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Définition :
– Rhétorique : étude de l'ensemble des procédés de style nécessaires à l'expression écrite et orale des idées ou à leur recherche.
– Figures : constructions des phrases en fonction du sens des mots, de leurs liens logiques et  de la syntaxe.
Les figures de style rendent l'énoncé plus expressif ; elles attirent l'attention du destinataire sur une nuance de la pensée.

1. Remplacer : les figures de substitution d'un mot


Les figures de substitution tracent un rapport d'équivalence entre deux mots ou expressions. Toutefois, elles impliquent un effet de surprise,
d'attente, d'euphémisation, de louange ou de dépréciation, voire d'ironie.
 

Figure Construction  Effet  Exemples


La La métonymie emploie pour désigner Elle offre un raccourci de la pensée. On peut employer le boire un verre ; 
métonymie un objet ou un être, un objet  proche de contenant pour le contenu, l'instrument pour celui qui en use, une fine lame ;
la chose ou de la personne. Le rapport l'attribut pour le possesseur, le lieu d'origine pour la chose, hériter du trône ,
est de voisinage, de contiguïté. l'auteur pour l'œuvre. Les métonymies peuvent appartenir au la couronne de Grande-
lexique courant, par exemple « se servir une assiette ». On Bretagne ; 
parle alors de catachrèse de métonymie. la Maison Blanche ; 
un bon bordeaux ; 
un Simenon ;
l'ennemi (= les ennemis)
La La synecdoque est une forme C'est aussi un raccourci. La synecdoque emploie un élément un sac en lézard ; 
synecdoque particulière de métonymie. Elle  particulier d'un être, d'un objet, ou bien la matière qui le les cordes, les bois et les
consiste à utiliser le tout pour la partie, compose. cuivres de l'orchestre ;
ou la partie pour le tout. une voile à l'horizon;
un troupeau de cent têtes 
L'antonomase L'antonomase est un cas particulier de Certaines antonomases sont lexicalisées ou peu visibles (la un gruyère ;
la métonymie. On utilise un nom mousseline de Mossoul), d'autres conservent encore la un bourgogne ;
propre comme un nom commun. Ce majuscule qui les lie au nom d'origine (les Nobel). Le nom une poubelle ;
nom peut être celui d'un auteur, d'un d'origine est dit éponyme. Indirectement, l'antonomase peut une charlotte ;
lieu d'origine, d'un être symbolique. agir comme une métaphore implicite (un apollon). un tartuffe ;
l'argus ;
un hercule ;
La périphrase La périphrase remplace un nom exact Le préfixe péri veut dire en grec « à côté, autour de ». On la capitale de la France (=
par une expression  qui exprime les utilise donc une expression plus longue qui crée une attente. Paris) ;
qualités ou les attributs de l'être ou de Elle sert de reprise anaphorique laudative ou péjorative, elle les commodités de la
la chose. évite ainsi la répétition, mais elle est connotée par les qualités conversation (= les
mises en avant. Elle permet d'euphémiser parfois. Cela peut fauteuils) (Molière) ;
être aussi une figure de l'ironie (le beau sexe, le sexe dit le temple  de la pudeur (=
faible). les joues) (Molière) ,
l'astre de la nuit, la reine
des nuits (= la lune) ;
le roi des animaux (= le
lion) ;
l'empereur à la barbe
fleurie (= Charlemagne) ,
la plus belle avenue du
monde (= les Champs
Elysées) ;
L'antiphrase L'antiphrase dit le contraire de ce Le préfixe grec anti- veut dire « contre, au contraire, à J'ai bien gagné ma journée
qu'elle veut faire entendre. Elle ne l'opposé ». L'antiphrase insiste, souligne. Elle s'accompagne ! Ne vous gênez pas !
laisse toutefois pas de  doute sur donc d'une forme d'exagération. Ce peut être une figure de Je vais bien le recevoir !
l'intention réelle par le ton employé, par l'ironie, par exemple « ce grand démocrate » pour Silvio C'est le bouquet !
la connotation en apparence positive du Berlusconi. Une forme particulière de l'antiphrase est la Te voilà dans de beaux
lexique. prétérition qui consiste à déclarer que l'on ne va pas parler de draps ! Bravo ! C'est
tel sujet et à le traiter néanmoins. réussi ! Il s'est
particulièrement distingué
!
Comme chacun sait... nul
n'ignore... (expressions
qui introduisent un e
antiphrase)

5. Comparer : les figures analogiques

Figure Construction Effet Exemple


La comparaison La comparaison simple met sur le même plan Le comparé et le comparant possèdent une  Comparaison
deux réalités d'un même domaine. Par exemple, qualité commune, par exemple la forme des grammaticale : il est aussi
« il est grand comme son père ». Cette maisons ressemble à celle des alvéoles. Mais la grand que son père
comparaison grammaticale peut exprimer la comparaison introduit souvent une connotation,
ressemblance ou l'identité d'une qualité, la une idée implicite seconde, la ville peut être Comparaison stylistique :
dissimilitude à l'aide des comparatifs « plus que, aussi dangereuse qu'un nid de guèpes.  Aubignane est comme un
moins que ».  petit nid de guèpes. (Giono)
La comparaison stylistique fait intervenir des
éléments appartenant à des domaines distincts.
Elle établit alors une analogie entre ces deux
réalités à partir d'une caractéristique commune
qui est implicite. 
On distingue trois parties dans la comparaison :
le comparé (la chose comparée), le terme de
comparaison (adverbe, substantif, verbe), le
comparant ( ce qui sert à comparer). 
La métaphore On emploie un mot pour désigner une réalité Le comparé dans la métaphore complète est la neige de ses cheveux ;
qu'il ne représente pas habituellement. La sous-entendu. La métaphore est alors implicite, mon coeur ; ma flamme;
métaphore n'emploie pas de terme de elle transforme la réalité de la chose désignée. mettez un tigre dans votre
comparaison, mais elle peut contenir à la fois le Le lecteur est contraint à un effort moteur;  le chant grave de la
comparé et le comparant. Ainsi dans « je me d'interprétation. Il existe des métaphores forêt ondulait lentement
suis baigné dans le Poème de la mer » lexicalisées et on parle pour ces expressions (Giono)
(Rimbaud), les points communs entre les deux courantes de catachrèses (les pieds d'un fauteuil,
réalités sont l'immensité, le rêve, le voyage, la les bras d'une chaise). La métaphore surréaliste
solitude. Mais les deux termes sont présents en rapproche deux réalités qui ne possèdent aucun
même temps. La métaphore peut donc ne pas point commun, c'est selon le mot de
être une simple substitution, mais une Lautréamont « la rencontre sur une table de
construction par amplification ou par apposition dissection d'un parapluie et d'une machine à
(la mer, cette chevelure). coudre ». Elle vise à la surprise. Lorsque la la
métaphore se prolonge par un même réseau
lexical, on parle de métaphore filée.
La métaphore La métaphore homérique est formée d'un nom La métaphore homérique exprime des attributs l'Aurore aux doigts de rose,
homérique suivi d'un complément qui exprime ses qualités. inséparables des réalités ou des êtres qu'elle Achille au pied léger,
désigne.  Ulysse aux mille ruses  
 
La La personnification prête à des inanimés ou des   Ces flots, ces vents... mes
personnification animaux des comportements ou des sentiments premiers maîtres
humains. (Chateaubriand)
L'allégorie L'allégorie rend concrète une idée abstraite. Elle La notion est traitée comme une personne, elle Je vis cette faucheuse. Elle
la représente dans une mise en scène vivante. est souvent pourvue d'une majuscule, mais était dans mon champ,
surtout l'apparence et le comportement sont Elle allait à grand pas
humains. L'allégorie est soit un tableau, soit une moissonnant et fauchant,
scène. Noir squelette laissant
passer le crépuscule. (Hugo)
4. Changer le degré : les figures d'amplification et d'atténuation
Ces figures changent le degré des mots, soit en le rendant plus faible, soit en le grandissant.

Figure Construction Effet Exemple


L'hyperbole L'hyperbole emploie des Cette figure est couramment employée dans le La Sept se déchaîne ! Géo, c'est génial !
termes dont le sens est trop langage familier (super, sensas, giga, formid, Mammouth écrase les prix ! mourir de rire, une
fort par rapport à la réalité extra).  Elle peut aussi être totalement avalanche de cadeaux, c'est trop mortel, ça me
désignée. lexicalisée et ne plus être perçue comme telle, tue, c'est à se casser la tête contre les murs, un
par exemple « étonner » c'est être frappé par le bruit à réveiller un mort, se creuser la cervelle,
tonnerre à à l'origine. L'hyperbole appartient clouer le bec, couper  les cheveux en quatre, un
aux figures qui entrent dans le registre épique et conte à dormir debout
dans le genre de l'épopée. On peut encore
l'employer dans le registre ironique mais
souvent en lien avec une antiphrase (ce brillant
génie = cet imbécile complet). L'hyperbole peut
encore venir au terme d'une gradation.
La litote La litote consiste à dire le En atténuant en apparence le propos, Va ! je ne te hais point ! (Corneille)
moins pour exprimer le plus. paradoxalement on le renforce et on insiste sur Je ne suis pas très content ! Ce n'est pas mal ! Ça
Elle est toujours construite à la réalité. La litote se distingue donc de ne sent pas la rose ! Ne pas se le faire dire deux
l'aide d'une négation, mais ce l'euphémisme qui atténue afin de masquer la fois. Ce n'est pas pour demain. Ce n'est pas
n'est pas une antiphrase ou un réalité. Elle peut entrer dans le registre ironique. l'idéal. Ce n'est pas rigolo.
euphémisme. 
L'euphémisme L'euphémisme est l'emploi L'euphémisme (eu, bien) consiste à présenter chatouiller les côtes (rosser), les malentendants
d'une expression plus faible une réalité déplaisante, brutale, vulgaire sous un (les sourds), les verticalement différents (les
par le sens que l'expression jour favorable. Il tend à masquer la vérité. On nains), s'éteindre (mourir), traiter un objectif
exacte. Il existe des évite la connotation péjorative d'un terme trop (bombarder), lisser les effectifs (licencier) ; les
euphémismes lexicaux et des précis. personnes âgées, le troisième âge, les anciens, les
euphémismes périphrastiques. seniors (les vieux) ; les pays en voie de
développement (les pays sous-développés), les
économiquement faibles (les pauvres), les
déficients intellectuels,le Quai d'Orsay  évoque sa
préoccupation 

2. Opposer : les figures du contraste entre les idées


Deux termes s'opposent par leur sens dans un énoncé. La construction met en valeur les contradictions ou les oppositions entre ces deux idées,
ces deux situations, ces deux personnages.

Figures Définition Effet Exemple


L'antithèse L'antithèse se fonde sur une opposition L'antithèse insiste, souligne les qualités. Elle crée aussi À père avare, fils
avec effet de d'idées. Dans un même groupe syntaxique une surprise. On la retrouve fréquemment dans des prodigue
parallélisme (phrase, paragraphe, strophe), deux termes maximes, des sentences, des proverbes. Elle contient Noël au balcon, Pâques
disjoints  s'opposent par leur sens. La alors un enseignement et ces énoncés gnomiques sont aux tisons
construction de la phrase peut reprendre un didactiques. Elle est donc souvent liée à une vérité Noël au scanner, Pâques
modèle pour mettre en valeur ce contraste. générale, ou bien à un énoncé conclusif qui résume une au cimetière
situation. (Desproges)
Et monté sur le faîte, il
aspire à descendre
(Corneille)
Cet homme dont
j'admire le génie et dont
j'abhorre le despotisme
(Chateaubriand)
Tel qui rit vendredi,
pleurera dimanche
Un tiens vaut mieux que
deux tu l'auras
Mieux vaut mourir
debout que vivre à
genoux (la Pasionaria)
L'antithèse à L'opposition est soulignée par l'inversion des   Il faut manger pour
effet de termes. vivre et non vivre pour
chiasme manger (Molière) 
Le chiasme Deux expressions contiennent les mêmes Le nom du chiasme vient de la lettre grecque khi que Des cadavres dessous et
éléments grammaticaux ou lexicaux. L'ordre l'on écrit c ainsi. C'est la forme de cette lettre qui a dessus des fantômes.
des mots est inversé dans la seconde donné naissance à notre x et non le xi écrit x. Le (Hugo).
expression et l'ensemble figure une sorte de chiasme souligne l'union des termes et renforce leur
croix. opposition par la permutation syntaxique. 
Le paradoxe C'est un énoncé contraire à l'opinion Le paradoxe (para, à côté de ; doxa, opinion) peut être Paris est tout petit, c'est
commune, aux idées admises. Des mots simple ou bien complexe. Il peut reposer sur un là sa vraie grandeur.
ordinairement opposés sont rapprochés pour raisonnement faux ou syllogisme. (Prévert).
exprimer une vérité surprenante.
L'oxymore Dans une même expression, deux termes L'oxymore exprime ce qui est inconcevable. Il crée J'ai rencontré des nègres
contradictoires par leur sens sont juxtaposés, donc une nouvelle réalité poétique, il rend compte aussi blancs qui déterraient
réunis et se rapportent à la même réalité, au de l'absurde. L'oxymore est une forme de paradoxe qui des morts-vivants
même sujet.  demande à être dépassé. Il existe des oxymores (comptine) ;
courants comme « la grève du zèle ». cette obscure clarté
(Corneille) ;
pleurer de joie ;
une orgueilleuse
faiblesse (Corneille) ,
(La tortue) se hâte
lentement (La
Fontaine) ;
cette petite grande âme
(Hugo) ;
le soleil noir de la
Mélancolie (Nerval) ,

3. Insister et répéter : les figures de l'insistance


 

Les figures d'insistance sont les plus simples, elles sont souvent liées à une description de la réalité, mais elles peuvent entrer dans une
argumentation comme la gradation. La répétition peut être grammaticale ou sémantique. Beaucoup de ces figures peuvent passer pour des fautes,
mais c'est l'intention du locuteur et le sens général de l'énoncé qui décident de la pertinence de ces formes. L'intensité du propos varie en fonction
de ces redites.

Figures Construction Effet Exemples


La répétition La répétition consiste à reprendre La répétition peut être une faute de style, mais elle peut aussi La terre était grise, le blé
les mêmes termes, sans aucune exprimer une idée : dans l'exemple donné, l'auteur insiste sur la était gris, le ciel était gris
modification lexicale. grisaille générale du paysage et traduit ainsi l'uniformité, la (Giono)
monotonie qui s'en dégage. 
La redondance La redondance exprime la même La redondance peut être une erreur, mais elle peut aussi traduire Le ciel était noir, sombre,
idée par une accumulation de une réalité. Le ciel n'est pas seulement noir physiquement,  c'est obscur...
synonymes. l'obscurité morale et métaphysique qui se trouve concrétisée. 
Le pléonasme Le pléonasme consiste à Le pléonasme peut être une faute de langage. Toutefois, il Puissé-je, de mes yeux y voir
employer une expression, un permet aussi d'insister sur la vérité de l'énoncé. Ainsi, dans tomber ce foudre (Corneille)
terme superfétatoire parce que l'exemple de Corneille, la mention des yeux montre que le sortir dehors, monter en haut,
son sens est déjà contenu dans le spectacle doit être réel. allumer la lumière, un petit
terme essentiel. nain, une jeune adolescente,
puis ensuite, mais au
contraire,
comme par exemple, voire
même, Il ajouta quelques
détails de plus. Il prévoit
d'avance.
L'anaphore L'anaphore est la reprise du L'anaphore est une reprise de ce qui a été dit (ana, à l'inverse). Rome, l'unique objet de mon
même terme, de la même Elle peut être grammaticale lorsqu'elle substitue au nom propre ressentiment !
expression en début de un pronom, une périphrase. Elle est stylistique lorsque les Rome, à qui vient ton bras
proposition, de phrase, de vers, mêmes termes sont employés. Elle peut être continue en début d'immoler mon amant!
de strophe ou de paragraphe. de vers, mais aussi discontinue. Par exemple, Zola emploie Rome qui t'a vu naître, et que
l'anaphore  ton coeur adore !
« J'accuse » au long de son article comme un leitmotiv. Cette Rome enfin que je hais parce
figure met en valeur une obsession ou une idée dont on veut qu'elle t'honore !
convaincre les destinataires. (Corneille) 
Il y a des petits ponts
épatants
Il y a mon cœur qui bat pour
toi
Il y a une femme triste sur la
route (Apollinaire)
L'accumulatio Des termes de même nature L'accumulation traduit une impression de désordre, de chaos et Au ciel, au vent, au roc, à la
n grammaticale sont juxtaposés, de foisonnement. nuit, à la brume,
sans aucun autre lien. Il n'y a pas Le sinistre océan jette son
de progression par le sens. noir sanglot (Hugo)
La gradation Des termes d'intensité croissante La gradation fait porter l'effet sur le dernier terme qui doit être Ah ! Oh ! Je suis blessé, je
ou décroissante se succèdent.  le plus marquant par son sens. Au contraire de l'accumulation, suis troué, je suis perforé, je
les éléments de la phrase ne sont pas équivalents par leur sens. suis administré, je suis
enterré ! (Jarry)
Je le vis, je rougis, je pâlis à
sa vue. (Racine)
Veni, vidi, vixi. (César)
Je me meurs, je suis mort, je
suis enterré. (Molière)
Le Une construction syntaxique Le parallélisme met en évidence une similitude ou une Il n'avait pas de fange dans
parallélisme identique est employée dans deux opposition. Il peut entrer dans des antithèses. l'eau de son moulin. 
propositions, deux phrases, deux Il n'avait pas d'enfer dans le
vers.  feu de sa forge. (Hugo)

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