenable par la solution de
blème (1)-(4) admet une solution faible au
l’équation différentielle Ordinaire$ = CJ,’
sens suivant : pour tout 7 > 0, u appartient
qui explose en un temps fini. Par contre, en
à L=(O, T ; H) f’ L>(O, 7 ; VU) et vérifie,
dimension 2, on utilise le fait que Le rota-
pour toute fonction 9 de VO, la relation :
tionnel (qui décrit le tourbillon) s’identifie
à un vecteur perpendiculaire au plan du
mouvement, ce qui, dans les équations, se
traduit par la relation :
Le théorème 1 est valable pour tout T
et en toute dimension d’espace (en parti- (14) vA(u.v~)=u.v~Au)=u.v~,
205
DÉRIVÉES PARTIELLES É A Q U U X A T I O
206
DÉRIVÉES PARTIELLES É A Q
c v ou s ed lnn o
q rle ’ ve l d us s’ é e d u( e aeo e c r e t1
t d i ’ o t E e ng u à ui vn é a l en ad n n e
( É l s I ta a t V u sd r )f ed yiq l us i ti dm
mu ( e oc n
l l t oa e ei ru rm
n sga a édp q mu p r séds u es r
d s d le o : e ’s l v éa u ad d q n t f r e Oi u a i
p e c qe l n o a uu ’ n s
( $ 1 - 7V v d s )U ~d eN o = *e p s a sl 0
d d l é d s e ’ d d es o é
e r a l n se vd l e ol me ’ d s la o ec é i u;te p r s qf ti n a
s : t a o p t d d n ce i o s e ou o n
s v e , p uq l t vf o r ud va a u
(18) - v V A U u = + ~
e u b n dn H i g ee o
P é l po t ( e e r( u u 1L s tp o1 r d m7e r b8 i c a )s o l)
d u d ab n0 oa l nco , mnv al sor é aae d N e nq i nc es sa édu
t a l i~ s =u 0 i o u o1 C l x , mrn t an dJ e ie i i i s tl d nl l f
p d
l r - V e ’ e op n A o n dp a t o, L
p er ru a t éo i t r
c l f q us r e a u e l aa é ie es i u s t x l n t e s od R p e o r s l e
c ;o p oa m n e( mi o d uTf pn ( ne ’ tle e asa p tx u lumn ci u a
2
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS
AUX
forces extérieures ou la vitesse des parois du tique turbulent. Un des meilleurs candidats
récipient du fluide, ce qui par un change- pour cette démarche est le système de
ment d’inconnues se ramène &un problème Lorenz. Il est obtenu i partir du problème
de même nature). on voit le fluide passer de Bénard : on considère un fluide incom-
d’un état régulier à un état turbulent. pressible dans un récipient bidimensionnel
L’état turbulent se caractérise par les chauffé par en dessous ; les équations (17)
propriétés suivantes. et (18) sont alors Couplées avec une équa-
Il apparaît des structures très complexes tion pour la température etfse réduit aux
mais autosimilaires dans lesquelles le tour- forces de gravité. Lorenz développe alors u
billon prend des valeurs arbitrairement etfen série de Fourier et, ne conservant que
grandes. À petite échelle, ces structures trois des premiers coefficients, obtient le
sont homogènes, mais plus la taille du tour- système :
billon augmente, plus les régions où celui-ci
zi =-x+y
est grand sont petites. On dit que l’on a un
(19) j = 7X-y -xz,
phénomène d’intermittence (fig. 1).
Compte tenu de leur universalité, les l 2 =xy-bz
équations de Navier-Stokes devraient Bien entendu, il n’y a aucune justifica-
contenir dans leurs solutions tous les tion mathématique dans cette démarche,
phénomènes de turbulence, en liaison avec mais il est frappant de constater les simi-
les pathologies (1) i (IV). Voici des expli- litudes entre les comportements asympto-
cations possibles de la turbulence : tiques des solutions de (19) et ceux, obser-
u) l’apparition de singularités au bout vés expérimentalement, du problème de
d’un temps fini pour les équations d’Euler Bénard (fig. 2).
en dimension 3 ;
b) comportement (( turbulent )) lorsque la
viscosité tend vers 0 ; 3. L’équation de Korteweg et de
c) une cascade de bifurcations dans les Vries
solutions de (18) qualitativement sembla-
bles aux bifurcations en dimension finie. En 1865, Scott Russell observa sur un
Il est conjecturé que ces trois phénomè- canal rectiligne une onde de surface créée
nes doivent avoir en commun un certain par le choc de deux péniches, qu’il appela
nombre de propriétés fondamentales. dont onde solitaire ; il fut frappé par la stabilité
le fait de se produire sur des ensembles de du phénomène et raconte qu’il put la suivre
dimension fractionnaire qui ressemblent i à cheval, 1 vitesse constante, pendant
des ensembles de Cantor. En particulier, le plusieurs kilomètres.
problème (18) devrait exhiber, pour une Pour expliquer ce phénomène, dit de
valeur de v assez grande, un (( attracteur sulitm, on peut utiliser un système de deux
étrange )). Signalons, d’une part, que des équations c une dimension d’espace :
bornes supérieures pour la mesure de Haus-
dorff de ces éventuels attracteurs ont été
obtenues par plusieurs auteurs (Douady et
Osterlé, en 1980) et que, d’autre part, il est
possible de construire des modèles simples dans lesquelles !I désigne la hauteur de
qui présentent un comportement asympto- l’eau et u la vitesse du fluide, dans un canal
208
D P É A
ÉQIJATIONS R
AUX
fig. 2 - Expérience de ESnard: fumée de ugarette entre deux cyhndres en rotation (O.N.É.R.A.)
209
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONSAUX
210
D P É É A A RQ
admet une unique solution donnée par soit unitairement équivalent a l’opérateur :
q(f) = U(f)qo, où U est un opérateur
unitaire. Dans le cas des équations (7) et
(8) L(f) est l’opérateur - ll/k et U(f) est
par l’intermédiaire des opérateurs unitai-
le groupe des translations. Avec ce forma-
res &@zk par
lisme, on remarque par un calcul très
simple que la relation :
U H U =* H ( ( ( ( t f t O ) ) ) )
il faut et il suffit que la fonction u soit
est équivalenle à la relation solution de l’équation de Korteweg - de
Vries. Le progrès accompli est dû en
(10) CI= ; WV)W)W)) particulier au fait que, pour 1x l-+ m, L(f)
= U L * + H ( + H ( ’ f ( test unitairement
( ) t ) équivalent
t H ) ( a 8/(&‘).
) ( L- r
2
DÉRIVÉES PARTIELLES ~NATIONS AUX
212
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQIJATIONSAUX
213
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS
AUX
avec la condition :
(19) ~(x,-x~)-~ = 0, 1 <j < N. mais aussi pour toute fonction elliptique.
k#J C’est pourquoi on peut reprendre la
En s’inspirant des résultats de Lax, théorie en cherchant des solutions de
Kruskal, Ciarner et AIS, on montre alors l’équation de Korteweg - de Vries sous la
que la solution de (18) coïncide avec la forme :
solution du système hamiltonien défini
par : u(x,r) = ~P[~(xexj(f~~)3
,=,
(20) g=+ y!$
OÙ p est une fonction elliptique quelcon-
214
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONSAUX
vide. Dans le cas de la fonction elliptique de liberté comme le système de Lorenz. Par
définie par : contre, pour les équations de type
Korteweg - de Vries, la méthode inverse a
@‘)Z = 4P3 -&?2P -g3,
fourni une description complète du com-
on sait, pour N = 3, analyser complète- portement asymptotique. Ce chapitre est
ment la variété invariante définie par (21) consacré aux équations de réaction-
et (22). diffusion pour lesquelles le comportement
L’étude de cet exemple peut paraître asymptotique est encore le problème essen-
très particulière en raison de l’intégrabilité tiel. Pour ce type d’équation, on ne dispose
complète de l’équation de Korteweg - de pas de méthode inverse. On n’aura, en
Vries et de tous les calculs exacts qui ont général, qu’un nombre fini d’ondes solitai-
pu être menés à bien. Pourtant, cet exem- res ; mais le rapport de parenté avec les
ple est fondamental car une partie, et équations différentietles ordinaires est bien
parfois la totalité, des méthodes décrites ici plus importante et on peut obtenir, dans
s’appliquant à d’autres équations qui inter- certains cas, des démonstrations complè-
viennent aussi bien en physique qu’en tes ; on s’appuie en particulier sur la théorie
mathématiques (( pures )). Sans les explici- des systèmes dynamiques.
ter, on peut citer les suivantes : l’équation Les équations (ou systèmes) de
de Korteweg - de Vries modifiée intervient réaction-diffusion s’écrivent sous la forme :
dans l’étude des ondes d’Alfvén et des
plasmas froids, l’équation de Schrodinger - = D(U) Au + F(U),
at
non linéaire dans l’étude de la focalisation
des faisceaux laser, l’équation de Sine- OÙ U(X, t ) est une fonction vectorielle a
Gardon dans les ondes de spin et l’optique valeurs dans R”’ définie pour la variable _Y
non linéaire, l’équation de Boussinesq en parcourant un ouvert 0 de Rn. Lorsque 0
hydrodynamique et en théorie des plas- est différent de R”, on suppose que U(X, t )
mas. L’équation de Kandomstev et vérifie sur le bord des conditions aux
Petviaschvili (qui est l’exemple principal limites classiques. Dans cette équation, F
pour lequel la théorie s’étend a plus d’une est une fonction non linéaire régulière
variable d’espace) intervient dans la des- définie dans R” et à valeurs dans R” ; A
cription des milieux faiblement dispersifs. désigne le laplacien usuel et D(U) est une
matrice symétrique positive ou définie
positive. Lorsque D est définie positive, le
4. Les équations de problème est non linéaire et parabolique,
réaction-diffusion lorsque D n’est pas définie positive, on est
en présence d’un problème parabolique
On a vu au chapitre 2 que l’étude du dégénéré. Dans tous les cas, des méthodes
comportement asymptotique des solutions de perturbation permettent de prouver
de L’équation de Navier-Stokes était encore que, pour toute donnée U,,(X) définie a
très fragmentaire. En particulier, il n’est l’instant t = 0, il existe au moins, pour t
pas possible de démontrer pour les équa- petit et positif. une solution du sytème (1)
tions de Navier-Stokes des résultats quali- qui vérifie u(.Y, 0) = z&).
tatifs aussi précis que ceux que l’on observe Ces équations interviennent dans la
sur des modèles à un nombre fini de degrés description de phénomènes non linéaires
215
DÉRIVÉES PARTIELLES ~NATIONS AUX
216
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONSAUX
l :2Lc~+u(a_u)(~-*)
suivant, dtî à Fife et Mac Leod : Supposons
(9 que la donnée initiale ~“(.y) soit majorée et
=-cc-F(u).
minorée par deux ondes solitaires transla-
Un front, ou onde solitaire, est alors tées ; plus précisément, il existe A et B
LIIIC solution de (5) qui vérifie les relations : positifs, éventuellement grands, tek que
l’on ait :
(‘5) $y_~w = 1, t~h_u(t) = 0,
,<,py_~ft) = 0.
UC-4 < ~L&X)< u(x + B)
217
DÉRIVÉES PARTIELLES É A Q U U X A T I
f 3 i g .
”
A
f p ic c m gc * r u c r p e e
218
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX
219
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX
On étudie alors, par des méthodes de conduit à écrire un système à trois incon-
perturbation, le système (15) pour E petit. nues principales : X = HBr02, Y = Br- et
Le choix de cette situation (&Petit) sejustifie Z forme Oxydée de l’ion cérium.
en disant que les deux phénomènes, varia- On a alors le système :
tion du potentiel v, et variation de u (réac-
tion chimique) se produisent à des échelles
de temps très grandes l’une par rapport à
l’autre. On peut alors, pour 5 petit, prouver
l-existence d’une onde stationnaire stable.
Le troisième exemple que nous allons
décrire très brièvement est la réaction de OÙ D, CI, 0, y, 8 désignent des constantes
Bielouzov-Zabotinski. En 1959, Bielouzov positives. Comme X, Y, Z désignent des
a découvert, dans l’oxydation de l’acide concentrations de produits chimiques, il
malonique par le bromate de potassium, en est naturel de décider qu’on se limite aux
présence d’ions cérium, des mécanismes de solutions du système (16) positives et
structuration spatiotemporels autoentrete- bornées. En fait. on montre facilement que
nus qui se présentent comme une superpo- si a, b, c vérifient les inégalités :
sition d’ondes solitaires radiales (fig. 6).
L’analyse des mécanismes de réaction
220
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX
221
DIFFÉRENTIELLES ~NATIONS
solution périodique, donc une onde soli- étant la généralisation de l’indice de Morse
taire périodique. qui, elle, sera stable pour en dimension infinie.
le système d’évolution. On a ainsi montré 3. Le terme de diffusion a été utilisé a
que, pour p assez grand, on observe un propos de mouvements de population ou
phénomène périodique en espace temps. de densité de type brownien. Comme pour
Voici. en conclusion, quelques remarques tous les problèmes qui introduisent des
générales. expressions de la forme :
1. Les équations de réaction-diffusion
mettent en jeu la compétition entre des
phénomenes non linéaires locaux et des
phénomènes de diffusion en espace. Leur le rapport avec les probabilités est très
étude permet d’analyser l’apparition de étroit, et il existe aussi des analyses pro
solutions qui se propagent à cause de la babilistes de ce type de phénomènes
diffusion, en conservant leur forme à cause CLAUDE BARDOS
de la non-linéarité. Cet aspect de compé-
tition a aussi beaucoup été utihsé dans la
dynamique des populations. On considère
deux familles d’animaux (insectes. bacté-
ries, etc.) vivant dans le même domaine 0.
On en déduit un système d’équations de
réaction-diffusion, avec région invariante,
dans lequel le facteur de diffusion dépend,
a un changement d’échelle près, de la taille
de 0. Supposons que 0 est un attracteur
stable ; on montre alors, si Q est petit, que
la solution tend toujours vers 0. Les
prédateurs mangent toutes les proies, puis,
n’ayant plus rien a manger, disparaissent.
DIFFÉRENTIELLES
ÉQUATIONS
Par contre, si la diffusion est grande, on
observe un phénomène d’oscillations en
L
espace et en temps, comme dans la réac- es équations différcnticllcs sont appa-
tion de Bielousov-Zabotinski : les proies rues historiquement tout au début du
réussissent a s’échapper et à se reproduire développement de l’analyse, en général a
avant d’être à nouveau atteintes par le l’occasion de problèmes dc mécanique ou
prédateur et le phénomène se réitère. de géométrie. Si, dans les premières inves-
2. La méthodologie a été de partir de tigations, l’on s’attachait surtout a en
l’analyse des équations différentielles ordi- calculer les solutions au moyen de fonc-
naires et d’en généraliser les outils classi- tions déjà connues, très vite ce point de vue
ques : régions invariantes, principes du s’affirma trop étroit ; c’est qu.en effet le
maximum, points stables, etc. Nous en problème fondamental de la théorie des
avons donné les aspects les plus simples. équations différentielles est de déduire les
Le déveioppement systématique des outils propriétés des solutions d’une équation OLI
mathématiques dans ce domaine est dû a d’un système donné de la forme analytique
Conley et Smoller, une étape essentielle de ceux-ci ; or, en général. les équations qui
222
DIFFÉRENTIELLES ÉNATIONS
OÙ A e u m ( ns X nI f a f t L’équation
e o t )linéaire non nhomogène r c i
c d t E [o f e De u m
On O t Ln ,at ] l ’ e n ti h, i é eo rn o n
n X I c d oa u s o n ln o n : s ’e l n t é u é a
m I x n. ax ) u p
t ( > n o
r t i i u q c r
( dx/df = A(r)x8 + w(f), )
x(O) = c.
tE t [ o “ , l .
On r d l és l na a su T a osn eid o( o toA s ) e rtne t8u) s u a l ( t vea
X )i c s ( q e o op t p u t nr l r o a t u e uem u nI eX nns et nau rd e
D l m i a 1ae l dd q , t t v’ ei fu r oe c nr o e di nc o tda n oc
X ) e l m ( r s a a L t ét t t E t [ e t he s c u v r O co ét o n pe iê , o] o i e
r d J mè eq a : om u cr ne s e loe f t : x =o X abc)oy O r u (
X )e l m ( r s a ad (t é t te
I e a d v l q s (i ce o a u:t 8s o
2 2 4
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS
225
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS
224
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS
circuit contenu dans l’anneau, partant de une condition nécessaire et suffisante pour
z et y revenant, on pourra défimr la qu’il en soit ainsi : 11X(z) 11X 1z p doit être
matrice : X+(z) = X(z?). borné dans 0 < 1z 1 < R pour une certaine
On s’assure aisément que X+(z) est valeur de a. Ces considérations s’appli-
solution locale de l’équation matricielle quent pour la description des solutions de
fi/& = A(z)X, et, de là, qu’il existe une l’équation différentielfe hnéaire d’ordre I :
matrice constante non singulière U telle
(16) u(n)+ a,@)~ (“-1) + ... + U”(Z)U= 0,
que X+(z) = X(z) U.
Si on définit une matrice constante B où les uj(z) sont fonction holomorphe de 2
telle $r’B = U et si l’on pose Q(z) = dans 0 < 1~1 < R.
X(Z)~-~‘“:, on voit que Q(c@) = Q(z), Cependant, dans ce dernier cas, on peut
c’est-à-dire que Q(z) est une fonction uni- énoncer le théorème (Fuchs) : L’équation
forme ; c’est d’ailleurs, une fonction holo- (16) est du type de Fuchs en z = 0 si et
morphe de z dans le voisinage de z = 0, seulement si a,(z) a, en z = 0, un pôle
sauf peut-être en z = 0. On obtient alors la d’ordre j au plus, avec 1 < j < IZ.
représentation fondamentale :
Le cas des équations différentielles
X(z) = Q(z)eB1-,
linéaires du second ordre
où Q(z) est une matrice inversible fonction D’après ce qui précède, l’équation diffé-
holomorphe de z dans 0 < 1~ 1< R. En rentielle du second ordre la plus générale
outre, si A,, .... & sont les valeurs propres qui a en z = 0 une singularité du type de
distinctes de B, A,, .... &, les sous- Fuchs peut s’écrire :
espaces de la décomposition spectrale, et
(17) d2u/dz2 +p(z)du/dz + q(z)u = 0,
E, les projecteurs associés, on peut écrire
la formule précédente : avec :
227
DIFFÉRENTIELLES ~NATIONS
et que F(a + n) ne soit jamais nul pour n raisons de commodité, nous avons discuté
entier > 0. de la structure des solutions dans le voisi-
Par conséquent, si la différence des raci- nage du point singulier z = 0 ; mais, par le
nes CX,~ a2de l’équation déterminante (20) moyen d’une translation ou de la transfor-
est non nulle et non égale 5 un entier, on mation z ++ l/z, on pourra toujours rame-
pourra ainsi obtenir deux développements ner 1 l’origine une singularité quelconque
du type (19) satisfaisant l’équation (17) et, du plan complexe, qu’elle soit à distance
dans tous les cas, on en aura au moins un. finie ou infinie.
On peut établir la convergence de ces
développements par une méthode de majo- Les équations différentieiles
rante et l’on voit qu’on aura toujours une de la physique mathématique
solution du type (19) : Les équations diflërentielles linéaires du
second ordre dont les coefficients sont
fonction analytique de I, ayant pour seuls
points singuliers z,, zz, z3, z4, et l’infini,
avec F(a,) = 0, F(~I, + n) # 0, TI entier ceux-ci étant du type de Fuchs, avec, pour
> 0, et, éventuellement, une autre solution exposants, a,, p, en z,, p,, p1 à l’infini
indépendante du même type : (racines de l’équation déterminante), sont
nécessairement du type :
j=l
%k) = ~I(Z) + B[gu,(~)lnz +C@)l,
4
+
Ix
j=l
a,D, + A = 0,
"=*
1
j=*
(a, + D,) + PI + P2 = 3.
A et B désignant des constantes arbitraires. Il a été établi par Klein et Bocher que
On dira alors que l’équation est du de nombreuses équations différentielles
second type de Fuchs en z = 0. Pour des qui apparaissent dans certaines branches
DIFFÉRENTIELLES ÉQIJATIONS
+
plus vrai quand on envisage la confluence Z-Cl z-b
de trois singularités. En bref, on peut, par
des confluences convenables des cinq sin-
+ yy’(c-a)(c-b)
Z-C 11
gularités qui sont à notre disposition,
obtenir six types d’équations qu’on peut
x (z-a)(z:b)(z-c) -‘.
229
DIFFÉRENTIELLES
É Q
v(u), v .. . d” ‘l(u),
' v(b), v ‘j(b),
( soit u c on) peut se borner
autoadjointe, , n
à l’étude
V,(v) V?,Jv) tel que l’on ait l’identik : d’équation du type :
( d = r / ,
Green est symétrique par rapport à ses OÙ le noyau K(t, t’) est une fonction
deux variables. symétrique continue des deux variables t,
Si le système (34), (35) est incompati- t’ dans le carré t ‘E [u, b], t’ E [u, b]. On est
ble, le syskme non homogène : ainsi conduit à une équation intégrale de
L(U) = t.(f) Fredholm à noyau symétrique.
(361
Ui(U) = 0, 1 < i< tz, Les valeurs h pour lesquelles (39) a des
soluCons non nulles sont les valeurs pro-
a une soluCon unique, qu’on construit pres, les solutions correspondantes étant
aisément avec la fonction de Green : les fonctions propres. Il est commode,
pour l’énoncé des résukats, d’introduire ici
la notion de produit scalaire de deux
D IÉ Q F
233
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS
traie, etc.). D’autre part, nous avons sup- quent comment varient ces zéros quand on
posé l’intervalle [u, /I] fini et les fonctions k, remplace dans l’équation (32) k(t ) et
g, Ycontinues sur l’intervalle fermé, k(l) ne p(t ) = A r(t ) + g(t ) par des fonctions
s’annulant jamais. Si l’une de ces condi- k,(t ) etp,(t ) telles que k, > k,p, 2 p quel
tions est omise, les conclusions indiquées que soit t E [u, b].
ne sont plus valables et de nouveaux pro-
blèmes apparaissent dans le détail desquels
il est impossible d’entrer ici. Ces problèmes
4. Les systèmes différentiels
sont connus sous le nom de problèmes aux
non linéaires
limites singuliers et les résultats fondamen-
taux obtenus dans ce domaine sont associés
aux noms de H. Weyl, M. H. Stone, les systèmes différentiels
E. C, Tichmarsh, K. Kodaira, en particu- non linéaires dans le champ réel
t d ze r i ee ut oa d q n , t nt én ud p di ib mi ee o mee or o i
q n p p u e e ed s a ’ x ueE ims i i e tnt n ê pl s dl p ’ gdm a t el o
e m sq d os su ebb i eo e ds r i n n i a t d é al fg tq i e
m p s o p l ai b u ut m p u i i si pp n l s o al i e s
( o p d bp u o eE r ô : i xa l n ne e t c m
5 L t d . l as h e a t é
M d l c da a de as ’ i n u se és s c q, o u
P l d o m a e du ta s
o o d rp éu ’ d sd l l o e i ru e r s ne s v d g, é
n s o p yo mh ss
r e mi s p a to s e péb e u psi n v al t e
o e c à d n és o o se qt n u ys
t c l r ol ’ s e ’m: i u em n i x e d v e
d d ii c d or f l o e ne f
l s s e o o tp s l uaé
e d l tp ’ de s r é eu t
q a l s gu a o: éi l U nm u r n é o s t e e r d i i
f p l o : a ’ u r é
u = t [ ( a; I A n n Z - B )
( d =4 A + x t x5 f / )
A e B s l c t o d e o n’ s n i t s n t t
: = B e l s / s ea i A ot s E Rn A ùm s I !g X I r a e e Iu é
m o b c i f t o) a l ( c n p e _ o
L p s p e ra d de o ol d :
e é s bo e t e lr e ès
n s e o ne ’d xé u ro d i e i q ni l s s u f t a f e t
IJ x P, - 1
r d s e o :u e n r c t d o i r n e e
d R U é ua v i t d l nn o ’ ae ’
d = F uh ( , / z dd , uz /z
t e q e t ) =n 0 Iu e c l q f . l e s l
o F e f ù a s o d 2 ne t , n= 0e e s at Ydc ( s o o l c et l 4 t u l y o
r e u ae d t n qt t lu ed u ui p e/ c li nM oe o s qd r plt na i uz i
p d b o e e rs i t d ai d n s i nnd ’ tl vo ri cgo u sa al
e d t s l s e o ss e o. ue epo u ? Sl x ts ndei r peu ( t et teté s ort
f i x t > 0 e e d l , s t a v’ . , n a
P u m da r n é s re é e s t u n d ’ h o c no du lé os u c ot ec
s o e c i an c s o vt i tt n de y n i Y = d0’ s pC aq o u.àé ee m
u
d a ’ t dé é i o p mt q ln c u r asi u et do ss é sun : a é en t
g a m r d f u o c a e o u y o bs n n x(t),
e n lo du c s e n n el t
s s ;l é a i l pe qi u xe ls & un = f F s t ) ud / at p ( t s é td 2té t. o . o
t s b e e o c i i n s n e er s t d st l r n se ep i t ,t él c >ir 0no ti odue
a n d s uq o s eà di u m le e xé 8 =i e?br t x > 0 ,f t q srrv t o i a i e u (ee o )
t rd P O a s eb a n e o i y(t ) sdéfinie r pour
solution n ct 2 t. etn l e
à é l d p c s e e: l r i s vu u i 1y(@m ~ éx(to) x 11< s r 61 ps r a e la
Ily(t) -x(t)11 < c p t > to. o
d = 6 -Z d u = k2 u + 2 + 2 zu / z u a , 3d u / . z d 2 z
S d p y i - e l- 0 (q , s u.
O d q nl és ud ce mo t - + CO, e oes d ol q l s ns i un x(tu ) ea o r tt
é n pq d s ’ aue e i ao sas sn ns ts y g tt m ie u
2 3 6
DIFFÉRENTIELLES ~NATIONS
On observera que. pour discuter la définie positive (ou définie négative) si elle
stabihté d’une solution x([ ) d’un système est différentiable. et est positive (ou néga-
quelconque A/d = F(.Y, t ), on pourra tive) dans un Q(cJ, T) convenable et ne
toujours. par le changement s’annule qu’à l’origine. La fonction sca-
.Y= .~(f ) + J*, se ramener a l’étude de la laire V(X. t ) sera dite défmie positive (ou
stabilité d’une solution stationnaire d’un définie négative) s’il existe une fonction
système dihërentiel, ce qui justifie l’impor- définie positive W(.v-) telle que V ~ W (ou
tance de système du type (45). ~ V ~ W) est positive dans un CI(u, T) et
Revenant a ce cas, on peut énoncer le V(O, t ) = 0.
théorème (Poincaré-Liapounoff) : Si les Supposant que F(x, t ) est continue
valeurs propres de la matrice A ont toutes dans un O(CJ, T) convenable, on a les
Leur partie réelle négative et si la fonction théorèmes suivants :
,f(.~. t ) continue dans il.vIl < p, t > 0 est - Si, pour le système (46) et dans un
telle que : domaine O(C~,T), ii existe une fonction
définie V(_Y,t ) dont la dérivée :
237
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS
tions imposées dans l’espoir de rendre plus mètre qu’on suppose petit ; le calcul de
facile cette construction, d’autre part, à représentations asymptotiques des solu-
reconnaître parmi ces conditions celles qui tions périodiques est généralement possi-
sont nécessaires pour tel type de stabihté. ble, ainsi que l’étude de la stabilité de ces
Voici, pour conclure, un exemple solutions. Les autres sont des méthodes
d’application. Soit le système : topologiques qui fournissent pour certains
systèmes fortement non linéaires des résul-
(47) dx/df = A(f)x +f(x,f),
tats d’existence de solutions périodiques.
OÙ A(t) est une matrice I X PZfonction
réelle continue et bornée dans t > 0, ta méthode des perturbations
f(x, t ) application a valeurs dans R’, (H. Poincaré)
continue dans ~~,Y~~ < u, t > 0, et telle que Considérons l’équation :
238
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS
X(O) = 0, Y(O) = 0 (cette condition ini- membres des coefficients des mêmes puis-
tiale fait comprendre Le rôle du paramètre sances de u. On obtient ainsi un système
de translation o). La théorie de Poincaré récurrent :
montre que si u et 6” sont solution réelle
du système d’équations :
239
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS
Le cas des systèmes autonomes peut x(O) = uO, x’(O) = 0, qu’on peut représen-
être traité de façon similaire ; considérons ter par les séries :
par exemple l’équation :
N-o = %Y
+ WI1+ PQl2+ .,.
(53) xU +x = M(x,x’, p) x(e)=u~cose+~,(e)~+...
240
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS
241
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS
Revenant au système (57), on écrit les Définissant l’opérateur LY” = .Y(T ; .Y,,)
équations : de R” dans R”, l’on voit que, pour obtenir
une solution périodique de période T de
(59), le problème fondamental consiste i
trouver un point fixe de cet opérateur,
c’est-i-dire .Q tel que : .Y(,= 3.~.
On peut présenter cette idée de manière
avec 1 < p < tn, on suppose qu’il existe différente ; proposons-nous, par exemple,
un systkme de valeurs réelles ay, .... II$?,, de rechercher la solution périodique de
solution des équations (59) telles que le période 7 du systèmc :
jacobicn :
Cf33) dx/dr = A(f)x + g(x, f),
2A2
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS
243
D I
ÉQUATIONS F F É R
peut être utilisé dans ce cas pour mettre en c&/& = A_~Iconduit a fa théorie bien déve-
évidence un cycle limite. loppée des semi-groupes d’opérateurs dans
Soit E un espace topologique ; un E. Le cas des équations non linéaires a été
système dynamique est une famille d’opé- aussi considéré en liaison avec les problè-
rateurs F, (f E R) de E dans E possédant mes d’évolution, la question se posant, en
les propriétés suivantes : général, de savoir comment se comportent
a) F0 est l’opérateur identité, pour t - + cules solutions de tels systèmes.
b) pour tous t,, If réels F,, + ,? = F,,F,,, Le développement considérabfe de
C) l’élément Fp de E dépend Conti&- l’analyse fonctionnelle a beaucoup contri-
ment de (p, f ) E E X R. bué aux progrès de ces théories dont
En particulier si l’on prend pour E l’étude se poursuit activement.
l’espace Rt7 et si ,f(.r, f) est une fonction
M R A O
continue de RfJ X R dans R”, lipschit-
zienne en .Z, on peut définir ,y(f, +,)
la solution unique du système :
&/~lf =,f(x, l ), _x(O,xO)= .Y~, puis la 7 lntégration numérique
.
famille d’opérateurs F, : R’-+ R définie des équations différentielles
par Fr (+) = _y(&_xO),laquelle constitue un
système dynamique au sens de la définition M d é ’ t E
donnée plus haut. Prenons d’abord le cas d’une équation
L’étude des systèmes dynamiques cons- différentielle du ler ordre : Trouver J’,
titue donc un prolongement naturel de la fonction d’une variable _y, dérivable sur
théorie des équations différentielles et a [+,, s0 + a] = 1, telle que,fdésignant une
donné heu a de nombreux travaux : pro- fonction continue sur 1 X R,
bfèmes de stabihté, problèmes ergodiques
(cf. théorie E etc.R G O D I
Une autre généralisation importante pour tout x E 1, et :
consiste à considérer des équations diffé-
rentielks dans lesquelles la fonction incon-
nue a des valeurs dans un espace métrique, où A est donné dans R.
par exemple un espace de Hilbert ou un L’idée est de remplacer le problème
espace de Banach. théorique précédent, noté P, par le pro-
On peut ainsi discuter des équations du blème discrétisé P!, suivant (méthode
type : d’Euler) : Trouver Y,? = (_rO,_r,, . . . . Y,~),
suite finie de n + 1 nombres réels telle
d = A dx = Ax + f x(x,
/ t), X, /d dt t
que :
où .Y est pour toute valeur réelle de t
Y~+~=.Y~+~~(~,,Y~), ()Gi<n--L
élément d’un espace de Banach E, A
désignant un opérateur linéaire de E dans
Où :
E, ,~(cc, t ) application non linéaire de
E x R dans E. x,=.Q+E, Y a
?l
Dans le cas où l’opérateur A est indé-
pendant de t, sous certaines conditions ce problème P,, est obtenu en divisant
additionnelles, l’étude de l’équation 1 = [.y”,s0 + u] en n parties égales avec un
244
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS
245
DIFFÉRENTIELLES ÉQIJATIONS
R q ec m u m
e atelle q e j tsa c j uv z _ttr o p o v ee c e& q n l
u s o p t c i an e i a: q i Yu l l l pust >t iv o c + m eeé ~se r u .
af af
Z 5 ’ ’
Une famille de méthodes numériques
e s o p m t i sn e a : i u Nousj a mj t or v up P p Pre o: sl
Y = + ~ , Y Y =f A
+ , 0 e .1
N p mo r u g au o n
o l m e ù p e pa ( y s E r‘ e ox rx )t i3 d t cui p a , : sc, e em rg r l e éu
d m p : e ê o m ut n p ep iru ’ oa o d og n a bs ue
l e p pi l rd se à d l é’
m p e é q l l m f t u ua
d ’ E
L r f e e aé : i s ls Dn Pt i ou aau f n rl e f nlnu o t st
n A D ol m . ad am éP n’
En<Kh=KE. f i la m n f ai, eê l t o
I
m n A êA o i à. fms u m c
A l c i ea eo l nO s nn / sn t v n i e . ,
f , e ào A u nh t nA ne ol
p l p e l m ’ d a u a aé ’ r t ct e ch x éo
r l p e P p el rp m a e or
l àl l (a a di R mt em i ié i c ot t h nh
P P l m , oA e e u o f , uI s n m o
o e d R u n ; c re o c f e m o . p b r r e e
d d s o 1 X Ré e d u n ,f t é
e a td p FONCTIONS). e p s r o x
d p I u a I r .
L m d a é à ’l l t ae i h x m o t i d
C l p o P : eT r n ,
e t f às a r a O t pp è c n ep s i ul l ti
Y = & . ... y t ) q , a :, e , u i ,
p e d a 1x e n p i r é e n av g m r i a p t s - l
l p p ex r u od sp= e n ue Y , ox = n + w z rs Y i , Yd h= +A , 0n, e rlh
2 4 6
DIFFÉRENTIELLES ÉQUAUONS
p :y’ =f~~~y),y(~o) = L
soit grande. C’est un phénomène d’insta-
PJ,:y,+~ =Y/ + Wh@t>ychyo = b,,
bilité du problème posé (indépendamment
de toute méthode numérique de résolu- admettant pour solutions respectives les
lion). Ce phénomène d’instabilité est très fonctions y E C”(I) et Y!, = (~7”. JX,)).
2A7
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS
Nous dirons que le schéma P,? est conver- alors, le procédé PI! défini par y,! est stable
gent si : et consistant, donc convergent : cela
prouve simplement que :
lim E_ = 0,
n-+=
lim En = 0,
fl-0
Où :
Nous dirons qu’une méthode est
d’ordre p si on a E,, < Khp lorsque A,, = A.
Des conditions pour qu’une méthode soit
Th&or>me ,j&dumentul de convergence. d’ordre JI ont été données : elles font
Si le schéma P)I est stable d’une part, et intervenir les dérivées par rapport à h de
consistant par rapport à P d’autre part, le la fonction h ++f&, y) = g(h). Les tech-
schéma P,, est convergent, à condition niques Utilisées sont relativement simples :
que : il suffit de faire un usage fréquent de la
formule de Taylor. Contentons-nous de
lim Ah = A.
h-0 donner certains résultats.
Supposons quej”est p fois continûment
En effet, comme P,I est consistant par
différentiable. Posons :
rapport à P, on peut écrire :
~~(~~+,)-~(x,)l-~*(~i,~(~~)) = SI”,
et, de proche en proche,
oti _r est la sol~uion de P et OÙ :
0<?2-1’ % ’
Il en résulte que, si ,r est solution de P,
tend vers zéro lorsque n tend vers + oa. on a :
En posant zi = J(,Y,), on a :
248
DWÉRENTIELLES ÉQUA~ONS
suite, en utilisant toujours le même nombre prend la valeur _$+, obtenue par le
4 + 1 de points qui précident _Y,,+,. Le schéma explicite et on itère en écrivant :
problème qui se pose est alors de savoir si
les J’y ainsi Calculés sont proches des
valeurs J$) de la solution exacte. La suite des y $!‘,, pour WI= 0, 1, 2,
L’algorithme précédent est dit expli- 3, .... converge vers la solution Y~+, du
cite ; car, i chaque étape, il définit une schéma implicite lorsque h est suffisam-
inconnue Y~+, explicitement. La méthode ment petit ; car, si on écrit le schéma impli-
suppose connues les valeurs de départ
cite sous la forme Jp4-, = 6Qp+,), on a :
yO, . . ..Y~ qui sont des valeurs approchées
de J&), . . . . JJ(.Y~,)et qui ont donc été
obtenues par une autre méthode, par
exemple une méthode i un pas, alors qu’ici Donc on a la majoration :
7.51-l
DIOPHANTIENNES APPROXIMATIONS
251
D I A PO P P R H O X A I N M
2 5 2
DIOPHANTIENNES APPROXIMATIONS
On remarque enfin que OA,A? forment suivant Pn,k, du même côté de (OD),
base de Z2 si, et seulement si, le parallé- jusqu’au dernier avant D,z+l, soit P,,+?.
logramme construit sur s, ZI ne Ces points sont adjacents deux à deux.
contient aucun point du réseau en son c) G = PJ2.k&Y
intérieur ; il a alors pour surface 1, et cela P ?I+l P n+,,,’ = P,,,k P,z,k+, donnent de::
se généralise i Z”. points de voisinages consécutifs, P,,+, et
Un important théorème de Minkowski, P,z+,,,, de l’autre côté de (OD), ce qui
sur les réseaux, sera vu plus loin. permet de poursuivre l’opération et d’obte-
nir tous les points de voisinage au-delà de
Pn,k, sur deux lignes polygonales appelées
2. Approximations lignes polygonales de Klein relatives à
d’un irrationnel. (OD) ; ces lignes forment enveloppe
Fractions Continuées convexe des points entiers situés de part et
d’autre de (OD).
Dans le plan affine d’axes OX, OJJ, de 4 Seuls les sommets Pn de ces lignes
vecteurs de base a x soit la demi- polygonales sont des points réduits.
droite (OD) d’équation .Y= TJ, avec Ce théorème s’établit par des considé-
J’ > 0 et TER. Approcher T par des rations géométriques très élémentaires. On
ratiomlels p/q (avec y > 0) revient a pose en général m= afl K et
approcher GE = U!sK; donc an = [cx,J, par-
(Ov) pfr des points du réseau de base tie entière de a,?. La similitude des triangles
OA, OB. Un point P(p, q) de ce réseau est OPt,Dn et D,z+,Pn ,O donne alors
un point de voisinage ù droite pour (OD) M,,+, = l/(a,, -u,J et l’on obtient ainsi,
si p/q > T et 0 < p’/q’ ~ r < p/q ~ T géométriquement, le dÇveloppement en
entraîne q’ > q. Même définition 2 gauche fraction continuée (régulière) de T :
avec -r > p/q et 0 < T -p’/q’ < T -p/q.
Un point P@, q) est un point Gduit,
relativement 5 (OD), si lp'-Tq'i
< 1p ~ T q 1entraîne q’ > y.
Si 1 est rationnel, soit 7 = U/V, la
demi-droite (OD) porte le point entier avec aO = [T] et u,~= [a,J. Les a,, sont les
P(u, v) et il n’y a plus. au-delà de P, ni de quotients complets du développement et les
point de voisinage, ni de point réduit pour u,~, les quotients iwomplets.
(OD). Les points antérieurs à P sont On écrit alors T = [CI",o,, .... a,z+,, CI,)]
donnés par le théorème suivant, qui et p,,/q,l = [aO, al, . . . . u~,+~, a,,], n-r+hne
s’applique sans limitation lorsque T est Gduite (qui correspond au point PJ,
irrationnel : Si P,,,A et P,z,k+, sont deux d’où :
points de voisinage consécutifs (pour q
croissant), d’un même côté de (OD), alors :
a) La demi-droite portant le vecteur
p,r,h p,,,A+, rencontre (OD) en un point ce qui exprime que m= cl,, G
D ,,+z (non entier). C’est grâce à ces formules de récurrence
b) P,,,k Pfl,k+lz= 11P,,,k pn,h+I donne, qu’on calcule lesp,, et les qn connaissant les
pour I = 1, 2, . . . . les points de voisinage ah.
253
DIOPHANTIENNES APPROXIMATIONS
Les résuhats essentiels de la théorie de (7) Si l’irrationnel W (ti entier > 2) est
ces fractions Continuées sont les suivants : déveioppé en fraction continue, on a :
(1) On a :
v2 = [ae,a,,a2,...3~n-l,2~d
254
DIOPHANTIENNES APPROXIMATIONS
255
DIOPHANTIENNES APPROXIMATIONS
256
DIOPHANTIENNES APPROXIMATIONS
257
DIOPHANTIENNES APPROXIMATIONS
tre qu’il y a au moins une solution au u,, . . . . u,Z rationnels non tous nuls, ne soit
système 1T! -p,/ri < l/~‘+~, OÙ E = 1/1?. un nombre rationnel, et pour E réel positif
Ce résultat de Kronecker est sans grand arbitraire, il n’y a qu’un nombre fini
intérêt dès que k depasse 3. Par dualité, on d’entiers p,, .... p,,, q (q > 0) satisfaisant :
en déduit que : lT,-p,/qi < l/q’+“fl+C,
258
DIOPHANTIENNES APPROXIMATIONS
Quoiqu’il ne s’agisse pas a proprement une condition suffisante pour que la suite
parler d’approximation diophantienne, on (f(n)) soit dense sur [O, l[ est que :
peut ranger dans cet article l’étude des
suites de nombres réels, modulo 1. Il s’agit,
pour une suite (uJ, de la répartition sur
[O, l[ de {Un} = u,, - [u,J OÙ [uJ est la c’est ainsi que la suite (0 Log%) est
partie entière de u,,. dense sur [O, 1[ modulo 1, quel que soit le
Ce n’est qu’en 1884 que Kronecker nombre réel t3 non nul et le nombre réel
établit que, si t3 est irrationnel, ses multi- a > 1.
ples nt3 sont, modulo 1, partout denses sur Dès 19 12, Bohl, Sierpinski et Weyl
[O, l[. Cela signifie que, quel que soit établissent l’équirépartition de (A) pour 0
.YE [O, 1[ et quel que soit a > 0, il existe irrationnel cependant que Fejer donne des
une infinité de valeurs de n pour lesquelles conditions suffisantes d’équirépartition ou
1{ne} -xi < 6. En effet, {nIO} est diffé- de non-équirépartition : Sifest strictement
rent de {@} si n, # nz ; il existe donc au croissante, à dérivée continue monotone,
moins un point d’accumulation des nom- avec f(x) + + c0, _/“‘(,Y)+ 0, xf’ (x) - m
bres (A), c’est-à-dire qu’on peut trouver n, quand .Y- + m, il y a équirépartition Si
et n1 avec (n, -nJ 0 E]O, E[, d’où les au contraire .x~(x) + 0, il n’y a pas équi-
multiples wz(n, - n$3 qui fournissent des répartition. On en déduit les résultats
points, modulo 1, à moins de E de tout x concernant te Log” n) (équirépartition si
de [O, l[.
a > 1, non-équirépartition si a < 1). En
On remarquera que le problème de la
1916, Weyl énonce le critère d’équirépar-
répartition sur un cercle des points d’abs-
tition : celle-ci est caractérisée, pour une
cisse curviligne nt3 conduit au même résul-
suitef(n), par le fait que, pour tout entier
tat si 0 est incommensurable à n (ici on
h non nul,
raisonne modulo 2 rr). De même, par
exemple, l’étude des premiers chiffres du
nombre 2”, écrit en base 10, conduit à
étudier la mantisse de n log 2, c’est-à-dire
sa répartition modulo 1. Comme log 2 est est un o(n) pour n .-+ ca.
irrationnel, puisque l@‘q # 2, on en Plus tard (1933) Koksma établit que la
déduit qu’on peut toujours trouver une suite h t’, où A est réel non nul fixé, est
infinité de valeurs de n telles que 2’7 équirépartie modulo 1 pour presque tous
commence par k chiffres quelconques les t > 1 (mais on ne connaît aucun t pour
imposés. lequel on ait étabh cette équirépartition ;
260
DIOPHANTIENNES ÉQUATIONS
on pense par exemple que (3/2)n est (1601-1665) que les méthodes Utilisées
équiréparti modula 1, mais on n’a pas pu pour résoudre ces équations prirent un
le démontrer jusqu’ici). En revanche, une aspect vraiment arithmétique, c’est-à-dire
catégorie importante de nombres algébri- faisant pleinement intervenir la factorisa-
ques échappe a cette équirépartition : tion des nombres entiers, une longue
il s’agit des nombres de Pisot- tradition appelle équation diophantienne
Vijayaragavan, qui sont des entiers algé- la donnée d’un système d’équations poly-
briques 0 tels que 0 > 1, les conjugués 0{, nomiales à coefficients entiers :
pour i = 2, 3, . . . . UT
(.T est le degré de O),
étant tous en modules inférieurs à 1. Il ~l@l, . . ..X”I = 0
. . .. . .. . . . . . .
s’ensuit que t3” converge vers zéro moduto f,@ 1, ...> X*I = 0,
1 (raisonner sur W + et’?+ + 0,: qui
à résoudre en nombre entiers, ou ration-
est un entier). Salem a démontré en 1944
nels, x,, . . . . .Y,~.
que l’ensemble S des nombres de Pisot
Selon que l’on veut résoudre en nombre
était fermé.
entiers ou rationnels, les méthodes et les
MARCEL DAVID résultats diffèrent souvent sensiblement.
Des méthodes générales existent pour
résoudre un système d’équations du pre-
Bibliographie mier degré, ou encore une équation du
A. BAKER, Trmscendentul NU&I~ Theory, Cam-
bridge Univ. Press, 1990 / G. H. HARDY 8 second degré. On dispose encore de métho-
E. M. WRIGHT, An htrodwtion to the T/Iu~J, CJ~ des pour étudier une équation du troisième
A4Awx Oxford Univ. Press, New York. 5e éd, degré, mais déjà, là, les problèmes ouverts
1919 / S. LANG, htro&tim toDiophntitw Approxi-
abondent. Quant aux équations de degré
muths, Addison, Reading (Mass.), 1966 /
W. M. SCHMIDT,Diophntine Approximations und supérieur, il est significatif que beaucoup
Diophantine Equation.~, Springer-Verlag, New York, d’ouvrages consacrés aux équations dio-
1991 / K. B. STOLARSKY,Algebric Numbers and
phantiennes n’apparaissent que comme
Diophantine Approximutkm, M. Dekker, New York,
1974 / G. WUSTHOLZ,Dioplumtin~ Appro.rimution une accumulation de résultats disparates.
and Transcendence Theory, in Lecture Nota in De fait, il a maintenant été établi
A4uthtwm/ic.s Sr., vol. 1290, Springer-Verlag, New
(J. Robinson, Yu. V. Matijasevic, 1970)
York.
que le dixième problème de Hilbert a une
réponse négative : il n’existe pas d’algo-
rithme universel permettant de décider si
une équation diophantienne a une solution
DIOPHANTIENNES ÉQUATIONS en nombre entiers.
On ne peut donc espérer obtenir des
méthodes générales que pour des types
261
DIOPHANTIENNES ÉQUATIONS
nir des résultats généraux parfois diffi- Si L’ n’est pas divisible par le plus grand
ciles à traduire en termes d’équations commun diviseur de u et h. il n’y a pas
concrètes. La géométrie algébrique nous de solution entière : on peut donc sup-
donne aussi la mesure de notre ignorance : poser a et b premiers entre eux et utiliser
ainsi aucun changement de variables ne la résolution de ~MI + hr = 1 (Bezout),
permet de ramener une équation du type : d’où .Y = uOc + kb. 1‘ = v(,c ~ krl, avec II,)
et 11~ solution particulière de l’équation
ax5 + by5 + cz5 + d = 0
de Bezout et k entier relatif quel-
(LI. h, c, d entiers non nuis). à résoudre en conque.
(.Y, J’. Z) nombres rationnels, à un type La solution (u”, rO) peut se trouver par
d’équations que l’on sait actuellement essais successifs, si (1 et h ne sont pas trop
traiter. grands ; sinon, on développe cr/h en frac-
Par extension. on appelle aussi équa- tion continuée et. si u/h = ,IT,,/(~,, est la
tions diophantiennes des équations dans n-ième réduite, on prend la (n 1 )-ièmc
lesquelles les exposants figurent parmi les qui, au signe près, donne L/,, = cl,, ,
inconnues ; la plus fameuse équation de ce et % --Pu 1. Par exemple, si
type est : 355 x + 113 -’ = 1. on a 355/113 = [3.7.
chap. 1) :
262
DIOPHANTIENNES É QUATIONS
OLI.Y,), .Y,~, 11,. r,, uI, r2 sont des entiers fixés à partir d’un nombre fini d’entre elles.
et où A parcourt Z. De telles formules Il peut d’ailleurs n’y avoir aucune SO~U-
263
DIOPHANTIENNES ÉQUATIONS
tion, comme, par exemple, pour où n E Z et (x0 + y, m)” = .Y, + .v, V’d
.y”-3 $=- 1, défini ci-dessus.
L’équation 3 9 ~ 2 XJ~ ~ 2 y’ = 6, elle, Le cas général .$ ~ dy’ = m, lorsqu’il
conduit à deux séries de solutions, données aura des solutions, permettra de ranger
par : celles-ci en un certain nombre s de classes,
données par :
3x,--YY, = F-Y)U~-~YY
et 3X’” -YY’. = (12-3y)(ll-3y)“,
264
DIOPHANTIENNES ÉQUATIONS
265
DIOPHANTIENNES ÉQUATIONS
lim p,(n ) = + m.
,l-+-
11.0.1) s b (3.4.51
266
DIOPHANTIENNES É QUATIONS
(cl” ~ CI est toujours divisible par p si p est nouvelle solution où 1 Z, 1 < 1~~ 1, ce qui
premier), de même que toutes ses études permet de conclure à l’impossibilité.
sur les formes quadratiques et sur I’équa- Notons aussi l’impossibilité de .x! + y4
tion de Pell (appelée souvent Pell-Fermat) - 2 z2, si -yyz # ~1’ (d’où l’impossibilité de
ont été vérifiés et établis dès le XVIII~ siècle, trouver trois entiers dont les puissances
ainsi que la plupart des énoncés qu’il a quatrièmes soient en progression arithmé-
affirmés, à l’exception de ce que l’on tique de raison non nulle).
appelle le grand th&rPme de Ferrnat (on dit De même -c’ + y4 = 3 z2 est impossi-
aussi le « dernier théorème de Fermat »). ble (comme .Y? + y’ = 3 2’) et, d’une
La recherche d’une démonstration de ce manière plus générale, ,x4 + y4 = k? est
résultat a constitué, comme on le voit impossible pour 3 < k < 16, sauf k = 8
ci-dessous, une motivation essentielle dans (études générales de Maillet en 1900).
le développement des mathématiques et a Pour n = 3, la démonstration ébauchée
contribué à l’élaboration de l’algèbre par Euler en 1774 fut précisée par Gauss.
moderne. Une démonstration définitive a Comme dans le cas général de n premier
été donnée par le mathématicien britanni- quelconque, la recherche se scinde en deux
que A. Wiles en 1993-1995. étapes : on montre d’abord l’impossibilité
Ce (< théorème >) consiste en la propo- en nombres non divisibles par 3 ; pour
sition suivante : Pour n > 3, l’équation cela, on déduit de x3 + y’ = z3 la
congruence :
dont le principe était donné par Fermat : qui conduit ë u? + 3 ns2 = ss, si (u,
raisonnant sur l’équation de Pythagore 3) = 1. Si, au contraire, 3 divise II, on pose
(.Y?)’ + (~2~): = z2, on obtient, à partir de II = 3 l’, d’où 18 V (3 I?* + kV?) = -3
toute solution éventuelle (.Y”, J’“. Q, une conduisant à 3 V* + w* = .Y~. Les solu-
267
DIOPHANTIENNES É QUATIONS
269
DIOPHANTIENNES É QUATIONS
congruence, suffit toujours à déterminer la fini de points rationnels situés dessus tels
présence ou l’absence d’un point rationnel que tous les autres points rationnels de (C)
sur une courbe de genre 1. puissent être obtenus à partir de ceux-ci
Si l’on connaît un point rationnel sur par itération du procédé de la corde et de
une telle courbe, celle-ci peut être ramenée la tangente. Étant donné une courbe (C),
(Poincaré, 1901) à une cubique plane non on sait borner le nombre minimal de
singulière : générateurs du groupe de Mordell-Weil
associé (rang), mais on n’a pas de méthode
(C) y* = P(x),
générale pour déterminer le rang, a fortiori
avec P(X) un polynôme du troisième degré pour construire explicitement un système
sans facteur multiple. On a là une courbe de générateurs. On dispose seulement d’un
elliptique, objet fondamental tant en géo- algorithme conditionnel (Yu. 1. Manin,
métrie algébrique qu’en théorie des nom- 1973), reposant sur deux conjectures.
bres. La géométrie algébrique montre L’une, de Weil, relie les courbes elliptiques
qu’on ne peut pas ramener une telle courbe a u x formes modulaires. L’autre, de
à une courbe de genre zéro. Il existe B. Birch et H. P. F. Swinnerton-Dyer
pourtant une paramétrisation des solutions (1965), affirme que le rang d’une courbe
complexes de (C), bien classique, mais, elliptique est donné par l’ordre du zéro au
elle, de nature transcendante : la paramé- point complexe z = 1 d’une certaine fonc-
trisation par les fonctions elliptiques tion méromorphe dont la définition fait
(Weierstrass; cf. COURBES ALGÉBRIQUES). intervenir le nombre de solutions modulo
On voit sur cette paramétrisation que les p, nombre premier, de l’équation (C), cela
solutions complexes de (C) peuvent être pour tous les nombres premiers p (cf.
munies d’une structure de groupe abélien. fonction ZÊTA). L’ordinateur a donné un
En fait, la composition ainsi définie induit grand poids à cette conjecture, et des
une composition des points rationnels de la progrès théoriques ont été effectués.
cubique. Essentiellement, il s’agit de la
construction suivante. Étant donné deux
Courbes de genre au moins égal à 2 :
points rationnels de la cubique, la droite
points rationnels
qui les joint, qui est à coefficients ration-
nels, recoupe la cubique en un troisième Parmi les courbes de genre au moins égal
point, dont les coordonnées sont par force à 2, on trouve les courbes planes non
rationnelles : c’est le procédé de la corde singulières de degré au moins 4. Là encore.
pour engendrer de nouvelles solutions (on on ne peut ramener l’étude de telles
peut aussi utiliser la tungente en un point courbes à l’étude de celles de genre infé-
rationnel). On obtient ainsi une structure rieur ou égal à 1. On ne dispose d’aucun
de groupe abélien sur l’ensemble des procédé permettant d’engendrer un
points rationnels de (C). L’important théo- nombre infini de solutions à partir d’un
rème de Morde11 (1922) généralisé par nombre fini d’entre elles. Morde11 a ainsi
Weil (1928) établi par descente infinie, dit conjecturé (1922) qu’une telle équation
que ce groupe appelé depuis groupe de n’admettrait jamais qu’un nombre fini de
Mordell-Weil, admet un nombre fini de solutions rationnelles. Cette conjecture a
générateurs. En d’autres termes, étant été démontrée par G. Faldings en juin
donné une cubique (C), il existe un nombre 1983 et a constitué une étape importante
DIOPHANTIENNES É QUATIONS
oùJ’est un polynôme homogène irréduc- avec ub = cif # 0 (E. S. Selmer, 1953), les
tible à coefficients entiers de degré au conditions de congruence (et la condition
moins égal à 3, et m est un entier non nul, réelle) suffisent à assurer l’existence de
ne possède qu’un nombre fini de solutions points rationnels. Cela ne vaut pas en
entières. général, comme le montre l’exemple
Dans beaucoup de cas, en particulier (J. W. S. Cassels-M. J.T. Guy, 1966) :
pour les équations 4.” = P(x) où le poly-
5x3 + 9y’ + 1023 + 1 2 = 0
nôme P a au moins trois zéros distincts, A.
Baker a donné des majorations effectives Si une quadrique a un point rationnel,
(mais grandes) pour la taille possible des on peut encore donner une paramé-
solutions entières ; ainsi, pour l’équation trisation polynomiale essentiellement
de Thue ci-dessus : biunivoque des points rationnels, en utili-
sant la même méthode que pour les coni-
ques.
où d est le degré de f, et H un entier Une telle paramétrisation est encore
dépendant de la taille de m et des coeffi- possible pour une surface cubique de
cients def: Dans certains cas particuliers, l’espace ordinaire, soit Z, qui contient deux
ces méthodes permettent même de trouver droites D et D’ définies par des équations
toutes les solutions entières, à coefficients rationnels, et ne se coupant
pas. Choisissons un plan n, d’équation
Surfaces rationnelles a-c + by + cz + d = 0, avec a, b. c. d
Les surfaces rationnelles sont les analogues rationnels. Pour M un point rationnel du
en dimension 2 des courbes unicursales, plan rr, la droite D,, intersection des deux
celles qui peuvent être paramétrées de plans engendrés l’un par (M, D), l’autre
façon polynomiale si l’on autorise les par (M, D’), est définie par des équations
771
DIOPHANTIENNES ÉQUATIONS
à coefficients rationnels, Elle coupe la obtient par exemple que tout rationnel est
surface cubique C en trois points : celui qui somme de trois cubes de rationnels :
est situé sur D et celui qui est situé sur D’
sont définis par des équations a coefficients
rationnels, le troisième, soitf(M), est donc + (acqq’,
à coordonnées rationnelles. On vérifie que
la correspondance qui à M associe J’(M) avec d = 3Za= + 34a + 3b
définit une paramétrisation poiynomiale
(Ryley, 1825 ; H. W. Richmond, 1930).
essentiellement biunivoque des points
En s’inspirant de la méthode de
rationnels de C par ceux de K. C’est ainsi
Mordell-Weil, F. Châtelet (1959) a montré
qu’on trouve la solution générale due à
qu’un nombre fini de solutions paramétri-
Euler de l’équation : x3 + y3 + z3 = 1 ques polynomiales (à 4 variables) permet
l-(U-3v)(u2+ 3v3 de décrire toutes les solutions rationnelles
X=
d de :
y=(u+3v)(u~+3v2)-1
d y’-az2=x(x-6)(x-c),
z=(u*+3v*)*-(u+3Y)
avec 0, b, c rationnels non nuls. On ignore
d
par contre si une solution polynomiale,
avec d=(uZ+3v2)2-(u-3v).
même partielle, à deux vrais paramètres et
Des méthodes fines de géométrie algé- à coefficients rationnels est possible pour
brique montrent qu’une telle paramétrisa- l’équation générale :
tion polynomiale biunivoque à coefficients
yZ--a(x)z” = b(x),
rationnels est souvent impossible, ainsi
pour : où a(-~) et b(x) sont des polynômes non
nuls.
x’+y’+z’=a,
Pour les points entiers des surfaces
où CI est un rationnel qui n’est pas un cube cubiques, on a des résultats épars. Soit par
(Yu. 1. Manin, 1970). On peut cependant, exemple l’équation :
pour une surface cubique non singu-
lière qui possède au moins un point
rationnel, trouver des familles polynomia- avec n entier fixé, à résoudre en (x, y, z)
les à deux vrais paramètres (c’est-a-dire entiers. On voit facilement (congruences
qu’on ne peut réduire à un seul paramètre), modulo 9) qu’il n’y a pas de solutions
soit : si II est congru à + 4 modulo 9. Sinon,
on ne sait pas s’il y a toujours une solu-
x = A(u, v), y = B(u, v), z = C(u, Y),
tion, par exemple pour n = 30, et, s’il y
avec A,B,C quotients de polynômes en II et en a une, s’il y en a une infinité. L’iden-
,r à coefficients rationnels, mais en général tité :
même un nombre fini de telles familles ne
(1 + 6r’)3 + (1 -6r3)’ + (-6t93 = 2
suffit pas à décrire tous les points ration-
nels de la surface cubique. On obtient donne une infinité de solutions pour n = 2,
néanmoins beaucoup de solutions ration- mais, pour n = 3, on ne connaît que les
nelles En spécialisant les paramètres, on solutions (1, 1, 1) et (4, 4, - 5).
DIOPHANTIENNES É QUATIONS
x4+y4+24= 1
4. Équations à beaucoup de varia-
n’a pas d’autres solutions rationnelles que
bles
(* 1, 0, 0), (0, f 1, 0) et (0, 0, f l), mais
on sait seulement qu’une autre solution
L a m é t h o d e d u c e r c l e d e Hardy-
devrait avoir un dénominateur au moins
Littlewood-Vinogradov, qui avait déjà
égal à 220 000. Euler donna une infinité de
révélé sa puissance dans l’étude du pro-
solutions rationnelles de :
blème de Waring (cf. théorie des NOMBRES
x’+y4=24+ 1, - Théorie analytique des nombres), a aussi
273
DIOPHANTIENNES É QUATIONS
C*l n > 1(1. + 1) (d- 1) 2d-‘, On appelle ainsi les équations du type :
forme cubique non singulière en au moins qui n’a pas de solution avec n > 1 et ,r > 3
5 variables, les conditions de congruence (Chao Ko, 1964).
sont suffisantes. Pour établir une conjecture de Rama-
On se demande si une équation non nujan, l’équation :
singulière :
x2+7=2n
374
DISTRIBUTIONS
275
DISTRIBUTIONS
276
DISTRIBUTIONS
(d) Si (.Y,,) converge vers .Y, toute sous-suite suivant est essentiel dans la définition des
de (.Y,,) converge aussi vers s. distributions ; on remarquera qu’on définit
Les conditions ci-dessus sont les pro- ici les suites convergentes sans I’intermé-
priétés des suites convergentes (au sens diaire d’une topologie.
usuel) de nombres réels ou complexes. Soit 0 un sous-ensemble ouvert de R”
Comme toujours dans l’approche formelle (c’est-à-dire que pour tout point de 0 il
d’une notion, on retrouve donc, sous existe une boule de rayon > 0 contenue
forme d’axiomes, des propriétés vérifiées dans 0). Toutes les fonctions considérées
dans les situations concrètes qu’il s’agit de sont supposées a valeurs complexes. Si <c!
généraliser. Si une suite (,Y,,) converge vers est une telle fonction définie et continue
,Y, on dit aussi que (.Y,,) a pour limite .Y et dans 0, on appelle suppor/ de q le plus
on écrit : petit ensemble fermé en dehors duquel cy
est nulle ; 9(Q) d&gnera l’umv~~hle des
limx,=x
n-e fonctions cikjnies duns Cl, uhiettmt des
dérivées partielles de tous ordres, et ir
Remarquons que, pour connaître G, il
suffit de connaître le sous-ensemble G, de .rupport compact (c’est-à-dire borné et
fermé dans R’,).
& formé des suites (s,,) qui convergent vers
0 (d’après les axiomes, c’est d’ailleurs un Pour désigner les dérivées partielles
espace vectoriel pour les opérations usuel- d’ordre quelconque, on utilise la conven-
les sur les suites). En effet, dire que tion des multi-indices (cf. CALCUL INFINI-
(a,) + .Y équivaut, d’après les axiomes, à TÉSIMAL - Calcul à plusieurs variables). Par
dire que la suite (,Y,~ ~ .Y) tend vers 0, ce qui définition. un multi-indice est un système
met en évidence que la translation de de n nombres entiers positifs ou nuls :
vecteur .Y, qui A .Y,, fait correspondre
.Y,~ + .Y, est une bijection de G, sur I’ensem-
ble &, des suites qui convergent vers X. En on écrit alors aya.ex OU (ajasy pour
désigner l’opérateur de dérivation partielle
abrégé, on dira qu’un espace vectoriel E
est un e.v.s. si on a défini dans E une notion
de suite convergente.
277
DISTRIBUTIONS
(h’) Pour tout multi-indice c(, la suite des Si E et F sont deux e.v.s., on peut munir
dérivées partielles (da(pp/dY) converge l’espace vectoriel C (E, F) des morphismes
uniformément sur K vers la dérivée par- de E dans F d’une notion de suite conver-
tielle correspondante de cp : gente en disant qu’une suite u,, de mor-
phismes de E dans F converge vers
u E f(E, F) si (U,,( X)) -f u(x) dans F pour
tout élément x E E. En particulier,
pour p - aî. Il est clair que les conditions cette définition permet de munir d’une
(a) à (4 sont satisfaites. structure d’e.v.s. l’espace vectoriel E’
des applications linéaires de E dans son
Morphismes corps de base qui sont continues pour les
suites.
On va maintenant définir les morphismes
On retrouve dans le cadre des e.v.s.
des e.v.s., c’est-a-dire les applications d’un
l’importante notion de transposée d’une
tel e.v.s. dans un autre qui respectent les
application linéaire (cf. algèbres LINÉAIRE
deux notions définissant la structure d’un
ET MULTILINÉAIRE). Soit, eIl effet, E et F
e.v.s. : la structure vectorielle et les <( suites
deux e.v.s., et u un morphisme de E dans
convergentes » .
F ; désignons par E’ et F’, comme
Soit E et F. deux e.v.s. Un morphisme
ci-dessus, les e.v.s. des applications linéai-
u de E dans F est, par définition, une
res respectivement de E et F dans le corps
application linéaire de E dans F (c’est-à-
de base (formes linéaires sur E et F), qui
dire telle que u(h x + u ~3 = A u(x) +
sont séquentiellement continues. Pour
u u(y). pour .Y, y E E et A, u dans le corps
toute forme linéaire fE F’, la forme
de base R ou C) qui transforme toute suite
g =f’0 u est une forme linéaire séquen-
convergente de E en une suite convergente
tiellement continue sur E, donc est un
de F : si (,Y,,) -+ x dans E, alors
élément de E’, et on vérifie facilement que
(u(x,)) + u(x) dans F ; on dit aussi que u
l’application linéaire ‘U : F’ + E’, qui à
est une application linéaire séquentielle-
,frZ F’ fait correspondre ,f‘o u E E’, est
ment continue (ou « continue pour les
séquentiellement continue ; on définit ainsi
suites ))). Pour qu’une application linéaire
le rnorphisnw ‘u transposé de II.
de E dans F soit un morphisme, il faut et
il suffit qu’elle transforme toute suite
convergente vers 0 dans E en une suite
convergente vers 0 dans F. 2. Définition des distributions
Voici deux exemples de morphismes de
1’e.v.s. 9(O) dans lui-même. Si on désigne Il est clair que, pour généraliser la notion
par d/ds, l’opérateur de dérivation par- de fonction, il faut abandonner certaines
tielle par rapport à la i-ième coordonnée propriétés usuelles des fonctions (par
dans R”, l’application <ç - d <p/d.u, est un exemple le fait qu’une fonction prend une
morphisme de 9(a). De même, sifest une valeur déterminée en chaque point) pour
fonction admettant dans 0 des dérivées ne conserver que certaines propriétés.
partielles de tous ordres, l’opération de L. Schwartz utilise comme notion essen-
multiplication par.f, qui s’écrit cp -f’<ç, est tielle la propriété d’opérer linéairement sur
un morphisme de 9(O) dans 9(O). des classes de fonctions très régulières.
278
DISTRIBUTIONS
279
DISTRIBUTIONS
Exemples
CI) Soit a un point de R” ; l’application qui
à toute fonction cp E 9(R”) fait correspon-
dre la valeur cp(a) de la fonction <p en a est
une distribution appelée distribution de
Diruc et notée 6,. Ainsi, avec l’abus
d’écriture signalé ci-dessus, on a :
280
DISTRIBUTIONS
tend vers une limite, indépendante de la x,), d’où dx = d-x’ d.y,, ce qui donne, par
suite (E,) choisie, et que l’application qui à intégration par parties,
‘p fait correspondre la limite correspon-
dante est une distribution, notée v.p.( I/x), (Erq) = Sdx,S~(x, xj)q’(x’,xj,)dxj
valeur principale de Cauchy ; ainsi :
281
DISTRIBUTIONS
Convolution
Soit T et U deux fonctions continues et
intégrables dans R” ; on appelle produit de est alors par définition une solution élé-
convolution de T et U la fonction définie mentaire de la distribution A = P(d/
par la formule intégrale a.q 6,.
T*U(x) = ‘UX-Y)W)+.
sR”
4. Séries et intégrales de Fourier
La fonction T * U ainsi définie est telle
que, pour toute fonction <p de D(R”),
La plupart des grandes théories de l’ana-
lyse classique s’étendent aux distributions ;
nous nous limiterons ici à des indications
rapides sur la théorie de Fourier (cf.
analyse HARMONIQUE) en renvoyant à l’arti-
On montre que, dans certains cas, on cle calcul SYMBOLIQUE pour la transforma-
peut donner un sens à (3) pour des tion de Laplace.
282
DISTRIBUTIONS
s cp(x)lîr@)dx = s <p(x)w(x)dx
espace S(R”) est une e.v.s. pour la notion
suivante de suites convergentes : par défi-
nition, une suite (cp,) de fonctions de S tend
vers 0 si : (relation de Parseval),
F.
iidk.,-0, pourri-m,
Transformation
ou < x , u > = u,x, + Ll2x~ + + u,x,,
de Fourier dans S’
désigne le produit scalaire dans R”. Cette
définition de la transformation de Fourier On appelle distribution tempérée dans R”
n’est pas universelle ; certains auteurs pré- toute forme linéaire séquentiellement
fèrent prendre par exemple : continue sur S ; remarquons que, puisque
l’application identique de D(R”) dans
S(R”) est un morphisme et que toute cp de
S est limite d’une suite d’éléments de 9, la
OU &u) = 1 <p(x)e’<“~” ’ dx, .., transposée de cette application identique
est une injection. Cette injection fait appa-
On passe d’une définition à l’autre par raître l’espace S’ des distributions tempé-
un simple changement de variable dans rées comme un sous-espace vectoriel de
l’intégrale définissant 4. Nous écrirons l’espace vectoriel 9’ des distributions.
tout ce qui suit avec la convention indi- Par définition, on appelle alors truns-
quée, adoptée par de nombreux mathéma- formée de Fourier d’une distribution tem-
283
DISTRIBUTIONS
284
DISTRIBUTIONS
pour tout entier 1; cet espace est un e.v.s. À une distribution T sur le tore, asso-
si on convient qu’une suite (a’“)) d’élé- cions le couple B = (@, Em) des deux
ments de s tend vers 0 si pour tout entier fonctions holomorphes ainsi définies :
1 la suite l/ a(“) 11, tend vers 0 pour n + 00. m
P(z) = i$Zk.
c
fk = (T, e-‘ke).
Une application
Les distributions peuvent servir à étudier
le comportement des fonctions analyti-
ques ; voici un exemple simple d’une telle
situation.
285
DISTRIBUTIONS
(T,, P) = “2 (6++ P) ;
Pour 0 < I < 1, posons maintenant :
i=o
m
T,+(8) = r;+(r@) = &î;Crkeike comme toute fonction de B(T) est appro-
c
k=O chable uniformément par une suite de
polynômes trigonométriques, on en déduit
k=-cx n-1
TN= Sj,.
ainsi, on a : T,’ UT,.- = P, * T, c
j=o
AF’) - c+=‘
ment :
T = lim (T: -T;).
r-1
286
DlViSlBltiTÉ
287
DIVISIBILITÉ
288
DIVISIBILITÉ
corps. D’autre part, il est facile de voir que alors F est aussi multiplicative, et récipro-
[a],, = [b],,, équivaut à (a, nz) = (b, m) ; on quement.
peut donc envisager les classes résiduelles De plus, on a :
premières à 112 qui forment, pour m donné,
ce qu’on appelle un système réduit (par f(n) = c F(;)W,
exemple, pour nz = 18, les classes [ 11, [5],
[7], [ll], [13] et [17]). On dit alors qu’un où :
ensemble d’entiers est un système réduit de
résidus modulo n7, si un et un seul de ces
l
l,sid= 1;
entiers appartient à chacune des classes p(d) = 0, si d contient des facteurs carrés ;
(- l)“, si d =pIp2 . ..pu. produit de
d’un système réduit. Pour m = p premier,
nombres premiers distincts.
toutes les classes sauf [0] forment un sys-
tème réduit, comprenant @ ~ 1) éléments. Cette fonction p s’appelle fonction de
Dans le cas général de m quelconque, le MObius ; elle est aussi multiplicative. La
nombre d’éléments d’un système réduit est relation de réciprocité liant f à F, grâce à
égal à celui des nombres compris entre 1 et cette fonction de Mobius, reste d’ailleurs
m et premiers à m. Ce nombre s’appelle valable dans le cas de fonctions non
l’indicateur d’Euler de m, désigné par <p(m), multiplicatives ; elle s’établit par simple
et l’on peut ktabhr les conditions nécessai- calcul, et fournit la démonstration la plus
res et suffisantes suivantes pour qu’un simple du fait que f est multiplicative si F
ensemble de nombres soit un système l’est. L’implication en sens contraire est
réduit de résidus modulo m : ce système beaucoup plus simple à établir ; elle résulte
comprend q(m) éléments ; ces éléments de ce que tout diviseur d’un produit de
sont deux à deux non congrus modulo m ; deux nombres premiers entre eux est le
chaque élément est premier à m. Il est produit d’un diviseur de l’un par un
alors évident que, si l’on multiplie diviseur de l’autre.
On établit donc que la fonction <p
chacun de ses éléments par un même
facteur premier à m, on transforme un d’Euler est arithmétiquement multiplica-
tive, soit en la mettant sous la forme :
système réduit de résidus en un système
réduit.
F(n) = f (4,
c
0
289
DIVISIBILITÉ
290
DIVISIBILITÉ
av(m)= 1 (modm).
UP-’ E 1 (modp),
si a n’est pas multiple dep. On l’écrit, sans Soit en effet k le plus petit exposant
condition sur u, sous la forme d E a(mod pour lequel ap = 1 (mod m). On dit que a
p). On remarquera que la réciproque de ce appartient à l’exposant k (mod m), ou que
théorème n’a pas lieu (par exemple k est l’ordre de a, modulo m. Il s’ensuit que
m = 561 = 3 X 11 X 17 vérifie, pour k divise tout x tel que cx = 1 (mod m) ; en
particulier, k 1cp (m), et on dit que a est une
tout a premier à m, a 560 = 1). On a d’autre
part établi (Beeger en 195 1) qu’il existe une racine primitive modulo m si l’ordre de a
est <p(m), c’est-à-dire si <p(m) est effective-
infinité d’entiers n pairs tels que 2” ~ 2 est
ment le plus petit exposant pour lequel
divisible par n (le plus petit de ces nombres
ap, 1 (mod m). Cette définition montre
étant 161 038).
que tout entier congru, modulo m, à une
racine primitive, en est également une. Ces
Théorème de Wilson racines primitives ont l’importante pro-
Le théorème de Wilson énonce que : priété que, pour chacune d’elle, a par
exemple, les nombres a, a?, u3, . . . . a$(“‘)
(P-l)!=-l(modp),
forment un système réduit de résidus. On
pour tout p premier (théorème publié en démontre que tout p premier possède des
1770 par Waring et démontré par racines primitives ; il y en a exactement
291
DIVISIBILITÉ
et p1 s
.+b+’ i dEl(mod4).
2
293
DIVISIBILITÉ
294
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES
E
formelle et à l’algèbre. C’est Leibniz qui
formule le premier la demande, sous-
jacente chez Raymond Lulle, d’un << alpha-
bet des pensées humaines » permettant de
réduire à un algorithme symbolique le
raisonnement déductif.
Pour Leibniz, sa <( caractéristique uni-
verselle )) est un langage formalisé, pure
combinaison de signes, dont les théorèmes
ou les propositions se déduiraient de
manière purement mécanique (culculus
ratiocinator). En ce sens, il est le précurseur
de la théorie élémentaire des ensembles.
Inédits et inconnus jusqu’au début du
XIX~ siècle, les travaux de Leibniz sont
ENSEMBLES T HÉ O R I E É L É MENTAIRE repris par les logiciens de l’école anglaise.
DES C’est G. Boole qui est le véritable créateur
du calcul direct sur les parties d’un ensem-
ble. A. de Morgan (1858), W. S. Jevons
295
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES
296
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES
Pour exprimer que a est élément de définir ainsi un nouvel ensemble. Cet
l’ensemble E, que a appartient à l’ensem- ensemble sera noté :
ble E, on écrit :
{x E E ; x est inscrit SUT les listes
a EE. électorales 1.
Pour exprimer que CI n’est pas élément De même, dans l’ensemble A des lettres
de l’ensemble E, que u n’appartient pas à de l’alphabet français, on peut considérer
l’ensemble E, on écrit : celles pour qui l’expression : (< 0 est une
voyelle )) est vraie. On définit un ensemble
a CZ E. noté :
L’expression a @ E est la négation de
{OEA; q estunevoyellel.
l’expression CI E E. Par suite, en vertu du
principe du tiers exclu en logique et des On aurait aussi un autre ensemble :
relations qui existent entre une proposition
ID E A ; 0 n’est Pas une voyelle 1.
et sa négation, il est possible de dire que,
pour a donné et E donné, seule l’une de ces De même :
deux expressions est vraie et alors sa
Ix E E ; x n’est pas inscrit
négation est fausse. sur les listes électorales 1.
Il faut ajouter à cela quelques règles
Admettre qu’on peut ainsi définir des
propres à la théorie des ensembles :
ensembles revient à admettre le principe
Règle 1. Un ensemble est parfaitement
(ou règle) suivant :
défini par la connaissance des éléments qui
Règle 2. Quand on a un ensemble A et
le constituent, ou encore : Deux ensembles
une propriété P, on peut définir un ensem-
sont égaux si, et seulement si, ils sont
ble B dont les éléments sont les éléments
constitués par les mêmes éléments.
de A ayant la propriété P. Si on note P(.Y)
Pour se donner un ensemble il suffit
l’expression (( x a la propriété P )), l’ensem-
donc de se donner la liste de ses éléments.
ble B peut s’écrire :
Exemples : l’ensemble constitué par les
lettres a, e, i, o, u ; on le note habituelle- C x EA ; P(x) 1,
ment : { a, e, i, o, u >. L’ensemble constitué
par les nombres 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, ou, en vertu de l’égalité des deux ensem-
bles, définie par la règle 1 et qui se traduit
10, 11, 12 sera noté de la même manière :
{ 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8. 9, 10, 11, 12 ). par le signe (( = » :
Mais il y a une deuxième manière de B = I x E A ; P(x)}.
préciser un ensemble, en les construisant à
partir d’ensembles déjà connus. Ainsi, si E Cette règle impose une définition. En
désigne l’ensemble des êtres humains de effet l’ensemble B, défini ci-dessus, est tel
nationalité française et si on considère que tous ses éléments sont des éléments de
l’expression (( .Y est inscrit sur les listes l’ensemble A. On dit que B est un sous-
électorales », cette expression est vraie ensemble de A, une partie de A, ou encore
pour certains Français, fausse p o u r que B est inclus dans A ou contenu dans A.
d’autres. Elle va permettre de distinguer, On traduit cela par le symbole : « C )) ; ainsi
dans l’ensemble des Français, ceux pour (( B est un sous-ensemble de A )) s’écrira :
lesquels cette expression est vraie, et de B C A.
297
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES
Une conséquence de la règle 2 est qu’à des ensembles qui ne sont pas élé-
partir d’un ensemble A quelconque on peut ments d’eux-mêmes H, et, pour les mêmes
définir un ensemble particulier, qu’on raisons, de l’ensemble de tous les ensem-
appellera l’erzsernhle vide, de la manière sui- bles.
vante : Il suffit de considérer parmi les élé- Ce paradoxe est à rapprocher du para-
ments de A ceux pour lesquels la propriété doxe célèbre du Menteur, où le problème
<< être différent d’eux-mêmes )) est vraie : est de savoir si l’homme qui dit : N Je
mens » dit ou non la vérité en prononçant
{xEA; xfxl.
ces paroles.
On obtient ainsi un ensemble qui n’a
aucun élément, appelé l’ensemble vide et Représentation graphique
noté : (( @ » . Il est souvent commode de représenter un
élément par un point du plan, et un
Paradoxe de Russell
ensemble par l’intérieur d’une courbe fer-
En 1905, Bertrand Russell montre que la mée. Ainsi la figure 1 représente un
notion d’« ensemble des ensembles qui ne ensemble A, CI n’est pas élément de A, h et
sont pas éléments d’eux-mêmes » est c sont éléments de A.
contradictoire. La mise en évidence de ce Les sous-ensembles sont alors repré-
résultat peut se faire de la manière sui- sentés comme des portions de l’ensem-
vante : à première vue les ensembles
peuvent se partager en deux classes, la fig. 1
298
ENSEMBLES THÉORIE ÉL ÉMENTAIRE DES
ble. Ainsi B est une partie ou sous- qu’il peut être défini de la manière sui-
ensemble de A. Ce sont les diagrammes de vante :
Venn.
0= IxEE,~@E]
Lewis Carroll propose une présentation
analogue, mais l’ensemble A est représenté L’ensemble des parties de E sera donc
par un rectangle, un sous-ensemble B étant un ensemble de 8 éléments :
obtenu par partage du rectangle en deux
par un segment de droite. Cette présenta-
tion a l’avantage de conserver une symétrie Pour un ensemble quelconque E, on
entre le sous-ensemble B et le sous- peut être amené à considérer des parties de
ensemble complémentaire B constitué par E et l’ensemble des parties de E. Nous
les éléments de A qui ne sont pas dans B admettrons l’existence de ce nouvel ensem-
(fig. 1). ble, dont la définition pourrait être :
De toute manière, ces représentations L’ensemble des parties d’un ensemble E
ne sont que des images, et il y a au moins est un ensemble dont les éléments sont les
autant de différence entre ces images et les sous-ensembles ou parties de E. Cet ensem-
êtres mathématiques qu’elles représentent ble est noté : I (E). Ainsi :
qu’entre un schéma et l’objet représenté
X C E ca X E s(E).
par ce schtma vu qu’entre l’écriture d’un
mot en français et la signification de ce Pour l’ensemble { a, b, c }, on aura :
mot. Mais de même que les schémas
permettent de se représenter les objets et
servent à penser et à raisonner, de même
les figures proposées ci-dessus peuvent De même :
apporter une aide importante aux raison-
nements. s(Iabl)={ ~a,bL~al,Ibl,@};
5 (I 0 1) = { I @ 1,0 }.
299
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES
b
oui
oui
reliant deux parties par une flèche sous-ensemble d’une autre s’il existe un
lorsqu’on passe de l’une à l’autre par chemin dans le sens des flèches allant de la
adjonction d’un élément à la première première à la deuxième (cf. ensembles
(fig. 3). Ainsi, si l’ensemble a un seul élé- ORDONNÉS)
fig. 3
l
0
P
\
ibt
E =‘{a/ i=t
E ={Lb\
300
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES
301
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES
(4 AnA=A, Al
(e) An0=0,
E
(g) (DCAetDCB)oDCAflB, @
302
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES
Parmi les propriétés de la réunion, il i.e. la réunion de A avec l’ensemble vide est
faut signaler : A lui-même.
ses dans l’écriture : Tous les ensembles considérés ici sont des
parties d’un même ensemble E. On peut
(AUB)UC= AU(BUC)= AUBUC.
remarquer que chaque fois que l’on définit
fig. 6
@ @j
AU(BnC) All(BUC)
303
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES
304
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES
fig. 8
El
fig. 9
ii ÀnB
E
c A
l EH
- --
Ë
Autres opérations
305
ENSEMBLES THÉORIE ÉLéMENTAIRE DES
A (fig. 11). On le notera A A B, dans ce car quel que soit A dans T (E), on a :
qui suit. AnE=A.
c) Chacune des deux opérations est
f1g. 11
distributive par rapport à l’autre :
($2
An(BUC) = (AnB)U(AnC),
B AU(BnC) = (AUB)fl(AUC).
d) Le complémentaire A de A vérifie
les deux propriétés : A U A = E (élément
A
neutre de l’intersection), et A f’ A = 0
(élément neutre de la réunion).
Si maintenant on considère l’ensemble
T(E) muni des opérations de différence
symétrique et d’intersection, il a une struc-
Différence symétrique An E
ture d’anneau de Boole. En effet, la diffé-
rence symétrique donne une structure de
On peut vérifier les égalités :
groupe commutatif à T(E) ; l’opération
AAB = (A-B)U(B-A), intersection donne alors à S(E) une struc-
AAB = (An@ U (Bni), ture d’anneau booléen (cf. ANNEAUX ET
AAB=BAA, ALGÈBRES).
(AAB)AC = AA(BAC),
AA0=A,AAA=0. Fonctions coroctéristiques
Il est commode de présenter les opérations
Algèbre et onneou de Boole
entre parties d’un ensemble en utilisant les
fonctions caractéristiques. Si A est une
L’ensemble ‘s (E) des parties d’un ensem-
partie de E, la fonction caractéristique de
ble muni des opérations d’union et d’inter-
l’ensemble A est une fonction qui à chaque
section et de la complémentarité constitue
élément de E associe 1 si cet élément
ce qu’on appelle une algèbre de Boole. En
est dans A et 0 si cet élément n’est pas
effet, les propriétés suivantes sont vérifiées :
dans A.
a) Les opérations d’union et d’inter-
Lorsqu’on a la fonction caractéristique
section sont associatives :
d’une partie A de E, il est facile de
(AUB)UC = AU(BUC), déterminer celle du complémentaire A de
(AnB)nC = An(BnC), A. Il suffit de changer les 0 en 1 et les 1 en
et commutatives : 0. Il est aussi facile de voir si un ensemble
est inclus dans un autre : on voit que B est
AUB=BUA, inclus dans A si, chaque fois que la
AîIB=BîIA.
fonction caractéristique de B a la valeur 1,
6) Il y a un élément neutre pour celle de A l’a aussi. Les éléments de
chacune des deux opérations : pour l’intcrscction de A et de B sont ceux pour
l’union, @ est élément neutre, car quel que lesquels les fonctions caractéristiques de A
soit l’ensemble A on a : A U 0 = A ; et, et de B prennent ensemble la valeur 1. La
pour l’intersection, E est élément neutre, fonction caractéristique de A f’ B est donc
306
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES
facile à construire. Il en est de même pour ne serait pas vraie si on définissait l’addi-
celle de A U B. tion des nombres au sens usuel ; on aurait
Tout cela peut s’interpréter autrement. alorsfAUB =fA +fB -f&
En effet, considérons l’ensemble X ayant
Partition d’un ensemble
deux éléments { 0,l } et définissons sur cet
ensemble deux opérations. Lorsqu’on a un ensemble d’objets ayant
La première opération sera notée + et chacun une couleur bien déterminée, on
sera définie par : peut être amené à les classer suivant leur
couleur. On effectue ainsi une classifica-
o + o = o
tion des objets, chaque objet étant dans
0+1=1
une classe et une seule. On a de la sorte une
1+0=1
image de ce que le mathématicien appelle
1+ 1 = 1.
une partition.
La deuxième opération sera notée et Une partition d’un ensemble est un
sera définie par : ensemble de parties non vides de cet
ensemble tel que deux parties distinctes
o.o=o
n’aient pas d’élément commun et que
0 . 1 = o
l.O=O
chaque élément de l’ensemble soit dans
l.l= 1. une de ces parties. C’est en quelque sorte
l’ensemble des classes d’une classification.
Cet ensemble X muni des deux opé- Ainsi, dans l’ensemble des entiers natu-
rations + et . définies ci-dessus constitue rels N = { 1. 2, 3, 4, }, on peut
ce qu’on appelle une algèbre de Boole, constituer une partition en trois classes en
c’est l’anneau Z/(2) des entiers relatifs plaçant dans la première classe les nom-
modulo 2. Il joue un rôle fondamental en bres divisibles par 3, dans la deuxième ceux
logique des propositions. En effet, si on dont le reste de la division par 3 est 1, dans
interprète 1 comme le (( vrai » et 0 comme la troisième ceux dont le reste est 2. Ainsi
le H faux D, valeur qu’on peut attribuer aux chaque nombre est rangé dans une classe
propositions, les opérations + et . sont et aucun ne se trouve dans deux classes en
alors la disjonction (ou) la conjonction (et) même temps. Les classes sont alors : I 0,
des propositions. Enfin la complémenta- 3,6,9, 12, 15, _.. }. { 1,4,7. 10, __. } et { 2,
rité qui est ici l’échange de 0 en 1 et de 1 5, 8. 11, 1.
en 0 s’interprète comme une négation. On trouve de nombreux exemples de
Les fonctions caractéristiques sont alors partitions dans les problèmes de range-
des fonctions qui prennent leur valeur dans ment, les dépouillements de questionnai-
l’ensemble X, et si on désigne par fA la res, les classifications, etc.
fonction caractéristique de A on a :
deux pôles d’une pile par exemple, si on circuits électriques dans les machines à
place un interrupteur à deux positions, calculer électroniques.
deux cas peuvent se présenter : ou bien
l’interrupteur est fermé et le courant passe, Informotion analogique
on peut noter cela par 1 ; ou bien L’information analogique décrite mathé-
l’interrupteur est ouvert et le courant ne matiquement par des fonctions continues
passe pas, on peut noter ceci par 0. On (signal électrique issu d’un microphone)
peut alors définir des opérations sur les doit être quantifiée et codée pour être
interrupteurs analogues à celle que nous traitée par les procédés de l’électronique
avions dans l’ensemble X = { 0.1 ) moderne utilisant largement les micropro-
ci-dessus. cesseurs et le traitement numérique de
Deux interrupteurs 1 et J disposés en l’information.
série ne laissent passer le courant que s’ils
Le principe de la quantification est le
sont fermés tous les deux. Notons 1 . J
suivant. Au signal analogique est associé
cette combinaison en série des deux inter-
un nombre d’états possibles selon le gra-
rupteurs 1 et J ; l’état de 1 J est alors défini
phe de la figure 12
par la table :
fig. 12
1 lJ 1 1.J
signal analogique quantifié
IlJlI+J
Le nombre d’états possibles de quanti-
fication est en général élevé, 2” par
exemple. Le traitement numérique impose
d’associer à chaque état de quantification
Enfin on peut retrouver la négation par
une suite de valeurs booléennes (12 varia-
un circuit complémentaire Ï, le tableau
donnant l’état de chacun des circuits 1 bles booléennes peuvent être utilisées) ;
I’;nffirm,>t;fin
, ,IiI”I IIILLCIVII ‘x-t
UUI Qlnvx
UIVL 0 r‘xt-+l-P P ’
I .,y’,s,ntee par une
et T :
suite d’états 0 ou 1.
1 Ii Une application connue de tous est le
disque compact ; celui-ci permet de stocker
les suites binaires sous forme de « trous »
Cela peut permettre d’étudier les cir- situés sur le sillon du disque. Le nombre de
cuits électriques, mais, réciproquement, 0 et de 1 stockés sur le disque compact est
c’est ce qui a permis l’utilisation des très élevé : 3 000 mégaéléments binaires !
308
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES
309
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES
r f,g. 1 4
E
jB* I
b c
F a FI !
fig. 15
310
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES
fig. 16
311
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES
fig. 18
Une relation sur E est dite r$!exive si, et (2, 4) mais ne l’est pas pour le couple
pour tout élément x E E, la relation est (1, 4).
vraie pour le couple (x-, s) ; cela revient Avec ces notions, on peut désor-
donc a dire que tous les couples (-u, .Y) mais distinguer différents types de rela-
appartiennent au graphe de la relation, ou tions. Les relations dbrdre sont les rela-
encore que ce graphe contient la diagonale tions qui, comme dans l’exemple (4),
de l’ensemble E X E. Les relations don- sont réflexives, antisymétriques et tran-
nées ci-dessus sont réflexives dans les sitives ; ces relations sont très impor-
exemples (l), (4), (5) (6) non réflexives tantes, mais nous ne les étudierons pas
dans l’exemple (3). ici, et nous renvoyons à l’article ensem-
Une relation sur E est dite symt;trique bles ORDONNÉS. Les relations d’équiva-
si, toutes les fois que la relation est vraie lence sont celles qui, comme dans I’exem-
pour un couple (.Y, y), elle est aussi vraie ple (6), sont réflexives, symétriques et
pour le couple (y, .Y). Ainsi les relations des transitives (cf. infra, Relutions dëquiva-
lencek
exemples (l), (3) (5). (6) sont symétriques,
celle de l’exemple (4) ne l’est pas. À
Applications d’un ensemble
l’opposé, une relation est dite antisymgtri-
dans un autre
que si on a nécessairement .Y = y quand la
relation est vraie à la fois pour le couple (-Y, Définitions
.Y) et pour le couple @, s) ; c’est le cas On revient à la situation générale de deux
de (4). ensembles E et F et d’une relation de
Une relation sur E est dite transitive si. source E et de but F.
toutes les fois que la relation est vraie pour Nous dirons qu’une relation de
des couples (.Y, J) et (J, z), elle est aussi source E et de but F est une application de
vraie pour le couple (.Y, 2). Ainsi, les E dans F si, pour tout élément x E E, il
relations des exemples (l), (4), (6) sont existe un unique élément J E F tel que la
transitives, celles des exemples (3) et (5) ne relation soit vraie pour (.x, y). Ainsi à tout
le sont pas : ainsi, dans l’exemple (3), la élément ,Y E E correspond un unique élé-
relation est vraie pour les couples (1, 2) ment y E F appelé l’image de ,Y par
312
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES
313
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES
314
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES
u=f(v),vEEov=f-‘(u),uEF.
315
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES
qui est un entier relatif quelconque, et de Puisque les classes d’équivalence sont
son dénominateur, qui est un entier relatif des sous-ensembles de E, l’ensemble de ces
non nul, c’est-a-dire qu’elle équivaut à la classes d’équivalence est un sous-ensemble
donnée du couple (p, q),p E Z et q E Z*= de l’ensemble :F (E) des parties de E ; on
Z ~ {O}. Dans ce qui suit, nous identifie- appelle ensemble quotient de E par la rela-
rons donc l’ensemble des fractions à tion d’équivalence considérée ce sous-
l’ensemble produit Z X Z * . Sur cet ensemble de T (E), qui admet pour
ensemble, la relation : éléments les classes d’équivalence. Remar-
@? 4) - @‘> 4’) Q P4’ = P’4
quons que l’ensemble quotient est une
partition de l’ensemble E : les classes d’équi-
(le produit des G extrêmes » est égal au valence sont toutes non vides, et tout élé-
produit des <( moyens ») est une relation ment de E appartient à une classe d’équi-
d’équivalence. valence et une seule, la sienne (et celle de
(4) Sur l’ensemble des droites du plan, tous les éléments qui lui sont équivalents).
la relation D//D’, qui exprime que les
Réciproquement, si 9 C S(E) est une par-
droites D et D’ sont parallèles ou confon-
tition, on peut lui associer la relation
dues, est une relation d’équivalence.
d’équivalence : (( x et y appartiennent au
(5) Sur l’ensemble des N vecteurs )) du
même sous-ensemble de la partition )) ;
plan, c’est-à-dire des couples de points du
bien entendu, on retrouve comme ensem-
plan (origine, extrémité), la relation d’équi-
ble quotient par cette relation d’équiva-
pollence N s-- ???Si les segments AD et
lence la partition initiale, la classe d’un
BC ont même milieu » est une relation
élément étant ici l’unique ensemble de la
d’équivalence.
partition auquel il appartient.
Reprenons, avec ces nouvelles notions,
Ensemble quotient
les exemples que l’on vient de donner.
Soit E un ensemble muni d’une relation
Dans l’exemple (1) on a :
d’équivalence. Pour tout élément x E E,
on appelle classe d’équivalence d e x c, = Cd = 11,41, c, = c, = {2,51, c, = (3) ;
l’ensemble, noté C, ou X, des éléments de
ainsi l’ensemble quotient contient trois
E qui sont équivalents à s; c’est le
éléments,quisont{1,4},{2,5}et{3}.Les
sous-ensemble de E :
exemples (3) à (5) montrent comment une
C, = fyEE;y-x} relation d’équivalence permet de dé’nir de
qui est toujours non vide, car il contient x nouveaux objets mathématiques. Dans (3),
(réflexivité). toutes les fractions équivalentes entre elles
Remarquons que tous les éléments correspondent au même nombre ration-
d’une même classe d’équivalcncc s o n t nel ; par d+zition, on appellera nombre
équivalents entre eux et que deux éléments rationnel tout élément de l’ensemble quo-
équivalents ont des classes égales (symétrie tient : on a ici une construction mathéma-
et transitivité de la relation d’équivalence). tique rigoureuse des nombres rationnels à
Il en résulte que si deux éléments s et y ne partir des entiers relatifs. Les exemples (4)
sont pas équivalents, leurs classes d’équi- et (5) permettraient de définir mathéma-
valence sont disjointes, c’est-à-dire n’ont tiquement les notions de direction de
pas d’élément commun. droite et de vecteur libre respectivement.
316
ÉQ UATIONS A~GÉBRICJUES
317
EQUATIONS AtGÉBmuEs
Par analogie avec le cas des équations et, pour la quantité de farine contenue
de degré inférieur ou égal à 4, les algé- dans un pain, 3 boisseaux et demi divisés
bristes pensèrent que toute solution d’une par 80, ou 1 120 ros divisés par 80,
équation pouvait s’exprimer par des radi- donnent 1132 de boisseau et 4 ros.
caux portant sur les coefficients de l’équa- C’est un problème très élémentaire du
tion. Par un hasard de l’histoire des type ax = b ou a = by. Toute la difficulté
sciences, les tentatives pour établir cette provient, au point de vue concret, du choix
conjecture, pourtant mathématiquement des unités de mesure et de leurs subdivi-
saugrenue, allaient conduire à dégager les sions, et, au point de vue abstrait, du calcul
premières structures abstraites et être à égyptien des fractions. Dans ce calcul, la
l’origine de l’algèbre moderne (cf. AL&- notion de fraction générale n’est pas
BRE). encore dégagée, ou, en langage actuel,
l’ensemble Q+ n’est pas mis en évidence.
À part la fraction 2/3, l’Égyptien ne calcule
que par quantièmes ou fractions de numé-
rateur 1. Ces errements se prolongeront
très longtemps dans les littératures mathé-
matiques grecque (collection héronienne),
1. Équations affines
byzantine et occidentale.
On étudiera en premier lieu le développe-
ment historique des systèmes d’équations Deuxième exemple
affines.
On peut trouver en Égypte des problèmes
plus savants que le précédent, qui se
Premier exemple ramènent au même type d’équation. Pre-
Problème 69 du Pupyus Rhind (Égypte), nons cependant, dans la mathématique
vers 1700 avant notre ère : « Trois bois- babylonienne, un deuxième exemple à peu
seaux et demi de farine sont transfor- près contemporain du précédent
més en 80 pains. Dis-moi combien chaque (E. Bruins et M. Rutten, Textes mathéma-
pain contient de farine et quelle est leur tiques de Suse) : <( Un quart de la largeur,
force. )) ajoute à la longueur : 7 mains... à lO... 10
Rappelons que le boisseau (hequt) c’est la somme. Largeur ? )) En désignant
mesure environ 4,5 litres. Il est divisé en la longueur par x, la largeur par y, on
lj2, 1/4, l/S, 1/16, 1/32, 1/64 de boisseau obtient le système x + y/4 = 7 ;
et contient 320 <( ros )) (ou parties). La x + y = 10. Voici la solution donnée dans
N force » d’un pain est la quantité de la tablette : (( Porte 7 à 4 du N quart )) : 28
pains que peut fournir un boisseau de tu trouves ; tu soustrais 10 de 28 : 18 tu
farine. Si x est cette force et si y est la trouves. Dénoue l’inverse de 3 : 20 tu
quantité de farine contenue dans un pain, trouves ; porte 20 à 18 : 6 tu trouves : 6 la
x et y sont avec les mêmes unités - longueur ; tu soustrais 6 de 10 : 4, la
inverses l’un de l’autre. Le texte donne largeur.. »
pour la force : Ce système de deux équations à deux
inconnues est résolu suivant un procédé
encore utilisé dans notre enseignement
318
ÉQUATIONS A L G ÉB R I Q U E S
Troisième exemple
La littérature chinoise offre, dans le même
ordre d’idées, des exemples ultérieurs, Triplant la nouvelle colonne de gauche
parmi lesquels le suivant, extrait de Neuf et lui ajoutant la colonne centrale, il obtient
Chapitres sur l’art du cal&, ouvrage qui se la disposition :
situe dans les deux derniers siècles avant
notre ère. G Les poids de deux gerbes d’une
récolte A, de trois gerbes d’une récolte B,
m
Ii&
3 - 1
de quatre gerbes d’une récolte C sont
23 -1
supérieurs à une unité de poids. Deux
10 1 1
gerbes A valent, en sus de l’unité, une
gerbe B. Trois gerbes B valent, en sus de On voit ainsi que 23 z = 10, et z =
l’unité, une gerbe C, et quatre gerbes C, 10/23, puis 3 y - 10/23 = 1, d’où J’ =
une gerbe A. Quel est le poids d’une gerbe 11/23, et 2 X- 11/23 = 1, d’oùx= 17/23.
de chaque récolte ? » Cette solution, très remarquable, néces-
Le système d’équations à résoudre peut site que tous les coefficients dans les
s’écrire : équations soient des nombres entiers. Elle
2x=1+y;3y=1+2;4z=1+x; implique la connaissance des nombres
ou : négatifs. L’ouvrage d’où elle est extraite
2x-y=1;3y-z=1;42-x=1. donne d’ailleurs les règles des signes pour
les deux opérations fondamentales. Enfin
Le calculateur chinois dispose sur un le calculateur tilise les fractions dans leur
échiquier trois colonnes qui vont repré- généralité. En résumé, les mathématiciens
senter les trois équations. Sur la pre- chinois travaillaient, pour les systèmes
mière à droite, il place en première ligne d’équations affines, sur le corps Q des
deux bâtonnets de couleur (2u), en deu- nombres rationnels.
xième ligne un bâtonnet noir (-y), en
quatrième ligne un bâtonnet de couleur : Simple et double fausses positions
On trouve, dans Neuf Chapitres sur l’art du
1 unité.
calcul, nettement expliquées, les deux
règles de la fausse position simple, et de la
LaFi
- 1 2
double fausse position : lorsqu’un pro-
3 - 1
-- blème conduit pour nous à une équation
4 -1 ’ ax = 6, le calculateur, qui ne dispose pas
1 1 1 du calcul littéral, est souvent très gêné pour
trouver le coefficient a. S’il connaît le
Il procède de façon analogue pour les terme b, il effectue, sur une (< fausse
autres colonnes. Doublant la colonne de position » ,v, mise à la place de l’inconnue
319
ÉQ U A T I O N S m&vmuEs
.Y, tous les calculs proposés dans le pro- autres, s’intéressent particulièrement aux
blème. Il obtient ainsi une valeur b, telle systèmes d’équations affines. Le premier
que U-Y” = b,. Il ne lui reste plus qu’à de ces deux algébristes utilise parfois une
résoudre la <( proportion )) : inconnue privilégiée, la cosa, et parfois
même une seconde, la quantitu. Cela lui
x
-=-b b
0,X=x,X-. permet la résolution de systèmes à plu-
xo bo bo
sieurs inconnues.
Dans d’autres cas plus compliqués, il lui Chuquet note l’inconnue 1’ et résout à
est difficile de calculer les deux coefficients notre façon les problèmes affines à une
u et b. Une première position -Y” donne seule inconnue. Pour les problèmes à
UX” - b = r, )r,, est l’erreur. Une seconde plusieurs inconnues, en plus des méthodes
position .Y, donne a.~, - h = r, ; r, est une traditionnelles, il lui arrive d’introduire
seconde erreur. Les facteurs a et h ne sont soit une, soit deux inconnues privilé-
pas connus, mais les quatre nombres .x0, x,, giées notées alors respectivement 1’ et 1’.
ro, r1 le sont. D’autre part, Chuquet utilise habile-
Le calcul de .Y se fait alors par annula- ment les nombres négatifs. Il rejoint en
tion du déterminant : cela les algébristes chinois et indiens,
dépassant de beaucoup les quelques essais
timides des savants occidentaux en la
matière. Il faut cependant citer, parmi ses
précurseurs en ce domaine, Léonard de
c’est-à-dire que : Pise (xms siècle).
En cette fin du XV siècle toutefois, la
distinction entre systèmes déterminés et
indéterminés n’est pas claire. En particu-
Bien attestées dans l’ancienne mathé-
lier, on ne voit pas précisément si le
matique chinoise, les règles de fausse
problème doit, pour être possible et déter-
position sont connues des Arabes et de
miné, contenir plus, autant ou moins
l’Occident sous le nom d’al-khatayn (la
d’équations que d’inconnues.
chinoise). Elles existent toujours : c’est
Le XVF siècle apporte des progrès
l’interpolation linéaire.
appréciables. L’Allemand Michael Stifel
Indiquons enfin que les systèmes
(1487-1567) note en 1544 l’inconnue d’un
d’équations affines se rencontrent dans la
signe particulier analogue à r, mais,
littérature grecque, principalement chez
lorsqu’il se présente d’autres inconnues, il
Diophante d’Alexandrie (III~ siècle env.).
les désigne par les premières lettres de
Ce n’est d’ailleurs qu’un aspect mineur de
l’alphabet A, B, etc. Les données sont bien
l’œuvre du grand algébriste. Diophante ne
entendu numériques (appartenant à Q’).
procède pas par fausses positions. Il utilise
II est imité, en France, par Jacques Peletier
une inconnue, pour laquelle il dispose
(1517-1582) dans son Algèbre, de 1554.
d’une notation et d’une dénomination.
Jean Borrel, ou Buteo (1492-1572), est plus
net encore en 1559. Soit à résoudre le
tes algébristes de la Renaissance problème : (( Étant donné une somme
Au XV siècle, l’Italien Pacioli (1494) et le quelconque, trouver trois nombres dont le
Français Nicolas Chuquet (1484). entre premier avec la moitié, le second avec le
320
ÉQUATIONS ALGÉBRIQUES
lA,;B,;C[17;
remonte, comme celles des équations affi-
nes, à des époques très reculées. La mathé-
1 B, ; A, f C [17 ;
matique égyptienne n’a pratiquement rien
lC,;A,;B[l7; découvert en ce domaine. Au contraire,
l’on doit beaucoup, l’essentiel même, aux
d’où :
Babyloniens.
2A.lB.lC[34;
lA.3B.lC[51;
1 A. 1 B .4 C [68. Premier exemple
321
ÉQUATIONS ALGÉBRIQUES
322
ÉQ UATIONS AtGÉmmuEs
323
Si CI est une racine, alors P(x) est sommes des puissances des racines en
divisible par .Y ~ a et l’on peut écrire : fonction des coefficients :
cients du polynôme P(x) par des fonctions L’étude des fonctions symétriques des
symétriques rationnelles entières des raci- racines se développe considérablement au
nes. xvnF siècle avec Waring, au xrxe avec
Exemple du second degré : Cauchy, etc.
.Y=---px+q=o,
Ces belles relations ne sont évidemment
établies, chez Viète, que lorsque toutes les
de racines (I et h : alors : racines sont positives, et, pour tout algé-
(X---a)(x-b)~x~-pX +q;
briste, que si elles existent. Tout dépend du
p=(a+b);q=ab. sens donné au mot «existence ». Pour
Jean de Beaugrand par exemple, vers
Exemple du troisième degré : 1638, exister est synonyme d’« appartenir
à l’ensemble R des réels )). Pour Girard, on
x3--pxz+qx-r=o,
peut admettre des « solutions impossi-
de racines LI, h, c; bles 1) pour la « certitude de la règle
générale et pour son utilité )). Pour Des-
(x-a)(x-b)(x-c)=x’--px2+qx-r;
cartes, en 1637, (< les racines ne sont pas
p=a+b+c;q=ab+acfbc;r=abc.
toujours réelles, mais quelquefois seule-
Exemple du cinquième degré : ment imaginaires, c’est-à-dire qu’on peut
bien toujours en imaginer autant que j’ai
x5-px* + qx3--rx2 + s-t = 0,
dit en chaque équation, mais qu’il n’y a
de racines a, h, c, d, e ; quelquefois aucune quantité qui corres-
ponde à celle qu’on imagine )). Il semble
p=a+b+c+d+e, bien que ce soit Peter Roth de Nuremberg
q = ab + ac + ad + ae
qui ait, le premier, en 1608, énoncé cet
+ bc + bd + be + cd + ce + de,
aphorisme hardi : « Une équation a autant
r = abc + abd + abe + acd + ace + ade
+ bcd + bce + bde + cde, de racines qu’il y a d’unités dans son
s = abcd + abce + abde + acde + bcde, degré. » Cette conclusion est une consé-
t = abcde. quence des principes énoncés par Bom-
belli. sans leur être identique. Cet algé-
Ces relations apparaissent déja chez briste italien introduit m, qu’il adjoint
Viète, dans le seul cas où toutes les racines aux nombres réels, créant ainsi le corps C
sont positives, mais c’est Harriot, en 1630, des nombres complexes. Il peut alors
dans ses œuvres posthumes, et surtout retrouver les racines réelles de l’équation
Albert Girard, en 1629, qui leur donnent cubique dans le cas dit (( irréductible )).
toute leur extension. Girard, d’autre part Roth, suivi par Girard et Descartes, puis
et il sera suivi par Newton exprime les par la grande majorité des mathémati-
324
ÉQUATIONS ALGÉBRIQUES
325
ÉQUATIONS ALGÉBRIQUES
326
ÉQUATIONS ALGÉBRIQUES
327
É Q U AT I O N S ALGÉBRIQUES
résoluble par radicaux si son degré est un corps de ses coefficients, ce problème n’est
nombre premier, et que, s’il n’est pas pas résoluble à la règle et au compas. Ainsi
premier, sa résolution dépend d’équations se trouve justifiée la distinction grecque
de degrés moindres que le sien. entre les « problèmes solides », comme
Abel, dans son étude de l’équation du ceux de la duplication du cube et de la
cinquième degré, se servait du fait que les trisection de l’angle, et les « problèmes
quantités successives dont il faudrait, dans plans », traitables à la règle et au compas.
cette résolution, extraire les racines
JEAN ITARD
n-ièmes doivent s’exprimer rationnelle-
ment en fonction des racines cherchées. Ce
point présente des difficultés. Galois (18 1 l- Bibliographie
1832) procède par une démarche diffé- N. BOURBAKI, Éléments d’histoire des mathémuti-
ques, Masson, 1984 / E. M. BRU~S & M. RUTTEN,
rente (1830). En appelant groupe d’une T e x t e s muth&~utiques de Suse, Paris, 1961 /
équation, sur un corps donné, le groupe E. DEHN, Algebric Equations. An Inlroduction ta rhe
des permutations de ses racines qui laissent Theories of’lagrange and Galois, repr. Dover Publ.,
inchangées les expressions polynomiales New York, 1960 / P. DREDON 81 J. ~TARD, Mathl-
matiques et mathématiciens, Magnard, nouv. éd.,
des racines dont la valeur appartient a ce 1980 / J.-C. MARTZLOFF, Histoire des mathémariques
corps, il montre que, dans une résolution chinoises, Masson, 1987 / C. MLJTAFIAN, Équutions
par radicaux, et dans les réductions suc- a&briques et thlorie de Gulois. Vuibert, Paris,
1980 / J.-A. SERRET, Cours dirlgèbre supérieure,
cessives que subit, au cours des calculs, le
2 vol., repr. 1866, J. Gabay, 4’ éd. 1992 /J. TROPFKE,
groupe de l’équation, chaque nouveau Gexhichte der Elrmeniurmafhematik, 4’ éd., vol. 1 :
groupe est un sous-groupe invariant du Arithmetik und Algehra, de Gruyter, Berlin-New
précédent. Or, le groupe des substitutions York, 1980 / B. L. VAN DER WAERDEN, A History of
Algebra, Springer-Verlag. New York, 1990 / Science
de cinq lettres n’a pas de sous-groupe Awakening, vol. 1 : &Jptian, Babylonian und Greek
invariant. Donc la résolution algébrique de Mathematic~, repr. 1954, Scholar’s Bookshelf, Prin-
l’équation générale du cinquième degré est ceton Junction (N. J.), 1988 / F. VIETE, A. GIRARD
& F. DE BEALJNE, The Early Theory of Equations : on
impossible. De plus, sa méthode lui permit
their Nature and Constitution, Golden Hind Press,
(183 1) de montrer que, pour qU’Une équa- Fairfield (conn,). ,986,
tion irréductible de degré premier soit
soluble par radicaux, il faut et il suffit que,
deux quelconques des racines étant don-
É Q U A T I O N S A u x DÉRIVÉES
nées, les autres s’en déduisent rationnelle-
ment.
À un point de vue plus élémentaire, PARTIELLES - DÉRIVÉES
mais historiquement très important, signa-
lons le mémoire du mathématicien français
PARTIELLES ÉQUATIONS AUX
Pierre Laurent Wantzel (18 14-1848) :
C Recherches sur les moyens de reconnaître
si un probl&ne de géométrie peut se résou-
dre par la règle et le compas » (1837).
Wantzel y montre pour la première fois, ÉQUATIONS
d’une façon irréfutable, que, si un pro- DIFFÉRENTIELLES
blème de géométrie conduit a une équation
de troisième degré, indécomposable sur le
- DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS
328
ERGODIQUE THÉORIE
ÉQ U A TIO N S INTÉGRALES
--+ INTÉGRALES ÉQUATIONS 1. Le modèle de Poincaré
et l’hypothèse ergodique
329
ERGODIQUE THÉORIE
330
ERGODIQUE THÉORIE
331
ERGODIQUE THÉORIE
Il n’est pas question de donner ici les deux sous-espaces fermés et orthogonaux 2
démonstrations de ces théorèmes, mais il et R tels que tout f E L* s’écrive d’une
est utile d’ajouter quelques indications sur seule manière : f = g + h, avec g E J et
ces preuves pour montrer en particulier les /r E 32, où 3 est le sous-espace des inva-
liens existant entre la théorie ergodique et riants (g E 3 tl g = Tg) et X est l’adhé-
l’analyse fonctionnelle. rence du sous-espace image de 1 -T.
Dans ces théorèmes intervient une On ne dira rien de la preuve donnée par
transformation agissant non pas sur les Birkhoff de son théorème, mais on don-
points de 0 mais plutôt sur les fonctions nera une indication sur la démonstration
définies sur 0. Il s’agit de l’application : proposée par Yosida et Kakutani. Elle est
fondée sur le lemme suivant, nommé par
f-Tf=fo&
ces auteurs « théorème ergodique maxi-
Pour éviter des difficultés techniques, mal )).
on ne distinguera pas des fonctions égales Soit fE L’ et E l’ensemble des o pour
presque partout ; et, d’ailleurs, l’hypothèse
d’invariance de la mesure entraîne que, si ”
lesquels l’une au moins des sommes :
If1 dm = 0,
c
k=O
f Wo)
332
ERGODIQUE THÉORIE
où les u, sont des entiers compris entre 0 ou encore, en désignant par 1, la fonction
et 9. Posons alors : caractéristique de l’ensemble A,
00 = O,a,a,a,...,
lim 1
m(8-'AnB)
f(Wo) = $ (p. p.).
.-mn c m (B)
k=O
Ce résultat, découvert par É. Borel, converge vers m(A). Cela est, bien
exprime que, pour presque tout réel x, cntcndu, rcalisc a fortiori si :
chaque chiffre admet dans la suite des lim m(B-"AnB)
décimales du nombre x la même fréquence = m (A),
*-" m P)
limite l/lO.
condition qui exprime qu’après un temps
assez long toute partie telle que A contient la
même proportion de gin et de vermouth qui
3. Propriétés de mélange se trouvent ainsi parfaitement mélangés.
On pose alors les définitions suivantes :
Revenons au modèle de Poincaré et sup- - La transformation 8 est dite fortement
posons que le liquide enfermé dans le mélungeante si, pour tout couple de parties
récipient Sz soit, suivant une image de
mesurables A et B de 0, on a :
Halmos, un mélange de vermouth et de gin
dans les proportions de 9/ 10 de gin et l/ 10 Iim m (e-"AfTB) = m(A)m(B).
n-m
de vermouth. Le récipient 0 est un shaker
que l’on agite pour confectionner un La transformation 8 est dite faiblement
cocktail. Chaque mouvement d’agitation rnéhgeante si, pour tout couple de parties
du shaker s’effectue aux instants 1,2, . . . . n, mesurables A et B de Q, on a :
. . . Si B est la partie de 0 occupée n-1
333
ERGODIQUE THÉORIE
e-kn=wkm<tin
4. Systèmes dynamiques
est une autre partition de 0 et l’invariance
On ne donnera pas de définition générale de la mesure entraîne que :
et on se limitera aux systèmes (0, n?, 0) H(8Wn) = H(II).
(5)
ayant les propriétés énoncées au début du
paragraphe 2. On appelle un tel triplet La fonction x est concave et l’on en
S = (0, m, 8) un système dynamique. Soit déduit, pour deux partitions P et P’, que :
S = (CY, 11z’, 0’) un autre système dynami-
(6) H(II V II’) < H(II) + H(T),
que. On dira que S’ est image homomor-
phe de S s’il existe une injection mesurable en notant 11 V II’ la partition engendrée
cp:O + a’ telle que ‘p 0 0 = 8’ 0 ‘p et m’ par II et II’. Les propriétés (5) et (6)
= (C)(M). Si cp est bijective et si chacun des permettent de prouver l’existence de la
systèmes S et S’ est image homomorphe de limite :
l’autre par ‘p et ‘p-l, S et S’ sont dits
spatialement isomorphes. Cela étant, on H(II) = l i m kH(11 V e-III V V Pk+‘II),
k-a
peut poser la question suivante : Deux
systèmes dynamiques donnés sont-ils iso- et aussi l’inégalité :
morphes ? Pour y répondre, il est bon de
ii(H) < H@I).
rechercher les invariants d’un système
dynamique S, c’est-i-dire les objets atta- On pose alors :
chés à S qui ne varient pas dans un
isomorphisme spatial. Dans le chapitre 2, fi = surp H(H),
on a associé à la transformation 8 un
opérateur unitaire T dans L1(m). Il est la borne supérieure étant prise sur l’ensem-
alors facile de vérifier que les valeurs ble des partitions mesurables finies TI dc 0.
propres de T sont des invariants de S. Le nombre fi (éventuellement + CU) est
Un autre invariant fondamental des l’entropie du système S. Ajoutons que
systèmes dynamiques est l’entropie ou cette notion est très voisine de celle qui est
invariant de Kolmogoroff-Sinaï qui peut se utilisée par Boltzmann dans la théorie
définir de la façon suivante : Désignons par cinétique des gaz et qu’elle a été l’objet de
x la fonction réelle continue et positive sur profonds et difficiles travaux de Sinaï qui,
[0, 11, telle que x(.x) = -x log x, pour par là. a fait un pas important vers la
334
ERGODIQUE THÉORIE
335
ERGODIQUE THÉORIE
s Tf.gdm =
s
f.‘Tgdm ;
Bibliographie
P . B~LLINGSLEY, Ergodic Theor~ and I~forrnarion.
Krieger Pub]., New York, 1978 ) N. A. FRIEDMAM
Introduction to Ergodic Theory, Van Nostrand, New
York. 1970 / U. KRENGEL & A. BRUNEL, Ergodic
Tlwrems, with u Supplement on Harris Processes, ESPACES VECTORIELS
De Gruyter. Hawthborne (N. Y.), 1985 /
P. A. MEYER, (~Théorie ergodique et potentiels », in TOPOLOGIQUES
A~I. 1n.u. Fourier, t. XV, fasc. 1, 1965 / K. PETERSEN,
Eyydic Tllror~, Cambridge Univ. Press, 2’ éd.
- TOPOLOGIQUES ESPACES
1990 / D. REVLIZ, Mark~~~ Chaires. North-Holland. VECTORIELS
Amsterdam, rééd. 199 1.
336
EXPONENTIELLE & LOGARITHME
?+
P our les constructeurs des premières
tables, les logarithmes étaient avant
tout un outil de calcul numérique ; mais
leur importance n’a cessé de croître. De 1. Résultats préliminaires
nos jours, les logarithmes et les exponen-
tielles interviennent dans tous les domaines Soit R le groupe additif des nombres
réels ; les nombres réels strictement posi-
de l’activité humaine, qu’il s’agisse de
tifs forment un groupe pour la multipli-
physique, de médecine, de sciences humai-
cation que nous noterons RT. On se
nes... C’est le cas de tout phénomène
propose ici de décrire tous les homomor-
naturel dans lequel deux mesures x et y
phismes continus de ces groupes entre
sont telles que le taux de variation Ay/Aw
eux. Ainsi, les fonctions logarithmes, les
de y est proportionnel à y ; la quantité y
fonctions exponentielles et les fonctions
dépend alors exponentiellement de x, car
puissances sont des applications continues
on a y’ = ky. Mais les exponentielles
s’introduisent aussi dans de nombreux .L x> h 1
autres cas ; c’est ainsi que les lois de f:R:-R,g:R-RT, h:R:+R:,
Laplace-Gauss ou de Poisson sont des
qui vérifient respectivement les relations
techniques de base de la statistique.
fonctionnelles :
En tant que fonctions nouvelles, les
transcendantes élémentaires (logarithmes, f(v) =I-(x) +fCvX g(x +.Y) =&)go>),
exponentielles et fonctions trigonométri- h Cv) = h (XV 01%
ques) se sont introduites d’une façon
Montrons pour commencer que les
naturelle au cours du xvne siècle, à partir
seuls homomorphismes continus du
de considérations cinématiques tout
groupe additif R dans lui-même sont les
d’abord (étude de la cycloïde par exemple).
homothéties. Soit donc :
Avec les débuts du calcul infinitésimal, ces
fonctions acquièrent une grande impor- u :R+R
337
EXPONENTIELLE & LOGARITHME
338
EXPONENTIELLE & LOGARITHME
2. Logarithmes
Établissons dès maintenant la propriété
Définition fondamentale du logarithme népérien :
c’est un homomorphisme (en fait, comme
Il n’existe pas de fonction rationnelle
on le verra ci-dessous, un isomorphisme) du
admettant pour dérivée 1/.x ; pourtant,
groupe multiplicatif R* dans le groupe
cette fonction est définie et continue pour
additif R. Soit y un nombre réel positif; la
x > 0, et, par SUite (Cf. CALCUL INFINITÉ-
fonction f (-u) = In .~y a la même dérivée
SIMAL Calcul a une variable, chap. 5) elle
que la fonction In x :
admet des primitives dans cet intervalle.
Ces primitives constituent donc de N nou- f’(x) =y.L’(xy) “)$ =;,
velles )) fonctions dont nous allons étudier
les propriétés. Elles diffèrent toutes entre et, par suite, ces deux fonctions diffèrent
elles d’une constante, et il suffit d’en d’une constante, soit :
examiner une.
lnxy = l n x + k;
On appelle logurithme népérien ou natu-
rel la primitive de 1/x dans 10, m[ qui faisant s = 1, on a k = In y, d’où la
s’annule pour x = 1, soit : relation fonctionnelle :
339
EXPONENTIELLE & LOGARITHME
( 3 ) lnx”=lnG5=hnXP I<L,
9 t‘v5
=Plnx =alnx.
4 d’où, pour x 2 1,
D’autre part, si .X et y sont des nombres
positifs quelconques, on a y@/~) = X,
d’où :
ainsi : In X/X < 2/C, ce qui entraîne
(4) bien :
1n;= In x - l n y .
Comportement et graphe
La fonction logarithme népérien est stric- fig. 2
In2~=nln2;
340
EXPONENTIELLE & LOGARITHME
-r
x
( 9 ) I n ( 1 +x)=x-x2/2+x4/3-...
+ (- l)~+‘x”/n + . . . .
L-1
valable pour 1 x / < 1, qui s’obtient en
intégrant terme à terme la série géométri-
que :
;/l
u = Logx -f Ix)
<p
1 -x +x2-x’ + ,., + (- 1)“X” + . . .
est un homomorphisme continu du groupe
dont la somme est égale à la dérivée additif R dans lui-même et est donc
l/(l +x) de In(1 +x). (cf. chap. 1) de la forme <p (u) = ku, où u
C’est à partir de cette série que l’on peut est une constante. Ainsi f(x) = k In x,
calculer les valeurs numériques des loga- c’est-à-dire quef’est un multiple scalaire du
rithmes. En définitive, le logarithme népé- logarithme népérien.
rien L : R’: + R est continu, strictement Soitf = k L un tel logarithme ; il existe
croissant et tend vers - M et + 00 pour x un unique nombre CI > 0, défini par In
tendant vers 0 (par valeurs supérieures) et a = l/k, tel que,f(a) = 1. On dit que c’est
vers + 00 respectivement ; d’après le théo- la hase de la fonction logarithme f et on
rème d’inversion (cf. chap. 1) c’est donc note :
une bijection, c’est-à-dire un isomorphisme
(continu) du groupe multiplicatif des nom- f(x) = loge x ;
bres réels positifs sur le groupe additif de avec cette définition, le logarithme népé-
tous les nombres réels. La bijection réci- rien est de base e. On a des formules de
proque est un isomorphisme du groupe R changement de base du type :
sur le groupe RT : c’est la fonction
exponentielle que nous examinerons dans (10) log,x =z 2
le chapitre suivant. En particulier. il existe
un unique nombre réel positif dont le Pour les calculs pratiques, on utilise des
logarithme népérien est égal à 1 ; c’est le tables de logarithmes décimaux, de base
célèbre nombre e, dont la transcendance a a = 10 ; le passage d’un système à l’autre
été établie par C. Hermite en 1873. s’effectue au moyen des formules :
341
EXPONENTIELLE & LOGARITHME
de la suite des entiers et de la suite des du XVII~ siècle et sont intimement liées à la
puissances correspondantes d’un nombre création et au développement du calcul
a: infinitésimal.
1, 2, 3, . . . . n
a, a2, a3, . ..> CI”,
3. Exponentielles réelles
déjà étudiée par Archimède dans son traité
de 1’Arénuire ; dans le Triparty en la science On va maintenant définir la fonction
des nombres (1484) Nicolas Chuquet exponentielle comme fonction réciproque
remarqua que, si on fait correspondre les du logarithme népérien.
termes de même rang, à la somme de deux
nombres de la progression arithmétique La fonction exponentielle
correspond le produit des nombres de la
On appelle fonction exponentielle l’isomor-
progression géométrique. Cette correspon-
phisme E : R + RT, réciproque du loga-
dance fut étendue aux exposants négatifs et
rithme népérien ; ainsi, pour tout nombre
fractionnaires par Michael Stifel (1544),
réel x, E(x) = exp x est l’unique nombre
mais la notion de logarithme ne se déve- réel > 0 dont le logarithme népérien est
loppa vraiment qu’au début du XVII~ siècle,
égal à ‘c, soit :
lorsque l’Écossais John Napier, ou Neper
(Mirijki logarithmorum cunonis descriptio, ( 1 1 ) y=expxox=lny, y>o;
Édimbourg, 1614), puis le Suisse Joost
cela entraîne aussi, par composition de L
Bürgi (Aritmetische und geometrische Pro-
et E que, pour tout x E R et pour tout
gresstabulen, Prague, 1620) eurent l’idée
yERT, on a:
d’introduire des nombres intercalaires en
quantité suffisante et construisirent des (12) exp (In y) = y, In (expx) = x.
tables permettant de passer d’une progres-
Puisque la fonction logarithme népé-
sion à l’autre. Neper a rendu (< continue »
rien est strictement croissante et dérivable
la correspondance entre les deux progres-
de dérivée toujours non nulle, il en est de
sions en utilisant une image cinématique ;
même de la fonction exponentielle ; son
il les supposa engendrées l’une et l’autre
graphe est le symétrique du graphe de L
par mouvement continu ((< par fluxion ») : par rapport à la première bissectrice
deux points mobiles se déplacent le long
d’équation y = x (fig. 3).
d’une droite à partir d’une même position
La dérivée en x de la fonction expo-
initiale, l’un M avec une vitesse uniforme, nentielle est l’inverse de la dérivée de la
l’autre N avec une vitesse proportionnelle fonction logarithme népérien au point
à son abscisse ; le logarithme de l’abscisse y = exp x soit :
de N est alors par définition l’abscisse de
M. 1
(13) E’(x) = L’o>) = y = E(x).
Les premières tables de logarithmes
décimaux sont dues à Henry Briggs (Arith-
Plus précisément, la fonction exponentielle
meticu logarithmicu, 1624) qui fait des
est l’unique solution sur R du problème de
logarithmes un moyen de calcul numérique
Cauchy :
pratique. Les fonctions logarithme et expo-
nentielle s’introduisent en analyse au cours (13’) Y’ =y. Y(O) = 1;
342
EXPONENTIELLE & LOGARITHME
x ”
expx = exp- ;
( ” 1
puisque :
qui, pour tout .Y, tend vers 0 lorsque n tend pour n tendant vers l’infini.
vers l’infini. En effet, pour tout x, la suite Une valeur approchée de e, à 10mIJ
up = .xp/p ! vérifie u,+,/u, = X/(~I + l), près, est :
qui est inférieur à lj2 en valeur absolue
2,718 281 828 459 045 235 360 287.
pour p assez grand, disons p > P; pour
p > P, on a donc / u,,+, / < (1/2)p p, ce qui Si n est un entier relatif, on a E(n) = e”,
montre que la suite u,, tend vers 0 pour p puisque In e” = n In e = n. Plus généra-
tendant vers + 00. Ainsi, E( X) est, pour tout lement, si x = p/q, q > 0, est un nombre
x E R, la somme de sa série de Taylor, soit : rationnel, on a :
343
EXPONENTIELLE & LOGARITHME
344
E X P O N E N T I E L L E 8, L O G A R I T H M E
1
(hshx) = -’
(Argthx)‘=&.
aveclxl < 1 :
chx=l+
x2 x* xzn
5 + z + “’ + (2n)! + ,.,J x E R
x3 xl”+1
s h x = x + r + + (2n + 1) ! + ...yx E R;
xZn+l
Graphes des fonctions hyperboliques Argthx=x+y+$+...+p
2n + 1 + “”
-l<x<+l.
On obtient elV- 2.wJ - 1 = 0, en
remplaçant sh y par son expression
exponentielle dans .Y = sh y ; d’où Fonction exponentielle de base a
e-“ = x + vx- + 1 , puisque e’ > 0. Soit a un nombre réel strictement positif.
Ainsi, Arg shx s’exprime au moyen Pour s rationnel, on a lna’ = Y In a (avec
du logarithme népérien par la for- la convention des exposants fraction-
mule : naires ; cf. supra. chap. 1) ; d’où, d’après
(12):
kgshx = I~(X + w);
(18) (IX = plno,
par des raisonnements analogues, on
Désirant étendre cette notation, nous
aurait :
prendrons l’expression (18) comme &$-
Arg chx = I~(X + V?=i), nition de CI? pour tout x réel ; la fonction E,,
définie par E,(x) = a” s’appelle la fonction
Argthx =+II~
exponentielle de base u.
345
EXPONENTIELLE & LOGARITHME
(a”)‘= (te’““)‘= (lrlU)t?~‘~~ = (lna)a~. valable pour 1.Y 1< 1 1qui généralise au cas
EXPONENTIELLE & LOGARITHME
( 2 2 ) l+;+;+;+...+~..
-!
lument convergentes, on a, pour a, h E C,
Nous commencerons par le cas de la fonc- Enfin, par dérivation terme à terme de
tion exponentielle, le plus simple car le déve- la série correspondante, on voit que, pour
loppement en série entière (14) converge tout nombre complexe u, la fonction de
encore pour tout .y complexe, et cela sug- variable réelle
gère d’étendre cette fonction au domaine
<p,:tt-expat
complexe en la d+inissant, dans ce cas,
comme somme de la série correspondante. satisfait à la relation q,(t) = u<p,(t). Plus
347
EXPONENTIELLE & LOGARITHME
d u p r o b l è m e d e C a u c h y : y’ = UJ,
;
J(0) = 1.
Fonctions circulaires
Soit z = s + il, un nombre complexe, on
a:
(25) e”=cosr+isint;
ginaire, les formules d’addition de la tri-
il en résulte immédiatement les (( formules
gonométrie :
d’Euler )> :
e If _ e -If
COS(~ + r’) =COS~ cost’-sint ht’,
(26) COSt = e3+
sin(t + t’) = sint COS~’ + sinr’ COS~.
2 ’ s’n* 2i
donne, en séparant parties réelle et ima- (30) Cos’ = - sin, sin’ = cas.
348
EXPONENTIELLE & LOGARITHME
-k=O 5 ) 2k =-l,~<O;
<-1+fi cc
n=2
2’ 2
fonctions circulaires sont périodiques de
période 2 T et il suffit de les étudier dans
l’intervalle [0,2 T] par exemple. Leur varia-
tion dans cet intervalle se déduit immédia-
puisque la fonction cosinus est continue et tement de leur variation dans [0, rr/2] en
égale à 1 pour t = 0, il existe un plus petit utilisant les relations :
nombre réel T > 0 tel que COS T = 0. Nous
désignerons par la lettre grecque TT, nota- COS (t + ; 1 =-ht, sin t + -
( 2 !
= COS t,
tion traditionnelle depuis Euler, le nombre
rr = 2 T. Ce nombre T, dont la transcen- qui ne font qu’exprimer que :
dance a été établie par F.Lindemann en eZCt+nfZ = erferfl2 = ie” = -sinf + icosf
1882, est égal à la moitié de la longueur du
cercle de rayon 1. Une valeur approchée à On peut ainsi former le tableau de
1OW” près est : variation de ces fonctions et construire
K - 3,141 592 653 589 793 238 46. leurs graphes (fig. 7).
On introduit aussi la fonction tangente,
Ainsi, par définition de K, on a COS t > 0 définie pour t = (2k + 1) ~12, kEZ
dans l’intervalle 10, 7r/2[, ce qui entraîne, par :
d’après (30) que la fonction sinus est
strictement croissante dans l’intervalle sin t
[0, X/2]. Puisque sin 0 = 0, cette fonction tmt=cos;
est donc strictement positive dans l’inter- elle est périodique de période rr, de dérivée
valle 10, rr/2], ce qui entraîne toujours ~/COS’ t = 1 + tan’t > 0, donc stricte-
d’après (30), que le cosinus est strictement ment croissante dans l’intervalle ouvert
décroissant dans cet intervalle. On peut l- m W[ (fig. 8).
alors constituer, entre 0 et ~r/2, le tableau de Le tableau de variation ci-dessus mon-
variation des fonctions circulaires. tre que, pour tout couple de nombres réels
Pour t = 7r/2, la relation (27) entraîne u, v tels que u* + V* = 1, il existe un
que le sinus est, en valeur absolue, égal à
nombre réel, et un seul, t dans l’intervalle
1 ; par suite puisque ce nombre est positif
] ~ r, r] tel que :
sin 7r/2 = 1. Ainsi :
COS t = u, sin t = Y.
(31) ein’2 = Cos 71 + i sin F = i,
2 2 Par suite, l’application t-e” est un
d’où, en utilisant la formule d’addition, homomorphisme surjectif de R sur U dont
le noyau est le sous-groupe 2rZ constitué
elT r iz = - 1, e2in = i’ = 1, des multiples entiers de 2 K ; autrement dit,
349
EXPONENTIELLE & LOGARITHME
Y fig. 7
A
t 0 n/2 2n
5in
deux nombres réels ont les mêmes cosinus Arc COS est une bijection strictement
et sinus si et seulement s’ils diffèrent d’un décroissante de [ ~ 1, + l] sur [0, rr] et :
multiple entier de 2~.
y = Arc COS x ‘3 x = COS y
XE[-l, + 11 Y E PA 4 ;
Fonctions circulaires réciproques
Arc tan est une bijection strictement crois-
Les fonctions circulaires n’étant pas sante de R sur ] ~ 1r/2, + 7r/2[ (cf. fig. 8)
monotones dans R tout entier, il ne et :
sera possible de définir des fonctions
réciproques que si l’on se restreint à y=Arctanx * x=tany
350
EXPONENTIELLE & LOGARITHME
j!/+;
++
permettent de déduire la trigonométrie
)e--
y = Arc tg x hyperbolique de la trigonométrie circulaire
et vice versa.
E
Fonction argument principal
On a vu que t - pi’ est une bijection de
]- 7r, 7r] sur U, et ainsi f - (COS 1, sin t) est
2
une représentation paramétrique du cercle
trigonométrique : mais la bijection réci-
proque n’est pas continue au point - 1.
En revanche, l’application ‘p : t-e” est
un homéomorphisme de I-K, a-[ sur
U ~ {- 11, la bijection réciproque w étant
Graphe de la fonction tangente
définie par :
v=tgx. -?<XC +;
et de sa fonction réciproque
nombre rr comme une intégrale définie, le nombre (l/i)((u - l)/(u + 1)) étant réel.
par exemple : En effet, pour tout nombre réel t de
?r 1 dx l’intervalle ]- rr, 7r[, on a :
-=s
2 ovT=3
t sin (t/2) 1 e”- 1
tm2 COS (t /2) i e”+ 1
Trigonométrie complexe
Tout nombre complexe z # 0 peut
Les fonctions hyperboliques et les fonc-
s’écrire de manière unique sous la forme :
tions circulaires s’étendent au domaine
complexe de manière naturelle, soit en z = Izle”, fE]-*,a];
utilisant des développements en série, soit
rappelons que t s’appelle l’argunwnt prin-
(ce qui revient au même, puisque e- est
cipal, noté Arg z, du nombre complexe
défini comme somme d’une série) au
z # 0. D’après ce qui précède, I’applica-
moyen des formules :
tion :
chz=e’+e-=, shz =e=-e-‘,
2 2 z++Argz
e‘l -e-l2
cosz = eu +e-U, sin z = 2i-m 1 est continue sur C ~ R , complémentaire
2
dans C de l’ensemble des nombres réels
qui mettent en évidence, par passage au négatifs, aussi appelé plan fendu ; on
domaine complexe, les liens étroits qui appelle cette applicationfonction argument
existent entre la trigonométrie hyperboli- principal.
351
EXPONENTIELLE & LOGARITHME
En outre, si .x0 est un nombre réel contradiction avec d’autres formules obte-
strictement négatif. on a : nues par J. Bernoulli lui-même.
Leibniz, pour sa part, soutenait que les
1imArgz =-K, limArgz= +rr,
i-x0 i-xg logarithmes des nombres négatifs ne peu-
InIl > 0 hlr<ll
vent être réels. Une mémorable correspon-
ce qui montre que la fonction argument dance s’ensuivit entre les deux mathéma-
principal ne se prolonge pas en une fonc- ticiens, de 1700 à 1716.
tion continue sur C ~ {O}. Dès 1728, L. Euler eut le pressentiment
Mentionnons enfin l’important théo- qu’il fallait abandonner l’unicité de la
rème suivant : détermination si on voulait développer une
Théorème de wlbement. Soit f une appli- théorie non contradictoire des logarithmes
cation de classe Cp, p > 0, d’un intervalle des nombres imaginaires. Dans un remar-
1 de R et a valeurs dans U. Alors, il existe quable mémoire de 1749, il expose une
une application cp, de classe C?‘, de 1 dans théorie complète, en montrant que tout
R telle que, pour tout t, nombre non nul a une infinité de logarith-
mes possibles. Pourtant cela ne convain-
quit pas d’Alembert, qui continua la polé-
En outre, deux fonctions continues mique.
satisfaisant à cette relation diffèrent d’une Par analogie avec le cas réel, on est
constante de la forme 2kr, k E Z. donc conduit à se demander si on peut
définir le G logarithme )> d’un nombre
complexe 5 # 0, c’est-a-dire a chercher un
logarithmes complexes nombre complexe z tel que e’ = 5. Remar-
Les tentatives pour étendre les logarithmes quons tout de suite que, s’il existe un tel
aux nombres négatifs, puis aux nombres nombre complexe z,,, alors la périodicité
complexes, sont à l’origine d’une contro- de la fonction exponentielle dans le
verse célèbre qui a opposé, pendant près domaine complexe, formule (32) entraîne
d’un demi-siècle, les plus grands esprits que tout nombre complexe de la forme :
mathématiques du XVIII~ siècle. Jean Ber-
z. + Lkri, kEZ,
noulli admettait implicitement l’existence
des logarithmes des nombres complexes, est aussi un s logarithme )) de 5. Ainsi, si
par analogie avec le cas réel, et il les on veut avoir une théorie des logarithmes
introduisait tout naturellement à propos de dans le domaine complexe, il sera indis-
l’intégration des fractions rationnelles, pensable d’associer à tout nombre une
comme primitives d’éléments simples de la injinité de logarithmes.
forme l/(: ~ a), (I E C. Bernoulli soute- Pour étudier la fonction exponentielle,
nait que : nous nous limiterons d’abord, vu sa pério-
In (- 1) = 0,
dicité, à une (( bande » du plan complexe
dans laquelle la partie imaginaire de z varie
car son double In 1 = In (- 1)’ est nul ; il dans un intervalle semi ouvert de longueur
en résultait que In .Y = In (-x) pour tout 2 K ; nous prendrons ici la bande B formée
réel positif, puis que In (- 1) = 0 puisque des nombres complexes z = x + iy tels
(- 1)2 = 1. Mais ces résultats étaient en que ~ TT < y < + K.
352
EXPONENTIELLE & LOGARITHME
1 1 =
-=-+ (- lYz&q,
sinz z c
5. Développements eulériens n=,
des fonctions transcendantes valables pour z # kx, k E Z.
élémentaires Cette fois, les fonctions de gauche dans
les formules apparaissent comme des
Dans son Introductio in anulysis injnito- « fractions rationnelles de degré infini )) ;
rum (1748) L. Euler définit l’exponentielle au second membre figure alors la somme
complexe par la formule : des parties principales, en chacun de leurs
n pôles, de ces fonctions (généralisation de la
e==1im 1+4 ; décomposition d’une fraction rationnelle
n-- ( n 1
en éléments simples).
par suite, il considère la fonction exponen- La théorie des fonctions analytiques
tielle et les fonctions trigonométriques qui fournit un cadre théorique permettant de
353
FERMAT GRAND THÉORÈME DE
L’énoncé
Un énoncé simple, donc, tout d’abord. Si
on multiplie un nombre par lui-même, on
obtient ce qu’on appelle un carré. Si on le
F
multiplie encore une fois par lui-même, on
obtient un cube ; encore une fois, une
puissance quatrième, etc. Il existe des
carrés qui sont la somme de deux autres
carrés : par exemple 2.5 = 5 X 5 est la
somme de 16(= 4 X 4) et de
9 (= 3 X 3). Il y en a beaucoup d’autres
(en fait une infinité), comme
4 225 (= 65 X 65) est égal à
1089(=33X33)+3136(=56X56);
à cause du fameux théorème de Pythagore,
cela revient à dire qu’il existe des triangles
FERMAT GRAND THÉORÈME DE rectangles avec des côtés entiers. Les
choses se gâtent (ou deviennent plus inté-
ressantes) dès qu’on passe des carrés aux
354
FERMAT GRAND THÉORÈME DE
355
FERMAT GRAND THÉORÈME DE
356
FERMAT GRAND THÉORÈME DE
357
FONCTION NOTION DE
358
FONCTION NOTION DE
Les fonctions sont représentées graphi- gonométrique conservait un sens pour une
quement par des courbes dans le plan, où fonction arbitraire du type de celles intro-
l’ordonnée est la valeur de la fonction duites par Euler (l’intégrale étant interpré-
lorsque l’abscisse est la valeur de la varia- tée comme une aire dont l’existence est
ble ; inversement, Euler se demande si une admise comme une évidence intuitive) ; il
courbe donnée correspond à une fonction, en déduisit, sans se poser de problème de
et il est amené à distinguer les courbes convergence, qu’une fonction arbitraire
(< continues », graphes de fonctions défi- pouvait toujours être représentée par une
nies par des expressions analytiques, et les série trigonométrique. mais la notion de
courbes « discontinues » (ou (( mixtes » ou fonction arbitraire était encore extrême-
H irrégulières »), réunion de morceaux qui ment vague pour lui. Les travaux de Bol-
correspondent à diverses fonctions. Par la zano (18 17) et de Cauchy (1821) devaient
suite, Euler sera amené à étendre le apporter un peu de clarté sur cette notion,
concept de fonction, en remarquant que en introduisant la définition des fonctions
les G fonctions arbitraires )) intervenant continues (au sens moderne du terme, qui
dans la solution de l’équation des cordes ne se réfère pas du tout aux (X courbes
vibrantes donnée par d’Alembert (1747) continues )) d’Euler) ; Cauchy développa
n’étaient pas nécessairement définies par une théorie de l’intégration des fonctions
des expressions analytiques, mais plutôt continues dégagée de l’intuition géométri-
par un graphe obtenu par le N tracé libre que, et Dirichlet (1829) parvint à démon-
de la main )) ; c’est l’origine physique du trer qu’une fonction continue monotone
problème qui conduisit Euler a cette défi- par par morceaux était effectivement repré-
nition très générale des fonctions. Daniel sentée par sa série de Fourier. Les
Bernoulli (1753) a donné une autre solu- réflexions de Dirichlet pour l’extension à
tion de l’équation des cordes vibrantes au des fonctions plus générales le conduisirent
moyen de séries trigonométriques, et il à une conception des fonctions arbitraires
pensait que sa solution était aussi générale beaucoup plus vaste que celle de ses prédé-
que celle de d’Alembert-Euler, ce qu’Euler cesseurs (pour qui il s’agissait essentielle-
a vivement contesté. On se trouvait donc ment de fonctions continues par mor-
en présence de deux notions de fonction : ceaux) : comme exemple de fonction
la conception formelle d’expression analy- discontinue, il donne la fonctionftelle que
tique, et la conception G ensembliste )) plus ,/(.Y) vaille 1 pour x rationnel et 0 pour x
générale de correspondance arbitraire ; le irrationnel (1837) ; il pose alors le problème
problème du rapport entre les deux de l’intégration des fonctions arbitraires
notions se trouvait posé et sa solution suffisamment générales (par exemple avec
devait attendre la fin du xtxe siècle. un ensemble rare de discontinuités) : ce
Tandis que Lagrange (Théorie des jbnc- devait être l’objet de travaux de Riemann
tiens unulytiques, 1797), restait attaché à la (pour les fonctions dont l’ensemble de dis-
définition des fonctions par des expressions continuités est de mesure nulle) et de Lebes-
analytiques (sa théorie est fondée sur l’uti- gue (pour une classe beaucoup plus large,
lisation des développements en séries entiè- stable par des passages à la limite simple).
res), Fourier observa dès 1807 que la for- P. Du Bois-Reymond montra en 1873
mule intégrale qui donne des coefficients du que, contrairement a la conviction des
développement d’une fonction en série tri- mathématiciens, la série de Fourier d’une
359
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES
360
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES
Il s’agit en premier lieu des reprbsenta- On peut alors étudier les solutions sur
tiens continues, obtenues a l’aide du calcul [0, + m[ du problème de Cauchy y’ = ay,
intégral. Dès le XVII~ siècle, le calcul des ~(0) = A, où A et a sont des nombres
primitives a été utilisé pour représenter complexes, et établir la condition de sta-
certaines fonctions. Ainsi, la fonction loga- bilité en fonction du paramètre CI, à savoir
rithme satisfait au problème de Cauchy Re a < 0.
g’(t) = lit, g(1) = 0, d’où : Selon les problèmes, on est amené à
utiliser d’autres types de séries : séries de
c du Fourier pour les phénomènes périodiques,
lnt = Logi = ~.
s1 u séries de polynômes orthogonaux...
On peut aussi utiliser des procédés
Cette relation permet de prouver l’exis-
tence du logarithme et, par suite, de d’approximation par des suites de fonctions.
l’exponentielle, ainsi que leur variation et Ainsi, la méthode du pas à pas d’Euler et
leur comportement à l’infini (cf. ExPoNnN- Cauchy (cf. équations D I F F É R E N T I E L L E S ,
chap. 7), appliquée à l’équation différen-
TIELLE ET LOGARlTHME). Les repP<Zl-
tielle y = y, y(O) = 1, conduit à la rela-
tions intégrales interviennent aussi sous la
tion :
forme d’intégrales dépendant de paramè-
tres, introduites par Leibniz. Les transfor-
t t ”
mations de Fourier et de Laplace sont de
exp = lim
n-+m i 1+; 1 .
ce type.
De même, la méthode des approximations
Il s’agit en second lieu des représenta-
successives de Cauchy-Picard (cf. équa-
tions discr&tes et, au premier chef, des
tions DIFFÉRENTIELLES, chap. l), appliquée
dlveloppements e n s&ie entihe. A i n s i ,
à cette même équation, fournit à nouveau
la recherche des solutions sur R du pro-
le développement en série de la fonction
blème de Cauchy y’ = y, y(O) = 1, sous
exponentielle.
forme de série entière conduit à l’expres-
Au XVIII~ siècle, les problèmes de repré-
sion : sentation et d’approximation sont étudiés
dans le cadre formel, le passage au
expx = 1 + h + . . . + x; + . . .
domaine numérique étant traité de façon
purement expérimentale, tandis qu’au
Cette expression fournit l’existence de la
XIX~ siècle, les problèmes de convergence
fonction exponentielle et une approxima-
jouent un rôle central ainsi que la validité
tion polynomiale par majoration du reste.
des opérations sur les représentations utili-
Combinée avec l’équation fonctionnelle,
sées (opérations algébriques, dérivation,
elle permet aussi de calculer des valeurs
intégration, sommation...).
approchées en un point; elle permet
Les problèmes numériques conduisent
encore de prouver que la fonction expo-
à étudier non seulement la convergence
nentielle est prépondérante au voisinage
mais aussi la vitesse de convergence et la
de + 00 sur les fonctions puissance ; enfin,
stabilité. Ces nouvelles préoccupations
elle permet le prolongement analytique au conduisent, à la fin du xrxe siècle, à
plan complexe par : diversc$er les modes de convergence, à
diversifier les objets par lesquels on appro-
expz = 1 + k + . + 2 + che les fonctions et à rechercher des
361
FONCTIONS REPRÉSENTATION 6 APPROXIMATION DES
362
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES
w+mnwL
a
qui expriment l’inégalité de la moyenne. et on dispose donc de toutes les techniques
De même, l’inégalité de Schwarz montre hilbertiennes, très efficaces. L’autre tient
aussitôt que : au fait que ces normes se rencontrent dans
de nombreux domaines de la physique
mathématique : intégrales d’énergie, méca-
Ainsi, sur un intervalle compact, la conver- nique quantique, optimisation par la
gence uniforme implique la convergence méthode des moindres carrés, processus
en moyenne quadratique, laquelle impli- stochastiques.
que la convergence en moyenne. Mais les En revanche, l’étude directe des normes
réciproques sont fausses, ce qui signifie N, est beaucoup plus délicate (cf. infiw,
que ces normes ne sont pas équivalentes. chap. 7 et 8).
Les trois exemples fondamentaux pré-
cédents se généralisent au cas où il est utile Normes et dérivation
d’introduire unpoids, c’est-à-dire une fonc- Lorsqu’on s’intéresse à l’espace vectoriel
tion 71 continue sur [a, h] à valeurs réelles V([a, h]) des fonctions de classe C”, il
363
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES
364
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES
Jcf) = c
p=o
& inf(1, N,(f)).
d’Ascoli classique). Soit A un espace
métrique compact et Cr;,) une suite d’appli-
cations de A dans C. On suppose :
a) la suite V;,) converge simplement
Les espaces métriques ainsi obtenus sont
vers f sur A ;
complets (cf. espaces MÉTRIQUES). Ce cas se
b) la suite V;,) est équilipschitzienne
distingue de celui des espaces normés par
dans un rapport k, c’est-à-dire :
la perte de l’homogénéité.
4. Convergence simple. Soit par exem-
365
FONCTIONS REPR É SENTATION a APPROXIMATION DES
366
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES
(ou des formes analogues selon les qui n’est autre que la transformation de
auteurs), et la formule d’inversion : Fourier sur le groupe multiplicatif R;
dont la mesure invariante est dt/t (cf.
analyse HARMONIQUE). Cette transforma-
tion intervient notamment dans les pro-
intuitivement, la formule (1) décompose le blèmes multiplicatifs de la théorie des
signal t -,f(t ) suivant toutes ses compo- nombres (cf. théorie des NOMBRES - Théo-
santes harmoniques (analyse harmonique rie analytique) ; la fonction gamma d’Euler
du signal), tandis que la formule (2) permet (cf. fonction GAMMA) joue ici un rôle
de reconstituer ce signal f’à partir de ses central.
composantes (synthèse harmonique du
signal).
Emploi de la dualité
Dans le cas des fonctions définies dans
[0, + w[, qui interviennent dans l’étude La dualité consiste à représenter une
fonction comme une forme linéaire sur un
des régimes non permanents. on utilise la
transformation de Laplace : espace E de fonctions convenablement
choisi. Ainsi. toute fonctionf’de puissance
Cf(z) = Jff(r)e-‘dr I>-ième intégrable définit une forme linéaire
continue T, sur l’espace Lt’ des fonctions
(cf. calcul SYMnoLtQuE). Cette transforma- de puissance q-ième intégrdble, pour
tion intervient aussi dans la résolution des l/p + l/q = 1, par la formule :
équations différentielles à coefficients algé-
briques, notamment l’équation hypergéo-
métrique (cf. CdCUk ASYMPTOTIQUES,
chap. 6). lorsque 1 < p < + 30. on obtient ainsi
Les transformations de Fourier et de toutes les formes linéaires continues sur L”
Laplace se généralisent aussi aux espaces (cf. INTÉGRATION ET MESURE, chap. 4).
R” et jouent alors un rôle fondamental Mais, en utilisant d’autres espaces fonc-
dans la théorie des équations aux dérivées tionnels, on obtient ainsi des objets plus
partielles linéaires (cf. équations aux DÉRI- généraux que les fonctions, Cela tient au
VÉES PARTIELLES - Théorie linéaire) et plus fait que, dans de nombreux problèmes, les
généralement des équations de convolu- opérations de passage à la limite nécessi-
tion. Elles jouent aussi un rôle de premier tent de sortir du cadre de la théorie des
plan en calcul des probabilités, sous la fonctions. Considérons par exemple une
367
FONCTIONS REPRÉSENTATION h APPROXIMATION DES
suite (<PJ de fonctions continues positives ‘B(R), on obtient les distributions (cf.
sur R telles que, pour tout n, DISTRIBUTIONS).
Le principal intérêt de ces généralisa-
s R
cp,(f)df = 1 tions de la notion de fonction est de fournir
un cadre théorique permettant d’opérer en
(cf. DISTRIBUTIONS, fig. l), et dont la masse toute sécurité sur les représentations
se concentre a l’origine, c’est-a-dire que, (cf. ktfvu, chap. 5). L’utilisation des trans-
pour tout CI > 0, formations de Fourier et de Laplace pour
le calcul symbolique et les équations aux
q,(t)dt-0 pourri-+-. dérivées partielles est a cet égard exem-
s/il ao
plaire.
Intuitivement, les fonctions ‘p,I tendent
vers la G fonction H 6 de Dirac, que les Noyaux de convolution
physiciens définissent par 6(O) = + 00, Les noyaux de convolution constituent un
6(x) = 0 pour s f 0 et J@t ) dt = 1. autre exemple très intéressant de représen-
Mais il n’existe aucune fonction, au sens tation intégrale. Ils interviennent d’abord
précis de ce concept en mathématiques, dans la résolution des équations différen-
satisfaisant a ces relations. Il suffit de tielles à coefficients constants avec second
considérer, pour s’en convaincre, 26. On membre P(D)f= b,f(O) = 0 ; si on intro-
tourne alors la difficulté de la manière duit la solution élémentaire E définie par la
suivante : on démontre d’abord que, pour relation P(D)E = 6, où 6 est la mesure de
toute fonction ,f continue a support com- Dirac, alors j’= E * h, c’est-a-dire :
pact sur R,
f(x) = ,j;E(x-t)b(r)dt
368
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES
369
FONCTIONS REPRÉSENTATION & APPROXIMATION DES
370
FONCTIONS REPRÉSENTATION .5 APPROXIMATION DES
.Y?), exemple introduit par Cauchy dans Bien entendu, en tout point a E 1,
son COU~S d’unal~~r (1821). Il existe aussi l’application de Taylor T, est injectioe sur
des fonctions C” dont la série de Taylor a le sous-espace vectoriel C’(I) des fonctions
un rayon de convergence nul : c’est le cas analytiques dans 1. Plus généralement, on
de la fonction : dit qu’un sous-espace vectoriel V de C”(I)
m est quasi unulytique si la restriction de T,,
x- $ exp (in 2x). à V est injective.
c
n=o La condition (1) conduit plus généra-
lement à considérer une suite croissante
Plus précisément, Émile Bore1 a montré
h = (p,,) tendant vers + 00 et logarithmi-
que, pour toute suite (a,) de nombres
quement convexe, c’est-à-dire vérifiant
complexes, il existe une fonction C” sur R
telle que, pour tout n,f‘(“)(O) = CI,,. Autre- DZ 6 CL, B,r+,r et à introduire la sous-
algèbre V, de C”(I) constituée des fonc-
ment dit, l’application de Taylor T de
tions f telles que l’on ait :
C”(R) dans l’anneau C[[X]] des séries
formelles à coefficients complexes, définie (2) Mm’23 < GBn@dn.
par :
m L e thkoréme d e DenjoyCurlemun
T:f+-
f(n’(o)
~ X’,
affirme que V, est quasi analytique si et
c
n=o
n! seulement si la série de terme général
m I”l est divergente.
est surjective. Si V, est quasi analytique, ses éléments
Il n’est donc pas possible, comme l’a ont des propriétés très rigides : en parti-
tenté Lagrange dans la Théorie des fonc- culier, le principe du prolongement analy-
tions umdytiques (1797), de fonder le calcul tique est valable et V,>n D(I) est réduit à
différentiel sur le développement en série {O]. Au contraire, si V,, n’est pas quasi
de Taylor. analytique, ‘n,,(I) = V,, n ‘D(I) est dense
Ce phénomène est à l’origine du dans D(I) et les propriétés de V,, ressem-
concept de fonction analytique réelle : ce blent à celles de D(I). L’exemple le plus
sont les fonctions de classe C” dans un intéressant est fourni par les classes de
intervalle ouvert 1 de R développables en Gevrey, où fi, = (n !)‘, s > 1, auquel cas
série de Taylor au voisinage de chaque V, se note ‘D,(I) ; cet espace étant muni
point u de 1. Ces fonctions peuvent être d’un type de convergence analogue à
caractérisées parmi les fonctions C” dans
celui de ‘D(I), son dual topologique est
1 à l’aide d’inégalités du type suivant,
constitué des ultradistributions : il est
portant sur la rapidité de croissance des
analogue à ‘n’(I) mais beaucoup plus
modules des dérivées successives : pour
grand. Ces espaces interviennent dans
tout intervalle compact K contenu dans 1,
l’étude des problèmes aux limites des
il existe des constantes C, et rK telles que
équations aux dérivées partielles, où l’on
l’on ait, pour tout entier n :
introduit aussi l’espace vectoriel des fonc-
(1) M~.nCif) < C,n !(rd”, tionnelles analytiques, c’est-à-dire le dual
où : M~.ncf) = ;gg /D”f (t Il ; topologique de Cd(I), dont les propriétés
diffèrent profondément de celles des dis-
ce résultat est dû à Pringsheim. tributions.
371
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES
Puisque les séries entières ne suffisent pas SEL; FONC TIONS ANALYTIQUES-F~~~~~~~~
372
FONCTIONS REPRÉSENTATION (L APPROXIMATION DES
hilbertienne ; le cas des séries de Fourier (q,,) de fonctions très régulières conver-
est relatif à l’opérateur de dérivation. Le geant vers la mesure de Dirac 6 (cf. supra,
cas des équations différentielles conduit à chap. 2) on approche,fpar des fonctions
la théorie de Sturm-Liouville et à l’intro- très régulières ,f* <p,, =f;,.
duction des systèmes classiques de Le fait que les fonctions <p,, soient a
fonctions orthogonales (cf. équations DIF- valeurs positives joue ici un rôle essentiel.
FÉ RENTIELLES, chap. 3;polynômes ORTHO- Ce procédé d’approximation est particu-
GONAUX). L’étude des équations intégrales, lièrement intéressant : en effet, lorsquefest
en particulier des équations de Fredholm, de classe CP, non seulement f, converge
qu’il convient de placer dans le cadre des vers f, mais, pour tout k < p, les dérivés
opérateurs compacts, utilise aussi ce type D”L;, convergent vers D”l: En prenant pour
de représentation (cf. équations INTÉGRA- <t‘,i des fonctions C” à support compact, on
LES ; théorie SPECTRALE). obtient la densité des fonctions C” dans la
Cette même méthode s’applique encore plupart des espaces fonctionnels classiques
à l’étude de problèmes relatifs aux équa- et même des espaces de distributions ;
tions aux dérivées partielles ; une idée ainsi, pour tout ouvert U de R”, l’espace
centrale pour déterminer les fonctions vectoriel ‘B(U) des fonctions de classe C”
propres consiste ici à se ramener au cas des dans U à support compact est dense dans
équations différentielles par la méthode de l’espace vectoriel K(U) des fonctions
séparation des variables. continues à support compact contenu
dans U.
En prenant pour cp,, des fonctions poly-
4. Approximation par des suites nomiales, on obtient une démonstration du
théorème d’approximation polynomiale de
Le problème de la représentation des Weierstrass ; on peut prendre par exemple
fonctions comme limites de fonctions plus le noyau de Landau :
simples est intimement lié à celui de
l’approximation des fonctions, qui ne ~,(l-t*)~ si Itl < 1
<P"@I =
relève pas uniquement de problèmes 0 si Jtl>l,
1
d’analyse numérique mais constitue un
mode de représentation utile dans des où u,? est une constante de normalisation,
questions d’ordre théorique : problèmes c’est-à-dire telle que :
s
d’existence et d’unicité, démonstration de
théorèmes par passage à la limite (argu- (P,(f)df = 1.
R
ment de densité...). Les procédés
d’approximations sont très divers ; nous La même méthode s’applique aussi à
avons retenu cinq méthodes importantes. l’approximation uniforme des fonctions
continues périodiques : on peut prendre
Méthodes convolutives par exemple les noyaux de Fejer (cf. SÉRIES
On utilise l’effet rkgukrrisant de la convo- TRIGONOMÉTRIQUES, chap. 1) ou de La
lution : si fest une fonction peu régulière Vallée Poussin :
et si ‘p est très régulière, alors,f* q est aussi c&(r) = an(cosrrt)2”,
régulière que cp. En introduisant une appro-
ximation A l’unité, c’est-à-dire une suite où u,! est une constante de normalisation.
373
FONCTIONS REPRÉSENTATION 6 APPROXIMATION DES
374
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES
Méthode de Padé : fractions continues avec k, = 1,000 000 000 000 327 1, k, =
On opère par analogie avec le développe- 0,107 135 066 4.56 464 2, k, = 0,000 594
ment des nombres en fraction continue 589 869 018 8 et k, = 0,023 801 733 157
(cf. approximations DIOPHANTIENNES, 418 6, fournit une précision de 1,4 . 10 14.
chap. 2). Pour obtenir la même précision avec des
Une telle méthode se décrit à l’aide du polynômes, il faudrait monter au degré 15.
schéma général suivant. Mais cette méthode s’applique aussi a
Soit ,f une fonction définie sur un des problèmes d’ordre plus théorique. Soit
intervalle 1 de centre 0. Un développe- par exemple f une fonction méromorphe
ment de ,f en fraction continue est de la dans un disque de centre 0 et régulière à
forme : l’origine. Alors ,f est développable en série
de Taylor :
f@)=Ql+ x x
a, + x f(z) = -f cz,Z” ;
a2+-’
a3 + . . n=O
375
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES
376
FONCTIONS REPRÉSENTATION & APPROXIMATION DES
377
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES
T~ELLES. chap. 7) ; plus récemment, le Les solutions de (1) sont alors les polynô-
développement des calculs sur ordinateurs mes P de la forme P = P, + QN, où
a permis de les appliquer avec succès aux QE WI.
équations aux dérivées partielles. En particulier, pour tout i, il existe un
Nous commencerons par décrire les polynôme Li de E,, et un seul tel que :
principales méthodes d’interpolation poly-
nomiale et nous aborderons ensuite I’inter- Li(a,)=0 s i i#j
(3)
polation par les fonctions polynomiales I L(a,) = 1,
par morceaux.
à savoir le polynôme :
378
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES
et, en particulier :
379
FONCTIONS REPRÉSENTATION h APPROXIMATION DES
TI fi= “,- 1
a, = COS (2j + 1) zn ,
1 1 O<j<n-1 c
,=”
fcg. 6 N = fi (X - a,)“)
,=o
Lorsque,f‘est de classe C”+’ sur [(x, fi],
il existe un polynôme Lscf) de degré < II
et un seul tel que, pour toutj, 0 6 ,j < r.
et tout k, 0 < k < 13,~ 1, on ait :
380
9
FONCTIONS REPRÉSENTATION (L APPROXIMATION DES
381
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES
N,, = (l/p !) D,,. Dans ces conditions, teur de dérivation D. Ainsi, la formule de
tout polynome P se décompose sous la Taylor traduit la formule symbolique
forme : T,, = exp/zD. Ce calcul, ébauché par Lei-
SC
bniz, a été systématisé par Lagrange et
P= Laplace ; à la fin du XIX~ siècle, il a été
(19) @’ P)(Wp ;
c repris dans le cadre général de la théorie
o=o
des opérateurs de convolution, c’est-à-dire
c’est la formule de Newton-Gregory, des opérateurs qui commutent aux trans-
analogue a la formule de Taylor qui est, lations.
elle, relative a l’opérateur de dérivation D,
la base adaptée étant alors 1, X, . . . . Généralisations
110, !) X’l. Le problème de l’interpolation se pose
Appliquant la relation (19) à L,(g), on aussi pour les fonctions périodiques,
obtient : auquel cas les fonctions polynomiales
n sont remplacées par des polynômes
(20) L&) = (@)(O)N,. trigonométriques. Ces deux exemples se
c
p=o placent dans la théorie générale des JJ+
tfnzes de Tchebyhrv : on se donne un
Le calcul des différences successives
sous-espace E,, de dimension II + 1 de
dites non rlirkées (AJ’g)(O) est très facile. Le
l’espace C([c<, p]) qui est régulier, c’est-à-
cas d’une fonctionfdéfinie sur [o, l3] se
dire tel que tout élément de E,, qui s’annule
ramène au cas précédent par changement
en au moins n + 1 points est nul. Étant
de variable affine, en introduisant g(u)
donné une base <c,,, vi, . . . . cc’,, de L
=J’(a + (B ~ a)u). on interpole ,f par une combinaison
On peut développer une théorie entiè-
linéaire de ces fonctions. On peut montrer,
rement analogue en introduisant à côté de
en particulier, que l’espace vectoriel des
l’opérateur de BernoulliprogressÿA, l’opé- solutions d’une équation différentielle
rateur rc$gresszj’V défini par :
linéaire sans second membre d’ordre
(21) VP(X) = P(X) - P(X - 1) n + 1 est régulier.
et l’opérateur symétrique :
Interpolation polynomiale
par morceaux
(22) bP(X) = P(X + ; ) - P(X - ; ).
Théorie classique
Les opérateurs A, V et 6 peuvent
s’exprimer à l’aide des opérateurs de On considère cette fois une fonction f
translation : continue sur un intervalle [a, h], que l’on
découpe en p intervalles [f,, t,+,] de lon-
(23) T,P(X) = P(X-h) gueur (h- a)/p et, sur chacun de ces
par les formules intervalles, on effectue une interpolation
de Lagrange ou de Hermite de,f; par des
(24) A=Tp,-1, V=I-T,, 6 = T-i-Ti; polynômes de degré < n. En pratique, 17
2 2
est fixé et assez petit pour éviter les
on peut alors développer un calcul phénomènes du type de Runge. 11 s’agit
symbolique sur ces opérateurs et I’opéra- alors d’étudier la convergence de la suite
382
FONCTIONS REPRÉSENTATION 6 APPROXIMATION DES
(<p,) des fonctions polynomiales par mor- polynomiales par morceaux de degré n
ceaux ainsi obtenues vers la fonction f et plus élevé. Lorsque f est de classe C”+I, on
la rapidité de convergence en fonction de a alors :
la régularité def:
Voici les deux exemples les plus impor-
tants.
1. Fonctions en escalier. Sur chaque On constate ainsi que la rapidité de
intervalle [t/, f,+,], on approche f par une convergence est gouvernée par la régula-
constante, par exemple f (t,) ; ici n = 0. rité de f:
Grâce à la continuité uniforme de ,f sur
[a, 61, on montre aussitôt que les fonctions Fonctions spline
en escalier ainsi obtenues convergent uni- Lorsque n > 2, le procédé précédent pré-
formément vers f sur [a, h]. sente de nombreux inconvénients, car on
En outre, si f est lipschitzienne sur approche des fonctions régulières f par des
[a, h], alors : fonctions qui ne sont même pas de classe
C’. Il est donc intéressant d’approcher .f
par des fonctions <p satisfaisant aux deux
conditions suivantes :
où ACf) désigne le rapport de Lipschitz de a) Sur chaque intervalle [t,, t,+,], la
J l’égalité étant atteinte si f est affine. fonction 9 est polynomiale de degré < II ;
2. Fonctions ajînes par morceaux. Sur h) Sur [a, b], la fonction cp est de classe
chaque intervalle [t,, $+,], on effectue une C”’ (conditions de recollement aux
interpolation linéaire de f: On montre points t,).
encore que les fonctions affines par mor- De telles fonctions sont appelées spline
ceaux qp ainsi obtenues convergent uni- (tringle souple). L’espace vectoriel
formément vers f sur [a, h]. En outre, si f &([a, h]) de ces fonctions est de dimension
est lipschitzienne de rapport k sur [a, 61, on n + p. Si on impose maintenant les p + 1
a : conditions interpolatoires relatives à la
fonction f :
(3 Pour toutj, 0 < j < p, on a l’égalité
cp(tJ = f (t,), et il reste n - 1 paramètres
l’égalité étant atteinte par exemple pour encore libres.
[a, 61 = [- 1, l] et f (x) 7 1x 1. Le cas n = 2 (fonctions paraboliques
Mais, cette fois, si f est de classe C’, la par morceaux) ne conduit pas a une
rapidité de convergence est meilleure. Par théorie intéressante car il ne reste qu’un
exemple, si f’ est lipschitzienne, seul paramètre, ce qui ne permet pas
d’imposer une condition de contact aux
deux extrémités de l’intervalle [a, b]. Au
contraire, le cas n = 3 (fonctions spline
l’égalité étant atteinte par exemple si cubiques) convient bien car il permet
[a, b] = [- 1, l] et f (x) = x2, d’imposer la condition :
Dans certains problèmes, comme le d) q’(a) =f’(a) et <p’(b) = f ‘(h).
calcul approché des intégrales, on est Les fonctions spline cubiques convien-
amené à interpoler f par des fonctions nent aussi pour l’interpolation des fonc-
383
FONCTIONS REPRÉSENTATION & APPROXIMATION DES
tions périodiques. Dans ce cas, on impose Un autre pôle d’intérêt des fonctions
à <p de se prolonger en une fonction spline est relatif à leurs propriétés pour la
périodique de classe C2 sur R, ce qui norme quadratique. Plus précisément, si f
conduit à remplacer la condition (d) par : est de classe C’, pour tout élément <F de
cl’) D+<~(U) = D-q(b) e t D$<~(U) = S2,Jb, bl), on a :
DT<p(h), en désignant par D+ et DP les
opérateurs de dérivation à droite et à
gauche.
On démontre que les conditions (a), (b),
(c), (n) ou (J), déterminent <p de manière en particulier, parmi toutes les fonctions
unique. Cette fonction se note S,u) et spline cubiques <o, c’est S,(/‘) qui approche
s’appelle fonction spline cubique interpo- le mieux f pour la norme de l’énergie.
lant f à l’ordre p. Il faut cependant Cette propriété est a l’origine de la
remarquer que le calcul explicite de ‘p dénomination spline, car on peut montrer,
nécessite la résolution d’un système grâce au principe de moindre action, que
d’équations linéaires assez compliqué. En S,,q) réalise la position d’équilibre d’une
revanche, la qualité de l’approximation est tringle souple passant par les points
excellente : interpolateurs et tangente à des droites
si f est de classe C’, on a : données aux extrémités de l’intervalle. Ce
procédé est depuis longtemps utilisé en
NJ.&S,U-1) = O(j); dessin industriel. Les fonctions spline
se sont révélées très utiles dans les pro-
- si ,f’ est de classe C’ : blèmes de conception assistée par ordina-
teur.
NAJ-s,cf)) = o(p?) La théorie des fonctions spline peut se
généraliser aux spline d’ordre impair quel-
et, en outre : conque. Les propriétés d’approximation
sont alors meilleures mais les calculs sont
N&i--S;(j)) = O(i), encore plus complexes que pour Iz = 3, si
bien qu’elles sont peu utilisées en analyse
ce qui signifie qu’il y a aussi convergence numérique.
uniforme pour la dérivée ;
si f est de classe C3, alors, pour k < 2 :
6. Opérations sur les représenta-
NdDkf-DkSpCf)) = O(,-il-); tions et les approximations
enfin, si f est de classe C4, alors, pour Nous avons déjà vu que l’emploi des
k<3: représentations pour la résolution des pro-
blèmes nécessite de pouvoir opérer sur ces
N,(Dkf--DkSp(f)) = O(p&). représentations : il s’agit non seulement
des opérations algébriques (somme, pro-
Cependant, si f est de classe C”, ou duit...) mais aussi des opérations de pas-
même polynomiale de degré > 4, on ne sage à la limite (limites de suites, sommes
peut pas améliorer la dernière estimation. de séries, intégration, dérivation). Ces
384
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES
problèmes rentrent dans le schéma général Le second résultat a une portée beau-
d’interversions de passages a la limite. coup plus générale ; il se place dans le
Nous commencerons par préciser les pro- cadre de la théorie de l’intégrale de Lebes-
priétés stables par passage a la limite gLlC (Cf. INTÉGRATION ET MESURE).
Suites de fonctions
Les trois problèmes les plus importants Alors ,f est intégrable et on a :
sont les suivants.
385
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES
Séries de fonctions
On se donne une série CU,, de fonctions
définies sur un espace métrique A et à
valeurs complexes. Théorème 2 bis. Intégration terme à terme
On dit que cette série converge simple- duns le cas non compact. Soit (u,) une suite
ment (resp. uniformément) vers une fonc- de fonctions à valeurs complexes, intégra-
tion f si la suite des sommes partielles bles sur 1. On suppose :
P
s,= u,
c
n=O
Alors la série Cu,,(t ) converge sur 1 pour
converge simplement (resp. uniformé-
presque tout t, sa somme est intégrable sur
ment) vers f.
1 et on a :
Pour vérifier que la série converge
uniformément, on utilise souvent la
méthode des séries numériques majoran-
tes. On dit qu’une série numérique p,,
o,, > 0, est une St;rie mujorante sur A de la Théorème 3. Dérivation terme à terme.
série de ,f&ctions C~C,, si, pour tout n et Supposons u,, de classe C’ sur 1 et suppo-
pour tEA, on a: sons que les séries CU, et CDu, convergent
uniformément sur tout compact de 1. Alors
g,, u,, est de classe C’ et on a :
Si la série majorante converge, la conver-
gence de la série Zu,, est uniforme sur A.
Dans ces conditions :
386
FONCTIONS REPRÉSENTATION & APPROXIMATION DES
387
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES
cadre théorique dans lequel la dérivation H/‘(R”) n’est autre que l’espace des distri-
est une opération régulière au sens sui- butions T telles que D”T E L’(R”) pour
vant : toute distribution T est indéfiniment tout c( vérifiant 1 c( 1 < p ; en outre, le
dérivable et si une suite (T,) de distribu- produit scalaire (1) est alors équivalent au
tions converge vers T, alors (DT,,) suivant :
converge vers T (cf. DISTRIBUTIONS).
Le seul inconvénient est que la conver- (2) (@ 1TN = c s,. m Da T(t ) dt.
gence des distributions ne peut pas être ial GP
IDaf(‘+Dafb’)t2dxdy + Di
S SR” x R” IX--yl*o+n
est alors une application continue de H’ si lal=p et o>O.
dans W “l’, où / a 1= a, + + a,,.
Lorsque s = 0, on a H”(R”) = L’(R”). Ce théorème permet notamment de
Plus généralement, pour s = p E N, prouver l’invariance de H‘ par difféomor-
388
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES
389
FONCTIONS REPRÉSENTATION h APPROXIMATION DES
dans F satisfaisant aux deux conditions Ainsi, 11D, 11, n’est pas borné ; il existe donc
suivantes : des fonctions continues dont la série de
u) pour tout f de E, un(/) + ucf) ; Fourier diverge au point x. Cependant, la
b) la suite des normes (I U, 1 ) est bornée convergence uniforme de s,(f) vers .f est
par M. assurée par exemple si f appartient au
Alors u est linéaire continue sur E, sous-ensemble dense des fonctions pério-
llull < M, et les applications II,, et u se diques de classe C’ (cf. SÉRIES TRIGONO-
prolongent de manière unique en des MÉTRIQUES).
390
FONCTIONS REPRÉSENTATION h APPROXIMATION DES
391
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES
Comme E,, est de dimension finie, il binaisons linéaires des fonctions exponen-
existe au moins un élément <P,~ E E, tel que tielles 2 - e2rrrp’, où 1p 1< n.
/f- ‘p,J = d(f, E,,) ; on dit alors que q,, Dans le second, E est un espace vecto-
optimise l’approximation de f par les riel de fonctions définies sur [u, h] et E,, est
éléments de E,,. L’étude de ce problème est le sous-espace vectoriel Y,, des polynômes
abordée au chapitre 8. de degré < n.
Dans ces conditions, comme u,,((D,,) Bien entendu, les réponses aux problè-
= 4%). mes précédents vont dépendre du type de
convergence considéré. Nous examinerons
llucf-u.cf)lI = Il@ -u,xf--%)II
< S,cf)dtir Il + llu, II). principalement le cas des normes N>
(approximation en moyenne quadratique)
Le problème de la convergence du et N, (approximation uniforme).
processus (u,,) et de sa rapidité de conver-
gence est alors séparé en deux questions
Unicité de 9,
totalement distinctes :
Tlzhème 1. L’unicité de <P,~ est assurée
l’évaluation de SJj”) qui est liée à la
lorsque la boule unité est strictement
régularité de la fonction que l’on veut
con wx?, c’est-à-dire si les relations
approcher ;
l’évaluation de 11u,, jl qui mesure la qualité II-4 = IlYll = 1 et c(s + 0~ = 1 avec
du processus d’approximation. c( > 0, p > 0, ci + p = 1 impliquent
x = y.
Cette dernière condition est réalisée
pour l’espace E = L’(p) des fonctions de
8. Optimisation d e I’approxima-
tion ; rapidité de convergence carré intégrable pour une mesure p muni
de la norme Nz, et, plus généralement,
Optimisation de l’approximation pour les espaces U’(p) pour 1 < p < + m.
Avec les notations du chapitre précédent, Elle ne l’est pas pour l’espace L’(p), ni
nous allons étudier les deux problèmes pour l’espace E = P([u, h]) muni de la
suivants : norme N, ; on peut relier ce phénomène à
CI) l’unicité de l’élément q,7 de E,, opti- la forme des boules de R’ pour ces mêmes
misant l’approximation de ,f’ par les élé- normes (cf. figure in espaces vectoriels
ments de E,, ; il est alors intéressant de NORMÉS). D’ailleurs, dans ces deux cas, on
construire des méthodes explicites de peut donner des exemples où il n’y a pas
calcul de <r,, ; unicité de <P,~ : il suffit par exemple de
h) la distance S,,y’) tend-elle vers 0 si IZ prendre E = C([O, 11) muni de la norme
tend vers + a7? Si oui, déterminer la N,. Si E, est la droite vectorielle engendrée
vitesse de convergence en fonction des par la fonction t - t, alors d(1, E,) est
propriétés de J a t t e i n t e p o u r Imites l e s f o n c t i o n s
Voici deux exemples classiques. q(t) = at où 0 < a < 2. 11 en est de
Dans le premier, E est un espace même si E est l’espace C(T) des fonctions
vectoriel de fonctions l-périodiques à continues l-périodiques et si E, est la
valeurs complexes et E,, est le sous-espace droite
vectoriel G,, des polynômes trigonométri- vectorielle engendrée par la fonction
ques de degré < n, c’est-à-dire des com- t - sin2 xt. Cela tient au fait que toutes les
392
FONCTIONS REPRÉSENTATION (L APPROXIMATION DES
393
FONCTIONS REPRÉSENTATION a APPROXIMATION DES
alors :
%Cl = c ApTp(t 1
1
d(P,E,)=lh,+,l=-nla,+,l,
2
p=o
fournit une excellente approximation de .f
pour un polynôme de degré < n. On peut
prouver que le gain par rapport au
développement taylorien est de 1/2”, ce qui
On notera que l’application P - <P~ est
est en accord avec les résultats du chapi-
linéaire, mais, malheureusement, il n’est
tre 5.
pas vrai, contrairement au cas des normes
N?, que, si P est de degré IZ + 2, cp,,
s’obtienne en prenant d’abord Convergence de 6,(f )
394
FONCTIONS REPRÉSENTATION (L APPROXIMATION DES
Les résultats explicites fournis par le nlodule de continuité. Soit f une fonction
théorème 3 permettent d’étudier des cas continue sur un intervalle 1 de R ; pour
plus fins. tout 6 > 0, on pose :
Théorème 6 (théorènw de Muntzj. Soit
q(F) = sup If(x) -f(v) / 1 pour &Y E 1;
E = [0, 11, (a,) une suite strictement crois- lx-y1 <a
sante de nombres réels positifs telle que
cette notion est très commode car elle
CQ = 0, et E, l’espace vectoriel engendré
permet de décrire différentes classes de
par e,,), . . . . ecln, où e&t ) = 8.
fonctions :
1. Si E est muni de la norme Nz, il est
la fonctionf’est uniformément continue
équivalent de dire :
sur 1 si et seulement si 0x6) + 0 si 6 + 0 ;
a) pour tout .fE W, 111, S,,V) - 0,
la fonction f’est lipschitzienne de rap-
c’est-à-dire la suite (e,,,J est totale ;
port k sur 1 si et seulement si o,(s) < k6.
b) la série
Plus généralement, j’ est holdérienne
c 1 d’ordre c(, pour 0 < cx < 1, si et seule-
c-
n=l
a, ment si ~~(6) < kW.
Dans le cas des normes N,, on introduit
diverge. les classes de fonctions suivantes :
2. Cette équivalence reste valable si E l’espace vectoriel Lip,([a, b]) des fonc-
est muni de la norme N,. tions holdériennes sur [a, h] d’ordre u,
Pour démontrer ce résultat, on calcule O<~C< 1,munidelanorme:
la distance de eli à E,, par la méthode de
Gramm indiquée plus haut et on montre
que cette distance tend vers 0 si et seule-
ment si la condition b est réalisée.
La méthode utilisée pour passer de N,
à N, consiste en une inégalité du type
Sobolev : sifest nulle en 0 et de classe Ci, ~ pour tout p ) 0, l’espace vectoriel
on a : Lip.,p([a, b]) des fonctions de classe CP
sur [a, b] telles que DpfE Lip,([a, b])
Ne&t-) < x6=ü X N,(Df);
muni de la norme :
pour approcher uniformément ,f par des f- Ncccf) + + N,(D+‘f) + A,(Dpf).
éléments de E,,, il suffit donc d’approcher
Dfen moyenne quadratique. Ainsi, le cas Le cas des fonctions périodiques est
de N,, d’accès difficile par une méthode analogue. Les espaces vectoriels normés
directe, est résolu grâce à un détour par Lip ~x,i> sont complets.
N,. Ces méthodes sont d’usage constant en Pour étudier S,,(f), on commence par le
analyse fonctionnelle. cas des fonctions périodiques et on en
Enfin, la rapidité de convergence de déduit le cas C([- 1, 11) par le changement
S,,cf) vers 0 dépend de la r&ularité de,fi Ce de variable .Y = comt. Considérons donc
phénomène est analogue à celui des séries une fonction continue l-périodique f:
de Fourier (cf. SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES). L’idée est d’approcher f par convolu-
Pour mesurer de façon précise la régularité tion avec des polynômes trigonomé-
des fonctions continues, on introduit le triques x,, constituant une approximation
395
FONCTIONS REPRÉSENTATION a APPROXIMATION DES
396
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES
Ayant étudié précédemment la rapidité Dans les deux cas, llp,, /1= 1, donc le
de convergence vers 0 de S,cf), il nous processus est à la fois stable et consistant ;
reste à examiner le comportement de IIpn 1 . nous avons vu précédemment qu’il est
Voici tout d’abord un cas idéal. d’ailleurs optimal. En particulier, la
ThCorème 1. Processus consistunts et convergence a lieu pour tout élément f de
stables. Tout processus à la fois consistant E et elle est d’autant plus rapide que f est
et stable est convergent sur E tout entier régulière : Il existe p > 0 tel que :
car, dans ces conditions, S,cf) -+ 0 et
11u,~ 11< M. En outre, la vitesse de conver-
gence est de même ordre de grandeur que
celle du processus optimal.
Approximation polynomiale uniforme
Nous examinerons maintenant d’abord
la possibilité d’obtention de processus Théorème 3 (théorème de Bernstein-Fuber).
Convergence de l’approximation polyno-
d’approximation polynomiale à la fois sta-
miule trigonomf’trique uniforme. On prend
bles et consistants. Ici encore, la situation
E = C(T) muni de la norme N, et
est radicalement différente suivant qu’il
E, = G,,.
s’agit d’approximation en moyenne qua-
1. Le processus de Fourier n’est pas
dratique ou d’approximation uniforme.
stable, car la norme du projecteur pn :
f ++ s,,(f) est égale à i D,, /Ii, où D,, est le
Approximation polynomiale quadratique
noyau de Dirichlet, et 11D,, 11, - (2/@lnn.
Théoréme 2. Stabilité et convergence de
Cependant, la convergence uniforme de
l’approximation polynomiale en moyenne
s,,cf) vers .f a bien lieu dès que le module
quadratique. de continuité oXl/n) est négligeable
1. Cas des fonctions périodiques. E est devant l/ln n, et, en particulier, si f est
l’espace vectoriel L2(T) des fonctions de holdérienne d’ordre o. En outre, la perte
carré intégrable l-périodiques muni de la de rapidité par rapport au processus opti-
norme N?, E, = ‘G,, est le sous-espace mal est faible, puisque :
vectoriel des polynômes trigonométriques
de degré < n et pn est le projecteur llf-s,Cf)ll- < a”m(l+; Inn)
orthogonal de E sur E,, qui, à toute
foncti0n.f; associe la somme partielle s,,(J) En particulier, si f E Lip,,,, :
de sa série de Fourier.
2. Cus des ,fonctions d$înies sur un
intervalle 1 de R. On se donne un poids 1~
défini sur 1, et E est l’espace vectoriel ainsi, la convergence est d’autant plus
L’(1, rr) des fonctions de carré intégrable rapide que f est régulière.
pour la mesure de densité rr muni de la 2. Le processus de Fourier est optimal
norme N?., ; ici E, = a,, sous-espace vec- parmi les processus consistants. On peut en
toriel des polynômes de degré < n etp,, est effet démontrer que, pour tout projecteur
le projecteur de E sur E,, qui associe à f la continu P,~ de E = C(T) sur ‘G,,, on a
somme partielle s,,cf) de son développe- Il P,, Il 2 II Dn 111.
ment suivant le système de polynômes 3. En particulier, le processus consis-
orthogonaux défini par TI. tant (p,) n’est jamais stable, et, comme
397
FONCTIONS REPRÉSENTATION & APPROXIMATION DES
(E, N,) est complet, il existe des fonctions que sur un intervalle compact, s,,v)
continues f telles que IIpJ/“)i~ soit non converge aussi vers g en moyenne quadra-
borné ; bien entendu, pour une telle fonc- tique, et. par unicité de la limite, g =f:
tion f, la suite p,,(J) ne tend pas vers ,f: Pour établir la convergence normale, on
Ainsi, il n’existe pas de processus majore 11e,, IL et on utilise le fait que, plus
d’approximation polynomiale trigonomé- ,fest régulière, plus la suite (cc,,fJ)) décroît
trique à la fois consistant et uniforme, ou, rapidement.
ce qui revient au même, convergent sur Le cas des séries de Fourier est bien
tout C(T). A fortiori, il n’existe pas de classique : sif est continue et de classe C’
processus consistant positif, ce qui résulte par morceaux, la série :
aussi de la méthode de Korovkine. +=
Par changement de variable, on obtient
le théorème suivant.
c la.(f)1
n--m
est convergente, ce qui assure la conver-
gence normale de la série considérée puis-
On prend E = c([a, h]) muni de la que /le,, lb = 1 (cf. SÉRIES TRIGONOMÉTRI-
norme uniforme et E,, = :I’,,. QUES). On dispose de résultats analogues
1. Le processus de développement def pour les développements en séries de
en série de polynômes de Tchebychev n’est polynômes orthogonaux (cf. polynômes
pas stable, car ljp,,lj - l/lnn. Mais il O R T H O G O N A U X ). Dans le cas des dévelop-
converge pour les fonctions telles que pements en série de polynômes de Legen-
o,(l/n) soit négligeable devant l/lnn, et dre, si ,f est continue et de classe C’ par
d’autant plus rapidement que ,f’ est plus morceaux sur [- 1, + 11, la série C cC,,cf)
régulière. e,, converge normalement sur tout com-
2. Ce processus est optimal parmi les pact de ]- 1, 1[ et sifest de classe C’, cette
processus consistants. convergence est normale sur [- 1, + 11.
3. En particulier, il n’existe pas de Pour les développements en série de poly-
procédé d’approximation polynomiale uni- nômes de Hermite, si f est continue et de
forme à la fois consistant et stable. On classe C’ par morceaux sur R et si f etf”
notera que ((“([a. h]), N,) étant complet, la sont de carré intégrable pour le poids V,
convergence simple n’est même pas assu- alors la convergence est normale sur tout
rée. compact de R.
En outre. pour les fonctions suffisam- Cette même idée s’applique encore a
ment régulières, on peut remonter de l’étude de la convergence uniforme des
l’approximation en moyenne quadratique développements en série de fonctions pro-
à l’approximation uniforme. Il suffit pour pres des équations de Sturm-Liouville
cela de prouver que la série Xu,,(J)e,, (cf. équations DIFFÉ RENTIELLES, chap. 3) ou
donnant le développement de ,f converge des équations intégrales de Fredholm (cf.
normalement sur l’intervalle considéré. En équations INTÉGRALES).
effet, dans ces conditions, s,,cf) converge Dans le même ordre d’idée, signalons le
uniformément vers une fonction continue théorème de Rademacher-iMen&ov : s i i.
398
FONCTIONS REPRÉSENTATION a APPROXIMATION DES
Nous examinerons enfin le cas des tions continues et affines sur chaque inter-
processus interpolatoires. valle [t,, t,+,] de S,,. Alors le processus
Theorème 4. Convergence des processus consistant (JJ,) est stable car IIpn 11= 1. En
interpolutoires. Ici E = ?([a, h]) muni de outre :
N,. Soit S un système interpolateur sur
[a, h] et L,, le projecteur de E sur !7,, qui à
tout élément f de E associe le polynôme
d’interpolation de Lagrange (ou de Her- mais la rapidité de convergence n’est guère
mite) L,(f) (cf. chap. 5). améliorée si f est régulière (cf. suprcr,
1. Pour tout S, IIL, )/ domine Inn ; les chap. 5).
processus interpolatoires ne sont donc ni C’est pourquoi on peut alors recourir
stables ni convergents sur E. aux fonctions spline.
2. Si on prend pour S le système de Théorème 5’. Convergence de l’approximu-
Tchebychev, où [a, b] = [- 1, l] et où tion pur des,f&ctions spline. Soit encore S,,
a, = cos[(2j + l)K/2n] pour 0 6 j < n ~ comme dans le théorème 5 et soit A,,,,
1, et L,(f) le polynôme d’interpolation de l’espace vectoriel des fonctions spline cubi-
Lagrange associé à J alors / L,, 11- Inn. ques associées à S, et p,? le projecteur de E
Autrement dit, l’interpolation de Tcheby- sur A,,, qui à toutf E E associe la fonction
chev est sensiblement optimale parmi les spline cubique S,(f) interpolant f (cf.
processus consistants d’approximation supra, chap. 5). Alors le processus consis-
polynomiale. En particulier, L”u”) tant @,) est stable et :
converge uniformément vers ,f dès que
o,(l/n) est négligeable devant l/lnn et, si
.f’E Lip,, :
Cette fois, la rapidité de convergence
IIL”Cf)-fll, = o(A). est améliorée si f est plus régulière (jusqu’à
la classe C4).
En revanche, si on prend des subdivi- Le cas des fonctions périodiques est
sions à pas constant, 11L,, 11croît exponen- entièrement analogue.
tiellement, si bien que le processus peut
JEAN-LOUIS OVAERT et JEAN-LUC VERLEY
fort bien diverger, même sif est analytique.
Généralisations Bibliographie
Comme l’approximation polynomiale uni- * Représentation des fonctions
forme ne fonctionne pas bien, on est J. DIEUDONNÉ, Culcul ir~finifhin~a/. Hermann, 2’ éd.
1980 / A. KOLMOGOROV & S. FOMINE, Éhwn/~ (le
amené à choisir des fonctions un peu plus lu th&rie des fonctions et de l’mol~se jbnctionnellc.
générales que les polynômes, à savoir M.I.R.. Moscou. 1977 / W. RLJDIN. Rrd trntl
uolvnomiales Dar morceaux.
- . I
Contde.~ Anulvsi.~, McGrh-Hill. New York, 3’ éd.
Le cas le plus simple est celui des 198?/ E. WH~TAKER & G. N. WATSON , A Course of
Moclern Anulwis, Cambridge Univ. Press. New
fonctions affines par morceaux. York-Londres, 1969.
Thlorème 5. Ici E = P([u, h]) muni de
l Approximation des fonctions
N,. Soit S, la subdivision de [a, h] à pas
C. M. BENDER & S. A. ORSZAG, Adrnnced Mrrtlw
constant (b - a)/n et p,, le projecteur de E nwticcrl Methods .for Screntists
and Enginrers.
sur le sous-espace vectoriel A, des fonc- McCraw-Hill, 1978 / P. DAVIS, Interpolulion und
399
FONCTIONS ANALYTIQUES
D EPUIS I’Antiquité,
on connaît en sub-
stance la série géométrique sui-
n=Ic C,X”
vante : et le calcul sur ces séries gardent en effet
un sens lorsque les coefficients c,, et la
&l+x+x’+...+xn+...(o<x< 1). variable .Y ne sont plus nécessairement des
nombres réels ou complexes, mais plus
Une des grandes découvertes qui jalon- généralement appartiennent à un corps
nèrent la formation du calcul infinitésimal I&L; complet, par exemple le corps des
au milieu du XVII~ siècle fut la possibilité de nombres p-adiques (cf. théorie des NOM -
représenter les fonctions (( usuelles )) (loga- BRES Nombresp-adiques) : il ne s’agit pas
400
FONCTIONS ANALYTIQUES
401
FONCTIONS ANALYTIQUES
402
FONCTIONS ANALYTIQUES
alors, pour tout r < R, la série (2) INFINIS). Ainsi, la série de terme général
converge normalement dans le disque II ! z” a un rayon de convergence nul
fermé D(O, y) (en particulier, cette série (critère de d’Alembert) ; la série :
converge absolument pour /Z 1 < R) et m 1
diverge pour 1 Z 1 > R.
Ce nombre R est appelé le uuyon cle c
n=O
-Z",
n!
403
FONCTIONS ANALYTIQUES
qui figure dans (4). Remarquons que cette La fonction ,f’ est donc somme d’une
série est normalement convergente dans série entière de centre z,, dans le disque
tout disque fermé de rayon assez petit ouvert D(Z”, R ~ 1 r0 1) ; remarquons que
(théorème l), et, par suite, f‘ est une cette série a donc un rayon de convergence
fonction continue dans U. R -1 z0 1, mais ce rayon de convergence
Voici, en liaison avec ce qui précède, un peut être strictement plus grand. Le disque
important exemple de fonction analytique. de convergence « déborde » alors du dis-
Théo&ne 2. La somme d’une série entière que de convergence de la série initiale, et
est analytique dans son disque de conver- cela permet de prolonger la fonction f en
gence. une fonction analytique dans la réunion
On se ramène par translation a une des deux disques (cf. chap. 7).
série entière de centre 0 :
Principe des zéros isolés
Examinons maintenant le comportement
d’une fonction analytique au voisinage
de rayon de convergence R ; soit 7” un d’un point où elle s’annule.
point du disque de convergence et posons Soit f une fonction analytique dans un
z = 2” + (Z ~ z,). La formule du binôme ouvert U et CIE U un zéro de f La
de Newton donne : fonctionf’est développable en série entière
n au voisinage de a, c’est-a-dire que l’on a (4)
2” = (20 + (2 -zgp = c<z;-p (z--z&, dans un disque D(a, Y) où u0 =,f’(a) = 0.
c
p=o Si tous les coefficients de la série (4) ne sont
pas nuls, ce qui aura lieu en particulier si
d’où :
f n’est pas identiquement nulle dans
D(u, r), désignons par u,, le premier
J-(z) = c<z;-p (2
coefficient non nul ; on a alors :
m
On montre alors que, pour :
(5) f(z) = c Q,(z-a)n
p=k
Iz-zol < R -/zol.
404
FONCTIONS ANALYTIQUES
peut aussi énoncer ainsi : Soit ,f une supposons d’abord U connexe et soit
fonction analytique dans un ouvert U ; si a E U ; désignons par U, l’ensemble des
un point a E U est limite d’une suite de points de U qui peuvent être joints à u par
zéros de ,f; alors f est identiquement nulle une ligne brisée située dans U et par Uz
dans tout un disque de centre a. Il en l’ensemble des points pour lesquels il est
résulte aussi que, si la somme d’une série impossible de trouver une telle ligne brisée.
entière de centre cl est identiquement nulle L’ensemble U, est ouvert, car, pour tout
dans un disque de centre (I, alors tous ses point b E U,, il existe un disque D de
coefficients sont nuls ; on en déduit immé- centre h contenu dans U, et ce disque est
diatement 1’unicitL; du développement en en fait contenu dans U,, car tout r E D
série entière d’une fonction analytique au peut être joint à CI par une ligne brisée dans
voisinage de tout point. U : il suffit de N rajouter )> à la ligne brisée
Les résultats précédents sont dits joignant a et b le segment d’origine h et
locaux : ils s’appliquent à des disques de d’extrémité 2, qui est contenu dans D, donc
rayons assez petits. Pour <( globaliser )>, dans U. Pour la même raison l’ensemble
nous aurons besoin d’introduire une U2 est aussi ouvert, car, si c E U?, il existe
notion topologique qui joue un rôle essen- un disque de centre c contenu dans U, et
tiel dans tout ce qui suit. On dit qu’un ce disque est contenu dans U2 ; en effet, s’il
ouvert U est connew s’il ne peut pas contenait un point h E U,, on pourrait
joindre a à c par une ligne brisée en
s’écrire comme une réunion de deux
rajoutant le segment d’origine h et d’extré-
ouverts non vides disjoints ; un ouvert
mité c à la ligne brisée joignant a à h,
connexe est souvent appelé un domaine.
c e qui contredit CE U>. Puisque
Tout ouvert quelconque du plan est une
U = U, U Uz, et U, non vide car il
réunion de domaines deux à deux disjoints
contient a. on a nécessairement U, = 0.
appelés les composantes connews de cet
Rhproc~uement. faisons l’hypothèse que
ouvert. La condition de connexité équivaut
deux points de U peuvent toujours être
à ceci : deux points quelconques de U
joints par une ligne brisée située dans U ;
peuvent être joints par une ligne brisée
on va supposer que U peut s’écrire
entièrement contenue dans U (fig. 1) :
U, U UZ, où U, et U2 sont des ouverts non
vides disjoints et aboutir à la contradiction
fig. 1 /
qu’ils ne sont pas disjoints. Soit CI E U, et
b E UZ ; il existe une ligne brisée L C U
image du segment [0, l] par une fonction
affine par morceaux t - y(t) d’origine a et
d’extrémité h, c’est-à-dire telle que
y(O) = u et y(l) = h. Soit A l’ensemble
des t E [O. l] tels que y([O, t]) C U, et soit
c( la borne supérieure de A ; puisqu’il existe
un disque ouvert de centre a contenu dans
U,, on a c( > 0. De plus, ~(CC) E U,. car,
sinon, ~(CC) appartiendrait à U, et, puisque
U, est ouvert, il existerait tout Un intervalle
]c( - q, c(] dont l’image par y serait conte-
405
FONCTIONS ANALYTIQUES
nue dans U2, en contradiction avec la b E Uz, ,f- g n’est pas identiquement nul
définition de c( ; il suffit donc de montrer au voisinage de b, et, par suite, il existe tout
q u e CC=~, d ’ o ù b=y(l)EU,, s o i t un disque de centre b dans lequel b est le
U, n U2 f 0. Or, si c( < 1, comme y(o) seul zéro éventuel de f - g, ce qui entraîne
appartient à U,, qui est ouvert, il existerait que ce disque est contenu dans LJI.
tout un intervalle [o, o + rl’[ dont l’image
par y serait contenue dans U,, en contra-
diction avec le fait que a soit la borne 2. La dérivation complexe
supérieure de A.
Nous étant ainsi un peu familiarisés Soit U un ouvert du plan et f une fonction
avec la notion d’ouvert connexe, on peut à valeurs complexes définie dans U. On dit
énoncer le principe du prolongement ana- que ,f est dérivable uu sens complexe en un
/ytique. Soit f et g deux fonctions analyti- point z0 = x0 + iyoE U si l’expression :
ques dans un ouvert conrwue U ; s’il existe
une suite de points distincts z,? E U conver- f(Zo + u)-f(zo)
u
geant vers a E U, avec ,f(-iJ = g (zJ,
alors on a identiquementf(=) = g (2) dans tend vers une limite f’ (2”) lorsque le
tout U. Ce principe pourra s’appliquer par nombre complexe 11 = s + it tend vers
exemple si on a f (2) = g (i) en tous les zéro en module (c’est-à-dire lorsque (.Y, t )
points d’une ((ligne D, ou, de manière tend vers (0, 0) dans R2) ; le nombre
encore plus particulière, si f et g sont égales complexe f ‘(10) s’appelle la dérivée de f au
dans un ouvert non vide inclus dans U. sens complexe au point za.
C’est la justification correcte du (< prolon-
gement des égalités )) au domaine com- Équations de Cauchy-Riemann
plexe : Si deux fonctions analytiques dans La condition de dérivabilité complexe au
un même ouvert connexe U sont égales sur point z0 peut aussi s’écrire :
U n R supposé non vide, alors elles sont
égales dans U tout entier, ce qui permet f(zo + u)-f(Ztl) = G-‘(zd + U&(U)>
d’étendre au champ complexe des formu- où E(U) tend vers 0 pour 1u /d 0. Si on
les connues dans le cas réel. pose f (x + iy) =.f(‘c, y), on aura :
Établissons ce principe du prolonge-
ment analytique. Soit U, l’ensemble des (~o+S>Yo+~)-f@o,Yo)
= (s + it)f’(zo) + E(S, Z)vFTF,
points de U au voisinage desquels f ~ g est
identiquement nul, soit U2 son complé- ce qui exprime que la fonction f(s, y),
mentaire dans U. Tout point de U, est considérée comme fonction des deux
centre d’un disque dans lequel f-g est variables réelles x et y, est dérivable (cf.
identiquement nul, et, par suite, tout ce CALCUL INFINITÉSIMAL - Calcul à plUSieUrS
disque est dans U, a, insi U, est ouvert et variables, chap. 2) et que :
il est non vide, car d’après le principe des
zéros isolés, il contient a. Montrons que U2 (6) Eh) =f’(zo). $z,) = if’(zo) ;
est ouvert aussi, ce qui montrera, puisque
ü est connexe, que ü2 = @. Ceia résuite
de la continuité en h, ou, si f(b) = g (b),
du principe des zéros isolés ; en effet, si
406
FONCTIONS ANALYTIQUES
Réciproquement, si f est une fonction sens con~pkxe et que sa dérivée est encore
dérivable des deux variables .Y et 1‘ satis- une fonction analytique. La dérivabilité et
faisant à la condition (7), elle est dérivable l’analyticité étant des propriétés locales
au sens complexe. Si on pose (cela veut dire que si tout point U est
,f‘(s, y) = P(.u, y) + iQ(.u, J), la condition centre d’un disque dans lequel ces proprié-
(7) donne les deux relations. appelées tés sont vraies, alors elles sont vraies dans
conditions de Cauchy-Riemann : U), il suffit d’établir le résultat suivant :
E
C*l f(z) = c a,(z-OY’,
Sif‘est une fonction dérivable des deux
variables réelles .Y, 1’. on pose souvent :
n-0
la somme d’une série entière dans un
disque D(L[, r) ; alors la fonction f’ est
dérivable dans D(u, I.), et on a :
ce qui est suggéré par l’expression de la
différentielle : (**) f’(z) = -f na,(z-c2)n-l.
n=1
df = ;;dx + $y = ;;dz + 32,
Remarquons tout d’abord que, puis-
avec CI? = cl.~ + i ciy et k = d‘r ~ i tiy. que :
La condition de Cauchy-Riemann peut limG5 = 1,
alors s’écrire : n-m
la formule d’Hadamard (3) montre que les
af 0>
dz= séries entières (*) et (**) ont le même rayon
de convergence. Par translation, on se
et on a, sif’est dérivable au sens complexe :
ramène à a = 0.
Soit z0 E D(O, Y) et choisissons p tel que
f’(zo) = g<zo>.
1 z,, 1< p < Y ; désignons enfin par g(z) la
Dans ce qui suit, on va montrer qu’une somme de la série (w) pour 1z 1< r. On a,
fonction,f’est analytique dans un ouvert U pour z # 5” :
si et swkwwnt si elle est continûment déri-
f(z) -J-Go) -g(z,)
vable au sens complexe dans U (cela signifie z -zO
PG
1
que f’ est une fonction continue dans U).
D’après ce qui précède, cela revient à dire zz a , Z” 7;7-nzon-’
-Zo” ;
CI 0
que,f(z) est analytique si et seulement si n=l
,f(.~-. JS) est une fonction continûment déri- l’expression entre crochets est nulle pour
vable des deux variables s,~‘qui satisfait, en IZ = 1 et, pour n 3 2, on peut majorer son
tout point z = .Y + iJ> de U, à l’une des
module :
conditions équivalentes (7) ou (8).
n-l
~z$-lz’-k-L
Dérivation des fonctions analytiques
l~z-zo)r I
Montrons tout d’abord que toute j0nction
n(n-1) -2
anal~Yique est in&jïnirnent &ikahle uu < IZ-ZOI~P” 1
407
FONCTIONS ANALYTIQUES
pour 1z 1< p. Par suite : dans un disque D(cr, r), la somme F(z) de
la série entière :
f(z) -f@o) -qr,)
z-z0 F(z) =
ce c
n=O
< (z-z01 c n =a” !Y-= ;
n-2 est une fonction analytique dans D(u, I’) qui
admetfpour dérivée au sens complexe ; on
cette dernière série est convergente, puis- dira que c’est une primitive de J’ au sens
que p < V, etf‘est donc dérivable en zO. de complexe. On a ainsi établi que toute fonc-
dérivée j’(z,,) = g(z,). tion analytique possède lorulement une pri-
Puisque f est analytique, on peut lui mitive définie à une constante additive près,
appliquer de nouveau le théorème 3. Par c’est-a-dire que tout point de l’ouvert U
récurrence, on obtient que f est indéfini- dans lequel U est analytique est centre d’un
ment dérivable au sens complexe et que sa disque dans lequel J’admet une primitive.
dérivée k-ième est : Mais l’existence d’une primitive n’étant pas
une notion locale, on ne peut rien obtenir de
c
plus pour l’instant. Il sera nécessaire
f ” ‘ ( z ) = c n(n - 1 ) d’introduire une nouvelle notion, de nature
n=k topologique, la simple connexité (cf. infra,
X ( n - k + l)a,(z-u)“-~,
L ‘homotopie, chap. 4), pour aborder globa-
pouriz-ai< r. Pourz=fr,ona: lement le problème des primitives d’une
fonction analytique dans un ouvert.
f ” ‘ ( a ) = k!a,;
408
FONCTIONS ANALYTIQUES
Soit z E D(O, R) ; choisissons r tel que terme à terme son produit avec les deux
/ 3 / < I’ < R. La fonction : membres de (12), ce qui donne, d’après
(1 l), en tenant compte de (13) :
f(z) = -g cl,Z”,
est continue et dérivable pour 0 < h < 1 n=O
(puisque, pour : fixé, la fonction sous le
les u,, ayant la valeur indiquée par (10). Le
signe d’intégration est une fonction
fait que les coefficients a,, sont indépen-
continûment dérivable de (t. A)), et sa
dants de Y résulte de l’unicité du dévelop-
dérivée s’obtient par dérivation par
pement en série entière.
rapport à h sous le signe d’intégration.
Donnons une autre conséquence du
Ainsi :
théorème 4. Si ,f est analytique dans un
ouvert U, pour tout point ci E U elle est
g’(h) = /‘” f’[(l -h)z + hrei’]rez’dt = 0,
II continûment dérivable dans le plus grand
disque ouvert de centre CI contenu dans U,
car la fonction sous le signe d’intégration
donc développable en série entière de
est la dérivée (en t) de la fonction :
centre n dans ce disque ; par suite, le rayon
1 de convergence de la série de Taylor def
F(t) = :f[(l --A)L + hrei’],
rh en u est supérieur ou égal au rayon de ce
qui est périodique de période ~TT, d’où disque, qui est la distance de CI a la frontière
g’(A) = F(27r) ~ F(0) = 0. Ainsi, g est de U (cf. chap 7).
constante dans [0, 11, donc nulle puisque Indiquons enfin qu’on peut établir le
g(0) = 0. Écrivant que g(1) = 0. on théorème 4 sous l’hypothèse plus faible
obtient, en sortant ,f‘(z) : que ,f’est continue dans D(O, R) et déri-
vable au sens complexe en tout point, sans
supposer la continuité de f” (théorème de
Goursat) ; la difficulté est alors de montrer
que la fonction g(h) qui figure dans la
démonstration est encore dérivable, de
Remarquons maintenant que, puisque dérivée nulle. Cela entraîne que, si ,f’ est
r > 1-1, on a : dérivable au sens complexe en tout point
re ‘f d’un ouvert U. alors,f’est analytique dans
(12) ~
?V”-Z= 1 +zh” U (donc indéfiniment dérivable au sens
+ (z/re”y + . . + (z/re”)- + . . . . complexe).
409
FONCTIONS ANALYTIQUES
encore ces propriétés : ce sont des fonc- puisque u est continue > 0, cela entraîne
tions harmoniques (cf. POTENTIEL ET FONC- U(Z) = 0, donc f(z) = f (a), dans tout le
TIONS HARMONIQUES). disque D(a, R).
Voici par exemple une conséquence du
Le principe du maximum principe du maximum qui sert souvent. Si
f est une fonction analytique dans un
Une importante conséquence de la pro-
disque D(u, R), alors on a, pour r < R :
priété de moyenne est le principe du
maximun~, que l’on peut énoncer ainsi :
Soit U un ouvert c’onnexr du plan com-
plexe et f une fonction analytique dans U ; en effet, la fonction continue I,fl atteint sa
s’il existe un point CI E U tel que l’on ait borne supérieure dans D(O, r) en un point
if (2) 1< if (a) 1dans tout un disque de qui, d’après le principe du maximum, est
centre a (on dit alors que la fonction If1 a nécessairement un point frontière, sinonf
un maximum relatif en a), alors ,f’ est serait constante (et alors (15) trivial). Ce
constante dans l’ouvert U. raisonnement s’appliquerait à tout com-
Pour cela, remarquons d’abord que, si pact (ensemble fermé et borné) du plan :
f(a) = 0, alors on af(:) = 0 dans tout un si f est analytique dans un ouvert connexe
voisinage de u, d’ou f‘= 0 dans U tout D d’adhérence 6 compacte et continue sur
entier. Supposons donc ,f(a) # 0 ; multi- D, alors If1 n’atteint son maximum qu’en
pliantfpar une constante complexe, on se un point frontière, sinon elle est constante.
ramène au cas où j”(a) est réel positif. Donnons une application de (15) en éta-
D’après le principe du prolongement ana- blissant le lunmr de Schwur~, qui sert dans
lytique, il suffit de montrer que f est la théorie de la représentation conforme
constante dans un voisinage de a. (cf. la partie C ci-après - Représentation
410
FONCTIONS ANALYTIQUES
conforme) : Soit ,f une fonction analytique tion est alors développable en série de
pour 151 < 1 telle que f(0) = 0 et rayon de convergence infini ; les inégalités
If(s) / < 1 pour 13 / < 1 ; alors on a (16) entraînent que les coefficients u,, de ce
I.~(Z) / < 1i 1pour 12 / < 1, avec égalité en développement vérifient :
un point z0 # 0, si et seulement si
f(z) = hz, A constante complexe du
module 1.
En effet, on a : quel que soit r. Pour r tendant vers l’infini,
on obtient ur, = 0 pour n > 1. Le théo-
rème de Liouville fournit une démonstra-
f(z) = -f U”Z”, IZI < 1,
tion extrêmement simple du (< théorème
n=l
fondamental de l’algèbre )), le théorème de
et, par suite, la fonction : d’Alembert : Tout polynôme à coefficients
complexes de degré > 1 a au moins une
g(z)=fo= - a,zn-l racine complexe. En effet, soit :
Z c
n=I
P(z) = a, + a,z + + a,-,zn-l + a,zn,
est analytique pour 1 z 1 < 1. Puisque
où (I,, # 0, II > 1, un tel polynôme ; rai-
I.~(S) / < 1, on a donc /g(z) / < I/r pour
sonnons par l’absurde, en supposant
/ z / = Y, et aussi pour 1z 1< r, d’après (15).
P(z) # 0 pour tout z E C. La fonction
Ainsi, fixant 3 E D(O, 1), on a I.~(Z) 1< 1z l/r
I/~(Z) est alors analytique dans tout le plan
quel que soit r > 1z 1, r < 1 ; faisant tendre
et bornée, car / P(z) 1+ 00 pour 1z l+ 0~ ; le
r vers 1, on a bien If(z) 1< 12 1. Si mainte-
théorème de Liouville entraîne alors que
nant on a if(r,) I= /z” / pour un point
cette fonction est constante, en contradic-
z0 f 0, alors la fonction g atteint son
tion avec l’hypothèse.
maximum en un point du disque D(O, 1) ;
la fonction g est donc constante et on a
f(z)/z=h,Ih~= 1.
4. Le problème des primitives
Les inégalités de Cauchy
Nous avons obtenu maintenant a peu près
Soit f une fonction analytique dans un
tous les résultats qu’il est possible de
disque D(O, R) ; la fonction j(z) est donc démontrer localement, c’est-à-dire à partir
somme dans D(O, R) d’une série entière
de l’étude des séries entières ; pour conti-
dont les coefficients CI,, sont donnés par la nuer la théorie, nous avons besoin d’un
formule (10). Si on désigne par M(r) le
remarquable outil introduit par Cauchy,
maximum de,f(z) pour / z 1= r (c’est aussi,
l’intégrale curviligne le long d’une courbe.
d’après (15), le maximum pour 1z 1< r), on
obtient donc :
l’intégrale curviligne
On va tout d’abord préciser la terminolo-
gie et les conditions de régularité auxquel-
Comme conséquence simple de (16), on les seront soumises les G courbes )) du plan
obtient le thL;orPme de Liouvde : Une qui interviennent dans la suite.
fonction analytique dans tout le plan et On appelle chemin dans le plan com-
bornée est constante. En effet, cette fonc- plexe toute application continue y : 1 - C
411
FONCTIONS ANALYTIQUES
d’un intervalle 1 = [a, b] dans le plan ment dérivable par morceaux ainsi que la
complexe qui est continûment dérivable bijection réciproque, t e l l e q u e y,(r)
par morceaux ; cela signifie que 1 est une = y?(<p(t)) pour tout t E Ii. Par exemple,
réunion d’un nombre fini d’intervalles pour tout chemin, on peut trouver, par une
fermés dans lesquels y est continûment homothétie suivie d’une translation, un
dérivable, ou encore que y est la primitive chemin équivalent défini dans un intervalle
d’une fonction continue par morceaux fixe de R, par exemple [0, 11.
dans 1. Le point y(o) s’appelle I’o~Y~+/re Soit maintenant y : [u, b] -+ C un
du chemin y et le point y(h) est son chemin et f‘une fonction à valeurs com-
extrémité ; un chemin ferme. c’est-klire tel plexes définie et continue sur la trajectoire
que y(u) = y(b) sera appelé un /wcl. de y. D’après les conditions de régularité
E n f i n , o n a p p e l l e trujcc’toirc l e sous- imposées à y, la fonction t ++fly(t))y’(t)
ensemble y(I) du plan complexe parcouru est continue par morceaux, donc intégra-
par y(t) pour f E 1 ; si y est un chemin, on ble, dans [a, h]. On appelle intégrale
le représentera géométriquement en des- curviligne le long du chemin y le nombre
sinant sa trajectoire et en indiquant par des complexe :
flèches le <( sens de parcours )) du point y(t)
lorsque t croît de a à b. L’exemple le plus (17) s,fW dz = /)(r(t ))Y@ ) dt ;
simple d’une telle situation est celui d’une
fonction affine par morceaux : la trajec- par exemple, si y est le cercle de centre z0
toire est alors une ligne brisée (cf. chap. 1). et de rayon r parcouru une fois dans le sens
Soit maintenant n un entier relatif non nul, direct (cf. supra) et,fune fonction continue
z0 un nombre complexe et r u11 nombre réel sur ce cercle, on a :
positif; pour t E [0, 24, l’application :
(18) @z)dr = ~o*“f(zo + rer’)ire”dt.
t-z, + rezinr 7
est un lacet dont la trajectoire est le cercle La notion d’équivalence des chemins
de centre z0 et de rayon Y (cf. EXPONEN- introduite ci-dessus s’avère particulière-
T~ELLE ET LOGARITHME). Nous dirons que ment bien adaptée à l’intégrale curviligne ;
ce lacet est ce cercle (< parcouru 12 fois )k, en effet, la formule de changement de
car tout point de ce cercle est l’image de variable dans une intégrale montre que, si
1 n / valeurs distinctes de t E [0, 2rr] ; on y, et y2 sont des chemins équivalents et .f
dira aussi que c’est ce cercle parcouru une une fonction continue sur leur trajectoire
fois dans le srns direct si n = 1 et &ns le commune, les intégrales curvilignes de f
sms rétrogrcide si 11 = -~ 1. sur y, et sur y2 sont égales.
Pour l’intégrale curviligne, nous aurons Indiquons enfin comment on peut
besoin d’une notion de courbe orientée plus majorer une intégrale curviligne : si
(< géométriquement )>, c’est-à-dire indépen- If(z) / < M pour tout point 2 de la trajec-
dante dans une certaine mesure du para- toire de y, on a :
métrage y. Nous dirons que deux chemins :
Y!:I!-c. u2:Iz-c
sont équivulrnts s’il existe une bijection =
continue <p croissante de 1, sur I?, continû-
412
FONCTIONS ANALYTIQUES
et cette dernière intégrale n’est autre que et de y1 sont égales. En effet, si nous
la longurur L(y) du chemin (cf. GÉOMÉTRIE désignons par y! le chemin (< opposé )) à
DIFFÉ RENTIELLE CLASSIQUE). Ainsi : y?, c’est-à-dire le chemin y1 (< parcouru en
sens inverse )) (défini mathématiquement
par :
lytique), alors :
o = f(z)dz + lifWz
s 7, s
fW Dr’(t )
L’homotopie
Soit U un ouvert du plan complexe et y, et
yz deux lacets de U ; quitte à remplacer
l’un d’entre eux par un lacet équivalent, on
peut supposer qu’ils sont définis dans le
même intervalle 1 = [a, b] de R. On dit
que ces deux lacets sont homotopes duns U
s’il existe une application continue :
<P:I X J-C,
414
FONCTIONS ANALYTIQUES
r
rapport u.
fig. 3
Le théorème de Cauchy
Ce résultat exprime que, si f est une
fonction analytique dans un ouvert U, la
valeur de l’intégrale curviligne defsur tout
lacet de U ne dépend que de la classe
d’homotopie de ce lacet dans U. En fait, on
peut même montrer, ce qui est plus fort,
qu’elle ne dépend que de la classe d’homo-
logie (cf. infra, chap. 5, Lïndice) de ce
lacet. D’après ce qui précède, ce résultat
est intimement hé au problème de la
recherche de primitives « globales )) pour
une fonction analytique.
Théorème de Cuuchy. Soit U un ouvert
du plan complexe et f une fonction
analytique dans U ; si y, et y2 sont des
lacets de U qui sont homotopes dans U,
alors :
pour tout lacet y de U ; par suite, toute de L entraîne d’abord qu’il existe o > 0 tel
fonction analytique dans un ouvert que, pour tout point z0 E L, la fonction f
connexe et simplement connexe admet une soit développable en série entière en
primitive (au sens complexe) dans cet (z ~ zO) dans le disque D(z,, o) et, par suite
ouvert. (cf. supra, chap. 2, Dérivation des fonctions
415
FONCTIONS ANALYTIQUES
416
FONCTIONS ANALYTIQUES
(f(z))* ’
réalise une bijection du plan complexe
privé du demi-axe réel négatif sur la
ce qui exprime que la dérivée de la fonction <( bande )) formée des nombres complexes
f/g est nulle dans U, et, par suite, que cette Z = X + iY tels que ~ TI < Y < + TT
fonction est constante dans le domaine (cf. EXPONENTIELLE ET LOGARITHME, chap.
simplement connexe U. Cette constante 4). Pour z réel positif, L(z) est le logarithme
est égale à 1, puisquef’(a) = g(cr), et on a de z au sens usuel, et la série de Taylor de
donc :
cette fonction au point 1 est :
g(z) = e-L(Z) =f(z),
L(1 + z)
pour tout z E U. On dit que la fonction +; +z;+ ,,, +(-l)“+‘;+
analytique L est une détermination analy-
tique (en particulier continue) du loga-
rithme de la fonction f
Le théorème de Morera
Notamment, il existe des détermina-
tions analytiques du logarithme de z dans Le théorème de Cauchy admet une réci-
tout domaine simplement connexe ne proque, qui ne fait intervenir que des
contenant pas 0 (par exemple, dans le intégrales curvilignes le long de contours
complémentaire d’une demi-droite fermée fermés très simples : le théorème de
issue de 0) ; et deux quelconques de ces Morera affirme qu’une fonctionfcontinue
déterminations diffèrent d’un multiple dans un ouvert U est analytique dans U si
entier de 2 xi, mais on a vu plus haut qu’il et seulement si son intégrale curviligne le
n’existait pas de primitive de l/z dans le long de tout rectangle, de côtés parallèles
plan complexe privé de 0 tout entier. Si L aux axes 0x et Oy, assez petit pour être
est une détermination du logarithme, sa entièrement contenu dans U est nulle. La
partie imaginaire est une fonction continue condition nécessaire résulte du théorème
qui est égale, en chaque point Z, à une des de Cauchy ; indiquons le principe de la
valeurs possibles de l’argument de Z. On dit démonstration de la réciproque. Soit a un
que c’est une détermination continue de point quelconque de U et soit D un disque
l’argument ; l’existence, dans un ouvert, ouvert de centre CI entièrement contenu
d’une détermination continue arg t de dans U ; pour z E D, désignons respecti-
l’argument équivaut à l’existence d’une vement par A, M, P, Q les points d’affixes
détermination analytique du logarithme, respectives :
par la formule :
a=a+ifJ 2=x+&,
(22) L(z) = In 12 1+ i argz, x+ip, a+iy.
417
FONCTIONS ANALYTIQUES
d ’ a p r è s l e s c o n d i t i o n s d e Cauchy-
Riemann (6) ou (7) la fonction F est donc
analytique, de dérivée au sens complexef:
Ainsi la fonctionfi qui est, au voisinage de
chaque point, la dérivée d’une fonction
analytique, est analytique dans U.
Le théorème de Morera peut servir à
éliminer des (( fausses )) singularités. Par
Principe de symétrie
exemple, désignons par P+ et par P- les
demi-plans ouverts Irnz > 0 et Im= < 0 ;
Le résultat qui précède permet d’établir
si .f‘ est une fonction continue dans un
le principe rie s~wktrie de Schwarz, utilisé
ouvert U qui est analytique dans chacun
pour prolonger des fonctions analytiques
des ouverts U f’ P+ et U n P-, alorsf’est
(cf. la partie B ci-après Fonctions ellip-
en fait analytique dans U tout entier. Il
tiques et modulaire). Soit U un ouvert
suffit de montrer que l’intégrale def’le long
connexe symétrique par rupport à une
de tout rectangle de côtés parallèles aux
droite L ; désignons par V l’intersection de
axes est nulle et le seul cas où une
U avec un des demi-plans fermés détermi-
démonstration est nécessaire est celui où
nés par L et par Ut l’intersection de U avec
ce rectangle ABCD coupe l’axe réel, c’est-
le demi-plan ouvert correspondant. Alors,
à-dire rencontre à la fois P+ et P-;
toute fonction f continue dans V, analyti-
bornons-nous a de rapides indications
géométriques. Introduisons, comme l’indi- que dans U, et telle quef’(U n L) C L’, où
L’ est une droite, se prolonge (de manière
que la figure 4, les segments opposés PQ
unique car U est connexe) en une fonction
et RS, parallèles et à une distance s de l’axe
analytique dans U tout entier (en faisant
réel. Puisque ,f est analytique dans P+ et
correspondre à des valeurs de : symétri-
dans P-, les intégrales curvilignes de ,f’le
ques par rapport à L des valeurs deJ‘(=)
long des lignes brisées QABP et SCDR
symétriques par rapport à L’). En effet, par
sont respectivement égales aux intégrales
des transformations affines portant sur = et
curvilignes defle long des segments PQ et
surf(s), on peut toujours se ramener au
RS. La continuité de ,f’entraîne alors que,
lorsque 6 tend vers 0, les integrales deSle cas où L et L’ sont l’axe réel, U symétrique
par rapport à l’axe réel, U, = U n P+ et
long de PS et de RQ tendent vers 0, tandis
f(z) réel pour 2 E U n R. Il suffit alors de
que les intégrales le long des segments PQ
remarquer que la fonction g définie dans U
et RS tendent vers des valeurs opposées
tout entier par :
(fig. 4). A ia iimite, on obtient bien que
l’intégrale deJ’le long du rectangle ABCD g(z) =f(z), zEUrlP+,
est nulle. g(z) =f(i), z EU n P-,
418
FONCTIONS ANALYTIQUES
g ’ ( f ) = -h’(f)(y(t)-z)ep*(‘)
+ y’(t)e-*(‘) = 0,
n fois, on a :
h ( t ) = f - Y’(U)
d u , tEI,
s.Y@-z
dl9
FONCTIONS ANALYTIQUES
brique de fois où le point y(r ) (< tourne )> Formule intégrale de Cauchy
autour de z lorsque t croît de CI à b. Par Soit y un lacet dans un domaine simple-
exemple, sur la figure 5, on aj(u ; y) = 1, nrenf connese U ; la formule intégrale de
j(u ; y) = 3, ,j(w : y) = 2. Cauchy exprime que, pour toute fonction
fog. 5
,f analytique dans U, on a :
420
FONCTIONS ANALYTIQUES
fonction continue sur la trajectoire y(1) ; converge uni$mwhent sur tout compact
alors la fonction : lxerïv uneftinction ,f si tout point u E U est
centre d’un disque fermé A inclus dans U
(25) f(u)&
g(z) = syu-z sur lequel la suite (f;,) converge uniformé-
ment vers f, c’est-à-dire :
est analytique dans l’ouvert complémen-
taire de y(1). La démonstration consiste à
établir, par des majorations au voisinage de
chaque point, que l’on peut dériver (au sens tend vers zéro pour n tendant vers l’infini.
complexe) sous le signe d’intégration, ce qui On peut alors affirmer (théorème dû à Karl
entraîne l’analyticité ; ainsi, la dérivée Weierstrass) que la fonction limite f est
analytique dans U ; de plus, la suite (f’,)
n-iéme au sens complexe est donnée par :
des dérivées converge uniformément sur
(26) f(u)
g(“)(z) = n ! r(Ud+, tout compact vers la dérivée f’ deJ: Soit
s
en effeet @a, r) un disque fermé de centre
obtenu en dérivant n fois par rapport à Z. a sur lequel la convergence est uniforme,
En particulier, si f est analytique dans un et soit y le cercle frontière 1 z ~ a I= r
ouvert simplement connexe U, on a, en parcouru une fois dans le sens direct.
combinant les deux résultats précédents : D’après la formule de Cauchy, on a :
pour tout lacet y de U et tout z E U pour 1Z ~ u 1< r. Puisque les fonctions cf,)
n’appartenant pas à la trajectoire de y. convergent uniformément vers f sur le
cercle / z - 0 1= r, un passage à la limite
Suites convergentes dans l’intégrale montre que :
de fonctions analytiques
Dans le domaine réel, une limite uniforme
de fonctions dérivables n’est pas nécessai-
ce qui établit, d’après (25), que f est
rement dérivable ; en fait, le théorème de analytique. Partant maintenant de :
Weierstrass affirme même que toute fonc-
tion continue sur un intervalle borné [a, h]
est limite uniforme de polynômes (cf.
représentation et approximation des FONC- une majoration facile de l/(u - z)~ montre
TIONS). Mais, dans le cas complexe, la alors quef ‘,1 converge uniformément dans
situation est tout à fait différente, et la tout disque /Z - a / < r’, r’ < Y, vers :
formule intégrale de Cauchy permet
d’obtenir des conditions très fortes de
régularité par passage à la limite.
La notion de convergence appropriée Les résultats précédents permettent de
ici est la (( convergence uniforme sur tout définir des fonctions analytiques à partir de
compact )). Soitfi, f?, . . .._ f;,, une suite de séries ou de produits infinis de fonctions
fonctions analytiques dans un ouvert U du analytiques ou encore d’étendre (25) à des
plan complexe ; on dit que la suite V;,) <( chemins sans fin » (cf. fonction GAMMA).
421
FONCTIONS ANALYTIQUES
La série de Laurent
Un disque pointé 0 < 1: - a / < r est un cas
Développement en série de Laurent
particulier d’une couronne ouverte -
r,<~zpa/<rz: on va obtenir pour une
d’où, puisque j(z ; y) = 1, j(z ; y’) = 0,
fonction analytique dans une telle couronne
Sun développement en série généralisant le
développement en série entière de centre CI,
valable seulement pour les fonctions analy-
tiques dans tout un disque de centre n.
Il nous faut d’abord étendre la formule qui généralise (24).
de Cauchy qui n’est pas applicable direc- Remarquons alors que (en suppo-
tement, puisque S n’est pas simplement sant, dans le calcul qui suit, a = 0 pour
connexe. Soit r et r’ tels que simplifier, ce qui ne retire aucune géné-
r, < r < r’ < r,_ et soit y et y’ les ralité), d’après le choix de 2, r < /z 1< r’,
cercles de centre a et de rayons Y et r’ la série :
parcourus une fois dans le sens direct
(fig. 6). On voit comme ci-dessus que, pour
r < 1z ~ CI 1< r’, la fonction g définie par :
converge uniformément pour / II l= r’, car
&+) =f@-f(z) pour u fz, alors 1 u/zi = izl/r’ < 1 ; on peut donc
r u-z intégrer terme à terme sur y’ et on obtient :
1 s(z) =f’@)
422
FONCTIONS ANALYTIQUES
théorème de Cauchy, on peut remplacer y’ une couronne r, < jz-Q / < r2; toute
par n’importe quel cercle concentrique fonctionfanalytique dans S peut s’écrire :
(contenu dans S) parcouru dans le sens
direct, puisqu’il est homotope à y’. Ainsi la (31) f(z) = 1 & + c a,@-a)n
série entière définie dans (29) converge ?I=l n=O
pour tout 3 de module < y2 ; donc elle a un
où la première série converge pour / 2 - cz /
rayon de convergence > rz et, par suite,,f,
> Y, et la seconde pour 1z - n 1< r2 ; leurs
se prolonge en une fonction analytique
sommes sont donc des fonctions analyti-
pour 1 zI < r2 (que nous désignerons
ques pour /z - a 1> r, et 1z - a 1< r2 res-
encore par y,). Remarquons qu’on aurait
pectivement. Pour tout n entier relatif, les
pu obtenir le résultat qui précède sans
coefficients u, sont donnés par :
développer I/(L~ -z) en série : d’après
(25), la fonction ,fr définie par l’intégrale 1 f(u)du
a,=- -> n E z,
(32) 2ia sr(u-4)n+’
(29) est analytique pour 1z 1< r’ ; d’après
le théorème 4 du chapitre 2 elle est donc où y est un cercle quelconque de centre CI
développable en série entière et les inté-
et de rayon r, r, < r < r2, parcouru une
grales (10) ne sont autres que des intégrales fois dans le sens direct.
curvilignes du type (30) que l’on a expli-
citées en revenant à la définition. De
Points singuliers
même, la série :
Soit f’ une fonction analytique dans un
disque pointé 0 < / z - a 1< r. Un tel dis-
A=-X&) que pointé étant un cas particulier de COU-
=-;
[
l+;+;+...+$+...
1 ronne, f admet un développement du type
(3 1). Remarquons qu’ici la série entière :
converge uniformément pour 1II I=r < 1z 1; m
423
FONCTIONS ANALYTIQUES
tout ce disque : LI n’est pas un G vrai » point théorème plus élémentaire de Weierstrass,
singulier ; on dit que c’est un point régulier. décrit le comportement d’une fonction
Pour II # 0, on dit que u est un point analytique autour d’un point singulier
singulier isolé. essentiel : Si CI est un point singulier
Si 11 est un polynôme de degré m > 1, on essentiel pour une fonction ,f; alors, dans
dit que a est un pôle d’ordre nz. Remar- tout disque pointé de centre a, la fonction
quons qu’alors la fonction (Z ~ ~)‘y’(?) se ,fprend toutes les valeurs complexes, sauf
prolonge en une fonction Ir analytique dans au plus une ; par exemple, la fonction e’i’
le disque / z - n 1< r et que : prend toutes les valeurs sauf 0 dans tout
disque pointé de centre 0.
1, z # 0,
admet 0 pour point singulier essentiel. Un une fonction analytique dans tout le
théorème dû à Émile Picard, précisant un plan et y : 1 + C un lacet dont la trajec-
A24
FONCTIONS ANALYTIQUES
425
FONCTIONS ANALYTIQUES
Y
car 1 P+‘J l= f? et J < 0 ; la majoration
A (19) montre alors que l’intégrale de F le
long de FR tend vers 0 quand R tend vers
l’infini, puisque :
Compteur logarithmique
Soitf’une fonction méromorphe non nulle
dans un ouvert simplement connexe U, soit
N l’ensemble de ses zéros et P l’ensemble de
ses pôles. AlorsJ“/fest une fonction méro-
est égal à 0 et l’indice de ~ icr est égal à ~ 1. morphe dans U et ses poles, qui sont tous
On a donc : simples, sont les éléments de N U P.
En outre, si a E N, on a :
426
FONCTIONS ANALYTIQUES
7. Prolongement analytique
A27
FONCTIONS ANALYTIQUES
428
FONCTIONS ANALYTIQUES
429
FONCTIONS ANALYTIQUES
F(z)= $j(l-;>
8. Théorèmes d’approximation
mais ce produit ne converge que si la série
Le théor?me de Runge affirme que, si U est C I/l z,, / est convergente. Dans le cas géné-
un ouvert du plan complexe et A un ral, il faut « corriger )) le facteur (1 ~ z/z,,)
ensemble ayant un point dans chaque par un facteur exponentiel. On est ainsi
composante connexe du complémentaire conduit à introduire les fonctions suivan-
de U, alors toute fonction ,f analytique tes, dites facteurs primaires :
dans U est limite uniforme sur tout
compact dans U d’une suite de fractions E,(z) = (1 -z) exp [Z + ; + + ; ).
rationnelles dont les pôles appartiennent à
A. Dans le cas particulier où U est borné Il est alors possible de trouver une suite
et <( sans trous )), ce qui veut dire que @,,) d’entiers positifs tels que le produit
C ~ U est connexe, alors f est limite infini :
uniforme sur tout compact d’une suite de
polynômes.
n=*
Le théorelme de S. N. Mergelyan est un
résultat difficile. publié en 1954 ; il affirme soit normalement convergent sur tout
que, si K est un compact du plan complexe, compact de C, ce qui fournit une fonction
de complémentaire connexe, toute fonc- qui convient.
tion continue sur K, holomorphe dans Inversement, soit,f‘une fonction entière,
l’intérieur de K, est limite uniforme sur K (:,J la suite de ses zéros non nuls et k
de polynômes. l’ordre de multiplicité de la racine 0. Alors,
430
FONCTIONS ANALYTIQUES
la fonction f/?F est une fonction entière soit normalement convergente sur tout
qui ne s’annule pas, donc de la forme &‘, compact de C ~ S, où S est l’ensemble des
où g est entière. pôles.
Finalement, on a : Dans ces conditions, la fonction :
J-@-W)
PIS ! ~ 1
z-z, 1
6. F o n c t i o n s e l l i p t i q u e s
la partie principale relative au pôle z,,. Par et modulaire
un procédé correctif analogue a celui qui
est employé dans le théorème de Weiers- Inaugurée par N. H. Abel et C. Jacobi, la
trass, on montre qu’il existe des polynômes théorie des fonctions elliptiques a été un
Q,, tels que la série : sujet de prédilection pour les analystes
pendant tout le XIX~ siècle. Appliquées par
F(z) = -$ Pn(z&)-Qn@, B. Riemann et K. Weierstrass à l’étude des
n=l courbes algébriques dans le plan projectif
431
FONCTIONS ANALYTIQUES
s dx
Tqq’
par symétrie par rapport aux frontières
rectilignes de o et 6 : après ce prolonge-
ment, à deux valeurs de u symétriques par
où P(X) est un polynôme du 2’ degré sans rapport à l’une des droites Re u = f 7r/2
racine double, se calcule à l’aide de fonc- correspondent deux valeurs de s symétri-
tions dites élémentaires, c’est-a-dire circu- ques par rapport à l’axe réel, donc à deux
laires ou hyperboliques. Posons par exem- valeurs de u différant de 2 rr correspond la
ple : même valeur de x. Ainsi l’inversion de
u=
s x
dt
d==+
l’intégrale circulaire :
s
dt
lL= oxm’
si x et t sont réels, ils doivent être compris effectuée dans le champ complexe, donne
entre f 1, et l’on a u = Arc sin .Y, dont la une fonction de période 2 TT, qui, d’autre
fonction inverse est _y = sin u ; comme u part, est évidemment solution de l’équa-
reste compris entre + 7r/2, la période 2 TT tion différentielle :
de cette fonction inverse n’apparaît pas si
l’on prend s et t réels, = l-x2
Mais prenons-les complexes : si o est
l’ensemble des points du plan dont l’affixe Ce raisonnement, dont le principe est
est non réel ou réel strictement compris de Carl Jacobi (1804-l 85 1). s’applique
entre * 1. la fonction : aussi à l’intégrale elliptique :
432
FONCTIONS ANALYTIQUES
433
FONCTIONS ANALYTIQUES
4P3-g2P-g,-P12
est encore un polynôme en g, cette fois de
degré < n, dont les coefficients sont des est holomorphe et nulle à l’origine, d’où la
fonctions rationnelles s,(x), . . . . s,(x) ; on a formule fondamentale :
donc, entre les trois fonctions G-elliptiques (4) P’Z = 4P’--g,p-g,,
f, g, il, la relation algébrique :
prouvant que x = p (u) est fonction
hPplf,g) = s,cf)g”-’ + + s,(f), inverse de l’intégrale elliptique :
d’où l’on peut tirer h en fonction rution- dx
ll=
nelIe de f et g pourvu que P’,cf, g) # 0. 4x3-g,x -g,
Ainsi les fonctions G-elliptiques sont exac-
considérée au chapitre 1, ou encore que
tement les fonctions rationnelles de deux
x = p(u), y = p’(u) est une représentation
d’entre elles, f et g, choisies de manière
paramétrique de la cubique :
que, pour un .Y convenable, une valeur yj(x)
soit distincte de toutes les autres. Les y2=4x3--g*x--g,,
raisonnements de cet alinéa et du précé-
qui, pour cette raison, est dite elliptique
dent peuvent être faits sur une variété (Cf. COURBES ALGÉBRIQUES, Chap. 7).
compacte quelconque.
Aux deux points de C/G, où p prend
une valeur donnée s, la fonction p' prend
les fonctions de Weierstross des valeurs opposées ; par suite (cf.
L’ordre d’une fonction G-elliptique étant chap. 2), les fonctions G-elliptiques sont
au moins 2. on en cherche une d’ordre 2 : exactement les~fonctions rutionnelles de p et
la somme de la série de terme général p'. De la fornzule de Weierstrass :
l/(~ ~ T)?, pour T EG, répondrait a la
1 P’(U)-p’(v) 2
question si elle avait un sens ; une légère
modification. dont le seul but est d’assurer
p(u) + P@I + P(U + Y) = 4
1
p(u)-p(v)
1
la convergence nécessaire, donne la fonc- résultent, d’abord, une relation algébri-
tion de Karl Weierstrass (18 15-l 897), que entre p(u), P(V). p(u + IX), puis une
notée par lui d’un p gothique : relation algébrique entre ,f(u). ,f(v),
f(u + 11) pour une fonction G-elliptique
(1) P(u)=;+ 1 [&-A]. quelconque ,f: Le yrohltnie rie Weierstrms
TtG-10, est la recherche des fonctionsfanalytiques
uniformes ayant cette propriété : ce sont
C’est une fonction paire et G-elliptique
les fonctions rationnelles de la variable ou
d’ordre 2, car l’origine en est un pôle
de l’exponentielle, et les fonctions ellipti-
double. et le seul pôle modulo G ; au
ques.
voisinage de l’origine, on a :
Les autres fonctions de Weierstrass
(2) P(U)= l/u* + (g,/20)u2 + (g,/28)u, + attachées à G, 5 et o, respectivement
434
FONCTIONS ANALYTIQUES
435
FONCTIONS ANALYTIQUES
436
FONCTIONS ANALYTIQUES
437
FONCTIONS ANALYTIQUES
entiers, telle que la matrice symétrique abéliennes )), in J. Dieudonné et al., Abr&g@ r/%istoirr
ries n~urhén~~iques. t. II, chap. VII. Hermann, Paris /
gauche (d’ordre n?) TA(T) soit nulle, ce
G. A. JONES & D . SINGERMAN, Cmples Fumions, LUI
qui fait /rr(f?r - 1)/2 équations linéaires, et Algrbrrric und Geornetric Vies Point, Cambridge
la matrice hermitienne (d’ordre m) Univ. Press, 1988 / S. LANG, Elhptic Furdons,
i TA(T) définie positive. Springer-Verlag, New York, 2’ fd. 1987 / B. SCHOE-
NEBERG, Elliptic Modulur Functiot~s. ibid, 1 9 7 4 /
D’autre part, le mathématicien Carl C. L. SIEGEL, Topics in Comph Function Theo~y,
Ludwig Siegel a étendu à plusieurs varia- 3 vol., Wiley, New York, 1989 / G. VALIRON, C«~I:F
bles le groupe modulaire, sous le nom de dmalyr nd~érm~tique, t. 1 : ThP«,7r rlrsfonctions.
groupe modulaire symplectique. Au lieu 3’ éd., Masson, Paris, 1990 / A. WEIL, Elliptic
Functions Atzording to Eismstein und Kwnrtker.
d’une variable 5 telle que (l/i)(c ~ 2) > 0, Springer Verlag, New York-Berlin, 1976.
il considère une matrice carrée symétri-
que Z d’ordre nr, telle que la matrice her-
mitienne (l/i)(Z ~ 2) soit définie positive : Z C. Représentation conforme
décrit alors, dans ci’ avec p = ~n(n? + l)/
2, un domaine de Siegel, qui est lié aux La représentation conforme la plus ancien-
conditions de Frobenius, comme le demi- nement connue est la projection stéréogra-
plan supérieur à la condition 5 = T,/T~ non phique, inventée par les Grecs (Hipparque,
réel. De même que les automorphismes du Ptolémée). Les problèmes cartographiques
demi-plan supérieur sont les homographies conduisirent à la découverte d’autres appli-
5 - (us + ~)(CC + tl) ’ avec 0. h. c. u’réels, cations conservant les angles d’un domaine
un-hc= 1,ou: sphérique sur un domaine plan, telle la
projection de Mercator (XVI~ siècle). Au
début du XIX~ siècle, Carl Friedrich Gauss
étudia systématiquement les propriétés
de même les automorphismes du domaine intrinséques des surfaces de l’espace habi-
de Siegel sont les applications : tuel ; en particulier, il examina les applica-
Z-(AZ + B)(CZ + D)-‘, tions bijectives d’une surface sur une autre
qui sont différentiables, ainsi que leur réci-
avec A, B, C, D matrices carrées d’ordre proque, et qui conservent les angles. La
177 à éléments réels : notion de représentation conforme reçut
un nouvel éclairage avec l’avènement de la
théorie des fonctions d’une variable com-
plexe, à laquelle elle est intimement liée.
(1 est la matrice unité pour la multiplica-
Bernhard Riemann sut exploiter cette rela-
tion) : on obtient le groupe modulaire
tion de façon particulièrement féconde,
symplectique en prenant A, B, C, D à
introduisant la notion de .sur$~~~ rte Rie-
éléments entiers.
mann, qui résout les difficultés dues aux
MICHEL HEKVL « fonctions multiformes » et donne un
cadre convenable à la théorie du prolonge-
Bibliographie ment analytique. Cette théorie pose un cer-
438
FONCTIONS ANALYTIQUES
1 . Définition fig. 1
f
La représentation conforme
Considérons un domaine D du plan R’. On
dit qu’une application différentiablefde D
dans R* est conforme en un point z0 de D si
sa dérivée (ou application linéaire tan-
gente) D!~(Z,) en z0 conserve les angles
Ol-itXltéS (Cf. CALCUL INFINITÉSIMAL - CdClli
i-Ii
où c( est la partie réelle de CI, et fl sa partie
imaginaire. ax ax
Dire que f est conforme en z0 revient ap aq
donc à dire que sa dérivée est de la forme ay ay
439
FONCTIONS ANALYTIQUES
ap acj ap aQ
dx=dy' dy=-ax. !1! X=&&. aY > 0.
Ainsi toute fonction holomorphefdans La parabole ( 1) admet l’axe réel pour axe
D, dont la dérivée ne s’annule pas, est de symétrie ; son foyer est en 0 et son som-
conforme en tout point de D. Or on peut met d’ordonnée positive. L’image de la
montrer que l’image d’une partie ouverte demi-droite .Y = 0, 1’ > 0 est le demi-axe
de C par une fonction holomorphe non réel négatif. De plus, la droite? = h(h > 0)
constante est ouverte ; l’image du domaine est transformée en la parabole :
D par une fonction holomorphe non
(2) X = g-b’,
constantefest donc un domainef(D). De
plus, si f‘est injective (on dit quelquefois qui a pour axe l’axe réel : son foyer est en 0
univalente), sa dérivée ne s’annule pas ; ,f et son sommet d’ordonnée négative. Les
définit une bijection de D sur.f(D) dont paraboles de la famille (1) sont évidemment
l’application réciproque est holomorphe
toutes orthogonales à celles de la famille (2)
dans ,f(D) ; ,f est alors une wpwkntation
(fig. 2). Remarquons que l’application
co~~jOr~~ze de D sur f’(D). Les domaines D
conforme considérée se prolonge continû-
et ,f (D) sont dits conformément équiva-
ment à la frontière -’ = 0 du domaine (en
lents, ou encore isomorphes ; en ce qui
concerne la théorie des fonctions analyti- fig. :
440
FONCTIONS ANALYTIQUES
441
FONCTIONS ANALYTIQUES
fig. 3
y--b y =~ 6
442
FONCTIONS ANALYTIQUES
en cercles de centre 0 (privés du point réel 0, et prend la même valeur aux points u et
> 0) ; les droites 1’ = constante sont I/u : restreinte à l’extérieur 1 u 1 > 1 du
transformées en demi-droites passant par disque unité, elle est injective et représente
0 (fig. 5). La transformation réciproque, conformément l’extérieur du disque unité
fig. 5
sur le plan privé de l’image du cercle unité,
c’est-à-dire le plan privé du segment
d’extrémité ~ 1 et 1. Si u = wie (Y > 1).
les coordonnées de son image sont :
1
x=5 r+; me,
( )
1 1
y = 2 7-m me,
( r 1
f1g. 6
x=a
0 \ l /O = b
e
y=$
443
FONCTIONS ANALYTIQUES
AA4
FONCTIONS ANALYTIQUES
P. Koebe, qui l’a généralisé en donnant 08 les nombres u, sont réels et les exposants
aussi des modèles pour les domaines non ai compris entre 0 et 1 et de somme 2 ;
simplement connexes à l’aide du disque pour n = 4 et a, = a? = a3 = a4 = 112,
unité privé d’un certain nombre d’arcs de l’intégrale considérée est une intégrale
cercles de centre 0. Voici les étapes de la elliptique et donne une représentation
démonstration : conforme du demi-plan sur un rectangle
a) On commence par se ramener au cas (cf. la partie B ci-dessus - Fonctions
où D est borné en construisant une fonc- elliptiques et modulaire).
tion holomorphe bornée et injective dans Il est possible de déterminer toutes les
D (c’est assez facile). 11 est alors possible représentations conformes du plan sur
de trouver des représentations conformes lui-même ou du disque unité sur lui-même.
de D sur des domaines contenus dans le Dans le cas du plan, une représentation
disque unité (à l’aide de similitudes, par conforme ,f : C + C est une fonction
exemple). entière qui est injective ; cela entraîne
h) En choisissant un point u de D et en d’abord que f est un polynôme, sinon la
considérant l’ensemble F des représenta- fonction u -f’( l/u) aurait une singularité
tions conformes de D sur des parties du dis- essentielle à l’origine et transformerait le
que unité qui transforment CI en 0, on disque unité (privé de 0) en un ensemble
démontre que, pour un élémentfde F, les partout dense dans C d’après un théorème
propriétés suivantes sont équivalentes : (1) de Weierstrass ; ainsi, l’image par ,f de
L’image de D parf‘est le disque unité. (II) l’extérieur du disque unité serait partout
dense et, par suite, rencontrerait l’image
I.f’(cr) /est maximale parmi les valeurs que ce
nombre peut prendre lorsquefparcourt F. du disque unité, qui est un ouvert : c’est
impossible si,fest injective. De plus,fdoit
c) Il reste à démontrer I’existence d’un
élément f de F qui réalise le maximum de être de degré 1, car un polynôme de degré
If ‘(a) 1. Cela résulte du fait que F est un II a n racines ; donc f est de la forme
ensemble umpuct pour la N topologie de la
f (7) = ut + h (a # 0) et la représenta-
tion conforme est une similitude. Il est
convergence compacte » dans D et que
remarquable que les transformations du
.f- If’(u) / est une fonction numérique
plan en lui-même qui conservent les angles
continue dans F.
conservent la distance euclidienne à un
En général, on ne peut pas déterminer
facteur près ; ces transformations forment
explicitement une représentation conforme
un groupe à quatre paramètres, opérant
de D sur le disque unité, mais seulement
transitivement.
chercher à construire des approximations
Passons au cas du disque unité, en étu-
d’une telle représentation ; c’est un pro-
diant d’abord les automorphismes laissant
blème d’analyse numérique qui peut être
fixe le point 0. Un tel automorphisme est en
difficile. La méthode de H. A. Schwarz
particulier une fonction holomorpheftelle
donne explicitement une représentation
quef’(0) = Oetif(=) < lpourtoutpoint~
conforme du demi-plan supérieur sur un
du disque unité ; le lemme de Schwarz lui est
polygone convexe arbitraire par une for- applicable : 1f (2) 1< 1z /, avec égalité seule-
ment si f (:) est proportionnel à z (cf. la par-
mule du type :
s
z- =--
0 (t -a,)“~
dt
(t-a”)%
tie A ci-dessus - Fonctions analytiques
d’une variable complexe) ; le même lemme
445
FONCTIONS ANALYTIQUES
f ( z ) = a g
Projection stéréographique
et sphère de Riemann
Considérons la sphère SI de centre 0 et de et représente conformément la sphère
rayon 1 dans l’espace R’ (où les coordon- privée de (0, 0, ~ 1) sur C. Il n’a pas été
AA6
FONCTIONS ANALYTIQUES
447
FONCTIONS ANALYTIQUES
448
FONCTIONS ANALYTIQUES
fig. 9
peut définir la notion d’application holo- alors X est isomorphe au plan ou au plan
morphe d’une courbe analytique complexe privé d’un point, ou bien est une courbe
dans une autre. elliptique.
Deux courbes analytiques sont dites Une application holomorphe non cons-
isomorphes ou conformément équivalen- tante f’ : X - Y est toujours ouverte. Ses
tes s’il existe un homéomorphisme holo- $huesf ‘(J) (~3 E Y) sont discrètes et, pour
morphe de l’une sur l’autre ; il est facile de tout point .y E X, il existe des cartes rf et
voir que l’application réciproque d’un tel tt~ de X et Y définies respectivement dans
homéomorphisme est aussi holomorphe. des voisinages de x et de J‘(x) telles que
Le théorème de représentation conforme ‘p (x) = 0, y@(x)) = 0 et que v ofo 9-l
de Riemann se généralise ainsi : soit de la forme z +-+ z”, où n est un entier
Toute courbe analytique complexe > 1, que l’on appelle l’indice de ramifi-
connexe et simplement connexe est iso- cation de ,f’ en .y ; en général n = 1, et
morphe a l’une des suivantes : l’ensemble des points de X où l’indice de
a) La sphère de Riemann (droite pro- ramification est > 2 (points de ramifica-
jective complexe) ; tion def’) est discret. Par exemple, l’appli-
h) Le plan C (droite affine complexe) ; cation z - z2 de C dans C est ramifiée
c) Le disque unité (ou le demi-plan). seulement en 0, avec 2 comme indice de
On distingue aisément les cas CI, h, c, car ramification ; si on la prolonge à la sphère
la sphère est la seule à être compacte. et le de Riemann en posant 03~ = 33, on obtient
disque unité le seul a admettre des fonc- une application holomorphe de la sphère
tions holomorphes bornées non constan- de Riemann sur elle-même, ramifiée en 0
tes. Le revêtement universel d’une courbe et en cc, et dont les fibres au-dessus des
analytique complexe connexe X est iso- points # 0, ~3 ont toutes 2 points. L’image
morphe à l’une des courbes précédentes ; réciproque, par cette application, du plan
si c’est la sphère, la courbe X est elle-même fendu C-R+, se compose de 2
isomorphe a la sphère ; si c’est le plan, N feuillets 1) isomorphes au plan fendu (ils
449
FONCTIONS ANALYTIQUES
450
GAMMA FONCTION
G
Introduction 10 A/grhrrric Cwres. American Mathe-
matical Society. Providence (R. 1.). 1989 /
R. NEVANLMNA. (Ir~ifiw~~~isirrurtg, Berlin, 1953 /
H. POINCARÉ. CFuws. vol. II. IV et IX, Gauthier-
Villars, Paris, 1916-1954 / B. RIEMANN, G311.ws
n~uthénufiques, Gauthier-Villars, 1898. repr. en
fac-similé. J. Gabay. Paris. 1990 / G. SPRINGER.
Introduction fi Rkwtrnn SUI~/&S. Chelsea Pub].,
New York, 2’ éd. 198 I / S. STOILOW, Leq»ns SUI’ /es
principrs topoiogiqurs de ICI thlorir drs ,f&ctions
I/~U/U@CS, Gauthier-Villars. 1938 / H. WEYL, Thr
Conwp/ cf CI Riemann Su-JNc~, Addison-Wesley,
Londres, 1964.
FONCTIONS CONVEXES
--+ CONVEXITÉ - Fonctions
convexes
GAMMA FONCTION
FONCTIONS DE BESSEL
- BESSEL FONCTIONS DE
1 ntroduites pour la première fois comme
nouvelles transcendantes par L. Euler,
la fonction gamma et la fonction bêta, qui
s’y ramène, sont les plus importantes
(( fonctions spéciales )) étudiées, au fur et à
mesure des besoins, depuis le XVIII~ siècle.
C’est ainsi que la fonction gamma inter-
FONCTIONS vient dans de nombreuses estimations
451
GAMMA FONCTION
r2 a rr”,
tendant vers 0, avec x ~ 1 > ~ 1 ; la
convergence pour l’infini résulte de la
présence du terme exponentiel F’. En fait, d’où (In r)” > 0. A fortiori, la fonction r
on peut montrer que l’intégrale (2) et est convexe. Comme r (2) = r (1) = 1, la
toutes les intégrales obtenues en dérivant fonction r atteint son minimum sur RT en
un nombre quelconque de fois par rapport un point compris entre 1 et 2. La figure 1
à .Y sous le signe d’intégration sont représente le graphe de cette fonction.
uniformément convergentes au voisinage
Formules d’Euler et de Weierstrass
de 0 et de + w La fonction r est donc
indéfiniment dérivable pour .Y > 0, de Pour n tendant vers l’infini,
c 1-in i ”
dérivées :
1
ce qui suggère la convention généralement
lu”-‘(1 -u)“du , x > 0,
adoptée 0 ! = 1.
452
GAMMA FONCTION
VI u x
nT+
:n
puisque le produit infini est convergent (cf.
-4 -3 -2 -1 0 S É R I E S E T P R O D U I T S I N F I N I S ) ; ce dévelop-
pement en produit infini a été obtenu par
Weierstrass.
I
Graphe de /a fonction gamma
Comportement asymptotique
Le comportement de la fonction gamma
lorsque la variable s tend vers l’infini est
décrit par la formule de Stirling :
peut écrire :
pour tout entier p > 1. Pour p = 2, on a
donc :
or la quantité :
1+;+...+;+
Intégrales eulériennes
tend vers une limite y (la célèbre constante De nombreuses intégrales définies s’expri-
d’Euler y - 0,577 2) lorsque 12 tend vers ment au moyen de la fonction gamma.
l’infini. Divisant chacun des termes du C’est ainsi que, pour les intégrales eulé-
453
GAMMA FONCTION
riennes de première espèce (fonction bêta), simples, sont ces points ~ n. La formule
.u>Oety>O: (9) est la factorisation de Weierstrass de la
fonction entière l/F (cf. FoNcrIoNs ANA-
(8) B(-TY) = ltX-‘(l-t)v-Idt, LYTIQUES Fonctions analytiques d’une
s0
variable complexe, chap. 9).
a partir de la formule (4), Euler a établi la Le principe du prolongement analyti-
formule fondamentale : que permet alors de voir que de nombreu-
ses formules établies ci-dessus pour .Y réel
positif restent vraies pour z complexe. Par
exemple la relation fonctionnelle s’écrit :
on en déduit beaucoup d’autres résultats.
Par exemple, si on effectue le changement tw r(~ + 1) = z r(z);
de variable u = sin2 f, on obtient :
la formule (7) de Legendre-Gauss s’étend
également. D’autre part, de (9) résulte
facilement, en faisant à l’envers le calcul du
chapitre 1, que l’on a pour tout z :
454
GAMMA FONCTION
1
r
on obtient l’importante <( formule des com-
fig. 2
pléments )> due à Euler : Y
1 sin m
(15) r(z)r(l-2) = 7’ 2EC.
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GÉOMÉTRIE
456
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question, sans que soit oubliée pour autant XIX’ siècle, avec la constitution de la
l’existence d’une géométrie infinitésimale géométrie projective en discipline auto-
<( directe )) où ont excellé, au XVII~ siècle, nome et avec la naissance des géométries
Pierre de Fermat et Pascal, au XVIII~ siècle, non euclidiennes. Diversité qui fut pleine-
Jean-Baptiste Meusnier de La Place, au ment comprise et dominée par le mathé-
XIX~ siècle, Charles Dupin, et qui, même au maticien allemand Félix Klein, dans son
xxc siècle, notamment avec les travaux de célèbre programme d’Erlangen.
Georges Bouligand, demeure un champ de La diversification devait s’accentuer
recherches certes assez limité, mais digne lorsque, se libérant plus nettement encore
d’attention. de l’espace physique euclidien où elle était
Pour des raisons similaires on ne retien- demeurée enfermée depuis plus de deux
dra ni la géométrie algébrique ni la trigo- millénaires, la géométrie, d’une part, s’est
nométrie, bien que le point de vue infini- étendue aux espaces à plus de trois dimen-
tésimal n’y soit pas aussi dominant, sions et, d’autre part, a intégré systémati-
Ainsi délimitée, la géométrie a un
quement les éléments imaginaires, Dans
objectif fondamental assez homogène qui
une étape ultérieure, la géométrie devait
est l’étude des figures au sens le plus large,
« éclater » pour s’insérer dans les deux
bien qu’elle soit fort diverse dans ses
grandes structures générales de la mathé-
méthodes et dans ses points de vue.
matique moderne, l’algèbre et la topologie.
Depuis Descartes, la géomctric s’est
Dès lors, on peut comprendre les vraies
développée dans deux directions nette-
raisons de l’incertitude qui a pesé, tout au
ment distinctes : la géométrie analytique et
long de l’histoire de la géométrie, sur sa
la géométrie dite « pure » ou encore (( syn-
nature et sur ses rapports avec les autres
thétique )). La conception de l’une et de
domaines de la mathématique. On com-
l’autre, ainsi que celle de leurs rapports, a
prend mieux également pourquoi, très tôt,
connu des vicissitudes qui constituent l’un
elle s’est sentie menacée dans son autono-
des aspects les plus intéressants de l’his-
mie par le développement de l’algèbre et
toire moderne de la géométrie. On a pu
notamment assister aux efforts de la géo- de l’analyse, et pourquoi, finalement, en
métrie pure pour sauvegarder une auto- dépit du constant effort d’unification qui
nomie que menaçait sans cesse davantage marque son histoire, notamment avec
le développement de l’algèbre et de I’ana- Euclide, Apollonios, René Descartes,
lyse. Un de ses derniers bastions, la chaire Gérard Desargues, Jean Victor Poncelet,
de géométrie pure de l’École polytechni- Michel Chasles, elle était condamnée a
que de Paris, a été supprimé en 1956. disparaître comme discipline autonome,
Aujourd’hui, bien qu’elle soit encore vala- pour ne plus être qu’une (( illustration )>
ble a plus d’un titre, principalement en des structures abstraites de la mathémati-
raison du rôle qu’y jouent l’imagination et que moderne.
l’intuition, la géométrie pure n’occupe plus Du très grand nombre de questions et
qu’une place seconde dans la mathémati- de problèmes qui se rencontrent dans la
que. géométrie, on retiendra essentiellement les
De caractère plus intrinsèque apparaît fondements, les principes, les notions
le pluralisme de la géométrie qui s’est majeures et les théorèmes les plus impor-
manifesté, surtout depuis le début du tants.
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coniques un cône à base circulaire différent avant Descartes, ils n’ont cependant pas
(obtusangle pour l’hyperbole, droit pour la été rapprochés.
parabole, acutangle pour l’ellipse), il ne fait Dès la plus haute antiquité, l’observa-
appel qu’à un seul cône à base circulaire. tion astronomique avait conduit à repérer
On lui doit aussi la dénomination des trois les directions dans l’espace par deux coor-
types de coniques. Alors qu’avant lui on ne données angulaires : hauteur au-dessus de
prenait en considération qu’une seule l’horizon, écart par rapport au méridien.
branche de I’hyperbole, il définit l’hyper- Et, trk tôt, furent mises en évidence des
bole comme constituée de deux branches. relations entre ces coordonnées. Mais il
Retenons aussi parmi les apports origi- s’agissait là de pratiques qui étaient à peu
naux d’Apollonios son étude des condi- près sans rapport avec la science géomé-
tions d’égalité et de similitude des coniques trique. Au contraire, c’est au cœur même
et de la disposition de ces courbes sur un de la géométrie que l’on voit intervenir
cône donné. En dehors des éléments nou- chez les Grecs un calcul portant sur deux
veaux sur les coniques qu’apportera la variables en vue de caractériser des réalités
géométrie projective, l’ouvrage d’Apollo- géométriques et d’en établir les propriétés.
nios diffère peu mis à part la prolixité des Chez Archimède et surtout chez Apollo-
explications, due surtout à l’absence de nios, un tel calcul est développé systéma-
notations - de l’enseignement sur les tiquement pour l’étude des coniques. Apol-
coniques qu’on dispensait en France, dans lonios écrit explicitement les équations des
les années soixante, en classe de mathé- coniques en coordonnées obliques ayant
matiques élémentaires. pour origine un point de la conique et pour
directions le diamètre correspondant à ce
point et son diamètre conjugué :
2. La géométrie analytique
y2 = 2px +0x2,
a
Origines
Il est assez habituel de considérer que la y2 = 2px-!Xl,
a
géométrie analytique a été créée par Des- y2 = 2px,
cartes. En réalité, cette vue est trop simple.
Si la (< géométrie analytique » est prise au pour l’hyperbole, l’ellipse et la parabole
sens moderne de l’expression, celle de respectivement.
Descartes en était encore assez éloignée. Dans une perspective tout à fait diffé-
D’autre part, plusieurs éléments caracté- rente. Nicolas Oresme, au XIV siècle,
ristiques de la géométrie analytique imagine une représentation graphique de
avaient été formulés avant Descartes. certains phénomènes. Il distingue une
La géométrie analytique paraît consis- htitutio et une hgitudo qui correspondent
ter dans l’association de trois facteurs : à l’abscisse et à l’ordonnée d’une repré-
l’expression d’une réalité géométrique par sentation en coordonnées rectangulaires.
une relation entre des quantités variables, Cette façon de faire est inverse de celle des
l’usage des coordonnées, le principe de la Grecs, puisque Oresme ne part pas d’une
représentation graphique. Or, si chacun de réalité géométrique mais exprime sous
ces trois facteurs se rencontre assez tôt forme géométrique une relation entre des
dans le développement de la géométrie grandeurs. La conception même d’une
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GÉOMÉTRIE
461
GÉOMÉTRIE
alors que jusque-là l’axe des abscisses avait Le XIX~ siècle apporte peu de complé-
conservé, par une anomalie qui nous ments notables à la géométrie analytique
étonne, un rôle privilégié, et il donne une proprement dite. Mais le caractère arbi-
formule vraiment claire du changement de traire du choix des axes de coordonnées
coordonnées, utilisée cependant par Van devait conduire a l’étude des invariants
Schooten dès 1649. De plus, Euler déter- dans les changements de coordonnées qui.
mine l’équation des surfaces du second seuls, peuvent exprimer les propriétés géo-
degré. métriques intrinsèques des figures. À côté
La géométrie analytique ne prend des travaux d’ordre algébrique qu’elle
cependant son essor que dans la seconde contribua à susciter, cette étude fut un des
moitié du XVIII~ siècle. Dans l’esprit de ses facteurs principaux du développement, au
travaux sur la mécanique analytique, Louis cours du XIX~ siècle, des notions de vecteur
de Lagrange (1736-l 8 13) souligne G avec et de tenseur, dont l’utilisation allait être si
féconde, non seulement en mathématique
combien de facilité et de succès la méthode
pure mais aussi dans de nombreuses appli-
algébrique peut être employée pour les
cations.
questions qui paraissaient être le plus du
ressort de la géométrie proprement dite et
les moins propres à être traitées par le
3. La géométrie projective
calcul H. Rompant avec la méthode carté-
sienne qui mêlait les procédés analytiques
Au sens moderne du terme, on entend par
et géométriques, les éléments du premier
géométrie projective l’étude des propriétés
ordre (droite et plan) demeurant toujours
des figures qui se conservent par transfor-
envisagés de manière géométrique,
mation homographique. Ce point de vue
Lagrange établit autour des années 1770
général ne s’est dégagé que lentement, par
les équations de la droite et du plan et
élargissement de conceptions plus particu-
inaugure l’utilisation systématique de trois lières et par une clarification qui a eu
axes de coordonnées. notamment à distinguer les propriétés
C’est dans cet esprit que Gaspard projectives des figures de leurs propriétés
Monge (1746-1818). à partir de 1771 et, métriques. La géométrie projective a joué
plus systématiquement, en 1795 dans ses un rôle majeur dans l’évolution de la
Feuiks d irnal~~e appliquée ir lu gL;onzè trie, conception de la géométrie. Elle fut le
donne à la géométrie analytique son principal facteur du mouvement d’idées
ampleur, établissant les équations des qui, au cours du XIX’ siècle, a progressi-
divers types de surfaces algébriques (sur- vement rapproché les diverses géométries
faces réglées, développables, de révolu- et a donné à la notion de transformation
tion...) et résolvant analytiquement de une place centrale dans la géométrie.
nombreux problèmes. On peut alors dire
que la géométrie moderne est née. En Le rapport anharmonique
1797, Sylvestre François Lacroix (1765- chez les Grecs
1843) en rédige le premier traité, mais sans Dans les mathématiques grecques, on ne
encore user du terme même de géométrie rencontre pas a proprement parler de
analytique, intitulant son ouvrage : Tmitc; géométrie projective, essentiellement
de t~alcul dij?wn tic1 rt in t&ral. parce que la notion de transformation des
462
GÉOMÉTRIE
figures n’y apparaît pas, même pas la l’espace à partir du point de vue constitué
projection centrale que semble suggérer par l’oeil. Ils sont ainsi amenés à l’étude de
pourtant très naturellement la considéra- la projection centrale, et, en particulier, à
tion des cônes et de leurs intersections par la considération du point de fuite qui
des plans qui engendrent les coniques. En représente, sur le plan des projections, le
revanche, on trouve des notions et des point à l’infini de droites parallèles per-
théorèmes qu’on rattache maintenant à la pendiculaires à ce plan. Il faut signaler les
géométrie projective. Principalement, la traités de perspective de Jean Pélerin
définition du rapport anharmonique, dit (1505) et d’Albert Dürer (1525). Dès le
aujourd’hui birapport, de quatre points XV siècle, les architectes, tels que Filippo
alignés A, B, C, D, soit : Brunelleschi et Leon Battista Alberti,
avaient contribué au développement de la
(A,B,C,D)=E:;, perspective pratique. Des considérations
de perspective se rencontrent également
et la démonstration de la conservation de dans la gnomonique (art des cadrans
ce rapport pour les points d’intersection de solaires) et dans la stéréotomie ou taille des
toute transversale coupant quatre droites pierres. Plus tard, la perspective est déve-
concourantes. Les Grecs se sont plus loppée pour les besoins des fortifications et
spécialement intéressés au rapport harmo- de la H scénographie )). Mais elle demeu-
nique, cas particulier où le rapport anhar- rait encore au début du XVII~ siècle une
monique a pour valeur 1. Ils le rencon- discipline sans rapport avec la science
traient notamment dans l’étude des géométrique. C’est Desargues qui, le pre-
coniques, puisque, sur une droite quelcon- mier, rapprochera ces deux ordres de
que passant par un point donné, ce point recherches.
est conjugué harmonique de l’intersection
de la droite joignant les points de contact Desargues et Pascal
des deux tangentes menées du point, par Le Français Girard Desargues (1593-
rapport aux deux points d’intersection de 1662), ingénieur et architecte, appartient
la droite avec la conique. Ces considéra- au milieu des praticiens. Il a été en rapport
tions se trouvent dans les Coniques d’Apol- avec les milieux savants de l’époque. Son
lonios et dans la Collection mutlzémutiyue souci d’une rationalisation et d’une sim-
de Pappus d’Alexandrie (11~ siècle apr. plification de la perspective par la mise en
J.-C.). Il faut aussi mentionner, comme se lumière de nouvelles méthodes géométri-
rattachant à la géométrie projective, un ques l’amène, en 1639, deux ans après la
certain nombre de théorèmes sur les seg- Géométrie de Descartes, à publier
ments déterminés par des transversales à Brouillon projet d’une atteinte des A~éne-
des triangles ou à des quadrilatères, prin- ments des rencontres du cône avec un ph,
cipalement le théorème de Menelaos déjà petit ouvrage de quarante pages, tiré
énoncé. seulement à cinquante exemplaires.
Rédigé de façon assez obscure, utilisant
La perspective à la Renaissance des termes nouveaux, qui, pour la plupart.
En Europe, dès le xv’ siècle, les artistes, ne seront pas retenus, cet opuscule est
peintres et graveurs, s’intéressent surtout à accueilli avec estime par Descartes et par
la représentation sur un plan des figures de Fermat ; pourtant ceux-ci n’en savent pas
463
GÉOMÉTRIE
464
GÉOMÉTRIE
les relations de puissances, puis pour une définition devait jouer un rôle capital dans
conique quelconque en la considérant les travaux de Jean Victor Poncelet (178%
comme section plane d’un cône de base 1867).
circulaire. Il semble qu’il faille chercher Soit en effet dans un plan P un trian-
l’origine de ce théorème dans des lemmes gle T projeté en un triangle T’ sur un plan
de la Collection mathématique de Pappus P’ à partir d’un point 0 n’appartenant ni
d’Alexandrie ayant trait aux relations entre à P ni à P’. Rabattons le plan P sur P’ par
segments formés sur une transversale cou- rotation autour de la droite D, intersection
pée par les trois couples de côtés opposés des deux plans P et P’. T se rabat en un
d’un quadrilatère complet. Mais Desar- triangle T”. Les couples de droites joignant
gues est le premier à avoir considéré les les côtés homologues des triangles T’ et T”
coniques dans lesquelles est inscrit ce du plan P’ se rencontrent évidemment sur
quadrilatère. D dont les points sont demeurés inchangés
Un autre de ses apports majeurs est le aussi bien dans le rabattement que dans la
théorème sur les triangles (( perspectifs )) : projection. Ces trois points étant donc
Si, dans un même plan ou dans l’espace, alignés, il en résulte, d’après la réciproque
deux triangles ABC et A’B’C’ sont tels que du théorème de Desargues, que les trois
les trois droites joignant respectivement les droites portant les couples de sommets
trois couples de sommets homologues homologues de T’ et de T” se rencontrent
AA’, BB’, CC’ se rencontrent en un même en un même point S. On définit ainsi une
point S, les trois points de concours des correspondance réciproque point à point
couples de droites portant les côtés homo- et droite à droite, la construction du
logues des deux triangles sont alignés. Et transformé M” d’un point courant M’
réciproquement. s’obtenant aisément par intersection de
Desargues démontre ce théorème, dans droites, dès lors que sont donnés le som-
l’espace, par des propriétés d’incidence, et, met de l’involution S, son axe D et deux
dans le plan, par l’emploi répété du théo- couples de points homologues, A’A”, B’B”
rème de Menelaos. (A’A” et B’B” étant soumis à la seule
Ce théorème de Desargues occupe une condition de se rencontrer en S).
place fondamentale dans la structure de la Dans ses travaux sur les coniques,
géométrie projective ; ce que montre Pascal reprend les méthodes et les résultats
notamment le fait que sa démonstration de Desargues, mais de manière beaucoup
dans le plan nécessite les postulats projec- plus synthétique et plus claire. 11 y ajoute
tifs de l’espace comme l’a établit Hilbert des éléments nouveaux remarquables dont
d a n s s e s Grundlagm du Geometrie l e le plus important est le théorème de
théorème de Menelaos utilisé par Desar- l’hexagone inscrit dans une conique : Les
gues supposant ces axiomes. Hilbert a pu trois points de concours des côtés opposés
alors définir une géométrie projective d’un hexagone inscrit dans une conique
plane (( non arguésienne )) où le théorème sont en ligne droite. Pascal démontre ce
de Desargues n’est pas vérifié. théorème d’abord pour le cercle et l’étend
L’importance de ce théorème se mani- ensuite par une projection aux coniques.
feste aussi dans le fait qu’il est à la base de Il est possible que Pascal ait entrevu le
la définition de l’homologie dans le plan. théorème dual, démontré par Charles
Seulement entrevue par Desargues, cette Julien Brianchon (1783-l 864) au début du
465
GÉOMÉTRIE
xrxe siècle : On peut toujours trouver trois Poncelet veut G rendre la géométrie enfin
diagonales concourantes dans un hexa- indépendante de I’analyse algébrique )), et,
gone circonscrit a une conique. pour lui, les propriétés projectives des
Pascal devait déduire du théorème de figures comptant parmi les plus générales
l’hexagone de nombreuses propriétés des que l’on connaisse méritent à ce titre seul
coniques, en particulier les propriétés des l’attention des géomètres. Il entend faire
pôles et polaires, considérant à cet effet le cesser un état de choses où N la géométrie
cas où, deux points de l’hexagone étant analytique offre des moyens généraux et
confondus, un des côtés se trouve être la uniformes » alors que «jusqu’ici l’autre
tangente à la conique en ce point. géométrie a procédé par hasard ». Il veut
« donner aux conceptions géométriques
Renouveau et essor cette extension et cette généralité qui sont
de la géométrie projective dans sa nature et les constituer en une
C’est seulement à la fin du XVIII~ siècle que doctrine organique » . Il souligne aussi
renaît l’intérêt pour la géométrie projec- l’avantage qu’offre la géométrie projective
tive. Elle devait alors connaître un essor du fait que ((jamais on n’y tire des
remarquable. Son renouveau est jalonné conséquences sans que les formes réelles et
d’une série d’oeuvres majeures : Gaspard existantes ne puissent se peindre à l’image
Monge, Application de l’algèbre à la géo- et à la vue 0.
métrie (1795), Géométrie descriptive La géométrie projective de Poncelet se
(1795) ; Lazare Carnot, Géométrie de posi- fonde sur deux principes fondamentaux,
tion (1803) ; Jean Victor Poncelet, Traité les principes de continuité et de projection.
d e s propriétks projectives d e s Jigures Le principe de continuité s’énonce
(1822) ; Michel Chasles, Aperçu historique ainsi : Chaque fois qu’une démonstration
sur le dèveloppement des méthodes en a été obtenue en supposant finies et réelles
géométrie (1837), Traité de géométrie supé- certaines parties de la figure qui intervien-
rieure (1852) ; C. Van Staudt, Geometrie nent dans la démonstration, la proposition
der Lage (1847). subsiste quand ces parties disparaissent ou
Chez Monge, la géométrie analytique et deviennent infinies ou imaginaires ou que
la géométrie pure demeurent intimement la démonstration ne subsiste plus. Ainsi,
associées. De plus, son intérêt se porte l’extension du fini à l’infini réalisée par
surtout sur la géométrie descriptive qui Desargues et Pascal est complétée par
représente les figures de l’espace par deux l’extension aux points imaginaires que
projections orthogonales sur deux plans ceux-ci n’avaient aucunement envisagée.
perpendiculaires. Monge ne semble pas Ce principe devait être vivement critiqué,
avoir saisi toute l’importance de la projec- particulièrement par Augustin Cauchy. Il
tion centrale. 11 n’en eut pas moins une convenait de préciser, ce qui fut fait plus
influence décisive sur le développement tard, que ce principe vaut seulement lors-
ultérieur de la géométrie projective, que les propriétés envisagées se traduisent
notamment par le sens de l’espace qui par des relations algébriques, qui étaient
imprègne tout son enseignement. d’ailleurs les seules que faisait intervenir
Avec Poncelet s’affirme beaucoup plus Poncelet. L’application la plus obvie de ce
nettement le dessein de constituer la géo- principe est offerte par les intersections de
métrie projective en discipline autonome. deux cercles dont l’axe radical, défini par
466
GÉOMÉTRIE
les deux points d’intersection des cercles plus tard une justification plus rigoureuse.
lorsque ceux-ci se coupent, subsiste encore Cette transformation se définit analytique-
lorsqu’ils ne se coupent plus. ment dans le plan par l’équation :
Pour le principe de projection, Poncelet
, ax + by + c
retient les propriétés qui se conservent par
x =dx+ey+f
projection centrale et par les transforma-
tions qui en dérivent, notamment I’homo- et par une équation analogue pour y’.
logie dans le plan définie plus haut ; ces L’homologie correspond au cas particulier
propriétés peuvent ètre réduites par pro- où une droite l’axe d’homologie se
jection « a des circonstances plus simples )) transforme en elle-même, point par point.
se trouvant alors plus aisément démontra- Il faut en outre mentionner I’introduc-
bles. Michel Chasles (1793-l 880) devait tion par Monge de la transformation par
exprimer ce principe d’une manière plus polaire réciproque, qui, une conique (resp.
claire et le généraliser : (( Que l’on prenne une quadrique) étant donnée, fait corres-
une figure quelconque de l’espace et l’une pondre réciproquement dans le plan un
de ses propriétés communes, qu’on appli- point (pôle) à une droite (sa polaire) et,
que a l’une de ces figures l’un de ces modes dans l’espace, un point pôle à un plan (son
de transformations et qu’on suive les plan polaire). Cette transformation fut
diverses modifications qu’éprouve le théo- systématiquement utilisée, notamment par
rème qui exprime cette propriété, on aura Joseph Diez Gcrgonnc (1771-I 859)
une nouvelle figure et une nouvelle pro- Brianchon, Poncelet et Chasles, qui devai-
priété qui correspondra a celle de la ent en montrer toute la fécondité. Par là
première. Ce moyen que possède la géo- était introduite la notion de dualité dont
métrie récente permet de multiplier a l’importance majeure ne tarda pas à être
l’infini les propriétés géométriques. )) soulignée, et qui devait recevoir une exten-
La mise en œuvre de ces deux principes sion bien au-delà de la géométrie projec-
par Poncelet et, après lui, par plusieurs tive, par l’introduction, due à Monge, mais
autres géomètres, Chasles en particulier, non développée par lui, de la notion de
devait permettre une unification et une transformation de contact.
extension remarquables de la géométrie, En dépit des vues profondes de Pon-
spécialement dans le domaine de la théorie celet et de Chasles et des nombreux
des coniques. Poncelet utilisa surtout la résultats auxquels ils parvinrent, la géomé-
transformation qualifiée par lui d’homolo- trie projective souffrait d’un grave défaut :
gie (définie plus haut), dont le principe la distinction entre propriétés métriques et
avait été posé, on l’a vu, par Desargues, propriétés projectives n’était pas élucidée
mais qu’il devait étendre à l’espace. de façon satisfaisante, les propriétés pro-
Chasles, posant le problème plus large jectives demeurant d’ailleurs, le plus sou-
de la détermination de la transformation vent, définies par des considérations et des
ponctuelle la plus générale qui fait corres- relations de caractère métrique. Cette
pondre à une droite une droite et à un plan carence devait conduire von Staudt, en
un plan, devait définir la transformation 1847, à une présentation abstraite de la
qu’il désigna par le terme d’homographie. géométrie projective où n’intervenaient
K. G. C. von Staudt (1798-1867) et Gas- plus les éléments de caractère métrique,
ton Darboux (1842-19 17) en donnèrent c’est-à-dire les notions d’angle et de dis-
467
GÉOMÉTRIE
tance. Cette synthèse n’était cependant pas Saccheri fait appel au trapèze isocèle
tout à fait sans défaut. En particulier, elle qu’avait introduit le géomètre arabe Nasir
faisait intervenir inutilement le postulat ai-D% (XII~ siècle). Ce trapèze est construit
des parallèles. C’est seulement avec les en menant perpendiculairement aux extré-
travaux de Hilbert, Klein (1849-1925) mités d’une droite AB deux segments
Darboux (1842-I 917) à la fin du xW siècle, égaux AC et AD. Les angles intérieurs en
et, plus tard, ceux de Federigo Enriques C et D sont égaux. Ils valent un droit dans
(1871-1946) que seront formulées de le cas où le postulat est vrai ; dans le cas
façon rigoureuse les notions de base et les contraire, ils sont soit aigus, soit obtus.
axiomes de la géométrie projective. Ainsi, bien avant que ne soit prouvée la
validité des géométries non euclidiennes,
était mis en évidence le dédoublement de
4. Les géométries non euclidiennes l’hypothèse de la négation du postulat :
angle aigu (géométrie de Lobatchevski),
Jusqu’au début du XVIII~ siècle, le problème angle obtus (géométrie de Riemann).
posé par le postulat des parallèles fut Nasir al-Din avait très vite cru pouvoir
envisagé dans la même perspective : le conclure que ces angles intérieurs en C et
postulat n’est pas une évidence première, D étaient droits, pensant donc avoir
mais une vérité qu’on doit pouvoir démon- démontré le postulat. Saccheri arrive à la
trer. La plupart des démonstrations se même conclusion, mais au terme de longs
fondent sur la définition de la parallèle développements, au cours desquels, contre
comme droite équidistante à une droite son gré pourrait-on dire, il édifie pour une
donnée, définition que l’on ne trouve pas grande part la géométrie de Nikolaï Iva-
dans les Éléments d’Euclide, il faut le novitch Lobatchevski (1792-l 856) et pour
noter. On ne soupçonne pas le cercle une moindre part celle de Bernhard Rie-
vicieux qu’implique une telle façon de mann (1826-l 866). Finalement, il rejette
faire, la possibilité qu’une droite puisse les deux hypothèses de l’angle aigu et de
être équidistante à une autre droite sup- l’angle obtus, car elles le conduisent à deux
posant le postulat. Telles se présentent les conclusions qu’il estime non admissibles,
démonstrations de Posidonius (IF siècle la première à l’existence d’une perpendi-
av. J.-C.), de Geminus (F siècle apr. J.-C.), culaire commune à deux droites à l’infini,
de Proclus (ve siècle apr. J.-C.) ; et encore la seconde à l’affirmation que deux droites
celle du jésuite Clavius (1537-1612) à la fin contiennent un espace.
du XVI~ siècle, celui-ci doutant cependant Plus de trente ans plus tard, en 1766, le
de la validité de sa démarche. Le jésuite mathématicien suisse Johann Heinrich
G. Saccheri, dans son Euclides ah omni Lambert (1728-l 777) indépendamment
naevo vindicatuu (1733) est le premier semblet-il de Saccheri, dans une étude qui
mathématicien à mettre nettement en ne sera publiée qu’en 1786, suit fondamen-
doute la validité des démonstrations fon- talement la même démarche que Saccheri.
dées sur l’équidistante et à proposer une Mais si, comme ce dernier, il rejette
autre approche, la réduction à l’absurde : l’hypothèse de l’angle obtus, il est plus
supposer que le postulat des parallèles ne hésitant dans le cas de l’angle aigu.
vaut pas et démontrer que cette hypothèse Carl Friedrich Gauss (1777-l 855)
aboutit à une contradiction. À cet effet, amorce vraiment, autour des années 1820,
468
GÉOMÉTRIE
A69
GÉOMÉTRIE
sécante et à la droite. De plus, Saccheri a elle n’était qu’une figure de l’espace dont
reconnu l’existence de deux droites limites on ne concevait pas qu’il pût avoir une
qui se rapprochent indéfiniment de la structure ; on le regardait seulement
droite donnée, l’une à droite, l’autre à comme un cadre homogène et infini.
gauche.
Allant plus loin que Saccheri, Lambert,
se fondant sur l’analogie de la géométrie de 5. Transformations géométriques
l’angle aigu avec la géométrie sur la sphère,
pour la valeur de la surface d’un triangle, En introduisant la projection centrale, ou
montre, en faisant appel à une sphère perspective, en géométrie, Desargues puis
imaginaire, que, dans la géométrie de Pascal avaient ouvert la voie à l’étude des
l’angle aigu, la surface d’un triangle est transformations géométriques. Ce n’est
proportionnelle à la différence entre deux qu’à la fin du XVIII~ siècle que les transfor-
droits et la somme des angles du triangle. mations géométriques commencèrent vrai-
Par là, il introduit une constante caracté- ment à retenir l’attention des mathémati-
ristique de l’espace qui séduira Gauss et ciens. À côté de la projection centrale,
constituera une des raisons principales qui I’homologie est systématiquement utilisée
inciteront le mathématicien allemand à comme transformation par Poncelet ; puis
penser que cette géométrie peut être vraie. Chasles définit l’homographie, transfor-
Lambert est conduit à une conclusion mation projective la plus générale. D’autre
assez surprenante, mais qui ne le choque part, des transformations plus particulières
pas : dans la géométrie de l’angle aigu, sont largement étudiées : l’affinité, à
quand la longueur des trois côtés d’un laquelle s’était déjà intéressé Euler, les
triangle devient infinie, la surface du trian- rotations, les symétries, les translations, les
gle n’en demeure pas moins finie. homothéties.
Quant à la géométrie de l’angle obtus, Chez les géomètres purs, les transfor-
dont Riemann montre en 1854 qu’elle mations apparaissent surtout comme un
n’est nullement contradictoire, un esprit instrument de démonstration, tout spécia-
moderne peut s’étonner qu’il ait fallu lement chez Chasles. Mais les mathémati-
attendre si longtemps avant de l’admettre, ciens qui, comme Arthur Cayley (1821-
alors que, dès le milieu du XVIII~ siècle, les 1895) notamment, s’intéressent surtout à
études sur les propriétés infinitésimales des l’analyse et à l’algèbre, s’attachent à leurs
surfaces et même, bien avant, la connais- aspects d’invariance. Ainsi s’amorce entre
sance des triangles sphériques en offraient l’algèbre et la géométrie une symbiose
un modèle dans le cas de l’espace à deux féconde.
dimensions, au moins dans le voisinage Ces divers types de recherches tendent
d’un point. Mais une telle manière de voir à donner aux transformations une place
les choses est anachronique : elle implique non plus marginale, mais centrale en
qu’une surface peut être considérée géométrie, au point que l’on voit au milieu
comme constituant un espace à deux du XIX~ siècle se dégager l’idée que les
dimensions. C’est là une vue très moderne. propriétés géométriques se classent et se
Encore au XVIII~ siècle et même au xrxr, caractérisent par les transformations qui
une surface ne pouvait aucunement être les laissent invariantes. À chaque type de
considérée comme constituant un espace ; transformation correspond une géométrie.
470
GÉOMÉTRIE
471
GÉOMÉTRIE
introduite par Évariste Galois (18 1 l-l 832) propose, par une mutation de perspective
en 1830, et diffusée seulement en 1870 par dont on ne saurait trop souligner l’audace
le Traité des substitutions et des équations et la portée, de ne plus s’attacher à une telle
algébriques de Camille Jordan (183% distinction et de réunir toutes ces opéra-
1922). C’est par cet ouvrage que Klein en tions dans un type unique de processus :
prit connaissance. Certes, en 1844, Her- des transformations hiérarchisées consti-
mann Grassmann (1809-l 877) avait déjà tuant des groupes. Cette conception sys-
pressenti qu’il y aurait lieu de faire inter- tématique et unifiée est proposée par lui en
venir l’algèbre dans l’étude fondamentale 1872 dans le célèbre programme d’Erlan-
de la géométrie, mais il ne devait pas gen. L’objet de la géométrie se trouve ainsi
dépasser dans cette voie des vues généra- défini : « Étant donné une multiplicité et
les. Klein, au contraire, envisage d’emblée un groupe, étudier les êtres au point de vue
une <( théorie des groupes qui peuvent être des propriétés qui ne sont pas altérées par
engendrés par les transformations d’une les transformations du groupe », ou
nature donnée » . Il montre alors que la encore : N Étant donné une multiplicité et
plupart des transformations géométriques un groupe de transformation, développer
considérées avant lui constituent bien des la théorie des invariants relatifs à ce
groupes (loi de composition, élément groupe. )) Comme le dit encore Klein, (( les
inverse, élément unité). Ces groupes sont méthodes géométriques modernes sont
hiérarchisés. Klein appelle groupe princi- caractérisées par le fait que leurs considé-
pal celui qui correspond aux transforma- rations, au lieu de s’appuyer sur le groupe
tions qui n’altèrent pas les propriétés principal, reposent sur des groupes de
géométriques des figures. 11 est défini par transformation plus étendus. Dès que leurs
l’ensemble des opérations de translation, groupes se contiennent l’un l’autre, une loi
de rotation et de symétrie. En supprimant analogue établit leurs rapports récipro-
les symétries, on obtient le groupe des ques. De la sorte, pour la première fois, les
déplacements euclidiens. Le groupe prin- divers ordres de recherche de la géométrie
cipal lui-même s’insère dans le groupe des sont exprimés par des groupes de trans-
similitudes constitué par l’ensemble des formation qui leur correspondent. ))
opérations d’homothéties et de translation. Cette doctrine unificatrice ne se limitera
Ce groupe prend place à son tour dans le pas aux transformations que l’on avait
groupe affine qui garde le parallélisme et, étudiées jusque-là, et dont la plus générale
pour une direction donnée, les rapports de était l’homographie. La logique même de
longueur. On peut le définir comme une la démarche de Klein et ses contacts avec
homographie conservant le plan à l’infini. le mathématicien norvégien Sophus Lie
Ainsi, alors que demeuraient auparavant (1842-I 899), qui venait d’entreprendre ses
nettement distinguées et considérées travaux sur les groupes continus, condui-
comme de nature différente les opérations saient à envisager des groupes plus géné-
qui n’altèrent pas les figures, qui préser- raux allant jusqu’au groupe le plus général
vent en quelque sorte leur identité, et, à des transformations continues auquel cor-
l’opposé, des opérations qui les modifient, respondent des propriétés de (( position »,
comme l’étaient déjà les symétries et les dont plusieurs avaient déjà été reconnues
similitudes, mais beaucoup plus encore les et dont l’étude constituera la topologie
homologies et les homographies, Klein algébrique.
A72
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
473
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
« comprendre » les phénomènes d’inter- algébriques définis sur un anneau tel que
section des courbes et des surfaces, il s’est Z. Pendant la première moitié du xxe siè-
révélé nécessaire d’élaborer des techniques cle, l’école allemande a développé la théo-
compliquées qui se sont développées de rie des ensembles algébriques (de dimen-
manière abstraite et sont venues à leur tour sion quelconque) de l’espace affine k” ou
enrichir d’autres domaines des mathéma- de l’espace projectif P,(k), k étant un corps
tiques (théorie moderne des nombres, de base algébriquement clos arbitraire.
fonctions analytiques de plusieurs varia- Pour l’étude des propriétés intrinsèques
bles complexes, topologie algébrique) ; d’un ensemble algébrique, il est plutôt
pour le profane, cet appareil mathémati- gênant d’avoir à le considérer comme
que peut sembler bien loin de 1’« intuition plongé dans un espace affine ou un espace
géométrique )) ! projectif. Le problème se pose donc de
La géométrie algébrique est issue de définir des (( variétés algébriques abstrai-
l’étude des courbes algébriques du plan R’ tes », non plongées dans k” ou P,(k), un
ou de l’espace R3 et des surfaces algébri- peu comme on définit des variétés diffé-
ques de R’. Pendant le XVIII~ et le xrxe siè- rentiables indépendamment d’un plonge-
cle, on s’est aperçu qu’il était plus com- ment dans R” en géométrie différentielle.
mode de modifier le problème en se De telles variétés abstraites ont été définies
plaçant dans le plan complexe C* ou dans par A. Weil (1946). Une définition équi-
l’espace complexe C’ ; en effet, C est un valente, plus simple et plus maniable se
corps algébriquement clos, de sorte que les trouve dans l’article de J.-P. Serre, (( Fais-
courbes et les surfaces ont toujours « suf- ceaux algébriques cohérents » (1955) ; elle
fisamment » de points à coordonnées com- est inspirée de la théorie des espaces
plexes, alors qu’il peut n’y avoir aucun analytiques. Dans le présent article, nous
point à coordonnées réelles (comme c’est donnerons la définition de Serre un peu
le cas pour la courbe d’équation élargie, en prenant comme corps de base
x2 + y* + 1 = 0). On a observé aussi que un corps algébriquement clos. Le cas d’un
certains énoncés intéressants n’étaient corps de base non algébriquement clos, ou
vrais que si l’on complétait les courbes et d’une base plus générale, s’exprime bien
les surfaces par des « points à l’infini )>, se dans le cadre de la théorie des schémas de
plaçant ainsi dans le plan projectif P,(C) A. Grothendieck, qui généralise considé-
ou dans l’espace projectif Ps(C) ; les cour- rablement celle des variétés algébriques au
bes ou les surfaces y sont définies par des sens de Serre en partant du même point de
équations polynomiales homogènes por- vue.
tant sur les coordonnées homogènes.
Cette diversité de points de vue (réel ou
complexe, affine ou projectif) a dû être
encore élargie lorsque la théorie des nom-
bres a mis en évidence l’intérêt de l’étude 1. Ensembles algébriques
des courbes algébriques définies sur des
corps autres que R ou C, comme les corps Soit k un corps de base algébriquement
finis ou les corps p-adiques ; la théorie des clos. Pour tout entier naturel n, l’espace
équations diophantiennes conduit même à affine k” est l’ensemble des suites (x,, x2, . . . .
considérer des courbes ou des ensembles x,) de n éléments de k ; on appelle ces n
474
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
Applications régulières
Soient XC k”’ et Y C k” des ensembles
algébriques affines ; une application u de X
dans Y est dite régulière si les coordonnées
u ,(.x), ~&XI), .._, u,(x) de u(x) sont des fonc-
tions polynomiales des coordonnées du
point x de X. En particulier, les applications
régulières de X dans k, encore appelées
isomorphisme d’une droite et d’une parabole
fonctions régulières sur X, sont les fonctions
polynomiales des coordonnées d’un point
de X ; elles forment un sous-anneau de dans le plan k’ définie par u(t) = (t, t’).
l’anneau de toutes les applications de X L’image u(k) est la parabole X d’équation
dans k. et ce sous-anneau est visiblement y = x2, et u définit une bijection de k sur
475
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
f,g i
476
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
Applications rationnelles
En remplaçant les polynômes par des frac-
tions rationnelles dans tout ce qui précède,
Plongemenr ,t2 du plan affine dans le plan profecfif on obtient des G applications » non partout
définies en général (car les dénominateurs
que X de k” s’identifie par o, à la partie peuvent s’annuler ; il y a donc un abus de
d’un ensemble algébrique % de P,(k) où langage à parler d’applications) ; ce sont les
x,, # 0 ; si les équations de x sont : applications rationnelles. Nous ne donnons
f, = 0, . . ..f. = 0 de définition précise que dans le cas des
fonctions rationnelles (applications ration-
les équations homogènes de % sont : nelles à valeur dans k). Considérons
d’abord un ensemble algébrique affine X
X:efl(x,/x 0, . . ..x./x,) = 0,
...xo’fs(x./xo, . . . . Xn/Xo) = 0 dans k” ; une fonction rationnellefsur X est
définie par une fraction P/Q E k(T,,
0 désigne le degré f;) ; nous dirons que T2, . . . . T,), dont le dénominateur ne
X est la complétion projective de X. Toute s’annule pas identiquement sur X ; c’est
application régulière u d’un ensemble algé- l’application x - P(x)/Q(x) de l’ensemble
brique affine X dans un autre Y se pro- U = IxE XI Q(x) # O} dans k . De
longe d’une manière unique en une appli- même, pour définir une fonction ration-
cation régulière U de % dans y. En nelle sur un ensemble algébrique projectif
particulier, l’application u : t - (t, t2) de k XC P,,(k) on prend une fraction P/Q en
dans k’ se prolonge en l’application régu- coordonnées homogènes, avec P et Q
lière G : P,(k) - P,(k), qui transforme le homogènes de même degré (pour avoir une
point de coordonnées homogènes (x, y) en fonction constante sur les droites issues de
477
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
0 dans k”+‘) et Q non identiquement nul phe (d’une manière canonique) au quo-
sur X. tient k[T,, Tz, . . . . T,,,]/I(X) où I(X) désigne
La composée de deux applications l’idéal formé des polynômes qui s’annulent
rationnelles ,f de X dans Y et g de Y dans sur X. Si une application u : X -+ Y d’un
Z peut se définir si l’ensemble des points ensemble algébrique dans un autre est
.y de X tels quefsoit définie en s et g en régulière, f‘~ II appartient à A(X) pour
f(s) n’est contenu dans aucun ensemble toute fonction f de A(Y). Inversement,
algébrique strictement plus petit que X ; cette condition implique que u est régu-
c’est encore une application rationnelle. lière ; remplaçons en effet f par les fonc-
Une équivalence hiïutionnrllr entre X et Y tions coordonnées y,, y?, .., ~1,~ de Y : nous
est un couple (u, V) où u est une application obtenons des fonctions CI, =
rationnelle de X dans Y et v une applica- yi 0 u (i = 1,2, _.,, n) régulières sur X,
tion rationnelle de Y dans X, les composés c’est-à-dire induites par des polynômes en
1 o IA et u o v étant les applications identi- les coordonnées de X.
ques de X et Y respectivement. On voit même que tout homomor-
Par exemple (-y, y) - y/x est une fonc- phisme cp de A(Y) dans A(X) détermine une
tion rationnelle dans le plan k’, définie application régulière II de X dans Y telle que
dans le complémentaire de la droite ‘p soit l’application f w f o u ; les coordon-
d’équation s = 0. Sa restriction à la nées de u sont les fonctions
courbe d’équation ,v” = s3 est une fonction C~(V,), <~(y:). . . . &J de A(X). Considé-
rationnelle définie en dehors de l’origine ; rons, en particulier, le cas où X = {e} est
on voit que la cissoïde est birationnelle- réduit à un point ; c’est l’espace affine k” et
ment équivalente à la droite (sans lui être son algèbre de fonctions régulières se réduit
isomorphe ; cf. exemple supra et fig. 2). aux constantes A(X) = k. La donnée d’une
D’une manière générale, on dit qu’une application (régulière automatiquement)
courbe algébrique est unicursale si elle est u : x = {el + Y, c’est-à-dire d’un point v
birdtionnellement équivalente à la droite k = u(e) de Y, équivaut donc à celle de
(Cf. COURBES ALGÉBRIQUES). LeS fractions l’homomorphisme f ++ f o u =f(> de
.y,/.~~, ,y,/.~,, . . . . -~,,/.y~ définissent une appli- A(Y) dans k ; d’où une bijection de I’ensem-
cation rationnelle de P,Jk) dans k” ; cette ble Y sur l’ensemble Horn, (A(Y), k) des
application est définie dans le complémen- homomorphismes de A(Y) dans k.
taire de l’hyperplan d’équation homogène Tout isomorphisme A(Y) + A(X), où
.Y” = 0 et donne (avec c(,, ; cf. supm) une X et Y sont des ensembles algébriques
équivalence birationnelle entre P,!(k) et k”. affines, détermine un isomorphisme de X
De même, tout ensemble algébrique affine sur Y. Cela nous met sur la voie d’une
est birationnellement équivalent à sa com- définition intrinsèque des ensembles algé-
plétion projective. briques affines, indépendamment du plon-
gement dans un espace i? : la structure
d’ensemble algébrique est définie par la
2. Variétés algébriques affines donnée de l’algèbre des fonctions réguliè-
res. Nous allons considérer une structure
À tout ensemble algébrique affine X C k”‘, un peu plus fine, en utilisant une autre
nous avons associé la k-algèbre A(X) des algèbre qui n’est pas une algèbre de
fonctions régulières sur X ; elle est isomor- fonctions. En effet, il est avantageux de
470
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
479
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
un nombre fini d’éléments, tout élément de où les a,(s) sont des polynômes en .Y. Ainsi
A s’exprimant comme fonction polynôme la classe de - dans A est entière sur k[s],
de ces générateurs. L’algèbre A est ditefinir et la courbe apparaît comme un revête-
si elle est engendrée par un nombre fini ment ramifié (de degré r) de l’axe des ,Y.
d’éléments en tant que B-module : tout Appliquons ce résultat en remplaçant A
élément de A est combinaison linéaire des par le quotient A/m où m est un idéal
générateurs ; cela revient à dire que A est de maximal de A ; ce quotient est encore de
type fini et entière sur B. type fini sur k, et c’est un corps. D’après
le lemme, il contient une sous-algèbre B
Lemme de normolisation isomorphe à une algèbre de polynômes,
d’Emmi Noether sur laquelle il est une algèbre finie ; on en
Soit A une k-algèbre de type fini non nulle, déduit aisément que B est elle-même un
engendrée par n éléments. Il existe un corps. et ensuite que B = k. Comme k est
entier d et un homomorphisme inj,~tif algébriquement clos, son extension finie
v : k[T,, T,, . . . . TJ + A, faisant de A une A/m lui est isomorphe. Cela prouve que
k[T,, TZ, . . . . T,,]-algèbre jnie. tout idéal maximal de A est le noyau d’un
Géométriquement, v s’interprète homomorphisme de A dans k, et permet
comme un morphisme de la variété affine d’établir une correspondance bijective
X qui correspond à A dans l’espace affine entre les idéaux maximaux de A et les
lc” ; les propriétés de v impliquent que ce points de la variété algébrique affine asso-
morphisme est surjectif et « fini », c’est-à- ciée à A. Pour développer la géométrie
dire qu’il fait de X une sorte de revêtement algébrique sur un corps non algébrique-
ramifié de k”. ment clos, il est raisonnable de remplacer
On peut démontrer ce lemme par récur- l’ensemble Hom,(A, k) par l’ensemble des
rence sur le nombre n de générateurs de idéaux maximaux de A dans la définition
A = k[T,, T2, _.., T,,]/n ; il est évident si des variétés algébriques affines ; cela
a = {0}, en particulier si n = 0. Dans le revient à considérer, outre les « points
cas contraire, on montre qu’il est possible rationnels sur k )) de la variété, qui cor-
de trouver un nouveau système de n respondent à des idéaux maximaux m tels
générateurs dont le dernier est entier sur la que A/m = k, d’autres points correspon-
sous-algèbre A’ engendrée par les n - 1 dant a des idéaux maximaux m tels que A/m
premiers, de sorte que A est une A’-algèbre soit une extension finie de k. Nous conser-
finie ; on applique alors l’hypothèse de vons un corps de base algébriquement clos
récurrence à A’. pour rester plus près des notions intuitives.
Par exemple, si A = k[x, ~]/cf) est
Considérons une variété algébrique
l’algèbre de la courbe plane définie par
affine (X, A, (p) ; si J‘E A et x E X, nous
l’équationf(‘c, 2’) = 0, on fait un change-
noteronsf(_u) la valeur en s de la fonction
ment de base dans k2 de manière que l’axe
sur X définie par f; c’est-à-dire <p (.Y) v).
des y ne soit pas une « direction asymp-
Pour qu’un élément de ,f‘de A soit inver-
totique » de la courbe (c’est possible, car k
sible, il faut et il suffit quef(s) # 0 pour
est infini) ; l’équation de la courbe prend
tout point N de X ; en effet, cette condition
alors la forme :
signifie que .f‘ n’appartient à aucun idéal
Y ’ + a,(x)y’-’ + + a,(x) = 0, maximal de A, et, d’après le théorème de
480
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
Krull, un élément non inversible appar- de X. Avec l’algèbre Aja, il forme une
tient toujours a un idéal maximal. variété algébrique affine à laquelle on peut
appliquer le théorème précédent. On
Théorème des zéros de Hilbert trouve ainsi que l’idéal I(V (a)) formé des
Soit (X, A, cp) une variété algébrique affine. élémentsfde A tels quef(x) = 0 pour tout
Si fE A les conditions suivantes sont x E V(a) est égal à la racine ta(a) de a
équivalentes : c’est-à-dire à l’ensemble des éléments de A
(1) Pour tout point x de X, f(x) = 0. qui ont une puissance dans a ; en particu-
(2) L’élément 1 -fT est inversible lier, V(a) n’est pas vide si a # A (c’est
dans l’algèbre de polynômes A[TJ. l’énoncé du Nullstellensatz de Hilbert).
(3) fest nilpotent, c’est-à-dire que l’une
de ses puissances est nulle.
La condition (2) sert d’intermédiaire 3. Variétés algébriques
entre (1) et (3) ; elle s’interprète en disant
que 1 -,fl ne s’annule pas sur la variété L’utilisation des fonctions régulières ne
affine d’algèbre A[T] (qui n’est autre que conduit à rien dans l’étude des ensembles
X X k, cf. infra). Ainsi, on voit aisément algébriques projectifs, puisque l’anneau
que( l)implique(2). Pourvoirque(2)impli- des fonctions régulières d’un tel ensemble
que (3) on note que 1 -fl admet pour est toujours réduit à k. On peut remplacer
inverse 1 +fT + f ?T? + . ..f”T” + les fonctions régulières par les fonctions
dans l’algèbre de séries formelles A [[T]], rationnelles. La théorie ainsi construite
si cet inverse est un polynôme, fest nilpo- permet l’étude des propriétés conservées
tent. Enfin, si f est supposé nilpotent, il par une équivalence birationnelle ; elle a
en est de même def(x) pour tout point x ; été développée à la fin du siècle dernier,
orf(x) E k, et dans un corps tout élément principalement en Italie. Cette méthode
nilpotent est nul. interdit la distinction entre des ensembles
Autrement dit, l’ensemble n des élé- algébriques birationnellement équivalents,
ments nilpotents de A est l’intersection des même non isomorphes. Il faut donc cher-
idéaux maximaux (c’est un idéal qu’on cher dans une autre direction pour obtenir
appelle le nilrudical de A). Pour un anneau une définition intrinsèque des variétés
quelconque, le même raisonnement algébriques.
prouve que le nilradical est l’intersection En localisant la notion de fonction
des idéaux premiers ; ici, on voit, en régulière, on arrive à une notion adéquate.
appliquant le théorème précédent à A/p où Commençons par munir les ensembles
&J est un idéal premier de A, que tout idéal algébriques d’une topologie qui permette
premier de A est une intersection d’idéaux une telle localisation.
maximaux (on dit que A est un anneau de
Jacobson). Topologie de Zariski
À tout idéal a de A, nous associerons Si le corps de base est celui des nombres
l’ensemble V(a) C X des points x tels que complexes, on peut essayer la topologie
f(x) = 0 pour tout fE a ; il suffit d’écrire induite par celle de C” ou P,,(C) (c’est la
cette condition pour un système de géné- topologie transcendante, définie à partir du
rateurs cfi, f >, . . . . f,Y) de a, et on peut dire module d’un nombre complexe). Il est
que V(a) est un sous-ensemble algébrique clair, en effet, que les applications réguliè-
481
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
res sont continues pour cette topologie ; communs aux polynômes J;g, (1 < i < r,
par suite, les isomorphismes la conservent. 1 < j < .Y), donc un ensemble algébrique.
Mais cela ne convient pas au cas d’un Enfin l’ensemble vide est algébrique, étant
corps de base général. défini par l’équation 1 = 0. Ainsi les
On veut une topologie adaptée à l’étude axiomes des fermés d’une topologie sont
des propriétés algébriques ; ainsi les pro- vérifiés par les ensembles algébriques (cf.
priétés algébriques (ou du moins beaucoup TOPOLOGIE GÉ NÉ RALE). Dorénavant nous
d’entre elles) doivent avoir une nature considérons k” et P,,(k) comme munis de
locale pour la topologie cherchée : par leurs topologies de Zariski, et tout ensem-
exemple, une fonction rationnelle définie ble algébrique affine ou projectif est muni
en un point doit rester définie au voisinage de la topologie induite ; toute variété
de ce point. Or les ensembles exceptionnels algébrique affine est de même munie de sa
où les propriétés algébriques considérées topologie de Zariski.
cessent d’être vraies sont définis par des Si (X, A, <p) est une variété algébrique
équations polynomiales (l’annulation du affine, une base d’ouverts de sa topologie
dénominateur dans le cas de la définition de Zariski est formée des ensembles
d’une fonction rationnelle) ; ce sont eux- DfJ) = (x E X 1f (.y) # O}, oùfE A. On
mêmes des ensembles algébriques. Ainsi, obtient de même une base d’ouverts sur un
nous imposons la condition suivante : les ensemble algébrique projectif en considé-
ensembles algébriques doivent être fermés rant les ensembles où ne s’annule pas un
pour la topologie cherchée. II se trouve qu’il polynôme homogène.
existe sur k”, ou sur P’!(k), une topologie Il est clair que les applications réguliè-
bien déterminée pour laquelle les ensem- res sont continues pour la topologie de
bles fermés sont les ensembles algébriques : Zariski : l’image réciproque d’un ensemble
on l’appelle la topologie de Zuriski. algébrique par une telle application est
En effet, l’intersection d’une famille encore algébrique. Ainsi, deux ensembles
(E,)i., d’ensembles algébriques est encore algébriques isomorphes sont homéomor-
algébrique : si E, est défini par les équa- phes. La réciproque n’est pas vraie, puis-
tionsjiA = 0, h E A,, cette intersection est que la représentation paramétrique
définie par l’annulation de tous les poly- t - (t l, t ‘) de la cissoïde est un homéo-
nômes ,f; : c’est l’ensemble des zéros morphisme de k sur cette courbe, qui n’est
communs’aux polynômes de l’idéal engen- pourtant pas isomorphe à une droite
dré par les f;, et il suffit de prendre un (cf. chap. 1, Applicntions rL;guli>res) ; autre-
ensemble fini de générateurs de cet idéal ment dit, la topologie de Zariski est
pour avoir un système d’équations de insuffisante pour caractériser les ensem-
l’intersection (rappelons la propriété bles algébriques à isomorphisme près.
noethérienne de l’anneau des polynômes ;
dans le cas projectif, il faut bien sûr Anneaux locaux
prendre des générateurs homogènes). À tout point .Y d’un ensemble algébrique X
Considérons maintenant la réunion de on peut associer l’anneau cT&, des germes
deux ensembles algébriques, définis res- de fonctions rationnelles sur X définies en
pectivement par les équations f, = 0, s; un tel germe est une classe d’équiva-
f z = 0, . ..., fr = 0 et g, = 0, gz = 0, lence de fonctions rationnelles définies en
.,., g,\ = 0 ; c’est l’ensemble des zéros .Y, pour la relation qui consiste à confondre
482
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
deux fonctions lorsqu’elles coïncident dans ~ Il est facile de voir que les fonctions
un voisinage de x. Ainsi un élément de 0x., rationnelles sur la courbe d’équation
est représenté par une fraction P/Q dont le y2 = x3 s’écrivent d’une manière unique
dénominateur Q ne s’annule pas en x; sous la forme R(x) + y S(x), où R et S sont
dans le cas projectif, les polynômes P et Q des éléments de k(x) ; ainsi l’ensemble des
sont homogènes de même degré. Pour fonctions rationnelles sur la cissoïde est un
qu’un tel élément soit inversible, il faut et corps, extension quadratique de k(x)
il suffit que son numérateur P ne s’annule engendrée par un élément y qui vérifie
pas en x; autrement dit, l’ensemble des y2 = x3. L’anneau local d’un point (a, 6)
éléments non inversibles de 0x,., est l’idéal s’identifie à l’ensemble des éléments
m,, noyau de l’homomorphismef-f(x) à R(x) + y S(x) tels que R et S soient
valeurs dans k, et c’est le seul idéal définies en u. Comme les applications
maximal de l’anneau. Un anneau qui u : t++ (t *, t ‘) (application régulière) et
possède un seul idéal maximal est dit local ; v = y/x (application rationnelle définie
nous avons muni l’ensemble algébrique X sauf en (0, 0)) forment une équivalence
d’un anneau local 0x,, pour chaque birationnelle entre la droite et la cissoïde
point x. X, les anneaux locaux sur X aux points
Si une application rationnelle II : X - Y (a, b) # (0,O) sont isomorphes à ceux des
est définie en un point x de l’ensemble points correspondants sur la droite. Au
algébrique X, il lui correspond un homo- contraire, l’anneau local, 0x,(,,,) n’est pas
morphisme g - g o u de l’anneau local intégralement clos (il ne contient pas
0 Y,u(rJ dans 0x,, ; cet homomorphisme l’élément entier y/~), tandis que tous les
applique l’idéal maximal du premier anneaux locaux sur la droite sont intégra-
anneau dans celui du second, ce qu’on lement clos. On voit donc que le point de
exprime en disant que c’est un homomor- rebroussement de la cissoïde se manifeste
phisme local. Si (u, v) est une équivalence dans les propriétés des anneaux locaux
birationnelle entre X et Y, elle définit une (fig. 2).
bijection entre des ouverts de Zariski par- Un raisonnement analogue permet
tout denses U et V de X et Y de manière que d’étudier le cône d’équation z* = x2 + y”
les anneaux locaux en des points corres- dans k3. Les fonctions rationnelles sur
pondants de U et V soient isomorphes ; cette surface forment un corps, extension
cela s’applique en particulier à un isomor- quadratique de k(x, y) ; elles s’écrivent
phisme de X sur Y, avec U = X et V = Y. R(x, y) + zS(x, y). L’anneau local de l’ori-
On peut donner trois exemples : gine est formé de ceux de ces éléments
- Les fonctions rationnelles sur la droite k pour lesquels les fractions R et S sont
forment le corps k(x) (corps des fractions définies en (0, 0), et son idéal maximal est
de l’anneau des polynômes k[x]). Comme défini par la condition R(O,O) = 0.
les voisinages ouverts au sens de Zariski
d’un point CI sont des complémentaires Faisceau structural
d’ensembles finis, deux fonctions ration- La connaissance de la topologie et des
nelles qui coïncident au voisinage de a sont anneaux locaux sur un ensemble algébrique
identiques, et l’anneau local de a n’est est insuffisante pour caractériser cet ensem-
autre que l’ensemble des fractions dont le ble à isomorphisme près ; en particulier,
dénominateur n’est pas nul en a. elle ne permet pas de reconstituer l’algèbre
483
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
des fonctions régulières sur l’ensemble. teur divise une puissance de gi). Nous
Nous allons remplacer les anneaux locaux pouvons donc trouver un entier m et des
par une structure plus riche. fonctions régulières h,, h?, . . . . h, tels que
Considérons un ouvert de Zariski U $;‘f coïncide avec hi dans D(gi) ; dans
dans un ensemble algébrique X. Nous D(g,) n D(gi) = D(g,g,), les fonctions ,$‘h,
dirons qu’une application de U dans k est et eh, sont égales, et par suite leur diffé-
une fonction régulière dans U si son germe rence est annulée par g,g,. Il existe des
en chaque point x de U appartient à fonctions régulières f,, fi, . . . . f, telles que
l’anneau local 0x,,; l’ensemble des fonc- f,g,m+’ +f&‘i’+’ + +f;.g.y+’ = 1 ,
tions régulières dans U forme un anneau car les D(&l+‘) recouvrent X; on peut
(et même une k-algèbre), que nous note- alors vérifier que f coïncide avec f,g,h,
rons O,(U). Notre terminologie n’est pas +.f2g2 h, + + Lg,h, dans chaque
contradictoire, car 0x(X) est précisément D(g,), donc lui est égale.
l’ensemble des fonctions régulières sur X, On appelle faisceau d’anneaux sur un
en vertu du théorème : espace topologique X un couple (A, p) du
Soient X un ensemble algébrique et f : type suivant : A associe à chaque ouvert U
X -+ k une application de X dans k. On de X un anneau A(U) et p associe à chaque
suppose que pour tout point x de X il existe couple (U, V) d’ouverts tels que U C V un
un voisinage V, de x et une fonction hornorphisme puv : A(V) + A(U) appelé
rationnelle rx définie dans V, et telle que restriction de V à U. On impose à ces
.fl v, = rn. Alors f est une fonction régu- données les conditions suivantes :
lière. ( 1 ) P o u r t o u t o u v e r t U , l’homo-
Ce résultat se démontre ainsi, dans le cas morphisme ptiu est l’application identique
où X est affine : on peut supposer que les d e A ( U ) . Si UCVCW, on a
voisinages V, sont de la forme D(g,) Puw = Puv 0 Pvw.
(ensemble des points oùg, ne s’annule pas), (2) Pour tout ouvert U et tout recou-
avec des fonctions régulières g,. Comme les vrement (U,),,, de U par des ouverts,
D(g,) recouvrent X, l’idéal engendré par les l’application f- ( puiucf)) est une bijec-
fonctions g, est l’anneau A de toutes les tion de A(U) sur l’ensemble des familles :
fonctions régulières sur X (sinon on pour-
rait trouver un idéal maximal contenant les
gx, donc un point de X où toutes ces
fonctions s’annulent) ; par suite, 1 est telle que les restrictions deJ etf; à U, n U,
combinaison linéaire d’un nombre fini de soient égales pour tout couple (i, j) d’indi-
fonctions g, soient g,, g2, . . . . g, et ces. Cela signifie qu’un élément de A(U)
X = D(g,) U D(g,) U U D(g,). Dans est connu quand on connaît ses restrictions
l’ouvert D(g,),fcoïncide avec une fonction à tous les U,, et donne la condition pour
rationnelle r, définie dans D(g,) ; ici nous que des éléments des A(U,) proviennent
avons besoin d’un lemme : toute fonction par restriction d’un même élément de
rationnelle définie dans D(g,) peut s’écrire A(U).
sous la forme ,/$ où h est une fonction LaJihre A, du faisceau en un point Y de
régulière et m un entier (car g, s’annule sur X est la limite inductive des A(U) lorsque
l’ensemble des zéros du dénominateur, U parcourt l’ensemble filtrant des voisina-
donc, par le Nullstellensatz, ce dénomina- ges ouverts de .Y ; pour construire cette
484
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
limite inductive, on identifie des éléments des points de X oùf’n’est pas nulle, muni
de A(U) et A(V), où U et V sont des de la structure d’espace annelé induite par
voisinages ouverts de .y, si leurs restrictions celle de X, est un sous-espace ouvert de X.
à un voisinage W C U n V sont égales ; les Si X est défini, dans k”, par les équations
classes d’équivalence ainsi définies sont les g, = 0, gz = 0, . . . . g,, = 0, et si f est la
éléments de A,. restriction à X d’un polynôme fE k[s,,
11 est clair que les anneaux de fonctions s2, . . . . x,], alors Dcf) est la projection sur
0x(U) que nous avons définis sur un k” de l’ensemble algébrique Y C k>‘+’ =
ensemble algébrique X forment un fais- k” X k défini par les équations g, = 0,
ceau d’anneaux (avec la notion habituelle gz = 0, ,.., g, = 0 et 1 - tf = 0. La pro-
de restriction). Les fibres sont les anneaux jection : (x, t ) - .Y définit un isomor-
locaux 0x,,. Considérons une application phisme d’espaces localement annelés de Y
régulière u : X-t Y d’ensembles algébri- sur Dcf). Par exemple, le complémentaire
ques ; elle est continue pour les topologies de 0 dans la droite k est isomorphe, comme
de Zariski, de sorte que si V est un ouvert espace localement annelé, à l’hyperbole
de Y, u-‘(V) est un ouvert de X. On a alors d’équation xt = 1 dans le plan des (x, t )
un homomorphisme g - g o u de O,(V)
(fig. 5).
dans 0,(u~‘(V)). D’une manière générale,
on appelle espuce localement annelé un
espace topologique X muni d’un faisceau
d’anneaux (A, p) dont les fibres sont des
anneaux locaux. Un morphisme d’espaces
localement annelés de (X, (A, p)) dans (Y,
(B, o)) est un couple (u, r) où u est une
application continue de X dans Y et v
associe à chaque ouvert V de Y un
homomorphisme v, : B(V)-A(u-](V)) de
manière compatible avec les restrictions p
et o. On impose de plus que, pour tout
p o i n t .Y d e X , l ’ h o m o m o r p h i s m e
t’, : Bu(,, - A, déduit de v soit un homo-
morphisme local. Il est facile de définir le
morphisme composé de deux morphismes,
puis la notion d’isomorphisme entre espa-
ces localement annelés.
Soit U un ouvert d’un espace locale-
Isomorphisme de k - { 0) avec une hyperbole
ment annelé (X, (A, p)). La topologie i
induite et le faisceau induit
A r, : U’ - A(U’), pour U’ ouvert contenu Nous pouvons aussi munir Dcf) d’une
dans U, font de U un espace localement structure de variété algébrique affine, en
annelé ; on dit que c’est un sous-espace transportant celle de Y. Soit A =
ouvert de X. Par exemple, si X est un k[s,, .x2, s,,]/a l’algèbre de la variété
ensemble algébrique affine et si f est une affine X, où a est l’idéal engendré par gl,
fonction régulière sur X, l’ensemble Dcf) gz> ..., g,. L’algèbre de Y est
485
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
k[x,, .Y*, _.., x,,t ]/b où b est engendré par les variétés algébriques affines comme des
g,, g2, .._, g, et 1 - tf; elle est isomorphe à espaces localement annelés.
Af = A[t ]/( 1 - tf’), en désignant parf’ la Considérons maintenant un ensemble
classe de f dans A. Dorénavant, si (X, A, algébrique X défini dans l’espace projectif
<p) est une variété algébrique affine et si g P,,(k) par des équations homogènes
est un élément de A, nous munirons g, = 0, g, = 0, . . . . g, = 0, et un polynôme
l’ouvert Dcf) des points de X où f n’est pas f homogène de degré d par rapport aux
nul d’une structure de variété algébrique coordonnées homogènes .x0, .Y,, . . . . .Y,,. Soit
affine au moyen de l’algèbre A,= A[t ]/ D+Q”) l’ensemble ouvert des points de X
(1 - tJ’) ; les éléments de cette algèbre où f n’est pas nul, muni de la structure
peuvent s’écrire comme des fractions du annelée induite par celle de X ; il est
type h/f r où h E A (notons qu’une telle isomorphe à un ensemble algébrique
fraction est nulle dès que h est annulé par affine. On le voit tout de suite si f = x0, en
une puissance de f, soit f "'h = 0 ; cela utilisant l’isomorphisme connu de k” sur le
n’exige pas que h soit nul). On peut complémentaire de l’hyperplan d’équation
montrer qu’il existe sur X un faisceau 0x x0 = 0 dans P,(k) ; si d = 1, un change-
et un seul qui prennent la valeur A, dans ment de coordonnées nous ramène a ce cas
l’ouvert Dcf) pour tout f E A. Si U est un facile. Le cas général se ramène au cas où
d = 1 en identifiant P,(k) à la variété de
ouvert de X, les éléments de 0x(U) ne sont
Veronese V,,, (cf. chap. 1).
pas des fonctions dans U, mais chacun
Cela permet encore de munir D+(f)
d’eux définit une fonction (régulière) dans
d’une structure de variété algébrique
U : cette fonction est nulle si. et seulement
affine, dont l’algèbre est obtenue ainsi : soit
si, l’élément considéré est nilpotent. La
a l’idéal homogène de polynômes engendré
fibre de 0x,., en un point x est un anneau
par g,, g,, . . . . g,T, et soit A = k[.x,, x,, . . . .
local, dont les éléments s’écrivent comme
,x,J/a l’algèbre graduée quotient ; dési-
d e s f r a c t i o n s h/g a v e c h, gE A e t
gnons par A(” la sous-algèbre de A formée
g(x) # 0 ; ainsi (X, 0x) est un espace
des éléments dont le degré est un multiple
localement annelé. de d; l’algèbre de D+(f) est Au, = A(“)/
Si (u, v) : (X, A, cp) -. (Y, B, y) est un cf- 1) et ses éléments s’écrivent comme
morphisme de variétés algébriques affines, des fractions h/f r où h est un élément de
on en déduit aisément un morphisme (u, degré rd de A. Il existe alors un faisceau
F) : (X, 0,) - (Y, 0,) en définissant i&,>, d’anneaux bien déterminé sur X qui prend
pour g E B, comme l’homomorphisme de la valeur A,, sur D+(J) ; sa fibre en un
B, dans A,,(,, qui transforme h/g” en point x est un anneau local, dont les
v(h)/(g)“. Inversement, si (u, w) : (X, 0x) -+ éléments sont les fractions du type h/g avec
(Y, 0,) est un morphisme d’espaces loca- h, g E A homogènes de même degré et g
lement annelés, (u, wy) est un morphisme non nul en x. Nous désignerons ce faisceau
de variétés affines ; on a (ij))u= v et par 0x, et nous dirons que l’espace loca-
(cv) = w. Cela implique en particulier que lement annelé (X, 0,) est une variété
deux variétés algébriques affines sont iso- algébrique projective. On peut montrer
morphes si, et seulement si, elles sont que pour tout morphisme d’espaces loca-
isomorphes comme espaces localement lement annelés (u, w) : (X, 0,) + (Y, 0,)
annelés. Dans la suite, nous considérerons entre des variétés algébriques projectives,
486
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
l’application u est régulière (on commence tives) peuvent être considérées comme des
par observer que la restriction de u à tout sous-variétés fermées d’un espace k” (resp.
ouvert affine de la forme D+(/‘) C X est P,,(k)).
régulière). Si Y est un fermé quelconque de X, le
La notion d’espace localement annelé faisceau d’idéaux 2, formé des f qui
nous a permis de traiter de manière s’annulent sur Y est localement de type fini
analogue les variétés algébriques affines ou et t&/‘Ju a pour support Y, d’où sur Y une
projectives. De plus, toute variété algébri- structure de sous-variété fermée de X. Ce
que projective X C P,,(k) peut être recou- n’est pas la seule possible, mais on peut la
verte par des ouverts U, qui sont des caractériser par le fait qu’elle est réduite,
variétés affines pour la structure induite ; c’est-a-dire que son faisceau structural ne
on peut même prendre des U, en nombre comporte pas d’éléments nilpotents non
fini, par exemple Uj = D+(x,) (xi coor- nuls (il s’interprète comme un faisceau de
données homogènes). D’une manière fonctions sur Y). En particulier, si Y = X,
générale, nous dirons qu’un espace loca- on définit une sous-variété fermée X,.,, de
lement annelé (X, 0x) est une varibt~ X qui est réduite et a même espace
a/géhrique s’il existe un recouvrement (U,) topologique sous-jacent que X.
de X par des ouverts qui sont isomorphes Sur l’ensemble produit X X Y de deux
(pour la structure localement annelée variétés algébriques, on peut définir une
induite) à des variétés algébriques affines. structure de variété algébrique munie de
morphismes p : X X Y - X e t
q:XXY- Y, de manière que les mor-
4. Propriétés élémentaires phismes u d’une variété Z dans X X Y
correspondent bijectivement aux couples
Tout ouvert U d’une variété algébrique X, 0, o u, q o il) de morphismes de Z dans X
muni de la structure annelée induite, est et Y respectivement. En général la topo-
une variété algébrique ; on dit que c’est une logie de X X Y est strictement plus fine
sous-wriPté ouverte de X. que la topologie produit. Par exemple
Considérons un faisceau d’idéaux 2 de k”’ X k” = k”‘+” ; le produit de deux varié-
0x (c’est-à-dire un faisceau tel que J(U) tés affines est par suite une variété affine.
soit un idéal de 0,(U) pour tout ouvert U, De même, le produit de deux variétés
les opérations de restriction de 2 étant projectives est projective ; en effet,
induites par celles de 0x) ; on peut définir P,),(k) X P,,(k) s’identifie à une sous-
un faisceau quotient 0x/?, dont la fibre en variété fermée de P,.(k), avec Y = WI + IN
un point x quelconque de X est ox,,/J,. Si + n, au moyen du rnorphisme de Segre
2 est « localement de type fini », le support qui transforme un couple (.Y
Y de ce faisceau quotient, c’est-à-dire 3 E P,)!(k) X P,Jk) en le point de coor-
l’ensemble des points .Y où sa fibre n’est pas données homogènes XJ, (0 < i < m,
nulle, est une partie fermée de X. On peut 0 < j < n) où les x, sont les coordonnées
considérer 0x/2 comme un faisceau sur Y, homogènes de s et les J, celles de y. Par
et Y muni de ce faisceau est une variété exemple, pour tn = n = 1, le morphisme
algébrique ; on dit que c’est une sous- de Segre P,(k) X P,(k) -+ P,(k) identifie
wrri& ,fermée de X. Par exemple, les le produit de deux droites projectives à la
variétés algébriques affines (resp. projec- quadrique d’équation homogène zt = .y.)
A87
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
488
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
points réguliers d’une variété algébrique fm'(U,) de X soient affines et que les
est ouvert, et il est partout dense si la restrictions :
variété est réduite. L’anneau local en un
point régulier est factoriel (cf. ANNEAux
COMMUTATIFS). soient finies. Un morphisme fini trans-
Comme autre exemple, considérons la forme les fermés de X en fermés de Y, et,
notion de wr.i&é dgéhrique complète pour tout point )’ de Y, la fibref-’ est
(définie sur un corps de base arbitraire). finie et discrète. Le lemme de normalisa-
Dans le cas où le corps de base est C, pour tion de Noether, énoncé au chapitre 2,
que X soit complète il faut et il suffit que signifie que si X est une variété algébrique
X”” soit compact. On voit ainsi que P,,(C) affine, il existe un morphisme fini et
et que les variétés algébriques projectives surjectif de X sur un espace k” ; l’entier d
sont des variétés complètes. Au contaire, est égal à la dimension de X. Si X est une
les variétés affines de dimension non nulle sous-variété fermée d’une variété Y. le
ne sont pas complètes. morphisme d’injection X + Y est fini.
Dans la suite de cet article, nous rem- Soit ,f : X + Y un morphisme de
plaçons les définitions de certaines notions variétés algébriques tel que pour tout
de géométrie algébrique par leurs traduc- point J’ de Y la fibre f -'(y) soit finie et
tions transcendantes, en nous restreignant discrète. En général ,f’n’est pas fini, mais,
au cas où le corps de base est C ; c’est le si on le suppose séparé (cela signifie que
point de vue de la géométrie italienne du A, = I(x, s) 1 s E Xl est fermé dans le
siècle dernier (on démontrait alors les « produit fibré » X X .X ; c’est toujours
théorèmes par des méthodes transcendan- vrai si X est séparé), on peut montrer qu’il
tes). Nous pourrons ainsi énoncer un existe une variété algébrique X’ dans
certain nombre de résultats sans être laquelle X se plonge comme sous-variété
entraînés à des développements trop ouverte de manière que f se prolonge en
longs ; cependant, ces résultats conservent un morphisme fini de X’ dans Y. Ce
leur sens et leur validité avec un corps de résultat, profond et difficile, est connu
base général. sous le nom de thlorètne principd de
Zariski.
Un point s d’une variété algébrique X
est dit novnz~l si l’anneau local 0x,, est
5. Morphismes finis. Normalisation intègre et intégralement clos. Sur le corps
et désingularisation des complexes, cela revient à dire que x est
un point normal de X”“, c’est-à-dire que
On dit qu’un morphisme f = (u, toute fonction analytique définie seule-
11) : x - Y de variétés algébriques affines ment aux points réguliers voisins de .y et
est ,fini si ry : B + A fait de A une bornée se prolonge en une fonction ana-
B-algèbre finie (A désigne l’algèbre de X et lytique définie dans un voisinage de .y. Un
B celle de Y). Plus généralement, un point régulier est normal ; sur une courbe
morphisme ,f : X -+ Y entre des variétés la réciproque est vraie, mais pas en dimen-
algébriques quelconques est dit jni s’il sion plus grande. Par exemple, le sommet
existe un recouvrement de Y par des 0 du cône d’équation z2 = .Y? + y’ dans k‘
ouverts affines U, tels que les ouverts est normal sans être régulier (cf. chap. 3 et
489
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
fig. 7
e
I
490
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
491
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
A92
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
493
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
résulte une loi quotient partout définie. Les Supposons maintenant que X est une
propriétés (1) (2) et (3) montrent que surface ; la formule de Riemann-Roch
l’ensemble des classes de cycles a une s’écrit :
structure d’anneau commutatif. x(X, C) = dh H’(X, C)
- dim HI (X, C) + dim H*(X, C)
Théorème de Riemann-Roch = ;degD.(D-K) + 1 +p.,
Soit 3 un faisceau cohérent sur une variété
algébrique projective X sans singularité. où K est une classe de diviseurs, dite
La caractéristique d’Euler-Poincaré de 3 canonique, et liée au faisceau des formes
est définie par : différentielles sur X (ou au fibré tangent à
X) et où pu est un entier appelé genre
x(X, 9) = ,?Y(- 1)’ dim H’(X, F). arithmétique de X. Les invariants numéri-
Le théorème de Riemann-Roch ques, comme le genre arithmétique, ont été
exprime x(X, 3) au moyen de classes de introduits initialement dans l’espoir d’arri-
ver à une classification des variétés algé-
cycles liées à 3 et à X jouant le rôle de
briques.
classes de Chern. Par exemple, si L1 est un
faisceau localement libre de rang 1, il
s’interprète comme le faisceau des sections
8. Groupes algébriques
d’un fibré linéaire C ; si s est une section
rationnelle de C, on lui associe un diviseur On appelle groupe algébrique une variété
0) = (SIO - (& c’est-à-dire un cycle de algébrique G munie d’un morphisme IYI :
codimension 1 sur X. On désigne par (.Y)~ G X G - G tel que pour toute variété
l’image réciproque pars de la section nulle algébrique T, l’application (u, V) -
de C ; (s)~, se construit de même à l’aide de m o (u, V) soit une loi de groupe sur
l/.r. Lorsque X C P,(k) et que C = 0x( 1) l’ensemble G(T) des morphismes de T
est le faisceau fondamental, (.Y) est l’inter- dans G ; si T est une variété affine,
section de X avec un hyperplan de P,(k). d’algèbre A, on écrit souvent G(A) au lieu
Lorsque s varie, le diviseur (s) reste dans de G(T) ; par exemple si T est la variété
une même classe pour l’équivalence réduite à un point avec l’algèbre k,
linéaire, et cette classe D caractérise C à G(T) = G(k) s’identifie à l’ensemble des
isomorphisme près (première classe de points de G (cf. chap. 2) et on voit que nr
Chern). définit sur cet ensemble une structure de
Si X est une courbe, le théorème de groupe. La théorie des groupes algébriques
Riemann-Roch donne, pour un faisceau C. est assez analogue à celle des groupes de
localement libre de rang 1 : Lie, mais ses méthodes sont différentes.
Comme premiers exemples de groupes
x(X, C) = dimHO(X, C)-dimH’(X, C)
algébriques, citons le groupe additif G,,
=degD+l-g
c’est-à-dire la droite affine (k.
_ kftl)
__ munie
où deg D est le degré de la classe D, de l’addition comme loi, et le groupe
c’est-à-dire la somme des coefficients d’un multiplicatif G,,,, c’est-à-dire la variété
diviseur quelconque appartenant à cette affine (k- {O}, k [t, lit]) munie de la
classe, et g est le genre de X (cf. COURBES multiplication ; on démontre que tout
ALGÉBRIQUES). groupe algébrique affine de dimension 1
494
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
qui est connexe et réduit est isomorphe a ques. Si A est une variété abélienne, c’est
G, ou à G,. L’ensemble GL(n,k) des une variété projective et sa loi de groupe
matrices carrées inversibles d’ordre n est est commutative. Lorsque le corps de base
un ouvert affine dans M(n, k) C K’7X>1, k est celui des nombres complexes,
défini par det (u,) # 0 ; la multiplication l’espace analytique A”” associé à une
des matrices en fait un groupe algébrique variété abélienne A est un tore complexe
affine. Tout groupe algébrique affine C”/l- (f sous-groupe additif discret de
s’identifie à un sous-groupe fermé d’un rang 2 n) ; on peut caractériser les tores
GL(n, k) ; les groupes classiques sont des complexes qui proviennent d’une variété
exemples de groupes algébriques (cf. abélienne par l’existence d’une forme de
GROUPES Groupes classiques et géomé- Riemann (c’est-à-dire une forme hermi-
trie). tienne positive non dégénérée sur C” X C”
On peut également définir la notion dont la partie imaginaire prend des valeurs
d’opérations algébriques d’un groupe algé- entières sur f X T). Tout groupe algébri-
brique sur une variété algébrique. La que connexe réduit G contient un sous-
théorie des groupes algébriques affines, groupe affine connexe distingué H tel que
édifiée par A. Borel, repose sur le théo- le quotient G/H soit une variété abélienne.
rème suivant : À une variété algébrique complète X on
Considérons un groupe algébrique associe des variétés abéliennes intéressan-
affine G résoluble et eonnese, qui opère sur tes : la variété de Picard et la variétL:
une variété complète X. Il existe un point dillbanese. La première a pour ensemble
de X invariant par les opérations de G. sous-jacent l’ensemble des classes pour
En appliquant ce résultat à un sous- l’équivalence linéaire de diviseurs algébri-
groupe algébrique résoluble et connexe de quement équivalents à 0 sur X ; la seconde,
GL(n, k) opérant sur la <( variété des A, est munie d’un morphisme X + A tel
drapeaux )) de k”, on trouve qu’un tel que tout morphisme de X dans une variété
sous-groupe est conjugué d’un sous-groupe abélienne (( se prolonge )) a A d’une
formé de matrices triangulaires (théor-&Te manière unique. Si X est une courbe, la
de Lie-Kolchin). On appelle sous-groupe de variété de Picard et la variété d’Albanese
Bore1 d’un groupe algébrique affine G tout coïncident, et portent le nom dejucobienne
sous-groupe fermé résoluble connexe de X ; la dimension de la jacobienne est
maximal ; les sous-groupes de Bore1 sont égale au genre de X.
conjugués par automorphismes intérieurs.
CHRISTIAN HOUZEL
Si B est un sous-groupe de Bore1 de G,
l’espace homogène G/B est une variété
algébrique projective ; les sous-groupes H Bibliographie
qui contiennent un sous-groupe de Bore1 J. BOCHNAK, M. CO~TE & M. F. ROY, G&rnétri~
(sous-groupes paraboliques) sont caracté- cr/g&ique réelle. Springer-Verlag, 1987 / A. B~REL.
Lineau Algehrrric Groups. Springer-Verlag. New
risés par le fait que G/H est une variété York, 2’ éd. 1991 / J. DIEUDONNÉ, Histor.v of
complète. Algehruic Geornerrr, Brooks/Cole Publ., Pacifie
À l’opposé des groupes affines se trou- Grave (Calif.), 1985 ; Cours drg&m&rie algc’hriqur,
vent les wriétés abéliennes, c’est-à-dire les 2 vol., P.U.F.. Paris. 1974 / J. DIEUDOIYNÉ &
A. GROTHENDIECK, Éléments Cie &métrir ulgéhri-
groupes algébriques connexes réduits qui que, 4 vol., Paris, 1960-1965 / A. GROTHENDIECK.
sont complets en tant que variétés algébri- Fondmrnr.~ de lu géométrie ulgéhrique, 2 vol.,
495
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE
Secrétariat mathématique, Paris, 1985 / P. GRIF- Meusnier (1776) Monge (1784) qui intro-
FITHS & J. HARRIS , Prkiples ofillgebruic Geometr,v, duisit les lignes de courbure et Dupin
J. Wilev. New York. 1978 / J. HARRIS . Akehmic
Gronte&~~ : u Fi,s/ Course, Springer-Verlai, New ( 18 13) qui introduisit les directions conju-
York, 1992 / R. HARTSHORNE. Algebrcric Geometrl, guées et l’indicatrice qui porte son nom.
ibid., 1991 / C. A. PARIKH, The Unred Life «JOscur La contribution fondamentale de Gauss
Zurik, Academic Press, San Diego (Calif.), 1990 /
(Disquisitiones circa superficies curvas,
1. R. SAFAREVI~ Busic Algehruic Geotnerr.y, trad. du
russe Dar H. A. Hirsh. Sorinrer, Berlin-New York, 1827) donna un nouveau visage à la
1990 i A. W EIL. Foud&ns $Algebrcric Geometry. géométrie différentielle. Il utilisa une
American Mathematical Society, Providence (R. 1.). représentation paramétrique des surfaces
(amorce de la notion de carte locale) et
dégagea le caractère intrinsèque de la
courbure totale ; tous les résultats du
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE chapitre 6 lui sont dus. Enfin, le tournant
L $ histoire des courbes planes est inti- trées pour donner une définition globale
mement liée à l’histoire et aux déve- mathématiquement satisfaisante des cour-
loppements du calcul infinitésimal, et les bes et des surfaces en introduisant la
premiers résultats obtenus au XVII~ siècle notion de variété à n dimensions.
sont directement issus de considérations On se bornera dans cet article à l’étude
géométriques et cinématiques. Les courbes des courbes et surfaces plongées dans
dans l’espace a trois dimensions (dites à l’espace euclidien à deux ou trois dimen-
(( double courbure ~1) ont été étudiées par sions. Les définitions correctes exigent
Clairaut (173 1). C’est Monge qui, dans un l’emploi du théorème des fonctions impli-
mémoire présenté en 177 1, introduisit les cites, c’est pourquoi on introduira d’abord
notions fondamentales de rayon de cour- ici la notion d’arc paramétré, dont l’image
bure et de surface réglée développable est une trajectoire, puis on effectuera
engendrée par les tangentes à une courbe l’étude locale ; la notion de courbe
gauche. En 1826, Cauchy définit la nor- s’obtiendra ensuite en « recollant )) de
male principale et donna des expressions manière régulière une réunion de trajec-
de la courbure et de la torsion. Enfin, toires. On définira de même les surfaces en
Frénet ( 1847) et Serret (1850) démontrè- recollant entre elles des images de repré-
rent l’équivalent des formules qui portent sentations paramétriques régulières ; on
leur nom. introduira les deux formes fondamentales
Les surfaces, pour leur part, ont été au (l’ensemble de ces deux formes définit
XVIII~ siècle une occasion naturelle de déve- localement la surface à un déplacement
lopper les fonctions de plusieurs variables. euclidien près) et la courbure totale (qui ne
Euler, Monge admettent implicitement dépend que de la première forme fonda-
l’existence du plan tangent, qui est établie mentale). Cette courbure totale joue un
par Dupin en 18 13 et reprise par Cauchy grand rôle, tant dans l’étude locale (posi-
(1826). L’étude de la courbure entreprise tion par rapport au plan tangent) que
par Euler (1760). qui introduisit les direc- globale (caractéristique d’Euler-Poincaré)
tions principales, a été approfondie par des surfaces.
496
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE
497
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE
s’exprime au moyen de trois fonctions sions : une courbe de E? est définie par une
numériques. f = cf’, f?, ,f3), admettant équation F(x, y) = 0, ou y =f(x) ; une
des dérivées partielles continues jusqu’à courbe de E,, est définie par deux équa-
l’ordre k. La d$,Guentirl/e D~(U) de f au tions z = g(x) et y =,f’(x), o u
point 0 = (a’, CI?, . . . . ap) E U est l’applica- F(x, J’, z) = 0 et G(x, hi, z) = 0. De même,
tion linéaire de R” dans R3 définie par : une CC surface >) de E, est définie par une
équation z = j-(x, y), ou F (.Y, L’, 2) = 0.
’ Jf
Df(a).h = G (a )h ’ > Mais, si on veut préciser ces notions,
c
,=l des difficultés surgissent. Par exemple, le
pour h = (ht, . . . . IV) E RI’ ; on considérera cercle de centre 0 et de rayon R est
souvent la forme quadratique associée à la l’ensemble des points de E, dont les
différentielle seconde en a, définie par : coordonnées vérifient l’équation :
P x2 + y2= RZ,
D*f(a).(h,h)= &(a)hlhj;
c mais on peut aussi représenter ce cercle
,,,= 1
par :
on appelle upplication ujfine tungente en u
à ,f’l’application affine T,f définie par : x = Rcost
I y = Rsint, 0 <t <27r;
T,f :h++f(a)+Df(a).h,
or l’application ainsi définie de l’intervalle
ce qui équivaut a : fermé [0, 24 sur le cercle n’est pas
f(a+h)=T,f(h)+&(h)llhll, biunivoque, car les extrémités de cet inter-
valle sont appliquées sur le même point A
où à tend vers 0 quand iz tend vers 0. (1, 0) du cercle. Or, ce point ne présente
Rappelons enfin que, si on compose aucune singularité sur le cercle.
deux applications différentielles g etJ on a : De même, la sphère de centre 0 et de
rayon R est l’ensemble des points de E,
dont les coordonnées vérifient :
et
x2+yz+z*= R*;
TbCfog) = T,,,f 0 T,g ;
mais elle peut aussi être représentée par :
en particulier, si Dg(h) (et par suite Tg) est
x = R COS u COS t
une bijection, alors T#o g) et T,,&ont la
y = R COS u sin f
même image. Dans le cas particulier où g
I z = R sin u
est une fonction d’une variable, alors on a :
pour 0 < t < 2r et ~ X/2 6 u < 1T/2, les
courbes u = constante étant les parallèles et
les courbes t = constante étant les méri-
diens Mais l’application ainsi définie d’un
rectangle de E2 sur la sphère n’est pas
2. Remarques sur les courbes biunivoque : les C( pôles H P (0, 0, 1) et
et les surfaces P’ (0, 0, ~ 1) correspondent respective-
ment à u = rr/2 et u = - rr/2, f quelcon-
On a une notion intuitive de « courbe » que ; pourtant les points P et P’ ne présen-
dans l’espace euclidien à 2 ou 3 dimen- tent aucune singularité sur la sphère.
498
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE
Par contre, le cône de révolution d’axe donc en deux classes : ceux pour lesquels
Oz d’équation : d<p/dt > 0 et ceux pour lesquels
dq/dt < 0. Choisir un signe revient à
x* +y2-22 = 0, z > 0
orienter la trajectoire.
est en correspondance bijective avec le
plan d’équation z = 0, cette correspon-
dance associant au point m (x, y) le point Exemples
M(x, y, z) tel que : Considérons le (< trèfle à quatre feuilles )) :
f =&To<p;
1
Soit maintenant, pour t E R, l’arc para-
cela entraîne en particulier que les deux métré :
arcs ont la même trajectoire. On dira que
x = R(t-sin?),
le changement de loi de (< temps )) T = q(t)
y = R(l-COS~);
est un changement de paramètre admissi-
ble. Pour tout t E 1, on a d<p/dt # 0 ; les la trajectoire est composée d’arcs se dédui-
paramètres admissibles se répartissent sant les uns des autres par translation.
499
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE
vitesse t
d=g
-= dt 2 d2f d2t df
-
Soitf: 1 -E, un arc paramétré. On appelle dr2 i dr 1 z+dTz’
à l’instant le vecteur dérivé : ainsi, si les vecteurs df/dt et c17f/dt2 ne sont
d! f@ + h) -f(r)
pas colinéaires, le vecteur @g/# appar-
2 (t) = lim
h-0 h ’ tient au plan engendré par ces vecteurs,
appelé plun oscuhteuv à la trajectoire au
si on change la loi de temps, t = (P(T) et point ,f (t).
~(7) =.f(co(@L on a : En un point régulier, désignons par 11 le
plus petit entier > 2 tel que le vecteur
tl/‘j~dt~’ soit non nul et non colinéaire au
vecteur vitesse dj’/dt : au voisinage d’un tel
et les vecteurs (df/dt)(t) et (dg/dT)(T). par point, la trajectoire présente l’aspect indi-
suite, sont colinéaires ou simultanément qué sur la figure 3 : le point est dit ordinaire
tous deux nuls. si p est pair ; si p est impair, la trajectoire
(< traverse >) la tangente au voisinage du
Si (#/dt)(t) n’est pas nui et si t est un
point et on dit qu’il y a i~f(esiorz. Le cas où
point intérieur à 1, la droite portant le
df/dt et &f/dt sont colinéaires se ramène
vecteur vitesse s’appelle la tungente en M
au précédent. car on peut trouver. dans un
à la trajectoire. Si 1 = [n, h], on dit que
intervalle 1, C 1 contenant t. un change-
l’arc est fermé lorsque f (0) = f(h) ; remar-
ment de paramètre admissible tel que
quons que, même si en tout point la dérivée
&g/d$ soit nul.
est non nulle, la trajectoire peut ne pas
avoir de tangente enf(u) (par exemple si Points singuliers
s=costcos2t, J=sintcos2t p o u r Soit maintenant t. une valeur du paramètre
7r/4 < t < 3 Tr/4). pour laquelle le vecteur vitesse est nul : on
500
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE
(g=(g(gL 1,
soient tous deux non nuls et non colinéai-
res.
Pour p inpuir, posons r = (t ~ t,Y, ; on
on doit avoir :
définit ainsi un changement de paramètre
qui est un homéomorphisme, mais qui
n’est pas admissible au sens ci-dessus, car
la fonction réciproque T - t = t, + TIIP
d’où :
n’est pas dérivable pour T = 0. On a alors :
501
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CtASSIQUE
Trièdre de Frénet
502
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE
b=tAn;
”
A
le trièdre t, n, b s’appelle le trièdre de
Frénet. On a les formules :
dt n
ds R
dn
-=-;+;,
ds
db n.
ds T’
point d’mflexion
les fonctions l/R(s) et ~/T(S) s’appellent
respectivement la courbure et la torsion de
la trajectoire. Au voisinage d’un point
régulier, les projections de la trajectoire sur
les trois plans définis par t, n, b présentent
l’aspect indiqué par la figure 5.
On démontre que si deux trajectoires
ont même courbure et même torsion pour
tout s, alors il existe un déplacement
euclidien transformant l’une en l’autre. Si
l/T = 0 pour tout s, la trajectoire est
plane ; si l/R = 0, alors la torsion est nulle pant de rebroussement
et la trajectoire est une droite.
503
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE
et U;, 1,) sont deux représentations para- la courbure garde un signe constant) il y
métriques telles que 1, =A(I,) fl f;(Ij) ne a au moins quatre sommets (c’est-à-dire
soit pas vide, alors, f;-‘of;, défini dans des points où la courbure présente un
J; -I(I& est un changement de paramètre extrémum).
admissible. Ce qui précède sur les arcs
paramétrés montre qu’on peut définir la
tangente en chaque point ainsi que, quand
5. Définition des surfaces
le plan osculateur est défini, le trièdre de
Frénet. Remarquons qu’une courbe aussi
Surfaces régulières
simple que la cycloïde ne rentre cependant
On appellera surfuce rkgulière de classe C”,
pas dans ce cadre, car elle présente des
k > 1, de l’espace euclidien Es un sous-
points singuliers.
ensemble S C E, possédant la propriété
Le théorème des fonctions impli-
suivante : Tout point de S est centre d’une
cites entraîne que si F est une fonction
boule ouverte B de E, telle qu’il existe une
numérique sur E’, différentiable de déri-
application <p de classe C” d’un ouvert U
vée ne s’annulant pas sur F-‘(a) pour un
de R? dans E, :
nombre réel CI, l’ensemble F-‘(a) est une
courbe régulière ; de même, dans E,,
si deux fonctions F, et F, sont indépen-
dantes, l’ensemble défini par F, = cons- de rang 2 en tout point de U, qui soit un
homéomorphisme de U sur S n B. Si
tante et F, = constante est une courbe
régulière. Par exemple, dans le plan, <c = (<p,, <p2, <P~I, où vI, v2 et <p, sont des
l’équation : fonctions numériques de classe Ck. la
condition sur le rang signifie que la
(x2 +yy-(x2-y2)* = a matrice :
représente une courbe régulière pour a #
0, car la différentielle de F(x, y) = (,Y’ +
J.:)’ - (.Y’ ~ Y*)~ ne s’annule que pour
s = )’ = 0, et alors F(0, 0) = 0. Par
contre, l’équation (9 + y”)’ ~ (s* ~ y’)’
= 0 représente une courbe présentant une est de rang 2, ou encore que le produit
singularité à l’origine : c’est le « trèfle à vectoriel :
quatre feuilles )> vu ci-dessus (fig. 1).
Enfin. une courbe régulière est dite
orientée si tous les changements de repré-
sentation paramétrique A-’ of; sont des est un vecteur non nul.
fonctions croissantes. L’application <p est appelée une reprC;-
On peut démontrer pour les courbes sentution parumétrique truie, ou régulière,
fermées régulières planes les deux théorè- de V = S 0 B. Il résulte alors du théorème
mes suivants : l’angle dont «tourne )) le des fonctions implicites qu’au voisinage de
vecteur unitaire tangent à une telle courbe chaque point de S on peut exprimer l’une
orientée est f 27~; pour toute courbe des coordonnées comme fonction de
fermée convexe (c’est-à-dire ne présentant classe C” des deux autres, l’application
pas d’inflexion, et par suite pour laquelle ainsi définie étant de rang 2. Si (<p,, U,) et
504
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE
(<pi, U,) sont deux représentations para- qui est un homéomorphisme. De même,
métriques telles que V, = <P!(U,) f? q,(U,) l’inversion de pôle P’(0, 0, ~ 1) applique
ne soit pas vide, le changement de para- R’ sur S - {P’} :
mètre cp,-’ o ‘p, est un difféomorphisme de
2 u’
classe Ck de <P~~I(~,,) sur <pl~~‘(V,,) (fig. 6). x = 1 + u’2 + “12’
Ces considérations conduisent directe- 2 Y’
ment à la notion de variété différentiable y=l+*‘z+“‘z’
générale. u’2 + y’Z- 1
Par exemple, pour la sphère S de centre z = 1 + u’2 + y,2’
0 et de rayon 1, la représentation para-
métrique : dans R’ - {O}, le changement de para-
mètre est l’inversion de pôle 0 et de
x = COS ü COS Y puissance 1 :
y = COS u sin Y
I t = sin u
505
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE
x2+y*+z*=1
f(x,y, 2) = constante
506
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE
I’hyperboloïde à une nappe est de révo- paramétrique (non régulière, parce que
lution autour de l’axe 02 ; c’est la surface non bijective) :
engendrée par la rotation d’une droite
x = (2 + COSü)COSY
autour d’un axe non coplanaire et les y=(2+cosu)sinv
méridiens sont des hyperboles. Le tore est i z = sin u ;
défini par la rotation d’un cercle autour
d’une droite de son plan ne le rencontrant cette représentation paramétrique définit
pas (fig. 11). Il admet la représentation un difféomorphisme de S, X S, sur le tore,
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE
en désignant toujours par S, le cercle de en particulier, s’il passe par M deux géné-
rayon 1. ratrices distinctes, elles engendrent le plan
tangent : c’est ce qui se produit pour
Plan tangent l’hyperboloïde à une nappe et pour le para-
Soit M un point d’une surface régulière (ou boloïde hyperbolique (fig. 10). Dans le cas
un point régulier d’une surface avec sin- particulier où le plan tangent est le même
gularités). Si (<p, U) est une représentation tout le long de chaque génératrice, on dit
paramétrique régulière au voisinage de M, qu’on a une surface réglée développable.
l’image de R2 par l’application affine Examinons les différentes surfaces
T,<p tangente à <p au point m = <p-t(M) réglées développables. Si toutes les géné-
(cf. chap. 1) est indépendante du choix de ratrices passent par un point fixe, on a un
la représentation paramétrique régulière : cône ; si elles sont parallèles à une direction
cette image est le plan, passant par M, fixe, on a un cylindre. Un autre exemple
engendré par les vecteurs : très important s’obtient à partir des tan-
gentes à une courbe : l’ensemble des
tangentes à une courbe régulière engendre
une surface développable. On peut mon-
appelé plan tangent à la surface en M. On trer que la surface développable la plus
le désignera par T,S. Ce plan tangent est générale est formée de nappes de surfaces
l’ensemble engendré par les tangentes en coniques, cylindriques et de tangentes à
M aux courbes régulières passant par ce des courbes gauches, ces nappes étant
point et tracées sur S. De manière précise, attachées les unes aux autres le long d’une
cela signifie que, pour tout arc paramétré génératrice (deux nappes se H recollant )) le
régulier y tel que y(t,,) = M dont la long d’une génératrice ont même plan
trajectoire est contenue dans S, le vecteur tangent).
vitesse (dy/dt)(t,) d’origine M appartient
au plan tangent; de plus, si <p : U + S,
Position par rapport au plan tangent
U C R’ est une représentation paramétri-
que de S, l’application y se factorise Au voisinage d’un point M,(x,,, y0, zO)
localement sous la forme y = <p 0A où f régulier d’une surface S, on peut exprimer
est un arc paramétré de U, c’est-à-dire que une des coordonnées en fonction des deux
l’arc paramétré est défini par u =f,(t), autres, par exemple z = g(x, y). Le plan
v =f2(r) si f = cf,, f2). En particulier les tangent en Ma est alors défini par :
vecteurs (&f/du)(m) et (du/&) corres-
pondent respectivement à 11 = constante et
u = constante. Réciproquement, pour tout
vecteur V E T,S, il existe une application où m, est le point (,Y”, yo) ; par un
f : 1 + U telle que le vecteur vitesse : changement de repère euclidien, on peut
ramener M, à l’origine des coordonnées,
soit x0 = y0 = z0 = 0, le plan tangent en
ce point a S étant défini par z = 0, soit
soit égal au vecteur V. (dg/dx)(m,) = 0 et (dg/dy)(m,) = 0. Le
Si la surface est réglée, toute génératrice nombre z = g(x, y) représente alors la
passant par M appartient au plan tangent ; distance (( algébrique » du point M (.Y, y,
508
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE
z = x3 - 3 xy’
est nulle (r = s = t = 0), on dit que le
point M, est pbt ; la surface et son plan
tangent ont alors un contact d’ordre supé-
rieur à 1. Par exemple, la surface d’équa-
tion z = .G ~ 3 ‘;1,* (cc selle de singe D) a un
point plat à l’origine ; elle coupe son plan
tangent à l’origine suivant trois droites et
traverse ce plan tangent (fig. 9). Par contre,
la surface z = .$Y~, qui présente elle aussi
un point plat à l’origine, coupe le plan
tangent en ce point suivant deux droites et
reste d’un même côté de ce plan tangent
(fig. 9).
Si la forme quadratique Q est non nulle,
on distingue trois cas (fig. 10) :
CI) Si rt ~ sz > 0, la forme Q est définie
positive ou négative. Au voisinage de M,,
l’intersection de S et du plan tangent en M, c) Si rt ~ s’ = 0, on ne peut rien dire
se réduit a M, et la surface reste d’un de général. Même si la surface reste
même côté de ce plan tangent (elle est localement d’un même côté du plan tan-
localement convexe). C’est le cas de tous gent (point pardolique), l’intersection ne
les points d’un ellipsoïde. On dit que le se réduit pas nécessairement a un point.
point M, est elliptique. C’est le cas de tout point d’un cylindre
h) Si rt - sz < 0, la surface traverse elliptique ou parabolique ; l’intersection
son plan tangent au voisinage de M,. avec un plan tangent est ici une généra-
C’est le cas de tout point d’un hyperbo- trice.
loïde à une nappe ou d’un paraboloïde Une même surface peut présenter des
hyperbolique. On dit que le point est points de nature différente. Par exemple, le
h~perboliqur. tore, dont on a donné une représentation
509
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE
fig. 11
point parabolique
6. Formes fondamentales
sur une surface
+(V)=IlVl1*=V.V, VET,S.
510
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE
511
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE
512
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE
fig. 13
513
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE
On appelle lignes de courbure les lignes lignes de courbure d’une surface S a” voismage
d’un point régulier qw n’est pas un ombdic.
dont la torsion géodésique en chaque point
est nulle, et on montre que cette condition simplement aux courbures des lignes de
équivaut à dire que les normales à la courbure par la formule :
surface S le long d’une telle courbe engen-
drent une surface développable ; ces nor- K=L.
males sont les tangentes à la courbe décrite
RI%
par les centres de courbure de la ligne de Sur une surface dont tous les points
courbure. En chaque point régulier qui sont des ombilics, toutes les courbes sont
n’est pas un ombilic, il existe deux direc- lignes de courbure ; les seules surfaces
tions du plan tangent, appelées directions possédant cette propriété sont les plans (K
principales, perpendiculaires entre elles, = 0) et les sphères (K = l/R* constant).
pour lesquelles la courbure normale atteint On appelle géodésiques les courbes dont
son maximum l/R, et son minimum l/Rr ; la courbure géodésique est nulle, c’est-à-
les lignes de courbure peuvent aussi être dire dont la normale principale est nor-
définies comme les courbes tangentes en male à la surface ; les géodésiques sont
chaque point aux directions principales définies par un système d’équations diffé-
(fig. 14). La courbure totale est reliée rentielles du second ordre, et on démontre
514
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE
que par tout point d’une surface il passe autre paramètre t = as + h, a et b cons-
une géodésique et une seule admettant une tants avec a # 0.
tangente donnée. De même, par deux Si la courbure totale n’est pas nulle, le
points M et M’ de S assez voisins passe une transport par parallélisme le long d’un
géodésique et une seule : la longueur de lacet (c’est-à-dire un arc paramétré y :
l’arc de géodésique MM’ réalise alors le [a, b] -t S tel que y(a) = y(b) ne ramène
minimum de la longueur des arcs joignant pas en général le vecteur X(u) à sa position
M à M’. Par exemple, les géodésiques du initiale et, par suite, si on considère deux
plan sont les droites ; les géodésiques d’une points M et M’, le transport par parallé-
sphère sont les grands cercles, sections de lisme de M à M’ dépend du chemin choisi.
la sphère par les plans passant par le En effet, on démontre que la (< variation de
centre, et par deux points non diamétra- l’angle » du vecteur X par transport
lement opposés passe un tel grand cercle et parallèle le long d’un lacet est l’intégrale :
un seul. Les géodésiques d’un cylindre de
révolution sont les parallèles et les hélices
circulaires.
On montre que la courbure géodésique
ne dépend que de la première forme où C est la partie de S limitée par le lacet
fondamentale ; par suite, une isométrie et da l’élément d’aire sur S.
locale applique les géodésiques sur les D’autre part, on montre que si le lacet
géodésiques. y se compose d’un nombre fini d’arcs
différentiables yk séparés par des points
anguleux où l’angle du vecteur tangent à
y subit une discontinuité 8,. on a :
8. Propriétés globales
liées à la courbure totale
515
GROUPES
est égale à TT. Sur une sphère de rayon R, gique de la surface. On montre aussi qu’il
on a : existe, sur une surface S, un champ diffé-
rentiable de vecteurs tangents ne s’annu-
A lant en aucun point si, et seulement si, la
a,+a,+a,=71+-r
R2 caractéristique d’Euler-Poincaré est nulle ;
où A est l’aire du triangle. Remarquons il n’existe donc pas de tel champ sur une
que si la courbure totale est négative en sphère.
tout point de S, alors la somme des angles PAULE’ITE LIBERMANN
d’un triangle géodésique est inférieure à K.
On retrouve que les surfaces à courbure
constante constituent des modèles pour les Bibliographie
J . - M . BR A E M E R & Y. KERBRAT, Géomérrie des
géométries non euclidiennes de Riemann ~~u,-hrs et des surfuces, Hermann, Paris, 1976 /
et de Lobatchewski. H. CARTAN, Formes d@w&#es, ibid., 1967 1
Si on considère maintenant une surface P. DOMBROWSKI, 150 Yeurs aJier Gauss’ « Disyuisi-
tiomv genereales circu superjcies curvas », astéris-
compacte (c’est-a-dire fermée et bornée)
que 62, Société mathématique de France, Paris,
sans bord, on montre qu’on peut la trian- 1979 1 L. P. EISENHART, An Introduction to L@e-
guler, c’est-à-dire la découper en domaines rential Geornetr~ with Use of thr Tensor Calculus,
limités par des triangles curvilignes (pas repr. of 1947, Books on Demand, Ann Arbor
(Mich.) / D. LEBORGNE, Calcul d@rentiel et géo-
nécessairement géodésiques). Appliquant mPtrie, P.U.F., 1982 / P. LIBERMANN, « Géométrie
la formule de Gauss-Bonnet à chaque différentielle )), in J. Dieudonné et al., Ahrégk
triangle et faisant la somme, on obtient, d’histoire ders mathPmatiques, t. II, Hermann, 1978 /
puisque chaque arc est parcouru deux fois J. PICHON, Les Courbes dans le plan et dans l’espace,
Ellipses, 1987 / 1. PORTEOUS, Gromrtric D&@emi-
en sens contraires : urion, Cambridge Univ. Press, New York, 1992 /
M. SPIVAK, A Cornprehensiw Introduclion 10 Diffe-
rential Geometry, 5 vol., Publish or Perish, Houston
(Texas), 1979 / S. STERNBERG, Lecrures on D@%em
tial Geomeuy, Chelsea Pub]., New York, 2’ éd.
o ù n,, n, et n, sont respectivement le 1983 / J. J. STOKER, orferential Geometry, Wiley-
nombre de triangles, le nombre d’arêtes et Interscience, New York, 1989 / P. THUILLIER,
le nombre de sommets de la triangulation. J.-C. B ELLOC & A. DE VILLÈLE, Mathématiques
g&mhtrie tlij’ërenrie~le. Masson, Paris, 2’ éd. 1991.
Le premier membre étant indépendant de
la triangulation, il en est de même du
second. Le nombre entier positif :
GROUPES
n2-n, +n,
516
GROUPES
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GROUPES
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GROUPES
applicant l’associativité, lx = ly, d’où bien entendu, il faut, quand les deux
x = y. On a ainsi obtenu la règle de groupes ne sont pas tous les deux notés
sirnpll$cation dans un groupe : si a, x, y multiplicativement, adapter les notations
sont des éléments d’un groupe, on a les de la condition (1). Un morphisme bijectif
équivalences : est appelé un isomorphisme ; c’est le cas du
<2,x =ayaxa =yaox =y.
logarithme qui réalise un isomorphisme du
groupe multiplicatif RT sur le groupe
Une démonstration tout à fait analogue additif R. Dans le cadre de la théorie des
montre que, dans un groupe, les équations groupes, il n’y a pas lieu de distinguer des
linéaires, du type ax = 6, ou xa = b, ont groupes isomorphes, et on parlera parfois
toujours une solution unique ; par multi- (par abus de langage) de réalisation d’un
plication à gauche par aPI, on obtient par même groupe pour désigner des groupes
exemple que la première a pour solution isomorphes. Remarquons enfin que, si on
x = a&b. prend pour J: l’élément neutre de G dans
Si x est un élément d’un groupe G et n (1) on obtient, après simplification :
un entier positif, on notera x” le produit de
n éléments égaux à x, et x-” le produit de (2> f (1) = 1,
II éléments égaux à x-‘. L’élément x0 étant qui montre que tout morphisme de G dans
par définition l’élément neutre, on a donc G’ transforme l’élément neutre de G en
défini .u” pour tout entier relatif II et on l’élément neutre de G’. Les groupes, et
vérifie facilement que deux puissances leurs morphismes, forment un exemple
quelconques d’un même élément commu- très simple de catégorie.
tent toujours et que :
xnxm=xm+n, mnEZ,
> 1 Sous-groupes
Une partie non vide H d’un groupe G est un
en notation additive on écrit nx au lieu de
sous-groupe si le composé de deux éléments
-9.
de H est encore un élément de H et si H est
un groupe pour la loi de composition ainsi
Morphismes définie ; on vérifie facilement qu’une partie
Conformément aux définitions générales H non vide d’un groupe G est un sous-
pour les structures algébriques, on dit groupe si et seulement si .~y ’ E H pour
qu’une applicationfd’un groupe G dans tout couple (-Y, y) d’éléments de H. Des
un groupe G’ est un morphisme, ou un exemples très simples de sous-groupes
homomorphisme, de groupe si on a : s’obtiennent à partir des morphismes : sif:
G + G’ est un morphisme de groupe, alors
(1) f(v) =f(xlfOl)
son imagef(G) est un sous-groupe de G’ et
pour tout couple d’éléments de G. Par son noyau Ker f=f ‘(1) est un sous-
exemple, le logarithme usuel réalise un groupe de G (en fait, comme on le verra
homomorphisme du groupe multiplicatif ci-dessous au chapitre 3, le noyau n’est pas
RT des nombres réels strictement positifs n’importe quel sous-groupe). Sis: G - G’
sur le groupe additif de tous les nombres etg:G’- G” sont deux morphismes, on
réels, car : dira que la (( suite )) :
lnxy = l n x + lny, x,yER:; GLG’LG”
519
GROUPES
est emcte si l’image defest égale au noyau engendré par l’élément 1 ; car, avec les
de g ; cette situation est fondamentale en notations ci-dessus, n = nl. Si G est un
algèbre homologique. groupe cyclique quelconque (on revient à
11 est clair que l’intersection d’une la notation multiplicative), engendré par
famille quelconque de sous-groupes est u E G, l’application :
encore un sous-groupe (éventuellement le
sous-groupe { 1 J réduit à l’élément neutre).
Par suite, si K est une partie quelconque est un morphisme surjectif de Z sur G. Si
d’un groupe G, il existe un (( plus petit )) ce morphisme est injectif, c’est un isomor-
sous-groupe contenant K, à savoir l’inter- phisme. Dans le cas contraire, il existe des
section de tous les sous-groupes contenant entiers n et 17’ distincts tels que u” = a”’ ;
K ; si H est ce sous-groupe, on dit qu’il est si on suppose n’ > n, on en déduit
engendré par K, ou encore que K est un a”-“’ = 1. Désignons par p le plus petit
systèrnr de g&éruteurs de H. Les éléments entier positif tel que up = 1 ; les éléments :
de H sont les produits finis x1x1 x,~, où aQ= 1>> LI 1a2 > ap-1
l’un au moins des deux éléments xi ou x,-I
appartient à K ; en effet, tout sous-groupe sont donc distincts et ce sont les seuls
contenant K contient ces éléments et éléments du groupe G, car pour tout entier
l’ensemble de ces éléments est un groupe. II on a : CI” = ujj+” = a> si n = pq + r est
Indiquons enfin que, si A et B sont deux l’identité de division euclidienne de n par
p, avec rE {0, 1, _._, pP l}. Ainsi tout
parties d’un groupe G, on note AB
l’ensemble des produits ah pour a E A et groupe cyclique infini est isomorphe à Z ;
h E B. tous les groupes cycliques finis de même
ordre p sont isomorphes entre eux. On
désignera le groupe cyclique d’ordre p par
C,,. On peut le réaliser comme l’ensemble
2. Quelques exemples
des rotations du plan de centre 0 et
Dans de nombreux cas, les éléments d’un d’« angles )) 2 kr/p, k = 0, 1, . . . . p ~ 1. la
groupe G seront réalisés comme des loi de groupe étant la composition des
bijections d’un ensemble E sur lui-même ; rotations, ou encore comme l’ensemble
par définition, le produit uh de deux telles des rotations d’angle 2 kn/p autour de
bijections est alors la bijection composée l’axe 02 dans l’espace à trois dimensions.
obtenue en faisant d’abord h, puis a. Remarquons que le groupe multiplicatif
L’ensemble X(E) de toutes les bijections des racinesp-ièmes de l’unité dans le corps
d’un ensemble E est un groupe, appelé le des nombres complexes (cf. nombres COM-
groupe symétrique de l’ensemble E, pour la PLEXES) est aussi une réalisation de ce
loi de composition ainsi définie. groupe.
520
GROUPES
a” = 1, b2 = 1, ab = bac’; i (Dl
(3)
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des inverses en renversant l’ordre ; car, en groupe G est le produit de l’ordre de H par
utilisant l’associativité : l’indice de H dans G, soit :
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GROUPES
est un groupe, appelé groupe produit, pour on montre que l’ensemble H, H, H,, est
la loi de composition : un sous-groupe distingué de G qui est
produit direct de la famille considérée.
Un sous-groupe distingué H d’un
groupe G est dit facteur direct dans G s’il
si Ht, Hz, . . . . H,, sont des sous-groupes de existe un sous-groupe distingué K de G tel
G,, G?, _.., G,, respectivement, le groupe que G soit égal au produit direct de H et
produit : K ; remarquons que le groupe K est alors
isomorphe au groupe quotient G/H.
H, X H, X X H,
En notation additive, on parle de
est un sous-groupe de G, distingué si somme directe au lieu de produit direct.
chacun des H, l’est. Prenons en particulier Le produit direct permet de définir une
Hi=G, e t Hi= {l} p o u r j#i; l e nouvelle et importante classe de groupes
groupe produit est un sous-groupe distin- (cf. ci-après les parties B - Groupes clas-
gué de G isomorphe à G, et nous identi- siques et géométrie et E - Groupes de
fierons ces deux groupes. Remarquons Lie). Un groupe G est dit semi-sinzph s’il
que, en effectuant cette identification, tout est produit direct d’un nombre fini de
élément de G, commute avec tout élément sous-groupes simples (c’est-à-dire dont les
de G, pour i # j. seuls sous-groupes distingués sont tri-
527
GROUPES
viaux). On montre que le nombre de ces ment que HK est un groupe isomorphe au
sous-groupes, appelé la longueur de G, est produit semi-direct de H par K relative-
le même pour toutes les expressions de G ment à T ; en effet, pour x, x’ E H et y,
comme produit direct de sous-groupes y’ E K, on a :
simples. Si G est produit direct d’une xyx'y' = xx'(x'-'yx')y' = xx'T,.(y)y';
famille finie (H,), i E 1, de sous-groupes
simples, tout sous-groupe distingué K le groupe quotient HK/K est isomorphe
est isomorphe au produit direct d’une à H.
sous-famille (H,), j E J, J C 1 ; en particu-
lier tout sous-groupe distingué est semi-
simple, de longueur inférieure ou égale à 5. Groupes de transformations
celle de G (avec égalité des longueurs si et
seulement si K = G). Il en est de même Si E est un ensemble, nous avons déjà
des groupes quotients d’un groupe semi- indiqué que les bijections de E sur lui-
simple. même forment un groupe C (E) pour
On va maintenant généraliser la notion la composition des applications, le
de produit direct. Soit H et K deux groupe symétrique de E. Si E est muni
groupes, et soit donné, pour tout x E H, d’une structure, les bijections qui conser-
.y - T, un morphisme de H dans le groupe vent cette structure forment un sous-
Aut (K) des automorphismes de K. On groupe de C(E), le groupe des automor-
appelle produit semi-direct de H pur K phismes de E pour la structure considérée.
rebtifà T l’ensemble H X K, muni de la C’est ainsi qu’on a introduit ci-dessus le
loi de composition : groupe Aut des automorphismes d’un
groupe G ; si V est un espace vectoriel, on
(X,Y)(X’,Y’) = W’3 ~J.YIY’)>
obtient le groupe linéaire de V, noté
qui est un groupe ; on notera H XT K ce GL(V), formé des bijections linéaires de V
produit semi-direct. Si T&) = y pour tout sur V.
x E H, on retrouve le produit direct défini On dit qu’un groupe G opère sur un
ci-dessus. On vérifie que les éléments de la ensemble E si E est muni d’une loi externe
forme (x, l), x E H, forment un sous- dont le domaine d’opérateurs est G :
groupe de G isomorphe à H et que les
@,x)-g&
éléments de la forme (1, ,v), y E K, forment
un sous-groupe distingué de G isomorphe de telle sorte que g(hx) = (gh)x et 1 x = x
à K. Réciproquement, soit G un groupe, H pour g, h E G et x E E. Cela entraîne que,
un sous-groupe de G et K un sous-groupe pour g E G, l’application p(g) : E -+ E qui
distingué de G tel que H f’ K = {l}. à x fait correspondre g-x est une bijection
Cela a pour conséquence que xy = s’y’, de E sur lui-même (dont la bijection
pour ,Y, x’E H et y, y’E K. entraîne réciproque est p(g ‘)) ; la condition d’asso-
x = x’ et y =y’ (car on a alors x’-‘.x = ciativité s’écrit p(gh) = p(g) o p(h) et
~“y-’ E H f-’ K, d’où x’~ ’ x = y’+ = 1). exprime donc que p est un morphisme de
Puisque K est distingué, pour tout x E H, G dans le groupe symétrique C(E). On
l’automorphisme intérieur défini par x-’ appelle un tel morphisme une représenttr-
induit un automorphisme de K que nous tion du groupe G dans le groupe Z(E) ; si
désignerons par T,. On voit alors facile- p est un isomorphisme de G sur son image,
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Générateurs 7
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@le,) = 0 sii#j,
2. Le groupe orthogonal (eiler) = 1 pour tout i.
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qui ne font donc que transcrire des pro- l’angle p tel que r(p) = e’ est appelé rudim
priétés du groupe 0+(2, R). et, si, pour un angle 8, on a r(e) = e”, on
Pour deux vecteurs .Y et J’ de R2 de dit (improprement) que test une (C mesure
même longueur //‘il/ = /IJ// # 0, il existe en radians >) de 0 (il y en a une infinité
une rotation u et une seule telle que différant de multiples entiers de 2rr;
~I(S) = J’ ; l’angle 8 de cette rotation est cf. EXPONENTIELLE ET LOGARITHME). On a
appelé l’angle cie J uwc .Y et noté (Fy). Si vu plus haut (Gbnéruteurs du groupe ortho-
les deux vecteurs sont unitaires, on a COS gonal) que toute rotation r(e) est produit
8 = (x 1J). de deux symétries orthogonales si, s2
Si .y, J‘, z sont trois vecteurs de même autour de deux droites D,, D2 ; si xi E D,
longueur dans R2, on a : eG?E Dz ont la même longueur et si
- - - (x,, x2) = o, on a 8 = 20. Notons enfin
(&Z) = (x3.v) + cv,z). que 0+(2, R) est le groupe des commu-
tateurs de 0(2, R).
Le groupe des angles II contient des
éléments d’or& fini : par exemple, l’angle
Structure
droit 6 qui correspond au nombre com-
des transformations orthogonales
plexe i E U ou à la matrice :
Pour toute transformation orthogonale
0 - 1 u E O(E), il y a une décomposition de E en
( 1 0;
1 sous-espaces deus ù deus orthogonuux V,
on a 4 6 = 0 (un angle de CC quatre droits )) W, P,, P, . . . . P,. stables par II et tels que :
est I’ungle ~LIT). Il n’est donc pas possible de a) la restriction de u à V est l’identité ;
définir sur 11 une relation d’ordre pour h) la restriction de u à W est la symétrie
laquelle les relations 8 > 0, 8’ > 0 entraî- x- ~ x;
neraient 8 + 8’ > 0, et il est absurde de c) chacun des P, est un plan (espace de
parler d’un angle (< plus petit qu’un autre H. dimension 2) et la restriction uj de u à P,
Il est tout aussi absurde de considérer un est une rotation distincte de l’identité et de
x - - .Y.
angle comme une G grandeur mesurable H,
Si U\ est une isométrie de P sur R2, il
puisqu’on sait que, pour de telles gran-
existe un angle 8, distinct de 0 et de 26 tel
deurs, il y a une relation d’ordre du type
que u,= U; ir(e,)U;, et 0, est déterminé
précédent. Par contre, une propriété fon-
<( au signe près )> indépendamment du
damentale du groupe U est l’existence d’un
choix de ‘1; ; les valeurs propres de u sont
Izon~omorphisnw continu <t, noté :
1 (de multiplicité dim V), ~ 1 (de multi-
t-e”, plicité dim W) et les r*q (ces dernières
peuvent être multiples si ej = * ek pour
du groupe additif R sur U, qui est auto-
matiquement dérivable et est le seul homo- .i # k).
On a det (u) = (- l)dim w ; par suite, si
morphisme continu tel que C$(O) = i. II est
u E O+(E) et si dim E est inzprrir (resp.
périodique et sa pius petite période posi-
u 4 O+(E) et dim E puir), W est néces-
tive est 2 rr (ce qui dé’nit le nombre 1~). Le
sairement de dimension paire (resp.
cosinus et le sinus d’un nombre rbel t se
impaire) ; donc V ne peut être réduit à 0,
d$înissent alors par :
en d’autres termes il existe au moins un
COS~ = Re(el’), sinr = Im(erf) ; vecteur ,Y # 0 invariant par 24.
536
GROUPES
Spineurs
L’algèbre des quaternions sur R se géné-
ralise de la façon suivante. Pour tout
entier n > 2, il existe une algèbre C,,
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GROUPES
est le même que dans le cas euclidien, et on droites isotropes D,, Dz dans E ; une base
a Z, C O+(Q) si n est pair, O(a) = (CI,, u?) de E telle que ut E D,, u2 E Dz et
Z, X O+(Q) si n est impair. @(a,, CI,) = 1 est dite hnse isotrope de E.
Par rapport à une telle base, la matrice
Propriétés de transitivité d’une similitude a l’une des deux for-
Les propriétés de transitivité sont très mes :
différentes du cas euclidien. Pour un sous-
espace V de E, de dimension n7, on
considère le sous-espace totalement iso-
trope V f’ V’ de dimension r < m, puis un Les matrices U, (resp. U,) sont celles
supplémentaire W de V n V1 dans V ; la des similitudes directes (resp. inverses) ;
restriction de @ à W est non dégénérée, elles laissent invariantes chacune des droi-
soit (4, m ~ r - q) sa signature. On a ainsi tes isotropes (resp. les échangent). Le
attaché trois invariants numériques 111, r et groupe GO+(@) est donc encore cotwzw
q au sous-espace V ; étant donné deux tutif, mais isomorphe au produit
sous-espaces V,, V, de E, pour qu’il existe R * X R * ; il opère, dans ce cas,
une transformation orthogonale u telle que de façon simplement transitive dans
u(V,) = VI, il faut et il suffit que ces trois R’ - (D, U Dz), et le sous-anneau qu’il
entiers soient les mêmes pour V, et Vz. engendre dans M,(R) est isomorphe à
Lorsqu’il en est ainsi, il existe même une R X R. Le groupe O+(a) est formé des
rotation u telle que u(V,) = Vz, sauf dans matrices U, telles que Au = 1 et est
un cas, celui où n est pair, @ de signature isomorphe au groupe multiplicatif R * ;
(n/2, n/2) et où il s’agit de sous-espaces il contient donc un sous-groupe d’in-
totulement isotropes de dimension maxi- dite 2, O++(a), dit groupe des rota-
male n/2. En effet, il existe deus classes t i o n s orthochrones, correspondant aux
d’intransitivité n,, n2 de ces sous-espaces, matrices pour lesquelles A > 0 et isomor-
pour l’action du groupe O+(a) ; dans phe à RT!. On a par suite un isomorphisme
l’interprétation projective, ce sont les bicontinu :
t- c e* 0 1
variétés projectives de dimension n/2 - 1
contenues dans la quadrique Q de dimen-
0 e-I
sion II ~ 1 et pour 12 = 4, on retrouve les
deux systèmes de génératrices classiques. du groupe additif R sur le groupe
Si V, V’ sont deux sous-espaces totalement O++(a). Ce dernier opère de façon sim-
isotropes de dimension n/2, dim (V n V’) plement transitive dans chacun des quatre
a mL;me parité que ni2 si V et V’ appar- (( quadrants )) ouverts déterminés dans R’
tiennent à la même classe d’intransitivité par les droites D,, Dz. Si A et A’ sont deux
n, (i = 1, 2) une purité opposée à celle de demi-droites contenues dans l’un d’eux
17/2 dans le cas contraire. (par exemple celui défini par <, > 0.
iz > 0) la rotation orthochrone u telle que
Le groupe O(Q) pour n = 2 u(A) = A’ correspond à un nombre h > 0
tel que h-m? = (D,D,DD’), birupport de
Le seul cas a considérer est celui de la Dr, de Dz et des droites D, D’ contenant
signature (1, 1) : E, muni de a, est alors A, A’ ; on est donc conduit ici à appeler
appelé plun hyperbolique. Il y a deux (( angle hyperbolique )> (s, Y) d’un vecteur
540
GROUPES
541
GROUPES
l’étude faite plus haut (cf. Le groupe O(a) modèle de Behrami par cette transforma-
pour II = 2, in chap. 3) conduit à définir la tion, on obtient le modéle de Klein-Poinc&
distunce non euclidienne de deux points A, de la géométrie non euclidienne hyperbo-
et A, de F comme suit. On considère les lique, où les « hyperplans non euclidiens ))
deux points 1 et 1’ où la droite non sont les traces sur B des sphères « ortho-
euclidienne A,A, rencontre Q, et on prend gonales )) à S (y compris les hyperplans
pour distance de A, et de A1 le nombre diamétraux de S) ; l’intérêt de ce modèle est
/ ln(Il’A,A,) 1, à un facteur près. Enfin, que l’angle de deux (( droites non euclidien-
soit D, et D2 deux droites non euclidiennes nes )) (c’est-à-dire dans le modèle, deux
passant par un même point A de F ; si L cercles (( orthogonaux )) à S) est l’angle
est la droite de E correspondant à A. D, euclidien des tangentes à ces deux cercles en
et DZ correspondent à deux plans P, et P, leur point commun. En transformant
de E contenant L ; par la loi d’inertie, la encore par une inversion de pôle situé sur
restriction de @ à I’hyperplan H orthogo- S, on obtient comme modèle le demi-espuce
nal à L est positive non dégénérée, autre- C!e Poincurk, ensemble des x E R”+i tels
ment dit H est un espace euclidien de que t,“+i > 0, où les hyperplans non eucli-
dimension n - 1 ; si X, et x2 sont deux diens sont les demi-sphères de centre dans
vecteurs de longueur 1 orthogonaux à L l’hyperplan H défini par &+, = 0 et les
dans P, et P, respectivement, l’angle (x,, hyperplans perpendiculaires à H.
.Y~) a donc un sens, et c’est par définition 11 y a une autre géométrie (( non eucli-
l’arzgk (non euclidien) des « vecteurs » dienne » classique, la gkométvie elliptique
AM; et Ez si M, et Mz correspondent à de Riemann-Klein ; ici, on prend pour +
Rs, et a Rx? dans P(E). une forme bilinéaire symétrique de signa-
L’espace non euclidien F défini ture (n, 0) (autrement dit, le produit sca-
ci-dessus est encore appelé modèle de laire euclidien dans E), et F = P(E), les
Co~leq’ de la géométrie non euclidienne variétés linéaires non euclidiennes étant ici
hyperbolique. Comme p = 1, F est en simplement les variétés linéaires projecti-
correspondance biunivoque canonique ves ; il n’y a donc pas ici de (( droites
avec la boule unité ouverte B de R”+i, à parallèles » non confondues et le groupe
tout point .Y E B correspondant l’image de la géométrie est O(n, R). La notion
dans F de la droite R(x + e,) de E = R” ; d’angle (non euclidien) se définit comme
en transportant le modèle de Cayley par dans la géométrie hyperbolique ; quant à la
cette correspondance, on obtient le mod>le distance non euclidienne de deux points A,
de Beltuumi, géométrie définie dans B, ou et A?, on la définit comme la « mesure )) en
l’« absolu )) est la sphère unité S définie par radians comprise entre 0 et 7r/2 de l’angle
Il.Y/ = 1. (euclidien) de deux vecteurs s, et ,Y?
L’application : correspondant respectivement à A, et à
A,.
542
GROUPES
espace vectoriel de dimension finie sur un faut remarquer d’abord qu’il y a toujours
corps commutatif K quelconque ; si ici des bases orthogonales (e,) de E pour la
n = dim E, on note aussi ces groupes forme @, c’est-àdire @(e,, e,) = 0 pour
GL(n, K) et SL(n, K). Tout ce qui a été vu i # j ; mais, si l’on pose *(ei, ei) = a,, il
dans le chapitre 1 pour le cas K = R n’est pas possible en général d’obtenir une
s’étend sans changement au cas général, base orthogonale pour laquelle ai = f 1
sauf en ce qui concerne la détermination pour tout i ; la notion de signature de @ n’a
des involutions lorsque K est de caracté- pas de sens lorsque K n’est pas un corps
ristique 2 et, en ce qui concerne les ordonné. Par contre, la définition des
propriétés de conjugaison, lorsque vecteurs et sous-espaces isotropes subsiste
dim E = 2. On peut toutefois montrer que sans modification ; on appelle encore
SL(E) est encore son propre groupe des indice de Witt de <p la dimension maximale
commutateurs sauf lorsque dim E = 2 et v des sous-espaces totalement isotropes, et
que K est un corps fini ayant deux ou trois on a 2 I, < n. Il faut noter que, lorsque K
éléments ; la démonstration de simplicité est algébriquement clos (par exemple
faite plus haut dans le chapitre 1 s’applique K = C), on a toujours v = [n/2], partie
alors sans modification et prouve que entière de 42 ; si K est fini, on a v = [n/2]
SL(E)/(Z f’ SL(E)) est un groupe simple, pour n impair, v = 42 ou 42 - 1 si n est
sauf dans les deux cas précédents. pair.
On peut étendre la définition de GL(E) Tout ce qui a été dit dans le chapitre 3
et de SL(E) au cas où E est un espace sur les involutions de O(a) subsiste sans
vectoriel (à gauche) de dimension finie sur changement dans le cas général. Les ques-
un corps K non commutatif, mais il faut tions de transitivité sont résolues par le
utiliser dans ce cas une autre définition du théorème de Witt : Soit deux sous-espaces
déterminant ; moyennant quoi, on peut vectoriels V, et V, de même dimension
encore prouver la simplicité du groupe dans E, pour qu’il existe une transforma-
SL(E)/(Z (7 SL(E)) ; le centre Z(E) de tion u E O(Q) telle que u(V,) = V,, il faut
GL(E) est ici formé des homothéties et il suffit que les restrictions de @ à Vi et
x - hx où A # 0 est dans le centre de K. à V, soient des formes équivalentes (dégé-
La définition de GL(E) est aussi valable nérées ou non). On peut encore alors
pour un module (à gauche) E sur un transformer Vi en V, par une rotation, sauf
anneau quelconque A ; mais, ici, la struc- dans le même cas d’exception que pour
ture de ce groupe dépend de façon essen- K = R (cf. Propriétés de transitivité, in
tielle de la structure de l’anneau A, et on chap. 3).
ne connaît de résultats satisfaisants que Le groupe O+(a) est encore commu-
dans un petit nombre de cas particuliers. tatif pour n = 2 ; il est formé des matrices :
La notion de groupe orthogonal O(Q)
se généralise aussi au cas où E est un
espace vectoriel de dimension finie sur un
corps commutatif K, que nous suppose-
rons en outre de caractéristique # 2 (la telles que a,c2 + ag2 = a, ; si - aJo,
caractéristique 2 introduit ici des phéno- n’est pas un carré dans K, ce groupe est
mènes spéciaux) ; @ est une forme bili- isomorphe au groupe multiplicatif des
néaire symétrique non dégénérée sur E. Il éléments de norme 1 dans l’extension
543
GROUPES
quadratique K(V- az/a,) de K ; sinon, il mais sur le corps Q des nombres rationnels ;
est isomorphe à K * X K *. les matrices U = (a,) ont donc leurs
Il n’y a rien d’analogue en général à la éléments rationnels, vérifiant en particulier
prétendue <( mesure » des angles ; autre- les équations :
ment dit, il n’existe pas en général d’homo-
a: + a: + a; = 1,
morphisme du groupe additif de K sur le
groupe des rotations O+(a). pour i = 1,2, 3. Or, pour toute solution de
Lorsque n > 3, il faut distinguer, dans l’équation :
l’étude de la structure du groupe O+(Q),
r; + 7; + r: = 1
le cas li > 1 et le cas v = 0.
Pour v 2 1 (autrement dit, lorsqu’il en nombres rationnels (supposés réduits
existe des vecteurs isotropes # 0), on en fractions irréductibles), le dénomina-
considère le groupe a(@) C Of(@) des teur de chaque r, y1 ‘rst pas divisible par 2.
commutateurs de O(a). Le quotient Supposons en effet le contraire : on voit
O+(@)/n(@) est isomorphe à K*/K*?, en alors aussitôt qu’on aurait une relation de
désignant par K*2 le groupe des carrés des la forme :
éléments # 0 de K ; si n est pair, le groupe
G(a) n Z, est égal à Z, si et seulement si m222k =p: +p: +p:,
le discriminant de @ est un carré dans K. ou k est un entier > 0, m un entier impair,
Lc groupe : p,, p2, p3 des entiers dont l’un au moins est
impair ; mais il est immédiat de vérifier
que, dans ces conditions, la somme
est simple pour II 2 5. Pour n = 3, a(@) pf +pi + p; n’est jamais multiple de 4,
est isomorphe à SL(E)/Z,, donc simple d’où notre assertion.
sauf si K a trois éléments ; pour n = 4 et Cela étant, pour tout entier r > 1, soit
v = 1, le discriminant A de <p ne peut être G, le sous-groupe de O(Q) formé des
un carré dans K ; a(@) est alors simple et matrices de la forme I + 2’V, où Vest une
isomorphe à SL(F), où F est un espace matrice à coefficients rationnels dont
vectoriel de dimension 2 sur K(V?%). les dénominateurs ne sont pas divisibles
Enfin, pour n = 4 et v = 2, le groupe : par 2. Pour toute matrice ci E O(a), on a
alors :
544
GROUPES
II ,
donner des exemples de corps K et de distincte de l’identité, c’est-a-dire une bijec-
forme * pour lequel on a une suite infinie tion de K sur lui-même telle que :
décroissante de sous-groupes distingués de
t** = 5, (5 + QI’ = 5* + q*>
OC@). (ET))* = q*t*, 1* = 1 ;
545
GROUPES
546
GROUPES
permutation de e ,, . . . . e,! définie par : rrp(x) définie par : rr(1) = 5, rr(2) = 6, rr(3) =
- rr(p(x)), pour tout x dans E. Avec ces 3, ~(4) = 2, rr(5) = 1, rr(6) = 4, a pour
définitions de l’inversion et de la multipli- tableau :
cation, l’ensemble des permutations sur E
2 - 6
forme un groupe fini C(E), le groupe lzQ5 Y/ 32
4
xyun&rique de E. Son élément neutre est la
permutation identité 1 = 1, sur E, qui
Il est évident que l’ensemble { 1, 2, . . . .
envoie chaque x = e,, __,, e,, sur lui-même :
6} se décompose en une réunion disjointe
l&) = x. des sous-ensembles { 1, 51, {2, 6,4} et {3},
Le groupe symétrique C(E) est déter-
sur lesquels rr opère comme les permuta-
miné à un isomorphisme près par le
tions cycliques (1, 5) (2, 6, 4) et (3). Ces
nombre n = 1 E 1d’éléments de E ; et on permutations cyhques sont les cycles de rr.
l’appelle souvent le groupe symétrique C,,
La longueur d’un cycle de r est le nombre
de degré n, sans spécifier l’ensemble E.
d’éléments dans le sous-ensemble corres-
L’ordre ( C,? / du groupe C,, c’est-a-dire le
pondant. Donc rr a des cycles de longueur
nombre de ses éléments, est n ! = 1.2... 2, 3 et 1. On écrit rr comme le produit
(n - I)x. (dans n’importe quel ordre) de ses cycles :
On peut représenter une permutation z
TT = (1, 5)(2, 6, 4) (3) = (4, 2. 6)(3)(1, 5)
de e,, .._. e,, graphiquement par un tableau
formé des éléments e,, _.., e,, et de flèches.
On a l’habitude de supprimer les cycles
Chaque flèche joint un élément x = et. . . . .
de longueur 1 quand l’ensemble E est
e,, à son image ,r = X(X). Par exemple, si
connu. On écrit ainsi (1, 5)(2, 6, 4) au lieu
rr est la permutation des éléments u, b, c,
de (1, 5)(2, 6, 4)(3) pour la permutation
d, définie par rr(a) = c, r(b) = a,
considérée précédemment. Cette notation
r(c) = d, -rr(d) = b, son tableau est :
est cohérente avec la notation adoptée
G-C pour la multiplication, car la permutation
I 1 (1, 5)(2, 6,4) = (1, 5)(2, 6,4)(3) est en fait
b - d
le produit des permutations (1, 5) = (1,
Une permutation comme celle-ci, dont W)(3)(4)(6) et (2, 6, 4) = (2, 6
le tableau a la forme d’une seule boucle, 4)(l)(3)(5).
s’appelle une permutation cyclique. Elle se Si les longueurs des cycles d’une per-
note en donnant les éléments dans leur mutation 7r sont I,, . . . . 1, alors la signclture
ordre cyclique rr = (LI, c, d, b). Dans cette sgn(rr) rie rr est le nombre :
écriture, o n p e u t commencer avec sgn(r) = (- l)(/L 4 +i,)+k,
(1)
n’importe quel élément et écrire rr sous les
formes équivalentes : donc la signature de (1. 5)(2, 6, 4) est
(- 1)“+3’+? = ~ ,
a=(a,c,d,b)=(c,d,b,a)
= (d, b, a, c) = (b, a, c, d).
Si cette signature est égale à 1, la
permutation R est chaire, si elle est égale à
Toute permutation sur E s’écrit ~ 1, elle est im7puire. La fonction sgn est
comme un produit de permutations cycli- une fonction multiplicative : sgn(rp)
ques sur certains sous-ensembles de E. - sgn(rr)sgn(p), pour toutes les permuta-
Ainsi, la permutation rr de 1, 2, . . . . 6 tions 7T et p. L’application rr - sgn(rr) est
547
GROUPES
548
GROUPES
tout stabilisateur G, d’un élément . Y dans 2 4, et A, pour n > 6. Ce sont les groupes
E. En 1936, Zassenhaus a donné une de Mathieu (1861 et 1873) M,,, M23, M,?,
classification complète des stabilisateurs M,,, dont les degrés et les ordres sont :
G, des groupes de Frobenius. Il n’y a pas deg (M14) = 24, avec 1 M?, ) =
de classification complète des noyaux K de 244 823 040 ; deg (Mz3) = 23. avec
Frobenius, mais Thompson (1959) a /MI31 = 1 0 2 0 0 9 6 0 ; d e g (M,J = 1 2 ,
démontré une conjecture de Frobenius : avec /M,,I = 95040; deg (M,,) = 11,
tous ces noyaux sont des groupes nilpo- avec / Mi, j = 7 920. Les groupes Mz4 et
tents. M,z sont même 5-fois transitifs, mais non
Une autre sous-famille est la famille des O-fois transitifs. On a de bonnes raisons de
groupes de Zussenl~aus. Un groupe de croire que tout groupe 6-fois transitif (ou
Zassenhaus G est un groupe transitif de plus) est C,, ou A,,, mais il n’y a aucune
permutations sur un ensemble E, tel que la démonstration de cette conjecture.
restriction d’un stabilisateur G, soit un
groupe de Frobenius sur l’ensemble formé
de E moins l’élément x. Pour éviter les cas 2. Groupes simples
triviaux, on suppose aussi qu’il n’y a pas de
sous-groupe régulier distingué dans G. Si H est un sous-groupe distingué d’un
Zassenhaus, Feit, Ito et Suzuki sont arrivés groupe fini G, le morphisme surjectif
a une classification complète des groupes naturel de G sur le groupe quotient G/H,
de Zassenhaus. Un tel groupe G est soit un ayant H pour noyau, nous donne une sorte
PSL(2, K) pour un corps fini K (cf. infra, d’analyse du groupe G en les deux groupes
chap. 2) ou une extension de ce groupe par HetG/H.LesdeuxcasH={l},etH=
un groupe d’ordre 2, soit un des groupes de G sont triviaux, le groupe G étant alors
Su=r& (une autre famille de groupes isomorphe à l’un des deux groupes H et
simples découverte par Suzuki en 1960 lors G/H. Dans tous les autres cas, les ordres
de l’étude de ce problème). 1 G/H 1et 1H 1 sont strictement plus petits
Un groupe G de permutations sur un que l’ordre de G. Les groupes C/H et H
ensemble E est n-fois trunsitif; pour un sont donc plus simples que G. Le groupe
entier positif n, si 1E / > n, et si, chaque fois G est appelé simple si G # { 1} et si l’on
que l’on considère deux n-chaînes s,, . . . . x,, ne peut pas l’analyser ainsi en des groupes
et y,, . . . . yrr d’éléments de E où les x,, . . . . d’ordre strictement plus petit, c’est-à-dire
.Y,? (resp. J,, . . . . J,J sont tous distincts, il si { 1) et G sont les seuls sous-groupes
existe au moins une permutation r dans G, distingués de G. Par exemple, pour chaque
telle que TT(.Y,) = y,, . . . . rr(,v,,) = J’,,. Les entier premier p, le groupe cyclique C,]
groupes de Zassenhaus sont des groupes d’ordre p est simple.
2-fiis trunsit$s. Le groupe symétrique C,, Tout groupe fini G peut se décomposer
est n-fois transitif, pour tout n 2 1. Le en groupes simples : si G = { 1}, il n’y a
groupe alterné A,, est (n ~ 2)-fois transitif rien à faire ; si G # { 1 }, il y a toujours un
pour n > 3. Il y a beaucoup de groupes sous-groupe distingué H, de G tel que
3-fois transitifs, les groupes PGL(2, K). G/H, soit un groupe simple. Si H, = { 11,
par exemple, où K est un corps fini. Mais l’analyse est terminée. Sinon, il existe un
on ne connaît que quatre groupes 4-fois sous-groupe distingué H, de H,, tel que
transitifs, autres que les groupes ,Y,) pour n H,/Hz soit un groupe simple. Si on itère
549
GROUPES
cette construction, on aboutit à une suite certaine unicité des suites de Jordan-
G = H,, H,, H,, .,., H, = { 1 } de sous- Holder : les facteurs de Jordan-Htilder de G
groupes de G, où Hi est distingué dans sont indépendants du choix de la suite de
H ,+,, et où H,,/H, est un groupe simple, Jordan-Holder (théorème de Jordan-
i = 1, . . . . n. Une telle suite s’appelle une Htilder), c’est-à-dire que, si G = H,, H,, . . . .
suite de Jordan-H6lder du groupe fini G, et H, = {l}, et G = K,, K,, . . . . K,, = 111
les groupes quotients H,/H,, H,/H,, . . . . sont deux suites de Jordan-Holder de G,
H .-,/H : s’appellent les facteurs de on a n = rn, et il existe une permutation
Jordan-klder de G. La terminologie rc de { 1, . . . . m = n} telle que le groupe
adoptée ici suit N. Bourbaki ; les théori- H,+,/Hi soit isomorphe au groupe K,(,, ,/
ciens des groupes finis, traditionnellement, K n(lI, pour tout i = 1, . . . . M = n. Chaque
continuent à réserver le terme de suite de groupe fini peut donc être analysé en
composition à ce que nous appelons ici groupes simples uniques, qui sont ses
suite de Jordan-Holder. facteurs de Jordan-Holder. D’où l’impor-
Considérons, par exemple, le groupe tance de l’étude des groupes simples.
symétrique C, des permutations de 1, 2, 3, Les premiers groupes simples non cych-
4. L’ordre de & est 4 ! = 24. Le groupe ques furent découverts dans la première
alterné A, d’ordre 4 !/2 = 12 est un moitié du XIX~ siècle. Les groupes alternés
sous-groupe distingué dans C,, et le groupe A,, sont des groupes simples, pour tout
quotient &/A, est isomorphe au groupe n 2 5. C’est sur cette découverte que
simple C,. Les trois permutations (12)(34), repose la démonstration moderne du théo-
(13)(24), (14)(23) forment avec l’identité rème suivant d’Abel (1824) : Les équations
un sous-groupe V d’ordre 4 dans A, qui de degré 5 ne sont pas résolubles au moyen
s’appelle le 4-groupe u’e Klein. Ce groupe V des seules opérations d’addition, de sous-
est distingué dans C,, et donc dans A,. Le traction, de multiplication, de division et
groupe quotient A,/V est isomorphe au d’extraction des racines n-ièmes effectuées
groupe C3. Le 4-groupe V est commutatif, sur leurs coefficients.
et tous ses sous-groupes sont distingués. Puis, en étudiant les groupes linéaires
Pour o = (12)(34), ou o = (13)(24), ou sur un corps fini K, on découvrit d’autres
o = (14)(23), le sous-groupe {o, l} est groupes simples. Pour chaque entier
isomorphe à C,, ainsi que le groupe n > 1, les n X n matrices (a,) à coeffi-
quotient V/{o, 11. On a donc construit
cients a,, dans K, et de déterminant det (ai/)
pour C, une suite de Jordan-Holder x4, A,, non nul, forment un groupe GL(n,K) pour
V, {o, l}, {l}, ayant comme facteurs de
la multiplication (a,i) (b,,) = (c,) où :
Jordan-Holder C,, C,, C?, C, (à des iso-
morphismes près).
Un groupe fini dont chaque facteur de
Jordan-Holder est isomorphe à un C,,, où
p est un nombre premier, est dit rdsoluble. avec i =j = 1, . . . . n.
Le groupe & est donc résoluble. Le groupe GL(n,K) s’appelle le groupe
Dans l’exemple ci-dessus, il y avait trois linéaire général de degré II sur K. L’appli-
choix possibles pour le groupe {o, 1 }. Un cation (a,) - det(a,,) est un morphisme
groupe G peut donc avoir plusieurs suites surjectif du groupe GL(n,K) sur le groupe
de Jordan-Holder. Il y a malgré tout une multiplicatif du corps K. Le noyau SL(n,
550
GROUPES
551
GROUPES
triviaux, soit Z(P) # { 11. Chaquep-groupe tatifs S de P, ayant pour ordre 1S 1= s, est
P est donc nilpotent (cf. la partie A un sous-groupe non trivial et distingué de
ci-dessus - Généralités, fin du chap. 3). P. Thompson a montré que le groupe G est
Si G est un groupe fini et si E est un p-nilpotrnt si No(A) l’est et sip 2 3. 11 suffit
sous-ensemble de G, le normalisateur donc de regarder le normalisateur du seul
No(E) de E dans G est le sous-groupe p-sous-groupe A de G.
formé des éléments o de G, tels que Il y a d’autres généralisations du théo-
oEo-’ = E. On montre alors qu’un rème de Frobenius à des théorèmes sur
groupe fini G est nilpotent si et seulement l’existence de p-groupes quotients du
si tout sous-groupe H de G, différent de G, groupe G sous certaines conditions sur les
est strictement contenu dans son norma- normalisateurs des p-sous-groupes de G.
lisateur No(H). On peut aussi montrer Les résultats de ce type jouent un rôle
qu’un groupe fini G est nilpotent si et important dans l’étude des groupes sim-
seulement si G n’a qu’un p-sous-groupe de ples et, en particulier, dans le théorème de
Sylow Gp pour chaque nombre premier p. Feit et Thompson.
Dans ce cas, G est le produit direct de ses
uniques sous-groupes de Sylow G,,. Les EVERETT DADE
554
GROUPES
555
GROUPES
556
GROUPES
formation de combinaisons linéaires d’élé- dimension finie sur le corps C des nombres
ments ; U est donc lui-même un espace complexes est contenue dans les deux
vectoriel avec, pour lois de composition, énoncés suivants :
les restrictions des lois de composition de (3~) l’espace V a au moins une décompo-
V. Le sous-espace U est stable par G s’il est s i t i o n : V = UtO 0 U,, e n s o m m e
fermé pour l’opération de G sur U, c’est- directe de sous-espaces stables et irréduc-
à-dire si ou appartient à U pour tout o dans tibles Ut, . . . . Uk ;
G et tout u dans U. Dans ce cas, la (3b) si V = U’, 0 0 U’, est une autre
restriction à U de l’opération de G sur V telle décomposition, alors l= k et, après
est une opération linéaire de G sur U. Soit une permutation convenable des indices,
U,, . . . . Uk des sous-espaces stables de V. U, est G-isomorphe à Ufi, pour i = 1, . . . .
On dit que V est la somme directe k.
U, 8 ,.. 0 U,+ des U;, si tout élément v Pour tout G-espace irréductible W, on
de V a une expression unique de la définit la multiplicité, nz(W dans V), de W
forme : dans V. C’est le nombre des indices
i = 1, . . . . 1 pour lesquels W est
G-isomorphe à U,. À cause de (3 b), cette
où u, appartient à Ui pour i = 1, . . . . k. multiplicité est indépendante de bd décom-
Les éléments u,, . . . . uk sont les compo- position V = U, 0 0 U1. Donc deux
san/es de I’ pour la décomposition V =
G-espaces V et V’ sont isomorphes si, et
U, 0 .,. 0 U,. La correspondance :
seulement si :
v-(U,>...,Uk) m(WdmV) =m(WdansV’),
est une bijection de V sur le produit
pour tout G-espace irréductible W.
cartésien Ut X . . X Uk ; les lois de com-
position de V et l’opération de G sur V se Frobenius découvrit une méthode très
calculent à partir des structures des Ui par simple de calcul des multiplicités nn(W
les relations : dans V) en utilisant les caractères. On
définit un produit hermitien cflg)o sur
v + Y’ = (u, + u;) + 1.. + (Uk + u;), l’espace vectoriel Fct(G, C) de toutes les
A = (Au1) + + @Uk), fonctions de G dans C par :
UV = (a4 1) + + (Oak),
557
GROUPES
gaison de G.
Un tel élément est forcément de la
Soit H un sous-groupe de G. Tout
G-espace V est, par restriction, un f o r m e f xi, o ù i = 1, . . . . c. Comme
H-espace Vu. Le caractère de cet H-espace x,( 1) > 0, on peut déterminer le caractère
est la restriction xH du caractère x du Xi.
G-espace V au sous-groupe H. Donc la Cette méthode est justifiée, car
restriction x - xH est une application R. Brauer a montré que X(G) est en fait
des caractères de G dans ceux de H. engendré par les caractères induits ‘pc, où
Frobenius découvrit une application, ‘p parcourt la famille de tous les caractères
allant en sens inverse, envoyant tout linéaires (c’est-a-dire irréductibles de
caractère q de H sur le curuct~re induit qG degré 1) des sous-groupes H de G. On
de G défini par : peut méme se restreindre aux sous-grou-
pes H qui sont nilpotents. Un caractère
linéaire <F d’un sous-groupe H est simple-
ment un homomorphisme CT - q(o) de H
dans le groupe multiplicatif du corps C.
pour tout o de G, où la sommation sur Ces caractères sont donc faciles à cal-
l’ensemble vide est nulle par définition. culer.
558
GROUPES
Y= c“EF QI>
Plusieurs théorèmes importants sur les
groupes simples n’ont pu être démon-
trés que grâce à la théorie de ces caractè-
res.
Une autre famille de généralisations de en une somme convergente en norme de
ses composantes vl, appartenant à U.
la théorie classique concerne les représen-
tations unitaires continues d’un groupe Toute autre telle décomposition :
topologique sur un espace de Hilbert. Un
groupe topologique G est un groupe muni
v=@w
WEE
d’une topologie par rapport à laquelle la
multiplication et l’inversion sont des appli- est équivalente à la première, en ce sens
cations continues. Un espace hilbertien V qu’il existe une application bijectivef‘de E
est un espace vectoriel sur les nombres sur F et, pour tout W de E, une application
complexes C muni d’un produit hermitien linéaire bijectiveg de W sur U =J‘(W) qui
(u) v) (c’est-à-dire une application de conserve les opérations de G et les pro-
V X V dans C telle que l’application duits hermitiens sur les deux sous-espaces
u i-t (u 1v) est linéaire pour tout v dans V, W et U. Donc V est déterminé à un
(u 1v) = (v 1u) pour tout u et v dans V, et isomorphisme près par les multiplicités des
(u j u) est un nombre réel strictement G-espaces de Hilbert irréductibles W dans
positif pour tout n # 0 dans V) et complet V, c’est-à-dire le nombre de sous-espaces U
559
GROUPES
s 0
ldo= 1.
Ker(x,) = G, le cnrmtére trivialX, dont les
valeurs sont x,(o) = 1 pour tout o de G.
Pour tout caractère non trivial xi, i > 2, il
Lorsque le groupe G n’est pas compact,
la théorie est beaucoup moins nette. Au existe un élément o de G tel que x,(a)
lieu de décomposer V en sommes ortho- f Xi(l),
gonales, il faut le décomposer en intégrdes On peut aussi montrer que, pour tout
orthogonales de G-espaces irréductibles. élément o # 1 de G, il existe au moins un
De telles décompositions, quand elles caractère non trivial x, tel que xi(o)
existent, ne sont pas nécessairement uni- f x,(l).
ques. Les représentations irréductibles Une connaissance très grossière des
peuvent être de dimension infinie, et valeurs des caractères de G peut permettre
donc ne pas avoir de caractères. En de prouver l’existence d’un sous-groupe
général, tout devient très compliqué. Il y a distingué K qui soit non trivial (K # 111,
néanmoins une théorie assez bonne pour K # G). Il suffit de trouver un seul élé-
les représentations des groupes classiques ment 0 # 1 et un seul caractère non trivial
qui sont importants en mécanique quan- x, tel que x,(l) = xi(o). Le sous-groupe
tique. K = Ker(x,) est alors un sous-groupe
distingué non trivial.
On s’intéresse aux relations entre la
4. Applications aux groupes finis
structure des sous-groupes de G et les
caractères de G. Une de ces relations a
Les caractères irréductibles x,, ._., x, d’un
trait aux ensembles à intersections trivia-
groupe fini G forment un outil très puis-
les. Un tel ensemble S est un sous-ensemble
sant dans l’étude de G. On considère leurs
d’un sous-groupe H, appelé norndim-
valeurs comme des invariants numériques
teur de S, dont les conjugués o-‘SO satis-
de G, invariants qui doivent satisfaire à
font à :
plusieurs conditions fortes, comme les
relations d’orthogonalité, et qui sont liés à (7a) s = u-'SO,
560
GROUPES
si o appartient à H ; d i t q u e l ’ e n s e m b l e K e s t u n sous-
groupe distingué de G. On appelle groupe
(7 6) s n (0-1~0) = B
de Frobenius tout groupe G possédant
si o est dans Ci mais non dans H. un sous-groupe H différent de { l} et
Voici un exemple d’un tel ensemble S : de G, ayant la propriété énoncée dans le
pour tout o de G, on désigne par Rat(o) théorème de Frobenius. Le sous-groupe
l’ensemble de tous les T de G qui sont distingué K s’appelle le noyau & Fro-
racines de CI (il existe n tel que T” = a). henius (cf. la partie C ci-dessus - Groupes
Rat(o) est un ensemble à intersections finis).
triviales, et le sous-groupe H est le norma- La théorie des caractères exceptionnels
lisateur du sous-groupe cyclique < o > est basée sur I’isométrie (9). Supposons
engendré par o. C’est le groupe formé de que ‘pI et <p, soient deux caractères irré-
tous les éléments p de G, tels que ductibles distincts de H tels que <pI ~ <y,
p-‘<o>p=<o>. appartienne à X(H 1 S). On a alors :
Soit q,, . . . . ‘p( les caractères irréducti-
cP-cpJG = QIXI + .., +4,x<
bles de H. On désigne par X(H 1 S) le
groupe additif formé des combinaisons pour certains entiers a,, . . . . uc. L’isométrie
linéaires : (9) et les relations d’orthogonalité (4)
donnent :
Ic’ - a,q, + + a,<ç,
561
GROUPES
tionnels pour des isométries qui générali- constituent les premiers et les plus impor-
sent (9). tants exemples de groupes de Lie.
EVERETI DADE
1. La structure
Bibliographie des groupes de Lie généraux
R. BRAUER, Collectrd Pupe,s. 3 vol., W. J. Warren
et P. Fong éd.. M.I.T. Press, Cambridge (Mass.), Un groupe & Lie (appelé aussi groupe de
1980 / C . W . CU R T I S & 1. REINER, Metkod~ o f
Representution Themy, J. Wiley, New York, 1990 / Lie rbei) est, par définition, une variété
J.-P. SERRE, Représentutiom linéaires des groupes analytique réelle G (dite sous-jucente au
finis, Hermann, Paris, 3’ kd. 1978 / E. B. VINBERG, groupe), munie d’une loi de composition
Linenr Rrpresentutrons qf Groups, Birkhauser Bos-
ton. Cambridge (Mass.). 1989 / H. WEYL, T/IC CG Y) - sy pour laquelle G est un groupe,
Throq of Groups und Qutrntum Mechunic.~. Dover. et qui est telle que l’application (.Y,
New York. 1950. y) - .YJJ ’ de G X G dans G soit analy-
tique. Une variété analytique complexe G
munie d’une loi de composition
E. Groupes de Lie (x, y) - ‘cy pour laquelle G est un groupe,
et qui est telle que (x, y) - .~y-’ soit une
La théorie des groupes de Lie, fondée dans application holomorphe de G X G dans G,
la période de 1870-1880 par le mathéma- est appelée groupe de Lie complexe ; un tel
ticien norvégien Sophus Lie, a d’abord été groupe peut évidemment aussi être consi-
considérée comme une partie assez mar- déré comme groupe de Lie rie1 (dit sous-
ginale des mathématiques, liée a des pro- jucent au groupe de Lie complexe), en
blèmes touchant les équations différentiel- n’envisageant que sa structure de variété
les, les équations aux dérivées partielles et analytique réelle. Dans un groupe de Lie
la géométrie différentielle. Leur étude réel (resp. complexe) G, les translations
générale a mis plus tard en évidence un x-ax, X- xa et les automorphismes
certain nombre d’objets mathématiques intérieurs :
particuliers, explicitement définis, les grou-
Int(a) :x luxa-’
pes semi-simples, dont on a peu à peu
découvert le rôle fondamental dans pres- sont des applications analytiques (resp.
que toutes les parties des mathématiques holomorphes) ; il en résulte que la dimen-
modernes, même les plus éloignées en sion (resp. la dimension complexe) de la
apparence des vues initiales de Lie. En variété sous-jacente à G est la même en
outre, ces groupes semblent intervenir de tous les points de G ; on dit que c’est la
façon de plus en plus profonde dans les dimension (resp. la dimension comple‘ce) de
conceptions récentes de la physique théo- G ; si G est un groupe de Lie complexe de
rique, surtout en théorie de la relativité et dimension complexe II, le groupe de Lie
en mécanique quantique. réel sous-jacent est de dimension 2 n.
On suppose connues les notions fonda- Un sous-groupe de Lie (resp. SOUS-
mentales relatives aux variétés différentiel- groupe de Lie complexe) H d’un groupe de
les et analytiques. On utilisera systémati- Lie (resp. groupe de Lie complexe) G est
quement ici les notions introduites dans un sous-groupe de G dont l’ensemble
l’article sur les groupes classiques, qui sous-jacent est une sous-variétéfkrmée de la
562
GROUPES
563
GROUPES
nant strictement positif. Les groupes SL(n, dérivé est le groupe trigonalstrict suphieur,
C) et SL(n, R) sont connexes. Chacun des qui est formé des matrices de T(n, R) telles
groupes O(n, C) et O(n, R) a deux que .xir = 1 pour tout i. Tout groupe de Lie
composantes connexes ; les composantes résoluble simplement connexe est isomor-
neutres sont So(n, C) et So(n, R). phe à un sous-groupe d’un groupe trigonal
Un groupe de Lie commutatif connexe T(n, R). On notera qu’un groupe résoluble
est nécessairement isomorphe à un groupe de dimension > 2 peut avoir son centre
du type RP X Tu, où T = R/Z (« tore a réduit à l’élément neutre, par exemple !e
une dimension ») ; son revêtement univer- groupe des matrices réelles :
sel est Rp+Y. Le groupe SL(n, C) est
1 Y
simplement connexe, mais GL(n, C) ne
(0 xi
l’est pas : son revêtement universel est
isomorphe à : où .Y > 0.
Dans un groupe de Lie connexe G, il
SL(n,C) X RZ
existe un plus grund sous-groupe résoluble
et son groupe fondamental isomorphe à Z. connexe R distingué dans G, appelé le
Le groupe SO(2, R) est commutatif et radical de G ; il est fermé dans G. Lorsque
isomorphe à T ; pour II > 3, le groupe R est réduit à l’élément neutre, on dit que
So(n, R) a pour revêtement universel le le groupe G est semi-simple. Pour un
groupe Spin(n) noté encore Spin(n, R), et groupe de Lie connexe G; de radical R.
le groupe fondamental est d’ordre 2 ; on S = G/R est semi-simple. Pour qu’un
définit de même le groupe Spin(n, C), qui groupe connexe soit semi-simple, il faut et
est revêtement universel de So(n, C) pour il suffit que son revêtement universel le
n > 3, avec encore un groupe fondamen- soit. Un groupe de Lie simplement
tal d’ordre 2. connexe G est produit semi-direct de son
Dans un groupe de Lie simplement radical R et d’un groupe semi-simple L
conne,ve G, les groupes dérivés successifs isomorphe à G/R. Le centre d’un groupe
D’(G) sont des sous-groupes distingués semi-simple est discret.
,frrnzks connexes ; il en est de même des
sous-groupes C”(G) de la série centrale
descendante. Un groupe simplement 2. Groupes de Lie compacts
connexe résoluble G a une variété sous- et groupes semi-simples
jacente isomorphe à un espace R” ; son
groupe dérivé D(G) est nilpotent, et il Soit G un groupe de Lie connexe ; il existe
existe une suite croissante (H,), 0 < j < n, alors dans G un sous-groupe compact
de sous-groupes fermés distingués de G musimnl K et un nombre fini de sous-
telle que H, = {e}, H, = G et que groupes fermés H,, . . . . H, isomorphes à R,
H,+,/H, soit isomorphe à R. Par exemple, tels que l’application :
le groupe trigonal hrge supérieur T(n, R)
(kx ,,..., x,)wkx ,... xP
formé des matrices réelles :
du produit :
K X H, X X HP
telles que X0 = 0, pour i > j, est un groupe
simplement connexe résoluble. Son groupe soit un isomorphisme de la variété sous-
564
GROUPES
jacente à ce produit sur la variété sous- Les groupes de types B, C peuvent être
jacente à G ; en outre, pour tout sous- définis pour m > 1 et ceux du type D pour
groupe compact K, de G, il existe s E G 112 > 2, mais on n’obtient pas de groupes
tel que : essentiellement nouveaux, car on a les
sK,s-’ C K, isomorphismes A, = B, = C,, Bz = C, et
A, = D,, et le groupe de type D2 est
et en particulier deux sous-groupes com- isomorphe au produit de deux groupes de
pacts maximaux sont conjugués. Les pro- type A,. Il faut enfin préciser que le groupe
priétés topologiques de G (par exemple ses unitaire U(m, H) sur le corps des quater-
groupes d’homotopie ou d’homologie) nions H se rapporte à une forme unitaire
sont donc connues lorsqu’on connaît les positive non dégénérée.
propriétés correspondantes de K. Il existe en outre cinq groupes excep-
On peut citer deux exemples : dans
tionnels, notés :
SL(n, R), le groupe So(n, R) est un
sous-groupe compact maximal ; dans G* 14 1
GL(n, C), le groupe U(n, C), aussi noté F4 52 1
U(n), est un sous-groupe compact maxi- E6 78 3
E, 133 2
mal.
ES 248 1
Le revêtement universel d’un groupe de
Lie compact K est de la forme K’ X R”, (la seconde colonne indique la dimension,
où K’ est compact, semi-simple et simple- et la troisième, l’ordre du centre).
ment connexe. Tout groupe compact semi- On verra plus loin (chap. 2, 3 et 4)
simple et simplement connexe est produit d’autres précisions sur ces groupes. Men-
direct de sous-groupes compacts simple- tionnons ici que l’algèbre de cohomologie
ment connexes et simples (c’est-à-dire
des groupes classiques est entièrement
n’ayant pas de sous-groupe fermé distin-
déterminée sur l’anneau des entiers ou sur
gué distinct d’eux-mêmes et de dimension
un corps premier ; on connaît aussi les
strictement positive) ; leurs centres sont
groupes d’homotopie :
finis, et les sous-groupes distingués fermés
d’un groupe simple sont contenus dans le
centre.
pour k < 2 n + 2 ; en particulier :
Les groupes simples compacts simple-
ment connexes sont explicitement connus lrk(U@l, C)) = z
(classification de Killing-É. Cartan) : il y a
pour k impair < 2 II ;
d’abord quatre séries infinies de groupes
classiques (tabl. 1). ~k(U(h C)) = 0
565
GROUPES
566
GROUPES
on peut prendre pour K le produit : définissent comme pour les groupes quel-
conques (cf. la partie D ci-dessus Repré-
SO@) x SO(2 m -p).
sentation linéaire des groupes), mais on
Revenons aux groupes de Lie compacts. n’envisage d’ordinaire que des actions
Un tel groupe K contient des sous-groupes d’un groupe de Lie G sur une variété
compacts connexes ComnmtutifS, donc iso- analytique X, et on exige que l’application
morphes à des tares T”. Un tore maximal (s, 1~) 1-5 s de G X X dans X soit
T dans K est son propre centralisateur analytique. Pour tout s E G, l’application
(donc contient le centre de K) et, pour tout x - s x est alors un isomorphisme de la
autre tore T’ C K, il existe un s E K tel que variété X sur elle-même ; pour tout x E X,
ST”-’ C T; en particulier, deux tores l’ensemble S, des s E G tels que s .Y = s
maximaux sont toujours conjugués dans est un sous-groupe fermé de G appelé
K. En outre, tout élément de K appartient stabilisateur de .Y. L’orbite G x de x est
à au moins un tore maximal. Ainsi, dans le l’ensemble des s s pour s E G ; les orbites
groupe unitaire U(n, C), un groupe com- sont les classes d’équivalence d’une rela-
pact maximal est formé des matrices dia- tion d’équivalence R dans G ; elles ne sont
gonales : pas nécessairement fermées dans X et
diag @‘et, elez, ,,., eie.) ;
peuvent être en fait des ensembles très
compliqués. Leur étude générale n’a guère
le fait que la réunion des tores maximaux été poussée que pour G = R ou G = 2.
est U(n, C) équivaut ici à la classique L’ensemble X/C des orbites ne peut en
réduction d’une matrice unitaire à la forme général être muni d’une structure de
diagonale par similitude. variété analytique telle que l’application
La dimension nz d’un tore maximal de canonique TT : X -+ X/G (qui fait corres-
K est appelée le ïung de K ; lorsque K est pondre à un point son orbite) soit une
simple, le rang est l’indice m affixé à la submersion ; pour qu’il en soit ainsi, il faut
lettre A, B..., G dans la classification de et il suffit que l’ensemble Ta C X X X des
Kilhng-Cartan. L e normulisuteur N ( T ) couples (.Y, J) appartenant à une même
d’un tore maximal T d’un groupe semi- orbite soit une sous-variété fermée de
simple compact K joue un rôle important : X X X ; toute orbite est alors une sous-
le groupe quotient W = N(T)/T est appelé variété fermée de X.
groupe u’e Weyl du groupe K (cf. chap. 6). Un cas ou la variété des orbites existe
toujours est celui où G est un sous-groupe
fermé d’un groupe de Lie H, le groupe G
3. Actions des groupes de Lie opérant dans H par translation à droite
(s, s) - .~s avec s E G, .Y E H, de sorte que
Les groupes de Lie ont d’abord été étudiés les orbites sont les classes à gauche .x-G
en tant que groupes de transformations de dans H. La variété des orbites H/G est
certains espaces, plutôt que pour eux- alors appelée l’espace homogène des classes
mêmes ; et, dans la théorie moderne, les à gauche suivant G ; le groupe de Lie H
diverses façons dont un groupe de Lie peut opère a gauche sur H/G par (r, -tG)
être considéré comme groupe de transfor- - z-YG. Lorsqu’un groupe de Lie G opère
mations jouent encore un grand rôle. Les sur une variété X de sorte que la variété des
actions ou opérutions d’un groupe de Lie se orbites X/G soit définie, l’orbite d’un point
567
GROUPES
568
GROUPES
fC 0 1c 1
1 t
toute représentation linéaire en représen-
tations irréductibles, on pourra obtenir
tous les invariants. D. Hilbert avait démon-
de G = R montre qu’une représentation tré (pour SL(V)) qu’il y a un nombre,fini
linéaire d’un groupe commutatif n’est de polynômes homogènes invariants I,, Il,
pas nécessairement complètement réduc- . ..( 1,. tel que tout autre invariant soit de la
tible. forme Q(I,, 17, .__, I,), où Q est un
En revanche, toute représentation polynôme. Ce théorème s’étend a tous les
linéaire d’un groupe de Lie G compact OU gtvupes semi-simples (mais non à tous les
réduct(f (c’est-a-dire dont le revêtement groupes de Lie).
universel est produit d’un groupe semi- Une représentation linéaire :
simple et d’un R”) est complktement réduc-
p:G-GL(V)
tilde (théorème de H. Weyl) ; pour les
groupes compacts, c’est même vrai sans est dite,fidg/e si elle est injective. On peut
supposer que G est un groupe de Lie (cf. prouver que, pour tout groupe de Lie
art. précédent). Tout revient donc a déter- connexe G, il existe un groupe connexe qui
miner, dans ces cas, les représentations a même revêtement universel que G et qui
irréductibles ; cette détermination a été est isomorphe à un sous-groupe d’un
complètement effectuée par É. Cartan au groupe linéaire GL(V) ; mais le revête-
moyen de techniques qui seront esquissées ment universel de G n’a pas toujours cette
dans le chapitre 6. propriété (par exemple pour G =
La théorie des représentations linéaires SL(2, R)). Toutefois, tout groupe compact
des groupes semi-simples généralise la et tout groupe semi-simple complexe est
théorie classique des inwriunts en géomé- isomorphe à un sous-groupe d’un groupe
trie projective. 11 s’agissait uniquement, linéaire.
dans cette théorie, des représentations des
groupes classiques, et surtout de SL(V).
Ce groupe opère en effet naturellement 5. Algèbres de Lie
dans toute puissance tensorielle VBn, et
dans le sous-espace des tenseurs symétri- L’outil essentiel dans la démonstration des
ques d’ordre 12. Ce dernier s’identifie à remarquables résultats qui précèdent est la
l’espace vectoriel F,, des polynômes homo- méthode infinitésimale, inaugurée par
gènes de degré n à p variables (si S. Lie (1842-1899) qui a pour effet de
~7 = dim V) ; un élément s E SL(V) opère ramener l’étude des groupes de Lie a
569
GROUPES
( C f . C A L C U L I N F I N I T É S I M A L CdCLd à plu-
570
GROUPES
et, en vertu de la formule (2) appliquée en qui vérifie les deux identités :
remplaçant f‘ par Z& :
(8) [X7 y1 = -L [x, Y],
(9) FL [Y. 41 + [Y, [Z, XII
+ [Z, [X, Y]] = 0
Mais, d’autre part, on a aussi, par (2) : (identité de Jacobi). Un espace vectoriel
sur un corps K dans lequel est défini une
f(sxy) = 1 (z.,f(sN(xYYf loi de composition :
I
571
GROUPES
est l’algèbre de Lie du groupe réel sous- universel (à isomorphie près). Cette cor-
jacent à G. respondance permet d’établir un « diction-
Voici quelques exemples. Si G = R”, naire » entre les notions fondamentales de
on a : la théorie des groupes de Lie et des notions
de la théorie des algèbres de Lie, qui
za=+ relèvent essentiellement de l’algèbre
linéaire (pour deux sous-espaces vectoriels
et (2) est la formule de Taylor usuelle ; a, b d’une algèbre de Lie 5, on note dans
l’algèbre associative 8 s’identifie à l’algè- ce qui suit [a, b] le sous-espace vectoriel
bre des polynômes en les D,, 1 < j < n ; engendré par les [X, Y] pour X E a, Y E b)
l’algèbre de Lie correspondante est com- selon le tableau 2.
mutative, c’est-à-dire que [X, Y] = 0 quels Pour touts E G, il correspond à l’auto-
que soient X, Y dans g. L’algèbre de Lie morphisme intérieur Int(s) : x - S,KF’ de G
du groupe des matrices : l’automorphisme dérivé (Int(s)), de g, noté
Ad(s) ; l’application s - Ad(s) de G dans
1 Y
GL(g) est une représentation linéaire de G
i0 x1
dans l’espace vectoriel g, appelée représen-
a une base de deux éléments X, Y vérifiant tation adjointe ; son noyau est le centre Z de
la table de multiplication [X, Y] = -Y. G et son image Ad(G) C GL(g), isomor-
L’algèbre de Lie 5l(n, R) (resp. 5I(n, C)) du phe à G/Z, est appelée le groupe adjoint de
groupe linéaire GL(n, R) (resp. GL(n, C)) G. On montre que la représentation linéaire
s’identifie canoniquement à l’espace des Ad, de g dans gl(g) est l’application
matrices carrées réelles (resp. complexes) X - ad(X), où on pose :
d’ordre n où le crochet est l’application
(X, Y) - XY - YX; l’algèbre de Lie de
SL(n, R) est la sous-algèbre de Lie II(n, R) cette application est dite reprksentation
de gI(n, R) formée des matrices de trace 0. adjointe de 5 ; son noyau est le centre 3 de
En particulier, fl(2, R) (ou 42, C)) a pour 5 et, pour tout XE Q, ad(X) est une
base les trois matrices : dérivation de l’algèbre 5, c’est-à-dire :
572
GROUPES
quotient G/N de G par un sous-groupe distingué quotient g/n de l’algèbre de Lie de G par celle de
fermé N la composante neutre de N
tabl. 2 - Correspondance entre la théorie des groupes de Lie et la théorie des algèbres de Lie
573
GROUPES
574
GROUPES
575
GROUPES
définit sur t* la forme bilinéaire inverse de plexe) à celles de gf dans V ; ces dernières
(U 1V) sur t, qu’on note (i 1q), la permu- sont donc complètement réductibles, et il
tation s, est la restriction à R de la rkjesion suffit de déterminer les représentations
orthogonule par rapport à l’hyperplan M, irréductibles de g,. On utilise la même idée
des i E t* tels que C(H,,) = 0. Les s, pour que ci-dessus, savoir la restriction à fi d’une
o E R engendrent un groupefini de trans- représentation p de gc dans V ; on appelle
formations orthogonales, canoniquement poids de la représentation p (irréductible
isomorphe au groupe de Weyl W de G (cf. ou non) tout élément 0 E h* pour lequel il
chap. 2) auquel on l’identifie. Les compo- existe un vecteur x E V non nul et pour
santes connexes, dans l’espace t*, de la lequel :
réunion des hyperplans M, sont appelées
les chambres de g (relatives à t) ; pour une
chambre C, il y a exactement nz hyperplans pour tout H E f,t (donc x est vecteur propre
M,, tels que la réunion des M, n C cons- commun à tous les endomorphismes
titue la frontière de C (donc C est un p(H)) ; l’ensemble V,, des vecteurs x ayant
(( angle polyèdre » dans l’espace t* à m cette propriété pour un poids o est un
dimensions) ; on dit que ces hyperplans sous-espace vectoriel V,,, et V est somme
M,, sont les murs de C. Si on choisit une directe des V,,. Les poids de p sont donc en
chambre C, et qu’on note M,(l < i < m) nombre fini ; si l’on suppose maintenant p
ses murs, pour chaque i une des deux irréductible et si l’on choisit une base (ai)
racines opposées orthogonales à Mi est du de R, avec 1 < i < m, on démontre qu’il
même côté que C de M, ; elle est notée oi existe un unique poids TI de p tel que tous
et on dit que les (x, (qui forment une base les autres poids de p soient de la forme :
de l’espace vectoriel t*) forment une buse
m
du système de racines R. On prouve que s- q,a,,
toute racine o E R est combinaison c
i=l
linéaire des o, à coefficients entiers de
même signe; les racines de R sont ainsi où les qi sont des entiers positif ; on dit que
divisées en deux classes, dites positives x est lepoids dominant de la représentation
(resp. nkgatives) pour C si tous les coeffi- p, et on montre que V, est de dimension
cients sont > 0 (resp. < 0). Le groupe de 1. Deux représentations irréductibles de 8~
Weyl permute les chambres (donc aussi les ayant même poids dominant sont sembla-
bases de R) de façon simplement trunsitive. bles. Pour qu’une forme linéaire o E h*
Donnons un exemple : pour le type A,,,, on soit poids dominant d’une représentation
peut prendre comme base les racines a,,,+, irréductible de gc, il faut et il suffit que l’on
pour 1 < i < n? ; donc le groupe de Weyl ait o(H,,J > 0 pour 1 < i < m. Les poids
s’identifie au groupe symétrique TX,,,+, des dominants de toutes les représentations
permutations de 112 + 1 objets. irréductibles de g, forment donc un
Supposons G simplement connexe. On Z-module libre P(R), ayant pour base les
a vu que les représentutions linéaires de G poids K, (1 < i < m) tels que :
dans un espace vectoriel complexe V ~;(Ha,) = 1, T(H,,) = 0
correspondent biunivoquement aux repré-
sentations linéaires de g dans V, et aussi pour i + j ; les rri sont appelés les poids
(puisque V est un espace vectoriel com- fondumentuux de gc (pour la base (c(J) ; on
576
GROUPES
7. Algèbres semi-simples
complexes et leurs formes réelles
On vérifie que o,, est le poids dominant
de la représentation identique : Dans le chapitre 6, en partant de l’algèbre
el(m + 1, C) - qm + 1, C) ; de Lie d’un groupe semi-simple compact,
on a obtenu, en la complexifiant, une
on montre que o, est le poids dominant de algèbre de Lie semi-simple complexe. Ce
la représentation canonique dans la puis- processus admet une réciproque, qui éta-
sance extérieure j-ième de en’+‘. blit une correspondance biunivoque entre
Le caracttre (cf. art. précédent) de la groupes connexes semi-simples complexes
représentation irréductible du groupe com- et groupes connexes semi-simples con?-
pact semi-simple G de poids dominant w pacts.
est donné par la.formule de H. Weyl : L’unique méthode connue pour établir
(19) X” = utW
c e(w)exp27riw(o + 0)
ce fait est due :d Killing et É. Cartan, et est
fort longue : on commence par démontrer,
dans une algèbre semi-simple complexe B
de dimension n sur C, l’existence d’une
c(w) exp 2 niw (rs)
c sous-algèbre commutative maximale h
wEW
(sous-algèbre de Cartan) telle que la rela-
où G est la demi-somme des racines posi- tion ad(X)(h) C IJ entraîne X E IJ. En
tives, w parcourt le groupe de Weyl et E(\V) étudiant la représentation adjointe H -
est son déterminant (égal à f 1 suivant que ad(H) de IJ dans l’espace vectoriel 8, on
w est produit d’un nombre pair ou impair arrive alors à décomposer g en somme
de réflexions s,) ; le caractère apparaît directe de fi et de sous-espaces CX, de
comme une fonction définie dans l’algèbre dimension 1, où les X, vérifient les rela-
de Lie t de T, mais a la même valeur pour tions (13) à (16). On voit aisément que
tous les éléments H E t tels que exp(H) E l’espace vectoriel réel u engendré par les
T ait la même valeur dans T (cela résulte iH,, les X, ~ X. a et les i(X,, + X .) est
de ce que o est la somme des poids une algèbre de Lie w’elle dans laquelle la
fondamentaux 0,) ; en fait, x0 est donc forme de Killing est négative non dégéné-
577
GROUPES
rée ; donc u est l’algèbre de Lie d’un tion linéaire de G correspondant à une
groupe compact semi-simple U , e t représentation linéaire de g de poids domi-
g = u 0 iu. Les iH, engendrent une sous- nant o. Supposons, pour simplifier, G
algèbre (réelle) commutative maximale t de simplement connexe, et soit M le sous-
u (correspondant a un tore maximal T de groupe connexe de G correspondant à h.
U), et on a h = t 0 it. qui est isomorphe à (C*)“I (« groupe de
Si l’on choisit une base (oc,), avec type multiplicatif 1)) ; on déduit de o un
1 < j < rn, du système des racines de g, la homomorphisme vo : M -+ C* défini
sous-algèbre (complexe) tt+ (resp. n) de g par :
ayant pour base les X, pour CI > 0 (resp. yo(exp(H)) = exp Ziro(H),
CI < 0) est une sous-algèbre nilpotente : on
a: coïncidant dans T avec le caractère x, ; si
N+ est le sous-groupe de B correspondant
* = IJ @ n+ a3 n-,
à II+, on a B = M N+ et on prolonge y,,,
et 6 = h 0 II+ est une sous-algèbre résoluble en un homomorphisme de B dans C* en lui
nzuximde de g. Si G est un groupe de Lie donnant la valeur 1 dans N+. Soit alors V,,
(complexe) connexe d’algèbre de Lie g et l’espace vectoriel des fonctionsfholomor-
B le sous-groupe connexe de G correspon- phes dans G et vérifiant l’identité :
dant à 6, B est donc un sous-groupe
rkoluble connexe muximnl de G. Les (21) J-W) = vw(bYf(x),
sous-groupes ayant ces trois propriétés pour x E G et b E B. On peut faire opérer
sont appelés sous-groupes de Bore1 de G ; linéairement G dans V,, en posant :
ils sont tous conjzlgué.7 dans G. On montre
(22) 6 .fW) =fQ-‘XX
que B est son propre normalisateur dans
G, et que l’espace homogène G/B est pour s, x dans G. On prouve que V,, est de
compact et peut canoniquement être muni dimension finie, que la représentation de G
d’une structure de varie% algkhrique pro- dans Vo ainsi définie est irréductible et que
jective sur C. En outre, les doubles classes sa contragrédiente a pour caractère x0.
BsB forment une partition de G qui est On dit qu’une algèbre semi-simple go
canoniquement indexée par le groupe de sur R est une forme réelle de g si g est
We.vl W de U (décomposition de Bruhat) : isomorphe à la complexifiée :
de façon précise, pour tout w E W, il existe,
dans le normalisateur de T dans U, un BO@JRC
élément n,,. tel que Ad(n,,) laisse stable h et de go ; il est immédiat qu’il revient au
induise sur h la contragrédiente de w même de dire que go est isomorphe à une
considéré comme opérant dans h* (cf. sous-algèbre de Lie réelle de g (g étant
chap. 6) ; l’application w - Bn,,B est une considérée comme algèbre de Lie réelle de
bijection de W sur l’ensemble des doubles dimension ~II), formée des éléments inva-
classes modulo B. riants d’une conjugaison de 8, c’est-à-dire
Dans SL(n, C), par exemple, un groupe une application semi-linéaire bijective o de
de Bore1 est le groupe trigonal large g sur elle-même qui préserve le crochet,
supérieur T(M, C) (cf. chap. 1). telle que o2 = 1. Tout revient donc à
Le groupe de Bore1 permet de donner déterminer ces conjugaisons, à automor-
une expression explicite de la représenta- phismes de g près. On montre d’abord que,
578
GROUPES
579
GROUPES
particulier de l’idée fondamentale de repré- Leur intérêt réside dans le fait qu’ils
sentation lin&ire induite, initialement rattachent a la théorie des groupes de Lie
introduite par Frobenius pour les groupes des questions d’analyse ou de physique
finis, (cf. la partie D ci-dessus Repré- d’allure toute différente.
sentation linéaire des groupes), appliquée En premier lieu, on rencontre ainsi de
aux groupes de Lie. façon naturelle de nombreuses fonctions
D’une façon générale, soit G un groupe spéciales, dont on peut ainsi faire une
de Lie, F un sous-groupe fermé de G, F un théorie unifiée et « expliquer )) maintes
espace vectoriel complexe de dimension propriétés qui paraissaient fortuites.
finie, et i-L(c) une représentation Les exemples les plus simples s’obtien-
linéaire de F dans F. Soit alors V un espace nent lorsqu’on prend G = U. groupe
vectoriel (en général de dimension injinie) compact semi-simple, et F = K, (nota-
de ,fi>nctions définies dans G et vérifiant tions du chap. 7). Alors toutes les repré-
l’identité : sentations de U dans un espace de Hilbert
V se décomposent en représentations
(23) f(xD =L(C) .f(x) de dimension finie, le groupe U opérant
pour x E G et i E F. On fait alors opérer pour ces représentations dans des sous-
G dans V en posant : espaces de dimension finie V, de V, dont
la somme est directe et partout dense.
(24) e .f)@) =fW’s) É. Cartan s’est le premier aperçu que
pour s, x dans G. les fonctions constituant les V, ont des
L’exemple des représentations de propriétés remarquables. Pour
dimension finie donné dans (21) et (22) U = SO(3, R), K = SO(2, R), par exem-
correspond au cas où L est une représen- ple, on obtient ainsi les fonctions sphéri-
tation de dimension 1 et où V est de ques classiques définies sur UjK = Sz
dimension finie. Le cas le plus étudié en (sphère à 2 dimensions) comme restric-
dehors de ce dernier est celui où L est une tions des polynômes harmoniques homo-
représentation unitaire (autrement dit, gènes dans R’.
L(E,) laisse invariant un produit scalaire On obtient d’autres fonctions spéciales,
euclidien dans F) ; si f’vérifie (23), on a telles que les fonctions de Bessel ou les
j/ f (,Y<) 11= JIJ’(s) 11pour la norme eucli- fonctions hypergéométriques, en prenant
dienne dans F, et on peut considérer f pour G certains groupes de dimension 4.
comme définie dans G/F ; on définit alors Si on prend pour G un groupe semi-
V comme l’espace de Hilbert des fonctions simple et pour r un sous-groupe discret
,fsur G/F telles que : convenable, on obtient cette fois comme
fonctions (( spéciales )) ce qu’on appelle
(25) lb-(z) l12dP(Z) < + => des fonctions (ou formes) autonzorphes,
sGA-
qui constituent une vaste généralisation
où p est une mesure sur GF invariante des (( fonctions fuchsiennes )) de H. Poin-
pour l’action de G. Il s’agit de savoir si caré.
cette représentation est irréductible, ou de Les fonctions appartenant à V ne sont
la décomposer en représentations irréduc- pas ncccssairement continues dans G,
tibles ; cela pose des problèmes difficiles mais on peut montrer qu’il y a toujours
qui sont encore loin d’être tous résolus. un sous-espace dense V, de V, stable pour
580
GROUPES
581
GROUPES
fication de Killing-Cartan. Il n’y a plus ici est ici muni d’une topologie, la correspon-
de méthode (( infinitésimale )) à propre- dance entre algèbre de Lie et groupe de
ment parler, bien qu’on puisse encore Lie est presque aussi satisfaisante en
définir une algèbre de Lie g (et même une théorie p-adique que pour les groupes de
algèbre associative 8) associée à un groupe Lie réels ou complexes. En utilisant à la
linéaire algébrique G ; mais son utilité est fois les plongements de G dans G, et dans
bien moindre que dans la théorie classique. les G, correspondant à tous les nombres
Les raisonnements essentiels sont de premiers p, on arrive aux résultats les plus
nature globale et reposent sur le fait que, profonds de Minkowski-Siegel sur les
pour un sous-groupe de Bore1 B de G, le formes quadratiques à coefficients entiers,
quotient G/B est encore muni d’une struc- ici encore largement généralisés et placés
ture de vuriétG ulgébriqur projective. En dans leur cadre naturel. Il est intéressant
outre, on étend encore à ce cas la décom- de noter que, dans cette théorie, un rôle
position de Bruhat (cf. chap. 7), qui joue particulièrement important est tenu par les
également un rôle important dans les mesures invariantes sur les groupes
démonstrations. p-adiques.
Aux groupes linéaires algébriques défi- Enfin, la théorie des groupes semi-
nis sur le corps des rationnels Q est simples est liée de façon inattendue à celle
maintenant rattachée la théorie des guou- des groupes finis. Si l’on part d’une base de
pes arithmétiques : si G est un sous-groupe Weyl-Chevalley (cf. chap. 6) d’une algèbre
algébrique de GL(n, Q), on dit qu’un de Lie semi-simple complexe 8, on constate
sous-groupe r de G est arithmétique s’il que, pour chaque c(, l’application :
laisse stable un IF’S~UU, c’est-à-dire un
t - exp(t ad(X,))
sous-Z-module de Q” engendré par une
base de Q”. Par exemple, SL(n, Z) est un est un isomorphisme du groupe additif C
groupe arithmétique dans SL(n, Q). En sur un groupe Xcc de matrices qui, en vertu
considérant G et l- comme sous-groupes des relations (16), se trouvent avoir des
du groupe de Lie GR (ensemble des éléments qui sont des polynômes en t à
matrices de GL(n, R) vérifiant les mêmes coeficients entiers. Cela permet de définir
équations algébriques que celles qui défi- ces matrices lorsque t appartient à un corps
nissent G) et en utilisant à fond les (commutatif) arbitruire K. En prenant
techniques de la théorie des groupes semi- pour c( toutes les racines de 8, on obtient
simples (notamment les décompositions de dans GL(n, K) (où n = dim g) un
Bruhat et d’Iwasawa), on retrouve la ensemble de matrices qui engendrent un
théorie de la (< réduction » des formes sous-groupe GK de GL(n, K), appelé
quadratiques à coefficients entiers de groupe de Chrvuky sur K associé à g. En
Hermite-Minkowski et le théorème de particulier si K est un corps fini, le groupe
finitude de Jordan sui- les classes de formes GK est un groupe jni.
de degré > 3 à coefficients entiers, et on On prouve alors que, si l’on part d’une
les généralise considérablement. algèbre de Lie simple complexe 8. le groupe
Au lieu de considérer G comme plongé de Chevalley correspondant GK est simple
dans G,, on peut aussi le considérer (au sens de la théorie des groupes (( abs-
comme plongé dans G,, où Q, est le traits D) sauf dans quatre cas correspon-
corps des nombres p-adiques. Comme Qp dant à des corps à deux ou trois éléments
582
HARMONIQUE ANALYSE
H
ou G,. Ces groupes simples, ont, en outre,
des décompositions de Bruhat qui permet-
tent d’étudier de façon détaillée leur struc-
ture et qui (pour le cas d’un corps K fini)
les distinguent nettement des autres types
de groupes simples finis.
JEAN DIEUDONNÉ
Bibliographie
H. BACRY, Lecons sur in théorie des groupes et les
symétries des purticules &mentuires, Dunod, Paris,
1968 / A. B~REL. Linecrr Algehruic Groups. repr. of
1969, Springer-Verlag, New York, 2’ éd. 1991 ;
Introduction aux groupes urihn&iques, Hermann,
Paris, 1969 / N. BOURBAKI, Groupes et algèbres de HARMONIQUE ANALYSE
Lie, 5 vol., Masson, 1982 / J . DIEUDONNÉ. Sprcicrl
Functions und Linetrr Represrntutions of Lie Groups.
L
American Mathematical Society, Providence (R.I.),
! 9S2 / 1. CELFAND, Rt;presenr~~ri~n Thro~y Skk4
orsqu’on fait vibrer, dans des condi-
Pupers, Cambridge Univ. Press, 1982 / G. HOCHS- tions idéales, une corde de longueur I,
CHILD, Basic Theory of Algehraic Groups und Lie fixée en ses extrémités d’abscisses 0 et I,
Algebras, Springer-Verlag, New York, 1981 / l’équation aux dérivées partielles :
N. JACOBSON, Lie Algehrus, repr. of 1962, Dover
Publ., 1979 1 R. MNEIMÉ & F. TESTARD, Introktion a=~ ak
à la théorie des groupes de Lie clussiques, Hermann, p=c2s
1986 / V. S. VARADARAJAN, Lie Groups, Lie Algehras
und their Represrntations, Springer-Verlag, 1914, est vérifiée, où U(X, t) est une fonction dont
rééd. 1988 / N. VILENK~N, Special Funcrions and the la valeur représente, à l’instant t, le dépla-
Theory of Group Representations, repr. of 1983 ;
American Mathematiccrl Society. Providence (R.I.),
cement transversal, par rapport à la posi-
1988 1 B. G. W YBOURNE, Clussical Groups ,fkv tion d’équilibre, du point d’abscisse s.
Physicists, repr. of 1974, Books on Demand, Ann D’Alembert donne, en 1747, la solution
Arbor (Mich.) / 0. L.WEAVER & D. H. SATTINGER, de cette équation sous la forme :
Lie Groups and Algehrcrs with Applictrtions to Pllysics,
Geometry and Mechanics. Springer, 1986. u(x,t) =f(ct +x)-f(ct-X),
ou encore :
sin[y(ct+x)]-sin[y(ct-x)],
583
HARMONIQUE ANALYSE
pour toute valeur entière positive de n. Ces travaillaient. C’est ainsi que l’étude de la
solutions correspondent aux fonctionsfde représentation des fonctions périodiques
la forme : par des séries trigonométriques devait
fortement contribuer à la prise de cons-
f(x) = sin 2x. cience de la notion de fonction : la
1
conception moderne d’une fonction, défi-
Or les fonctions trigonométriques : nie comme une correspondance, et pou-
?lTT ?lK vant fort bien ne posséder aucune des
s i n - x o u Cos-x propriétés usuelles de régularité (conti-
1 1
nuité, dérivabilité, intégrabilité), émergea
sont les plus simples des fonctions de peu à peu lorsqu’il devint évident que l’idée
période 2 1. D’où l’idée, avancée par Ber- naïve d’une fonction donnée par une
noulli, que la fonction f la plus générale, formule explicite était insuffisante : il fallut
qui intervient dans la solution de d’Alem- tout à la fois préciser ce qu’on entendait
bert, peut s’exprimer sous la forme d’une par N fonction quelconque » et considérer
série trigonométrique : des classes particulières de fonctions dont
les propriétés spéciales, soigneusement
mises en évidence, permettaient de résou-
f(x)=;+ C(~,COS~x+b,sin~x),
n=l
dre un problème donné.
Ensuite, la théorie des distributions et
ou, de manière équivalente : celle des groupes topologiques sont venues
m proposer diverses directions dans lesquel-
f(x) =; + 1 a, sin “T (x -fi,). les l’analyse harmonique se généralise et
“=l s’approfondit ; celle-ci est devenue une
branche importante des mathématiques, en
Le terme correspondant à n = 1 donne relation avec les distributions, les algèbres
alors la vibration fondamentale de la normées, les probabilités, les espaces de
corde, les termes suivants correspondent Hilbert, les fonctions de variable complexe
aux harmoniques (cela rejoint l’expérience et s’est étendue aux fonctions non linéaires.
acoustique courante) ; de plus, le coeffi-
cient CX, régit l’intensité de l’harmonique
d’ordre n, et p,, en définit la phase.
Ainsi le problème des cordes vibrantes
menait tout naturellement à la question 1. Les séries de Fourier
suivante : une fonction périodique peut-elle
se représenter par une série trigonométri- Les coefficients de Fourier
que ? L’analyse harmonique classique est, Considérons une fonction f à valeurs
cn principe, la branche des mathcmatiqucs réelles ou complexes, d’une variable réelle,
qui traite de problèmes de ce type. périodique, de période 27r pour fixer les
Pour obtenir des éléments de réponse à idées. Si f admet un développement en
cette question fondamentale, il a fallu, a série trigonométrique :
partir du milieu du XVIII~ siècle, que les m
584
HARMONIQUE ANALYSE
et que la série E ( 1uk / + / h, / ) soit conver- Fourier n’est-elle pas notée par le signe
gente, on peut intégrer terme à terme, d’égalité, mais on écrit :
entre 0 et 27r, les séries : m
f(x)-T+ 1 (u,cosnx +b.sinnx).
f(x) COS nx = - COS nx n=l
2
IL
Si, au lieu d’une fonction de période 275,
(a k kx nx + b k sin kx nx ),
on considère une fonction f de période T,
+ COS COS COS
c
k=l
on définit de manière analogue les coeffi-
f(x) sin nx = 5 sin nx cients de Fourier de f par les formules :
2
m
a n = ; [oTf(x) COS +cdx,
+ (a,coskxsinnx + bksinkxsinnx).
c
k=L b=?
n T o T f(x)sin+dx;
s
Compte tenu des relations, valables
pour des entiers n et k : la série de Fourier de fest alors :
m
2n nx kx dx =
0 sikfn,
71 sik=n,k#O,
2nir 2nlc
a, COS T~ + b, sin TX.
s0 COS COS
2nsik=n=O
c
?I=l
/ ** sin nx COS kx dx = 0, V k et n,
JO
Questions de convergence
2a 0 sikfn,
sm nx sin kx dx = Le problème de la représentation d’une
s0 ?I sik=n,
fonction périodique par une série trigono-
on obtient les valeurs des coefficients a, et métrique se ramène à l’étude de la conver-
h,, directement à partir de la sommef($ gence de sa série de Fourier. Nous nous
de la série donnée : contenterons de donner ici quelques-uns
des nombreux résultats obtenus dans ce
; j;” f(x) COS nx dx,
a, = - domaine (cf. SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES).
(2) a) D’abord, en dehors de toute notion
b, = K i l.2a f(x)sinnxdx;
de convergence, la série de Fourier d’une
fonction caractérise celle-ci (cela doit être
ce sont les formules de Fourier. compris comme une caractérisation en
Si, maintenant, on part d’une fonc- tant que fonction mesurable au sens de
tion f, de période 27r, continue (il suffit, en Lebesgue, deux fonctions étant considé-
fait, qu’elle soit intégrable, au sens de rées comme équivalentes lorsque l’ensem-
Lebesgue sur [0, 27r]), il est naturel de ble des points où elles diffèrent est négli-
considérer, par analogie avec ce qui pré- geable pour la mesure de Lebesgue : on dit
cède, les coefficients an et b,, donnés, pour alors qu’elles sont égales presque partout
un entier n > 0, par les formules (2). Ce (cf. n-mkx4TIoN ET ME~URE); si l’on se
sont les coeficients de Fourier de la fonc- restreint ê la classe des fonctions conti-
tion A et la série qu’ils définissent est la nues. l’égalité presque partout entraîne
sbrie de Fourier de f: Rien ne permet de l’égalité partout). Autrement dit, si deux
préjuger de la convergence de cette série fonctions ont les mêmes séries de Fourier,
vers f, aussi la relation entre f et sa série de elles sont égales presque partout.
585
HARMONIQUE ANALYSE
586
HARMONIQUE ANALYSE
tiels les nombres c,,, définis pour tout entier sur [0, 2~1, cette fonction est en particulier
relutif n, par : intégrable, et possède des coefficients de
Fourier c,, tels que l’égalité (4) ait heu.
1
(3) C"=G
s
o lrf (x)e-‘“dx, Tout aussi remarquable est le fait que
toute suite (c,,), n parcourant l’ensemble
et on appellera encore série de Fourier de des entiers relatifs, telle que :
/“(cf. ~ÉRIE~ TRIGONOMÉTRIQUES) la série :
+=
c IC”I2
ns-x
converge, est la suite des coefficients
Moyennant les relations ci-dessus entre de Fourier d’une fonction de carré inté-
les a,,, h,, (n > 0) et c,, (n quelconque), il y grable.
a identité formelle entre cette notion de En d’autres termes, la correspon-
série de Fourier et la notion antérieure de dance entre une fonction de carré inté-
série de Fourier trigonométrique (où l’on grable sur [0, 2~r] et la suite de ses
peut introduire un coefficient b, égal à 0). coefficients de Fourier définit un isomor-
Nous utiliserons désormais la forme phisme isométrique entre l’espace de
(( exponentielle )) de la série de Fourier Hilbert L’([O, 27r3) et l’espace de Hilbert P
d’une fonction ,f : des suites de carré intégrable (les structu-
res hilbertiennes des deux espaces
ci-dessus sont définies par les produits
scalaires :
qui donne des calculs et des formules plus
simples, et correspond mieux à la nature
profonde de la situation mathématique,
comme nous le verrons au chapitre 4.
587
HARMONIQUE ANALYSE
588
HARMONIQUE ANALYSE
589
HARMONIQUE ANALYSE
telle qu’elle a été définie ci-dessus. Ainsi, b) Sifet g sont intégrables, leur produit de
l’espace L’(R) des (classes de) fonctions convolution f* g, défini par :
intégrables sur R ne contient aucune
exponentielle ; aussi utilise-t-on un autre
procédé pour en faire l’analyse et la
synthèse. C’est la transformation de Fou- l’est également. On a alors la relation :
rier qui permet de définir le spectre d’une w* g) = (3f)(3g),
fonction intégrable et, dans certains cas,
d’en faire la synthèse. de sorte que A(R) est un anneau de
Soit f une fonction intégrable (par fonctions continues sur R, de même que
exemple, continue et nulle hors d’un L’(R) est un anneau pour la convolution.
ensemble borné). À f on associe une autre Cette circonstance permet d’appliquer à
fonction définie sur R, notée fou 3J et l’étude de A(R) et de L’(R) la théorie des
appelée transformée de Fourier de ,f :
algèbres normées (cf. algèbres NORMÉES),
qui en est d’ailleurs issue en grande partie.
(5) j‘(t) = (Sf)(?) = j$X)MdX. c) Si JI et u sont des réels, <p une fonction,
on définit les fonctions ‘p!, cp”, (p, 6, <p par :
La présence du coefficient - 2~r est
conventionnelle (la convention n’est
d’ailleurs pas universelle) et permet d’avoir
une formule de réciprocité particulière-
ment simple.
Définissons, outre l’opérateur 9 de
transformation de Fourier, l’opérateur On a alors :
9 de transformation de Fourier conjuguée
(ou réciproque) :
590
HARMONIQUE ANALYSE
591
HARMONIQUE ANALYSE
592
HARMONIQUE ANALYSE
593
HARMONIQUE ANALYSE
une fonction continue y sur G, telle que, déterminé par la valeur y(l) = o, car
quels que soient x et y dans G : y(n) = a” pour tout n E Z. Réciproque-
ment, tout nombre a de module 1 définit
IY(x)l= 1,
un caractère y sur Z (tel que y( 1) = a), par
Y@--Y) = g = Y(X)Yti)i la formule y(n) = a”. On identifie ainsi le
dual de Z au groupe multiplicatif T des
on en déduit, évidemment : nombres complexes de module 1. D’après
le théorème de dualité, les caractères sur T
Y(O) = 1, UC---X) = Y(X)>
correspondent aux nombres entiers : tout
Y@ +Y) = Y(X)Ycv).
caractère sur T est de forme a + a” pour
Si y et y’ sont deux caractères, la un entier n ; cela peut d’ailleurs se voir
fonction qui, à tout x de G, associe directement. Pour le groupe R des nom-
y(x est encore un caractère que l’on bres réels, un caractère est une fonction
note y + y’. 11 est facile de voir que l’on continue <p telle que :
peut ainsi munir l’ensemble des caractères
l<p(x)l= 1, m-Y) = <p@)<pti);
sur G d’une structure de groupe commu-
tatif, que l’on rend localement compact en une telle fonction est nécessairement de la
y considérant une topologie particulière forme x + ezrnrr, où t est un paramètre
(c’est la topologie de la convergence uni- réel ; à la somme t + t’ correspond le
forme sur les parties compactes de G). produit des caractères définis par t et t’ ;
Notons G le groupe commutatif locale- ainsi le groupe dual de R s’identifie à R
ment compact formé des caractères de G. lui-même.
Ce groupe est appelé dual de G. On peut
considérer le dual de G, qui est un:groupe La transformation de Fourier
commutatif localement compact G.
Soit G un groupe commutatif localement
Pour tout x de G, la fonction définie sur compact, G le groupe dual de G, dx une
G par y + y(x) est u” caractère sur G,
mesure de Haar sur G.
donc un élément de G, On a ainsi une
À toute fonction intégrablef sur G, on
application de G dans G. associe une fonctionf sur G, la transfou-
Le résultat fondamental établi, vers mée de Fourier de f> définie, pour tout
1935, par Pontriaguine et Van Kampen e$ y E G, par :
le suivant : L’application de G dans G
définie ci-dessus est un isomorphisme topo-
logique. En d’autres termes, le dual du dual
d’un groupe G s’identifie à G lui-même. Si G = T, G = Z et la fonctionf est
Eu égard à la dualité, on notera indif- alors une suite, qui n’est autre que la suite
féremment : des coefficients de Fourier de .f (on peut
considérer ,f indifféremment comme une
Y(X), X(Y)! <Y,X>, <x,-f>
fonction sur T, ou comme une fonction sur
le nombre complexe égal à la valeur en R de période 27r : on identifie les points de
x E G du caractère y sur G, ou à la valeur R congrus à t modulo 27r au nombre
en y E G du caractère x sur G. complexe eit de module 1) ; si G = R,
Soit par exemple, Z le groupe additif G = R etf est la transformée de Fourier
des entiers relatifs. Un caractère y sur Z est usuelle (sur R) def: Ainsi l’étude des séries
594
HARMONIQUE ANALYSE
et intégrales de Fourier apparaît comme Cela permet, comme dans le cas réel, de
un cas particulier de la transformation de définir une transformation de Fourier-
Fourier abstraite. Plancherel qui est un isomorphisme iso-
La transformation de Fourier abstraite métrique de L’(G) sur L2(G). Ici encore,
jouit de propriétés semblables à celles que les méthodes propres aux espaces de Hil-
nous avons vues dans le cas des fonctions bert s’appliquent avec fruit.
de variable réelle. Citons-en quelques-unes. Ainsi, l’étude des groupes commutatifs
a) Si f est intégrable sur G, f est localement compacts offre à l’analyse har-
continue sur 6. monique son cadre naturel, et l’étude
6) f= 0 si, et seulement si, f E 0. abstraite permet de retrouver et d’appro-
Autrement dit,f caractérise parfaitement fondir la théorie de l’analyse harmonique
.f: sur R et celle des séries de Fourier. Bien
c) Soitfet g deux fonctions intégrables entendu, des propriétés liées à la structure
sur G. Alors la fonctionfe g, définie sur G particulière de R (comme celles qui se
par : rattachent à la dérivation, l’extension aux
distributions, par exemple) ne sont pas
(f*g)(x) = SÿfhJkwdy susceptibles d’un tel traitement abstrait.
est intégrable, et : (cg) ={ 8. Aussi l’analyse harmonique continue-t-elle
Ainsi, l’ensemble A(G) des transformées à se développer sur les deux plans, dans le
de Fourier des fonctions intégrables sur G cadre abstrait des groupes commutatifs
est une algèbre. Les méthodes générales de localement compacts, et dans le cadre
la théorie des algèbres normées s’appli- classique de la droite réelle et des espaces
quent à l’étude de nombreuses propriétés R”.
de A(G), ou aussi bien de l’algèbre de Notons enfin que, si l’on considère des
convolution L’(G). groupes localement compacts non com-
mutatifs, il existe - surtout dans le cadre
d) Formule de réciprocitk. On peut
choisir les mesures de Haar d,u et dy de G des groupes de Lie une théorie similaire,
et de G (qui dépendent d’un facteur mais beaucoup plus éloignée de la situation
constant que l’on peut ajuster) de telle (( classique )) de l’analyse harmonique sur
R (par exemple l’objet dual n’est plus un
sorte que, lorsque f’est intégrdble sur G,
groupe, la transformée de Fourier d’une
et f” intégrable sur G, l’on ait, pour tout
fonction n’est plus une fonction numéri-
x E G et tout y E 6 :
que, etc.), et qui fait actuellement l’objet
?(Y) = S,fW < Y, x > dx, d’un développement rapide.
RENÉ SPECTOR
I-(X) = SG~(Y) < Y,X > dy.
e ) Théoréme d e Bessel-Purseval-
Pluncherel : Sifest à la fois intégrable et Bibliographie
de carré intégrable sur G,f est de carré R. N. BRACEWELL , The Fourirr Trrnsfortn md Ils
Applications, McGraw-Hill. New York, 2’ éd. 1986 /
intégrable sur G et on a, avec le même J.-L. CLERC , P. EYMARD , J. FARAU-I et al., An&e
choix des mesures de Haar que ci-dessus : lmrrnonique, Centre international de mathématiques
pures et appliquées, Nice, 1983 / M. HERVÉ.
Trm~fortnation de Fourier et di.wibutions, P.U.F.,
Paris, 1986, 2 vol., Springer-Verlag, New York.
595
HILBERT ESPACE DE
1987-I 988 1 J.-P. PIER, L ‘AnuI~~w hurtnonique : son sous-espaces vectoriels de cet espace. Dès
déwlopprrnrnthistorique. Masson. Paris, 1990 / lors s’impose une présentation axiomati-
M. SAMUELIDES & L. TOU~ILL~ER, Ancr/~e hurmoni-
yur. Cépadues. Toulouse, 1990 / V.S. VARADAW
que des espaces préhilbertiens et hilber-
JAN, An Introduction tu Hurmonic Anui~sis on tiens ; elle est essentiellement due à J. von
Semisimple Lie Groupé, Cambridge Univ. Press, Neumann et à F. Riesz ; le lecteur la
1989 / A. Z YGMUND, ~~+gonowrku/ Soirs, 2 vol.,
trouvera esquissée ci-dessous. Enfin, ces
ibid. 1988.
derniers approfondissent considérable-
ment l’étude des endomorphismes des
espaces hilbertiens, et créent ainsi un des
outils les plus puissants de l’analyse fonc-
HARMONIQUES FONCTIONS tionnelle et de la physique mathéma-
- POTENTIEL & tique.
Nous supposons connus les notions
FONCTIONS fondamentales de l’algèbre linéaire (cf.
HARMONIQUES algèbre L I N É AIRE ET MULTILI~AIRE), le
langage des normes et semi-normes, et la
notion de famille sommable (cf. SÉRIES ET
PRODUITS INFINIS).
HILBERT ESPACE DE
Généralités
596
HILBERT ESPACE DE
L’inégalité triangulaire :
(inégalité de Schwarz).
11x +Y II a llx Il + IIY I
Écartons le cas où l’un des deux vec-
teurs x et y est nul. Écrivons que, pour tout découle des relations (1) et (2) de la
nombre réel cx et pour tout nombre com- relation Re(x / y) < 1(x 1y) 1et de l’inéga-
plexe fi de module 1, le nombre réel : lité de Schwarz.
La semi-norme précédente est une
(x + aPv lx + aSu)
= aPaPCv Ir) + alYx Iv) norme si et seulement si l’espace vectoriel E
+aPCvIx)+(~Ix)>O, est hermitien. Le nombre réel positif /Ix11
s’appelle alors norme hermitienne du vec-
ou encore : teur x, et le nombre 11x -y /I distance hermi-
tienne des points x et y. Un vecteur de
a’@ lb) + 2aRe[l% Iv)1 + 6 1x1 > 0;
norme 1 est dit unitaire. Dans ces condi-
par suite, le discriminant de ce trinôme du tions, il y a égalité dans l’inégalité triangu-
second degré en cx est négatif ou nul pour laire si et seulement si les vecteursx et y sont
tout nombre complexe B de module 1, colinéaires et de même sens, c’est-à-dire s’il
existe un couple (CI, p) de nombre réels posi-
tifs non tous deux nuls tel que ~XX = PV,
L’inégalité cherchée étant évidente lors-
que (xl y) = 0, écartons ce cas. Nous Espaces hilbertiens
597
HILBERT ESPACE DE
598
HILBERT ESPACE DE
599
HILBERT ESPACE DE
par suite, les vecteurs )’ et z sont nécessai- il convient de prendre h, = i, pour tout
j E [ 1, p], Posons en effet :
Z= cP Cx l
rement définis par les formules :
Z= cP S,ej et u = cP AF,
,=L
ej)e, e t y=x-t,
,=I j=i
ce qui prouve l’unicité du couple (y, z).
Puisque u appartient au sous-espace
Réciproquement, les vecteurs ainsi définis
vectoriel F engendré par e,, e2, . . . . e,,, nous
conviennent visiblement.
savons que, si tl # z :
Soit maintenant u un vecteur de F. Le
vecteur ,Y ~ I est orthogonal a F, et le II-U I > lb-z il,
vecteur z - LI appartient a F. Donc :
ce qu’il fallait prouver.
Soit, par exemple,,f’une fonction conti-
ce qui achève la démonstration. nue à valeurs complexes admettant 1 pour
Corolhire 1. Toute famille orthonor- période, et p un entier naturel. Parmi
male d’éléments d’un espace hermitien E les polynômes trigonométriques de la
de dimension finie peut être complétée en forme :
une base orthonormale de E. P
Soit en effet F le sous-espace vectoriel
engendré par une famille orthonormale L. c A,en >
n=-p
D’après le théorème, F’ est supplé-
mentaire orthogonal de F dans E. Il existe celui qui approche le mieuxfen moyenne
une base orthonormale L’ de FI. La base quadratique est le polynôme :
de E obtenue en réunissant L et L’ P
convient. s, = cf 1en)en,
c
Corolluire 2. Soit (e,, e,, . . . . e& une n=-p
famille orthonormale de vecteurs d’un
somme partielle à l’ordre p de la série de
espace hermitien E, et .Y un vecteur de E.
Fourier de J
Pour tout élément ,j de [ 1, n], on pose
Procktk d i>rthonornzulisation de
<, = (s 1e,), Alors la fonction ,f‘qui à tout
Schrnidt. Soit E un espace hermitien, (e,,
élément (A,, A,, . . . . A,,) de U’ associe le
e-l_, _.., c;,) une famille orthonormale de
nombre réel positif :
vecteurs de E, et F le sous-espace vectoriel
de E engendré par cette famille. On
suppose que F est différent de E, et on
considère un vecteur .Y de E n’appartenant
admet un minimum strict au point (ci, ir, pas à F. Il existe alors un vecteur e,,+, de
. . . . $). Autrement dit, pour approcher le E et un seul tel que :
mieux possible (en norme) un vecteur .Y par - la famille (e,, e2, ._.~ e,,, e,,+,) soit ortho-
des éléments de la forme : normale ;
P
l e v e c t e u r L;,+, appartienne au sous-
Aje,, espace vectoriel F 0 CU ;
c
j-1 le scalaire (e,,+, / .Y) soit réel positif.
600
HILBERT ESPACE DE
De plus, le vecteur ep+, est donné par deux nombres réels strictement positifs
la formule : c( et l3 tels que, pour tout t E 1, ~(r ) <
fi exp (- ci 1t 1) (cf. polynômes ORTHOG~
e P+I = &,$ NAUX).
Étudions enfin les principales proprié-
où : tés des bases hilbertiennes.
P Théorème 6. Soit (ei), i E 1, une famille
y =x- Cx 1ej)ej orthonormale d’éléments d’un espace her-
c
,=l
mitien E, F l’adhérence du sous-espace
Par récurrence, on en déduit le théo- vectoriel engendré par les vecteurs e,, x un
rème suivant. vecteur de E, et (c,), i E 1, la famille des
Théorème 5. Soit (x,), n E N, une composantes de x suivant (e,), i E 1, c’est-
famille libre d’éléments d’un espace her- à-dire des scalaires 5, = (x / ei).
mitien E. Il existe alors une famille ortho- 1. La famille (c,), i E 1, est de carré
normale (r,,), n E N, et une seule de sommable, et :
vecteurs de E telle que, pour tout entier n,
e, appartienne au sous-espace vectoriel
engendré par les vecteurs .x0, x1, . . . . x,,, et
(inégalité de Bessel).
que (x,l e,,) soit réel positif. On dit que (e,,),
2. Pour que x appartienne à F, il faut
n EN, se déduit de (x~), n E N, par
et il suffit que :
orthonormalisation. Ces deux familles
engendrent le même sous-espace vectoriel
F de E.
En particulier, si (.Y,,), n E N, est totale, (égalité de Parseval).
c’est-à-dire si F est dense dans E, (e,,), Dans ces conditions, la famille (<,e,),
n E N, est une base hilbertienne de E. II en i E 1, est sommable, et :
résulte que tout espace hermitien séparable
(c’est-à-dire, admettant une famille de vec-
teurs totale dénombrable) admet une base
hilbertienne dénombrable. 3. Pour tout couple (,Y, y) d’éléments
Appliquons ces résultats à l’espace her- de F de composantes respectives (5,) et
mitien C(I, p) introduit plus haut, en (n,), i E 1, la famille (&Y$, i E 1, est som-
supposant que, pour tout entier naturel n, mable, et :
la fonction .Y, : t- t" est un élément de
C(I, p). La famille (e,), déduite de (,Y,,),
n E N, par orthonormalisation est consti-
Ce théorème est une conséquence immé-
tuée de fonctions polynomiales, e,, étant de
degré II. La famille (e,,) s’appelle système diate du théorème 4, puisque, pour toute
partie finie J de 1, la projection orthogonale
de polynômes orthogonaux associé au
dessurle sous-espace vectoriel F, engendré
poids p sur l’intervalle 1. Lorsque l’inter-
par la famille (e,), i E J, est égale à :
valle 1 est borné, (e,,), n E N, est une
base hilbertienne de C(I,p) ; il en est de
même lorsque 1 est non borné, s’il existe c/El Le,.
601
HILBERT ESPACE DE
602
INTÉGRALES ÉQUATIONS
E. U.
603
INTÉGRALES É QUATIONS
604
INTÉGRALES ~NATIONS
(2’) y=AXy
en égalant cette limite àf<x, y), on obtient ne peut avoir que la solution identique-
une équation intégrale non homogène où ment nulle ; d’autre part, la suite J‘,, définie,
les variables sont s et o, mais sans para- à partir de ~~~ = 0 par exemple, par la
mètre h. formule de récurrence ou d’approxima-
Henri Poincaré pressentit, dès 1896, le tions successives (cf. espaces MÉrRrQuEs) :
rôle que ce paramètre jouerait dans les Y, =f + AJCY,-l,
résultats ; cette intuition fut confirmée en
1903 par les remarquables travaux du converge dans C’(A) vers la solution de (1)
Suédois Ivar Fredholm résumés ci-dessous à savoir :
(cf. chap. 3).
(4) v=f+
c
hn+lX.n+lf,
“EN
2. Méthode X”+i étant le (n + 1)-ième itéré de I’opé-
des approximations successives rateur JC, ou l’opérateur intégral associé au
noyau itéré K (+‘) défini par récurrence
Supposons A compact, le noyau K continu
par :
sur A2 et, de même, f dans l’espace de
Banach C(A) formé des fonctions 1’ conti-
nues sur A à valeurs complexes, avec la
et, pour IT > 1, par :
norme :
( 5 ) K@+l)(x, 5)
IIYII = suplyl.
A = W, t,) WL b)...
sA”
Au noyau K est associé l’opérateur
X K(f,-,,t,)K(r,, E)dt, . ..dt..
intégral :
On met la solution (4) sous la forme :
x E L: [C(A), ‘?(A)I
qui à la fonction )’ E C(A) fait correspon- (6) Y = (1 + ~ÇAlf
dre z = ;i;y E C(A) définie par : en introduisant l’opérateur intégral Çh
associé au noyau r&lvant :
(3) z(x) = W > E)Y (5) d i.
sA
1 désignant l’application identique, on
peut écrire l’équation intégrale (1) :
puisque (6) donne la solution unique de
(1’) (1-hJi)y =f,
(1) les opérateurs 1~ hJC et 1 + hÇ, sont
et sa résolution revient à inverser l’opéra- inverses l’un de l’autre, d’où résulte, pour
teur 1 -LX ; or (3) permet de déterminer h/llS.l/ < 1 et luII/3cll < 1, la relation
la norme de l’opérateur X : fondamentale entre noyaux résolvants :
605
INTÉGRALES ÉQUATIONS
Vito Volterra étudia le cas particulier 1 < n < p, a pour limite, quand le plus
A = [a, b], a < b, K(x, 5) = 0 pour grand des diamètres des o,, tend vers 0, le
< > X, K(x, i) fonction continue de (x, 5) monôme :
pour a < 5 < s < b. Dans ce cas, l’équa-
tion (1) s’écrit : (9) ys,“K(;; 1:: *$ix,...dx,,
606
INTÉGRALES ÉQUATIONS
xième théorème de Fredholm affirme que si .Y ,, ,.., .Y,, sont deux à deux distincts.
chacune des équations homogènes (2) et : d’où :
(3 z(x) = A K(i,x)z(E)dS
sA
D(h) = exp -A bK(x,x)dx
[ sa 1
a des solutions formant un espace vectoriel Le rus de Gouwit est celui où le noyau
de dimension finie r/(A) > 0 commune aux K est de la forme :
deux équations et au plus égale à l’ordre de
multiplicité de la racine A de la détermi-
K(x, E) = 2 h,(x)k,(S),
nante. i=l
Si j’ est solution de (1) et z solution de
(2), on a :
les h, étant linéairement indépendantes
dans C(A), ainsi que les k,. Dans ce cas, on
- A K(E,x)y(x)z(C)dxdt = 0,
sA.2
d’où d(A) conditions linéaires que le second Ki;: y:: ;+O,
membref’de ( 1) doit vérifier pour que (1)
ait une solution ; le troisième théorème de pour n > p : dont D(A) est un polynôme
Fredholm affirme que ces d(h) conditions de degré < p et le noyau K a au plus 17
nécessaires sont aussi suffisantes. valeurs singulières.
De ces trois théorèmes se dégage l’ulteu- Le noyau K est dit hrrmitien si :
native de Fredhholm : i-c Es K,
607
INTÉGRALES É QUATIONS
cas particulier de Goursat étant exclu, on Sous ces hypothèses, réalisées en par-
a les formules : ticulier si K est continu sur le compact A’,
que l’on munisse C(A) de la norme :
( l l a ) C~=~~K",(x,x)dx,n~2,
mEN m
et :
comme aux chapitres 2 et 3, ou que l’on
(llb) D(h)=exp [ -AJAK(x,x)dx
' 1 munisse C(A) de la norme :
x JJ(l+)exp;.
mtïv
définissant une topologie strictement
La richesse et la précision des résultats moins fine, l’opérateur intégral 3c a cette
obtenus dans cette théorie, pour des propriété (obtenue en appliquant le théo-
noyaux quelconques et plus encore pour rème d’Ascoli à la suite bornée équicon-
des noyaux hermitiens, ne sont pas seule- tinue XJ‘J que, pour toute suite y,, bornée
ment admirables par elles-mêmes : elles ont dans C(A), la suite Xl’,, contient une suite
contribué largement à l’essor, au xxe siècle, partielle convergente dans C(A).
de l’analyse fonctionnelle en général, à Cette propriété de l’opérateur ?n fut
l’essor de la théorie des opérateurs linéai- dégagée, puis étudiée dans un espace
res et a celui de la théorie des espaces vectoriel normé quelconque E, par le
préhilbertiens ou hilbertiens en particulier. Hongrois Frédéric Riesz, sous le nom de
cornpl?te continuité. auquel on préfère
aujourd’hui celui de compucité : elle
5. Opérateurs compacts entraîne en effet la continuité de l’opéra-
teur, mais s’oppose à ce qu’il ait un inverse
continu, du moins si E est de dimension
Propriété de compacité
infinie.
L’inégalité de Schwarz, appliquée à (3) La seconde norme sur C(A) indiquée
donne : ci-dessus a sur la première l’avantage de
munir C(A) d’une structure préhilber-
tienne (cf. espace de HILBERT, chap. 1)
permettant de considérer d’autre part des
et :
opérateurs autoadjoints (cf. ci-dessous).
.2(x’)-z(x)12
Valeurs spectrales
Soit E un espace vectoriel normé quelcon-
Ces inégalités suggèrent les hypothèses que et ;h: E C(E, E) : on dit qu’un nombre
suivantes sur le noyau K : l’espace C’(A) complexe 5 est valeur spectrale de X si
contient chaque fonction : l’opérateur 5; ~ 51 n’est pas inversible
dans C(E, E), valeurpropre de 3c si .X - 61
Kx :Fi+.K(x.E)
n’est pas injectif ; ceci entraîne ceia, et
et l’application .Y + K, est une application réciproquement, si E est de dimension
continue de A dans C’(A). finie.
608
INTÉGRALES É QUATIONS
c S,y,,
telles valeurs. elles sont en nombre fini ou n n
In=0 rn=l
forment une suite tendant vers 0. (12) Y= Ym, KY =
c
609
INTÉGRATION & MESURE
dans C(A), associé a un noyau K hermitien à l’œuvre et de montrer comment elles lient
mais non noyau de Goursat, donc possé- les aspects les plus élémentaires de la
dant une suite de valeurs spectrales, on a théorie de la mesure aux développements
pourtant le remarquable théorème de les plus généraux de la théorie de l’inté-
Hilbert-Schmidt, d’après lequel la deu- gration.
xième série (12) converge uniformément
vers la fonction 3;~. ?!5
MICHEL HERVÉ
1. Le problème initial
Bibliographie Généralités
C. CORDUNEANU, Integrul Equufions and Applicu-
/ion Cambridge Univ. Press. New York, 1991 / Mesurer est une activité dont l’existence
R. COURANT & D. HILBERT, Merhods of muthrmaticrrl
est attestée dans toutes les sociétés histo-
Physi<s, vol. 1. J. Wiley, New York, 1989 / J. DIEU-
DONNÉ. Éléments d’unalw. 9 vol.. Gauthier-Villars. riques, et il est assez surprenant de cons-
Paris, 1975-1983 1 E. ‘GOUR~AT, Cours d2mul~.w tater que ce n’est que dans un passé
mathémutique. vol. III, fac-sim. de l’éd. Gauthier- relativement récent, au début du xxe siècle,
Villars, 1923-1925, Gabay Sceaux, 1992 / J. GUY & que la réflexion mathématique a com-
A. SALÈS. Integral Equations in Ewryday Practiee,
Lavoisier, Paris. 1991 / H. HOCHSTADT, Intrgrul mencé à en établir une théorie claire et
Equutions, Wiley, New York, 1989 / M. KRASNOV et cohérente.
al., Équutions int~grules, M.I.R.. Moscou-Paris, Il faut tout de suite remarquer que le
1977 1 R. KR E S S , Lineur Integrul E q u a t i o n s ,
Springer-Verlag, New York, 1989 / D. PORTER &
problème, pris dans sa plus grande géné-
D . S . STIRLING, Integrul Equuliom A Pruc/icul ralité, reste encore mystérieux : on ne sait
Treatmenr. ,fiom Spectral Tluwy to Applicutions, pas encore très clairement, par exemple, le
Cambridge Univ. Press, 1991 / F. RIESZ & sens qu’il faut donner au mot u mesurer »,
B. Sz. NAGY, Leçons dirnal~.~r,f0nctionnrIle, fac-sim.
de l’éd. Gauthier-Villars, Paris, 1955, Gabay, 1990 / ni même si on peut vraiment lui donner un
A. F. RUSTON, Fredholm Theory in Bunach S~uces, sens dans le domaine des sciences humai-
Cambridge Univ. Press, New York, 1986 / V. VOL- nes, bien qu’on ait l’impression qu’une
TERRA, LeCon. sur les @quations inl6gralrs ef inGgro-
d@&entielles, ibid., Paris. 1913.
bonne conception de la mesure puisse y
être l’origine de progrès décisifs.
Il faut encore remarquer que le mot
N mesure )) a, en mathématique, un sens
plus restreint qu’en physique, et que ce que
INTÉGRATION & MESURE le mathématicien appelle théorie de la
mesure ne s’applique directement qu’à une
partie de l’activité du physicien et ne vise
610
INTÉGRATION & MESURE
611
INTÉGRATION & MESURE
aires, ce que l’on peut décrire sous une bijection du plan sur le plan qui conserve
première forme en disant que, si une la distance), on a :
région R apparaît comme formée de deux
~[T(A)] = m(A).
régions R, et R, (( qui n’empiètent pas
l’une sur l’autre )), l’aire de R est la somme Cette définition précise étant donnée, deux
des aires de R, et de R1. Deux régions telles problèmes se posent : Existe-t-il de telles
que l’on puisse les (( transporter )) (au applications ? Si oui, en existe-t-il une
moins idéalement) l’une sur l’autre ont des seule, ou plusieurs ? Il est clair que, s’il en
aires égales. existe une, que nous appellerons rn, et, si
Si l’on veut préciser ces idées, il faut h est un réel positif fixe, hm en est une
d’abord savoir ce que l’on entend par autre. L’unicité recherchée ne sera donc
(< région » du plan. Le plan étant considéré qu’une unicité à un facteur près, Cela dit,
comme un ensemble dont les éléments la réponse aux questions posées est si peu
sont les points, le projet le plus ambitieux évidente qu’on a, en réalité, les résultats
sera de considérer que tout sous-ensemble suivants. Il existe une telle application dans
du plan doit avoir une aire. Cela signifie- le cas du plan, mais l’unicité n’est pas
rait donc que l’on peut définir une appli- assurée. Il n’existe pas de telle application
cation m (appelée mesure universelle) de dans l’espace euclidien à trois dimensions
l’ensemble Y(P) de toutes les parties du (où l’on parle alors de volume et non plus
plan P dans l’ensemble des nombres réels d’aire), ni pour les espaces euclidiens à plus
positifs, et que cette application a les de trois dimensions.
propriétés d’additivité et d’invariance par
isométrie. Espaces mesurés
A&itivitk. Pour tout couple (A, B) de La non-existence ou la non-unicité amè-
parties disjointes du plan (c’est-à-dire telles nent à restreindre nos ambitions initiales et
que A f’ B = @), on a : à reposer le problème en essayant de
m(AUB)=m(A)+m(B). définir l’application non pas sur l’ensemble
de toutes les parties du plan ou de l’espace,
Cette condition peut être également mais sur un sous-ensemble. Pour donner
formulée sous la forme équivalente sui- une formulation plus générale, nous allons
vante : abandonner le plan et supposer que l’on
part d’un ensemble X quelconque : Sur
m(0)=&
quelles parties .& de T(X) est-il raisonnable
et alors, pour tout couple de parties (A, B), de chercher à définir une application
du plan : additive ?
Une première exigence est que, si A et
m(AUB)+m(AnB)=m(A)+m(B);
B sont deux parties disjointes de X qui
ce qui permet de préciser le sens de (< ne appartiennent à -t, leur réunion appartient
pas empiéter l’un sur l’autre 0 par « avoir aussi à .A. Mais il est plus commode
une intersection d’aire nulle ». d’exiger que, quelles que soient les par-
Invariance par isombtrie. Quelle que ties A et B éléments de -t, alors A U B soit
soit la partie A du plan, et quelle que soit aussi élément de it. L’ensemble A U B est
l’isométrie r du plan (une isométrie est une d’autre part la réunion de A et de B - A,
612
INTÉGRATION & MESURE
qui sont disjoints, et il est commode que de T(X) : on dit alors que ce clan est
B - A appartienne aussi a 4. engendré par la partie. On peut montrer
Ce qui s’est effectivement révélé être la qu’il existe des mesures non triviales (c’est-
bonne structure pour l’ensemble 4 est à-dire ne prenant pas uniquement la valeur
exprimé par la condition suivante : Pour 0) sur tout clan.
tout couple (A, B) d’éléments de -4, alors Voici des exemples usuels et importants
A U B et A ~ B sont éléments de 4. (On d’espaces mesurés.
peut montrer que cette condition est équi- (a) X = R, et A est l’ensemble des réu-
valente au fait que la différence symétrique nions finies de semi-segments [u, h[
An B et l’intersection An B sont élé- (u < x < h), avec ~([a, h[) = b ~ a. Il y a
ments de -4, si A et B le sont.) On dit alors invariance par rapport aux translations de
que 4 est un clan de parties de X, ou R. Cette mesure n’est autre que la lon-
quelquefois un anneau de Boole (4 a une gueur. On notera qu’il est préférable de
structure d’anneau pour les opérations n et considérer la longueur comme une applica-
f' (cf. ANNEAUX ET ALGÈ BRES, chap. 2). tion de :t dans R+, plutôt que de parler de
On dira alors qu’une application addi- la mesure de la longueur, qui, ou bien est un
tive nz de 4 dans l’ensemble R+ des pléonasme, ou bien se réfère à un concept
nombres réels positifs est une mesure (en de longueur défini indépendamment, ce qui
précisant, si besoin est, simplement addi- complique inutilement la situation.
tive) ou encore une étendue (content, (h) X est un segment [CT, l3] de la droite, ct
Znhal& La situation fondamentale est le îc est le clan engendré par les semi-
triplet (X, il, w), où .4 est un clan de segments [a, h[ et les segments [(I, l3]. On
parties de X, et WI une application additive définit ni au moyen d’une fonction positive
de “ 4 dans R’. Un tel triplet est souvent croissante g définie sur [o, fi] en posant
appelé un espuce mesuré. N[u, .Y[) = d-x) et m([a, PI) = g(P). On
Dans certains cas, il peut être intéres- peut interpréter m comme une masse. Si g
sant (comme dans le cas de l’aire et du n’est pas affine, cette masse m n’est pas
volume) d’avoir une propriété d’inva- (( uniformément répartie » .
riante par rapport à un sous-groupe G du (c) X est le plan et Sz. est l’ensemble des
groupe des bijections de X sur X, ce qui réunions finies de rectangles dont les côtés
signifie que, pour tout g E G et tout ont des directions fixes, et la mesure d’un
A E 4, on ag(A) E 4 et HT~(A)] = n?(A), rectangle est le produit des longueurs de ses
mais la théorie ne se limite pas a ce cas. côtés. Il y a invariance par rapport au
L’exemple le plus ancien d’espace groupe des translations du plan.
mesuré qui ait été considéré par l’humanité (cl) X est un ensemble d’éventualités, 4 un
est celui où X est un ensemble, .-t l’ensem- clan d’événements, avec X E A, et m une
ble de ses parties finies, et n?(A) le nombre probabilité, à qui est imposée la condition
d’éléments de la partie finie A, et l’on peut m(X) = 1.
dire que c’est à partir de ce cas, par Les exemples les plus classiques repré-
extensions successives, qu’a été dévelop- sentés par ce schéma concernent, comme
pée toute la théorie de la mesure. ci-dessus, les longueurs, les aires, les volu-
Notons que, l’intersection d’une famille mes, les masses et les probabilités : l’inclu-
de clans étant un clan, il existe toujours un sion de la théorie des probabilités dans la
plus petit clan contenant une partie donnée théorie de la mesure (A. Kolmogorofl) a
613
INTÉGRATION & MESURE
été l’origine du développement moderne Dans le cas des aires planes, partant de
de la première et d’un considérable enri- l’espace mesuré de l’exemple (c), on trouve
chissement de la seconde. tous les ensembles qualifiés classiquement
de quarrubles, et l’espace mesuré est inva-
Extension d’une mesure riant pour les isométries du plan : on
obtient l’aire classique la plus générale.
La formulation moderne du problème que
les mathématiciens s’efforçaient de résou-
dre en calculant les mesures d’ensembles
de plus en plus complexes est la suivante : 2. Linéarisation
Étant donné un espace mesuré (X, rt, m), et intégrale de Riemann
est-il possible de déterminer d’autres tri-
plets (X, 2, ti), où St C .2 et où fi est une Soit (X, ;t, m) un espace mesuré. À chaque
extension de nr à ,i ? élément A de Sz, associons sa fonction
L’idée d’une solution remonte-t-elle caractéristique (Pu et considérons les com-
aussi à Eudoxe ? Soit A une partie de X binaisons linéaires à coefficients réels de
n’appartenant pas à jt, mais telle qu’il ces fonctions caractéristiques : on obtient
existe au moins un élément fi E Jt avec des fonctions dites étagées (relativement à
A C l3. On considère alors tous les éléments St) et leur ensemble V a une structure
a E “A tels que LX C A (il en existe : il y a au naturelle d’espace vectoriel réticulé. Si cp et
moins l’ensemble vide) et tous les éléments w sont deux éléments de V, SU~(C~, y) et
f3 E yt tels que A C l3. On a donc : inf(cp, y) appartiennent aussi à V.
aCACp. On peut alors associer à m une forme
linéaire 1 sur V, en posant :
Or, m étant additive et positive, m est
croissante (c’est-à-dire que a C l3 entraîne
m(a) < m@)). On en déduit alors que la
I(d) = c LmGW
borne supérieure de l’ensemble des nom- pour :
bres m(a) est au plus égale à la borne
inférieure de l’ensemble des nombres ‘p= Ai’pA,,
c
m(B). L’idée est que l’on pourra étendre m
aux ensembles pour lesquels ces deux et l’on vérifie que, si <p s’exprime de deux
bornes sont égales, et le résultat qui justifie manières différentes comme combinaisons
tous les calculs classiques est le suivant : La linéraires de fonctions (Pu,, on obtient bien,
famille des ensembles A pour lesquels la dans les deux cas, la même valeur pour
borne supérieure des m(a) et la borne I(q). La linéarité de 1 est évidente. En
inférieure des m(o) sont égales est un outre, si ‘p > 0, on a I(<p) > 0.
clan ;t qui contient & et, en posant : On peut alors poser un problème
d’extension de la forme 1 à un espace
61 (A) = sup m(a),
vectoriel contenant V. Le procédé classi-
on obtient une mesure sur “ 2 dont la que de l’intégration de Riemann est l’ana-
restriction à ;t est m. En général, “ 2 est logue du procédé d’Eudoxe pour l’exten-
strictement inclus dans !r(X), et I’applica- sion des mesures et peut être ainsi décrit.
tion du même procédé à (X, .k, ti) On considère les fonctionsfdéfinies sur X
redonnerait le même triplet. à valeurs dans R, qui ont la propriété
614
INTÉGRATION 8s MESURE
d’être bornées et de s’annuler hors d’un Une fonction v à variation bornée étant
ensemble A/E -t. On peut encadrerfpar la différence de deux fonctions croissantes
des fonctions étagées cp et w telles que p et n, on peut définir l’intégrale de toute
<p < f < w. On a donc : fonction continue f’ par rapport à v en
posant :
I(9) G I(v),
suPwf)l<p~V,<p <fl
et on a :
on montre que l’ensemble des fonctions
pour lesquelles l’égalité a lieu dans la
< Va, LMf I,
formule précédente est un espace vectoriel
réticulé V qui contient V, et que, si l’on
prend pour î(f) la valeur commune aux
où 1l.f I/ est la norme uniforme de f, définie
par :
deux bornes, on définit sur 9 une forme
linéaire positive î qui prolonge 1.
Tel est l’essentiel de l’intégration au
sens de Riemann. Remarquons que, par- V(~X, p) est la variation absolue de v entre
tant de (X, ;t, m), la famille des ensem- a et D, soit :
bles A dont les fonctions caractéristiques q
appartiennent à Y n’est autre que “2, et que V(a, IV = SUP c lf(xk)-f(XkkL)l?
î(<p) n’est alors autre que h(A). On ne perd k=,
donc rien, et on gagne beaucoup à procé- où la borne supérieure est prise par rap-
der à cette linéarisation et à travailler sur port à l’ensemble des subdivisions finies
des espaces vectoriels de fonctions et sur a = x0 < x, < < x,, ~, < x,, = fl de
leurs formes linéraires positives. l’intervalle [c(, 01,
Un problème technique concernant Autrement dit, sur l’espace de Banach
cette intégration est de savoir, suivant des fonctions continues réelles définies sur
l’espace mesuré (X, SC, wz), ou l’espace V, [c(, 81, les intégrales de Riemann-Stieltjes
dont on part, si l’on peut caractériser indé- sont des formes linéaires continues. En
pendamment de l’intégration les fonctions 1909, F. Riesz a prouvé qu’elles étaient les
de 9 : dans cet ordre d’idées, si X est seules.
localement compact, et si “ 4 contient tous
les compacts de X, toutes les fonctions
3. La théorie de Lebesgue
continues à support compact appartien-
nent à V. Plus particulièrement, si (X, & m) L’odditivité dénombrable
est l’espace mesuré de l’exemple (b), où nz
On s’est efforcé, dans ce qui précède, de
est définie à partir d’une fonction crois-
mettre en lumière les idées implicites
sante g, toutes les fonctions continues réel- essentielles de la théorie classique de la
les sur [c(, fl] sont intégrables, et l’intégrale mesure et de l’intégration telle qu’elle s’est
est appelée l’intégrale de Riemann-Stieltjes développée non sans difficultés des Grecs
par rapport à g et est souvent notée : à Riemann, et qui constitue ce que l’on
peut appeler la théorie élémentaire de la
mesure.
615
INTÉGRATION & MESURE
616
INTÉGRATION 8, MESURE
droite, rt le clan engendré par les seg- c’est ce qui est réalisé pour les longueurs,
ments, et m la longueur. Le même proces- les aires, les volumes...
sus peut être appliqué à la droite entière,
et la mesure obtenue, qui prolonge la L’intégrale de Lebesgue
longueur et qui est invariante par transla- En même temps qu’il démontrait l’exis-
tion, est appelée mesure de Lebesgue de la tence de mesures o-additives, Lebesgue
droite. (Le même procédé réussit pour les définissait l’intégrale qui porte son nom.
aires, les volumes et l’on parle encore de Dans le cas simple de fonctions réelles
mesure de Lebesgue dans R’, R3, R”.) bornées nulles hors d’un élément de 3 de
Il faut noter que 3 est en général mesure finie, le processus indiqué pour
strictement incluse dans :I’(X) et on démon- l’intégrale de Riemann conduit, a condi-
tre par exemple, dans le cas de la droite, tion de partir des fonctions étagées relati-
qu’il est impossible d’étendre la mesure de ves à (X, 83, u), à l’intégrale de Lebesgue.
Lebesgue à !J(X) tout entier. Les fonctions bornées nulles hors d’un
La tribu 3 dépend de J+ et de w, mais ensemble mesurable de mesure finie qui
3 contient toujours la plus petite tribu sont intégrables sont alors exactement
contenant A. En particulier, dans le cas de celles que Lebesgue a appelées mesurables,
R”, la tribu des ensembles mesurables au c’est-à-dire celles qui donnent pour image
sens de Lebesgue (;t étant le clan engendré réciproque de tout borélien de R un
par les produits d’intervalles bornés, appe- ensemble mesurable (c’est-à-dire apparte-
lés pavés, et m le volume n-dimensionnel) nant à 3). Signalons en passant que cette
contient la tribu engendrée par les pavés, notion de fonction mesurable (dont la
qu’on appelle tribu horélienne de R”, elle dénomination n’est d’ailleurs pas heu-
contient tous les ouverts et tous les fermés reuse) est très importante et se définit de
de R”. (Ses éléments sont appelés boréliens façon générale dans la situation suivante :
de R”.) & étant une tribu de parties d’un ensemble
Dans tous les cas, la tribu 3 est X, et 3 une tribu de parties d’un ensemble
complète par rupport à p, en ce sens que, si <p, une application f de X dans cp est dite
A E 3 avec p(A) = 0, toute partie de A (A, %)-mesurable si l’image réciproque de
appartient aussi à 33 et a aussi une mesure tout élément de 3 est un élément de it. Si
nulle. Le triplet (X, 3, u) a été construit à une mesure u a été définie sur Je, cela
partir du triplet (X, .&, m) et on a St C 3 ; permet d’en définir une v sur 3, en posant,
u est-elle une extension de m ? En général, pour tout B E 33 :
on a seulement pour c( E .k : 0) = PV-WI.
Na) 6 m (a) ; Pour les fonctions bornées, la différence
l’égalité est assurée pour tout o E .k, si et essentielle entre l’intégration de Riemann
seulement si, pour tout élément c( de A qui et celle de Lebesgue réside dans le fait que
la première part d’un clan et d’une mesure
est réunion d’une famille dénombrable
simplement additive et la seconde d’une
d’éléments deux à deux disjoints o,, de rt,
on a : tribu et d’une mesure o-additive, fait qui
avait été obscurci par certains commen-
m(a) = taires déclarant que, dans le cas de fonc-
m@J;
c tions réelles définies sur un segment de R,
IEN
617
INTÉGRATION & MESURE
618
INTÉGRATION & MESURE
utilisent le terme de mesure de Rudon pour où la borne inférieure est prise par rapport
désigner non plus des fonctions o-additives à l’ensemble des suites cf,) de fonctions de
d’ensembles, mais les formes linéaires V telles que :
décrites ci-dessus.
Un autre pas en direction de la linéa-
risation fut accompli par l’Américain
P. J. Daniell, qui exposa une théorie de on a alors :
l’intégration comme méthode de prolon-
gement d’une forme linéaire positive pré-
sentant une « continuité » convenable.
Une théorie de l’intégration est d’abord on se restreint alors à l’ensemble G des
l’étude du prolongement d’une forme fonctions f pour lesquelles NCf) est ,fini.
linéaire, continue en un certain sens, sur un L’ensemble G est un espace vectoriel qui
espace vectoriel de fonctions a un espace contient V et sur lequel N est une semi-
vectoriel plus vaste. Le cœur de la question norme.
est que cet espace plus vaste se présente Le résultat essentiel est que G est
naturellement sous deux formes différentes complet pour cette semi-norme.
- comme complété d’un espace vectoriel (c”) On considère alors l’adhérence v de
topologique dont les éléments sont a priori V dans G qui est un espace complet pour
des classes d’équivalence de suites de la semi-norme N ; on peut prolonger de
Cauchy (cf. espaces MÉTRIQUES, espaces manière unique, par continuité, 1 en une
vectoriels NORMÉS), ou comme quotient, forme linéaire T continue (relativement à
relativement à une relation d’égalité pres- N) sur v. Puisque Ï s’annule sur le
que partout, d’espaces de fonctions) - dont sous-espace des fonctions telles que
il s’agit de montrer qu’elles sont isomor- Nef) = 0, on peut définir une forme J sur
phes. l’espace quotient W de v pour la relation
Voici le schéma d’une telle théorie d’équivalence Nef-g) = 0, et ‘I7 est un
(selon M. H. Stone). espace de Banach. Si, comme c’est souvent
(a”) Le départ est un espace vectoriel V le cas, Nef) = 0 entraîne ,f= 0 si f E V,
réticulé d’applications d’un ensemble X alors V est isomorphe à un sous-espace de
dans R, contenant inf( 1, f) s’il contient A Y7 et on peut considérer J comme le
et une forme linéaire positive 1 sur V telle prolongement de 1 de V à ‘17.
que : I et V ont toutes les propriétés signalées
plus haut pour l’intégrale de Lebesgue et
les espaces Ct(X, 3, u) ; V est l’espace
C’(X, 3, p) pour la tribu 3 engendrée par
(h”) Cela étant, on associe à toute appli- les ensembles E dont les fonctions carac-
cation f de X dans R la quantité NCf) téristiques a p p a r t i e n n e n t à 7, a v e c
(réelle positive ou égale à + 00) définie y(E) = I(X,). L’espace v correspond a
par : L’(X, 3, ~1) et J est la forme déduite de
l’intégrale par le passage au quotient.
N(f) = inf ( 1 I( If, II) Une situation extrêmement importante
“EN déjà signalée, mais qui entre dans ce cadre
619
INTÉGRATION & MESURE
général, est le cas où V est l’espace des fonc- Pour II= 2, on a q = 2 et l’espace L’
tions réelles continues à support compact est isomorphe à son dual topologique.
définies sur un espace localement compact L’inégalité de Holder prend la forme
et où 1 est une forme linéaire continue sur V particulière appelée inégalité de Schwarz :
muni de la topologie de la convergence
compacte, c’est-à-dire le cas des mesures de
Radon, qui s’expriment comme différences
de deux formes positives. J”dg du ne dépend que des classes def et
Enfin signalons, sans donner le moindre de g et permet de définir un produit
détail, qu’il est possible de définir, en en scalaire sur L’ qui apparaît alors comme
conservant la linéarité et une continuité un espace de Hilbert et joue un rôle
convenablement définie, des intégrales à extrêmement important en analyse harmo-
valeurs non plus seulement réelles, mais nique et en physique quantique.
dans C, dans R” et plus généralement dans On désigne par C” l’espace des fonc-
les espaces vectoriels topologiques locale- tions mesurables bornées presque partout.
ment convexes. C’est un espace vectoriel sur lequel on peut
définir une semi-norme N=(J), égale au
Espace Lp plus petit réel positif k tel que l’ensemble :
Mesure de Haar
est une semi-norme. La relation N,(J) = 0 La longueur, l’aire, le volume sont des
est équivalente à l’égalité presque partout, mesures de Radon invariantes par les
et l’espace quotient relativement à cette translations de R, R’, R3.
relation, L”(X, 3, u), est normé et complet. Un résultat très général et très impor-
De plus, si p > 1. le dual topologique tant, dû à Haar, généralise cette situation :
de Lp est isomorphe à L<’ si : Soit G un groupe topologique localement
compact, dont l’opération est notée mul-
‘+LJ, tiplicativement. Si s est un élément du
P 4
groupe, à toute fonction continue à sup-
et on a l’inégalité dite de Holder, pour port compactfon peut associer la fonction
fE Lp et g E 1” : f,, également continue à support compact.
définie par :
620
INTÉGRATION & MESURE
p(B) = 0 = v(B) = 0.
est dérivable et admetf‘(‘c) pour dérivée au La fonction f n’est évidemment déter-
point x. minée que presque partout, mais est uni-
En vertu de ce théorème, intégration et que à cela près, et peut être considérée
dérivation sont souvent présentées comme comme une densité de la mesure v par
des « opérations inverses » l’une de l’autre. rapport à la mesure IJ- : c’est, en fait, la
En réalité, la recherche des primitives meilleure manière et la plus générale de
(ce qui est vraiment l’inversion de la
concevoir la notion de densité.
dérivation) et l’intégration ne coïncident
nullement, car les fonctions intégrables ne ANDRÉ REVUZ
sont pas toutes des fonctions dérivées, et
les fonctions dérivées ne sont pas toutes
intégrables. Bibliographie
Le problème de la recherche des pri- R. COUTY & J. AZRA, Anulyx, Armand Colin, Paris,
mitives de la fonction dérivée la plus 5’ éd. 1980 / P. DEHEUVELS , L’lntégruL. coll. Que
générale a été résolu par A. Denjoy dans sais-je ?. P.U.F., 1986 1 P . HALMOS, Me~sure Theory.
Springer-Verlag. New York, 1991 / H. LEBESGUE.
sa belle et difficile théorie de la totalisa- LC~OIZS SUI Iïnfégruriun, Gauthier-Villars. Paris,
tion. 1928, reprod. en fac-sim. J. Gabay, Paris, 1989 / Lrr
Mais le problème peut être présenté ~Wsure &.Y grarrrleurs, Blanchard, Paris, 1975 /
autrement : partant d’un espace mesuré J. NEVEU, Brrses mathbnutiqurs du dd des pro-
babilités, Masson, Paris, 2’ éd. 1970 / J. NEVEU &
(X, 3, cl) et d’une fonction intégrabIef; on M. MÉTI~~ER, Th&rir de la rnc~wre rt de lïntégrution.
peut définir une mesure v sur 3, en École polytechnique, Palaiseau, 1983 / K. Vo KHAC.
prenant pour valeur v(A) de la mesure Mesure, intégrution, conwlutio~7 P! una!vssr de Fou-
d’un élément A de 3 l’intégrale de fxA, où rier, Marketing, Paris, 1984.
621
LIMITE NOTION DE
LIMITE NOTION DE
géométrique, et la notion de limite n’est
pas très clairement définie : on dit simple-
ment que le rapport considéré peut devenir
622
LIMITE NOTION DE
niments petits, langage commun aux limite s’est progressivement clarifié au xrx’
mathématiciens continentaux du XVIII~ siè- siècle : dès 1800, C. F. Gauss avait une
cle. conception extrêmement claire de la limite
Quelques successeurs de D’Alembert d’une suite de nombres réels (a,), puisqu’il
ont donné des exposés du calcul infinité- la définit (dans un travail inédit Notions
simal fondés sur la notion de limite. On ,fondamentales sur la théorie des suites)
peut citer A. G. Kastner, An&zgsgründe comme la valeur commune à lim sup CI, et
d e r Analysis d e s Unendlichen (1161) lim inf a, lorsque ces deux limites extrê-
ouvrage assez maladroit qui comporte des mes, qui sont définies de manière précise,
incohérences ; S. L’Huillier, Exposition coïncident. A. L. Cauchy a imposé la
élémentaire des principes des calculs supé- notion de limite à la base du calcul
rieurs (1787), primé par l’Académie de infinitésimal ; la définition qu’il en donne
Berlin, où les limites sont présentées est encore un peu vague : <( Lorsque les
comme une interprétation de la u méthode valeurs successivement attribuées à une
d’exhaustion )) des mathématiciens grecs : même variable s’approchent indéfiniment
sa définition de limite n’est pas plus claire d’une valeur fixe, de manière à finir par en
que celle de D’Alembert, et toujours en différer aussi peu que l’on voudra, cette
langage géométrique, « Étant donné une dernière est appelée la limite de toutes les
quantité variable, toujours plus petite ou autres » (résumé des (( leçons )X données à
plus grande qu’une quantite donnëe ; mais l’École royale polytechnique sur le calcul
qui peut différer de celle-ci de moins infinitésimal, 1823) ; mais il introduit une
qu’une quantité arbitraire, si petite soit- notation lim pour la limite, et il montre sur
elle ; cette quantité constante est appelée la des exemples numériques comment se
limite en grandeur ou en petitesse de la comportent les limites.
quantité variable ». Le Traité de calcul La définition très précise de limite que
diJ&entiel et intégral de Lacroix (1797) l’on donne encore dans les cours remonte
qui a connu de nombreuses rééditions et a à Weierstrass, promoteur du (( style des
été traduit en anglais, est aussi fondé sur la epsilons )). Pour que la théorie soit entiè-
notion de limite, et il a sans doute beau- rement claire, il ne manque alors qu’une
coup fait pour populariser cette notion. théorie satisfaisante des nombres réels, qui
La mise en œuvre de la notion de limite permettrait d’établir l’existence d’une
au XVIII~ siècle se heurtait à un certain borne supérieure pour une partie non vide
nombre d’obstacles : le langage géométri- majorée et de démontrer le critère de
que ne fournissait pas un domaine numé- Cauchy, admis jusqu’alors comme une
rique homogène où développer la théorie, évidence ; diverses théories des nombres
et la notion générale de fonction n’était pas réels ont été élaborées vers 1860-1870
encore assimilée. Il était donc difficile de (Dedekind, Weierstrass, Méray, Cantor).
concevoir clairement comment une gran- La notion de limite a été étendue hors du
deur ou un rapport variable tendaient vers cadre numérique par la topologie générale
leurs limites : des objections du genre de au xxc siècle ; dans les espaces métriques,
celle de Zénon d’Elée pouvaient être oppo- on peut tout ramener à la définition de la
sées, ce qui faisait dire à Lagrange que la limite d’une suite de points, qui est formel-
notion de limite paraissait soulever des lement identique à la définition de la limite
difficultés métaphysiques. Le concept de d’une suite de nombres, mais dans les espa-
623
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
ces plus généraux, les suites ne suffisent considéré comme module sur l’algèbre de
plus : on a d’abord utilisé une sorte de ce groupe, et à l’étude des formes quadra-
généralisation des suites, avec un ensemble tiques sur Z. Enfin, ces dernières années
d’indices non dénombrable (convergence à ont été introduites l’algèbre homologique
la Moore-Smith), puis la notion de jiltre et, plus généralement, la théorie des caté-
introduite par H. Cartan (1937) ; de cette gories abéliennes, permettant d’appliquer
dernière notion est dérivée celle d’ultrafiltre la théorie des modules à des domaines où
qui a fourni un puissant moyen de construc- elle semblait inopérante (théorie des fibrés
tion et de démonstration en topologie géné- vectoriels et des faisceaux).
rale et en logique. On trouvera un aperçu historique plus
complet dans l’article A L GÈ BRE . D’autre
CHRISTIAN HOUZEL
part, on trouvera des détails sur les appli-
cations de l’algèbre linéaire dans de nom-
breux articles tels que GROUPES - Groupes
classiques et géométrie, Groupes de Lie et
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE théorie des N O M BRES - N o m b r e s a l g é b r i -
ques. Bien entendu, la liste précédente
ALGÈBRE
n’est pas exhaustive : on pourrait, à la
limite, affirmer que l’algèbre linéaire a
L 7 algèbre linéaire sur un corps commu- envahi tous les domaines des mathémati-
tatif, telle qu’on la trouvera présentée ques. À titre d’exemple, on consultera les
ici, s’est progressivement dégagée, au cours applications à la théorie des équations
du XIX~ siècle et au début du XX~, de la algébriques et à l’analyse fonctionnelle (cf.
théorie des équations linéaires (systèmes de &qUatiOIX aux DÉRIVÉES PARTIELLES, DISTRI-
n équations linéaires à p inconnues, équa- BUT IONS, algèbres NORMÉES, espaces vecto-
tions différentielles et intégrales linéaires) riels NORMÉS).
et de la géométrie (calcul vectoriel dans les Dans le présent article sera d’abord
espaces affines, transformations des espa- exposée la théorie des espaces vectoriels
ces projectifs, dualité pour les sous-variétés sur un corps commutatif, indépendam-
linéaires et les quadriques, structure même ment de la notion de dimension. L’expli-
de la géométrie). L’algèbre multilinéaire citation des résultats obtenus lorsque les
sur un corps commutatif a pris naissance espaces vectoriels sont de dimension finie
dans la théorie des invariants et dans la et munis de bases fait l’objet du paragra-
partie de la géométrie différentielle consa- phe consacré au calcul matriciel. Dans
crée au calcul tensoriel. Plus récemment, cette partie, l’exposé reste élémentaire, et
on a développé l’algèbre linéaire sur un la plupart des théorèmes sont accompa-
anneau afin d’appliquer les méthodes de gnés de démonstrations. Suivent quelques
l’algèbre linéaire sur les corps à la théorie indications sur l’algèbre tensorielle et la
des groupes abéliens, considérés comme théorie des modules.
Z-modules, à la théorie des entiers algébri- En ce qui concerne la réduction des
ques sur un anneau commutatif unitaire, endomorphismes et la théorie des formes
considérés comme éléments d’un module quadratiques, on se reportera aux articles :
sur cet anneau, à la représentation linéaire théorie S P E C T R A L E et formes QUADRATI-
d’un groupe dans un espace vectoriel, QUES.
624
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
625
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
est un espace vectoriel sur K, appelé Par exemple, soit E l’espace vectoriel
espace vectoriel produit de la famille des fonctions à valeurs réelles définies sur
(FI),E,. (Lorsque tous les espaces vecto- R et CLLEN la famille des fonctions
riels Fi sont égaux à un même espace monomiales f, : x - .Y. Les combinaisons
vectoriel F, l’espace produit n’est autre que linéaires de ces fonctions ne sont autres
FI.) Pour tout élémentj de 1, le projecteur que les fonctions polynomiales. En revan-
canonique de l’espace produit sur F,, qui che, la fonction exponentielle x - eY n’est
à toute famille (x&t associe le vecteur .Y,, pas combinaison linéaire des fonctions f,.
est une application linéaire surjective. Soit E un espace vectoriel sur K. On dit
4. Soit E un espace vectoriel sur K. On qu’une partie E’ de E est un sous-espace
appelle forme linéaire sur E une applica- vectoriel de E si E’ est stable pour les deux
tion linéaire de E dans K, le corps K étant lois de E et si, munie des lois induites, E’
considéré comme espace vectoriel sur est un espace vectoriel sur K.
lui-même. Pour qu’une partie non vide E’ de E soit
Par exemple, soit E l’espace vectoriel un sous-espace vectoriel de E, il faut et il
des fonctions continues sur l’intervalle [0, l] suffit que, pour tout couple (x, y) d’élé-
à valeurs complexes. L’application qui à ments de E’ et pour tout couple (o, fi) de
tout élémentfde E associe le scalaire : scalaires, le vecteur ox + (33: appartienne
s)- (x)dx
est une forme linéaire sur E.
à E’.
L’intersection d’une famille de sous-
espaces vectoriels de E est encore un sous-
espace vectoriel de E. Il en découle que,
Sous-espaces vectoriels
pour toute partie A de E, l’ensemble des
sous-espaces vectoriels de E contenant A
Soit E un espace vectoriel sur K, (x,),~, une
possède un plus petit élément (au sens de la
famille de vecteurs de E, (CC~)~~, une famille
relation d’inclusion), à savoir l’intersection
de scalaires dont le support J est fini. (On
de tous les sous-espaces vectoriels conte-
appelle support de (c(,),~, l’ensemble J des
nant A. Ce sous-espace vectoriel, dit engen-
éléments i de 1 tels que o, # 0.) Pour toute
dré par A, est encore l’ensemble des com-
partie finie H de 1 contenant J :
binaisons linéaires d’éléments de A, lorsque
A est non vide. Voici quelques exemples.
Le sous-espace vectoriel engendré par
Cette somme se note encore : un vecteur x est noté Kx; c’est en effet
l’ensemble des vecteurs de E de la forme
LE1 a,x,.
c o.y, où c( appartient à K.
Soit E un espace vectoriel sur K et
Cette convention permet de poser la (Et)iEl une famille de sous-espaces vecto-
X= c aixi.
rt1
X= crEI x,2
626
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
où, pour tout élément i de 1, .Y, appartient a par U est un sous-espace vectoriel de F. En
E,, et où la famille (.Y,),,, est à support fini. Ce particulier, l’image de E par U est un
sous-espace vectoriel s’appelle aussi son~~w sous-espace vectoriel de F, appelé aussi
des sous-espaces vectoriels E,, et se note : image de U, et noté Im(U). De même,
l’image réciproque d’un sous-espace vecto-
E,. riel de F par U est un sous-espace vectoriel
c
iEI
de E. En particulier, l’image réciproque du
Dans le cas particulier où 1 = { 1, 21, la sous-espace vectoriel réduit au vecteur nul
somme des sous-espaces vectoriels E, et E2 de F est un sous-espace vectoriel de E,
se note E, + E,. appelé TZOJYZA de U, et noté Ker(U). Pour
que U soit injective, il faut et il suffit que son
Espaces vectoriels noyau soit réduit au vecteur nul de E.
d’applications linéaires ThL;&rnr 1 ( t h é o r è m e d e factorisa-
Soit E et F deux espaces vectoriels sur K. tion). Soit E, F et G : trois espaces
L’ensemble des applications linéaires de E vectoriels sur K.
dans F est un sous-espace vectoriel, noté 1. Soit U une application linéaire sur-
C(E, F), de l’espace vectoriel T(E, F) des jective de E sur F. Pour toute application
applications de E dans F. linéaire V de E dans G telle que Ker(V)
Soit E, F et G trois espaces vectoriels contienne Ker(U), il existe une application
sur K. L’application V - V o U est une linéaire W et une seule de F dans G telle
application linéaire de L(F, G) dans que V = W 0 U. Plus précisément, l’appli-
C(E, Ci), et l’application U - V o U une cation W +-+ W o U est un isomorphisme
application linéaire de C(E, F) dans de l’espace vectoriel c(F, G) sur le sous-
W, GI. espace vectoriel de C(E, G) constitué des
En particulier, l’ensemble des endomor- applications linéaires dont le noyau
phismes d’un espace vectoriel E, muni des contient celui de U.
trois lois de composition : 2. Soit U une application linéaire injec-
tive de F dans G. Pour toute application
WV-u+v,
linéaire V de E dans G telle que Tm(V) soit
(u,v++v~u,
contenue dans Im(U), il existe une appli-
(a. u) - au,
cation linéaire W et une seule de E dans F
est une algèbre associative unitaire, notée telle que V = U 0 W. Plus précisément.
c(E) (cf. ANNEAUX ET ALGÈBRES). Le pro- l’application W-W 0 U est un isomor-
duit V o U se note encore VU. phisme de l’espace vectoriel C(E, F) sur le
Les automorphismes de E constituent sous-espace vectoriel de C(E, G) constitué
un groupe multiplicatif, appelé groupe des applications linéaires dont l’image est
linéaire de E, et noté GL(E) ; c’est le contenue dans celle de U.
groupe multiplicatif des éléments inversi-
bles de l’anneau unitaire C(E). Espaces vectoriels quotients
Soit E’ un sous-espace vectoriel d’un espace
Factorisation des applications linéaires vectoriel E. La relation binaire dans E défi-
Soit E et F deux espaces vectoriels sur K, nie par les couples (.Y, J,) tels que .Y - j
et U une application linéaire de E dans F. appartienne à E’ est compatible avec les lois
L’image d’un sous-espace vectoriel de E de E. Muni des lois quotients, l’ensemble
627
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
quotient est un espace vectoriel sur K, Le dual de l’espace vectoriel E*, c’est-
appelé espace vectoriel quotient de E par E’, à-dire l’espace vectoriel des formes linéai-
et noté E/E’. L’application canonique <p de res sur E*, s’appelle bidual de E, et se note
E sur E/E’ est linéaire, et son noyau est E’. E**. Pour éviter des confusions, nous
Le théorème de factorisation montre noterons :
aussitôt que le couple (E/E’, <p) possède la
propriété universelle suivante : @**,y*)-Kz**,y*D
Pour tout couple (F, U) constitué d’un la forme bilinéaire canonique sur
espace vectoriel F sur K et d’une applica- E** X E*.
tion linéaire U de E dans F dont le noyau Étant donné un vecteur x de E, l’appli-
contient E’, il existe une application cation de E* dans K, qui à toute forme
linéaire Ù et une seule de E/E’ dans F telle linéaire y* sur E associe le scalaire
que U = ù 0 <p. Plus précisément, I’appli- <y*, x > , est une forme linéaire sur E* ;
cation V - V o cy est un isomorphisme de c’est donc un élément de E**. L’applica-
l’espace vectoriel C(E/E’, F) sur le sous- tion x, qui associe au vecteur x cet élément
espace vectoriel de C(E, F) constitué des
de E**, est une application linéaire de E
applications linéaires de E dans F dont le
dans E**, dite canonique ; elle est définie
noyau contient E’.
par la relation :
Voici une conséquence immédiate de la
propriété universelle des espaces vectoriels KX(x),y*)) = cy+*,xj.
quotients : Soit E et F deux espaces
vectoriels sur K, soit U une application On dit qu’un vecteur x de E et une
linéaire de E dans F, soit <p l’application forme linéaire y* sur E sont orfhogonuux
canonique de E sur E/Ker(U), soit V si <y*, x> = 0. On dit qu’une partie A
l’unique application de E/Ker(U) dans de E et une partie B de E* sont orthogo-
Im(U) telle que U(x) = (V 0 <p)(x), pour nales si, pour tout élément x de A et pour
tout vecteur x de E, et soit i l’injection tout élément y* de B, x et y* sont
canonique de Im(U) dans F. Alors V est un orthogonaux. L’ensemble des éléments de
isomorphisme de E/Ker( U) sur Im( U), et : E* orthogonaux à un sous-espace vecto-
riel F de E est un sous-espace vectoriel de
u =iovo<p,
E*, appelé orthogonal de F, et noté FI. De
formule de décomposition canonique de même, l’ensemble des vecteurs de E ortho-
U, qui ramène en quelque sorte l’étude de gonaux à un sous-espace vectoriel G de E*
U à celles de i, de q et de V. est un sous-espace vectoriel de E, appelé
orthogonal de G, et noté G’.
Dualité
Théo@me 2. Soit E et F deux espaces
Soit E un espace vectoriel sur K. L’espace
vectoriels sur K, soit E* et F* leurs duaux,
vectoriel C(E, K) des formes linéaires sur
et U une application linéaire de E dans F.
E s’appelle espace vectoriel dual de E, et
Il existe une application linéaire de F* dans
se note E*. L’application de E* X E dans
E* et une seule, appelée trunsposée de U et
K, qui au couple cv*, x) associe le scalaire
notée ‘U. telle que. pour tout élément x de
J*(S), est une forme bilinéaire, dite cano-
E et pour tout élément y* de F*,
nique, et encore notée :
(1) (‘uo>*),x) = <y*,u(x)).
628
LINÉAIRE 8, MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
629
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
espace vectoriel, appelé somme directe de Enfin, pour que E soit somme directe
la famille (E,),,,, et noté : des sous-espaces vectoriels E,, il faut et il
suffit que tout vecteur .Y de E s’écrive d’une
manière et d’une seule sous la forme :
Ei
c
IEI
il existe une application linéaire U et une
des sous-espaces vectoriels E,, et le noyau seule de E dans F telle que, pour tout
de U est l’ensemble des éléments (.Y&, tels élémentj de J, la restriction de U à E, soit
que : égale à U,. À tout vecteur x de E, écrit sous
la forme :
x, = 0
c
rEI X= c xj.
Ainsi, pour que U soit surjective, il faut IEJ
et il suffit que :
où, pour toutj E J, x, E Ej, l’application U
Ei = E,
associe le vecteur :
c
IEI
U,(x,).
c
et, pour que U soit injective, il faut et il JC1
ce qui conduit à dire que E est Swwne En particulier, deux applications linéai-
directe des sous-espaces vectoriels E,. res de E dans F ayant, pour tout élémentj
630
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
631
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
632
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
e, = (l,O, 0, . . . . O),
cJE’ ES,.
e, = (0, l,O, . . . . O), Nous pouvons maintenant caractériser
. . . . . . . . . . . les applications linéaires injectives et sur-
e, = (O,O, 0, . . . . 1). jectives à l’aide de la transformée d’une
De même, l’espace vectoriel base.
K[X] = K cN) des polynômes à une indé- Soit E et F deux espaces vectoriels sur
terminée à coefficients dans K a pour base K, soit U une application linéaire de E
canonique la famille des monômes dans F, et (e,),EJ une base de E. Pour que
e,, = X”, où n parcourt N. U soit surjective (resp. injective), il faut et
Soit S une partie de E. On dit que S est il suffit que la famille (U(ej))jE, soit géné-
une partie génératrice, une partie libre ou ratrice (resp. libre). Pour que U soit
une partie basique si la famille (.Y,),~~, où, bijective, il faut et il suffit que (U(e,)),,, soit
pour tout élément s de S, s, = .Y, est une une base de F.
famille génératrice, une famille libre ou Lorsque F = K, le théorème 6 se par-
une base. ticularise de la manière suivante.
Pour qu’une partie à un seul élément .Y T/ze’or?me 7. Soit E un espace vectoriel
soit libre, il faut et il suffit que le vecteur sur K, et B = (e,),EJ une base de E. Pour
.Y soit non nul. Lorsqu’une partie lx, ,Y} à toute famille (o,),EJ de scalaires, il existe
deux éléments n’est pas libre, on dit aussi une forme linéaire y* et une seule sur E
que les vecteurs s et j‘ sont colinéaires. telle que, pour tout j E J, <y*, e, > = o,.
633
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
634
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
635
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
Le cardinal commun a toutes les parties s’appelle i-ième forme linéaire coordon-
basiques de E s’appelle dinzension de E sur née. La famille (e*,),E, des formes linéaires
K, et se note dim,E, ou, plus simplement, coordonnées est libre ; pour que ce soit une
dim E. L’espace vectoriel réduit au vecteur base de E*, il faut et il suffit que E soit de
nul est le seul espace vectoriel de dimen- dimension finie. Cette base s’appelle base
sion 0. Un espace vectoriel de dimension duale de la base B, et se note B*. Nous
1 s’appelle une droite, un espace vectoriel voyons ainsi que l’espace vectoriel dual de
de dimension 2 s’appelle un plun. E est de dimension finie si et seulement si
Voici quelques exemples : E est de dimension finie, et que, dans ces
Soit 1 un ensemble non vide. L’espace conditions :
vectoriel K(i) est de dimension finie si et dimE* = dimE.
seulement si 1 est fini, et la dimension de
K(i) est alors égale à tard(1). En particulier, Corollaire 2. Pour que deux espaces
vectoriels de dimension finie sur K soient
pour tout entier naturel non nul n, K” est
isomorphes, il faut et il suffit qu’ils aient
de dimension n.
même dimension.
Soit E et F deux espaces vectoriels sur
Corollaire 3. Soit E un espace vectoriel
K non réduits à {O}, soit B = (rj),tJ une
de dimension finie n sur K, et S une partie
base de E, et B’ = (f,),E, une base de F.
génératrice finie de E. Alors le nombre p
Pour tout élément (i,j) de 1 X J, désignons
d’éléments de S est supérieur ou égal à n.
par U, l’unique application linéaire de E
De plus, il existe une partie basique de E
dans F telle que, pour tout élément k de J,
constituée de n vecteurs convenablement
U,(e,) = 0 s i k # j e t U,,(ej) =fi. choisis dans S.
Corollaire 4. Soit E un espace vectoriel
Les applications linéaires U,, consti-
de dimension finie n sur K. Toute partie
tuent une base de l’espace vectoriel
libre de E ayant n éléments est une partie
C(E, F), dite associée aux bases B et B’. En
basique de E, et toute partie génératrice de
particulier, si E et F sont de dimension
E ayant n éléments est une partie basique
finie, il en est de même de C(E, F), et :
de E.
dim C(E, F) = (dim E) . (dim F’).
Dimension et codimension
(Notons que cette formule reste valable
d’un sous-espace vectoriel
si E ou F est réduit à { 0) .)
Plus particulièrement encore, l’espace Soit E un espace vectoriel sur K. On dit
vectoriel des endomorphismes de E est de qu’un sous-espace vectoriel E’ de E est de
dimension finie, et : codimension finie dans E si l’espace vec-
toriel quotient E/E’ est de dimension finie.
dim L:(E) = (dim E)*. La dimension de E/E’ s’appelle alors
Soit E un espace vectoriel sur K non coditnension de E’ dans E, et se note
réduit à {O}, et B = (e,),EJ une base de E. codim,E’. Les sous-espaces vectoriels de
Pour tout élément i de J, l’unique forme codimension 1 dans E s’appellent hyper-
linéaire f$ telle que, pour tout élément pluns de E.
Pour qu’un sous-espace vectoriel E’ de
,jdeJ:
E soit de codimension finie dans E, il faut
(e:,e,) = o,, et il suffit que E’ admette un sous-espace
636
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
637
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
formule (2) est alors une conséquence de On peut maintenant préciser les pro-
la formule (1) et de la suivante : priétés de l’orthogonalité en dimension
finie.
codim, Ker(U) = dim E - dim Ker(U)
Thkorénze 14. Soit E un espace vectoriel
Lorsque les espaces vectoriels E et F de dimension finie sur K, et E* son dual.
sont tous deux de dimension finie, et qu’ils Pour tout sous-espace vectoriel F de E :
ont même dimension TZ, il est équivalent de
(1) dim F + dim FL = dim E.
dire :
L’application linéaire U est un isomor- Pour tout sous-espace vectoriel G de E* :
phisme de E sur F ;
(2) dim G + dim G’ = dim E.
L’application linéaire U est inversible à
droite ; De plus :
- L’application linéaire U est inversible à
gauche ; (3) (FI)’ = F e t (G’)l = G .
- L’application linéaire U est bijective ;
Considérons en effet une base (et, eî, . . . .
- L’application linéaire U est surjective ;
e,,) de F, et complétons-la en une base (et,
L’application linéaire U est injective ; e,, . . . . e,,) de E ; soit (e;, eb . . . . e:) sa base
- Le rang de U est égal à n.
duale. Pour établir la formule (1) il suffit
de prouver que ce;+,, ez+?, . . . . en) est une
Dualité en dimension finie base de FI. Les formes linéaires coordon-
Tlzéorénze 13. Soit E un espace vectoriel de nees ez+,, er+2r . . . . en, appartiennent
dimension finie sur K. Alors l’application évidemment à FI, car elles sont orthogo-
linéaire canonique x de E dans son bidual nales aux vecteurs et, e,, . . . . ep, lesquels
E** est un isomorphisme. engendrent F ; elles sont linéairement indé-
Soit en effet x un élément du noyau de x. pendantes, car elles font partie d’une base ;
Alors. pour toute forme linéaire y* sur E, enfin, il reste à montrer que tout élément
:x(x),y*) = (y*,x) = 0. J’* de F’ est combinaison linéaire de ces
éléments. Écrivons pour cela y* sous la
Choisissons une base B = (ei), <,<,, de forme :
E. En prenant successivement pour y* les n
N formes linéaires coordonnées e,*, nous y* TE qie;,
voyons que toutes les composantes de s c
i=l
sont nulles, et donc que .y = 0, ce qui
montre que l’application linéaire x est Puisque, pour tout élément i de [ 1, p],
injective. Comme : <y*, e,> = 0, nous voyons que
n, = n2 = .., = ni1 = 0, ce qui achève la
dim E** = dim E* = dim E,
démonstration. La formule (2) s’établit de
la formule de la dimension permet d’en manière analogue, en tenant compte du
déduire que x est un isomorphisme de E fait que toute base de E* est la base duale
sur E**. d’une base de E. Enfin, la formule (3) se
Il découle de ce théorème que l’applica- déduit des relations F C (Fr)‘, G C (G’)‘,
tion qui à toute base B de E associe sa base dim F = dim(Fl)’ et dim G = dim(G’)‘,
duale B* est une bijection de l’ensemble des ces deux dernières égalités découlant des
bases de E sur l’ensemble des bases de E*. formules (1) et (2).
638
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
Théorème 15. Soit E et F deux espaces Nous sommes donc amené à introduire
vectoriels de dimension finie sur K, soit U les définitions suivantes, utiles pour les
une application linéaire de E dans F, et ‘U calculs explicites concernant les applica-
sa transposée. tions linéaires : Soit K un corps commu-
Les applications linéaires U et ‘U ont tatif, IZ et p deux entiers naturels non nuls.
même rang : On appelle matrice à n lignes et p colonnes
à éléments dans K toute famille :
rang(U) = rang(’ U).
639
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
matrice de type (1. J) à éléments dans A Produit d’une ntahce pur un scaluirr.
toute famille : On appelle produit d’un élément A4 = (cx,,)
de M,,,p(K) par un scalaire h, et on note
M=(a,,), (i,j)EIXJ
AM, l’élément (p,) de M,,,,>(K) défini par les
d’éléments de A. Lorsque 1, ou J, est vide, relations :
on dit que M est la matrice vide.
Pi, = hi.
Reprenons maintenant le problème ini-
tial : la matrice M = ((x,) définie par la Muni de ces deux lois, l’ensemble
formule (1) est dite associée à l’application M,,,p(K) est un espace vectoriel de dimen-
linéaire U dans les bases B et B’, et notée sion np sur K, et <y est un isomorphisme de
Ma,a.(U). La matrice M a pour j-ième l’espace vectoriel M,,,p(K) sur l’espace
colonne la famille des composantes dans la vectoriel L(K”, K’,).
base B’ de l’image par U duj-ième vecteur Plus généralement, soit E et F deux espa-
de la base B. L’application qui à toute ces vectoriels sur K, de dimensions respec-
application linéaire U de E dans F associe tives p et n, soit B une base de E, et B’ une
la matrice MB,B.(U) est une bijection de base de F. La bijection U - MB,B.( U) est un
C(E, FI sur M,,,,,(K). isomorphisme de l’espace vectoriel L(E, F)
En particulier, lorsque E = F, U est un sur l’espace vectoriel M&K).
endomorphisme de E. La matrice MB,H.(U) Produit de deux ttzatrices. Soit ~1, n et p
est une matrice carrée, appelée matrice trois entiers naturels non nuls, soit
associée à l’endomorphisme U dans la M = (IX,,) un élément de M,,,,,(K), et
base B, et notée plus simplement MB(U). N = (Dlri) un élément de M,,,,,,(K). On
Toute matrice peut être considérée appelle produit des matrices Met N, et on
comme une matrice associée à une appli- note NM, l’élément (Y,],) de M,,,,,,(K) défini
cation linéaire : pour tout élément M de par les relations :
M,,,,(K), il existe une application linéaire ”
et une seule de l’espace vectoriel KP dans Yh, = Bhi a,,
c
l’espace vectoriel K” dont la matrice asso- z=I
ciée dans les bases canoniques de ces
On obtient donc l’élément y,?, àl’intersec-
espaces vectoriels soit M. Cette application
tion de la /?-ième ligne et de laj-ième colonne
linéaire s’appelle application linéaire de KS
de NM en prenant la h-ième ligne de N, la
dans K” canoniquement associée ù M.
j-ième colonne de M, et en ajoutant les pro-
duits des éléments de même indice (règle de
Opérations sur les matrices multiplication « ligne par colonne »).
La bijection canonique <ç de M,,,,,(K) sur Grâce à la bijection canonique de
C(K)‘, K”) ainsi introduite conduit aux M&K) sur f(Kp, K”), on voit aussitôt
dCfinitions qui suivent. que, pour tout couple (M, M’) d’éléments
Sotntne de deu‘c matrices. On appelle de M,,,,,(K), pour tout couple (N, N’)
somme de deux éléments M= (a,,) et d’éléments de M,,,,,,(K) et pour tout couple
M ’ = ( a ’ , , ) d e M,,,p(K), e t o n n o t e (A, p) de scalaires :
M + M, l’élément (0,) de M,,,,>(K) défini
(N+N')M=NM+N'M,
par les relations :
N(M+M')=NM+NM',
B, = a,, + a’,, C-W(~) = WP'M.
640
LINÉAIRE 8. MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
Pour tout élément M de M,,,JK), pour Pour tout élément M de M,JK) et pour
tout élément N de M,,,,,,(K) et pour tout tout élément N de M,,,,(K) :
élément P de M,,,,,(K), 1 (NM) = f M’N
(PN)M = P(NM).
Pour tout élément M de M,,JK) :
Soit enfin E, F et G trois espaces
‘(‘M)=M.
vectoriels sur K, de dimensions respectives
p, n et m, soit B une base de E, soit B’ une Soit enfin E et F deux espaces vectoriels
base de F, et B” une base de G. Pour toute sur K, de dimensions respectives p et n,
application linéaire U de E dans F et pour soit B une base de E et B’ une base de F,
toute application linéaire V de F dans G : soit B* et B’* leurs bases duales. Pour toute
application linéaire U de E dans F :
B, = (e,rez> . . ..eJ.
Soit E un espace vectoriel sur K, et B
B, = (e’i,e’z, . . . . e\),
une base de E. L’application U - Ma(U)
est un isomorphisme de l’algèbre unitaire appelées respectivement ancienne et nou-
Ç_(E) sur l’algèbre unitaire M,,(K). Dans velle base. Pour tout élément j de [ 1, p], le
cet isomorphisme, le groupe linéaire vecteur e) se décompose dans la base Br
GL(E) a pour image le groupe, noté sous la forme :
GL,,(K), ou encore GL(n, K), des matri- P
ces carrées d’ordre n inversibles. En par- e’, = C$e,.
c
ticulier, si U est un automorphisme de E, i= L
641
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
à B’?. Pour toute application linéaire U de - Le rang des vecteurs colonnes de M est
E dans F, les matrices associées à U dans égal à n ;
les bases B, et B’,, d’une part, et dans les Le rang des vecteurs lignes de M est égal
bases B, et B’z, d’autre part, sont liées par à n.
la relation :
Matrices équivalentes
M a2<s2CJl = Q-‘MB>,B,(W
Soit M, et M7 deux éléments de M,,,,,(K).
En particulier, pour tout endomor- On dit que les matrices M, et M? sont
phisme U de E : équivalentes s’il existe deux matrices car-
rées inversibles P et Q d’ordres respectifs
MBI(u) = P-~M,,(u)P.
p et 12 à éléments dans K telles que :
Mz = Qkf,P.
Rang d’une matrice
Soit M un élément de M,,,,>(K). On appelle Soit Y un entier naturel. Pour qu’une
rang de la matrice A4, et on note rang(M) matrice Mde M,,,,>(K) soit de rang Y, il faut
le rang de l’application linéaire de Kp dans et il suffit que M soit équivalente à la
K” canoniquement associée à M. matrice Jr = (a,), où o,, = 1 si i E [ 1, Y] et
Plus généralement, soit E et F deux où o0 = 0 dans les autres cas.
espaces vectoriels de dimension finie sur K Il en découle qu’une condition néces-
non réduits à {O}, soit B une base de E et saire et suffisante pour que deux éléments
B’ une base de F. Pour toute application de M,,,JK) soient équivalents est qu’ils
linéaire U de E dans F : aient même rang.
On appelle opfhtions élémetitaires les
rang IW,,~ (U) = rang(U).
applications M- A4’ de M,JK) dans
De la relation entre le rang d’une lui-même de l’un des types suivants :
application linéaire et celui de sa transpo- (a) La matrice A4’ se déduit de la matrice
sée, on déduit aussitôt que, pour tout M par permutation de deux colonnes, ou
élément A4 de M,,,JK) : de deux lignes.
(b) La matrice A4’ se déduit de la matrice
rang(M) = rang(‘M).
M par multiplication d’une colonne, ou
Il en découle que le rang de M est égal d’une ligne, par un scalaire non nul.
au rang de ses vecteurs colonnes, ou (c) La matrice A4 se déduit de la matrice
encore au rang de ses vecteurs lignes. M par addition à un vecteur colonne (resp.
Les caractérisations des applications à un vecteur ligne) du produit d’un autre
linéaires inversibles conduisent à des vecteur colonne (resp. d’un autre vecteur
caractérisations des matrices carrées inver- ligne) par un scalaire.
sibles. Pour que deux matrices M, et A42 soient
Soit A4 un élément de M,,(K). Il est équivalentes, il faut et il suffit que l’on
équivalent de dire : puisse transformer M, en M, par une suite
La matrice A4 est inversible ; finie d’opérations élémentaires.
- La matrice M est inversible à droite : La théorie des opérations élémentaires
La matrice A4 est inversible à gauche ; permet en outre de calculer le rang d’une
- La matrice ‘A4 est inversible ; matrice, son déterminant et, lorsqu’elle
Le rang de M est égal à n ; existe, la matrice inverse.
642
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
+ %jS, + + a.,& = B,
Existence d’une solution, le second mem-
l
................................... bre étant donné. Soit b un élément de K”.
Il est équivalent de dire :
La résolution de ce système peut s’inter-
L’équation U(x) = b a au moins une
préter vectoriellement comme la recherche solution ;
des suites (C,,, iz, . . . . $J de scalaires telles
- Le second membre b appartient au
que : sous-espace vectoriel de K” engendré par
6 4 3
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
Lorsque F = K, on dit que S est une forme Les applications p-linéaires sur E à
multilinéaire. valeurs dans F constituent un sous-espace
Soit E un espace vectoriel sur K. Les vectoriel, noté Jt,,(E, F), de l’espace vec-
applications multilinéaires de Ep dans F toriel 3(Ep, F) des applications de EJ’ dans
s’appellent applications p-linéaires sur E à F. Lorsque p = 1, AJE, F) n’est autre
valeurs dans F, et les formes multilinéaires, que C(E, F). Les applications p-linéaires
formes p-linéaires. symétriques et les applications p-linéaires
Voici quelques cas particuliers : alternées constituent des sous-espaces vec-
Soit S une application p-linéaire sur E à toriels de AJE, F), notés respectivement
valeurs dans F. On dit que S est alternée si, S&E, F) et .-t,(E, F). Enfin, lorsque F
pour toute suite (x,, -Y~, . . . . -Y,,) de vecteurs = K, ces divers espaces vectoriels se
de E contenant deux vecteurs égaux : notent plus simplement A,(E), S,(E) et
+,(E).
S(x,,x, ,..., XJ =o.
On dit que S est symétrique si, pour Exfension d’une application linéaire
toute permutation o de [ 1, p] et pour toute Voici une généralisation de la transpo-
suite (,Y,, .x2, . . . . x,,) de vecteurs de E : sition : Soit E, E’ et F trois espaces
S(Xo(,,,X@, ,...> X0@,) = w,,x,, . ..> XJ. vectoriels sur K, et U une application
linéaire de E’ dans E. Pour toute appli-
On dit que S est antisymétrique si, dans cation p-linéaire S sur E à valeurs dans F,
les mêmes conditions : l’application S, de E’P dans F définie par
la formule :
S(x,,x,, . . . . xp) = 0.
Lorsque U est l’homothétie de rapport
Si S est alternée, on ne change pas la c( dans l’espace vectoriel E, l’application
valeur de S sur une suite de p vecteurs de U, n’est autre que I’homothétie de rapport
E en ajoutant à l’un de ces vecteurs une ~9 dans l’espace vectoriel &JE, F).
combinaison linéaire des autres. En parti- Voici maintenant une méthode générale
culier, si l’un des vecteurs s,, x2, . . . . .Y,, est de construction d’applications p-linéaires
une combinaison linéaire des autres, S(x,, symétriques, ou alternées : Pour toute
Y?, ) X”) = 0. application p-linéaire S de E dans F, les
644
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
applications M(S) et A(S) de Ep dans F, (E*)” dans .X,,(E) (resp. dans S,(E), resp.
définies pour les formules : dans “t,,(E)).
On dit qu’une forme p-linéaire S est un
élément décomposable de JC,,(E) (resp. de
S,(E), resp. de k,,(E)) s’il existe une suite
($, JI;, ,.., y;) de p formes linéaires sur E
dont le produit tensoriel (resp. symétrique,
resp. extérieur) est égal à S.
Il reste à montrer que toutes les formes
où X,, désigne le groupe symétrique de p-linéaires peuvent être reconstituées à
degré p, sont respectivement symétrique et l’aide des éléments décomposables lorsque
alternée. De plus, l’application M : l’espace vectoriel E est de dimension finie,
S-M(S) de AJE, F) dans S,(E, F) est ce qui fait l’objet du théorème fondamental
linéaire, et l’application A : S-A(S) de suivant.
Jt,,,(E, F) dans k,(E, F) est linéaire ; elles Tlkwème 16. Soit B = (e,, e2, . . . . e,,)
se dénomment opérateurs de symétrisation une base de E, et B* = (e;, e;, . . . . e*,J la
et d’antisymétrisation. base duale de B.
1. Soit 9 l’ensemble des applications de
[l, p] dans [l, n], et, pour tout élément X
Formes multilinéaires
de 9, cx l’élément de “C,(E) défini par la
Lorsque F = K, nous allons étudier la
formule :
structure de A,,(E), de S,(E) et de k,,(E).
Nous allons d’abord construire des
formes p-linéaires à l’aide de formes linéai-
Alors la famille (e,),. 7 est une basse
res.
de h,,(E), dite canoniquement associée à
Soit (J;, p;, , y;) une suite de p formes
B. Par suite, la dimension de A,,(E) est
linéaires sur E. L’application J‘de Ep dans
égale à np, et les formes p-linéaires décom-
K définie par la formule : posables constituent une partie génératrice
f-(X1,X*. . ..> Xp) = (.V;,Xi) (yi,X*) <vp,Xp> de cet espace vectoriel. En particulier,
l’espace vectoriel des formes bilinéaires sur
est une forme p-linéaire sur E, appelée E est de dimension n’.
produit tenxwiel des formes linéaires J’Y, 2. Soit S l’ensemble des applications s
J;, . . . . y,: et notée 1~; 0 y*20 O$. Les de [ 1, n] dans N telles que :
applications M(f‘) et A(J), symétrisée et
n
antisymétrisée de f; s’appellent respective-
SO’) =p.
ment ptduit .gw~~trique et produit exté- c
,=1
rieur des formes linéaires J,:. y:, ._., JP et
se n o t e n t y; .J$ ‘Y,,* et et, pour tout éléments de S, e, l’élément de
y; A y; Il A y;,. S,,(E) défini par la formule :
L’application qui à (Y;, I>f, . . . . $
associe ~2; 0 .rf 0 O,t,; (resp. JX; . y5. __.
*
*.y,,. resp. J,; A y; A A J$) est une
application y-linéaire (resp. p-linéaire Alors, si K est de caractéristique 0, la
symétrique, resp. p-linéaire alternée) de famille (e.A t s est une base de S,>(E), dite
645
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
646
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
647
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
Théorème 17. Soit E,, E2, . . . . E,, des On l’appelle produit tensoriel des appli-
espaces vectoriels sur K. Il existe un couple cations linéaires U,, et on la note U, @ U,
(G, T) constitué d’un espace vectoriel G sur 0 0 u,.
K et d’une application multilinéaire T de
E, X E, X .._ X Ep dans Ci possédant la Trace d’un endomorphisme
propriété universelle suivante : Pour tout
Soit E et F deux espaces vectoriels sur K.
couple (F, S) constitué d’un espace vecto-
Pour tout élément (a*, b) de E* X F,
riel F sur K et d’une application multili-
l’application Uu*,h qui à tout vecteur x de
néaire S de E, X E, X X Ep dans F, il
E associe le vecteur < a*, .Y > b de F est
existe une application linéaire S et une seule
une application linéaire de E dans F ; on
de G dans F telle que S = S o T. Un tel
l’appelle application linéaire élémentaire
couple (G,T) est unique à isomorphisme
associée à (LI*, h). Si CI* et b ne sont pas
près. L’espace vectoriel G s’appelleproduit
nuls, l’image de Uo*,h est la droite Kh de F,
tensoriel des espaces vectoriels E,, E,, . . . .
et son noyau est l’hyperplan de E noyau de
E,, et se note E, 0 E, 0 0 E,,. L’appli-
la forme linéaire a*. De plus, l’application
cation multilinéaire T se note :
ca*, h) - Uo’.h est une application bili-
(X,>XI> . .Y x,)-x, @x, @ @3x,. néaire de E* X F dans C(E, F).
L’application S - S est un isomor- Il existe une application linéairej et une
phisme de l’espace vectoriel .M(E, X E2 seule de E* 0 F dans C(E, F) telle que, pour
X ,.. X Ep, F) des applications multilinéai- tout élément O,*, z) de E* X F :
res de E, X E, X X E,, dans F sur j(y* 82) = Uviz.
l’espace vectoriel C(E, 0 E,O @ E,,, F).
Les éléments de E, @ E,@ 0 Ep de la En effet, l’application b*, z) - UY.,- est
forme x, 8 x20 0 .x,, sont dits décompo- une application bilinéaire de E* X F dans
sables ; ils constituent une partie généra- C(E, F). La propriété universelle du pro-
trice de E, 0 E2 0 __. 8 E,,. Si, pour tout élé- duit tensoriel E* 0 F montre alors l’exis-
mentjde [ 1 ,p], E, est de dimension finie n, et tence et l’unicité de j.
est muni d’une base B, = (eV), alors les élé- De plus, si E et F sont de dimension
ments e,,,, 0 e,?,* 0 .__ 0 ef,,,p constituent une finie, j est un isomorphisme, car j est
base de E, 0 E, @ 0 E,,, dite canonique- injective et que :
ment associée aux bases B,. En particulier :
dim E* 63 F = (dim E*) . (dim F).
648
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
649
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
650
MÉTRIQUES ESPACES
M
1. Distances
651
MÉTRIQUES ESPACES
652
MÉTRIQUES ESPACES
Le langage géométrique
Les boules, définies à partir de la distance B2h. r) Bdx. r)
comme dans l’espace euclidien, consti-
tuent la notion géométrique essentielle
dans les espaces métriques. Dans un Si A est une partie d’un espace métrique
espace métrique E de distance d, on E et x E E, on appelle distunce de .y à A
appelle boule ouverte de centre x0 E E et de la borne inférieure de l’ensemble des
rayon r > 0, l’ensemble des points de E nombres d(x, ~1) pour y E A, soit :
dont la distance à x0 est strictement infé-
d(x, A) = inf d(x,y) ;
rieure à r, soit : YEA
B(x,,r)= IxEEld(x,,x) < r); c’est le rayon de la plus grande boule
de manière analogue, on définit la boule ouverte de centre x qui ne rencontre pas A.
Pour bien expliquer cette notion, établis-
fermée de centre x0 et de rayon r :
sons la relation :
B,(xo, r) = Ix E Eld(x,,x) < r) ;
ld(x,A)-d(x’,A)l 6 d(x,x’),
la justification des qualificatifs ouvert et
fermé apparaîtra plus bas. Nous ren- pour deux éléments ,Y et .Y’ quelconques
voyons aux figures 1, 2 et 3 de l’article sur de E. Par définition de la borne infé-
les espaces vectoriels NORMÉS pour une rieure, pour tout 6 > 0, il existe J E A tel
représentation des boules quand on munit que :
R? des distances d,, d2 et d3 déjà mention- d(x,y) < dh.4) + &;
nées. Les inégalités établies entre ces
distances se traduisent par les inclusions : par suite, d’après l’inégalité triangulaire,
d(x’,y) < d(x’,x) + d(x,y)
C B,(x,r) C B,(V) C B,(x,r), < d(x,x’) + d(x,A) + 6,
653
MÉTRIQUES ESPACES
appelé dkwnètre de l’ensemble A, est fini. À partir des boules, on peut construire sur
Le langage géométrique que nous venons un espace métrique les principales notions
d’introduire dans les espaces métriques topologiques qui permettent de (< faire de
constitue un support pour une intuition l’analyse )). À ce propos, par la clarté avec
géométrique qui est très utile mais doit être laquelle les notions de limite et de conti-
soigneusement contrôlée car elle n’est pas nuité s’expriment au moyen de la termi-
sans surprises et risque d’utiliser implici- nologie que nous allons introduire, la
tement, sans s’en rendre compte, des théorie des espaces métriques constitue un
propriétés de l’espace euclidien plus riches excellent préliminaire à la topologie géné-
que sa seule structure métrique. Par exem- rale.
ple, si A est une boule de rayon r, on
montre facilement avec l’inégalité triangu- Ouverts et fermés
laire que son diamètre est < 2r, mais on Soit E un espace métrique de distance d.
ne peut affirmer l’égalité que si on a un On dit qu’un sous-ensemble U de E est
espace vectoriel normé. Les espaces ultra- ouvert si pour tout points E U il existe une
métriques présentent ainsi de nombreux boule ouverte de centre s contenue dans
phénomènes ~1 pathologiques ti, en ce sens U. D’aptes un principe general de logique,
qu’ils sont contraires à l’intuition géomé- l’ensemble vide, qui n’a pas d’élément, est
trique courante ; le mathématicien qui donc ouvert. Faisons le lien avec la termi-
travaille sur ces espaces est ainsi amené à nologie introduite plus haut en montrant
dklopper une << intuition gkométrique » qu’une houk ouverte B(x,, 1.) es1 u11 ~II.WJI~-
qui peut sembler tout à fait ésotérique au hle ouvert : en effet, si x E B&, r),
profane... Ainsi, dans un tel espace, il n’y l’inégalité triangulaire entraîne que B(x, r’)
654
MÉTRIQUES ESPACES
655
MÉTRIQUES ESPACES
des surprises. En effet, montrons que, dans valeur absolue) : on dit quef’est continue
un tel espace, toute boule ouverte B(x,, r), en unpoiws, E E si, pour tout nombre réel
qui est un ensemble ouvert comme nous 6 > 0, il existe un nombre réel q > 0 tel
l’avons vu, est aussi un ensemble fermé et, que :
par suite, est sa propre adhérence. Il suffit
db,, x) < rl *d’V(xo)s f(x)) < E>
pour cela de remarquer que si x 6Z B(x,, r),
alors la boule B(x, r/2) ne rencontre pas la ce qui exprime l’inclusion :
boule B(_u,, r) car sinon, puisqu’il n’y a pas
Wxm Q) Cf -YB’cf(~o), 6)) ;
de boules (( sécantes ». la boule de ravon >
r/2 serait contenue dans l’autre (cf. fin du or, dire qu’il existe Q tel que l’on ait cette
chap. l), d’où, en particulier, ,Y E B(.Y,, r), inclusion signifie que l’image réciproque
ce qui contredit l’hypothèse sur .Y. par J’ de la boule B’(/(s,), &) est un
voisinage de .x0 dans E. Puisqu’une partie
de E’ est un voisinage de f (s,,) si et
Voisinages et continuité
seulement si elle contient une boule de
Introduisons maintenant les voisinages centre f (x,J, on peut maintenant donner,
pour préciser la notion de continuité. Soit en termes de voisinages seuls, la définition
E un espace métrique de distance d. On dit suivante de la continuité : f est continue en
qu’un ensemble V C E est un voisinaggr .x0 si et seulenzent .si I’imuge rkiproque pur
d’un point .Y E E s’il contient un ouvert f’de tout voisinage de f (‘cg) est un voisinuge
contenant .Y ; cette notion donc est N topo- de x0.
logique » : elle ne dépend que des ouverts Il en résulte que f est continue en tout
de l’espace métrique E, ouverts caractéri- point de E (on dit que f est continue, sans
sés, à leur tour, par le f a i t q u ’ i l s s o n t préciser davantage) si et seulement si
voisinages de chacun de leurs points. En l’image réciproque parJ‘de tout ouvert de
particulier, les boules ouvertes de centre x E’ est un ouvert de E.
sont des voisinages de x et il en est de Les notions précédentes sont topologi-
même des boules fermées puisqu’on a ques : elles ne dépendent que des ouverts
toujours B(x, r) C Bf(“, r). Les boules des espaces considérés. 11 est utile d’avoir
ouvertes (ou les boules fermées) de centre une notion de continuité plus forte, qui
.Y constituent un systhne fondamental de n’est plus seulement topologique, utilisant
~~oisinuges de .Y, en ce sens qu’un ensemble le fait que l’on peut (< comparer 1) les
est un voisinage de x si et seulement s’il voisinages de deux points distincts grâce
contient une telle boule ; on obtient un aux rayons des boules. Plus précisément,
système fondamental dhzornhrahle de voi- on dira qu’une application f: E + E’ est
sinages en se limitant par exemple aux un~fornzhmxt continue si, pour tout E > 0.
boules de rayon I/n, avec n entier positif. il existe rl > 0 tel que :
Soit maintenant E et E’ deux espaces
métriques de distances respectives d et d’
etfune application de E dans E’. Analy- ou encore :
sons la notion de continuité telle qu’elle est
W, Q) Cf -‘(B’cf(~ )>EN>
suggérk dc manikrc naturelle par la défi-
nition classique (quand E = E’ = R muni pour touts E E. Un cas particulier de cette
de la distance usuelle définie à partir de la situation est fourni par les applications
656
MÉTRIQUES ESPACES
657
MÉTRIQUES ESPACES
658
MÉTRIQUES ESPACES
puisque d(x,y) < Q(.u,)/2, on a, par l’iné- pour tout 6 > 0, il existe un entier N tel
galité triangulaire, d(x,,y) < q(x,), d’où : que :
659
MÉTRIQUES ESPACES
térisation des fermés au moyen des suites qui converge vers x et que l’application g
(cf. chap. 2) montre qu’un sous-espace ainsi définie est uniformément continue, ce
métrique F d’un espace métrique complet qui est un raisonnement élémentaire utili-
est complet si et seulement s’il est fermé sant l’inégalité triangulaire.
dans E. Précisons enfin le lien entre les espaces
Dans l’exemple précédent, l’application métriques compacts et complets. Remar-
identique i : Rz + R,, définie par i(x) = .Y quons d’abord qu’une suite de Cauchy a au
pour tout .Y E R, est continue, ce qui plus un seul point d’accumulation : ou bien
montre que l’image d’une suite de Cauchy elle n’en a aucun et elle ne converge pas, ou
par une application continue n’est pas bien elle a exactement un point d’accumu-
nécessairement une suite de Cauchy. Par lation et elle converge alors vers ce point.
contre, les définitions montrent immédia- Par suite, l a p r o p r i é t é d e Bolzano-
tement que l’image d’une suite de Cauch) Weierstrass montre que tout espace métri-
pur une upplication unijbrmément continue que compact est complet. Réciproque-
est une suite de Cauchy, donc une suite ment, on montre qu’un espace métrique
convergente si l’espace d’arrivée est com- complet E est compact si et seulement s’il
plet. Donnons, comme application de cette vérifie la propriété suivante de précompa-
remarque, un important théorème de pro- cité : Pour tout 6 > 0, il existe un recouvre-
longement. ment.fini de E par des boules de rayon E.
Thbot+me de prolongement des applica-
tions uniformkment continues : Soit E un Complétion d’un espace métrique
espace métrique, A un sous-ensemble par- La construction, due à Cantor, des nom-
tout dense de E (cela signifie, rappelons-le bres réels comme classes d’équivalence de
que tout point de E est adhérent à A) et F suites de Cauchy de nombres rationnels
un espace métrique complet. Alors toute (« suites fondamentales )) dans la termino-
applicationf: A + F qui est uniformément logie cantorienne) se transpose sans modi-
continue se prolonge de manière unique en fication à un espace métrique quelconque.
une application continue g : E - F ; de Tht5orSme d e complétion. P o u r t o u t
plus, g est uniformément continue. espace métrique E, il existe un espace
Nous nous bornerons à indiquer l’idée métrique complet Ê tel que E soit isomé-
de la démonstration. Pour x E A, on doit trique à un sous-espace partout dense de
avoir g(x) =f(~), et il faut donc définir Ê ; de plus, l’espace Ê est déterminé à une
g(x) pour x @ A. Or, puisque A est dense, il isométrie près.
existe une suite (.Y,) d’éléments de A qui On dit que Ê est le complété de E, et on
converge vers x et, l’application g cherchée identifie dans la pratique E au sous-espace
étant continue, on doit avoir nécessaire- partout dense de Ê qui lui est isométrique.
mentg(x) = lim g(-c,,), avecg(.u,,) =f(x,,) ; Ainsi, le complété de l’ensemble des ration-
mais la suite (j”(s,,)), image d’une suite de nels pour la distance usuelle est l’ensemble
Cauchy par une application uniformément des réels muni de la distance usuelle. Si on
continue, est une suite de Cauchy et, puis- considère sur l’ensemble des rationnels la
que F est complet, c’est une suite conver- distance p-adique associée à un nombre
gente, dont nous désignerons précisément premier y, on obtient comme complété
la limite par g(x). Il reste à vérifier que g(s) l’ensemble des nombresp-adiques (cf. théo-
ne dépend pas de la suite d’éléments de A rie des NOMBRES Nombres p-adiques).
660
MÉTRIQUES ESPACES
désignerons par Ê
suites de Cauchy d’éléments de E ; nous
le quotient de & par cette
d’unicité d’équations différentielles ou inté-
gK&S ; Cf. éqUatiOllS DIFFÉRENTIELLES,
MULTILINÉAIRE A L G È B R E
peut énoncer cette propriété : si F,, est une
suite de fermés dont le complémentaire est
partout dense, alors la rcunion des F,, a un - LINÉAIRE &
complémentaire partout dense. On dit
qu’un ensemble A est rare si le complé-
MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
662
NOMBRES THÉORIE DES
N
réflexions sur la divisibilité : elles aboutis-
sent, deux siècles plus tard, au magistral
exposé d’Euclide. On sait qu’il démontre
(aux notations près) l’existence et l’unicité
de la décomposition d’un entier positif en
facteurs premiers, et, par un raisonnement
très ingénieux, l’existence d’une infinité de
nombres premiers.
Aux pythagoriciens remontent égale-
ment les premiers exemples d’équations
diophantiennes, notamment la résolution
de l’équation p2 + q* = ? en nombres
entiers ; c’était, dans leur « arithmogéomé-
trie )), la recherche des triangles rectangles
a côtés commensurables. Diophante
d’Alexandrie lui-même (sans doute au
NOMBRES THÉORIE DES IV siècle apr. J.-C.), s’il traite un grand
nombre d’exemples de telles équations ou
systèmes d’équations, ne s’intéresse en
663
NOMBRES THÉORIE DES
nique nouvelle, celle des fractions conti- Dedekind), et partiellement des formes
nuées, premier exemple d’utilisation ternaires. La théorie générale des formes
d’approximations diophantiennes pour la quadratiques à n variables (théorèmes de
résolution d’équations diophantiennes. réduction, de finitude et de représentations
Jusque-la, les procédés de résolution des formes les unes par les autres) est
d’équations diophantiennes consistaient édifiée par F. G. Eisenstein, C. Hermite,
en des manipulations algébriques élémen- H. J. S. Smith, H. Minkowski et H. Hasse,
taires plus ou moins subtiles, pour permet- et prend sa forme quantitative générale
tre une application judicieuse de la théorie avec les travaux de C. L. Siegel, qui utilise
de la divisibilité des entiers rationnels. À largement la théorie des fonctions analy-
partir du début du XIX~ siècle, toutes les tiques et introduit à cette occasion la
parties des mathématiques vont être pro- notion de fonction modulaire à II variables
gressivement mises à profit pour résoudre (cf. formes QUADRATIQUES). Les théorèmes
les problèmes de théorie des nombres. de finitude sont d’autre part étendus par
Avec C. F. Gauss, développant des C. Hermite, C. Jordan et H. Poincaré aux
ébauches peu concluantes d’Euler, c’est formes de degré > 3.
d’abord l’extension de l’idée de divisibilité Enfin, on sait que Gauss avait aussi
aux corps de nombres algébriques réels ou découvert les fonctions elliptiques et la
complexes ; il la développe en détail pour fonction modulaire (d’une variable), sans
le corps Q(i) et, dans des notes non rien publier d’ailleurs sur ces sujets, et il
publiées de son vivant, pour certains corps n’avait pas manqué d’observer les liens
cyclotomiques. Il faudra tout l’effort de entre cette théorie et certains problèmes de
l’école allemande du XIX~ siècle théorie des nombres. Pendant tout le
(E. E. Kummer, L. Kronecker, R. Dede- XIX~ siècle, l’exploration de ce nouveau
kind) pour surmonter, par la création de la domaine est menée avec vigueur, notam-
théorie des idéaux, les difficultés provenant ment par C. Jacobi, C. Hermite et L. Kro-
du fait que les anneaux d’entiers algébri- necker. Les résultats les plus profonds sont
ques ne sont pas principaux en général (cf. obtenus par ce dernier dans son étude de
la partie C ci-après - Nombres algébri- la multiplication complexe des fonctions
ques), et amener ainsi la théorie de la elliptiques, qui le conduit au premier
divisibilité dans ces anneaux au même exemple de corps de classes.
point que la théorie d’Euclide pour Z. Le P. G. Lejeune-Dirichlet, de son côté.
premier succès de cette nouvelle théorie est inaugure deux nouvelles voies en théorie
le critère obtenu par Kummer pour la des nombres. D’abord, par sa (( méthode
non-résolubilité de l’équation de Fermat des tiroirs )), il montre comment traiter les
X + y” = z”, où n est premier, à savoir questions d’approximations diophantien-
que n ne divise pas les numérateurs des nes autrement que par la théorie des frac-
(n - 3)/2 premiers nombres de Bernoulli. tions continuées, et l’applique aussitôt pour
C’est aussi avec Gauss que commence obtenir un des théorèmes fondamentaux de
la théorie générale des formes quadrati- la théorie des nombres algébriques, le théo-
ques à coefficients entiers ; il traite en rème des unités (cf. la partie C ci-après -
détail des formes binaires (dont la théorie Nombres algébriques). Après lui, d’autres
équivaut à celle des corps quadratiques sur méthodes encore sont introduites dans la
Q, comme devait le montrer plus tard théorie des approximations diophantien-
664
NOMBRES THÉORIE DES
nes : Hermite utilise à cette fin sa théorie des secondaire et implicite : la géométrie
formes quadratiques et Minkowski sa algébrique et la théorie des groupes. Grâce
(( géométrie des nombres )), obtenant des aux puissants moyens empruntés à ces
estimations remarquablement précises par théories, on dispose pour la première fois
des considérations très intuitives sur la posi- de quelques théorèmes génémus sur les
tion relative d’un ensemble convexe de R” équations diophantiennes ; bien que l’on
par rapport au réseau Z” (cf. approxima- soit encore très loin d’une compréhension
tions DIOPHANTIENNES). J. Liouville, de son profonde des phénomènes étudiés, on peut
côté, obtenant le premier théorème de espérer être sur la bonne voie et arriver un
(( non-approximation )) des nombres algé- jour à une théorie unique qui engloberait
briques, donne le premier exemple effectif à la fois ce que nous appelons maintenant
de nombres transcendants, et Hermite, en la théorie des groupes algébriques, celle
combinant habilement des méthodes des (( groupes arithmétiques )) et une
d’approximation diophantienne à la théo- bonne part de la théorie des nombres.
rie des fonctions analytiques d’une variable Avant de donner quelques indications
complexe, prouve en 1872 la transcendance sur ces développements, mentionnons que
du nombre e, résultat spectaculaire que l’approfondissement des méthodes héri-
F. Lindemann complète, dix ans plus tard, tées du XIX~ siècle a aussi permis d’impor-
en établissant, par une méthode analogue, tants progrès : l’extension de la méthode
la transcendance de rr. d’Hermite pour la preuve de la transcen-
L’autre contribution fondamentale de dance de e a conduit, par une série
Dirichlet est l’introduction des séries qui d’améliorations successives (Siegel, Gel-
portent son nom et dont il se sert pour fond), aux résultats généraux de A. Baker
démontrer le théorème de la progression sur les nombres transcendants (cf. nom-
arithmétique, ainsi que pour obtenir une bres TRANSCENDANTS). Une évolution ana-
expression explicite du nombre de classes logue pour les approximations diophan-
d’idéaux d’un corps quadratique (cf. la tiennes (A. Thue, Siegel, Dyson) a de
partie A ci-après - Théorie analytique des même permis d’améliorer le résultat initial
nombres). Ces deux types d’application de N non-approximation » de Liouville : le
des séries de Dirichlet vont être considé- meilleur résultat (K. Roth) est que, pour
rablement développés : ils conduisent, un nombre algébrique non rationnel c( et
d’une part, avec B. Riemann, J. Hada- p, q entiers (q > 1), on a, pour tout E > 0,
mard et C. de La Vallée-Poussin à la
démonstration du théorème des nombres
premiers et, d’autre part, avec Dedekind,
aux généralisations des fonctions L à tous
les corps de nombres algébriques. préludes mais la démonstration de ce résultat ne
à des généralisations ultérieures encore donne aucun moyen de calculer effective-
plus vastes (cf. fonction &TA). ment C(E) pour o et E donnés. Baker, par
Le développement de la théorie des ses méthodes, a obtenu la beaucoup moins
nombres, depuis la dernière décennie du bonne inégalité :
XIX~ siècle, se caractérise par l’apport de
plus en plus important de deux théories qui (2) > cg-d exp ((ln q) l/k),
jusqu’alors n’y avaient joué qu’un rôle
665
NOMBRES THÉORIE DES
il ne peut y avoir sur C qu’un nombreJini lier une parenté très étroite entre les corps
de points (x, y) à coordonnées entières. Ce de nombres algébriques et les corps de
résultat fait déjà intervenir une notion fonctions rationnelles sur une courbe
profonde de géométrie algébrique (le d’équation P(x, y) = 0 à coefficients dans
genre d’une courbe) dans sa formulation. un corps fini ; toute la théorie de la divisi-
Sa démonstration combine le théorème de bilité se développe de façon semblable dans
(( non-approximation )) d’un nombre algé- les deux cas (cf. infiu), et on peut aussi
brique avec le théorème de Mordell-Weil. définir les (( fonctions L )) et la fonction
Ici encore, la formulation même de ce zêta de la même manière pour ces deux
théorème fait intervenir la géométrie algé- types de corps. Le résultat fondamental
brique, et sa démonstration utilise un obtenu par Weil est que, pour ces dernières
raisonnement de N descente infinie )) sur la « fonctions zêta )) (qui sont ici rationnelles
jacobienne de C (variété abélienne de en p”), l’« hypothèse de Riemann )) est
dimension égale au genre de C). L. J. Mor- vraie ; cela entraîne des majorations pour
del1 a conjecturé que, sous les hypothèses les sommes d’exponentielles qui jouent un
du théorème de Siegel, il n’y a même qu’un grand rôle en théorie analytique des nom-
nombre fini de points de C à coordonnées bres (cf. la partie A ci-après - Théorie ana-
rationnelles lorsque le genre de C est 2 2. lytique des nombres) : par exemple, sif(s)
Cette conjecture a été démontrée en 1983 est un polynôme sur F, sans facteur carré
par G. Faltings ; cette démonstration et de degré impair m, on a l’inégalité (qu’on
ouvre un nouveau chapitre de la théorie ne sait pas prouver par d’autres méthodes) :
des nombres (cf. équations DIOPHANTIEN-
NES ). D’autre part, Baker, par ses métho-
666
NOMBRES THÉORIE DES
exemple que le plus petit non-résidu quadra- théorèmes fondamentaux sur la divisibilité
tique modula p tend vers l’infini moins vite dans les corps de nombres algébriques
1,4*+F
quep ,p -+ m, quel que soit E > 0. s’interprètent de façon extrêmement sim-
Le passage d’une équation diophan- ple et frappante en langage de la théorie
tienne P(s,. . . . . .Y,) = 0 à la congruence des groupes topologiques.
modula p correspondante P(s,, . . . . -u,-) Mais ce n’est pas tout : en premier lieu,
E 0 (mod p) est un des procédés les plus on a de même une interprétation remar-
anciens d’étude de ces équations. Mais on quable dans ce langage des résultats fon-
peut aussi considérer les congruences P(s,, damentaux de la théorie du corps de
. ..) s,.) = 0 (mod p”) pour tous les expo- classes. Déjà, sous l’impulsion de D. Hil-
sants 17, et, en un certain sens, l’existence bert, cette théorie avait été rattachée à la
de solutions pour tout n est un résultat théorie de Galois (cf. CORPS) ; le problème
(( proche )) de l’existence de solutions de central en est la détermination du groupe
l’équation initiale (la différence de deux de Galois de l’extension abélienne maxi-
entiers peut être non nulle et divisible par male A, d’un corps de nombres algébri-
une puissance élevée de p, mais non par ques k. Or, la théorie des idèles en donne
toutes les puissances de p). En approfon- une expression explicite : si 1, est le groupe
dissant cette idée, on a été conduit à des idèles de k, P, le sous-groupe (discret)
l’introduction des nombres p-adiques de d e s idcles p r i n c i p a u x , C, = I,/P, le
Hensel et à leurs generalisations : ils groupe (compactj des classes d’idèles et D,>
fournissent un procédé systématique pour la composante neutre de CA, le groupe de
(( localiser )) en un nombre premier (resp. Galois de A, sur k est canoniquement
un idéal premier) l’étude de l’anneau des isomorphe à C,/D,. On a des résultats tout
entiers Z (resp. d’un anneau d’entiers à fait analogues pour la divisibilité et la
algébriques), procédé tout semblable au théorie du corps de classes lorsque k est un
développement en série entière au voisi- corps de fonctions rationnelles sur une
nage d’un point d’une fonction rationnelle courbe algébrique définie sur un corps fini.
sur une courbe algébrique (cf. la partie B En second lieu, toute la théorie de
ci-après - Nombres p-adiques) ; on touche l’analyse harmonique générale (cf. analyse
la à une nouvelle et profonde influence de HARMONIQUE) est applicable aux groupes
la géométrie algébrique, qui n’a cessé d’adèles et d’idèles ; le développement de
d’inspirer Hensel et ses successeurs. cette théorie a conduit Tate, Ono, Tama-
L’étude de la divisibilité dans les corps gawa et A. Weil à insérer dans ce nouveau
de nombres algébriques se conçoit main- cadre les travaux de Hecke sur les fonc-
tenant comme une synthèse (( globale » des tions L et ceux de Siegel sur les formes
propriétés (( locales )) d’un tel corps en quadratiques (cf. fonction ZÊTA et formes
toutes ses (( places 1) ; les outils essentiels QUADRATIQUES). POUr dkr plus lOiIl et
pour en exprimer les résultats sont les (( sortir du commutatif )), la voie qui semble
groupes d’rr&lrs et d’i&lrs introduits par aujourd’hui la plus prometteuse est la théo-
C. Chevalley (cf. la partie C ci-après - rie des groupes de Lie (généralisée aux
Nombres algébriques). Ces groupes sont groupes algébriques, p-adiques et (( adéli-
naturellement munis de topologies, qui en ques )> de façon convenable), et notam-
font des groupes commutatifs localement ment celle des représentations de ces grou-
compacts ; et on constate alors que les pes dans des espaces fonctionnels
667
NOMBRES THÉORIE DES
668
NOMBRES THÉORIE DES
indexées par M, telles que i, = 0 sauf pour du produit de séries entières. On note
un nombre fini d’éléments de M ; l’addi- encore cette algèbre K[[X]]. Elle contient
tion se fait composante par composante et évidemment l’algèbre des polynômes
la multiplication est définie par : K[X] ; en outre, pour qu’une série for-
melle :
(1) KS)(%) = KJ
05
avec : LX”
c
n=o
(2) L= Lrilv,
c ait un inverse dans K[[X]], il faut et il suffit
w=s
que C$ # 0. Les fractions rationnelles
somme qui a un sens dans K, puisqu’elle
P(X)/Q(X) telles que Q(0) # 0 sont donc
n’a qu’un nombre jîni de termes # 0.
des éléments de K[[X]] ; en particulier, on
Remarquons maintenant que, si l’on ne
a :
fait aucune hypothèse sur les familles (&) et
(ns), le second membre de (2) a encore un (3) ~ = 1+ x + x2 + + X” +
1 -l x
sens si le monoïde M satisfait à la condition :
(D) Pour tout s E M, il n’existe qu’un L’ordre o(j) d’une série formelle :
nombre$ni de couples (v, w) d’éléments de m
669
NOMBRES THÉORIE DES
somme infinie (4), resp. le produit X)k, qui s’obtiennent en dérivant un nom-
infini (5). Cette définition justifie, pour une bre quelconque de fois les deux membres
série formelle, l’écriture : de (3), on obtient aisément l’expression de
6, comme l’entier le plus proche de
(n + 3)‘/12.
Plus généralement, soit CI,, u?, . . . . a, des
entiers > 0, sans diviseur commun # 1, et
On supposera toujours par la suite
notons 5, le nombre de solutions en entiers
que K est le corps C des nombres com-
> 0 de l’équation à r inconnues :
plexes ; si (5,) est une suite de nombres
complexes, on dit souvent que la série (‘5) 0,x, + cz2xz + + a,x, = n.
formelle :
On voit que la série génératrice corres-
pondante est :
670
NOMBRES THÉORIE DES
cf(z)Y= 1 +4 &
c où le nombre d’inconnues x,,~ n’est pas
n=l
m
limité (mais, pour un n donné, il est clair
Z” -z3n qu’on a nécessairement ,Y,,! = 0 pour tout
=1+4
c 1-t4”’ m > n). Ce nombre peut aussi être défini
n=1
comme le nombre des classes d’équiva-
d’où l’on déduit que le nombre U(n) lence des partition.~ d’un ensemble de n
de solutions de .x: + X; = n est quutre éléments, lorsqu’on range dans une même
fois Iu d$Grrnce entre le nombre des classe deux partitions qui se déduisent
diviseurs de n de lu fOrme 4k + 1 et le l’une de l’autre par une permutation de
nombre des diviseur.~ de n de la ,forme l’ensemble. II est immédiat que la série
4k + 3. génératrice converge pour /z 1 < 1 et est
De même, pour r = 4, on a la formule : donnée par :
es m
fW=l+8(&+~+&+...) (10) F(z) = cp(n)rn = n
n=O rn=l (l-zm)-1.
=1+8 ol(m)(zm + 3z*m
c L’idée fondamentale est d’exprimer le
m
coefficient p(n) à l’aide de la formule de
+ 32”” + 3z*m + . ..).
Cauchy :
où M parcourt l’ensemble des nombres
impairs > 1 et où o,(n~) désigne la somme
des diviseurs de II~. On en conclut que, si
(11) p@) = & sc F(x”+IX)&,
l’on pose n = 2cwr, où m est impair, le où C est un cercle de centre 0 et de rayon
r < 1 ; le problème est d’évaluer cette
nombre de solutions de :
intégrale lorsque r est pris voisin de 1. On
x;+x;+x:+x:=n utilise le fait que F(z) est liée à une
« fonction modulaire )) q(t) par la for-
est 8 ol(m) si c( = 0 et 24 a,(~~r) si c( > 0 ;
mule :
en particulier ce nombre est toujours > 1
(théorème de Lagrange). (12) F(ez’“‘) = e”‘r”*(q(r))-1,
671
NOMBRES THÉORIE DES
672
NOMBRES THÉORIE DES
Le problème de Waring
Le théorème de Lagrange sur la possibilité
d’écrire tout entier comme somme de
où sh désigne le sinus hyperbolique, ou quatre carrés au plus a conduit en 1792 le
c=7r~,où: mathématicien anglais E. Waring à avan-
A,(n) = c
@,k)= I
"h,k exp(-2 Trinhht),
cer la conjecture que, pour tout exposant
entier k > 2, il existe un entier g(k) tel que
l’équation :
h parcourant l’ensemble des entiers < k
(17) x: + x; + +x$, = n
premiers à k, et enfin où :
12 possède au moins une solution en nombres
u(n)= ( n-A) ; entiers, quel que soit l’entier n > 0. La
première démonstration de cette conjec-
on peut obtenir des majorations commo- ture fut donnée par Hilbert en 1909 ; on
des du reste de cette série en fonction de dispose actuellement de méthodes beau-
M lorsqu’on ne considère que les M coup plus puissantes, dues à G. H. Hardy,
premiers termes. Pour obtenir la valeur de à J. E. Littlewood et à 1. M. Vinogradov et
p(n). il suffit évidemment de prendre M tel qui non seulement prouvent la conjecture
que ce reste soit en valeur absolue < 1/2 de Waring avec une bonne estimation de
puisque p(n) est un entier. Par exemple, g(k), mais encore donnent une estimation
pour n = 72 1, il suffit de prendre M = 2 1, approchée du nombre de solutions de (17)
et l’on trouve : en nombres entiers. L’idée de Hardy et de
p(721)= 161061755750279477635534762. Littlewood est de généraliser la méthode
de Jacobi en considérant la fonction :
De plus, chacun des termes de la série
(15), considéré comme fonction de n, est f(z) = 2 zm*,
négligeable devant le précédent ; en parti- m=ll
673
NOMBRES THÉORIE DES
série entière convergente pour 1z 1< 1. Le et permet, dans (19) de prendre pour C
nombre de solutions de : le cercle 1 z 1 = 1 lui-même. D’autre part,
il n’y a pas intérêt à tenir compte des
(18) x:+ +x,k=n
valeurs .Y, = 0 dans les solutions de (18) ;
en entiers > 0 est donc donné, comme finalement, si l’on note r(n) le nombre
dans (1 l), par la formule de Cauchy : de solutions de (18) pour lesquelles .Y,
2 1 pour tout j, on obtient I’expres-
sion :
674
NOMBRES THÉORIE DES
pour tout entier CI tel que 1 < a 6 q ~ 1 j Le nombre g(k) intervenant dans la
premier à q ; on pose ensuite : formulation originale du problème de
A(q) = q-’ c
(asu)= 1
(S(a, 4))” exp(-2rrindq).
Waring a pu, grâce aux travaux de Vino-
gradov, être complètement déterminé,
sauf pour k = 4 et k = 5 ; il est toujours
la somme s’étendant aux entiers a précé- au moins égal à 2k - 2 + [(3/2)k] et est
dents, et enfin : égal à ce nombre, sauf pour un nombre fini
m d’exposants k. On a :
Q(n,s) = c A(q); g(3) = 9 , 19 a g(4) < 35,
37 ( g(5) < 54, g(6) = 73.
675
NOMBRES THÉORIE DES
(26) g@, m) = c m
i=l
& exp (2 7rikx).
N * vérifie la condition (D), et qu’on peut
donc définir son ulgèhw kwgc> sur un corps
K ; on se bornera encore au cas où K = C,
676
NOMBRES THÉORIE DES
et on notera D cette algèbre large. On note on écrit alors F (o + a), pour tout nom-
ici n-‘” l’élément U, de la base canonique de bre complexe a, la série formelle de
C[N*], et cette fois, un élément fE D se
note :
Dirichlet :
Di Cf(fl)ra)ru;
c
de même, on écrit F (ko), pour tout entier
et on dit que c’est une série formelle de k, la série formelle de Dirichlet :
Dirichlet. Le produit de deux élémentsfet
g de D se note aussi f* g et est défini par :
677
NOMBRES THÉORIE DES
Rappelons (cf. DIVISIBILITÉ) que la fonc- la théorie additive : si, dans une série
tion constante i : n - 1, la fonction de formelle de Dirichlet :
Mobius u, la fonction d’Euler <p, la fonction
n - cA(n), où cf(l(n) est le nombre de diviseurs a(n)n-W,
c
n
de n, et les fonctions n - o,(n), où o,(n) est
la somme des puissances cc-ièmes des divi- on remplace le symbole n- w par le nombre
seurs de n, sont multiplicatives ; il en est de complexe nF = exp (- s In n), où s E C,
même de la fonction n - 2”(“), où v(n) est le on obtient une série de nombres comple-
nombre des facteurs premiers distincts de II, xes, qui, si elle converge, a pour somme
de la fonction de Liouville n - h(n), définie une fonction de s ; l’application de la
par h(n) = (- l)k, où k est le nombre des théorie de Cauchy à cette fonction dans les
facteurs premiers de n, comptés avec leur régions du plan C où cette fonction est
ordre de multiplicité ; enfin, la fonction de analytique donnera des informations sur
von Mangoldt n - A(n) est aussi multipli- les coefficients u(n) de la série.
cative, A(n) étant 0 si n n’est pas une puis- On poses = (5 + it, où o et t sont réels,
sance d’un nombre premier, égal à Inp si pour tout nombre complexe S, de sorte que
n = p”’ est une telle puissance. l’on a :
À ces diverses fonctions multiplicatives
~a(n)rsl = ~a(n)lrO,
correspondent des séries formelles de Diri-
chlet, en premier lieu la série .&a : et, par suite, si la série de Dirichlet :
678
NOMBRES THÉORIE DES
outre, on a toujours 0, ~ 0,. < 1. La fonc- Gauss avait même précisé cette conjecture
tion : en indiquant comme meilleure approxima-
m tion de rr(x) la fonction Ii, appelée loga-
F(s) = a(n)n-$ rithme intégral :
c
n=,
h(x)= if&.
est alors kolomorphe pour o > o,, et ses s
dérivées s’obtiennent en dérivant la série
Le théorème des nombres premiers
de Dirichlet terme à terme dans ce demi-
établit (46) ; démontré d’abord en 1896
plan. Lorsque la fonction a(n) est multi-
par J. Hadamard et C. de La Vallée-
plicative, la formule :
Poussin indépendamment, il a été par la
(43) F(s) = fl (1 + a@)~-’ suite amélioré par divers mathématiciens
et l’on peut maintenant montrer que :
+ f a(pk)p-k + . ..)
(47) x(m ) = li (m ) + O(m exp (- c VEK)),
est valable pour o > o,,, le produit infini
du second membre (dit G produit eulérien )) où c > 0 est une constante. Si l’hypothèse
de F) étant uniformément convergent dans de Riemann était vraie (cf. fonction ZÊTA),
tout demi-plan o < o, + E pour E > 0. on pourrait remplacer dans (47) le terme
La théorie de Cauchy ne fournit pas ici complémentaire par O(m ‘/* In m) : on sait
directement les coefficients u(n) à l’aide que c’est la meilleure majoration possible.
d’une intégrale curviligne, mais seulement La démonstration de (47) utilise la for-
les sommes de ces coefficients : mule (45) appliquée à la série de Dirichlet :
LD
6 Cm + Il”+’ cm w, na
et A(n) = e(n) - n, on a :
T n=, m 0(n)-qn-l)
n(m) = ~~-
c In n
n=2
Le théorème des nombres premiers
” 1 +A(n)-A(n-l)
À la fin du XVIII~ siècle, A. M. Le Gendre =
c Inn
et C. F. Gauss, indépendamment, avaient n=2
cmis la conjecture (d’après les tables de A+&+...+& 1
nombres premiers) que le nombre K(X) des
nombres premiers < .Y avait, lorsque x A(m) 41)
+In-ïz
tend vers + a7, une partie principale :
(46) ?+,n,:
NOMBRES THÉORIE DES
l- l au<&
100coInt *
680
NOMBRES THÉORIE DES
< C(N)mexp
c 1
-~vïÏGG >
1
où la constante C(N) ne dépend que de N,
l’inégalité étant valable pour tout entier m,
tout entier k tel que :
681
NOMBRES THÉORIE DES
un caractère dit principal et, pour tout voit que, pour établir (51) il suffit de
caractère non principul x, on a, d’après montrer que l’on a :
(54)
I~(~;X~)/ < CI(N)mexp -&G),
x(x) = 0. (
c
pour h = 2,3, __., q(k) et k < lnNm.
partir de ces caractères de (Z/kZ)*, on
À La marche suivie est analogue à celle du
définit surZ des fonctions x(n) dits (< carac- théorème des nombres premiers, en rem-
tères modulo k )) en prenant x(n) égal àx(x) plaçant la fonction S(s) par les (( fonc-
tions L )) de Dirichlet :
où x est la classe de n (mod k) si (n, k) = 1,
et x(n) = 0 si (n. k) # 1. On vérifie aussi- m
tôt que ~(t?zn) = X(ni)X(n) quels que soient (59) w, xl = 1 x@W3
les entiers 1~2 et n ; le 0 caractère principal “=l
modulo k » est la fonction égale à 1 pour = n (1 -x(Pk-SI-‘,
(n, k) = 1, à 0 sinon.
Cela étant, on peut écrire : définies pour chaque k et chaque (( carac-
tère modulo k )) x. Il suffit de se borner aux
a(m ; k, 1) = g@), caractères non principaux ; on montre
c
p<m alors aisément que la série de Dirichlet (59)
converge dans le demi-plan o > 0 (contrai-
où p parcourt l’ensemble des nombres
rement à ce qui se passe pour un caractère
premiers < /n et g(n) = 1 si n E 1 (mod
principal) et que l’on a dans ce demi-plan
k), g(n) = 0 sinon. Or. en raison des
l’inégalité analogue à (49) :
relations d’orthogonalité (53), on peut
écrire : (60) ~L(~,x)l<klsl/~,
682
NOMBRES THÉORIE DES
683
NOMBRES THÉORIE DES
général très irrégulière. Par exemple, la direction, on peut, par une étude poussée
fonction d(n) est égale à 2 pour n premier, de la fonction &Y), montrer que :
mais elle est très grande pour les nombres de
la forme m ! ; on peut montrer par des pro- Pntl-Pn = o(py) ;
cédés élémentaires (n’utilisant pas le théo- si l’hypothèse de Riemann était vraie, elle
rème des nombres premiers) que l’on a : entraînerait pn+, P~U = O(JI,“~ In p,,).
Pour o,(n), l’irrégularité est moins pro- On espère en général que, lorsqu’une
fonction f définie pour les entiers > 0 a
noncée; on a o,(n) = n + 1 si n est
une allure irrégulière, la fonction
premier, et on montre (à l’aide du théo-
F(m) =J‘(l) +f(Z) + +f(m), égale
rème des nombres premiers) que :
à m fois la (< valeur moyenne )) de f dans
(65) lim sup
o,(n) l’intervalle 1 < n < m, se comportera de
“-m Inlnn=eT’
façon plus satisfaisante ; c’est ce qui se
où y est la constante d’Euler (cf. fonction passe pour la plupart des fonctions arith-
G A MM A ).De même, pour la fonction métiques. Le théorème des nombres pre-
d’Euler <p(n), on a cp(n) = n( 1 ~ l/p) pour miers en est un exemple : de façon géné-
n =pk, puissance d’un nombre premier, rale, siP est une partie de N et si l’on prend
ce qui entraîne : pour f’la fonction caractéristique de P, la
fonction correspondante m - F(m)/m est
hmsn*~ = 1; ce qu’on appelle la densité de P dans
n--
l’intervalle [ 1, m] ; le théorème des nom-
on montre ici que l’on a : bres premiers dit que, pour l’ensemble P
des nombres premiers, cette G densité )) a
liminf<p(n)lnlnn =e-r
(66) n-m n une partie principale l/ln m.
Pour certaines fonctions considérées
Une fonction arithmétique très étudiée, supuu ( c f . Le point de wr fbrmel, i n
mais sur laquelle on sait encore peu de
chap. 2), on peut effectivement obtenir des
chose, est la différence p,,+, -pn entre parties principales de leurs G moyennes ))
deux nombres premiers consécutifs, On
de façon élémentaire ; par exemple, on a :
conjecture qu’il y a une infinité de valeurs
de n pour lesquelles P,~+, -pn = 2 (nom- (67) 1 d(n) = xlnx + (2~ - I)X + O(G),
bres premiers ((jumeaux ») et que le nom- ” cx
bre des p,, < x ayant cette propriété est
asymptotiquement égal à Cx/(ln ,Y)?, avec : (68) c o,(n) = 12x2 + 0(x lnx),
n<r
C=4rI(l-(PI
P
(produit étendu aux nombres premiers (69) <p(n) = $x2 + 0(x Inx),
c
impairs) ; mais tout ce que l’on a pu
prouver jusqu’ici, avec V. Brun, est que la
série des inverses des nombres premiers (70) lP@)l= $ + O(W,
jumeaux est convergente. Dans l’autre c
684
NOMBRES THÉORIE DES
685
NOMBRES THÉORIE DES
solutions de l’équation uz + v2 = n (cf. Les <( lois limites » du calcul des pro-
Sommes de carrés, in chap. l), I(G) est, babilités affirment que, sous certaines
dans ce cas, la somme : conditions, pour une suite un) de fonctions
mesurables, les fonctions de répartition on
U(n) = I(x)
c correspondantes convergent vers une fonc-
“Gx
tion de répartition, dont la plus connue est
et Van der Corput a pu prouver qu’il existe la fonction de Gauss :
un a > 0 tel que :
I(X) = TX + 0(X ]‘,-a) G(o) = & s0, e-X”‘Zdx.
D’autre part, Hardy a démontré que, Considérons maintenant une fonction
dans cette formule, on ne peut pas rempla- réelle h définie dans l’ensemble N des
cer 1/3 ~ a par 1/4 (on conjecture cepen- entiers > 0. Pour tout entier N et tout
dant que n’importe quel exposant > 1/4 est o E R, soit KN(w) le nombre des entiers
possible). Ces deux résultats découlent n < N tels que h(n) < o ; la fonction :
d’une analyse extrêmement subtile, à partir
de la remarquable identité de Hardy : Ma) = ; KN(@)
fN@) = h(n),
686
NOMBRES THÉORIE DES
,n <p(n) , ln(51o.
n n B. Nombres p-adiques
pour la première de ces deux fonctions, la On peut aborder l’étude d’un problème dio-
fonction de répartition o(o) est en outre phantien (cf. équations DIOPHANTIENNES)
H singulière )) au sens de Lebesgue (autre- en commençant par chercher les solutions
ment dit, Erdos a montré qu’elle a une modulop, un nombre premier quelconque :
dérivée nulle presque partout, sans être on est alors devant un problème plus facile,
constante). carZ/pZestun corps (cf. DIVISIBILITE). Cette
687
NOMBRES THÉORIE DES
688
NOMBRES THÉORIE DES
on voit ainsi que l’ensemble Z,, ~ {O} est de la topologie produit ; on obtient ainsi un
réunion disjointe des p”U (n E N). Autre- anneau topologique compact, comme pro-
ment dit, tout entier p-adique non nul x duit d’ensembles compacts (cf. théorème
s’écrit d’une seule manière sous la forme de Tychonoff, in TOPOLOGIE GÉNÉRALE).
p% avec n E N et u E U entier p-adique Comme les applications canoniques <Fi,)!
inversible ; l’entier naturel n s’appelle la sont continues, Z, est une partie fermée de
valuation p-adique de x et se note IJ,,(x), Si cet anneau produit ; c’est donc encore un
x =p’% et y =p% sont des entiers anneau topologique compact pour la topo-
p-adiques non nuls, avec u E U et u E U, logie induite. Un système fondamental de
on a : voisinages de 0 pour la topologie produit
est formé par les ensembles :
xy =pm+nuv f 0,
v, = I(x,) Ix, = 0, m < n J ;
car nu est encore inversible, donc Zp est un
anneau intègre ; on voit en même temps la trace de V, sur Zll n’est autre que l’idéal
que : p”Z,, qui est encore égal à l’ensemble des
entiers p-adiques de valuation 2 n. Pour
tout entier p-adique x, on pose :
et on peut vérifier par ailleurs l’inégalité :
689
NOMBRES THÉORIE DES
2. Équations p-adiques ;
une série converge dans Zp dès que son
lemme de Hensel
terme généra1 tend vers 0.
Au début du siècle, K. Hensel a intro- Revenons aux considérations du début et
duit les nombres p-adiques en les définis- étudions un système d’équations :
sant par des développements en série du
type précédent. fa(x,,x2, . . ..x.) = 0,
Le corps des fractions Qp de Zp où a = 1, 2, . . . . Y et où les f, sont des
s’appelle le corps des nombres p-adiques ; il polynômes à coefficients dans Z,, ; on
contient le corps Q des nombres rationnels cherche les solutions (x,, x2, . . . . ,Y,,,) dans
comme sous-corps (autrement dit, c’est un (ZJ1. Par réduction modula p”, on en
corps de caractéristique 0). Chaque nom- déduit un système d’équations f,,,, = 0
bre p-adique peut s’écrire comme une dans Z/p”Z. Pour que le système étudié ait
fraction x/p” avec au numérateur un entier une solution dans (Zp),>l, il faut et il suffit
p-adique x et au dénominateur une puis- que pour tout IZ le système réduit mod p”
690
NOMBRES THÉORIE DES
ait une solution dans (Z/p”Z)“‘. En effet, On construit y comme limite d’une suite
une solution dans (ZJ7 n’est autre qu’une (x,) d’éléments de (ZJT vérifiant :
suite de solutions mod p” pour tous les n,
qui se correspondent par les applications (x,) c O(modp “+q), &+,,j = k,
canoniques qk,, ; si X,, C (Z/p”Z)“’ désigne x0=x, x,+,=x,(modpn+r-k);
l’ensemble des solutions mod pH, on voit
que l’image dans X, de l’image X des l’existence d’une telle suite résulte du
solutions dans (Z,),,l est : lemme suivant.
691
NOMBRES THÉORIE DES
692
NOMBRES THÉORIE DES
693
NOMBRES THÉORIE DES
suivant qu’il existe ou non un élément non et le nombre d’entiers k < n tels que
nul de (Q&’ qui annule la forme quadra- u,(k) > r est égal à la partie entière [n/p’]
tique z’ ~ 0X’ hY’ (cf. DIVISIBILITÉ ; la du nombre rationnel n/p: ce qui donne :
partie C ci-après -Nombres algébriques ; n-s
formes QUADFUTIQUES). À l’aide du sym- vp(n !) =; +p”i + ,,, = n,
P-l
bole de Hilbert, on définit un invariant c(f)
associé à toute forme quadratique ,f’ à en désignant par s, la somme des coefh-
coefhcients dans Q,, ; si : cients du développement p-adique de n (si
n=Cug’ a v e c 0 <a,<~~1, o n a
f(x,,xz, . ..>X.) = a,x: + a,x: + + a,&$, s,~ = Gai) : on en déduit facilement que
dans une base orthogonale, on a : up( 1 /fz !)/n converge vers ~ 1 /(p ~ 1) pour
n infini, c’est-à-dire que 1I/n ! llln converge
af) = n @,,a,) vers p’i@ ‘1, On peut donc définir une
i <j
fonction exponentielle x - exp .Y pour
et on peut montrer que E(J) ne dépend pas IX <P- ri+‘) ; il est clair que l’on a :
de la base orthogonale choisie. Pour que
exp(x + y) = expx . expy
deux formes quadratiques à coefficients
dans Q, soient isomorphes, il faut et il et que la fonction exponentielle ne s’annule
suffit qu’elles aient même rang, même pas dans son disque de convergence : elle
invariant E et que leurs discriminants aient définit un homomorphisme de ce disque,
la même classe dans Q,>*/Q,>*? ; on trouve qui est un sous-groupe du groupe additif de
ainsi 4 (resp. 8) classes de formes de rang 1 Q, (à savoir pZP si p # 2 et 4Z2 si p = 2),
et 7 (resp. 15) classes de formes de rang 2 dans le groupe multiplicatif de Q,>*. C’est
et enfin 8 (resp. 16) classes dc formes de en fait un isomorphisme sur un sous-
rang II > 3 si p # 2 (resp. p = 2). groupe de QI>*, comme on peut le montrer
à l’aide de la fonction logarithme définie
4. Analyse p-adique par la série :
694
NOMBRES THÉORIE DES
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NOMBRES THÉORIE DES
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NOMBRES THÉORIE DES
697
NOMBRES THÉORIE DES
et que, par suite, si (x, y) en est une solu- A = 1, g, g’, . . . . g+’ (sans compter
tion, on en tire une infinité d’autres (u, v) cf, 0) =f), qui sont les racines d’une
en calculant (-x + JMT)” = u + vVD équation de degré e à coefficients entiers ;
pour tout n E N. L’équation x3 + y3 = z3 ensuite, lesfracines rnh” qui constituent la
a fourni à Euler une autre occasion période v, A) sont les racines d’une équa-
d’exploitation arithmétique de nombres tion de degréfdont les coefficients sont des
irrationnels (imaginaires cette fois) ; pour combinaisons linéaires à coefficients
établir que cette équation n’a pas de entiers de 1 et des e périodes de longueur
solution non triviale en nombres entiers f: Gauss établit que le produit de deux
(c’est un cas particulier du <( dernier théo- périodes de longueur f est une combinai-
rème de Fermat »), Euler (1770) se fonde son linéaire du type précédent : ces com-
sur le fait, admis sans démonstration, que, binaisons forment donc un sous-anneau du
si p et q sont des entiers premiers entre eux corps C des nombres complexes (cf.
tels que (P + qv=mp - q”--3) ANNEAUX ET ALGÈ BRES); de plus, si p est
= p2 + 3q2 soit un cube, alors chacun des une période de longueur f, les autres
deux facteurs imaginairesp k qVT7 est le s’expriment par des polynômes en p (de
cube d’un nombre complexe de la même degré au plus e ~ 1) à coefficients ration-
forme. nels. Lorsque e = 2, les deux périodes de
longueur m = (n - 1)/2 sont (m, 1) et (m,
Périodes g), et elles sont construites avec h = g2 ; la
Un autre type de nombres algébriques première est la somme des r o avec a résidu
apparaît dans la dernière section des Dis- quadratique modulo n et la seconde la
quisitiones arithmrticue de Gauss (180 l), somme des r ” avec b non résidu (cf.
ou se trouve élaborée la théorie de l’équa- DIVISIBILITÉ). Gauss montre que l’équation
tion de la division du cercle en n parties dont les racines sont ces deux périodes est
égales, avec n premier impair. Si r est l’une x2 + x f v = 0 si n = 4 v f 1 ; le discri-
des racines imaginaires de cette équation, minant de cette équation est f n, dont la
les autres sont ?, rs, . . . . r+‘, et Gauss racine carrée est donc la valeur de la
introduit certaines sommes partielles de différence des deux périodes :
ces racines, qu’il appelle périodes, et qui
sont solutions d’équations de degrés infé- h l)-cm, g) = hrcndn pjr1,
rieurs : siJ’est un facteur de n - 1 et si A
est un entier quelconque, la période (x A) où 5n est le symbole de Le Gendre. Les
de longueurfest, par définition, la somme : 0
expressions du type :
(h A) = ï-h + ru + ru* + + ru’-‘,
698
NOMBRES THÉORIE DES
699
NOMBRES THÉORIE DES
Gauss qui divisent 1, sont les quatre est l’unité ih G q(N@lp’)/4 (mod p) (0 < k
nombres f 1 et k i (racines quatrièmes de < 3), et il vaut 1 exactement dans le cas où
l), et deux entiers de Gauss sont dits la congruence ,?e q (mod p) a une
associés si l’un est le produit de l’autre par solution. La loi de réciprocité énoncée par
une unité. Exactement comme pour les Gauss (et démontrée par Jacobi et Eisens-
entiers ordinaires, on établit l’existence du tein) s’énonce alors : si p et q sont des
plus grand commun diviseur (P.G.C.D.) nombres premiers de Gauss non associés
de deux entiers de Gauss, avec une identité a l-i,ona:
de Bezout ; on appelle nombre premier de
Gauss un entier de Gauss qui n’est pas une
unité et qui n’est divisible que par ses
associés et par les unités, et on voit qu’un La démonstration de Jacobi (1836) utilise
tel nombre ne peut diviser un produit de des ((sommes de Jacobi », intimement
facteurs sans diviser l’un d’eux. II en liées à certaines sommes de Gauss ; Eisens-
résulte que tout entier de Gauss se décom- tein (1845) a donné d’autres démonstra-
pose d’une manière essentiellement unique tions fondées sur la multiplication com-
en produit de facteurs premiers de Gauss plexe de la fonction elliptique sl (dont l’une
(« essentiellement » veut dire ici <( à l’ordre est inspirée par une démonstration qu’il
près des facteurs et à une multiplication avait trouvée pour la loi de réciprocité
près par une unité 1)). Les nombres pre- quadratique, et qui utilisait la formule qui
miers ordinaires se classent en trois caté- donne sin I~X en fonction de sin x). Jacobi
gories : 2 = i( 1 - i)?, qui est associé au et Eisenstein ont étudié de même la loi de
carré du nombre premier de Gauss 1 ~ i et réciprocité cubique, qui donne des rensei-
700
NOMBRES THÉORIE DES
gnements sur la résolubilité d’une En 1847, Lamé crut avoir une démons-
congruence x3 = m (mod p) 0, nombre tration du dernier théorème de Fermat
premier ordinaire, m E Z) ; il faut rempla- pour tout exposant n 2 3 : il décomposait
cer i par la racine cubique imaginaire : x” + y” en n facteurs x + Yy, avec
0 < a < n - 1 et r racine n-ième de 1, et
-1+v=3
j= admettait que, dans le cas où x et y sont
2
premiers entre eux, chacun de ces facteurs
de 1, et se placer dans le cadre des nombres devait être une puissance n-ième s’il en est
de la forme m + nj avec m, n E Z. Ces ainsi de leur produit x” + y” = ?.
nouveaux nombres ont encore des proprié- Comme Liouville le reconnut aussitôt, la
tés arithmétiques analogues à celles des décomposition unique en facteurs pre-
entiers ordinaires, car ils admettent un algo- miers pour les nombres de la forme
rithme de division euclidienne relatif à la a, + a,r + + a,-, F’(a, E Z), que
n o r m e N(m + nj) = ( m + nj)(m + nj*) Lamé admettait implicitement, n’était pas
=m2~mn+n2;ilyasixunitésf.1,?Ij forcément justifiée. Il se trouve que Kum-
et f j2 qui sont les valeurs possibles du mer, qui étudiait ces nombres depuis 1843,
symbole permettant d’exprimer la loi de avait publié dès 1844 un article dans lequel
réciprocité cubique. il montrait que la décomposition unique en
facteurs premiers n’a pas lieu pour n = 23.
« Dernier théorème de Fermat » L’intérêt de Kummer pour les (( entiers
Avant les travaux de Kummer (cf. infra), cyclotomiques )) du type ci-dessus prove-
deux nouveaux cas du (( dernier théorème nait sans doute autant de son désir de
de Fermat », appelé aussi « grand théo- généraliser les lois de réciprocité connues
rème de Fermat >), ont été établis par que d’efforts pour démontrer le dernier
Dirichlet, Legendre et Lamé ; il s’agit de théorème de Fermat. Cependant, sa théo-
l’impossibilité de résoudre en nombres rie lui fournit une démonstration dudit
entiers non triviaux l’équation théorème pour toute une classe d’expo-
x” + y” = z” pour n = 5 (Dirichlet, Le sants n premiers, qu’il appela réguliers ; le
Gendre, 1825) et pour n = 7 (Dirichlet, plus petit nombre premier irrégulier est 37
Lamé, 1839). Sophie Germain avait mon- (malheureusement, on ne sait pas s’il existe
tré que, dans ces deux cas, l’exposant n une infinité de nombres premiers régu-
divise nécessairement l’un des nombres X, liers). Rappelons que le grand théorème de
youz; pour le cas n = 5, Dirichlet utilise Fermat a enfin été démontré en 1993.
les nombres algébriques de la forme
m + n fl, avec m, n E Z, et il établit que,
si m et n sont premiers entre eux dont l’un 2. Les « nombres idéaux »
est pair, si n est multiple de 5 et si de Kummer
m2 - 5 n* = (m + 12 Us) (m -n u5) est
Entiers cyclotomiques
une puissance cinquième, alors m + n V5
est la puissance cinquième d’un nombre Considérons, avec Kummer, un nombre
algébrique de la même forme. Pour le cas premier impair A et une racine h-ième
II = 7, on utilise une propriété analogue imaginaire cx de 1 ; ainsi :
des nombres algébriques de la forme ah-1
m + n m avec m, n E Z. ~ = ah-l + ah-Z + + a + 1 = 0.
a - l
701
NOMBRES THÉORIE DES
702
NOMBRES THÉORIE DES
(mod h) (théorème de Fermat ; cf. DIVI- h(a”‘), de ai= u (mod h(d)) on tirerait
SIBILITÉ).On voit comme ci-dessus que aJ~u~c(“’ (mod Ma”)), donc
les entiers rationnels divisibles par h(o) q = N(h(a”‘)) diviserait N(cti - a”‘) =
sont les multiples de q ; pour continuer le N(l ~ a”‘-/), ce qui exige m ~j (mod A)
raisonnement et montrer que h(a) est (sinon N( 1 - am -j) = A).
premier, on va prouver qu’il existe un Kummer a fait des calculs systémati-
entier rationnel u tel que a z u ques de nombres premiers cyclotomiques
(mod h(a)), et on lui fera jouer le rôle que h(a) de norme un nombre premier ration-
jouait 1 pour 1 - a. Posons i = (q - l)/h nel q, et des entiers u correspondants. en
et k = y’, où y est une racine primitive prenant de petites valeurs de A. Par exem-
modulo q ; la congruence xh E 1 (mod q) ple, pour h = 5, a + 2 a pour norme 11,
a pour solutions x E 1, k, k2, . . . . kAp’ a ~ 2 a pour norme 31, etc. ; pour
(mod 41, donc x” ‘+.a++... A=7,-a4+a2+1apournorme29et
+ x + 1 E (x ~ k)(x ~ k2) (x - k”-‘) divise a + 13, a + 2 a pour norme 43.
(mod q). On en déduit facilement que etc. Ses tables donnent, pour A < 19, les
h(k)h(k’) h(kAp’) = 0 (mod q), puisque facteurs premiers cyclotomiques de tous
N(h(a)) = q ; par suite, q divise l’un des les nombres premiers q E 1 (mod A)
nombres h(k) et le polynôme h(x) est inférieurs à 1 000. Pour A = 23, on voit
divisible modulo q par x ~ ki. On prend que 47 n’est la norme d’aucun entier
u = kj, de sorte que h(a”) est divisible cyclotomique, et n’admet donc aucun divi-
modulo q par a”’ ~ upourl < m <A-l, seur premier cyclotomique ; cependant :
et (a - u)h(a*)h(a’) . h(aApi) est divisible
423 - 1
modulo q par : N(a-4) = -=
4-1 -0 (mod47),
l-u”
N(a-u) = l-u, et on calcule que N(l - a + a -‘) =
47. 139 et N(at” + apI0 + a8 + a
lui-même divisible par q = /r(a)h(a2) R + a7 + a-‘) = 47*, 47 étant le produit
h(aAp’) ; cela prouve bien que a - u est de la moitié des conjugués de ce dernier
divisible par h(a). Il en résulte alors que, nombre. On en déduit deux décomposi-
si h(o) divise f(a)g(a), il divise f(u)g(u) tions distinctes de 47 . 139 en produits
qui est donc un multiple de q ; ainsi q divise d’entiers cyclotomiques irréductibles, mais
f(u) ou g(u), ce qui signifie que h(a) divise non premiers. L’idée des G facteurs prc-
f(a) ou g(a) : on voit donc que h(a) est miers idéaux )> de Kummer consiste à
premier. Si h,(a) est un autre entier associer à a - 4 un tel facteur : par
cyclotomique de norme q, h(a), qui divise définition, un entier cyclotomiquef(a) est
q, divise l’un des conjugués de h,(a), et le divisible par ce facteur sif(4) est divisible
quotient est de norme 1 ; ainsi, h,(a), qui par 47, mais le facteur lui-même n’existe
est aussi premier, est le produit d’un des pas en tant que nombre.
conjugués de h(a) par une unité. Les Si h(a) est un nombre premier cyclo-
différents facteurs premiers h(a), h(a2), . . . . tomique quelconque, il divise N(/I(~)),
h(a”-‘) trouvés pour q dans les entiers donc l’un des facteurs premiers rationnels
cyclotomiques sont essentiellement dis- y de cet entier ; montrons que les entiers
tincts, c’est-à-dire qu’aucun d’eux n’en rationnels divisibles par h(a) sont exacte-
divise un autre ; si en effet h(aj) divisait ment les multiples de q : si h(a) divise
703
NOMBRES THÉORIE DES
l’entier m, il divise le P.G.C.D. (m, q) qui de 1ongueur.f; et il est donc congru modulo
vaut 1 (exclu car h(o) n’est pas une unité) h(o) à un unique entier cyclotomique de la
ou q, et par suite q divise m. Lorsque forme b, + b,cc + + b,_,of-‘, où les
q # A, on a qh ’ e 1 (mod A) par le petit coefficients b, sont des entiers rationnels de
théorème de Fermat ; soit f le plus petit l’intervalle [0, y - l] ; les qf entiers cyclo-
entier > 1 tel que qf- 1 (mod A). On sait tomiques ainsi décrits forment donc un
quefest un diviseur de A - 1 ; le casS= 1 système de représentants des classes
a été traité ci-dessus, et nous allons exa- modulo h(o). Les,. entiers U, au moyen
miner le cas général en cherchant des desquels on peut tester la divisibilité par
entiers cyclotomiques congrus a des h(o) sont liés par des relations modulo q
entiers rationnels modulo h(o). D’après le qui proviennent des relations entre les
théorème de Fermat, on a : périodes : si n,q,= c1,, + ain, + + a,~,,
x”-x=(x-1)(x-2).,.(x-q) (modq); o n d o i t a v o i r uiu,= u0 + u,u, + +
u,u, (modq).
en prenant x =f(o) entier cyclotomi- Considérons maintenant un nombre
que t e l q u e f(a4) =f(o), d o n c premier rationnel y # A quelconque, et
f(o) =y(@) ~f(o)q (modq), on voit soitfle plus petit entier > 1 tel que qf E 1
que h(o) divise l’un des facteursf(o) ~ U, (mod A) ; on pose encore e = (A - I)/f: Il
c’est-à-dire que f(o) E u (mod h(o)). La se peut que q ne soit divisible par aucun
transformation c( - oq laisse invariantes nombre premier cyclotomique, comme
les e = (A ~ l)/f périodes no, n,, . . . . nepi nous l’avons vu dans le cas où h = 23 et
de longueurf, et il existe donc des entiers q = 47 ; mais on peut encore démontrer
rationnels uO, u,, . . . . 24+, tels que n, f U, que l’équation de degré r dont les racines
(mod h(o)) pour 0 < i < e - 1 ; autre- sont les périodes de longueur f se décom-
ment dit, l’équation de degré e (à coeffi- pose modulo q en e équations de degré 1,
cients entiers rationnels) dont les solutions et les e entiers rationnels, racines modulo q
sont les périodes de longueur f se décom-
de ces congruences, vont permettre de
pose complètement modulo q en
définir une relation de congruence dans les
(x ~ u())(x - u,) (x - u, -,).
entiers cyclotomiques, si on les associe
Pour qu’un entier de la forme a, + u,
convenablement aux e périodes de lon-
ni + + aen, (n, = no, les indices des
gueur J Pour ce faire, on considère les
périodes sont pris modula e), avec CI”,
entiers cyclotomiques u ~ n,. avec u entier
a,, . . . . a,E Z, soit divisible par h(o), il faut
rationnel tel que :
et il suffit que u0 + CI,U, + + CI,U, soit
divisible par q ; chacun des entiers cyclo- e-1
704
NOMBRES THÉORIE DES
cette condition, car si on en avait deux, U, distincts, et que ce sont les seuls possibles ;
et L/, on aurait (u, ~ u’)‘I’(q) G 0 (mod q), en ce sens, q se trouve décomposé, dans les
avec u, - u’ +0 (mod qL entiers cyclotomiques, en r = (A ~ I)/f
donc inversible modulo p, ce qui donne- facteurs premiers distincts, tous conju-
rait ‘I’(q) SE 0 (mod 4). Soit gués, mais pouvant être idéaux : pour
F(Q, n ,, . . . . ne ,) = 0 une relation polyno- qu’un entier cyclotomique soit divible par
miale quelconque (à coefficients entiers) q, il faut et il suffit qu’il soit divisible par
entre les périodes ; on tire de ce qui précède chacun des e facteurs de q, c’est-à-dire
que F(u,, u,. . . . . u,. ,)\I’(n) = 0 (mod q), équivalent à 0 pour chacune des e relations
d’où F(u,, u,, .._, u+,) E 0 (mod q), puis- d’équivalence correspondantes. Par exem-
que F(u,, u,, . . . . ue+,) est un entier ration- ple, le nombre U’(n) qui a servi a construire
nel et que ‘I’(rl) + 0 (mod q). Kummer (uO, u,, .,., u+,) est divisible par tous les
associe à la suite ( uO, u,, . . . . zf+,) un (( nom- facteurs de q sauf celui qui est associé à
bre premier idéal >) divisant q, qui n’est pas (u,, u,, . . . . u+,). Notons que, lorsque
du tout un nombre, mais bien une relation ,f= A - 1, c’est-à-dire lorsque q est une
d’équivalence entre entiers cyclotomiques, racine primitive modulo A, e = 1 et q reste
pour laquelle chaque période q, de lon- premier dans les entiers cyclotomiques.
gueur J‘est équivalente a l’entier rationnel On précise la définition des « nombres
u, correspondant. Cela détermine entière- premiers idéaux » en spécifiant avec quelle
ment la relation d’équivalence, si on lui multiplicité ils divisent tel ou tel entier cyclo-
impose d’être compatible avec la structure tomique. Soit, comme plus haut, U’(n) un
d’anneau des entiers cyclotomiques (addi- entier cyclotomique formé des périodes de
tion et multiplication ; cf. ANNEAUX ET longueur f et divisible par tous les facteurs
ALGÈBRES) ; explicitement, des entiers d’un nombre premier rationnel q d’ordre
cyclotomiques sont équivalents si leurs pro- f modulo A, sauf celui qui correspond à une
duits par U’(n) sont congrus modulo q. On suite (uO, u,, _,., U, r) d’entiers rationnels ;
montre encore que les q’ entiers cycloto- on définit une valuation v sur l’anneau des
miques h, + b,cc + ,.. + h,_,&‘, avec entiers cyclotomiques en posant :
0 <b,< q - l p o u r j=O,l,_.., f - l ,
v(f(a)) = sup In EN If(a)T(@ E 0 (modq”)l
forment un système de représentants des
classes pour la relation d’équivalence consi- (cf. algèbre TOPOLOGIQUE). Lorsque le fac-
dérée, et qu’un produit d’entiers cycloto- teur de q associé à (uO, u,, . . . . u,~,) est un
miques ne peut être équivalent à 0 sans que vrai nombre premier cyclotomique /z(o),
l’un des facteurs le soit : autrement dit, les nombres de valuation n sont ceux qui
l’anneau quotient est intègre et, comme il sont divisibles par /z(o)” mais pas par
est fini, c’est un corps a q’ éléments. /d’ô+‘. La théorie de Kummer consiste
Le groupe de Galois de l’équation dont en définitive à remplacer les nombres
les racines sont les e périodes de longueur premiers cyclotomiques, qui n’existent pas
fest formé des permutations circulaires de toujours, par des valuations ; au moyen de
ces périodes (cf. CORPS) ; on peut donc ces valuations, on peut énoncer un critère
transformer la suite (u”, u,, . . . . u+,) par de divisibilité pour les entiers cyclotomi-
permutations circulaires, ce qui définit en ques, qui joue le rôle de la décomposition
tout e « nombres premiers idéaux )) divi- en facteurs premiers lorsque celle-ci est
sant q. On peut vérifier qu’ils sont tous possible.
705
NOMBRES THÉORIE DES
Théorème. Soitf(a) et g(a) deux entiers deux entiers cyclotomiques n’ont le même
cyclotomiques. Pour quef(a) divise g(a), diviseur que si l’un est le produit de l’autre
il faut et il suffit que, pour toute valuation par une unité (pour une unité e(a), on a
r associée à un (< nombre premier idéal », vo(e(a)) = 0 quel que soit Q). D’une
on ait vcf(a)) < v(g(a)). manière générale, on appelle diviseur un
La condition est évidemment néces- symbole PlnrPZn? . Pk”k, où P,, P2, . . . . P,
saire, car les valuations v ne prennent que sont des (( nombres premiers idéaux » (que
des valeurs positives sur les entiers cyclo- l’on peut identifier aux valuations corres-
tomiques ; pour voir qu’elle est suffisante, pondantes vp,) et iz,, n2, . . . . n,E N ; on
on observe que f(a)lg(a) équivaut à peut multiplier entre eux les diviseurs
Nf’(a)l g(a)f(a’)f(a3) . ..f(aAp’). donc on (mais pas les additionner). et la multipli-
peut se ramener au cas où f(a) est un cation est une loi commutative et associa-
entier rationnel, en ajoutant tive admettant comme élément neutre le
vcf(a’) . ..f(a”-l)) à vcf(a)) et à v(g(a)). diviseur (1) des unités. Si A est un diviseur,
On décompose alors f’(a) en un produit on note encore vo(A) l’exposant du <( nom-
P,J+ pIl de nombres premiers rationnels bre premier idéal » Q dans A ; à deux
(non nécessairement distincts), et on se diviseurs A et B, on associe un diviseur
ramène, par récurrence sur n, à montrer P.G.C.D. (A, B), pour lequel :
que la propriété est vraie pourf(a) = q,
~Q(C& BN = iWQ(A), ~Q@N
nombre premier rationnel, ce qu’on a déjà
vu plus haut. quel que soit Q. Par exemple un (< nombre
En résumé, un (< nombre premier idéal 1) premier idéal )) P, facteur d’un nombre
Q est défini par la donnée d’un nombre premier rationnel q, s’écrit comme le
premier rationnel q # A et d’une corres- P.G.C.D. (q, v(q)) des diviseurs (y) et
pondance convenable entre les e périodes (w(n)), où v(n) est un entier cyclotomique
de longueurf(ordre de q modulo h) et les formé de périodes de longueur f(ordre de
racines modulo q de l’équation de degré e q modulo A) tel que r+(lc)(n)) = 1 et
qui donne ces périodes ; il faut ajouter àcela vo(w(n)) = 0 pour les autres facteurs
le nombre premier exceptionnel 1 - a, uni- idéaux Q de q ; il est facile de construire un
que diviseur de h avec la multiplicité A ~ 1. tel w(q) en utilisant le nombre B’(n) intro-
À l’entité Q, on associe une valuation vo sur duit plus haut et ses conjugués.
l’anneau des entiers cyclotomiques ; si Soit o un automorphisme de conju-
vo(f(a)) > 1, on af(a) = 0 (mod q) (et gaison des entiers cyclotomiques,
inversement), donc Q divise Nu(a)), qui défini par une substitution a-a’; on
est ainsi multiple de q : on a donc fait opérer o sur les diviseurs en posant
v&(a)) = 0 sauf pour un nombre fini de a(P,“’ P23 ,__ Pknk) = o(P,)“’ o(P,)‘5
Q qui divisent les facteurs premiers ration- a(P,Yk, et o(P) = @, w(q)) si
nels de NV(a)), À l’entier cyclotomique P = (p, v(n)). La norme d’un diviseur A
f‘(a), on associe le symbole : est le diviseur NA = A . o(A) _., &*(A),
où o est un automorphisme de conjugaison
rI
Q
Q"uV@)) = (y(@),
défini par a - a.(, y racine primitive
modulo A ; on voit facilement que c’est le
que l’on appelle le diviseur de f (a), et on diviseur d’un entier rationnel que l’on note
voit, grâce au théorème précédent, que encore NA. L’entier NA s’interprète
706
NOMBRES THÉORIE DES
encore comme le nombre de classes divise g(a)Iz(cc) dont le diviseur est ACBD.
d’entiers cyclotomiques pour la Le quotient est un entier cylotomique de
congruence modulo A, en définissant diviseur BD, qui est donc encore princi-
f(a) E ~(CC) (mod A) par la condition : A pal ; si, donc, pour un diviseur C, AC et
divise Q”(~C) - g(<x)) ; pour le voir, on se BC sont tous deux principaux, alors AD et
ramène, grâce à une généralisation du BD sont principaux en même temps pour
théorème des restes chinois (cf. équations un diviseur quelconque D. Selon Kum-
DIOPHANTIENNES), a u Cas O ù A = P” est mer, on dit que les diviseurs A et B sont
une puissance d’un diviseur premier équivalents s’il existe un diviseur C tel que
P = (p, V(Q)), et on établit, par récurrence AC et BC soient principaux : les diviseurs
sur II, que tout entier cyclotomique est principaux sont ceux qui sont équivalents
congru modulo P” i un nombre de la au diviseur (1). La relation d’équivalence
forme : est compatible avec la multiplication des
diviseurs : si A, (resp. Al) est équivalent
à B, (resp. B?), A,A? est équivalent à BIB,,
où les a, sont des entiers cyclotomiques car si A,A,C est principal, il en est de
déterminés d’une manière unique même de B,A,C = A,B,C (A, équivalent
modulo P. Ainsi le nombre de classes a B,), donc aussi de B,B,C (A2 équivalent
modulo P’l est la puissance n-ième du à B2). Pour chaque diviseur A, il existe un
nombre de classes modulo P, et on est diviseur C tel que AC soit équivalent à
ramené à n = 1, soit A = P; alors P a l’élément neutre (1) de la multiplication ;
seulement r conjugués distincts par suite, la multiplication des diviseurs
(p, o’v(q)), avec 0 6 j < e ~ 1, qui sont induit, sur l’ensemble des classes de divi-
répétés chacunf fois, et le produit de ces seurs, une structure de groupe anmutatij;
conjugués est p : on a donc NP =p’ qui dont l’élément neutre est la classe des
est bien le nombre de classes modulo P. Le diviseurs principaux.
cas où P = 1 ~ c( est à part ; il y a Un théorème fondamental de Kummer
A = N( 1 ~ ct) classes modulo (1 ~ c(), affirme que le groupe des classes de
représentées par 0, 1, . . . . h - 1. diviseurs estfini. Sa démonstration repose
sur deux lemmes.
Classes de diviseurs Lenmc~ 1. Il n’y a qu’un nombre fini de
Les diviseurs premiers ont été définis diviseurs de norme inférieure à un
comme facteurs de nombres premiers entier M fixé.
rationnels ; par suite, tout diviseur A divise On a en effet N(( 1 ~ II)~~‘) P,,“’ Pz”2
un nombre véritable : il existe un diviseur Pi”k) = A”n p,‘l”l I,z”“2 _,, Pa k”k < M,
C tel que AC soit le diviseur d’un entier donc les p, et les n, ne peuvent prendre
cyclotomique. On appelle principau.~ les qu’un nombre fini de valeurs ; chaque p,
diviseurs d’entiers cyclotomiques. Consi- n’a qu’un nombre fini c, de facteurs
dérons des diviseurs A, B, C tels que AC premiers idéaux, donc les P, ne prennent
et BC soient principaux, et soit D un qu’un nombre fini de valeurs, ce qui
diviseur tel que AD soit principal ; on a démontre le lemme.
d o n c A C = cf(cx)), B C = (g(o)) e t Lenme 2. Soit p = (A ~ 1)/2 ; pour
AD = (h(a)), et on voit, en se servant du tout diviseur A, il existe un diviseur C de
théorème du chapitre précédent, quef(cx) norme < h’l tel que AC soit principal.
707
NOMBRES THÉORIE DES
Soit en effet c le plus petit entier tel que forme Z[e], où 8 vérifie une équation irré-
(c + l)“-’ > NA + 1 ; les entiers cyclo- ductible Y + u,x+’ + + a,, = 0 à
tomiques a,a + aza2 + + ah ~ la” ’ coefficients a, entiers rationnels ; si les raci-
tels que 0 < ai < c (i = 1, . . . . A - 1) sont nes de cette équation sont 8, 8,, . . . . 8,,+,, les
en nombre supérieur à NA, donc il y en a conjugués d’un élément f’(B) de Z[6] sont
deux qui sont congrus modulo A et on f(e,), . . . . f(e,,+,), et sa norme est le produit
prend pour AC le diviseur de la différence NV(e)) =f(e)f(e,) . ..f(e+.). Les unités
de ces deux nombres, qui s’écrit de Z[e] sont les élémentsf’(B) de norme k 1
h,a + &a’ + + b,- ,a”-’ =/“(a) (la norme est toujours un entier rationnel,
avec /b, 1< c. On a : mais elle peut être négative dans ce cas géné-
ral) ; parmi les unités, les racines de 1 qui
appartiennent à Z[0] sont caractérisées par
If(e)1 = lf(e,)i = =If(~,-,)l = 1.
(inégalité de la moyenne géométrique, En effet, sif(8) vérifie ces conditions, il en
applicable aux nombres réelsf(a’)J‘(a ‘)), est de même de ses puissances,f(8)k, k E N,
et on calcule facilement que : dont tous les conjugués restent donc bor-
h-l nés. Or l’ensemble des éléments de Z[e]
v(a’lf(a-‘)) = A -p-( Cb,),; dont les conjugués sont tous majorés par
c
i=1 une constante M est fini, car ces éléments
donc : sont les racines d’un nombre fini d’équa-
tions de degré n (leurs coefficients sont les
fonctions symétriques élémentaires des
conjugués, donc ce sont des entiers ration-
nels majorés en fonction de M et de n) ; il
et : n’y a donc qu’un nombre fini de puissances
1 P
f‘(e)k distinctes, etJ’(e)’ = 1 pour 1 conve-
f(a’lf(a-‘1) a k*, nable. Les racines de 1 appartenant à Z[e]
; c
i=1
forment un groupe fini cyclique pour la
d’où Nu(a)) < h@ t < AL’NA d’après le multiplication ; la finitude provient du
choix de c, ce qui signifie que NC 6 A”. résultat précédent, et le caractère cyclique
En appliquant ces lemmes, on voit qu’il du fait que, pour tout I, il y a au plus
existe un nombre fini de diviseurs C,, C?, / solutions de l’équation .Y’ = 1 dans C,
. . . . C,,, tels que, pour tout diviseur A, l’un donc dans Z[e] (cf. GROUPES - Généralités).
des AC, (1 < ,; < w) soit principal ; donc L’énoncé fondamental de Dirichlet est le
il y a au plus 111 classes de diviseurs suivant :
distinctes. Tlzcbwehe. Soit I, le nombre de racines
réelles de l’équation en 8, et 2 r1 le nombre
de ses racines imaginaires (de sorte que
3. Unités Y, + 2 r2 = n). Il existe Y = Y, + r2 ~ 1
unités fondamentales e,(e), ez(e), . . . . r,.(O)
Dans une série dc courtes notes, Dirichlet telles que toute unité s’écrive, d’une
(1841-1846) a étudié les unités dans des manière unique, sous la forme
anneaux de nombres algébriques de la oe,(e)“l e,(e)“2 er(e)“r, où 6) e s t u n e
708
NOMBRES THÉORIE DES
racine de 1 et où les exposants n, appar- ment non nul f(e) de Z[e] vérifiant les
tiennent à Z. inégalités If(C),) 1 Q K, (1 < i < n), avec
Autrement dit, le groupe multiplicatif des nombres réels positifs K,, K~, .._, K,, tels
des unités est le produit du groupe des que K,+,-, = K, pour r, + 1 < j < r, + r2
racines de 1 par un groupe isomorphe à Z’. et que le produit K, K~ K,, soit assez
On démontre le théorème en utilisant le grand. S i f(e) = ao + a,8 + + CI,~
plongement logarithmique ainsi défini : on 18’1 ‘, ces inégalités s’interprètent comme
indexe les racines de l’équation en 8 de un système d’inégalités définies par des
manière que 8,, 02, . . . . 8,, soient réelles et jauges de Minkowski sur l’espace
que 8,+,2 soit complexe conjugué de 8, R'1 X C'2 = R" des vecteurs
pour Y, + 1 < j < Y, + rz ; on note alors (ao, a,, . . . . a, ,) ; la matrice des jauges est
Le(B) le vecteur (In / r(0,) 1) de Rrl+Q wlgi~,z,0<,~n Ir et la condition d’exis-
(1 < i < r, + rz). Ainsi e(f3) - Le(B) est tence def(B) est que K,K~ K, soit plus
un homomorphisme du groupe des unités grand que la valeur absolue 1 A 1 du déter-
dans RQtrz, et son noyau est le sous- minant de cette matrice. L’élément f(e)
groupe formé des racines de 1 ; l’image est ainsi obtenu est de norme
un sous-groupe de R’I+‘z, et on aura f(e,y-ce,) . ..f(e.) au moins 1 en valeur
démontré le théorème en prouvant que absolue (entier non nul), ce qui donne
cette image est un groupe libre de rang r. if(t$) 1 > KJK pour i = 1, 2, .._, n, en
Or l’image de L est discrète, car si Le(B) posant K = K,K? K,. Soit cp une forme
reste borné, tous les conjugués de e(e) sont linéaire non nulle sur R’ et x le vecteur de
majorés en valeur absolue par une cons- coordonnées(ln ~,,h K~,..., ln K,) ;lesiné-
tante et e(e) ne peut prendre qu’un nombre galités obtenues donnent 1<pH -
fini de valeurs ; on sait qu’un sous-groupe <p(fU@)N I < Il(~11 In K (où Il <pli est la
discret de R‘ est libre de rang < s (cf. somme des valeurs absolues des coeffi-
algèbre TOPOLOGIQUE). En écrivant que la cients de <p). On prend M > I/ cp 1 In K fixé,
norme de e(e) est f 1, on voit de plus que et, pour chaque entier h, on choisit
l’image de L est contenue dans l’hyperplan K,, K~, . . . . k,. de manière que cp(x) = 2 Mh ;
d’équation : on peut alors trouver K,.+, assez petit
pour que ]/‘p l/ln (K,K? K,,) < M , et
on a un élément ,fi,(e) correspondant dans
~x,+*~x,,+j4,
i=, ,=1 Z[t3] qui vérifie (2 h - 1)M < <p(Î&(e)))
< (2 h + l)M, de sorte que la suite
ce qui majore son rang par r, + r, - (<p 0 iv,l(e))), est strictement croissante.
1 = r ; cet hyperplan se projette isomor- Par ailleurs, les normes Nfi,(e) restent
phiquement sur R”, et on note L la majorées par K, doncfil divise un entier
composée de L avec la projection. Il reste rationnel de l’intervalle fini [1, K] ; on en
à voir que l’image de L est de rang r, déduit qu’il existe des indices h et 1 tels que
c’est-à-dire que l’orthogonal de cette image fje) = e(e)jj(e), où e(e) est une unité, et
dans le dual de R’ est 0 (cf. algèbre alors <p(LMW) = d4fw))
LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE) ;on obtient ce ~ <p (Ï&(e))) # 0, comme on voulait.
résultat grâce au théorème de Minkowski Le groupe des unités n’est donc fini (et
(Cf. apprOXimatiOnS DIOPHANTIENNES), qui réduit aux racines de 1) que si r, = 1 et
permet de prouver l’existence d’un élé- r2 = 0, ce qui donne n = 1 et 8 E Z, ou
709
NOMBRES THÉORIE DES
710
NOMBRES THÉORIE DES
former un anneau dont l’intersection avec conjugués de o,, est défini au signe près par
Q soit réduite à Z ; on veut de plus que tous K. Le carré de ce déterminant est un entier
les conjugués d’un entier algébrique (c’est- rationnel A # 0, que l’on appelle le discri-
à-dire les racines de son équation minimale minant de K ; on a :
à coefficients rationnels) soient encore
entiers. Alors les coefficients de l’équation
minimale d’un entier algébrique sont des
entiers algébriques rationnels, c’est-à-dire et il n’y a qu’un nombre fini de corps de
des éléments de Z ; on définit donc les discriminant donné (Hermite).
entiers algébriques comme les racines Par exemple, dans le corps Q(i) (avec i’
d’équations à coefficients entiers ration- -
-~ l), les entiers sont de la forme m + ni
nels, avec un coefficient dominant 1 (cf. avec m, n rationnels tels que n? + ni
ANNEAUX COMMUTATIFS), et il est facile de + m - ni = 2 m et (m + ni)(m - ni)
voir que l’équation minimale d’un tel = 177’ + n2 soient entiers ; alors 4 ,n2 +
nombre a encore ses coefficients entiers 4 n’est un entier, donc aussi 4 n2, et 2 n est
(donc les entiers algébriques rationnels encore entier. Enfin, la condition que
sont bien les éléments de Z, ce qui (2 m)’ + (2 n)2 = 4 (m’ + n?) soit divisi-
généralise le résultat de Théétète cité au ble par 4 exige que 2 IY~ et 2 >z soient pairs,
début). Pour étudier les entiers du corps donc M et IZ sont entiers ; les entiers de Q(i)
K = Q(e), on peut supposer que 8 est forment donc l’anneau des entiers de Gauss
711
NOMBRES THÉORIE DES
712
NOMBRES THÉORIE DES
donc libre de rang < n. Tout entier p E oK d’un produit de deux polynômes g et 11 à
définit un idéal principal (p), ensemble des coefficients dans oK, il divise tous les
po, où o parcourt oK ; si a est un idéal produits d’un coefficient de g par un
quelconque, dire que x divise p, c’est-à-dire coefficient de /7. On peut alors prouver que
que p E a, revient donc à dire que (p) est l’égalité ab = ai avec a # (0) (a, 6, i idéaux)
contenu dans a. Le plus petit idéal conte- implique b = i ; en effet, en multipliant les
nant des entiers algébriques p,, p2, . . . . pr deux membres de la première égalité par
joue le rôle de leur P.G.C.D., et on le note un idéal convenable on se ramène au cas
(p,, pz, . . . . p,) ; c’est l’ensemble des com- où a est principal, qui est immédiat. Une
binaisons p,o, + pzo, + . + pro?, où autre propriété, qui revient essentiellement
o,, CI*, . . . . o, parcourent oK. Tout idéal a à dire que oK est ce que l’on appelle
peut s’écrire sous la forme (cx,, az, . . . . a,) maintenant un anneau de Dedekind (cf.
en prenant, par exemple, pour ANNEAUX COMMUTATIFS), est ki SLliVZUlte :
CI,, a2, . . . . a, les éléments d’une base de a ; pour qu’un idéal a divise un idéal i, il faut
autrement dit, l’anneau oK est nœthérien et il suffit que i soit contenu dans a ; la
( c f . A N N E A U X C O M M U T A T I F S ) . Leproduitde condition est évidemment nécessaire, et
deux idéaux a = (a,, a*, . . . . a,) et b = elle est aussi suffisante, car i C a implique
(&, fi?, . . . . fi,) est l’idéal engendré par les ib C ab pour tout idéal b, ce qui permet de
produits d’un élément de a et d’un élément se ramener au cas facile où a est principal.
de 6, c’est-à-dire ab = (~$3,) (1 < i < r, Ainsi l’idéal a + b engendré par deux
1 < j < s) ; on dit que l’idéal a divise un idéaux a et b est aussi le plus grand idkal
idéal i s’il existe un idéal b tel que ab = i, qui divise à la fois a et b (supposés non tous
et on écrit alors a 1i. Un idéal premier p est les deux nuls) ; en utilisant ce
un idéal différent de (1) = oK et qui n’est P.G.C.D. comme dans l’arithmétique élé-
pas divisible par un autre idéal que (1) et p. mentaire, on montre que si un idéal
Le fondement de la théorie de Dede- premier p divise un produit d’idéaux. il
kind est le fait que, pour tout idéal n, il divise l’un des facteurs, et on en déduit que
existe un idéal b # (0) tel que ab soit tout idéal non nul et distinct de (1) s’écrit,
principal. On peut construire b en asso- d’une manière unique, comme produit
ciant, à un système de générateurs d’idéaux premiers.
cx,,a2 ,..., a,. de a, le polynôme Pour tout idéal non nul a, l’anneau
g(x) = cx,x + a2x2 + a$ et ses conju- quotient o,/a est fini ; en effet, si <x est un
gués gi(x) = c(,(~)x + + aJi’x” ; le pro- élément non nul de a, (N(a)) C (tx) C J.
duit F = g,g, . . . g,. de ces conjugués est un donc o,/a est un quotient de O~/(N(~)). qui
polynôme à coefficients entiers rationnels est visiblement fini. La norme de a est. par
et il est divisible par g : F = gh, avec définition, le nombre Na d’éléments de
h(.Y) = p,x + /31x2 + + p,2 PolY- o,/a ; lorsque a = (cx) est principal. NJ est
nôme à coefficients entiers algébriques. On la valeur absolue de N(a). Le théorème
pose b = (@,, fi*, . . . . p”) et on montre que chinois signifie que la norme est multipli-
ab est l’idéal principal engendré par le cative : N(ab) = Na. Nb. Si p est un idéal
P.G.C.D. des coefficients de F en utilisant premier, il divise au moins un entier
une extension du lemme de Gauss aux rationnel (la norme d’un de ses éléments).
polynômes à coefficients dans oK : si un donc, si p # (0), il divise un nombre
entier algébrique divise tous les coefficients premier rationnel p ; alors Np divise
713
NOMBRES THÉORIE DES
714
NOMBRES THÉORIE DES
tat plus général, qui englobe aussi les 6a C ok ; alors a est engendré, comme
résultats de Kummer sur la décomposition a,-module, par un nombre fini d’éléments
des nombres premiers rationnels dans les de K. Les idéaux fractionnaires forment un
corps cyclotomiques : si K = Q(e) est un groupe pour la multiplication, avec
corps de nombres algébriques engendré (1) = ok comme élément unité ; c’est un
par un entier algébrique 0 d’équation groupe commutatif libre avec comme base
minimalef’(B) = 0 et si p est un nombre l’ensemble des idéaux premiers.
premier qui ne divise pas l’indice Dedekind définit l’équivalence des
C(B) = (ok : Z[e]). à une décomposition idéaux a et b par l’existence d’un même
modulo p : idéal i # (0) tel que ai et bi soient tous deux
principaux ; il revient au même de dire que
f(x) = n (P,@)Y, Wdp) l’idéal fractionnaire quotient ab- ’ est prin-
i-1 cipal. Autrement dit, le groupe des classes
de j’(u) en produit de polynômes irréduc- d’idéaux est le groupe quotient du groupe
tibles P, (distincts modula p) correspond des idéaux fractionnaires par le sous-
une décomposition : groupe des idéaux fractionnaires princi-
paux (c’est-à-dire engendrés par un seul
élément). Par une méthode analogue à
@) = n PT’
z=1 celle de Kummer, Dedekind montre, dans
le cas général, que le groupe des classes
en produit d’idéaux premiers p, distincts,
d’idéaux est fini ; en utilisant la fonction :
les multiplicités E, étant les mêmes. Pour
chaque i. on dit que e, est l’indice de
ramification de p, et, en considérant la
norme Nr, = p” de p, on voit que :
il= ci=1
cif, 2
et son comportement pour s + 1, il établit
un lien remarquable entre le nombre h des
classes d’idéaux et la (< densité » des
idéaux.
où 1es.f; sont les degrés des p,. Malheureu-
Par ailleurs, Dedekind a montré que la
sement, il y a des cas où on ne peut pas
classification des formes quadratiques
obtenir la décomposition de p par le
binaires développée par Gauss était essen-
résultat précédent (lorsque p divise C(e)
tiellement équivalente a celle des idéaux du
quel que soit le choix de 0). Les idéaux
corps quadratique de même discriminant ;
premiers ramifiés p, c’est-à-dire ceux qui
la loi de groupe définie par Gauss au
divisent un nombre premier rationnel p
moyen de la composition des formes sur
avec un indice de ramification e > 2, sont
l’ensemble des classes de formes quadra-
les diviseurs d’un idéal b, bien déterminé,
tiques de discriminant donné correspond à
dont la norme est 1 d 1; on appelle b, la
celle du groupe des classes d’idéaux.
d#ërente de K.
715
NOMBRES THÉORIE DES
cours du XIX’ siècle. Nous avons vu que ble des idéaux premiers de degré 1 de K est
Gauss avait associé, a tout nombre pre- infini, et il en résulte qu’il y a une infinité
mier impair p, une somme : de nombres premiers dans la progression
arithmétique de raison 11~ qui contient 1 (cf.
la partie A ci-dessus - Théorie analytique
des nombres). Weber a essayé de généra-
corps des racines p-ièmes de 1, dont le liser ce genre de considérations en rem-
carré est (- l)‘/’ 1)‘7p ; le sous-corps de plaçant Q par un corps de nombres
Q(Y) engendré par la somme de Gauss est algébriques k et MZ par un idéal ttt ; il
donc isomorphe au corps quadratique considère le groupe A,,, des idéaux frac-
Q(V(- l)r”p’)l’p). Kronecker a obtenu tionnaircs dc k premiers a tu et un sous-
une vaste généralisation de ce résultat (la groupe H,,, d’indice fini /I’ formé d’idéaux
démonstration complète est due à Weber) : principaux dans A,,,. Il fait alors les hypo-
tout corps K de nombres algébriques dont thèses suivantes :
le groupe de Galois sur Q est commutatif U) Les idéaux entiers de k sont (< éga-
se plonge dans un corps cyclotomique. La lement distribués )) dans les classes de
théorie de la multiplication complexe des A,,/H,,, (comme ils le sont dans les classes
fonctions elliptiques a ensuite conduit d’idéaux habituelles).
Kronecker à formuler une conjecture ana- h) 11 existe une extension K de k de
logue pour les corps de nombres algébri- degré < h’ telle que les idéaux premiers
ques K contenant un corps quadratique de H,,, de degré 1 se décomposent com-
imaginaire k et tel que le groupe de Galois plètement dans K (c’est-à-dire en pro-
G(K/k) soit commutatif (« rêve de jeu- duit d’idéaux distincts tous de degré 1);
nesse de Kronecker )), 1857) ; dans cette l’extension K s’appelle un corps de classes
conjecture, qui n’a été complètement pour k.
démontrée qu’en 1920, les fonctions ellip- Weber montre alors que chaque classe
tiques admettant de la multiplication com- de A,,,/H,,, contient une infinité d’idéaux du
plexe par certains entiers de k jouent le rôle premier degré. Dans le cas où k = Q, on
que jouait I’exponentielle imaginaire pour peut prendre pour H,,, le groupe des idéaux
les racines de 1. engendré par un nombre congru a 1
En étendant la théorie de Kummer aux modulo MI : dans ce cas, Weber a aussi
corps cyclotomiques Q(o) = K, où (x est établi que lc groupe de Galois de
une racine rwième de 1, 111 entier quelcon- Q(c,,,> = K sur Q s’identifie a A,,,/H,,, (c,,,
que. on constate que la décomposition racine wième de 1). et qu’a chaque
d’un nombre premier rationnel p qui ne sous-groupe H’,,, 3 H,,, correspond un
divise pas /rzd (cl discriminant de K) ne corps de classes K’ C Q(c,,,) de groupe de
dépend que de l’ordre ,f de p modula M : Galois A,,,/H ,,,. Dans le cas général, en
p se décompose en CJ = ~&wr)/f facteurs supposant l’existence du corps de classes
premiers idéaux distincts de degré ,f dans K, Weber a seulement démontré que son
K, où cp (111) est l’indicateur d’Euler (cf. degré sur k est égal a 11’ et qu’il est galoisien
DIVISIBILITÉ). En particulier, si p E 1 sur k. Revenant au cas particulier k = Q.
(mod nz). c’est le produit de T(M) idéaux si L est une extension abélienne quelcon-
premiers de degré 1 ; au moyen de la que de Q, elle SC plonge dans un corps
fonction &. on peut montrer que I’ensem- Q(c,,,) (théorème de Kronecker-Weber) et
716
NOMBRES THÉORIE DES
717
NOMBRES THÉORIE DES
étant des places finies (= idéaux premiers) sions finies de Q,,, et on note 3p l’unique
ou non. Dans les diviseurs fractionnaires, idéal premier non nul) ; pour une telle
on admet des exposants n, négatifs, et on extension, H est l’image du groupe multi-
a ainsi un groupe multiplicatif; à un plicatif de K, par la norme relative N,,,k,.
diviseur entier m, on associe le groupe A,,, Les démonstrations de Hasse étaient fon-
des diviseurs fractionnaires premiers a m, dées sur la théorie (( globale » de Takagi,
et le sous-groupe Hm des diviseurs princi- mais Chevalley (1933) est parvenu à un
paux congrus à 1 modulo m, c’est-à-dire exposé autonome de la théorie locale. Il eut
congrus à 1 modulo p,“i pour tout i tel que ensuite l’idée de récupérer la théorie glo-
pI soit un idéal premier, et d’image positive bale a partir de la théorie locale (1936-
pour toute place à l’infini réelle p,. Les 1940), en remplaçant les diviseurs de
groupes de classes d’idéaux de Weber sont Takagi par les idèles. Un idèle de k est un
alors remplacés par les groupes de classes élément (E,,), du produit des groupes mul-
de diviseurs A,,,/H,,, et leurs quotients de la tiplicatifs de tous les complétés k, de k, p
forme A,,,/H,, . Ni+(A,,,(K)), où K est une variant dans l’ensemble de toutes les pla-
extension galoisienne finie de k, A,,,(K) est ces, y compris les places à l’infini ; pour
le groupe des diviseurs fractionnaires de K ces dernières, le complété est R si la place
premiers à m, et NKjk est la <( norme est réelle, et C si la place est imagi-
relative )) ; si l’ordre du groupe quotient naire (d’après un théorème d’ostrowski
précédent est égal au degré (K : k), K est (1935), toutes les valeurs absolues possi-
un corps de classes au sens de Takagi, et bles sur k sont équivalentes à l’une de
son groupe de Galois sur k est isomorphe celles qui sont définies par les places ;
à ce quotient. Toute extension abélienne de cf. algèbre TOPOLOGIQUE). On impose, de
k est un corps de classes pour un certain plus, que v,(&,) = 0 sauf pour un nombre
diviseur m, que l’on peut choisir minimal fini de places finies p, en notant rP la
(le <( conducteur )) de K). valuation correspondante ; l’ensemble I(k)
Une théorie analogue, mais beaucoup des idèles de k est un sous-groupe du
plus simple, a été développée par Hasse produit :
(1929-1930), en considérant, au lieu du
corps de nombres algébriques k son com- n 5
P
plété k, pour la valuation associée a l’idéal
premier p ; ce corps k, est une extension des groupes multiplicatifs. Le groupe mul-
finie du corps p-adique QP, où p est le tiplicatif k* de k se plonge dans I(k),
nombre premier que p divise (cf. la partie chaque i E k donnant pour image l’idèle
B ci-dessus - Nombresp-adiques), et il a des ([,) tel que i, = [ pour toute place p ; on
propriétés analogues : son anneau o, des a un homomorphisme de I(k) sur le groupe
entiers, éléments de valuation > 0, est des idéaux fractionnaires de k, qui trans-
principal ct il a un seul idcal prcmicr non forme l’idèle (i,) en l’idéal :
nul, engendré par p. La théorie du corps de
clusses loeul de Hasse établit une corres-
P
pondance bijective entre les sous-groupes
A’;*A;,,
u I‘I”ICC fi..:
11111 y
1 kti gïoüpc mu!:;plicat$ de I-..,. A..:*
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au* p,cLcs
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1IIUGD,. Le
718
NOMBRES THÉORIE DES
719
NORMÉES ALGÈBRES
Ch Fi&/ Theor~,, Benjamin, New York, 1968, ticiens soviétiques (1. M. Gelfand, M. A.
rééd., Addison-Wesley, Redding (Mass.), 1990 / Naimark, D. A. Raikov, G. E. sylov), la
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et al., Abr&g& d%ir/oirr des rnuthénzrrtiques, Her-
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Classicrrl Introduction 10 Modwn Introduction to en isolant leurs propriétés les plus mar-
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Algebruic Number Theory, rééd., Springer, 1986 / On reconnaît là le processus d’axioma-
P. RIBENBOïM, The Book @“Prime Nurnber Records, tisation, qui a été si souvent utilisé en
Springer, 1989 / P . SAMUEL, Thkorie alg6brique des
nombre.~, Hermann, 1967 / J.-P. SERRE, Corps mathématiques et qui est si riche de
loccruw, ibid, 3’ éd. 1980 1 A . WEIL, Busic Numhrr conséquences.
TheorJ~, Springer, Berlin, 1985. Historiquement issue de l’analyse har-
monique (dont l’un des principaux objets
est précisément l’étude de l’algèbre de
convolution des fonctions intégrables sur
NOMBRES
TRANSCENDANTS
1. La notion d’algèbre normée
- TRANSCENDANTS NOMBRES
Définition
Une algèbre normée est un ensemble muni
a la fois d’une structure d’espace vectoriel
sur le corps des nombres complexes, d’une
NORMÉES ALGÈBRES structure d’anneau et d’une norme (cf.
eSpaCCS VCCtOriek NORMÉS ; ANNEAUX ET
ALGÈBRES).
720
NORMÉES ALGÈBRES
721
NORMÉES ALGÈBRES
la multiplication interne est l’opération de est une fonction x définie sur A, à valeurs
convolution, notée (( * », définie par : complexes, non identiquement nulle, telle
que, quels que soient A dans C, et a et b
dans A, on ait :
722
NORMÉES ALGÈBRES
723
NORMÉES ALGÈBRES
C,ll” T d,@,
possède une série de Fourier :
c
converge dans A vers un élément h, noté
f(a), dont la hansformée de Gelfand est
c
précisément h =,fo Û. Cela résulte de où la série :
propriétés élémentaires. +-
Moins simple est le théorème suivant, dn
c
n=-Di
qui généralise de beaucoup les considéra-
tions ci-dessus : est absolument convergente.
Soit A une algèbre normée commutative
unitaire semi-simple, a un élément de A et Les algèbres normées commutatives
f‘ une fonction analytique définie sur un non unitaires
voisinage du spectre de a. Il existe un élé- Il existe un procédé standard pour associer
ment b de A, et un seul, tel que b =fo û. à toute algèbre normée A une algèbre
Si, en particulier, f est un polynôme : normée unitaire A,, telle que A soit une
sous-algèbre de A,. Cc prockdk, assez
élémentaire, permet en principe de rame-
ner l’étude de problèmes concernant 4 à
b est alors l’élément : des problèmes qui portent sur A,. Cepen-
N durit, dans bien des cas, ccttc appïûche est
C,cz”. insuffisante et il faut étudier directement
c
n=o les propriétés d’une algèbre non unitaire.
724
NORMÉES ALGÈBRES
L’outil fondamental dans le cas com- A(A) d’une topologie d’espace localement
mutatif unitaire, l’étude des idéaux maxi- compact, pour laquelle les transformées de
maux, ne s’applique pas directement au cas Gelfand â sont continues et tendent vers 0
non unitaire : il faut introduire la notion à l’infini.
d’i&ul régulier. Cela étant, la plupart des propriétés
Dans une algèbre A, un idéal 1 définit valables pour les algèbres normées com-
une relation d’équivalence : a et h, élé- mutatives unitaires s’étendent au cas non
ments de A, sont équivalents si 0-b unitaire sans modifications essentielles.
appartient a 1. L’ensemble des classes Citons, comme exemple d’algèbres de
d’équivalence, le quotient A/I, est muni ce type, l’algèbre des fonctions continues
d’une structure d’anneau (cf. ANNEAUX ET sur un espace localement compact X qui
ALGÈBRES, chap. 3). On dit qu’un idéal 1 de tendent vers 0 à l’infini : ici le spectre
l’algèbre normée commutative A est r&u- s’identifie à X, et les éléments de l’algèbre
lier si l’anneau quotient A/I est unitaire s’identifient à leurs transformées de Gel-
(remarquer que, si A est unitaire, tout idéal fand. Un autre exemple est fourni par
est régulier). l’algèbre, pour l’opération de convolution,
Dans une algèbre commutative uni- des fonctions intégrables sur un groupe
taire, tout idéal propre est contenu dans un abélien localement compact non discret, R
idéal maximal : il n’en va pas toujours de par exemple.
même si l’algèbre n’est pas unitaire. Mais.
si l’on se borne à considérer les idéaux
réguliers, on retrouve des propriétés ana-
3. Les algèbres normées
logues à celles qui ont été données précé-
demment : non commutatives
LI) Tout idéal régulier propre est
L’absence de la commutativité de la mul-
contenu dans un idéal maximal régulier ;
tiplication interne modifie énormément,
h) Tout idéal maximal régulier est
en la compliquant notablement, la théorie
fermé ;
des algèbres normées. Faute de pouvoir
c) Tout idéal maximal régulier est le
ne serait-ce que l’esquisser, nous nous
noyau d’un caractère, et d’un seul, et tout
bornerons à indiquer deux classes d’algè-
caractère admet pour noyau un idéal
bres de ce type particulièrement impor-
maximal régulier.
tantes.
Cela définit une bijection entre l’ensem-
ble des caractères et l’ensemble des idéaux
maximaux réguliers et cela montre, d’autre Les algèbres d’opérateurs
part, que tout caractère est continu. dans les espaces de Banach
Comme pour les algèbres commutati- Reprenons l’exemple (2) du chapitre 1 : E
ves unitaires, on peut définir ici le spectre étant un espace de Banach. l’ensemble
et la transformation de Gelfand : si A(A) L(E) des applications linéaires continues
est l’ensemble des idéaux maximaux régu- de E dans E est une algèbre normée
liers de l’algèbre A, on associe à tout unitaire, non commutative si E est de
élément CI de A sa transformée de Gelfand dimension supérieure à 1. L’étude de cette
Û, fonction définie sur A(A) de la même algèbre est l’un des buts de l’analyse
manière que précédemment. On munit fonctionnelle.
725
NORMÉES ALGÈBRES
726
NORMÉES ALGÈBRES
L’(u) une unique norme vérifiant les pro- et algèbres de von Neumann : voir
priétés (1) et (II), et l’algèbre de Banach ci-dessous) ont été introduites dans les
obtenue par complétion est une C*-algèbre années 1930 par J. von Neumann, à la fois
notée habituellement C*(G). pour disposer d’un formalisme algébrique
(1) et (1’) fournissent des exemples de dans l’étude de certains problèmes de l’ana-
C*-algèbre commutative : ce sont des lyse (l’algèbre des opérateurs différentiels
exemples universels dans la mesure où, par exemple), et également pour interpré-
pour une C*-algèbre commutative, la ter mathématiquement des phénomènes
transformation de Gelfand est un isomor- spécifiques de la physique quantique, telle
phisme. On obtient ainsi le théorème de l’interdépendance des observations (par
représentation. exemple, l’impossibilité de mesurer simul-
- Une C*-algèbre commutative et unitaire
tanément la position et la vitesse d’une
est naturellement isomorphe à l’algèbre particule est formalisée par Heisenberg
des fonctions continues sur son spectre comme une relation de non-commutation
(qui est un espace compact) ;
entre des opérateurs de l’espace hilbertien).
- Une C*-algèbre commutative est natu-
Le formalisme abstrait que nous avons
rellement isomorphe à l’algèbre des fonc- présenté est dû à 1. M. Gelfand.
tions continues nulles à l’infini sur son
Rapidement, les C*-algèbres se révèlent
spectre (qui est un espace localement
un outil important de l’analyse harmoni-
compact).
que, et la C*-algèbre C*(G) (exemple 3
- Cette propriété fondamentale permet de
ci-dessus) peut être considérée comme un
définir dans toute C*-algèbre un calcul
<< objet dual )) du groupe localement com-
fonctionnel continu : si a est un élément
pact G (dans le cas où G est commutatif,
normal (i.e. tel que a* et L( commutent), on
la transformation de Gelfand identifie
peut définir sans ambiguïté l’imagef(rr) de
C*(G) et l’algèbre C,(G) des fonctions
0 par une fonction f’ continue à valeurs
nulles à l’infini sur le groupe dual G, ce qui
complexes sur le spectre de a.
est une autre manière d’écrire la dualité de
(2) est un exemple de C*-algèbre non
commutative (si H est l’espace hilbertien Pontriaguine).
D’une manière heuristique, on peut
de dimension 2, on obtient la plus petite de
celles-ci, l’algèbre des matrices 2 X 2, qui considérer les C*-algèbres comme des
est de dimension 4). <( espaces localement compacts non com-
L’exemple (2’) est universel : toute mutatifs », considérer leur théorie comme
C*-algèbre est isomorphe à une sous- une (( topologie non commutative )), leurs
algèbre involutive fermée d’un c(H) (mais formes linéaires comme des (< mesures non
il n’y a pas de manière privilégiée de la commutatives )), etc. Dans ses développe-
représenter ainsi). ments récents (investigation d’invariants
L’algèbre des opérateurs compacts (2”) homotopiques et K-homologiques), leur
joue un rôle fondamental dans toutes les étude tend même à s’imposer comme une
théories, anciennes et nouvelles, de classi- << géométrie différentielle non commuta-
fication des C*-algèbres et de recherche tive )>, se révélant un moyen d’investiga-
d’invariants. tion irremplaçable de strutures différen-
Historiquement, les algèbres d’opéra- tielles qui présentent une composante
teurs dans l’espace de Hilbert (C*-algèbres dynamique : action d’un groupe de Lie sur
727
NORMÉES ALGÈBRES
une variété, et, plus généralement, toutes b) elle contient l’opérateur identité et elle
les structures de variété feuilletée. est fermée pour la topologie de la conver-
Le cadre et les méthodes de la topologie gence simple faible ;
algébrique ont été renouvelés par l’intro- c) elle est égale à son bicommutant (le
duction systématique des C*-algèbres (tra- commutant d’une partie P de C(H) est
vaux de G. Kasparov et A. Connes). Les l’ensemble des opérateurs bornés de H qui
C*-algèbres ont démontré leur aptitude à commutent à tous les éléments de P ; le
fournir et élucider des invariants topolo- bicommutant est le commutant du com-
giques pour les structures différentielles. mutant).
L’effort porte aujourd’hui principalement L’équivalence des propriétés a, b et c est
sur la K-homologie algébrique (cf. algèbre connue comme le théorème de commuta-
TOPOLOGIE) et ses rapports avec la géomé- tion de J. von Neumann (1929). On peut
trie différentielle ; il peut être résumé par également donner une définition plus abs-
ses résultats les plus importants : traite (due à J. Dixmier et S. Sakai) : une
- le théorème de périodicité de R. Bott algèbre de von Neumann est une
qui, reformulé, fournit des suites exactes C*-algèbre qui, en tant qu’espace normé,
de K-homologie à six termes (alors que les est le dual d’un espace de Banach.
suites exactes d’homologie sont en prin- Une algèbre de von Neumann commu-
cipe infinies) et permet des calculs expli- tative s’identifie à l’algèbre des (classes de)
cites ; fonctions mesurables essentiellement bor-
le théorème de l’indice de M. F. Atiyah nées sur un espace mesuré. Sur toute
et 1. M. Singer, dans la version achevée algèbre de von Neumann, le calcul fonc-
d’A. Connes, permet de relier des inva- tionnel des C*-algèbres se prolonge en un
riants dynamiques d’une variété feuilletée calcul fonctionnel borélien.
(l’indice analytique des opérateurs pseudo- Pour poursuivre l’analogie du paragra-
différentiels le long des feuilles, interprété phe précédent, les algèbres de von Neu-
comme un élément de K-homologie du mann sont des « espaces mesurés non
fibré cotangent au feuilletage) à des inva- commutatifs » et leur théorie, une (< théo-
rie de la mesure non commutative » ; elle
riants de nature purement algébrique
(l’indice topologique, interprété comme un fait un usage systématique de fonctionnel-
élément de la K-homologie de la C*-algèbre les non bornées, analogues aux mesures
dites o-finies, appelées trnces et poids : ce
canoniquement associée au feuilletage).
sont des fonctionnelles positives, densé-
ment définies, respectant les limites crois-
Algèbres de von Neumann santes.
Une algèbre de von Neumann est une Les traces sont celles de ces fonction-
sous-algèbre involutive de l’algèbre C(H) nelles sous lesquelles commute toute paire
des opfratcurs bornés d’un cspacc dc d’é1Cments dam leur domaine. À partir
Hilbert H (cf. ci-dessus l’exemple 2’) qui d’elles, les initiateurs de la théorie,
vérifie l’une des trois propriétés équivalen- F. J. Murray et J. von Neumann, avaient
tes suivantes : classé ces algèbres en trois types : type 1.
a) elle coïï~~eïï~ l’opéi.ate.uï. identité et elle
ou discrètes (doni ia ihtorie se raméne phus
est fermée pour la topologie de la conver- ou moins au cas commutatif) ; type II, ou
gence simple ; continues et à trace (celles qui ne sont pas
728
NORMÉS ESPACES VECTORIELS
729
NORMÉS ESPACES VECIORIELS
tionnel particulier que les postulats adop- nombres complexes. Pour éviter de préci-
tés sont vrais pour lui. » ser à chaque fois, on désignera par K ce
Par la suite, les espaces vectoriels corps de base ; pour a E K, la notation / o /
normés ont été étudiés de manière auto- désignera donc soit la valeur absolue de o
nome, notamment du point de vue de leur si K = R, soit le module de a si K = C.
géométrie. Parallèlement, l’obligation, en Soit E un espace vectoriel sur K. On
théorie des équations aux dérivées partiel- appelle norme sur E une application (notée
les par exemple, de considérer des espaces traditionnellement x - ! x ! ; on dit aussi
de fonctions dont la topologie n’est pas que I/x 11est la norme de x) de E dans
déduite d’une norme a motivé l’introduc- l’ensemble R+ des nombres réels positifs
tion d’une structure plus générale : celle ou nuls qui possède les propriétés suivan-
d’espace vectoriel topologique. Toutefois, tes :
en raison de la spécificité des problèmes et (1) Condition de séparation :
des méthodes, les espaces vectoriels nor-
més ne doivent pas être considérés comme 11.x I = 0-x = 0;
de simples cas particuliers d’espaces vec- (2) Homogénéité :
toriels topologiques. De plus, les espaces
vectoriels topologiques les plus importants
peuvent être construits en un certain sens
quels que soient x E E et h E K ;
à l’aide d’espaces vectoriels normés, et
(3) Inégalité du triangle :
bénéficient donc pour leur étude des
propriétés de ces derniers. En retour, les I/x +.Y II < I/x Il + lb Il >
espaces vectoriels topologiques intervien-
nent dans l’étude des espaces normés, quels que soient x, y E E.
notamment pour tout ce qui concerne les Un espace vectoriel muni d’une norme
convergences faibles. s’appelle un espace vectoriel normé. Remar-
Dans la seconde moitié du xxe siècle, quons que la restriction d’une norme à un
l’évolution de la théorie est considérable, sous-espace vectoriel est une norme, appe-
particulièrement en ce qui concerne la lée norme induite, sur ce sous-espace. Si la
géométrie des espaces de Banach et ses condition de séparation n’est pas satisfaite,
liens avec les ensembles d’opérateurs que on dit qu’on a seulement une semi-norme ;
l’on peut définir entre les espaces étudiés. l’espace quotient de E par la relation
d’équivalence :
?+ x-yollx-yIl=
730
NORMÉS ESPACES VECTORIELS
langage géométrique de l’analyse (boules, Il faut enfin mentionner que les espaces
ouverts et fermés, convergence, etc.) intro- vectoriels normés apparaissent comme le
duit dans l’article espaces MÉTRIQUES. cadre naturel de la théorie des séries et des
Remarquons que si d est une distance sur familles sommables (cf. SÉRIES ET PRODUITS
un espace vectoriel déduite d’une norme, INFINIS).
elle possède la propriété suivante d’inva- Les exemples que nous donnons main-
riante par tmnslution : tenant fournissent un premier catalogue
des espaces normés les plus courants.
d(x + Z,Y + 2) = d(x,.Y),
Remarquons que lorsque ces espaces
quels que soient x, y, z E E. Ainsi, les ne sont pas complets, en vertu de ce qui a
boules de centre z sont les translatées des été dit précédemment, on étudie leur
boules centrées à l’origine 0 de l’espace complété afin de se ramener à un espace de
vectoriel qui s’obtiennent toutes par homo- Banach.
thétie (d’après l’homogénéité de la norme)
à partir de la boule unité ouverte : Espaces de dimension finie
B(O,l)= bEE;l/x 1) < 1) Bien entendu, l’application X- 1 x ( est
une norme sur K considéré comme un
ou de la boule unité fermée : espace vectoriel de dimension 1 sur
B,(O, 1) = Ix E E ; ~IX 11a 11. lui-même (et aussi d’ailleurs de C
comme espace vectoriel de dimension 2
Ces boules unités sont des ensembles sur R).
convexes, et on peut reconstituer la norme Plus généralement, soit E un espace de
à partir de la boule unité par exemple ; on dimension finie n que l’on identifie à K”
suppose i c i , b i e n e n t e n d u , K = R par le choix d’une base. On considére
(cf. CONVEXITÉ, chap. 4). usuellement les normes :
On dit qu’un espace vectoriel normé E
est complet, ou encore est un espace de
Banuch, s’il est complet pour la métrique
déduite de sa norme. Cela signifie ici
qu’une suite (x,) d’éléments de E est
convergente si et seulement si :
731
NORMÉS ESPACES VECTORIELS
verra ci-dessous, est caractéristique des que le sous-espace C,(X, K) des applica-
espaces de dimension finie, et la situation tions continues bornées de X dans K est
est fondamentalement différente dans ceux fermé dans 3(X, K) et, par suite (cf.
de dimension infinie. Les espaces de espaces MÉTRIQUES, chap. 3), est aussi un
dimension jinie sont aussi caractérisés par espace de Banach pour la norme de la
le fait que leur boule unité est compacte convergence uniforme.
(théorème de Riesz). Mentionnons enfin
que tout espace vectoriel normé de dimen- Espaces liés à l’intégration
sion finie est nécessairement complet.
Soit [a, b] un intervalle fermé borné de R ;
La norme 11. Il2 sur C” est associée au
désignons par C([a, b], K) l’espace vecto-
produit scalaire hermitien :
riel des fonctions continues définies sur
[a, b] à valeurs dans K ; pour tout nombre
réel p 2 1, on peut considérer la norme :
732
NORMÉS ESPACES VECTORIELS
à valeurs dans K est normé par IiJ’ I/ _ ; c’est Dans toute la suite, les espaces lx, c, cO,
alors un espace de Banach. l”, Dl ([a, b], K) seront considérés comme
Il existe d’autres exemples intéressants normés de la façon indiquée dans les exem-
d’espaces de Banach liés à l’intégration, ples D’autre part, du point de vue des
notamment les espaces d’orlicz (cf. CONVE- notations, lorsque aucune confusion n’en
XITÉ - Fonctions convexes). résulte, on se permettra de noter C(X),
U ([a, b]) les espaces C(X,K), U’ ([CI , h],
K).
Espaces de suites
Sur l’espace P” des suites bornées d’élé- Continuité d’une application linéaire
ments de K on peut définir la norme : Soit E et F des espaces vectoriels normés
sur K (égal à R ou C) et :
ll41~ = SUPlU,l,
“EN
u :E-F
où u est la suite de terme général II, ; on une application lin~aiw, c’est-à-dire telle
obtient ainsi un espace de Banach. Remar- que :
quons que cet exemple peut être considéré
u(J,J + P!J) = Au(x) + wcv),
comme un cas particulier de norme de
convergence uniforme sur un espace quels que soient x, y E E et A, u E K. Les
n(X, K) de fonctions bornées en prenant trois conditions suivantes, apparemment
X = N. de plus en plus fortes, sont en fait équi-
L’espace cg des suites d’éléments de K valentes :
qui convergent vers 0 (et sont donc bor- (1) L’application u est continue au point
nées), muni de la norme induite par la OEE;
norme 11 I/ _ de lx, est un espace de (2) L’application u est continue partout ;
Banach ; c’est un sous-espace fermé de Iffi.
(3) Il existe une constante M telle que :
On dispose d’un résultat analogue pour
l’espace L’ des suites convergentes d’élé-
ments de K.
pour tout x E E (on exprime cette condi-
Pour p > 1 on définit l’espace P des
tion en disant que u est hornk).
suites 24 = (u,), a 0 d’éléments de K telles
Ainsi, la continuité en un seul point (on
que ~IW < + 00 ; muni de la norme : se ramène à l’origine par translation)
n=o entraîne que u est uniformément continue
IIU II = (2 lu, Iq, (et même lipschitzienne, cf. espaces MÉTRE
n=o QUES, chap. 2) car on a (la linéarité est bien
entendu ici essentielle) : u(u) - ~(1,)
IP est un espace de Banach. Dans le cas = CC(.~-y), d’où :
p = 2, on obtient un espace de Hilbert,
la norme étant déduite du produit sca-
laire Cette importante propriété rend les
applications linéaires continues redevables
des résultats relatifs aux applications uni-
formément continues. Le théorème de
733
NORMÉS ESPACES VECTORIELS
Comparaison de normes
Considérons deux normes )/ ,Il , et / l/ z sur
un même espace vectoriel E et désignons
par E, et E2 les espaces vectoriels normés
correspondants. On dit que la norme 11. I/ ,
est plus fine que la norme (/.II 2 si l’appli-
fig. 1
cation identique de Et dans E2 est continue,
AXZ ce qui signifie que tout ouvert pour la
norme II.11 z est un ouvert pour la norme
I .11 1.
La condition ci-dessus montre que cela
équivaut a dire qu’il existe une constante
u > 0 telle que :
734
NORMÉS ESPACES VECTORIELS
llfll~=o~~p<~f(t)I,
\ . llfllI=Jo’lf(t)ldt;
on a ici I]f 11, < ]If /1_, et, par suite, la ainsi, c’est la plus petite constante M telle
norme de la convergence uniforme est plus que l’on ait :
fine que la norme de la convergence en
moyenne, mais ces deux normes ne sont
pas équivalentes. Il suffit pour s’en
pour tout x E E.
convaincre de remarquer que la suite cf,)
On montre que l’espace vectoriel
d’éléments de E, définie par :
normé C(E, F) est complet si et seulement
si F est complet. En particulier, le dual
l
-nt+1, O<r<!
n’ topologique C(E, K), qui est l’espace vec-
f,(t) =
0, &<l,
"
toriel des formes linéaires continues sur E,
est toujours un espace de Banach ; on le
converge en moyenne vers la fonction 0 note E* (ne pas confondre avec le dual
mais ne converge pas uniformément, car algébrique).
il.f,ll , = 1/(2 n) et llf,,II== 1. Remarquons enfin que si E, F et G sont
trois espaces vectoriels normés, si 24 :
Norme d’une application linéaire E-Fetv:F + G sont des applications
Si E et F sont des espaces vectoriels linéaires continues, alors on a :
normés, on désigne par C((E. F) l’espace
II u 0 y Il a II u II Il y II
vectoriel des applications linéaires conti-
nues de E dans F. La présence du c en en particulier, l’algèbre L(E, E) = c(E) des
indice est destinée à éviter la confusion endomorphismes d’un espace vectoriel
avec l’ensemble de toutes les applications normé est une algèbre normée pour la
linéaires (continues ou pas) de E dans F norme introduite ci-dessus (cf. algèbres
que les algébristes notent (cf. algèbre NORMÉES).
LINÉ AIRE ET MULTILINÉAIRE) L(E, F) ; dans
la pratique, cet indice saute, car le contexte Hyperplans fermés
indique toujours assez clairement si on
Soit E un espace vectoriel normé et F un
impose la continuité ou pas... Dans ce qui
sous-espace vectoriel de E. Si x et y appar-
suit, nous ne considérerons que des appli-
tiennent à l’adhérence F de F dans E, cela
cations linéaires continues et, le lecteur
signifie qu’il existe des suites (x,) et (J,,)
(éventuel) étant prévenu, nous désignerons
d’éléments de F qui convergent respective-
par C(E, F) l’espace vectoriel des applica-
ment vers x et ?: ; pour A, u E K, la suite
tions linéaires continues de E dans F.
(hx,, + uy,) d’éléments de F converge vers
On vérifie que l’application :
A.x + p)’ qui appartient donc aussi à F.
u-/lu ~‘=,,s;+(x)/l, uEc(E,F). Ainsi, l’adhérence d’un sous-espace vecto-
1 .
riel est un sous-espace vectoriel. Si F est un
est une norme sur l’espace vectoriel L(E, sous-espace de dimension jnie de E, on
F). Le nombre 11u 1) s’appelle la norme de montre qu’il est toujours fermé, mais, dans
735
NORMÉS ESPACES VECTORIELS
les espaces de dimension infinie, il peut exis- telle que u et u -’ soient continues est un
ter des sous-espaces distincts de leur adhé- isomorphisme de E sur F ; deux espaces
rence. comme on va le voir. normés E et F sont isomorphes s’il existe un
Rappelons (cf. algèbre LINÉAIRE ET MUL- isomorphisme de E sur F ; du point de vue
TILINÉAIRE, chap. 4) qu’on appelle lzyper- topologique, les espaces E et F sont
pbn d’un espace vectoriel tout sous-espace homéomorphes (cf. TOPOLOGIE GÉNÉRALE,
strict maximal, c’est-à-dire de codimen- chap. 1). Compte tenu de ce qui a été dit
sion 1 ; si H est un hyperplan de E, il existe sur la continuité des applications linéaires,
une forme linéaire u : E + K, unique à un pour qu’une application linéaire surjective
scalaire près, telle que H soit le noyau de u de E sur F soit un isomorphisme il faut et
(on dit que u(x) = 0 est l’équation de il suffit qu’il existe deux constantes C, > 0
l’hyperplan). Supposons E normé et soit H et CI > 0 telles que pour tout élément .Y de
un hyperplan ; l’adhérence H est un sous- E:
espace vectoriel de E qui contient H, et par
c, IIX IIE < lU(X)l/F < cz ~Ix IIE.
suite, d’après la maximalité de H, on a soit
H = H, c’est-à-dire que I’hyperplan H est (Remarquons que I’injectivité est consé-
frrrnr’, soit fi = E, c’est-à-dire que I’hyper- quence de l’inégalité C, l/ x / r < 11u(x) 11F et
plan est dense dans E. On montre facile- de la linéarité de u, si bien que si u n’est
ment que, avec les notations données pas surjective on peut tout de même dire
ci-dessus, I’hyperplan H est fermé si et seu- que u est un isomorphisme de E sur u(E).)
lement si la forme linéaire ~1 est continue. Une application linéaire bijective u d’un
La notion d’hyperplan partout dense espace normé E sur un espace normé F
étant peu intuitive, donnons un exemple telle que pour tout .Y de E 11z+) / r = ~1 .Y 11r
simple de cette situation. Soit E l’espace est une iso&trie, ou encore un normiso-
vectoriel des polynômes à coefficients morphisrne de E sur F ; s’il existe une
réels, muni de la norme de la convergence isométrie de E sur F, les espaces E et F sont
uniforme sur [0, 11, c’est-à-dire : dits isonzL;triqucs ou encore nomisomor-
pi1 PS.
~iPl~=o~y~,IP(t)l, PEE;
, , Tous les espaces de Banach de même
dimension finie II sur K sont isomorphes :
la forme linéaire u définie par :
en revanche. ils ne sont pas tous isométri-
u(P) = P(2) ques comme le montre la considération des
n’est pas continue, car la suite (P,,), définie normes Jj Il? et 11 l/ _ par exemple. Si
par P,,(r ) = (t/2)“, converge vers 0 dans 1 < p < q < + aî. aucun sous-espace
E ; en effet, 11P,, Il= (1/2)“), alors que fermé de dimension infinie de l,, n’est
u(P,,) = 1 ne converge pas vers 0. Il en isomorphe à un sous-espace de l(, ; aucun
résulte que l’espace vectoriel des polynô- sous-espace fermé de c0 n’est isomorphe à
mes P qui admettent le nombre 2 pour un sous-espace de /p. Ki et Kz étant deux
racine forme un hyperplan partout dense espaces compacts, C (K,, R) et C (Kz, R)
de E. sont isométriques si et seulement si K, et
KI sont homéomorphes ; C ([O,l], R) et
Isomorphismes. isométries C ([O,l] K [O,l], R) ne sont donc pas iso-
Une application linéaire bijective u d’un métriques ; on peut montrer cependant
espace normé E sur un espace normé F qu’ils sont isomorphes.
736
NORMÉS ESPACES VECTORIELS
2. Les théorèmes généraux de base soit continue, il faut et il suffit que son gra-
phe soit fermé dans l’espace produit E X F.
Entre 1920 et 1930, S. Banach, H. Hahn,
H. Steinhaus élaborent les théorèmes géné- Théorème d’équicontinuité
raux de base de la théorie. de Banach
Soit (TikI une famille d’applications li-
Théorème de Hahn-Banach néaires continues d’un espace de Banach B
Il existe diverses versions de ce théorème ; dans un espace vectoriel normé F. On sup-
nous donnons ici une version analytique pose que, pour tout élément x de B,
valide dans les deux cas : K = R ou SLIP/~ T,(x) 11< + 00 ; alors sup /I T, 11
< + 00.
K = C. Nous renvoyons à l’article CONVE- GI El
XIT É pour une forme géométrique de ce Théorème de Banach-Steinhaus
résultat. Soit E et F deux espaces de Banach et
Soit E un espace vectoriel sur K, p une (TA~N une suite d’applications linéaires
semi-norme sur E (cf. chap. 1) et f une continues de E dans F. Alors lim T,(x)
forme linéaire sur un sous-espace F de E n-r
qui pour tout x de F vérifie if(x) 1< p(x). existe pour tout x élément de E si et
II existe alors une forme linéaire g sur E qui seulement si lim T,(x) existe pour tout
n-s
prolongefet qui vérifie 1g(x) / < p(x) pour
x d’un sous-ensemble dense de E et
tout .x de E. sup 11T,(x) j < + 00 pour tout x élément
Les quatre théorèmes qui suivent repo-
sent de manière essentielle sur la propriété de E. Quand la limite T(x) existe pour tout
de Baire des espaces métriques complets élément x de E, l’application T est linéaire
(cf. espaces MÉTRIQUES, chap. 4). continue et /I T I/ < lim inf /l T, 1 .
n-m
Théorème de l’application ouverte
Soit E et F deux espaces de Banach et u 3. La décomposition
une application linéaire continue surjective des espaces de Banach
de E sur F. L’image par u de tout ouvert
de E(cf. TOPOLOGIEGÉNÉRALE, chap. 1)est Produits d’espaces de Banach
alors un ouvert de F. E et F étant deux espaces de Banach, la
On déduit immédiatement de ce théo- somme directe E 0 F (cf. algèbre LINÉAIRE
rème que si de plus u est injective alors u est ET MULTILINÉAIRE, chap. 2) peut être munie
un isomorphisme de l’espace de Banach E d’une structure d’espace de Banach dont la
sur l’espace de Banach F. En particulier, topologie associée soit la topologie produit
lorsqu’un espace vectoriel E est muni de de celle de E par celle de F (cf. TOPOLOGIE
deux normes qui en font toutes deux un G ÉN ÉRALE , chap. 1). Il y a en fait plusieurs
espace de Banach, il suffit de montrer que normes qui réalisent cette condition, les
ces normes se comparent pour en conclure plus utilisées étant 11(x, Y) I p =
qu’elles sont équivalentes. UI-~IIEP+I~IIII~P, où 1 <P < +a et
II (x3 Y) Il m = max (I x Il E, Il Y Il d. hidem-
Théorème du graphe fermé ment, ces normes sont équivalentes et les
Soit E et F deux espaces de Banach. Pour espaces de Banach obtenus sont isomor-
qu’une application linéaire u de E dans F phes.
737
NORMÉS ESPACES VECTORIELS
<p:EOF-X
@?U)++X +Y Bases de Schauder
S o i t (-Y&~ une suite d’éléments d’un
est un homéomorphisme.
En utilisant le théorème de l’application espace de Banach E telle que tout élé-
ouverte, on montre que pour qu’une ment x de E se décompose de manière
décomposition en somme directe E 0 F de
unique sous la forme x = c 4 WY,,
l’espace de Banach X soit topologique il
,=a
faut et il suffit que E et F soient des où les $(x) sont des éléments de K (qui
sous-espaces fermés de X. dépendent évidemment de x). Dans ces
Le problème de la complémentation qui conditions, les applications :
se pose alors est de savoir si, étant donné
un sous-espace vectoriel fermé E d’un
espace de Banach X, il existe un supplé-
mentaire topologique de E dans X, c’est- sont des formes linéaires continues, c’est-
à-dire un sous-espace F de X tel que E 0 F à-dire des éléments de E*. On dit alors que
soit une décomposition en somme directe la suite (,Y,),~~ est une base de Schauder
topologique de X ; on dira dans ce cas que de E. Dans les espaces cg, l,,
E est complémenté dans X. On montre que (1 < p < + w), la suite (eJjtN, où
pour qu’un sous-espace fermé E de X soit e, = (B,ri)itN (S,, = 0 si i # j, 6, = 1 si
complémenté dans X il faut et il suffit qu’il i =j) est une base de Schauder. Dans
existe une projection continue P de X sur l’espace de Banach C[O,l] muni de la
E ; alors E 0 (1~~ P)(X), où 1 est l’appli- norme de la convergence uniforme, la suite
cation identique, est une décomposition en de fonctions définie par :
somme directe topologique de X. Il n’est
pas vrai en général que tous les sous- fo@) = Lfl(t) = 1,
2r-2 2 r
espaces fermés d’un espace de Banach
soient complémentés : par exemple, c0
0 si tcf 1 2k+l’2k+l
2r- 1
[
2r-1 2r
chap. 3) et elle caractérise ces espaces ;
et[-9
2k+l 2k+l 1
~
..,...Y
p1ua ..,L,;“L-,,t
pLLcIJcI1IcI‘I
a) Soit E un espace de Banach dans (r = 1 , 2, . . . . 2” ; k = 0, 1, . ..) constitue
lequel il existe pour tout sous-espace F une base de Schauder.
738
NORMÉS ESPACES VECTORIELS
739
NORMÉS ESPACES VECTORIELS
où les .y, sont des éléments non nuls deux Par définition, on pose alors :
à deux distincts de X, où les A, sont des
éléments non vides deux à deux disjoints de /(w)dp = lim
n-m S,fnWd~.
s
la tribu G et où X, est la fonction
ThL:orème. Une fonction fortement
caractéristique de l’ensemble A,. On peut
mesurable f de 0 dans X est B-intégrable
alors définir l’intégrale de la fonction
si et seulement si Jn il,f(o) /I dp < + 00 ;
simplef=k X,,s, par rapport à la dans ce cas, on a de plus l’inégalité :
I==l
mesure u en posant :
740
NORMÉS ESPACES VECTORIELS
de 7Y dans X est une mesure si elle est Déjïnition. On dit qu’un espace de
r-additive : pour toute suite (A,), d’élé- Banach X a la propriété de Radon-
ments deux à deux disjoints de G : Nikodym si, pour tout espace mesuré (0,
77, u) par une mesure positive finie u, et
F( u A,) = 2 FG%), pour toute mesure à variation bornée F de
,=o i=o -t; dans X y-continue, il existe un élément
f de L’ (E, G, u, X) tel que pour tout A
et si F(0) = 0. élément de G on ait :
Notons 1 F 1 l’application de G dans
R+ définie par :
741
NUMÉRATION
NUMÉRATION
de femmes ; remarquons enfin que, dès
l’école maternelle, les enfants savent qu’ils
ont uutant de doigts à une main qu’à
L
l’autre, aux mains qu’aux pieds, qu’il y a
e problème de la numération est celui
autant de tasses que de soucoupes, etc., et
de la désignation des nombres. Les
cela parce qu’ils savent réaliser les bijec-
nombres sont définis de manière intrinsè-
tions correspondantes.
que, indépendamment de leur nom, et la
façon de les désigner dépend du langage,
Cardinaux
du H code » choisi. Pour comprendre en
quoi consiste la numération, il est impor- Plusieurs ensembles d’objets étant donnés,
tant d’abord de savoir distinguer un nom- on peut opérer un classement en rangeant
bre de ses représentations dans divers dans une même G classe )) les ensembles
(( systèmes de numération D. Nous ne rap- ayant uutunt d’éléments. Les ensembles
pelons d’abord ici que les notions élémen- d’une même classe sont dits (< équipo-
taires concernant les nombres entiers natu- tents )). Ces exercices présentent I’incon-
rels. vénient de ne porter que sur des ensembles
finis, mais permettent de bien mettre en
évidence la notion d’équipotence entre
ensembles.
L’équipotence entre ensembles est
Les entiers naturels réflexive, symétrique et transitive, mais on
peut remarquer que l’on commet un abus
Bijections de langage lorsqu’on dit que c’est une
Une application f’d’un ensemble A sur un (< relation d’équivalence H. En effet, les
ensemble B est dite une b~cctim lorsque : relations sont définies seulement sur des
tout élément de B est l’image parfd’un ensembles, or l’équipotence est définie sur
Elément de A (surjection) ; la « collection de tous les ensembles D, de
742
NUMÉRATION
743
NUMÉRATION
ment les coefficients de ce polynôme (mais utilisé, en informatique par exemple, car
tous les coefficients nuls ou non, de les machines à deux états peuvent réaliser
manière que leur place soit définie sans une représentation des nombres entiers
ambiguïté), donc à désigner le nombre par leur désignation binaire, les deux états
précédent par : de la machine étant, dans le code, la
traduction du 0 et du 1. Ainsi, (< neuf »
B
a,a, -,.......... a2a,(10 > peut être codé par un top suivi de deux
blancs puis d’un autre top.
ou, plus généralement, lorsque aucune Lorsque la base est supérieure à dix, il
confusion n’est possible, en omettant est nécessaire d’adjoindre aux chiffres
l’indication de la base, par : habituels de nouveaux symboles, Par
exemple, en base douze, on utilisera :
ana,-, . . . . . . . . .*,a,*,
a,anp, . a,a,a,.
Numération de position
Ainsi. le nombre « neuf )) s’écrit : à base non constante
On peut voir que, dans de nombreuses
civilisations, le système de numération est
Une erreur est à éviter : il faut se garder un système positionnel à base non cons-
de lire « mille un )) pour 100 1 cdeux) ; on doit tante : il est analogue au système défini plus
lire la suite des chiffres écrits de gauche à haut, mais les unités des divers ordres ne
droite dès que le nombre est écrit dans une sont pas toutes les puissances de l’unité du
base différente de dix. Il serait également premier ordre. Les unités de chaque ordre
maladroit d’écrire la base en chiffres, car étant définies, tout nombre naturel s’écrit
on ne saurait pas de quel nombre il s’agit encore d’une manière et d’une seule dans
(sauf lorsque l’on convient que les bases le système déterminé par ces unités en
sont toujours exprimées dans la base dix, opérant des divisions euclidiennes succes-
par exemple). sives comme dans les cas a base constante.
Le système décimal est le système de
Comparaison de deux nombres
numération de position où la base est dix,
et opérations
c’est-a-dire que les unités du deuxième
ordre (les (( dizaines ») valent dix unités du Deux nombres écrits dans le même sys-
premier ordre, les unités du troisième tème de numération de position peuvent
ordre (les N centaines ») valent dix unités être comparés : on a vu qu’un même
du deuxième ordre, etc. Prenons, par nombre ne peut s’écrire que d’une seule
exemple, 8 345 : manière dans un système donné. Soit deux
nombres u et h :
8345 = 5 + 4 X lO+ 3 X 102 + 8 X 103.
a = cl, a,+, a,, b = b, b,-, b. ;
Le système binaire est le système de
numération de position où la base est si i7z < 17, alors h < ü ; si in > tz, alors
deux : l’alphabet est composé des deux h > a ; si tn = tz, alors, ou bien, si CI,~ # h,,,
seuls chiffres 0 et 1. Ce système est très a et h sont dans le même ordre que a,, et
744
NUMÉRATION
h,,, ou bien, si a,, = b,,, CI et b sont dans le - le matériel pédagogique : les « blocs
même ordre que n, et 6,, l’entier i étant le multibases N utilisés dans l’enseignement
plus grand entier p tel que ap # hIl. primaire sont des ensembles de petits
Pour les opérations, le système de cubes, de barres, de plaques carrées et de
numération a des implications sur les grands cubes ; pour compter en base trois,
techniques opératoires (retenues) : la par exemple, on utilise des petits cubes, des
désignation du résultat d’une opération sur barres formées de trois petits cubes acco-
les entiers naturels est fonction de la lés, des plaques formées de trois barres et
désignation de ces nombres. des cubes formés de trois plaques ; les
enfants, pour compter le nombre d’élé-
ments d’un ensemble d’objets, ont,
Apprentissage de la numération d’abord, à prendre (( autant » de petits
On peut présenter, dès l’école primaire, cubes qu’il y a d’objets (en établissant une
des situations mettant en lumière les prin- bijection), puis ils les regroupent, rempla-
cipes de numération que nous venons cent chaque ensemble de trois petits cubes
d’énoncer. par une barre, puis chaque ensemble de
Citons d’abord des numérations à buse trois barres par une plaque et chaque
non constunte : ensemble de trois plaques par un grand
- dans de nombreux jeux, les enfants cube (ce procédé ne permet pas de repré-
comptent les points gagnés en utilisant des senter des nombres a l’aide d’unités
jetons tels que, par exemple, cinq ronds d’ordre supérieur au quatrième ordre) ;
valent un carré, deux carrés valent un - le <( compteur humain » binaire (jeu
rectangle, etc. ; présenté par T. L. Fletcher in LXppren-
- utilisation des pièces de monnaie cou- tissage de la matlzémutique aujourd’hui) :
rantes (centimes, sous, francs) ; 6 Plusieurs enfants sont alignés (les mains
- décompte des voix obtenues à des baissées). Il leur est précisé que, dans la
élections en dessinant des blocs de cinq suite, leur main droite doit être nettement
traits : par exemple, q i5 IJ donne treize ; dirigée vers le haut ou vers le bas. L’enfant
calendrier et mesure du temps. situé le plus à droite reçoit l’instruction de
Les exemples d’enseignement scolaire changer de position (du haut vers le bas ou
de la numération à base constante sont du bas vers le haut) à chaque signal, un
évidemment nombreux : claquement de mains du professeur, par
- le boulier traditionnel, très utilisé encore exemple ; les autres changent de position
actuellement dans certains pays pour quand la main de l’enfant à leur gauche se
l’apprentissage des opérations ; dirige en bas. ))
les exercices de groupement par paquets C’est là une réalisation pédagogique du
(trois billes dans un sac, trois sacs dans une principe même des compteurs.
boîte. trois boîtes dans une caissette, etc.) ;
- le solfège : dès huit ans, les enfants Nombres à virgule
savent qu’une ronde vaut deux blanches, De nombreux codages utilisés dans la
une blanche vaut deux noires, une noire pratique sont fondés non pas sur l’ordre
vaut deux croches, une croche vaut deux des entiers, mais sur celui des nombres à
doubles croches... ; ils utilisent donc ici la virgule : par exemple les cotes des livres
G numération binaire )) ; dans les bibliothèques modernes, le numé-
745
NUMÉRATION
rotage des maisons de certaines rues en bis, base. Il faut cependant noter que, tandis
ter.. que pour les entiers naturels changer de
On y est amené lorsqu’on veut pouvoir base revenait à changer le nom des mêmes
intercaler des éléments entre deux élé- nombres, ici la base intervient dans la
ments quelconques. Il s’agit d’un ordre définition des nombres eux-mêmes ; par
analogue à celui des dictionnaires ; c’est exemple, le nombre à virgule ternaire 0,l
pourquoi on l’appelle aussi « ordre lexico- n’est pas un nombre décimal, car il s’agit
graphique » . Cette question est en relation du nombre rationnel 1/3 dont on sait que
avec celle du repérage sur une demi-droite. ce qu’on appelle le (< développement déci-
mal » s’écrit « 0,333...3... » avec une
Construction de nombres infinité de chiffres H 3 )).
à virgule binaires
Entre 0 et 1 on introduit un nombre noté JOSETI-E ADDA
« 0,l )) ; entre 0 et 0,l on introduit un
nombre noté « 0,Ol )) ; entre 0 et 0,Ol on
introduit un nombre noté (( 0,001 )) ; etc. Bibliographie
De même, entre 1,l et 1,ll on introduit un J. CROSSLEY, The Emergence of Number, World
nombre noté N 1.101 H. etc. Scientific Pub]., River Edge (N. J.), 1987 /Z. P. DIE-
Un nombre à virgule binaire s’écrit NES, Lu Mathématique moderne duns l’enseignement
primaire, O.C.D.L., Paris, 5’ éd. 1970 / T. L. FLET-
donc comme un nombre entier en base CHER, L’Apprentissage de la mathématique
deux suivi d’une virgule et d’une suite de uujourd’hui. Une didactique nouvelle pour le second
c 0 )) et de « 1 )) en nombre jini avec la degré (Some Lessons in Mathematics, 1965), trad.
propriété que tout nombre est égal à tous M. Glaymann et al.. O.C.D.L., 1966 / G. GUITEL.
Histoire comparée des numérations écrites, Flamma-
ceux qu’on peut écrire en adjoignant des
rion, Paris, 1975 / Ci. IFRAH, Les Ch@ers, ou
zéros à sa droite. Par exemple : I’Histoire d’une grande invention, R. Laffont, Paris.
1985 1 N. PICARD, À lu conquête du nombre,
101,100 = 101,1ooo = 101,l.
O.C.D.L., nouv. éd., 1975.
746
ORDONNÉS ENSEMBLES
0
relation d’ordre usuel sur l’ensemble des
nombres rationnels que R. Dedekind, en
1872, a donné la première construction
rigoureuse de l’ensemble des nombres
réels.
Relations d’ordre
On dit qu’une relation 3 sur un ensemble
E est une relation d’ordre (cf. théorie
élémentaire des ENSEMBLES, chap. 2) si elle
satisfait aux axiomes suivants :
(0,) Réflexivité : pour tout élément u de
E, on a la relation a31a ;
ORDONNÉS ENSEMBLES (02) Antisymétrie : les relations a!\(/~ et
bXa ne sont compatibles que pour a = b ;
(0,) Transitivité : les relations a:Rb et hil(c
747
ORDONNÉS ENSEMBLES
Majorants
Soit E un ensemble ordonné et A un
sous-ensemble de E. On dit qu’un élément
m de E est un majorunt de A si tout élément
de A est plus petit que m (ce qui implique
que tout élément de A est comparable à
m) ; si A admet au moins un majorant, on
dit que c’est un ensemble majoré. Dans le
cas où, de plus, m appartient à A, on dit
que A admet un plus grand élément ; il
résulte de (02) que ce plus grand élément
~7, s’il existe, est unique.
Reprenons encore l’exemple ci-dessus,
illustré par le diagramme de la figure 1,
X = {CI. B. y} est un ensemble à trois
avec :
éléments : pour a, b E :I’(X), on a :
aCb,
cet ensemble admet pour majorant m =
si a = b ou s’il existe une ou plusieurs
{CI, 0, y}, mais n’admet pas de plus grand
flèches (( consécutives )) du diagramme
élément. L’élément {fl, y} de A n’est pas
partant de a pour aboutir à h. Les parties
un plus grand élément (car il n’est pas
{ @} et {cc, y}, par exemple, ne sont pas
comparable à {cc, B}), mais possède la
comparables et l’ordre n’est donc pas
propriété plus faible qu’il n’existe pas
total.
d’élément de A qui soit strictement plus
grand que lui : on dit que c’est un élément
intervalles muximal.
Soit E un ensemble ordonné et a et b des
éléments de E avec a plus petit que h. On Borne supérieure
appelle interwlle ouvert d’origine a et Soit toujours E un ensemble ordonné et A
d’extrémité h, noté ]a b[, l’ensemble des un sous-ensemble de E que nous suppose-
éléments s de E. qui sont strictement plus rons majoré. Tout élément de E plus grand
grands que a et strictement plus petits que qu’un majorant de A est a fortiori un
h (donc en particulier comparables à u et majorant de A et il est donc intéressant de
à h). Ainsi on a, dans l’exemple précédent chercher des majorants le plus petits pos-
illustré par le diagramme de la figure 1, sible. On dit que A admet une borne
supérieure si l’ensemble de ses majorants
a un plus petit élément ; cet élément,
748
ORDONNÉS ENSEMBLES
nécessairement unique, s’appelle la borne treillis est une branche de l’algèbre qui a de
supérieure de A et on le note : nombreuses applications tant en mathé-
SU~A.
matiques pures qu’en mathématiques
appliquées.
Bien entendu, on définirait de même la
notion de borne inférieure.
Quelques ordres sur N*
Dans le cas des nombres réels, tout
ensemble majoré admet une borne supé- On peut munir l’ensemble N* des entiers
rieure (cf. CALCUL IN~~É~IMAL - Calcul à naturels strictement positifs de diverses
une variable, chap. 1) et c’est cette impor- relations d’ordre qui montreront bien la
tante propriété qui permet de <( faire de grande variété de propriétés que l’on peut
l’analyse », alors que l’existence de lacunes obtenir ainsi.
dans l’ensemble des nombres rationnels Après la relation < usuelle, la relation
met cette propriété en défaut : c’est ainsi d’ordre la plus courante est la relation de
que l’ensemble des nombres rationnels divisibilité :
dont le carré est strictement inférieur à 2
PI47
n’admet pas de borne supérieure dans Q ;
dans R, sa borne supérieure est le nombre si p divise q, c’est-à-dire si q est multiple de
(irrationnel) VF. p : cela signifie qu’il existe un entier
Lorsque l’ordre est total, tout sous- m E N* tel que q = mp. Sur la figure 2, on
ensemble fini a un plus grand élément ;
mais il n’en est plus de même si l’ordre est fig. 2
sup (6 b)
sup(a,b)=aUb, inf(a,b)=anb.
a représenté le diagramme sagittal de
On appelle treillis tout ensemble l’ordre ainsi obtenu sur l’ensemble des huit
ordonné dans lequel deux éléments quel- diviseurs du nombre 30. On remarque ia
conques ont toujours une borne supérieure parfaite analogie avec l’ensemble des par-
et une borne inférieure ; la théorie des ties de X = {cc, D, ~1 ordonné par inclu-
749
ORDONNÉS ENSEMBLES
sion ; plus généralement, on dit que deux on définit ainsi une relation d’ordre total
ensembles ordonnés sont isomorphes s’il très différente de l’ordre usuel. Par exem-
existe une bijection de l’un sur l’autre qui ple 31 < 2 ou 12 < 8. L’intervalle ouvert
respecte les ordres. 12, 14[ contient les nombres 6 et 10, mais
La relation de divisibilité ne définit pas l’intervalle 12, 12[ contient une infinité
un ordre total, car 2 et 3, par exemple, ne d’éléments, à savoir tous les nombres de la
sont pas comparables. Si p et q sont deux forme 2(2 k + 1), k > 1, et le nombre 4
entiers. l’ensemble des (< majorants )) com- qui est son plus grand élément.
muns est l’ensemble des multiples com-
muns dep et de q ; cet ensemble a un (( plus L’ordre lexicographique
petit )) élément, le plus petit commun
Un ordre important dans les applications
multiple (P. P. C. M.) de p et de q, qui est
les plus variées (pour tous les problèmes de
donc la borne supérieure de p et de y pour
classification en sciences humaines, par
la relation de divisibilité. On interpréterait
exemple) est l’ordre lexicographique. Il est
de même le P. G. C. D. (plus grand com-
familier à tous ceux qui ont consulté un
mun diviseur) de p et de y comme la borne
dictionnaire.
inférieure de p et de q, ce qui donne une
Soit X un ensemble ordonné par < que
structure de treillis.
nous appellerons un alphabet. On appelle
Très différente est la relation d’ordre
mot toute suite finie d’éléments de X, sans
suivante sur N*, qui intervient dans une
se préoccuper du sens éventuel de ce mot
démonstration du théorème de d’Alembert
dans une langue naturelle. Par exemple, si
sur les racines d’une équation algébrique.
X est l’alphabet usuel, constitué par nos
On remarque d’abord que tout entier n 3 1
vingt-six lettres,
s’écrit de manière unique sous la forme :
abbcda, encyclopedie
n = 2’ (26 + l),
750
ORTHOGONAUX POLYNÔMES
751
ORTHOGONAUX POLYNÔMES
soit solution de (1) il faut et il suffit que, On munit C,@) du produit hermitien :
pour tout entier naturel n,
752
ORTHOGONAUX POLYNÔMES
h) L’intervalle 1 est non borné, p est Il reste à examiner si la suite (P,,) est une
intégrable sur 1 et à décroissance rapide à base hilbertienne ou, ce qui revient au
l’infini, c’est-à-dire que, pour tout entier n, même. si le sous-espace vectoriel engendré
par les fonctions e,, est dense dans C,(p).
l i m Pp(x)=O
X-*- Lorsque l’intervalle 1 est borné, il en est
toujours ainsi ; cela résulte du théorème
Les fonctions monomiales e, : x +-+ X d’approximation de Weierstrass et du fait
appartiennent alors à C,(p). La suite (P,) que, sur un intervalle borné, la conver-
des fonctions polynomiales déduite de la gence uniforme implique la convergence
famille (e,) par orthonormalisation est dans C,(p).
appelée systtme depolynômes orthogonaux Lorsque l’intervalle 1 n’est pas borné, il
sur 1 associé au poids p ; pour tout entier peut arriver que (P,) ne soit pas une base
naturel n, la suite (P,) est un polynôme à hilbertienne, par exemple si p (s) =
coefficients réels de degré n, et le coefficient exp (- IX~), où IX E]O, l[. Cependant.
dominant de (P,) est strictement positif. lorsque p est à décroissance exponentielle.
Réciproquement, soit (Q,) une suite c’est-à-dire lorsque p est dominée par une
orthogonale de polynômes à coefficients fonction de la forme x - exp (- cx / x 1),
complexes telle que, pour tout entier n, le où o > 0, au voisinage de f 00, la suite est
polynôme Q,> soit de degré n. Pour tout une base hilbertienne de Li (p) et a fortiori
entier n, il existe un nombre complexe h, de C,(p). En effet, tous les moments
et un seul tel que Q, = A,P, ; plus préci- M, = v / e,) d’un élément f’ de Lf o-))
sément : orthogonal aux polynômes P,, sont nuls.
D’autre part, la décroissance exponentielie
L = (Qn 1PJ
du poids p permet de prouver que la bande
En utilisant le fait que P,, est orthogonal de convergence de la transformée de
à tout polynôme de degré inférieur ou égal Laplace defp est non vide. On en déduit
à n ~ 1, on prouve facilement les résultats alors que ,fp est nulle presque partout et
suivants : que f est nulle presque partout. Le pro-
Pour tout entier naturel non nul n, il blème de la recherche de conditions por-
existe un triplet (o,, &,, y,,) de nombres tant sur p pour que la suite (P,,) soit une
réels et un seul tel que : base hilbertienne (problème de Bernstein)
est assez délicat ; il a fait l’objet de travaux
P n+,(X) =(%Ix + P”)P&) + Y,P.-l(X)
de A. Denjoy (1922) et de T. Carleman
(formule de récurrence linéaire à deux (1932) et, plus récemment, de W. Pollard
termes) ; en outre, o,, est strictement posi- (1956) et de J.-P. Ferrier (1965) qui ont
tif et yn strictement négatif. obtenu des conditions nécessaires et suf-
Toutes les racines de P,, sont réelles, fisantes.
simples et intérieures à 1 et, pour tout
entier naturel non nul n, les racines de P, Équations différentielles
séparent celles de P,+,. des polynômes orthogonaux
Enfin, lorsque l’intervalle 1 est symétri- Soit 1 = [a, 131 un intervalle compact de R,
que par rapport à 0 et que la fonctionp est a et h deux fonctions a valeurs réelles
paire, le polynôme P,, est pair si 12 est pair, indéfiniment dérivables sur 1, la fonction a
impair si n est impair, et B,, = 0. ne s’annulant pas sur l’intérieur de 1 et
753
ORTHOGONAUX POLYNÔMES
admettant un zéro simple aux points (Y et Dans beaucoup de cas intervenant en
J3. On considère l’équation différentielle : pratique, on peut déterminer une base
hilbertienne de E constituée de vecteurs
(1) ay” + by’ = hy,
propres de U. Nous nous contentons ici
où A est un nombre complexe. De telles d’examiner le cas où CI et b sont des
équations interviennent, par exemple, dans fonctions polynomiales de la forme sui-
les problèmes de Sturm-Liouville. Les solu- vante :
tions de (1) sont les fonctions propres de 4~) = (x -a)@ - PI,
I’endomorphisme U :J’++ of” + hJ” de b(x) = yx + 6, y # 0.
l’espace vectoriel E des fonctions indéfi-
niment dfrivablcs sur 1. Pour étudier Pour tout entier naturel n. le sous-
l’équation (l), on introduit sa fonction espace vectoriel E, de E constitué des
résolvante, c’est-à-dire une fonction Y à fonctions polynomiales de degré inférieur
ou égal à n est stable par U. Les conditions
valeurs réelles strictement positives, défi-
u > 0 et v > 0 sont équivalentes aux
nie sur l’intérieur de 1 vérifiant l’équation
conditions ccy + 6 > 0 et fiy + 6 > 0.
différentielle :
De plus :
(ru)’ = rb ;
r(x) = (x-a)~-‘(p--x)“-’
alors : est une résolvante de U. Le système (P,) de
1 polynômes orthogonaux associé au poids r
U(f) = - (raf’ )‘.
r est une base hilbertienne de E constituée
de fonctions propres de U ; plus précisé-
Supposons que les nombres :
ment :
,=b(a), b UV U(P,) = n (n + y - l)P,.
a ‘(a) “=<I’(p)
Les polynômes P,, s’appellent polynô-
soient réels strictement positifs. Dans ce
mes de Jacobi. Dans le cas où u = v = 1,
cas, (X ~ o) ~‘v(x)u(x) admet une limite
on trouve les polynômes de Legendre ;
finie non nulle au point c( et (J3 ~ s) ”
dans le cas où u = v = 1/2, on trouve les
r(~)u(.~) admet une limite finie non nulle au
polynômes de Tchebichev, ainsi que dans
point D. Par suite, pour tout couple V; g)
le cas où u = v = 3/2.
d’éléments de E, la fonction cjjj est inté-
Soit maintenant 1 un intervalle de la
grable sur 1.
forme [CX, + CO[. On suppose cette fois que
On peut donc définir un produit her-
les fonctions a et h, ainsi que toutes leurs
mitien sur E par la formule :
dérivées, sont des éléments de l’espace
vectoriel E des fonctions à croissance lente
(flg) = ~pr@vwwdx.
a au voisinage dc + CÜ, ct on considcrc U
comme un endomorphisme de E. On
L’endomorphisme U est alors hermi-
suppose que u = h(o) / u’(o) > 0 et que,
tien ; plus précisément :
d’autre part, b(x) / U(X) admet une limite
(Ucf) iS) = U i U(g)) strictement négative v, finie ou infinie,
= - s ”pr (x) a (x)f (x)g(x)dx. lorsque s tend vers + 00. Pour tout couple
(f; g) d’éléments de E, la fonction rfg est
754
ORTHOGONAUX POLYNÔMES
c+-Q&,=r(w, 1
les conditions p > 0 et v < 0 sont équi-
valentes à la condition y < 0. De plus :
n=O
Il! r(x) 1 -us’(w)’
755
POLYNÔMES
d’où :
P
Q,(x) = D”[(x* - l)‘l,
et :
c+- wu.
n! = ,i, exP(-1-u).
n=o
Enfin, la fonction génératrice des poly- P-ADIQUES NOMBRES
nômes d’Hermite réduits, c’est-à-dire dans - NOMBRES (THEORIE
le cas où a(x) = 1 et h(.u) = ~ 2-Y, est :
DES) - Nombres p-adiques
+- Qn(x)
c
TU” = = exp(-u2 + 2UX).
n=o
JEAN-LOUIS OVAERT
POLYNÔMES
Bibliographie
C. BREZINSKI. A. DRAUX, A. P. MAGNUS et al..
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fo Orthog»nrr/ Pdpmich, Cordon & Breach. New
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bre jusqu’au xrxr siècle (cf. ÉQUATIONS
1, II et VI, Gauthier-Villars. Paris, 1962-1982 / ALGÉBRIQUES, ALGÈBRE) et est à la base de
S. GODOUNOV. Équution.~ (ie lu physiqur muthému- la théorie des corps et de la théorie des
tique, M.I.R., Moscou, 1973 / A. NIKIFOROV & nombres algébriques. Nous nous sommes
V . U V A R O V , S~wicrl Functiom of Muthen~uticul
limités ici à une construction formelle des
Ph~~sics, Birhauser Boston, Cambridge (Mass.),
19Si / V. SMIKNUV. CO~IT rie n7ari7er,tcrriclues SU~C’- objets mathkmatiqucs considkrds, qui fait
rreuws, t. I I e t I I I , ihid, 1972-1982 / G. SZEGO. apparaître, sous le vocable <( polynômes )).
O&~~oncr/ Po/~xomicrl.s, American Mathematical l’existence de deux notions distinctes : les
Society. Providence (R.I.), 1985.
polynômes formels et les fonctions poly-
nomiales. Cet article Clémentaire pourra
aussi servir d’introduction au maniement
des notations abstraites.
756
POLYNÔMES
757
POLYNÔMES
multiplication de P par u revient à multiplier Pour éviter des cas d’exception, on pose
tous les coefficients de P par a. Dans le cas souvent do(O) = ~ oû, symbole formel régi
où A est un corps, cette N multiplication sca- par les conventions suivantes : pour tout
laire N (CI, P) - OP munit l’anneau des poly- entier naturel n, on pose -00 < n et
nômes à coefficients dans A d’une structure n+(-CO)=-00; (-oo)+(-m) =
d’algèbre commutative sur le corps A. -cc>. On peut alors énoncer, quels que
soient les polynômes P et Q, des résultats
Notion d’indéterminée tels que :
Désignons par X le polynôme : W’ + Q) < sw(d”(O do(Q)),
x = (0, 1, 0, . . . . 0, -), avec égalité si d”(P) # do(Q), et :
dont tous les coefficients sont nuls, sauf le dVQ) < do(P) + dYQJ
second coefficient, qui est égal à l’élément
1 de l’anneau A. Il résulte de la définition avec égalité si A est un anneau intègre.
(2) de la multiplication que l’on a : La notation (3) justifie la terminologie
de polynôme (< à une indéterminée >F et la
x2 = (0, 0, 1, 0, . . . . 0, . ..). notation A[X] que l’on utilise pour désigner
x3 = (0, 0, 0, 1, 0, . . . . 0, . ..)
l’anneau des polynômes à une indéterminée
et, plus généralement, pour tout entier à coefficients dans A. Il est clair que la lettre
n > 0, X que l’on utilise pour désigner le poly-
nôme (0, 1, 0, . ..) est arbitraire, en ce sens
X” = (h,, h,, . ..> h”, . ..). que, si, dans un texte mathématique, les
où 6,, est le symbole de Kronecker (égal à lettres X et Y sont G disponibles », c’est-à-
1 si i=jet à 0 si i#j). Si on a: dire si elles n’ont pas encore été employées
précédemment, on a A[X] = A[Y].
p = @Jo, a ,> . ..> a,), La construction formelle est mainte-
avec u, = 0 pour p > n et CI, # 0, on nant terminée et les polynômes sont com-
obtient donc, en appliquant les définitions : plètement définis. Il nous suffit de retenir
que ce sont des objets mathématiques qui
(3) P = ao + a,X + 0.*x* + + U,X”
” s’écrivent de manière unique sous la forme
Z c a;X’, a, #O. (3) et qui obéissent aux règles usuelles de
r=O calcul dans un anneau.
Remarquons pour terminer que, si A
Le nombre n qui figure dans la formule est un corps,
(3) s’appelle le degré du polynôme P, noté
d”(P) ; tout polynôme différent du poly- 1, x, x2, . . . . X”
nôme nul a un degré bien déterminé, et est une base de l’espace vectoriel (sur A)
l’écriture (3), appelée développement de P des polynômes de dimension < 12, espace
suivant les puissances croissantes, est uni- qui est donc de dimension n + 1.
que. L’anneau des polynômes étant com-
mutatif, on pourrait tout aussi bien Dérivation formelle
« ordonner P suivant les puissances
L’examen des règles classiques de dériva-
décroissantes )) en écrivant :
tion des fonctions numériques conduit à
P = a,xn + + a,X + czo> a, # 0. une approche formelle de la dérivation
758
POLYNÔMES
dans un anneau. On appelle dérivation d’après les règles de calcul dans l’anneau
d‘un anneau commutatif unitaire B une C, tout polynôme non nul de C s’écrit donc
P Y
application : de manière unique sous la forme :
D :B-B
telleque.quelsquesoientPetQ E B,onait:
(‘5)
cc
r=O j=O
a,,X’Yl,a, f 0
polynômes à une indéterminée à coeffi- de l’anneau K[X,, . . . . X,] est le corps des
cients dans A. On peut donc considérer fractions rationnelles à n variables à coef-
l’anneau C des polynômes à une indéter- ficients dans K ; on le note traditionnelle-
minée à coefficients dans B, soit : ment K(X,, . . . . X,).
C = WI = (NXIWI ;
Division euclidienne
il faut employer une autre lettre, Y, car X
Nous supposerons dans ce qui suit que
a déjà été utilisé. L’anneau B s’identifie à
A = K est un corps commutatif. L’anneau
un sous-anneau de C et tout élément non K[X] possède alors des propriétés arith-
nul de C s’écrit de manière unique : métiques très voisines de celles de l’anneau
Z des entiers relatifs. Cela traduit le fait
que l’un et l’autre sont des anneaux prin-
cipaux et on peut dire que cette notion
où P, E A[X], soit : unificatrice d’anneau principal est née
P
essentiellement de la répétition parfaite,
P, = U<,X’ ; pour l’anneau K[X], de toutes les consi-
c
;=Il dérations de divisibilité valables dans Z
759
POLYNÔMES
(Cf. ANNEAUX COMMUTATIFS, chap. 2). un élément de A[X] écrit sous la forme (3).
Comme pour Z, la démonstration du fait On appelle valeur de P sur un élément
que tout idéal est principal repose sur .Y E A l’élément :
l’existence d’une division euclidienne : Si A n
760
POLYNÔMES
761
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES
762
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES
a valeurs réelles prenant éventuellement les au voisinage. Cela entraîne que les fonc-
valeurs + 05 et ~ 00. tions hyperharmoniques dans un ouvert
vérifient le principe du minimum.
Fonctions surharmoniques 2. L’ensemble des fonctions hyperharmo-
et harmoniques niques forme un cône convexe qui est
Une fonction réelle u définie dans un stable par enveloppe inférieure finie.
ouvert o de R”, n > 2, est dite hJ>per- 3. L’enveloppe supérieure d’un ensemble
harmonique si elle est semi-continue infé-
filtrant croissant de fonctions hyperharmo-
rieurement et > - 00, et si, pour tout .Y E 0 niques est hyperharmonique.
et pour toute boule B = B(x, r), B C o, 4. Dans un domaine o C R”, une fonction
on a : hyperharmonique finie en un point est finie
presque partout. Elle est alors dite surhtrr-
monique.
5. Une fonction localement surharmoni-
où do désigne la mesure superficielle de la que est surharmonique.
boule et o(B) l’aire de la boule B. On 6. Si s est surharmonique dans un ouvert
exprime cette dernière condition en o C R”, pour tout p et tout compact
disant que u majore sa moyenne sur toute K C o, il existe une suite croissante {s,,} de
boule. fonctions surharmoniques p fois continû-
De manière analogue, u est dite hypo- ment différentiables dans un ouvert 6
harmonique si elle est semi-continue supé- contenant K, telle que :
rieurement et < + 00 et si, avec les nota- s(x) = SUPS”@),
n
tions précédentes,
pour tout x E 6.
u(x)<’
a(B) Les propriétés 2, 3 et 4 sont évidentes.
saeudq
Les propriétés 1, 5 et 6, plus difficiles, sont
pour B C 0. fondamentales.
Le module ou le logarithme du module Une fonction u telle que ~ u soit
d’une fonction holomorphe de la variable surharmonique est dite sous-harmo-
complexe z est hypoharmonique. nique. Si u est surharmonique et sous-
On dit qu’une fonctionf‘définie dans un harmonique, elle est dite harmonique. Elle
ouvert o de R” vérifie le (( principe du est donc finie, continue et égale à sa
minimum » si, pour tout ouvert 6, avec moyenne en tout point.
6 compact C o, la condition :
763
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES
l
1 ques d’une variable complexe, chap. 3).
qp(x)= f-Pr'> O<r<ra,
5. Une fonction harmonique est anaiyti-
0, r > ro, que.
6. Dans le plan, l’inversion et les trans-
r = /lx ~ t0 11, pour B(t,, ro) C o, la cons-
tante k Etant choisie de telle sorte que : formations conformes conservent l’harmo-
nicité. Dans R”, IZ > 3, l’inversion ne
s %, ro)
<p(x)dx = 1.
conserve pas l’harmonicité : si une inver-
sion 1,” de centre .y0 transforme .Y en ,Y’, u
harmonique se transforme en V tel que
En écrivant 1( sous le signe J en fonction V(x’) = u(x), alors :
de sa valeur moyenne et en intervertissant
vx 7
l’ordre des intégrations, on vérifie que la h (x ‘) =
1x0--x y-*
fonction cp * II, définie par :
est harmonique. La fonction h s’appelle la
transformée de Kelvin de II.
La transformation de Kelvin (inversion
est indéfiniment dérivable en t,, et vaut dans le plan) conserve également la surhar-
u( t ) au voisinage de to. monicité. Ajoutons aussi qu’une fonction
3. Une fonction u est harmonique dans o s surharmonique vérifie AS < 0 au sens
si et seulement si, pour toute boule des distributions. Cela se voit facilement
B C B C o, on a, en désignant par &‘&I la pour s de classe C’ a l’aide d’un dévelop-
dérivée normale de u sur dB. pement limité à l’ordre 2. On passe au cas
général en utilisant une suite croissante
d’après la propriété 6 des fonctions surhar-
moniques.
764
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES
UP(X) = hC-Y)PO,)d%vO>,
s Inégalités de Harnack
et familles de fonctions harmoniques
où do représente la mesure d’aire de la
surface. C’est pourquoi on utilise un lan- Une majoration suivie d’une minoration
gage imagé en disant que la mesure u de (3) donne, pour u > 0 harmo-
représente la charge ou les masses du nique dans B(0, R), les deux formules
potentiel. Par dérivation sous le signe suivantes :
somme, on vérifie facilement que W est R-+--y1 < u ( x )
harmonique en dehors du support de u. Il ( 4 ) Rn-2
R + /x -yl’-’ ’ u(v)
faut aussi savoir que, si u est positive, U” < R + ix-J’ Rn-2,
est surharmonique. ’ R-(x -yl”-’
II y a une différence essentielle entre le -
Igradul, ( nu(O).
cas du plan et celui de l’espace, qui R
765
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES
766
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES
où q,! est un coefficient numérique dépen- Notons qu’un potentiel est donc carac-
dant de IZ. térisé comme une fonction surharmonique
Plus généralement, si T est une distri- positive dont la plus grande minorante
bution à support compact, UT se définit harmonique est nulle.
encore comme la distribution h * T, et on
a encore au sens des distributions :
767
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES
majorée par G,, est encore un potentiel qui La capacité (” est une fonction d’ensem-
vaut G, sur E. On peut donc écrire : ble définie sur les compacts de o et telle
que :
RE% =G.
PE 1. La fonction C est une fonction crois-
On dit que uE est la balayée de p sur E sante :
et que pE engendre le même potentiel que K, C K, = WG) < W3 ;
G, sur E. On dit de façon imagée que l’on
2. Si (K,,) est une suite décroissante de
a balayé les masses sur E. C’est en fait ce
compacts, d’intersection K # 0, on a :
qui se passe : si E est toujours un compact
suffisamment régulier, pE est alors consti- C ( K ) = lim C(K,);
n --
tuée des masses de p portées par E,
auxquelles viennent s’ajouter les masses de on dit que C descend sur les compacts ;
p qui n’étaient pas portées par E. Une 3. On a la propriété de sous-additivité
étude approfondie donne un résultat plus forte. Pour tous compacts K, et KI, on a :
précis pour E quelconque. C(K, U K,) + e(K, n K,) < C(K) + W3.
768
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES
Soit o un ouvert borné et f une donnée si x,E E, on dit encore que E est @lé en
frontière (finie ou non). On considère la x,, si E - {x0} est effilé en x0.
769
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES
On montre alors qu’il existe un poten- par K(X, ,3 lui soit proportionnelle. À
tiel fini continu P dans o (ouvert borné) tel toute fonction harmonique h > 0 dans o
que, pour tout E C o, l’ensemble des correspond alors sur r une mesure unique
points d’effilement de E coïncide avec ph 2 0 portée par r, telle que :
l’ensemble des points x pour lesquels on a :
Énergie
La physique élémentaire nous apprend que
où p est une certaine mesure 2 0 sur dB. l’unique charge électrique y du potentiel
Citons aussi le théorème de Fatou qui capacitaire V d’un conducteur donne un
affirme que toute fonction harmonique
état d’équilibre et correspond à un mini-
positive dans la boule B admet une limite mum de l’énergie :
angulaire en presque tout point x E dB.
En 194 1, R. S. Martin, afin de généra- ; V d q ;
s
liser cette représentation intégrale au cas
d’un ouvert borné, introduisit la fonction on dit que V est un potentiel d’équilibre.
de Green normulisde : C’est cette idée qui conduisit Gauss, en
1840, à considérer l’intégrale :
(U”-2f)dp,
s
il montra l’existence d’un espace compact
ô, unique à un homéomorphisme près, tel où Uu est le potentiel newtonien d’une
que; = 0 ct prouva que la famille des mcsurc p don& par une densité sur une
fonctions s - K(.u, y) se prolonge continû- surface C rendant minimum l’intégrale. Or
ment à r = ô ~ 0 et sépare r. On appelle cela n’est vrai qu’avec des restrictions qui
ri l’ensemble des points XE r tels que furent éclaircies par Frostman en 1935. Ce
!U c,.,,t;,.. . ..-.,,..-A” C”L
IVLILL‘ULI pL”,“Ll&rr _-Lr_L Gop”L’UalrLG
“-,.-A”-+,. ^,.-t “1. +-,...A
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LG> :d’- A,. “CIUDD
1 cc> UG CT”..“” -..:
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511‘LL
K(X, J3 soit minimale, c’est-à-dire telle que à l’origine du travail de Cartan sur I’éner-
toute fonction harmonique > 0 majorée gie dont il est question ci-dessous.
770
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES
Dans R”, n > 3, avec le noyau newto- A E L+ portées par K est un cône convexe
nien, on appelle énergie mutuelle de deux complet de C ; on obtient (9) et (10).
mesures u et v > 0 la quantité : TlGoréme 9 (du hulayuge) : Soit ,u E C+.
La projection uK de u sur 9, est carac-
térisée comme la seule mesure > 0 sur K
telle que, d’une part, on a partout l’inéga-
pour toute mesure p, on appelle énergie de lité :
u le nombre )/ p 11
c = Vm et, à l’aide de
l’inégalité fondamentale (non évidente),
et, d’autre part, pour toute mesure A E C+,
on a, h-presque partout,
il est facile de voir que u - 11u I( e est une IJPK = U’.
semi-norme et, par suite, que l’ensemble
des mesures positives ou nulles d’énergie On voit que uK est la balayée de u grâce à
finie est un cône convexe &+. la remarque qui suit le théorème 5 et au
On considère ensuite l’espace vectoriel théorème suivant.
C = Ci ~ Cf et on prolonge de façon Thhorème 10 : Un borélien de R” est
standard la semi-norme à C. L’inégalité polaire si et seulement s’il est de A-mesure
fondamentale est encore vérifiée et la nulle pour toute mesure A E &+.
semi-norme prolongée est encore une
semi-norme sur C. Norme et principe de Dirichlet
Soit :rO l’espace des fonctions numériques
possédant un gradient fini continu de carré
Principaux théorèmes
intégrable. Pour toute u E Y,, on pose :
ThGorènze 6 (principe de l’énergie de
Frostman) : La semi-norme I/ u II(’ est une
norme sur C. llull=(~~(~)2dx)“*.
Corolluire 7 : L’espace C est un espace i=,
préhilbertien muni du produit scalaire L’application 24 -1]u1] est une semi-
(!J / VI. norme dans Y, associée au produit sca-
ThL:orènze 8 (principe de damination ou
s --
laire :
principe du nzasirnun~ de Curtunj : Soit
u E C et v surharmonique positive majo- (u1,ü2)= gradu,.gradu,dx;
rant UP sur un support restreint de u
(c’est-à-dire un ensemble dont le complé- la condition 111111= 0 équivaut a u cons-
mentaire est de u-mesure nulle) ; alors v tante.
majore UP partout dans R”. Pour obtenir une norme on passe au
ThéoGnze jbndwnentrrl (Curtanj : L e quotient Y par la relation d’équivalence
cône convexe &+ est complet dans &. naturelle. La norme correspondante
On utilise pour la démonstration de ce s’appelle la norme de Dirichlet. Par com-
théorème le théorème de représentation de modité de langage, on confond une fonc-
Riez (théorème 3). Un exemple de Cartan tion de 0, avec sa classe d’équivalence
montre que C n’est pas complet. dans Y.
Si K est un compact de R”, on peut Tlu?or&ne II : Le sous-espace 3e des
montrer que l’ensemble TfK des mesures fonctions harmoniques est complet dans :i’.
771
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES
772
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES
vérifient les axiomes. Il en est de même, ce composer deux noyaux. Si v est une mesure
qui est plus difficile, pour des équations à positive, on définit la mesure vN par :
coefficients discontinus (Mme Hervé). Cela
apporte de considérables simplifications à vN(E) = N(x, E)~V(X).
s
l’étude directe de ces équations faites par
Stampacchia. L’exemple classique est le noyau :
En revanche, les solutions d’équations
de type parabolique ne vérifient pas les
axiomes 3 et D. C’est pourquoi Bauer
dans R”. Ici Nfest le potentiel newtonien
modifia l’axiomatique précédente par
de densitéfet vN est absolument continue
l’introduction d’un nouvel axiome et
par rapport à la mesure de Lebesgue, ayant
l’affaiblissement de l’axiome 3, afin de
comme densité le potentiel U”.
contenir, dans les applications, les solu-
On dit que N satisfait au principe
tions d’équations de ce type.
complet du maximum si, pour toute cons-
Enfin, J. M. Bony est arrivé à caracté-
tante CI 3 0 et tout couple (f, g) de fonc-
riser de façon presque complète, en termes
tions positives universellement mesura-
d’opérateurs différentiels, les théories
bles, la relation :
axiomatiques du type Brelot, Bauer... dans
R”. a + Nfx 2 Ngx,
Soit, par exemple, ,K une théorie axio- pour tout x tel que g(x) > 0, entraîne :
matique de Brelot telle qu’il y ait « suffi-
samment >) de fonctions de classe Y. Il a + Nf, > Ngx,
existe alors un ouvert dense dans lequel est pour tout x E 0.
défini un opérateur différentiel L à coef- Avec certaines restrictions satisfaites
ficients de classe Cm tel que toute fonction dans les applications, G. A. Hunt montre
harmonique de classe e2 vérifie Lu = 0 et qu’on peut associer à un noyau N, satisfai-
même encore, au sens des distributions, si sant au principe complet du maximum, un
u n’est pas de classe C2. semi-groupe P, (défini pour t 3 0,
P S+I = P, o PJ de noyaux, vérifiant des
Théorie de Hunt et probabilités conditions de continuité à l’origine, tel que :
Soit 0 un espace localement compact. On
Nf= +-P,fdt;
appelle noyau N une famille {u,} de s0
mesures dépendant mesurablement (en un
cela lui permet de développer une théorie
sens à préciser) de x. On note
du potentiel purement probabiliste. On
u,(E) = N(x, E). À toute ,f borélienne
appelle excessives les fonctionsf > 0 véri-
> 0, on associe :
fiant :
773
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES
Dans les bons cas, P, peut être inter- Cette remarque a permis à G. Choquet
prété comme le semi-groupe de transition de démontrer le théorème extrêmement
d’un processus de Markov. De tels pro- profond qui suit.
cessus sont appelés processus de Hunt. Th&rkme. Soit C un cône convexe et B
Dans le cas particulier du mouvement une base compacte de C. Si B est métri-
brownien, le générateur infinitésimal (déri- sable, tout Y E B est barycentre d’une
vée à l’origine du semi-groupe) est l’opé- mesure unitaire p portée par l’ensemble
rateur A, ce qui permet d’identifier les des points extrémaux. De plus, si C est
fonctions surharmoniques et les fonctions réticulé pour son ordre, p est unique.
excessives. II en est de même dans le cas Si B n’est pas métrisable, le problème
général d’une théorie axiomatique du type est beaucoup plus compliqué. En particu-
Brelot. Mm’ Hervé a construit un noyau lier, l’ensemble des points extrémaux n’est
vérifiant des conditions qui permirent à pas nécessairement mesurable.
P. A. Meyer de montrer l’existence d’un On peut partir de ce théorème pour
semi-groupe dont les fonctions excessives retrouver la représentation intégrale de
sont précisément les fonctions surharmo- Martin : c’est une méthode beaucoup plus
niques de la théorie. simple. Ce théorème permet également de
Cette identification va beaucoup plus donner une représentation intégrale de
loin et permet d’interpréter en termes Riesz dans les espaces harmoniques de Bre-
probabilistes les faits les plus importants de lot (Ml”, Hervé, G. Mokobodski) et même,
la théorie du potentiel : balayage, effile- sous une forme moins satisfaisante, dans les
ment, espace de Martin, etc. La théorie du axiomatiques affaiblies (Mokobodski).
potentiel est donc une source d’inspiration
considérable pour les probabilistes qui Théorie de la capacité
s’occupent des processus markoviens. Une tzrpacitk gL;nL;rcrlisPe, au sens de Cho-
quet, sur un espace topologique séparé X
Théorème est une fonction réelle C d’ensemble,
de représentation intégrale définie sur toutes les parties de X ; elle est
Les fonctions harmoniques positives dans croissante, descend sur les compacts et
un ouvert borné o C R” forment un cône monte sur les ensembles quelconques. La
convexe C : celles qui valent 1 en un point capacité extérieure classique dans R” et les
forment une base convexe compacte B mesures extérieures sur X localement com-
(pour la convergence compacte) du cône et pact sont des exemples de capacité géné-
les fonctions minimales de cette base sont ralisée. Un ensemble A C X est dit cupu-
les éléments extrémaux de B. On peut aussi citable si :
interpréter la représentation intégrale de C(A) = “y C(K),
Martin d’une fonction l! F B en disant que
LI est le barycentre d’une mesure p portée la borne supérieure étant prise pour K
par l’ensemble des points extrémaux parcourant l’ensemble des compacts
(modulo une identification des éléments contenus dans A.
minimallu
. . . . . . . . -, . > c’e+$.-&re ~utr&m~~llu Pn,,r tzxrm;nor ) ;nrl;m,nnc
v4.L1 -IIIcL.l‘.. de B 1 “WI LLLL111LLL‘ LLLu’yu”“~ .,n
LLII th&,rAme
LIIL”L..IIIC,
avec les points de l’ensemble r, défini à la dû à Choquet, qui est très utile en théorie
fin du chapitre 2). de la mesure et en théorie des probabilités.
774
PROJECTIFS ESPACE a REP ÈR E
Il nous faut pour cela donner quelques relation G entre deux éléments x et J
définitions : On dit qu’un ensemble dans définie par :
un espace topologique est un K, si c’est
3hEK, AfO, y=hx.
une réunion dénombrable d’ensembles
compacts ; un K,, est un ensemble qui est La relation G est une relation d’équi-
intersection dénombrable de K, ; enfin, on valence et l’ensemble quotient E’/G est
dit qu’un sous-ensemble A d’un espace appelé espace projectif déduit de E et est
topologique séparé est ana&ique si A est noté P(E). L’ensemble E est appelé espace
l’image continue d’un K,, contenu dans vectoriel sous-jacent de P(E). Une classe
un espace compact. Le théorème de d’équivalence, élément de P(E), est appe-
Choquet s’énonce alors : Tout ensemble lée point projectif; on désigne par rr
analytique contenu dans un K, est capa- l’application canonique qui a un élément
citable. de E’ associe sa classe dans P(E). Lorsque
E = K”+‘, l’espace projectif déduit se note
ARNAUD DE LA PRADELLE P,,(K). Si E est de dimension n + 1, la
dimension de P(E) est, par définition, n. Il
faut toutefois remarquer que P(E) n’est
Bibliographie pas un espace vectoriel.
S. J. AXLER, P . BOURDON & W. RAMEY, Hunnonit L’espace projectif réel ou complexe
Funrtion %YJ~,v. Springer, N e w Y o r k , 1 9 9 2 /
P,(R) ou P,,(C) est une variété compacte
M . BRELOT, Ek+~rwf dt~ I~I thhwir c~luuiyur d u
po~~riel, C.D.U., Paris, 1959 ; Sc%nuiw de thkorie non orientable. L’expace affine réel ou com-
clupotmtiel 1972. univ. Pierre-et-Marie-Curie. Paris. plexe de dimension n se plonge de manière
1973 : On Topolq@r und Bourzdaries in Potrntial naturelle dans cet espace projectif ; ce plon-
Theoy. Springer-Verlag, Berlin, 1971 / J. KRAL et
al., PorentkJl Theory, Plenum Press, 1988 / N. LAND gement correspond géométriquement a
KOF, Fuundutions oJM&rn Potwiicrl Theory, Sprin- l’adjonction de (< points à l’infini D, réels ou
ger, Berlin, 1972 / P. A. MEYER & C . DELLACHERIE, imaginaires, à cet espace affine.
Probubrlirc’s CI potentiel. 5 vol., Hermann, Paris,
Vurikté li&uire projective. Soit F un
1976-1992.
sous-espace vectoriel de E, l’image par TT de
F’ = F ~ { 01 est, par définition. une variété
linéaire projective de P(E). On peut aisé-
ment montrer que l’intersection d’une
E spuceprojectif:
Étant donné un espace
vectoriel E sur un corps commutatif
K, on considère dans E’ = E - {0} la
projective (resp. plan projectif). Soit X un
sous-ensemble de P(E) ; on appelle variété
linéaire engendrée par X l’intersection de
775
PROJECTIVES APPLICATIONS
toutes les variétés linéaires contenant X. nées homogènes d’un point de P(F) est
Soit k + 1 points de P(E) ; on dit qu’ils donné par :
forment une partie projectivement libre si k+l
la dimension de la variété engendrée par 1 < i $ n+ 1, x, = a,,h,,
c
eux est égale à k ; ils sont projectivement ,=1
liés si la dimension de la variété est infé-
où les h, appartiennent à K et ne sont pas
rieure à k. On peut montrer que k + 1
tous nuls. Ces n + 2 formules définissent
points ~(.y,) de P(E) sont libres si et
une bijection entre P,+,(E) et P(F) qui est
seulement si les k + 1 points .Y, sont libres
une représentation paramétrique de la
dans E. Ainsi, bien que P(E) ne soit pas
variété projective.
un espace vectoriel, la notion d’indé-
Dans le cas particulier de P,!(R), où
pendance se conserve. Par suite, on a
R”+I est muni de la base canonique, le plon-
des énoncés de théorèmes sur les dimen-
gement, indiqué ci-dessus, de l’espace affine
sions équivalents aux énoncés sur les
de dimension n identifié à R” dans P,!(R)
dimensions des sous-espaces vectoriels, en
fait correspondre au point (h,, A,, A,,) le
particulier le théorème de la G base incom- pointdecoordonnéeshomogènes(A,,h,, ....
plète )). A,,, A,,,,) ; les (< points à l’infini )> de PJR)
CoordonnL;es honlogènes I_ repère projec- sont caractérisés par la condition A,,+, = 0
t$ Soit B = (PJ, 1 < i < n + 1, une base et forment donc un hyperplan projectif.
de l’espace vectoriel E de dimension La géo&trie projective est l’étude des
n + 1. Tout élément x de E s’écrit : espaces projectifs et des variétés linéaires
projectives, ainsi que des invariants par le
groupe projectif.
JACQUES MEYER
avec s, E K. Le (n + 1)-uple (ic,, .I-~, ,.,,
s,,+,) s’appelle système de coordonnées
homogènes du point r(s) de P(E). Soit e.
l’élément de E de coordonnées : PROJECTIVES APPLICATIONS
776
QUADRATIQUES FORMES
Q
déduite. Réciproquement, si l’on se donne
une variété linéaire projective P(N) et une
application projective g de P(E)-P(N)
dans P(F), toutes les applications linéaires
dont g est déduite s’obtiennent à partir de
l’une d’entre elles par multiplication par un
scalaire non nul. Si l’on considère les
applications projectives bijectives de P(E)
dans P(F), on voit aisément que :
- les applications linéaires dont une appli-
cation projective bijective est déduite sont
elles-mêmes bijectives ;
la composée de deux applications pro-
QUADRATIQUES FORMES
jectives bijectives est une application pro-
L
jective bijective ; a notion de forme quadratique inter-
- les applications projectives bijectives de vient dans toutes les parties des mathé-
P(E) sur P(E) forment un groupe, appelé matiques. Elle est à la base de la géométrie
groupe projectif de P(E) et noté PGL(E) ; euclidienne et de la mécanique classique
lorsque E = K”+‘, ce groupe se note (énergie cinétique), et aussi de la notion
PGL,,(K) ou PGL(n,K) ; d’espace de Hilbert, de la théorie spectrale
- lorsque les espaces projectifs P(E) et et de leurs nombreuses applications à
P(F) sont de dimension finie, et si leurs l’analyse fonctionnelle (équations différen-
dimensions sont égales, toute application tielles, aux dérivées partielles ou intégra-
projective injective de P(E) dans P(F) est les). Elle est étroitement liée au concept de
bijective et donc inversible. De plus, on a dualité. Enfin, l’étude arithmétique des
le théorème suivant : la donnée dans P(E) formes quadratiques a été le point de
d’une famille (71’s) de II + 2 points, départ de la théorie des nombres algébri-
formant un repère projectif, et dans P(F) ques et a eu d’importantes répercussions
d’une famille (K’V;) de n + 2 points, sur la théorie des fonctions automorphes.
formant un repère projectif, détermine une
application projective et une seule de P(E) ?+
dans P(F), appliquant rr(eJ sur T’V;). De
plus, cette application est bijective.
JACQUES MEYER
1. Généralités
777
QUADRATIQUES FORMES
-%,Y) = Q(x)> ‘&,Y) = QCV) où o,, = B(a,, a,) pour i #jet o,, = Q(a,),
donc B(u,, a,) = 2 o,,. En particulier, si les
et :
a, forment une hase de M, on retrouve la
%,Y) = Q(x +Y)-Q(x)-QCV); définition classique des formes quadrati-
ques.
en exprimant de plusieurs manières
Q(x + y + z), pour x, J’ et z dans M, on
voit sans peine que l’expression : Exemples
Si l’on a été amené à donner une définition
W,y,z) = B(x +y,~)-B(x,z)-B(t~~)
aussi générale, c’est parce que l’on ren-
est symétrique en x, J et z et que l’on a par contre naturellement des formes quadra-
suite : tiques de types très variés dans les appli-
cations. L’exemple le plus connu de forme
D(h,Ay,h) = A3D(x,y,r);
quadratique est le « carré scalaire )), dont
d’autre part, on a : l’étude est exactement la géométrie eucli-
dienne. Deux des parties les plus impor-
Do=, AY, AZ) = AZD(x,y,z), tantes des mathématiques contemporai-
donc D(u, J’, Z) = 0 lorsque A est sans nes, la géométrie riemannienne et la
diviseur de zéro et contient au moins trois théorie des espaces de Hilbert, sont des
éléments. Pour un anneau commutatif A extensions de cette étude dans deux direc-
quelconque, on dit que Q est une forme tions : la forme quadratique est « infinité-
quudrutiqw sur M si D(s. ~3, Z) = 0 quels simale )) en géométrie riemannienne, et
que soient .Y, - ct z dans M, c’est-à-dire si l’espace où elle est définie est de dimension
B est une fomr hi/inL;aire (nécessairement infinie dans la théorie hilbertienne.
symétrique). On dit que cette forme bili- Dans tous ces cas, la forme est C( posi-
néaire est associée à la forme quadratique tive non dégénérée )) (cf. infuu, chap. 2).
n Pi A”..”
y. LJI) ua,,> I l’,.....,,“..
aIIIILau .-b,A ,>A-.._ +:,.- ic,
I Lyuarl”u -7: -
~ ü nf-:” In”IVIIIILJ
IV a‘> LCD c...--..n ILVIL
--- uGgG,lGLrGs
A,L-.i-.L.A^- 11”Il
- - - p”JL-
..,,:
a une solution unique pour tout CI E A, tives n’ont pas moins d’importance : leur
toute forme bilinéaire symétrique B sur théorie (pour les espaces de dimension
778
QUADRATIQUES FORMES
(M. Kervaire) ; d’autres formes quadrati- pour toute base (e,), 1 < j < n, de M, la
ques interviennent en cohomologie (théo- matrice carrée symétrique T = (B(e,, e,))
rie de l’index) et en K-théorie, et l’on est est appelée la matrice de B (ou de Q) par
même amené pour certaines questions à rapport à cette base ; si N est un second
779
QUADRATIQUES FORMES
A-module libre, si V;), 1 < i < m, est une C) Étude du groupe de toutes les bijec-
base de N et X la matrice de type (n7, n) tions linéaires de M qui transforment une
d’une application linéaire g de M dans N forme quadratique en elle-même. Nous en
relativement aux bases choisies, alors la avons donné d’importants exemples dans
matrice de la transformée Q o g de Q par l’article GROUPES - Groupes classiques et
rapport à V;) est ‘X.T.X. géométrie. Notons simplement que les
Les problèmes qui se posent naturelle- formes quadratiques sont exceptionnelles
ment dans la théorie des formes quadra- à cet égard parmi les formes de degré
tiques sont les suivants. > 1 ; pour les formes de degré > 3, le
A) Étant donné deux formes quadrati- groupe des transformations linéaires
ques QI et Q, sur des A-modules M, et MI, laissant invariant la forme est en général
la forme Q2 est-elle transformée de la ,jïni.
forme Q, ? On dit encore alors que « Q,
représente Qr )). En particulier, si M, et M7
sont libres et si T, et T, sont les matrices
de QI et de Q2 par rapport à des bases, une 2. Formes quodratiques
réponse positive a la question entraîne sur un corps
l’existence d’une matrice X à éléments
dans A telle que : Nous distinguons deux cas, suivant que la
caractéristique du corps de base K est
(3) ‘X.T,X= T,;
distincte de 2 ou égale à 2.
inversement, cette existence entraîne que
Q2 est transformée de Q, lorsque, dans A,
l’équation 2c = o a toujours une solution Corps de caractéristique # 2
unique. On notera que, dans ce dernier cas,
lorsqu’on prend M, = A de sorte que Résultats généraux
Tz = (a) est une matrice à un seul élément, On peut se borner ici à considérer le
résoudre l’équation (3) revient à trouver problème de transformation d’une forme
dans M, les solutions de 2Q,(s) = c( que quadratique en une autre sous la forme (3).
l’on appelle (< représentations de l’élément Un premier invariant est le wzg de la
a/2 par Q, )). matrice T d’une forme quadratique Q ; il
B) (( Classer » les formes quadratiques est aussi appelé rang de Q ou rang de la
sur un module M pour diverses sortes de forme bilinéaire associée B, et noté rg(Q)
relations d’équivalence entre ces formes. ou rg(B). C’est un entier qui peut prendre
De façon précise, on se donne un sous- l’une quelconque des valeurs entre 0 et la
groupe f du groupe des bijections linéaires dimension n de l’espace vectoriel V où est
de M sur lui-même, et on considère comme définie Q. On dit que la forme Q (ou B)
équivalcntcs deux formes quadratiques est non &g&&t;e si rg (Q) = II ; la
transformées l’une de l’autre par une forme bilinéaire B définit alors un isomor-
application g E f. On peut encore dire que phisme <p de V sur son dual V* (cf. algèbre
l’ensemble des formes quadratiques sur M LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE) pal' ki rda-
est ün A-mûdüle U(M) d a n s 1eqùe: le tion :
groupe r opère lin&iwment, et on cherche
les orbites de r pour cette action. <x, <PCV)> = W,y),
780
QUADRATIQUES FORMES
pour x et y dans V ; cela permet de définir C’est une algèbre simple de centre K, si
dans V les notions de vecteurs orthogo- afi f 0. Cela étant, il y a toujours des
naux, de sous-espace isotrope et de sous- bases (e,), 1 < j < n, de V orthogonales
espace totalement isotrope (cf. GROUPES - pour Q, autrement dit telles que :
Groupes classiques et géométrie,
chap. 3). (4) Q(X) = 2 ait:, x = 2 t,e,;
Un second invariant est l’indice de Witt j=l ,=1
v < 42 (cf. GROUPES - Groupes classiques
et géométrie, chap. 3) ; l’espace V se ainsi Q(x) est somme de « termes carrés H.
décompose en somme directe d’un sous- On appelle algèbre de Husse de Q
espace W de dimension n - 2v, ne conte- pour cette base le produit tensoriel des
nant aucun vecteur isotrope # 0, et d’un algèbres de quaternions (a,, a, a7 .,, a,),
sous-espace orthogonal à W, dans lequel pour 1 < j < n, et on démontre que
l’indice de Witt de la restriction de Q à ce cette algèbre S(Q) ne dépend pas, à
sous-espace est v ; pour n et v donnés, la isomorphie près, de la base orthogonale
classe d’équivalence de la forme Qw, choisie.
restriction de Q à W, détermine entière- On peut prouver que, pour n < 3, les
ment celle de Q, ce qui permet de ramener invariants rg(Q), d(Q) et S(Q) cuructlri-
le problème d’équivalence au cas des sent, à équivalence près, les formes qua-
formes anisotropes (c’est-à-dire d’indice 0). dratiques sur un corps quelconque K (de
On appelle discriminant de Q (ou caractéristique # 2) ; mais cela n’est
de B) par rapport à une base de V le plus exact pour n > 4. On n’a, dans ce cas.
déterminant de la matrice de B par rapport que des résultats pour des corps particu-
à cette base ; comme la relation (3) liers.
entraîne :
781
QUADRATIQUES FORMES
782
QUADRATIQUES FORMES
entraîne c, = 0 pour
2~ + 1 < j < 2p + q.Ledéfautqnepeut 3. Réduction
être > 0 que si K est impmfuit, c’est-à-dire des formes quadratiques
que le sous-corps K* de K formé par les
carrés des éléments de K est distinct de K ; Nous ne considérerons plus à partir de
plus précisément, on a q < [K : K2]. maintenant que des formes quadratiques
Les entiers p et q sont évidemment des non dégénérées sur le corps R des nom-
invariants de Q. On dit qu’un sous-espace L bres réels, définies dans un espace R”, et
de V est totalement singulier si Q(X) = 0 nous nous intéresserons auxsous-groupes f
dans L ; pour les formes de rang IZ, la dimen- du groupe linéaire GL(r, R) opérant a
sion d’un tel espace est < p. Le maximum v droite, par (g, Q) - Q o g, dans l’espace
des dimensions des espaces totalement O(R’) de ces formes. Deux cas sont
singuliers est encore appelé l’indice de Wtt
particulièrement étudiés, correspondant
de Q et est un invariant de cette forme. au groupe orthogonal l- = O(r, R) et au
Si, pour une base (e,) choisie comme
groupe r = SL(r, Z) des matrices inver-
A(Q) = cP
plus haut, on forme l’élément : sibles de déterminant 1 à coefficients
entiers. Nous renvoyons pour le premier
a,Pj, cas à l’article théorie SPECTRALE, le pro-
j-i
blème étant celui de la réduction d’une
on dit que cet élément est le pseudo- forme quadratique (ou d’une (< hyperqua-
discriminant (ou invariant dY4rf) de Q par drique ») à ses <( axes » . La théorie de la
rapport ë cette base. Pour une autre base « réduction » correspond au second cas.
du même type, le pseudo-discriminant est Comme les orbites de GL(r, R) dans
de la forme : O(R’) sont les ensembles de formes de
signature donnée (p, y), avec p + q = I
A(Q) + t2 + 5
(cf. mpm, Résultats spéciaux, in Corps de
pour un élément i E K ; comme les élé- caractéristique # 2), il y a lieu de distin-
ments i2 + 5 forment un sous-groupe P du guer le cas des formes positives non
groupe additif K, la classe d(Q) de A(Q) dégénerées (c’est-à-dire /J = r et y = 0) et
dans le groupe quotient K/P est encore un le cas des formes où p et q sont tous deux
invariant de Q. > 0 (dites aussi (( indéfinies D).
783
QUADRATIQUES FORMES
784
QUADRATIQUES FORMES
sous-groupe de GL(v, R) laissant Q inva- soit compact, ou de volume fini. ainsi que
riante, est ici tel que O(Q) n SL(n, Z) soit la preuve d’existence de (( domaines fon-
injïni, et la propriété de finitude de Siegel damentaux )) ayant des propriétés de fini-
ne peut donc être vérifiée pour aucun tude généralisant celles qui sont décrites
ensemble B non vide. La notion de ci-dessus (A. Borel-Harish-Chandra).
N réduction )) qu’il faut introduire ici est
une découverte célèbre d’Hermite. On
ordonne l’ensemble Je des formes quadra- 4. Formes quadratiques sur Z”
tiques positives non dégénérées par la
c o n d i t i o n q u e QI < Qz s i g n i f i e q u e On se borne aux formes quadratiques sur
Qz - Q, E Je ; pour une forme quadrati- Z” non dégénérées, qui s’écrivent sous la
que indéfinie donnée Q, on appelle majo- forme Q : x - B(x, x), où B est une forme
rante d’Hermite de Q une forme Q’ E Se bilinéaire sur Z” X Z” à valeurs dans Z ; la
telle que 1Q(s) ( < Q’(x) pour tout x E R’ forme bilinéaire associée à Q est donc 2 B,
qui est minimale dans l’ensemble des et ce qu’on appelle la matrice de Q est ici
formes de Je ayant cette propriété. Si la matrice de B (et non celle de 2 B) par
sti(Q) est l’ensemble des majorantes d’Her- rapport à la base canonique de Z* ; c’est
mite de Q, alors Se(Q) est encore un espace par suite une matrice symétrique non
symétrique K C G, avec G = O(Q) et K dégénérée arbitraire à coefficients entiers,
sous-groupe compact maximal isomorphe Le problème fondamental est l’étude de
à O(p) X O(q). La forme Q est alors dite l’équation (3) où T, et T? sont deux telles
matrices, d’ordres respectifs n et m < n, et
réduite au sens d’Hermite si l’intersection
où la matrice inconnue X est une matrice
de X(Q) et d’un domaine de Siegel @’ dans
de type (m, n) à coefficients entiers. Pour
sf n’est pas vide, ou encore si Q est l’image
par des opérateurs appartenant à un m = n, les matrices T, pour lesquelles (3)
a une solution constituent la classe de T,.
domaine de Siegel Q dans G de la forme
Une autre manière de présenter l’étude
canonique :
des formes quadratiques sur Z” est de
t: + 5: + .,. + t;-Ep+,-...-sp+,; considérer une forme quadratique non
dégénérée fixe sur R”. Si B est la forme
le théorème de finitude fondamental est bilinéaire symétrique associée, on consi-
que, pour tout c( > 0 dans R, l’ensemble dère les rkseaux E dans R”, à savoir les
des formes réduites dont la matrice est de Z-modules de type fini engendrant
la forme CtX, où X a ses éléments entiers, l’espace R”, tels que B(x, y) soit entier
est un ensemble@. pour x et y dans E ; deux tels réseaux sont
Ces résultats ont été considérablement isomorphes s’ils se déduisent l’un de l’autre
généralisés au cours de ces dernières par une transformation orthogonale (pour
années. On y remplace GL(r, R) par le B). Comme tout réseau est un Z-module
groupe des points réels G,, d’un groupe libre (donc isomorphe à Z’l), les diverses
algébrique réductif G défini sur Q et r par bases de E correspondent aux formes
un sous-groupe « arithmétique )) de G : le quadratiques sur Z” formant une classe
problème fondamental est l’étude de d’équivalence. L’avantage de cette présen-
l’espace homogène G,/T, et notamment tation est qu’elle s’étend au cas où l’on
l’obtention de critères pour que cet espace remplace Z par l’anneau des entiers d’un
785
QUADRATIQUES FORMES
corps de nombres algébriques ; les réseaux m, avec m < n, on note N(S, 7) le nombre
sur un tel anneau ne sont plus nécessaire- de solutions en matrices X sur Z de
ment des modules libres. l’équation ‘X6.X = T, nombre qui estfini
Dans l’étude des formes quadratiques et ne dépend que des classes de S et de T.
sur Z”, on est amené à chercher à étendre On ne connaît pas de formule donnant ce
le G principe de Hasse )) de la théorie des nombre pour n et m quelconques, mais
formes quadratiques sur Q”. Les matri- Siegel en a obtenu une expression
ces X à coefficients entiers figurant dans « moyenne )) qui fait intervenir non seule-
l’équation (3) peuvent être considérées ment la classe de S, mais toutes les classes
comme ayant leurs éléments dans l’un du genre de S. Désignant par S, des
quelconque des anneaux d’entiers représentants de ces classes, on pose :
p-adiques Z,, ou dans R, et l’existence de
solutions X à coefficients entiers implique
donc celle de solutions X dans chacun de
ces anneaux. Mais, ici, la réciproque n’est et la formule de Siegel s’écrit :
plus exacte ; les formes quadratiques
22 + 55y* et 5x2 + 1 ly* sont équivalentes (8)
I Y
dans R et dans tous les Z,,, mais non dans
Z (la première représente 1. mais non la où y(s) est la CC masse )) du genre de S au
seconde). On est donc amené à envisager sens d’Eisenstein-Minkowski, c’est-à-dire
une notion d’équivalence moins stricte que le nombre :
celle qui est définie ci-dessus : deux matri-
1
ces symétriques non dégénérées T, et T2
correspondant à des formes quadratiques
7 N(S,,’
786
QUADRATIQUES FORMES
groupes « adéliques >). Si A est le groupe où, par abus de langage. les mesures de
des adèles de Q (cf. théorie des NOMBRES - Haar II? et nt, sur des quotients de G, ou
Nombres algébriques), on note G,, G, et de G, par des groupes discrets sont celles
G, les groupes des matrices carrées X qui sont déduites canoniquement des
à coefiicients dans Q, Q, et A respective- mesures notées II? et ~7, sur G, et G,. On
ment vérifiant les relations det(X) = 1 et constate alors que cette formule devient
‘X,X.X’= S. On définit un sous-groupe identique à la formule de Siegel (8) pour
ouvert Go de G, comme produit : T = S, une fois que l’on a prouvé que le
CC nombre de Tamagawa )) rn(G,/G,) est
égul ù 2 ; la preuve de ce fait (qui peut se
faire indépendamment des résultats de
où u parcourt l’ensemble des places de Q, Siegel) nécessite le même genre de métho-
où Grl(U) = G, lorsque IJ = CC est la place des analytiques. On peut aussi obtenir de
à l’infini et où, pour chaque nombre cette manière la formule générale (8) pour
premier p. l’ensemble G,(J’) est l’ensemble n 3 4 et nz < n - 3. En outre, cette
des matrices de GI1 à coefficients entiers méthode d’« adélisation )) peut être consi-
yadiques. dérablemcnt généralisée en remplaçant G
On voit alors que les classes du genre de par un groupe algébrique semi-simple
S correspondent biunivoquement aux ~ OU- défini sur Q et en considérant des sous-
I&S clussrs de G, suivant les sous-groupes groupes CC arithmétiques )) convenables de
G, et Go : si U, sont des représentants de G (Tamagawa, A. Weil, T. Ono).
ces doubles classes, de sorte que G, est la
réunion des G,,U,G,, on désigne par R,,‘J’, Formes indéfinies
pour chaque nombre premier p, le trans- Les développements précédents subsistent
formé dans Qii du réseau Zii par I’automor- sans modification lorsqu’on remplace G
phisme (U, l),,, projection de U,-’ sur G,,. II par le groupe analogue correspondant à la
y a alors un réseau et un seul ROI dans Q” matrice S d’une forme indéfinie à coeffi-
dont l’adhérence dans QI: est R,>ul pour tout cients entiers ; mais, comme ici les nom-
p ; la matrice Sj est celle qui correspond à la bres N(S, r> sont infinis, il n’est plus
forme quadratique lorsqu’on prend pour possible d’interpréter la formule (10) et
base de Q” une base (sur Z) du réseau RC’). l’analogue pour T# S de la même
On peut définir sur G, une mesure de manière que pour les formes positives ;
Haar privilégiée 177 (cf. analyse HARMONI- Siegel a montré comment le faire en
QUE, chap. 4), dite nlesu~ & Tunwgm~a, interprétant, dans la formule (8), les nom-
coïncidant dans G,, avec le produit de bres U(S,, n comme des volumes de
mesures de Haar 172,. sur les G,.. Soit alors domaines fondamentaux pour certains
G,( U,) le sous-groupe discret de G,. pro- groupes discontinus ou comme des limites
jection du groupe (U,P’G,,C,) n Go ; des de rapports de nombres de solutions
raisonnements élémentaires de la théorie comme dans (7), où l’on impose aux
de la mesure de Haar donnent la relation : solutions d’être dans un domaine ~~VIL; de
(10) m (GA/G,) = Z”” et où l’on fait ensuite tendre ce
domaine vers l’espace tout entier.
Donnons un exemple de ce genre
d’interprétation qui précise le théorème de
QUADRATIQUES FORMES
Meyer affirmant qu’une forme quadrati- où p et q sont des entiers > 1 ; les réseaux
que indéfinie a coefficients entiers et a cinq de type 2 sont isomorphes à k (PU 0 yr8),
variables au moins a toujours des solutions avec p et q entiers > 0, où U correspond
non triviales. Si : à la forme quadratique 2 x,.x1 sur Z’. Pour
n = 4k, r,, est le réseau dans Q” formé des
(,Y,), 1 < j < n, tels que 2 .x, etx- X, soient
entiers pour tous les indices, et que
l’entier :
e s t u n e f o r m e indefinie a coelficients
n
entiers, si :
XI
c
,=1
788
QUADRATIQUES FORMES
il y a deux classes dans le genre, mais elles fondamental est donné par la figure. Une
donnent la même valeur à N(S,, 7). On forme nzoduluire de poids 2 k, pour k
déduit donc de la formule de Siegel (8) des entier, est une fonctionfholomorphe dans
expressions exactes pour le nombre de Im z > 0 telle que :
représentations de N comme somme de n
carrés pour n < 8 ou n = 16. f(z) = (a + d)-“X/( S),
La théorie des fonctions thêta et des
formes modulaires donne des expressions pour toute transformation du groupe
remarquables pour le second membre de modulaire ; en outre, on impose à ,f la
(8) pour m = 1. Soit Q(s) une forme condition d’être holomorphe à l’infini, ce
quadratique positive non dégénérée sur Z” qui implique qu’elle est développable en
et soit S sa matrice ; la série : série :
789
QUADRIQUES
JEAN DIEUDONNÉ
où v,(N) est le nombre de solutions de
l’équation Q(s) = 2 N dans Z”, on déduit
de (14j l’expression asymptotique : Bibliographie
A. B~REL, Introduction aux groupes urithmétiques,
(16) rd’9 = 2 ozi-, (N) + O(N~). Hermann, Paris, 1969 / J. W. CASSELS, Rational
Quudrutic Forms, Acad. Preas, New York, 1979 i
M. KNESER , G Klassenrdhlen definiter quadratischer
Pour n=8 ou n= 16, on af,=O; Formen », in Archiv du Maihematik, no 8, 1957 1
pour n = 24, on montre quef. = c,F, où 0. T. O’MEARA. Introduciion 10 Qurrdratic Forms,
F est la forme parabolique : Springer Verlag, New York-Berlin, 3’ éd., 1973 /
J.-P. SERRE, Coucî d?withmétique, P.U.F., Paris,
1970 / C. L. SIEGEL, Gesam<e Ahhandlungen,
F(q) = q n (1 -qV> 3 vol.. Berlin. 1966 l A. WEIL. Sur lu théorie des
N=l forme.~ quadraiiqurs, Bruxelles, 1962 / (( Sur la for-
mule de Siegel dans la théorie des groupes classi-
étroitement liée à la théorie des fonctions ques », in Acta tnuthrmuticu, n” 113, 1965 / E. Wrrr,
elliptiques, et c, une constante dépendant « Theorie der quadratischen Formen in beliebigen
de la classe de S et qu’on détermine en Korpern )), in Journcrl de Crrlle, no 176, 1937.
évaluant le coefficient r,(l) ; on montre,
pour n = 24. qu’il y a vingt-quatre classes
de formes quadratiques vérifiant les condi-
tions indiquées ci-dessus. Siegel a montré
que, pour ~7 = 1, la matrice T étant
réduite à l’entier N, la série génératrice
QUADRIQUES
dont le coefficient de qN est le premier
L
membre de la formule (8) s’exprime encore es surfaces de l’espace matériel, que
à l’aide de séries d’Eisenstein. 11 a ensuite nous connaissons par leur emploi, en
étendu ce fait au cas où m est quelconque, architecture par exemple, étaient autrefois
en introduisant des G fonctions modulaires classées en (( corps ronds )) et « corps
d’ordre m D, où le demi-plan Im 2 > 0 est droits D. La sphère et le cube sont des
remplacé par le <( demi-espace de Siegel >) surfaces typiques de ces deux familles.
formé des matrices symétriques complexes Les corps ronds sont, essentiellement,
d’ordre II?, dont les parties imaginaires la sphère déjà citée, le cylindre et le cône
sont des matrices positives non dégéné- usuels (fig. 1). Étudiées individuellement,
rées ; le groupe modulaire est remplacé par ces surfaces semblent n’avoir que peu de
le groupe de transformations : points communs : l’une est bornée, les deux
autres ne le sont pas. Le cône possède un
point remarquable (son sommet), alors
que ie cyiindre est totaiement homogène.
Il est toutefois bien connu que les inter-
sections de ces trois surfaces par des plans
790
ftg. 1
sont toujours des coniques, éventuellement conduit les Grecs à unifier partiellement dont les coordonnées (x, y) satisfont à une
dégénérées en couples de droites. L’adjec- les définitions et les démonstrations pro- égalité de la forme :
tif conique, c’est-à-dire dessiné sur un pres à chacune d’elles (ellipse, parabole et
P(X,Y> = 0,
cône, est à l’origine du nom donné à ces hyperbole). Seule la géométrie analytique
courbes (cf. CONIQUES ). cartésienne, pourtant, a permis de donner où P est un polynôme non nul du second
Les propriétés très remarquables des des coniques la définition essentielle : ce degré. Suivant la nature des nombres .Y et
coniques, qui constituent l’ensemble le sont les COU~~~S algébriques du second y (qui sont réels ou complexes), on définit
=t
plus riche de courbes simples, avaient ordre, c’est-à-dire les ensembles de points plusieurs types de coniques.
“”
_-“,“^.- . ..~__ ,.“<, “~ -,.. _ .” .~. -,.< “_- ,_I ..,.- _..._,,I_ “., ,. _. I” .” _.
. - -.--. “--“~ <....- I_.-~ _._ . ;i. ,
QUADRIQUES
+ (u* + v* + %v-r*) = 0.
Quadriques et formes quadratiques
Certaines complications dans la théorie Ce passage d’un espace affine à un espace
de ces surfaces conduisirent les mathéma- projectif - au prix d’une augmentation
ticiens du XIX~ siècle à étendre. dans deux de la dimension - permit surtout de placer
directions différentes. la notion de quadri- la théorie des quadriques dans son véri-
que et des autres surfaces algébriques. Non table cadre : celui des formes quadratiques.
seulement ils firent un usage systématique Conformément à une tendance actuelle,
des coordonnées complexes, enrichissant l’étude détaillée des coniques et des qua-
ainsi considérablement le modèle mathé- driques est aujourd’hui délaissée au profit
matique issu des corps de l’espace maté- de la notion plus générale d’hyperquairi-
riel, mais ils élargirent le concept de point que, définie comme un ensemble de-
en considérant des (< éléments à l’infini » droites vectorielles d’un espace E sur
p a r iïntroduction d’une quatrième un corps algëbrrquement clos de caracté-
coordonnée t, nulle pour les nouveaux ristique différente de deux ; une droite
points. appartient à cet ensemble si et seulement
792
QUADRIQUES
q(Y) = 0
793
QUADRIQUES
794
f1g. 3
parabole de base
-
c ‘yliodres parabolique et hyperbolique.
Ellipsoïdes strictement positifs. Le signe moins cor- que l’on transforme une ellipse réelle en un
respond à un ellipsoïde imaginaire, dont cercle). Il est de révolution si deux des
Les ellipsoïdes (fig. 4) par un changement
aucun point n’a toutes ses coordonnées nombres a. h et c (h et c, par exemple) sont
d’axes approprié, peuvent se mettre sous
réelles. Le signe plus correspond à l’ellip- égaux; on le qualifie de sphérique si Q
la forme :
soïde classique dont la partie réelle équi- a=h=c d’aplati si ff <h=c,
x2 y2 t2 vaut, grosso modo, à une sphère, surface d’allongé si CI > h = c. Fi
>+g+s=+t2,
v en laquelle on peut le transformer par des Les sections planes d’un ellipsoïde sont g
2 où a, h et c sont des nombres réels et affinités appropriées (de la même façon en général des ellipses, réelles ou non. vi
.- . _ , _ _,<-,- --_;__”
QUADRIQUES
fag. 6
Hyperboloïdes
Les hyperboloïdes ont une équation que
l’on peut mettre sous l’une des deux formes
suivantes :
..~
Hyperbolofde à “ne nappe. Hyperbolotde à deux nappes.
796
QUADRIQUES
Paraboloïdes
Les paraboloïdes ont une équation que
l’on peut mettre sous la forme :
fig. 7
Une quadrique propre possède, comme
nous l’avons vu à propos de l’hyperboloïde
à une nappe, un double système de
génératrices, Dans le cas du paraboloïde
hyperbolique, les génératrices passant par
un point réel sont réelles ; elles séparent la
surface en deux parties situées de part et
d’autre du plan tangent. Les sections
planes sont des paraboles ou des hyper-
boles.
Le paraboloïde hyperbolique possède
de nombreuses définitions géométriques
très simples. Citons-en deux :
Parabolmde elliptique. Si l’on se donne trois droites soumises à
la seule condition d’être parallèles à un
lution si p = q. Une affinité convenable même plan, une droite variable qui ren-
peut toujours mettre le paraboloïde sous contre ces trois droites engendre un para-
cette forme ; la surface résulte alors de la boloïde hyperbolique ;
rotation d’une parabole autour de son axe. - Si l’on se donne deux droites quelcon-
Les sections planes sont des paraboles ques, une droite variable qui les rencontre
ou des ellipses. Dans le cas d’un parabo- toutes les deux et reste parallèle à un plan
loïde de révolution, une section plane se donné engendre un paraboloïde hyperbo-
projette sur un plan orthogonal à l’axe lique.
suivant une droite ou un cercle. Les plans apparaissant dans l’une OU
Si p et q sont de signes différents, le l’autre de ces définitions sont appelés
paraboioïde est hyperbolique (fig. 8). C’est plans directeurs de la surface. 11 en existe
une surface assez remarquable, dont la deux, définis chacun à une translation
forme évoque celle d’une selle de cheval. près.
797
QUADRIQUES
Les ellipsoïdes et les hyperboloïdes ont, des coniques (cf. CONIQUES). Il faut noter
à la fois, un centre et des plans de symétrie. toutefois que, hormis les quadriques de
Les paraboloïdes n’ont que des plans de révolution, obtenues par simple rotation
symétrie. d’une conique autour d’un axe, il n’existe
pas de concept analogue à ceux de foyers
et de directrices pour les coniques. Ces
4. Problèmes tangentiels notions métriques sont donc directement
liées & la structure particulière du plan.
Les dix-sept variétés de quadriques don- Sans doute cela provient-il, comme pour la
nent une idée assez complète des différen- plupart des résultats non généralisables si
tes formes que peuvent prendre les surfa- la dimension de l’espace excède deux, de la
ces de l’espace usuel. Paraboloïde structure des rotations planes dont le
hyperbolique et hyperboloïde à une nappe groupe cesse d’être commutatif lorsque la
fournissent des exemples très simples de dimension passe de deux à trois.
surfaces qui traversent leurs plans tangents
(ce qui n’est pas le cas de la sphère ou du ANDRÉ WARUSFEL
cylindre de révolution, par exemple).
Une étude assez simple, fondée sur la
théorie des valeurs et des vecteurs propres Bibliographie
d’une matrice réelle symétrique, permet de M. BERGER , GéomYtrie / t. IV, Formes quadratiqurs,
déterminer les plans qui coupent une quodrrques et roniques, Cedic/Fernand Nathan,
quadrique suivant des cercles. Ces plans Paris, 1978 / G. CAGNA~, E. RAMIS & J. COMMEAU,
Trait4 de muthPmutique.u spPcia1e.v. t. III : Géométrie,
sont parallèles entre eux (on se limite à des
Masson, Paris, 1967 / G. CAGNA~ & H. COMMIS-
plans réels). Certains plans limites sont SAIRE, Cours de malhr~matiques supc’rieures et spé-
tangents à la surface en des points appelés cicrle.s, t. II, ibid., 195 1 1 P. MARTIN, Applications de
ombilics. Il y en a deux pour un ellipsoïde l’algèbre et de l’analyse 2 la &mcVrie, A. Colin,
Paris, 1967 / A. WARUSFEL. Dictionnaire raisord de
réel non sphérique, deux pour un hyper-
mathématiques (pour la classification des dix-sept
boloïde à une nappe, deux pour un para- sortes de quadriques d’après les éléments de la
boloïde elliptique. Il existe des cas parti- matrice A), Seuil, Paris, 1966.
culiers ; par exemple, tous les points d’une
sphère sont des ombilics.
Les quadriques propres sont non seu-
lement des ensembles de points soumis à
des conditions du second degré, mais aussi
des enveloppes de plans dont les paramè-
tres annulent un polynôme homogène du
second degré, autre forme quadratique
attachée à la surface. Aussi dit-on que ces
quadriques sont des enveloppes & seconde
clusse. Un cône, par exemple, ne répond
pas à cette définition, car il possède deux
équations tangentieiies au iieu d’une.
Les quadriques généralisent donc étroi-
tement les propriétés affines et projectives
798
SÉRIES & PRODUITS INFINIS
S
SÉRIES & PRODUITS INFINIS
REPÈRE AFFINE - AFFINES
ESPACE & REPÈRE L a notion de limite d’une suite est à la
base de l’analyse. Le langage des
séries, équivalent a celui des suites, s’est
imposé dès le XVII~ siècle à propos du
développement des fonctions en série
entière. Cependant, les fondements rigou-
reux de la théorie des séries, reposant sur
une définition des limites, remontent seu-
REPÈRE PROJECTIF lement au début du XIX~ siècle, avec les
- PROJECTIFS E S P A C E
travaux d’Abel, de Cauchy et de Gauss.
& REPÈRE L’étude des séries de nombres réels ou
complexes et celle des séries de fonctions
(séries entières, séries de Fourier, etc.)
peuvent être considérées comme des cas
particuliers de la théorie des séries d’élé-
ments d’un espace vectoriel normé. On
peut regrouper la notion de produit infini,
utilisée par Euler au XVIII~ siècle, avec celle
de série, à condition de se placer dans le
cadre des groupes topologiques séparés.
Séries
Soit G un groupe commutatif topologique
séparé (cf. algèbre TOPOLOGIQUE), dont la
799
SÉRIES 8 PRODUITS INFINIS
loi est notée additivement. On appelle série de convergence des séries peuvent servir
d’éléments de G un couple A = ((u,,), (s,)) à étudier la convergence d’une suite
constitué de deux suites d’éléments de G par l’intermédiaire de la série des différen-
telles que, pour tout entier naturel n, on ces.
ait : Le cas fondamental dans la théorie des
séries est celui où G est le groupe sous-
jacent à un espace vectoriel normé E. Les
séries d’éléments de E c o n s t i t u e n t un
espace vectoriel ; les séries convergentes
l’élément .Y, s’appelle sonwze à /‘ordre n, la
constituent un sous-espace vectoriel de
suite (u,,), terme général, et la suite (s,,),
l’espace vectoriel précédent, et l’applica-
suite des sommes partielles de la série A.
tion qui à toute série convergente fait
On dit que la série A est convergente ou
correspondre sa somme est linéaire. La
divergente s u i v a n t q u e l a s u i t e (3,)
multiplication de Cauchy des séries
converge ou non. Lorsque la série A est
d’éléments d’une algèbre normée ne pré-
convergente, la limite s de (s,) s’appelle
sente d’intérêt que dans le cas des séries
somme de A et se note encore :
entières ; nous n’indiquerons ici que la
+m multiplication des familles sommables
c u,;
n=O
(cf. infra).
Lorsque l’espace vectoriel normé E est
dans ces conditions, pour tout entier natu- complet, le critère de convergence de Cau-
rel n, l’élément r,, = .Y ~ s,, s’appelle reste à chy prend la forme suivante : Pour qu’une
l’ordre n et se note : série A = ((u,), (s,,)) converge, il faut et il
suffit que, pour tout voisinage V de 0, il
existe un entier naturel 11~ tel que, pour tout
couple (q, r) d’entiers naturels avec
r > y > n,, on ait :
Il est immédiat que, si la série A
converge, son terme général tend vers 0.
Examinons les liens entre suites et séries.
Pour toute suite (u,) d’éléments de G, il
existe une série A et une seule dont le terme
général est (u,,) ; sa somme à l’ordre n est tien avec les intégrales impropres
800
S É R I E S & PRODUITS INFINIS
bornée, et enfin A la série dont le terme Soitfune fonction réglée sur [0, + W[
général est défini par la relation : à valeurs réelles positives, décroissante et
ayant 0 pour limite à l’infini, et A la série
“. = sana”+‘f(t)dt; de terme général (J(n)). Pour que la
série A converge, il faut et il suffit que
pour que l’intégrale impropre :
l’intégrale impropre :
I+“f (t)dt
Jo
converge. converge.
On prend la plupart du temps pour
Convergence des séries séries de références les séries géométriques,
de nombres réels positifs c’est-àdire les séries dont le terme général
Dans le cas des séries de nombres réels est de la forme (a”), les séries de Riemunn,
positifs, on peut obtenir des règles plus de terme général (lin”), convergentes si et
précises de convergences des séries, grâce seulement si c( > 1, les séries de Bertrand,
au résultat fondamental suivant : Pour de terme général :
qu’une série A = ((II,), (Y,)) de nombres 1
réels positifs converge, il faut et il suffit que qïzq’
la suite (s,) soit majorée. Plus précisément,
si cette suite est majorée, on a : convergentes également si et seulement si
a > 1.
La comparaison directe des séries de
nombres réels positifs s’effectue à l’aide de
la règle suivante : soit A et B deux séries de
si cette suite n’est pas majorée, s, tend vers nombres réels positifs, de termes généraux
(u,) et (v,). Si (u,) est dominée par (v,) et si,
Soit A et B deux séries de nombres réels de plus, B converge, alors A converge. Il
positifs, de termes généraux (u,,) et (v,). Si, s’ensuit que, si (u,) et (v,) sont semblables,
pour tout entier naturel n, on a U, < v,, il les séries A et B sont toutes deux conver-
découle du théorème ci-dessus que la gentes ou toutes deux divergentes,
convergence de la série B implique celle de En prenant pour série de référence une
la série A. Dans ce cas : série géométrique ou bien une série de
Riemann, on obtient les règles classiques
que voici.
Règle de Cauchy. Soit (u,,) une suite de
Ce corollaire permet de ramener l’étude nombres réels positifs telle que p <
de la plupart des séries à celle de séries admette une limite p. Si fl < 1, la série de
beaucoup plus simples, qui serviront alors terme général (u,) converge ; si fl > 1,
de séries de référence pour les séries les cette série diverge.
plus générales. La convergence de ces Règle de Riemunn. Soit (u,) une suite de
séries de référence.s’établit en les compa- nombres réels positifs telle qu’il existe un
rant à des intégrales impropres, ce qui nombre réel o satisfaisant à la condition
montre l’importance du résultat que voici. suivante : La suite n%, admet une limite fl
801
SÉRIES & PRODUITS INFINIS
802
SÉRIES & PRODUITS INFINIS
ciEK u,EV.
séries sont dites semi-convergentes.
Familles sommables
La définition de la somme d’une série La notion de famille sommable est
repose sur le fait que l’ensemble des commutative. De manière précise, pour
indices est N, et donc un ensemble toute famille sommable (u,), i E 1, d’élé-
canoniquement ordonné. Dans de nom- ments de G et pour toute permutation o
breux problèmes, l’ordre des termes ne de 1, la famille (u,(,), i E 1, est sommable,
joue aucun rôle. Le besoin se fait aussi et :
sentir de définir la somme d’une famille
indexée par un ensemble 1 (non nécessai- &,= CU,
rti iE1
rement dénombrable u priori), indépen-
damment du choix d’une relation d’ordre Examinons le cas où 1 = N. Soit (u,,)
dans 1. une suite d’éléments de G. On dit que la
Soit de nouveau G un groupe commu- série de terme général (u,) est corwm~tu-
tatif topologique séparé. On dit qu’une tivemenl convergente si, pour toute permu-
famille u = (u,), i E 1, d’éléments de G est tation o de N, la série de terme général
sommuble s’il existe un élément s de G (u,(,,)) est convergente. Si la suite (u,,) est
satisfaisant à la condition suivante : Pour sommable, la série de terme général (u,,)
tout voisinage V de 0, il existe une partie est commutativement convergente. Réci-
finie J, de 1 telle que, pour toute partie proquement, dans le cas des espaces de
finie J de 1 contenant J,, on ait : Banach, la convergence commutative
implique la sommabilité ; de plus, pour
s- c u,EV; toute permutation o de N,
LE,
un tel élément s est unique. On l’appelle
somme de la famille a et on le note :
c
iEl
U‘.
Soit (u,), i E 1, une famille sommablc
d’éléments d’un espace de Banach E et
(I,?), h E H, une partition de 1. Alors, pour
Si 0 admet une base dénombrable de tout élément h de H, la famille (ui), i EI,,.
voisinages, le support de toute famille
est sommable, la famille (r,,), h E H, où :
sommable est dénombrable (ce qui ne
signifie pas que l’on doive se ramener Y* =
c ui.
systématiquement au cas ou 1 = N). rE I*
803
SÉRIES & PRODUITS INFINIS
s, = c ut;
,t,
cette formule est dite formule de somma- la suite (u,), t E 1, s’appelle terme général
tion par paquets. Soit E,, E,, et F trois de la série A.
espaces de Banach et S une application On dit qu’une telle série est absolument
bilinéaire continue de E, X E, dans F ; convergente si la famille (24,) t E 1, est
soit (u,), i E 1, une famille sommable d’élé- absolument sommable. La somme :
ments de E, et (v,), jE J, une famille
sommable d’éléments de EZ, Alors, la
famille (S(U,, v,)), (i,j) E 1 X J, est som-
mable, et on a : s’appelle alors comme la série A.
Prenons, par exemple, 1 = Z’- {OI,
1, = N’y 101, c( un nombre réel non nul
et, pour tout élément t = (n,, n2, . . . . n,.) de
1, posons :
1
en particulier, on peut définir le produit de
Ur=(In,l+...+~n,~)“;
deux familles sommables d’éléments d’une
algèbre de Banach. les séries r-uples de termes généraux (u,),
La définition des familles absolument tE 1, et (u,), tE l+, convergent si et
sommables d’éléments d’un espace vecto- seulement si c( > r. Plus génkalement,
riel normé est calquée sur le cas des séries. pour toute norme sur l’espace vectoriel R’,
Toute famille absolument sommable est les séries r-uples de termes généraux :
sommable. La réciproque est vraie lorsque
l’espace vectoriel E est de dimension finie
(mais elle ne l’est pas si l’on suppose
seulement que E est complet). en particu- convergenl si et seulement si 12 > r.
lier, toute série absolument convergente de Soit maintenant A une série double de
nombres complexes est commutativement terme général (u,,,,,), où (12, p) parcourt N2.
convergente. Si cette série est convergente, alors, pour
tout entier naturel n, la série de terme
général (u,,,),p E N, est convergente, et la
Séries multiples
série de terme général (v,,) avec :
La théorie des familles sommables s’appli-
-..- II”CLIIIIIIIGIIC
..,.t---^-* au.5“...i T?c;IIC>
“z.L^,. MulrlpG>.
-..l+:-l-” pLani 7
YUL
v, = U%P
donné un espace de Banach E, un entier L
p=o
naturel non nul r et une partie infinie 1 de
Z’, on appelle série r-uple d’éléments de E est convergente. De plus :
indexée par 1 tout couple A = ((u,), (s,))
constitué d’une suite r-uple d’éléments de
E et d’une famille (sJ) d’éléments de E, où
SÉRIES & PRODUITS INFINIS
dite formule de sommation par lignes des Les produits infinis ayant leurs princi-
séries doubles. On peut énoncer de même pales applications dans la théorie des
une formule de sommation par colonnes. fonctions analytiques, nous nous plaçons
Les réciproques sont vraies si A est une désormais dans le cas du corps des nom-
série de nombres réels positifs. bres complexes.
Le critère de Cuuchy devient ici : Pour
Produits infinis que le produit infini A converge, il faut et
Soit G un groupe commutatif topologique il suffit que, pour tout voisinage V de 1, il
séparé. Lorsque la loi de G est notée existe un entier naturel n, tel que, pour tout
multiplicativement, les séries et les familles couple (q, r) d’entiers naturels tel que
sommables d’éléments de G prennent r > q > n,, on ait :
respectivement les noms de produits infinis
et de familles multipliables.
Cependant, lorsque le groupe G est le
Il
??l=g+,
U,EV.
groupe multiplicatif d’un corps commuta- L’étude des produits infinis de nombres
tif topologique séparé K, une suite d’élé- complexes se ramène à celle des séries :
ments de G ne converge au sens de G que Soit (u,) une suite de nombres complexes
si elle converge vers un élément non nul de non réels négatifs ; pour que le produit
K. Cette remarque conduit à modifier infini de terme général (u,,) soit convergent
légèrement les définitions. (resp. commutativement convergent), il
On appelle produit infini d’éléments de faut et il suffit que la série de terme général
K un couple A = ((u,), Q,,)) constitué de (In un) soit convergente (resp. commutati-
deux suites d’éléments de K telles que, vement convergente). Soit (v,,) une suite de
pour tout entier naturel n, on ait : nombres complexes ; pour que le produit
infini de terme général (1 + v,,) soit
P. = n Ulm; commutativement convergent, il faut et il
m=O
suffit que la série de terme général ( VJ soit
l’élémentp, s’appelle produit à l’ordre n de absolument convergente.
A, et la suite (u,,) s’appelle terme général Comme le terme général d’un produit
de A. infini convergent (u,,) tend vers 1, on pose
On dit que le produit infini A est U, = 1 + v,,, où v,, - 0. Lorsque (u,,) est
convergent dans K si u,, est non nul à partir une suite de nombres réels positif, la
d’un certain rang n, et si le produit infini convergence du produit infini de terme
de terme général (u,,), n > n,, est conver- général u,, équivaut à celle de la série de
gent dans G = K*. Il est immédiat que le terme général b’,,, par passage au loga-
terme général d’un produit infini conver- rithme, car In(1 + x) - .Y au voisinage
geant dans K converge vers 1. de 0.
On dit de même qu’une famille (uJ, On est alors amené à définir la conver-
i E 1, d’éléments de K est multipliable dans gence absolue d’un produit infini de terme
K si le support 1, de cette famille, c’est-à- général II,, par la convergence absolue de
dire l’ensemble des indices i tels que la série de terme général v,. Tout produit
U, # 0, est le complémentaire d’une partie absolument convergent est convergent.
finie de 1 et si la famille (u,), iE I,, est
multipliable dans K*. LUCIEN CHAMBADAL
805
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES
L
n=O
es series trigonométriques se sont
introduites au XVIII~ et au début du dans lesquelles t désigne une variable
XIX~ siècle, en liaison avec certains problè- réelle, o un nombre > 0 (c’est la fréquence
mes de physique (mouvement des cordes fondamentale), les a, et les b, des coeffi-
vibrantes, propagation de la chaleur). Elles cients réels (6, = 0), les Y, des nombres
sont d’un usage courant en astronomie, en > 0 (les amplitudes) et les cpPn des nombres
cristallographie, en optique. Mais c’est en réels définis modulo 2~r (les phases). Les
mathématiques qu’elles ont joué le rôle le séries (1) et (2) sont liées par les formules :
plus important.
La justification du formalisme introduit rn COS <p. = a,, r,sincp, = - b . .
par Joseph Fourier a occupé une grande Les sommes partielles s’écrivent :
part de l’effort des analystes du XIX~ et
N
même du xxe siècle. Elle a conduit au
concept moderne de fonction, à la théorie S,(t) = 2 (a, COS n ut + b, sin n ot )
n=O
de l’intégration, aux notions les plus impor-
N
tantes concernant ia sommation des séries
ZZZ rn COS (n ut + $7) ).
et enfin à une partie de l’analyse fonction- c
n=O
nelle moderne. Il se trouve même qu’un
problème concernant les séries trigonomé- Il est souvent commode de les écrire :
triques est à l’origine de la théorie des
ensembles. Les séries trigonométriques S,(t) = 2 c,ei*o’,
(3)
constituent donc l’exemple type d’un objet n =-N
806
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES
807
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES
différents points, des vitesses de déplace- Comment une fonction q (s) arbitraire
ment latéral (corde de piano). pourrait-elle se résoudre en une somme de
L’équation des cordes vibrantes, qui fonctions sinus d’arcs multiples? Les
concerne le déplacement latéral J$X, t) meilleurs mathématiciens de l’époque
(supposé petit) au temps t du point x de la (1750) ne le croyaient pas possible.
corde, est : La question ne fut reprise que cin-
;; = w*y;x ; quante ans plus tard, par Fourier, à
Y
l’occasion de la th&rie unalJ,tique de la
les conditions initiales imposent : chaleur (1822). L’équation en cause est ici :
y(O,t) =Y(l,r) =o Y; = ay,,,
et respectivement : où J est la température au temps t et au
point .X d’une barre maintenue à tempéra-
Y (x3 0) = <p(x), y; (x, 0) = 0
ture fixe (par exemple 0) aux extrémités, et
pour la corde pincée, et : une solution formelle en est :
Y;&, 0) = w(x)
y(x,t) = ~b,,erp(-on”~)sin~,
pour la corde frappée. D’Alembert et
Euler avaient découvert la solution géné- de sorte que :
rale, sous la forme :
V@>O) = b, sin 7.
y(x,t) =f(x + ot)-f(x--~t). c
808
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES
Dirichlet montre que, pour toute fonction La thèse de Riemann G Sur la possibilité
fmonotone et continue par morceaux sur de représenter une fonction par une série
le tore T, les sommes partielles S,(t ) de la trigonométrique )) a pour résultat principal
série de Fourier de f convergent, en tout un théorème de loculisation qui s’exprime
point t, vers : grossièrement ainsi : Si deux fonctions sont
égales au voisinage d’un point, leurs séries
; (f(t + 0) +f(t - O)h de Fourier ont les mêmes propriétés en ce
point. Elle introduit une méthode puis-
moyenne des valeurs limites de f a droite
sante. Cette méthode consiste à associer à
et à gauche de t. Cela résulte de (9) et de
une série trigonométrique (4), à coeffi-
l’importante formule :
cients tendant vers 0, la série deux fois
formellement intégrée :
où :
(on suppose pour simplifier cg = 0), qui
i-4 converge vers une fonction continue F(t ),
Qv(~) = e km = sin (2 N + 1)~s
c sin TS et elle consiste ensuite à étudier la diffé-
-N rence seconde :
Dans la dernière intégrale (10) D, joue
W + h) + F(t-h)-2F(r)
le rôle d’un noyau de convolution. On (11) h2
l’appelle, naturellement, le noyau de Diri-
chlet.
L’intérêt du travail de Dirichlet n’est
pas seulement dans le résultat, ni dans la quand h -+ 0. C’est ce qu’on appelle le
méthode qui est fort belle. On peut procédé de sommation de Riemann.
considérer que le concept moderne de C’est dans la note historique qui pré-
j’i~nction remonte à ce mémoire. Aupara- cède la thèse que B. Riemann, critiquant
vant, une fonction était donnée soit par une erreur commise par A. Cauchy, pré-
une expression analytique, soit par une cise la théorie des séries numériques en
représentation graphique. Au contraire, distinguant les séries absolument conver-
pour Dirichlet, la fonction n’est qu’une gentes (qui sont aussi commutativement
loi qui à chaque valeur x de la variable convergentes) et les séries semi-
fait correspondre ,f(.u). Pour expliquer, convergentes (auxquelles on peut donner
par exemple, que les intégrales (8) n’ont n’importe quelle somme par changement
de sens que pour certaines fonctions, de l’ordre des termes). Et c’est au tout
Dirichlet considère une fonction <p égale début de l’étude proprement dite que se
à a pour x rationnel et à h pour x trouve exposée la théorie de l’intégtzle &
irrationnel, a étant différent de b. Avec le Riemann, c’est-à-dire le premier concept
concept d’intégrale qu’on avait à l’époque, d’intégrale mathématiquement élaboré. À
et qui allait être formalisé par Riemann, il ce stade enfin, pour la première fois, les
s’agit en effet d’une fonction non intégra- formules de Fourier (7) ou (8) ont un sens
ble. parfaitement clair !
809
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES
810
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES
811
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES
Lebesgue montrait le parti qu’on pouvait p 2 1 ; c’est ce fait fondamental que l’on
tirer de son intégrale, dans l’étude de la désigne quelquefois aujourd’hui sous le
convergence ponctuelle et surtout dans nom de théorème de Fischer-Riesz.
l’étude de la convergence presque partout, Il est difficile de dresser, même en
qui renouvelait complètement le sujet. De grandes lignes, l’histoire des séries trigo-
1906 date également la thèse de P. Fatou : nométriques au cours du xxe siècle. Nous
Sdries trigonométriques et séries de Taylor, retiendrons seulement quelques sujets.
où la notion de mesure de Lebesgue est Mais il est bon d’indiquer que l’épanouis-
largement utilisée. sement des écoles polonaise et russe, dans
L’importance en analyse de l’intégrale les années 1920-1940, dans le domaine de
de Lebesgue s’est ainsi affirmée d’abord à l’analyse fonctionnelle et des probabilités
l’occasion de la théorie des séries trigono- est intimement lié à la fois à la théorie de
métriques. Un exemple remarquable le l’intégrale de Lebesgue (très mal connue
fera comprendre. On connaissait depuis en France à l’époque) et aux problèmes
soulevés par les séries trigonométriques
longtemps la (< formule de Parseval )) :
(également ignorés en France, à l’excep-
tion de A. Denjoy, S. Mandelbrojt et
R. Salem). Le traité de A. Zygmund
(première édition en 1935, deuxième édi-
où les c,, sont les coefficients de Fourier de
tion rééditée en 1988) est la référence
f Cette formule vaut non seulement pour
essentielle, et il a joué un rôle de premier
les fonctions intégrables au sens de Rie-
plan dans la formation de plusieurs géné-
mann, mais pour toutes les fonctions ,f de
rations d’analystes.
carré intégrable au sens de Lebesgue (ce
que l’on écritfE L2). Un théorème, établi
indépendamment par E. Fischer et par 3. Quelques problèmes
F. Riesz (1907), montre que toute suite et autres développements
{c,} telle que :
La convergence des séries de Fourier
Dirichlet avait établi que la convergence
des séries de Fourier avait lieu pour des
(on écrit {c,,} E 1 2, est la suite des coeffi- fonctions monotones et continues par
cients de Fourier-Lebesgue d’une certaine morceaux, Du Bois-Reymond qu’elle
fonction de L2 ; comme l’écrit quelque part n’avait pas nécessairement lieu pour des
F. Riesz, les formules de Fourier (7) sont fonctions continues. Le théorème de
comme un billet aller et retour entre L2 et Fischer-Riesz établit, quant à lui, que les
1 2 ; moins élégamment, on dit que c’est un sommes partielles de la série de Fourier
isomorphisme d’espaces de Hilbert. Oi-, d’une fonction SE L? tendent vers J’” dans
que L’ soit un espace de Hilbert est un fait l’espace L2.
d’intérêt indépendant et de grande portée. Jusqu’en 1966, on n’a pas su si la série
Plus généralement, il apparaît que les de Fourier d’une fonction continue sur T
espaces V, de fonctions de pième puis- converge nécessairement sur un ensemble
sance intégrable au sens de Lebesgue, sont non vide. À cette date, L. Carleson a
des espaces normés et complets pour montré que, pour toutefE L2, la série de
812
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES
Fourier de f converge vers f(t ) presque dont les coefficients ne sont pas nécessai-
partout. La réponse à la question posée est rement donnés par les formules de Fou-
donc positive, C’est le meilleur résultat rier. Le problème est le suivant : Une
possible, dans ce sens que, étant donné un fonctionfétant donnée, existe-t-il une série
ensemble de mesure nulle sur T, il existe trigonométrique qui converge presque par-
une fonction continue dont la série de tout vers f? On peut supposer J’à valeurs
Fourier diverge sur cet ensemble. finies ou infinies, mais on doit la supposer
Le théorème de Carleson vaut en rem- mesurable au sens de Lebesgue.
plaçant L2 par V, avec p > 1 (R. Hunt, C’est un sujet étudié, depuis 1916, par
1967). Il ne vaut pas pour L’, puisque, dès D. Menchov et l’école russe. Menchov a
1926, on connaissait des fonctions de L’ d’abord étudié le cas ,f= 0. Dans ce cas,
dont la série de Fourier diverge partout le problème a évidemment une solution (la
(A. N. Kolmogorov). série à coefficients tous nuls), mais Men-
Essentiellement, pour les séries de Fou- chov montre qu’elle n’est pas unique. Dans
rier à une variable, le problème de la le cas où f a des valeurs finies, le problème
convergence se trouve résolu avec les a une solution positive. Le cas général est
travaux de Carleson et Hunt. encore mystérieux. En particulier, on ne
Pour les séries de Fourier à plusieurs sait pas s’il existe une série trigonométri-
variables du type (6), avec k > 2, il faut que dont les sommes partielles tendent
définir ce qu’on appelle les sommes par- vers + a? presque partout ; la réponse est
tielles avant de poser le problème de la vraisemblablement négative.
convergence. Si l’on prend les sommes Si, au lieu de la convergence, on étudie
partielles « cubiques », définies comme la la sommabilité d’Abel-Poisson, on obtient
somme des termes pour lesquels : des résultats plus complets (N. Lusin et
1. Privalov en 1925, F. Bagemihl et W. Sei-
suptln,l,In,l,...,ln~l) < R,
del en 1954, J.-P. Kahane et aussi
on a le résultat analogue au théorème de Y. Katznelson en 1971) : Étant donné deux
Carleson et Hunt (Charles Fefferman, Per fonctions f et g mesurables, à valeurs finies
Sjolin). Si l’on prend les sommes partielles ou infinies, il existe une série trigonomc-
« sphériques )> définies par : trique (1) à coefficients tendant vers 0, qui
est sommable versf‘et dont la conjuguée :
n; + n; + + ni < R2,
m
il existe pour tout p < 2 une fonction de
V(Tk) dont la série de Fourier diverge c
n=,
(a, sin n oi -b, COS n ut ),
813
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES
bles sont appelés ensembles de multiplicité. geant vers 0 hors de E soit la série à
Complétant les résultats de Cantor, coefficients tous nuls, forment une classe
W. H. Young montra que tout ensemble U(E). Zygmund a montré qu’il existe des
dénombrable est ensemble d’unicité. Dans ensembles U(E) de mesure positive ; un
l’autre sens, il est facile de voir que tout problème ouvert est d’en trouver dont le
ensemble de mesure positive est ensemble complémentaire soit de mesure nulle.
de multiplicité. Le résultat de Menchov de
1916, qui a été indiqué plus haut, signifie Les séries trigonométriques
qu’il y a des ensembles de mesure nulle qui absolument convergentes
sont ensembles de multiplicité. Considérons les fonctions sommes de séries
La réunion de deux ensembles d’unicité (4) absolument convergentes, avec
fermés est un ensemble d’unicité (Nina (J = 2 rTT. On vérifie qu’en ajoutant, en
Bari, 1927). Le résultat est faux pour des soustrayant, en multipliant des fonctions de
ensembles quelconques, inconnu pour des cette classe on reste dans la classe ; c’est dire
ensembles boréliens. que la classe en question est un anneau,
La classification des ensembles parfaits qu’on désigne par A. Lorsqu’on munit cha-
(fermés sans points isolés) en ensembles que fonction de la norme 4 c, 1, c’est un
d’unicité et ensembles de multiplicité fait anneau normé. La théorie des anneaux nor-
apparaître des phénomènes curieux més est une des perles de l’analyse fonction-
(1. 1. Piatetski-Shapiro, R. Salem et A. Zyg- nelle ; elle est due à 1. M. Gelfand (1942).
mund, A. Rajchman, R. Salem). L’ensem- Mais, avant Gelfand, N. Wiener avait, en
ble triadique de Cantor est un ensemble étudiant l’anneau A, dégagé certaines idées
d’unicité. Mais, si l’on considère un ensem- maîtresses de la future théorie. Le résultat
ble EL parfait, décomposable en deux principal (théorème de Wiener-Lévy) est
portions égales qui lui sont homothétiques que toute fonction analytique d’une fonc-
dans le rapport 5, avec 0 < t < 1/2 (le cas tion de la classe A est une fonction de la
6 = 1/3 correspond à l’ensemble triadique classe A ; en bref, les fonctions analytiques
de Cantor), la réponse dépend de proprié- opèrent dans A.
tés arithmétiques du nombre 8 = 1 /s ; si 8 La réciproque fut établie par
est un entier algébrique dont tous les Y. Katznelson en 1958 : Si F est une
conjugués, à l’exception de lui-même, sont fonction de variable réelle qui opère dans
de module < 1 (on dit alors que 8 est un A, cette fonction F est analytique. En
nombre de Pisot), E, est un ensemble 1959, P. Malliavin démontrait que les
d’unicité ; sinon, c’est un ensemble de idéaux fermés dans A ne sont pas néces-
multiplicité. Ce résultat est a la source de sairement déterminés par leur cospectre ;
plusieurs travaux sur les nombres de Pisot c’est-à-dire qu’une fonctionfE A n’est pas
et leurs généralisations (F. Bertrandias, nécessairement approchable dans A par
Y. Meye1, J.-P. schieiUel). d e s fürdons qül s’annnieni àü vüisiïïage
Si l’on restreint l’ensemble des séries de l’ensemble de ses zéros.
trigonométriques considérées, on agrandit Auparavant (en 1954), A. Beurling et
la classe des ensembles d’unicité. Ainsi, si H. Helson avaient montré que les seules
l’on donne une suite E,, 1 0, 12s ensembles applications q de T dans T telles que
E, tels que la seule série trigonométrique ,f’E A * f o <p E A sont les fonctions
(1) vérifiant 1cI,, l+ 1h,, / < 6,, et conver- linéaires cp(r ) = ni + u.
814
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES
Après ces résultats, l’intérêt principal continue nulle part dérivable. Une fonc-
s’est porté sur les classes A(E) de fonctions tion telle que (12) est très irrégulière ; mais
définies sur un ensemble fermé E C T et elle manifeste une sorte de régularité dans
prolongeables en fonctions de la classe A. l’irrégularité, bien mise en évidence par
Ce sont de nouveaux anneaux normés, G. Freud (1962) et plus encore par M. Bru-
pour lesquels l’extension des théorèmes de neau (1970).
Katznelson et de Malliavin n’est pas Considérons une série (5), où {h,,} est
facile ; le meilleur résultat dans cette direc- une suite symétrique, c’est-à-dire telle
tion a été obtenu en 1965 par N. Varo- que A ,, = ~ A,, satisfaisant à la condition
poulos, au moyen de sa théorie des algè- de lacunarité : A ,?+I b A, avec 4 > 1 et
bres tensorielles : Les deux théorèmes n = 1, 2, . ..( qu’on appelle condition
s’étendent dès lors que E contient un de Hadamard. Dans ce cas, les fonc-
ensemble de la forme E + F, les ensem- tions :
bles E et F étant deux fermés non dénom-
brables. c, e<h.[ + c-, e-1”“’
L’extension du théorème de Beurling et
sont presque indépendantes, et on peut
Helson est encore plus difficile ; elle a fait
obtenir pour ces séries l’analogue de beau-
l’objet de travaux de N. Leblanc.
coup de résultats concernant les sommes
Pour certains ensembles E, la classe
de variables aléatoires indépendantes ; il
A(E) coïncide avec l’ensemble des fonc-
est d’ailleurs intéressant de noter que, dans
tions continues sur E : on les appelle
certains cas, les résultats sur les séries
ensembles de Helson. Deux problèmes
trigonométriques lacunaires ont précédé
posés depuis plus de quinze ans ont été
ceux qui concernent les variables indépen-
résolus tout récemment à leur propos. La
dantes, pourtant essentiellement plus sim-
réunion de deux ensembles de Helson est
ples.
un ensemble de Helson (S. Drury et
N. Varopoulos, 1971). Il existe un ensem- Exemples
ble de Helson qui porte une distribution, 1. Si C / c,, I* < 00, la série (5) converge
non nulle, dont les coefficients de Fourier presque partout (Kolmogorov, 1924) ;
tendent vers 0 à l’infini (T. Korner, 1972) ; inversement, si la série converge sur un
un théorème de Helson affirme qu’une telle ensemble de mesure positive, on a
distribution ne peut être une mesure. Le ~Ic,12 < 00, et de plus la somme f(r)
problème principal qui reste est la vérifie exp (hf*) E Li pour tout h > 0
(( conjecture de dichotomie )> : Ou bien E (Zygmund).
est un ensemble de Helson, et toutes les 2. Si la série (5) converge en tout
fonctions continues opèrent dans A(E), ou point d’un intervalle, on a XI c,, 1 < m
bien seules les fonctions analytiques opè- (S. Sidon).
rent dans A(E). Un problème général, posé par S. Man-
delbrojt, est le suivant. La suite {h,,} étant
Les séries trigonométriques donnée, supposons que f ait une série de
lacunaires Fourier de la forme (5) et quefsatisfasse
Les séries trigonométriques lacunaires à une propriété P sur un intervalle,
apparaissent pour la première fois dans arbitrairement petit. S’ensuit-il que ,f
l’exemple de Weierstrass, d’une fonction ait la même propriété partout ? Lorsque
815
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES
h >,+1 -- h,, + x), avec n -+ + cc, la réponse il est presque sûr que la série :
est positive pour de nombreuses propriétés
P, par exemple : +a,cos2m
a) la nullité, c
I
b) l’appartenance à L*,
c) l’appartenance locale à A, n’est pas une série de Fourier-Lebesgue.
Ainsi, aucune condition sur les amplitudes
d) la dérivabiiité d’ordre infini,
meilleure que la condition de Fischer-
e) l’analyticité.
De plus, pour les propriétés (a), (h) et Riesz ne garantit qu’une série trigonomé-
(c), on connaît explicitement les conditions trique est une série de Fourier.
nécessaires et suffisantes sur {h,} pour que Les séries du second type ont été
introduites par N. Wiener dans l’étude
la réponse soit positive.
du mouvement brownien ; on a dans ce
Si l’on prend pour P la propriété d’être
bornée, ou continue, le problème devient cas :
plus difficile ; les progrès dans cette direc-
a, ZZZ p, ZZZ!
tion, très liée à la théorie des nombres, sont n
dus à Y. Meyer.
Pour les unes et les autres, la plupart des
propriétés intéressantes de la série trigo-
Les séries trigonométriques nométrique aléatoire ont pour probabilité
oléotoires 0 ou 1. La probabilité est la même pour
Les séries trigonométriques aléatoires sont que :
des séries de la forme (1), où les u, et les a) la série converge presque partout.
h, représentent des variables aléatoires ; le h) elle soit une série de Fourier-Lebesgue,
cas le plus simple est : c) elle représente une fonction apparte-
nant à tous les u’, avec 1 < p < ~0
a, = a,(o) = + a,, b, = b,(o) = + B, (PaleyZygmund).
La probabilité est la même pour que :
(variables aléatoires de Rademacher
a’) la série converge partout,
indépendantes) ; un autre cas important
est : h’) elle représente une fonction bornée,
c’) elle représente une fonction continue
a*(o) = X(w)am b,(o) = yn(~)P., (P. Billard. 1961).
où les X,? et Y,, sont des variables aléatoires
gaussiennes centrées, normalisées et indé-
pendantes. 4. Applications
Les séries du premier type apparaissent des séries trigonométriques
pour la première fois dans des notes de
R. Paley et A. Zygmund (1932). Un de En mathématique, les séries trigonométri-
leurs résultats marquants est le suivant. Si ques n’ont cessé, depuis deux cents ans, de
l’on a : suggérer de nouveaux concepts et de
k nouveaux sujets d’étude. Sans occuper.
ai = 00, dans la mathématique du xx’ siècle, la
c
I place qu’elles tenaient au xIxr siècle, on
816
SPECTRALE THÉORIE
817
SPECTRALE THÉORIE
trale, grâce aux concepts généraux de C’est pour cela que, pour toute valeur
C*-algèbre et d’algèbre hilbertienne. propre A de u, on introduit le sous-espace
propre associé à A, à savoir le noyau de
u - AI,. La somme des sous-espaces pro-
pres de u est toujours directe ; pour que u
soit diagonalisable, il faut et il suffit que
cette somme soit égale à E.
Dans le cas où u n’est pas diagonalisa-
1. Théorie spectrale algébrique
ble, il convient d’introduire des sous-
Tant en algèbre qu’en analyse, on est espaces vectoriels de E stables par u H plus
fréquemment amené à définir et à calculer gros >) que les sous-espaces propres : on
des fonctions d’un endomorphisme u d’un appelle sous-espace spectral de u associé à
espace vectoriel E sur un corps commu- une valeur propre A de II le sous-espace
tatif K (inverse, puissances, exponentielle, vectoriel F, réunion des sous-espaces vec-
etc.). À cet effet, il est utile de chercher les toriels :
droites de E stables par U. On est ainsi
Eh,, = Ker [(u - AI&],
conduit aux notions de valeur propre et de
vecteur propre. On dit qu’un élément non où r E N. Si la suite (Eh,J est stationnaire,
nul s de E est un vecteur propre de u si la on dit que A est l’indice fini. Le plus petit
droite engendrée par x est stable par II. des entiers r tels que E,,, = FA s’appelle
c’est-a-dire s’il existe un élément h de K tel alors indice de A et se note n(A). Lorsque
que u(x) = hx. On dit qu’un scalaire h est F, est de dimension finie, on dit que h est
une vuleur propre u’e u si le noyau de de multiplicité finie ; la dimension de FA
u ~ AI, est non réduit à {O} L’ensemble s’appelle alors multiplicité de la valeur
des valeurs propres de u s’appelle spectre propre A. La somme des sous-espaces
ponctuel de u et se note sp (u). spectraux de u est toujours directe ; on dit
Même lorsque E est de dimension finie que u est tvigonalisuble si cette somme est
et que K est algébriquement clos, il peut égale à E.
arriver que E ne soit pas somme directe de Lorsque E est de dimension finie, le
droites stables par u. C’est le cas par spectre de u est fini ; il est constitué des
exemple lorsque u est un endomorphisme scalaires A tels que :
nilpotent non nul de E. On voit apparaître
det(A1, - U) = 0,
l’intérêt de la notion d’endomorphisme
diagonalisable : on appelle ainsi un endo- c’est-à-dire des racines du polynôme
morphisme II de E tel que E soit somme det (XI, - u), appelé polynôme caractéris-
directe de droites stables par u, ou encore tique de U. De plus, toute valeur propre h
tel qu’il existe une base de E constituée de de II est de multiplicité finie et égale à la
vecteurs propres de u. Lorsque C est de muilipikii& cie i a r a c i n e A ch poiynôiïïe
dimension finie, cela revient à dire qu’il caractéristique de U. En outre, l’idéal de
existe une base de E telle que la matrice K[X] constitué des polynômes P tels que
associée a u dans cette base soit diagonale. P(U) = 0 est non réduit à {OI ; il admet
Il peut arriver que plusieurs droites d o n c u n génerateur, a p p e l é polyn6w~e
stables correspondent à une même valeur minimal de u. Toute valeur propre A de u
propre. est d’indice fini et égal à la multiplicité de
818
SPECTRALE THÉORIE
R=
i MA , 0 0 MA,00 . * 00
* Mi, Le polynôme caractéristique de u est
(X + l)‘(X - l)j. L’endomorphisme II est
819
SPECTRALE THÉORIE
trigonalisable, mais il n’est pas diagonali- seulement si l’image par u de la boule unité
sable. Soit B la base de R5 définie à partir de E est une partie relativement compacte
de la base canonique par la matrice de de F. Sous cette forme, la notion d’appli-
passage : cation complètement continue peut se
généraliser aux espaces vectoriels topolo-
giques.
Plus précisément, soit E et F deux
espaces vectoriels topologiques localement
convexes séparés. On dit qu’une applica-
tion linéaire u de E dans F est compacte
La matrice J = P ' h4P associée à u (resp. prt;compacte) s’il existe un voisinage
dans la base B est sous la forme réduite de V de 0 dans E tel que u(V) soit une partie
Jordan : relativement compacte (resp. précom-
pacte) de F.
Toute application compacte est pré-
0 -10 0 0
compacte ; la réciproque est vraie si
l’espace vectoriel F est complet ou, plus
généralement, si toute partie fermée bor-
née de F est complète. Toute application
précompacte est continue ; la réciproque
est fausse. Ainsi, pour que l’application
2. Théorie de Riesz
identique 1, de E soit précompacte, il faut
des applications linéaires
et il suffit que E soit de dimension finie,
compactes
auquel cas elle est compacte (lemme de
Applications linéaires compactes F. Riesz).
Les applications compactes de E dans
Historiquement, la notion d’application
F constituent un sous-espace vectoriel de
linéaire compacte s’est introduite sous le
nom d’application complètement conti- l’espace vectoriel des applications linéaires
nue : étant donné deux espaces vectoriels continues de E dans F.
normés E et F, une application linéaire II Soit u une application linéaire continue
de E dans F est dite con~plètrment continue de E dans F et v une application linéaire
si de toute suite bornée (.Y,,) d’éléments de continue de F dans un troisième espace G.
E on peut extraire une suite (y,,) telle que Si l’une des applications u et r est com-
la suite (~(y,])) soit convergente dans F. pacte, il en est de même de l’application
F. Riesz fut le premier à remarquer que composée r o u. En particulier, les endo-
cette condition permet de retrouver tous morphismes compacts de E constituent un
;A’,1 “IIULCIC
L:l.>+‘..n Ub
Ao 1I’nl,A,...n
LLI~L”Ib ,‘lE\ rlnr enAn-
ies résuitats de ia rhéorie de r”ïedhoim (cf. IcIbaI “\ , Ub.3 bIIY”-
équations INTÉGRALES, chap. 5). En utili- morphismes continus de E.
sant la caractérisation des espaces métri- Soit E’ et F’ les duaux topologiques de
ques compacts à l’aide de la condition de E et de F, munis de la topologie de la
Bolzano-Weierstrass, on voit immédiale- convergence uniforme sur les disques com-
ment qu’une application linéaire u de E pacts. Alors, si u est compact, il en est de
dans F est complètement continue si et même de ‘u.
820
SPECTRALE THÉORIE
espace de Banach est-elle limite forte de chap. 6) et dans celle des indices topolo-
projecteurs de rang fini (propriété giques.
d’approximation) ? Ces deux problèmes
ont été résolus par la négative en 1976. Spectre d’un endomorphisme compact
Supposons maintenant que E et F sont Examinons maintenant le cas particulier
des espaces de Banach ; soit E’ et F’ les où E = F et supposons que le corps de
duaux topologiques de E et de F, munis des base est le corps C des nombres comple-
normes correspondantes. Pour qu’une xes. On appelle spectre d’un endomor-
application linéaire continue u de E dans phisme continu u de E l’ensemble, noté
F soit compacte, il faut et il suffit que sa SP(U), des nombres complexes A tels que
transposée ‘U soit une application com- u - AI, ne soit pas inversible dans l’algèbre
pacte de F’ dans E’. u n i t a i r e c(E). L e s é l é m e n t s d e SP(U)
En particulier, si E et F sont des espaces s’appellent valeurs spectrales de U. Lors-
hilbertiens, l’adjointe U* d’une application que E est un espace de Banach, le spectre
compacte u de E dans F est une application de u est une partie compacte non vide de
compacte de F dans E. C. Toute valeur propre de u est une valeur
Les propriétés des applications de spectrale de u, mais la réciproque est
rang fini se généralisent aux applica- fausse si E n’est pas de dimension finie : il
tions linéaires compactes, ce qui fait le peut même arriver que u n’ait aucune
principal intérêt de ces dernières. Laurent valeur propre. C’est la principale raison
821
SPECTRALE THÉORIE
pour laquelle la réduction des endomor- que les projecteurs associés sont continus).
phismes continus de E nécessite des outils De plus, l’endomorphisme de F, coïnci-
radicalement nouveaux (cf. infia, chap. 3). dant avec u est nilpotent, tandis que
Cependant, lorsque l’endomorphisme u l’endomorphisme de F’, coïncidant avec II
est compact, les principaux résultats de la est un automorphisme de l’espace vectoriel
réduction des endomorphismes d’un localement convexe séparé F’,.
espace vectoriel de dimension finie se En outre, le spectre d’un endomor-
généralisent. phisme compact u d’un espace vectoriel
Plus précisément, soit u un endomor- localement convexe séparé E est une partie
phisme compact d’un espace vectoriel compacte non vide de C, et tout point de
localement convexe séparé E et p, une SP(U) autre que 0 est isole. Autrement dit,
valeur spectrale non nulle de u. ou bien le spectre de u est fini, ou bien il
a) Le nombre complexe h est une est constitué de 0 et d’une suite (A,) de
valeur propre de u. nombres complexes non nuls convergeant
6) Le sous-espace propre : vers 0. Lorsque l’espace vectoriel E n’est
pas de dimension finie, 0 appartient tou-
E, = Ker(u --AI,)
jours au spectre de u. On notera néan-
est de dimension finie. Plus généralement, moins que les résultats précédents ne
pour tout entier naturel non nul Y, le s’appliquent pas a la valeur spectrale 0. Or,
sous-espace : il peut arriver que 24 soit compact et injectif
et que le spectre de u soit réduit à {OI, ce
E,,, = Ker (u - AI,)’
qui signifie que u est quasi nilpotent,
est de dimension finie. En outre, h est une c’est-a-dire que :
valeur propre d’indice fini. En particulier,
le sous-espace spectral FA est de dimension
finie. c’est le cas pour l’endomorphisme de
c) Le sous-espace vectoriel : C([O, 11) qui à toute fonction continue sur
E’, = Im(u --AI,)
[u, b] associe sa primitive s’annulant au
point a.
est fermé de codimension finie dans E. Enfin, I’endomorphisme transposé ‘u
Plus généralement, pour tout entier naturel d’un endomorphisme compact u a le
non nul Y, même spectre que u et les mêmes valeurs
propres non nulles. avec les mêmes indices
E’A,, = Im (u - AI,)’
et les mêmes multiplicités pour II et ‘u. Plus
est fermé de codimension finie. 11 en est de précisément, pour tout entier naturel non
même de : nul r, le sous-espace :
Im[(‘u - &.)7]
F’, = fi E’,,,.
r-O est l’orthogonal de Ker[(u -hIa)‘.] et de
même le sous-espace :
J) Les sous-espaces vectoriels F, et F’,
Im[(u -AI&]
sont supplémentaires topologiques dans E
(c’est-à-dire qu’ils sont supplémentaires et est l’orthogonal de Ker[(‘u - hI,,)r]
a22
SPECTRALE THÉORIE
L’équation (1) admet une solution si et Cette résolvante est holomorphe sur
seulement si y est orthogonal à Ker(‘w), et reg (u), et chaque valeur singulière A de II
l’équation (2) admet une solution si et est un pôle d’ordre égal à la multiplicité
seulement si ,v* est orthogonal à Ker(w). m(A) de la valeur propre l/h. Plus préci-
Cette alternative ne subsiste pas lorsque sément, soit ph et q, les projecteurs sur F,
w est un endomorphisme continu d’un et F’,, où v = l/A. Alors u se décompose
espace vectoriel localement convexe de la manière suivante :
séparé E, même si E est un espace hilber- u = rh + Si>
tien et si w est hermitien. Néanmoins, à
l’aide du théorème de finitude et de la où rA = q>,u et sh = p,,u. De plus :
théorie de Riesz, on démontre l’énoncé a) L’endomorphisme r, est compact et
suivant : h est une valeur régulière de Y,.
h) L’endomorphisme sh est continu de
Soit E un espace vectoriel localement
convexe séparé, E’ son dual topologique, u rang fini et A est l’unique valeur singulière
un automorphisme de E, v un endomor- de s>.
phisme compact de E et w = u + V. Alors (3 La résolvante de u est égale au
l’alternative énoncée plus haut reste vala- produit des résolvantes de r, et de sh. Celle
ble, mututis mutundk. En particulier, les de u, est holomorphe au voisinage de A :
assertions suivantes sont équivalentes : celle de sh admet A pour unique pôle.
a) l’endomorphisme w est un auto- d’ordre m(A).
morphisme de E ;
h) l’endomorphisme w est injectif ; Cas des espaces hilbertiens
c) l’endomorphisme w est surjectif ; Soit E un espace hilbertien et u un endo-
u’) l’endomorphisme ‘w est un auto- morphisme continu de E. Supposons que
morphisme de E’ ; u est normal, c’est-à-dire que U*U = ULI*
823
SPECTRALE THÉORIE
(l’importance de cette classe d’endomor- d’une manière et d’une seule sous la
phismes provient du fait que les endomor- forme :
phismes hermitiens, antihermitiens ou uni-
taires sont normaux). Alors la norme de II
est égale au rayon spectral de U, c’est-a-dire
au rayon du plus petit disque de centre 0 où, pour tout élément A de SP(U), ,Q
contenant le spectre de u. En particulier, appartient à E,. Dans ces conditions, on a
un endomorphisme normal dont le spectre les formules :
est réduit à {O} est nul. En outre, toute
valeur propre A de u est d’indice 1, et l’on
a :
0 est isolé.
Ce résultat s’applique a la réduction des
h) Toute valeur spectrale non nulle de formes hermitiennes par rapport à une
u est valeur propre de U. forme hermitienne positive non dégénérée
c) Pour tout élément non nul A de (Cf. foi-IXS QUADRATIQUES).
SP(U), le sous-espace propre E, est de
La théorie précédente s’applique aussi
dimension finie. au cas des endomorphismes de puissance
4 L’espace hilbertien E est somme p-ième nucléaire : étant donné un espace
hilbertienne des sous-espaces propres de U, hilbertien E et un endomorphisme hermi-
c’est-à-dire que ces sous-espaces propres tien positif h, le nombre :
sont orthogonaux deux à deux et que leur
somme directe est dense dans E. En
particulier, tout vecteur x de E s’écrit
824
SPECTRALE THÉORIE
est indépendant du choix d’une base hil- norme N implique la convergence dans
bertienne (e,), i E 1, de E. Ce nombre C(E, F). On peut alors développer une
s’appelle truce de 12 et se note tr(h). Soit théorie des espaces V(E, F) en tous points
maintenant p un nombre réel supérieur à analogues à celle des espaces U interve-
1, E et F deux espaces hilbertiens et u un nant dans la théorie de l’intégration (cf.
élément de C(E, F). On appelle valeur INTÉ GRATION ET MESURE, chap. 4).
absolue de u l’endomorphisme Soit maintenant u un élément de C’(E)
/ u (= (u*u)‘/~ ; on dit que u est de puis- et (A,,) la suite des valeurs propres non
sance p-ième nucléaire si la trace de 1u JP nulles de u, chacune d’elles étant écrite un
est finie. On pose alors : nombre de fois égal à sa multiplicité. La
série de terme général (A,,) est absolument
N~(ul = [tr(lulP)l’@.
convergente, et donc convergente ; s a
Lorsque p = 1, de telles applications somme s’appelle trace de U. De même,
sont dites nuclkires, ou encore tmçubles. pour tout nombre complexe z, le produit
Lorsque p = 2, on les appelle upplicutions infini de terme général (1 + zh,,) est
de Hilbert-Schmidt, ou upplicutions de car@ convergent ; on pose :
truqable (cf. équations D I F F É R E N T I E L L E S ,
chap. 3, et équations INTÉGRALES, chap. 5).
det(I, +zu) = i i (1 +A)
Les applications de puissance p-ième n=o
nucléaire sont compactes ; plus précisé-
ment, soit II une application compacte de E
La fonction entière z i-r det(I, + zu)
dans F, soit (e,), i E 1, une base hilbertienne s’appelle déterminunt de Fredhoim de
de E constituée de vecteurs propres del u / ,
I’endomorphisme u ; on peut calculer son
et (@, i E 1, la famille correspondante de
développement en série entière en intro-
valeurs propres. Pour que u soit de puis-
duisant les puissances extérieures hilber-
sancep-ième nucléaire, il faut et il suffit que :
tiennes de u, notées A’(U) :
825
SPECTRALE THÉORIE
s
L’isomorphisme réciproque définit un
morphisme <p de C(sp(A)) dans l’algèbre f(z)lJx.,(z) = u-(u)@) lu),
w1
unitaire C(E) ; c’est l’unique morphisme de
C(sp(A)) dans C(E) tel que <p(z) =u, où z C’est pourquoi f (u) se note encore :
est l’injection canonique de sp (A) dans C.
Pour tout élément f de e(sp (A)), I’endo-
morphisme cpfJ’) se note encore f (u). Cette
où u désigne la mesure vectorielle corres-
théorie permet donc de définir un calcul
pondant aux mesures scalaires ur,J. En
fonctionnel portant sur les fonctions conti-
particulier, on a les formules de décom-
nues de U. En particulier, u* = <p(Z).
position spectrale suivantes :
L’objet de la théorie spectrale de Hilbert
est d’étendre le calcul fonctionnel à des
fonctions plus générales. On observe à cet
effet que, pour tout couple (x, y) d’élé- De plus, l’application f ++ f (u) est
ments de E, l’application : linéaire, et If(u)]* =f(~*). En outre, pour
f- L.,V) = u-(u)(x) Iv) toute suite (f;,) d’éléments de L’(U) conver-
geant simplement versA dominée par une
est (cf. INTÉGRATION ET MESURE, chap. 4) fonction positive g appartenant à L’(u), la
une mesure de Radon sur SP(U). De plus, fonction f appartient à L’(u) et les endo-
l’application : morphismes f,(u) convergent fortement
(&Y)- &,y vers f (u) ; c’est le théorème de convergence
dominée de Lebesgue. Enfin, pour tout
est sesquilinéaire hermitienne. Enfin, on élément f de L’(u) et pour tout élément g
a: de L”(U), on a l’égalité :
826
SYMBOLIQUE CALCUL
L e calcul symbolique est né au XIX~ siè- une forme analogue de calcul symbolique
cle d’une succession de démarches a été développée sous le nom de tr.nn.Tfi,r.-
heuristiques et il a été particulièrement mutiorz 6w 2. Parmi les aspects qui ne
développé par Heaviside pour l’étude des pourront pas être traités ici, citons l’appli-
circuits électriques. cation aux systèmes différentiels à coeffi-
Si l’on désigne par p la dérivation, p’ cients variables, l’application à la résolu-
désignera naturellement la double dériva- tion de certaines équations aux dérivées
tion, l/r, l’intégration (encore faut-il choi- partielles, la transformation de Laplace à
sir convenablement la (< constante d’inté- plusieurs variables et les aspects numéri-
gration »). L’opérateur qui à la fonction ques de l’utilisation de la transformation
.f(r) fait correspondre la fonction ,f’(t - a) de Laplace.
827
SYMBOLIQUE cAtcut
828
SYMBOLIQUE CALCUI
lim f ( t ) = limpF(p).
t-+0 FER ce qui s’écrit aussi :
p-+’
f = Yf(O) + Y *f’,
b) Sifa une limite pour t + + 00, alors
l’abscisse de convergence absolue CO est d’où :
négative ou nulle, et l’on a :
829
SYMBOLIQUE CALCUL
8’8
T CT CT
butions (cf. DISTRIBUTIONS, chap. 3), on I I I
aura : e-dPp
8 cx, P’
Df=f’ +fW,
CT
1 IP
1 .
0 SlnWt
Transformation de Laplace
des distributions COS ot
y(t) x
Soit T une distribution a support positif g+ ( a > 0)
telle que T = Dk’, où f est une fonction
pour laquelle Cf a une abscisse de conver-
gence absolue &, # + 0~. On posera : $
C(T*U)=CTCU; De la formule :
830
SYMBOLIQUE c~tcut
831
SYMBOLIQUE atcut
d’où :
pz+p--1 1
XGO) = Gn*+ I)(D--1) 2@-1)
+ PI2 3/2
pz+1+pz+1
et :
1 3 d’où :
x(t) = ie’ + ,cost + zsl”‘, t > 0.
0) FI@) F,(P)
Exen~ple 2. Soit à résoudre l’équation : UP)=~=
1 + F&)F&)’
‘sin(t-8)x(0)de = t2, 2 2 0,
s0
Transformation en z
I.,PP VAu c,,nnnrt
L."II,, iupy"'L nna;t;f
y"uLLL'. P“3L-t III?‘= UyuuL'""
L UUL Ullr .Aml?t;nn
Soit a une suite réeiie ou compiexe définie
de convolution a*x=h, avec sur l’ensemble N des entiers positifs OU
a(f) = Y(t) sin t et h(t) = Y(t)t*. En pre- nuls. On appelle transformée en z de cette
nant les transformées de Laplace, on suite la fonction de variable complexe :
obtient :
LX@) +
p2+ 1
832
SYMBOLIQUE CALCUL
II existe R E [0, + ce] tel que cette série rente linéaires à coefficients constants et
soit absolument convergente pour plus généralement des équations de convo-
1~1 > R. Le produit de composition lution sur N. Pour l’inversion de la trans-
c = a * h de deux suites a et h sur N est formation en I, on utilise généralement
défini par : l’intégration dans le plan complexe. La
transformation en 2 est largement utilisée
c(n) = a@)b(q), pour l’étude des systèmes asservis à temps
c
P+u=” discret (souvent dénommés (< échantillo-
et les transformées en z de a, b, c sont liées nés D).
par la relation C(z) = A(z)B(z). En parti-
ROBERT PALLU DE LA BARRIÈRE
culier, l’opérateur dit opérateur d’avance-
ment E, qui associe à toute suite a la suite
Eu telle que Eu(n) = u(n - l), est un
opérateur de convolution : Bibliographie
R. BELLMAN. R. KALABA & J. LOCKETT. Nunreric,u/
E.a=a*ô,, Inversion of thr Laplace TransJkz, American Else-
vier Publ. CO., New York, 1966 / 0. HEAVISIDE.
où ak est la suite égale à 1 pour II = k et Elec’fromugnrric Throry, 3’ éd., Chelsea-New York,
nulle ailleurs. 197 1 / J. HLADICK, La Trun~formation de Luplwc’ fr
plusieurs wriuhles. Résolution du c@xkms c/ijf&
En posant h = Eu, on a la relation entre
renrielle.~, intc’grules et uua d~ki~~ées purticlk~. Mas-
les transformées en z de a et b : son, Paris, 1969 1 J. LAVOINE, Culcul ~~wdwliquc~.
C.N.R.S., Paris, 1960 / W. R. LEPAGE. Cornpk~
B(z) = ; A(z). Vuriublrs cmd the Laplace Trunsfi~rm jOr Enginc~r,s.
McGraw-Hill, New York, 1961 / R. PALLU DE LA
BARRIÈRE, Cour.~ ti’mtotnutique théorique, Dunod.
Paris. 1966 /J. R. RAGAZZINI & G. F. FRANKL~, Le\
Le tableau 2 donne quelques transfor- S~stèmrs asservi.~ échantillomk (Srrmpled Dtrm
mées en z de suites simples. L’utilisation Conrrol S~:~tms, 1958), traduit par un groupe de
travail de la section genevoise de l’Association suisx
r 0) A(d pour I’automatlque (Asspa). ihid, Paris, 1962 /
L. SCHWARTZ. Théorie des disrrihutions. Hermann.
8x 1/z* Paris, 195 1 / D. V. WIDDER . The Loplrcr Tum~form.
Princeton Univ. Press, Princeton (N. J.), 1941 i
A" II(I - A) L. A. ZADEH & C. A. DESOER , LinrurSy.srem The»r:1~.
" Zl(I- l)* McCraw-Hill, New York, 1963.
nz z(z + l)/(z- 1)s
sinno zsin0/(z2-2zcosm + 1)
L
suites simples
833
TENSORIEL atcut
TENSORIEL CALCUL
riante.
834
TENSORIEL cAtcuI
CO= c”
On montre que les n champs ainsi obtenus que :
forment une base du module des champs ;
qdu’.
c’est-à-dire que, pour tout champ de vec-
i= 1
teurs X, il existe une famille X1, ..,, X” de
fonctions de classe C”, et une seule, telle
Les fonctions oi sont appelées les coor-
que :
données de la forme o dans le système (u’,
”
. . . . u”). On vérifie que :
(1) x = Xl&
c
r=, 0 , ifk,
(3)
les X’ sont appelées les coordonnées du 1, i = k.
champ X dans le système de coordonnées
(u’, . ..) LP). Il en résulte que la valeur de la
Une forme de degré 1 est une corres- forme :
pondance GI qui à tout champ de vecteurs n
X associe une fonction o(X) de classe Cas o= c o,du’
et vérifie la condition suivante : i= 1
835
TENSORIEL cacut
Changement de coordonnées
2. Tenseurs
Soit maintenant un nouveau système de
coordonnées (II’, . . . . Y). On a des fonctions
Tenseurs covariants
de changement de coordonnées <p’ et #
Un tenseur covariant ap variables T est une
telles que, pour tout m, on ait respective-
fonction. définie sur l’ensemble des systè-
ment :
mes de p champs de vecteurs et à valeurs
u’(m) = <p’(!J’(?n), . . . . V”@I)), dans l’anneau des fonctions de classe C”,
v’(m) = qJ’(U’(rn), . . . . u”(m)). qui est linéaire par rapport à chacune de
ses variables. c’est-à-dire qui vérifie, pour
Posons : tout k tel que 1 < k < p, la condition LA
suivante : Pour tout système de vecteurs
$U+n>, . . ..U~(nl)) = a:(m), (X,, .._, X,,), avec X,\ = Y + (c’Z où <o est
une fonction de classe C”, on a :
$+n),...,V”(rn)) = p;(m).
T(X,, . ..> xp>
= qx,, . . . . XL,, y, x, + L, . ..> XJ
Les matrices : + <çT(X,, . . . . Xk&,, z, x, + 1, . . . . X,)
836
TENSORIEL cAtcuL
837
TENSORIEL c~tcut
Les nP tenseurs ainsi définis forment les tenseurs de ce type forment une base,
une base du module des tenseurs contra- c’est-à-dire que, T étant donné, il existe une
variants à p variables ; donc, pour tout famille et une seule de n3 fonctions de
tenseur contravariant à p variables T, on a classe CC~, que l’on notera (r$ ‘?), telle que :
une famille (~~1.. ” ‘p) de fonctions de classe
C”, et une seule, telle que la relation (10)
du tableau soit satisfaite : les fonctions
-fi. 5 sont les coordonnées du tenseur
dans le système de coordonnées (u’, . . . . u”).
Si maintenant les fonctions ~“1. --Jp sont Conventions de sommation
les coordonnées de T dans le système Dans tout ce qui précède, on a décrit un
(vi, . . . . V), on a les relations (10’) du certain nombre de familles d’objets : bases
tableau. du module des champs ou du module des
formes de degré 1 ; coordonnées des
Tenseurs de variante mixte
champs, des formes, des tenseurs ; déri-
Soit (1, J) une partition de l’ensemble vées partielles des changements de coor-
des entiers compris entre 1 et p. Un données. Les objets de chacune de ces
tenseur T de variante (1, J) est une fonction familles sont alors repérés par un ou
de p variables (A,, .._, A,,), linéaire par plusieurs indices compris entre 1 et n. On
rapport à chacune d’elles, où A,, est une a placé certains de ces indices en haut,
forme de degré 1 si c( E 1 et un champ de d’autres en bas. A priori, le choix de la
vecteurs si c( E J. L’ensemble 1 est place de ces indices paraît assez arbitraire ;
l’ensemble des indices contravariants de T il n’en est rien. En effet, si on regarde
et J l’ensemble des indices covariants. toutes les formules de sommation qui ont
Chaque système de coordonnées (ut, ..,, été écrites, on constate que (à condition de
u”) définit une base (ayant np éléments) du considérer que, dans dl&‘, l’indice i est en
module des tenseurs de variante (1, J) ; bas) :
donc T est déterminé, dans le système de a) Chaque fois qu’on a sommé par
coordonnées choisi, par np fonctions coor- rapport à un indice, celui-ci apparaît deux
données.
fois dans la formule, une fois en haut et une
Par exemple, pour p = 3, un tenseur T fois en bas ;
de variante ({ 1, 3}, 2) associe à tout triplet b) Chaque fois qu’un indice apparaît
(0, X, rr), où X est un champ de vecteurs deux fois, il est une fois en haut et une fois
et o, rr des formes de degré 1, une fonction en bas, et on somme par rapport à lui.
r((3, X, rr). Pour tout triplet (i,, iz, i,)
Ces deux remarques permettent de
d’indices compris entre 1 et n, en associant
retrouver assez facilement toutes les formu-
à (0, X, rr) la fonction produit :
les que l’on a écrites et, d’autre part, d’éli-
miner celles qui n’ont aucun sens intrinsè-
que. Par exemple, si on a deux champs X et
Y de coordonnées X’ et Y’ dans un certain
on définit un tenseur de variante ({ 1, 3 1.
système, on n’écrira jamais :
2), que l’on note :
X’Y’,
c
838
TENSORIEL CALCUL
0,X’
7
3. Variétés pseudo-riemanniennes
est indépendante du système de coordon-
nées choisi. Nous écrirons désormais toutes les formu-
On utilise cette convention pour l’écri- les dans un système de coordonnées fixe
ture des tenseurs ; on écrit les indices (u’, . . . . u”), d’ailleurs arbitraire. Soit g un
contravariants en haut et les indices cova- tenseur covariant à deux variables qui est
riants en bas. C’est ce que l’on a fait dans symétrique, c’est-à-dire que g(X, Y) =
les exemples cités plus haut. g(Y, X) quels que soient X et Y. Les
Comme les sommations que l’on doit valeurs en un point m des coordonnées g,,
faire sont indiquées par les indices, on de g forment une matrice carrée d’ordre n,
prend l’habitude de supprimer les signes C et le déterminant de cette matrice dépend
de sommation ; c’est la convention d’.Eins- du système de coordonnées choisi ; mais,
tein. Ainsi, les formules (9) s’écrivent : s’il est nul dans un système, il l’est dans
tous les autres. Si ce déterminant ne
T ‘,,...,i, = a!’ ,,. ajfI$ 7’ii.- h’ s’annule en aucun point m, on dit que g est
’
Tjt.....jp = Pi: . ..ai.~, ,,... Lp, une structure pseudo-riemannienne sur E.
Dans ce qui suit, on fixe une fois
La sommation par rapport aux indices
pour toutes une structure pseudo-rieman-
j dans la première formule et par rapport
nienne g.
aux indices i dans la seconde est indiquée
Soit X un champ de vecteurs ; la cor-
par le fait que chacun de ces indices se
respondance qui à tout champ de vec-
trouve une fois en bas et une fois en haut.
teurs Y associe g(X, Y) est une forme de
degré 1 ; on la note Xb. La correspondance
La contraction qui à X associe Xb est un isomorphisme du
Ce principe de sommation, énoncé pour module des champs sur le module des
des indices de deux tenseurs différents, formes ; elle est donc biunivoque, et :
s’étend aux indices d’un même tenseur.
Considérons, par exemple, un tenseur T à (X + qY)b = Xb + <pYb.
quatre indices, de coordonnées r&, dans un Si on note X’ les coordonnées de X, et
certain système de coordonnées ; les quan- X,b celles de Xb, on a, en utilisant les
tités I$,, c’est-à-dire :
conventions de notations ci-dessus.
839
TENSORIEL atcut
840
TOPOLOGIE GÉNÉRALE
d’autres fonctions T’i,, qui ne sont pas gente T à une courbe (fig. 1) telle qu’on la
égales à : trouve dans les manuels classiques de
géométrie élémentaire : Si M varie sur T,
r;p~~Ja~.
la corde M,,M varie continûment et, si M
Ces calculs permettent d’écrire de façon tend vers M,, la corde M”M a une position
très simple le système différentiel des limite qui est T.
géodésiques : Soit y une courbe paramé-
trée proportionnellement à sa longueur ;
c’est une géodésique si et seulement si :
ftg. 1
1
D d~,dl dy
x = 0>
CLAUDE MORLET
Bibliographie
É. CARTAN, Lrqons sur Io gkmétrie des espuces de
Riemann, éd. rev. et augm.. Gauthier-Villars, Paris, En disant que M,M varie continûment,
1963 / J. C. H. GERRETSEN, Lectures on Tensor on exprime que, si M s’approche indéfi-
Culculus rtnd D@rentiul Grornetgi Groningen,
niment d’un point M,, la droite M,M
1962 / S. GOLAB, Tensor Culculus, Elsevier Scientific
Publ., Amsterdam-New York, 1974 / A. LICHNE- s’approche indéfiniment de la droite
ROWICZ, Él&ents de calcul tensoriel, Armand Colin, M,M, ; en disant que M”M a une position
Paris. 1950 ; Théorie globale des connexions et des
limite T, on exprime que, si M s’approche
groupes d%olonomie, Masson. Paris-Rome, 1955 ;
Algèbre et unul~sc~ linéaire, Dunod, Paris, 1970 1 i n d é f i n i m e n t d e M,, l a d r o i t e M,M
J. S. SOKOLNIKOFF, Tensor Anulpxis. ThrorJ and s’approche indéfiniment de T. On peut
Applications to Geotnetr~ und Mechonics o/ Conti- donc donner les définitions suivantes :
I~I, 2’ éd., Wiley, New York-Londres-Sydney,
1964. - L’applicationfde X dans Y est continue
en ,Y, si une condition suffisante pour que
f(x) soit voisin def(.u,) est que x soit assez
voisin de s, ;
- L’application f de X x, dans Y a une
TOPOLOGIE GÉNÉRALE limite yo en x,,, si une condition suffisante
pour quef(x) soit voisin de y0 est que .y soit
assez voisin de ,u,.
841
TOPOLOGIE GÉNÉRALE
(ou de .y,) )). Dans les chapitres 1 et 2, on voisinages de a dans E ; pour dire G com-
s’occupera d’abord de définir cette notion ment h est voisin de LI )), on dit dans quel
de voisinage, puis on donnera les princi- voisinage de CI il se trouve. Si, pour tout
pales propriétés des fonctions continues et élément a de E, on a défini les voisinages de
des limites. Les chapitres 3 et 4 seront a dans E, on dit que E est un espace topo-
consacrés à l’étude de deux classes d’espa- logique ; les éléments de E sont alors appe-
ces topologiques très importantes, les espa- lés des points. Si E et F sont deux espaces
ces compacts et les espaces connexes. topologiques et sifest une application de E
La notion d’espace topologique dans F, on dit quefest continue au point a
contient en particulier celle d’espace métri- de E si : Pour tout voisinage V def(u) dans
que (cf. espaces MÉTRIQUES) dont l’étude F, il existe un voisinage W de u dans E tel
est une excellente introduction à la topo- que, pour tout point h de W, le pointf(h)
logie générale. soit dans V. On dit quefest continue si elle
est continue en chaque point de E. Tout
espace métrique X devient naturellement
1. Espaces topologiques
un espace topologique si l’on choisit pour
voisinages d’un point x les sous-ensembles
Voisinages et continuité
de X qui contiennent une boule de centre x
On a vu que, pour définir les notions de et de rayon strictement positif. On vérifie
limite et de continuité. on devait donner un alors que, si X et Y sont métriques, pour une
moyen de savoir si deux points sont voisins
application f‘de X dans Y les deux défini-
(resp. assez voisins). Pour cela, il est assez
tions de la continuité que l’on a données
naturel de mesurer la distance de ces deux
coïncident.
points. On peut donc parler de continuité
On impose aux voisinages de vérifier les
ou de limites pour les applications de X
quatre conditions suivantes :
dans Y, si l’on a défini la distance entre les
(V,) Tout voisinage de a contient a ;
points de X et la distance entre les points
(Vz) Tout sous-ensemble de l’espace E
de Y, c’est-a-dire si X et Y sont des espaces
qui contient un voisinage de a est un
métriques (cf. espaces MÉTRtQuEs).
Ce point de vue est sufikant tant que Xet voisinage de CI ;
Y sontR,R~‘,lessurfacesdeR3,etc.,et,plus (V,) L’intersection d’un nombre fini de
généralement, pour tous les problèmes géo- voisinages de u est un voisinage de a ;
métriques. C’est l’analyse qui a mis ses lacu- (V,) Pour tout voisinage V de a, il existe
nes en évidence ; il arrive, en effet, que l’on un voisinage W de a tel que V soit
dispose d’applications de RJ’ dans un voisinage de chacun des points de W.
ensemble de fonctions E qui, pour des rai- Ces conditions permettent d’étendre au
sons propres au problcme a résoudre, doi- cas des espaces topologiques les principa-
l,”
1LJ ..,,,.z’t’, A,” L”IILLI”IIJ
p’“p”LLLJ ULJ C,...,t:,.., C”IIIIIIULJ
,,“L....,” UC
A, I.
D
vent être considérées comme continues,
mais qu’il n’existe aucune métrique sur E dans R. En particulier, toute somme, tout
qui les rende continues. Il faut donc donner produit et tout quotient de fonctions numé-
unmoyen,autrequeladistance,poursavoir riques continues sont encore des fonctions
si deux éléments a et h de E sont voisins. numériques continues. On démontre aussi
Pour cela, on se donne une famille ‘7, de que la composée de deux applications
sous-ensembles de E que l’on appelle les continues est une application continue.
842
TOPOLOGIE GÉNÉRALE
843
TOPOLOGIE GÉNÉRALE
suite de voisinages (V,‘, . . . . V’$ . ..) telle que cette topologie 9, est continue si et
tout voisinage de x contienne l’un des VT ; seulement si l’application :
cette remarque permet de montrer que les
@:A XR-R,
topologies définies aux exemples (6) et (7)
ci-dessous ne peuvent pas être déduites qui à (a, t) associe la valeur de <p(a) en t,
d’une métrique. est continue, l’ensemble A X R étant
4. Si A est un sous-ensemble de muni de la topologie produit (cf. exemple
l’espace topologique E, les sous-ensembles 5).
de A de la forme A n U, où U est un Dans les exemples 6 et 7 précédents, on
ouvert de E, forment les ouverts d’une a défini deux topologies distinctes sur
topologie snr A ; c’est la topologie induite l’ensemble E des applications de R dans R.
sur A par la topologie de E ; muni de cette mais il en existe bien d’autres : topologie
topologie, A est appelé un sous-espace discrète ; topologie grossière ; topologie de
topologique de E. la convergence uniforme, définie par la
5. Si E et F sont deux espaces topolo- distance :
giques, on appelle pavé ouvert de E X F
les sous-ensembles de la forme U X V, où
U est un ouvert de E et V un ouvert de F ; Sur un ensemble donné, il existe ainsi
les réunions de pavés ouverts sont les beaucoup de topologies ; pour certains
ouverts d’une topologie sur E X F, appe- ensembles, en particulier pour les ensem-
lée topologie produit. Remarquons que la bles de fonctions, plusieurs d’entre elles
topologie naturelle de R’ est la topologie ont un réel intérêt ; mais, sur R et sur R”,
produit de la topologie de R par elle- on n’utilise pratiquement que l’une d’elles,
même. celle qui est déduite de la distance eucli-
6. Soit E l’ensemble des applications de dienne.
R dans R ; pour tout nombre x et tout
ouvert U de R, notons V(x, U) l’ensemble
Homéomorphismes
des éléments g de E tels que g(x) appar-
Une application ,f de l’espace topologique
tienne à U. Parmi les topologies sur E dont
les V(x, U) sont des ouverts, il en existe une X dans l’espace topologique Y est appelée
un homt;omorphisme si elle est bijective et
qui a le moins d’ouverts ; c’est la topologie
si elle est continue ainsi que son inverse.
de la convergence simple. Ses ouverts sont
les réunions d’intersections/%ries d’ensem- Il est important de noter qu’une applica-
tion bijective et continue n’est pas nécessai-
bles V (x, U).
7. Soit encore E l’ensemble des appli- rement un homéomorphisme ; par exem-
cations de R dans R ; pour !CI ouvert de ple, si X est le sous-espace de R formé de
R’, notons V(Q) l’ensemble des éléments ]a, h[ et des points a et c, avec c > h, l’appli-
cationfde X dans [a. h]. définie par-f(t) = t
g de E tels qüe, ..- puu ..~~L
LUUL x, ie point (n,
g(x)) soit dans 0. Les V(n), lorsque CI si t # c et f(c) = b, est bijective et conti-
parcourt l’ensemble des ouverts de R*, nue, mais son inverse n’est pas continue.
sont les ouverts d’une topologie sur E, que
l’on appelle la topologie ‘fO. On voit Recollements de topologies
facilement qu’une application <p d’un Soit (U,), i E 1, une famille d’espaces
espace topologique A dans E, muni de topologiques, et, pour tout i, une injection
844
TOPOLOGIE GÉNÉRALE
a45
TOPOLOGIE GÉNÉRALE
diverses dont on va citer quelques exem- b) L’intersection d’un nombre fini d’élé-
ples. ments de 9 est un élément de 9 ;
1. Limite d’une suite numérique. Soit c) Toute partie de A qui contient un
(,Y~) une suite de nombres ; on dit qu’elle élément de 9 est elle-même un élément de
converge et que sa limite est y si, quel que 3.
soit le nombre strictement positif E, il existe Si f est une application de A dans un
un entier N tel que, pour tout n > N, on espace topologique X, on dit que le point
ait l’inégalité 1y ~ x,, 1< E. y de X est limite defsuivant le filtre 9 si,
2. Limite uniforme d’une suite de fonc- pour tout voisinage V de y dans X, il existe
tions. Soit V;,) une suite de fonctions un élément F de 9 tel que f(a) soit dans
numériques définies sur un ensemble X ; V chaque fois que a appartient a F.
on dit qu’elle converge uniformément et Montrons que l’on a obtenu le résultat
que sa limite est g si, quel que soit le cherché, c’est-à-dire que les quatre notions
nombre strictement positif 6, il existe un de limites définies plus haut sont des cas
entier N tel que, pour tout n > N et pour particuliers de limite suivant un filtre.
tout élément z de X, on ait l’inégalité Sur l’ensemble N des entiers naturels,
kW -./A-) / Q E. les complémentaires des parties finies for-
3. Limite en + 00 d’une fonction numé- ment un filtre 9, (que l’on appelle souvent
rique d@nie sur l’intervalle [a, + M[. Soit f filtre de Fréchet). Dire que la suite numé-
une fonction numérique définie sur l’inter- rique (x,,,) converge et a pour limite y
valle [a, + W[ ; on dit qu’elle a une limite (exemple l), c’est dire que y est limite de
en + M et que cette limite est le nombre y la fonction de N dans R qui à n associe x,,,
si, quel que soit le nombre strictement suivant le filtre 9,.
positif E, il existe un nombre N tel que Dire que la suite de fonctions numéri-
l’inégalité x > sup (a, N) entraîne l’inéga- ques (f,) converge uniformément et qu’elle
lité 1y -f(x) 1< E. a pour limite g (exemple 2), c’est dire que,
4. Limite à droite en a d’une fonction si l’on note E l’ensemble des fonctions de
numérique déjinie sur ]a, b[. Soit f une X dans R et si l’on munit E de la distance
fonction numérique définie sur ]a, b[ ; on de la convergence uniforme, g est limite
dit que fa une limite à droite en a et que suivant le filtre 9, de l’application de N
cette limite est ~1 si, quel que soit le nombre dans E qui a n associe fn.
strictement positif E, il existe un nombre Dire que y est la limite de f en + =
strictement positif c( tel que, pour tout (exemple 3) c’est dire que y est la limite de
point x qui vérifie a < .Y < CI + cx, on ait f suivant le filtre .Y+m formé des complé-
1I‘ -f’(-4 1< E. mentaires des parties majorées de
[a, + 4.
Filtres Dire que y est la limite à droite en a de
II existe une certaine parente entre ces ia fonction numérique f définie sur jrr, ni
définitions ; pour dégager ce qu’elles ont de (exemple 4) c’est dire que y est la limite de
commun, H. Cartan a introduit la notion de f suivant le filtre 9,+ formé des intersec-
filtre. Un jiltre sur l’ensemble A est, par tions de ]a, b[ et des voisinages de a dans
définition, un ensemble 9r de parties de A, R.
qui vérifie les trois conditions suivantes : On démontre que, si f et g sont des
a) Tout élément de 9 est non vide ; applications de A dans R qui ont des
846
TOPOLOGIE GÉNÉRALE
u U, = E.
Séparation rEJ
Une suite numérique ne peut avoir deux
Par définition, on dit qu’un espace
limites ; de même, une fonction numérique
topologique est compact s’il est séparé et
ne peut avoir deux limites en + a, (ou
s’il vérifie la condition de Borel-Lebesgue.
en a). Mais, si l’ensemble A est muni du
Cette condition est équivalente SI chacune
filtre 3 et sif‘est une application de A dans
des deux suivantes.
un espace topologique X, deux points
Condition (BL)‘. Quelle que soit la
distincts de X peuvent être limites de f
famille (F,), iE 1, de fermés de E d’intrr-
suivant le filtre 9 ; par exemple, si X est
section vide, il existe un sous-ensemble,/ini
muni de la topologie grossière, tout point
J de 1 tel que l’intersection des F,, pour
de X est limite defsuivant le filtre %T. Pour
iE J, soit vide.
avoir l’unicité des limites pour les appli-
Condition (BL)“. Quelle que soit la
cations à valeurs dans X, on doit supposer
famille (F,), i E 1, de fermés de E, si, pour
que X vérifie la condition suivante : Deux
tout sous-ensemble ,fir?i J de 1,
points distincts de X possèdent des voisi-
nages disjoints. On dit alors que X est
s&k. Tous les espaces métriques sont
séparés, a cause de la relation d(s, y) = 0
P
est non vide, il existe (au moins) un point
a .Y = J‘ ; c’est le fait que R est séparé qui de E qui appartient à tous les F,.
permet de faire les raisonnements classi-
ques dits (( par passage à la limite » ou <( par
Exemples
continuité >).
L’intervalle [cl, h] de R est compact. Plus
généralement, un sous-espace A de R est
3. Espaces compacts compact si et seulement s’il est fermé ct
borné. De la même façon, les sous-espaces
Les intervalles fermés bornés de R ont des compacts de R” sont les fermés bornés.
propriétés topologiques remarquables, Tout sous-espace fermé d’un compact est
connues depuis très longtemps ; ces pro- compact. Tout produit d’espaces compacts
priétés découlent toutes du fait qu’ils est compact.
vérifient la condition suivante, appelée
condition de Borel-Lebesgue (cf. le théo- Propriétés
rème (7) du chapitre 4 de l’article CALCUL Citons les plus importantes propriétés des
INFINITÉSIMAL - Calcul à une variable). espaces compacts.
a47
TOPOLOGIE GÉNÉRALE
848
TOPOLOGIQUE ALGÈBRE
morceaux disioints. La connexité est la Masson, Paris, 2’ éd. rev. 1984 / J. D IEUDONNÉ.
notion mathématique qui correspond à Él&mm dùnrri~x, t. 1 : Fondements de lùnulyse
moderne, Gauthier-Villars, Paris, 2’ éd. 1979 /
cette réalité physique. Si la figure F est L. SCHWARTZ, AnulJ,se, vol. 1 : Théorie des ensembles
formée de deux morceaux disjoints A et B, et topologie, Hermann, Paris, 1991.
tout point de F assez voisin de A est encore
dans A, et tout point de B assez voisin de
B est encore dans B. Donc A et B sont des
ouverts non vides et disjoints de F. Inver-
sement, si F est d’un seul tenant, il n’existe TOPOLOGIQUE ALGÈBRE
pas de partition de F en deux ouverts non
vides disjoints. Mathématiquement, on
exprime ce fait en disant que F est
connexe.
Les sous-espaces connexes de R sont les
L 7 algèbre topologique est consacrée à
l’étude d’ensembles munis d’une
topologie et d’une structure algébrique
intervalles de R, ouverts, semi-ouverts ou définie par des lois de composition conti-
fermés, bornés ou non. Si X est connexe et nues (cf. TOPOLOGIE GÉNÉRALE ; A LGÈBRE).
si f : X -+ Y est une application continue, Les exemples les plus importants sont les
l’image de f est un sous-espace connexe de groupes topologiques, les espaces topolo-
Y. En particulier, l’image d’une applica- giques à groupe d’opérateurs, les espaces
tion continue f : [a, h] + R est un inter- vectoriels topologiques (cf. espaces vecto-
valle de R. C’est le théorème de lu valeur riels -roPoLoGIQu~3) et les anneaux topo-
intermédiaire, qui s’énonce comme suit. logiques dont les corps topologiques sont
Théorème. Si f’ est une application un cas particulier.
continue de [a, h] dans R, quel que soit z
compris entre f(a) et f(h), il existe un
point c de lu, h[ tel que f(c) = z (cf.
CALCUL INFINITÉSIMAL - CalCLll à Une Varia-
ble, chap. 9, théorème 14 bis).
Notons encore que, si X est connexe, 1. Groupes topologiques
toute fonction localement constante de X
dans Y, c’est-à-dire telle que tout point x de Un groupe topologique est un espace
X possède un voisinage sur lequel f est topologique G muni d’une loi de compo-
constante, est constante dans X tout entier. sition interne continue : G X G - G véri-
Le principe des zéros isolés pour les fiant les axiomes d’une loi de groupe, notée
fonctions analytiques (cf. FONCTIONS multiplicativement et telle que l’applica-
ANALYTIQUES -Fonctions analytiques d’une tion .Y ++ x-’ de G dans lui-même soit aussi
variable complexe, chap. 1) utilise ce type continue (c’est alors un homéomorphisme
d’argumentation. involutif de G sur G). Un morphisme de
groupes topologiques est une application
CLAUDE MORLET continue qui est un homomorphisme de
groupes.
Soit G un groupe topologique ; si
Bibliographie a E G, la translation à gauche :
G. ~HOQUET, Cours de topologie : espcrce.7 topologi-
ques et espaces nIétriqua, ,f&c.tion.s numériques,
a49
TOPOLOGIQUE ALGÈBRE
850
TOPOLOGIQUE ALGÈBRE
Un cas particulier important est celui groupes distingués (cf. exemple 6), ces
où l’on se donne unejdtratim de G par des sous-groupes sont à la fois ouverts et
sous-groupes distingués, c’est-a-dire une fermés et G est totalement discontinu. La
suite décroissante (GJ, avec n E Z, de composante connexe de l’élément neutre e
sous-groupes distingués. Par exemple, la dans un groupe topologique G est toujours
topologie p-adique sur le groupe additif Q un sous-groupe distingué fermé G, ; c’est
est définie par la filtration (p”Z) oùp est un le sous-groupe engendré par un voisinage
nombre premier (cf. théorie des NOMBRES arbitraire de e.
- Nombres p-adiques). Les sous-groupes fermés de R distincts
7. Pour qu’un groupe topologique G de R sont de la forme aZ, avec a E R ; ils
soit &paré, il faut et il suffit que l’inter- sont discrets (les autres sous-groupes sont
section des voisinages de l’élément neutre partout denses). Plus généralement, les
P soit réduite à {e), ou encore que {e} soit sous-groupes fermés de R”’ sont de la
fermé. forme :
8. Soit G et H des groupes topologi-
VX W=R* X Zi,
ques ; le produit G X H muni de la
topologie produit et de la loi de groupe où V est un sous-espace vectoriel, isomor-
produit est un groupe topologique. On p h e a R”, d e R”‘, et W 5 Z’ est un
peut de même considérer le produit d’une sous-groupe engendré par une partie d’une
famille quelconque de groupes topologi- base d’un supplémentaire de V ; un tel
ques. Par exemple, R”’ est le produit de m sous-groupe est de rangs + t et est discret
facteurs identiques a R. Le groupe multi- dans le cas où s = 0. On appelle réseau de
plicatif C* est isomorphe au produit RT R”’ un sous-groupe discret de rang maxi-
X U, où U désigne le groupe multiplicatif mum, c’est-à-dire engendré par une base
de nombres complexes de module 1 (muni de R”‘, donc isomorphe a Z”‘.
de la topologie induite par C). Parmi les groupes topologiques locale-
ment compacts, les groupes & Lie (cf.
Sous-groupes, groupes quotients exemple 4) sont caractérisés par la
Soit G un groupe topologique et H un propriété d’admettre un voisinage de
sous-groupe de G ; la topologie induite sur l’élément neutre e ne contenant pas
H par celle de G en fait un groupe d’autre sous-groupe que {e} (A. Gleason
topologique. Par exemple, les groupes et H. Yamabe, 1953). On en déduit
classiques, qui sont des sous-groupes de qu’un groupe localement compact et loca-
GL(nr, R) ou de GL(m, C), ont une lement connexe qui est de dimension
structure de groupe topologique : ce sont topologique finie est un groupe de Lie ; il
des groupes de Lie (cf. GROUPES - Groupes en est ainsi, en particulier, des groupes
classiques et géométrie). L’adhérence Ï? topologiques qui sont des variéte? topolo-
d’un sous-groupe H de G est encore un giques, localement isomorphes à des
sous-groupe ; si H est distingué, il en est de ouverts de R”’ ; cela fournit une réponse
même de H. Pour qu’un sous-groupe soit (partielle) au cinquième problème de
ouvert, il faut et il suffit qu’il ait au moins Hilbert. À l’opposé, tout voisinage de L’
un point intérieur, et alors il est aussi dans un groupe localement compact
fermé ; ainsi, lorsque la topologie de G est totalement discontinu contient un sous-
définie par un ensemble filtrant de sous- groupe ouvert ; on en déduit que la
851
TOPOLOGIQUE ALGÈBRE
G - G/KerfLf(G) 4 H,
si tout voisinage de e dans G contient l’un
où Kerfest le sous-groupe distinguéf ‘(e) des Hi, on démontre que f est un mor-
de G ; le morphisme fest bijectif, mais ce phisme strict dont le noyau est {ë} et dont
n’est pas un homéomorphisme en général, I?mage est dense dans G’. En particulier,
on dit n,lJP ,,f pst ljfi .v?Q&lirnî~ gri-t si si G est compact, f est un isomorphisme de
l-'"U""
,f est un homéomorphisme ; cela a lieu G sur G’ ; un groupe compact totalement
en particulier si G/Ker f est compact discontinu G est isomorphe à la limite
projective des groupes finis G/H, où H est
(resp. localement compact dénombrable à
un sous-groupe distingué ouvert : on dit
l’infini) etf(G) séparé (resp. de Baire). Par
que G est un groupe pro@ pour exprimer
exemple, le morphisme :
cette propriété d’approximation par des
x Y .$nrn, x E R, groupes finis. Par exemple, le groupe de
852
TOPOLOGIQUE ALGÈBRE
Galois d’une extension galoisienne infinie commutatif, son complété G est un groupe
d’un corps commutatif est un groupe topologique ; il en est de même si la
profini. topologie de G est définie par une famille
Tout groupe localement compact filtrante (H,) de sous-groupes distingués
contient un sous-groupe ouvert approcha- tels que les quotients G/H, soient complets.
ble par des groupes de Lie. Alors le morphisme :
G-G’=&GG/H,
Structures uniformes, groupes complets
Soit G un groupe topologique ; à tout se prolonge en un isomorphisme de G sur
voisinage V de l’élément neutre on associe G’. Par exemple, la limite projective Zdes
l’ensemble VE (resp. l’ensemble VJ des quotients finis Z/mZ de Z est le complété
couples (x, y) E G X G tels que x- ‘y de Z pour la topologie des sous-groupes
(resp. y.~- ‘) appartienne à V. Lorsque V d’indice fini (cf. exemple 6) ; c’est le
parcourt le filtre des voisinages de e, les VE groupe de Galois de la clôture algébrique
(resp. les V& forment le filtre des entou- d’un corps fini, engendré topologiquement
rages d’une structure uniforme compatible par l’élément de Frobenius a - aY où q est
avec la topologie de G et dite structure le cardinal du corps de base. Le complété
uniforme gauche (resp. droite) ; en général de Z pour la topologiep-adique (cf. théorie
les structures uniformes gauche et droite des NOMBRES - Nombre p-adiques) est :
sont distinctes, bien qu’isomorphes par la
z, = @ z/pz.
symétrie x ++ x- t. Cependant, elles coïn-
cident si G est commutatif ou compact. Si La théorie des familles sommables et
G est séparé et si e a un système fonda- des séries peut se développer dans un
mental dénomhruble de voisinages, on peut groupe topologique complet commutatif
construire une distance d sur G qui définit noté additivement comme dans R (cf.
sa structure uniforme gauche (resp. droite) SÉRIES ET PRODUITS INFINIS).
et est invariante à gauche (resp. à droite), Voici un résultat technique utile en
c’est-à-dire telle que : algèbre commutative. On associe à tout
groupe G filtré par des sous-groupes dis-
d (@Y gr ) = d 6, 2 ),
tingués G,, (cf. exemple 6) la famille des
pour g, s, t E G ; ainsi G est mitrisable (cf. groupes quotients (GJG,,,,), pour n E Z :
eSpaCeS MÉTRIQUES). on obtient ainsi un (( groupe gradué D, que
On dit que G est complet si l’une ou l’on note gr G. Si u : G - H est un
l’autre des structures uniformes gauche et homomorphisme de groupes filtrés tel que
droite en fait un espace complet (c’est-à- u(G,) C H,,, pour tout n, on désigne par
dire où tout filtre de Cauchy converge). gr’k l’homomorphisme de G,,/G,,+, dans
Par exemple, les groupes localement com- WH,,+ I déduit de u par passage au
pacts sont toujours complets. Soit G le quotient, d’où le morphisme de groupes
complété d’un groupe topologique pour sa gradués gr u : gr G - gr H. On munit G
structure uniforme gauche ; la loi de G se et H des topologies définies par leurs
prolonge continûment en une loi de filtrations et on suppose que G est réunion
monoïde sur G, mais la symétrie .Y - .Y- r, des G,, et H réunion des H,. Alors :
pour s E G, ne se prolonge pas en général, a) si G est séparé et si gr u est injectif.
et G n’est pas un groupe. Si G est u est injectif;
853
TOPOLOGIQUE ALGÈBRE
854
TOPOLOGIQUE ALGÈBRE
2. Les corps R et C des nombres réels de K [X,, X2, . . . . X,] pour la topologie
et complexes, les anneaux M,,(R) et m-adique, où m = (X,. X,, . . . . X,). Cet
M,,(C) des matrices carrées d’ordre m à anneau filtré complet n’est autre que
coefficients réels ou complexes, les algè- l’anneau des séries formelles en les X, a
bres normées, réelles ou complexes, sont coefficients dans K. Soit A un anneau
des anneaux topologiques. commutatif et m un idéal muxitna/ de A ;
3. Les corps p-adiques Q, et l’anneau le complété de A pour la topologie
des adèles A (cf. théorie des N O M B R E S nr-adique est un anneau locul d’idéal maxi-
- Nombres algébriques) sont des anneaux mal 2 (c’est le cas de Z,, et de l’anneau des
topologiques. séries formelles si K est un corps).
4. On peut faire d’un anneau A un Soit A un anneau commutatif complet
anneau topologique, un « anneau linéaire- pour une topologie définie par une famille
ment topologisé », au moyen de la topo- filtrante d’idéaux a ; le complété de
logie définie par une famille filtrante l’anneau de polynômes A[X,, X7, . . . . X,.]
décroissante d’idéaux bilatères (cf. chap. 1, pour la topologie définie par les idéaux
exemple 6). a[X,, X,, . . . . X,] s’identifie au sous-anneau
On peut encore associer une topologie de A[[X,, X,, . . . . X,]] formé des séries
compatible avec la structure d’anneau à formelles dont les coefficients tendent vers
toute jibration (A,,), avec n E Z, suite 0 dans A ; cet anneau est appelé l’anneau
décroissante de sous-groupes du groupe des séries formelles restreintes. Le lemme
additif de A telle que A,,,A,, C A,,+,, pour cie Hensel (cf. théorie des NOMBRES - Nom-
m, n E Z et 1 E A,. Par exemple, si m bres padiques, chap. 2) a une formulation
est un idéal bilatère de A, il définit générale dans ce cadre.
une filtration dite m-adique, pour laquelle Soit A un anneau commutatif et m un
A,, = m” si n 2 0 et A, = A si n < 0 ;
idéal de A ; pour tout A-module M, la
on en déduit la topologie m-adique sur A.
filtration m-adique (mn M), avec n E N,
Pour A = Z et m= pZ, où p est nombre fait de M un groupe topologique additif tel
premier, on retrouve la topologie que la loi externe A X M -+ M soit
p-adique ; comme autre exemple, signalons
continue (« module topologique D). Le
le cas où A = K[X,, X1, _.,, X,] est un
théor;me de Krull affirme que, dans le cas
anneau de polynômes à coefficients dans
où A est noethérien et M de type fini, la
un anneau commutatif K et où m = (X,,
topologie induite par celle de M sur un
Xl, . . . . X,).
sous-module quelconque N est identique
Soit A un anneau topologique ; sa loi
à la topologie m-adique de N, définie par
multiplicative s e prolonge continû-
la filtration (m” N). Si m est contenu
ment en  X  +  et le complété Â
dans le radical de A (intersection des
est encore un anneau topologique. Par
idéaux maximaux), tout A-module de type
exemple. le complété Z,, de Z pour la
fini est st;par@ pour la topologie m-adique
topologie p-adique est un anneau topolo-
et le complété M d’un tel module M
gique ; on peut en dire autant du
s’identifie à A 8, M ; les suites exactes de
complété :
modules de type fini le restent après
K[W,, XI, . ..> X,11 complétion ; autrement dit, Â est pkut
=l@nK[X,, X,, . . . . X~]/III”
n sur A.
855
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS
Exemples
1. Sur le corps Q des nombres rationnels,
les valeurs absolues sont de l’un des trois T^P^!^G!QUES ESPACES
types suivants : VECTORIELS
u) la valeur absolue impropre, qui vaut
0 en 0 et 1 ailleurs ;
b) les valeurs absolues p-adiques :
lx Ip = a’.P”),
L a théorie des espaces normés, déve-
loppée par S. Banach et ses élèves, s’est
vite révélée insuffisante pour les besoins de
856
TOPOLOGIQUES ESPACES VwoRIEts
AVCV.
IAU4 v
norme. Les espaces vectoriels topologi-
ques et leurs variantes définis dans cet
article sont des généralisations des espaces
normés ; la convexité y joue un rôle Inversement, considérons un K-espace
essentiel. vectoriel E et un filtre ‘YSur E possédant
les propriétés (GV,), (EV?) et (EV,) ; il
existe sur E une topologie vectorielle et une
seule pour laquelle T‘est le filtre des
voisinages de 0.
Un espace vectoriel topologique E a
une structure uniforme naturelle dont les
1. Définition et exemples entourages sont les ensembles :
857
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS
conditions (EV,) et (EV,) impliquent pour cette topologie est formé des ensem-
(GV,) car, si V est disqué, on a bles :
V 3 hV + AV, avec A E K, choisi tel que
V c,t = U-E C(Wllfll, = y&p < El,
0 < 1h 1< 1/2 (rappelons que K n’est pas
discret). Le complété d’un espace vectoriel où C est un compact quelconque de X et
topologique localement convexe (en où 6 E RT. Cet espace est complet si X est
abrégé e.1.c.) est encore localement localement compact ou métrisable ; il est
convexe ; on appelle espuce de Fréchet un métrisable s’il existe une suite (C,) de
e.1.c. métrisable et complet. compacts de X telle que tout compact de
X soit contenu dans l’un des C,,.
Exemples En utilisant les ensembles finis F C X
1, Les espaces <( numériques )) K”‘, avec la au lieu des compacts C, on définit d’une
topologie produit, sont des e.1.c. complets ; manière analogue la topologie de la
on démontre (par récurrence sur ~2) que la convergence simple qui est aussi vecto-
seule topologie vectorielle skpar&e sur K”’ rielle et localement convexe, mais non
est la topologie produit. complète sur e(X) si X est infini.
4. Soit X une variété différentiable, de
2. Tout espace vectoriel normé E est un
classe m < + CO, par exemple un ouvert de
e.1.c. ; un système fondamental de voisina-
ges de 0 dans E est formé des homothé- R”. Sur l’espace C”(X) des fonctions numé-
riques de classe ~1 dans X, on définit une
tiques de la houle unité :
topologie vectorielle localement convexe
B = {xEE/~IxI~ ( 11. en prenant comme système fondamental de
voisinages de 0 la famille des ensembles :
Comme cas particuliers, on trouve
l’espace e(X) des fonctions numériques V a,c,c= IfEcn(X)lVDEA, IIDfiic < ~1,
continues sur un espace topologique com-
où A est un ensemble fini d’opérateurs de
pact X (avec la topologie de la convergence
uniforme dans X), l’espace 1” des suites de dérivation d’ordre < m, où C est un
scalaires de puissance p-ième sommabie et compact de X et où l’on a E > 0. L’e.1.c.
C”(X) ainsi obtenu est complet ; il est
l’espace Y, (X, u) des classes de fonctions
métrisable si X est dénombrable à l’infini
de puissance p-ième intégrable dans un
(ce qui est le cas pour un ouvert de R”) et
espace mesuré (X, u), avec p > 1 et
normable si X est compacte et m fini. On
K = C ; ces espaces sont complets, c’est-
écrit C(X) pour C”(X).
a-dire que ce sont des espaces de Banach.
5. La construction de l’exemple 4
Lorsque 0 < p < 1, on peut encore défi-
admet plusieurs variantes ; par exemple, si
n i r u n e s p a c e vectoriel topologique
X est un ouvert de R” et sip > 1, on définit
L”(X, u), qui est métrisable et complet,
un espace de Fréchet a>-(X) dont les
mais non iocaiement convexe.
éléments sont les fonctions indéfiniment
3. Si X est un espace topologique
dérivables dans X dont toutes les dérivées
séparé, on fait un e.1.c. de l’espace e(X) des
sont de puissancep-ième intégrable, avec la
fonctions numériques continues dans X en
topologie définie par le système fondamen-
le munissant de la topologie de la conver-
tal de voisinages de 0 :
gence uniforme sur tout compact de X ; un
système fondamental de voisinages de 0 V,, = Ife %(X)l V DE A, Il~fll, < ~1,
858
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS
où A est un ensemble fini d’opérateurs de toriel et, pour chaque i, une application
dérivation et où l’on a E > 0, la norme dans linéaire f; : E + E, ; la moins fine des
I/‘(X) étant désignée par 11. IL. Citons topologies sur E pour lesquelles 1es.f; sont
encore l’espace S des fonctions indéfini- continues est vectorielle : on l’appelle la
ment dérivables à décroissance rapide dans topologie initide pour lesf;. Si les E, sont
R”, qui est aussi un espace de Fréchet ; ses tous localement convexes, il en est de
éléments sont les fonctions indéfiniment même de E muni de la topologie initiale.
dérivables dont toutes les dérivées décrois- Lorsque 1 = {O} est réduit à un élé-
sent à l’infini de R” plus vite que toute ment et que& : E k E, est l’injection d’un
puissance de l/ //x 1 , une norme étant choi- sous-espace vectoriel, la topologie initiale
sie dans R” ; un système fondamental de n’est autre que la topologie induite ; elle est
voisinages de 0 est donné par : séparée (resp. métrisable) si celle de E,
V &~<c= U-~SIVD~A,
l’est. Si E, est complet et E fermé, E est
y ” ’ +~IX ~I’)kW(x)l 6 ~1,
aussi complet ; l’adhérence d’un sous-
xt ”
espace vectoriel est encore un sous-espace
où A est un ensemble fini d’opérateurs de vectoriel.
dérivation, k un entier naturel et E > 0. Sur le produit E = IIE, d’une famille
6. Soit U un ouvert de C” et O(U) (E,), pour i E 1, d’espaces vectoriels topo-
l’espace vectoriel des fonctions holomor- logiques, la topologie initiale pour les
phes dans U. La topologie de la conver- projections pri : E -+ E, est la topologie
gence uniforme sur tout compact de U (cf. produit. Considérons plus généralement
exemple 3) en fait un espace de Fréchet. un système projectif (E,,&) d’espaces vec-
7. Soit S(X, p) l’espace vectoriel des toriels topologiques, avec des morphismes
classes de fonctions p-mesurables sur un de transition A, : E,- E, linéaires conti-
espace mesuré (X, p) ; on le munit d’une nus ; la limite projective E = lim E,, c’est-
topologie vectorielle en prenant comme
h-dire le sous-espace de IIE, formé des (-Y,)
système fondamental de voisinages de 0 la
famille des ensembles VA.6,E : tels quexj(x;) = s,, pour tout morphisme
de transition& est munie de la topologie
V-E W, 14 /P*(A W-l (c [- E, ~1)) < 61, initiale pour les applications f; : E + E,
où A est une partie p-intégrable de X et où induites par les projections. Lorsque les E,
sont séparés (resp. complets), il en est de
6 et E sont des nombres réels > 0. La
topologie ainsi définie est appelée celle de la même de E ; si les E, sont métrisables et si
convergence en mesure et elle est importante 1 est dénombrable, E est métrisable.
en calcul des probabilités ; elle n’est pas À tout disque V d’un espace vectoriel E
localement convexe, mais elle fait de S(X, on associe la semi-normepvjnuge de V (cf.
CONVEXITÉ), telle que :
p) un espace vectoriel topologique complet.
p,(x)=infIlAlIxEhV}, x E E,
a59
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS
vertu de la condition (EV,), l’espace Ev est fermé, alors E est métrisable et complet
E tout entier (on dit que V est ahsorhant) (cf. algèbre TOPOLOGIQUE). Toute applica-
et, lorsque V varie, la topologie de E est tion linéaire continue f : E + F d’un
initiale pour les applications E + Ev éga- espace vectoriel topologique dans un autre
les à l’application identique. On dit que admet une décomposition canonique :
cette topologie est définie par la famille
de semi-normes Q+)v ; les espaces E et
lim Ev sont alors isomorphes en tant
l’application linéaire j- est bijective mais
qu’espaces topologiques. Lorsque E est n’est pas un homéomorphisme en géné-
séparé, on en déduit qu’il est limite pro- ral : on dit que f est stricte si f est
jective des espaces normés EV, en dési- un isomorphisme d’espaces vectoriels
gnant par Ev l’espace séparé associé à Ev ; topologiques. Le théorème d’homomor-
lorsque E est complet et que K est R ou phisme de Banach s’énonce de la manière
C ou un corps (( maximalement complet », suivante.
on voit à l’aide du théorème de Hahn- Théorème. Soit E et F des espaces
Banach (cf. CONVEXITÉ) que E est limite vectoriels topologiques métrisables et com-
projective des espaces de Banach &,. plets et fune application linéaire continue
De façon duale, on peut considérer la de E dans F. Sif(E) n’est pas maigre, par
topologiejnale sur un espace vectoriel E exemple si f est surjective (théorème de
pour une famille d’applications linéairesA : Baire ; cf. espaces vectoriels NORM É S ,
Ej- E définies dans des espaces vectoriels chap. 4), alors f est un épimorphisme strict,
topologiques E, : c’est la plus fine des identifiant F à un quotient de E.
topologies vectorielles sur E rendant conti- Corollaire (Théorème du gruphe fermé).
nues les f; ; elle n’est pas en général S o i t g : F - E une application linéaire
localement convexe, même si tous les Ej le d’un espace vectoriel topologique métrisa-
sont, et, dans ce cas, on considère plutôt la ble complet dans un autre. Pour que g soit
topologie localement convexe la plus fine continue, il faut et il suffit que, pour toute
rendant lesf; continues, qui est moins fine suite (y,,) convergeant vers 0 dans F et telle
que la précédente. En particulier, on défi- que (g(y,,)) converge dans E, on ait lim
nit ainsi l’espace vectoriel topologique ‘a,) = 0.
(resp. 1’e.l.c.) limite inductive d’un système En effet, la condition signifie que le
inductif (E,,Jj) d’espaces vectoriels topo- graphe F, de g est un sous-espace fermé de
logiques (resp. d’e.1.c.). F X E, donc un espace métrisable et
Soit E, un espace vectoriel topologique complet; la projection FE-F, qui est
et E, un sous-espace de E, ; sur le quotient bijective, est donc un isomorphisme et g
E = EJE,, la topologie vectorielle finale s’obtient en composant l’isomorphisme
pour l’application canonique E, + E est la réciproque avec l’autre projection :
topologie quotient et les voisinages de 0 l-g+ E.
dans E sont les images des voisinages de 0 Il existe diverses généralisations de ces
dans E,. Si E, est localement convexe, il en résultats, où F est remplacé par un espace
est de mëme de k ; pour que E soit sépare, localement convexe separé, limite induc-
il faut et il suffit que E, soit fermé dans E,. tive d’espaces de Banach, et E par un
Si E, est métrisable et complet et si E, est espace localement convexe souslinien (L.
860
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS
861
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS
a62
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS
863
TOPOLOGIQUES ESPACES VECIORIELS
864
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS
865
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS
plus généralement, si (X, u) est un espace lorsque E est un e.1.c. séparé, les espaces
mesuré et F un espace de Banach, on a : disqués EC et E’ sont quasi complets ; si E
est complet, Eh et Y sont quasi complets
WW&cF=L~(W, et l’on a Ep = E’, mais les réciproques sont
fausses. À tout espace disqué E on associe
et on en déduit que, si (Y. v) est un second
un quasi-complété fi réunion des adhéren-
espace mesuré, on a :
ces des bornés de E dans le complété f.
(pour la topologie) ; notons que. si E est un
e.l.c., le quasi-complété de Eh n’est plus de
en utilisant le théorème de Fubini (cf. la forme Fh pour un e.1.c. F.
INTÉGRATION ET MESURE).
Soit E et F des espaces disqués ; on note
L(E, F) l’espace disqué dont les éléments
sont les applications linéaires continues et
5. Espaces disqués bornées de E dans F, dont les bornés sont
les ensembles à la fois équicontinus et
Sur un espace vectoriel E, on dit qu’une équibornés d’applications linéaires et dont
topologie 7et une bornologie =A vecto- la topologie est celle de la convergence
rielles sont compatibles si elles satisfont les uniforme dans les bornés de E ; il est facile
conditions suivantes : de vérifier que la bornologie et la topologie
(VB,) Tout vioisinage de 0 pour 7 sont compatibles. Si F est séparé (resp.
absorbe tout borné de .-2; quasi complet), il en est de même de C(E,
(VB-,) L ’ a d h é r e n c e ( p o u r p7 d ’ u n F). Pour trois espaces disqués E, F et G,
borné de ,~est encore bornée. on a encore un isomorphisme canonique :
On appelle espace disqué un espace
C(E, C(F, GI) = V, XE, G))
vectoriel muni d’une topologie localement
convexe et d’une bornologie de type et on désigne par a(E, F ; G) l’espace
convexe compatibles. Par exemple, si E est correspondant d’applications bilinéaires
un espace localement convexe, on obtient de E X F dans G ; ses éléments sont les
un espace disqué Eh en le munissant de sa applications bornées et hypocontinues, de
bornologie canonique, qui est visiblement façon symétrique par rapport à E et F. Par
compatible avec la topologie (cf. début du exemple, la composition des applications
chap. 4) ; on obtient un autre espace disqué est une application bornée et hypoconti-
Ep en prenant comme bornés les parties nue :
précompactes de E (dans le cas où K est
C(E,, Ed X C(E,, E,) - C(E,, Ed>
localement compact). Si E est séparé, on
en fait un espace disqué E” en prenant les espaces Et, E, et Es étant disqués ;
comme système fondamental de bornés la l’application (-y, U) - U(X) de E X C(E, F)
famille des dtsques compacts ; une autre dans F est bornée et hypocontinue, pour E
structure disquée E‘ est définie par la et F disqués. Si E et F sont des e.1.c. séparés
bornologie vectorielle la plus fine sur E (cf. et G un espace disqué, toute application
chap. 3, exemple 3). bilinéaire <p de E” X F” dans G est bornée ;
L’espace disque E est dit s@uré si sa si cp est hypocontmue, on dit qu’elle est
topologie l’est ; il est dit quasi complet si séparément continue. Les applications bili-
tout borné fermé est complet. Par exemple, néaires que l’on rencontre en analyse sont
866
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS
867
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS
mes linéaires sur E. Ainsi, le dual d’un E est un e.1.c. ou un espace disqué séparé,
espace vectoriel topologique (resp. borno- le morphisme de bidualité est injectlf; il
logique, disqué) est un espace vectoriel résulte en effet du théorème de Hahn-
bornologique (resp. topologique, disqué). Banach (cf. CONVEXITÉ) que, pour tout
Par exemple, on définit l’espace C’(X) des élément x # 0 de E, il existe un ,Y’ E E’ tel
distributions à support compact dans une que x’(x) # 0 (prolonger à E une forme
variété différentiable X, l’espace S’ des linéaire non nulle définie sur la droite K-Y).
distributions tempérées dans R” et l’espace Il n’en est plus de même pour un e.b.c. E,
0’(U) des fonctionnelles analytiques dans car il se peut qu’on ait E’ = 0 même si E
l’ouvert U de C” comme les duaux respec- est séparé et non nul ; pour que E + E”
tifs des e.1.c. donnés dans les exemples 4, soit injectif, il faut et il suffit que E soit
5 et 6 du chapitre 1 ; l’espace ‘D’(X) des séparé et que sa bornologie soit compatible
distributions dans X est le dual de I’exem- avec la topologie canonique associée, c’est-
ple 4 du chapitre 3 et l’espace W(U) des à-dire que l’adhérence dans ‘E d’un borné
fonctionnelles analytiques dans U peut de E soit encore bornée : on dit alors que
encore être défini comme le dual de E est régulier. Tout e.b.c. séparé normal est
l’exemple 5 du chapitre 3 (cf. DISTRIBU- régulier ; toute limite projective et toute
TIONS). Si E est un e.b.c., on a : somme d’e.b.c. réguliers sont régulières. Si
E et F sont des e.1.c. et si F est séparé, alors
('E)' = L(lE,K)= c(E,bK)= b(E');
C(E, F) est régulier ; il en est de même si
en particulier, si F est un e.1.c. normal E est un e.1.c. ou un e.b.c. et si F est un
(cf. chap. 4) par exemple métrisable, on a e.b.c. régulier.
E’ = h((hE)‘). Le dual d’un e.1.c. séparé E On dit que E est r@esjf’si le morphisme
admet diverses structures disquées, avec de bidualité est un isomorphisme E q E”.
toujours la même bornologie, dont les Par exemple, soit (X, p) un espace mesuré
bornés sont les ensembles équicontinus de etp un nombre réel > 1 ; l’espace V (X, p)
formes linéaires : le dualfaible E’, = (E’)‘, des classes de fonctions de puissancep-ième
muni de la topologie de la convergence intégrable (cf. chap. 1, exemple 2) est
simple dans E ; l’espace E’, = (E”)‘, muni réflexif, car son dual est isomorphe à
de la topologie de la convergence uniforme L’I(x. p), avec 1 /p + t/q = 1 (Cf. INTÉGRA-
dans les disques compacts de E ; le dual TION ET ME~ URE). Sur un corps ultramétri-
,fort E’,, = (Eh)‘, muni de la topologie de la que K, les seuls espaces normés réflexifs
convergence uniforme dans les parties sont les espaces de dimension finie. On dit
bornées de E. Si E est un e.1.c. normal, on qu’un espace localement convexe E est un
a l’égalité E’, = ((hE)‘)h ; les duaux forts espuce de Schvartz si, pour toute applica-
d’espaces de Fréchet ont des applications tion linéaire continuef de E dans un espace
importantes en analyse complexe et ont été de Banach, il existe un voisinage U de 0
systématiquement étudiés par A. Grothen- dans E tel que f (U) soit relativement com-
dieck. pact ; ainsi. l’espace C(X) de l’exemple 4 du
Le bidual E” = (E’)’ d’un espace E a chapitre 1, l’espace 0(U) de l’exemple 6 du
une structure de même nature que celle de chapitre 1 et l’espace ‘d>‘(X) des distribu-
E et on a un morphisme de bidualité tions (cf. supra) sont des espaces de
E -, E” (cf. algèbre LINÉAIRE ET MULTILI- Schwartz : cela résulte du théorème des
NÉAIRE) ; ce morphisme est strict. Lorsque accroissements finis et du théorème
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS
869
TRANSCENDANTS NOMBRES
S
i la notion de nombre irrationnel une construction fondée sur la propriété,
remonte aux Grecs, l’idée de nombre découverte par lui, de <( mauvaise appro-
transcendant n’a pu se dégager qu’après la ximation D des nombres irrationnels algé-
création de notations algébriques assez briques par les nombres rationnels (cf.
développées pour que le concept de poly- approximations DIOPHANTIENNES ). En
nôme de degré quelconque puisse être clai- 1873, G. Cantor déduisit l’existence des
rement formulé ; aussi est-ce seulement au nombres transcendants de son théorème
XVIIe siècle que l’on commence à faire la prouvant que l’ensemble de tous les nom-
distinction entre les nombres algébriques, bres réels est non dénombrable : il suffit, en
tels m ou COS (K/n) pour n entier, qui effet, de prouver que l’ensemble A de tous
sont racines de polynômes à coefficients les nombres algébriques est dénombrable.
entiers, les autres nombres réels étant qua- Pour cela, associons à chaque polynôme à
lifiés de transcendants. L’existence de nom- coefficients entiers :
bres transcendants n’a été prouvée qu’au
P(X) = a,X” + a,xn-’ + + a,,
XIX~ siècle ; s’il est facile de construire des
nombres transcendants, la question de sa hauteur :
savoir si un nombre donné est ou non
ht(P) - max /a, /
transcendant est généralement un pro- I
870
TRANSCENDANTS NOMBRES
Comme un polynôme n’a qu’un nom- cette manière, par exemple la constante
bre fini de racines, l’ensemble A, des d’Euler :
nombres algébriques qui sont racines
y=lim I+~+~+...+~--LOgn ,
de polynômes à coefficients entiers de n-” c i
degré < N et de hauteur < N est un
ensemble jki ; comme A est réunion des dont on ne sait même pas si elle est
A,, pour N = 1, 2, ,.. l’ensemble A est irrationnelle (cf. Cahk ASYMPTOTIQUES
dénombrable. chap. 2).
L’ensemble des nombres transcendants Les théorèmes d’Hermite et de Linde-
n’est donc pas dénombrable ; en termes mann sont des cas particuliers du résultat
suivant.
imagés, on peut dire qu’un nombre pris au
hasard (par exemple en se donnant au ThGorème Z. U n n o m b r e c o m p l e x e
a # 0 ne peut être tel que a et e” soient
hasard son développement décimal illi-
mité) n’a (( aucune chance )> d’être algé- tous deux algébriques.
En effet, ce théorème entraîne, en
brique.
faisant a = 1, que e est transcendant et, en
faisant a = ix, que TC est transcendant.
Valeurs transcendantes L a méthode d e Siegel-Gelfond-
de fonctions entières
Schneider déduit le théorème 1 d’un
Le premier résultat profond sur les théorème plus général concernant les
nombres transcendants fut obtenu par valeurs de deux fonctions entières liées par
C. Hermite en 1872 : par une méthode des bquations d@érentielles algébriques :
très originale reposant sur l’approxima- Théorème II. Soit f et g deux fonctions
tion de la fonction exponentielle 6 par entières d’ordre fini p, c’est-à-dire vérifiant
des fonctions rationnelles, il put montrer des majorations,
que le nombre t> est transcendant, et
c’est par une extension de la méthode (1)
d’Hermite que Ferdinand von Linde-
mann, en 1882, prouva que x est aussi pour tout z E C. On suppose que :
transcendant. De nouveaux résultats de 1” Les fonctions f et g sont algébrique-
cette nature n’apparurent qu’après 1929 ; ment indépendantes, c’est-à-dire qu’il
ils concernent, comme les précédents, n’existe aucun polynôme P(X, Y) non
des nombres qui sont des valeurs prises nul à coefficients complexes tel que
par certaines fonctions entières ou méro- Pff(z), g(3) = 0.
morphes (ou leurs fonctions inverses) 2” On a des relations différentielles :
pour des valeurs algébriques de la varia-
ble ; les méthodes, développées à partir f’(z) = Q(f(z),g(z)),
(4
d’idées de C. L. Siegel et de A. Gelfond, g’(z) = W-(z),g(z)h
raffinées par T. Schneider et récemment où Q et R sont des polynômes à coeffi-
par A. Baker, utilisent, comme celle cients dans un corps de nombres algébri-
d’Hermite, des propriétés des fonctions ques K de degré fini d sur le corps des
entittres d’une variable complexe. Aucune rationnels Q.
méthode n’a encore été trouvée pour Supposons alors qu’il y ait m nombres
des nombres qui ne sont pas donnés de complexes distincts IV,, . . . . w,,, tels que
871
TRANSCENDANTS NOMBRES
les 2n1 nombresf(wJ et g(w,) appartien- (c) Il existe un w,, par exemple )v,, tel
nent à K. Cela n’est possible que si que :
m < 10 pd.
Pour en tirer le théorème 1, on prend kw,) = Y f 0,
f(z) = z et g(z) = e-, qui vérifient les
conditions (1) et (2) ; si a et eu étaient et tel que :
algébriques, ils appartiendraient à un (3) ly-'1 < C,s5"-'k
même corps de nombres K dc degré
fini ; mais alors tous les nombres no On remarque alors que la fonc-
et ena appartiendraient aussi à K pour tion :
tout entier n, ce qui contredit le théo- Fs@)
rème II. G(z) = (z-W~)s...(Z--PV,)’
Si 13 est un nombre algébrique irration-
est une fonction entière en vertu de (b) qui,
nel, les fonctions e’ et epr vérifient les
pour 1z 1< R, où R est assez grand, vérifie,
conditions du théorème II en prenant pour
en vertu de (a) et du principe du maximum,
K un corps contenant p. On en déduit le
l’inégalité :
théorème de Gelfond-Schneider :
Théorème III. Si a est un nombre algé- (4) 1G(z) 1< R-ms3r exp(C,s’“R”).
brique autre que 0 et 1 et l3 un nom-
D’autre part, on a :
bre algébrique irrationnel, le nombre
al3 = exp (p Log a), avec une détermina- m
872
TRANSCENDANTS NOMBRES
873
TRANSCENDANTS NOMBRES
874
VARIATIONS cAtcut DES
V
rent une première condition d’extrémum.
Cette équation d’Euler-Lagrange allait
jouer un rôle très important, surtout en
physique, où elle justifiait les principes
variationnels : principe de Fermaf pour la
propagation de la lumière dans les milieux
différemment réfringents ; principes de
moindre action de Maupertuis et Hamilton
pour la détermination des mouvements en
mécanique analytique.
La recherche de conditions d’extré-
mum se poursuivit aux xvme et XIXe siècles,
notamment avec les travaux de Legendre,
Jacobi et Weierstrass, pour aboutir au
début du xxe siècle à une théorie bien
élaborée que l’on situe aujourd’hui dans
VARIATIONS CALCUL DES le cadre du calcul différentiel au sens
de Fréchet dans les espaces de Banach.
Mais de difficiles problèmes relatifs à
875
VARIATIONS cAtcuL DES
876
VARIATIONS cAtcuL DES
donné dans l’espace une courbe fermée ait Jcf) < J(g) pour tout g E D vérifiant
sans point double, déterminer une surface llf-41 G E @SP. Ilf-g/I G 0
d’aire minimale ayant cette courbe pour Naturellement un minimum au sens
bord. Ce problème est essentiel dans fort est également un minimum au
l’étude des lames minces liquides. sens faible. Mais cette distinction se
trouve justifiée par le fait que la fonc-
Présentation analytique tion J, qui est continue pour la topologie
d’un problème variationnel K’, ne l’est pas en général pour la
À la lumière des exemples qui viennent topologie %O.
d’être présentés, on peut donner la formu- On peut maintenant, avec
lation suivante d’un problème variationnel J. L. Lagrange, considérer un élément o de
simple de dimension 1 à extrémités fixes. & comme une « variation » de la fonction
Soit ‘3 l’espace affine des fonctions f à f de ‘3 en introduisant la fonction
valeurs réelles continûment dérivables sur g = f + o. La formule de Taylor permet
l’intervalle [a, h] et vérifiant f(u) = ct et alors d’écrire, à des termes d’ordres supé-
f(h) = B. L’espace vectoriel C associé à rieurs près (pour la norme II.11 ,), la varia-
cet espace affine peut s’interpréter comme tion J(g) - Jcf) sous la forme :
l’espace des fonctions o continûment
dérivables sur [a, 61 et vérifiant snb [F;W-(xLf’(x)) o(x)
o(a) = <d(h) = 0. + F;.(x J-(x ),f’(x )) Q’(X 1 dx.
On munit l’espace ‘d) des deux topolo-
gies ‘yo et v ’ définies respectivement par On peut donc dire que la fonctionnelle :
les normes de la convergence uniforme :
o - b [F;w + F;d] dx
sn
IlfIl = y6 If(x) I>
est la dérivée de la fonction J au point f
llrll,=;LP,(f~x~/+lf’(X)l).
Y, lorsqu’on munit l’espace ‘B de la topologie
La topologie Vi est plus fine que la ‘6 ‘. Avec Lagrange, on notera cette déri-
topologie 7 O. vée SJlf] et l’on dira qu’elle est la (( varia-
Soit F(x, y, y’) une fonction à valeurs tion première » de J en f.
réelles deux fois continûment différentia- On a ainsi démontré qu’une condition
ble sur l’espace [a, h] X R X R. On peut nécessaire pour que f soit un minimum
lui associer la fonctionnelle J sur 9 déter- relatif faible (et a fortiori fort) de J est que
minée par : l’on ait SJlf] = 0.
Équation d’Euler-Lagrange
Si l’on suppose que f est un minimum
On dit alors qu’une fonction f de ‘B est
une solution du problème variationnel relatif faible de J deux fois continûment
correspondant à la fonction F si elle est un dérivable, on peut transformer l’expres-
minimum de J sur 23, c’est-à-dire si l’on a sion de SJ[f] en intégrant par partie le
Jcf’) < J(g) pour tout g E 9. On dit éga- second terme. On obtient ainsi :
lement que f est un minimum relatif faible
M[~](O) = s” O[F; -& (Fi.)] dx.
(resp. fort) de J s’il existe E > 0 tel que l’on 0
a77
VARIATIONS atcut DES
Ce qui conduit à l’équation donnée par équation différentielle du second ordre par
Euler en 1744 : sa valeur et celle de sa dérivée en un point.
Théorème 1. Une condition nécessaire Exemple 1. Lorsque la fonction F est
pour qu’une fonction f deux fois continû- indépendante de s, l’équation d’Euler-
ment dérivable soit un minimum relatif Lagrange admet l’intégrale première
faible de J est qu’elle vérifie l’équation : F ~ y’F’!, = C”.
On en déduit par exemple que, pour le
F;(x,f(x),f’(x))-$[F:.(x,f(x),f’o)] = 0. problème de la surface minimale de révo-
878
VARIATIONS cALcuL DES
sont égales.
En utilisant le théorème de Rolle, on pour toute fonction o E C. On peut donc
déduit de cette première condition qu’en écrire :
un point de discontinuité c def’ la fonction
F”,,?.,(c,f(c), y’) à un zéro. Par consé- S*Jlf](o) = s” [(P + w ‘)d
0
quent, si F”,..,..(x, ,Y, y’) est sans zéro, tout + 2(Q + w)w + Ru’~] dx
minimum de J dans ‘D’ est deux fois soit encore :
continûment dérivable.
t?Jlf](o) = [; R[ wr + “R” a]’ dx ,
Conditions de Legendre et Jacobi
Soit f un minimum relatif faible de J dans si le discriminant (Q + w)’ ~ R(P + u”)
3. Utilisant à nouveau la formule de est nul. Cette égalité nous conduit à une
Taylor, on peut écrire, toujours à des seconde condition, énoncée par Legendre
termes d’ordres supérieurs près, la varia- en 1786 :
tion de J correspondant à une variation o Thkdne 2. Une condition nécessaire
de f sous la forme : pour quefsoit un minimum relatif faible
de J est que l’on ait sur [a, h] l’inégalité :
f 1; F’(x ) Nx Y + 2 QG ) 0(x ) ~‘(x )
R(x) = F;y&f(x)X(x)) > 0.
+ R(x ) o’(x Y] dx >
Démonstrution. Supposons R négative en
où l’on a posé :
un point x0 de ]a, b[. On peut trouver un
P(x) = Fy;W-(xW@))~ intervalle [c, ci] contenant x0 sur lequel R
Q(x) = F;+d(~,J-‘(~)h reste négative. On peut supposer qu’il
R(x) = F;&,f(x),f’(x)). existe une solution de l’équation différen-
tielle (Q + IV)~ - R(P + IV’) = 0 sur cet
La fonctionnelle :
intervalle.
o - b [Po* + 2 Qoo’ + Rd*] dx On a alors l’inégalité 6*J[f](o) < 0
sL1 pour la fonction o qui intervient dans la
est une forme quadratique sur l’espace & preuve du lemme 1, ce qui est absurde.
que l’on peut interpréter comme la dérivée L’expression précédente de @Jlf] mon-
seconde @Jr] de J enf: on dira que S2Jlf] tre que, si l’équation :
est la (( variation seconde H de J en f:
(Q + WY + R(P + w’) = 0
On aainsi le résultat suivant : Une condition
nécessaire pour quef soit un minimum rela- a une solution sur [a, b], la condition
tif faible de J est que S’Jlf] soit une forme R > 0 entraîne S2J[f](o) > 0 pour toute
879
VARIATIONS cAtcut DES
variation o non nulle. C’est en partant de tions locales, la condition de Jacobi est
cette remarque que Weierstrass montra, en globale.
1879, que les conditions suivantes sont Remarque 3. Dans son important
suffisantes pour qu’une fonctionf’de ‘B soit mémoire de 1837, Jacobi mit aussi en
un minimum relatiffaible de J : évidence la propriété importante suivante
a) La fonction f est une solution de de l’équation qui porte son nom :
l’équation d’Euler&grange ; SoitJ’(x, A) une famille différentiable à
b) On a F”~,~,(.u,f(.u),f”(x)) > 0 sur un paramètre de solutions de l’équation
b, bl ; d’Euler-Lagrange telle quef(x, 0) =Y(x).
c) Il existe une solution sur [a, h] de Alors la fonction u(x) =J”h(x, 0) est une
l’équation (Q + WI)? ~ R(P + MI’) = 0. solution de l’équation de Jacobi ; autre-
Jacobi introduisit en 1837 le change- ment dit, l’équation de Jacobi correspon-
ment de variable w = - Q - Ru’/u qui lui dant à la fonction f est l’« équation
permit de transformer l’équation différen- aux variations )) de l’équation d’Euler-
880
VARIATIONS atcut DES
Il montra également que les conditions Le lemme de Morse assure que, si z est
suivantes sont suffisantes pour qu’une fonc- un point critique non dégénéré d’index p,
tionfde 3 soit un minimum relatiffirtde J : il existe un système de coordonnées locales
a) La fonction f est solution de l’équa- Y’> . ..1 y,2 avec y+) = 0 tel que l’on ait :
tion d’Euler-Lagrange ;
(y,, . . . . yn) =f(O)-y;-...
h) On a l’inégalité F”~+, y, y’) > 0 -y;+.!$+, + +.Y:;
pour tout y’ et pour tout couple (x, y) dans
un voisinage du graphe de f; ce qui montre en particulier que les
c) L’intervalle [a, b] ne contient aucun points critiques non dégénérés sont isolés.
point conjugué du point a. On peut déduire de cette expression
que, si a et h ne sont pas des valeurs
critiques de f, et si l’intervalle ]a, b[
Théorie de Morse
contient une seule valeur critique, corres-
Dans son aspect classique, la théorie de pondant à un seul point critique 2, non
Morse ne fait pas partie du calcul des dégénéré, on obtient la sous-variété
variations. Elle concerne en fait l’étude des M, = f --r (]- CO, h]) en recollant à la sous-
fonctions différentiables sur les variétés et variété M, = f -’ (]- CO, a]) une <( anse »
permet, en particulier, de donner des I)p X D”-p d’indice p, où p est l’index de
décompositions des variétés jouant en z, au moyen d’une application différenti-
topologie différentielle le rôle que jouent les able de s” ’ X D”-P dans le bord de M,,.
décompositions simpliciales en topologie La variété M, a donc le type d’homotopie
combinatoire. C’est en utilisant cette tech- de l’espace obtenu en recollant à M, une
nique que S. Smale démontra, en 1962, la cellule de dimension p. On en déduit par
conjecture de Poincaré en dimensions exemple que le q-ième nombre de Betti de
supérieures à 5. M est inférieur au nombre de points
Si f est une fonction différentiable à critiques d’index q deJ
valeurs réelles sur une variété M, on dit L’originalité de Morse fut alors de mon-
qu’un point z de M est un point critique de trer, en 1934, que, sur une variété rieman-
f s’il annule sa différentielle df, ce qui nienne M, on pouvait raisonner de façon
s’exprime, dans un système de coordon- analogue pour l’espace CI(M ; p, q) = fi
nées locales .Y,, . . . . x,, tel que xi (z) = 0, par des courbes COO par morceaux joignant p à
les conditions : q (qui est une variété banachique) et la
fonction E : Q -. R définie par :
g (0) = . = $ (0) = 0.
I n
CU
Ce point critique est non dégénéré si le
hessien Hcf) de f en z, c’est-à-dire la forme qui est différentiable sur 0.
quadratique définie par la matrice : On se trouve ici devant un problème
variationnel pour lequel les solutions de
l’équation d’Euler-Lagrange, qui sont les
points critiques de E, sont les géodésiques
est de rang maximum. L’index de z est Ccc joignantp à q (cf. Remarques 1 et 2). Le
alors le nombre de valeurs propres néga- hessien de E pour une géodésique y est la
tives du hessien. variation seconde de E en y, et y est un
881
VARIATIONS cxcut DES
882
ZÊTA FONCTION
Z
groupes et de la géométrie algébrique, qui
nous fera un jour pénétrer dans les recoins
les plus mystérieux de la « reine des
mathématiques )) (C. F. Gauss), l’étude
des nombres entiers.
ZÊTA FONCTION
infini :
883
ZÊTA FONCTION
884
ZÊTA FONCTION
permet une exposition simple et unifiée de c(a) = x(a) / a (), où x est un curactère de
tous ces travaux qui, en définitive, peuvent k:/k* (« Grossencharakter )) dans la ter-
être fondés sur la transformation de Fou- minologie de Hecke) et s un nombre
rier dans le groupe des adèles de k complexe ; deux quasi-caractères corres-
(rappelons que la propriété (6) est une pondant au même caractère x sont dits
conséquence de la formule de Poisson de équivalents ; l’ensemble des quasi-
la théorie de Fourier classique). Dans la caractères équivalents à un quasi-caractère
théorie de Tate, on considère d’une part le donné a donc une structure complexe et
groupe additif k, des adèles de k et sa l’on peut parler de (( prolongement analy-
mesure de Haar da, normalisée de sorte tique )) d’une fonction holomorphe dans
que kA/k ait pour mesure 1 ; il y a sur kA un ensemble ouvert de l’ensemble des
un caractère h : k,- T = R/Z tel que quasi-caractères.
l’application : Le théorème fondamental de Tate est
alors que, pour une fonction poids ,f
(a, b) - exp (2 rrih(ab))
donnée la fonction C- c(J c), définie
identifie k, à son dual de Pontriaguine. La seulement pour les quasi-caractères
transformée de Fourier d’une fonction d’exposant > 1, se prolonge en une fonc-
intégrable sur k, est alors donnée par : tion méromorphe sur l’ensemble de tous les
quasi-caractères ; ses seuls pôles sont le
Vf)(b) = /S(a) ev(-- 2 ~%W) da caractère trivial x0 : a - 1 et le quasi-
caractère (< module » N : a - 1a 1, avec
et on a la formule d’inversion habituelle des résidus respectivement égaux à @ *f(O)
(s(%Y,f))(a) =f(- a) sifest suffisamment et ~ p . S-f(O), où fi est le volume de
régulière. On considère d’autre part le kz/k* pour la mesure de Haar additive da.
groupe multiplicatif des idèles ka et sa Enfin, on a l’équation fonctionnelle :
mesure de Haar d*a. On appelle quusi-
caructère d e ki un homomorphisme (11) S(Lc) = S(SLQ,
continu c : ki- C* qui est kg& ù 1 sur où F est le quasi-caractère
k* (de sorte qu’il s’agit en fait d’un ?(a) = /a / (c(a)))’ (de sorte que; = c). La
homomorphisme dans C* du groupe k$,/k* démonstration est une adaptation facile de
des clusses dïdèles). Pour un tel quasi- celle de Riemann rappelée plus haut ; on
caractère c, il y a un nombre réel u bien décompose l’intégrale (10) en deux autres,
déterminé tel que l’on ait Ic(a)i =/a/u étendues respectivement aux idèles tels que
pour tout idèle a ; on dit que c’est l’expo- la1 < letauxidèlestelsque~a~ 2 l,eton
sant de c. Pour des «fonctions poids » ramène la première au domaine ) a) 2 1
f‘ : k,- C satisfaisant à certaines condi- par changement de variable et utilisation
tions de régularité, on pose alors : de la formule générale de Poisson de
l’analyse harmonique.
(10) Slf,c) = jf(a)cW*a, Pour retrouver à partir du théorème de
Tate les résultats de Hecke et de Dedekind,
intégrale qui a un sens pour tout quasi-
on spécialise la fonction poids ; on prend :
caractère d’exposant > 1.
Un quasi-caractère peut toujours
s’écrire (de plusieurs manières)
885
ZÊTA FONCTION
886
ZÊTA FONCTION
887
ZÊTA FONCTION
888
ZÊTA FONCIION
pour h > 0, de sorte que la fonction : le groupe G( 1) n’étant autre alors que le
groupe moduhire des transformations :
(27) a(s) = ( h
2 7r 1 -$ T(s) dl(s)
soit transformée de Mellin de f.Généra-
lisant la méthode de Riemann, E. Hecke a avec u, b, c et d dans Z et avec
remarqué que les propriétés (A) et (B) ad - hc = 1 ; ce groupe est le quotient de
SL(2, Z) par son centre.
suivantes sont équivalentes.
Propriété (A). La fonction : On aperçoit donc là le début d’une
étroite relation entre la théorie des repré-
sentations des groupes (du groupe GL(2)
pour commencer) et les propriétés arith-
ou E = * 1, est entière et bornée dans métiques des courbes algébriques définies
chaque C( bande >X 1 Re s 1 < a et vérifie, sur un corps de nombres, par le biais des
pour un k > 0, l’équation fonctionnelle : fonctions zêta et L attachées à ces courbes.
Propriété (B). On a :
Bibliographie
T. M. APOSTOL, Modulrrr Functions und Dirichlet
S~i@s in Number Theory, Springer, New York,
2 ’ é d . 1 9 8 9 / H . M . EDWARD~, Riemnnn~s
Lorsque Q>(s) = 5(2x), on a 6 = 1, h = 2 Zeiu Function, Acad. Press, New York-Londres,
1974 i H. J~cyu~~r B R. LANGLANDS, Autonzorphrc
et k = 1/2. Une fonction analytique dans
Form o n GL(2), Springer, Heidelberg-New
H de la forme (26), donc telle que York, vol. 1, 1970, vol. II, 1972 / S. LANG, A/,&ruic
f’(~ + A) = f (z), et vérifiant en outre (B) Numbrr Throry, 1970, rééd. Springer, 1986 /G. SHI-
MURA , I n t r o d u c t i o n t o t h e Arithmrtic T/leoq~ qf
est dite forme modulaire de dimension k et Autotnorphic Functions, Princeton Univ. Press, Prin-
de multiplicateur E pour le groupe G(h) ceton (N. J.), 1971 / E. C. TITCHMARSH, The T'hror~
engendré par les deux automorphismes of the Rimann ZL’trr-Function, Oxford Univ. Press,
Oxford, 2’ éd. 1987 / A. WEIL, Dirichkt Series und
z c--+ z + A et z - - l/~ du demi-plan H. Aufomorphic Fonns, Springer, New York-Berlin-
Le cas le plus important est celui où A = 1, Heidelberg, 197 1,
889
INDEX
Certaines ENTRÉES de cet index sont aussi des titres d’articles : dans ce cas, elles sont pré-
cédées d’une puce et suivies d’un folio (exemple : l ALGÈBRE 12).
En l’absence de puce et de folio, le mot joue seulement le rôle d’entrée d’index (exemple :
ADÈLES).
Pour plus d’informations sur le fonctionnement de l’index, voir page 9.
890
INDEX
AUTOMORPHISME
APPROXIMATIONS SUCCESSIVES CORPS 156, 160
MÉTHODES DES GROUPES - Généralités 524
DIFFÉRENTIELLES (ÉQUATIONS) 223, 235, 24Y L INÉ AIRE ET MULTILINÉAIRE ( ALGÈ BRE) 67.5
FoNcrIoNs (REPRÉSENTATION E T
APPROXIMATION DES) 374 AXIOME
ImÉmaEs (ÉQUATIONS) 605 GÉOMÉTRIE 459
MÉ TRIQUES ( ES PACES) 661
BAIRE THÉORÈME DE
ARC PARAMÉTRÉ MÉTRIQUES (ESPACES) 662
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 499
BAKER ALAN (I939- )
ARCHIMÈDE (-287.-212) DIOPHANTIENNES (ÉQLIATIONS) 27/. 274
EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 342 TRANSCENDANTS (NOMBRES) 873
GÉOMÉTRIE 458
BALAYAGE PROBLÈME Du
ARGAND PLAN D' POTENTIEL ET FONCTIONS HARMONIQUES 76'
COMPLEXES (NOMBRES) 114
BANACH ALGÈBRE DE
ARGUMENT NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
coMPLExEs (NOMBRES) 119 p-adiques 69j
EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 35/ NORMÉES (ALGÈBRES) 721. 726
891
INDEX
BARYCENTRE 63 BIRAPPORT
GÉOMÉTRIE 463
BASE D’UN ESPACE VECTORIEL
HILBERT ( ESPACE DE) 599 BIRKHOFF GEORGE DAVID (1884-l 944)
LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE (ALGÈBRE) 633 ERGODIQUE (THÉORIE) 331
BASE ORTHONORMALE BOHR HARALD (1887-1951)
GROUPES - Groupes classiques et géométrie HARMONIQUE ( ANALYSE) 588
534
HILBERT ( ES PAC E DE) 599
BOLTZMANN LUDWG (18441906)
ERGODIQUE ( THÉ ORIE) 329, 334
BÉNARD PROBLÈME DE
DÉpIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) - BOLYAI FAlUCAS (1775-1856)
Equations non linéaires 208 GÉOMÉTRIE 469
892
INDEX
893
INDEX
894
INDEX
895
INDEX
896
INDEX
897
INDEX
DISCRÉTISATION e
DIFFÉ RENT IELLES (É QUATIONS) 244
DIOPHANTIENNES ( APPROXIMATIONS) 255
FONC~IONS ( REPRÉ SENT ATION ET EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 343
APPROXIMATION DES) 377 TRANSCENDANTS ( NOMBRE~) X71
898
INDEX
a99
INDEX
900
INDEX
901
INDEX
902
INDEX
903
INDEX
904
INDEX
905
INDEX
906
INDEX
INTERSECTION JACCE
COURBES ALGÉBRIQUES 164 CONVEXITÉ - Ensembles convexes 13~
ENSEMBLE~ ( THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES) 300 DIOPHANTIENNES (APPROXIMATIONS) 259
JORDAN CAMILLE
306
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 4Y3 (1538-1921)
ALGÈBRE 14
INTERVALLE GROUPES 517
CALCUL INFINITÉSIMAL - CakUl à "De GROUPES Groupes finis 546
JORDAN MATRICE
variable 69
DE
ORDONNÉ~ (ENSEMBLES) 748
SPECIRALE ( THÉ ORIE) 819
INVARIANTS CORPS DES JORDAN-HOLDER SUITE DE
CORPS 156
GROUPES Généralités 526
INVERSION GROUPES Groupes finis 550
FONCTIONS ANALYTIQUES Représentation
JOUKOVSKI NIKOLAÏ IEGOROVITCH (I847-
conforme 442 1921)
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 505 DÉ RIVÉ ESPARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) -
INVERSION THÉORÈME D' Sources et applications 177
CALCUL INFINITÉSIMAL CakUl à p!USieLIrS KELVIN WLIAM THOMSON lord (1824-
variables ~8 1907)
INVOLUTION ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 57
GÉOMÉTRIE 464 KEPLER LOIS DE
GROUPES - Groupes classiques et géométrie CONIQUES 129
53/, 534, 539
NORMÉ ES (ALGEBRES) 726 KHINTCHINE ALEXANDRE IAKOVLEVITCH
(1894-1959)
ISOMÉTRIE DIOPHANTIENNES ( APPROXIMATIONS) 258
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 512 ERGODIQUE ( THÉ ORIE) 332
GR O U P ES - Groupes classiques et géométrie
530 KLEIN FELIX (1849-1925)
MÉTRIQUES ( ESPACES) 65/ ALGÈBRE 15
NORMÉ S ( ESPACES VECTORIELS) 736 GÉOMÉTRIE 471
CRouPEs Groupes classiques et géométrie
ISOMORPHISME 530
ANNEAUX ET ALGÈBRES 3X
EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 338 341 KLEIN GROUPE DE
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 475 GROUPES - Généralités 52/
GROUPES Généralit.% S/Y GROUPES - Groupes finis 550
LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE (ALGÈBRE) 625 KOLMOGOROV ANDREï NIKOLA'jEVITCH
NORMÉ~ (ESPACES VECTORIELS) 736 (1903.1987)
POLYNÔMÈS 757. 760 ' ERGODIQUE (THÉORIE) 334
ISOPÉRIMÉTRIQUE PROBLÈME INTÉGRATION ET MESURE 613
CONVEXITÉ Ensembles convexes 135 KONIG LEMME DE
VARIATIONS (CALCUL DES) 876 COMBINATOIRE (ANALYSE) IUY
ISOTROPE KORTEWEG & DE VRIES É QUATI ON DE
GROUPES - Groupes classiques et géométrie DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) -
53x Sources et applications 186
JACOB1 CARL ( l804- 185 1) DÉPIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) -
CALCUL INFINITÉSIMAL - Cakui à plUSieurS Equations non linéaires XIX
variables Y/ KOVALEVSKAïA SOFIA VASSILIEVNA ( l850-
DIOPHANTIENNE~ (APPROXIMATIONS) 257 1891)
FONCTIONS ANALYT IQUES - Fonctions DÉ~ÉEs PAR TIELLES (ÉQ UATIONS AUX)
elliptiques et modulaire 432 Théorie linéaire 1x7
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
algébriques 7011 KREIN-MILMAN THÉORÈME DE
VARIATIONS (CALCUL DES) 875. 880 CONVEXITÉ - Ensembles convexes 141
JACOB1 É QUATION DE KRONECKER LEOPOLD (1823-I 89 1)
VARIATIONS (CALCUL DES) 880 ALGÈBRE 16. 21
COMPLEXES (NOMBRES) 115
JACOB1 FONCTIONS DE CORPS 151
F ONCTIONS ANALYT IQUES Fonctions DIoPHANTIwNEs (APPROXIMATIONS) 2CS
elliptiques et modulaire 435 NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Nombres
algébriques 7/6
JACOBIEN DÉTERMINANT
CALCUL INFINITÉSIMAL - Calcul a plusieurs KRONECKER SYMBOLE DE
variablcs Y3 POLYNÔMES 758
907
INDEX
KRULL THÉORÈME DE F O N CT I O N S
A N A L YT I Q U E S Fonctions d'une
ANNEAUX ET ALGÈBRES 44 variable complexe 422
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 480 NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
TOPOLOGIQUE (ALGÈBRE) 855 p-adiques 6Y5
KRULL WOLFGANG (1899.1970) LEBESGUE HENRI (1875-1941)
ALGÈBRE 18 SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES 811
KUMMER ERNST EDUARD (18 1 o-1 893) LEBESGUE INTÉGRALE DE
ALGÈBRE 17 INTÉGRATION ET MESURE 617
DIOPHANTIENNES (ÉQUATIONS) 268
FERMAT (GRAND THÉORÈME DE) 355 LEBESGUE MESURE DE
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Nombres LNTÉGRATIÛN ET MESURE 6i7
algébriques 701, 710 LEGENDRE 833)
ADRIEN MARIE (1752-l
L FONCTIONS CALCUL INFINITÉSIMAL CBklll à PhlSieUI'S
NOMBRE~ (THÉORIE DES) - Théorie analytique variables 9/
682 DIOPHANTIENNES (ÉQUATIONS) 265. 268
ZÊTA ( FONCTION) 884 GAMMA (FONCTION) 453
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
LACET algébriques 701
FONCTIONS ANALYTI QUES - Fonctions d’une VARIATIONS (CALCUL DES) 875 879
variable complexe 412
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENT IELLE CLASSIQUE 515 LEGENDRE POLYNÔMES DE
ORTHOGONAUX (POLYNÔMES) 754
LAGRANGE INTERPOLATIONDE
FoNcrIoNs (REPRÉSENTATION ET LEGENDRE SYMBOLE DE
APPROXIMATION DES) 378 DIVISIBILITÉ 292
NOM BRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
LAGRANGE JOSEPH LOUIS (1736-l 8 13) algébriques 698
DIOPHAN~IENNE~ ( APPROXIMATIONS) 254
DIOPHANTIENNES (É QUATIONS) 263 LEIBNIZ GOTTFRIED WILHELM ( 1646- 17 16)
É QUATIONS ALGÉ BRIQUES 327 ENSEMBLE~ ( THÉ ORIE É LÉ MENTAIRE DES) 295
FONCTION ( NOTION DE) EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 352
FONC~IONS ( REPRÉS EN TATION ET FONCTION ( NOTION DE)
APPROXIMATION DES) 382 FONC~IONS ( REPRÉSENTATION ET
GÉOMÉTRIE 462 APPROXIMATION DES) 387
VARIATIONS (CALCUL DES) 875 877
LEJEUNE-DIRICHLET PETER GUSTAV
LAGRANGE THÉORÈME DE ) DIRICHLET PETER GUSTAV LEJEUNE-
NOMBRES ( THÉORIE DES) - Théorie analytique
67/, 673 LERAY JEAN (1906- )
DÉ RIVÉ ES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) -
LAMÉ GABRIEL (1795-l 870) Théorie linéaire IRY
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Nombres DÉPIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) -
algébriques 701 Equations non linéaires 205
LANDAU NOTATIONS DE LEVI-CIVITA TULLIO (1873-l 941)
ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 49 TENSORIEL (CALCUL) 834
LAPLACE ÉQUATI ON DE LÉVY PAUL (1886-1971)
0ÉRIvÉEs P ARTIELLE~ (É QUATIONS Aux) NORMÉ ES ( ALGÈ BRES) 724
Sources et applications 177. IX0
LIAPOUNOV ALEXANDRE MIKHAïLOVITCH
LAPLACE MÉTHODE DE (1857-1918)
ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 56, 61 DIFFÉRENTIELLES (ÉQUATIONS) 237
LAPLACE PIERRE SIMON DE (1749-1827) LIAPOUNOV MÉTHODE DE
ASYMFTOTIQUES (CALCULS) 52 DIFFÉ RENTIELLES (É QUATI ONS) 237
FoNmoNs (REPRÉSENTATION ET
APPROXIMATION DES) 382 LIBRE FAMILLE
LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE ( ALGÈBRE) 633
LAPLACE TRANSFORMATION DE
FoNcrIo~s (REPRÉSENTATION ET LIE ALGÈBRES DE
APPROXIMATION DES) 367 GROUPES - Groupes de Lie 570, 574. 577
SYMBOLIQUE (CALCUL) 828
LIE GROUPES DE
LAPLACIEN GROUPES Groupes de Lie 562
CALCIUL INFIN!TÉSIMAL - Ca!CLl! à ph&lJI? NOMBRFS (THÉORIE DES) " Nombrey
Variables 92 padiques 6 9 5
GROUPES - Groupes de Lie 581 TOPOLOGIQUE (AL GÈ BRE) 850
LAURENT SÉRIES DE LIE SOPHUS (1842-1899)
BESSEL ( FONCTIONS DE) 65 GROUPES - Groupes de Lie 562
908
INDEX
909
INDEX
910
INDEX
911
INDEX
OPÉRATEUR 681
ERGODIQUE ( THÉ ORIE) 332 ORTHOGONAUX (POLYNÔMES) 751
NORMÉ ES (A LGÈ BRES) 726
. ORTHOGONAUX Ponw3ms 751
OPÉRATEUR ADJOINT HILBERT ( ESPACE DE) 601
DIFFÉRENTIELLES (É QUATIONS) 230 OUVERT
INT EGRA LES (É QUATI ONS) 609 CALCUL INFINITÉSIMAL - CalCUl à Une
OPÉRATEUR COMPACT variable 69
INTÉGRALES (ÉQUATIONS) 608 FONCTIONS ANALYT IQUES - Fonctions d’une
variable complexe 403
OPÉRATEUR DIFFÉRENTIEL MÉ TRIQUES ( ESPACES) 654
CALCUL INFINITÉSIMAL - CakUl à PlUSieUrS NORMÉ S ( ESPACES VECTORIELS) 734. 737
variables 92 TOPOLOGIE GÉNÉRALE 843
DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) - TOPOLOGIQUE ( ALGÈBRE) 851
Théorie linéaire 187. /Y4
P-ADIQUE ANALYSE
OPÉRATEUR HYPOELLIPTIQUE FONCTIONS ANALYTIQUES 400
r&ruvÉEs PA RTI ELLES (É QUATIONS AIX) - NOMBRES (THÉ ORIE DES) - Nombres
Théorie linéaire 190, 195 p-adiques 694
OPÉRATEUR INTÉGRAL P-ADIQUE DISTANCE
INTÉGRALES (ÉQUATIONS) 605. 608 MÉ TRIQUES ( ESPACES) 652
912
INDEX
913
INDEX
914
INDEX
QUOTIENT ANNEAU
algébriques 698
ANNEAUX COMMUTATIFS 2Y RÉELS NOMBRES
ANNEAUX ET ALGÈBRES 45 CALCUL INFINITÉSIMAL - CakUl à une
QUOTIENT ESPACE VECTORIEL variable 68
LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE (ALGÈBRE) 628 coh4PLExEs (NOMBRES) 114
INTÉGRATION ET MESURE 611
RACINE D’UNE, ÉQUATION LmurE (NOTION DE)
EQUATIONS ALGEBRIQUES 323. 325 TOPOLOGIQUE (ALGÈBRE) 850
NOMBRES ( THEORIE DES) - Nombres TRANSCENDANTS (NOMBRES) 870
algébriques 697, 708
RÉFLEXION
RACINE D’UN POLYNÔME GROUPES - Groupes classiques et géométrie
COMPLEXES (NOMBRES) 116 531
ORTHOGONAUX (POLYNÔMES) 75?
POL,'NôMES 761 RÉFLEXIVE RELATION
TRANSCENDANTS ( NOMBRES) 871 ENSEMBLES (THÉ ORIE É LÉ MENT AI RE DES) 312
RACINE PRIMITIVE RÉGION INVARIANTE
DIVISIBILITÉ 291 DÉRIvÉEs PA RTIELLES (É QUATIONS AUX) -
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres Equations non linéaires 216. 2lY
padiques 6Yl
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Nombres RÉGLÉE FONCDON
algébriques 698 CALCUL INFINITÉSIMAL CalCul à "Ile
variable 74
RACINES N-IÈMES
CoMpLExEs (NOMBRES) / 19 RÉGULIER IDÉAL
GROUPES Généralités 520 NoRMÉEs (A L GÈB R E S ) 725
RADON JOHANN (1887-I 956) RELATIONS
INTÉGRATION ET MESURE 6/8 ENSEMBLES (THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES) 310
915
INDEX
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INDEX
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TABLE DES AUTEURS
Imprimé en France