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BC - JAUGE

Théorème 1 Soit E un espace vectoriel sur R non réduit à {0}, et A une partie de E telle que
(i) il existe un sous-ensemble B de A convexe, symétrique tel que, pour tout x de A, le segment
] 0, x [ soit inclus dans B,
(ii) E est la réunion des ensembles nA, lorsque n décrit N∗ .
Alors, pour tout x de E, il existe λ dans R+ tel que x appartienne à λB,
et, si l’on pose,

pA (x) = inf{λ > 0 | x ∈ λA} et pB (x) = inf{λ > 0 | x ∈ λB} ,

on a
pA = pB .

Soit x dans E. Il existe n dans N∗ tel que x appartienne à nA. L’ensemble inf{λ > 0 | x ∈ λA} n’est
donc pas vide et pA (x) existe.

Soit x dans E et λ réel tels que x appartienne à λA. Alors, si λ est non nul, le vecteur x/λ est dans A.
Soit ε > 0. Le vecteur (1 − ε)x/λ appartient à B, puisqu’il se trouve dans le segment ] 0, x/λ [ . Donc
λ
x appartient à 1−ε B, ce qui prouve l’existence de pB (x). Il en résulte que
λ
pB (x) ≤ ,
1−ε
et l’on en déduit que
1
pB (x) ≤ pA (x) .
1−ε
Comme cette inégalité est vraie pour tout ε > 0, on obtient
pB (x) ≤ pA (x) .
Puisque B est inclus dans A, si x appartient à λB, il se trouve aussi dans λA, donc
{λ > 0 | x ∈ λB} ⊂ {λ > 0 | x ∈ λA} ,
d’où l’on déduit
pB (x) ≥ pA (x) .
On a donc bien égalité.

Proposition Soit A et A′ deux sous-ensembles de E vérifiant les conditions (i) et (ii). Si A′ est
inclus dans A, alors
p A′ ≥ p A .
BC 2

Puisque A′ est inclus dans A, si x appartient à λA′ , il se trouve aussi dans λA, donc

{λ > 0 | x ∈ λA′ } ⊂ {λ > 0 | x ∈ λA} ,

et l’on en déduit que


pA′ (x) ≥ pA (x) .

Théorème 2 Soit A vérifiant les conditions (i) et (ii). Alors pA est une semi-norme sur E.

Il suffit de démontrer que pB est une semi-norme sur E.

• Remarquons tout d’abord que A contient au moins un vecteur x non nul, puisque la réunion des
ensembles nA vaut E qui n’est pas réduit à {0}. Alors B contient ] 0, x [ . Soit y un élément de ce
segment. Par symétrie de B, le vecteur −y est dans B, et par convexité de B, le vecteur
1 1
0= y + (−y)
2 2
également. Donc B contient 0. Alors 0 appartient à λB pour tout réel λ strictement positif, donc

pB (0) = 0 .

• Soit λ un réel non nul, et y dans B. L’égalité

λx = µy

est équivalente à
µ ′
x= y
|λ|
où 
′ y si λ > 0
y = .
−y si λ < 0
Comme B est symétrique, y est dans B si et seulement si y ′ est dans B. Alors λx appartient à µB si
µ
et seulement si x appartient à |λ| B, et on en déduit que
 
µ
pB (λx) = inf{µ > 0 | λx ∈ µB} = inf µ > 0 | x ∈ B .
|λ|
En changeant µ en |λ|µ, on a encore

pB (λx) = inf{|λ|µ > 0 | x ∈ µB} = |λ| pB (x) .

• Soit x et y dans E.
BC 3

Soit ε > 0. Soit λ > 0 tel que x appartienne à λB et vérifie


ε
λ ≤ pB (x) + .
2
De même, soit µ > 0 tel que y appartienne à µB et vérifie
ε
µ ≤ pB (y) + .
2
Alors, x/λ et y/µ sont dans B, et par convexité, il en est de même de
1 λ x µ y
(x + y) = + .
λ+µ λ+µ λ λ+µ µ
Donc x + y appartient à (λ + µ)B. Alors

pB (x + y) ≤ λ + µ ≤ pB (x) + pB (y) + ε .

Comme cette égalité a lieu pour tout ε > 0, on en déduit que

pB (x + y) ≤ pB (x) + pB (y) .

Théorème 3 Soit A et B vérifiant les conditions (i) et (ii). Alors la semi-norme pA est une norme
si et\seulement une des conditions suivantes a lieu :
i) λA = {0} .
λ>0
ii) A ne contient pas de demi-droite
iii) A ne contient pas de droite
iv) B ne contient pas de demi-droite
v) B ne contient pas de droite

Supposons que A contienne la demi-droite engendrée par x, elle contient en particulier, pour tout λ > 0
et tout ε > 0 le vecteur (λ + ε)x. Donc B contient le segment ] 0, (λ + ε)x [ et le vecteur λx. Donc
B contient aussi la demi-droite engendrée par x. On sait que B contient 0, et par symétrie B contien-
dra la droite engendrée par x, donc A également. Les propriétés ii), iii), iv) et v) sont donc équivalentes.

La condition pour que pA soit une norme peut se traduire par

{x ∈ E | pA (x) = 0} = {0} .

Par ailleurs, dire que pA (x) est nul équivaut à dire que x appartient à λA pour tout λ strictement
positif. Donc \
{x ∈ E | pA (x) = 0} = λA .
λ>0
Donc pA est une norme si et seulement si
\
λA = {0} .
λ>0
BC 4

Par ailleurs \ \ 1
λA = A.
µ
λ>0 µ>0

Or x appartient à cette intersection si et seulement µx appartient à A pour tout µ > 0, donc si et


seulement si A contient la demi-droite engendrée par x.

Théorème 4
Posons
B(0, 1) = {x | pA (x) < 1} et B(0, 1) = {x | pA (x) ≤ 1} .
Alors on a les propriétés suivantes :
[
1) B(0, 1) = [ 0, x [
x∈A

2) B(0, 1) ⊂ B ⊂ A ⊂ B(0, 1)

3) pB(0,1) = pB = pA = pB(0,1) .

1) Soit y dans B(0, 1). On a donc


pA (y) < 1 .
Il en résulte qu’il existe λ dans ] 0, 1 [ tel que y appartienne à λA. Donc il existe x dans A tel que

y = λx .

Alors y appartient à [ 0, x [ . On en déduit que


[
B(0, 1) ⊂ [ 0, x [ .
x∈A

Réciproquement, soit x dans A. Dire que y appartient à [ 0, x [ signifie que

y = λx

avec λ dans [ 0, 1 [ , donc que


pA (y) < 1 ,
et finalement que y appartient à B(0, 1), d’où l’inclusion inverse.

2) Si x est dans A, le segment [ 0, x [ est dans B, donc B(0, 1) est inclus dans B qui est lui-même
inclus dans A.

D’autre part, si x est dans A, par définition de pA (x), on a immédiatement

pA (x) ≤ 1 ,
BC 5

donc A est inclus dans B(0, 1).

3) Soit x dans B(0, 1). Si y appartient à ] 0, x [ , on a

y = λx

avec λ strictement plus petit que 1. Donc

pA (y) = |λ|pA (x) < 1 ,

et ] 0, x [ appartient à B(0, 1), qui par ailleurs est une boule, donc convexe et symétrique. Il en résulte
que les ensembles A, B, B(0, 1) vérifient les conditions (i) et (ii) et peuvent être associés au même
sous-ensemble convexe B(0, 1). Toutes les semi-normes associées sont alors égales.

Nous allons voir maintenant que toute semi-norme sur E peut être définie de la manière précédente.

Théorème 5 Soit E un espace vectoriel semi-normé sur R, non réduit à {0}. Si A et B sont la
boule unité B(0, 1), les conditions (i) et (ii) sont satisfaites et, pour tout x de E, on a

pB(0,1) (x) = kxk .

Si x est dans E, il appartient à (1 + E(kxk))B(0, 1), donc la condition (ii) est satisfaite. Comme B(0, 1)
est convexe et symétrique, la condition (i) est vérifiée également.

Si x appartient à λB(0, 1), avec λ > 0, on a

kxk < λ ,

donc, en prenant la borne inférieure,


kxk ≤ pB(0,1) (x) .

Soit ε > 0. Si y appartient à B(0, 1), il en est de même de x/(kxk + ε). Donc x appartient à l’ensemble
(kxk + ε)B(0, 1), et
pB(0,1) (x) ≤ kxk + ε .

Comme ceci est vrai pour tout ε > 0, on en déduit

pB(0,1) (x) ≤ kxk ,

d’où l’égalité.
BC 6

Théorème 6 Soit E un espace vectoriel sur R non réduit à {0}, et soit A et A′ deux parties de
E vérifiant les conditions (i) et (ii).
Les conditions suivantes sont équivalentes :

1) pA = pA′
2) {x ∈ E | pA (x) < 1} = {x ∈ E | pA′ (x) < 1}
3) {x ∈ E | pA (x) < 1} ⊂ A′ ⊂ {x ∈ E | pA (x) ≤ 1} .

Notons respectivement B et B les boules unités respectivement ouverte et fermée associées à pA , et B ′



et B celles associées à pA′ .

Si 3) a lieu, on a
p B = p A′ = p B .
Comme de plus
pB = pA ,
on en tire 1).

1) implique 2) de manière évidente.

Pour obtenir 3), il suffit d’appliquer le résultat obtenu dans un espace semi-normé par pA . On a alors

B ′ ⊂ A′ ⊂ B ,

avec de plus

B′ = B et B = B .
La définition de pA ne fait pas intervenir les points frontières de A.

Remarque sur la condition (ii)

Proposition Si A est une partie vérifiant uniquement (i), l’ensemble



[
F = nA
n=1

n’est autre que le plus petit sous-espace vectoriel contenant A. C’est aussi le plus petit sous-groupe
contenant A, et le plus petit cône contenant A. De plus, on peut remplacer A par B dans ce qui
précède.

Soit

[
G= nB .
n=1
BC 7

Soit x et y dans G. Il existe u et v dans B, et des entiers m et n dans N∗ tels que

x = mu et y = nv .

Alors, par convexité


m n
w= u+ v
m+n m+n
appartient à B. Donc
x + y = (m + n)w
appartient à (m + n)B, donc à G.

Soit λ un nombre réel et x un élément de G. Il s’écrit

x = mu

avec u dans B et m dans N∗ . Alors


λm
λx = λmu = (E(|λm|) + 1) u.
E(|λm|) + 1

Or, on a
|λ|m
< 1.
E(|λm|) + 1
λm
Donc d’après les propriétés de B, le vecteur u est dans B, et λx dans (E(|λm|) + 1)B,
E(|λm|) + 1
donc dans G.

Il en résulte que G est un sous-espace vectoriel de E.

D’autre part, si H est un sous-espace vectoriel de E contenant B, il contient nécessairement nB donc


G. Il en résulte que G est le plus petit sous-espace vectoriel de E contenant B.

Soit x dans A. Alors x/2 est dans B, donc x est dans 2B donc dans G, et il en résulte que nA est
inclus dans G. Donc F est inclus dans G. Comme l’inclusion inverse est vraie, on a égalité.

Enfin, tout groupe ou tout cône contenant A contient nécessairement nA pour tout n, donc contient
F . Il en résulte que F est le plus petit groupe et le plus petit cône contenant A.

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