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FACULTE DE MEDECINE MODULE : BIOPYSIQUE

DEPARTEMENT DE MEDECINE DENTAIRE 1ère Année


2019/2020

Partie II :Phénomènes de surface

I- Définition de la tension superficielle :

Au sein d’un liquide au repos, chaque molécule est soumise à l’attraction de ses proches voisins
(figure-1).

Figure 1

La résultante de ces forces dirigées dans toutes les directions, est nulle en moyenne (Fig 1- a). A la
surface de séparation liquide – air qui surmonte le liquide, les forces de cohésion ne présentent plus
cette symétrie moyenne car chaque molécule subit, de la part des molécules placées à l’intérieur du
liquide des forces d’attraction dont la résultante, normale à la surface et dirigée vers l’intérieur du
fluide n’est compense par aucune force (Fig 1- b), donc non nulle. Ainsi une molécule en surface
tend à être attirer au sein du milieu afin de diminuer la surface de séparation liquide - air.
Ce phénomène se traduit par l’apparition d’une tension de surface caractéristique de chacun des
liquides.

Visuellement parlant, on pourrait dire qu’il se forme un film de molécules en surface (1- 100 nm)
qui n’as pas plus tout à fait la même structure que celle que l’on retrouve au sein du liquide.
A l’inverse, pour accroître la surface, il faut donc un apport énergétique extérieur proportionnel à
son aire :
dW = σ dS (1)
σ : Coefficient de tension superficielle dépendant de la nature du liquide (ou du solide) ; il
s’exprime en J.m-2 dans le S.I, en ergs.cm-2 ou en dyne.cm-1 en C.G.S.
En remarquant que : dW =
σ.L . dl =
F . dl
F
En déduit : σ= (2)
L
La tension superficielle σ est donc équivalente à une force par unité de longueur. C’est la force
qu’exerce la couche du liquide de la surface libre sur la paroi qui le délimite afin de réduire son aire.

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L’énergie dépensée pour augmenter l’aire superficielle équivaut au travail d’une force F, tangente à
la surface, qu’il faut appliquer sur une longueur L pour produire la même variation de surface dS
(figure 2).

Quand le liquide considéré est en contact avec un autre liquide non miscible, on définit de la même
façon un coefficient de proportionnalité que l’on désigne par le terme de tension interfaciale.
La tension superficielle à tendance à diminuer lorsque la température augmente car une élévation de
température provoque une agitation thermique qui tend à masquer les effets d’énergie superficielle.
Le tableau 1 présente quelques valeurs de tensions superficielles de liquides courants, en présence
d’air ou d’un autre gaz de structure voisine.

Liquides Tension superficielle (N/m)


Mercure (20°C) 0,436
Plasma Sanguin (37°C) 7,3.10-2
Eau (0°C) 7,56.10-2
Eau (20°C) 7,27.10-2
Eau (37°C) 7.10-2
Eau (40°C) 6,97.10-2
Glycérol (20°C) 6,3.10-2
Huile d’Olive 3.2.10-2
Benzène (20°C) 2,85.10-2
Ethanol (20°C) 2,2.10-2

Enfin, il est bon de savoir que la tension superficielle dépend de la nature des deux fluides en
contact, qu’elle varie peu avec la pression et que lors des mesures, elle est très sensible aux
impuretés, aussi bien dissoutes en volume que réparties à la surface du liquide étudié.

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II- Energie de cohésion, Energie d’adhésion :

a) Energie de Cohésion :
Elle représente le travail qu’il faut fournir pour vaincre les forces de cohésion. Ainsi, pour casser un
bâton de craie de section principale S en deux morceaux, il faut fournir un travail : Wc = 2 σ. S
(deux surfaces sont nouvellement crées)
- Pour pulvériser une d’eau, il faut fournir un travail égal à : Wc =
σ ( S f − Si ) .
S f : Surface finale des gouttelettes.
Si : Surface initiale de la goutte.
b) Energie d’adhésion :
L’énergie d’adhésion représente le travail qu’il faut fournir pour séparer deux phases (liquide –
solide par exemple), de surface S.
Wa = ( σl + σ σ − σl / σ ). S (3)

σl , σ σ et σl / σ sont les coefficients de tension superficielle des phases liquide, solide et du mélange
liquide – solide.

III- Equilibre de trois phases en contact :


On considère trois phases en contact : deux d’entre elles au moins sont condensées, l’objet du
contact est dans le cas général, une ligne triple de contact triphasique.
III- 1- Cas de trois phases fluides :

Soit trois phases fluides au contact l’une de l’autre. Si on appelle σij le vecteur de norme σij (la
tension de surface entre i et j), dirigées tangentiellement à l’interface i- j, on a :
  
σ12 + σ23 + σ31 = 0 (4)
Cette loi est appelée loi de triangle de Neumann représenté par la figure 3.

Exemple : l’eau et l’huile au contact au contact de l’air (figure 4)

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Les caractéristiques géométriques autour de la ligne triple sont donc imposées.

III- 2- Cas où l’une des phases est solide :

Si on dépose une goutte d'un liquide sur un solide, elle peut prendre deux formes suivant les corps
en présence (figure5) :

L'équilibre de la goutte est possible si les forces de tension ont une résultante nulle le long de la
ligne de raccordement. Sachant que:

dF13 = σ13. dl ; dF23 = σ23. dl ; dF12 = σ12 . dl


On peut donc écrire :
  
F12 + F23 + F13 =
0 (5)

Soit :

s13.dl + s23.dl.cos θ − s12 .dl = 0 (6)


Donc :

s12 − ss s − sl / s
=
cos θ = 13
(7)
ss
23 l

θ : représente l’angle de raccordement.


Cette loi représente la loi de Young (1856).
On distingue les trois cas suivants (figure 6) :

- θ = 0° ⇒ cos θ ≥ 1 : la cœxistence des 3 phases liquide-solide-air est impossible : le liquide mouille


parfaitement le solide : étalement parfait (figure 6-a).

- 0°〈θ〈 90° ⇒ 0 〈 cos θ〈1 : le liquide mouille imparfaitement le solide : mauvais étalement (figure 6-
b).

- 90°〈θ〈 180° ⇒ −1 〈 cos θ〈 0 : le liquide ne mouille pas le solide : pas d’étalement (figure 6-c).

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Figure 6 a Figure 6 b

Figure 6 c

IV-Loi de Laplace pour une membrane sphérique :

La surpression ou pression transmurale s’exerçant de l’intérieur vers l’extérieur d’une surface


courbée (figure 7) est proportionnelle aux tensions superficielles σ x , σ y , inversement
proportionnelle aux rayons de courbure de la surface :

σx σ y
∆P = Pi − Pe = + (8)
Rx R y

Pour une surface isotrope : σ x =σ y =σ .

 1 1 
∆P =σ  +

(9)
R
 x Ry 

La différence de pression de l’interface liquide-air d’une bulle d’air de rayon R à l’intérieur d’un
liquide est déterminée à partir du travail nécessaire pour constituer cette bulle (idem pour une goutte
dans l’air) :

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Pe
Pi

- A partir des forces de pression:


4 
dW =
∆P.dV =
∆P.d  π R 3  =
∆P.4π R 2 .dR (10)
3 
- A partir de l’énergie de surface:
dW =σ.dS =σ.d ( 4π R 2 ) =σ.8π R.dR (11)


(10) = (11) ⇔ ∆P.R =2σ ⇒ ∆P = (12)
R
La loi de Laplace :
 1 1 
∆P =Pair − Pliq ⇒ ∆P =σ  +  avec R=
1 R=
2 R
 R1 R2 

∆P =
R
Remarques :
- Pour une goutte liquide, ∆P est positif : on pénètre dans le liquide par une interface convexe
(figure 8-a).
- Pour un ménisque, ∆P est négatif : on pénètre dans le liquide par une interface concave (figure 8-
b).
Exemple : l’embolie capillaire.

∆P = Pint − Pext

Pext Pext

Pint
Pint

ΔP > 0 ΔP < 0
(a) (b)

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-surpression dans une bulle de savon :


Dans ce cas (on traverse deux interface air-liquide), la surpression est donnée par :
2σ 2σ
∆P = Pint − Pext = ( Pi − P ) + ( P − Pe ) ⇒ ∆P= +
Ri Re
Comme Ri ≈ Re ≈ R :

∆P = (13)
R

Pe

Re
Pi

Ri
P

trachée
cavité
Application en Biologie : la respiration chez les êtres vivants :
pleurale
La surface des poumons est augmentée par la présence des alvéoles.
La dilatation des poumons requiert un travail considérable car la
tension superficielle qui colle les membranes alvéolaires est élevée. poumon
Pour faciliter la ventilation, des surfactants réduisent la tension superficielle
à la surface interne des alvéoles.
La présence de ces surfactants réduit le travail nécessaire alvéole cavité pleurale
à la dilatation des poumons :
Afin de dilater les alvéoles pulmonaires, la concentration des surfactants par unité de surface
augmente afin de diminuer la tension superficielle à l’intérieure de l’alvéole et par conséquent elle
pourra se remplir d’air.
Lorsque l'alvéole se dilate, la concentration des surfactants par unité de surface diminue, la tension
superficielle augmente. La résistance à la dilatation augmente et protège les alvéoles contre
l'éclatement.

V- Ascension Capillaire- loi de Jurin :


Si on plonge un tube capillaire dans l’eau, on observe que l’eau monte dans le tube. De plus, la
surface libre de l’eau dans le capillaire n’est pas plane et horizontale.
Cette ascension de l’eau, dans le capillaire, caractérise les phénomènes de capillarité et s’explique
par la dépression qui accompagne la traversée du ménisque.
Ce phénomène dépend des grandeurs relatives des forces de cohésion et d’adhésion des substances.
Ainsi l’eau monte dans un tube capillaire alors que le mercure s’abaisse (Figure 9).

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Loi de Jurin :
Considérons un liquide mouillant de masse volumique ρ et de coefficient de tension superficielle σ
dans lequel on plonge un tube capillaire de rayon R (figure 9). Le liquide s’élève d’une hauteur h :
P=
A P=
D P=C P0 (Pression atmosphérique)

PA − PB = (Loi de Laplace)
r
PC − PB =
ρ gh (Loi de l’hydrostatique)


⇒ PC − PA + =
rgh avec P=
c P=
A P0 d’où :
r

h=
rgr
R
r : Le rayon du ménisque : r=
cos α
2s cos α
En remplaçant r : h= h〉0 car 0° 〈α 〈 90°
ρgR

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2s cos α
Pour un liquide non mouillant : =h 〈0 car α 〉 90°
ρ gR

h 〈 0 ⇒ Abaissement du niveau (dépression) (figure 11).

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