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Phénomènes de surface 

: Forces de tension superficielle et ses applications


1- Généralités
- Phase homogène d’un milieu : A L’échelle moléculaire, tous les points d’un milieu ont les
mêmes caractéristiques
- Interface : Lorsque deux phases homogènes A et B coexistent, elles sont séparées par une
couche superficielle appelée interface où les propriétés sont différentes de celles des phases
A et B.
Surface : Elle désigne la frontière géométrique enveloppant un corps, accessible de l’extérieur.

- Forces de cohésion : Lorsque les interactions ont lieu entre molécules d’une même espèce
homogène, elles sont dites de cohésion
- Forces d’adhésion : Elles se produisent entre molécules d’espèces différentes.
2- Tension superficielle :
- Observations :
-Deux plaques de verre entre lesquelles on a déposé un mince film d’eau semblent collées l’une à
l’autre. La plaque inférieure peut supporter une masse de plusieurs centaines de grammes avant de
tomber.

(a)

(b) (c) (d)

La figure (b), traduit la non validité de la loi de l’hydrostatique


La figure (c), montre la flottaison d’une aiguille en acier, pourtant sa masse volumique est plus
grande que celle de l’eau.
La figure (d), montre que la surface de l’eau peut supporter le poids de quelques insectes

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Interprétation microscopique : - Origine physique du phénomène :

Les molécules d’un corps pur liquide s'attirent mutuellement grâce à l'action des forces de Van der
Waals.
Au sein d’un liquide, l’attraction entre les molécules se compense. Par contre, les molécules qui
sont à la surface ne peuvent interagir qu’avec leurs voisines latérales et inférieures. Ainsi, à la
surface, les forces de cohésion ne s’équilibrent pas symétriquement comme à l’intérieur du liquide.
Les forces d’interaction avec l’air sont beaucoup plus faibles que dans la phase liquide. La molécule
est soumise à une résultante des forces de cohésion dirigée vers l’intérieur du liquide. Cette force ⃗ Fc
perpendiculaire à l’interface, donne à la surface le comportement d’une membrane élastique,
caractérisée par une tension de surface qui s’oppose à ses déformations. Les liaisons entre molécules
de l’interface deviennent fortes.
La couche superficielle d'un liquide est soumise à une force qui tend à réduire cette surface. Il faut
fournir de l’énergie pour faire passer une molécule de l’intérieur vers la surface.
La stabilité d’une molécule augmente avec le nombre d’interactions.
-Une molécule en surface est moins stabilisée qu’une molécule dans le
volume.
La tension superficielle est la manifestation de cette dissymétrie.
La tension superficielle est une force résultant de la cohésion, qui
abaisse au minimum le nombre de molécules à la surface d'un liquide
La forme de la surface du liquide sera le résultat de l'équilibre entre la
pression du gaz au-dessus du liquide, l'attraction par l'intérieur du
liquide et le poids.
L’énergie de cohésion par molécule d’un liquide tel que l’huile est de l’ordre de K B T , où K Bdésigne
la constante de Boltzmann et T la température absolue exprimée en Kelvin.
L’ordre de grandeur de l’énergie perdue par une molécule à la surface du liquide sera K B T /2.
Pour obtenir l’énergie par unité de surface, il suffit de la diviser par la surface de la molécule dont la
dimension typique est a=5.10−10 m :
Le rapport entre cette énergie et la surface d’une molécule définit la tension superficielle qu’on
notera par σ :
KBT −2
σ= 2
, sa dimension J . m
2a

La forte cohésion des molécules d’eau, due à l’existence de liaisons hydrogène, permet d’expliquer
le fait que des insectes, ou des objets légers comme des trombones peuvent être posés sur la
surface de l’eau sans qu’ils coulent ou que l’on puisse verser de l’eau dans un verre, jusqu’à ce que
le niveau de l’eau dépasse les bords du verre, sans pour autant qu’elle ne coule.

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-Force de tension superficielle :
Une boucle de fil est attachée en deux endroits à un cadre par deux fils. On plonge l’ensemble dans
de l’eau savonneuse puis on le retire. Il se forme alors une membrane liquide plane qui s’appuie sur
le cadre.
Si on crève la membrane liquide dans la boucle uniquement, celle – ci se tend suivant un cercle : la
boucle est soumise à des forces de tension superficielle de la part du liquide.
• Ces forces sont perpendiculaires en chaque point du contour et tendent à minimiser la surface du
film d’eau savonneuse.
• Ces forces sont tangentes à l’interface eau – air et réparties de façon uniforme.

- On retire un cadre métallique d’un bain d’eau savonneuse. Un film de savon se forme, de part et
d’autre d’une barre simplement posée sur le cadre (a) . On perce le film à l’une de ses extrémités
(b). La barre, tirée par la tension du film, rejoint le bord du cadre. On appelle tension superficielle la
force (par unité de longueur) qui tire sur l’interface, tangentiellement à la surface, et de manière à
réduire son aire.

dl

Sur l’élément de longueur dl de la barre s’exerce la force d ⃗


F , d’intensité :

dF=2 σdl → [ σ ] : N m−1


σ est le coefficient de tension superficielle.
Le coefficient 2 dans l’expression de dF pour tenir compte des deux interfaces air-liquide

Energie superficielle :
Si sans modifier la quantité totale de liquide (sans ajouter de molécules, c’est à dire en opérant à
volume constant), on veut augmenter la surface, c’est à dire, faire passer des molécules de l’intérieur
du liquide, à la surface, il faudra dépenser du travail contre les forces de cohésion c’est à dire
fournir de l’énergie.
Si la surface libre du liquide est S, pour augmenter cette surface dedS , il faut fournir un travail δW ,
proportionnel à l’augmentation de surface
Isolons par la pensée une surface (S) située à l’interface entre un liquide et l’air. Soit un élément de
longueur dl du contour (C) de la surface. Tout se passe comme si le reste du liquide exerçait sur
l’élément de longueur dl une force ⃗ dF qui lui est perpendiculaire, dirigée vers l’extérieur de (S) et
proportionnelle à sa longueur :
dF=σdl
Le travail nécessaire pour augmenter la surface de dS est celui qu’effectue la force ⃗
dF
δW =⃗ dF dx ⃗n=dF . dx=σdl . dx=σdS
→ [ σ ] : J m−2
Donnons quelques valeurs de σ pour des liquides au contact de l’air :

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• Pour l’éthanol, 22 m N m−1
• Pour l’eau savonneuse, 25 m N m−1• Pour de l’acide acétique dilué à 10 % , 55 m N m−1
• Pour l’eau à 20 ° C ,73 m N m−1 et 75m N m −1pour un glaçon
Le coefficient de tension superficielle dépend de la nature du liquide et de celle du gaz en contact
avec lui ainsi que de la température et varie considérablement en présence d’impuretés.

Soit un mince film liquide à l’intérieur d’un carde rigide rectangulaire ayant un côté AD mobile. On
appelle ⃗F la résultante des forces de tension superficielles s’exerçant sur AD (action du liquide sur la
barre mobile). A l’équilibre, le système est immobile. On écarte ensuite la partie mobile AD d’une
quantité dx (opposé à ⃗ F ), la surface du film augmente donc d’une quantité : dS=2 l . dx (car il y a
deux interfaces air/film )
La variation d’énergie superficielle engendrée est alors égale, en valeur absolue, au travail de la
résultante des forces capillaires s’exerçant sur AD telle que :

δW = ⃗
F op dx n⃗ =F . dx=2 σl . dx=σdS

Loi de Laplace :
Une bulle de savon préalablement gonflée à la fumée de cigarette est connectée à un petit tube en
verre que l’on ferme avec le doigt. Dès que l’on débouche le tube, l’air contenu dans la bulle
s’échappe, ce qui montre qu’il est en surpression : c’est la loi de Laplace. La bulle se dégonfle et
minimise ainsi sa surface.
La tension superficielle est à l’origine de la surpression à l’intérieur des gouttes et des bulles.
Cette différence de pression a des conséquences multiples :
• Dans une émulsion, c’est-à-dire un mélange de deux substances liquides, les petites gouttes
disparaissent au profit des grosses.
Considérons deux gouttes d’eau sphériques de rayon r qui coalescent pour ne former qu’une seule
goutte de rayon r ' . Montrer que cette transformation s’accompagne d’un gain d’énergie.
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Réponse : Le volume des deux gouttes vaut V = π r et l'interface eau-air possède une aire
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totale  S=8 π r 2. La conservation du volume liquide entre les deux états initial et final permet de
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déterminerr ' . π r = π r ' 3 ⟹ r '= √3 2 r  et donc la surface de l’
3 3
3 2 2 '
interface  S' =4 π r ' 2=4 π √ 2 r =6,3 π r 2 < S. S <S ⟹ La transformation s'accompagne donc d'un
gain d'énergie

On considère une bulle d’air dans l’eau, de forme sphérique et de rayon R . Les forces de tension
superficielle ont tendance à faire contracter la bulle, par conséquent la pression à l’intérieure de la
bulle Piest supérieure à la pression extérieure Pe . Si le rayon R de la bulle augmente de dR , son
volume augmente de la quantité 4 π R2 dR . Le travail total des forces de pression extérieure et
intérieure compense celui des forces de tension superficielle qui vaut σdS :
δW = ( P i−Pe ) 4 π R 2 dR=σ 8 πRdR →

Pi−Pe = Loi de Laplace
R

dS=4 π ( R+ dR )2−4 π R 2 ≈ 8 πRdR= ( 4 π R2 ) . dR
∂R

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Cette relation montre qu’il n’y a pas de variation de pression à la traversée d’une surface plane,
puisque dans ce cas R est infini.
Pour une bulle d’air de rayon 1 µm, la différence de pression est de l’ordre de 1 ba r (valeur de la
pression atmosphérique normale).
Dans le cas d’une bulle de savon, il faut considérer deux surfaces : la paroi intérieure au contact de
l’air à la pression Pi et la paroi extérieure au contact de l’air à la pression Pe .

Pi−P=
R

P−P e=
R

→ P i−Pe =
R

Pour une courbure quelconque de l’interface, la différence de pression entre deux points infiniment
voisins de part et d’autre de la surface de séparation est :

∆ P=Pi−P=σ ( R1 + R1 )
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Lorsque deux bulles de diamètres différents sont reliées, si on ouvre le robinet c’est la plus petite qui
se dégonfle dans la plus grande, P ↗lorsque R ↘ , l’écoulement se fait dans le sens des pressions
décroissantes.

-MOUILLABILITE ET ANGLE DE CONTACT LIQUIDE/SOLIDE  :


La mouillabilité caractérise la facilité avec laquelle une goutte de liquide s’étale sur une surface
solide. Elle joue un rôle majeur dans de nombreux domaines comme : l’industrie chimique
(peinture…), automobile, cosmétiques, mais aussi dans le domaine de la santé au sens large
(gonflement des poumons à la naissance, humidification de l’œil…)

Un liquide peut s’étaler de manières différentes à la surface d’un solide. L’étalement du liquide peut
être classé en deux catégories : soit le liquide mouille parfaitement la surface, soit il ne la mouille que
partiellement.
La goutte de liquide ne s’étale pas sur le substrat et formera une calotte sphérique en faisant un
angle de contact 𝜃 : angle de la tangente au point triple M du profil d’une goutte déposée sur le
substrat, avec la surface du substrat du côté liquide.

En écrivant l’équilibre des forces extérieures qui s’exercent sur la goutte au point triple M :

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dF SL +⃗
⃗ dF SV +⃗
dF LV + ⃗
P +C
⃗ = ⃗0
En projection sur l’horizontale, on obtient :

dF SV −dF SL −dF LV cosθ=0


Avec : dF SV =σ SV dl ; dF SL =σ SL dl ; dF LV =σ LV dl , dl , l’élément de longueur commun aux trois
surfaces tangentielles.
D’où la forme finale de l’équation d’équilibre, appelée équation de Young-Dupré

σ SV −σ SL
σ SV −σ SL −σ LV cosθ=0 ⟹ cosθ=
σ LV

L’angle θ, dépend à la fois du liquide, du solide qui le supporte et du gaz qui environne les deux. Trois
paramètres sont donc à prendre en compte :
•La tension superficielle σ SL entre le solide et le liquide ;
• La tension superficielle σ LV entre le liquide et sa phase vapeur;
• La tension superficielle σ SV entre le solide et la vapeur.

- θ=0mouillage complet
- 0 ° <θ<90 ° mouillage partiel
- 90 ° <θ<180 ° séchage partiel
- θ=180° séchage complet

ASCENSION CAPILLAIRE : LOI DE JURIN


Lorsqu’on observe un capillaire avec un diamètre de l’ordre du mm, on observe une ascension du
liquide le long des parois (s’il est mouillant) et une déformation de celui-ci à l’interface.
Dans ce cas les forces d’adhésion liq-sol l’emportent sur les forces de cohésion
S’il est non mouillant, le niveau du liquide à l’interface est plus bas qu’à l’extérieur : c’est la
dépression capillaire. Loi de Jurin
La loi de Jurin prédit la hauteur h d’un liquide dans un capillaire en fonction de la tension superficielle
du liquide et des caractéristiques géométriques du tube.
Soit un capillaire cylindrique de rayon r, plongé dans un liquide de tension superficielle et de masse
volumique 𝜌. On note R, le rayon de courbure du ménisque et θ l’angle de raccordement
liquide/capillaire (tangent à la courbe).
La force de tension superficielle qui agit sur tout le tour du ménisque compense
le poids du liquide soulevé.
Fσ+ ⃗
⃗ P =⃗0
Sa projection suivant la verticale conduit à :
r
σ 2 πrcosθ=ρghπ r 2 ; cosβ = ; β=θ
R

D’où la hauteur d’ascension capillaire :


2 σcosθ 2 σ
h= =
ρgr ρgR

Pour des mesures de précision, il faut apporter deux corrections à la formule.


La première concerne la densité du liquide dlIl faut tenir compte de la densité de l’air, plus
généralement du gaz en équilibre sur le liquide. Ensuite, la hauteur h doit tenir compte du ménisque.
Ces deux corrections entraînent que la relation précédente devient

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2 σcosθ
h+ r /3=
( ρl− ρa ) gr
Si l’angle θ dépasse 90°, la loi de Jurin donne h négatif. On parle alors de dépression capillaire. C’est
le cas du mercure au contact du verre et de tous les liquides non mouillants.
Cette fois les forces de cohésion sont supérieures aux forces d’adhésion, le liquide ne mouille pas les
parois du tube. Le niveau du liquide s’abaisse dans le tube au-dessous du niveau de la surface libre
du récipient. Le ménisque est convexe et forme l’angle θ > 90° avec la paroi du tube.
Les forces de tension superficielle tirent le liquide vers le bas.
La résultante ⃗ F σ de ces tensions équilibre maintenant le poids P du liquide manquant.
F σ + (− ⃗
⃗ P ) =⃗0

Une deuxième méthode de la démonstration de la loi de Jurin consiste à


utiliser la loi de Laplace ••
La traversée de la membrane élastique de 1 vers 2 créé une dépression ••
−2 σ
P1−P2=
R
La loi de l’hydrostatique appliquée au liquide entre 2 et 4 donne :
P4 + ρL gh=P 2
La loi de l’hydrostatique appliquée au gaz entre 1 et 3 donne :
P3 + ρa gh=P1
Sur la surface horizontale du liquide : P4 =P3
En combinant ces équations :
−2 σ
P2−ρ L gh+ ρa gh=P1 ⟹ P1−P 2=−( ρ L− ρa ) gh=
R
2σ 2 σcosθ
D’où :( ρ L −ρa ) gh= ⟹ h=
R ( ρ L −ρa ) g r
2 σcosθ
Si on néglige ρa devant ρ L, la loi de Jurin se réduit à :h=
ρL g r

Par capillarite, la sève brute peut atteindre une hauteur proche de 2 m


La pression osmotique peut être responsable d’une élévation de 20m

Mesure de la tension superficielle


Traction sur une lame immergée
On installe sur une extrémité d’un fléau de balance une lame métallique dont on connaît la masse.
Une fois l’équilibre atteint, la lame étant hors du liquide, à l’aide d’une vis on remonte lentement un
bac chargé du liquide. Au moment où il y a contact entre la lame et le liquide, une force d’attraction
se développe et la lame plonge dans le liquide. On doit alors augmenter la pesée sur l’autre plateau
de la balance pour ramener le fléau à sa position d’équilibre. La différence de masse entre ces deux
pesées donne accès à la mesure de la tension de surface du liquide
A sec, la masse d’équilibre mesure le poids de la lame : P=Mg
L’équilibre de la lame en contact avec le liquide : : F σ + P=( M + m) g ⟹ F σ =mg=σ 2 ( L+l ) cosθ

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Arrachement d’un anneau immergé
On remplace la lame précédente par un anneau en platine. Cette fois on immerge l’anneau dans le
liquide. On positionne le fléau de la balance à l’équilibre. Avec la vis on abaisse lentement le
réservoir. Lorsque l’anneau tend à sortir du liquide, la tension de surface se développe : l’anneau est
attiré vers le liquide et suit le mouvement descendant du niveau de liquide. Il faut alors ajouter des
poids sur l’autre plateau de la balance pour le maintenir en position horizontale, jusqu’au moment
où on obtient l’arrachement.
F σ =mg=σ 2 π ( R 1+ R 2) cosθ

Méthode du stalagmomètre
Pour un liquide qui s’écoule par un tube fin, une goutte se forme lentement au bout du tube.
Elle s'enfle jusqu'à atteindre une masse suffisante pour vaincre les forces de tension superficielle (à
l'interface verre-liquide). Elle chute ensuite, et le processus reprend pour la prochaine goutte.
A l’équilibre 
Δ mg=2 πR σ
Si le liquide mouille parfaitement le verre : R est le rayon extérieur du capillaire
Si le liquide ne mouille pas le verre : R est le rayon intérieur
En fait la masse de la goutte qui tombe est ¿ 2 πR σ / g
Si m est la masse d’une goutte on a  :
mg=C .2 π R σ=k R σ
C est un coefficient de correction
Pour volume V écoulé, on compte le nombre N de gouttes qui s'écoulent pour V : N= ρVg /KR σ .
Le stalagmomètre est ensuite étalonné avec un liquide de tension σ 0 connue : N 0= ρ0 Vg /KR σ 0 .

ρN0
σ =σ 0
ρ0 N

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