CROC

RÉDACTION
DIRECTEUR GÉNÉRAL: Jacques Hurtubise
ÉDITEUR: Jacques Hurtubise
RÉDACTEUR EN CHEF: Pierre Huet
DIRECTRICE ARTISTIQUE: Mathilde Hébert
ADJOINTE À LA RÉDACTION: Hélène Fleury
COMITÉ DE RÉDACTION: Patrick Reaudin,
Normand Daignault, Jacques Grisé, Pierre
Huet, Jacques Hurtubise, Serge Langevin,
Michel Rivard
COLLABORATEURS: Roch Coté, Sylvie Des-
rosiers, Yves Dupré, Pierre Foglia, Jacques
Guay, Serge L'Heureux
COLLABORATEURS-DESSINS: Bado, Berthio,
Brochard, Pierre Desrosiers, Faniel Gaboury,
Garnotte, Gité, Réal Godbout, Pierre Huet
Jacques Hurtubise, Moerell, Terry Mosher,
François Vincent
COLORISTES: Françoise Barrette, Murielle
Blouin
PHOTOGRAPHES: François Desaulniers,
François Rivard
MONTAGE-PHOTO: Patrick Moerell
SCRIPT: Hélène Fleury
CROCNIQUES: Sylvie Desrosiers, Pierre Huet,
Jacques Hurtubise, Serge Langevin, Serge
L'Heureux, Michel Rivard
DÉCORS: Louis Bourque, François Bouvier,
Hélène Fleury
CORRESPONDANTS: Moscou: Lord Killanin,
Washington: Roger Lemelin, Rome: Aldo Mo-
reau, Vatican: Jean-Paul George Ringo, Ka-
boul: Boris Sakhagolv, Nulle part Fabien Roy,
Pékin: 2 numéros 4, pas d'egg rolls, Ottawa: à
l'occupant, Drummondville: l'idiot du village.
RESPONSABLE DE L'INFORMATION: Carole
Deveault
ADMINISTRATION
ADMINISTRATEUR: Jacques Hurtubise
Adjointe: Hélène Fleury
ÉMINENCE GRISE: la main de Dieu
PUBLICITÉ: Francine Tardif, 844-3911
CROC est publié par L u d c o m Inc., 464 rue St-Jean,
Montréal H2Y 2S1. CROC se vend S1.75 l'exemplaire. Les
a b o n n e m e n t s au Q u é b e c et au Canada: $12 p a r an.
À P é t r a n g e r S19 p a r an. Service des abonnements, tel:
844-3911.
Copyright 1979 p a r L u d c o m Inc.
Toute ressemblance avec une p e r s o n n e vivante ou
décédée, exception faite des satires de personnages
publics, est purement fortuite.
Le contenu du magazine ne peut être reproduit sans
autorisation écrite.
Les manuscrits et dessins non-sollicités devront être
a c c o m p a g n é s d'une enveloppe adressée et affranchie
p o u r a s s u r e r leur retour.
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des manuscrits, des photos ou des illustrations.
P o u r recevoir votre exemplaire régulièrement, veuillez
nous prévenir au moins six semaines à l'avance de tout
changement d'adresse et de la date de votre déménage-
ment, en nous envoyant à la fois votre nouvelle adresse
et l'étiquette apposée s u r la couverture de votre maga-
zine.
Dépôt légal: Bibliothèque nationale du Q u é b e c , 4e tri-
mestre 1979.
C o u r r i e r de deuxième classe enregistrement 4887. Port
de retour g a r a n t i

T Y P O G R A P H I E : Concept Mèdiatexte lui.

S É P A R A T I O N D E S C O U L E U R S : Prestolitho Ltée
I M P R I M E U R : L'Imprimerie Canadienne Gazette Ltée
I M P R I M I P O T E S T A. Khomeiny
I M P R I M A T U R : C. Ryan

DISTRIBUTION
LES DISTRIBUTEURS ASSOCIÉS, 3600, bouL
du Tricentenaire, Pointe-aux-Trembles (514)
645-2278.
COUVERTURE: Normand Cousineau

CROC
 CftOGodiïorktl
Décidément, la température continue de nous jouer des
mauvais tours à CROC. Non, mais c'est vrai. Écoutez,
vers à peu près fin décembre, l'équipe essaie de faire un
peu de planification, de choisir les thèmes d'avance.
Spontanément, quand il est question du mois de mars,
tout le monde s'exclame : «LA DÉPRESSION !» «LA DÉ-
PRIME !» «COUVERTURE GRISE !», e t c . , etc.. Devant un
tel consensus, il faut se rallier.
Petit problème : au moment d'aller sous presse, il fait
toujours un temps radieux. Je ne veux pas être prophète
Som moire* 6
Courrier • 4
Photo-théâtre invités : O c t o b r e • 5
S o m b r e Vilain ZYX • 7
Almanach CROC-dépressif « 9
Michel Risque G o d b o u t F o u r n i e r • 28
Mise à pied G a b o u r y • 32
Le destin tragique des
Maheux-Maillotte F. Laféve • 33
Vous pouvez garder vos RACINES, vos JALNA, vos
JORDACHE... Voici N O T R E fabuleuse saga.
Actualités • 35
m a r s 1980
de malheur, mais j'ai l'impression qu'on n'aura pas
beaucoup de suicides en mars cette année ! Oh, bien
sûr, quelques skieurs, quelques entrepreneurs de
ramassage de neige, mais rien de comparable à nos
moyennes habituelles. Tant pis. Si vous croyez que vous
êtes trop en forme pour lire ce CROC no 6, remisez-le
pour des jours pires, ou dites-vous que la dépression,
c'est un état d'esprit qui doit savoir se dégager des
contingences du réeL Bonne lecture.
La rédaction
D e s s i n a t e u r s à gages Ed F r a n k l i n • 41
C r o c n i q u e s • 46
Berthio • 49
Olga et les bêtes Faniel • 50
Red C h a u s s é M o e r e l l Huet • 55
Pendant que des agents d'une puissance étrangère
ourdissent un odieux c o m p l o t c o n t r e le député
fédéral du Témiscamingue, Mlle Marchesseault-
Ste-Marie vient avertir Red qu'on l'a suivL
Pauvres riches Garnotte « 6 1

Je suis amnésique depuis... Je vous
écris pour... Pourquoi déjà ? Je vous
ai-tu déjà écrit ? Si oui, écrivez-moi
pour me le dire. Entrez, ma mère va
revenir bientôt.
Un lecteur d'une place, ça finit
en «on», je pense. Mon nom
est... Attendez, j'vais aller
voir dans mon portefeuille.
Voyons, où est-ce que je l'ai
mis déjà ?
Jusqu'à date, vous avez fait atten-
tion pour ne pas faire de farces sur les
handicapés mentaux à part Joe Clark.
Nous espérons que la même politi-
que s'appliquera en ce qui concerne
les handicapés moraux.
Roch Lasalle
André Paiement, maire de Laval
Vincent Cotroni
François Séguin
Robert Comeau
Le maire de
Pointe-aux-Trembles
J'ai un hobby. Je fais des lampes en
4 pop-sicle. J'ai un problèmes. Quand y
fondent, j'pogne des chocs électri-
ques. Est-ce que quelqu'un pourrait
me dire comment éviter cet inconvé-
nient ?
Un lecteur
En réponse à votre lettre du 15
courant, j'ai le regret de vous annon-
cer que malheureusement il n'existe
pas de polices d'assurance contre la
faillite pour une revue comme la
vôtre.
Jean X
Vendeur d'assurances
de Victoriaville
Je vous écris couché sur une fille.
En effet, je suis un éjaculateur préco-
ce et mon médecin m'a conseillé de
penser à autre chose pendant l'acte.
Alors, je vous écris. C'est juste ça que
j'avais à dire. Woops ! Too bad !
Tap Tabadap tap tap tap Tabdou
Tap boum boum... Tsé veux dire-
Michel «Toubadou» Séguin
C'qui m'fait chier dans cette affaire
là, c'est que je me suis fait défriser
pour rien.
Bernard Geoffrion
courrier
En me levant ce matin, j'ai constaté
que toutes mes poules étaient cou-
chées sur le dos et qu'elles ne bou-
gaient plus. Que faire ?
Un habitant de St-Joséphat
N.D.L.R.: Un barbecue pour votre
famille ?
J'ai commencé à lire votre premier
numéro. Je prévois terminer la page
couverture le mois prochain. Lâchez
pas, vous êtes très humoristiques.
Un autodidacte
J'écris cette lettre dans le noir à
cause de la grève de l'hydro. Pouvez-
vous me dire quand je serai rendu au
bas de la page ?
Un lecteur
Je vous écris pour que vous corrigiez
une injustice qui a été commise à
F égard de SERGE LANGEVJN, le gé-
nial auteur de Sunfright, qui est
paru dans votre dernier numéro.
SERGE LANGEVIN est génial, mais
trop timide et trop humble pour
vous écrire lui-même. En plus, SERGE
LANGEVIN est un peu schizo sur les
bords. Génial mais schizo.
Voilà, c'est fait.
Serge Langevin
P.S.: Serge Langevin était aussi l'au-
teur du génial test d'entrée à l'UQAM,
qui est pour tous votre numéro de
septembre.
C'est la dernière fois que je m'a-
bonne à un magazine comme le vôtre.
Un mourant
Saviez-vous qu'avec une caméra
Polaroid on peut prendre des photos
de filles toutes nues pis les voir tout
de suite ?
Un gars de Trois-Rivières
Pourriez-vous me dire pourquoi,
avec tout l'argent que je fais, j'ai
encore un dentier trop grand pour
moi ?
Gilles Villeneuve
Eille les racistes de CROC,
Chu pas un Noir. Chu juste resté
trop longtemps sous ma lampe solai-
re. Fa que faites pas de jokes sur moi.
Un lecteur
Je suis en amour avec la même fille
depuis 5 ans. Nous avons même déci-
dé de nous marier. Malheureuse-
ment, j'ai perdu son numéro de télé-
phone. Pouvez-vous m'aider? Je
crois qu'elle s'appelle Johanne La-
fontaine ou Préfontaine, en tout cas,
1
un nom en aine. Si vous la r trouvez
pas, pourriez-vous m'en trouver une
autre dans le même genre ?
Son Pierrot
L'an dernier, nous avons acheté un
caneton à notre fils à Pâques et lui
avons fait croire qu'il s'agissait d'un
chien. Aujourd'hui le caneton est de-
venu un canard qui jappe et qui court
après les chats. Depuis quelque
temps, il s'intéresse aux chiennes.
Que faire ?
Un lecteur
J'ai déjà mis le feu à une pension de
vieux et j'ai l'intention de continuer.
Un toaster qui en a assez
Je viens de lire la lettre de votre
correspondant précédent. Je tiens à
dire au nom du gouvernement qué-
bécois que nous ne tolérerons pas
une conduite semblable. C'est inad-
missible. Veuillez donc avertir votre
«toaster» qu'il devra dorénavant si-
gner «grille-pain». On ne badine pas
avec ces choses-là.
Camille Laurin
CROC
Invités : Octobre S c é n a r i o : CROC et O c t o b r e

mars 1980
Comédien : Christian Bélanger P h o t o s : F r a n ç o i s Rivard
CROC
 COMME ^tettëPéïïa
\oO Ouf f eroMEsT C-WAQUEAMÊEj pAS
L60Î5-Je MAFS.' DOZM/&A
MOCHE/

MÊME Le^PiLuLE^
NefPUTPLUS TBvois GONFLER TAM
BÊATÊMÊNT;..^/}'^

<3

m a r s 1980
 r
AWPS IL
QU'UNE
QUE LA LAlttE MH ^ W T O ^ O T SOU)T\Ohif

MAIS ^7DDOISAV0/R 1
RAISON OeMAI I
P L U S L E C H O ix..!
PEUHu/ VAIS ESSAyE£..

AUSSI [LEAOYUxm
ON SAircpUEPEOX LA P&EVOYAhiœpU
VeNiHS S'ANNULENT, MINISTÈRE QUI A
SOUVENT...

CROC
\

— Dring, Dring!
— Tel-Aide, bonsoir... Que puis-je faire
pour vous ?
— Aidez-moi, je suis rendu au bout du
rouleau !
— M'appelez-vous d'une toilette?
— Non, non ! Écoutez-moi, ma situa-
tion est désespérée et je dois me con-
fier à quelqu'un sinon je vais exploser.
J'ai découvert des choses horribles
sur ma famille que mon esprit n'arri-
ve pas à accepter.
— Eh oui, la vie nous réserve quel-
quefois des surprises.
— Pour des surprises, c'en est des
vraies de vraies. J'aurais jamais
pensé que mon frère aurait fait ça...
— Ce que vous dites est très intéres-
sant, mais toutes mes lignes sonnent
et je me demandais s'il n'y avait pas
quelqu'un de votre entourage avec
qui vous pourriez discuter de vos
problèmes. Très souvent, des amis
peuvent..
— Es-tu fou? Si je fais ça, je signe
mon arrêt de mort !
— Vous exagérez pas un peu, vous
seriez pas en train de me monter un
bateau pour vous rendre intéres-
sant?
— Tabarnacle, je fappelle longue
distance, on niaise pas là-dessus !
— Vu que c'est un longue distance, je
veux bien vous accorder cinq minu-
tes.
— Merci, tu le regretteras pas !
— Vous n'avez pas à me remercier.
Tel-Aide est un service public qui est
là pour vous écouter, vous aider à
vous comprendre. Tel-Aide est un
gros miroir qui vous aide à voir les
choses, à atteindre la lumière au
fond du tunnel et à..
— Arrête de parler ! C'est moi qui ai
des choses à te raconter !
— Allez-y, je vous écoute.
— Tantôt, j'ai surpris mon frère au
lit avec ma femme !
— QUOI ? Vous vous énervez pour
ça ? C'est commun, ça se passe dans
mars 1980
par Patrick Beaudin
des centaines de familles au Québec,
j'aurais dû me douter que vous étiez
un...
— Oui, mais toute ma parenté et les
voisins étaient là à les regarder faire.
Ils portaient tous des costumes
bizarres, on aurait dit des diables. La
chambre à coucher était éclairée
par des cierges rouges et ça sentait
le pourri dans la pièce. Quand ils
m'ont vu, mon beau-frère Roger a
essayé de m'assommer avec une
massue en forme de tête de chèvre.
— Que s'est-il passé?
— Il m'a manqué, mais ils m'ont tous
poursuivi Heureusement, j'ai pu
leur échapper. Ils voulaient me
TUER ! ! !
— Avez-vous averti la police ?
— Mon beau-frère est le chef de
police !
— Où êtes-vous?
— Dans une cabine téléphonique au
terminus d'autobus, j'ai peur qu'ils
me trouvent et qu'ils essaient de me
— ICI L'OPÉRATRICE. VEUILLEZ
RAJOUTER DEUX DOLLARS POUR
POURSUIVRE VOTRE APPEL.
— J'ai pus de monnaie ! Pouvez-vous
attendre un peu ?
— Madame, ici Tel-Aide, ne coupez
pas, c'est un appel important.
— ÇA VA FAIRE, LES SMATTES,
VOUS ME PASSEREZ PAS DE SAPIN !
CLIC !
— Maudite cave !
— Dring, Dring!
— Tel-Aide ! Est-ce vous ? Vous avez
trouvé du change, n'ayez crainte, je
vais vous aider...
— Comment ça, du change ? J'appelle
pour avoir un truc qui empêcherait
ma sauce à spaghetti de coller.
— Vous m'appelez pour une niaiserie
semblable ???
— Niaiserie, c'est facile à dire! Cé
pas vous qui mangez de la sauce
avec des mottons dedans !
— RACCROCHEZ ! ! !
— Dring, Dring!
— Tel-Aide ! ! !
— J'ai un problème important, les
gens pensent que my wife est plus
intelligente que moi, que faire?
— Joe Clark, RACCROCHE ! ! !
— Dring, Dring!
— Tel-Aide ! ! !
— Je sais que les gens ont des pro-
blèmes plus graves que les miens et
que je ne devrais pas m'inquiéter,
mais je
— Monsieur, votre cas est désespéré
et vous devriez vous suicider im-
médiatement, RACCROCHEZ
— Dring, Dring ! !
— Raccrochez, j'attends un appel il
important
— C'est moi, le gars dans'cabine
téléphonique !
— Enfin, y était temps.
— Je pense que le gars qui m'a fait du
change m'a reconnu et qu'il va aver-
tir mon beau-frère.
— Attention, il ne faut pas tomber
dans la paranoïa
— Je suis d'accord avec toi, mais
pourquoi a-t-il bloqué la porte de la
cabine avec sa camionnette ?
— QUOI?
— Ah non, la police arrive, j'ai peur...
— Vite, donnez-moi vos coordon-
nées, je vais vous envoyer du se-
cours !
— Roger, je promets que je le dirai
pas à personne ! Roger, pointe pas
ton fusil sur moi ! ! ! NOOONNN...
— Monsieur, Monsieur, que se passe-
t- il ????
— CLIC !
— Maudite marde, je saurai jamais
ce qui se passait dans cette famille !
— Dring, Dring!
— Tel-Aide.
— Aidez-moi, je suis au rendu au
bout du rouleau !
— Non, je ne me ferai pas pogner
une deuxième fois à soir.
— CLIC ! O
 VERSEAU
C'est bien connu que les Verseaux
IP
ne croient pas à l'astrologie. C'est
leur droit Même que ça tombe bien.
Parce que moi, si j'étais Verseau et
croyant, je me promènerais ce mois-
ci avec une mitraillette, un crucifix
et un collier en gousses d'ail autour
du cou. Si vous êtes Verseau, conti-
nuez de ne rien croire. Mais si par
ailleurs vous c o n n a i s s e z un(e) Ver-
seau, perdez votre agenda, faites
désinfecter vos vêtements et ache-
tez-vous une balayeuse.
POISSONS
C'est un maudit beau signe que
vous avez là. C'est même le mien.
Vous devez être au courant que les
Béliers nous haïssent Aie, les mau-
dits Béliers, ça c'est des hypocrites.
Ils s'embarrent chez eux, pis passent
des journées à parler contre nous
autres en passant la balayeuse. Si on
était fins, savez-vous ce qu'on ferait ?
On s'achèterait des 303, on les dé-
guiserait en balayeuses, pis on irait
sonner chez les baveux de Béliers.
On l'fait-tu? J'comprends qu'on
Ffait !
BÉLIER ^ écrivez un livre.
Le mois qui vient sera quelque
peu difficile pour les natifs de ce
signe. En effet, les étoiles disent qu'il
va y avoir un psychopathe qui va se
promener (avec une 303 à canon
coupé (en jurant qu'il va descendre
tous les Béliers. Méfiez-vous, mais
surtout ne voyez pas des ennemis
partout Si un homme sonne à votre
porte et qu'il tient un objet cylindri-
que et métallique à la main, ne vous
en faites pas, ce n'est qu'un brave
vendeur de balayeuses. Accueillez-
le chaleureusement
TAUREAU ^ )
A h ! Vous êtes Taureau? C'est le
fun. J'ai connu une fille qui était
Taureau. Elle est morte. Elle a attra-
pé une sorte de maladie tropicale
rare, elle est morte en moins d'un
mois. C'est triste, mais qu'est-ce que
tu veux, quand c'est écrit dans les
étoiles, ça sert à rien de s'en faire, ça
va arriver quand même. Tout ça
pour vous dire que vous allez avoir
un mois de mars inoubliable. Je
vous conseille de prendre des va-
cances en profitant des plans «Voya-
gez maintenant, payez plus tard»;
ne vous abonnez à rien.
GÉMEAUX @ vent un mois et une année où les
Pour les natifs des Gémeaux, ce
sera un drôle de mois. Voyez-vous,
vous n'avez pas de carte du cieL
votre horoscope pudélaisvousd'impression, nous n'avons
prévenir à temps. Désolé.
pour le mois Mais ce mois de mars aura quand
même ses mérites. Ce sera F occasion
ou jamais d'acheter un nouveau su-
de mors ^ crier ou d'apprendre par coeur votre
code postal
gracieuseté
de FILTH-A-QUEEN,
la b a l a y e u s e
des gens m a l p r o p r e s .
Bien. Pas d'ascendants, pas de con-
jonctures, pas de planètes, même
pas la comète Kohoutek. Moi, ce
n'est pas de mes affaires, mais à
votre place je m'embarrerais dans
le placard où vous remisez votre
balayeuse (qu'il est grand temps
d'échanger). Si on frappe à votre
refuge, n' ouvrez pas, surtout si votre
visiteur semble avoir 3 mains et que
sa voix a des accents extra-terres-
tres. Si vous survivez jusqu'en avril,
CANCER O dans la main et des dents dans le
Bravo, vous êtes né(e)s sous un
grand signe. Aimé Major, le Soldat
Inconnu, Philomène, Skippy le kan-
gourou et Usa la Louve des SS ne
sont que quelques-uns des Cancers
qui ont changé la face du monde.
Dans le mois qui vient, certains Can-
cers découvriront un continent ou
inventeront un rayon laser qui
remplacera avantageusement le fil
dentaire. Les autres pourront se
consoler en achetant une balayeuse
ou deux. _^
LION \ST
Vous devez faire erreur. Certaines
statistiques récentes ont prouvé
hors de tout doute que personne
n'est né sous ce signe depuis 1824.
Vos parents vous ont menti. Vous
êtes soit adopté(e), soit conçu(e)
hors des liens sacrés du mariage. De
toute manière, vous n'êtes pas nés le
jour de votre fête. Vous devriez avoir
honte. En mars, vous découvrirez
que l'être cher que vous désiriez
épouser est parent avec vous.
VIERGE HP
Dans la vie de chaque signe arri-
perspectives d'avenir sont extraor-
dinaires, où de grandes décisions
doivent se prendre. Dans votre cas,
était en avril 1942. A cause des délais
BALANCE
Êtes-vous assis, là ? O.K. Si ça vous
fait rien, je vous parlerai pas de
votre mois de mars. Je vous laisse la
surprise. Mais je peux au moins
vous dire une chose : je me suis
informé auprès d'un avocat; d'après
lui, c'est très difficile de faire un
procès à une planète. Je ne vous en
dis pas plus. Un dernier conseil ami-
cal : ne jetez pas votre vieux linge et
finissez votre assiette, pendant que
ça dure.
SCORPION
Écoutez, ceci est une revue pour
toute la famille, ça fait que je ne peux
pas nommer en toutes lettres votre
«mauvaise habitude». Mais vous savez
de quoi je parle. Bon, eh bien dans le
mois qui vient, les avertissements
de vos parents et de vos confesseurs
vont se réaliser : il va vous pousser
des boutons dans la figure, des poils
front Et ça sert à rien d'arrêter, ça
ne sera pas rétroactif.
SAGITTAIRE (j§j}
Ho ho ho, quel mois fertile ! Si
vous êtes un garçon, vous appren-
drez simultanément que 1) la fille
blonde avec les hot-pants turquoise
ne prenait pas la pilule, et 2) que son
avocat veut vous sucer jusqu'à votre
dernière cenne. Si vous êtes une
fille, vous serez sûrement étonnée
d'apprendre que 1) vous faites partie
des 1.5% pour qui votre moyen de
contraception ne fonctionne pas, 2)
le père de votre futur enfant n'est
pas l'héritier des Bronfman, mais
bien un vendeur de hot-dogs au
Stade olympique.
CAPRICORNE ^
Les natifs de ce signe auront au
moins la consolation ce mois-ci de
faire leur entrée au livre des records
Guiness. À quel titre ? 1) un météore
démolira leur système de son, 2) un
tremblement de terre fendra en 2
toutes les paires de pantalons, 3)
ils feront partie des 27 cas annuels
de cancer des sourcils en Amérique
du nord. Mais faisant contre mau-
vaise fortune bon coeur, quelques
heureux Capricornes s'achèteront
une balayeuse dont la garantie expi-
rera après eux. Q
CBOC
 Je vous écris pour vous communi-
quer mon bonheur et pour redonner
espoir à certains de vos lecteurs mal-
heureux. Je suis beau, riche, intelli-
gent et heureux. J'ai toujours, été
heureux. D'aussi loin que je puisse
me rappeler, je n'ai connu que la
douceur de vivre et la félicité. J'ai eu
une enfance heureuse et mes parents
(qui étaient formidables...) m'ont
donné une solide éducation, après
quoi ils m'ont laissé un héritage con-
sidérable. Il y a quelques années, j'ai
épousé la femme idéale, une char-
mante héritière de Ste-Foy, qui m'a
donné des enfants adorables. Nous
sommes mariés depuis dix ans et
nous nous aimons comme au premier
jour. En plus de tout cela, j'ai une auto
de l'année et je suis en parfaite santé.
Si je vous dis tout cela, c'est pour
montrer aux autres que le bonheur
existe.
Un homme heureux
Vous me rendez malade, "Homme
heureux», oui, malade ! Vous vous
croyez vraiment heureux ? Vous ne
vous rendez pas compte que vous
vivez une illusion ? Depuis quand la
santé, la richesse et l'amour sont-ils
une garantie de bonheur ? Il faut être
bien inconscient pour en arriver à
des croyances aussi stupides ! Ce que
vous vivez en ce moment n'est qu'une
illusion, croyez-moi, et disparaîtra
dès que votre argent, votre santé et
voire femme s'en iront. Revenez sur
terre, que diable ! Vous rendez-vous
compte que votre bonheur n'est fait
que d'apparences fragiles ? Non,
homme heureux le bonheur se bâtit
sur des bases plus solides que la
chance, la santé physique et l'amour.
Mais le ton de votre lettre me laisse
croire que vous êtes trop superficiel
pour comprendre ce que j'essaie de
vous dire... alors restez-y donc dans
votre bonheur de pacotille : vous ver-
rez où ça vous mènera !
Je ne suis plus très jeune, pas très
jolie et de plus je suis pauvre, n'étant
pas assez intelligente pour garder un
emploi stable. Voici mon problème. Il
y a une semaine, j'ai rencontré un
homme. Il est beau, riche et très
gentil. Il m'adore et hier il m'a de-
mandée en mariage. Que dois-je fai-
re?
Cendrillon de Pointe-St-Charles
Pauvre folle...! Et vous avez cru cet
mars 1980
Courrier
du coeur
p a r Serge Langevin
homme. Non, mais faut-y être épais-
se ? Vous me dites que l'homme dont
vous parlez est beau, gentil et riche.
Quant à vous, vous avouez être mo-
che, pauvre et stupide. Que peut-il y
avoir de commun entre vous deux, je
vous le demande. Vous êtes-vous
demandé s'il vous aimait ou si cet
amour n'est qu'un prétexte pour vous
demander en mariage ? Allez-vous
attacher votre vie à celle d'un homme
que vous ne connaissez pratiquement
pas simplement parce qu'il vous dit
qu'il vous aime ? A moins évidem-
ment, qu'il ne soit complètement
idiot, ce qui semble bien être le cas...
Evidemment, conne comme vous
l'êtes, cela ne vous fait rien de marier
un imbécile...! Réfléchissez-y quand
même !
Jusqu'à il y a quelques années,
j'étais plutôt malheureux. Pauvre,
ignorant et laid, je vivais dans le
dénuement et la solitude. Mais voici
que depuis quelque temps, ma vie a
changé du tout au tout. Tout d'abord,
il y a un mois, j'ai hérité d'une assez
forte somme d'argent d'une tante que
je n'avais jamais vue. Le lendemain,
j'ai rencontré la femme de ma vie.
Quelques jours plus tard, alors que je
faisais mes farces plattes à la taverne,
un producteur de spectacles m'a dit
que mon humour pourrait me faire
gagner beaucoup d'argent et il m'a
offert un contrat assez substantiel.
J'ai maintenant beaucoup d'amis et
je ne suis jamais seul. Enfin, mon
médecin m'annonce aujourd'hui que
le cancer de la gorge dont je souffrais
se résorbe rapidement. Il ne me reste
plus qu'une légère inflammation de
la lèvre inférieure. Je vous avoue que
je suis un peu perdu. Que me conseil-
lez-vous ?
Un nouveau chanceux
Comme je vous comprends, mou-
veau chanceux*'•Tous ces événements
ont dû vous troubler l'esprit et il s'en
faudrait de peu qu'ils ne vous fassent
perdre la tête.Mais je sens, au ton de
votre lettre, que vous l'avez solide. Et
je sens surtout que vous voulez vous
en sortir ! Pour cefaire, il vous faudra
procéder par ordre. Tout d'abord,
l'argent : donnez-le, ou mieux, prêtez-
le à vos nouveaux amis. Cela vous
permettra défaire d'une pierre deux
coups, et même trois, car comme je
connais les femmes, votre nouvelle
compagne ne sera pas longue à dé-
guerpir quand elle apprendra que
vous êtes à nouveau cassé. Pour ce qui
est du talent, ne vous en faites pas
trop : le producteur en question vous
a sans doute pris pour Jean Lapointe.
Evidemment, il reste le cancer de la
gorge. Il est disparu, me dites-vous ?
En êtes-vous bien sûr ? Et cette dégère
inflammation" de la lèvre ? Ne serait-
ce pas un chancre, par hasard, ou une
tumeur (t'en as juste une pis tumeur...
Ha Ha Ha !) ? Vous savez, j'ai déjà
connu quelqu'un qui est mort de la
lèpre après avoir contracté une dégère
inflammation»de la lèvre... Avez-vous
vérifié la solidité de vos membres
dernièrement ? Évidemment, ça
pourrait n'être qu'un feu sauvage.
Chanceux comme vous l'êtes, c'est
probablement ça... Avez-vous pensé à
l'alcoolisme ? O

Mars; mois des
coquerelles
par Pierre Foglia
C'est bien connu, le mois de mars
est le mois des coquerelles. À tort,
ces petites bêtes sont considérées
chez nous comme des parasites ré-
pugnants dont il faut se débarrasser
à tout prix. Le préjugé est si forte-
ment enraciné dans nos consciences
que jusqu'ici, rien ni personne n'a
réussi à réhabiliter cet animal parfai-
tement inoffensif, et par ailleurs
fort appétissant lorsque bien apprêté
avec du beurre à F ail, à la façon des
escargots, comme l'explique Tante
Marie dans son livre de recettes, «La
véritable cuisine de famille».
Mais je sens bien qu'il est inutile
d'insister, je devine très bien que
quoi que je puisse dire, jamais vous
ne ferez une petite place dans votre
coeur à la coquerelle, encore moins
dans votre assiette.
Soit, gardez vos préjugés. Cepen-
dant, entre nous, est-il bien néces-
saire de déployer contre les coque-
relles toute l'artillerie lourde du
service d'extermination de votre
municipalité? Ne trouvez-vous pas
un peu soviétique cette façon d'avoir
recours à des commandos de tueurs
pour vous débarrasser d'un animal
qui se contente des miettes dans
LE CLUB DES
DÉPRIMÉS
ANONYMES
VOUS AVEZ LE GOÛT
DE VOUS JETER SOUS
LES ROUES DU MÉTRO ?
JOIGNEZ-VOUS À NOUS !
COUPON D'INSCRIPTION:
NOM:
ADRESSE :
No TÉL. : -
Faire parvenir à t'adresse de CROC
a/s de Normand Daignault
le nord magnétique. Il y a des belles
choses à voir aussi dans les autres
directions. Par exemple, si je prends
la direction du nord magnétique en
sortant de chez moi, je me retrouve
direct à la cafétéria de l'UQUAM,
tandis que si je prends la direction
votre vaisselle sale et n'aspire qu'à nord, nord-ouest, je me retrouve au
une vie paisible et procréatrice dans bar de La Cour, au troisième tabouret
les fentes humides de vos armoires ? en partant de la gauche. Vous me
Soit, vous ne les aimez pas. Mais direz que ce sont les mêmes faces
fichez leur donc la paix. D'ailleurs, d'abrutis aux deux endroits. C'est
en manifestant un peu d'ouverture vraL Mais la musique est tout de
d'esprit, vous vous rendriez rapide- même meilleure à La Cour.
ment compte que les coquerelles Et comme je le dis souvent, je
peuvent facilement rendre de pré- préfère la musique que j'aime à celle
cieux services. que je n'aime pas. O
J'ai personnellement observé que
lorsqu' on lâche lousse des coquerel-
les sur une surface parfaitement Êtes-vous laid; laide,
plane, elles prennent immédiate- impuissant; frigide ?
ment la direction nord, nord-ouest.
Il suffit alors d'une légère correction
effectuée à l'aide d'un compas de
marine pour situer avec précision le
nord magnétique.
Fini les boussoles. Lors de vos ran-
données en forêt ou en mer, emme-
nez une coquerelle. À noter, en pas-
sant, que le compas de marine, lourd
et encombrant, n'est pas un acces-
soire indispensable. La différence
entre le nord magnétique et le nord,
nord-ouest n'est que de quelques
degrés et de toute façon, rien ne
prouve, lorsque vous êtes perdu, que
le salut est plus au nord magnétique
qu'au nord, nord-ouest
C'est un autre de nos préjugés
ridicules que de toujours privilégier
REGLEMENTS :
a) Avoir à son actif au moins une
dépression nerveuse ou une
tentative de suicide.
b) Être enfermé dans la toilette
de son logement depuis au
moins un (1) mois et demi
c) Être prêt à se rendre au chevet
d'un déprimé en phase termi-
nale et réussir à lui prouver
que vous êtes plus déprimé que
IuL
d) Rire pour rien et pleurer pour
tout
AVANTAGES :
CROC a découvert une solution
à tous v o s tourments ! Les
a) Une carte de membre qui vous
chandails CROC et Sombre Vilain
donne accès gratuitement à
tous les plus hauts édifices de v i e n d r o n t à v o t r e rescousse.
la ville de M o n t r é a l .
b) Un parrain vous sera attribué
P o r t e z - e n un ! Vous ne serez pas
et vous pourrez l'appeler m o i n s laid(e), ni m o i n s puant(e),
n'importe quand pour qu'il mais qu'importe, on aura tôt fait
vous déprime dans vos rares
moments de joie.
de passer par-dessus vos petits
c) La possibilité de prendre part à défauts g r â c e à v o t r e éclatant
des suicides collectifs. chandail CROC (ou S o m b r e
d) Participer à notre pèlerinage Vilain). M a n g e z - e n un ! C'est un
annuel à Jonestoivn.
puissant placebo aphrodisiaque !
Suite a la p a g e 62
CROC
Q U A N D LA GUIGNE COGNE

.. JE ME FAIS VIOLER L A S E M A I N E
D E R N I È R E , E T CE M A T I N , ON
M'ANNONCE QUE JAI LE
C A N C E R DU COL DE
L ' U T É R U S ...

mars 1980
 Le mois de mars
d'un jovialiste
par André Surprenant

N.D.L.R. Dans la grisaille de ce mois de mars, nous avons demandé à M. André

Surprenant, chef de file du Mouvement Jovialiste, de nous écrire quelques
mots encourageants. Pour ceux et celles qui ne connaîtraient pas ce
mouvement, eh bien dites-vous que c'est une sorte de philosophie de la joie
de vivre, ou alors c'est du monde qui rit en faisant le sexe, ou en tout cas,
quelque chose du genre.

Chère madame ou monsieur, c'est
la même chose (je ne suis pas
différencié)... Comme j'aime le mois
de mars ! Comme je F aime ! Comme
j'ai le goût de crier son nom : «Mars !
Mars ! Mars !» Quoi? Vous n'aimez
pas le mois de mars, madame ? Mais
madame, sortez, courez nue dans la
rue, respirez votre corps, sentez vos
poumons, évitez les crottes de chien
et sautez votre joie. Youppi !
Hourra ! Si vous saviez, madame ou
monsieur, c'est tout comme, si vous
saviez le nombre de femmes qui
sont venues me parler du mois de
mars, des femmes belles comme
vous et moi, madame ! Et parler,
ce n'est pas seulement les mots, que
diable ! Il y a le corporel et tout ce
qu'on peut lui rattacher de physique.
Quand je pense à Sylvie, ou Huguette
ou Claudette ou à combien d'autres
belles épouses jovialistes qui sont
venues me voir, chez moi, dans un
appartement qui me ressemble, et à
bouche-que-veux-tu, à tire-larigot et
à gorge déployée, nous nous faisions
aller le mois de mars, et en veux-tu
de la fonte des neiges, en v*là ! Nous
sommes beaux, que diable, et le
mois de mars est une occasion de
plus de se le montrer en grand
nombre, si les locaux le permettent.
Sinon, il n'y a pas de honte à être
seul. Je me rappelle cet exemple
d'une amie ou d'un ami jovialiste, je
ne me souviens plus (de toutes
façons, il n'y a pas de différence, je
ne suis pas psychologique !) qui me
racontait que, nu dans un garde-
robe, elle ou il avait secoué sa
torpeur en criant ces simples mots :
«Mars, je t'aime, je f aime, oh oui, toi,
toi, toi...»
Qu'est-ce que le mois de mars,
chers amis ou amies (pas d'impor-
tance) sinon un des douze mois de
l'année, je devrais dire un des douze
beaux mois de l'année, de la belle
année que nous vivons à chaque
douze beaux mois et qui nous donne
tant de belles occasions de se
toucher, de se connaître, de se
reconnaître même, quand la
lumière est fermée et que vous êtes
nombreuses autour de moi, mes
belles petites épouses et peut-être
toi aussi Jean-Paul !
Je recevais, il n'y a pas tellement
longtemps, une lettre formidable,
belle et joyeuse, épaisse dans son
enveloppe, avec des photos à
l'appui, une lettre d'un groupe
jovialiste qui me relatait avec force
détails, les joies du mois de mars à
Sept-Iles. Ah ! Jogger nu autour du
centre d'achats, en pensant au club-
sandwich à douze piasses qu'on va
manger plus tard ! Tirer au poignet
avec des Indiens dans un bar, où
chaque soir les races se mélangent
en un pugilat amical, délicatement
arrosé de boissons fortes entre
amis ! Découvrir, avec des ouvriers
spécialisés et leurs épouses
charmantes, les joies du mariage
élargi, dans le confort d'une maison
mobile, où crépite le foyer familial !
Moi, des témoignages comme ça, ça
me fait dire Youppi! Hourra! Le
mois de mars est pour tout le
monde ! Voici ce que j'aimerais que
vous fassiez. J'aimerais, mes
joyeuses (ou mes joyeux, je ne suis
pas sélecteur) que vous preniez
votre automobile, quelle qu'en soit
la couleur ou la raison sociale, et
que vous veniez me voir ici, ce soir,
en pleine connaissance de cause, et
vêtues légèrement. Lorsque nous
serons à l'aise, ce ne sera pas difficile
de dire : «Bonsoir André, je m'appelle
Huguette, ou Claudette, ou Sylvie.
J'aime le mois de mars et je voudrais
le partager. Je voudrais savoir la
vérité sur le plaisir et aussi, je
voudrais savoir où je peux déposer
ces vêtements qui me serrent et
m'empêchent de respirer à pleine
poitrine, qui est très belle d'ailleurs
merci, et je voudrais aussi danser un
peu avec toi, c'est ça, c'est ça, et
comment je peux devenir jovialiste
à part entière ? Comme ça grand
fou ! Un autre scotch ? Bien sûr... Oh
oui ! Je commence à comprendre.
Ah oui ! La vie... c'est ça, plus fort,
plus fort.. Oui, je te suivrai partout,
mon beau brumeux, dans toutes les
salles de banquets de tous les motels
du monde, et nous passerons au
Câble pour crier notre plaisir, oui,
oui, c"est ça, plus vite, plus bas...
Mars ! Mars ! Mars !» O

mars 1980
 Le psycho-test
M du mois
Êtes-vous mort ?
A première vue, la question peut paraître insignifiante. Et pourtant, elle
peut être très utile pour une publication comme la nôtre. (Pensez seulement
aux problèmes que le Devoir s'éviterait s'il connaissait la proportion de ses
lecteurs qui sont décédés. Sans parler des rédacteurs...)
D'autre part, beaucoup de gens auraient avantage à savoir une fois pour
toutes s'ils sont morts ou vivants. Quand on est mort et qu'on le sait, on
s'évite un paquet de troubles, et il y a des tas de choses qu'on n'a plus besoin
de faire et qu' on faisait quand on était vivant, comme payer ses comptes, faire
le gazon, changer les châssis doubles... etc., et qu'on faisait parce qu'on
pensait être encore en vie.
Pensez à John Diefenbaker, par exemple, et à tous les ennuis qu'il se serait
évités s'il avait eu, il y a dix ans, le psycho-test qui suit à sa disposition.
Convaincus? Alors allez-y, faites le test, faites-nous en parvenir les résul-
tats : on ne sait jamais, vous économiserez peut-être le coût d'un abonne-
ment..

I- État psychologique Cataleptique Agonisant Mort

A) Respirez-vous...? souvent • rarement • jamais •
B) Sentez-vous mauvais...? souvent • très souvent • continuellement •
C) Vos relations sexuelles sont-elles...? intermittentes • peu fréquentes • inexistantes •
D) Vous sentez vous raide...? souvent • très souvent • continuellement •
E) Votre coeur bat-il? (oui ou non.)..
1 8
II- État mental Cataleptique Agonisant Mort
A) Pensez-vous...? fréquemment • périodiquement • rarement •
B) Trouvez-vous Réal Giguère...? intéressant • captivant • intelligent •
Q Lisez-vous Le Devoir...? de temps à autre • fréquemment • régulièrement •
D) Combien d'heures par
jour regardez-vous la T.V. ? 15 heures • 20 heures • 24 heures •
E) Quand avez-vous eu
une idée pour la dernière fois ? l'an dernier • ne me rappelle pas • une quoi ? •

III- État psychologique Cataleptique Agonisant Mort

A) La vie vous insipide • dépourvue
semble-t-elle... d'intérêt • j'aime mieux la T.V. •
B) Dormez-vous...? assez souvent • continuellement • en ce moment •
O Avez-vous récemment aperçu une lumière
blanche éblouissante ? ( oui ou non)

État social Cataleptique Agonisant Mort

A) Quand les gens vous rencontrent, ils font un détour Ils me passent ils me passent au
quelle est leur pour ne pas me dessus • au travers •
attitude ? passer dessus •
B) Vos proches parents assez souvent • toujours • mes proches ne par-
parlent-ils de vous au passé ? lent jamais de moi •
Q Avez-vous eu des funérailles récemment?
(oui ou non.)

État civil Cataleptique Agonisant Mort

A) Combien de pintes de lait y a-t-il sur votre perron? 5-10 • 10-20 • 20-30 •
B) Depuis combien de temps n'avez-vous pas reçu
d'avis d'une compagnie de crédit? 3 mois • 3-6 mois • plus de 6 mois •
Voilà, c'était pas trop difficile. Bon, maintenant allez vous coucher.

CROC
 Le lexique du déprimé
Mars, dieu de la guerre et des agriculteurs. Mars, quatrième planète du système
solaire. Mars, troisième mois de l'année où nous sommes tous plongés dans un
désespoir sans fin. Toujours soucieux du bien-être de ses lecteurs, CROC
a rassemblé des expression originales qui vous permettront de dire v o t r e mal
de vivre et d'emmerder v o t r e entourage. Ce n'est pas en écoutant «Acropolis Adieu»
vingt-quatre heures par j o u r ou en parlant à v o t r e soupe alphabet que vous allez
chasser les «Bleus». Attaquez-vous à tout ce qui vous t o m b e sous la main,
fréquentez les lieux publics et hurlez v o t r e peine ! Ne vous contentez plus
d'un timide «Ah, que c'est platte !» Voici o n z e expressions qui feront de vous
un champion de la déprime.

La vie

est une é p i d é m i e qu'il faut enrayer. |m Le souffle de vie

l a mauvaise haleine.

La vie
est un l o n g téléroman mal écrit. Les optimistes
Vivre, c'est végéter. sont des dévergondés.

Exister, c'est suer.

Le b o n h e u r est le coma des innocents. I

§ J'aurais dû être à Chapais.

Le m o i s de mars
o
E i est un l o n g lundi matin.
a» '

I Je suis en panne sur l'autoroute de l'existence.

Je porte ma c r o i x (expression populaire chez les libéraux).

m a r s 1980
 Jouons au
psychiatre
Cette page s'adresse à tous les
lecteurs de Croc, mais en particulier
à ceux qui sont étudiants en psycho-
logie ou en psychiatrie.
J'ai imaginé pour vous une con-
sultation fictive entre un frustré
sexuel maniaco-dépressif-nerveux
et un psychiatre, disons... pas très
bon. Il s'agit pour vous de relever les
questions inutiles ou stupides posées
par le psychiatre et de deviner de
quelle maladie il souffre lui-même.
20
Dans l'article qui suit, nous avons
identifié le psychiatre par un «P» et le
patient par un «P». Bonne chance !
P (Tendant la main à son visiteur)
Bonjour M. Cadieux.
P (Lui serrant la main)
Bonjour psychiatre.
P (Betenant la main de son visiteur)
Pourriez-vous serrer un peu plus
fort, M. Cadieux, s'il-vous-plaît?
P ... Si vous voulez !
(Ce disant, il lui serra la main de
toute ses forces)
P (Betirant sa main, F air satisfait)
Hum, ça fait du bien !
Asseyez-vous, M. Cadieux
P Euh., psychiatre, si ça vous dérange
pas, je vas rester debout, ça
m'énerve m'asseoir.
P À votre goût
(Puis, l'air sérieux)
M. Cadieux, répondez-moi franche-
ment Êtes-vous venu ici en métro,
en autobus ou en auto ? Prenez tout
votre temps pour répondre.
P Ben en char, j'ai un char!
P (Prenant des notes)
Je vois. Je vois. Et avez-vous rencon-
tré des lumières rouges sur votre
chemin ?
P Oui Trois.
P Hum - Hum M. Cadieux, dites-moi...
P Psychiatre, trouvez-vous que ça
serait niaiseux si on arrêtait F entre-
vue tout de suite?
P Ben ça tombe ben, moi aussi je
pense ça
P Très bien M. Cadieux, dites-moL.
P Appelez-moi donc Speedy, tous mes
chums m'appellent Speedy.
P (Irrité) D'accord Speedy... euh.,
qu'est-ce qui ne va pas?
P Je le sais pas trop Tout ce que je
peux vous dire, c" est que je file pas, je
me sens aux nerfs, j'ai le goût de
planter tout le monde pis je vous le
dis tout de suite : le sexe a rien à voir
là-dedans.
P Hum.. Hum.. Speedy, qu'est-ce que
vous faites comme travail?
P Je suis «doorman».
P Oui? Êtes-vous fort?
P ... Ben, je me défends !
P Frappez-moi donc, voir !
P Ben voyons, psychiatre !
P Allez, allez, frappez-moi !
P (Hésitant) Vous me tentez là !
P Allez, allez !
P Ah.. OK d'abord!
(Lui donne un solide coup de poing
sur la mâchoire)
diplôme
p$yefiblogie
P (Se relevant)
Hum ça fait du bien !
(Puis, un peu étourdi)
Qu'est-ce qu'on disait?... Ah oui!
Vous disiez que si quelquefois vous
frappez des lumières rouges en
auto, le sexe a rien à voir là-dedans,
c'est ça?
P Ben non, on parlait de ma job !
P Votre job ? Ah oui ! Doorman.. Oui,
oui ! Speedy, euh., (fouille dans son
tiroir), prenez tout votre temps et
dites-moi qu'est-ce que vous voyez
sur ce dessin ?
P Ben, une pomme !
P C'est exact C'est moi-même qui F ai
dessinée. Elle n'est pas mal, hein?
P ... Pas pire.
P (L'air sérieux)
Speedy, le fait que vous soyez tendu,
ça dépendrait pas de vos relations
sexuelles, par hasard?
P (Sûr de lui)
Ben non ! J'en ai jamais !
P Ah.. Bon Parce que je me disais que
peut-être que sexuellement vous
êtes pas très sûr de vous et que..
P Ça achève-tu, Fentrevue?
P Ça ne sera pas long Parce que je me
disais que peut-être que les fem-
mes...
P ... Oh la jolie photo. Cé vous au
collège, ça, psychiatre?
P Non, c'est mon diplôme !
P Y vous ressemble un peu !
P Merci !
P Bon, ben, je vas y aller.
P Parfait (Lui tendant la main)
Alors, on se revoit la semaine pro-
chaine?
P Cé ça, on se verra
P Un dernier coup de poing peut-
être?
P Avec plaisir ! O
CROC
 LES PASSE-TEMPS
DÉPRIMANTS
Vous êtes de ceux que le mois de mars laisse totalement indifférent ? Pour vous, mars marque
le retour du printemps, du soleil, des fleurs et de l'amour? Vous écoeurez vos amis avec votre
teint rosé et pétant de santé ? Vous déprimez votre entourage avec votre air jovial et vos
farces plates ? Tout le monde fuit à votre approche ? Ne vous en faites pas ! Vous aussi vous
pourrez atteindre le fond de la bassine, raser les couloirs noirs de F ennui et troquer vos bouteilles
de vitamines C pour de merveilleuses petites valiums. Tout cela en moins de quinze (15) jours,
grâce à ces quelques passe-temps déprimants que je mets gratuitement à votre disposition
et qui vous permettront avec un rien de bonne volonté de joindre les rangs
verdâtres de vos «chums» dépressifs.
par Normand Daigneault

• Pour ceux qui ont des talents de
bricoleur, la construction à l'échelle
du pont de Québec (Fancien) en
cure-dents ou bâtons de popsicle au
choix, devrait faire l'affaire. À ma
connaissance, les plus résistants
craquent après le premier pilier. Si
par hasard vous vous rendez jus-
qu'au bout, un de vos amis gais-
lurons saura sûrement taper dessus
en demandant si c'est solide et venir
ainsi à bout de vos nerfs.
• Tenter de faire un hibou en ma-
cramé avec une seule corde et un
seul clou.
• Lire la Bible en hébreu avec des
sous-titres en anglais.
• Commencer une collection de
supports athlétiques des joueurs de
F équipe de hockey soviétique.
• S'acheter un habit reluisante en
tergal mauve et essayer de s'attraper
une fille à l'Idéfixe un samedi soir.
• Tenter de faire l'arbre généalogi-
que du Clan Beaulieu.
• Faire le casse-tête de 10,000 mor-
ceaux représentant Joe Clark.
• Changer toutes les lumières de
votre appartement pour des «Black
Light» et manger uniquement des
mets chinois congelés.
• Passer toutes vos soirées pendant
deux semaines au musée de cire en
face de l'oratoire Saint-Joseph.

• Aller voir trois fois de suite le. •S'inscrire à des cours de «Bossa • Repeindre sa cuisine avec un pin-
spectacle de Jérôme Lemay. Nova» chez Charlotte et Hervé, en ceau 1/4 de pouce.
• Aller voir le film «Saturday Night sachant que vous détestez la musique • Lire complètement saoul: «Je vis
Fever» 12 fois dans la même semaine. sud-américaine. mon alcoolisme» de Ginette Ravel.

mars 1980
Vous voulez mourir? C'est votre droit Mais venez pas me dire que vous allez partir comme ça,
sans vous venger de tous les imbéciles qui vous ont rendu malade toute votre vie !
Vengez-vous ! Voici quelques idées de
SUICIDES NUISIBLES !
Jetez-vous devant le métro. D'ac-
cord Mais faites-le à F heure de pointe,
un soir de paye. Bourrez vos poches
de petits objets métalliques ou sautez
avec une grande tige métallique de
façon à provoquer des courts-cir-
cuits jusqu'à MANIC 5. Ah oui, mettez
aussi dans vos poches 2 ou 3 bouteil-
les de ketchup (C'est très spectacu-
laire), une dizaine de bombes puan-
tes et une de ces boites-gags d'où
sortent des rires enregistrés. C'est
d'un effet superbe quand ça vient de
sous un wagon.
Allez au Forum de Montréal pen-
dant une rencontre entre les Cana-
diens et les Flyers. Attendez qu'on
soit en troisième période et que le
pointage soit égal Sautez sur la glace
et immolez-vous par le feu au milieu
de la patinoire.
Tommy D a o u s t
Allez au Théâtre des Variétés,
pendant une revue de Gilles Latu-
lippe. Sous votre manteau, attachez
quelques dizaines de bâtons de dy-
namite. Ensuite, faites parvenir une
note en coulisses où vous expliquez
que vous allez sauter à la moindre
secousse : si le show est drôle, vous
allez rire et tout le monde y passe
avec vous. Les comédiens vont tout
faire pour être plats; pas grave, les
gens vont taper du pied et vous allez
sauter quand même.
Allez au Zoo de Granby. Choisissez
une journée où un groupe très
spécial est en visite (enfants hyper-
sensibles, déprimés chroniques,
touristes japonais, etc.). Frottez-
vous le corps avec de F huile de foie
de morue et sautez dans la fosse aux
ours polaires.
Allez vous noyer dans le lac St-
Jean. Mais pas n'importe comment
Plongez juste à r endroit où la tra-
versée traditionnelle se termine.
Vous aurez pris la précaution aupa-
ravant de fixer à votre cheville un
poids muni d'une minuterie sa-
vamment réglée qui vous débarras-
sera de votre ancre dans quelques
mois, c'est-à-dire juste au moment
où les premiers nageurs franchiront
la ligne d'arrivée. Pour faire plus
amusant portez un chandail annon-
çant la marque de bière qui com-
mandite F événement
Allez dans un restaurant très chic
renommé pour son superbe buffet
froid. Rapidement, sautez à une
extrémité de la table où les viandes
froides et les salades sont mises et
tirez-vous une balle de 303 dans la
tête en faisant bien attention de
vous répandre sur les aliments. Ah
oui, avant de peser sur la gâchette,
criez < MES COMPLIMENTS AU
CHEF » !
CROC

La solitude est une saucisse de trop
La note posée sur la table de la
cuisine n'avait rien d'inquiétant en
elle-même. Linda avait l'habitude de
me laisser des petits mots, généra-
lement très pudiques, tout de ten-
dresse contenue sous l'apparente
trivialité du message. Celui-ci était
un modèle du genre :
«Pierre, commençait-elle, j'ai fait
dégeler des saucisses pour le souper.
Je suis à mon cours de ballet-jazz.
Linda. «P. S....
Mais je fermai les yeux sur le P.S.
Je le connaissais par coeur, je le
récitai amoureusement de mémoi-
re : «Si les saucisses ne sont pas tout
à fait dégelées, laisse couler de l'eau
tiède dessus une couple de minu-
tes...»
Imaginez mon désarroi lorsqu'en
ouvrant les yeux je lus : «P.S.: Je ne
rentrerai pas à la maison ce soir. Ni
demain, ni plus jamais. Samedi ma-
tin, je passerai avec mon frère Fer-
nand pour déménager mes affaires.»
Mon univers a basculé d'un coup.
Je tentai de m'accrocher aux gestes
les plus quotidiens, un peu comme
le condamné à mort essaie de s'ac-
crocher à la cravate de son bourreau
quand la trappe s'ouvre sous ses
pieds (c'est d'ailleurs pour ça que les
bourreaux ne portent jamais de cra-
vate, mais des cols roulés).
Le premier geste quotidien qui
m'est venu à l'esprit fut d'aller pis-
ser, mais en tirant la chaîne, la fuite
éperdue de l'eau m'a rappelé celle
de Linda et j'ai crié : «Linda, reviens !
Tu es tout pour moi. Le soleil dans
ma vie. L'air dans le pneu. La farce
dans la saucisse...» Mais parlant de
saucisse, je pensai immédiatement à
celle qui resterait après mon souper
solitaire, la saucisse que Linda ne
mangerait pas. Alors, fou de douleur,
là dans mes propres toilettes, je
posai un geste dément, j'ai écrit sur
le mur le premier graffiti de ma vie :
«La solitude, c'est une saucisse de
trop.»
mars 1980
p a r P i e r r e Foglia
Lorsque j'ai été un peu calmé, j'ai
téléphoné à Fernand, le frère de
Linda. Représentant de WonderRra
au Manitoba, Fernand est un peu
vulgaire comme tous les voyageurs
de commerce. Quand on lui demande
comment ça va, il répond invaria-
blement : «J'en ai plein le cul du
Manitoba...» Sa femme Simone est
plus nuancée, quand elle donne des
nouvelles de son mari, elle dit tou-
jours : «Le pauvre homme, il a le
Manitoba trop bas...» Cest justement
Simone qui a répondu à mon appel :
— Fernand? Vest pas là... Non,
j'savais pas pour Linda... Alors
comme ça, a fa planté là !... Ah ben,
qu'est-ce que tu veux, c'est en plein
le temps pour ça, comme disait ma
pauvre mère, en avril ne te découvre
pas d'un fil..
— J'vois pas le rapport, Simone,
on est en mars...
— Ça fait rien. Vaut mieux s'y
prendre d'avance. Comme dit Fer-
nand, mieux vaut rien qu'un sein
que deux sous les bras...
Rrave Simone. Rrave Fernand. Je
ne les reverrai sans doute jamais
plus. Quand votre blonde s'en va,
elle n'emporte pas seulement ses
rideaux, elle emmène aussi sa famil-
le. Tout nu et orphelin, voilà où j'en
étais. Maudite vacherie de vie...
Pourtant, ça n' allait pas si mal que ça
entre Linda et moi...
Au lit, là où sombrent tant de
couples, nous nous entendions par-
faitement, Linda et m o l Nous avions
convenu dès le début de notre rela-
tion de ne jamais baiser au lit et le
moins possible dans notre maison.
Nous faisions nos cochonneries ail-
leurs, l'été sur le balcon du voisin,
l'hiver dans les toilettes du Prince-
Arthur. Mais je me souviendrai tou-
jours de la première fois, c'était à
Acapulco, sur la plage...
Je lui ai dit : «Je vais jouer sur
ta peau, tel l'archet du violoniste,
la rhapsodie des plaisirs oubliés...
Aimes-tu la musique, au moins ?
— «Oui», m'a-t-elle répondu, mys-
térieuse... Après, nous sommes res-
tés silencieux, offrant notre nudité à
la caresse du vent du large.
Linda mon amour, où es-tu ? que
fais-tu ? Reviens, on se mettra encore
tout nu. Linda, m'entends-tu?...
Oh bien sûr, parfois nous nous
chicanions. Nos premières chicanes
ont éclaté à propos des enfants, ceux
que nous voulions avoir et que nous
n'avons jamais eus, faute d'en arriver
à un compromis acceptable pour les
deux parties. Elle voulait trois gar-
çons, je ne voulais que des filles, six
minimum. Nous nous disputions
aussi sur leur avenir : «Mes fils seront
de profession libérale et collection-
neront les vieux toasters, l'avenir
est aux collectionneurs», affirmait-
elle, obstinée. «Mes filles joueront au
volleyball et se marieront avec des
Finlandais qu'elles auront rencon-
trés au tournoi international de
Rivière-du-Loup. Les Finlandais,
c'est la race qui monte», affirmais-je,
tout aussi entêté.
Un autre de nos sujets de discorde
préféré : la littérature. La mienne
surtout. Alors que je rédigeais mon
essai sur l'immortalité, elle venait
lire par-dessus mon épaule, et je
sentais la chaleur de son sein sur
mon omoplate. Je l'écartais douce-
ment : «Linda, mon amour, laisse-
moi, la chair est triste et il me reste
tant de livres à écrire...» Elle se ca-
brait alors, furieuse, et me criait :
«Immortalité mon cuL Tu ferais
mieux d'écrire à ta mère pour qu'elle
nous envoie des confitures...»
Ah Linda, reviens lire par-dessus
mon épaule. Comme dit ton frère
Fernand, mieux vaut un sein sur
l'omoplate qu'un cancer à la pros-
tate.
Reviens Linda. J'ai gardé ta sau-
cisse. Si elle n'est pas tout à fait
dégelée, mets-là sous l'eau tiède une
couple de minutes. O
Écrivez vous-même
une histoire d'amour
du mois de mars par Pierre Huet

IL EST

• GARÇON D'ASCENSEUR
- ELLE EST ILS SE RENCONTRENT

BIBLIOTHECAIRE EN JOUANT AU MINIPU1

• RARRIER VENDEUSE AVON I EN ASSISTANT

AUX «TANNANTS»
*• COMPTAHLE *• TEMOIN DE JEHOVAH
AUX SERVICES
DES ORJETS PERDUS

POIS VERTS EN PUREE

PARIS-PATE SUR TOAST MELB/-

ILS PASSENT LA SOIREE ILS FINISSENT PAR

FAIRE L'AMOUR MAIS
À REGARDER
RADIO-QUÉBEC - ELLE S'ENDORT

SEVEN-UP L A REGARDER . IL A OUBLIE SES

SES PHOTOS DE RÉHÉ ORGANES GÉNITAUX
DANS SES AUTRES
VINS [ À JOUER AU PARCHESI PANTALONS

I À COLLER DES L ILS NE SONT PAS

QUEBERAC JAUNE TIÈDE TIMBRES-PRIMES D'ACCORD SUR
«QU'EST-CE QUI VA OÙ»
A BAILLER

L À PARLER DE L'EXPO 67

CROC
ILS F O N T PLUS ILS SE D O N N E N T RENDEZ- V O U S
AMPLE CONNAISSANCE •
IL P O R T E ELLE P O R T E
- EN M A N G E A N T
UN MAC D O N A L D ' S - U N H A B I T EN F O R T R E L - UN DEUX PIECES RETRO
( m a i s elle n e le sait p a s )
•EN B U V A N T U N UN T - S H I R T
DR PEPPERS «J'AIME M A FEMME» - DES PANTALONS
C H E Z RÉGINE (Il est c é l i b a t a i r e ) TROP COURTS,
UNE B L O U S E
EN H E U R T A N T UNE C H E M I S E T R O P GRANDE,
LEURS V O I T U R E S DE B O W L I N G ET D E S DES LUNETTES
D A N S LE P A R K I N G C U L O T T E S DE J O G G I N G TROP FAIBLES

- DES V Ê T E M E N T S EN JUTE
( Ç a s'use p a s !)

V I C H Y CELESTINS C H E Z ELLE
mmmm 25
J
ILS S O U P E N T ENSEMBLE

CHOCOLAT CHAUD CHEZ LUI

EVENTUELLEMENT, ILS SE M A R I E N T E V E N T U E L L E M E N T , ILS M E U R E N T — FIN

L ILS N ' O N T P A S D ' E N F A N T S ELLE D ' A B O R D : IL NE S'EN R E N D P A S

( M é t h o d e d e c o n t r a c e p t i o n : l'ennui) C O M P T E T O U T DE SUITE, C'EST EN
ALLANT A U SALON QU'IL LA R E C O N N A Î T

LUI D ' A B O R D : ELLE D E V I E N T A C T I V E

D A N S LES C L U B S D'ÂGE D ' O R ET,
I R O N I E S U P R Ê M E , S ' O C C U P E DE
LOISIRS
 publicité Croc

Madame ! En ce triste mois de mars,

s a c h e z a c c u e i l l i r votre mari avec un bon petit plat
qui lui remontera le moral. Offrez-lui un diner
8tvanson amoureusement préparé pour
ces j o u r n é e s spécialement grises.
Il vous adorera (aussitôt qu'il

Photo: François Desaulniers

 p a r P i e r r e F o g l i a eJ/Pierre Huet
Mars nous arrive chaque année
avec son cortège de catastrophes, de
calamités et d'infortunes. Que faire
quand le ciel fangeux de ce mois de
marde vous tombe sur la tête ? D'a-
bord et avant tout, ne pas perdre son
sang-froid Comment? C'est ce qu'on
vous explique à l'instant en choisis-
sant parmi les catastrophes, celles
qui reviennent le plus souvent du-
rant cette période pourrie...
VOUS PASSEZ AU FEU : Courez
vite chez le voisin l'avertir que s'il
veut récupérer la tondeuse à gazon
qu' il vous a prêtée F été dernier, c* est
le temps ou jamais d'aller la cher-
cher.
VOTRE FILLE DE 13 ANS attrape
des morpions : expliquez-lui pa-
tiemment que le cul c'est comme les
oreilles, ça se lave.
VOTRE FILLE DE 13 ANS (la mê-
me) attrape une otite : expliquez-lui
que vous venez de comprendre
pourquoi elle avait des morpions la
semaine dernière.
VOTRE FILLE DE 13 ANS (encore
elle) attrape une double-pneumo-
nie : demandez-lui si par hasard elle
ne ferait pas exprès pour attirer
votre attention.
VOTRE TOIT COULE : suspendez
une énorme plante verte dans une
jardinière en macramé immédiate-
ment dessous le trou. Vous aurez
une très belle plante.
VOTRE CHIEN MORD LE FAC-
TEUR : excusez-vous auprès de la
victime en lui expliquant qu'avec
toutes les grèves aux Postes, votre
chien (il a 3 ans) n'a jamais vu de
facteurs auparavant
VOTRE AUTO NE DÉMARRE
PLUS : Demandez à 2 ou 3 adoles-
cents de la pousser jusqu'à un proche
terrain vague; demandez-leur de la
frapper à grands coups de briques;
promettez-leur de les payer le len-
m a r s 1980
demain. Ensuite, appelez votre as- gent des primes, prenez un avion
sureur pour lui dire qu'on vous a vers la Floride et finissez vos jours
volé votre auto, et appelez la police comme waiter dans un restaurant
pour dire que vous soupçonnez 2 ou pour Québécois, heureux comme
3 adolescents de votre quartier. un roi et débarrassé à jamais des
malédictions du mois de mars, C
L'IMPÔT VOUS COURT APRÈS :
Si c'est l'impôt provincial, dites que
vous êtes péquiste et que votre patron CAPSULES D'OPTIMISME
Voyons, p r e n e z p a s ç a d e m ê m e .
fédéraliste vous a jeté dehors; si
c'est le fédéral, dites que vous avez Souriez.
R e g a r d e z , tout le m o n d e rit s u r
fait une trop grosse contribution à
PRO-CANADA et que c'est pour ça votre p a s s a g e .
que vous êtes cassé. S o y e z h e u r e u x o u en tout c a s
achalez p a s les autres.
VOUS PERDEZ VOTRE EMPLOI : L a o - T s e u a dit : «Chu d ' b o n n e
Lâchez votre chien sur le percepteur h u m e u r !»
rf impôt fédéral, lâchez votre fille Ça va m a l ? Ça p o u r r a i t être pire.
sur le percepteur rf impôt provincial, (Demain, ç a va être pire.)
mettez le feu à votre maison et à
votre nouveau char, touchez F ar-
1er mars 1958 : On interdit le port Réal Giguère est engagé au canal 10.
des shorts à Québec. 2 mars 1931 : La 22 mars 1923 : Une route relie Mont-
naissance de Joe Clark. 3 mars 1978 : réal et Québec. 24 mars 1979 : On
Claude Ryan devient chef du PLQ. 4 découvre Angèle Arsenault 25 mars
mars 1950 : L'école devient obliga- 1960 : Le Rig Mac fait son apparition.
toire jusqu'à 16 ans. 5 mars 1970 : 26 mars 1951 : Rodrigue Hiron ter-
Jean Lapointe abandonne Jérôme mine ses études secondaires. 27
Lemay. 6 mars 1962 : Maurice Richard mars 1954 : Les urinoirs publics
abandonne le hockey. 7 mars 1972 : sont démolis. 28 mars 1959 : La pein-
Le coeur du Frère André est retrou- ture sur velours devient populaire
vé. 8 mars 1911 : On fonde Drura- 29 mars 1968 : Jean Drapeau annonce
mondville. 9 mars 1977 : Le disco fait T obtention des Jeux olympiques. 30
son apparition. 10 mars 1953 : Le mars 1976 : Le macramé fait son
prix de la bière augmente de 15%. 11 apparition. 31 mars 1948 : On fête les
mars 1965 : Michèle Richard est ar- 20 ans de vie artistique de Michel
rêtée pour vol à l'étalage. 12 mars Louvain.
1957 : Un inconnu brûle tout le pa-
pier de toilette de Ste-Agathe. 13 D e p u i s t o u j o u r s , le m o i s d e
mars 1971 : Macaire m e u r t 14 mars m a r s a été u n e s o u r c e d e p r o b l è -
1973 : Jean Chrétien devient minis- m e s et d e d é p r e s s i o n s . Si v o u s
tre. 15 mars 1956 : Le sapin artificiel êtes c o n v a i n c u s q u e c e l a a a s s e z
fait son apparition. 16 mars 1964 : La duré, joignez-vous à notre mou-
Fête-Dieu est annulée. 17 mars 1967 :
vement :
Jean Coutu pose nu. 18 mars 1942 : LA LIGUE POUR L'AROLITION
Un sous-marin nazi vole une bouée DU MOIS DE MARS
dans le fleuve. 19 mars 1969 : L'Uni- C.P. 1234
versité du Québec ouvre ses portes. Succursale Youville
20 mars 1938 : Des parcomètres sont Québec G1Q 0D0
installés à Granby. 21 mars 1966 :
 A " Château les Pins", luxueux hôtel de villégiature des Laurentides,Michel Risque
a pris en charge une baronne inconnue qu'il a accidentellement assomée avec une
balle de Ojolv • £Ue a perdu la mémoire et la seule chose dont elle se souvhent
est un "Perroquet une".
Devenu amnésique a son tour en glissant sur un savon, Miche\ n'a <\ardé en mé-
moire que le souvenir des dernières paroles qu'il a entendues :

" LE PERROQUET JAUNE "

Scénario. (Slutz a Lucien Dessins . Réal Godbout

fendant ce temps a Singapour.

Un Caméléon daltonien des Le Paradisier Jade ?...

fùn Échidné d'Austra- Philip?mes- Un des trois Mais je ne suis qu'un
\lie, d'une espèce derniers exemplaires humble marchand et..
^ t r è s rare... vivants Cessez vos boniments.
Won Shu. Vous savez,
t r è s bien pourquoi
"je suis venu \

Ayez pitié, Monsieur le Baron,
du misérable cloporte que je
suis... Il doit arriver sur le
prochain bateau,dans
trois jours
Hmmm. .\/ous savez,le risque
que je cours--- De plus, j'ai dé-
jfc reçu une oÇÇre substantielle
d'un riche collectionneur.--
Jo$re le
1
double .
Voici un accompte de
trois mil\e dollars • -
^edois partir pour
ôornéo demain matin,
la Baronne viendra
en prendre livraison
a ma place. Je lui té-
\égra\>hie aujourd'hui.
Nous retrouvons Miche\ et la Baronne f Je ne sais même pas I Lemieuxàfëire
où nous \es avions laissés/a la re- \ où ça se trouva... __\ serait de sortir.,
cherche de leur identité-. je pourrais peut-
C'est inutile...Mous être retrou\>er
..Marien-Marier.. n'avons qu'une piste mes ^\ers.
Marvon...Marois.. ^evousaurats-ie et c'est le Perro-
Ces noms ne me pas rencontré à quet ^aane . l

disent rien... KarienbaA.Vân ftenne idée!

A passé?
Mous ne sommes^
J pas beaucoup
plus auances.-

fnONVÔOKBOtRÊ
'STieHJ'VÉuX
promis»
3 % <®?
h
Erwsez-xno\,
jeune homme.,
je ne crois pas
yous connaître.!
1)
Veuillez, accepter les excuses
de la direction pour œt in-
cident regrettable^
vraiment
^portable!
Ou est-ce qui
casse \CÂ ?

1^3 ftu to, Madame la baronne, on a retrou-

Lé uctre sac Sur le terrain de yAÇ.
ioVt' HeccU "

Il <a a peut- être Et uo*\Va \a cVé de vna

an passeport... Ainsi )t serais chambre* te monte me
la Maronite cn&oaer et \& wus
rejoins oouràtne**.
Ou un per- \
roquet jaune!

m a r s 1980
 JenkmS? /cv
Liu... .Je \riens
de uo\r la ba­
ronne z^ttne
accompagnée* .
d'un nomme qui|
se prétend son
mari-- Hs
cherchent le
?erroguet&ine.j

. Il *3 a uu homme avec Jal-aroroe ffejndarvt ce -temps

Usinaient \eParad\s'\er iade,l
j'en mettrais ma main au W -
Me ye& perdez pas de w e ' .
|qu'i Se ÇaVt passer pour nous e t à V aéroport...
K>1
qu\ cherche \e Perroquet / Vous connavsset \, an
Jaune... tentons est au cou­
rant. Que ÇauVil ffire! cettoomroe'?

(faites-les su*\>eî\ler !
'B

CROC
Mais ce n'est pas un perroquet ? ! Ce sera douze mille
Et il n'est pas jaune... ! dollars. Vous sortirez
Mon,bien sur ! U est par la v°rte arrière.
Simplement bourré
d'opium .Voyez-wus, Eun- vous avez
cela facilite \a li- une cage?
vraison T

1 FI N deIépisode.
mars 1980
MISE À PIED

CROC
 LE DESTIN TRAGIQUE
DES MAHEUX-MAILLOTTE
ou l'interminable saga d'une famille québécoise aux prises avec
quelque chose... un grand roman feuilleton de F. Lafève, mettant
en vedette quelques-uns des personnages les plus ordinaires de la
littérature québécoise...
Chapitre premier
ANGOISSE AU DÉJEUNER
(Résumé : y'en a pas, ça vient de commencer)
Le j o u r se lève sur la banlieue, un jour triste et
automnal, sale et transversal, n o r m a l p o u r le m o i s de
mars. L e b o u l e v a r d s'étire jusqu'au centre d'achats, le
c e n t r e d'achats s'étire passé le magasin de chaussures
et Edgar Maheux-Maillotte s'étire à table, ce qui fait
chier sa m è r e , o c c u p é e à casser des oeufs p o u r le pain
doré, ce qui fait chier Edgar, et la vie continue. Dans la
maison c a l m e où grésille le beurre, c'est le matin.
Maurice, le père, l ' h o m m e de la maison, Maurice,
c o m p t a b l e de c a r r i è r e et sportif épatant, M a u r i c e ob-
serve intensément ses souliers, assis sur le b o r d du lit
matrimonial, un grand lit qui en a vu d'autres, pas
beaucoup, mais quand m ê m e quelques autres. Il observe
ses souliers et cherche, et creuse sa c a b o c h e et fait le
tour de toutes les possibilités. De t e m p s à autres, il jette
un regard furtif sur ses pieds, mais le déclic ne se fait
pas; depuis l'accident, ce n'est plus c o m m e avant.
Pourtant, avant, il prenait aussi une d e m i - h e u r e p o u r
m e t t r e ses souliers, le matin, mais c'était p o u r t r o u v e r
q u e l q u e chose à dire au déjeuner, ou p o u r se souvenir
de ce qu'il avait bu la veille. Depuis qu'il a avalé le cap
d'un stylo Bic, M a u r i c e ne sait plus quoi faire avec ses
souliers.
Calme et rassurante, la voix de son épouse part de
la cuisine et arrive dans la c h a m b r e , par un p h é n o m è n e
q u e l'on appelle la diffusion du son dans l'espace :
— «Dans les pieds, Maurice, ça va dans les pieds.»
Bon sang ! Les pieds ! Elle a raison ! Mais son esprit
est aussitôt happé par une idée e x t é r i e u r e : un contrat
de cent cinquante mille dollars p o u r la construction
d'un mini-golf. M a u r i c e se souvient du mini-golf, mais
où est le contrat ?
mars 1980
La mère : Pour fuir le foyer, elle aurait
pris n'importe quoi, même l'autobus,
mais ne savait pas où était l'arrêt..
Le père : Il avait du succès dans les
affaires, mais ne s'en souvenait plus,
étant devenu amnésique en avalant
le cap d'un stylo Bic...
Edgar, le fils : Ses dix-sept ans ne
l'empêchaient pas d'aller au collège
classique, mais il ne revenait pas toujours
à temps pour le souper...
Janine, la fille : Celle que l'on
surnommait «La petite soeur», si vous
voyez ce que je veux dire...
Chapitre deux
ÇA GRILLE DANS LA POÊLE
A u m o m e n t où la p r e m i è r e t r a n c h e de pain d o r é 33
h e u r t e le fond de la p o ê l e r e c o u v e r t e de Teflon, le
regard de M i g n o n n e Maheux-Maillotte h e u r t e celui de
son fils. C'est p i r e qu'un m u r de brique, c'est i m p é n é -
trable, se dit-elle d o u c e m e n t , en se rappelant l'image
p r é c i s e d'un m u r de brique, i m p é n é t r a b l e . Edgar n'est
plus le m ê m e et il le sait. Il a changé depuis qu'il a
entendu La Voix. Il m a n g e moins, il dort moins, il se lave
moins, lui qui n'était déjà pas t r o p p o r t é v e r s la débar-
bouillette. Edgar a entendu La V o i x dans un livre, un
g r o s livre épais qui ne le quitte plus et qui, au m o m e n t
où je v o u s parle, r e p o s e sur sa cuisse gauche, titre b i e n
en v u e : «La v i e des s o u c o u p e s volantes : c o m m e n t
d e v e n i r extra-terrestre».
C'est dur, la vocation. T o u t le m o n d e rit d e IuL A u
collège, on ne le laisse plus jouer dans F équipe de crosse,
de p e u r qu'il ne s'envole pendant une partie importante.
Les filles qui se tiennent au Dairy Q u e e n ne font plus de
blagues sur ses boutons, car tard le soir, quand les
néons s'éteignent, o n parle m ê m e de m a l é d i c t i o n des
Pharaons. M ê m e son m e i l l e u r ami, «Air Bête» M e l a n ç o n ,
ne veut plus lui p r ê t e r ses c o m i q u e s de m o n s t r e s et
refuse d'aller a v e c lui au Salon de l'Auto. Non, la
vocation, c e n'est pas facile. Dans la famille, c'est e n c o r e
p i r e : Maurice, son père, lui parlerait bien d ' h o m m e à
h o m m e , mais ne se souvient plus du n o m de son fils et
par surcroît, croit f e r m e m e n t qu'Edgar est un a m a n t de
sa femi.ie, v e n u lui v o l e r le contrat du mini-golf. Janine,
sa «petite soeur», si v o u s v o y e z c e q u e je v e u x dire, le
taquine sans arrêt en lui rappelant q u e le Playboy n'est
pas e n c o r e distribué en d e h o r s du s y s t è m e solaire
(Janine a d o r e faire allusion à la sexualité e n c o r e m a l
suite en page 46
POUR TROUVER
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Vous vous êtes demandé comment les étudiants peuvent se

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Jeudi, vendredi: 9h30 à 20M5
tél. 7393405,7392045 Samedi: 9h30 à 17h30; fermé le dimanche

Révélations fracassantes
à la Commission Keable
(P.B.) Lors de la dernière
séance de la Commission
Keable, les enquêteurs ont
révélé que les activités d'in-
filtration des forces de Fordre
ne s'étaient pas seulement
limitées aux groupes terro-
ristes. En effet, au cours des
dix dernières années, des
Les Libéraux forment
un nouveau gouvernement
conservateur...
Vu l'intérêt d é m o n t r é p a r n o s lecteurs
envers la c a m p a g n e fédérale,
n o u s y c o n s a c r o n s u n c a h i e r spécial
de 40 pages d é b u t a n t à la p a g e 82.
19 F E I /
mars 1980
agents de la GRC, de la Sûreté
du Québec èt de la Police de
la Communauté urbaine de
Montréal auraient infiltré et
contrôlé les activités de cen-
taines de groupes au Québec.
Selon les enquêteurs, les
forces de l'ordre auraient
noyauté des groupes dans
toutes les couches de la so-
ciété afin d'assurer le main-
tien de la paix sociale. En
plus des groupes felquistes
et des syndicats, le Conseil
du Patronat, l'Archevêché de
Montréal, la direction du ca-
nal 10, le Conseil des Ports
nationaux, la ligue de bowling
de Limoilou, le cinéma Eros
et le club Kiwanis de Gaspé
auraient été quelques-unes
de leurs cibles. Parmi les
révélations, certaines ris-
quent de créer certains re-
mous : l'enquête a établi que
le programme du Parti Qué-
bécois a été rédigé par trois
indicateurs de la police et
que les membres du groupe
Beau Dommage étaient tous
à l'emploi de la GRC. En plus,
MARS,
c'est la guerre
(P.F.) Mars, qui a longtemps
été le dieu de la guerre, est
maintenant le mois de la
guerre.
Le président Carter va lan-
cer un ultimatum pour la
libération des otages, et à la
stupéfaction générale, de-
vant les caméras de la télévi-
sion, alors que le monde en-
tier est suspendu à ses lè-
vres, l'ayatollah Khomeiny
se met à chanter la Paloma :
«Coucouroucoucou, Palo-
mâââ... Coucouroucoucou,
Palomââââà...»
Le lendemain, Téhéran est
rasée (les otages aussi). Les
LE PLUS GRAND
QUOTIDIEN
MENSUEL
D'AMÉRIQUE
chaque famille québécoise
aurait dans son sein un indi-
cateur de police. L'ensemble
des renseignements recueil-
lis par ce réseau serait con-
servé dans une caverne sous
le Mont-Royal à Montréal.
Rejoint au téléphone, le
commissaire Keable nous a
confié qu'il n'y avait pas lieu
de s'énerver et qu'un tel ré-
seau constituait une preuve
éloquente du savoir-faire
québécois. Questionné au
sujet du sort des libertés in-
dividuelles, le commissaire
nous a fourni le commentaire
35
suivant: «J'comprends pas
votre question ! Voulez-vous
insinuer que nous n'en avons
plus?»
Russes entrent dans la danse
et bombardent New York.
Justement ce soir-là, au Ma-
dison Square Garden, le Ca-
nadien affronte les Rangers,
Lafleur vient de compter
pour donner l'avance 3 à 1 au
Canadien, quand... BOUM !...
aucun survivant Pour venger
ses morts, le Canada entre
en guerre, la mobilisation
générale est votée.
Tout ça pour vous dire de
ne pas vous énerver pour
rien. Lorsque vous recevrez
l'ordre de vous présenter au
22e régiment dans les 48
heures, torchez-vous avec
 l'avis de mobilisation. Le pa-
triotisme, à ce moment-là,
ne consistera pas à prendre
un fusil, mais bien à mani-
fester devant les bureaux de
la Ligue nationale de hockey,
au carré Philipp, pour que
Lafleur gagne quand même
le championnat des comp-
teurs à titre posthume.
Plein d'espoir, ce jeune
Cambodgien s'apprête à ex-
pédier son jeune frère par
la poste au Québec.
36
Jeux olympiques
Les Russes ne
s'énervent pas
(S.L.) L'annonce de la possi-
bilité que les Jeux olympiques
soient boycottés ne semble
pas inquiéter le gouverne-
ment russe. Interrogé à ce
sujet, le chef de l'État sovié-
tique annonçait récemment
à la presse occidentale que la
Russie tiendrait les Jeux en-
vers et contre tous : «Les Jeux
auront lieu quoi qu'il arrive»,
déclara M. Brejnev, «la Russie
n'a besoin de personne pour
remporter des médailles, les
athlètes russes sont capables
de faire ça tout seuls.» Infor-
mé que ce genre de victoire
n'impressionnerait personne
dans le camp occidental, M.
Brejnev rétorqua que cet
aspect de la question lui im-
portait peu : «l'important
pour nous, c'est que les Bus-
ses eux-mêmes soient im-
pressionnés. Après, grand
peuple russe partir conquête
de la planète. Après, tout le
monde impressionné.»
Ponctuant cette dernière
phrase d'un grand coup de
poing à la mappemonde et
d'un coup de pied au globe
terrestre qui orne son bu-
reau, le président du Soviet
Suprême se retira de la con-
férence de presse escorté de
deux tanks soviétiques de
modèle récent
D e r n i è r e heure : au mo-
ment d'aller sous presse,
nous apprenions que la Rus-
sie était prête à une dernière
tentative de compromis. Le
communiqué du Politburo
propose notamment aux
comités olympiques de tous
les pays impliqués de se
réunir dans l'église de Kar-
toush, petit village de Sibérie
septentrionale : «à cette réu-
nion», précise le communi-
qué, «le comité olympique
russe, le KGB et un détache-
ment de l'armée soviétique
proposeront des mesures
concrètes aptes à régler le
conflit une fois pour toutes.»

Courage, mars
n'aura qu'un temps !
Pensez à l'été,
aux vacances,
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Tous les chemins mènent à Rome. En voici deux.
à Tourbec
Jean Drapeau,
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le service-voyage ûss Québécois
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vedette de cinéma
Montréal H2X 3J8— Tél.: (514)288.4455, (P.B.) Lors d'une conférence avait contacté le célèbre réa-
ou passez nous voir... de presse, M. Jean Drapeau a lisateur italien Federico Fel-
présenté son projet d'une lini afin de lui offrir de tour-
Nom Prénom
cité du cinéma à Montréal. ner un film sur la vie de
M. Drapeau se propose de Néron à Montréal. Monsieur
Adresse réaliser son projet dans les le Maire aimerait être Néron
hangars désaffectés du port et il a déjà repéré certains
de Montréal. Questionné par quartiers qui pourraient être
Ville
M ~ J Code postal
les journalistes, son honneur brûlés pour les scènes finales
le Maire a avoué qu'il aime- de ce chef-d'oeuvre cinéma-
D é t e n t e u r d'un p e r r a J S â » SjSïBîec rait bien jouer dans un film. tographique.
Il a d'ailleurs annoncé qu'il

CROC
 de la capitale. Les Parrains

Troubles en Afghanistan de New York et de Chicago

(P.B.) Pendant que le monde
occidental se prépare pour
la troisième guerre mondia-
le, de valeureux patriotes af-
ghans mènent un combat
héroïque contre l'envahis-
seur soviétique. Qui sont ces
résistants? Par l'entremise
de notre contact à Kaboul,
CROC a appris que les chefs
de la résistance étaient des
trafiquants de drogues qui
sont convaincus que les
Russes veulent s'emparer du
marché de l'opium et du
haschish. Selon notre cor-
respondant, la guerre sera
dure, car les trafiquants ont
déjà reçu des renforts de
leur plus gros client : la Mafia
américaine, qui n'a pas la
réputation d'être tendre à
f égard de ses concurrents.
On aurait déjà découvert
deux cents cadavres de sol-
dats russes avec des bottines
en ciment dans un lac près
auraient signé un pacte afin
d'unir leurs forces contre les
Soviétiques et achemine-
raient actuellement des ar-
mes et des hommes vers les
zones de combat Dans le
centre-ville de Kaboul, les
trafiquants organiseraient
des foyers de résistance
dans les pizzerias, ceci
prouvant que les mafïosos
américains participent à
l'organisation de la guérilla
urbaine en Afghanistan. Dans
d'autres villes, les mafïosos
auraient enlevé des haut-
gradés russes et exigé pour
leur libération que l'armée
soviétique rentre chez elle.
Aux dernières nouvelles, les
Russes n'ont pas accepté les
conditions des ravisseurs,
bien qu'ils aient reçu les nez
et oreilles des officiers kid-
nappés. Dans les régions
rurales, les résistants utilise-
raient des techniques de
guerre peu orthodoxes : des
bandes de voyous s'attaque-
raient aux soldats en per-
mission, des voitures écra-
seraient des combattants
imprudents et des shylocks
(prêteurs usuriers) auraient

L'affaire de Les Postes

mis le grappin sur environ
30% des forces soviétiques.
Qui aurait cru que la troi-
sième guerre mondiale serait

l'ambassade ne sont pas évitée à cause d'une histoire

de drogue ?

Nouveaux en grève!
développements (S.L.) Contrairement à la ru-
meur qui circulait depuis un
(S.L.) Dans une entrevue qu'il accordait à la fin de la certain temps dans certains
campagne électorale, le premier ministre Joe Clark annon- milieux, le ministère des
çait que, comme certains milieux commençaient à le Postes n'est pas en grève.
soupçonner, l'évasion des diplomates américains faisait C'est du moins ce que le
partie d'une politique globale quant au rôle des ambassades sous-ministre en charge de
canadiennes à l'étranger. Le chef de l'État canadien a révélé ce ministère annonçait ré-
que, s'il était réélu, toutes les ambassades canadiennes cemment à un groupe d'im-
seraient déménagées près des aéroports et des voies de béciles venus l'écouter sans
communication. De plus, les secrétaires d'embassades raison particulière. «Tout
seraient remplacées par des hôtesses de l'air et les ambas- fonctionne normalement
sadeurs par des guides touristiques qualifiés. M. Clark croit chez nous», annonça le re-
que cette politique devrait connaître un certain succès, vu présentant du gouverne-
ï ampleur que semblent devoir prendre les mouvements de ment : «c* est pas parce que
diplomates américains au cours de la prochaine décennie. les lettres se perdent ou
Déjà, de nombreuses demandes de renseignements sont n'arrivent plus à destination
parvenues au personnel des ambassades canadiennes au qu'on va laisser n'importe
Chili, d'Argentine, de Bolivie, et du Salvador. M. Clark a par qui lancer des rumeurs de
ailleurs annoncé que cette mesure n'affecterait pas fous comme celle-là ! Pour le
moment on est pas en grève !
l'ambassade canadienne en Israël qui, tel que prévu, serait
Quand on sera en grève, on
prochainement déménagée dans un Winnebago. Les touristes québécois
vous le dira !»
font la foire à Paris.

mars 1980
Scandale à Drummondville
(P.B.) La Sûreté du Québec
aurait appréhendé deux
hommes pour fraude dans la
région de Drummondville.
En effet, inspirés par le pou-
voir grandissant des sheiks
arabes et de leurs fortunes,
ces hommes ont monté une
vaste opération frauduleuse
en se faisant passer pour des
magnats du pétrole. Dès leur
arrivée à Drummondville, ils
auraient réussi à séduire
tous les notables de l'endroit
en leur faisant miroiter la
possibilité d'investissements
de plus d'un zillion de dollars
dans le développement éco-
nomique de la municipalité.
Reniflant une bonne affaire,
les autorités locales n'ont
pas hésité à offrir un accueil
royal à ces visiteurs étran-
gers. En moins de deux se-
maines, les deux hommes
auraient profité de plus de
$500,000 de services. Tous conduite des deux hommes Sûreté afin d'avouer leurs
les soirs, la limousine du n'a pas soulevé de soupçons, méfaits. Selon le sergent
maire ramenait ces investis- ils avaient même la réputa- Langevin qui est chargé de
seurs à Montréal pour qu'ils tion d'être de bons vivants. À l'enquête, les deux hommes
puissent jouir des plaisirs part d'avoir f habitude de rire riaient aux larmes lors de
d'une grande ville aux frais tout le temps, les deux hom- leurs aveux et n'auraient pas
du conseil municipal Selon mes étaient devenus des cessé de rire depuis. Au
la Sûreté du Québec, ils au-
raient aussi reçu des avances
d'argent de la Commission
industrielle et de la Chambre
WKM
de Commerce. Dans le cadre
de leur séjour, les «Arabes»
ont bénéficié d'une escorte
policière pour tous leurs dé-
placements. Selon des rési-
dents locaux, il arrivait fré-
quemment que la police
a MF
évacue des immeubles ou
des rues pour permettre aux
visiteurs de découvrir la ville
à leur aise. Des citoyens
ayant refusé d'obéir aux or-
dres des constables auraient
été emprisonnés au Centre célébrités dont tout le monde moment d'aller sous presse,
de Détention municipal. La appréciait la présence. la Sûreté nous a confirmé
Chose étrange, les crimi- que les «Arabes» étaient natifs
nels se sont présentés d'eux de Trois-Rivières. Une affaire
mêmes aux bureaux de la à suivre.

REMEDES
R infaillibles
c o n t r e les p e t i t e s d é p r i m e s . . . de
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un bon fauteuil *
un bon disque
vieillards dans
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une belle surprise *
un bel o b j e t *
les pharmacies
^Disponibles modernes
formes
d'escomptes
CnGZ ou surprenantes (P.B.) Une étude réalisée pour le ministère des Affaires
sociales a permis aux fonctionnaires de prendre conscience
d'un phénomène nouveau concernant les membres du
troisième âge. Pour combattre l'ennui et la solitude, beau-
coup de vieillards se rendent dans les centres d'achats afin

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Des lampes, des meubles, des accessoires
pour recréer votre petit paradis terrestre.
d'y trouver un substitut aux contacts humains que leurs
familles ne veulent pas leur fournir. À cause de son état de
santé, le vieillard a l'habitude de fréquenter les pharmacies
d'escomptes lors de ses sorties. L'étude démontre qu'il
arrive fréquemment qu'un vieillard s'endorme dans ces
commerces. Qu'arrive-t-il à ces vieux? Après trois ans de
recherche, les spécialistes en sont arrivés à la conclusion
qu'ils étaient vendus. Les vieillards endormis seraient
étiquetés et posés sur un rayon dans la section des soldes.
L'étude présente trois cas de vente de vieillards. Le mi-
nistère aurait commandé une deuxième étude pour
savoir qui achetait les vieillards et s'il y a un marché
lucratif dans ce domaine. Les études seraient réalisées
dans le cadre du programme OSE.

CROC

BOBO-POUCE
N.D.LR. Chaque mois, l'as des
as, le plus grand, l'inimitable
Claude Prunier commente ici-
même l'actualité pour les
amis de BOBO-POLICE, votre
journal préféré.
L'avenir «••,< aux
ohcMCN
(J.G.) Peu à peu, le voile se
lève sur les activités de notre
police canadienne à cheval,
mettant à nu ses valeureux
membres. On savait déjà
qu'en plus de monter sur
leurs grands chevaux, nos
virils héros pouvaient aussi
faire un tas de choses :
grimper dans les rideaux,
faire la bombe, rédiger des
communiqués felquisses,
incendier des granges, voler
de la dynamite (les coquins !).
Ce n'était pas tout Ils peu-
vent beaucoup plus. C'est
leur commissaire, un dé-
nommé Robert Simmons,
qui l'a démontré en témoi-
gnant devant le comité par-
lementaire des affaires juri-
diques, à Ottawa, quelque
part dans le pays voisin. Il a
révélé que ses gars pouvaient
aussi «conduire trop vite, faire
des demi-tours et ériger des
barricades».
Un secret
bien gardé
C'est franchement incro-
yable tout ce qu'on arrive à
leur montrer. On dirait ja-
mais ça quand on les regarde.
Ils doivent avoir de maudits
bons professeurs. Je vous
parie qu'un jour ils pourront
même faire des tours com-
plets.
Le commissaire a égale-
ment divulgué un secret
jusque-là bien gardé. «C'est,
a-t-il déclaré, le gros bon
sens qui dicte la conduite
des policiers.»
BOBO-POLICE, votre jour-
nal préféré, grâce à un che-
val bien placé dans la police
montée, a réussi à en savoir
plus. Dans la GRC, les pro-
motions sont accordées au
poids. On monte de grade à
tous les vingt livres et le gros
mars 1980
bon sens fait actuellement
osciller la balance à 303 li-
vres.
Bref, la GRC se porterait
bien mais on ne pourrait en
dire autant de ses chevaux.
Juge, une
bonne djobbe
Un jeune, qui ne précise
pas s'il est un juvénile ou un
adolescent boutonneux, m'é-
crit pour me demander d'où
viennent les juges.
Eh bien, en gros c'est com-
me les plantes, les navets,
par exemple. Ou comme les
animaux, les vaches, les rhi-
nocéros ou même les êtres
humains. Tu sais bien, la pe-
tite graine. Mais demande à
ton papa et ta maman de te
l'expliquer. Moi-même je
n'ai jamais vraiment compris
ces histoires-là.
La police a enfin mis la main sur le dessinateur fou qui
salissait de graffitis les toilettes du centre-ville.
SangNuen
On devient juge habituel-
lement de père en fils et dans
l'avenir ça pourrait même
être de mère en fille. Ou de
père en fille et de mère en
fils. Les juges ça n'a plus de
sexe. C'est au deux. Ce sont
des hermaphrodites comme
certains mollusques, l'escar-
got, la sangsue et le vers de
terre. (J'ai trouvé ça dans le
dictionnaire).
La politique en produit
aussi pas mal. Il faut cepen-
dant choisir le bon parti et
être à la fois pesant et en-
combrant alors qu'il est en-
core au pouvoir. Ça aide
d'être ministre.
Comme tu le vois, mon
jeune ami, c'est une étude
passionnante, celle des juges.
Retiens donc que si tu veux
être nommé juge un jour, il
te suffit d'être bien né ou
d'être du bon bord. Bonne
chance !
Note : au moment de mettre
sous presse, je m'aperçois
que j'ai oublié un détail qui
peut avoir une certaine im-
portance : il faut aussi avoir
déjà étudié le droit.
Manque-l-on de corde ?
(J.G.) Le 27 novembre der-
nier, un jeune se pendait à la
Centrale de police de Québec
Avec ses bas. Des bas sales
selon certains témoins.
Le 10 janvier, à Valley-
field, un homme de 34 ans se
pendait dans les cellules de
la sûreté municipale. Avec sa
chemise. Qui, d'ailleurs,
n'était, répète-t-on, pas très
propres.
Deux jours plus tard, le 12
janvier, un quadragénaire se
pendait à Montréal dans une
cellule du Centre de détention
Bonsecours. Avec son panta-
lon. Un pantalon plein de
trous, veut une rumeur per-
sistante.
C'est une honte. Bobo-
Police le crie. C'est même un
scandale. Bobo-Police le dé-
nonce.
On se pend avec des bas,
des culottes, des chemises,
sous le nez de nos policiers.
Il n'y a pas de quoi être
fiers d'être Québécois.
Il y va de notre réputation!
BOBO-POLICE exige que
désormais on munisse cha-
que cellule d'un bon crochet
et d'une solide corde de
chanvre.
Encore du
made in USA»
BOBO-POLICE se joint au
grand écrivain Roger Lemelin
(il mesure dans les six pieds)
et se réjouit de la «première
mondiale» de La Presse qui a
révélé que l'ambassade du
Canada à Téhéran avait aidé
des Américains à fuir l'Iran.
Bobo-Police espère que les
Américains n'auront pas la
mémoire courte et que leur
consulat à Québec agira de
même avec les ressortissants
canadiens lorsque le Québec
fera son indépendance.
Mais Bobo-Police est
scandalisé de ce que l'am-
bassade du Canada à Téhéran
ait fabriqué de faux visas
avec l'aide de la C.I.A. Comme
si notre GRC n'était pas ca-
pable de forger des faux pa-
piers.
l u grand com nuis
Ce n'est pas parce qu'on
est un journal sérieux qu'il
ne faut pas s'amuser. BOBO-
POLICE vous invite à répon-
dre à une devinette. Pourquoi
y a-t-il deux policiers dans
les chars de police?
Je sais qu' il y en a qui vont
dire que c'est parce qu'il y en
a un qui sait écrire et l'autre,
lire. Même que parfois, il y
en a un troisième pour
«checker» les intellectuels.
C'est usé à la corde comme le
chapelet de Claude Ryan. Et
puis ce n'est pas vrai. Aucun
des deux ne sait écrire.
D'autres répètent qu'il y
en a un qui connaît la signifi-
cation des feux rouges et
l'autre des feux verts. Et les
feux jaunes?
J'attends vos réponses. Le
gagnant aura droit à une belle
promenade dans un char de
police.
 ÀISLIN
et ses chahuteurs
le dessinateur à gages

40
Ed Franklin
Bien que d'origine texane, Ed Franklin a fait valoir ses
talents d'illustrateurs dans les grands magazines new-
yorkais des années 50. Il opte en 1959 pour une vie plus
calme et transplante sa famille à Toronto où il partage
bientôt la page éditorialiste du Globe and Mail avec le
légendaire James Reidford. Lorsque Reidford prend sa
retraite bien méritée, Franklin devient le caricaturiste
vedette du Globe, le quotidien le plus respecté du
Canada anglais.

(
mars 1980
 photo-ballons express

Les frères Johnny et Freddy Farago at-

tendent anxieusement la mort de
Moshe Dayan pour sortir leur nou-
veau microsillon de chansons israéli-
ennes.

42

Lors de la dernière grève du Front Commun, plusieurs personnes ont accusé le

syndicat de ne pas assurer les services essentiels. CROC vous fournit la preuve que les
syndiqués ont fait tout ce qui était en leur pouvoir. On voit ici une équipe de La reine Elisabeth exhibe ici sa nouvelle
concierges effectuant une double amputation au bloc opératoire de l'Hôtel-Dieu. bague en forme d'homme.

La vogue du disco arrive enfin en URSS.

CROC

Finances & Affaires
(W.L.) Fermez-vous les yeux.
Voyez-vous une petite flèche
qui clignote par en bas ou
par en haut? Si oui, c'est que
vous regardez régulièrement
les cotes de la bourse aux
nouvelles télévisées de Ra-
dio-Canada Excellente ini-
tiative, vous êtes certaine-
ment doué pour les affaires
et n'avez aucune raison de
poursuivre la lecture de cet
article.
Pour les autres, ceux qui,
les yeux fermés, ne voient
rien du tout, ou alors des
petits points jaunes qui scin-
tillent, des petites étoiles qui
zigzaguent ou toute combi-
naison des trois : ouvrez les
yeux. Si vous n'y voyez tou-
jours rien, vérifiez si la lu-
mière est allumée ou si vous
n'êtes pas en train de jouer à
colin-maillard ou encore si
on ne vous a pas subreptice-
ment glissé une canne blan-
che dans la main. On ne prend
jamais assez de précautions,
surtout en affaires.
Voici donc quelques con-
seils pour regarder avec pro-
fit le prochain bulletin de
nouvelles télévisées de
Radio-Canada. Première-
ment, éloignez-vous de tout
fauteuil; il vous faudra être
A l'aide de l'argent de son prix Goncourt, Antonine Maillet
croise des sangliers avec des baboins.
mars 1980
prêt à courir au téléphone
pour donner votre com-
mande au courtier de votre
choix. Ensuite, étalez sur
une table placée à un endroit
propice, les pages de la
bourse d'un journal quoti-
dien quelconque (évidem-
ment, plus le journal sera
grand, plus la table aura de
panneaux). Lorsque vous
verrez apparaître à l'écran la
petite flèche clignotante,
vous devrez aussitôt entre-
Pris en flagrant délit
Les sondages du CPQ sont faits
à l'aide du thermomètre rectal
(W.L.) Le Conseil du patronat
du Québec nous a habitués
depuis quelques années à la
publication régulière de
sondages sur l'humeur de
nos hommes d'affaires face à
la situation économique.
prendre de cligner des yeux
au même rythme, et là, com-
mencer la lecture des cotes
par le bas de la page si la
flèche indique le bas et l'in-
verse si c'est le haut L'en-
droit où vous serez rendu au
moment où la flèche dispa-
raîtra de l'écran vous indique
la compagnie dans laquelle il
faut investir. Il ne vous res-
tera plus qu'à appeler votre
courtier.
Il se peut qu'au début vous
Présent à la conférence de
presse, le reporter de CROC
y a fait inopinément, une
découverte stupéfiante. En
effet dissimulé sous une ta-
ble où il cherchait son cra-
yon, il a pu constater de ses
yeux que le.directeur du CPQ,
Monsieur Glisbin Hisfourd,
installe lui-même, et par
groupes de quatre à la fois,
des thermomètres rectaux
aux hommes d'affaires
membres de cet organisme
voué au culte du profit Ces
thermomètres, dont les ré-
sultats sont soumis réguliè-
rement à une analyse rigou-
reuse, constituent la princi-
pale source d'information
sur l'état d'esprit du monde
des affaires face au climat
économique.
Notre reporter a pu se
rendre compte que les
hommes d'affaires se mon-
trent réticents à poursuivre
ce mode de sondage qui les
force à demeurer debout
durant trois mois et à éviter
de tousser. Certains d'entre
eux ont même versé des
larmes mais rien, semble-1-
il ne peut infléchir Glisbin
fassiez de mauvais investis-
sements. C'est tout simple-
ment que vous ne réussissez
pas à cligner au bon rythme.
Pour vous éviter ces désa-
gréments, faites une erreur
en composant le numéro de
votre courtier. Ainsi, celui
qui recevra l'appel ne saura
où envoyer la facture et le
facteur mystifié errera à
l'aventure. Une simple pré-
caution à prendre avant de
monter dans votre auto le
lendemain matin : regardez
par une fenêtre adéquate s'il
n'y a pas un facteur ahuri
sur votre rue Pour le reste,
faites comme d'habitude.
43
Hisfourd qui a soutenu qu'il
fallait attaquer le problème
à sa base.
Rappelons que le dernier
sondage indique une nette
amélioration, la température
ayant atteint son niveau le
plus bas depuis l'automne
chaud de 1976. D'après un
spécialiste, il se pourrait
toutefois que l'absence de
neige chez certains et les
voyages dans le Sud chez
d'autres, augmentent le taux
d'erreur lors du prochain
sondage. On espère toutefois
que cela sera contrebalancé
par les froids de février
combinés à la baisse de po-
pularité des caleçons longs.
Les résultats du dernier
sondage ont été obtenus suite
à l'analyse de 47 thermomè-
tres sur 50, trois ayant été
perdus ou brisés par des
distraits qui se sont assis
malgré la défense formelle
qui leur en est faite. Notons
enfin que les contractions
les plus violentes ont été
enregistrées chez les ven-
deurs d'équipement de ski et
les moins violentes chez les
obèses de moins de 40 ans.

Heureusement qu'on a Fabien
Roy, sinon la guerre pourrait éclater
demain matin. Vous ne voyez pas le
rapport? Moi non plus. C'est que la
guerre n'a jamais grand rapport
avec la réalité. La guerre éclate sans
demander la permission à personne,
pour des raisons parfaitement futi-
les.
Ainsi, par exemple, il parait que la
guerre risque d'éclater pour l'Af-
ghanistan Nous pourrions être des
millions à crever pour l'Afghanistan,
une place qu'on a jamais vue. Il
paraît que c'est un des coins les plus
reculés de la planète, quelque chose
qui doit ressembler à la banlieue de
Regina (j'ai jamais vu la banlieue de
Regina, mais ça doit pas être drôle
non plus). Ferait-on la guerre pour
la banlieue de Regina ? S'ils la veulent
absolument, s'ils sont assez fous
pour ça, qu'ils la prennent et qu'on
n'en parle plus. Mais les choses ne
sont pas si simples. Qu'on le veuille
ou non, on aura la guerre pour
F Afghanistan, ou pire encore, pour
le Baloutchistan, un truc encore
plus invraisemblable, puisque ça
n'existe pas encore. Hé oui, la guerre
pourrait éclater pour un pays qui
n'existe même pas ! En 1939, ils ont
bien déclaré la guerre pour la Polo-
gne ! Des militaires ayant sans doute
vu des cartes militaires ont prétendu
que la Pologne existait vraiment et
ont conclu évidemment qu'il fallait
faire la guerre.
Staline, lui, a fait comme si la
Pologne n'existait pas. Il n'a pas fait
de guerre. Comme quoi, avec un peu
de bonne volonté, on peut toujours
trouver qu'y a pas d'quoi faire la
guerre. Le père Staline a attendu que
les Allemands viennent lui couper
F eau. La production de vodka étant
compromise, il a bien fallu que le
p*tit père des peuples réagisse.
Queue
Nous, on n'aura peut-être pas le
loisir d'attendre, pour réagir, que les
Russes nous initient aux charmes
du centralisme démocratique dont
la caractéristique dominante est de
Loir du temps
Chronique de météo transcendantale
proclamer la stricte égalité de tous
et de chacun dans une queue à la
porte d'un magasin qui n'a rien à
vendre. Ceux qui voient au maintien
de l'égalité sont aussi égaux entre
eux, mais dans des magasins spé-
ciaux où on ne fait pas la queue et où
il y a des choses à acheter. Comme
ça, tout le monde est égal, dans son
genre. C'est ce qu'il faut compren-
dre. Mais il est probable qu'on n'aura
pas à faire la queue à la porte de chez
Steinberg, puisqu'il parait, selon les
élites militaires du monde entier,
que le point stratégique vital n'est
pas là mais plutôt à KabouL Si on
avait su ça avant, on serait aller voir
Kaboul plus souvent Kaboul et son
bazar, Kaboul et ses montagnes.
Le grand général en chef pour le
Canada dont le nom m'échappe plus
que jamais veut 40,000 hommes de
plus à cause de KabouL Aux USA,
toujours because Kaboul, ils veulent
de la quincaillerie militaire plus
neuve, plus grosse, plus puissante.
Plus d'hommes aussi, tant qu'à pas-
ser une grosse commande. Quant
aux forces de l'internationalisme
prolétarien, puisqu'il faut appeler
les choses par leur nom, elles ont
déjà débarqué à Kaboul tout F attirail
du socialisme le plus avancé : chars,
canons, soldats socialistes, etc. Bref,
on se prépare à faire sauter la planète
pour KabouL
Voir Kaboul
Vous n'avez pas envie de mourir
pour Kaboul ? Vous avez tort ! On
meurt de n'importe quoi, vous sa-
vez ! D'une maladie bizarre, d'un
accident bête sur une route secon-
daire, d'un virus inconnu, d'un os de
poulet dans la gorge, de vraiment
n'importe quoi ! La vie ne vaut pas
cher. Alors, mourir pour KabouL
c'est pas plus con que n'importe
quoi! Dans le fond, c'est ce que
FArmée veut nous faire compren-
dre, mais en y mettant les formes.
Moi, je le dis crûment, vu que je n'ai
pas de formation militaire. Quand
on y regarde de près, on s'aperçoit
que l'Armée a de ces délicatesses
insoupçonnées. Alors ne soyons pas
trop chiches et ne refusons pas à
l'Armée et à Kaboul ce que nous
cédons parfois si bêtement à de mi-
nables microbes, c'est-à-dire nos
vies.
Une toute petite suggestion à l'Ar-
mée pour finir : comme elle ne
pourra pas recruter sur le thème
«voir du pays» (qui veut voir KabouL
je vous le demande), elle devrait
faire sa publicité sur la question de
fond. Quelque chose du genre :
«Prenez le cancer de vitesse, mourez
pour Kaboul ! » Ou encore : «La vie ne
vaut pas cher : FArmée vous l'achète
quand même!» On n'arrête pas la
métaphysique ! Et en avant marche !
Voir Gorki
Pendant un certain temps, on a eu
peur! Quand on a appris que le
camarade Sakharov avait gagné un
voyage à Gorki, on s'est dit, tiens, il
faudra ajouter ce nom là à la liste du
Goulag on l'ignorait Erreur fatale,
obsession capitaliste qui voit le Gou-
lag partout, on s'était lourdement
trompé. Gorki, nous a fait savoir le
KGB (agence de voyage soviétique),
est une ville charmante sur les
bords de la Volga, avec des fleurs,
des arbres, des autobus avec de la
musique dedans et des photos en
couleurs géantes de Lénine dans les
parcs d'enfants. Un vrai paradis!
Alors, de quoi il se plaint le père
Sakharov, je vous le demande ! Ceux
qui veulent en savoir plus long sur la
ville de Gorki sont priés d'écrire au
KGB, Division des Vacances socialis-
tes, 77 rue de l'Avenir Radieux, Mos-
cou. Mon ami Léonid conseille de
joindre un coupon postal interna-
tional pour la réponse, ça va aller
plus vite.
CROC
 Vous ne pensiez tout de même pas
que Croc allait vous laisser ainsi,
dans cet état lamentable dans lequel
vous a sûrement plongé la lecture de
son «Spécial Déprime».
Vous pouvez vous en sortir vous-
mêmes si vous y mettez suffisam-
ment d'efforts. Nous avons choisi
pour vous à cet effet quelques arti-
cles réputés qui vous permettront
de reconquérir votre santé mentale
d'antan.
1. L ' e n s e m b l e de T h é r a p i e du cri
primai
Rien de tel pour vous débarrasser
de tous vos complexes, inhibitions
et névroses. Pensez simplement à ce
qui vous écoeure le plus au monde, à
ce qui vous rend la vie impossible.
Concentrez-vous sur ce problème
spécifique et puis... Bing! Donnez-
vous un grand coup de thérapie sur
la tête qui déclenchera un cri primai
libérateur. Vous serez LIBRE, LIBRE,
LIBRE...
2. L ' e n s e m b l e É l e c t r o c h o c
Vous rêvez de cette «personnalité»
électrisante depuis votre puberté.
L'ensemble Electro choc vous en
enlève un peu entre les oreilles mais
en place proportionnellement plus
dans le fond de vos culottes. Comme
disait ce cher vieux Sigmund : «Un
cigare est parfois un cigare, mais à
tout prendre, je préfère en avoir un
gros.»
mars 1980
3. L ' e n s e m b l e A n a l y s e
transactionnelle
Vous pourrez obtenir une vision
plus réaliste du monde est des rap-
ports interpersonnels qui régissent
le genre humain. Vous développerez
progressivement une attitude plus
positive et plus agressive dans le
processus de vente de votre bala-
yeuse, de vos abonnements ou de
vos autos usagées. Et ce qui n'est pas
négligeable, vous vous ferez pas mal
d'argent Et n'oubliez pas, c'est gra-
tuit mais faut bien payer les timbres.
4. L ' e n s e m b l e L o b o t o m i e
Détruisez à jamais les aspects de
votre personnalité que vous détes-
tez. Le modèle (a) est destiné aux
petits travaux. Le modèle (b) vous
permet de recommencer votre vie à
neuf. Au fait, croyez-vous à la réin-
carnation ?
banc d'essai
5. L ' e n s e m b l e T h é r a p i e
de g r o u p e :
Vous vous sentez seul, abandonné,
les gens ne font plus attention à
vous. Postez-vous avec les accessoi-
res au sommet (imprenable) d'un
édifice et hurlez en tirant sur les
passants que «les communistes ne
vous auront pas». En pas plus d'une
minute, vous serez le point de mire
de tous les policiers venus de kilo-
mètres à la ronde. Une belle partie
en perspective. 45
6. L ' e n s e m b l e P s y c h o l o g i e
Si vous ne venez pas à bout de vos
névroses, répartissez-les à part égale
sur ceux qui vous entourent L'en-
semble Psychologie est un peu plus
cher que les autres, mais combien
plus lucratif. N'oubliez pas le bon
vieux dicton : «Deux psychologues
ne peuvent se croiser sans rire, l'un
remarquant sans doute sur l'autre
le renflement des poches, bourrées
des dollars qu'ils ont extorqués à
leurs patients respectifs.»
 BONJOUR,! 1°
coxrrS,
SONT-ILS 0 MAMAN
DEVENUS \
Hfc&r BRUN)
canalisée de son frère aîné). Même le refuge du sein
maternel lui est interdit Quand il a annoncé à Mignonne
qu'il voulait devenir extra-terrestre, elle était au télé-
phone avec Fernande. Ayant mal compris ce qu'il disait
et craignant l'homosexualité, elle lui avait crié, en
mettant une main gantée de caoutchouc sur l'appareil :
Jamais de la vie! !» Quelle déception! Quelle contra-
riété !
Malgré tout, le jeune homme qui se lève doucement
de table montre les signes d'une volonté d'acier. Le
regard froid et calculateur, ayant tout juste terminé la
lecture d'un chapitre sur la résistance des extra-
terrestres à la chaleur, profitant du dos tourné de sa
mère et de l'absence de pain doré dans le poêlon sur-
chauffé, il y dépose une main juvénile, à plat, avec calme
et force de caractère.
Chapitre trois
LE DANGER VIENT DE LA TOILETTE
Le cri parvient jusqu'à la salle de bain et Janine
Maheux-Maillotte fronce à peine un sourcil fraîchement
épilé. Complètement concentrée sur ses lèvres char-
nues, elle leur donne présentement une quatrième
couche de rouge à lèvres, rituel qu'elle reproduit chaque
matin, et croyez-moi, à quatorze ans, la «petite Janine»,
si vous voyez ce que je veux dire, en sait beaucoup plus
sur la reproduction que les trois autre quarts de la
famille. Cambrant le dos, relevant une poitrine naissan-
te, mais déjà baptisée, elle adresse au miroir une moue
qui rappelle les bonnes années de la philatélie, et sort de
la salle de bain. La semaine dernière, un garçon lui a
demandé de sortir avec lui Quelques jours plus tard, on
a retrouvé le garçon dans la bibliothèque de la polyva-
lente, après les heures de fermeture, en train d'appren-
dre par coeur les mots du dictionnaire médical qui ont
plus de huit lettres.
«s
e
2 16
A LA /
Au moment où elle franchit le seuil de la cuisine,
sa mère achève de recouvrir la main d'Edgar d'une
épaisse couche de pansements. Mignonne est une émo-
tive. À travers un voile de larmes, elle lève vers Janine
des yeux éplorés et dans une voix que les sanglots
transforment, s'écrie :
— «Dis à ton père que le pain doré est prêt ! !»
Janine détourne son regard de la boîte de céréales,
où l'on offre allègrement des étuis à lunettes en forme
de personnages de Walt Disney posant sur son frère un
oeil aussi narquois qu'interrogateur, elle lui demande,
d'une voix de nymphette :
— «Qu'est-ce tu fes faite, Lalancette?»
— «Bip Bip ! Take me to your leader !»
La réponse ne la surprend même pas. Elle se dirige
vers la chambre des parents, lentement, nonchalam-
ment, avec un balancement de hanches qui convaincrait
Bergman de tourner la vie de la Poune. Arrivée dans
l'embrasure de la porte, elle arrête de penser aux
différentes façons de séduire une équipe de hockey et
crie en direction de celui qui ne se souvient pas être son
père :
— «Maman fait dire d'arriver dans'cuisine !»
Le père, achevant de contempler ses souliers
maintenant complètement attachés, lève la tête vers
Janine, et souris lubriquement : si c'est cette adorable
espionne qui a volé le contrat, se dit-il, je connais très
bien deux ou trois moyens infaillibles de la faire parler...
Dans la cuisine, tout est redevenu calme. Edgar
remet son éducation en doute. Mignonne rêvasse au-
dessus de sa tasse de café : elle se voit dans un hôpital,
en train de donner une démonstration de plats en
plastique Tupperware devant un groupe de greffés
cardiaques. Elle sourit doucement. Une autre belle
belle journée commence...
(à suivre)
CROC
 0 CROGniqucs 0
S y l v i e D e s r o s i e r s P i e r r e H u e t J a c q u e s H u r t u b i s e S e r g e L a n g e v i n S e r g e L ' H e u r e u x M i c h e l Rivard^

V o u s ne m e c r o y e z pas ? T r è s A p r è s une dizaine de shows, t'es

bien, r e g a r d e z le j e u n e h o m m e en
télévision question et d e m a n d e z - v o u s
pourquoi, durant toute l'émission
qu'il anime, il ne p r o n o n c e jamais
une phrase intelligente... Ça n'a l'air
de rien, c o m m e ça, de ne dire q u e
rendu capable de dire des idioties,
des sottises et m ê m e des c o n n e r i e s .
Et puis à un m o m e n t donné, tu te
rends c o m p t e que t'es c a p a b l e de
dire deux ou trois c o n n e r i e s de suite
sans te forcer. Là, tu sais q u e f es un

1 I II I
1

Serge Langevin
Effoiré devant v o t r e télévision
après une dure j o u r n é e de labeur,
vous r e g a r d e z un animateur de talk-
show. N ' i m p o r t e l e q u e l C'est platte,
c'est c o n et, à certains m o m e n t s , ça
dépasse m ê m e les limites de la
stupidité g é n é r a l e m e n t admises
dans les cercles de Jeunes Chambres
de c o m m e r c e . Mais v o u s c o n t i n u e z
à regarder, juste p o u r v o i r si ça peut
d e v e n i r e n c o r e plus cave. D o n c vous
r e g a r d e z depuis un b o n bout de
t e m p s quand tout à coup, survient le
c o m m e r c i a l . Bref i n t e r m è d e de
stimulation c o r t i c o - c é l é b r a l e dont
profite v o t r e c e r v e a u p o u r sortir de
sa léthargie et vous télégraphier une
p e n s é e : « N ' i m p o r t e qui pourrait
faire ça !»
À p r e m i è r e vue, il a raison v o t r e
cerveau, p o u r l'excellente raison
que, justement, par les temps qui
courent, n ' i m p o r t e qui le fait. À
p r e m i è r e vue s e u l e m e n t cependant,
car quand on y regarde de plus près,
on s'aperçoit q u ' a n i m e r un talk
s h o w n'est pas à la portée du p r e m i e r
i m b é c i l e venu. N o n m o n s i e u r !
Avant de choisir un animateur de
talk-show, nos réseaux de télévision
p r o c è d e n t à une sélection très
p o u s s é e p a r m i tous les i m b é c i l e s
disponibles. On é l i m i n e les idiots
congénitaux, les a r r i é r é s mentaux,
les h y d r o c é p h a l e s et les crétins finis
p o u r ne g a r d e r q u e les i m b é c i l e s
présentables.
des conneries mais c'est plus difficile
que ça en a l'air. V o u s m e direz q u e
tout le m o n d e dit des c o n n e r i e s de
temps à autre. D'accord, mais ne
pro ! Prends un gars c o m m e R.G., il
est capable de dire les p i r e s inepties
pis de m ê m e pas a v o i r l'air de s'en
apercevoir. Ça p r e n d un maudit b o n
dire que des imbécillités, des clichés c o n t r ô l e mental p o u r faire ça quand
ou des é v i d e n c e s durant des heures, f es pas a r r i é r é m e n t a l A h pis ris
voilà qui n'est pas à la p o r t é e de tout pas : R.G., c'est pas un a r r i é r é
le m o n d e . V o u s m e d i r e z qu' il y a les mental, t'as rien qu'à r"garder son
politiciens. Bien sûr, les politiciens c o m p t e en b a n q u e p o u r f en
sont de ce point de v u e très p r è s de a p e r c e v o i r !»
la p e r f e c t i o n q u ' o n exige des J'étais ébloui par la s i m p l i c i t é de
animateurs de talk-shows, mais l'exposé, mais j'avais e n c o r e
m ê m e les politiciens s'échappent de q u e l q u e s doutes. Je les e x p r i m a i :
t e m p s à autres p o u r dire des c h o s e s «Bon, a d m e t t o n s q u e R.G. ne soit pas 47
intelligentes. Je sais qu'ils ne le font un i m b é c i l e et qu'il fasse semblant,
pas exprès, mais ils s'échappent mais v o u s ne m e direz pas q u e M. J... »
quand m ê m e , tandis q u e les
Le j e u n e h o m m e m ' i n t e r r o m p i t :
animateurs de talk-shows, eux, ne
«Ah, M.J., c"f une autre affaire, M.J.
s'échappent jamais : ils ne disent
est handicapé...»
que des bêtises. Ils paraissent a v o i r
un c o n t r ô l e mental a b s o l u m e n t
stupéfiant. C o m m e n t font-ils? P o u r
le savoir, j'ai p o s é la question à un
jeune h o m m e qui animait autrefois
un talk-show en p r o v i n c e :
« C o m m e n t faites-vous p o u r ne dire
que des inepties durant une
é m i s s i o n ? » La r é p o n s e est v e n u e
r a p i d e m e n t : «Je pratique.»
A d m i r a b l e r é p o n s e dans sa
simplicité ! Mais la simplicité,
justement, m'a toujours paru
suspecte, surtout dans la b o u c h e
d'un a n i m a t e u r de talk-show, et j'ai
voulu en savoir plus.
«C'est bien simple, pourtant», m'a
r é t o r q u é le j e u n e h o m m e , «au début
tu c o m m e n c e s par dire des niaiseries
mais des fois tu oublies, tu
f échappes et tu dis une ou deux
phrases qui ont du b o n sens par
émission. Puis, tranquillement, tu
prends de l'assurance et tu apprends
à dire des futilités, puis des bêtises.

mars 1980
 CROCniques
«Mais ça n'a rien à voir... !»
«Ça dépend, là, j'parle de son
cerveau. J'sais pas si j'devrais en
parler d'ailleurs, parce que c'est un
secret.. Ah, puis le monde va bien
finir par s'en apercevoir: le secret
de M., c'est qu'il n'a plus de cerveau.
Il en avait un, autrefois, mais il a
écouté trop de disco et un beau
matin, il s'est rendu compte que son
cerveau était fini. Dans un sens, ça a
été sa chance, parce que c'était un
gars intelligent et il n'aurait jamais
réussi dans la «business», s'il était
resté comme ça. Remarquez que
pour d'autres, ça aurait pu être un
handicap : ça n'a l'air de rien, mais
ça aide des fois d'avoir un cerveau
quand on anime un talk-show: ça
aide à se rappeler le nom des invités
puis les pauses commerciales...
mais M. s'en est bien tiré quand
même parce qu' il a un truc : quand il
ne sait plus quoi faire, il rit»
48
«Bon, O.K. pour M., mais W.McQ.,
tu me diras pas que W. McQ. fait
exprès pour dire toutes les conneries
qu'il dit !»
«W. McQ., c'est un cas spécial.
C'est un gars pas mal intelligent, pas
trop, mais juste assez pour se
mettre dans le trouble. Lui, il a fallu
qu'il pratique pour dire des
conneries ! Et même là, ça lui arrive
trop souvent de s'échapper et de
dire des affaires qui sonnent
intelligent. Son problème, à W.McQ.,
c'est qu'à force d'alterner entre la
connerie et l'intelligence, il n'est
plus capable de faire la différence.
Mais qu'est-ce que tu veux, c'est ça
qui arrive quand tu fais un show de
«plogues»... Mais j'pensais que fêtais
assez intelligent pour comprendre
ça tout seul.
Ben non, parce que, voyez-vous,
moi j'fais partie d'ia bande de caves
qui regardent les talk-shows.O
La b i b l i o t h è q u e idéale
Hé les jeunes ! S'il y a quelque
chose que vous ne pourrez pas dire
en 1980, c'est que mon oncle Lafève
ne pense pas à vous. Je sais à quel
point c* est difficile, en ces années de
patins à roulettes au quartz, de
réveille-matin au laser et de cosmos
dans l'espace, je sais, dis-je, à quel
point les livres vous laissent
indifférents. Moi aussi, j'ai eu votre
âge, j'en ai fumé du blé d'Inde, j'ai
cherché l'absolu dans l'annuaire du
téléphone. Moi aussi, j'ai levé le nez
sur Bachelard, Bachelet, Bachelin et
tous les autres. Pendant longtemps,
le nom de SPUTZ MADROVCYKZ ne
m'a rien dit J'ai même, en 1962,
brûlé la moitié d'une copie du Petit
P r i n c e pour protester contre la
mort de Kennedy et contre la montée
terrifiante du «Twist» ! Je sais ce que
vous pensez. Je sais ce que vous
ressentez. Je ne sais pas encore vos
noms par coeur, mais ça s'en vient.
Les années 80 sont là et c'est le
temps de reprendre la bête par le
poiL Comme je disais l'autre jour, le
meilleur ami de l'homme, c'est
encore un livre qui parle des chiens.
C'est ce qui m'amène à vous
proposer ma bibliothèque idéale :
cinq livres de base, pour ceux qui
n'en ont pas, et qui aimeraient en
avoir, et qui connaissent deux ou
trois places où on peut les piquer
facilement
1- LES MISERABLES
par Victor Hugo
En partant, laissez-moi vous dire
que l'histoire est très dure à
comprendre, mais que par contre,
c'est très bien écrit En tout cas, la
copie que j'ai est magnifique : y*a
pas une lettre qui dépasse dans la
marge, les paragraphes sont tous
bien égaux, les chiffres des chapitres
se suivent dans l'ordre, un, deux,
trois, etc.. On me dit aussi que la
couverture est très, très belle.
Malheureusement je ne l'ai jamais
vue. La mienne a été arrachée dès la
naissance par un jeune neveu qui
s'appelle Bébé Georges, et qui va
savoir comment je m'appelle
aussitôt qu'il aura l'âge de se
défendre ! Revenons au livre
comme teL C'est un roman, c'est-à-
dire une histoire, que j'ai à peu près
comprise comme suit : une fois, un
homme est abandonné sur une île
déserte par son naufrage. Il se
réveille un jeudi après-midi, il a
faim, mange une banane et décide
de passer trente ans sur l'île. Il
adopte, à titre d'esclave, le premier
Noir qui passe par là et à eux deux,
ils remplissent le livre d'aventures
extraordinaires. Les passages à
retenir : il y a d'abord la course en
poches de patates sur la plage,
moment intense dans sa candeur
juvénile, doublé d'une description
de coucher de soleil qui me rappelle
une toile que j'ai vue aux Galeries
d'Anjou. Ensuite, et peut-être par
hypersensibilité, il y a le fameux
chapitre où le héros réussit à faire
dire «Y'a rien là!» à son perroquet
Moi, des choses comme ça, ça me
fait oublier le reste du livre, ce qui
m'empêche de vous parler de la fin.
Bref, un livre essentiel, épais, et
plein de... euh., de belles heures de
lecture.
2- LES ORGIES SCOLAIRES CHEZ
LES JEUNES SUÉDOISES
PERVERSES par Anonyme
Lorsque j'ai lu ce livre pour la
première fois, il y a quelques années,
je suis demeuré pantois. C'était en
effet la première fois qu'un traité de
vulgarisation scientifique me
touchait à ce point Par des
métaphores simples et directes,
l'auteur nous fait pénétrer la tête la
première dans le merveilleux
suite en page SI
CBOC
50

CROC

monde de la sociologie Scandinave.
C'est jeune, ça bouge, et les classes
sociales en prennent plein la face.
Un seul regret, la longueur, qui est
trop courte, et la mauvaise qualité
de la reliure, qui rend difficile
l'usage intensif. Un merveilleux
ouvrage de référence. Personnelle-
ment, j'y reviens souvent, très
souvent..
3- MARIA CHAPDELAINB
par Louis ou Jacques Hémon
(je ne suis pas sûr...)
Vous connaissez mon faible pour
les romans policiers ? Non ! Sûr sûr ?
Corne on, niaisez pas, là ! En tout
cas, si vous les aimez vous aussi et
que vos auteurs préférés sont des
maîtres du suspense comme
Antonine Maillet, Yves Thériault ou
Marcel Marin, vous allez tomber sur
le derrière en lisant ce chef-d'oeuvre
du genre. Le bruit court même dans
les milieux interlopes, à l'effet
qu'Alfred Hitchcock n'attendait que
la décision d'Yvette Brindamour
pour commencer le tournage du
film qui doit en être tiré. Ce livre est
une mine d'or pour l'amateur de
situations tendues : promenades en
forêt sans tuques ni mitaines; repas
de famille où on se demande
sournoisement et à demi-mots où
est le ketchup vert et qu'est-ce qui
goûte bizarre dans la tourtière;
bancs de neige qui disparaissent
mystérieusement au printemps,
etc.. On ne s'ennuie jamais dans ce
livre : l'histoire rebondit sans arrêt
d'un bouleau à l'autre et finalement,
même si notre esprit de déduction
est toujours tenu en mauvaise
haleine, il y a deux questions
primordiales auxquelles l'auteur a
jugé bon de nous laisser répondre
par nous-mêmes : qui a tué la
ceinture fléchée? Qu'est-ce que le
héros peut bien trouver d'intéres-
sant chez l'héroïne? Un livre
charnière dans la porte d'une
littérature sauvage qui ne se lasse
jamais de réinventer la dualité
Homme-Castor, et ce, à tous les
niveaux, même Cégep 2.
4- BIBELOT, UN HOBBY
par D.D.T. T o k e n
Alors là, attention ! Quelle surprise
pour ceux qui croyaient que F. Lafève
mars 1980
CROCniques
n'était pas à la mode, qu'il ne
s'intéressait pas à la littérature belle
dans sa tête, ou même qu'il n'allait
pas de temps en temps prendre un
chocolat chaud sur la rue St-Denis
pour lier connaissance avec de
jeunes et belles contre-culturelles
d'âge littéraire. Non, les amis, je suis
aussi naturel que le premier
écologiste venu, en seulement que
j'aime mon beurre de pinottes avec
des oursons sur l'étiquette. J'ai
donc choisi, pour vous, dans ma
bibliothèque idéale, ce roman extra-
CAMPAS
lucide qui est sans doute le chef de
file de toute cette fantaisie née-Tante TèTS?
Lucille qui hante vos esprits en mal
de nivéa cosmétique. L'histoire est
simple : un méchant sorcier nommé
Grâdur met la main sur une bague
enchantée qui donne à son détenteur
le pouvoir de passer devant tout le
monde chez Da Giovanni, le vendredi
midi Après une partie de main
chaude gagnée haut-le-coeur, la
bague tombe entre les pieds de
Crisco, un être petit et sympathique,
qui décide de s'en emparer pour le
compte de son peuple, les Horsbors.
À l'aide de ses trois compères,
9 51
Parkay, Mazola et Lactancia, il se
lance sur les traces du roi Moklok
réussit à traverser ville Laval sans
frapper de centre d'achats et
finalement épouse la princesse Hot
Lorraine, qui danse au Café
Concorde, à la grande joie de tout le
monde, même de l'auteur, qui en
profite pour arrêter le massacre.
Une bouffée de fraîcheur naïve pour
ceux qui se souviennent d'avoir déjà
eu huit ans, mais qui ne se souvien-
nent pas de l'âge qu'ils ont
présentement
5- MANUEL D'INSTRUCTIONS
par Sony
C'est fantastique de voir la poésie
survivre au marasme et demeurer
vous
triomphante. Ah, la poésie, avec son N'AVEZ PAS LU
cortège de mots bizarres et d'images LES 0SO GAFFES DE
pétées. Je l'aime, la poésie, et quand
je tombe sur un livre comme celui-
ci, le dernier que je vous propose ASTON /
aujourd'hui, je redeviens le fils
spirituel de notre grand poète...
chose-là, voyons... celui qui est
mort, là.. En tout cas, cette brochure
Distribution : Granger et frères
 CKXriquqs
qui nous vient du Japon, et qui est
distribuée gratuitement quand o n
achète une enregistreuse à cassette
(un b e l effort de vulgarisation)
r e n f e r m e quelques-uns des plus
beaux p o è m e s t e c h n o l o g i q u e s
m o d e r n e s q u e j e connaisse. C'est
IL m e r v e i l l e u s e m e n t b i e n écrit, facile
à lire, traduit en trois langues et
s u p e r b e m e n t illustré. L e s titres à
HëW , r e t e n i r : la très belle «introduction»,
le suave «entretien de la tête lectrice»
et le magistral « c o m m e n t c h a n g e r
LA-DEDANS: les piles».
Voilà p o u r la b i b l i o t h è q u e idéale,
les jeunes ! Faites e n l i g n e r v o s
lunettes et lâchez-vous, ça vaut la
peine. Je v o u s laisse a v e c q u e l q u e s
potins : Fido, le chien d ' A n t o n i n e
Maillet, revient de P e m b r o k e ,
Ontario, où il a r e m p o r t é le p r e m i e r
prix au c o n c o u r s littéraire A l p o a v e c
son r o m a n «Princesse et la Borne-
fontaine». Il a été accueilli au
t e r m i n u s V o y a g e u r par plusieurs
admirateurs, dont Blacky, le chien
de R o g e r L e m e l i n . I n c i d e m m e n t ,
52
r R o g e r L e m e l i n songerait à r é é c r i r e
son r o m a n «La famille Plouffe».
M o n s i e u r L e m e l i n l u i - m ê m e nous a
déclaré qu'il changerait deux ou
trois m o t s p a r page, «pour pas q u e ça
ait l'air t r o p c o p i é !» Q
l'étrange
Basas
C l a u d e N'Counters
vous
N'AVEZ PAS LU Salut m o n a m i
N o u s s o m m e s tous un. M ê m e moL
LES 8SO GAFFES DE Quand j e p a r l e à toi m o n frère, je m e
p a r l e et je p a r l e aussi à la fille là-bas
dans le c o i n qui arrête pas de bâiller
quand j e lui adresse la parole. Je
p a r l e à tout le m o n d e , veut veut pas.
Ça fait q u e ça sert à r i e n de faire
semblant d e ne pas m e r é p o n d r e , je
vais p a r l e r pareil, m ê m e à toi la fille.
Distribution : Granger et frères
Et c'est surtout pas une affaire de
sexe; j ' a i m e tout autant les f e m m e s
q u e les h o m m e s qui ne m e touchent
pas. C o m m e m e disait l'autre j o u r
une fille c h e z V i e T a n n / s , « m o n
frère est masseur». Et vice v e r s a
J'ai reçu cette semaine une missive
dont j e dois v o u s parler. C'était,
p o u r p a r l e r franc, une grande
e n v e l o p p e brune. En la soupesant,
je devinai qu'elle était l o u r d e et
contenait un contenu. Il y avait là-
dedans m a t i è r e à réflexion d'au
m o i n s 2 livres. Mais je n'étais pas au
bout d e m e s surprises. D'abord,
F e n v o i n'était pas suffisamment
affranchi L e s Postes canadiennes
m ' a v e r t i r e n t q u e si je ne déboursais
pas le montant absent (9 cents), il y
aurait g r è v e générale. Je p a y a i Mais
je n'étais pas au bout de m e s
surprises. En ouvrant l'enveloppe,
je m e fis un geste maladroit g r â c e
auquel m o n c o u p e - p a p i e r fendit
l ' é p i d é m i e qui sert de peau à m o n
d o i g t Sans dire un mot, je m e m i s à
saigner. Sans dire 2 mots, j e revêtis
un sparadrap et m'installai p o u r lire
la lettre de m o n mystérieux
c o r r e s p o n d a n t en m e disant : «Toi
mon cacarnac de chien, f es m i e u x
en astiment d'avoir de quoi
d'intéressant à dire, sans ça j ' m ' e n
vas t e l l e m e n t f actionner q u ' Y v o n
D e s c h a m p s va être obligé de faire
des c o l l e c t e s p o u r te sortir du
trou ! ! !»
Mais j e n'étais pas au bout de m e s
surprises. M o n c o r r e s p o n d a n t avait
en effet de q u o i à dire. Je décidai
d o n c de ne pas le traîner en cour, en
é c h a n g e de q u o i il accepta q u e je
publie sa lettre sans le payer. Je lui
laisse d o n c la parole, après bien sûr
a v o i r c o r r i g é quelques fautes
d'orthographe, dues sans doute au
fait q u e m o n c o r r e s p o n d a n t ne
connaissait q u e 19 lettres de
F alphabet. La voici d o n c :
Cher Claude. J'espère que ça te
dérange pas que j'écrive à ton
prénom. Comme je te disais au début
de cette lettre,
Cher Claude. Je suis un fervent lecteur
de tes chroniques, du moins en ce qui
concerne la majorité des lettres de
l'alphabet. Depuis qu'un ami a suggéré
à mes yeux de lire tes mots, j'ai enfin
cessé de me bâtir des opinions sur les
CROC
 CROCniquss
disques que j'écoutais. Non mais c'est
VOUS
m
vrai, avant je construisais mes
opinions selon les albums de Jim et
Bertrand. J'avais même hâte qu'ils
fassent un disque en français. Mais
f a s s e o i r d e l ' a u t r e c ô t é d e la t a b l e ) .
V o i s - t u , c e q u e tu as t r o u v é s u r t o n
parterre, c'est u n e p l a q u e d ' i m m a -
NAm
aujourd'hui, c'est bien loin tout ça.
Ça n'a pas de bon sens de se fier
comme ça à des gens qu'on ne connaît
t r i c u l a t i o n 1969 d ' O n t a r i o . J'ai
v é r i f i é , e t il n e s e m b l e r a i t p a s q u ' u n
tel o b j e t fasse p a r t i e d e l ' é q u i p e m e n t
ENCORE
pas. Astheure, je méfie sur toi. C'est
vrai, j'ai tellement l'impression qu'on
standard d'un Skylab. M e i l l e u r e
c h a n c e la p r o c h a i n e f o i s . N e t t o i e
U DERNtER
se connaît. Je croirais même que tu p l u s s o u v e n t t o n p a r t e r r e et é c r i s -
es mon frère si j'en avais pas déjà un.
Tout ça pour dire que je voudrais que
moi moins souvent O GASTON ?
tu me dises quoi penser. J'espère
bien d'ailleurs que pour le référendum
tu vas nous dire ce qu'en pensent les
soucoupes volantes, l'Atlantide, le
Yéti et le gars qui plie des cuillères
avec sa tête (je me souviens pas de
son nom). Mais aujourd'hui, c'est pas
pour ça que j'écris.
Tu as sans doute remarqué que la
deuxième feuille de ma lettre est un
morceau de métal. C'est un morceau
mystérieux de métal que j'ai trouvé
l'autre jour sur mon parterre. Selon
moi, il mesure 14 pouces par 6 (je ne
sais pas combien ça fait en kilomè-
tres), est très mince, a 2 couleurs et Dans un m o m e n t de clairvoyance
des signes mystérieux écrits dessus. divine, f o r t e m e n t inspiré par
Est-ce que c'est ton opinion ? Au l'insistance pressante de v o t r e
début, quand je l'ai trouvé, je pensais gérant de banque, vous avez
que c'était très vieux, mais à bien y finalement résolu d'acquérir une
repenser, ce n'était pas sur mon voiture d'occasion, de préférence à
parterre le jour avant. J'en suis venu une rutilante bagnole n e u v e «made
à une conclusion que j'aimerais que in USA». B r a v o ! V o u s c o n t r i b u e r e z
tu observes : je pense que c'est un
a i n s i à la p r o s p é r i t é d e s s e r v i c e s d e
morceau de Skylab. Dis-moi ce que tu
pièces des principaux manufactu-
en penses et si tu es d'accord avec
riers, tout e n e n c o u r a g e a n t les
mon expertise, renvoie-moi vite ce
efforts du garagiste du coin par v o s
témoignage métallique car j'ai
f r é q u e n t e s visites. P o u r le m o m e n t ,
l'intention de le vendre et de
ces considérations pratiques vous
m'acheter une terre aux Indes avec le
s e m b l e n t toutefois d ' u n e futilité
profit. Continue à écrire, et n'oublie
consommée, déterminés que vous
jamais une chose : vTenfin, écrivez à Croc, ils en dis-
êtes à p o s s é d e r une voiture p o u r
euh, je ne m'en souviens plus. joindre d e r e c h e f ces milliers d'autres
tribueront 30 gratuitement parmi
Québécois émancipés, libres de ceux et celles qui retourneront ce
P.S. Je m'excuse si tu t'es coupé en
ouvrant ma lettre. p a r c o u r i r à leur guise les c h e m i n s coupon-réponse à :
d e la p r o v i n c e à la r e c h e r c h e d e C R O C «Concours Gaston»
Suivait une signature q u e je passe l'inconnu(e). Un esprit plus C.P. 246, station Place D'Armes
sous silence. Eh bien, c h è r e p r a g m a t i q u e se dirait q u e v o u s allez Montréal, Québec
s i g n a t u r e , j e t e r e m e r c i e d e ta l e t t r e ê t r e u n i m b é c i l e d e p l u s s u r la r o u t e H 2 Y 3G7
et d e tes p a r o l e s e n c o u r a g e a n t e s . et v o u s s o u h a i t e r a i t b o n n e c h a n c e .
M a i s j e v a i s te d é c e v o i r . Je c r o i s , e n Bonne chance. Nom
effet, q u e tu n'as p a s a s s e z e x a m i n é Postulons immédiatement
d e p r è s ta d é c o u v e r t e . L e s s i g n e s q u e l q u e s faits, tristes m a i s v r a i s ,
m y s t é r i e u x d o n t tu m e p a r l e s d é c r i v a n t v o t r e s i t u a t i o n : (a) v o u s
Adresse
t'auraient s e m b l é b e a u c o u p plus v o u l e z a c h e t e r u n e auto, (b) v o u s
c l a i r s si t u a v a i s t o u r n é t o n m o r c e a u n ' a v e z p a s b e a u c o u p d'argent, c'est-
d e m é t a l d e b o r d ( o u si t u é t a i s a l l é à-dire a u t a n t q u e la B a n q u e s e Ville
Code postal
Tél.

m a r s 1980
 CROCniqucs
r é s i g n e à v o u s e n p r ê t e r , (c) v o u s
vous adressez alors à un revendeur
de voitures d'occasion et ipso facto :
(d) v o u s v o u s f a i t e s f o u r r e r .
N e désespérez pas encore,
puisqu'il existe une solution
p o s s i b l e m e n t efficace et dubitative-
m e n t avantageuse : les a n n o n c e s
classées.
Les annonces classées d'automo-
biles ont toutefois tendance à être
rédigées dans un langage particulier,
plein de nuances subtiles destinées
à r e n s e i g n e r le c o n n a i s s e u r et à
égarer le profane. P o u r avoir moi-
m ê m e vendu une voiture usagée à
u n p r i x s a n s a u c u n r a p p o r t a v e c sa
v a l e u r r é e l l e p a r la m i s e e n
application de cet i d i o m e particulier,
j e p e u x attester, de s o n efficacité.
À des fins d'interprétations, les
t e r m e s utilisés dans les a n n o n c e s
classées d'automobiles peuvent être
r é p a r t i s e n t r o i s c a t é g o r i e s : (1) c e u x
d é c r i v a n t l a c o n d i t i o n g é n é r a l e d e la
v o i t u r e , (2) l e s d e s c r i p t i o n s p l u s o u
moins explicites des différents
a c c e s s o i r e s o p t i o n n e l s d o n t est
5 4
a f f u b l é l e v é h i c u l e e t (3) l e s
r e n s e i g n e m e n t s s u r la r a i s o n s o c i a l e
d e la v e n t e ( p e r s o n n a l i t é d u v e n d e u r ,
cause de vente, accidents anté-
rieurs).
L ' é t a t d e la v o i t u r e v o u s i n t é r e s s e
é v i d e m m e n t de façon prioritaire;
v o u s c h e r c h e z une v o i t u r e fiable,
l i m i t a n t v o s visites c h e z le g a r a g i s t e
à un n o m b r e raisonnable. Encore
u n e fois, b o n n e c h a n c e . C e petit
l e x i q u e v o u s é v i t e r a d é c e p t i o n et
saisies.
T r è s b o n n e m é c a n i q u e : une très
b o n n e c o n n a i s s a n c e d e la m é c a n i q u e
est e s s e n t i e l l e p o u r p o u v o i r utiliser
la v o i t u r e q u o t i d i e n n e m e n t
P e i n t u r e t r è s b o n état : le m o t e u r
et la t r a n s m i s s i o n o n t b e s o i n d ' ê t r e
c o m p l è t e m e n t refaits.
M o t e u r et t r a n s m i s s i o n b o n n e
c o n d i t i o n : la r o u i l l e a r o n g é l a
carosserie.
T r a n s m i s s i o n 4 v i t e s s e s : la
v o i t u r e n e f o n c t i o n n e q u ' à 15, 2 5 , 3 5
et 45 m i l l e s à l'heure.
M a n u e l l e : il f a u t s o u v e n t p o u s s e r
la v o i t u r e .
25 m i l l e s a u g a l l o n : d'huile.
E n b o n n e c o n d i t i o n : la v o i t u r e
court deux milles tous les matins.
P n e u s T.A. : T r è s anciens.
S e m i - a u t o m a t i q u e : la t r a n s m i s -
sion automatique fonctionne de
temps en temps.
A u t o j a u n e : citron.
R a i s o n n a b l e : la v o i t u r e b o i t
m o d é r é m e n t et ne r e n t r e pas t r o p
tard.
P r e s q u e pas de rouille : carosserie
repeinte.
Il p e u t s ' a v é r e r a v a n t a g e u x , p o u r
le v e n d e u r , d ' é t o f f e r la d e s c r i p t i o n
de base du véhicule, en incluant
dans l'annonce une énumération
exhaustive des principaux accessoi-
r e s d e l u x e q u i d i s t i n g u e n t la
b a g n o l e d e la m a s s e i m p e r s o n n e l l e
d e s a u t r e s v o i t u r e s e n v e n t e d a n s la
m ê m e page. N o n seulement cela
permet-il d'exiger un prix de vente
supérieur, mais cela concentre
Yattention de l'acheteur en puissance
sur de m e n u e s babioles, au
détriment d'autres babioles plus
i m p o r t a n t e s , c o m m e la d e n s e
f u m é e bleuâtre qui e n v e l o p p e tout
r a r r i è r e d u v é h i c u l e l o r s q u e le
m o t e u r est e n m a r c h e , o u l ' a b s e n c e
d'une roue de secours.
I n t é r i e u r l u x i e u x : les sièges sont
c o m p r i s dans le prix de vente.
S.-F., S . - D . : S e r v e - F i n a n c e , S e r v e -
Dettes.
P a s d ' a i r : les q u a t r e p n e u s sont
crevés.
L é g è r e m e n t m o d i f i é e : le pare-
c h o c avant est sur le s i è g e arrière.
T r è s b a s millage : voiture toujours
en panne.
2 p o r t e s et 4 p o r t e s : au c h o i x ,
m ê m e voiture.
Orange brûlé, intérieur noir :
voiture incendiée.
Vitres électriques : voiture
appartenant à un syndiqué de
f Hydro-Québec.
S u r v e i l l e z b i e n le m i l l a g e :
l ' o d o m è t r e ne f o n c t i o n n e pas.
R o u e s d e b r o c h e : à foin.
U n b i j o u : a déjà été échappé, par
m é g a r d e et p a r un enfant, dans les
conduits de ventilation, qui sont
depuis inopérants.
F r e i n s à d i s q u e : les freins d'origine
ont été r e m p l a c é s par de vieux
m i c r o s i l l o n s des Classels.
A l t e r n a t e u r : dans le coffre à gants.
D e plus, le c o n s o m m a t e u r averti
p o u r r a déduire à partir des bribes
d'information éparpillées dans
l'annonce, certains détails relatifs
au soin q u e le p r o p r i é t a i r e a a p p o r t é
au v é h i c u l e , o u à sa f a ç o n d e
conduire. Ainsi :
B i e n e n t r e t e n u e : la v o i t u r e a
l'habitude de c o u c h e r dans un
garage chauffé.
J a m a i s s o r t i e l ' h i v e r : le m o t e u r
refuse de d é m a r r e r par t e m p s froid.
Particulier : ruse déployée par
certains garagistes p o u r faire c r o i r e
à leur honnêteté.
A v a n t 6 h e u r e s : le s y s t è m e
d ' é c l a i r a g e est c o u r t - c i r c u i t é .
V e n d r a i s $ 2 5 : m a i s p r é f è r e $3,400.
Toute offre r a i s o n n a b l e acceptée:
v o i t u r e volée, dont le r e c e l e u r brûle
d'envie de se débarrasser.
D e m a n d e z Ginette : oups !
Mauvaise a n n o n c e -
Là-bas, q u e l q u e part dans un f o n d
de c o u r ou un atelier de débosselage,
une voiture n'attend que l'interven-
tion de v o t r e main. D ' u n geste viril,
v o u s i n t r o d u i r e z la c l é d a n s l ' o r i f i c e
s u i t e e n p a g e 59,
CROC
m a r s 1980 CROC
CETTE FOiSJE SWS5UP,
oueaaoNTtiw 3t t
NE CONNAIS PERSONNE
D'AUTRE.,
mars 1980
 00

58

CROC
prévu à cet effet et, après quelques
toussottements timides, l'engin
prendra vie sous vos fesses, soudain
allégées du fardeau d'un nombre
considérable de dollars.
Vous êtes, après tout, devenu un
automobiliste québécois.
Comme on disait au début : bonne
chance. Q
— Le jeune Jacques Perreault a
malheureusement été éliminé du
tournoi de mini-putt intérieur
quand il a avalé la balle de Jacinthe
Grégoire. Il est pour l'instant
incapable de faire une déclaration.
— Un show à voir : Chantai Ouellette
au Mocambo. Pour vous allécher,
laissez-moi vous dire qu'elle chante
Guantanamera en allemand, en
s'accompagnant elle-même à la
batterie.
CROCnlqucs
— Deux nouveaux cours sont offerts
ce mois-ci aux loisirs Saint-Jean des
Douze Apôtres : 1- Comment
réutiliser vos vieilles plaquettes
Vapona et les intégrer à votre
macramé; 2- Comment aménager
votre hangar avec votre mobilier
espagnol sans que ce soit trop laid.
— Pour appuyer les étudiants
iraniens qui détiennent toujours au

Eva Partout

En revenant du party donné par

les Stones à Saint-Bruno, je lisais
Croc dans l'autobus provincial et je
me suis dit : «C'est pas parce que
c'est un journal comique qu'on y
passerait pas des nouvelles
sérieuses.» J'ai donc proposé à la
rédaction cette chronique qui vous
permettra, chers lecteurs, de tout
savoir sur les vedettes (enfin celles
qui voudront bien me rencontrer) et
la vie sociale en général. Ça me
permettra à moi de vivre et de
m'inviter partout Voici donc les
résultats de ma première tournée,
où enfin les portes closes des
milieux très sélects se sont
refermées derrière m o i
— Dimanche dernier, on lançait au
Perrette de la rue Saint-Zotique à
Montréal, le premier livre de Ginette
Marcil, C'est pas parce qu'on
travaille 112 heures par s e m a i n e
qu'on a pas le temps d'avoir du
fun (aux éditions de la Voie Lactée).
On lui souhaite beaucoup de succès !
— Les loisirs Saint-Pierre des Douze
Apôtres de la paroisse Saint-Paul des
Douze Apôtres de Val-Jalbert
organisent un échange de bas. Tous
les vieux chaussons sont les
bienvenus.
— À «La Botte à Clips Assoiffées», le
chic bar du mont Olympia, on a pu
reconnaître samedi dernier, vers
4h-4h 1/2, l'ami de tous, Boger
Gagnon. Bravo Boger!
suite en page 62

mars 1980
 D M 4 LA iim fôuVÊtS K C H E $ :
e
US NEZ FASTES
CN FOVR L 5 6 E N S "A NEZ. NORMAUX, L ' A R G E N T N'A P4S T > o P E ( j £ . . .
£ T PAR L E S T 6 M P 5 owi c o u P € M T „ x

^CC^. Î L E S T PLUS uTïLE PouR C E T T E O O A L i "TE - L A

60

^'£ST PARCE M Ai* ILS f£uV£MT£tf>N$oi.E£

P£5 RicHES DES 6R0^ £ M 5£ MOU£HANT DAMs"
LEURS C E N T RASTRE5 ^

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(loi.

I «iEoLS ctoi Qui ONT uN &ROS NEZ F^uVENT FLAiREP- L'AP-0M£ P É V l C A T PE

c- —**^~~o*~^iX AL

CROC
 L'^iVTbiRE Do FfeTjTrt£Z
> METTRE L ' A ^ E N T

«SUE. LE 6&>S NFZ.7?

i • •
C O M M E N T REUT-ON» ,
PRETËNDRE QU'ELLE
M'ÉMEûT PAS U N
NÉZ. SfNSi&LC
[ C £ i<<n^ Qof E S T L'ARETE:

ftjn HAUTE SOCÎETÉ^

, \ PEUT
Au
v ^d^V Aussi
1 nez M£ 71 LE TALPN CAR L'oPEuR CuMuLATn/fe. P'uNTA4
LA D'/lCHiLLE P ' À R & E N T P'oRiG/ME DouTEuSE P£uT
-

£fc*NPR£ M A L A P E U N 6fco* N E Z -
PÉLiaT/
TAuPi?
L'OPEUR. D ' U N ~l ' o u P'UNE USÏNE 5uMAurF£E...CJU U N RELEN
MAU 6HAUFFE-, PAR EXEMPLE... <4 f I I DE

£'EsT fruPouoi LES NJRAiS RicUES I Ô U C U E N T

L£ AAûiWS PoSSiBLE X L'AR&ENT-.-

m a r s 1980
 CROCniques — A sa descente d'avion, Robert
Charlebois s'est écrié :«Enfin chez
moment d'aller sous presse leurs nous !». On s'attend à ce qu'il reste à
otages à Téhéran, Joël Denis s'est Paris pour au moins 8 semaines.
débarrassé de son chat «Vé temps — Ça bouge au Lac Saint-Jean ! C'est
que les artistes s'impliquent», de ce mois-ci en effet qu'aura lieu la
dire JoëL Une belle leçon de fameuse traversée. Les nageurs
conscience politique. devront cependant suivre le
— À l'Institut de Cardiologie, on parcours tracé par les joueurs de
vient de transplanter un coeur à curling locaux, et filer à toute allure
Jacques Parizeau. Malheureusement, pour ne pas être rejoints par le
on craint un rejet. On conseille donc brise-glace qui les acompagnera.
à tout le monde de remplir sa Cette activité sera jumelée avec les
déclaration d'impôt à la date limite, parties de hockey «à patte» qui se
juste au cas. jouent avec un poisson gelé en guise
— Le yogi tibétain Marimamamti- de rondelle; cette année, on a choisi
mardi donnera une conférence sur un thon.
la lévitation transcendantale. Une — Bientôt à l'émission Rencontre :
autre initiative du Service des le Professeur Lebrun nous parlera
Sports de l'UQAM. de sa vie, ses expériences, sa
conception du monde, ses décou-
vertes scientifiques. Exceptionnel-
e
lement, l'émission durera5 minutes
E
et sera suivie d'un documentaire «
e
sur les fous de Bassan, filmés au
ralenti. 9 -S "
OC (Q V
— C'est en essayant de s'allumer lui- a
même une cigarette que Raymond • 11 | S S
Lemay, le célèbre annonceur qui c
habite maintenant au Roi du a> I 8 S5S
>> ^ « « 2 I
Vêtement, a cassé la manche droite o
62 a E
de son habit manufacturé. Il est en o
ce moment à l'hôpital pour soigner 00
<A
•
ses multiples coupures. 01 •a >,
o -o c 18
Bon, c'est tout Le mois prochain, 18 a.
°- .2 u
je vous parlerai de tout ce qui s'est "> a oc
passé d'intéressant dans le mois • c
d'avant... Ou alors, de comment c >
placer autour de la table le monde E£ S 3
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que vous avez invité à souper pour 3 tu
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être assuré de passer une soirée G ?, -
agréable. 3
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Bye!Q o .5 o 2
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 CROC a changé ma vie
"an témoignage poignant"

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