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Pg.

17

== PARTIE DEUX ============================================================

MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS

1 GÉNÉRALITÉS

Les codes éléments finis font maintenant partie des outils couramment utilisés lors de la conception
et à l'analyse des produits industriels. Les outils d'aide à la modélisation devenant de plus en plus
perfectionnés, l'utilisation de la méthode des éléments finis s'est largement développée et peut sembler de
moins en moins une affaire de spécialistes. Si l'utilisation de la méthode se démocratise de par la
simplicité croissante de mise en oeuvre, la fiabilité des algorithmes et la robustesse de la méthode, il reste
néanmoins des questions essentielles auxquelles l’ingénieur devra répondre s’il veut effectuer une analyse
par éléments finis dans de bonnes conditions. Il lui faudra :
• Formaliser les non dits et les réflexions qui justifient les choix explicites ou implicites de son
analyse du problème.
• Évaluer la confiance qu’il accorde aux résultats produits.
• Analyser les conséquences de ces résultats par rapport aux objectifs visés.

L'objectif de cette partie est de présenter les principes de base de cette méthode en insistant sur
l’enchaînement des tâches (démarche et hypothèses associées) qui assurent la cohérence du processus de
calcul. Ces connaissances vous seront utiles pour maîtriser les deux principales difficultés de mise au
point d’un modèle numérique :
• Problèmes préliminaires à la phase de calcul.
• Problèmes liés à l’exploitation des résultats et le retour à la conception.
Ne perdez jamais de vue que l'analyse des résultats nécessite une bonne compréhension des
différentes étapes mathématiques utilisées lors de l'approximation, pour pouvoir estimer l'erreur
du modèle numérique par rapport à la solution exacte du problème mathématique.
Sans oublier que le modèle numérique ne peut fournir que des résultats relatifs aux
informations contenues dans le modèle mathématique qui découle des hypothèses de modélisation.

Nous nous limiterons à la présentation de modèles élémentaires utilisés dans le cadre des théories
linéaires. Bien que simples ces modèles permettent déjà de traiter un grand nombre d'applications liées
aux problèmes de l'ingénieur. Du point de vue pédagogique, ils sont suffisamment complexes pour mettre
en avant les difficultés de mise en oeuvre de la méthode.

L’idée fondamentale de cette méthode est de discrétiser le problème en décomposant le domaine


matériel à étudier en éléments de forme géométrique simple. Sur chacun de ces éléments il sera plus
simple de définir une approximation nous permettant d’appliquer les méthodes présentées dans la
première partie de ce cours. Il ne reste alors qu’à assembler les formes matricielles élémentaires pour
obtenir les équations relatives à la structure à étudier. C'est sous cette forme pragmatique qu'elle est
utilisée par les ingénieurs, et que nous allons maintenant l'aborder.
Pg. 18 Méthode des éléments finis

2 DÉMARCHE ÉLÉMENTS FINIS

Les principales étapes de construction d'un modèle éléments finis sont les suivantes:
• Discrétisation du milieu continu en sous domaines.
• Construction de l'approximation nodale par sous domaine.
• Calcul des matrices élémentaires correspondant à la forme intégrale du problème.
• Assemblage des matrices élémentaires - Prise en compte des conditions aux limites.
• Résolution du système d'équations.
Détaillons ces différentes étapes.

2.1 Discrétisation géométrique

Cette opération consiste à procéder à un découpage du domaine continu en sous domaines:

 
ne
D = ∑ De telle que lim  !e De  = D
taille des e → 0
e =1

Il faut donc pouvoir représenter au mieux la géométrie souvent complexe du domaine étudié par des
éléments de forme géométrique simple. Il ne doit y avoir ni recouvrement ni trou entre deux éléments
ayant une frontière commune.
Lorsque la frontière du domaine est complexe, une erreur de discrétisation géométrique est
inévitable. Cette erreur doit être estimée, et éventuellement réduite en modifiant la forme ou en diminuant
la taille des éléments concernés (figure2.1).

Modifier la taille des


éléments
Pièce présentant des
congés de raccordement

Changer la géométrie
éléments à frontière courbe

Erreur de discrétisation
géométrique
Figure 2.1 : Erreur de discrétisation géométrique.

Sur chaque élément nous allons chercher à définir une approximation de la fonction solution.

2.2 Approximation nodale

La méthode des éléments finis est basée sur la construction systématique d'une approximation u* du
champ des variables u par sous domaine. Cette approximation est construite sur les valeurs approchées du
champ aux noeuds de l’élément considéré, on parle de représentation nodale de l’approximation ou plus
simplement d’approximation nodale.

Définition de l'approximation nodale

Définition : l'approximation par éléments finis est une approximation nodale par sous domaines
ne faisant intervenir que les variables nodales du domaine élémentaire De.
∀M ∈ De u * ( M ) = [ N ( M ) ] {un }
Partie II : Méthode des éléments finis pg. 19

u *(M) valeur de la fonction approchée en tout point M de l'élément


[N] matrice ligne des fonctions d'interpolation de l'élément
{u } n variables nodales relatives aux noeuds d'interpolation de l'élément

Remarque : dans le cas général le champ à approcher est un champ vectoriel. Nous utilisons alors la
notation matricielle suivante {u * ( M )} = [ N ( M )] {un }

Les noeuds Mi sont des points de l'élément pour lesquels on choisi d'identifier l'approximation u* à
la valeur du champ de variables u. Nous en déduisons que
∀M i u * ( M i ) = ui
soit pour l'approximation nodale
0 si i ≠ j
∀M i N j ( Mi ) = 
1 si i = j
Illustration II-1: construction d’une approximation nodale linéaire
Soit une fonction d'une variable définie sur un domaine discrétisé en trois éléments à deux
noeuds. Construisons l'approximation nodale associée à ces éléments (figure 2.2).

Valeurs approchées élément 1


aux noeuds xi

+
élément 2

x
Approximation linéaire +
utilisant 3 éléments élément 3

Figure2.2 : Approximation nodale à une dimension


Pour chaque élément, nous avons deux variables nodales, nous cherchons donc une
approximation à deux paramètres. Le plus simple est d’utiliser une base polynomiale, ce qui nous
conduit à une approximation linéaire de la forme :
 a1 
u * ( x ) = [1 , x ]  
a 2 
or pour x=0 u * ( 0) = ui
pour x = "e u * (" e ) = u j
a1 = ui
 u j − ui
nous en déduisons 
a 2 =
"e
x x  ui ( t ) 
soit pour l'approximation u * ( x , t ) = [1 − , ]  ( )
"e "e u j t 
Nous venons de construire les deux fonctions d’interpolation de l’élément linéaire à deux
noeuds :
Pg. 20 Méthode des éléments finis

x  N 1 ( O) = 1 1 N1
N1 ( x) = 1 − nous vérifions que : 
"e  N 1 (" e ) = 0 x/le
0 1

x  N 2 ( O) = 0 1
N 2 ( x) = nous vérifions que :  N2
"e  N 2 (" e ) = 1 x/le
0 1

Nous retrouverons ces deux fonctions dans la construction de l’élément mécanique de


traction - compression.

Construction de l'approximation nodale

Comme l’illustre l’exemple précédent, l’interpolation nodale est construite à partir d’une
approximation générale :

∀M u * ( M ) = [Φ ( M ) ] {a}
[ Φ] est une base de fonctions connues indépendantes
(en général une base polynomiale)
{a} vecteur des paramètres de l’approximation (paramètres généralisés)
ils n’ont pas de signification physique

Exemples de bases polynomiales complètes:


1 dimension: linéaire [1, x] 2 variables
quadratique [1, x, x2] 3 variables
2 dimensions: linéaire [1, x, y] 3 variables
quadratique [1, x, y, x2, xy, y2] 6 variables
3 dimensions: linéaire [1, x, y, z] 4 variables
quadratique [1, x, y, z, x2, xy, y2, xz, z2, yz] 10 variables

Pour utiliser une base polynomiale complète, le nombre de termes doit être égal au nombre de
variables nodales à identifier. Si l'on ne peut pas utiliser un polynôme complet le meilleur choix consiste à
respecter la symétrie des monômes conservés.
exemples de bases polynomiales incomplètes:
2 dimensions: "bi - linéaire" [1, x, y, xy] 4 variables
3 dimensions: "tri - linéaire" [1, x, y, z, xy, xz, yz, xyz] 8 variables

En identifiant aux noeuds l'approximation u* à la valeur du champ de variables u, nous pouvons


exprimer les paramètres généralisés {a} en fonction des variables nodales un
−1
 [...] 
un = u * ( M n ) = [Φ ( M n ) ] {a} soit: {a} = [T ]{un } avec [T ] =  Φ ( M n )
[ 
]

 [...] 
Pour éviter des erreurs de modèle trop importantes, la matrice à inverser doit être bien conditionnée.
Ce conditionnement est lié au choix de la base polynomiale et à la géométrie des éléments.
En reportant ce résultat dans l'approximation nous obtenons la matrice des fonctions d'interpolation.

[ N ( M )] = [Φ( M )] [T ]
Partie II : Méthode des éléments finis pg. 21

Illustration II-2: construction des fonction d’interpolation d’un élément triangulaire


Soit un élément triangulaire à trois noeuds.
#
yo
3
y3
élément réel

y2 2

y1 1

#
xo
x3 x1 x2
Nous avons trois variables nodales, nous cherchons donc une approximation polynomiale
linéaire de la forme :
 a1 
 
u * ( x, y) = 1 x[ ]
y a 2 
a 
 3
Identifions les valeurs nodales : u * ( x i , y i ) = ui
 u1  1 x1 y1   a1 
     
Nous obtenons la relation matricielle suivante : u2  = 1 x 2 y2  a 2 
u  1 x 3 y 3  a 
 3  3
Il est simple de vérifier que la relation inverse est de la forme :

 a1  ∆ 23 ∆ 31 ∆ 12   u1   A = aire du triangle
  1     
a 2  =  y 23 y 31 y12  u2  avec  xij = xi − x j et yij = yi − y j
a  2 A  x x 21  u  ∆ = x y − x y
 3  32 x13  3  ij i j j i

Reportons ce résultats dans l’approximation, nous obtenons :


 u1  avec par permutation circulaire de ijk
 
u * ( x , y) = [ N1 N2 N 3 ] u2  1
Ni = ( ∆ + x y jk − y x jk )
u  2 A jk
 3

Nous venons de construire les fonctions d’interpolation d’un élément triangulaire quelconque,
si la démarche est simple les calculs le sont moins du fait de la forme quelconque de l’élément. En
pratique les fonctions d’interpolation sont construites pour des éléments possédant des propriétés
géométriques permettant de simplifier les calculs. Ce sont les éléments de référence dont nous
présentons maintenant quelques exemples.

Approximation nodale de quelques éléments de référence

Les fonctions d'interpolation sont construites sur des éléments de référence. Un élément de
référence est un élément de forme géométrique simple (frontières rectilignes), pour lequel
l'approximation nodale est construite en suivant la démarche analytique précédente. Le passage de
l'élément de référence à l'élément réel sera réalisé par une transformation géométrique. Nous
entendons par élément réel un élément quelconque du domaine discrétisé.
Deux grandes familles d'éléments sont souvent présentées:
Pg. 22 Méthode des éléments finis

- Les éléments de type Lagrange


- Les éléments de type Hermite
Pour les éléments de type Lagrange, on augmente le nombre de noeuds en conservant une seule
variable nodale. Pour les éléments de type Hermite on augmente le nombre de variables nodales, en
retenant par exemple les valeurs des dérivées du champ aux noeuds. L'élément poutre présenté dans le
chapitre suivant fait parti de la famille de l'Hermite.

Éléments à une dimension

Approximation linéaire: La base polynomiale utilisée est (1, s). C'est un élément à deux noeuds.
Les fonctions d'interpolation sont : N2
1 N1
 N 1 ( s) = L1 = 1 − s

 N 2 ( s) = L2 = s 0 1
s

Approximation quadratique: La base polynomiale utilisée est (1, s, s2). C'est un élément à trois noeuds.
Les fonctions d'interpolation sont :
N2
 N 1 ( s) = L1 (2 L1 − 1) 1 N1 N
3

 N 2 ( s) = 4 L1 L2
 N ( s) = L (2 L − 1)
 3 2 2
0 1
s

Approximation cubique: La base polynomiale utilisée est (1, s, s2, s3). C'est un élément à quatre noeuds.
Les fonctions d'interpolation sont :
 L1
 N 1 ( s) = 2
(3 L1 − 1)(3 L1 − 2)
 9
1 N2
 N 2 ( s) = L L (3 L1 − 1) N1
2 1 2
 9
 N 3 ( s) = L L (3 L2 − 1) 0
s
 2 1 2 1
 L2
 N 4 ( s) = (3 L2 − 1)(3 L2 − 2) N3 et N4 sont symétriques de N2 et N1.
2
Avec la même base polynomiale nous pouvons aussi construire un élément à deux noeuds ayant
deux variables par noeud, c'est un élément de type l'Hermite. Si nous utilisons comme variables nodales le
champ et sa dérivée première, nous obtenons les fonctions d'interpolation de l'élément poutre que nous
présentons dans la dernière partie de ce cours.

 N 1 ( s) = 1 − 3s 2 + 2 s 3
 N1 N3
 N 2 ( s) = s − 2 s + s
2 3
1
 N2
 N 3 ( s) = 3s − 2 s
2 3

1 1
 N 4 ( s) = − s 2 + s 3 s

N4

Éléments à deux dimensions triangulaire

Approximation linéaire:
La base polynomiale utilisée est (1, s, t). L'élément de référence est un triangle rectangle à trois
noeuds de type "T3".
Partie II : Méthode des éléments finis pg. 23

t N1 N2 3 N3
3
(0,1) 1
3
1 1
2 2
1 2 s 2
(0,0) (1,0) N1 = 1 − s − t N2 = s N3 = t
Figure 2.3 : Fonctions d'interpolations linéaires du triangle

Approximation quadratique:
La base polynomiale utilisée est (1, s, t, s2, st, t2). L'élément de référence est un triangle rectangle à
six noeuds de type "T6".

posons: L1 = 1 − s − t , L2 = s , L3 = t t
Pour les 3 noeuds sommet:
i = 1,2,3 N i = Li (2 Li − 1) 3
5 4
Pour les 3 noeuds d'interface (4,5,6):
i = 1,2,3 N i+3 = 4 L j Lk 1 2 s
j ≠ i , k et k ≠ i 6

La figure ci dessous donne une représentation de deux des fonctions d'interpolation. Les autres
s'obtiennent par permutation des indices.

N 4 = 4 L2 L3
3 1
N 1 = L1 ( 2 L1 − 1)
5
6
1
1 5
4
1 2
6 4
2 3

Figure 2.4 : Fonctions d'interpolations quadratiques du triangle

Éléments à deux dimensions rectangulaire

Approximation bi - linéaire:
La base polynomiale utilisée est (1, s, t, st). L'élément de référence est un carré à quatre noeuds de
type "Q4". Les fonctions d'interpolation sont données ci-dessous. Seule la fonction N1 est représentée les
autres s'obtiennent par permutation. s et t ∈[− 1 , 1]

 N1 1
= 4 (1 − s)(1 − t )
t
 4 3 N1
1
N2 = 4 (1 + s)(1 − t ) 3
 1 s 1
N3 = 4 (1 + s)(1 + t )
N 1
= 4 (1 − s)(1 + t ) 1 2
 4 1 2

De la même façon on peut construire, à partir d'une base polynomiale complète les fonctions
d'interpolation des éléments rectangulaires à 9 noeuds (approximation quadratique), et à 16 noeuds
(approximation cubique). Ces éléments ont respectivement 1 et 4 noeuds internes.
Du point de vue pratique, on construit des éléments ayant un minimum de noeuds internes, car ces
noeuds ne sont pas connectés aux noeuds des autres éléments. On utilise donc des bases polynomiales
incomplètes mais symétriques.
Pg. 24 Méthode des éléments finis

Le "Q8" est construit à partir de la base :


(1, s, t, s2, st, t2, s2t, st2)
Le "Q12" est construit à partir de la base :
(1, s, t, s2, st, t2, s3, s2t, t2s, t3, s3t, st3)

Pour terminer ce paragraphe sur l'approximation nodale, signalons que les expressions des fonctions
d'interpolation de ces éléments et de nombreux autres sont données dans le livre de Dhatt et Touzot "Une
présentation de la méthode des éléments finis" (chapitre II).

2.3 Matrices élémentaires

Nous présentons maintenant la démarche générale utilisée pour construire les formes matricielles sur
chaque élément. Pour illustrer notre propos, nous utiliserons comme point de départ la forme intégrale du
principe des travaux virtuels associée à un problème de mécanique des structures présenté dans la
première partie de ce cours. Comme nous l’avons vu cette forme intégrale est de même type que celles
pouvant être déduites des méthodes variationnelles, la généralisation à des problèmes de physique est
donc simple, des applications sont proposées dans les pauses d’illustration de ce cours.
Soit la forme intégrale du PTV
# # # # # # #
∀δu ∫ ρ u$$.δu dV = − ∫ σ :δε dV + ∫ f .δu dV + ∫ T .δu dS
D D D ∂D

# Sur chaque élément nous utilisons l'approximation# nodale pour exprimer le champ des déplacements
u et le champ des déplacements virtuels δu .
$$# ( M ).δu# ( M ) = {δu } T [ N ( M ) ]T [ N ( M ) ] {u$$ }
Ainsi le produit scalaire : u n n

D’où le premier terme :

dV = {δun } [ M e ]{u$$n }
# #
∫ ρ u$$.δu
T

De

avec [ M ] = ∫ [N ]
e (M)
T
ρ [ N ( M ) ] dV matrice masse élémentaire.
De

Pour exprimer le second terme les deux tenseurs sont représentés par des vecteurs nous permettant
de remplacer le produit doublement contracté par un simple produit scalaire. Ces notations ont été
introduites dans le paragraphe I-3.2.
Pour un milieu 3D :
ε → {ε } =< ε xx , ε yy , ε zz ,2ε xy ,2ε xz ,2ε yz >
T

σ → {σ } =< σ xx , σ yy , σ zz , σ xy , σ xz , σ yz >
T

De plus le vecteur des déformations s'exprime en fonction du champ des déplacements. Ces relations
#
géométriques font apparaître des opérateurs différentiels appliqués à u . Que nous notons sous forme
matricielle :
{ε ( M ) } = [ L] {u# ( M )} = [ L] [ N ( M ) ] {un } = [ B ( M ) ] {un }
[B] :matrice d'opérateurs différentiels appliqués aux fonctions d'interpolation

Les lois de comportement permettent d'exprimer le vecteur des contraintes en fonction du vecteur
des déformations, soit:
{σ ( M ) } = [D( M )]{ε ( M ) } = [D( M )][B ( M )]{un }

D'où le second terme :


Partie II : Méthode des éléments finis pg. 25

∫ σ :δε dV = {δun } [ K e ] {un }


T

De

avec [K ] = ∫ [ B
e (M) ]T [ D( M )] [ B ( M )] dV matrice raideur élémentaire.
De

Il nous reste à exprimer le travail virtuel des efforts. En pratique, on considère d'une part les efforts
donnés et d'autre part les efforts inconnus qui sont les efforts nécessaires pour assurer les liaisons
cinématiques. Sur chaque élément, nous utilisons l'approximation du champ des déplacements pour
exprimer le travail virtuel de ces efforts.
# # # #
efforts donnés δ Tde = ∫ f d .δu dV + ∫ d .δu dS
T
De ∂De

δ Tde = {δu n } {F }
T
d’où de
# #
avec {F } =de ∫< N (M) >T { f } dV + ∫ < N
d (M) { } dS
> T Td
De ∂De
# #
efforts inconnus δ Tie = ∫ i .δu dS
T
∂De

δ Tie = {δu n } {F }
T
d’où ie

En pratique les efforts inconnus représentent les actions mécaniques extérieures à l’élément
considéré. On y trouve les efforts de liaison entre les éléments, et éventuellement pour les éléments de
frontière les efforts associés aux liaisons cinématiques de la structure.
Comme nous le verrons lors de l’assemblage, les nœuds internes non chargés sont des systèmes
mécaniques en équilibre, ce qui entraîne que le torseur des actions mécaniques de tous les efforts
élémentaires des éléments connectés à un même nœud est nul.
Reportons dans la forme intégrale les résultats obtenus pour chaque élément, nous obtenons une
équation matricielle de la forme :

∀De [ M ] {u$$ } + [ K ] {u } = {F } + {F }
e n e n de ie

Illustration II-3 : Traitons le cas d’une structure élastique de symétrie cylindrique. Nous utilisons
le système de coordonnées cylindriques.
#
zo
symétrie cylindrique
#
# ez #
yo eθ
#
xo θ
b #
er
Compte tenu des hypothèses de symétrie, le champ des déplacements est de la forme :
 ur ( r , z , t ) = u 
u 
b
{u ( M , t )} =  uθ = 0  .
#
Nous posons : {U } =  
u ( r , z , t ) = w w 
 z 
# # #
Pour calculer le gradient partons de sa définition : du = grad (u ) dX
 dr 
#  
avec sur la base b : {dX } = rdθ 
b

 dz 
 
Pg. 26 Méthode des éléments finis

dur − uθ dθ 
# # # # #  
Or du = dub + dub Λ u soit sur la base b : {du} = duθ + ur dθ 
b

 du 
 z 
En tenant compte que uθ = o et que ur et uz sont indépendant de θ nous obtenons par
identification la matrice associée au tenseur gradient sur la base b :

 u, r 0 u, z 
 
[ ] [ #
]
H = grad (u ) =  0

u
r
0

 w,r 0 w,z 

 εrr  ∂ ∂r 0 
ε  1r 0  u 
 θθ      de la forme [ L]{U }
En petites déformations : {ε } =  =
 ε zz   0 ∂ ∂z  w
2εrz   
∂ ∂z ∂ ∂r 

Pour modéliser la structure utilisons des éléments triangulaires à trois noeuds du type de celui
présenté dans la pause d’illustration précédente. L’approximation est de la forme :
 u1 
w 
 1
 N1 0   u2 
  de la forme [ N ]{U e }
0 N2 0 N3
{U * ( r , z )} = 
0 N1 0 N2 0 N 3  w2 
 u3 
 
 w3 
1
avec les fonctions Ni = ( ∆ + r z jk − z r jk )
2 A jk
La matrice [ B] se calcul simplement par :
 N 1,r 0 N 2 ,r 0 N 3, r 0 
N r 0 N2 r 0 N3 r 0 
[ B] = [ L]{U *} =  
1

 0 N 1, z 0 N 2 ,z 0 N 3, z 
 
 N 1,z N 1,r N 2 ,z N 2 ,r N 3, z N 3,r 
Si le matériau est homogène isotrope élastique nous utiliserons la loi de HOOKE pour
exprimer la matrice d’élasticité [D] soit :

λ = Eν
 (1 + ν )(1 − 2ν )
σ = λ trace(ε ) 1 + 2 µ ε avec 
µ = 2(1 + ν )
E

σ rr  1 − ν ν ν 0   εrr 
σ   ν 1− ν ν  ε 
 θθ  E 
0
  θθ 
d’où :   =
σ zz  (1 + ν )(1 − 2ν )  ν ν 1− ν 0   ε zz 
σ rz   
 0 0 0 (1 − 2ν ) 2 2εrz 
Partie II : Méthode des éléments finis pg. 27

de la forme {σ } = [ D]{ε }
Ayant l’expression des matrices [N], [B], [D] il est possible d’envisager le calcul des matrices
masse et raideur élémentaires ainsi que le calcul des vecteurs forces généralisées. Ces calculs
nécessitent une intégration sur le domaine élémentaire ...

Remarque : Les expressions des matrices élémentaires que nous venons de voir, font apparaître
des opérateurs différentiels et des intégrales sur le domaine élémentaire. Or, le calcul
analytique des dérivations et de l'intégration n'est possible que pour des éléments très
simples tels que la barre et la poutre que nous traitons dans la dernière partie. Un code
éléments finis a recours au calcul numérique, ces calculs sont basés sur l’intégration
numérique (définie sur des éléments de référence) et l’utilisation d’une transformation géométrique
définissant les éléments réels à partir d’éléments de référence.

2.4 Assemblage et conditions aux limites

∑D
ne

Les règles d'assemblage sont définies par la relation : D ≅ e


e =1

Attention de ne pas oublier l’erreur de discrétisation géométrique.

L'assemblage des matrices élémentaires masse [Me] et raideur [Ke] s’effectue selon les mêmes
règles. Ces règles sont définies par sommation des termes correspondant au travail virtuel calculé pour
chaque élément :


ne

{δu } [ M ] {u$$ } = {δU } [ M ] {U$$}


n
T
e n
T

e =1

∑ {δu } [K ] {u } = {δU } [ K ] {U }
ne
T T
n e n
e =1

Cette opération traduit simplement que la forme quadratique associée à l’ensemble du domaine est la
somme des formes quadratiques des sous - domaines. Elle consiste à « ranger* » dans une matrice
globale, les termes des matrices élémentaires. La forme de cette matrice dépend bien évidemment de
l’ordre dans lequel sont définies les variables globales de {U}.
* Les algorithmes de rangement dépendent de la taille du système, et du type d’équations à résoudre, et d’autres paramètres
tels que le type de machine utilisée, de l'algorithme de résolution, etc... Le choix de ces algorithmes et un problème essentiellement
numérique, les méthodes de type matrices bandes ou matrices ligne de ciel sont présentées dans le livre de D&T.

Pour les efforts donnés l’assemblage ne pose pas de problème, il est défini par sommation des
termes correspondant au travail virtuel calculé pour chaque élément.

∑ {δu } {F } = {δU } {F }
ne
T T
n de d
e =1
Remarque : Si l’effort est appliqué à un nœud de la structure, il vient naturellement se placer sur
la ligne correspondant au degré de liberté concerné du vecteur force généralisée.

Pour les efforts inconnus l’assemblage peut être mené de façon identique. Cependant, si les liaisons
entre les éléments sont parfaites la somme des efforts inconnus aux nœuds internes de la structure est
nulle. Nous pouvons en tenir compte pour simplifier l’expression du travail virtuel des efforts inconnus,
en ne calculant que le travail virtuel des efforts correspondants aux liaisons cinématiques imposées à la
structure, et à celui des liaisons non parfaites.
Pg. 28 Méthode des éléments finis

Après assemblage, nous obtenons la forme matricielle du principe des travaux virtuels :

[ M ] {U$$} + [K ] {U } = { Fd } + { Fi }
Sous cette forme, nous avons N équations pour N+P inconnues. Pour résoudre, il faut tenir
compte des P conditions aux limites cinématiques associées aux P composantes inconnues du
vecteur {Fi} *
* Nous avons supposé ici que toutes les liaisons étaient parfaites, pour ne pas faire intervenir d’autres inconnues supplémentaires.

Illustration II-4 : Assemblage et conditions aux limites.


Reprenons le problème de l’écoulement fluide présenté dans la pause d’illustration I-2 du
premier chapitre. Pour traiter ce problème par éléments finis, nous discrétisons la section droite
en 4 triangles. La numérotation des éléments et des noeuds est définie par la figure suivante.
1 4
(4)

(1) 5 (3)

(2)
2 3
Section
Comme nous l’avons montré dans la pause I-3, la matrice raideur et le vecteur force
généralisé pour chaque élément sont définis par :
[K ] = ∫ [B ] [B ] dS
e e
T
e et {Φ } = ∫ [ N ]
e e
T
f dS
De De

Pour l’élément 1 : [ K ] et {Φ } sont définis sur


1 1 < u1 u2 u5 >
l’élément 2 : [ K ] et {Φ } sont définis sur
2 2 < u2 u3 u5 >
l’élément 3 : [ K ] et {Φ } sont définis sur
3 3 < u3 u4 u5 >
l’élément 4 : [ K ] et {Φ } sont définis sur
4 4 < u4 u1 u5 >
Assemblage :
La matrice et le vecteur assemblés sur < u1 u2 u3 u4 u5 > sont de la forme :
k 1+ 4 k1 0 k4 k1+ 4   ϕ1+ 4 
k k1+ 2 k2 0 k1+ 2   ϕ 
 1   1+ 2 
[ K] =  0 k2 k 2+3 k3 k 2 + 3  et {Φ} =  ϕ2 + 3 
   ϕ 
 k4 0 k3 k 3+ 4 k 3+ 4 
 3+ 4 
k 1+ 4 k1+ 2 k 2+3 k 3+ 4 k1+ 2 + 3+ 4  ϕ1+ 2 + 3+ 4 
Conditions aux limites :
Sur la frontière la vitesse d’écoulement est nulle ce qui entraînent : u1 = u2 = u3 = u4 = 0 .
La dernière équation nous permet alors de calculer u5 , solution approchée du problème qui
correspond à la vitesse de l’écoulement fluide au centre de la conduite.
! Nous ne présentons pas le calcul analytique des matrices et vecteurs forces généralisées
élémentaires. Utilisez les pauses d’illustration précédentes et servez vous des fichiers Maple
pour mener ce calcul. Par contre nous présenterons la démarche correspondant au calcul
numérique de ces termes élémentaires dans la pause d’illustration suivante.
Partie II : Méthode des éléments finis pg. 29

3 UTILISATION D'UN LOGICIEL ÉLÉMENTS FINIS


Un programme général de type industriel doit être capable de résoudre des problèmes variés de
grandes tailles (de mille à quelques centaines de milliers de variables). Ces programmes complexes
nécessitent un travail d'approche non négligeable avant d'espérer pouvoir traiter un problème réel de
façon correcte. Citons à titre d'exemple quelques noms de logiciels: NASTRAN, ANSYS, ADINA,
ABAQUS, CASTEM 2000, CESAR, SAMCEF, etc. ...
Les possibilités offertes par de tels programmes sont nombreuses:
- Analyse linéaire ou non d'un système physique continu ;
- Analyse statique ou dynamique ;
- Prise en compte de lois de comportement complexes ;
- Prise en compte de phénomènes divers (élasticité, thermiques, électromagnétiques, de plasticité,
d'écoulement, etc. ...) pouvant être couplés ;
- Problèmes d'optimisation ;
- etc. .... et ils ne cessent de se développer !
L'utilisation de tels programmes nécessite une formation de base minimum, suivie d'applications
pratiques sur des problèmes simples. Voyons tout d'abord comment se déroule une étude basée sur
l'utilisation d'un logiciel éléments finis.

3.1 Déroulement d'une étude

Pour réaliser une étude par éléments finis, il faut que les objectifs de l'étude soient bien définis
(statique ou dynamique, élastique ou plastique, thermique, le type de matériaux, les charges appliquées
...). Le cadre de l'étude, c'est à dire le temps et les moyens disponibles, doit être compatible avec les
objectifs et la précision cherchée. Supposons toutes ces conditions remplies (ce qui est rarement le cas), l'étude
proprement dite est organisée de façon logique selon les étapes suivantes:

a - Analyse du problème:

Cette analyse doit fixer les paramètres du calcul et conduire à la réalisation d'un maillage. Cette
phase basée sur l'expérience personnelle acquise dépend de nombreuses considérations. La difficulté
essentielle est de trouver un bon compromis entre les paramètres propres au problème et ceux relatifs à
l'environnement de travail. L'analyse du problème nous conduit à préciser un certain nombre
d'hypothèses, et à effectuer des choix qui conditionnent les résultats.
Choix du modèle: En calcul des structures, les plus classiques sont de type : poutre, élasticité
plane, axisymétrique, coques mince ou épaisse, tridimensionnel, ... À ces modèles
mathématiques correspondent des familles d'éléments finis. La quatrième partie de ce cours
présente quelques familles d'éléments finis utilisées pour résoudre des problèmes de
l'ingénieur.
Choix du type d'éléments: fonction de la précision voulue, de la nature du problème, mais aussi
du temps disponible. On choisira les éléments les mieux adaptés dans les familles
disponibles.
Choix du maillage: Il dépend essentiellement de la géométrie, des sollicitations extérieures, des
conditions aux limites à imposer, mais aussi des informations recherchées: locales ou
globales. Sans oublier bien entendu le type d'outils dont on dispose pour réaliser ce
maillage.
Hypothèses de comportement: Quel modèle retenir pour représenter le comportement du
matériau. Le calcul est-il linéaire ? Doit - on modéliser l'amortissement? Si le matériau est
hétérogène ou composite, peut-on utiliser une méthode d'homogénéisation? Peut - on
traduire l'incompressibilité du milieu.

Lors d'une étude, on peut être amené à utiliser des éléments finis nouveaux (inconnus de
l'utilisateur). Il est indispensable de vérifier leur comportement sur des problèmes élémentaires si
possible proches de l'étude menée. L'ouvrage suivant "Guide de validation des progiciels de calculs
des structures, AFNOR technique 1990", contient des cas tests pouvant servir pour de nombreux
problèmes.
Ces cas tests permettent de comparer la solution obtenue avec d'autres solutions numériques ou
Pg. 30 Méthode des éléments finis

analytiques. Ce travail préliminaire est utile pour former sa propre expérience et permet de valider
l'utilisation du modèle testé.

b - Création et vérification des données:

Cette étape dépend du logiciel utilisé. La syntaxe utilisée pour définir le jeu de données est définie
dans le mode d'emploi du bloc fonctionnel correspondant. En sortie, un fichier est créé, qui contient
toutes les informations nécessaires à l'exécution des calculs. Les vérifications relatives au jeu de données
se font généralement graphiquement, grâce à un module informatique appelé pré-processeur.
Différents contrôles peuvent être utilisés pour valider le jeu de données :
•Vérification de la géométrie de la pièce et du maillage, le bon sens et l’expérience acquise
vous guideront pour vérifier à l’œil que votre maillage n’est pas aberrant *.
* Nous en parlons dans le paragraphe suivant (techniques de calculs au niveau élémentaire) il est souhaitable que les
éléments soient le moins distordus possible, surtout dans les zones sensibles (fortement sollicitées) de la structure.

•Vérification de la prise en compte des sollicitations et des conditions cinématiques (liaisons)


imposées à la structure.
•Vérification des propriétés mécaniques utilisées.
Pour des problèmes spécifiques, d’autres contrôles seront envisagés. L’objectif de ces premiers
contrôles est d’éviter de faire tourner un calcul inutilement. Ceci d’autant plus que la recherche
d’une solution acceptable pour un problème donné est rarement le résultat d’un seul calcul, éviter
donc d’en faire inutilement !

c - Exécution du calcul:

Ce bloc, le plus coûteux en temps machine est souvent exécuté en tâche de fond (background (unix)).
Un fichier de résultats permet de vérifier que les différentes phases de calculs se sont correctement
déroulées :
- Interprétation des données, vérification des paramètres manquants
- Construction des matrices (espace utile pour les gros problèmes)
- Singularité de la matrice raideur (problème de Conditions aux limites ou de définition des éléments )
- Convergence, nombre d'itérations, etc ...
Ce fichier peut contenir aussi les résultats du calcul (déplacements, résidus, contraintes,...) ce qui lui
confère dans ce cas un volume généralement très important.
Il peut arriver que le calcul échoue. Les principales sources d'erreurs généralement observées à ce
niveau sont les suivantes:

"erreurs" "causes" "remèdes"


Singularité de [K] éléments mal définis modifier la topologie du maillage
existence de modes rigides modifier les liaisons
intégration numérique * modifier le nombre de points d'intégration
Résolution des Arrondi numérique travailler en double précision
équations** Non convergence changer d'algorithme
augmenter le nombre d’itérations
* Nous en parlons dans le paragraphe suivant (techniques de calculs au niveau élémentaire) la forme des éléments et le
nombre de point d’intégration peut conduire à une matrice raideur singulière.
** Reportez vous au cours d'Analyse Numérique de première année "C. BOLLEY".

d - Exploitation des résultats:

Les calculs demandés dans le cahier des charges ont le plus souvent pour objectif de valider ou de
vérifier le dimensionnement d'une structure. Les résultats obtenus et les conclusions relatives aux
phénomènes à étudier devront être présentés de façon synthétique: tableaux, courbes, visualisation.
Cela justifie largement l’utilisation d’un post-processeur, qui propose des outils pour sélectionner les
informations que l'on veut étudier.
Partie II : Méthode des éléments finis pg. 31

Attention: lors de l'utilisation de ces outils, il faut savoir ce que cache l'information qui vous
est proposée graphiquement, sachant que celle-ci est construite à partir de résultats discrets :
- Valeur moyenne sur un élément: Comment est elle définie?
- Valeur maximale sur l'élément: Comment est elle calculée?
- Valeurs aux noeuds (écarts entre les éléments): A quoi correspondent elles?
- Les courbes d'iso contraintes ont elles une signification?
- etc. ...
Différentes vérifications doivent être effectuées pour valider les résultats. Ces vérifications
entraînent dans la plupart des cas à remettre en cause le modèle pour en créer un nouveau, dont on espère
qu’il améliorera la solution précédente.
Pour valider une solution, il faut procéder dans l’ordre, en estimant dans un premier temps la
précision du modèle. Puis lorsque celle ci est jugée suffisante, nous procédons à sa validation. Les
indicateurs sur la précision du modèle sont généralement locaux. Ils concernent des informations
élémentaires calculées aux noeuds ou aux points d’intégration*, ces informations sont très souvent
fournies en valeur moyenne sur l’élément.
* Cf le paragraphe suivant : techniques de calculs au niveau élémentaire.

Les indicateurs locaux sur la précision d’un modèle mécanique peuvent être :
•Discontinuité des contraintes entre des éléments adjacents. Le plus simple, pour un
matériau isotrope, est de visualiser la contrainte équivalente de Von Mises, cela permet d’avoir
une idée des zones fortement chargées ayant un fort gradient de contrainte. Ces zones seront
l’objet de toute notre attention.
•Valeur du tenseur des contraintes sur les bords libres (certaines valeurs doivent être nulles). En
pratique il faudra estimer ces valeurs à partir des valeurs obtenues aux points d’intégration.
•Densité d’énergie interne de déformation sur chaque élément, l’idéal étant d’avoir un écart
le plus faible possible.

Ayant les informations sur la qualité de la solution, différents contrôles peuvent être envisagés pour
valider votre modèle :
•Ordre de grandeur des résultats obtenus
•vérification des hypothèses du modèle*
* Par exemple en élasticité linéaire il faut vérifier que l’amplitude des déplacements reste faible par rapport aux
dimensions de la structure, que les déformations et les contraintes observées respectent les hypothèses de linéarités de la
loi de comportement.

•Que les choix de départs sont justifiés.

La comparaison des résultats des différents modèles permet d'améliorer puis de valider un modèle
"final". Une fois la fiabilité du modèle assurée, on peut conclure sur l’adéquation entre la structure et le
cahier des charges. La synthèse de ces calculs préliminaires est indispensable car elle vous permet de
justifier et de définir les limites (du ou) des modèles retenus.

3.2 Techniques de calculs au niveau élémentaire.

Ce paragraphe plus technique présente quelques aspects du calcul numérique qui permet d'exprimer
les formes intégrales présentées précédemment. Ces calculs sont basés sur l’intégration numérique (définie
sur des éléments de référence) et l’utilisation de la transformation géométrique pour définir les éléments
réels à partir d’éléments de référence. Les notions que nous présentons seront utiles pour analyser les
modèles, elles sont cependant insuffisantes pour prétendre programmer vous même vos propres éléments.

a - Notion de transformation géométrique

Tout élément réel peut être défini comme l'image par une transformation géométrique d'un
élément parent dit de référence pour lequel les fonctions d'interpolation sont connues.
La transformation géométrique définit les coordonnées (x,y,z) de tout point de l'élément réel à partir
Pg. 32 Méthode des éléments finis

des coordonnées (s,t,u) du point correspondant de l'élément de référence soit :


Dréférence ----T--" Dréel
(s,t,u) ----τe--" (x,y,z)

(x3,y3)
t
(x4,y4)
t s
(-1,1) (1,1)
4 3 τe
y (x ,y ) (x2,y2)
1 1
s élé. réel
x
1 2
(-1,-1) (1,-1)
élé. de référence
Figure 2.5 : Exemple de transformation géométrique linéaire d'un carré

Un même élément de référence permettra de générer une classe d'éléments réels. A chaque élément
réel correspond une transformation géométrique différente, cette transformation devant être une bijection.
Chaque transformation géométrique dépend des coordonnées des noeuds géométriques de l'élément
réel. Pour les éléments les plus simples, la transformation est identique pour chaque coordonnée, et utilise
une base de fonctions polynomiales.
Si les noeuds d'interpolation et les noeuds géométriques sont confondus, les fonctions de
transformation géométrique Ng seront identiques aux fonctions d'interpolation N. Ces éléments sont dits
isoparamétriques.
En résumé, la transformation géométrique est définie par :

 x =< N g ( s , t , u ) > {x n }

 y =< N g ( s , t , u ) > {y n }
 z =< N ( s , t , u ) > z
 g { n}
avec {x }, {y }, {z }
n n n coordonnées des noeuds de l'élément réel
< N g ( s, t , u) > fonctions de la transformation géométrique

b - Exemples d'éléments de référence classiques

Référence Réel

linéaire τe

quadratique

cubique
Figure 2.6 : Transformations géométriques d'éléments à une dimension
Les transformations géométriques de la figure 2.6 utilisent les fonctions d'interpolation linéaire,
quadratique et cubique définies précédemment. Pour des éléments à deux ou trois dimensions les
transformations géométriques conduisent respectivement à des frontières linéaires, quadratiques ou
cubiques. La figure suivante donne la position des noeuds pour les classes d’éléments triangulaires et
Partie II : Méthode des éléments finis pg. 33

quadrangulaires.

Éléments triangulaires:
t t t
(0,1)
2/3
1/2
1/3
s s s
(0,0) (1,0)
Linéaire (3) Quadratique (6) cubique (9)

Éléments carrés:
t t t
(-1,1) (1,1)

s s 1/3 s
-1/3

(-1,-1) (1,-1)
Linéaire (4) Quadratique (8) cubique (12)
Figure 2.7 : Éléments à deux dimensions
La figure suivante représente les trois classes d’éléments volumiques associés à une transformation
linéaire. Pour chaque classe nous définirons les éléments quadratiques et cubiques en plaçant les noeuds
d'interface respectivement au milieu et au tiers des cotés, comme indiqué par la figure 2.7.

u
u u
(0,0,1)
(0,0,1) (0,1,1)
(-1,-1,1) (-1,1,1)
(1,0,1) (1,1,1)
t (1,-1,1)
t
t (-1,-1,-1) (-1,1,-1)
(0,1,0) (0,0,-1) (0,1,-1)
(1,-1,-1) (1,1,-1)
s
(1,0,0) (1,0,-1) s
s
tétraédrique (4) prismatique (6) cubique (8)
Figure 2.8 : Éléments volumiques à transformation linéaire

Les codes éléments finis utilisent ces éléments et bien d'autres plus complexes. Pour ceux qui se
spécialiserons ou qui veulent simplement approfondir ces notions nous conseillons la lecture du chapitre 2
du livre de D&T.

c - Matrice jacobienne - transformation des opérateurs de dérivation

Les expressions des matrices élémentaires que nous avons présentées font apparaître des opérateurs
différentiels appliqués aux fonctions d'interpolation.
Or, en pratique, nous connaissons les dérivées des fonctions d'interpolation par rapport aux
coordonnées de l'élément de référence.(s,t,u). Il nous faut donc exprimer les dérivées des fonctions
d'interpolation par rapport aux coordonnées réelles (x,y,z).
Posons :
Pg. 34 Méthode des éléments finis

∂  ∂ x ∂y ∂ z  ∂  ∂ 
 ∂ s   ∂ s ∂s ∂ s  ∂ x   ∂ x
∂ ∂ t  =
∂ x ∂y ∂ z   ∂  = [ J ] ∂ 
 ∂t ∂t ∂t ∂y ∂y
∂  ∂ x ∂y ∂ z   ∂  ∂ 
 ∂ u  ∂ z 
 ∂ u ∂u ∂ u  ∂ z 
[J] est la matrice jacobienne de la transformation
Pour chaque élément, cette matrice s'exprime en fonction des dérivées des fonctions de
transformations géométriques (connues) et des coordonnées des noeuds géométriques de l'élément réel.
En effet :
∂ < N g > 
∂   ∂ s
 ∂ s  ∂ < N > 
[ J ] = ∂ ∂ t  < x y z >=  g
 {x }
∂t n
[ {y } {z }]
n n
∂  
 ∂ u  ∂ < N g > 
 ∂ u
[J] est le produit d'une matrice (3,n) par une matrice (n,3) toutes deux connues.

La transformation devant être une bijection [J]-1 existe*


* Une singularité de J peut apparaître lorsque l'élément réel est trop "distordu" par rapport à l'élément de référence « élément
dit dégénéré ». De façon générale on évitera lors du maillage d'utiliser des éléments trop disproportionnés, car ils nuisent à la
précision numérique du modèle.

La relation inverse permet alors de calculer les dérivées premières par rapport aux coordonnées
réelles des fonctions d'interpolation.

∂  ∂ 
 ∂ x  ∂ s 
∂  −1  ∂
 ∂ y = [J ]  ∂ t 
∂  ∂ 
 ∂ z   ∂ u 

Connaissant les dérivées premières ( N i , s N i ,t N i ,u ), ces relations nous permettent de


construire la matrice [B( s, t , u )] à partir de la matrice [ B( x , y , z )] qui s’exprime en fonction des dérivées
première ( N i , x N i,y N i ,z ).
Pour les éléments utilisant des dérivées secondes des fonctions d'interpolation (c'est le cas des pb. de
flexion), la démarche est identique. Il faut définir les termes en "∂2/∂xi2" et "∂2/∂xi∂xj ", les résultats de
ces calculs plus complexes sont donnés dans le livre de D&T (pages 55-57).

d - Transformation et calcul numérique d'une intégrale

Le jacobien de la transformation géométrique permet de passer de l'intégration d'une fonction f


définie sur l'élément réel à l'intégration sur l'élément de référence :

∫f (x, y, z) dxdydz = ∫f (s, t, u) det[J ] dsdtdu


De Dref

Cette intégration ne peut être évaluée analytiquement que dans des cas extrêmement simples. En
général, la fonction à intégrer est une fraction rationnelle polynomiale compliquée. Le calcul de l'intégrale
sur l'élément de référence est donc effectué numériquement. Les formules d'intégration numérique
permettent d'évaluer l'intégrale sous la forme générale suivante :
Npi

∫f dv ≅ ∑ f (ξi )ωi
Dref i =1

où Npi représente le nombre de points d'intégration sur l'élément de référence.


Partie II : Méthode des éléments finis pg. 35

ξi coordonnées paramétriques des points d'intégration.


ωi poids d'intégration.

Le schéma d'intégration le plus utilisé pour les éléments à une dimension, les éléments
quadrangulaires et parallélépipédiques est celui de Gauss. Pour les éléments triangulaires et prismatiques
ce sont les formules de Hammer qui sont les plus utilisées. Ces deux schémas permettent d'intégrer
exactement des fonctions polynomiales. Vous trouverez dans le D&T (pages 280 à 300) les tableaux et les
figures donnant la position et les poids d'intégration pour ces schémas d'intégration .

Précision de l'intégration numérique

L'intégration numérique exacte n'est possible que si la matrice jacobienne est constante (l'élément réel
garde la même forme que l'élément de référence).
Nous connaissons alors l'ordre de la fonction polynomiale à
intégrer.
Dans le cas d'éléments réels de forme quelconque, la matrice jacobienne est une fonction
polynomiale. Les termes à intégrer sont donc des fractions rationnelles, l'intégration numérique n'est pas
exacte. La précision de l'intégration numérique diminue lorsque l'élément réel est disproportionné, il faut
modifier le maillage. En pratique le choix du nombre de points d'intégration est une affaire d'expérience,
ce nombre est souvent proposé par défaut dans les codes éléments finis. On peut utiliser un nombre de
points d'intégration plus faible pour diminuer les temps de calcul, mais attention si le nombre de points est
insuffisant la matrice raideur peut devenir singulière *.
*Pour un problème de dynamique l’intégration réduite peut introduire des modes parasites (phénomènes d’hourglass)

e - Application au calcul des matrices élémentaires

Nous avons à calculer:


matrice masse élémentaire: [M ] = ∫ < N
e (ξ ) > T ρ < N (ξ ) > det[ J ] dv ref
Dref

matrice raideur élémentaire: [K ] = ∫ [ B


e (ξ ) ]T [ D] [ B (ξ )] det[ J ] dv ref
Dref
#
force généralisée {F } = ∫ < N
de (ξ ) >T { f } det[ J ] dv
d ref
Dref

L'organisation des calculs est la suivante:


• Création de la table des coordonnées et poids (ξr et ωr), correspondant aux points
d'intégration pour les éléments de référence utilisés.
• Calcul des fonctions N et Ng et de leurs dérivées aux points d'intégration (pour les éléments
isoparamétrique N = Ng )

-Pour chaque élément :


-Pour chaque point d'intégration ξr

- Calcul de [ J ] , [ J ]-1 et det [ J ] au point d'intégration ξr


- Construction des matrices : [D] , [B(ξr)] et [N(ξr)]
- Calcul de : [B(ξr)]T [D] [B(ξr)] det [ J ] wr
[N(ξr)]T ρ [N(ξr)] det [ J ] wr
[N(ξr)]T {fv(ξr)} det [ J ] wr
- Accumuler dans [K] , [M] et {φ}
fin de l'intégration
fin de boucle sur les éléments

Remarque : Au cours de l’intégration numérique, il est possible de tester le signe du déterminant de J


qui doit rester constant pour tout point du domaine de référence.
Pg. 36 Méthode des éléments finis

Illustration II-5 :Calcul numérique de la matrice raideur et du vecteur force généralisé pour les
éléments triangulaires ayant servi à modéliser le problème d’écoulement fluide présenté
précédemment.
Prenons le premier élément du maillage, la transformation géométrique est définie par la
figure suivante :
#
yo
1 4
(4)
t τ1 (1) 5 (3) #
3
xo
(2)
s
1 2 2 3
référence Section

Pour l’élément de référence : N1 = 1 − s − t , N 2 = s , N 3 = t


La matrice jacobienne associée au premier élément est définie par :

− a a 
− 1 1 0   =  0 − 2a 
[J 1 ] =    − a − a  a − a 
− 1 0 1   0 0   

− a 2a 
d’où det(J1) = 2a2 et [J 1 ]−1 = 1
− a 0 
2a 2  
Nous en déduisons la matrice [B(ξ)] :

∂ [N ] 
[B] = [grad [N ]] = ∂ [N ]∂ x  = [J ]−1 − 1 1 0 = 1 − 1 − 1 2
  1 0 1 2a  1 − 1 0
 ∂     
 y
 1 0 − 1
D’où la matrice: [B] [B] = 2  0 1 − 1
T 1 
2a
− 1 − 1 2 
Cette matrice est constante, nous pouvons l’intégrer analytiquement :
1 1− s  1 0 − 1
1 
[K1 ] = ∫ ∫0 [ B] [ B] 2a dt ds = 2  0 1 − 1
T 2

0
− 1 − 1 2 
Il est simple de vérifier que pour les autres éléments les matrices raideur élémentaire sont
identiques.
Passons au calcul du vecteur force généralisé sur le premier élément.
1 1− s 1 1− s 1 − s − t  1
  a2 f 
{ϕ1 } = ∫ ∫ [ N (ζ )] T
f 2a dt ds = 2a f ∫
2 2
∫  s  dt dt = 1
0 0 0 0  t  3 1
  
Les vecteurs force généralisée des autres éléments sont identiques
Partie II : Méthode des éléments finis pg. 37

3.3 Organigramme d'un logiciel éléments finis

Tout logiciel de calcul par la méthode des éléments finis contient les étapes caractéristiques ou blocs
fonctionnels suivants:
LOGICIEL UTILISATEUR

Analyse du problème

PRÉPOCESSEUR : " interactif "


Fonctions: Lecture et vérification des données
Données:
Modification des données
Coordonnées des noeuds
Définition des éléments "mailles"
Paramètres physiques
Sollicitations
Conditions aux limites
Vérifications:
Visualisation du maillage
Lecture du "fichier résultat"
où "questions - réponses -vérifications"
Création du fichier des données
Vérification des données

BLOC - CALCUL : "Non interactif"


Fonctions: Calcul des matrices et vecteurs
et résolution du système d'équations
Pour chaque élément
- Calcul des matrices élémentaires
(comportement, sollicitations)
- Assemblage dans les matrices globales
Résolution
- Prise en compte des sollicitations nodales
- Prise en compte des conditions aux limites
- Résolution
Création des fichiers résultats
Vérification des calculs

POSTPROCESSEUR : " interactif "


Fonctions : Traitement des résultats
visualisation
- Calcul des variables secondaires
( σ , ε ,...)
- Traitement des variables
isocontraintes, isodéformations
déformées, valeurs maximales
normes, ...
- Superposition de problèmes
- etc...
Visualisation
Analyse des résultats

Note de calcul

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