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Assemblée des Femmes, Aristophane

Leçon : une comédie du langage

Introduction

Dès son origine, la comédie grecque associe langage et style bas, grossier, vulgaire (=/= tragédie où
le langage est à l'image des personnages nobles qui s'y expriment – cf. Genre noble selon Poétique
d'Aristote). L'une des origines de la comédie d'après Aristote = chant du κῶμος càd une procession
de fêtards, "ceux qui conduisent les chants phalliques", mènent les participants qui accompagnaient
les phalloi durant la procession des fêtes dionysiaques.
Représentant de la comédie ancienne, Aristophane conquiert rapidement les foules lors des
concours qui aiment sa langue colorée, pleine d'imagination, d'une tonalité subtile et variée.
Composante essentielle du genre comique avec comique des personnages (personnages bouffons,
pitres, clownesques comme Blépyros : se laisse berner par sa femme, réfléchit avec son ventre,...),
qui implique une gestuelle elle aussi souvent cocasse, drôle (Blépyros sur la selle), selon une
situation qui ne manque pas moins de sérieux (se fait surprendre par un voisin), le langage est aussi
un moyen privilégié pour exprimer cet humour qui repose principalement sur un registre familier,
des procédés d'exagération, voire la parodie.
Titre de la pièce (Ἐκκλησιάζουσαι) illustre déjà la subtilité de la langue aristophanienne : On traduit
paradoxalement ce titre par "l'Assemblée des femmes" alors que les femmes ne créent pas à
proprement parler une assemblée, mais y remplacent les hommes. Certains critiques ont proposé
plutôt "Les Femmes à l'Assemblée". Mais n'est-ce pas trahir une volonté de l'auteur ? Ne faudrait-il
pas voir dès le titre une ironie et une ambiguïté provocatrice pour mieux susciter par cette
incongruité de la formule la curiosité ? Il conviendra de rendre compte de cette variété du langage
comique au sein de la pièce et de sa subtilité.
Au-delà de son aspect comique, le langage n'est-il pas un tremplin à une parole plus sérieuse ? On a
souvent affirmé que l'AF différait des autres comédies de l'auteur par sa forme et son fond, que la
satire politique notamment y était atténuée. Si elle est bien présente, il faudra en élucider les
motivations au sein de la structure dramatique.
Si le langage est un pilier du genre comique, il faudra voir comment Aristophane interroge sa
fonction et ne cesse de le réactualiser dans ses façons de l'insérer dans la pièce > une méta-langue
qui participe à la dimension méta-théâtrale.

Pb : Comment le langage au sein de cette comédie, loin d'être réduit à un artifice comique,
devient-il l'élément-moteur d'une réflexion dramaturgique plus complexe ? En quoi l'AF est-
elle une comédie sur le langage ?

Après avoir étudié la virtuosité du langage comique, fleuri ou plus cru, vue sous le prisme de la
variété (I), nous montrerons comment, loin d'être un matériau verbal figé, le langage s'enrichit en
devenant parodique càd en empruntant à d'autres genres et à d'autres types de langage (II). Enfin,
nous aborderons un aspect original de cette pièce dans le traitement du langage qui devient le
support d'une réflexion plus large autant sur l'aspect politique que dramaturgique (III).

I) Variétés du langage au service du comique

1) Le langage du bas

a) =/= tragédie (personnages nobles), langage de la comédie associé au bas, au familier, voire au
vulgaire qui reproduit la situation sociale basse des personnages.
Utilisation d'un langage familier qui a trait aux choses du quotidien : cela est manifeste dans les
différentes références aux activités (stéréotypées) des femmes > langue propre des femmes lors de
la répétition générale alors qu'elles doivent se faire passer pour des hommes : verbe ξαίνω = carder,
tisser (v.92, 93)
+ mention de la nourriture et de la boisson : v.137 (contexte de cérémonie officielle, or l'une des
femmes est portée sur le vin et méconnaît les usages de l'assemblée) + Blépyros qui ne trouve
d'intérêt à aller à l'assemblée que pour avoir son triobole (v.392-3) et ramener son setier de blé
(v.547). Langage qui confine les personnages à la caricature > femmes portées sur la boisson et
hommes gourmands obnubilés par l'argent.

b) Langage parfois trivial : référence à Lamias qui a une réputation de pétomane (v.78) ; rapport
affirmé entre les femmes et le sexe (v.264-5 : elles ne savent pas quand elles devront lever les mains
ayant plutôt l'habitude de lever les jambes). Usage du verbe κίνεω (baiser) très fréquent comme au
vers 468.

c) Dimension scatologique assumée : Blépyros dès son arrivée sur scène est préoccupé à vouloir se
soulager (v.320) et décide de le faire dans la rue. Voisin qui n'hésite pas à commenter le fait qu'il
reste depuis très longtemps accroupi (v.351). Dimension scatologique qui atteint son paroxysme lors
du monologue de Blépyros (v.358 à 371) : florilège de termes crus en rapport avec ses troubles
intestinaux (v.360, 362, 364, 368 χεζητιά-ω (aller sur la selle), on appréciera la variation sur le
lexique car on avait avec le même sens le verbe ἀποπατέ-ω v.351).

2) Le langage de l'éxagération

A défaut d'être cru, le langage fleuri des personnages est tout autant plus drôle car plus suggestif.

a) langue imagée : métaphore de la navigation pour évoquer la sexualité > v.39 mari qui a bien
manoeuvré sa femme (tel un navire). Le verbe ἤλαυνε : sens transitif (diriger, manoeuvrer un
bateau), sens intransitif (s'avancer sur un navire). Reprise du même verbe au v.109 où Praxagora
encourage ses compagnes à mettre en place leur projet et abandonner les "rames".

b) langue hyperbolique : constipation de Blépyros assimilée à une porte vérouillée (v.361).


Redoublement du comique car ce sont les excréments personnifiés (v.360) qui bloquent le passage.

c) utilisation de l'antonomase : v.97 "Phormisios" réputé pour sa forte pilosité // sexe féminin dans
ce contexte. Les femmes doivent faire attention à ne pas se prendre les pieds dans leur manteau au
risque de tomber lesjambes en l'air et leur sexe à la vue de tous.
v.1056-7 : première vieille femme assimilée à Empuse = spectre envoyé par la sorcière Hécate
//monstruosité du personnage avec rapport au costume et au masque.

3) Un langage qui se renouvelle

Nombreuses créations lexicales dans la pièce = source de comique.

a) Noms des personnages : Blépyros (= "celui qui a un regard de feu" ou "celui qui surveille le blé")
/ Praxagora ("celle qui agit à l'agora") / ses compagnes Sostraté ("celle qui sauve les troupes") ou
encore Geusistraté ("celle qui goûte/fait l'expérience des troupes"). Noms qui permettent d'associer
les personnages à un trait caractéristique souvent caricatural : Blépyros est celui qui ne voit rien (le
regard de feu est donc ironique) ou ne pense qu'à manger (cf. v.665-6 : Praxagora achèvera de
convaincre Blépyros en lui disant que la nouvelle atimie en vigueur sera une punition du ventre).
Noms des femmes en rapport avec des compétences oratoires (Praxagora convaincra les hommes
par son discours à l'assemblée et rassemblera tous les biens sur l'agora), guerrières (compagnes
courageuses) et sexuelles.
b) Créations plus larges : v.362 jeu de mots en la "poire" (αχρας) et un dème attique (Αχερδους) que
Budé traduit par "le Poirien" pour traduire le jeu de mots tout en conservant le style
(personnification des excréments).
+ menu lors du banquet final (v.1171 à 1175) : accumulation comique des mets qui forme un seul
mot = abondance de la nourriture, repas gargantuesque + comique de fin avec la mention de la
purée. Création intéressante aussi du point de vue de la performance vocale : acteur qui devait
enchaîner sans pause tout en respectant le rythme des vers.

II) Un travestissement du langage comique

Travestissement : modalité scénique propre à la comédie.


De même que les personnages ne cessent de se travestir (les femmes en homme, les hommes en
femme comme Blépyros), le langage renouvelle les enjeux comiques en empruntant à d'autres types
de langage = langage parodique.
Parodie = imitation burlesque d'une oeuvre sérieuse. Aristophane, en faisant des emprunts à d'autres
genres (tragédie, discours politiques, poésie) et en insérant des types de langage différents,
complexifie le comique de la pièce par la création d'un décalage totalement burlesque.

1) Emprunts au tragique

Aristophane se plaît à reprendre des vers issus de pièces tragiques (genre noble au théâtre).
Début de la pièce s'ouvre avec la reprise des vers d'une pièce tragique dont l'auteur est inconnu. cf.
Note : substitution du mot λύχνου à θεοῦ. Allusion au soleil comme divinité remplacé par un objet
du quotidien, une lampe (comprendre la torche de Praxagora, car il fait nuit). Style métaphorique
qui contraste avec la banalité de l'objet : "oeil brillant", "conducteur de char" (ici associé à la lampe,
adjectif traduit par "façonné au tour"), "très belle recherche", "ta naissance", "ton sort", "de tes
narines" (normalement il s'agit des narines des chevaux //char du soleil). Style héroï-comique =
traitement de quelque chose de bas comme quelque chose de noble, d'élevé.

Autres passages : v.110-111, ou v.391-3.

Double fonction :
- décalage opéré entre association de termes sérieux et peu sérieux > susciter le rire.
- plaisir du spectateur dans la reconnaissance du texte-source parodié.

2) Emprunts au discours politique délibératif (rhétorique)

Travestissement au coeur de la pièce comme on l'a dit, d'autant plus pour le langage : il s'agit pour
les femmes non seulement de se déguiser en homme mais aussi de se glisser intégralement dans leur
peau en adoptant le langage qu'ils emploient habituellement à l'assemblée.
C'est d'ailleurs l'inquiétude d'une des compagnes de Praxagora : v.110-111 (utilisation d'un terme
proprement juridique)

a) Plusieurs essais chez les femmes, beaucoup d'échecs mais la première femme semble proche de
réussir (v.151-155) : bon début avec appel à la bienveillance et compassion de l'auditoire (captatio
benevolentiae, ici forme de fausse modestie très couramment utilisée chez les orateurs qui vont
vouloir se distinguer des autres) + tournure δοκεῖ μοι très classique. Cependant, elle se trahit par son
juron : elle jure par les deux déesses et non par les dieux.

b) Discours de Praxagora : c'est donc au tour de Praxagora qui se montre une oratrice hors pair.
Discours très construit :
v.171-172 : invocation aux dieux
v.173- 4 : formule frappante qui résume le projet de Praxagora (isonomie complète)
v.174-185 puis v.193-203 : narration (?) - le temps où il n'y avait pas encore d'assemblée à Athènes,
paradoxe avec la situation actuelle, comportement des hommes et leurs intentions.
v.205-212 puis v.214-238 : exhortation et rappel de la thèse : donner le pouvoir aux femmes +
arguments.
v.239-240 : péroraison.
Reprise dans le discours des tics langagiers : tournure δοκεῖ μοι, expressions topiques ("les affaires
de la cité", "le salut de la cité"), style expressif (balancements, épiphore ὥσπερ καὶ πρὸ τοῦ).

Toutefois, là encore, intention parodique bien présente : ce sont des femmes qui parlent ; les
réactions des compagnes qui interrompent à plusieurs reprises le discours de Praxagora associent
parole sérieuse et comique (ex. : v.189 elle jure par Aphrodite...) + références aux femmes dans le
discours de Praxagora qui relèvent de clichés en total décalage avec les prétentions politiques
revendiquées : les femmes savent faire la cuisine (v.223), savent tromper car ont des amants
(v.225),... on retrouve d'ailleurs des termes triviaux précédemment évoqués en I : vin pur (v.227),
baiser (v.228).

3) Emprunts au genre poétique

Aristophane s'amuse à jouer avec les attentes du public en parodiant des scènes topiques de la
poésie élégiaque, comme la scène du paraklausithyron où un jeune homme se lamente auprès de la
porte de sa bien-aimée.
Dans la 2e partie de la pièce, scènes intenses où les acteurs ne cessent de jouer, chanter et danser en
même temps. Scène du jeune homme qui joue la scène du paraklausithyron : v.960 chante son
amour pour la jeune fille, sortie précédemment de scène, devant la porte (v.962). Langage
essentiellement pathétique à cause du désespoir de voir cette porte toujours fermée : adresse à l'être
aimé, expression de la douleur avec les v.971-2 répétés aux v.974-5 (//lamento) = plainte
amoureuse.

Toutefois, ce pathétique est complètement escamoté par le comique de situation. Alors que l'on
s'attendrait à ce que la jeune fille ouvre sa porte pour mettre fin à la plainte de son amant, revient la
vieille femme que l'on croyait partie et qui cherche à emmener le jeune homme chez elle afin de
coucher avec lui (conformément à la loi nouvellement promulguée par Praxagora). Bien pire, deux
autres vieilles femmes arrivent pour l'en arracher en prétextant chacune que c'est avec elle qu'il doit
coucher. Scène du paraklausithyron escamotée, empêchée > variation qui provoque le rire. Jeu sur
le vocabulaire comique et tragique dans les vers 1098 à 1001 : "Ô trois fois malheureux s'il faut que
je baise avec une femme décrépite toute la nuit et tout le jour et qu'ensuite, une fois que je me suis
débarassé de celle-ci, que je baise à nouveau une Phryné ayant un lécythe aux mâchoires (=femme
en décomposition)".

III) Un langage au service d'une réflexion plus sérieuse ?

Une comédie du langage ou une comédie sur le langage ? Langage qui permet en effet de montrer
les mécanismes du théâtre et de sa représentation.
Au-delà de l'aspect purement technique, l'AF est-elle une comédie sur le bon ou mauvais usage de
la parole ?

1) Dévoiler les mécanismes du théâtre

Au-delà d'un rôle comique, langage a essentiellement un rôle informatif. Le spectateur ne sait pas ce
qui sera représenté sur scène. Malgré l'usage des décors, des costumes, des accessoires, le langage
doit actualiser la présence des personnages sur scène afin de permettre leur identification chez les
spectateurs. D'où la précence récurrentes des déictiques (ex. v.40 "le manteau que voici).

Langage gère les entrées/sorties des personnages, leurs déplacements sur scène. C'est la parole de
Praxagora qui permet d'introduire sur scène les autres femmes (parodos originale) et de les
identifier. On notera la répétition du verbe ὁρά-ω (v.46, 49, 52...). Concordance entre langage et
mise en scène, mais c'est le langage qui permet la reconnaissance sur scène.

2) Un langage performatif

Parole vaut comme acte (répétition constante au sein de la pièce de φέρε νυν / φέρε δή). Parole
performative.
Certains personnges usent du langage qui leur permet de devenir le didaskalos sur scène, càd celui
qui orchestre ce qui se passe sur scène, tels des metteurs en scène.
2 exemples :
- Praxagora pendant la répétition générale des femmes. Praxagora ne cesse de donner des conseils à
ses compagnes pour parfaire leur jeu et mieux contrefaire l'homme. Abondance des impératifs et des
adjectifs verbaux dans ses répliques (ex. v.148, 169, 266).
v.149 très intéressant car la réplique de Praxagora équivaut à une didascalie : "allons donc (fais-le)
afin que tu parle à la manière d'un homme et bien".
- Chrémès : une fois les lois des femmes adoptées, les citoyens sont invités à mettre en commun
leurs biens car "tout appartient à tout le monde" selon Praxagora. Chrémès devient alors le
didaskalos du déménagement de ses biens en direction de l'agora (comme dans une procession
religieuse). V.730-745 : accumulation des directives (impératifs + adresses aux objets et
personnages), répétition de l'adverbe δεῦρο. Chrémès dispose les objets selon un ordre et un espace
précis. Il faut imaginer des esclaves arriver avec ces objets qui progressivement envahissent la
scène. Langage participe donc d'une mise en abyme au sein de la pièce.

3) Un bon usage du langage ?

On a souvent dit que cette pièce se centrait essentiellement sur le comique et que la tonalité
politique se faisait plus discrète. Langage, même parodié, ne permet-il pas d'élever le débat ? Sans
vouloir faire de l'AF une pièce philosophique ou politique, comment se développe une leçon sur
l'usage de la parole ?

a) Pièce permet de véhiculer une critique sur le mauvais usage de la parole. Si l'usage des femmes
en était cocasse (car elles ne sont pas citoyennes et n'ont pas l'habitude de faire des discours), celui
des hommes est plus problématique. Cette gynécrocatie relève de l'utopie, mais pourtant la pièce
fait souvent référence à des attitudes contemporaines au moment de la représentation. Praxagora
qualifie les hommes dans son discours de πονεροῖς (v.177) parce qu'ils sont corrompus (v.177-78) à
cause de l'argent. + Référence à l'archontat de Myronidès par le choeur au v.304 où il n'y avait pas
d'obole en échange d'une présence à l'assemblée. Praxagora et le choeur des femmes pointent donc
du doigt un problème majeur de l'époque : passé =/= présent à cause de cette corruption au sein des
institutions athéniennes qui fait que les hommes ne s'intéressent plus à la chose publique.

b) Mises en scène de la parole des hommes très éclairantes dans la pièce à ce sujet, au moment où
Chrémès rapporte à Blépyros ce qui s'est dit à l'assemblée :
- discours de Néoclidès le Chassieux que Chrémès ne prend pas la peine de rapporter (silence qui en
dit long...) ; seulement la réaction de l'auditoire, très véhémente (v.400-402).
Seule parole de Néoclidès rapportée directement par Chrémès au v.404 qui exprime son total
désarroi et son impuissance ("que dois-je faire?"). Réponse de Blépyros à la hauteur de la question
rapportée par Chrémès, comme s'il se trouvait face à Néoclidès : v.405 et suiv. (espèce de
concoction médicale absurde et comique).
- discours d'Evéon (v.411-421) rapporté au style direct par Chrémès (espèce de jeu rôle là encore
qui montre que tout homme s'approprie la parole d'un autre = tous les hommes pensent pareils...)
Discours comique au sein duquel l'homme ne voit que son propre intérêt personnel.

c) Qui est le destinataire de cette parole ? Si un personnage véhicule cette parole à un autre
(Praxagora s'adresse à ses compagnes qui jouent le rôle des hommes, Chrémès s'adresse à
Blépyros), il parle aussi au public, au sein duquel il y a des hommes = double énonciation.
v.588 : Praxagora s'adresse même directement au public. Brise l'illusion théâtrale.
+ parabase à la fin
C'est donc au public de trouver une leçon morale s'il y a.

Conclusion

C'est une langue colorée, variée et subtile que celle d'Aristophane sur laquelle repose une grande
partie du comique et de la réussite de la comédie. Comique de mots, de répétitions, du terme
familier au terme le plus grivois, rien n'est laissé au hasard. Plus encore, ce langage comique se
nourrit d'autres influences, d'autres genres telle une langue qui se travestit et crée des effets
inattendus sur le spectateur. Ce sont des effets inattendus aussi sur le plan dramaturgique puisque
les personnages ne cessent de questionner l'usage de la parole au moment où Athènes vit une
situation politique instable (désertion des assemblées). L'AF s'apparente donc à une conquête de la
parole pour ceux qui n'ont pas la possibilité de la faire entendre aux assemblées (Aristophane y
compris) mais aussi une invitation à tout citoyen athénien de s'en saisir et d'en faire un meilleur
usage.

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