Vous êtes sur la page 1sur 12

Exposé sous le thème de :

L'INDEMNITÉ DE PERTE D'EMPLOI:


LES AVANCÉES ET LES CONTRAINTES

Problématique : Dans quelles mesures l’indemnité de perte d’emploi peut offrir une
protection suffisante des droits ? Et quelles sont les limites de cette dernière?

Travail effectué par :

Encadrant : Mr. LAGDALI GARTOUM Asmaa


LBAHY KhaoulaI
Année universitaire:2020/2021 IDSAID Abdelkarim
NAJI Rayane
DRIF Imane

Sommaire

Introduction

Chapitre I/ Le régime d’indemnité de la perte d’emploi


Section 1) Les conditions l’indemnisation et droits des perdants d'emploi
Sous-section 1: Les conditions d’indemnisation
1. Condition relative la nature de la perte d’emploi
● La perte d’emploi involontaire
● Appréciation de la perte d’emploi involontaire
2. Conditions relatives l'aptitude physique
3. Condition relative la période d’assurance au régime de la sécurité sociale
● Recherche de la durée d'assurance exigée
Sous-section 2: Les droits des perdants d'emploi

1. Durée de versement de l'indemnité


2. Détermination du montant de l'indemnité
3. Protection sociale des assurés
Section 2) Le financement du régime et la promotion de l’employabilité
Sous-section 1: Le financement du régime
Sous-section 2: L'assurance pour perte d’emploi et la promotion de l'employabilité
Chapitre II/ Les limites du régime de l’indemnité de la perte d’emploi

Section 1) Les imperfections du droit actuel de l’indemnité pour perte d’emploi

Sous-section 1: De quelques « mauvaises pratiques » refus de versement, suspension ou erreur


de calcul des indemnités

Sous-section 2: L'indispensable recours au juge

Section 2) Vers un recours imminent d’une nouvelle réforme pour sauver la perte d’emploi : Le
projet de décret-loi n°2.20.605
Sous-section 1: Les grandes lignes du projet de la nouvelle réforme et différents scénarios
Sous-section 2: Le projet de décret face à plusieurs obstacles «partenaires sociaux et covid 19»

Conclusion

Bibliographie




Introduction

Dans le code du travail, on ne trouve pas trace du terme chômage pour désigner ce phéno-
mène. Les mots utilisés, pour évoquer la situation de chômage, font apparaître qu'elle corres-
pond à une privation involontaire d'emploi. Les textes expriment donc clairement que le
chômage est lié à une perte d'emploi. Ainsi entendu, le chômage constitue un risque auquel il
faut apporter remède et, à défaut, contre .lequel une protection doit être accordée La protec-
tion garantie aux personnes affectées par le chômage a pu être organisée dans le cadre de dis-
positifs fondés sur les principes de l'assurance, comme en témoigne l'évolution de l'architec-
ture du système de sécurité. Cette évolution a abouti à la mise en place d'un système de sécu-
rité constitué d'un régime d'indemnisation de base, obligatoire, ayant les caractéristiques de
l'assurance .chômage Le risque chômage fait l'objet d'un traitement si singulier dans le sys-
tème global de la sécurité sociale au Maroc, qu'à l'image des individus qu'il a pour objet de
protéger, il est le plus souvent exclu des réflexions de ceux qui étudient ou .pratiquent le droit
du travail et de la sécurité sociale Car si la perte de l'emploi constitue déjà en elle-même une
situation de rupture de droits, par l'exclusion a priori temporaire de l'emploi - de ce qu'il est
devenu courant de dénommer le marché du travail -, le maintien dans la sphère du risque
chômage conduit, de manière corrélative et .exponentielle, à un cumul des risques encourus
Dès le départ l’IPE, intégrant le double objectif matériel (permettre aux individus de sur-
vivre) et social (réduire l'inégalité devant les risques de la vie et assurer aux individus un mi-
nimum de revenus leur permettant d'être intégrés à la société) de tout régime de protection
sociale, les signataires considèrent que le régime doit favoriser la reprise rapide d'un emploi
et dépasser la simple .indemnisation des chômeurs Dans cette optique, l’entrée en vigueur de
l’Indemnité pour Perte d’Emploi déjà opérationnelle depuis le 1er Décembre 2014, confor-
mément à la loi 03-14 modifiant la loi 1-72-184 relative à l’organisation de la sécurité sociale
parue au Bulletin Officiel du 11 Septembre 2014 qui annonce l’entrée en vigueur de l’IPE, 3
mois à compter de sa date de publication Conçu essentiellement, pour garantir un revenu de
remplacement aux travailleurs privés d'emploi, l’indemnité pour perte d’emploi, constitue un
changement majeur dans la prise en charge des perdants d'emploi, tant du point de vue de leur
régime indemnitaire que des dispositifs mobilisés pour leur réinsertion professionnelle. Elle
concrétise un réel tournant dans l'approche du chômage au Maroc. De même qu’il constitue
un bon plan pour retrouver un emploi. Ces principales dispositions exigent dès lors de s'inter-
roger sur l'accès des bénéficiaires à leurs droits : la nouvelle architecture de l’indemnité pour
perte d’emploi peut-elle offrir une protection suffisante des droits ? Le souci d'une garantie
des droits exige de s'interroger sur les conditions d’admissibilité retenues en vue de prétendre
au bénéfice de telle indemnité.

Chapitre I/ Le régime d’indemnité de la perte d’emploi

Section 1) Les conditions d’indemnisation et droits des perdants d'emploi

Le dispositif d!Indemnité pour perte d!emploi (IPE) a fait l!objet d!une évaluation réalisée en
2018 par le conseil d'administration de la CNSS. Le but est de faciliter les procédures en al-
légeant les conditions à remplir pour en bénéficier. Comme premier scénario il a été prévu de
maintenir une seule condition d’éligibilité à l!indemnité pour perte d!emploi, celle de justifier
780 jours de travail
effectif déclarés durant les 36 derniers mois précédant la date de perte d!emploi.

La deuxième condition exigée par le dispositif en vigueur -celle exigeant 260 jours de travail
déclarés durant les 12 derniers mois précédant la date de perte d!emploi- a quant à elle été
écartée dans le scénario de réforme.

Autre nouveauté de taille, l!Etat apportera un soutien annuel au fonds dédié à l!IPE, à hauteur
de 54 millions de dirhams.
On examinera ci dessous les conditions d!indemnisation relatives à la nature de la perte
d!emploi, celles relatives à l!aptitude physique, à la la période d’assurance au régime de la
sécurité sociale, à la durée d’assurance exigée; pour entamer après les droits des perdants
d’emploi.

Sous-section 1 : Les conditions d’indemnisation

1. Condition relative la nature de la perte d’emploi


La perte d’emploi doit être involontaire et ne pas concerner des travailleurs
ayant atteint l'âge de la retraite. Pour justifier de ces conditions ouvrant droit à
un revenu de remplacement, le travailleur privé d'emploi doit remettre, avec sa
demande d'indemnité, les attestations ou justifications visées à l'article 46
quater de la loi 03-14 qui stipule que “Sous peine de forclusion, la demande
« de l’indemnité pour perte d’emploi doit être déposée à la Caisse nationale de
sécurité sociale dans un délai de soixante jours suivant le premier jour de perte
de l’emploi, sauf en cas de force majeure”.

• La perte d’emploi involontaire


Aux termes de l'article 46 la loi n° 03-14 relative au régime de sécurité sociale,
seule est indemnisable la privation involontaire d'emploi. Cette règle repose sur
le principe général selon lequel un régime de protection ne peut accorder une
indemnisation en cas de réalisation d'un risque que si la victime n'est pas
elle-même à l'origine de la survenance de ce dernier.


• Appréciation de la perte d’emploi involontaire


Le caractère volontaire ou involontaire de la perte d’emploi est déterminé tout
d'abord en fonction de l'auteur de la rupture du contrat de travail. Lorsque cette
dernière est du fait de l'employeur, la perte d’emploi qui lui fait suite est
toujours considéré comme involontaire. Ce système peut paraître non
justifié si l'on songe au salarié qui, par ses agissements ou son inconduite, a
cherché à provoquer son licenciement. Dans ce cas et à la lecture de la loi
03-14 on peut dégager que l'indemnisation de la perte d’emploi pouvait se
trouver écartée en cas de licenciement causé par une faute grave du salarié.
L'article 53 du code du travail, a éclairci la situation concernant les ruptures de
contrat ayant un motif économique, celles-ci étant assimilées, de par la loi, à
des licenciements. Ainsi, les salariés qui ont perdu leur emploi à la suite d'une
rupture de leur contrat de travail pour motif économique au sens de l'article 53
sont donc considérés comme des licenciés. S'agissant des salariés dont le contrat
de travail se trouve rompu par consentement mutuel.

1. Conditions relatives l'aptitude physique


Seules les personnes aptes physiquement à travailler sont considérées être à la
recherche d'un emploi . Tout perdant d’emploi inscrit comme demandeur
d'emploi est présumé apte à l'exercice d'un emploi. Les invalides classés par la
sécurité sociale et titulaires d'une pension d'invalidité qui, à 60 ans, se voient
attribuer une pension de vieillesse pour inaptitude au travail sont, dans tous les
cas, en raison de cette inaptitude, écartés du droit à l’indemnité d'assurance pour
perte d’emploi. De façon plus générale, le titulaire d’une pension d’invalidité ou
de vieillesse n’a pas droit aux indemnités journalières ni à l’indemnité pour
perte d’emploi.

2. Condition relative la période d’assurance au régime de la sécurité sociale


Notion de période d'indemnité pour perte d’emploi est subordonnée à la
justification d'une durée minimale d’assurance au régime de sécurité sociale.
Cette durée d'assurance s'apprécie en fonction du temps pendant lequel un
salarié a appartenu à une ou plusieurs entreprises entrant dans le champ
d'application du régime d'assurance pour perte d’emploi tel que déterminé par
l'article 46 bis de la loi 03/14. Au sens de l'assurance de l’indemnité pour perte



d’emploi, les périodes assimilées à des périodes d’assurance en vertu de


l’alinéa précédent sont affectées d’un salaire fictif égal au salaire ayant servi de
base au calcul des indemnités journalières et de l’indemnité pour perte
d’emploi dans la limite du salaire soumis à cotisation d'assurance au régime de
sécurité sociale .

• Recherche de la durée d'assurance exigée


La durée d’assurance au régime de sécurité sociale minimale requise pour
l'attribution de l'allocation est de 780 jours. Cette assurance minimale doit être
remplie dans les délais prévus à l'article 46 bis de la loi 03-14 qui stipule que
“L’indemnité pour perte d’emploi est accordée à l’assuré qui remplit les conditions
suivantes :
– avoir perdu son emploi de manière involontaire;
– justifier d’une période d’assurance au régime de sécurité sociale d’au moins 780
jours dans les trois années qui précèdent la date de perte de l’emploi, dont 260 jours
durant les douze derniers mois qui précèdent ladite date. Les jours validés, au titre de
l’assurance volontaire prévue à l’article 5 ci-dessus, ne sont pas comptabilisés pour le
calcul de cette période ;
–être inscrit comme demandeur d’emploi auprès de l’Agence nationale pour la promo-
tion de l’emploi et des compétences ;
– être apte au travail.”

Sous-section 2 : Les droits des perdants d'emploi

1. Durée de versement de l'indemnité


La durée d'indemnisation est octroyée pendant 6 mois à compter du jour suivant
la date de la perte de l’emploi. Cette durée peut se trouver raccourcie dans des
circonstances particulières. Dans le cas où l’assuré ayant trouvé un emploi, au
cours de la période des six mois pendant laquelle il a droit à l’indemnité pour
perte d’emploi, ainsi, il doit en informer la Caisse nationale de sécurité sociale,
par écrit, dans un délai ne dépassant pas huit jours à compter de la date de son
embauche.

2. Détermination du montant de l'indemnité


L’indemnité pour perte d’emploi est égale à 70% du salaire mensuel moyen
déclaré au profit du salaire durant les 36 derniers mois qui précèdent de la date
de perte de l’emploi, En aucun cas ne peut dépasser le montant du salaire

minimum légal.
3. Protection sociale des assurés
Les travailleurs privés d'emploi indemnisés conservent les droits sociaux qu'ils
avaient acquis en tant que salariés. Pour l'attribution des allocations familiales,
le bénéficiaire des allocations familiales est versé au salarié pendant la période
durant laquelle il bénéficie de l’indemnité pour perte d’emploi et ce, quel que
soit le montant mensuel qui lui est servi au titre de ladite indemnité. De même,
il faut préciser que le salarié continue de bénéficier des allocations familiales et
de l'Assurance maladie obligatoire (AMO) tout au long de la période
d'indemnisation.

Section 2) Le financement du régime et la promotion de l’employabilité

Sous-section 1 : Le financement du régime

Les contributions dues au régime l’IPE sont fixées et recouvrées dans les mêmes conditions
et modalités que celles énoncées par l’article 20 de la loi n° 03-14 modifiant et complétant le
dahir portant loi n° 1-72-184 du 15 joumada II 1392 (27 juillet 1972) relatif au régime de sé-
curité sociale. Ainsi, conformément aux dispositions législatives et réglementaires afférentes
à l’IPE, la cotisation sera calculée par application du taux de 0,57% au salaire déclaré dans la
limite du plafond en vigueur. L’allocation sera financée par le salarié (0,19% du salaire pla-
fonné à 6.000 DH) et par l’employeur (0,38%). Pour sa part, l’Etat participe au financement
grâce à un fonds d’amorçage de 500 MDH étalé sur 3 ans (250 MDH la première année, 125
MDH la deuxième et 125 MDH la troisième).

Selon des estimations réalisées par la CNSS, les cotisations salariales et patronales devraient
rapporter 478 MDH en 2015. Avec la contribution de l’Etat (250 MDH), la CNSS, qui gère le
dispositif, disposera donc d’un budget IPE de 728 millions la première année. Ce qui est am-
plement suffisant pour l'année 2015 où les prestations sont estimées à 340 MDH.

Sous-section 2 : L'assurance pour perte d’emploi et la promotion de l'employabilité

Le droit à l'employabilité est lié au droit au travail. Il permet à ce dernier de se concrétiser.


On peut dès lors soutenir que l'employabilité est un droit essentiel du citoyen et pas seule-
ment du travailleur, encore moins du seul salarié.

Comme stipulé dans le projet de l’Indemnité pour Perte d’Emploi (IPE) par le dernier alinéa
de l’article 53 de la loi 65-99 relative au code du travail, puisse permettre aux salariés
d’avoir, non seulement un minimum d’indemnités pendant une période donnée, mais aussi
des programmes de formation et d’accompagnement qui leur facilitent une réinsertion sur le
marché du travail. Aujourd’hui les bénéficiaires de l’IPE peuvent compter sur l’accompa-
gnement de l’Agence nationale de promotion de l'emploi et des Compétences (ANAPEC).
Après l’octroi de l’Indemnité pour Perte d’Emploi par la Caisse Nationale de Sécurité Sociale

(CNSS), qui constitue le guichet unique pour l’autorisation de l’indemnité, la Division Ser-
vices Chercheurs d’Emploi (DSCE) de l’ANAPEC informe le bénéficiaire par e-mail sur
l’offre de service de l’Agence Nationale et l’invite à se présenter pour passer un Entretien de
Positionnement (EP). Une fois cet entretien réalisé, le bénéficiaire est informé des offres
d’emploi disponibles puis est initié aux techniques de recherche et de postulation. Si au cours
de l’EP, le bénéficiaire de l’IPE manifeste l’intérêt de renforcer ses capacités ou d’acquérir de
nouvelles compétences, le conseiller en emploi l’informe sur les opportunités des formations
en cours gérées par l’ANAPEC et l’OFPPT (Office de la Formation Professionnelle et de la
Promotion du Travail). Ensuite et après avoir profité des prestations ANAPEC, le bénéficiaire
de l’IPE passe un entretien de suivi qui permet au conseiller ANAPEC en charge du dossier
de vérifier son insertion dans le marché de l’emploi ou, le cas contraire, de lui proposer de
nouvelles actions.

Chapitre II/ Les limites du régime de l’indemnité de la perte d’emploi

Section 1) Les imperfections du droit actuel de l’indemnité pour perte d’emploi

Sous-section 1: De quelques “mauvaises pratiques” refus de versement, suspension ou


erreur de calcul des indemnités

La Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) a développé un certain nombre de pratiques


ayant pour objet ou effet de priver les bénéficiaires de leurs indemnités.
Compte tenu de la complexité de la réglementation et de la diversité des sources (Code du
travail, la loi 1-72-184 relative à l’organisation de la sécurité sociale, circulaires, instructions,
notes diverses, courriers de, etc.), il est difficile de s'y retrouver. Les agents de la CNSS se
trompent eux-mêmes fréquemment. Cette complexité donne lieu régulièrement à des erreurs
de calcul, voire à des refus de versement des indemnités alors que le bénéficiaire de l’indem-
nité pour perte d’emploi justifie des conditions lui permettant d'en bénéficier. Les régimes
particuliers (intérimaires, intermittents, etc.) comme les situations atypiques (cumul activité/
perte d’emploi, etc.) sont autant de sources d'erreurs ou d'interprétations divergentes de la ré-
glementation.
Or le refus ou la suspension des versements est parfois utilisé de manière abusive par la
CNSS. Ainsi, en cas d'incohérence dans la déclaration ou de doute, par exemple sur la réalité
du lien de subordination, la CNSS s'autorise, sans aucun fondement, à suspendre le versement
de l'indemnité pour perte d’emploi pendant le temps de son enquête, parfois plusieurs mois.
Si le juge a pu considérer qu'il s'agit d'un abus de droit, l'allocataire concerné finit fréquem-
ment par abandonner l'idée de régulariser sa situation. Aussi ces problèmes d'application et
d'interprétation de la réglementation se traduisent au final par un refus de la CNSS de faire
face à son obligation d’assurance et un renoncement du perdant d’emploi à des droits pour-
tant acquis.

Sous-section 2: L'indispensable recours au juge

En dépit des difficultés, la saisine du juge, en procédure d'urgence le cas échéant, constitue la
voie la plus efficace pour mettre un terme aux situations de ruptures de droits qui s'enlisent et
se complexifient davantage au fil des longues tentatives de règlement interne. Les situations

de refus de paiement de l’indemnité pour perte d’emploi appellent en particulier un examen


immédiat de l'opportunité d'une saisine rapide du juge. L'intervention de ce dernier permet de
rééquilibrer et de réaffirmer les droits et obligations de chaque partie à la relation demandeur
d’indemnité/gestionnaire du régime pourvoyeur d'indemnité. Outre qu'ils permettent de dé-
bloquer les situations de non versement d'indemnité, ces litiges donnent l'occasion au juge de
rappeler la CNSS au respect d'un certain nombre de règles. Nombre d'expériences en droit
comparé montrent ainsi que l'intervention du juge permet de remettre de l'ordre dans cette
relation bancale entre le demandeur et la CNSS par la condamnation des pratiques arbitraires
et l'application du droit.

Section 2) Vers un recours imminent d’une nouvelle réforme pour sauver la perte d’em-
ploi : Le projet de décret-loi n°2.20.605

Sous-section 1: Les grandes lignes du projet de la nouvelle réforme et différents scéna-


rios

Ce projet de décret-loi a été élaboré dans le cadre de la poursuite des efforts du gouvernement
pour l’accompagnement de certains secteurs ou entreprises affectés par les conséquences de
la pandémie du nouveau coronavirus et la préservation des emplois.

Et d’ajouter que ce projet, présenté par le ministre du Travail et de l’Insertion professionnelle,


vise à verser des indemnités, pendant une période précisée par un texte réglementaire, au pro-
fit des salariés et stagiaires en formation à l’insertion, déclarés en février 2020 auprès de la
CNSS par les employeurs qui exercent leurs activités dans l’un des secteurs ou sous-secteurs
spécifiés par un texte réglementaire et qui se trouvent dans une situation difficile en raison de
l’impact de la pandémie sur leurs activités.

Il s’agit également des travailleurs indépendants et non salariés assurés auprès de cette
caisse, conformément à la loi n° 98.15 relative au régime de l’assurance maladie obligatoire
(AMO) et de la loi n° 99.15 portant création d’un régime de pensions pour les catégories des
professionnels, des travailleurs indépendants et des personnes non salariées exerçant une ac-
tivité libérale, dont l’activité a été affectée par les mesures prises dans le cadre de la lutte
contre la pandémie.

Ce projet de décret inclut également des mesures exceptionnelles qui prévoient notamment
de reporter les échéances de cotisation dues à la Caisse nationale de sécurité sociale par les
opérateurs concernés par la redevance pour la période précitée, le non-calcul des indemnités
et aides familiales prévues par l’article 57 (alinéa 2) du Code général des impôts, qui sont ac-
cordées aux salariés et stagiaires en formation pour insertion, dans l’assiette des charges des
cotisations de la Caisse nationale de sécurité sociale, si le total de ces indemnités et aides ain-
si que la compensation qui seront versées lors de la période susmentionnée excèdent 50% du
salaire net moyen, après déduction des impôts, perçu pour les mois de janvier et février 2020,
a fait savoir le ministre.

Le projet de loi prévoit également d’obliger l’employeur, ainsi que le travailleur indépendant
et le non salarié à restituer à la Caisse nationale de sécurité sociale toute indemnité ou mon-

tant déboursé sur la base d’une fausse déclaration de leur part, sous peine d’application des
sanctions prévues par la législation en vigueur.

Le dit projet renvoie de même à un texte réglementaire définissant les catégories d’em-
ployeurs, de travailleurs indépendants et de non-salariés concernés, ainsi que les critères,
conditions et modalités pour bénéficier de l’indemnité susmentionnée.

Sous-section 2: Le projet de décret face à plusieurs obstacles “partenaires sociaux et co-


vid 19”

Le climat entre les différents "partenaires" sociaux est très tendu. Ce qui ne laisse pas présa-
ger des discussions et des débats sereins en vue d'une réforme qui s'avère nécessaire.

En attestent les différentes déclarations de part et d'autre. Le gouvernement a gardé une ligne
neutre en se positionnant en médiateur plus qu'en partenaire à part entière.

La CGEM a appelé, à travers son président Chakib Alj, à l'instauration d'un nouveau pacte
social. "J'appelle nos partenaires sociaux à travailler main dans la main pour réussir ce virage
historique et rendre les chantiers sociaux annoncés par Sa Majesté le Roi opérationnels , no-
tamment la généralisation de la protection sociale. Pour réussir cela, nous sommes dans
l'obligation de passer par un contrat tripartite entre l'Etat et les partenaires économiques et
sociaux sous la forme d'un pacte social qui établit un accord entre les différentes parties".

Un appel qui ne semble pas trouver écho chez les partenaires sociaux, dont les propos, lors
de cette première journée d'étude, ont été des plus virulents, frôlant les menaces par moment.

Le gouvernement est considéré comme s’étant trompé dans le choix de la méthodologie. Le


gouvernement s'est trompé de timing pour présenter des lois conflictuelles (la loi organique
sur la grève, ndlr). Le gouvernement s'est trompé de priorités et de choix, au point de consi-
dérer que ce gouvernement est en lui-même une erreur dans le parcours politique de du pays.

Le débat sur le code du travail doit d'abord être entamé en évoquant ceux qui enfreignent le
code du travail et qui ne veillent pas à son application. Les indicateurs officiels montrent sans
équivoque que les relations sociales sont marquées par les fragilités : 6 employés sur 10 n'ont
pas de contrats de travail, 24% des employés seulement sont en CDI, 600.000 personnes ont
perdu leur emploi durant cette crise, sans compter les arrêts temporaires.

La CDT estime que le code du travail était le fruit d'une approche participative. Nous posons
la question, pourquoi vouloir reculer sur ce système qui a montré son efficacité ? Ce qui est
demandé et attendu c'est le retour au dialogue social tripartite et de créer un équilibre entre le
système économique et le système social.

Les autres syndicats ne sont pas en reste. "Avant de parler de réforme du code du travail, nous
demandons une évaluation objective de son application. Et puis le timing de cette journée
d'étude suscite chez nous un ensemble de questionnements. Comment s'interroger sur l'appli-
cation du code du travail alors que plusieurs de ses dispositions sont gelées sous le prétexte
de la crise sanitaire, et que cette crise a eu de graves impacts économiques et sociaux sur une

large frange de la population ? Comment interroger l'application du code du travail alors que
des milliers d'employés ont perdu leur emploi ?".

La gestion de la crise sur l'aspect social n'a pas été à la hauteur. "Pire encore, ce contexte de
crise a été utilisé dans des tentatives de faire passer toutes les lois injustes vis-à-vis des em-
ployés", ajoute le SG de l'UMT qui n'hésite pas à avancer que "les axes choisis pour cette
journée d'étude sont orientés pour conclure à l'inadéquation du code du travail avec le
contexte actuel, afin de le réformer et glisser dedans des dispositions qui consacrent la fragili-
té dans le monde du travail et légaliser les licenciements".Autant dire que le dialogue est tout
sauf établi entre les différents partenaires sociaux.

Conclusion

La réforme, rappelons-le, s’imposait dès la première année d’application de cette indemnité,


très attendue par les salariés. Il a, en effet, été constaté que les critères étaient très draconiens
par rapport aux besoins et aux objectifs fixés. Ce qui n’a pas permis d’atteindre le nombre
escompté de bénéficiaires bien que le financement soit disponible. Il faut dire que c’était vou-
lu au départ pour assurer la viabilité du système. On ciblait quelque 30.000 personnes par an,
mais on n’a jamais pu atteindre ce chiffre. Même en cette année 2021, marquée par les réper-
cussions de la pandémie du coronavirus sur le marché de l’emploi, le nombre des bénéfi-
ciaires au cours des neuf premiers mois est d’uniquement 13.871. Le département de tutelle
n’a pas manqué, à plusieurs reprises, de pointer les failles de ce système.

Bibliographie:

● https://www.cnss.ma/fr/content/indemnit%C3%A9-pour-perte-
d%E2%80%99emploi
● https://www.lavieeco.com/emploi/indemnite-pour-perte-demploi-le-projet-de-re-
forme-bientot-au-parlement/
● https://www.cgem.ma/upload/789768475.PDF
● https://www.ecoactu.ma/indemnite-pour-perte-demploi-le-dispositif-est-il-opera-
tionnel-dans-ce-contexte/
● https://leseco.ma/lapolitique/reforme-de-lindemnite-pour-perte-demploi-le-texte-
entre-les-mains-du-gouvernement.html
● https://www.ecoactu.ma/indemnite-pour-perte-demploi-le-dispositif-est-il-opera-
tionnel-dans-ce-contexte/
● https://www.upo.es/revistas/index.php/lex_social/article/download/
2398/1943/7352
● https://islssl.org/wp-content/uploads/2013/01/MoroccoFrench-Boudahrain.pdf

Vous aimerez peut-être aussi