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Gérard GRIG
Master 1 Philosophie 11/05/2020
Il n’y a qu’un seul intellect, avec des étapes dans le processus cognitif.
L’intelligence est une puissance réelle, apte à recevoir
intentionnellement les réalités intelligibles. Elle est une tabula rasa.
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Master 1 Philosophie 11/05/2020
Selon Plotin, l’Un est Dieu, mais il est intelligence et non volonté. Il est
uniquement tourné dans sa propre direction, et il est indifférent aux
particuliers du monde émanant de lui par l’effet de sa perfection.
Or, même si les penseurs gréco-arabes ne séparent pas le savoir de la foi,
on peut estimer qu’ils ont initié une forme de critique spinoziste, de
nature matérialiste, et pratiquement panthéiste, à partir du système
plotinien, en assumant les conséquences de celui-ci.
Ainsi, dans son Livre lumineux (Kitāb al-Luma), Al-Ash’arī argue que
l’homme, dépourvu de libre arbitre, fait l’acquisition de l’essence que
Dieu lui donne. S’il la refuse, il agit contre sa nature.
C’est la lumière de cette intelligence divine qui fait voir les couleurs du
monde à travers le filtre diaphane de l’intellect matériel, âme séparée du
corps dont la connaissance spéculative est à base de phantasmes de
l’imagination. Par son émanation, l’intellect agent informe ensuite
l’intellect acquis, ou intelligence collective réalisée, par le truchement de
l’intellect matériel, ce qui nous fait connaître les autres êtres, en
commun avec les autres âmes.
En effet, dans cette optique, l’éristique raterait son but, quand le plus
faible donne raison au plus fort parce qu’il est le plus fort, alors qu’elle
est une formation et une préparation des citoyens à la connaissance du
vrai et à la sociabilité.
C’est dans cette optique que seront définis les buts et moyens du
gouvernement, qui sont les principes universels de la philosophie
politique. La volonté du législateur intervient donc, mais pour créer et
entretenir un idéal éthico-politique, qui a pour but d’assurer le salut de
l’homme, ici-bas comme au-delà.
C’est pourquoi cet idéal inouï transcende aussi bien la loi humaine, qui
traduit les intérêts terrestres de l’homme, que la loi divine, qui concerne
les intérêts de l’homme dans l’au-delà.
D’ailleurs, ces douze Imams sont les auteurs des ajouts des
commandements les plus contestés de la loi islamique, dans les hadiths
(ʾahādīṯ) de la Sunna.
Le même reproche a été fait aux ajouts des enseignements des Apôtres
de Jésus-Christ.
L’application des lois naturelles à des cas particuliers produit les lois
humaines du droit positif. Or la théologie scolastique musulmane du
kalām voudrait produire ces mêmes règles de droit civique en s’appuyant
sur la loi révélée, sans suivre la voie de la raison discursive des falāsifa,
mais tout en lui empruntant un mode d’argumentation intellectuelle.
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Dans le domaine politique, une autre médiation est donc nécessaire, qui
concerne la jurisprudence par le législateur. Dans ce domaine la
médiation entre l’intellect agent et l’imagination est effectuée par
l’intellect patient.
B) Le savoir et la foi.
Cependant, la loi révélée par les Écritures apporte une aide précieuse à la
raison, par le pouvoir de l’image.
Avec l’imagination, la pensée politique se combine à la prophétologie.
En ce sens, l’Imam-philosophe pourrait incarner la médiation politique,
mais ce n’est pas obligatoire.
Néanmoins, jusqu’à quel point les penseurs gréco-arabes avaient-ils une
pratique extérieure de l’islam ?
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C’est pourquoi les débats des penseurs gréco-arabes, entre eux et avec
les théologiens, porteront donc davantage sur d’autres problèmes que
celui du dialogue de la Raison et de la Foi, qu’ils n’abordent jamais d’une
manière frontale.
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Au programme de l’Agrégation de Philosophie de 2020.