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C atherine Pompeï
Roland Bréchot
3e édition
Maquette de couverture : MAOGANI
L
a troisième édition de cet ouvrage de référence, pour
tout consultant qui veut se lancer ou renforcer son
développement, est encore plus opérationnelle que la
précédente grâce aux rubriques pratiques qui
résument de façon très pédagogique tous les apports et grâce
aux exemples concrets issus de l’expérience des deux
auteurs.
La clarté des propos et la simplicité du style laissent à
penser qu’une simple lecture rapide suffit pour tout maîtriser
de ce métier de professionnel consultant. En réalité, vous
découvrirez, lors de la mise en pratique des précieux conseils
dispensés, qu’il vous faudra changer d’état d’esprit, accepter
de quitter le statut de salarié qui rassure tant et adopter une
posture d’humilité.
Vous appréhenderez l’exigence que requiert l’activité de
conseil, alliant travail sur soi, réapprentissage de son
expertise, très diluée lorsqu’on est manager en entreprise,
capacité à « être convaincu et convaincant sans être obtus ni
arrogant ».
Comme le disent les auteurs, Catherine Pompéï et Roland
Bréchot, pour illustrer la nécessaire prise de recul sur le
véritable savoir-faire pour définir son expertise : « qui se
souvient des compétences mises en œuvre pour apprendre à
nager et surtout pour maîtriser la synchronisation des
mouvements et le rythme de la respiration ? »
Ce livre s’adresse à ceux que l’aventure de l’autonomie
professionnelle tente et qui sont prêts à faire le deuil d’un
titre ronflant inscrit sur une carte de visite et abrité du nom
d’une entreprise prestigieuse.
VIConsultants : trouvez vos premières missions et développez votre business
Il rassure par le pragmatisme des concepts, des nombreux
outils et méthodes fournis.
Pour autant, vous reconnaîtrez dans les propos très
bienveillants et pour autant sans complaisance la pâte d’un
des auteurs, coach, qui initie de nombreux cadres désirant se
lancer dans cette merveilleuse aventure de consultant.
Ce livre se distingue de la pléthore d’ouvrages sur le sujet
par son réalisme, son style tonique et vivifiant, son côté très
concret issu de l’expérience vécue des auteurs. Il s’écarte des
recettes qui ne tiennent aucun compte du contexte, des
ingrédients à disposition sur place, de la table des convives.
Il vous guidera vers vos premières missions avec un brin
d’humour grâce aux nombreuses métaphores faciles à
mémoriser comme celle de « la stratégie de l’orteil de
l’éléphant », celle du « kangourou » ou celle du « marketing
de la pile ».
Après avoir lu ce livre, vous saurez définir votre
positionnement, vous différencier par rapport aux autres
consultants et, surtout, vous aurez intégré les maîtres mots
qui doivent vous guider : s’intéresser au client et à sa
personne autant qu’à sa problématique, beaucoup investir
dans la préparation de chaque rencontre, chaque
intervention et bannir l’amateurisme.
Jackie CADAIN
Auvial, expert de l’approche directe de
Dirigeants et cadres banc’assurance
www.auvial.fr
Table des
matières
Préface V
Introduction 1
Se préparer à
obtenir 2 sa
première mission
3 Se préparer psychologiquement et matériellement 41
Réapprendre ce que l’on sait faire 41
Le réapprentissage de la compétence 43
Se préparer psychologiquement au métier 45
Accepter le nomadisme et la solitude 45
S’assurer d’avoir les aptitudes personnelles
au métier 50
Se préparer matériellement 60
4 Se différencier par son positionnement,
son expertise et son offre 67
Définir son positionnement 67
Formaliser son positionnement 73
Rédiger son expertise 74
Rédiger sa biographie 84
Rédiger l’offre de produits/services 87
5 Préparer ses outils et son plan de charge 93
La plaquette 94
Le site Internet 95
Blogs et autres plates-formes 96
Le mailing 98
Le business plan versus le plan de charge 101
métier 4 de prescription
8 Organiser son réseau : un levier d’efficacité 157
Le réseau, un concept à géométrie variable 158
Penser son réseau 160
Identifier vos contacts 162
Hiérarchiser vos contacts 164
Prendre des contacts 166
Dialoguer avec vos contacts/vos prescripteurs 167
Personnaliser l’approche et le suivi 172
Consolider sa position 5
10 Fidéliser ses clients 197
Conclure efficacement sa mission 197
Négocier une prochaine mission 199
Le comportement efficace
face à un client conquis 202
La part du jeu social et de la vérité 204
Respecter ses engagements 206
Réaliser, avec son client, un bilan de la mission 206
Les leviers de développement 208
XIIConsultants : trouvez vos premières missions et développez votre business
Les bienfaits de la reconnaissance
et du remerciement du client 211
La nécessité d’adopter le « marketing de la pile » 212
11 Renforcer ses expertises 215
Développer ses compétences 215
Se créer des bases de données de connaissances 219
Développer des modèles 220
Intégrer l’homme, ses réactions,
ses perceptions, dans la démarche 221
D
epuis une dizaine d’années, s’impose le concept
d’autonomie professionnelle, capacité qu’acquiert
une personne de définir ses missions, de les réaliser
en maîtrisant les coûts ainsi que la qualité et en
considérant le donneur d’ordre comme un client.
L’autonomie se distingue de l’indépendance par la volonté de
travailler en réseau, que ce soit au sein d’une structure dont
on est membre et qui peut abriter la personne et son activité
(cabinet de conseil, Portage salarial), mais également en
s’insérant dans des clubs ou en créant une « tribu ». Elle ne
s’oppose pas à l’indépendance ; elle en constitue plutôt une
composante essentielle.
À l’origine, la notion d’autonomie professionnelle apparaît
dans les textes qui composent la convention collective
professionnelle du Syntec. Puis elle devient un concept vivant
et mentionné par la CFDT, dans les informations
communiquées par le Betorpub, qui regroupe, au sein de ce
syndicat, les activités du conseil et de la publicité. La notion
d’autonomie professionnelle introduit une nuance juridique
entre l’indépendance et la relation classique du salarié,
caractérisée par un lien de subordination fort. Elle reconnaît
à un salarié des degrés de liberté qui, jusqu’à présent,
n’étaient pas le fait des relations classiques du travail : choix
des méthodologies appropriées à la résolution de problèmes
posés (conseil et formation), apport d’affaires, liberté de
gérer son temps de travail et de présence dans l’entreprise.
2Consultants : trouvez vos premières missions et développez votre business
Une forte demande d’autonomie et
d’indépendance
L’indépendance professionnelle, comme l’autonomie dans le
travail salarié, progresse rapidement du fait de quatre
éléments : le besoin de la génération des années quatre-vingt
de s’affranchir des contraintes et des incertitudes de
l’entreprise ; l’évolution des entreprises vers une nouvelle
organisation ; le management par projets et le chômage
structurel qui caractérise notre société occidentale.
La génération des années quatre-vingt a un
positionnement différent au regard de l’emploi. D’après une
étude de la European Foundation for the Improvment of
Living and Working Conditions, 25 % des jeunes bac + 5 ayant
plus de cinq années d’expérience aspirent à devenir
professionnellement autonomes. Cette attitude est due au
réalisme acquis au cours d’années difficiles, où cette nouvelle
génération a eu à connaître des parents au chômage et a eu,
elle-même, des difficultés pour trouver un emploi. Ces
diplômés ont le sentiment que l’entreprise n’apporte plus la
sécurité d’emploi, que les sacrifices d’aujourd’hui ne font
plus la carrière de demain. Dès lors qu’ils se sentent capables
d’une autonomie suffisante pour concevoir une offre ciblée
et pour aller au-devant de quelques clients potentiels
identifiables dans le cercle de leurs relations, ils aspirent à
devenir autonomes.
Introduction 3
faire face à des changements de produits ou à des variations
de charge. Il en est de même pour l’ensemble des fonctions
qui adoptent une organisation par projets avec des
ressources variables, en quantité et en qualité, ajustées en
fonction de la conjoncture et des besoins.
Cette évolution, parfois perçue comme regrettable, est
néanmoins inéluctable. Bien qu’elle soit moins créatrice
d’emplois directs, elle induit des demandes régulières de
contributions hautement qualifiées. Les secteurs les plus
concernés sont ceux de l’informatique et de la technologie.
Les autres suivent à distance.
Introduction 5
approbation gratifiante de leur courage. Ce qui revient à
mettre le postulant en difficulté plutôt que de lui donner les
moyens de réaliser son projet.
Pourtant, chacun pourra le constater dans les lignes qui
suivent, il n’est pas nécessaire de se transformer en « bon
vendeur » pour réussir. L’important n’est pas de trouver le
client mais que le client vous trouve.
Les métiers qui consistent à vendre des prestations
intellectuelles dépendent d’une recommandation. Les
prestataires sont, dans la plupart des cas, recommandés. La
recherche de missions, la présentation de l’offre doivent être
parfaitement adaptées à cette réalité. C’est la raison pour
laquelle nous croyons que ce livre a sa place parmi ceux qui
6Consultants : trouvez vos premières missions et développez votre business
ont pour objet de montrer comment aborder les
opportunités créées par les récents changements socio-
économiques.
Nous avons divisé cet ouvrage en cinq parties. La première
montre comment et pourquoi le travail par missions
progresse et s’amplifie au point que l’on commence à y
distinguer une segmentation : conseil, expertise,
management de transition, prestations de service. Les faits
confirment que le marché des missions est en croissance.
N’oublions pas cependant que, si marché il y a, il s’agit de l’un
de ces marchés où c’est essentiellement l’offre qui provoque
la demande. Nous remercions tout particulièrement Frédéric
Marquette, du cabinet EIM, spécialiste du management de
transition de dirigeants, pour l’aide précieuse qu’il a apportée
au chapitre consacré au management de transition.
La deuxième partie délivre des pistes et apporte des
conseils pour créer des opportunités de missions. À quelle
préparation doit-on penser ? Quel positionnement doit-on
adopter ? Quelles représentations peut-on se faire des
besoins des entreprises et de la manière de les aborder ?
Cette partie est le fruit de l’expérience vécue des auteurs et
des expériences approchées des personnes, nombreuses, qui
ont été conseillées et formées par eux avant d’aborder
cette voie nouvelle.
La troisième partie entre de plain-pied dans le concret de
la première mission : auprès de qui la rechercher ?
comment la conquérir ? comment la mener à bien ? Si la
première mission est essentielle, elle n’est pas un
aboutissement. Elle permet de « goûter au plat », de se
déterminer pour la suite, et conduit les candidats à mieux
ajuster leurs prestations et leur comportement. Elle n’est
cependant pas un gage de renouvellement. Il faut, pour
obtenir régulièrement d’autres missions, construire un
véritable « système marketing » qui apporte un volume
d’affaires suffisant en vue de se procurer un revenu
satisfaisant ou de nourrir une expansion répondant à un
objectif ambitieux.
La quatrième partie traite de la construction et de
l’animation des réseaux.
La cinquième partie se préoccupe de la consolidation de
son portefeuille clients, de ses expertises, de l’assise de son
image et de sa notoriété, non pas pour figer les positions,
mais pour assurer une pérennité à l’activité. Consolider
suppose avant tout que l’on prenne le temps de faire le point
et que l’on soit capable de remise en cause. C’est souvent
cette réflexion qui porte à étendre sa capacité
professionnelle et à passer de simple prestataire à
consultant.
Ainsi cet ouvrage offre au lecteur l’expérience récente de
quelques-uns. Il ne sera pas nécessaire de le lire de bout en
bout ni de l’appliquer comme une recette globale aux
éléments indissociables. Il est en revanche indispensable de
confronter ses propres représentations à chaque stade de
cette démarche pour se questionner soi-même de façon
critique et aborder cette réalité, nouvelle et prometteuse,
mieux préparé.
des missions de
conseilLes
8Consultants : trouvez vos premières missions et développez votre business
nouvelles facettes
1
Chapitre 1
Le gisement du travail en
mission
L
e travail en mission, hors cadre des cabinets de conseil
dont c’est la vocation, a longtemps été le fait des
ingénieursconseils qui apportent une expertise
essentiellement à l’industrie, à la construction et au
secteur des services, comme la formation pour adultes, qui
requiert des interventions récurrentes, certes, mais pas
toujours en continu. Aujourd’hui, avec l’augmentation de la
part relative des quinquagénaires dans la population et la
vague importante de chômage, de nouveaux métiers, de
nouveaux profils et de nouvelles fonctions s’exercent dans le
cadre de missions.
Par tradition, des corps de métiers s’exercent en mission,
que ce soit pour le service aux entreprises ou aux particuliers
: les professions libérales pour des prestations intellectuelles
(avocat, infirmier, médecin, juriste, comptable, notaire,
journaliste, coach, enquêteur, experts divers, graphologue,
professeur à domicile…) ou artistiques (peintre, auteur
compositeur, créateur de mode, graphiste…). Elles comptent
cependant un nombre croissant de salariés, même si les
règles applicables à la déontologie de leur profession
subsistent dans le cadre du salariat.
Le gisement du travail en mission 11
Au sein des professions libérales, nous devons distinguer
deux types majeurs :
• les professions libérales dites « réglementées » :
architectes,avocats, experts-comptables, médecins,
notaires, etc. Leurs membres doivent respecter des règles
déontologiques strictes et sont soumis au contrôle de leurs
instances professionnelles
(ordre, chambre ou syndicat). Leur titre est protégé par la
loi ;
• les professions libérales « non réglementées »,
regroupanttous les secteurs économiques ne relevant ni
du commerce, ni de l’artisanat, ni de l’industrie, ni de
l’agriculture, ni des professions libérales réglementées.
Certaines de ces professions sont totalement libres
(consultant, formateur, coach…), d’autres sont soumises à
autorisation d’exercice (exploitant d’auto-école…).
Depuis longtemps, le marché du conseil aux entreprises est
prisé. Les cabinets d’expertise comptable se sont rapidement
diversifiés dans l’activité de conseil en stratégie, emboîtant
ainsi le pas aux grands cabinets réputés comme le Boston
Consulting Groupe, McKinsey, Altran (Arthur D. Little). L’ère
de l’informatique a renforcé ce mouvement, avec la
complexité croissante des systèmes et leur imbrication de
plus en plus forte avec la stratégie de l’entreprise et ses
rapports avec ses clients, fournisseurs et réseaux de
distribution. De plus, le marché des grands acteurs du conseil
est en pleine mutation ; en témoignent les scissions entre les
sociétés d’audit comptable et leurs branches « conseil ».
Aujourd’hui, le travail en mission explose et n’est plus la
chasse gardée des professions libérales ou des sociétés de
conseil.
12Les nouvelles facettes des missions de conseil
La demande des
entreprises/institutions
Les organisations se recentrent sur leur cœur de métier et
externalisent les autres fonctions pour les services à forte
valeur ajoutée technique ou intellectuelle. Les options
retenues sont : la sous-traitance, l’intérim spécialisé, des
cabinets de conseil, des indépendants experts ou des
professionnels autonomes dotés d’une expérience métier et
du secteur.
Aujourd’hui, si certains grands groupes persistent à faire
appel aux grands cabinets d’expertise, les administrations et
autres institutions s’orientent désormais vers l’appel à des
professionnels indépendants quand le besoin ne requiert pas
des équipes d’intervenants en nombre.
Quant aux PME, elles sont désormais préparées à faire
appel au conseil, en l’absence de moyens internes pour
assurer une fonction ou si une expertise pointue s’impose.
N’ayant ni les moyens ni l’envie de s’offrir un cabinet aux
honoraires élevés et pas toujours rompu aux réalités
opérationnelles des structures légères, elles optent le plus
souvent, pour des experts autonomes spécialistes de
Le gisement du travail en mission 15
l’activité de l’entreprise et du champ de compétences requis.
Cette demande de conseil par les PME est favorisée par les
CCI, qui financent partiellement ces interventions avec les
FRAC (fonds régional d’aide au conseil), qui subventionnent,
sous certaines conditions, les honoraires des consultants.
Leurs dirigeants ont fréquemment un niveau d’études
supérieures. Sensibilisés à la complexité des problématiques
dues à l’évolution de l’environnement social et
réglementaire, et à l’implication de chaque entreprise dans le
milieu sociétal, ils sont ouverts au changement. La pression
du time to market est leur quotidien. De ce fait, ils sont
conscients qu’en faisant appel à des spécialistes ils gagnent
un temps précieux et évitent de prendre des risques pouvant
altérer leur compétitivité.
Les « demandeurs », entreprises de tout secteur et de
toute taille, font appel à l’extérieur pour des prestations
intellectuelles de conseil pour des motifs variés :
• besoin d’expertise pointue qui manque en interne pour
iden-tifier un problème ou apporter une solution ;
• besoin d’expérience pour mettre en place des solutions
ouobtenir un support méthodologique ;
• besoin de pallier une absence de ressources ou d’absorber
unesurcharge de travail.
Le besoin d’expertise
L’entreprise fait appel à l’expert quand elle a mal mais ne sait
pas exactement où. Elle a besoin d’un diagnostic ; ou elle fait
appel à un expert, quand, en interne, elle ne dispose pas de
l’homme de l’art pour répondre à une question pointue : en
finance, en ressources humaines, en qualité… L’expert est
plus là en réflexion, recommandations, que pour la mise en
œuvre.
La solution attendue de l’expertise doit minimiser les
risques et répondre aux objectifs poursuivis ; elle va être
16Les nouvelles facettes des missions de conseil
passée au crible pour évaluer la sécurité et les garanties
offertes. Un professionnel ayant déjà été en prise aux mêmes
difficultés, si possible dans le même secteur d’activité et dans
le même champ d’expertise fonctionnelle ou opérationnelle,
rassurera. Mais l’entreprise attend des témoignages et des
preuves quant au bon déroulement des projets menés durant
ces expériences antérieures et de leurs résultats concrets.
Le commanditaire de la mission veut être sécurisé dans ses
choix sur différentes dimensions. Par exemple, il veut être
assuré de la capacité d’innovation, de créativité de la part de
l’expert qui doit prouver sa capacité à s’approprier
l’environnement et à se projeter pour imaginer la façon dont
il va appréhender la problématique. Il souhaite une
description concrète, formalisée par une note d’intention ou
une proposition d’intervention, du processus, des méthodes
ainsi que du déroulé et des livrables à chaque étape de la
mission et à l’issue de l’intervention.
Le besoin d’expérience
L’entreprise a ici, le plus souvent, identifié son besoin de
compétences, mais elle veut gagner du temps dans la mise en
œuvre.
Il s’agit alors de résoudre une difficulté ponctuelle ou
récurrente, dont l’origine est déjà cernée, mais où l’effet
d’expérience du consultant extérieur fait gagner un temps
précieux en évitant des erreurs dues au tâtonnement.
L’expérience permet d’aller droit au but et d’agir sur le levier
de performance qui aura l’impact maximal. Le support
méthodologique et la capacité de mise en œuvre
opérationnelle sont davantage recherchés que l’expertise
pointue.
Par exemple, confier la formation au management pour
des populations d’équipes de superviseurs en centres
d’appels à un formateur expérimenté dans les centres
Le gisement du travail en mission 17
d’appels fait gagner du temps. Un tel formateur est très au
fait des problématiques majeures : réunion de lancement de
la journée avec debrief des résultats de la veille, monitoring
des appels avec coaching pour restituer les résultats à chaque
agent et définir les axes de progrès, entretien mensuel
d’évaluation avec chaque agent, entretien de critique
constructive, de reconnaissance du mérite…
Il s’agit de techniques de management très
opérationnelles, qui couvrent les situations les plus
fréquentes auxquelles sont confrontés les superviseurs. Un
stage de management très conceptuel pour démarrer un
cursus de formation de ces superviseurs aura moins d’effet
immédiat, sur le terrain, qu’un programme moins ambitieux
tel que celui décrit ci-dessus.
Dans le même esprit, l’appel à un directeur de projet
externe se développe car son expérience sur la conduite de
projets dans différents environnements est source de gain de
temps, d’efficacité accrue et d’anticipation des écueils
majeurs.
L’offre de conseil
L’offre de conseil devient multiforme, tant dans les champs
d’intervention concernés que par la typologie des
intervenants sur le marché.
Les champs d’intervention du conseil se sont élargis : ils
concernent le conseil en management, en stratégie, mais
aussi les RH au sens large (recrutement, formation, gestion
des carrières, audit de climat social…), les technologies, le
marketing et la communication (études, communication
institutionnelle, marketing relationnel, marketing
opérationnel, marketing de bases de données, site Internet
de communication ou transactionnel), la logistique, la
finance, pour n’en citer que quelques-uns.
Champs d’interventions
Ces grands cabinets interviennent dans des champs variés :
organisation, stratégie, système d’information, audit et
finance, RH, CRM. Les missions qu’ils conduisent sont souvent
relativement lourdes en temps homme, et avec un impact,
des enjeux et un risque perçus comme importants pour
l’entreprise cliente.
C’est pourquoi l’image et la taille du cabinet, le nombre, la
qualité du recrutement et de la formation de ses
collaborateurs, les processus, méthodes et bases de données
de connaissance (système de knowledge management sur
lequel s’appuient les collaborateurs) sécurisent le client.
Compte tenu de leurs effectifs, ces cabinets sont souvent
organisés par divisions spécialisées par secteurs d’activité ou
par domaines de compétences. Ils ont la capacité d’intervenir
sur de grands projets pluridisciplinaires.
Domaine d’interventions
Ils se spécialisent dans des domaines et dans des secteurs sur
lesquels ils ont acquis une crédibilité de par leur expérience
passée, autour d’un nombre limité d’expertises, dans un
microsecteur d’activité pour lequel ils doivent être perçus
comme incontournables.
L
’autonomie professionnelle est indispensable pour
toute personne exerçant des missions, quel que soit le
statut choisi. Même dans les entreprises dans
lesquelles, nous l’avons vu, le travail en mode projet
se renforce, l’autonomie du directeur de projet est requise.
Le projet lui-même d’ailleurs fonctionne avec une certaine
autonomie par rapport aux structures et aux directions
fonctionnelles, tout en prenant en compte les contraintes de
l’entreprise dans laquelle il est intégré. Pour autant, dès qu’il
s’agit d’exercer cette autonomie hors cadre d’une structure
ou sans s’être doté d’un statut reconnu, se pose la question
de sa reconnaissance. Très vite, la dérive conduit à parler de
précarité, qui laisse entendre que ce choix est subi.
Le choix du statut
C’est souvent la première question qu’on se pose dès que la
décision de proposer une offre de service sur le marché est
prise. Il n’est pourtant pas évident que ce soit la première
décision qui s’impose. Mais, dans notre culture, le « statut »
36Les nouvelles facettes des missions de conseil
est un élément essentiel qui conditionne fortement la réalité
de notre existence. Sachons quand même qu’il n’en est pas
de même chez nos voisins anglo-saxons, davantage
préoccupés par les facteurs clés de réussite de leur business
(le core business et le business model), que par la recherche
d’une identité nouvelle qui les rangerait dans une catégorie
précise.
Ceci pour dire que la question peut être abordée d’une
façon plus pragmatique. Ce pragmatisme dépendra en
premier lieu de la hiérarchisation des priorités telles qu’elles
s’imposent dans une situation concrète.
Exemple 1
Vous décidez de prospecter des prescripteurs ciblés en proposant une
offre en lien avec les besoins d’une micro-cible précise. Vous avez vérifié
que le besoin auquel vous répondez correspond bien à une situation en
tension chez les décideurs de cette micro-cible, autrement dit que le
besoin est conscient, prioritaire et solvable. Votre priorité sera de prendre
des rendez-vous pour faire aboutir votre première commande. Vous aurez
alors l’occasion de vérifier la pertinence de votre positionnement,
d’ajuster vos arguments, de vous rendre compte si ce premier
engagement dans un métier nouveau vous convient. Puis, vous signerez
votre première commande, là encore il vous faudra éprouver votre
motivation en réalisant vos promesses faites auprès du client. Autant de
haies à franchir qui jalonnent cette course de fond.
Dans ce contexte votre besoin se limite à :
Exemple 3
Vous connaissez le métier de consultant et vous voulez fonder une
société pour développer un patrimoine, transmettre un savoir-faire et
participer au progrès de la vie économique dans notre pays ; vous êtes
le candidat idéal à la création d’entreprise. Mais ne vous précipitez pas,
rien est urgent. On a toujours le temps d’envisager une structure car il
existe de nombreuses solutions pour régler les questions
administratives et d’argent.
Une réflexion commune consiste à considérer que le
statut de salarié est celui auquel on doit échapper le plus
vite possible car il ponctionne trop de charges sur les
honoraires sans réelle justification. Gardez-vous de
raisonner ainsi car c’est une idée fausse. Faites la
démonstration économique de ce que vous pensez. Vous
constaterez qu’un indépendant se voit prélever au
minimum 40 % de ses revenus sans garantie équivalente à
ce qu’il a connu en tant que salarié en cas de chômage ou
de cessation d’activité. De plus, la prévoyance qu’il souscrit
ne lui assure pas le minimum de subsistance en cas de
maladie et son assurance responsabilité civile
professionnelle est limitée par un plafond bas et une
franchise élevée. Côté retraite complémentaire c’est la
même chose, la cotisation de base ne permet pas
d’accéder à une retraite décente.
Vous
•Faire un cahier •Consulter un •Ne pas prendre de
souhaitez
des charges juriste décision trop
fonder
précis des spécialisé et rapidement, se
votre
conditions prendre le donner le temps de
entreprise
juridiques et temps réfléchir. Vous
de manière
patrimoniales trouverez toujours
pérenne
que vous une solution pour
souhaitez voir vos premières
respecter par opérations
le statut choisi
(*) Le statut d’auto-entrepreneur n’est pas une panacée. Il est adapté à des
situations où l’intervenant est déjà socialement couvert au travers d’une
activité pour laquelle il cotise à taux plein. Se satisfaire de ce statut au
principal, c’est s’exposer à la précarité et, éventuellement, exposer les
40Les nouvelles facettes des missions de conseil
siens. Par ailleurs il faut préciser que les entreprises se méfient de plus en
plus de ce statut pour deux raisons :
– il ouvre la porte à une requalification en contrat de travail de la mission
sicelle-ci prend une importance telle dans l’activité du consultant qu’on
peut invoquer la notion de dépendance économique ;
– les auto-entrepreneurs souscrivent rarement une RCP suffisante.
TPE www.pme.gouv.fr/eirl/index.php
La création d’entreprise
Les motivations, le profil des cadres créateurs et la nature de
leur activité sont souvent différents de ceux des intérimaires,
bien sûr, mais aussi des portés ou des indépendants.
Nous excluons ici les créateurs du secteur du commerce et
de l’artisanat ainsi que les professions libérales, pour lesquels
la création reste incontournable. Malgré l’assouplissement
des règles et des formalités pour la création d’entreprise,
cette option est de moins en moins privilégiée pour les
activités de conseil aux entreprises dans leur phase de
démarrage. Pourtant le statut de « directeur » rassure ceux
qui se lancent ! Et ils ne peuvent y prétendre en étant
consultant autonome, salarié en intérim ou en portage.
En effet, avoir une entreprise de conseil, c’est bien. Mais
encore faut-il avoir des missions à facturer. Les clients,
également, ont des exigences spécifiques vis-à-vis d’une
entreprise, même unipersonnelle : une plaquette, un logo, un
secrétariat, un bureau, du papier à en-tête… car une
entreprise, même petite, et son dirigeant doivent être à la
hauteur du statut que cela leur confère. Il faut d’ailleurs
souligner que c’est souvent l’entrepreneur lui-même qui
suscite cette exigence vis-à-vis du marché en valorisant son
entreprise et les services qu’elle offre, ainsi que son assise, en
42Les nouvelles facettes des missions de conseil
comparaison d’un indépendant, qu’il soit en portage ou en
libéral.
L’ensemble du travail à réaliser pour créer sa structure est
évalué à plus de 3 semaines pleines au niveau administratif,
sans compter l’énergie à consacrer aux documents
commerciaux, au logo, à la recherche de nom… Ce temps
précieux permettrait probablement de trouver une mission
permettant de rester « sur orbite », en tout cas pour des
prestations de conseil purement intellectuelles.
Pour autant, la création d’une entreprise se justifie
pleinement, même dans le domaine des prestations
intellectuelles, lorsque le créateur atteint un certain seuil
d’activité nécessitant en permanence du personnel. En effet,
l’appel répétitif à la soustraitance ou à des contrats de
mission d’appui devient rapidement lourd à gérer. De plus, la
solution qu’est l’entreprise réduit les coûts de gestion et
facilite l’appel à des confrères, co-traitants, ou à des sous-
traitants ayant eux-mêmes des structures juridiques qui
doivent refacturer leurs prestations. En effet, dans le cadre
du portage, il n’est pas aisé pour un porté qui sous-traite une
partie de son projet de pouvoir le déléguer à un co-traitant
en toute transparence à l’égard de l’entreprise cliente. Le solo
est choisi avant tout en tant que personne et pour sa
personnalité, ne l’oublions pas !
En résumé, on peut dire que la création d’entreprise est
une démarche structurelle qui impose une vision à long
terme. Sauf dans quelques cas précis, cette vision ne peut
engendrer au départ qu’une construction intellectuelle.
Comment visualiser ce que l’on n’a pas expérimenté ? La
réflexion critique nous oblige à dénoncer l’hypocrisie qui
consiste à pousser tant de personnes à l’échec pour légitimer
l’activité des acteurs du domaine de la création. Ces derniers
sont de profils et de métiers très différents ; les banquiers, les
organismes officiels d’aide à la création, les organismes de
formation à la création, des cabinets d’outplacement… Au
Gérer son autonomie professionnelle 43
passage, louons ceux qui défendent la création pragmatique
d’entreprise. Il ne s’agit pas d’apprendre à construire un
business plan qui séduira le banquier tant il est conforme à
son langage et classique dans sa forme. Il ne s’agit pas non
plus de connaître la gestion d’entreprise. Le point crucial est
l’évaluation de l’aptitude du postulant à créer de la valeur
dans un espace généralement concurrentiel. C’est donc le «
business model » qui prime, c’est-à-dire la vision systémique
du succès de l’entreprise. Cet exercice est difficile et périlleux
en dehors de toute expérimentation. Dans le cas d’une
activité de conseil, autant utiliser tous les moyens préalables
pour tester son approche avant de se lancer dans une
construction dont il sera plus difficile de sortir que d’entrer.
La création d’entreprise s’adresse d’emblée à ceux qui ont
impérativement besoin de locaux permanents,
d’investissements en matériel de production, d’embaucher
du personnel. Autrement dit, la société sert en premier à la
mise en place de moyens structurels.
Dans un second temps, elle se révélera utile pour donner
une existence patrimoniale à des éléments incorporels dont
la valeur sera devenue certaine : image, clientèle, savoir-faire,
etc.
C’est ce second temps qui intéresse ceux qui se lancent
dans le conseil. Aussi, avant d’y parvenir, mieux vaut recourir
à des formules plus appropriées que la création d’entreprise
pour vérifier la viabilité de son projet.
Bien que ces éléments soient souvent connus, un facteur
joue souvent en faveur de la création d’entreprise auprès du
porteur de projet : le statut. La perte d’emploi est souvent
synonyme de perte d’identité. Pouvoir dire « j’ai créé mon
entreprise » est réparateur pour ceux qui ressentent
cruellement la perte de statut. Mais attention !, dans ce cas,
l’échec de la création n’en sera que plus douloureux.
Créer son entreprise, c’est non pas déposer des statuts,
mais réussir un projet. Il faut donc se donner toutes les
chances de réussir.
44Les nouvelles facettes des missions de conseil
Les aspects « lourdeur administrative » ainsi que le poids
des charges et le besoin de conseil et d’accompagnement
sont prépondérants dans la dissuasion. Ce qui semble militer
en faveur de l’indépendance ou du portage, quand l’activité
choisie permet ce choix, puisque c’est la solution de facilité
par excellence. Elle évite le double saut périlleux de la
création qui impose les lourdeurs administratives et de la
gestion courante.
Ceux qui se lancent dans l’entrepreneuriat privilégient trois
partenaires : l’expert-comptable, la chambre de commerce et
la chambre des métiers.
mission 2
Chapitre 3
Se préparer
psychologiquement et
matériellement
A
vant de se lancer, le consultant autonome va devoir
réfléchir aux réelles compétences et expertises
cumulées à travers ses années d’expérience. Pris par
la tourmente de l’action et porté durant des années
par ses fonctions successives en entreprise, où la remise en
cause de ses pratiques professionnelles est loin d’avoir été
son quotidien, le professionnel aspirant à l’autonomie
professionnelle a oublié comment il avait appris, ce qu’il
maîtrisait réellement et les qualités spécifiques qui
contribuaient le plus à ses succès.
Le réapprentissage de la compétence
Au départ, nous ignorons ce que nous ignorons. Le monde du
travail exacerbe et survalorise ce que nous savons puisque ce
sont ces connaissances qui justifient notre emploi, et donc
notre salaire. Il en résulte une vision très large et diluée de
nos champs de compétences et de nos savoirs, de notre
présentation, de notre CV. Celle-ci est à l’opposé de ce qui
concourt à la crédibilité du professionnel en quête de
mission.
Ce type de présentation est à l’opposé de ce qui concourt
à la crédibilité du professionnel en quête de mission.
En pratique
En pratique
Il est vivement recommandé de se faire conseiller par des experts du
domaine dans lequel nous voulons nous positionner pour définir les
objectifs et les thèmes de la formation, et par des spécialistes de la
formation pour sélectionner les formations et l’organisme ad hoc. De
même, pour choisir les bons ouvrages et les bonnes revues sur le sujet,
après une présélection sur Internet ou dans des librairies spécialisées,
il est utile de s’appuyer sur des avis de lecteurs experts du domaine
pour mieux cibler les sources d’information. Aujourd’hui, les blogs ont
une utilité certaine dans ce décryptage des bons ouvrages.
Exemple
Pour apprendre à nager à un enfant, il est simple d’expliquer la
décomposition des mouvements des bras ou des jambes. En revanche,
pour expliquer comment synchroniser jambes et bras, quelle difficulté
! Il vous faudra probablement vous mettre une bouée et refaire le
mouvement vous-même pour trouver comment l’expliquer au jeune
apprenti nageur.
Se préparer psychologiquement au
métier
Le consultant autonome va devoir accepter la perte de statut
que lui conféraient la société qui l’employait, le poste qu’il
occupait, voire les équipes et la secrétaire qui lui étaient
rattachées. On ne peut occulter aussi tous les autres signes
de reconnaissance extérieure liés : voiture de fonction,
bureau spacieux avec une adresse…
Il va devoir aussi intégrer le fait de se vendre et de produire
sa prestation. Ce qui impose également de préparer ses outils
d’aide à la vente, comme sa biographie, ses fiches produits et
ses outils de production : méthodologie, modèles, concepts…
Il devra s’investir dans la maîtrise des outils informatiques
54Se préparer à obtenir sa première mission
pour assumer son autonomie et avoir la réactivité requise
face aux demandes des clients. Certains consultants font le
choix, au départ, de s’appuyer sur un secrétariat. Très vite, ils
comprennent la nécessité d’être également autonomes dans
ce domaine pour pouvoir faire de la veille sur Internet,
envoyer immédiatement un compte rendu de visite,
personnaliser un document existant avant de l’envoyer à un
prospect…
Mais le plus difficile reste bien la perte de statut. Et
s’accrocher à son statut passé, le faire valoir en permanence
chez un client, pis, chez un prospect, tue la relation de
confiance car démontre une amertume sur l’exercice de ce
métier, et non un choix.
En pratique
Avant de vous lancer, assurez-vous que vous êtes bien aligné avec ce
choix, que vous êtes déjà projeté dans l’avenir.
Accepter le nomadisme et la
solitude
La plupart des cadres restent accrochés au modèle de la
carrière ascendante sans rupture. Le modèle du « parcours
sans faute » reste prégnant, alors que la réalité est tout
autre. Aujourd’hui une grande partie des cadres qui ont la
cinquantaine a vécu une période sans emploi ou de
changement de poste subie plus que désirée. Le tassement
des pyramides hiérarchiques, le développement du travail
par projets dans les entreprises, l’accélération des fusions-
acquisitions dans les grands groupes contribuent à la mobilité
vers des fonctions transversales ou d’expertise, sans pour
Se préparer psychologiquement et matériellement 55
autant être « propulsé » dans des sphères hiérarchiques plus
élevées.
Du coup, les seules connaissances ou savoir-faire
techniques et comportementaux deviennent insuffisants.
En pratique
Il faut apprendre à repenser sa carrière, accepter la remise en cause et
identifier ce qui a un véritable sens et nous fait nous épanouir
professionnellement. Sans cela, il est dur de supporter et de bien vivre
l’anéantissement des schémas qui nous avaient forgés et fait avancer.
Il faut investir dans deux domaines-clés :
• la construction de réseaux qui stimulent les échanges et dans
lesquels nous trouvons des racines mais aussi des ressources pour nous
alimenter, nous enrichir. Ils créent aussi un lien, un sentiment
d’appartenance à un moment où, justement, la trajectoire de carrière
linéaire se trouve ébranlée et les besoins sociaux sont forts ;
En pratique
Exemple
Le consultant peut rencontrer le client au moment même où celui-ci
vient de démarrer un projet avec un appui externe. Même s’il séduit ce
client potentiel, il devra patienter jusqu’à la fin du premier lot engagé
pour avoir une opportunité d’être interrogé pour le deuxième lot
éventuel, ou lors du renouvellement de la consultation si celle-ci est
annuelle.
Le client a un besoin identifié pour lequel il veut s’appuyer sur un expert
externe. Il demande une proposition en urgence. Mais, entre-temps,
une priorité opérationnelle ou la nécessité de préparer le terrain pour
l’intervention, par exemple par une communication interne ou une
étude préalable à réaliser, ou la nécessité de nommer un
coordonnateur du projet en interne, peut différer le démarrage de
Se préparer psychologiquement et matériellement 61
l’intervention. Pour le client, la vie continue. Mais pour le consultant en
attente, le temps paraît souvent très long.
L’aptitude à décider
Il doit être capable de réfléchir en amont, puis de décider,
sans revenir sans cesse en arrière en cas de divergence de
points de vue. Il doit aussi savoir s’engager rapidement si
l’importance et/ ou l’urgence le requièrent. Il doit surtout
gérer ses priorités, son temps en incluant les tâches qui le
rebutent. Par exemple, il doit s’attaquer en priorité, en début
de journée, aux travaux nécessitant concentration et relayer
Se préparer psychologiquement et matériellement 63
les travaux de routine à des moments de fatigue, sauf en cas
d’urgence.
Cette aptitude à décider doit être forte chez le consultant
autonome. En revanche, il doit être flexible et modeste vis-à-
vis des clients qu’il accompagne.
En pratique
• Donnez l’impression à vos clients que ce sont eux qui ont opéré
les choix, alors même que c’est vous qui leur avez donné les éléments
conduisant à la décision.
En pratique
L’expertise du domaine et du secteur d’activité et l’expérience du
terrain sont des atouts majeurs, à condition de les faire valoir en termes
de bénéfices à plusieurs niveaux pour son interlocuteur : en tant que
personne d’abord, dans le cadre de sa fonction, pour son entreprise
globalement.
Si la démarche intellectuelle paraît simple, s’y adonner est
plus difficile, surtout pour des personnes d’expérience qui
n’ont jamais eu à vendre leurs services. Qui plus est, les
consultants autonomes ont été habitués, dans leur vie
antérieure de salariés, en tant que directeurs ou encadrants,
à être suivis par leurs équipes ou les autres collaborateurs du
fait de leur statut.
Durant les premiers pas, le doute s’installe chez le nouveau
consultant. En effet, bien des mécanismes développés
jusqu’alors pour convaincre ou faire adhérer s’avèrent
inappropriés ou d’impact limité face à un client qui doit
décider de lancer un projet et sélectionner un consultant
autonome. De même, il va falloir faire accepter en interne les
changements qu’engendre l’intervention.
On perçoit donc la différence d’exercice auquel doit se
livrer un consultant par rapport à l’entrepreneur aux
commandes de sa société. Mais ce dernier n’a pas non plus
toute la liberté de manœuvre : les actionnaires, les syndicats,
le banquier exigent souvent d’être convaincus du bien-fondé
Se préparer psychologiquement et matériellement 65
des choix opérés surtout dès que des investissement sont en
jeu, avec les financements associés. Le consultant doit donc
faire preuve de talent de vendeur et de négociateur.
Le discernement
C’est l’aptitude à ne pas se laisser leurrer, duper, à identifier
l’envie réelle du client pour le projet et son pouvoir
décisionnel.
Le professionnel consultant doit être capable d’évaluer si
son interlocuteur est seul décideur, s’il a un véritable projet,
un budget et une date proche de réalisation, au risque de
s’user à écrire des notes d’intention ou des propositions qui
ne verront jamais le jour. En effet, pour se donner bonne
conscience et nourrir leur espoir, trop de consultants
sollicitent des prospects et insistent pour proposer leurs
services. Pour les éconduire élégamment, ou simplement «
pour voir si cela peut finalement être utile », certains clients
cèdent à la tentation et demandent une offre. Or une offre
construite sans une forte implication du client répond
rarement à un besoin prioritaire susceptible de déclencher
l’octroi d’un budget. Pour autant, dans bien des cas, le
consultant se doit d’être force de propositions. Nous verrons
par la suite comment et aussi le nécessaire discernement qui
doit l’accompagner pour transformer un contact en mission.
La capacité d’adaptation
Le professionnel consultant doit s’adapter à des situations
nouvelles, à des personnes différentes en termes de fonction,
de statut, de niveau hiérarchique, à des rythmes de travail
asynchrones, à des tâches variées faisant appel à des
aptitudes parfois difficilement conciliables et sollicitant les
deux hémisphères cérébraux : le cerveau droit pour la
créativité, la vision globale, l’intuition et le cerveau gauche
66Se préparer à obtenir sa première mission
pour les travaux d’analyse, la gestion de l’activité par
exemple.
Un consultant ni flexible ni adaptable n’a aucune chance de
tenir sur la durée. Sans souplesse, il déploiera beaucoup
d’énergie pour des résultats médiocres. Pour illustration, l’«
entrée en force » chez un prospect ne donne que très
rarement des résultats. Le consultant qui l’aborderait ainsi,
en étant péremptoire et insistant, court à l’échec. Il va vite
perdre en enthousiasme et optimisme.
Une autre caractéristique du travail en mission est la
variété des rythmes et des activités : les rythmes des phases
de prospection, par exemple, sont très différents des
rythmes de production de rapports en solitaire ou
d’animations d’équipes projet chez les clients. Ensuite, la
fidélisation d’un client passe par des missions de registres
et de tempos variés : étude/audit, conduite de projet,
management d’équipes pour la mise en œuvre de
solutions…
En pratique
Il faut fonctionner en mode multitâche pour gérer tant le commercial
que la production, l’administration et la gestion de vos compétences. Il
faut sans cesse avancer sur plusieurs fronts en même temps :
En pratique
• éviter les pièges bien souvent déjà connus dans certains métiers ou
secteurs. Par exemple, mettre en place une approche de gestion de la
relation client avec des technologies appropriées sans intégrer et motiver
les équipes garantit l’échec. Pourtant, l’analyse du cahier des charges de
plus de 50 projets CRM démontre qu’il y a encore quatre ans la majorité
occultait l’aspect conduite du changement et motivation des hommes.
L’un des auteurs peut en témoigner grâce à une étude réalisée sur le sujet,
qui lui a permis d’interviewer plus de 100 entreprises et 30 cabinets de
conseil en technologie CRM. Encore aujourd’hui, malgré la littérature qui
démontre les échecs cuisants dus à la non-prise en compte des hommes
dans ce type de projet, il subsiste de nombreuses démarches où les
hommes sont mis au service de la technologie, et non la technologie au
service des hommes ; • structurer les enseignements et les acquis de
chaque mission. Ce temps investi se rentabilise, tant dans la recherche des
futures missions par un meilleur ciblage, un discours plus efficace avec des
illustrations et des chiffres-clés à l’appui… que dans la transformation des
projets en mission. Surtout, quand le consultant aura signé et devra
produire, il sera plus professionnel, crédible, et consacrera moins de
temps en non-facturé ou en « back-office ». Il accroît ainsi ses chances de
fidéliser son client ou de se faire recommander. Un autre bénéfice de cette
Se préparer psychologiquement et matériellement 71
capitalisation d’expériences est purement personnel. Le consultant se
développe, enrichit son patrimoine d’expertise et a le sentiment d’un
travail moins routinier. Il développe aussi ses capacités à
conceptualiser ses acquis pour en déduire des méthodes et des outils
sur lesquels s’appuyer et se différencier. La force de la majorité des
cabinets de conseil importants réside justement dans les bases de
connaissances qu’ils ont créées au fur et à mesure de leurs missions,
des modèles et des méthodes qu’ils conçoivent, des ouvrages, des
articles qu’ils publient, ou des conférences dans lesquelles ils
interviennent. Un consultant autonome, à son échelle, doit s’astreindre
au même type d’exercice. Nous reviendrons sur ce thème au chapitre
12.
Se préparer matériellement
Les conditions matérielles doivent être prises en compte sous
peine de compromettre la suite.
Le point-clé est de privilégier l’action et le terrain à la fuite
dans une préparation sans fin. Il convient de s’adapter à des
besoins objectifs plutôt que d’anticiper des besoins
imaginaires qui seraient source de dépenses et de perte de
temps.
Mettez-vous donc dans des conditions matérielles
minimalistes, mais économiquement optimales et
professionnellement efficaces.
Se préparer psychologiquement et matériellement 73
En pratique : Organiser son espace de travail
L’espace commercial
Pour nuancer le propos, il convient de préciser que, si le
métier contraint à recevoir des personnes de manière
fréquente, par exemple dans le cas de consultants réalisant
des bilans de compétences, il sera nécessaire de louer un
bureau d’accueil. Mais, dans la phase d’amorce de l’activité,
il est vivement recommandé de regrouper ses rendez-vous et
de louer un bureau à la journée dans un centre d’affaires.
Comment faire, alors, pour les rencontres occasionnelles
dans le cas de consultants qui interviennent pour l’essentiel
en entreprise ? Les clients souhaitent, bien entendu,
rencontrer leurs interlocuteurs lors de leurs déplacements ou
se déplacer pour sortir d’un cadre où ils sont trop sollicités.
74Se préparer à obtenir sa première mission
Dites-vous bien que vous n’aurez jamais, au moment où vous
démarrerez votre activité de consultant, un bureau qui
corresponde à celui d’un dirigeant. Mieux vaut donner vos
rendez-vous dans le salon d’un grand hôtel à un endroit qui
peut arranger votre interlocuteur. Vous pouvez
confortablement vous asseoir, prendre un verre et converser
discrètement.
Personne ne s’étonnera que vous n’ayez pas un bureau
luxueux dans un quartier prestigieux si vous vous présentez
simplement pour ce que vous êtes, un expert autonome.
Dès lors que vous donnez à votre communication l’image
d’une société, vous devrez assumer cette promesse.
Beaucoup le font pour se rassurer sans nécessité. Vous
susciterez la curiosité sur vos moyens, vos locaux, votre
personnel, et vous risquez de vous piéger vous-même.
Donner à vos outils de communication une apparence
institutionnelle est une tentation courante et dangereuse.
Plusieurs motivations poussent à tomber dans cette ornière :
• le référentiel acquis. Un cadre d’entreprise possède
uneconnaissance des moyens et des techniques de
communication acquise en entreprise. Il est donc tenté de
dupliquer ce qu’il a connu ;
• l’absence de structure. Elle crée un vide que l’on cherche
àcombler en créant un espace virtuel qui se donne toutes
les apparences de l’entreprise ;
• le besoin de se donner une perspective exigeante en
prévoyantune ascension rapide vers la création
d’entreprise. Mais, par métaphore, acheter des costumes
trop petits ou trop grands dans l’espoir de s’affiner ou de
grandir aboutit rarement au résultat escompté. Ce sont les
moyens, la volonté, l’énergie, voire de nouveaux modes de
vie qui concourent le plus souvent à une perte ou à une
prise de poids, pas le costume dont l’individu espère
prochainement se vêtir avec l’élégance recherchée.
Se préparer psychologiquement et matériellement 75
Dans tous les cas, se donner une apparence d’entreprise
alors qu’on ne pourra en donner la preuve et que l’on devra
se lancer dans des explications peu crédibles et avec un
surcroît d’autojustification est contre-indiqué. Même si vous
avez choisi une entreprise de Portage salarial dans le but de
vous présenter comme membre d’un cabinet de conseil,
n’oubliez pas que c’est vous que l’on choisit. Vous êtes le seul
qui peut rendre crédible le bénéfice que vous prétendez
apporter. La structure doit rester en arrière-plan.
Le téléphone
Vos clients et prospects doivent pouvoir vous joindre
rapidement. Pour ce faire, votre portable est l’outil le plus
approprié. Communiquez systématiquement votre numéro
de téléphone portable et gardez une ligne fixe pour le fax et
l’ADSL. Servezvous correctement de la messagerie et
personnalisez votre message d’accueil, qui doit rester discret,
simple, précis et professionnel. Soyez exigeant et enregistrez-
le plusieurs fois si nécessaire. Il donne souvent la première
image de vous.
P
our trouver une mission, l’emporter et la produire
dans les meilleures conditions, il est indispensable de
définir votre positionnement, de repérer votre
expertise et de la formaliser, de savoir vous
présenter par une biographie synthétique qui rend tangible
votre expérience. Vous aurez aussi à créer des fiches de
produits qui décrivent votre offre de service. Ce chapitre vous
accompagne dans la formalisation de ces outils.
Se différencier par son positionnement, son expertise et son offre 81
L’expertise
Un expert démarre le plus souvent sa prestation par un
diagnostic de la situation. Il ne s’agit pas d’un simple tour
d’horizon pour comprendre correctement la problématique
et son environnement, mais d’organiser une vision critique et
technique afin de découvrir ce qui doit être fait.
Exemple
Un industriel de la menuiserie PVC souhaite faire passer son atelier
d’une production de 200 fenêtres par jour à 300. Il pourra questionner
un expert sur les investissements appropriés à réaliser, en précisant
qu’il ne souhaite pas changer de locaux. Dans ce cas, l’expert proposera
de faire un diagnostic détaillé de la situation, avant d’envisager de
proposer des solutions qu’il accompagnera ou non. L’expert est aussi
celui qui intervient dans le cas de la mise en place de processus qualité.
Dans ce cas également, il doit, au préalable, réaliser un diagnostic
approfondi.
Exemple
Un expert peut être spécialisé dans la certification ISO des PME du secteur
des usines de production d’emballage. Il n’aura pas les mêmes tarifs que
l’expert de la certification d’une grosse usine de production d’énergie
nucléaire rattachée à un grand groupe et ayant des fournisseurs et clients
Se différencier par son positionnement, son expertise et son offre 83
grands comptes, ne serait-ce qu’en raison de la taille du client et de la
complexité du système dans lequel il opère.
L’executive
Le consultant est choisi pour apporter son expérience, soit
dans le cadre d’une mission, soit pour être manager de
transition. Il intervient auprès des directions des entreprises
et des groupes d’au moins 500 personnes.
Trois domaines privilégiés sont ciblés par ce type
d’intervenants de haut niveau : la stratégie, la finance et le
management, dans une position d’« assistance à maîtrise
d’ouvrage », comme disent les informaticiens ou les
Se différencier par son positionnement, son expertise et son offre 85
spécialistes de la construction. Souvent, il s’agit d’un ex-
dirigeant doté d’une expérience suffisamment riche pour la
faire partager. Ses tarifs sont élevés, comme ceux des
experts, et il travaille essentiellement grâce à son carnet
d’adresses. Intervenant le plus souvent seul, il bénéficie
d’une image prestigieuse auprès d’une cible précise de
dirigeants. Il entretient son réseau en participant à des clubs,
des assemblées, des salons, des événements qui comptent
pour les sommités de son secteur de prédilection. Il écrit,
communique en public et se rend incontournable. Les
executives représentent 15 à 20 % des consultants.
Quelques différences importantes existent entre le
consultant à la recherche de missions et celui optant pour le
management de transition.
doit :
Se différencier par son positionnement, son expertise et son offre 87
• être rompu aux modes de fonctionnement des grandes entreprises
multinationales car ce sont elles qui font le plus souvent appel à ces
profils. Au temps de la nouvelle économie, les business angels y ont eu
recours pour accompagner les jeunes pousses, essentiellement des
PME françaises ; • parler au minimum couramment l’anglais, et si
possible une autre langue étrangère ; • être un manager reconnu
ayant occupé des postes à responsabilité en entreprise ;
En pratique
Lors de la rédaction de la proposition, souvenez-vous de cette règle :
vous devez gérer le risque du client lors de la première proposition. Si
la problématique qui vous a été confiée est large, définissez des étapes
et contentezvous de chiffrer seulement les premières. Les suivantes
seront mieux définies et leur coût mieux appréhendé une fois cette
première partie réalisée.
Expert dans la vente de services à haute valeur ajoutée auprès des grands
comptes dans le cadre de relations B2B
Compétences particulières
Expérience internationale forte
Vente de services de haut niveau sur mesure et impliquant la coordination
d’équipes pluridisciplinaires
Maîtrise de l’ingénierie, l’encadrement, le commercial de haut niveau, le
business development en B2B, impliquant travail d’équipe et dynamisme
Capacité à gérer des situations complexes impliquant responsabilité et
risque
Parcours professionnel
Depuis novembre 2003 : consultant autonome en accompagnement des
grands comptes, dans la mise en place d’une gestion à haute valeur ajoutée
de leurs utilités dans une optique développement durable ;
accompagnement des sociétés de services dans la mise en place d’une
politique grands comptes dans le cadre de relations B2B
Se différencier par son positionnement, son expertise et son offre 97
Entre janvier 2000 et octobre 2003 : groupe Suez, leader mondial dans les
98Se préparer à obtenir sa première mission
services liés à l’énergie, l’eau, les déchets : strategic markets vice-president en
sidérurgie, métallurgie, micro-électronique, agroalimentaire ; strategic
accounts vice-president de Usinor et ST Microelectronic puis de Unilever et
Danone
Missions
Développer les positions commerciales de Suez auprès des grands comptes
industriels en assurant, d’une part, la coordination commerciale avec les
différentes sociétés du groupe Suez, et, d’autre part, le suivi des relations avec
les groupes industriels clients
Mettre en œuvre une politique multiservice dans le cadre de projets
d’externalisation des utilités industrielles
Résultats
De nombreux projets initiés et pilotés (ST Crolles, Coca-Cola, Nestlé, Yoplait)
Signature d’un partenariat exclusif et mondial avec Danone en externalisation
des utilités secondaires et du traitement des eaux (CA : 6 M€ par an sur 5 ans et
20 usines)
Mise en place d’une relation forte avec NPI Bestfoods France (Unilever) sur des
projets d’externalisation mono- et multiservices ; réussite dans de nombreux
projets du type gagnant-gagnant à valeur ajoutée et axes de progrès
économiques (7 projets gagnés de 200000 à 2 M€ par an) De janvier 1983 à
décembre 1999 : Société Degremont, leader mondial dans le traitement des
eaux
1983 : ingénieur d’affaires France et export : nombreuses réalisations de
stations d’épuration
€
1985 : ingénieur d’affaires exceptionnelles (projets de plus de 10 M ) : livraison
clés en main des 3 stations d’épuration pour la Ville de Lisbonne en partenariat
avec Vivendi et les 4 plus grosses entreprises de génie civil du Portugal 1990 :
directeur d’exploitation des stations d’épuration de la Ville de Lisbonne (20 M€
de CA annuel, 85 employés)
1993 : directeur régional pour le sud-est de la France, nombreux contrats gagnés
dans les collectivités territoriales et les industries (CA annuel moyen de 16 M€,
25 collaborateurs)
Langues
Anglais courant (lu, écrit, parlé) Portugais (lu
et parlé)
Formation
Se différencier par son positionnement, son expertise et son offre 99
Ingénieur ESIP, option traitement de l’eau et nuisances industrielles, master
of science in environmental engineering, OSU, États-Unis
Centres d’intérêt
Les relations humaines
La théologie
Le développement durable
100Se préparer à obtenir sa première mission
Voici deux fiches expertises réalisées par le consultant à partir de ce CV.
Se différencier par son positionnement, son expertise et son offre 101
Quel est l’objet de prestataire pour des projets de gestion
votre expertise : de complète des utilités du type eau, énergies
quoi s’agit-il ? secondaires, déchets
Fiche expertise n° 2
Élaboration du
cahier des Quelle est votre microcible : à qui est
charges, analyse destinée cette prestation ?
des offres et aide à Qui sont les prescripteurs que vous
la décision pour le connaissez ?
choix du Bénéficier de l’expérience d’un spécialiste
international dans la conduite ou le contrôle de
102Se préparer à obtenir sa première mission
tout ou partie de clients/ prestataires.
grands projets
réclamant un Industrie (grands comptes) et collectivités
savoir-faire dans ses territoriales qui sont maîtres d’ouvrage dans
composantes de un rôle de maître d’œuvre ; les sociétés de
management, services prestataires dans un rôle de spécialiste
gestion technique apportant du conseil.
et financière, Les « anciens » clients industriels, les filiales de
achats, animation Suez et éventuellement des cabinets
d’équipes, relations d’ingénieurs conseil.
Énoncez votre expertise en une phrase : Expérience terrain dans la
direction d’exploitation de grosses stations de traitement de l’eau.
Bilan Accompagne-
Entretien Projet Réalisation professionnel ment vers
d’orientation professionnel du projet
et personnel l’autonomie
Méthododologie
L’accompagnement repose sur un suivi individuel et sur des formations en petits
groupes.
Lors de l’entretien d’orientation, vous rencontrez le consultant référent qui
vous accompagne pendant votre parcours. D’autres conseillers pourront
intervenir au cours de certaines étapes pour vous faire bénéficier de leur
expérience. L’entretien d’orientation, le bilan professionnel et personnel,
l’élaboration du projet, puis l’accompagnement à sa réalisation se font à
l’occasion d’entretiens individuels, avec votre référent. Ces entretiens, d’une
durée variable selon l’étape du processus dans laquelle vous vous trouvez, sont
espacés d’une à deux semaines en moyenne. Entre ces entretiens, le contact
téléphonique est toujours possible avec votre consultant.
Se différencier par son positionnement, son expertise et son offre 105
Les formations se déroulent en petits groupes. Cet aspect collectif (groupes de
5 ou 6 personnes) vous permet d’enrichir votre approche en bénéficiant de
l’expérience des autres stagiaires. La formation aux entretiens de recrutement
repose sur un entraînement par des mises en situation. Il est intéressant de
connaître le rôle et les ressentis du recruteur pour mieux se positionner en
tant que candidat.
Un engagement et un travail personnel vous seront demandés tout au long
du parcours.
Des documents de travail vous sont fournis pour la réalisation du bilan de
compétences (bilan professionnel et personnel et élaboration du projet).
Dans le cadre de vos recherches d’emploi, des supports de recherche vous
sont également proposés (presse spécialisée, annuaires, Internet…).
Rédiger sa biographie
La biographie doit être rédigée chronologiquement après
l’expertise pour orienter le descriptif de parcours vers
l’expertise et l’offre à promouvoir. Elle sert à se présenter de
façon synthétique et nourrit l’annexe des propositions
commerciales pour rendre tangibles par des faits et des
preuves les savoir-faire de l’expert.
Une biographie doit être intentionnelle et focalisée, à la
différence d’un curriculum vitae qui est exhaustif, descriptif,
chronologique et raconte tout le parcours. Ce dernier met en
exergue vos évolutions et la largesse des compétences
acquises tout au long de votre carrière. Bien sûr, il est adapté
au poste à pourvoir et à l’entreprise qui recrute. Mais il
supporte difficilement des « trous » de carrière, hormis
lorsqu’ils se justifient par des motifs admis par les codes
professionnels comme un congé sans solde ou de maternité…
L’art consiste à occulter du curriculum vitae les périodes
éventuelles d’inactivité et à valoriser la croissance linéaire de
la carrière.
106Se préparer à obtenir sa première mission
Une biographie n’a pas pour ambition de présenter tout le
parcours du professionnel consultant. Elle vise à démontrer la
cohérence entre expériences et expertises pour une microcible
et en apporter la preuve : formation de base et continue,
maîtrise du domaine d’intervention, maîtrise du secteur
d’activité, de la problématique posée, du cycle de
développement dans lequel se situe l’intervention (croissance,
crise, lancement d’un nouveau projet, maintenance du projet
ou des acquis…).
Aussi, dans une biographie, certaines étapes de la carrière,
trop éloignées de l’expertise et de la microcible, seront
ignorées afin de ne pas en brouiller la lisibilité et d’en
minimiser le pouvoir d’attraction.
Exemple de biographie n° 2
Après une formation d’ingénieur en traitement de l’eau et nuisances
industrielles à l’ESIP de Poitiers et un master of sciences à Oregon State
University, aux États-Unis, Jean-Marc Durand, au sein de la société
Degremont, filiale de Suez, a gagné de multiples appels d’offres dans le
domaine du traitement de l’eau et a piloté quelques opérations clés en main
d’envergure telle que la construction des stations d’épuration de la Ville de
Lisbonne ou la mise en place de process de pointe chez des grands comptes
industriels.
Ces expériences réussies lui ont permis de démontrer sa capacité à mettre
en œuvre des compétences multiples au travers de circuits relationnels
complexes dans le souci d’atteindre, voire de dépasser, les objectifs
contractuels. Par la suite, au sein de la holding Suez, il a étendu son champ
d’action en pilotant des opérations non seulement de traitement d’eau, mais
également de gestion des énergies secondaires et de gestion des déchets.
Se différencier par son positionnement, son expertise et son offre 109
C’est pourquoi, aujourd’hui, Jean-Marc Durand souhaite apporter son
expertise dans la maîtrise d’œuvre de tout ou partie de grands projets de
gestion des utilités du type eau, énergies secondaires et déchets auprès des
grands comptes industriels et des collectivités locales qui souhaiteraient
avoir, à leur côté, un professionnel expérimenté.
Exemple de biographie n° 3
Après une formation de hautes études de commerce à l’EM Lyon, Arielle B a
contribué à réaliser les messages d’offres cosmétiques et les actions de
fidélisation des clients actifs de la marque Jacques Sinel, filiale du groupe
Camers. Puis elle s’est spécialisée dans la réalisation de catalogues de
produits cosmétiques et la mise en place d’opérations de fidélisation et
d’acquisitions de clients auprès d’une cible de femmes de 30 à 60 ans.
Importance
d’une
Processus de expertise
résolution externe pour Offre du
Commentaires
correspondant l’entreprise et consultant
au besoin niveau de
pertinence
pour l’offre
3 Mettre en ** Au plus,
Choix adéquation les C assistance à
techniques : choix maîtrise
architecture techniques d’ouvrage et
réseau, matériel avec le cahier méthodologie
et logiciel des charges de sélection
**
4 Paramétrer le Au plus,
C
Formation d’un logiciel et assistance dans
administrateur maintenir la la sélection de
de données base de la personne
données à jour appropriée
6 Inclure le ** Au plus,
Boucle de processus dans C assistance à la
progrès la mise en place
démarche qua-
d’indicateurs
lité de
pertinents
l’entreprise
Se différencier par son positionnement, son expertise et son offre 113
Processus de résolution d’un besoin présenté en vue de
114Se préparer à obtenir sa première mission
construire une offre
***
C
onstruire une plaquette en ayant sauté l’étape de la
définition de son positionnement et la formalisation
de son expertise, de sa biographie et de son offre
s’avère peu efficace, voire totalement inopérant.
Pourtant, la majorité des consultants que nous rencontrons
appréhendent la démarche en s’attelant en priorité à quatre
éléments-clés pour eux :
• une plaquette de présentation luxueuse ;
• un site Internet ;
• un mailing en nombre auprès de tous les membres de
leurréseau ;
• un business plan ou un plan de charge.
Ils occultent le travail préparatoire de clarification. Il est
vrai qu’en rédigeant leur plaquette, ils vont probablement
être contraints de penser à leur expertise et leur offre. Mais
ils risquent aussi de se disperser et diluer leur savoir-faire
pour ressembler à toutes les sociétés de conseil dont ils
auront eu soin de se procurer les outils de communication
institutionnelle.
Préparer ses outils et son plan de charge 119
Notre parti pris va à l’encontre de cette démarche et nous
allons l’expliciter au travers de l’analyse critique de ces quatre
éléments pour un consultant en phase de lancement de son
activité.
La plaquette
La plaquette va stimuler la créativité, demander un effort
certain de rédaction, s’inspirer le plus souvent de celles des
cabinets réputés qui disposent souvent d’équipes et
d’expériences qui légitiment une approche « extensive » et
très large de leur offre, mais aussi des références
prestigieuses à mettre en avant sur des dossiers où plusieurs
consultants du cabinet auront travaillé. En effet, une fois
imprimée, et compte tenu des frais importants de
conception, il faut lui assurer une certaine pérennité et
pouvoir répondre aux attentes d’une cible la plus large
possible dans le cœur de métier du cabinet. Pour un
professionnel autonome, le risque est donc de construire une
plaquette « attrape tout », qu’il va imprimer en nombre pour
rentabiliser, sur une période longue, ses investissements
financiers et en temps de conception. De notre point de vue,
graver dans le marbre son offre, via une plaquette, dans une
phase de démarrage d’activité est trop risqué et trop coûteux
pour plusieurs motifs : risques de mal cibler son offre, d’être
trop généraliste, de s’éloigner de son cœur d’expertise, et
surtout manque de références sur des projets significatifs,
peu de ressources en consultant à mettre en avant.
120Se préparer à obtenir sa première mission
En pratique : Formaliser son offre
• Restez authentique.
• Ne vous laissez pas séduire par les plaquettes de vos confrères
car la dérive est rapide. Séduit par de telles présentations, vous risquez
de vous disperser.
• Focalisez-vous sur vos forces, limitées certes, mais très centrées
sur une niche sur laquelle vous êtes unique. Une expertise, nous l’avons
vu au chapitre 4, pour être « débanalisée », doit s’adresser à une micro-
cible de quarante personnes maximum.
• Restreignez votre offre. C’est ce qu’attendent vos clients. Et leurs
exigences ne justifient en rien une plaquette institutionnelle.
• Libérez-vous de la norme « institutionnelle » d’un format quatre
pages ; celui-ci est prôné pour des questions de tenue et d’image de
l’entreprise de conseil.
• Commencez par rédiger votre expertise, votre biographie et
votre offre de produits/services au format Word ou PowerPoint. Une
fois vos outils rodés en prospection et suite à des missions, vous aurez
stabilisé votre offre. Vous pourrez alors utilement assouvir votre quête
d’outils prestigieux, qui vous sécuriseront en redorant votre image et
donc en valorisant votre statut à vos yeux.
• Rassurez vos clients en privilégiant le fond, tout en soignant la
forme. Ceux-ci privilégient le fond : une bonne écoute, un compte
rendu de visite clair et structuré, une présentation sobre et rapide qui
démontre votre connaissance du secteur et du domaine de
compétences, une note de recommandation solide et étayée de votre
biographie, vos fiches « produits » décrivant votre démarche et vos
méthodologies d’intervention… Ils n’attendent pas de signes extérieurs
purement formels de la part d’un professionnel.
Le site Internet
Il en va de même que pour la plaquette, la tentation est
identique : consulter les sites concurrents, se connecter sur
Google pour rechercher tout ce qui se dit et se fait sur le sujet
avec les sites associés. Certains sont tenaces, analysent
toutes ces sources, l’esthétique et l’ergonomie des sites, leur
interactivité, les systèmes de référencement et prennent
toutes les bonnes idées pour réaliser le cahier des souhaits de
leur propre site.
D’autres se découragent devant la complexité des
dimensions à prendre en compte et l’hétérogénéité de ce
qu’ils ont découvert sur le Net.
Les plus pragmatiques admettent que les efforts requis
pour la conception, la tenue de la promesse faite dans le site
et la maintenance sont démesurés par rapport à son impact
commercial dans une phase de démarrage.
Sans compter qu’un site, pour être efficace, doit être bien
référencé et animé par des actualités pour stimuler le trafic
récurrent. Cela augmente encore le budget.
Par ailleurs, les clients se connectent rarement sur les sites
Internet pour s’informer sur des inconnus ou repérer un
expert qui serait certes reconnu mais encore méconnu.
Quand les clients font appel à un expert qu’ils ne
connaissent pas encore, c’est sur trois critères majeurs, selon
122Se préparer à obtenir sa première mission
une étude réalisée par une CCI auprès de 2 000 décideurs en
matière de conseil :
• la recommandation, c’est-à-dire qu’ils ont entendu parler
duconsultant dans leur environnement ;
• l’expertise décrite par le prescripteur éventuel ou
démontrépar le professionnel avant, pendant et/ou dans
le suivi de l’entretien par le compte rendu, la note
d’orientation, la proposition ;
• l’écoute et la compréhension de la problématique
associée.
Ces trois critères, sur lesquels nous reviendrons dans le
chapitre 6, militent en faveur du soin à apporter en priorité à
la rédaction de votre expertise, de votre biographie et de
votre offre, ou de tout autre outil ciblé confirmant et
tangibilisant vos savoirfaire uniques et pointus de consultant.
En revanche, si vous êtes déjà connu comme expert, si vous
publiez des articles, si vous intervenez dans des conférences
et que votre nom est googlisé, alors, oui, un lien avec votre
site peut être un atout.
En pratique
Privilégiez un discours pointu et focalisé sur quelques expertises et
cibles à un discours généraliste. Aujourd’hui, une bonne alternative
peut être la création d’un blog, souple et interactif, et moins onéreux
à maintenir.
En pratique
Pour le blog comme pour les autres développements que vous
envisagerez, soyez cohérent ! Choisissez un blog par expertise et par
microcible : ce n’est pas en vous faisant passer pour universel que vous
multiplierez les contacts, bien au contraire. Qui trop embrasse mal
étreint ; ce ne doit pas être votre cas. On ne peut être le spécialiste de
plusieurs sujets à la fois, et, même s’il est possible d’en dominer quelques-
uns, il est peu probable que cet ensemble puisse intéresser une même
microcible et lui laisser penser que vous pouvez être un prestataire
potentiel. Il est très difficile d’adopter ce point de vue tant chacun est
fier de ce qu’il est et tant il veut le faire savoir à un large public. Là est
pourtant le piège à éviter. Cloisonnez donc vos expertises, ne vous
adressez pas à plusieurs publics à la fois, et mettez en cohérence vos
actions.
Votre blog vous permet de générer un buzz. On parle de vous, de ce qu’on
a lu ; on vient se rassurer ; vos prescripteurs sont tenus en haleine ; vos
clients voient leur choix justifié.
Le mailing
Un mailing en nombre est, lui aussi, peu pertinent pour
trouver des missions ou vous faire connaître. Il est perçu par
les clients comme antinomique avec la posture d’expertise ou
d’expérience, la nécessaire personnalisation de l’approche et
l’intimité à établir entre vous, consultant, et vos prospects
dès la mise en relation.
Un expert appréhende son client par une démarche
personnalisée démontrant déjà sa maîtrise de la
problématique qu’il a subodorée. Cela est un gage de son
126Se préparer à obtenir sa première mission
expertise puisqu’il sait anticiper et pressentir le périmètre
dans lequel il pourrait agir.
Si une approche téléphonique s’avère infructueuse, suite à
un barrage de la secrétaire ou parce que le prospect souhaite,
préalablement à une rencontre, avoir un écrit de votre part,
un courrier personnalisé très structuré est incontournable.
Mais il ne correspond en rien aux normes des courriers
commerciaux issus du marketing direct.
En pratique
Ce type de courrier pré-entretien doit démontrer votre intérêt réel et
unique pour cette société et vos points de proximité avec votre
interlocuteur : école, métier, lieu d’habitation… Il faut que votre
interlocuteur, dès sa lecture, ait le sentiment que vous l’avez
sélectionné personnellement, et lui seulement, à l’exclusion des autres
sociétés et des autres interlocuteurs potentiels, parce qu’il est unique
en son genre.
***
mission 3
Chapitre 6
Séduire ses premiers
prospects pour être
consulté
A
rmé de vos outils de présentation, vous n’avez plus
qu’à vous lancer. Certains d’entre vous vont miser
en priorité sur la recherche de missions en sous-
traitance en démarchant des cabinets de conseil
déjà bien installés dans leur secteur d’activité et leur
domaine de compétences. D’autres vont se focaliser sur la
formation. Une dernière catégorie de consultants va choisir
le « grand saut » en allant directement voir les entreprises
qui font partie de leur microcible. Quelle que soit l’option
retenue, le ciblage est un facteur-clé de succès pour séduire
vos prospects et gagner votre première mission.
136Remporter sa première mission
Exemple
« Je ne veux pas violer les clients. » « Je ne peux forcer la main de mes
clients. » « Quelle image vais-je donner si je sollicite des prospects ? »
« Pourquoi untel accepterait-il de me recevoir ? » « Vais-je être crédible
si je démarche ? » « Comment vais-je faire face au barrage de la
secrétaire ? »
• Comptez avant tout sur votre expertise, qui légitime votre métier
de professionnel consultant et l’obtention de vos missions.
L’écoute interactive,
arme décisive pour être
consulté
Cette écoute n’est pas l’écoute thérapeutique. C’est au
contraire une écoute dynamique qui stimule le
rebondissement sur chaque propos du client, pour
Séduire ses premiers prospects pour être consulté 151
approfondir un domaine ou élargir le champ d’investigation.
C’est pourquoi nous parlons d’écoute interactive.
De même, l’écoute doit se porter sur le non-verbal.
Ces techniques d’écoute sont largement développées dans
la partie 4 sur les réseaux. Il suffit de vous y reporter et de les
transposer à vos entretiens clients.
Gardez en mémoire que vos clients attendent avant tout
un échange pour pouvoir jauger : • la pertinence de vos
propos ;
• les liens de cause à effet que vous faites ;
• la pertinence et l’enchaînement de votre questionnement
;
• vos qualités d’analyse et de synthèse que démontrent vos
refor-mulations.
Ils seront également extrêmement sensibles au fait que
vous portiez une grande attention à leurs attitudes, leurs
mimiques et leur non-verbal qui confirment ou infirment
leurs propos.
En revanche, reformuler ou clarifier le non-verbal ne peut
se faire sans une formation préalable. Il faut en jouer avec
tact, au moment opportun, en adoptant soi-même le non-
verbal approprié. Par exemple, un client qui était en posture
d’ouverture des plus totales, le buste en avant, discutant à
bâtons rompus, s’interrompt soudain, suite à votre
intervention sur ces derniers propos. Il se met en retrait, le
corps en arrière. Il serait maladroit de lui demander sur un
ton brutal : « Qu’est-ce qui vous arrive ? » Vous aurez
davantage intérêt à marquer un temps d’arrêt, ponctué d’un
bref silence, qui démontre déjà votre confiance en lui et en
vous. Puis, sur un ton posé, avec une voix assez douce et un
débit ralenti par rapport au rythme de la séquence de
discussion précédente, vous pouvez lui suggérer : « J’ai le
sentiment [cela n’est pas une affirmation] qu’il se passe
quelque chose. » Cette formulation est neutre puisque vous
ne le mettez pas en question, en employant le « il se passe »
152Remporter sa première mission
au lieu de « qu’est-ce qui vous arrive ? ». Puis vous marquez
un temps d’arrêt pour l’inciter à s’exprimer. Il garde donc
l’initiative de vous dévoiler ou non pourquoi il a changé
d’attitude.
Vous n’aurez pas été perçu comme inquisiteur. Et votre
interlocuteur aura été probablement surpris de votre
perspicacité et de votre écoute authentique, de votre «
courage » aussi.
Et s’il réagit à votre incitation, ce sera aussi un indicateur
du niveau de confiance ou de proximité instauré à ce stade
de l’entretien, ou de sa personnalité. S’il vous livre
immédiatement son ressenti, même si c’est pour exprimer un
désaccord ou une divergence d’opinion sur le dernier sujet
évoqué, cela présuppose qu’il est toujours motivé par
l’échange.
S’il reste muet ou ignore votre incitation à s’exprimer, ce
n’est pas forcément négatif. Il peut être, par nature, assez
frileux à révéler ses sentiments, ses impressions. Il peut
désirer attendre d’avoir été totalement conquis ou d’avoir
déjà travaillé avec vous pour se livrer. Mais il peut être aussi
tout simplement opposé, par principe, à exposer ses
ressentis. Quel que soit le scénario, vous aurez avancé dans
la connaissance de l’autre.
Séduire ses premiers prospects pour être consulté 153
En pratique : Conduire votre premier entretien
Il faut s’attacher à :
***
Pour conclure ce chapitre, nous dirons que séduire un
client ou un prospect est une étape-clé du processus
commercial conduisant à l’obtention de la première mission.
Si la soustraitance ou la formation sont des moyens
d’amorcer la pompe et de s’aguerrir, la prise directe avec le
client final est toujours plus rentable. Dans ce dernier cas, le
temps de latence peut paraître plus long entre les premiers
contacts et la première mission. En effet, vous aurez le plus
souvent besoin de prescripteurs qui vous recommandent
Séduire ses premiers prospects pour être consulté 155
auprès de vos prospects. Il faudra donc se constituer un
réseau de prescripteurs et communiquer avec eux. Mais, à
terme, vous serez gagnant, car vous aurez construit votre
édifice sur des bases solides.
Chapitre 7
Transformer une
consultation
en mission
P
our transformer une consultation en mission, ce
métier, plus encore que d’autres, exige de se plier à
certains incontournables que sont le compte rendu
de visite et la proposition commerciale, qu’il
convient de soigner particulièrement. En effet, ces deux
éléments confirment votre professionnalisme et démontrent
votre expertise et votre sens de l’écoute durant les entretiens
qui sont, rappelons-le, deux critères prépondérants dans la
sélection finale d’un consultant.
Ce chapitre va vous donner des méthodes et des outils tant
pour les rédiger que pour soutenir par oral votre projet et
argumenter sur vos choix. Il est sûr que certains risquent de
se décourager face à un tel niveau d’exigences et de minutie.
En revanche, ils seront rassurés en sachant que ces conseils
multiplient a minima par deux les chances de remporter une
affaire. Ils sont issus de notre expérience, d’entretiens avec
des consultants et leurs clients et de l’analyse des
propositions mise en perspective des cahiers des charges des
entreprises faisant appel à des consultants autonomes.
158Remporter sa première mission
Vous y trouverez également le thème du prix et de sa
négociation, tant attendu par chaque professionnel qui se
lance dans cette autonomie professionnelle. Les lois du
marché sur ce thème sont très spécifiques à chaque niche
sectorielle, à chaque domaine d’expertise et à l’expérience du
consultant.
La proposition commerciale
La méthode décrite ci-dessous vous permettra de rédiger
une offre professionnelle et de respecter les règles qui vous
protègent en formalisant la relation contractuelle que vous
devez établir avec votre client. Nous vous proposons le plan
détaillé et commenté suivant pour une offre type. Le
cahier des charges de la demande
Écrivez cette partie à la deuxième personne du pluriel : « Le
cahier des charges de votre demande » (vous faites parler
votre client).
Il peut arriver qu’il y ait absence de cahier des charges de
la part de votre client. C’est alors à vous d’en rappeler les
différents points. Dans ce cas, cette partie est donc rédigée
pour le compte du client.
L’exercice revêt une grande importance. Il vous permet de
présenter à votre client la problématique de façon claire
avant de lui proposer une prestation correspondant à sa
demande. Incidemment, le travail lui permet de clarifier sa
propre demande.
Le style doit rester simple, avec des phrases courtes, et
exprimer exclusivement ce que vous avez appris de votre
interlocuteur grâce à une reformulation synthétique. Vous
Transformer une consultation en mission 161
devez rester factuel et ne pas mêler vos propres idées et
considérations à celles que vous avez recueillies. C’est dans la
seconde partie, la proposition, que vous ferez part de votre
opinion d’expert.
La rédaction du cahier des charges suppose que vous ayez
en main toutes les informations et donc que votre entretien
ait été alimenté par un questionnement nourri.
Le plan de cette première partie, faisant office de cahier
des charges, est le suivant : • le contexte de la demande ;
• le besoin à satisfaire ;
• la demande, son contenu et son périmètre ;
• les objectifs attendus ;
• les livrables ;
• les précisions complémentaires ;
• le planning.
Le contexte de la demande
Exposez ici tous les éléments contextuels à votre disposition
en partant du point de vue le plus général, par exemple le
marché, pour arriver au périmètre particulier sur lequel vous
aurez à intervenir.
Prenons l’exemple d’une recherche de logiciel commercial
pour une équipe commerciale sur le marché des particuliers.
Les éléments contextuels sont recueillis à partir du
questionnement suivant :
Les questions qui gouvernent le contexte
L’objectif
L’objectif exprime l’attente en termes de résultats.
Exemple
Réunissez un ensemble de spécifications et formulez-les en vue de
décrire à des fournisseurs potentiels de logiciels votre besoin et vos
exigences et leur permettre ainsi de concevoir la réponse adaptée.
Transformer une consultation en mission 165
Les livrables
On appelle « livrables » le moyen par lequel vous allez
tangibiliser votre prestation. Il s’agit souvent d’un document
: rapport, synthèse, maquette… Dans notre exemple, c’est un
cahier des charges.
Exemple
Vous souhaitez qu’une liste des contacts à prendre au sein de votre
organisation soit transmise à votre collaboratrice pour validation
avant tout entretien en face à face ou téléphonique.
Le planning
Détaillez ici le planning fixé par le client.
La rédaction de l’offre
Ce préambule défini, vous rédigerez l’offre proprement dite.
Cette rédaction suppose que vous donniez auparavant une
vue d’ensemble du processus de résolution que vous
envisagez de manière à permettre à votre client de s’y
retrouver plus facilement dans la lecture. Là encore, un
schéma commenté est préférable à un texte seul.
Transformer une consultation en mission 167
Par exemple, le cahier des charges de votre projet de
gestion de l’information commerciale sera élaboré en trois
étapes.
Le devis
Le prix doit se présenter sur une page séparée. Faites un saut
de page pour l’annoncer. Il revêt le plus souvent la forme d’un
170Remporter sa première mission
tableau simple qui reprend les étapes précédentes et les
valorise.
TOTAL HT 10 519
La présentation de la proposition
La présentation de la proposition requiert des rituels adaptés
à des paramètres multiples :
• ancienneté de vos relations et nombre de prestations
déjàréalisées pour l’interlocuteur ;
• degré de complexité de l’intervention ;
• montant du budget ;
• niveau de risque ou de changement qu’engendre cette
inter-vention ;
• degré de précision du cahier des charges fourni et
latitudequ’il laisse à l’intervenant dans sa proposition
d’intervention ;
• nombre d’intervenants dans la décision et leur rôle
décisionnelpar rapport à votre interlocuteur ;
• degré d’urgence de la réponse ;
• pratique du secteur et du champ d’interventions ;
• règles imposées par le client…
Le calcul du prix
Calculer un prix est certainement, pour qui arrive sur ce
marché de la vente de prestations intellectuelles, une vraie
difficulté :
• sur quelles bases calculer son prix de revient ?
• quel est le prix du marché ?
• quel prix sera fixé à l’issue de la négociation ?
Ces trois aspects sont essentiels car ils conditionnent pour
une part importante le succès de l’offre.
Rappelons que le prix ne doit pas être une surprise pour le
client. Il est nécessairement relié à son budget, inconnu dans
la plupart des cas. Mais plusieurs étapes apportent les
données qui permettent de « cadrer l’offre » et de la contenir
dans ce qu’il est convenu d’appeler l’« espace budgétaire
raisonnable » que le client acceptera. C’est en premier lieu la
note d’orientation qui vous a guidé vers le niveau de
prestation à offrir. En second lieu, c’est l’entretien de
confirmation que vous avez conduit à l’issue de l’envoi de
cette note. Comme son nom l’indique, la note d’orientation
propose dans sa conclusion plusieurs scénarios
d’interventions. Ces scénarios sont exprimés en termes de : •
niveaux : assistance à maîtrise d’ouvrage ou maîtrise d’œuvre
; • domaines d’interventions : conseil auprès du directeur
184Remporter sa première mission
commercial ou accompagnement terrain de la force de vente
;
• volume : 3 à 5 journées, 2 à 3 semaines. Les indications
envolume se font avec des fourchettes car, à ce stade de la
proposition, rien ne permet de calculer très précisément le
temps de l’intervention. On recherchera simplement à
donner des indications à son interlocuteur pour faciliter
son orientation.
Les clients ont suffisamment de pertinence professionnelle
pour distinguer ce qui est hors budget de ce qui cadre avec
leurs possibilités. La note d’orientation remplit ce rôle de
cadrage de la prestation, à la fois pour ce qui est :
• de la problématique ciblée ;
• de la solution apportée ;• du mode d’intervention ;
• du budget possible.
À ce titre, elle est indispensable. Pourtant, il est des cas où
le temps de réponse souhaité par le client ne permet pas de
rédiger une note d’orientation. Dans ce cas, il est bon de se
ménager un feedback téléphonique qui jouera ce rôle un ou
deux jours après l’entretien. Ce rendez-vous de cadrage est
annoncé dès la fin de l’entretien de recueil de la
problématique. Les phrases qui conviennent peuvent être les
suivantes :
• « Pour vous répondre rapidement et avec un maximum
deprécision, je me permettrai de vous rappeler mardi
matin pour un bref échange sur les solutions que
j’entrevois. À quelle heure me conseillez-vous de vous
appeler ? »
• « J’aurai certainement quelques compléments
d’informationsà vous demander d’ici à jeudi, quel est le
moment le plus favorable pour vous joindre ? »
N’oubliez jamais que, sans quelques indices de cadrage
préalables, le risque d’échec d’une offre est naturellement
élevé.
Transformer une consultation en mission 185
Dans le cas d’une première offre, il faut retenir que le
client, ne vous connaissant pas encore suffisamment et
n’ayant pas fait valider votre présence dans l’entreprise,
appréhendera votre proposition en termes de risques. Le
risque est le coût de l’échec ou de ce qui pourrait être
considéré comme tel dans son organisation. Or ce qui
pourrait être analysé, d’un point de vue strictement
technique, comme une bonne prestation peut, dans une
organisation donnée, conduire à un échec. Les causes
possibles sont nombreuses : empiétement sur les
prérogatives d’un autre, mauvaise hiérarchisation des
priorités, non-prise en compte de la culture de l’entreprise,
concurrence historique entre personnes, etc. C’est pourquoi
faire entrer un nouveau prestataire dans une organisation est
difficile. Aussi le choix sera d’autant plus facile que le risque
que présente votre première proposition est faible et le
bénéfice qu’elle apporte est évident.
Le prix de revient
Pour se fixer un prix de revient, il faut un cadre de référence.
En l’occurrence, ce cadre, c’est celui d’un prestataire
autonome travaillant à domicile. Ce prestataire se fixe, pour
démarrer, une condition essentielle : reconstituer le salaire
net auquel il peut prétendre sur le marché du travail. Dans le
cas de vente de prestations, rappelons que ce salaire ne peut
provenir que des honoraires facturés. Or il existe une
différence importante entre les notions de jours facturés et
de jours travaillés. Les jours travaillés, pour un solo qui veut
gagner correctement sa vie, sont largement aussi nombreux
que ceux effectués par un salarié classique, soit 217 à 240
jours.
186Remporter sa première mission
Pendant ces journées, le prestataire autonome recherche
ses clients, entretient son réseau de prescripteurs, rédige ses
propositions, les négocie, produit ses missions, gère son
activité, se forme, etc. Seule une activité fait l’objet d’une
facturation : la mission. Il est convenu dans la profession du
conseil qu’un consultant facture 110 jours par an lorsque son
activité est complète. C’est donc sur ce standard d’activité
que nous baserons notre tarif. Le prix de revient consistera à
recomposer au moins un salaire moyen sur une activité
pleine.
Prenons le salaire moyen d’un formateur en entreprise qui
décide de devenir indépendant. Son salaire brut annuel est
de 50000 €. Il doit à cela ajouter les charges patronales qu’il
devra acquitter, des frais de gestion et des frais de
fonctionnement : salaire brut : 50000 € ; coefficient 1
charges patronales : 23500 € ; coefficient 0,47 sous-total :
73500 € :
Le prix de marché
Le prix de marché est fonction de plusieurs paramètres
variables suivant les situations. Nous en distinguerons
principalement trois :
• la diversité des compétences qui peuvent être nécessaires
àune même prestation ;
• le volume de travail qu’apporte une affaire ;
• la rareté de l’expertise.
La rareté de l’expertise
Certes, dans le prix de revient ainsi calculé, votre expertise
est prise en compte au travers de la référence qui sert de base
au calcul : le salaire auquel vous pouvez prétendre sur le
marché du travail. Cependant cela reste insuffisant. Dans
certains cas, il faut introduire un correctif. On peut en citer
quelques-uns à titre indicatif.
Votre salaire de référence n’est pas significatif. S’il est basé
sur une grille administrative qui échappe à toute négociation,
vous devez le réévaluer. C’est le cas de ceux qui ont un statut
de fonctionnaire. Nombre d’experts dépendant du secteur de
la recherche entrent dans ce cadre.
Vous changez de secteur géographique. Telle expertise
peut être banale dans un pays et très demandée dans un
autre. C’est le cas des experts spécialistes de la qualité qui
vont aujourd’hui dans les pays de l’est de l’Europe. Vous
pouvez aussi découvrir que parmi vos savoir-faire, l’un
d’entre eux devient particulièrement prisé sur le marché et
que peu de personnes sont capables de répondre à la
demande. Par exemple, vous êtes un spécialiste de la
motorisation des véhicules et vous avez choisi d’intervenir
tout spécialement sur l’adaptation des flottes d’entreprises
pour diminuer les consommations et rendre les moteurs
moins polluants.
Ainsi vous seriez nombreux à pouvoir présenter votre
expertise sous l’angle de la rareté. Mais vous pensez : « Ce
serait trop beau pour que je puisse y prétendre. » Revenez
alors sur la définition de votre expertise et sur votre
biographie pour vous assurer que vous avez été suffisamment
sélectif et ciblé. Au-delà de celles-ci, c’est sans doute
davantage votre capacité à découvrir ce qui pourrait
190Remporter sa première mission
correspondre à une situation de rareté que les occasions de
mettre en valeur vos savoir-faire pointus qui manque.
Le prix négocié
Ne parlez pas en premier de votre prix. Il est à l’évidence
légitime et donc non négociable a priori. Mais le prix est une
opportunité rêvée pour le client de reprendre le leadership et
d’affirmer son pouvoir. Il se négocie rarement durant la phase
de présentation lorsque celle-ci se fait devant un jury. La
proposition et la présentation servent à vendre votre offre.
Il est indispensable de dissocier l’acte de vente de votre
solution de la négociation du budget. Avant d’entamer une
quelconque négociation, assurez-vous que le client est déjà
acheteur.
Sinon, vous vous retrouverez dans la même situation que
dans un souk. Le touriste n’est pas encore acheteur, et donc
aborde l’objet de ses convoitises potentielles uniquement
sous l’angle du prix : « À combien vous me le faites ? » Et une
avalanche de négociations s’entame, qui bien évidemment
détourne le client de ce dit objet, car le doute s’installe. Le
client s’interroge dans son for intérieur : « Comment est-il
possible qu’en moins de 3 minutes le prix ait été divisé par
trois ? » Puis il se rétracte, toujours intérieurement : « Je dois
me faire abuser par ce vendeur qui m’aborde comme un
touriste néophyte. Il vaut mieux que je consulte d’autres
marchands pour me faire un idée, avant de prendre une
quelconque décision ! »
Pour un consultant, il en va de même. Il ne vend pas un prix.
Il vend une prestation et ses bénéfices, du temps et des
méthodologies qui justifient son tarif. Il s’appuie sur la
Transformer une consultation en mission 191
démonstration de la pertinence du dispositif recommandé et
des modalités d’intervention qui l’accompagnent.
La négociation sur le prix émane d’une initiative du client.
Elle répond à une question posée par le client. Quand ce
dernier aborde le thème, validez qu’il est déjà acheteur. En
fait, il veut juste se sécuriser et s’assurer que vous êtes au
juste tarif compte tenu du niveau, de la durée de la prestation
et des enjeux. Votre interlocuteur est alors dans son rôle de
gardien des ressources de l’entreprise. Son attitude est
normale. Laissez-le argumenter et préparez une réponse qui
prend en compte ce qu’il vous dit.
Le prix négocié est celui auquel se conclut un marché entre
un vendeur et un acheteur. Il est d’autant plus bas que le
vendeur est aux abois et l’acheteur habile. Nous ne
reprendrons pas ici les incontournables de la négociation
mais nous centrerons notre propos sur ce qu’il faut connaître
de ses prix avant de négocier.
Sachez parfaitement justifier votre prix. Servez-vous de
l’analyse détaillée de l’intervention que vous avez découpée
finement en temps et en nature. N’hésitez pas à entrer dans
le détail lors de la négociation et à insister, pour chaque partie
de votre offre, sur les bénéfices apportés pour l’entreprise,
pour votre interlocuteur dans le cadre de sa fonction et pour
sa personne, pour les bénéficiaires de la prestation.
Il n’est pas nécessaire de communiquer les temps qui ont
servi à calculer votre prix. Cependant, votre découpage doit
être assez fin pour pouvoir appuyer vos arguments pied à
pied. N’hésitez pas à mettre en balance le budget et l’enjeu
qui justifie votre intervention.
***
Transformer une consultation en mission 193
Dernier conseil : si vous devez faire un effort pour emporter
l’affaire, astreignez-vous à ne pas transiger sur la valeur
faciale de votre prix de journée. Transigez en offrant des
services ou des journées en plus, pour du suivi par exemple.
Sinon vous instaurez un précédent dans l’entreprise. Il vous
sera alors difficile de revenir sur ce niveau de prix pour les
futures missions, même dans un autre département de
l’entreprise.
Le réseau,
4 arme
incontournable
dans un métier
de prescription
Chapitre 8
Organiser son
réseau : un levier
d’efficacité
R
éseau, voilà un mot magique ! La plupart des aspirants
consultants évoquent le réseau comme étant la
source de tout avenir commercial. Ils vont travailler
avec leur réseau, entrer dans un réseau, adhérer à
telle ou telle organisation à condition qu’elle les mette en
réseau.
Pourtant, il y a loin du rêve à la réalité. Comme disent les
linguistes, il ne faut pas confondre les mots avec les réalités
qu’ils désignent. Alors, penchons-nous sur cette réalité et
essayons de voir de quoi elle est faite.
Le réseau du consultant autonome est la clé de voûte de sa
réussite. C’est pourtant sa construction qui lui pose le plus de
problèmes. Le métier de consultant est un métier de
prescription, comme en témoignent tant les consultants que
leurs clients et plusieurs enquêtes comme celle de la Chambre
de commerce des Hauts-de-Seine. Il faut donc se faire
recommander. Le bon consultant, à l’instar du bon médecin,
est celui qu’on vient voir et non celui qui vous sollicite. Il est
donc essentiel de se faire connaître et reconnaître par un
Organiser son réseau : un levier d’efficacité 197
réseau de personnes qui seront les vecteurs de cette
recommandation. Nous les appelons « prescripteurs ».
Fiche réseau
204Le réseau, arme incontournable dans un métier de prescription
***
A
près avoir pensé et organisé son réseau, il faut
passer à l’action. La préparation préalable, avec la
collecte d’informations sur votre interlocuteur, sa
société, sa fonction, voire ses projets ou ses pôles
d’intérêt vont être des atouts indéniables pour obtenir votre
rencontre et en faire un moment d’échanges construits,
constructifs, entre professionnels et non un simple rendez-
vous de courtoisie. Pour obtenir et optimiser ce rendez-vous,
pour motiver votre interlocuteur à s’ouvrir, il faut qu’il vous
ressente « d’égal à égal » et surtout pas comme un
demandeur : on ne prête qu’aux riches et on ne se livre qu’à
des personnes qui inspirent la confiance.
• le pays basque ;
• la belle vue sur le rocher ;
Animer son réseau pour le faire fructifier 221
• l’accélération de la courbe d’expérience du service clients sur le marché
des professionnels.
Lors de la prise de contact avec l’assistante, il insiste dans son introduction
sur ses prénom et nom à consonance basque, certes, mais surtout en
prenant soin d’y ajouter le nom du rocher. « Claude X du rocher de Z ». La
secrétaire, interpellée par cette consonance et l’indication « du rocher de Z
» le met en relation immédiatement avec son patron. Ce dernier, surpris
par un nom qui sonne si bien à son oreille, accepte la mise en relation.
Notre consultant, très professionnel et confiant, se présente et marque un
temps d’arrêt pour laisser son interlocuteur réagir. Bien entendu, celui-ci
ne manque pas de lui demander s’il est basque et quel lien il a avec ce
rocher. La conversation est alors entamée sur des points de proximité
personnelle : relations et lieux connus, familles respectives et leurs
histoires, ce qui crée un climat chaleureux. Puis rapidement le consultant
souligne, « nous avons également un point professionnel en commun :
le métier de la téléphonie dans lequel je suis spécialiste du service clients
». Ce recentrage professionnel est étayé en mettant en exergue le
nombre d’appels qu’il a passés sur les différents numéros dédiés au
service clients de l’entreprise en question. Puis, il fait part de son rapport
d’étonnement sur le professionnalisme des équipes dédiées au marché
des particuliers et sur le manque de maîtrise apparent du service clients
dédié aux professionnels.
Le DG est sensible à l’argument, son entreprise n’ayant qu’un mois de
recul sur cette activité du marché des professionnels. L’expertise de
notre consultant va désormais de soi, puisqu’il a activé le bon levier par
cette comparaison entre les deux services dédiés à chaque clientèle. Il
souligne, en plus, qu’il dispose d’une étude comparative sur la qualité
des services clients des différents opérateurs, ce qui aiguise l’attention
du directeur général. C’est ainsi que deux mois plus tard, il démarre ses
premières missions pour professionnaliser les équipes dans la conquête
du marché des professionnels et la qualité du service clients qui leur était
dédié.
En pratique
• Sachez retenir vos élans si vous constatez que seuls son pouvoir et son
argent font son succès auprès des autres. Ceux qui ne vous respecteront
pas ne feront rien pour vous. Si vous devez travailler avec eux, il existe
un risque qu’ils ne vous paient pas. Le souvenir de ces relations et le
temps perdu vous laisseront un goût amer si vous vous investissez auprès
d’eux sans discernement.
226Le réseau, arme incontournable dans un métier de prescription
Construire et animer son réseau est aussi une œuvre de
patience et de moyen terme, jalonnée de multiples
occasions de confirmer votre fiabilité et votre fidélité.
Comme dans la construction d’un fonds de commerce,
d’une notoriété, le démarrage peut sembler très lent, alors
que l’accélération, en phase de croissance, croît à un rythme
exponentiel. Cette activité est mobilisatrice d’énergie. Si
vous recherchez une solution rapide qui apporte
immédiatement un courant d’affaires conséquent,
n’entreprenez pas cette démarche. Elle ne peut que vous
décevoir et vous impatienter. Il est difficile de créer un
réseau relationnel. Il faut faire confiance et inspirer
confiance. On ne vous met pas en relation, on ne vous
recommande pas sans celle-ci.
Il est donc indispensable de vous donner le temps requis
pour convaincre et vous faire reconnaître. Rappelez-vous
que, lors d’une rencontre, plusieurs enjeux se déroulent
simultanément :
• l’intérêt porté au sujet que vous voulez exposer et qui
estl’objet du rendez-vous ;
• la sympathie qu’inspire votre personne et que vous
inspirel’autre ;
• l’adéquation entre ce que vous prétendez être et ce que
vousdonnez à penser sur vous ; autrement dit, ce qu’on
pourrait appeler le sentiment de cohérence que vous
dégagez ;
• ce que vous pouvez donner, échanger dans cette relation…
Ce que vous faites vous définit souvent mieux que ce que
vous dites de vous-même. Par exemple : vous vous prétendez
professionnel, votre attitude l’est-elle ? Vous vous décrivez
comme l’expert de tel domaine : quels faits marquants de
votre carrière l’attestent ? Soyez conséquent dans vos propos,
dans vos attitudes et dans vos promesses. Ne vous laissez pas
envahir par ces considérations superficielles qui vous affirment
Animer son réseau pour le faire fructifier 227
que tout est affaire de look et de communication lorsqu’on
veut être dans le coup. La superficialité est l’ennemi des
réseaux professionnels qui durent.
• Contactez des gens qui le connaissent pour en savoir plus sur lui,
sa personne et ses affinités, ses hobbies, ses valeurs, son style de
management. Souvent, quand il s’agit de personnalités importantes,
vous pouvez avoir intérêt à rencontrer préalablement des collaborateurs
de niveau moins important pour obtenir des données non disponibles
dans les sources documentaires plus institutionnelles.
• Listez les informations que vous voulez obtenir de lui, celles que
vous pouvez lui donner ainsi que les éléments qui vont vous créer des
liens : des lieux fréquentés, des gens en commun, des associations dont
vous êtes tous les deux membres…
L’échange
Chaque entretien de réseau doit être construit comme un
échange entre experts et non comme un questionnaire de
police où seul votre interlocuteur s’exprime et donne. Trop de
personnes sollicitent un échange au cours duquel ils veulent
beaucoup recevoir sans rien donner. Cela se sent très vite et
fait tourner court la discussion.
230Le réseau, arme incontournable dans un métier de prescription
L’autre écueil est de venir exclusivement pour demander
conseil sans avoir réfléchi à ce qui pourrait être donné en
retour. Ce système de « demande de conseils » a longtemps
fonctionné, certes. Désormais, les gens sont sursollicités en
raison du déploiement systématique de ce dispositif de «
demande d’aide ». Vos interlocuteurs n’ont plus toujours la
disponibilité ni l’envie pour se consacrer à l’assistance et aux
conseils bénévoles. Un phénomène de saturation chez les plus
sollicités, particulièrement les têtes de réseaux, est en train de
poindre.
Cette phase d’échanges est rythmée par des temps forts et
guidée par le respect du temps imparti. Votre interlocuteur
perçoit ainsi la cohérence de l’entretien avec l’objectif
annoncé, son état d’avancement à chaque moment intense du
dialogue. Il vous considérera d’autant plus que vous aurez tenu
le timing annoncé.
L’écoute interactive doit servir à rebondir et approfondir les
points qui vous intéressent et sur lesquels votre interlocuteur
a une valeur ajoutée pour vous.
Elle doit être autant centrée sur les informations que sur le
non-dit de la communication : vocabulaire, intonations,
attitudes de votre interlocuteur, mimiques, gestuelle, regards,
signaux de lassitude ou d’agacement, signaux de fin
d’entretien.
Il est parfois utile de reformuler le non-dit pour aider votre
interlocuteur à s’exprimer davantage sur son vécu de
l’entretien, sur vos propos, sur ses sentiments, ses
inquiétudes, ses agacements. Il vous en sera gré et cela
démontre votre réelle concentration sur lui et votre intérêt
authentique pour sa personne.
Animer son réseau pour le faire fructifier 231
N’oubliez pas que le non-verbal compte pour 60 % dans la
communication et contribue encore plus dans la qualité
perçue d’un dialogue que le contenu des informations
échangées. Vous devrez donc, de votre côté, y apporter un
soin tout particulier.
L’écoute doit être au service de la compréhension de votre
interlocuteur en tant que personne, et non pas uniquement
en tant que porteur d’un statut que lui confère sa fonction.
Elle est indispensable pour rebondir sur les informations
transmises.
• Ayez tous vos sens en éveil pour capter les signaux non verbaux ou
les changements d’attitude de votre interlocuteur.
• que va-t-il faire pour moi : rien, me recommander avant que j’appelle,
m’autoriser à me recommander de lui sans que lui-même agisse ?
Animer son réseau pour le faire fructifier 233
La conclusion/prise de congé
• Reformulez en synthèse ce qui s’est dit.
• Rappelez vos engagements respectifs sur le suivi de cet
entre-tien.
• Demandez-lui ce qu’il a pensé de cet entretien : « trois
motsqui vous viennent à l’esprit concernant cet échange ».
Cette technique, qui est d’une redoutable efficacité, doit
être utilisée à bon escient. Vous percevrez ainsi s’il a juste
été marqué par le côté chaleureux ou s’il s’est focalisé sur
votre expertise traduite à travers vos propos ; si aucun mot
fort ne lui vient, cela laisse supposer que vous avez été
décevant.
• Reformulez le suivi de l’entretien à opérer de part et d’autre
etobtenez son accord.
• Remerciez-le et saluez-le.
193
position 5
Chapitre 10
Fidéliser ses clients
C
onquérir ses clients est dix fois plus coûteux que de
les fidéliser. Trop de consultants oublient que la fin
d’une mission peut être l’amorce d’une nouvelle, soit
chez le même interlocuteur, soit dans d’autres
endroits de l’entreprise, comme, par exemple, chez les
fournisseurs ou clients de leur client. Ce chapitre va vous
donner des clés pour conserver et faire fructifier vos
relations. Il aborde également les deux prérequis
indispensables à un développement pérenne : respecter ses
engagements et réaliser un bilan d’évaluation et de
satisfaction avec le client.
Le comportement
efficace face à un client
conquis
Un client n’est jamais acquis. À chaque rencontre, il est à
reconquérir. Chaque rendez-vous est l’occasion de solidifier
la relation. Il n’est pas question ici d’en faire trop, de devenir
vendeur caricatural. Tout se fait dans la subtilité, avec le plus
d’authenticité possible, pour la pérennité de la relation.
Celleci sera différente suivant que vous êtes coach ou
prestataire. Chacun saura doser l’effort pour rester dans son
rôle. Mais il n’y a rien de pire qu’un prestataire qui se
comporte comme s’il était en pays conquis. C’est souvent là
qu’il perd le client. N’oubliez pas ce que veut dire « rester
professionnel ». Vous devez être chaleureux tout en restant
à votre place. Ne devenez pas familier avec votre client. Il n’y
a rien de plus détestable que les intervenants qui perdent la
conscience de leur rôle en adoptant le comportement du bon
copain. C’est une facilité à laquelle vous ne devrez jamais
recourir car elle crée une confusion des rôles préjudiciable à
votre action et à votre maintien comme intervenant reconnu
de l’entreprise. La condition pour être perçu comme
professionnel repose essentiellement sur le comportement.
Vous devez en toute occasion vous contrôler, surveiller vos
propos, rester à votre place, être discret, veiller à votre tenue
vestimentaire, prendre du recul par rapport à ce que vous
écrivez, conseillez. Votre compétence technique est certes
importante pour apporter un service réel à l’entreprise, mais
le comportement qui l’accompagne est primordial pour que
ce service soit reçu.
Le contrôle de soi ne doit pas pour autant vous conduire à
vous comporter avec rigidité. Le bon consultant est aussi une
bouffée d’air frais. Il sait sourire, se montrer chaleureux, gai,
254Consolider sa position
mais aussi sérieux, sans que cette dernière attitude n’entre
en opposition avec les précédentes. Pensez à être à l’aise en
toutes circonstances. Ce n’est pas donné à tout le monde,
direz-vous ? Si ce n’est pas votre cas, vous avez identifié là
une de vos priorités de développement personnel.
Travailler sur votre aptitude relationnelle est très
important. La plupart des personnes pensent à renforcer
leurs connaissances techniques et méthodologiques mais
rarement leur aptitude relationnelle. C’est pourtant souvent
le point d’achoppement. Notre éducation et notre culture
nous portent peu vers les autres. Un enfant bien élevé ne
dérange pas les adultes. Il en va différemment dans d’autres
pays qu’en France où l’éducation dès la plus petite enfance
permet d’insérer les enfants dans le monde des adultes en
acceptant leurs tentatives de créer des relations avec leur
environnement dans des contextes où chez nous ce n’est pas
permis. Cette liberté accordée aux enfants, leur imbrication
dans la société des adultes se traduisent par exemple par une
présence au restaurant bien supérieure des enfants. Ils se
déplacent d’une table à l’autre, mais ils ne dérangent pas. Ils
sont accueillis, ils font partie de la vie.
Un spécialiste du reclassement des cadres ayant vécu au
Brésil disait qu’une des grandes difficultés des cadres qu’il
accompagnait vers l’emploi était leur incapacité à entrer en
relation de façon positive et naturelle. Il l’attribuait à notre
éducation qui nous a conditionnés très tôt à cloisonner les
relations : par exemple, nous définissons une place pour les
enfants et une autre pour les adultes, une place pour ceux de
tels milieux et une autre pour les autres… Les tentatives que
font les enfants pour créer des liens d’un monde à l’autre, ou
pour rapprocher des gens de milieux différents sont perçues
comme dérangeantes. Sa formation de psychanalyste et de
sociologue lui conférait une vue particulièrement experte sur
le sujet. Un deuxième obstacle, selon lui, vient de la place que
prend le « moi » dans la préoccupation de chacun. Cette
Fidéliser ses clients 255
prééminence du moi engendre une difficulté certaine, voire
une cécité dans la faculté de bien ressentir les autres. Tout un
chacun se préoccupe de l’image qu’il doit montrer de lui-
même, de son intérêt, de son confort, de sa propre gloire.
Cela rend aveugle. Combien de consultants sont
insupportables tant ils sont suffisants. Ceux-là sont centrés
sur leur statut.
L’écoute nécessaire à ce métier n’est pas compatible avec
ces difficultés communément répandues. Aussi est-il
indispensable d’en prendre conscience et de les lever en
priorité par un travail sur soi.
Les bienfaits de la
reconnaissance et du
remerciement du client
La générosité est une qualité indispensable pour les
consultants. Il faut savoir reconnaître et remercier ses clients,
pas seulement par un « merci de politesse », mais par des
attentions subtiles et délicates qui démontrent votre intérêt
pour lui, pour son entreprise et pour les missions qu’il vous
confie. Les formes sont variées :
• un compte rendu de visite avec un courrier sympathique ;
• un feedback régulier sur l’avancement du projet en
mettanten exergue des « services plus » auxquels vous
savez qu’il est sensible et qui le valorisent : par exemple,
des indicateurs de l’ambiance des équipes qu’il ne peut pas
toujours percevoir s’il est loin du terrain, un rapport «
d’étonnement » sur l’implication des collaborateurs dans
ce projet… ;
• une attention particulière : une invitation à une exposition
quilui tient à cœur, un envoi d’un article très intéressant
par rapport à son métier, la mise en relation avec des
personnes qu’il aimerait rencontrer ;
• un simple appel sympathique pour savoir si son enfant a
étéreçu à son examen ;
264Consolider sa position
• une réunion de benchmarking avec des confrères occupant
lamême fonction chez un concurrent ou dans un autre
secteur. Ce type de réunion est riche d’enseignement pour
vous à différents titres. C’est une opportunité de
prospecter. Vous demanderez à votre interlocuteur de
vous indiquer qui il aimerait particulièrement avoir dans
l’auditoire. Et, par ricochets, vous pourrez contacter une
autre personnalité en la flattant puisque vous lui
indiquerez que votre interlocuteur apprécierait de le
rencontrer pour échanger sur les pratiques
professionnelles. Lors de ces échanges, en écoutant les
participants, vous découvrirez probablement des éléments
sur leurs préoccupations du moment, sur les challenges du
secteur ou de la fonction que vous ignoriez jusqu’alors.
Vous saurez aussi trouver d’autres attentions pour
démontrer votre reconnaissance, grâce à la proximité que
vous entretenez par ce biais avec votre client.
De nombreux consultants sont réticents à se lancer dans
une telle démarche, car l’image de « froideur » et de «
distance » à maintenir pour être crédible ou conforme à
l’image du métier est encore ancrée dans la profession.
Pourtant, cela fonctionne. Il ne s’agit pas d’être familier ou
intrusif. Il faut avoir du discernement dans le choix des
moyens à employer et dans leur dosage pour rester discret et
ne pas importuner votre interlocuteur, tout en lui faisant un
plaisir authentique. En synthèse, vous devrez être plein de
délicatesse et de finesse et vous adapter au style de votre
client.
Fidéliser ses clients 265
La nécessité d’adopter le «
marketing de la pile »
Vous pensez peut-être que cette expression se réfère à
l’énergie dont doit faire preuve un consultant ! Eh bien, non !
Il consiste à trouver les moyens pour que votre client ou votre
prospect ait le réflexe de penser à vous quand un besoin que
vous pouvez satisfaire émerge. Car, nous le constatons tous,
si votre proposition, votre présentation ou votre
documentation se retrouve en dessous de la pile de son
bureau, elle sera proche de l’oubli ou de la poubelle. Vous
devez donc mettre en place une stratégie de contact qui fasse
que, régulièrement, votre interlocuteur soit incité à ressortir
vos documents et vous remette au-dessus de la pile de
documents qui encombre son bureau au quotidien.
Les signes de reconnaissance adressés à vos clients sont un
excellent moyen de servir cet objectif. Chez des personnes
avec qui vous n’avez pas encore collaboré, il faudra faire
preuve de davantage d’imagination. Vos sollicitations, pour
ne pas être perçues comme un harcèlement, doivent être
légitimées par une valeur perçue pour votre interlocuteur. Un
appel pour simplement le saluer et lui demander où il en est
et s’il compte vous consulter est déconseillé. Car vous
apparaissez alors comme demandeur, centré sur vous. En
revanche, l’interroger sur l’évolution des chantiers en cours
et sur leur impact potentiel sur votre future intervention que
vous aviez évoquée ensemble sera mieux perçu. Vous
induisez ainsi qu’il est au cœur de votre démarche de relance.
La forme prime donc sur le fond dans ce « marketing de la pile
».
***
266Consolider sa position
En conclusion, sachez être généreux et attentionné.
Privilégiez l’intérêt authentiquement porté à vos
interlocuteurs à celui porté à vos missions. Soyez créatif et
habile pour rebondir à chaque occasion. Soyez confiant,
patient, tenace et humble en acceptant de faire vos preuves
avant de vous voir confier l’affaire du siècle, tant attendue.
Veillez à garder du temps pour maintenir à jour vos
expertises. Vos clients vous confieront ainsi de nouveaux
projets. Investissez pour développer votre image et accroître
votre notoriété. Vos clients n’en seront que plus fiers de vous
avoir sollicité, et prompts à vous recommander de façon
active.
Ces deux derniers sujets font l’objet des chapitres qui
suivent.
Chapitre 11
Renforcer ses expertises
U
n des écueils majeurs de l’autonomie
professionnelle est de négliger le maintien et le
développement de nouvelles compétences. Nous
en avons déjà évoqué la nécessité pour que le
consultant reste en phase avec les tendances de sa spécialité
fonctionnelle et du secteur d’activité qu’il privilégie dans ses
interventions. Les modalités en sont multifacettes et vont
beaucoup plus loin que la formation lors de stages. Il s’agit
davantage d’un état d’esprit et d’une curiosité permanente
qui, si on n’y prend pas garde, s’estompent rapidement sous
la pression du quotidien.
Se réorienter complètement
À l’opposé, d’autres postulants décident de profiter de ce
nouveau métier de conseil pour réorienter totalement leur
carrière. Par exemple, après une carrière dans le marketing,
ils souhaitent se consacrer à la gestion des ressources
humaines. Ou bien, après une carrière dans l’informatique, ils
veulent se lancer dans la qualité… Les plus rigoureux vont
alors s’engager dans des cursus de formation plus ou moins
lourds, mais reconnus sur le marché. Ce choix peut être
payant s’il existe un fil conducteur et une cohérence entre
l’ancien métier et la nouvelle orientation choisie. Dans le cas
contraire, à la sortie de ce cursus, la déception est parfois
grande. En effet, les clients ne confient que rarement une
mission à un professionnel senior débutant dans un nouveau
domaine. Il va donc falloir encore un à deux ans de stages ou
de missions de sous-traitance pour valider les acquis de cette
formation par une expérience métier.
Renforcer ses expertises 271
Une troisième catégorie de consultants, le plus souvent
déjà surdiplômés, pour se rassurer lorsqu’ils ne parviennent
pas à trouver des missions, vont se lancer dans un MBA.
L’idée d’avoir un tout nouveau diplôme en poche quand les
autres acquis en formation initiale ont « vieilli » à leurs yeux
les rassure. En fait, quand on approfondit leurs motivations,
elles sont autres :
• l’espoir de pouvoir, à la cinquantaine, devenir
enseignantd’université, ou simplement assistant du
directeur de leur thèse de MBA ou de doctorat ;
• la sécurité accrue, puisqu’ils retrouvent les schémas et les
repè-res qui avaient fait leur succès dans leur jeunesse : le
sacralisé diplôme ;
• le comblement d’un vide et l’évitement de l’angoisse de
selancer dans ce métier de consultant immédiatement : le
MBA va occuper une bonne partie des journées, et sera
donc un alibi merveilleux pour entraver la recherche
d’intervention.
•la méthode du Lien et de la Loi (2L), pour analyser les relations entre
des salariés et leur organisation ;
L’approche systémique
C’est la capacité à appréhender une organisation, une
problématique, comme un système dans lequel les sous-
ensembles communiquent par des informations entrantes et
sortantes et où l’ensemble est en relation avec plusieurs
environnements distincts. La question à résoudre doit être
remise dans un contexte socio-économique où les jeux
d’acteurs et les interdépendances vont influencer fortement
le résultat. Le consultant doit avoir conscience que sa simple
présence engendre des réactions qui tendent à modifier le
milieu.
L’approche systémique exige une attention aux organes,
aux contenants et aux interrelations plus qu’aux contenus. Or
notre éducation est principalement analytique. Elle nous
invite à couper un problème en tranches pour le comprendre,
à analyser le contenu de chaque tranche et à rassembler
Renforcer ses expertises 279
toutes les conclusions partielles afin de rendre compte du
tout. Cette méthode est inopérante dans les organisations
dont la complexité réside non pas dans les contenus mais
dans ce qui est produit par chaque unité et chaque personne
en fonction de ce qui est induit. Ce n’est pas, par exemple, en
analysant une étude de poste que l’on détermine l’efficacité
de la personne à qui elle s’applique. Cette étude ne servira
pas davantage à expliquer à elle seule un comportement
d’évitement en face de telle ou telle décision de la hiérarchie.
L’approche systémique n’est pas à proprement parler une
méthode parmi d’autres mais une manière de penser une
situation à laquelle il convient de s’adapter jusqu’au stade
réflexe. Les solutions apportées par un consultant n’ont
aucune valeur en elles-mêmes mais uniquement par rapport
à un contexte spécifique, dans une organisation donnée qui
elle-même n’existe que par rapport à un environnement
identifié. Il faut ajouter à cela des référentiels qui servent de
points de convergence aux membres de l’organisation,
comme la politique, les objectifs de l’entreprise, les budgets,
la culture…
Cette vision relative ternit la toute-puissance du consultant
rêvant de la posture de gourou.
La méthodologie générale
Dans méthodologie, il y a méthode et logique. Nous avons
déjà décrit la dimension « méthode ». Quant à la « logique »,
elle supporte le raisonnement aussi bien pour l’approche de
la question posée que durant la mission et lors de la remise
des conclusions. La logique doit s’appliquer au
questionnement qui permet la découverte du problème dans
toutes ses dimensions. Elle introduit une cohérence globale
et détaillée lors de la restitution du cahier des charges.
L’approche proposée découle naturellement du cahier des
charges tout comme les conclusions seront bien en rapport
280Consolider sa position
avec celle-ci. La méthode sert la logique en ce qu’elle la met
en évidence de façon pragmatique, faisant gagner un temps
précieux. La présentation d’un document ne fait pas
l’économie de schémas bien faits et largement commentés,
de tableaux, de paragraphes qui mettent en exergue les
points importants et les synthèses. Cette présentation
requiert également une organisation du texte au sein d’un
plan et d’une structuration évidente et repérable.
***
Chapitre 12
Développer sa
notoriété et son
image
L
’ambition peut rester modeste, mais plus vous serez connu
par votre microcible, plus on vous sollicitera. La
recommandation en sera également facilitée. De même, vos
clients ou
prospects sauront où vous trouver.
V
ous êtes maintenant préparé à tout ce que comporte ce
métier, combien plaisant, de professionnel consultant.
Vous savez comment séduire vos prospects, fidéliser vos
clients, animer votre réseau, renforcer vos expertises.
Mais peutêtre vous sentez-vous découragé devant le travail qui
vous attend. Soyez rassuré. Tout postulant, avant de se lancer, à
des angoisses, des interrogations, des doutes ou, à l’inverse, trop
d’assurance, qui peut ensuite se transformer en découragement.
Passez à l’action et préparez votre plan d’attaque. Cela vous
projettera dans l’avenir et vous redonnera une énergie à tous crins.
Vous découvrirez que vous avez bâti, sans le savoir, de grandes
choses dans votre vie. Vous prendrez conscience de votre véritable
expertise et vous conforterez votre confiance en vous, meilleure
source de réussite.
Soignez votre préparation sans surinvestir dans des outils de
communication sophistiqués ni des bureaux somptueux. En
revanche, soyez très clair sur votre expertise, valorisez votre
parcours dans une biographie qui doit la légitimer, mettez en scène
votre offre de services.
Ne vous dispersez pas dans des contacts inutiles. Mais restez en
permanence ouvert à toute nouvelle opportunité, toute mise en
relation avec des gens proches ou en lien avec votre
environnement.
Concentrez-vous en priorité sur la recherche de missions au
détriment du choix du statut (entreprise, portage, travail
indépendant). Quand vous aurez votre première commande, vous
L
’ouvrage que vous venez de lire et auquel, nous l’espérons,
vous aurez recours si vous vous engagez dans ce métier
difficile mais passionnant de consultant, est conçu et rédigé
en vue de faciliter l’action au fur et à mesure des questions
qui se posent et des difficultés rencontrées.
Sachez que nous avons voulu privilégier l’engagement de terrain
avant tout. C’est auprès des clients qu’on apprend le mieux à nager
hors de l’eau. Imaginer le métier n’est pas le vivre : loin s’en faut.
Mais on n’apprend pas correctement dans les livres non plus. Ils
sont tout au plus des panneaux indicateurs sur votre route.
L’apprentissage passe par un processus rétroactif permanent avec
le terrain.
Pour commencer votre expérience de consultant ne vous
compliquez pas la vie, les préalables au terrain sont peu nombreux
: une simple carte de visite, savoir qui contacter et pourquoi, c’est
tout !
Calez votre ambition pour que le parcours soit progressif.
Commencez par proposer ce que vous avez déjà réussi dans un
contexte identique. Ce sera plus certainement une formation ou
une expertise ponctuelle qu’un travail méthodologique sur mesure
conçu à partir d’une vision systémique de la problématique du
client.
Pointez les autres conditions que vous vous imposez avant d’agir
comme autant de prétextes d’évitement.
N
ous remercions particulièrement Jackie Cadain qui a bien
voulu préfacer cet ouvrage et favoriser ainsi sa crédibilité
auprès des lecteurs. Notre gratitude va également à Marc
Cadiot cofondateur de l’Institut du Temps Géré (ITG) qui
a su par ses idées et son sens prodigieux de la formule qui porte,
mettre l’accent sur les points clés de ce métier, lorsqu’il est exercé
en solo. Un grand merci également à Cyril Bladier pour son
expertise en matière de réseaux dont il a fait profiter cette
troisième édition.
Bibliographie
BRÉCHON P., GALLAND O., L’individualisation des valeurs, Armand
Colin, 2010.
CHAMINADE B., Consultant : Un métier de ouf, Laurent Dumesnil
éditeur, 2011.
CHAVEL T., Coaching de soi : Manuel de sagesse professionnelle,
Eyrolles, 2010.
CHU C.-N., L’art de la guerre pour les femmes, Pocket, 2010.
DO MARCOLINO P.-M., Les fiches outils du consultant, Eyrolles,
2010.
DUPREZ G., L’entreprise en profession libérale, Puits Fleuri, 2006.
IMPÉRIAL D., PETITEAU G., Seniors, devenez consultants, Dunod,
2010.
ROMAIN C., Vendre du conseil… efficacement, Dunod, 2008.
STERN P., SCHOETTL J.-M., La boîte à outils du Consultant, Dunod,
2008.
VERGONJEANNE F., Coacher les groupes et les organisations,
InterEditions, 2010.
VERSTRAETEN M., Consultants en Organisation : Stratégies et
Pratiques de l’Intervention, De Boeck, 2007.