Réalisé par Altesse MENSAH

Citations : Raison, Sens, Expérience, foi

«On peut en effet avoir objectivement raison quant au débat lui-même

tout en ayant tort aux yeux des personnes présentes, et parfois même à
ses propres yeux. » SCHOPENHAUER, L’Art d’avoirtoujours raison,
1864 (posthume).

« C’est le consentement de vous à vous-même, et la voie constante de

votre raison, et non des autres, qui vous doit faire croire. » PASCAL,
Pensées, 1670 (posthume).

« Il est assez difficile de comprendre comment il se peut faire que des

gens qui ont de l’esprit aiment mieux se servir de l’esprit des autres
dans la recherche de la vérité que de celui que Dieu leur a donné. »
MALEBRANCHE, De la recherche de la vérité, 1674.

« Tout bien et tout mal réside dans la sensation. » ÉPICURE, Lettre à

Ménécée, IIIe s. av. J.-C.

« La connaissance de la vérité nous vient primitivement des sens et

leur témoignage ne peut être convaincu d’erreur. » LUCRÈCE, De la
Nature, Ier s. av. J.-C.

« Les hommes toutefois se servent toujours de leurs yeux pour se

conduire, et ils ne se servent presque jamais de leur esprit pour
découvrir la vérité. » MALEBRANCHE, De la recherche de la vérité,
1674.

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« […] Par la même raison que nous croyons que tous les hommes
reçoivent les mêmes sensations que nous des mêmes objets, nous
pensons que tous les hommes sont agités des mêmes passions que nous
pour les mêmes sujets […]. » MALEBRANCHE, De la recherche de la
vérité, 1674.

« Ceux qui ont assez de raison, ou de modestie, pour juger qu’ils sont
moins capables de distinguer le vrai d’avec le faux que quelques
autres par lesquels ils peuvent être instruits, doivent bien plutôt se
contenter de suivre les opinions de ces autres, qu’en chercher eux-
mêmes de meilleures. » DESCARTES,Discours de la méthode, 1637.

« On s’imagine sans raison que les anciens ont été plus éclairés que
nous ne pouvons l’être, et qu’il n’y a rien à faire où ils n’ont pas réussi.
» MALEBRANCHE, De la recherche de la vérité, 1674

« Il est dans la constitution d’un être raisonnable de ne pas se montrer

prompt à juger, ni facile à duper. » MARC AURÈLE,Pensées pour moi-
même, IIe s. apr. J.-C.

« […] La controverse est souvent bénéfique aux deux parties car elle
leur permet de rectifier leurs propres idées et de se faire aussi de
nouvelles opinions. » SCHOPENHAUER, L’Art d’avoir toujours raison,
1864 (posthume).

« Ce sont bien sûr surtout ceux dont tout le temps se passe à

controverser qui finissent par croire qu’ils sont devenus très savants et
que seuls, ils se sont rendus compte que, ni dans les choses, ni dans les

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raisonnements, il n’y a rien qui ne soit sain ni solide. » PLATON,

Phédon, IVe s. av. J.-C.

« On croit les choses parce qu’on a été conditionné à les croire. L’art
de trouver de mauvaises raisons à ce que l’on croit en vertu d’autres
mauvaises raisons, c’est cela, la philosophie. »HUXLEY, Le Meilleur
des mondes, 1931.

« La raison est la “faculté de saisir la raison des choses”. »

COURNOT, Matérialisme, vitalisme, rationalisme, 1875.

« […] Ils [les hommes] ne sont autre chose que des assemblages ou
collections de différentes perceptions qui se succèdent avec une
inconcevable rapidité et sont dans un état de flux et de mouvement
perpétuel. » HUME, Traité de la nature humaine, 1740.

« Le principal défaut, jusqu’ici, du matérialisme de tous les

philosophes […] est que l’objet, la réalité, le monde sensible n’y sont
saisis que sous la forme d’objet ou d’intuition, mais non en tant
qu’activité humaine concrète, non en tant que pratique, de façon
subjective. » MARX, Première thèse sur Feuerbach, 1845.

« La logique est l’art de bien conduire sa raison dans la connaissance

des choses. » ARNAULD ET NICOLE, La logique ou l’art de bien
penser, dite Logique de Port-Royal, 1662.

« Intuition et concepts, tels sont donc les éléments de toute notre

connaissance, de telle sorte que ni les concepts sans une intuition qui

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leur corresponde de quelque manière, ni l’intuition sans les concepts, ne

peuvent fournir une connaissance. » KANT, Critique de la raison pure,
1781.

« Si les sens nous induisent en erreur, la raison pourra-t-elle déposer

contre eux, elle qui leur doit toute son existence ? » LUCRÈCE, De la
nature, Ier s. av. J.-C.

« On m’opposera cet axiome reçu parmi les philosophes : qu’il n’est

rien dans l’âme qui ne vienne des sens ; mais il faut excepter l’âme
même et ses affections […]. » LEIBNIZ, Nouveaux Essais sur
l’entendement humain, 1704.

« Il faut considérer que nous pensons à quantités de choses à la fois,

mais nous ne prenons garde qu’aux pensées qui sont les plus
distinguées : et la chose ne saurait aller autrement, car, si nous
prenions garde à tout, il faudrait penser avec attention à une infinité de
choses en même temps, que nous sentons toutes et qui font impression
sur nos sens. » LEIBNIZ, Nouveaux Essais sur l’entendement humain,
1704.

« L’idée de chacune des façons dont le corps humain est affecté par
les corps extérieurs doit envelopper à la fois la nature du corps
humain et la nature du corps extérieur. » SPINOZA, Éthique, 1677
(posthume).

« L’objet qui fait naître en nous quelque passion, nous paraît en

quelque façon renfermer en lui-même ce qui se réveille en nous

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lorsque nous pensons à lui : de même que les objets sensibles nous
paraissent renfermer en eux-mêmes les sensations qu’ils excitent en
nous par leur présence. » MALEBRANCHE, De la recherche de la
vérité,1674.

« Les animaux autres que l’homme sont soumis seulement à l’empire

de la nature […]. L’homme est le seul qui joigne la raison aux habitudes
et à la nature. Car seul il possède la raison. » ARISTOTE, Politique,
IVe s. av. J.-C.

Rapport entre Raison et foi

La foi trouve son origine dans le mot latin "fides", qui signifie
"confiance". Ainsi, le fidèle est littéralement "celui qui a la foi" et qui
se remet à Dieu en raison de sa propre limitation et de l'infinie
puissance divine. La foi est donc une conviction qui englobe toute la
personne, une adhésion totale à un mystère indéchiffrable, qui peut
également être vécu avec une certaine angoisse, comme l'a souligné
Kierkegaard. Se questionner sur la conciliation entre la foi et la raison
revient en réalité à examiner la relation entre la religion et la
philosophie, voire entre la théologie et la philosophie. L'acte de foi se
rapporte à des vérités jugées essentielles mais mystérieuses,
dépassant ce que la raison peut comprendre, et qui sont révélées plutôt
que susceptibles d'être démontrées. Pascal les désignait, pour les
distinguer des vérités rationnelles, comme des "vérités du cœur". Par
conséquent, la foi consiste en la croyance et l'adhésion à des vérités
dogmatiques, non démontrées et non réfutables. De prime abord, nous

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pouvons affirmer que la foi s'oppose à la raison, car la raison

n'accepte rien qui ne soit démontré, tandis que la foi accepte et adhère
à ce qui n'est pas nécessairement démontré. En d'autres termes, si
l'utilisation de la raison nécessite le rejet de la croyance, c'est parce
que toute croyance semble aller à l'encontre de la raison. Toute
démarche qui se veut objective et rigoureuse exige une critique des
opinions reçues, des préjugés et des croyances ordinaires, qui sont les
premiers "obstacles épistémologiques" selon les termes de Bachelard,
et qui ne sont pas fondés sur des raisonnements, mais plutôt sur des
informations entendues, des désirs, des expériences personnelles, la
force de l'adhésion commune, en somme des fondements non rationnels.
Il serait possible de faire ici référence à l'allégorie de la caverne ainsi
qu'aux analyses freudiennes et marxistes de l'illusion religieuse. C'est
en rompant avec les explications religieuses ou les mythes, en d'autres
termes avec les approches basées sur la foi et la croyance religieuse,
que la pensée scientifique ou philosophique a émergé (selon la loi des
trois états d'Auguste Comte). Le souci de la vérité, une exigence de la
raison, s'oppose d'emblée à l'adhésion à la croyance. Comme l'a dit
Alain, "penser n'est pas croire". la croyance semble donc contraire à la
raison aussi bien dans ses fondements que dans l'adhésion qu'elle
implique, mais toute croyance est-elle pour autant irrationnelle ?

Commençons par souligner que certaines convictions ne sont pas en

opposition avec la logique. La conviction religieuse peut se fonder sur
une théologie rationnelle, telle que les preuves de l'existence de Dieu,
par exemple. De même, la pensée rationnelle semble également

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s'appuyer sur certaines convictions, des postulats acceptés sans avoir

été démontrés ou prouvés de manière rationnelle. Comme le disait
Nietzsche, "il n'y a pas de science sans présuppositions". La science,
malgré sa rationalité, ne conduit pas à des vérités absolues, mais
seulement à des vérités provisoires, des convictions rationnelles. La
conviction n'est pas contraire à la raison, elle va au-delà de la raison.
Ce que l'utilisation de la raison rejette catégoriquement n'est pas la
croyance en elle-même, mais plutôt ses dérives telles que le fanatisme
(idéologique, religieux, sectaire) aveugle et la misologie, ainsi que la
superstition qui nourrit la peur et entrave à la fois le progrès de la
connaissance (la superstition ne subsistant que dans l'ignorance) et une
vie raisonnable, c'est-à-dire sage (par exemple, la philosophie
épicurienne, qui établit les principes d'une vie sage et heureuse,
commence par une physique visant à démystifier et démystifier le
monde, en séparant le divin du purement physique, car c'est la peur
des dieux qui trouble l'âme et empêche d'atteindre le bonheur,
l'ataraxie). En d'autres termes, ce que rejette l'utilisation de la raison,
ce sont les croyances qui nient la science ou qui se font passer pour de
la science, ignorant qu'elles ne sont qu'une croyance. Il convient
également de noter que parfois, l'opinion est le seul guide dont on
dispose pour orienter sa vie, faute de règles objectives du bonheur, par
exemple. Et si l'on s'y tient, elle permet d'avoir une conduite, tandis que
le doute perpétuel empêche de vivre et d'agir. On peut comprendre
cela à travers la morale provisoire de Descartes. Par ailleurs, la foi et
la raison, toutes deux, tendent à rechercher la vérité.

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