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PHÉNOMÈNES DE SURFACE

I- GÉNÉRALITÉS :
Il s’agit de phénomènes qui apparaissent à la surface de séparation entre deux phases. Cette séparation
s’appelle une interface.
Phase :
On désigne par ce terme la partie d’un système physico-chimique qui apparait homogène, c’est ainsi
que :
- Plusieurs gaz mis en contact se mélangeant toujours constituent une phase unique.
- Inversement différents solides mélangés même en poudre très fine constituent autant de phases
qu’il y a de solides différents dans le mélange ; alors qu’un seul solide ne constitue qu’une
seule phase.
- Une solution de solide ou de liquide ou de gaz constitue une phase unique lorsqu’il n y a pas
excès visible de soluté.
- Deux liquides non miscibles constituent deux phases de même qu’un liquide au contact d’un
liquide ou d’un gaz.
Pour chaque type d’interface il convient de se référer aux états de la matière ; on parle ainsi
d’interface : Tableau 1 :
TABLEAU 1 : Surfaces et interfaces
Phases en contact Exemples d’utilisation courante Formes galéniques
Gaz – Gaz Pas d’interfaces possibles Aucune
Gaz – Liquide Surface de l’eau exposée à l’atmosphère Mousses et aérosols
Gaz – Solide Dessus d’un bureau Comprimés et capsules..
Liquide – Liquide Pétrole, vinaigrette Emulsions, crèmes,
lotions…
Liquide – Solide Une goutte d’eau sur une surface plane Suspensions
Solide – Solide Un livre posé sur un bureau Poudres dans une gélule.
Le rôle des phénomènes de surface devient prépondérant dans des domaines variés :
- Formulation des formes pharmaceutiques (suspensions, émulsions, suppositoires, lotions, ..).
- Conditionnement des solutions buvables et des collyres administrés par des compte-gouttes.
- Echanges de matières au sein des cellules vivantes.
- Industries alimentaires et cosmétiques (émulsions, crèmes, mousses, etc.)
L’étude des phénomènes de surface est appliquée donc à des larges domaines industriels
(pharmaceutiques, cosmétiques et alimentaires) ; tout pharmacien devant affronter des problèmes de
formulation ne saurait en ignorer les bases.
II- FORCES DE TENSION SUPERFICIELLE :
1. Mise en évidence :
Parmi les nombreuses expériences simples mettant en évidence l’existence de la tension superficielle,
nous n’en citerons qu’une : Si l’on plonge dans de l’eau savonneuse un anneau métallique auquel est
attaché un fil fin non tendu, celui-ci prend une forme quelconque dans le film d’eau savonneuse
formé.
Si on crève la membrane d’eau savonneuse d’un côté du fil, celui-ci se tend sous l’action de la
membrane restante, qui cherche à prendre la plus petite surface possible.
1. Origine des forces de tension superficielle :
Considérons les molécules A et B d’un même liquide en équilibre. La molécule A est intérieure au
liquide, c.-à-d. à une profondeur supérieure à 10-9 m. Elle est entourée de tous côtés par d’autres
molécules. La résultante des forces d’interaction moléculaire s’exerçant sur A est nulle : FA = 0.

En effet, comme la molécule A est


entourée de molécules identiques et de
façon symétrique, leurs actions sur A
s’annulent deux à deux. Il s’en suit
alors une résultante nulle des actions
moléculaires.

FIGURE 2 : Origine des forces de tension superficielle

Soit maintenant une molécule superficielle B, si l’on néglige l’attraction des molécules gazeuses, très
dispersées, cette molécule est attirée vers l’intérieur, perpendiculairement à la surface par les
molécules liquides voisines : Une partie des forces intermoléculaires n’est pas compensée.
1. Expression de la tension superficielle :
Considérons un fil métallique rigide en U fermé par une barre rigide de longueur ℓ pouvant coulisser
sur le fil en U, avec une fine pellicule d’un liquide (assimilé à une membrane élastique rectangulaire)
délimité par cette armature.
On augmente la surface en déplaçant cette barre mobile d’une distance dx.

FIGURE 3 : Lame liquide

Toute augmentation de surface dS nécessite un travail dW, ce travail est donc proportionnel à la
surface :

dW =  dS

La surface dS = 2ℓ . dx

Par définition dW =𝐅 . dx =  dS =  2ℓ . dx

𝑭 = 𝝈.L

𝐅 : est la force qui exprime la tension de la pellicule liquide dont il été fait mention ci-dessus.
Le coefficient de proportionnalité , toujours positif est appelé tension superficielle.
Par définition la tension superficielle est l’énergie qu’il faut apporter pour créer une surface-unité.
On peut la définir également comme la force agissant par unité de longueur.

Unités :
La tension superficielle est exprimée en :
- dyne.cm-1 ou erg.cm-2 dans le système c.g.s
- N.m-1 ou J.m-2 dans le S.I (MKSA)

TABLEAU 2: Tension
superficielle de quelques liquides
à 20°C (dyne/cm)
Liquide Tension superficielle
Eau 72,8
Benzène 28,9
Acide oléique 32,5
Huile d’olive 35,8
Glycérine 63,4
V- MOUILLABILITÉ :
Le mouillage est un phénomène de surface. Il peut être apprécié, lorsqu’une goutte de liquide est
déposée à la surface du solide, par la mesure de l’angle de raccordement entre cette goutte et la
surface solide. Cet angle, encore appelé angle de contact, est noté 
1. Conditions d’étalement :
Si une goutte liquide immobile est déposée sur une surface solide horizontale, il faut considérer 3
interfaces :
- Gaz – liquide
- Gaz – solide
- Liquide – solide.
-

Au point de contact I entre la paroi solide, l’air et le liquide, la surface libre du liquide fait un angle 
avec la paroi.
Les molécules appartenant au liquide et aux interfaces gaz – liquide et liquide-solide sont soumises
aux forces de tension superficielle du liquide FL , aux forces de tension interfaciale FL−S , et aux forces
d’adhérence du solide FS .
Au point I, la condition d’équilibre est :
FL + FS + FL−S + P + N = 0
S σL + σS + σL−S +P+N = 0
S : Surface de contact de la quantité de matière située en A.
Par projection sur l’axe horizontal :
σL cosα + σS −L − σS = 0

𝛔𝐒 − 𝛔𝐒−𝐋
𝐜𝐨𝐬 𝛂 =
𝛔𝐋

 : Angle de contact, de raccordement ou de mouillement.


L : Tension superficielle du liquide.
S : Tension superficielle du solide.
L –S : Tension interfaciale.
On envisage 3 cas :
𝛑
- Si  est aigu 𝟎 ≤ 𝛂 < 𝟐
c.-à-d. si 𝟎 ≤ 𝐜𝐨𝐬  < 1 : Le liquide s’étale sur le solide (Bon

mouillage)

𝛑
𝟎≤𝛂< 𝟐

𝛑
- Si  est obtus ≤𝛂< c.-à-d. si −𝟏 ≤ 𝐜𝐨𝐬  < 0 : Il n y a pas d’étalement, le liquide
𝟐

mouille peu le solide (Mauvais mouillage).

𝛑
≤𝛂<
𝟐
- Si 𝐜𝐨𝐬 𝛂 > 1 : ce cas est mathématiquement impossible ; la coexistence des 3 phases :
liquide – air – solide est impossible. On a donc un étalement parfait.
2 cas limites :
-  = 0° : Mouillement parfait (eau sur verre propore).

-  = 180° : Mouillement nul.


VII- MÉTHODES DE MESURE LA TENSION SUPERFICIELLE

1. Méthode stalagmométrique :
Considérons un compte-gouttes dont l’extrémité inférieure est mouillée, mais dont la paroi latérale ne
l’est pas.
On arrive à ce résultat en donnant au compte-goutte la forme représentée sur la figure suivante
(compte-goutte de Traube).

Formation d’une goutte stalagmométrique


Au moment où la goutte tombe, son poids mg est équilibré par la force de tension superficielle qui
s’exerce au niveau du collet de striction. On a donc :
𝐦 𝐠 = 𝛔 𝓵 = 𝛔 . 𝟐 . 𝐫′
où r’ est le rayon du collet de striction.
Loi de Tate :
L’expérience prouve que r’ le rayon du collet de striction est proportionnel à R, rayon extérieur du
tube, quel que soit le liquide.
On aura :
𝐫′ = 𝐤 . 𝐑 → 𝐦𝐠 = 𝛔 . 𝟐. 𝐤 𝐑
𝐊
Finalement on peut écrire :
𝐦𝐠 = 𝐊 . 𝛔 Loi de Tate

• Mesure par la détermination des masses des gouttes :


On mesure la masse moyenne d’une goutte de liquide de référence, dont la tension superficielle est
connue : 𝛔𝟎 . On réalise la même opération, dans les mêmes conditions avec le liquide de tension
superficielle inconnue : 𝛔𝐱
On aura : m0 g = K . σ0
mx g = K . σx

𝛔𝟎 𝐦𝐱
𝛔𝐱 =
𝐦𝟎
• Mesure par la détermination du nombre des gouttes :
On remplit le compte-goutte d’un volume V du liquide et on compte le nombre de gouttes nécessaires
pour délivrer ce volume :
V = n0 𝑣0 pour le liquide de référence
V = n𝑥 𝑣𝑥 pour le liquide de tension superficielle inconnue

Sachant que : m0 = 0 𝑣0 et m𝑥 = 𝑥 𝑣𝑥

σ0 m𝑥 ρ𝑥 𝑣𝑥
σ𝑥 = = σ0
m0 ρ0 𝑣0

V V
𝑣0 = et V𝑥 =
n0 n𝑥
𝛒𝒙 𝐕 𝐧𝟎
𝛔𝒙 = 𝛔𝟎
𝛒𝟎 𝐧𝒙 𝐕

𝛒𝒙 𝐧𝟎
𝛔𝒙 = 𝛔𝟎
𝛒𝟎 𝐧𝒙
1. Méthode d’arrachement de l’anneau (Tensiomètre de NOUY) :
On utilise un anneau circulaire en platine, mouillant parfaitement le liquide est posé à sa surface.
Ce liquide est retenu par les forces de tension superficielle qui agissent sur le pourtour de l’anneau très
fin.

OA = R1 : Rayon interne
OB = R2 : Rayon externe

F1 = f1

F2 = f2

F = F1 + F2 = f1 + f2

F1 = σ1 ℓ1 = σ1 2π R1
F2 = σ1 ℓ2 = σ2 2π R 2
F1 et F2 sont parallèles et de même sens, donc :
F = F1 + F2 → F = F1 + F2 = F
F = 2πσR1 + 2πσR 2
F = 2πσ(R1 + R 2 )
R 1 +R 2
Comme l’anneau est très fin : R1 ≈ R 2 ≈ =R
2
Donc :
F = 2πσ . 2R = 4 πσ R

𝐅
→ 𝛔=
𝟒𝛑𝐑

𝐅 : Force qu’il faut exercer sur l’anneau pour l’arracher de la surface libre du liquide.
R : Rayon moyen de l’anneau.

Le tensiomètre de NOUY donne directement la valeur de la tension superficielle  exprimée en


dyne.cm-1 une fois l’anneau arraché de la surface du liquide.

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