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3ème Année de Licence en Chimie Analytique / UEM13/M131 : Chimie des Surfaces / Univ.

Constantine 1

Chapitre 1 : Tension Superficielle (Tension de Surface) ; (‫السطحي‬ ‫)التوتر‬

I- Introduction
I.1- Origine moléculaire
Les molécules qui se trouvent à l'intérieur d'un liquide sont
attirées uniformément dans toutes les directions par les
forces intermoléculaires qui les lient aux molécules voisines.
Par contre, les molécules de surface sont soumises à des forces non-équilibrées. Grâce à leur
champ de forces résiduel (non-compensé), les molécules superficielles vont développer des forces
plus intenses entre elles (symbolisées par les flèches horizontales) et avec les molécules de la
couche suivante (symbolisées par les flèches verticales). Il en résultera :
(i) Des liens consolidés (renforcés) entre molécules superficielles.
(ii) Une attraction des molécules superficielles vers l'intérieur de la masse liquide.
Le renforcement des forces latérales d'attraction entre les molécules de la couche superficielle et
l'attraction de celle-ci vers l'intérieur du liquide est appelé "tension superficielle".
La tension de surface exprime donc la force avec laquelle les molécules de
surface s’attirent les unes les autres.

I.2- Modèle de Young


Les forces excédentaires de la couche superficielle se transmettent en s'affaiblissant aux couches adjacentes,
sur une épaisseur de quelques Angströms, correspondant à quelques couches moléculaires, avant de
s'évanouir. Les liens intermoléculaires renforcés qui caractérisent les premières couches moléculaires
confèrent à la surface des propriétés mécaniques semblables à celles d'un film solide très fin (une couche
extrêmement mince, ‫)طبقة رقيقة للغاية‬.
Thomas Young a assimilé la couche superficielle d'un liquide à une membrane virtuelle (proche du
réel), élastique, très mince (épaisseur d'environ deux nanomètres, correspondant à une dizaine
de couches moléculaires), tendue et qui comprime le liquide qui est en-dessous.

I.3- Évidences expérimentales


Les manifestations physiques suivantes supportent le concept de tension superficielle et le modèle de Young:
 Une aiguille fine, en acier, flotte à la surface de l'eau, comme sur une surface solide, malgré une densité
plus élevée que celle de l'eau. En agitant l'eau, la tension superficielle est brisée et l'aiguille tombe.
 Certains petits insectes marchent sur l'eau sans s'y enfoncer.
 Une fourmi fournit de grands efforts pour sortir de l’eau.
 Lorsqu'il est déversé sur une feuille de papier, le mercure liquide forme spontanément des gouttes
sphériques.
 L'eau monte dans un tube capillaire en verre alors que le mercure descend. Le monde végétal (càd les
plantes) semble exploiter ce phénomène de capillarité pour transporter l'eau des racines jusqu'aux feuilles.
 Le pouvoir de l'eau au lavage augmente par ajout de savon.

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 On peut stabiliser une suspension colloïdale instable par l'ajout de substances appropriées. On peut, au
contraire, faire précipiter une suspension stable…
 Test clinique pour la détection rapide de la jaunisse.

I.4- Définition
 Considérons un cadre à 3 cotés, fabriqué simplement en pliant un fil métallique
en forme de U. Le cadre est doté (équippé) d'un fil métallique coulissant (appelé
piston). Le cadre est imbibé d'un film d'eau savonneuse (plan hachuré).
La force (F) qu'il est nécessaire d'appliquer pour étendre (étirer) le film est proportionnelle à la longueur (L)

du piston et à la tension superficielle du liquide [symbolisée par  (Gamma) ou  (Sigma)].


Sachant que 𝑳 = 𝟐 × l (2 côtés du piston, de même longueur), l'on écrira : 𝑭 =  × 2 l =  × 𝑳

 peut donc être considéré comme étant la force par unité de longueur qui s'oppose à 𝑭
= 
l'expansion du film : 𝑳
 Notons que si la longueur du piston est égale à l'unité, F et  seront égaux, en valeurs numériques :
Si L = 1 m : =F

 Le travail (w) nécessaire pour agrandir le film sur un déplacement "d" du piston
est, par définition, égal au produit de la force par la distance parcourue (d) :
𝒘 = 𝑭  𝒅 =   𝑳 𝒅 =   𝑨
𝑳 𝒅 représente la superficie, nouvellement créée du film (A=Aire=Superficie=‫)مساحة‬, càd l'augmentation
de la superficie du film. De cette relation, on déduit une autre définition de  équivalente à la précédente :
La tension superficiellereprésente le travail nécessaire pour augmenter d'une unité
la superficie d'un liquide à T, P et n constants. 𝒘
En d'autres termes, la tension superficielle est le travail nécessaire à la création = 
𝑨
d'une surface (‫)سطح‬, d'aire égale à une unité (1 m2) :
𝒅𝒘
 Pour un travail infinitésimal (infiniment petit) :  = ( 𝒅𝑨 )𝑻,𝑷,𝒏
 La tension superficielle peut également être exprimée en fonction de l'enthalpie libre (G). En effet, en
présence d'un système de surface variable, les variations de l'énergie libre dG produites lorsque la superficie
augmente de dA sont :
dG = - S.dT + V.dP + dn + dwsurface = - S.dT + V.dP + dn + dA
𝒅𝑮
 Donc, pour une variation de superficie infinitésimale, effectuée à T, P et n constants :  = ( 𝒅𝑨)𝑻,𝑷,𝒏
 Cette relation indique aussi que si un liquide ou un solide subit une variation de superficie (à T, P et n
constants), la variation de G du système est égale au travail échangé : 𝒅𝑮 = 𝒅𝒘𝒔𝒖𝒓𝒇𝒂𝒄𝒆 = 𝝈. 𝒅𝑨
Dit autrement, cette relation indique que la création de surface s'accompagne de l'accroissement de
l'enthalpie libre de surface (et inversement).

I.5- Unités de 
 Dans le système international : 𝑵. 𝒎−𝟏 ou 𝑱. 𝒎−𝟐 .
 Dans le système cgs : 𝒅𝒚𝒏𝒆. 𝒄𝒎−𝟏 ou 𝒆𝒓𝒈. 𝒎−𝟐 .
𝟑
 Facteur de conversion : 1 𝑵. 𝒎−𝟏 = 1𝟎 𝒅𝒚𝒏𝒆. 𝒄𝒎−𝟏 ; soit 1 𝒎𝑵. 𝒎−𝟏 = 𝟏 𝒅𝒚𝒏𝒆. 𝒄𝒎−𝟏.
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I.6- Potentiel chimique de surface
D'après l'équation précédente, lors de la création d'une surface libre, il y a augmentation de l'énergie libre de
ce système. On en déduit que le potentiel chimique des molécules de surfaces est supérieur à celui des

molécules de l'intérieur : 𝝁𝒔𝒖𝒓𝒇𝒂𝒄𝒆 > 𝝁𝒊𝒏𝒕é𝒓𝒊𝒆𝒖𝒓


Par conséquent, un état de plus faible surface est thermodynamiquement favorisé. Ceci explique que
les gouttes prennent spontanément une forme sphérique.

I.7- Tension interfaciale


 Une interface est une surface qui sépare deux phases. La surface libre d'un liquide pur est, en toute
rigueur, une interface "liquide-air" ou "liquide-vapeur". Mais d'autres
interfaces existent :
- Interface "liquide-liquide" : surface de contact entre deux liquides
immiscibles.
- Interface "liquide-solide" : surface de contact entre un liquide et un solide.

 Comme dans le cas de l'interface liquide-air, les molécules des interfaces liquide-liquide et liquide-solide
sont dans un état thermodynamiquement moins stable que celles de l'intérieur :

(eau)surface › (eau)intérieur et (CCl4)surface › (CCl4)intérieur

Les interfaces "liquide-liquide" et "liquide-solide" sont donc caractérisées par une tension interfaciale.

 En raison de cette tension interfaciale, on observe, à toute interface, des propriétés différentes de celles de
chaque phase. En pratique, la tension interfaciale "liquide-liquide" possède une grande importance dans le
domaine des émulsions. Les interfaces "liquide-solide" interviennent dans le mouillage et la détergence.

I.8- Étalement
 L'Énergie d'adhésion (ou Travail d'adhésion, ‫سق‬ ‫ طآ قـــة التال‬, Wadh) d'un liquide
à la surface d'un solide est le travail qu'il faut fournir pour séparer les deux
phases sur une section égale à une unité de surface (1 m2 ou 1 cm2).
Comme la séparation d'une interface sol-liq donne naissance à une surface solide et
𝐖𝐚𝐝𝐡 𝐉
une surface liquide, le travail d'adhésion sera donné par : ( ) = 𝑺 + 𝑳 − 𝑺𝑳 où S ,L etSL sont
𝑨 𝐦𝟐

les tensions des interfaces Solide/Gaz, Liquide/Gaz et Solide/Liquide, respectivement.


𝐉
En considérant que A = 1 m2 : 𝐖𝐚𝐝𝐡 ( ) = 𝑺 + 𝑳 − 𝑺𝑳
𝐦𝟐

 L'Énergie de cohésion (ou Travail de cohésion, ‫ طآ قـــة التما سك‬, Wcoh) d'un
corps liquide est le travail nécessaire pour séparer, en deux, une colonne de
𝐉
section égale à 1 unité de surface : 𝑾𝒄𝒐𝒉 (𝐦𝟐 ) = 𝟐 𝑳

 Condition d'étalement (‫)شرط السيالن ; شرط االنتشار‬


Déposons une goutte d'un liquide sur la surface plane et horizontale d'un solide. La goutte s'étalera sur la
surface si l'énergie d'adhésion est supérieure à l'énergie de cohésion : Wadh > Wcoh
Soit donc : S + LSL > 2 L ; qui se simplifie à S SL- L > 0.
Le terme de gauche est appelé coefficient d'étalement (‫)معامل السيالن‬. Il est symbolisé par S. On dira donc

que : Il y aura étalement si le coefficient d'étalement est positif : SS -SL- L > 0.

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I.9 - Angle de contact liquide/solide (‫)زاوية التال مس‬
Dans le cas où Wcoh > Wadh, le coefficient d'étalement S sera négatif et
la goutte ne s'étalera pas sur la surface. À l'équilibre, elle prendra
l'un des aspects ci-contre.
On appelle angle de contact () l'angle que fait cette goutte avec la surface.

I.10 – Mouillage (ou Mouillabilité ‫)تبلل‬


La valeur de  reflète le degré d'adhésion (on dit le "mouillage") de la goutte à la surface du solide.
On distingue les intervalles suivants :
  = 0° : Le mouillage est excellent et on assiste à l'étalement complet. En réalité, ce cas rejoint les cas où
S>0

 0 <  ≤ 90° (soit donc : 0 ≤ cos < 1) : Le mouillage est considéré bon, mais non parfait : l'énergie
d'adhésion, bien qu'inférieure à l'énergie de cohésion, n'est pas négligeable (par exemple l'eau sur du verre).

 90° <  < 180° (soit donc : -1 < cos < 0) : Le mouillage est mauvais (forte répulsion entre les deux
matériaux ; par exemple le mercure sur du verre).

  = 180°. Le mouillage est nul. Cependant, ce cas n'est jamais rencontré en pratique où la plus grande

valeur expérimentale est celle du mercure sur l'acier, pour laquelle  = 154°.

I.11- Relation de Young


  est lié aux tensions interfaciales des composés engagés dans
l'équilibre :
À l'équilibre, on peut assimiler les coefficients de tension superficielle à des vecteurs d'origine O, point de
coexistence des trois phases et tangents aux trois interfaces. L'équilibre des forces superficielles donne la
𝛔𝐬 − 𝛔𝐬𝐋
relation de Young : 𝑺 = 𝑺𝑳 + 𝑳 𝐜𝐨𝐬𝛉 ; soit donc : 𝐜𝐨𝐬𝛉 =
𝛔𝐋

  se mesure expérimentalement et il n'est pas possible de prévoir sa valeur théoriquement car 𝑺 et 𝑺𝑳

ne sont pas mesurables expérimentalement. En revanche, la mesure expérimentale de  permet de

déterminer la différence (𝛔𝐬 − 𝛔𝐬𝐋 ) et donc l'énergie d'adhésion. En considérant que A = 1 m2 :


- D'un coté : 𝑊𝑎𝑑ℎ = 𝑆 + 𝐿 − 𝑆𝐿 …………………………..…… (1)
- De l'autre coté : 𝑆 − 𝑆𝐿 = 𝐿 cosθ ……………………….………… (2)
- En substituant (2) dans (1) : 𝑾𝒂𝒅𝒉 = 𝑳 + 𝑳 𝐜𝐨𝐬𝛉 = 𝑳 (𝟏 + 𝒄𝒐𝒔𝜽)

 Les arguments sur les conditions d'étalement et la démonstration sur la relation de Young ont été effectués
pour une goutte déposée sur la surface d'un solide. Cependant, ils restent valables lorsqu'on remplace le
solide par un autre liquide immiscible avec le premier. Dans ce cas, peut être prévu théoriquement grâce à
la relation de Young.

 En toute rigueur, lorsque la surface d'accueil est un liquide immiscible


et que sa densité est supérieure à celle de la goutte, on assiste à la
formation d'une lentille (‫ )عدسة‬flottant à la surface du liquide-receveur

(liquide-réceptionnaire). Dans le cas où la goutte déposée est plus dense,


elle se déposera au fond du récipient sous forme d'un globule.

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I.12- Équation de Laplace pour les bulles, les cavités et les gouttelettes
 Considérons une bulle, constituée par de l'air emprisonné par un film très fin d'une solution
aqueuse de savon. La bulle est en équilibre sous l'influence de trois pressions :
- La pression intérieure "Pint" qui pousse à l'expansion de la bulle.
- La pression extérieure "Pext" qui pousse à la contraction de la bulle.
- La pression due à la tension superficielle "P" qui pousse aussi à la contraction de la bulle.

 La bulle étant en équilibre entre ces trois pressions, on en déduit que : P + Pext = Pint

 La pression à l'intérieur de la bulle est donc supérieure à la pression extérieure d'une valeur P égale à :
P = Pint – Pext
 Tout travail élémentaire "dw" conduisant à une augmentation du volume dV s'effectuera
contre la pression exercée par la tension superficielle (P) et s'exprimera par la relation :
dw = P  dV
- Le volume "dV" de la couronne sphérique peut être exprimé en fonction du rayon "r" et de
la variation élémentaire du rayon "dr" par la relation : dV = 4  r2 dr
- En substituant dans la relation précédente : dw = P  4  r2 dr
- Par ailleurs, la création de surface s'accompagne de l'augmentation de l'énergie libre du système :
dG =  dA =  d[(2(4  r2)] = 16 r dr)
- Comme expliqué ci-haut, l'augmentation de l'énergie libre du système est égale au travail accompli :
dw = dG
- On en déduit : P  4  r2 dr = 16  r dr
𝟒σ
- Après simplification, on obtient la relation de Laplace pour les surfaces courbes : ∆P 
𝒓
Notes :

1- L'équation de Laplace pour les bulles est parfois écrite ∆P 𝟐σ⁄𝒓, en particulier dans les ouvrages moins
récents. Il semble que cette relation soit en voie d'être abandonnée (divergence entre auteurs).

2- Par contre, dans le cas d'une gouttelette, la relation de Laplace est toujours écrite ∆P 𝟐σ⁄𝒓 car il y a
une seule interface.
3- On arrive à la même conclusion pour une cavité (bulle de vapeur emprisonnée
𝟐 σ
dans un liquide) : ∆P 𝒓

4- Dans tous les cas (bulle libre, gouttelette, cavité), lorsque r tend vers ∞, P
tend vers 0.

II- Mesure de la tension superficielle

II.1- Méthode d'arrachement (tensiomètre de DU NOÜY : méthode directe)


Un anneau de platine, plongé dans un liquide, est soutenu par le levier d'une balance
de torsion. On abaisse lentement le réservoir du liquide et on mesure la force de
l'arrachement de l'anneau de la surface du liquide. On en déduit la valeur de .

II.2- Méthode de traction d'une lame verticale (méthode directe)


Mesure directe par une balance de la force d'attraction d'une lame
métallique par un liquide.

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II.3- Méthode de la goutte pendante (méthode indirecte) : On mesure le rayon des gouttes qui se
détachent d'un tube capillaire. Le principe se base sur l'égalité :

𝑷𝒐𝒊𝒅𝒔 = 𝝈 × 𝒄𝒊𝒓𝒄𝒐𝒏𝒇é𝒓𝒆𝒏𝒄𝒆 × 𝒇𝒂𝒄𝒕𝒆𝒖𝒓 𝒄𝒐𝒓𝒓𝒆𝒄𝒕𝒊𝒇.

II.4- Méthode du tube capillaire (méthode indirecte)


Lorsqu'on plonge un tube capillaire, ouvert aux deux extrémités, dans un liquide, celui-ci "monte" (si  <

90°) ou "descend" (si  > 90 °) dans le tube d'une hauteur h qui dépend de la tension superficielle du liquide
𝟐 𝛔 .𝐜𝐨𝐬𝛉
() et du rayon intérieur du tube (r). On démontrera en cours que : 𝐡= .𝐠. 𝒓

Où  : masse volumique du liquide ; g : accélération de la pesanteur ;  : angle de contact liquide/solide.


En pratique, on mesure la dénivellation h et, connaissant les autres paramètres, on en déduit la tension
𝛒. 𝐠. 𝐫. 𝐡
superficielle  : σ =
𝟐 𝐜𝐨𝐬𝛉

Notons que 1 et 2 constituent des mesures directes, tandis que 3 et 4 des mesures indirectes.

III- Quelques caractéristiques de la tension superficielle


III.1– Valeurs typiques des tensions superficielles

Liquide eau Éthanol Phénol Acétone Toluène Hg NaCl (1080 °C) Ag (970 °C)

 (mN·m–1) à 20 °C 72,75 22,3 40,9 23,7 28,4 480 94 800

On remarque dans ce tableau :


1- De tous les solvants usuels, c'est l'eau qui possède la tension superficielle la plus élevée.

2- Les liquides organiques présentent des  compris entre approximativement 20 et 40 (mN·m–1).

3- Les liquides qui se distinguent par des forces de cohésion intenses ont tendance à avoir des 

élevés (Règle générale, mais pas systématique car d'autres facteurs influencent la valeur de ).
4- Les métaux et les sels fondus (sous leur forme liquide, à des températures forcément élevées)

présentent généralement des  très élevés.

III.2– Variation de la tension superficielle avec la température


Lorsque la température s'élève, le corps se dilate, les forces d'attraction entre ses molécules (internes
comme superficielles) diminuent. L'affaiblissement des liaisons intermoléculaires entraine la diminution de
la tension superficielle. La fonction est linéaire pour de nombreuses substances.

IV- Tension superficielle des solutions


Les solutions aqueuses ont, en général, des tensions
superficielles différentes de celles de l'eau pure.

IV.1- Solutions aqueuses d'électrolytes minéraux


Les électrolytes minéraux sont des sels minéraux tels
que Na+Cl-, K+MnO4-, K+NO3-… qui se dissocient
totalement en solution aqueuse. La tension

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superficielle des solutions aqueuses d'électrolytes minéraux augmente généralement linéairement,
mais de façon modérée, avec la concentration de l'électrolyte (courbe I de la figure ci-dessus). Ce
comportement est attribué au renforcement des liaisons intermoléculaires. En effet, les molécules de H2O et
les ions issus du minéral tissent des liens forts. L'ensemble est alors plus solidaire que dans le cas de H2O
seul. En conséquence, on observe une élévation de .

IV.2- Adsorption négative


Les cations et anions ayant une très grande affinité pour l'eau, ils auront tendance à fuir (à quitter) la surface
pour pénétrer plus profondément dans la solution pour se faire entourer par le maximum de molécules d'eau.
La concentration superficielle (dans la couche de Young) d'un électrolyte est donc généralement inférieure à
sa concentration au sein de la solution. On dit qu'il y a adsorption négative.
Adsorption = (‫; )االدمصاص أو االمتزاز‬
Négative : La conc en surface est inférieure à la conc. au sein (à l'intérieur) de la solution (𝑪𝒔𝒖𝒓𝒇𝒂𝒄𝒆 < 𝑪𝒊𝒏𝒕é𝒓𝒊𝒆𝒖𝒓 )
Certains composés organiques très hydrophiles, comme le glycérol et le saccharose, ont un comportement
semblable à celui des électrolytes minéraux, dans la mesure où ils s'adsorbent négativement et augmentent
la valeur de .

IV.3- Adsorption positive


Contrairement aux électrolytes minéraux, les composés organiques neutres ou peu ionisés (comme, par
exemple, les alcools et les acides carboxyliques de faibles masses moléculaires) s'accumulent à la surface de
l'eau. La concentration superficielle sera donc supérieure à la concentration globale : il y a adsorption
positive (𝑪𝒔𝒖𝒓𝒇𝒂𝒄𝒆 > 𝑪𝒊𝒏𝒕é𝒓𝒊𝒆𝒖𝒓 ).
L'adsorption positive s'explique par la présence d'une fonction hydrophile (OH, COOH… : grande affinité pour
l'eau) et d'une fonction hydrophobe (chaine ou cycle hydrocarboné : faible affinité pour l'eau) dans la
structure de la molécule. Les molécules de surface ont l'avantage sur celles de l'intérieur que leur fonction
hydrophile soit immergée dans l'eau alors que leur fonction hydrophobe reste en dehors de l'eau. Cette
configuration diminue l'enthalpie libre du système et sera donc plus stable que celle de la molécule immergée
en totalité. Par conséquent, il y a une distribution non-homogène des molécules de soluté, la concentration
en surface étant plus élevée que la concentration globale.
En général, les substances organiques diminuent la tension superficielle de l'eau en raison de
l'affaiblissement des liaisons entre les molécules d'eau (courbe II de la figure ci-dessus).

Notons les points suivants :


1- A concentrations égales, la diminution de  est plus importante que l'augmentation induite par les
électrolytes minéraux.
2- Les variations de  avec C ne sont pas linéaires.

3- Le terme représente la pente de la courbe  = f(C). En valeurs absolues, [𝐝𝛔⁄𝐝𝐂] diminue avec
dC

l'augmentation de C. La fonction [𝐝𝛔⁄𝐝𝐂] = 𝐟(𝐂) est décroissante.

IV.4- Isotherme d'adsorption de Gibbs-Duhem, Concentration superficielle ()


 Langmuir a démontré que les molécules adsorbées à la surface forment une couche monomoléculaire
(appelée "monocouche"), caractérisée par une concentration superficielle ().

  est définie par la relation :  = 𝐧⁄𝐀 (mol/m2).

 Pour une solution binaire, la quantité de soluté adsorbé positivement à la surface s'obtient par la relation

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−𝑪 𝒅𝝈
de Gibbs-Duhem :   𝑹𝑻 (𝒅𝑪). La représentation graphique de  = f(C) montre une augmentation

initiale rapide de  qui s'estompe pour les valeurs élevées de C et


tend vers un palier (max). Ce dernier représente la saturation de la
surface avec une monocouche.

● Notes :
−𝑪 ∆𝝈
1- Dans un intervalle réduit de C, on peut écrire :   (∆𝑪)
𝑹𝑻
𝐝𝛔
2- Comme l'adsorption est positive, < 𝟎 et donc  > 0. En toute évidence,  est toujours positif.
𝐝𝐂

𝐦𝟐 𝟏 𝟏 𝟏
3- L'aire (a) occupée par une molécule est : 𝐚 (𝐦𝐨𝐥é𝐜𝐮𝐥𝐞) = =
𝐦𝐨𝐥
[𝐦𝐚𝐱 ( 𝟐 )] 𝐍𝐀 (
𝐦𝐨𝐥é𝐜𝐮𝐥𝐞𝐬
) 𝐦𝐚𝐱 . 𝐍𝐀
𝐦 𝐦𝐨𝐥

Pour l'aniline, l'aire a été estimée par cette méthode à 23,4 (Å2/molécule), ce qui est en parfait accord avec
les analyses diffractométriques.

V- Tensioactifs
V.1- Définition
 Le même phénomène est observé pour une série d'acides carboxyliques à chaine linéaire
(CnH2n+1COOH) que pour les alcools : lorsque n augmente, la solubilité diminue tandis que l'adsorption
augmente. En conséquence : À concentrations égales, lorsque n augmente, diminue :

Composé C3H7COOH C4H9COOH C5H11COOH C7H15COOH C9H19COOH C14H29COOH


Solubilité (g/L) Très élevée 3,7 1,0 0,7 0,2 insoluble

 Pour les composés renfermant un nombre d'atomes C compris entre 1 et 8, les variations de  avec C sont
décrites par la courbe II.

 Pour n Є [9 - 14],  = f(C) est décrit par la courbe III. De tels


composés sont dits "tensioactifs".

 Pour n > 14, les composés deviennent insolubles. Lorsqu'ils sont


ajoutés en petites quantités, ils forment un film monomoléculaire à la
surface de l'eau. Ces composés sont qualifiés de "filmogéniques".

 Les tensioactifs sont des composés organiques qui ont un pouvoir marqué de
diminuer la tension superficielle de l'eau.
Ils sont caractérisés par des courbes de type III qui montrent une diminution brusque de  dès les plus
faibles concentrations et qui se terminent par un palier presqu'horizontal.

V.2- Caractéristiques
 Les termes suivants sont des synonymes de tensioactifs :
Agents de surface, Surfactants, Détergent.
 Les molécules tensioactives sont constituées d'une partie
hydrophobe volumineuse (longue chaine carbonée, noyau benzénique…) et une partie hydrophile plus
petite [(groupement polaire tel que ─COOH, ─OH, ─NH2, ─CONH, ─O─) ou groupement ionique tel que
─COO-, ─SO3- , ─OSO3-, ─N(CH3)3+…] située à l'une des deux extrémités de la molécule.

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 La partie hydrophobe est lipophile (càd qu'elle a une bonne affinité
pour les lipides : huiles et solvants organiques). Par conséquent, les
tensioactifs sont dits amphiphiles (doublement amis).

 Formation de micelles
Une fois la surface saturée, les nouvelles molécules de tensioactifs ajoutées se rassemblent
au sein de la solution par petits groupes de quelques dizaines pour former des micelles.
Dans une micelle, les chaines carbonées (parties hydrophobes) se lient entre elles par des
liaisons intermoléculaires en formant le cœur de la micelle, tandis que les groupements
hydrophiles sont dirigés vers l'extérieur, formant une enveloppe polaire soluble dans l'eau.
Une micelle est un agrégat (un ensemble) moléculaire de dimension colloïdale
("Diamètre" ou "longueur" compris entre 1 et 1000 nm).

Notons que la formation de micelles est un processus d'auto-organisation spontané.

 Forme des micelles


On distingue différents types de micelles : sphériques, cylindriques ou lamellaires.
Les sphériques existent en solution diluées. En solutions concentrées, elles adoptent
une structure lamellaire (structure en couche).

 Concentration Micellaire Critique (C.M.C)

Le début du palier de la courbe = f(C) correspond au début de la formation de micelles.


La concentration correspondante s'appelle la Concentration Micellaire Critique (C.M.C).
La CMC est donc définie comme étant la concentration à partir de laquelle
commence la formation de micelles.
La valeur de la CMC dépend de plusieurs paramètres : structure du tensioactif, composition
de la solution (présence de sels, d'alcools ou autres additifs), Température, Pression…
La CMC varie dans un domaine de concentrations très large, d'environ 10-4 M à environ 10-2 M.

 Équilibre "monomère — micelles". Il faut bien noter que :


- Aux concentrations inférieures à la C.M.C, le tensioactif existe sous la forme exclusive de
monomères, càd des molécules libres.
- Au-dessus de la C.M.C, il existe un équilibre dynamique entre les monomères en surface, les
monomères immergés dans la solution et les micelles (molécules liées entre-elles) :

𝑴𝒐𝒍é𝒄𝒖𝒍𝒆𝒔 𝒂𝒅𝒔𝒐𝒓𝒃é𝒆𝒔 ⇆ 𝑴𝒐𝒍é𝒄𝒖𝒍𝒆𝒔 𝒍𝒊𝒃𝒓𝒆𝒔 (𝒔𝒐𝒍𝒖𝒃𝒊𝒍𝒊𝒔é𝒆𝒔) ⇆ 𝑴𝒊𝒄𝒆𝒍𝒍𝒆𝒔 (𝑴𝒐𝒍é𝒄𝒖𝒍𝒆𝒔 𝒍𝒊é𝒆𝒔 𝒆𝒏𝒕𝒓𝒆 𝒆𝒍𝒍𝒆𝒔)

Affirmer que l'équilibre est dynamique veut dire qu'à tout instant, certaines micelles éclatent et libèrent leurs
molécules tandis que d'autres micelles se forment, dans d'autres régions de la solution, pour les remplacer.

V.3- Détergence
 Définition
Au sens ordinaire du terme, la détergence signifie le lavage ou le nettoyage des surfaces solides.
La détergence est un processus par lequel des salissures collées à une surface solide sont détachées et mises
en solution ou en suspension. Les salissures sont généralement formées de matières grasses et le solide peut
être un tissu, un métal, une peau, de la céramique ou du verre.

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 Mécanisme
Le mécanisme de lavage est très complexe. Il dépend de la nature de la salissure et de la nature du
tensioactif. Nous présentons ici un mécanisme simplifié, comprenant les trois principales phases :

● Mouillage de la salissure et du support

L'eau déplace difficilement la graisse à cause de la valeur élevée


de la tension interfaciale "eau-graisse". Le tensioactif ajouté
s'adsorbe à la graisse de telle façon que sa partie lipophile soit
immergée dans la graisse, tandis que sa partie hydrophile émerge
à l'extérieur de la tache graisseuse (schéma a). L'enveloppe
constituée par le tensioactif est hydrophile. Elle réduit la tension
interfaciale eau/graisse et donc améliore le mouillage de la
graisse par l'eau (l'angle de contact diminue).

En définitive, en enveloppant la graisse, le tensioactif améliore l'affinité "eau-salissure".

● Rupture de la liaison "salissure-support" et déplacement (détachement) de la salissure par une


action chimique conjuguée à une action mécanique.

Le détachement de la salissure par la seule action chimique du détergent et sa mise en suspension peuvent
être lents. Ils sont accélérés par le frottement qui est une action mécanique.

● Maintien de la salissure en suspension grâce au film superficiel et à la couche de tensioactifs


adsorbée à la surface du support (schéma b). Comme les tensioactifs sont généralement ioniques, les
micelles sont chargées, ce qui empêche leur coagulation et leur re-déposition.

V.4- Les différents types de tensioactifs


Il y a quatre grandes classes de tensioactifs :
V.4.1– Les anioniques : Le groupe polaire porte une charge négative.
Les grandes familles de tensio-actifs anioniques sont :

i) Les sels des acides carboxyliques


Ils sont préparés par saponification des corps gras ou par neutralisation d'acides
gras. On leur réserve le nom de "savons" pour des raisons historiques. Ils se
présentent à l'état solide (savons de sodium, comme par exemple le palmitate
de sodium [𝑪𝑯𝟑 (𝑪𝑯𝟐 )𝟏𝟒 𝑪𝑶𝑶− 𝑵𝒂+ ]) ou pour des applications particulières à
l'état liquide ou pâteux (savon de potassium, d'ammonium, de
triéthanolamines). On peut citer : le Laurate (C12), le Myristate (C14), le
Stéarate (C18) et l'Oléate (C18) de Sodium ou de Potassium.
Les savons sont peu coûteux, stables en milieu alcalin, mais présentent l'inconvénient de précipiter avec des
cations alcalino-terreux. L'utilisation des séquestrants permet maintenant d'éviter cette sensibilité aux eaux
dures. Cependant, il existe aujourd'hui de nombreux anioniques ne présentant
pas ce défaut qui sont souvent retenus de préférence aux savons.

ii) Les dérivés sulfonés


Les alkylbenzènes sulfonates (ABS) sont les premiers détergents anioniques
synthétiques à être fabriqués industriellement. La chaine alkyle comprend
généralement entre 10 et 13 atomes de carbone. Les ABS sont progressivement

10
abandonnés en raison de leur biodégradabilité difficile, liée à la structure ramifiée de la chaine alkyle.

Pour répondre aux législations relatives à la biodégradabilité, de


nouveaux procédés permettant la production d'alkylbenzènes à chaine
linéaire, ont été mis au point. Leur sulfonation conduit aux
alkylbenzènes sulfonates linéaires (LAS : Linear Alkyl Sulfonates).

iii) Les dérivés sulfatés


On les obtient en traitant l'alcool correspondant par l'acide
sulfurique H2SO4. Les sulfates d'alcools gras sont en général
de bons mouillants, de bons moussants, aux propriétés tensio-
Laurylsulfate de sodium (LSS) ou
actives très actives (classé comme tensioactif anionique fort). Dodécylsulfate de sodium (SDS)

iv) Les dérivés phosphatés


Ils ont un excellent pouvoir dispersant.

V.4.2– Les cationiques


Le groupe polaire porte
une charge positive.
En général, ce sont des
dérivés d’ammonium quaternaires tels que le chlorure de
cétyltrimethylammonium ci-contre.

V.4.3– Les amphotères : Ce sont des composés dont la charge


dépend du pH. En milieu acide, ils se comportent comme des
tensioactifs cationiques tandis qu’en milieu basique, ils sont chargés
négativement. Pour des pH intermédiaires, ils peuvent présenter
une structure bipolaire et se comporter alors comme un tensioactif non ionique.
Par exemple, les bétaînes sont des composés neutres avec un groupe
cationique et un groupe anionique qui ne sont pas adjacents l'un à l'autre.
Les tensioactifs amphotères sont très doux et utilisés dans les
shampooings et autres produits cosmétiques. On dit qu'ils sont équilibrés
au pH.

V.4.4– Les non-ioniques :


Ils possèdent des groupes polaires non-ionisables en solution aqueuse
(alcool, amine, éther, ester...) contenant des hétéroatomes (N ou O). La
solubilité dans l’eau est assurée par la formation de liaisons hydrogène
entre les molécules d’eau et certaines fonctions de la partie hydrophile.
La structure du Nonoxinol 9 (N-9) est donnée ci-contre. Le
nonoxynol-9 est utilisé dans les mousses à raser. Il aide à
décomposer les huiles cutanées qui protègent normalement les poils
de l'humidité, poils qui deviennent alors humides et plus simples à
raser. De nombreux autres composés apparentés au N-9 sont
utilisés dans des produits de nettoyage et cosmétiques.

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3ème Année de Licence en Chimie Analytique / UEM13/M131 : Chimie des Surfaces

Chapitre 2 : Adsorption à la surface d'un solide ‫االدمصاص على سطح صلب‬


I- Introduction
I.1- Objectif
Après l’étude des processus qui se produisent aux interfaces liquide-liquide dans le chapitre précédent, nous
abordons dans ce chapitre l'étude des interfaces du type solide-gaz et solide-liquide. La phase fluide peut
être pure (un seul constituant) ou bien une solution de deux ou plusieurs constituants.

I.2- Évidence expérimentale


Comme vous l'avez constaté en TP, lorsqu'on introduit du charbon actif dans une solution d'acide acétique, la
concentration de l'acide acétique dans cette solution diminue. La raison de cette diminution réside dans la
fixation d'une partie des molécules d'acide acétique à la surface du charbon. Comme il a été vu au chapitre
précédent, la fixation en surface s'appelle l'adsorption. Elle se distingue de l'absorption dans laquelle le
soluté pénètre en profondeur à l'intérieur du solide. Dans cette expérience, l'adsorption concerne un soluté
(l'acide acétique) dissous dans un solvant (l'eau).
L'adsorption n'est cependant pas restreinte aux solutés. Elle peut également
s'effectuer à partir de la phase gazeuse. En effet, si on introduit du charbon
dans un cylindre renfermant de l'azote (N2) gazeux, on constate que la
pression de N2 à l'intérieur du cylindre diminue, à cause précisément de son
adsorption sur le charbon.
La fixation d'un composé à la surface d'un solide peut être mise en Interface Gaz/solide

évidence par spectrophotométrie InfraRouge.

I.3- Définitions
Avant de poursuivre plus loin, rappelons d'abord les définitions des termes les plus fréquemment utilisés :
 Adsorption : C'est la fixation des molécules d'un gaz, d'un liquide ou d'un soluté à la surface d'un
matériau. Dans ce chapitre, nous étudierons l'adsorption à la surface des matériaux solides.
 Désorption : C'est le processus inverse de l'adsorption : une molécule adsorbée se détache de la surface
(se libère) pour rejoindre la phase gazeuse ou liquide.
 Adsorbant : Matériau solide qui retient les molécules du gaz ou du soluté.
 Adsorbat : Le gaz ou le soluté qui se fixe sur le solide.

 Surface spécifique (ou Aire spécifique Asp ; Specific surface area ; ‫)المساحة السطحية الكتلية‬

L'Aire spécifique, ou la surface spécifique, désigne l'aire (la superficie) disponible pour la fixation
de l'adsorbat. Elle est exprimée en m2/g.

II- Applications de l'adsorption

II.1- Différents processus de surface


En pratique, de nombreux processus peuvent se produire à la surface des solides. Il peut s’agir de simples
processus physiques (tels que l'adsorption, la dissolution ou l’évaporation) ou de véritables réactions
chimiques (comme la corrosion, la catalyse hétérogène ou les processus d’électrodes). Ainsi, l’étude des
réactions de surface est importante puisqu’elle possède de nombreuses applications, aussi bien en phase
liquide qu'en phase gazeuse.

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II.2- Environnement
L'adsorption est un traitement efficace pour extraire les matières indésirables présentes dans un fluide
(liquide ou gaz). Dans ce procédé, le charbon actif est le solide le plus fréquemment utilisé. La technique est
comparable à une filtration et elle est souvent appelée "filtration sur charbon".
Plusieurs techniques ont été développées pour fabriquer du charbon actif présentant une surface interne très
grande (entre 500 et 1500 m2/g).

Le charbon actif est souvent utilisé pour extraire :


(i) Les micropolluants organiques, tel que les phénols, les hydrocarbures saturés, les pesticides, les
tensioactifs... Certains de ces composés sont peu solubles dans l'eau et l'adsorption constitue alors un
procédé particulièrement commode pour leur élimination car le partage du polluant entre les phases liquide
et solide s'effectue largement en faveur du solide. D'autres sont difficilement oxydables par l'ozone.
(ii) Les métaux lourds, tel que le chrome, le plomb, le mercure…

L'extraction de ces polluants se rencontre dans les domaines suivants :


 Traitement de l’air : Ce procédé consiste à éliminer par adsorption les substances potentiellement
dangereuses ou nocives de l’air :
• Purification de l'air, comme l'assainissement des salles d'opération médicale,
• Déshydratation (lorsqu'il y a nécessité de maintenir une atmosphère sèche),
• Désodorisation de l'air (suppression des substances responsables de mauvaises odeurs, sans être
forcément nocives
• Masques à gaz (Protection des ouvriers, pompiers, soldats, techniciens de laboratoires…, contre les
substances chimiques ou biologiques (bactéries, virus...) nocives).
 Traitement d'affinage de l’eau potable : C'est la purification de l’eau destinée à la consommation
humaine, dans les applications domestiques ou municipales. Qu'il s'agisse du charbon en granulés (grains)
ou en poudre, le traitement s'avère extrêmement efficace pour éliminer un grand nombre de substances
organiques présentes à l'état de traces dans l'eau mais qui génèrent un gout, une odeur ou une couleur
désagréable.
 Traitement tertiaire des eaux usées : C'est l'abattement de substances potentiellement dangereuses
ou nocives des eaux industrielles ou des eaux résiduaires urbaines. Ce traitement est destiné à préserver les
milieux aquatiques de l'environnement, càd à protéger la faune et la flore.

II.3- Industrie

 Industries alimentaires, chimiques ou pharmaceutiques : L'adsorption est utilisée comme procédé de

purification ou décoloration d’une grande variété de produits alimentaires (raffinage du sucre, huiles
végétales), de produits chimiques ou de produits pharmaceutiques.

 Production de gaz industriels : Production de O2 et N2, par Fractionnement de l'air. (a) sur charbon
actif, qui retient O2 et laisse passer N2…) ; (b) sur zéolithe, qui retient N2 et laisse passer O2.

 Récupération des Composés Organiques Volatils. La désorption thermique de l'adsorbant (utilisé pour
traiter les émanations gazeuses d'une usine) permet de récupérer les Composés Organiques Volatils (càd les
solvants industriels volatils, comme le benzène, l’acétone, le chloroforme, le tétrachlorure de carbone…, et de
les valoriser (en les recyclant).

 Adoucissement de l'eau : Élimination des cations (principalement Mg++ et Ca++) présents dans les eaux
par des résines échangeuses de cations (voir TP). Production d'eau pure, utilisée en chromatographie (HPLC)
dont le degré de pureté est bien supérieur à celle de l'eau distillée.

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II.4- Médical
Traitement des intoxications et diverses pathologies par le charbon actif en poudre. Incorporation de tissus
de charbon actif dans les pansements, les filtres à odeurs et les masques à gaz. Cependant, les performances
des filtres à charbon actif dépendent de la température, ainsi que du composé à adsorber.

II.5- Analyse chimique : Dans la chromatographie d'adsorption, la séparation des constituants d'un
mélange se base sur l'adsorption compétitive.

II.6- Catalyse hétérogène (‫متجانس‬ ‫)تحفيز غير‬


Dans presque tous les cas, en catalyse hétérogène, un composé à l'état solide (le catalyseur) est ajouté au
milieu liquide ou gazeux pour accélérer une réaction. Cette dernière a lieu à l'interface entre le solide et
le fluide. Par conséquent, plus la surface du solide est grande, plus le catalyseur sera efficace et plus la
réaction sera rapide. Pour cette raison, les catalyseurs se présentent très généralement sous la forme
de poudre ou grains très fins car ceux-ci présentent des surfaces spécifiques très importantes.
Comme les catalyseurs coutent en général très chers, ils sont souvent déposés en fine couche sur des grains
d'un matériau moins cher, ce qui permet de réduire la quantité utilisée (et donc le cout). Le matériau utilisé
pour atteindre cet objectif est appelé le support. Il procure la résistance mécanique nécessaire au catalyseur
tout en évitant d'avoir des grains entièrement faits de matériau catalytique. À cet effet, l'alumine (entre
autres), qui est doté d'une grande surface spécifique, peut constituer un excellent support.

III- Adsorption physique et Adsorption chimique

III.1- Mode de fixation des composés à la surface d'un solide

La rétention d'un substrat à la surface d'un solide résulte du développement de forces d'attraction entre le
substrat (gaz ou liquide) et le solide. Les forces de cohésion à l'intérieur d'un solide sont importantes,
puisque ce sont ces forces qui assurent la rigidité du solide. Or, comme expliqué au chapitre précédent sur la
tension superficielle, les molécules, les ions ou les atomes qui constituent le solide et qui se situent à la
surface ont des affinités non-compensées. Il existe donc un champ de forces moléculaires à la surface du
solide qui rend ce dernier capable d'exercer des forces attractives considérables sur les molécules étrangères
qui se trouvent à son voisinage direct.

Les atomes, ions ou molécules qui se trouvent à la surface d'un solide créent un champ de forces
attractif, capable de fixer des espèces chimiques. La fixation de ces espèces à la surface du solide
résulte de liaisons moléculaires (covalentes ou ioniques) ou intermoléculaires (Van der Waals,
dont font partie les liaisons H). Selon la nature des forces d'attraction entre l'adsorbant et
l'adsorbat, on distingue deux types d'adsorption : l'adsorption physique et l'adsorption chimique.

III.2- Définition
III.2.1- Adsorption physique (ou Physisorption)
Lorsque les liaisons qui s'exercent entre la surface du solide et les molécules adsorbées sont de nature
électrostatique (type Van der Waals, y compris les liaisons H), l'adsorption est dite physique. Elle est alors
abrégée à physisorption.
Adsorption physique = fixation par des forces électrostatiques (type Van der Waals).

III.2.2- Adsorption chimique (ou chimisorption)


Contrairement à l'adsorption physique, la chimisorption est le résultat de la formation de liaisons covalentes,
ioniques ou métalliques entre le substrat et le solide.
Adsorption chimique = fixation par formation de liaisons chimiques, covalentes ou ioniques.

14
III.3- Principales différences entre l'adsorption physique et l'adsorption chimique
III.3.1- État de la molécule adsorbée
Dans l'adsorption physique, il n'y a ni rupture de liaisons existantes, ni formation de
liaisons nouvelles. La structure de la molécule adsorbée n'est modifiée que
légèrement, de sorte que l'on peut considérer que la molécule adsorbée
conserve pratiquement intacte sa structure d'origine. La physisorption est
d'ailleurs souvent comparée à la condensation d'un gaz en liquide.
À l'inverse, dans l'adsorption chimique, on assiste généralement à la rupture de quelques liaisons présentes
initialement dans l'adsorbat et à la formation de nouvelles liaisons entre l'adsorbat et l'adsorbant. Dans les
exemples ci-dessous, on observe la chimisorption de l'éthylène sur le platine (qui s'accompagne de la rupture

de la liaison ) et l'adsorption dissociative de l'hydrogène sur la surface du nickel.

De gauche à droite : physisorption/état de


transition/chimisorption

À travers ces deux exemples, on voit que l'adsorption chimique amène donc de grandes modifications de la
distribution électronique et des liaisons de la molécule adsorbée. Elle est alors considérée comme une
véritable réaction chimique qui conduit à la formation d'un composé superficiel différent du composé qui lui a
donné naissance (formation d'un composé chimique nouveau à la surface).

III.3.2- Chaleur d'adsorption


• Les phénomènes d'adsorption sont spontanés et s'accompagnent très généralement d'un dégagement de
chaleur, càd que la variation de l'enthalpie d'adsorption est négative.
• Dans l'adsorption physique, les chaleurs d'adsorption mises en jeu sont de l'ordre de grandeur des
chaleurs de condensation d'un gaz en liquide car les deux processus sont comparables. Elles sont
généralement inférieures à 40 kJ/mol.
• Les adsorptions chimiques ont des chaleurs d'adsorption comparables à celle des réactions chimiques
ordinaires. Elles sont supérieures à 80 kJ/mol et peuvent atteindre plus de 600 kJ/mol.

III.3.3- Influence de la température


• Lorsque la température augmente, la quantité d'un gaz adsorbé physiquement diminue. Cette
observation est expliquée comme suit : lorsqu'on chauffe le système, l'énergie cinétique des molécules
adsorbées (adsorbat) augmente. Cela veut dire que l'agitation thermique augmente et que les forces
d'adhésion de Van der Waals diminuent, ce qui provoque la libération d'une partie des molécules adsorbées.
Au final, on observe que la quantité adsorbée diminue.
La physisorption est donc favorisée par les basses températures.
• Par contre, l'adsorption chimique peut avoir lieu à hautes températures car une élévation de T.
peut (dans certains cas) renforcée les liaisons chimiques.

III.3.4- Réversibilité
• La physisorption est un processus réversible, confirmé par l'expérience. En effet, en diminuant la
pression et/ou en augmentant la température, on arrive à rompre facilement les faibles liaisons de Van der
Waals et à libérer la molécule adsorbée sans modification de structure.

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• La chimisorption est souvent réversible, mais parfois irréversible. Quelquefois, le gaz désorbé n'est
pas le même que celui qui a été adsorbé. Exemple : après adsorption de O2, le charbon actif désorbe (libère)
un mélange de O2, CO et CO2 (à T > -70 °C).

III.3.5- Spécificité de l'adsorption


• L'adsorption physique est peu spécifique car les forces de Van der Waals qui la caractérisent ne sont
pas orientées et sont peu spécialisées : elles peuvent se développer entre la surface d'un solide tel que le
charbon actif et pratiquement n'importe quel composé qui se trouverait à son voisinage car c'est la polarité
(la charge électrique) qui importe et pas la nature de l'atome ou du groupe d'atomes qui la porte.
• L'adsorption chimique est spécifique car elle nécessite que l'adsorbant et l'adsorbat puissent
développer des liaisons covalentes ou ioniques. Elle ne peut donc se produire que si la nature chimique de
l'adsorbant et l'adsorbat leur permet de s'associer par création de liaisons chimiques.

III.3.6- Multiplicité de la couche adsorbée


• Il existe des évidences expérimentales que l'adsorption physique
peut conduire à la formation d'une couche monomoléculaire dans
certains cas (appelée "monocouche") et à des couches adsorbées
épaisses de plusieurs molécules superposées ("polycouches").
• L'adsorption chimique se fait, par définition, en monocouche. La chimisorption est complète quand la
surface est totalement recouverte d'une couche adsorbée monomoléculaire. Cependant, une ou plusieurs
couches adsorbées physiquement peuvent se former au-dessus de la couche chimisorbée.

III.3.7- Détermination expérimentale du type d'adsorption


 Lorsqu'on se propose d'étudier un système adsorbant/adsorbat (gaz ou corps dissous), il n'est pas possible
de savoir à l'avance (de prédire) si l'adsorption sera physique ou chimique. Seule une étude expérimentale
pourra le déterminer. Ce sont les caractéristiques de l'adsorption, déterminées expérimentalement, en
particulier la Chaleur d'adsorption Hads pour les gaz, qui permettent généralement de classer un
processus d'adsorption dans l'une ou l'autre des deux catégories.
 Même si une étude expérimentale relativement simple permet de classer en physisorption ou chimisorption
la grande majorité des processus d'adsorption, il convient de noter, néanmoins, que des cas existent où il est
difficile de définir nettement le type d'adsorption.
 Notons enfin que les deux types d'adsorption ne sont pas exclusifs l'un de l'autre. Il existe des cas dans
lesquels le même système présente une adsorption physique à basse température et une adsorption
chimique à température élevée. Ainsi, l'azote (N2) est adsorbé physiquement à la surface du fer à -190 °C et
chimiquement à 500 °C, avec formation de nitrures de fer superficiel.
Un tableau, résumant les différences entre les deux types d'adsorption citées ici, vous est dispensé.

IV- Capacité d'adsorption


IV.1- Définition
Généralement, l'objectif principal d'un procédé industriel d'adsorption est de retenir la plus grande quantité
possible d'un substrat (par exemple un contaminant, des réactifs...) dans le minimum de temps possible. Il y
a donc un aspect qui concerne la "capacité d'adsorption" de l'adsorbant considéré et un autre qui concerne
la "cinétique d'adsorption", càd la vitesse avec laquelle l'adsorbat rejoint le site de fixation.
Définition : La capacité d'adsorption d'un adsorbant est la quantité d'adsorbat que cet adsorbant
peut retenir à sa surface, dans des conditions expérimentales déterminées.
Note : Bien qu'elle représente une propriété importante des adsorbants, la cinétique d'adsorption ne sera
pas développée dans ce cours.

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IV.2- Paramètres influençant la capacité d'adsorption
La capacité d'adsorption d'un matériau adsorbant est influencée par un grand nombre de paramètres. Dans
les § suivants, nous en détaillerons uniquement les principaux, en l'occurrence :
1- Les conditions opératoires.
2- la surface spécifique, qui est elle-même fonction de la taille des particules et de la texture de
l'adsorbant.
3- La nature chimique de l'adsorbat et de l'adsorbant.
4- La forme et/ou la taille des molécules de l'adsorbat.

IV.3- Influence des conditions opératoires.


(i) Masse d'adsorbant
En toute évidence, la quantité d'adsorbat retenu dépend de la masse du solide utilisée : plus la masse
d'adsorbant utilisée est grande, plus la quantité d'adsorbat extraite sera grande.
Par conséquent, pour comparer la capacité d'adsorption de divers matériaux adsorbants, on doit ramener la
masse totale adsorbée à l'unité de masse de l'adsorbant, en la divisant par la masse de solide utilisée :
𝒎𝒂𝒅𝒔𝒐𝒓𝒃𝒂𝒕 [𝒎𝒂𝒔𝒔𝒆 𝒕𝒐𝒕𝒂𝒍𝒆 𝒂𝒅𝒔𝒐𝒓𝒃é𝒆 (𝒆𝒙𝒑é𝒓𝒊𝒎𝒆𝒏𝒕𝒂𝒍𝒆)]
𝒚 (𝒎𝒂𝒔𝒔𝒆 𝒂𝒅𝒔𝒐𝒓𝒃é𝒆 𝒑𝒂𝒓 𝒖𝒏𝒊𝒕é 𝒅𝒆 𝒎𝒂𝒔𝒔𝒆) =
𝒎𝒔𝒐𝒍𝒊𝒅𝒆 (𝒎𝒂𝒔𝒔𝒆 𝒆𝒙𝒑é𝒓𝒊𝒎𝒆𝒏𝒕𝒂𝒍𝒆 𝒅𝒖 𝒔𝒐𝒍𝒊𝒅𝒆)
Ou bien, ce qui revient au même :
𝒏𝒂𝒅𝒔 [𝒏𝒐𝒎𝒃𝒓𝒆 𝒕𝒐𝒕𝒂𝒍 𝒅𝒆 𝒎𝒐𝒍𝒆𝒔 𝒂𝒅𝒔𝒐𝒓𝒃é (𝒆𝒙𝒑. )]
𝒚 (𝒏𝒐𝒎𝒃𝒓𝒆 𝒅𝒆 𝒎𝒐𝒍𝒆𝒔 𝒂𝒅𝒔𝒐𝒓𝒃é𝒔 𝒑𝒂𝒓 𝒖𝒏𝒊𝒕é 𝒅𝒆 𝒎𝒂𝒔𝒔𝒆) =
𝒎𝒔𝒐𝒍𝒊𝒅𝒆 (𝒎𝒂𝒔𝒔𝒆 𝒆𝒙𝒑é𝒓𝒊𝒎𝒆𝒏𝒕𝒂𝒍𝒆 𝒅𝒖 𝒔𝒐𝒍𝒊𝒅𝒆)
L'unité exprimant la capacité d'adsorption dans les laboratoires d'analyse chimique est donc le mg/g ou le
mmol/g (que l'adsorption se fasse à partir d'une phase gazeuse ou d'un liquide). Lorsque l'adsorption se fait
à partir de la phase gazeuse, on peut utiliser le "ml de gaz (CNTP)/g".
𝒏𝒂𝒅𝒔 [𝒗𝒐𝒍𝒖𝒎𝒆 𝒕𝒐𝒕𝒂𝒍 𝒅𝒆 𝒈𝒂𝒛 𝒂𝒅𝒔𝒐𝒓𝒃é (𝒆𝒙𝒑é𝒓𝒊𝒎𝒆𝒏𝒕𝒂𝒍)]
𝒚 (𝒗𝒐𝒍𝒖𝒎𝒆 𝒅𝒆 𝒈𝒂𝒛 𝒂𝒅𝒔𝒐𝒓𝒃é 𝒑𝒂𝒓 𝒖𝒏𝒊𝒕é 𝒅𝒆 𝒎𝒂𝒔𝒔𝒆) =
𝒎𝒔𝒐𝒍𝒊𝒅𝒆 (𝒎𝒂𝒔𝒔𝒆 𝒆𝒙𝒑é𝒓𝒊𝒎𝒆𝒏𝒕𝒂𝒍𝒆 𝒅𝒖 𝒔𝒐𝒍𝒊𝒅𝒆)

(ii) Température, Pression du gaz ou concentration d'une solution : Voir § "isotherme d'adsorption".

Notez bien l'expression "dans des conditions expérimentales déterminées" utilisée dans la définition de la
capacité d'adsorption. Elle signifie que la capacité varie en fonction des conditions opératoires. Par
conséquent, elle ne peut être définie qu'en termes relatifs, contrairement aux résines où l'on définit une
capacité maximale de manière absolue. La raison à cela est exposée dans les § suivants.

IV.4- Influence de la surface spécifique (Aire spécifique, Asp)


Il est démontré expérimentalement (et le simple bon sens le montre clairement) que :
Pour être efficace, un adsorbant doit présenter une grande surface pour une masse donnée (on

utilise le gramme dans les laboratoires et le kg dans l'industrie). Ce qui veut dire que sa surface

spécifique (exprimée en m2/g ou en m2/kg) doit être élevée.

À son tour la surface spécifique dépend de :

(i) La taille des particules :


Pour une même masse d'un matériau solide donné, plus la taille des particules diminue, plus la
surface spécifique augmente et plus la capacité d'adsorption augmente.
Prenons l'exemple du charbon. Ce matériau est commercialisé sous différentes formes, différant
principalement par leurs granulométries (taille des grains). Bien qu'il existe une infinité de variantes de

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charbons, ceux-ci sont classés approximativement en trois catégories, la classification étant basée sur leurs
tailles, formes et texture (voir les photos présentés sur un fichier séparé).

1- Le Charbon Actif Extrudé se présente sous la forme de bâtonnets (± cylindriques, avec des diamètres
allant de 0.8 mm à 5 mm). Les bâtonnets ressemblent à une allumette que l'on aurait découpé en plusieurs
petits morceaux.

2- Le Charbon Actif en Grain (CAG) se présente sous la forme de particules de formes irrégulières (±
rondes), de tailles comprises entre approximativement 0.2 mm à 5 mm (tailles comparables à celles des
grains de sable).

3- Le Charbon Actif en Poudre (CAP) : Le charbon est pulvérisé en grains extrêmement petits, de tailles
inférieures à 0.18 mm (comparables à celles des grains de la farine, sucre-glace...).

En supposant qu'aucun charbon parmi ces catégories ne soit poreux, on observera que la surface spécifique
du CAP est supérieure à celle du CAG qui est à son tour supérieure à celle des bâtonnets :

𝑨𝒔𝒑 (𝑪𝑨𝑷) ≫ 𝑨𝒔𝒑 (𝑪𝑨𝑮) ≫ 𝑨𝒔𝒑 (𝒃â𝒕𝒐𝒏𝒏𝒆𝒕𝒔)

En règle générale, plus les grains constituant un matériau donné sont fins (matériau poudreux),

plus sa surface spécifique sera élevée et plus sa capacité d'adsorption sera grande.

Plus proche de notre quotidien, le café constitue un autre bon exemple pour se rappeler de cette règle : les
grains de café non-moulu ont une faible surface spécifique. Celle-ci augmente lorsque ce café est moulu en
grains grossier (pour la préparation du café dans une cafetière italienne). Elle augmente plus encore lorsque
le café est moulu en grains fin (pour la préparation du café dans une cafetière traditionnelle).
Notons que pour certaines applications (en particulier les applications médicales), le charbon actif est
incorporé dans un tissu (étoffes, fibres...) car plus commode à l'utilisation (appelé tissu de charbon actif).

(ii) La texture de l'adsorbant :


• La notion de texture complète celle de structure :

— La structure nous renseigne sur la nature des éléments chimiques qui composent le matériau (C, H, O, N,
P, Fe...) et leurs liaisons chimiques (intramoléculaires, ainsi qu'intermoléculaires)

— La texture est principalement déterminée par la porosité, càd le nombre et le diamètre moyen des pores.

• La porosité a une influence sur la surface spécifique bien plus importante que celle de la taille :

— Plus le nombre de pores augmente, plus la surface spécifique est élevée et plus la capacité
d'adsorption est grande.

— Plus le diamètre moyen des pores est petit, plus la surface spécifique est élevée et plus la
capacité d'adsorption est grande.

• Prenons deux charbons actifs en poudre (A et B), avec des grains de mêmes dimensions (tailles et formes
comparables), mais qui diffèrent par leurs porosités respectives.

Si A renferme des mésopores (diamètres situés dans l'intervalle [2 ; 50] nm), sa surface spécifique sera
voisine de 50 m2/g.

Si B renferme des micropores (diamètres situés dans l'intervalle [1,8 ; 2] nm), sa surface spécifique sera
voisine de 1000 m2/g.

Comme on peut le constater : 𝑨𝒔𝒑 (𝑩) = 𝟏𝟎𝟎𝟎 𝒎𝟐 /𝒈 ≫ 𝑨𝒔𝒑 (𝑨) = 𝟓𝟎 𝒎𝟐

18
Aire spécifique B.E.T (Surface spécifique B.E.T)

L'Aire spécifique, Asp est le paramètre physique que l'on utilise ordinairement pour comparer les capacités
de différents adsorbants (charbon, argile, zéolithe...), bien que d'autres paramètres physico-chimiques
influent sur cette dernière. Asp apporte donc un moyen indirect de comparaison des capacités.

Ce qui complique un peu la question, comme mentionné ci-dessus, c'est que la valeur de Asp déterminée
expérimentalement varie avec les conditions expérimentales imposées, mais aussi avec la méthode
utilisée. Pour harmoniser les déterminations de Asp, on utilise habituellement la méthode dite B.E.T : Les
analyses B.E.T sont conduites typiquement avec de l’azote gazeux comme adsorbant, à très basse
température (à 77 K, qui correspond à la température d’ébullition de l’azote liquide).

On se réfère alors à l'aire spécifique ainsi mesurée par le terme Aire spécifique B.E.T (ou, plus
couramment, Surface spécifique B.E.T).

Cette méthode est considérée comme étant la plus appropriée pour la caractérisation des solides poreux et
finement dispersés. Notons que d’autres espèces et températures sont aussi utilisées : Argon à 87 K
(température de l’Argon liquide), Krypton à 77 K, Dioxyde de carbone, CO2 à 0 °C ou à 25 °C...

IV.5- Influence de la nature chimique de l'adsorbat et de l'adsorbant

Ce sont les structures de l'adsorbat et les fonctions superficielles de l'adsorbant qui déterminent le type
d'interaction "adsorbat/adsorbant" (Keesom, London, liaisons H, covalente…) et donc qui déterminent leur
affinité et leur capacité à s'associer.

La capacité d'un adsorbant à retenir un adsorbat augmente avec l'affinité adsorbant/adsorbat.

Exemple :
1- La silice et l'alumine sont des adsorbants moyennement polaire et hydrophile tandis que le charbon est
hydrophobe. Par conséquent, ils conviennent mieux que le charbon pour le séchage des gaz.
2- Les charbons actifs sont des adsorbants à très large spectre, càd qu'ils adsorbent tout type de composés
(adsorbants universels). Ils sont donc utilisés dans des domaines très variés. A l'inverse, les alumines de
transition adsorbent préférentiellement les molécules polaires. Elles adsorbent donc plus sélectivement que
les charbons actifs. En plus, leur capacité est étroitement liée au pH : au-dessous du point isoélectrique, la
surface se charge positivement et seules les molécules chargées négativement sont adsorbées. L'adsorption
par les alumines est donc plus sélective que l'adsorption par les charbons actifs.

IV.6- Influence de la forme et/ou de la taille des molécules de l'adsorbat

• Si les pores de l'adsorbant sont trop fins (trop étroits), les grosses molécules et les molécules de
conformation inadéquate ne pourront pas pénétrer dans ces pores et ne pourront pas s'adsorber sur les
parois de ces pores. Elles s'adsorberont uniquement sur la surface externe. Par conséquent, l'adsorbant se
verra priver de sa surface interne. Or, celle-ci constitue une fraction très importante de sa surface totale
(jusqu'à 95 %, dans certains cas). L'adsorbant n'utilisera donc que la petite fraction de la surface accessible
(5 à 10 % de la totale). Noter bien que cette limitation relève de considérations purement mécaniques
(aucune influence chimique n'est impliquée).

• Par ailleurs, cet encombrement stérique (spatial) confère à l'adsorbant une certaine sélectivité (sélectivité
de forme et/ou de taille). Elle est observée avec les zéolithes où elle est exploitée pour la séparation des gaz
et des hydrocarbures.

19
V- Adsorbants solides courants
V.1- Caractéristiques d'un bon adsorbant
Dans la majorité des applications, le phénomène d’adsorption sur un solide n’est important que lorsque le
solide présente une surface spécifique (exprimée en m2/g) élevée. Comme expliqué dans le § précédent, les
adsorbants largement utilisés comme le charbon actif, le gel de silice ou encore l’alumine et l’argile doivent
leur efficacité à la finesse des particules et à leur forte porosité qui leur confèrent une forte capacité
d'adsorption. Cependant, cet avantage ne suffit pas pour une application industrielle. Pour être utilisable
comme matériau adsorbant dans l'une des applications mentionnées, en particulier dans le traitement de
l'eau, le solide doit idéalement présenter un certain nombre de propriétés :

(i) Une forte capacité d'adsorption,

(ii) Un faible coût de production,

(iii) Une cinétique d'adsorption rapide,

(iv) Une inertie chimique (dans les applications environnementales) et une bonne résistance

physique,

(v) Le plus large spectre d'adsorption ou, au contraire, une bonne spécificité, en fonction de

l'application envisagée : traitement, catalyse…,

(vi) Une bonne facilité de mise en œuvre,

(vii) Une bonne aptitude à la régénération.

V.2- Les grandes classes d'adsorbants

On distingue cinq grands types d'adsorbants "physiques" :

(i) Les charbons actifs.

(ii) Les zéolithes,

(iii) Les alumines,

(iv) Les gels de silice,

(v) Les argiles activées.

VI- Isotherme d’adsorption


VI.1- définition
• Considérons l'adsorption de l'azote gazeux [𝑵𝟐 (𝒈)] sur un charbon actif, à température fixe

(constante). Dans une enceinte étanche (fermée), on introduit de l'azote à une pression initiale 𝑷𝒊𝒏𝒊𝒕𝒂𝒍𝒆
𝟏 puis
une masse m de charbon (𝒎𝒄𝒉𝒂𝒓𝒃𝒐𝒏 ). On suit les variations de la pression de l'azote : on observe que celle-ci
diminue avec le temps pour enfin se stabiliser à une
𝒇𝒊𝒏𝒂𝒍𝒆
valeur finale 𝑷𝟏 . On obesrve que :

(i) de l'azote a été adsorbé en quantité déterminée.


Appelons 𝒎𝟏 la masse d'azote adsorbée par gramme de
charbon actif :
𝒎𝟏 = 𝐦𝐚𝐬𝐬𝐞 𝐝′𝐚𝐳𝐨𝐭𝐞 𝐚𝐝𝐬𝐨𝐫𝐛é𝐞⁄𝐦𝐚𝐬𝐬𝐞 𝐝𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐫𝐛𝐨𝐧.

20
(ii) le système s'est stabilisé à une valeur déterminée de la pression d'azote et à une valeur
déterminée de la masse d'azote adsorbée.

• L'expérience est renouvelée avec la même masse de


charbon, mais avec une pression initiale d'azote
supérieure à la précédente, que nous appellerons
𝑷𝒊𝒏𝒊𝒕𝒂𝒍𝒆
𝟐 . Après adsorption de l'azote, la pression de
l'azote se stabilise à une valeur différente de
𝒇𝒊𝒏𝒂𝒍𝒆 𝒇𝒊𝒏𝒂𝒍𝒆 𝒇𝒊𝒏𝒂𝒍𝒆
l'expérience précédente. Appelons 𝑷𝟐 cette nouvelle pression. On observe que : 𝑷𝟐 > 𝑷𝟏 .

Soit 𝒎𝟐 la masse d'azote adsorbée par gramme de charbon actif. On observe que : 𝒎𝟐 > 𝒎𝟏 .

• L'expérience est renouvelée 6 fois, en variant, à chaque fois, la pression initiale de l'azote. Les résultats
sont résumés dans le tableau suivant :
Expérience 1 2 3 4 5 6
Masse de charbon (g) 𝒎𝒄𝒉𝒂𝒓𝒃𝒐𝒏 𝒎𝒄𝒉𝒂𝒓𝒃𝒐𝒏 𝒎𝒄𝒉𝒂𝒓𝒃𝒐𝒏 𝒎𝒄𝒉𝒂𝒓𝒃𝒐𝒏 𝒎𝒄𝒉𝒂𝒓𝒃𝒐𝒏 𝒎𝒄𝒉𝒂𝒓𝒃𝒐𝒏
Pression initiale d'azote 𝑷𝒊𝟏 𝑷𝒊𝟐 𝑷𝒊𝟑 𝑷𝒊𝟒 𝑷𝒊𝟓 𝑷𝒊𝟔
𝒇 𝒇 𝒇 𝒇 𝒇 𝒇
Pression finale d'azote 𝑷𝟏 𝑷𝟐 𝑷𝟑 𝑷𝟒 𝑷𝟓 𝑷𝟔
Masse d'azote adsorbée 𝒎𝟏 𝒎𝟐 𝒎𝟑 𝒎𝟒 𝒎𝟓 𝒎𝟔

• Langmuir a observé que :


é𝒒𝒖𝒊𝒍𝒊𝒃𝒓𝒆 é𝒒𝒖𝒊𝒍𝒊𝒃𝒓𝒆 é𝒒𝒖𝒊𝒍𝒊𝒃𝒓𝒆 é𝒒𝒖𝒊𝒍𝒊𝒃𝒓𝒆 é𝒒𝒖𝒊𝒍𝒊𝒃𝒓𝒆 é𝒒𝒖𝒊𝒍𝒊𝒃𝒓𝒆
(i) D'un côté, 𝑷𝟔 > 𝑷𝟓 > 𝑷𝟒 > 𝑷𝟑 > 𝑷𝟐 > 𝑷𝟏
Et de l'autre coté, 𝒎𝟔 > 𝒎𝟓 > 𝒎𝟒 > 𝒎𝟑 > 𝒎𝟐 > 𝒎𝟏 .
On en conclut que lorsque la pression d'équilibre augmente, la masse adsorbée
augmente : 𝒍𝒐𝒓𝒔𝒒𝒖𝒆 𝑷é𝒒𝒖𝒊𝒍𝒊𝒃𝒓𝒆 ↑ 𝒎𝒂𝒅𝒔𝒐𝒓𝒃é ↑.

(ii) La relation entre la pression d'équilibre et la masse d'azote adsorbé n'est pas linéaire :

[𝑷é𝒒𝒖𝒊𝒍𝒊𝒃𝒓𝒆 = 𝒇(𝒎𝒂𝒔𝒔𝒆 𝑵𝟐 𝒂𝒅𝒔𝒐𝒓𝒃é 𝒑𝒂𝒓 𝒈. 𝒄𝒉𝒂𝒓𝒃𝒐𝒏] 𝒆𝒔𝒕 𝒖𝒏𝒆 𝒇𝒐𝒏𝒄𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒏𝒐𝒏 − 𝒍𝒊𝒏é𝒂𝒊𝒓𝒆.

(iii) Lorsque la pression d'équilibre atteint une certaine valeur, la masse d'azote adsorbé reste constante,
malgré l'augmentation de la pression d'équilibre :

𝑳𝒂 𝒎𝒂𝒔𝒔𝒆 𝒅′ 𝒂𝒛𝒐𝒕𝒆 𝒂𝒅𝒔𝒐𝒓𝒃é 𝒕𝒆𝒏𝒅 𝒗𝒆𝒓𝒔 𝒖𝒏𝒆 𝒗𝒂𝒍𝒆𝒖𝒓 𝒎𝒂𝒙𝒊𝒎𝒂𝒍𝒆 (𝒄𝒐𝒏𝒔𝒕𝒂𝒏𝒕𝒆).

(iv) L'adsorption de N2 (g) sur le charbon est une transformation réversible. Chacun des essais
précédents constitue un état d'équilibre dynamique.

La pression finale est donc appelée pression d'équilibre : P(final) = P(équilibre).

Pour interpréter, Langmuir a proposé, en 1916, le célèbre modèle qui porte son nom. Ce fut la première
théorie quantitative sur l'adsorption des gaz à la surface des solides. Elle sera présentée plus loin dans ce
chapitre.

• De manière plus générale, l’étude de l’adsorption d’un gaz à la surface d’un solide montre que dans la
plupart des cas, il y a formation d’un équilibre dynamique entre la pression de ce gaz et la quantité de gaz
adsorbé par unité de masse du solide. Très généralement, à température constante, la masse du gaz adsorbé
à la surface d’un solide augmente avec la pression de ce gaz jusqu'à une certaine limite.

21
• Une isotherme d’adsorption est la courbe qui représente les variations de la quantité
(q) du gaz adsorbé par gramme du matériau solide adsorbant en fonction de la pression
absolue (P) ou de la pression relative (P/P0) du gaz en équilibre avec le solide, à
température constante :
𝑷
𝒒 = 𝒇(𝑷), à 𝐓 = 𝐂𝐨𝐧𝐬𝐭𝐚𝐧𝐭 𝐨𝐮 𝐛𝐢𝐞𝐧 𝒒 = 𝒇 ( ) , à 𝐓 = 𝐂𝐨𝐧𝐬𝐭𝐚𝐧𝐭
𝑷𝒐

q représente la masse, le volume ou le nombre de moles par gramme d'adsorbant.

P représente la pression à l’équilibre

𝑷𝒐 représente la pression de vapeur saturante, càd la pression à laquelle le gaz considéré se

condense, à la température considérée.

Rappel : P0 est constant pour un gaz donné, à une température donnée. Pour un même gaz, lorsque T
augmente, P0 augmente.
Exemple : À T = 22 °C et P = 1 atm, le butane se présente sous sa forme gazeuse. À cette T., sa pression de
vapeur saturante P0 est approximativement égale = 2,2 atm. Si on introduit le butane dans un cylindre,
qu'on maintient la température constante, égale à 22 °C, et qu'on le soumet à une pression croissante, le
butane se liquéfiera lorsqu'on atteindra sa pression de vapeur saturante, çad pour P0 = 2,2 atm.

VI.2- Classification des isothermes


d’adsorption

Différentes formes d’isothermes ont


été observées pour les différents
systèmes solide/gaz étudiés.

BRUNAUER a classé les isothermes


d’adsorption en cinq types généraux,
auxquels a été ajoutée un sixième par
l'IUPAC.
La classification est représentée sur le
diagramme ci-contre :

De nombreux paramètres influent sur le processus d'adsorption et, donc sur l'isotherme qui en découle. En
substance, ce sont la porosité de l'adsorbant et le type d'interaction adsorbant/adsorbat qui
détermineront le type d'isotherme :

Type I : Ce type d'isothermes caractérise des adsorbants ayant une structure


essentiellement microporeuse. Souvent, le processus d'adsorption se
complète à une pression relative inférieure à 0,5. La forme de l’isotherme se
termine par un long plateau (asymptote horizontale) indiquant la saturation
de la surface d'une couche monomoléculaire. L'adsorption de l'azote sur le
charbon à 77 K donne une isotherme de ce type.

Notons que :

22
1- Cette forme s'accorde bien avec le modèle mathématique de Langmuir (voir § suivant).
2- Le processus d'adsorption est limitée à la pression de vapeur saturante du gaz (pression relative P/P0 = 1)
car, au-dessus de la pression de vapeur saturante, on provoque la liquéfaction du gaz. Cette remarque est
valable pour tous les types d'adsorption d'un gaz sur un solide.

Type II : Cette isotherme est caractéristique des matériaux non-poreux ou macroporeux. L'adsorption
s'effectue globalement en multicouches, mais par étapes : Initialement, l'adsorption s'effectue en
monocouche jusqu'à la quasi-saturation de la surface. Cette dernière correspond au point B. Il s'ensuit la
formation d'autres couches à des pressions relatives élevées. L'adsorption de la
première couche est physique dans certains cas et chimique dans d'autres cas,
tandis que les suivantes sont toujours physiques. On distingue donc 2 régions
délimitées par le point B :
 Avant le point B, il y a formation progressive d’un film monomoléculaire.
 Au pt B, le solide est complètement recouvert d’un film monomoléculaire.
 Au-delà du point B, il y a formation progressive d'une couche multi-
moléculaire, d’épaisseur indéfinie.

Type III : Cette classe d'isothermes peut être associée aux adsorbants non-poreux
comme aux adsorbants microporeux. Elle est caractéristique des systèmes où les
interactions adsorbant-adsorbat sont faibles, conduisant à de faibles rétentions aux
basses pressions relatives. Cependant, après qu'une molécule soit adsorbée à un
site d'adsorption primaire, c'est l'interaction adsorbat-adsorbat qui devient la
force motrice du processus d'adsorption. Si celle-ci est forte, il en résulte des
adsorptions accélérées aux pressions relatives plus élevées. Ce phénomène est
appelé "adsorption coopérative", en contraste avec le terme "adsorption
compétitive".
On cite souvent l'exemple de l'adsorption des molécules de vapeurs d'eau sur le charbon (qui est
hydrophobe, rappelons-le) où les sites d'adsorption primaire sont à base d'oxygène. On retiendra donc :
 Formation quasi-simultanée de polycouches
 Faibles interactions adsorbant/adsorbat
 Forte cohésion entre molécules adsorbées

Différentes équations mathématiques ont été avancées pour rendre compte des différentes
isothermes d’adsorption. Certaines sont purement empiriques (càd, basées sur les
observations expérimentales), tandis que d'autre sont issues d'un modèle théorique.
L’isotherme de Freundlich et celle de Langmuir comptent parmi les plus simples. Celle de B.E.T est plus
universelle. Chacune de ces trois équations peut décrire convenablement un grand nombre de systèmes.
Elles seront présentées dans les paragraphes suivants.

VII- Isotherme d’adsorption de LANGMUIR


VII.1- Adsorption d’un gaz
En 1916, Langmuir a proposé la première théorie quantitative sur l'adsorption des gaz à la surface
des solides, qui est à la fois simple et ingénieuse. Devenu célèbre, ce modèle de l’adsorption porte
actuellement le nom de son auteur. Le modèle de LANGMUIR repose sur un certain nombre d’hypothèses.

Hypothèses de Langmuir :

23
1- La surface du solide est uniforme.
2- L'adsorption est localisée : une seule molécule peut être adsorbée par un site d'adsorption (site actif).
L'adsorption dans son ensemble donne lieu à la formation d’une monocouche.
Un site d'adsorption correspond à un atome de surface ou un groupe d'atomes de surface capable
de fixer une molécule d'adsorbat à la surface de l'adsorbant.
Comme atome, on peut citer (au hasard) : C ; O ; N ; Fe ; Si ; Al ; P... Les groupes d'atomes sont une
combinaison de deux ou plusieurs atomes. Deux atomes voisins de C, de
Pt ou de Ni peuvent constituer un site d'adsorption (voir schéma de la
page 15). Les combinaisons sont en nombre illimité : C-C ; C=C ; C=0 ;
C-OH ; C-N : NH2 ; COOH ; NHCO ; OH ; Si ; Si-O ; Al ; Al-O ; chaine
linéaire d'atomes C ; cycle carbonique (benzène) ; hétérocycle ...).
Le schéma ci-contre est un exemple de l'adsorption de H2O sur un groupement OH présent à la surface d'un
charbon actif, par une liaison H. La fonction OH constitue ici un site d'adsorption.

Note : Le site d'adsorption est parfois appelé un site actif. En ce qui concerne ce cours, nous préférons
réserver ce dernier terme à la catalyse hétérogène dans laquelle le site d'adsorption est, dans le même
temps, le centre de la réaction catalysée. Il joue donc une double fonction, celle site d'adsorption et
d'activation de la réaction.

3- Il n'y a pas d’interaction entre les molécules adsorbées.


4- La chaleur d’adsorption est indépendante du taux de recouvrement θ de la surface du solide.
5- Il y a un équilibre dynamique entre les molécules adsorbées et les
molécules libres. Dans le schéma, la lettre G représente une molécule de
gaz et S représente un site d’adsorption.

En substance, ce modèle affirme donc que l’adsorption se fait en couche monomoléculaire et qu’il
existe un équilibre dynamique entre les molécules de gaz adsorbées et les molécules libres.
Soit alors  la fraction de la surface du solide recouverte par les

molécules du gaz et (1 – ) la fraction de surface libre (inoccupée).

 est donc un nombre sans unités, compris entre 0 et 1 : 𝜽 ∈ [𝟎 − 𝟏]


• La vitesse d’adsorption est proportionnelle à : (i) La pression du gaz : plus celle-ci est élevée, plus le
nombre de collisions des molécules gazeuses avec le solide est important ; (ii) La fraction de surface
inoccupée, c’est-à-dire à (1 – ).

La vitesse d’adsorption Vads sera donc donnée par : 𝑽𝒂𝒅𝒔 = 𝒌𝒂𝒅𝒔 𝑷 (𝟏 – 𝜽)


où kads est une constante de vitesse appelée constante d’adsorption.

• De la même manière, la vitesse de désorption est proportionnelle à la surface occupée ainsi qu’à une

constante de vitesse appelée constante de désorption kdés : 𝑽𝒅é𝒔 = 𝒌𝒅é𝒔 𝜽

• Puisqu’il y a équilibre entre les molécules en phase gazeuse et les molécules adsorbées, on peut affirmer
qu'à l’équilibre : Vitesse d’adsorption = Vitesse de désorption
Soit donc : 𝒌𝒂𝒅𝒔 𝑷 (𝟏 – 𝜽) = 𝒌𝒅é𝒔 𝜽
Après développement : kads P  kads .P. = kdés .

En isolant l’inconnue , on obtient : kads P = (kads P + kdés) 


𝒌𝒂𝒅𝒔 𝑷
D’où l'on tire : 𝜽=
𝒌𝒅é𝒔 + 𝒌𝒂𝒅𝒔 𝑷

24
𝜽 est une fonction hyperbolique de la pression P. En fait, 𝜽 n’est pas directement mesurable. De plus, les

constantes d’adsorption et de désorption, kads et kdés, ne sont pas directement accessibles.


𝒃𝑷
En posant le rapport 𝒌𝒂𝒅𝒔 /𝒌𝒅é𝒔 = 𝒃, on obtient : 𝜽=
𝟏+𝒃𝑷
Puisque, par hypothèse, il se forme une monocouche sur le solide adsorbant, la fraction de surface occupée 

est évidemment proportionnelle au volume v de gaz adsorbé. peut être exprimée en fonction de deux
paramètres mesurables : v (le volume de gaz adsorbé à T et P données) et vmax (le volume nécessaire à la

formation d’une monocouche) : 𝜽 = 𝒗⁄𝒗𝒎𝒂𝒙 .


𝒃 𝒗𝒎𝒂𝒙 𝑷
L’équation précédente devient alors : 𝒗=
𝟏+𝒃𝑷
Quelques Réflexion sur le modèle de Langmuir :

1- Lorsqu'on analyse cette fonction, on remarque que deux cas limites peuvent être considérés :

 La pression P est très faible. Dans ce cas, le produit 𝒃. 𝑷 est très petit devant 1 : (𝒃. 𝑷 << 𝟏) et peut
donc être ignoré : 𝒗 = 𝒃 . 𝒗𝒎𝒂𝒙 . 𝑷

On en conclut que v est très petit et qu'il est directement proportionnel à la pression P.

 La pression P est très grande. C’est maintenant 1 qui est petit devant le produit b.P : (𝒃. 𝑷 >> 𝟏) et v
𝒃 .𝒗𝒎𝒂𝒙 .𝑷
tend vers vmax : 𝒗= = 𝒗𝒎𝒂𝒙
𝒃.𝑷

 Entre ces deux cas limites, 𝒗 est une fonction hyperbolique de 𝑷.

2- Étant donné que la masse et le nombre de moles adsorbés sont 𝒃 𝒎𝒎𝒂𝒙 𝑷 𝒃 𝒏𝒎𝒂𝒙 𝑷
𝒎= 𝒏=
𝒗 𝒎 𝒏 𝟏 + 𝒃𝑷 𝟏 + 𝒃𝑷
directement proportionnel au volume : [𝜽 = = = ],
𝒗𝒎𝒂𝒙 𝒎𝒎𝒂𝒙 𝒏𝒎𝒂𝒙

l'équation précédente peut aussi s'écrire en termes des paramètres


masse ou nombre de moles, comme indiqué ci-contre.

3-
• b est une constante d'équilibre, appelé constante (ou
coefficient) d'adsorption de Langmuir.
La figure ci-contre représente de l’isotherme de Langmuir, avec b = 2
et mmax = 10.

• b augmente avec l'énergie de la liaison adsorbant-adsorbat ou avec


une diminution de la température.

• Une valeur élevée de 𝒃 signifie que 𝒌𝒂𝒅𝒔 est supérieur à 𝒌𝒅é𝒔


(𝒌𝒂𝒅𝒔 > 𝒌𝒅é𝒔 ). À son tour, cela implique que l'équilibre est déplacé

vers l'adsorption. Ce qui signifie que la quantité adsorbée est forte.

• Plus la valeur de 𝒃 augmente [çad, plus le rapport (𝒌𝒂𝒅𝒔 /𝒌𝒅é𝒔 ) est grand], plus (𝒌𝒂𝒅𝒔 >> 𝒌𝒅é𝒔 ) et plus
l'équilibre est déplacé vers l'adsorption. Pour une valeur très élevée de 𝒃, on assiste à l'adsorption d'une

forte quantité même pour les très faibles valeurs de pression.

25
VII.2- Validité (Applicabilité ; ‫ )صالحية‬du modèle de Langmuir
Comme énoncé plus haut, l'isotherme (la relation) de Langmuir convient aux systèmes "adsorbant/adsorbat"
de type I, mais pas aux autres. Il faut aussi comprendre que lorsque l'on entame une étude d'adsorption d'un
système nouveau, il n'est pas possible de prévoir à l'avance (càd théoriquement) si la relation de Langmuir
conviendra pour la description de ce système ou pas. En d'autres termes si la relation de Langmuir est
applicable à ce système ou pas. Seule une étude expérimentale pourra le déterminer. Cette étude consiste à
mesurer la masse m (mg/g) de gaz adsorbé en fonction de la pression de ce gaz. Le tracé de la courbe
m=f(P) pourrait théoriquement nous renseigner sur la validité du modèle. Cependant, les variations de m
avec P n'étant pas linéaires, il est souvent difficile d'avoir une réponse différenciée, surtout si l'apparence de
la courbe s'approche un peu de celle de Langmuir, sans être totalement conforme. Comme dans toutes les
situations semblables, pour obtenir une réponse plus claire, il est avantageux de "linéariser l'équation" de
Langmuir. Ceci est accompli en prenant la fonction inverse :
𝟏 𝟏 𝟏 𝟏
= + ∙
𝒎 𝒎𝒎𝒂𝒙 𝒃 𝒎𝒎𝒂𝒙 𝑷
b et mmax étant des constantes pour un système donné, la loi de Langmuir prévoit que les variations de
1/m en fonction de 1/P sont linéaires.

 En pratique, on inverse le raisonnement : on effectue d'abord une série de manipulations pour le système
étudié. Ensuite, on trace les variations de 1/m en fonction de 1/P. Dans le cas
où l'on obtient une droite, on dira que le modèle de Langmuir convient bien
au système étudié, et l'on déduira alors que :
𝟏
(i) L’ordonnée à l’origine est égale à :
𝒎𝒎𝒂𝒙
𝟏
(ii) La pente est égale à :
𝒃 𝒎𝒎𝒂𝒙

On obtient ainsi une méthode pour vérifier que le système suit l’isotherme de
Langmuir.

(iii) D’autre part, la détermination expérimentale de b permet de déduire le rapport kads/kdés.

N.B : Si, au contraire, pour un système donné, les variations de 1/m en fonction de
1/P ne sont pas linéaires, on conclura que le modèle de Langmuir ne décrit pas
convenablement ce système. C’est le cas, par exemple, des systèmes où
l’adsorption se fait en polycouches.

VII.3- Adsorption d’un soluté

L’isotherme d’adsorption de Langmuir peut aussi s’appliquer à l’adsorption en solution. Dans ce cas,
la concentration d’équilibre du soluté remplace la pression du gaz et la masse remplace le volume.
𝒃 . 𝒎𝒎𝒂𝒙 . 𝑪
L’isotherme prend alors la forme suivante : 𝒎=
𝟏+𝒃. 𝑪
VIII - Isotherme d’adsorption de Freundlich
VIII.1- Présentation de l'Isotherme d’adsorption de Freundlich
La première adaptation mathématique d'une isotherme a été publiée par Freundlich et Küster en 1894 et est
une formule purement empirique (càd, déduite de l'expérience, sans théorie qui la supporte) :

 Pour l'adsorption d'un soluté présent dans une solution, la quantité adsorbée est une fonction de C, qui
𝐱
représente la concentration d'équilibre du soluté : 𝒚= = 𝒌. 𝑪𝒏
𝐦𝐚𝐝𝐬𝐨𝐫𝐛𝐚𝐧𝐭

26
où 𝒚 représente la masse de produit adsorbé (𝒙) par unité de masse de
l’adsorbant :
𝒚 a donc exactement la même signification que m de la relation de Langmuir.
C est donc la concentration d'équilibre (concentration "finale") du soluté,
k et n sont des constantes propres au système considéré.
Dans la courbe ci-dessus, 𝒏 est inférieur à 1, ce qui constitue la majorité des cas pratiques.

 Avec le considérable développement de cette branche d'études, la relation


d’adsorption de Freundlich est aujourd'hui généralisée à toutes les valeurs de n,

que celles-ci soient inférieures, égales ou supérieures à 1. Pour 𝒏 < 𝟏 , la courbe

est tournée vers le bas, pour 𝒏 = 𝟏, la courbe est linéaire, pour 𝒏 > 𝟏, la

courbe est tournée vers le haut.

 Sous la forme logarithmique, cette relation s'écrit : 𝑳𝒏 𝒚 = 𝑳𝒏 𝒌 + 𝒏 𝑳𝒏 𝑪

Si le modèle de Freundlich est valable pour un système donné, on


observera que Ln y est une fonction linéaire de Ln C.

C'est donc sous cette forme que l'équation est exploitée pour déterminer les valeurs des constantes n et k :

n est égal à la pente de la droite et Ln k est l’ordonnée à l’origine.

Dans le cas où la fonction n'est pas linéaire, on conclura que le modèle de


Freundlich ne convient pas pour le système étudié.

Remarque : La relation de Freundlich était à l'origine écrite : 𝐲 = 𝐤. 𝐂 𝟏⁄𝐧 .


Actuellement, les deux notations restent courantes. Il faut donc toujours préciser quelle relation a été utilisée
lorsqu'on discute la valeur de n. Dans ce cours, on adoptera la première équation.

𝐱 Où : y a la même signification que précédemment,


 Pour les adsorbats gazeux : 𝒚= = 𝐤. 𝐏 𝐧
𝐦
P est la pression du gaz en équilibre avec le solide,
Sous sa forme logarithmique, la fonction est k et n sont des constantes caractéristiques du
linéaire : 𝑳𝒏 𝒚 = 𝑳𝒏 𝒌 + 𝒏 𝑳𝒏 𝑷 système considéré.

Comme précédemment, si et seulement si, 𝑳𝒏 𝒚 est une fonction linéaire de 𝑳𝒏 𝑷, n sera égal à la pente
de la droite, tandis que 𝑳𝒏 𝒌 sera égal à l’ordonnée à l’origine.

VIII.2- Comparaison des isothermes de Langmuir et de Freundlich


L'équation de Freundlich est mathématiquement très différente de celle de
Langmuir. Ainsi, le modèle de Freundlich prévoit que lorsque C augmente, y
augmente indéfiniment (càd y tend vers l'infini), en contraste du modèle de
Langmuir qui prévoir la formation d'un palier.

Néanmoins, dans un certain nombre de cas, les portions initiales des


courbes expérimentales peuvent être représentées aussi bien par l'une que
par l'autre des deux équations. Ces portions de courbe se situent dans la
région des concentrations (ou des pressions) faibles ou modérées.

27
Charbon actif (ou charbon activé ; ‫ ; الكربون المنشط أو الفحم المنشط‬Activated Carbon) :
Fabrication, activation et morphologie

I- Structure du charbon
Le charbon actif est un matériau solide à structure poreuse, constitué essentiellement de matière
carbonée.
La charpente (le squelette) du charbon actif est voisine de celle du graphite, dans la
mesure où ils sont tous les deux constitués de couches planes d’atomes de carbone.
Rappelons que ces derniers sont arrangés en hexagones réguliers, de structure
comparable à celle des composés aromatiques polycycliques.

Cependant, dans le cas du charbon, les monocouches de carbone sont


entassées de manière désordonnée (contrairement au graphite où
l'empilement des couches est ordonné).
L'arrangement désordonné des couches de carbone génère d'innombrables pores
à l’intérieur de la particule de charbon et confère à ce dernier une capacité élevée
d'adsorption.

Une autre différence importante entre les deux matériaux est la présence en faibles quantités d'hétératomes
[(principalement de l'hydrogène et de l'oxygène] et de matières minérales dans le charbon actif.
L'oxygène est présent sous forme de diverses fonctions : acide carboxylique (COOH) ; alcool
(OH) (donnant naissance à des groupements phénoliques) ; carbonyle (C=O) ; lactones
(présence d'un ester dans un cycle). Le charbon actif peut également présenter des fonctions
basiques.
Le taux de cendres résiduel dans un charbon actif peut varier de 1 % en masse à 10 %. Ces cendres sont
principalement des silicates ou des aluminosilicates. On peut aussi trouver, mais dans une moindre mesure,
du calcium, du magnésium, du fer, du potassium, du sodium et des traces de zinc, de plomb, d'étain et de
cuivre. Bien que ces dérivés minéraux jouent un rôle dans les processus d'adsorption, il est généralement
moins important que celui des fonctions de surface.

II- Fabrication
Le charbon actif est fabriqué à partir de toute matière organique végétale riche en carbone :
charbon ou matériau végétal (bois, écorce, coques de noix de coco, coques de cacahuètes, noyaux d'olives…)
ou bien de houille, tourbe, lignite…

‫ والفحم البني‬،‫ الجفت‬،‫) أو الفحم‬... ‫ وحفر الزيتون‬،‫ وقذائف الفول السوداني‬،‫ وقشور جوز الهند‬،‫المواد النباتية )الخشب واللحاء‬
Le charbon actif est donc produit dans les pays où l'on trouve ces ressources en abondance.

La fabrication industrielle du charbon actif se décompose principalement en trois étapes :

II.1- Séchage de la matière première


La teneur en eau diffère d'un matériau à l'autre. Elle peut être de quelques pourcents et monter jusqu'à
plusieurs dizaines de pourcent.

II.2- Carbonisation (‫)تفحيم‬

Elle est aussi appelée Pyrolyse ou thermolyse (qui signifie la décomposition d'un composé organique par la
chaleur). L'objectif principal de cette opération est l'élimination des matières organiques volatiles
emprisonnées dans le squelette carboné, tout en préservant ce dernier. La carbonisation génère du charbon

28
(‫)فحم‬. Elle est réalisée par chauffage du matériau à une température comprise entre 400 °C et 600 °C, sous

atmosphère contrôlé (càd en milieu peu oxydant, en l'absence d'air) : à cette température, les éléments
autres que le carbone se volatilisent et laissent des pores dans la matrice carbonée. Une première porosité
est ainsi créée par cette étape. La surface spécifique ainsi obtenue est très approximativement 10 m2/g.
Noter bien que la carbonisation est différente de la calcination, qui signifie la "Réduction en cendres par
action du feu ou de la chaleur".

II.3- Activation
La troisième étape, appelée activation, consiste en l'élimination
des goudrons qui obturent les pores. Cette opération permet
le développement d’un réseau de pores microscopiques qui vont
augmenter drastiquement la surface spécifique et donc le pouvoir
adsorbant.

Il existe deux procédés distincts pour activer un charbon actif : l'activation physique et l'activation chimique.
● Activation physique (thermique)
L'activation physique consiste en une oxydation ménagée (c'est un procédé d'oxydation contrôlée) à 1000°C
en présence de vapeur de H2O, de CO2 ou un mélange des deux. Un courant de gaz carbonique ou de vapeur
d'eau est injecté sous pression, ce qui va créer des millions de microscopiques pores sur la surface du
charbon, augmentant de façon très importante sa surface et son pouvoir d'adsorption. Ce procédé donne un
charbon à pores étroits (micropores). Après activation, la surface spécifique du charbon atteint 600 à 1500
m2/g.
● Activation chimique
Elle est effectuée principalement par l’acide phosphorique, l'acide sulfurique ou le chlorure de zinc, à une
température oscillant entre 400 °C et 500 °C. Ce procédé donne un charbon à pores plus larges.
● Certains procédés permettent de combiner les deux étapes.

III- Différents types de charbon actif


● Il existe plusieurs centaines de qualités de charbons actifs. Ainsi, le produit final présentera des
caractéristiques différentes, notamment au niveau de la structure des cristaux (agencement des
atomes C, degré de cristallinité), de sa texture (porosité, aire spécifique) et de ses propriétés
superficielles (fonctions chimiques), selon :
(i) la nature et l'origine du précurseur (càd de la matière première), et
(ii) les conditions de traitement (Température, Concentration et nature des Réactifs utilisés pour
la carbonisation et l'activation),
● Cependant, au final, ce sont la porosité (càd le diamètre des pores) et la surface spécifique (dite aussi "aire
spécifique" ou "aire massique") qui détermineront la capacité d’adsorption d'un charbon actif et la cinétique
d’adsorption d'un composé sur ce charbon actif. Il faut d'ailleurs rappeler que l'aire spécifique dépend en très
grande partie de la porosité. Il faut aussi remarquer que les fonctions de surface peuvent parfois jouer un
rôle important.

Une classification simple permet de distinguer trois sortes de pores :


Macropores : ils possèdent un diamètre moyen supérieur à 50 nm (compris entre 50 et 100 nm et peut
atteindre jusqu’à 2000 nm). L’ordre de grandeur de leurs aires spécifiques (0,5 à 2 m2/g) montre qu’ils ont
une faible capacité d’adsorption.

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Mésopores : ils ont un diamètre compris entre 2 nm (limite inférieure) et 50 nm (limite supérieure). Leurs
surfaces spécifiques est de 25 à 75 m2.g-1. Ils influencent très modérément la capacité d’adsorption. Ils sont
considérés comme des pores de transition en contrôlant le passage des adsorbats vers les micropores.

Micropores : Ils constituent pratiquement l’essentiel de la surface


spécifique totale (90% à 95%). Leur diamètre, qui est inférieur à 2 nm (de
l’ordre de la taille des molécules simples), leur confère une très grande
capacité d’adsorption. Cependant, leur pouvoir adsorbant vis-à-vis des
molécules à haut poids moléculaire est limité, pour les raisons purement
mécaniques énoncées plus haut. Le schéma ci-contre illustre le réseau de
pores et la surface interne développée par un grain de charbon actif.

Image de la surface du charbon actif, prise par un Microscope Electronique à Balayage (MEB), montrant les
micropores : l'amplification de l'image augmente se gauche à droite.

.
Vue MEB d'un grain de
Schémas illustrant l'adsorption de molécules de différentes tailles sur les
charbon actif à base de noix
parois d'un grain de charbon actif : seules les plus petites peuvent atteindre
de coco
les micropores

IV- Morphologie (Formes visibles et Granulométrie) du charbon actif


Le charbon actif peut être préparé avec des particules de tailles et de formes différentes. Il existe quatre
formes principales de charbon actif.

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1- Le Charbon Actif en Grain (CAG)
Ce sont des particules de formes irrégulières, présentant une gamme
de tailles allant de 0.2 mm à 5 mm.

2- Le Charbon Actif en Poudre (CAP)


Le charbon est pulvérisé jusqu'à une taille de moins de 0.18 mm.
On notera que le CAP est plus efficace que le CAG, mais que le CAG
induit moins de perte de charge et qu'il est plus facilement régénéré.
On utilisera l'un ou l'autre, en fonction des besoins.

3-Le Charbon Actif Extrudé : de formes cylindriques, avec des


diamètres allant de 0.8 mm à 5 mm. Il possède une faible perte de
charge, une grande résistance mécanique et une faible teneur en
poussières.

4- Le tissu de charbon actif


Pour certaines applications (en particulier les
applications médicales), le charbon actif est
disponible dans des formes
spéciales telles qu'étoffes et fibres. Cette forme
est actuellement en phase de recherche et
développement pour d'autres secteurs d'activité.

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