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R E C U E I L

P R É C I E U X
DE LA

MAÇONNERIE
ADONHIRAMITE,
C O N T E N A N T les trois Points de la
Maçonnerie Ecoflbife , le Chevalier de
1 O r i e n t , & le vrai Rofe- C r o i x , qui n ' o n t
jamais été imprimés:
PRÉCÉDÉS des trois E l u s , & fuivis du
Noachite , ou le Chevalier Pruffien ,
traduit de l'Allemand ;

E N R I C H I d u n Abrégé de l'Hifloire de-


ces Grades.

DÉDIÉ AUX MAÇONS INSTRUITS.

Par un C H E V A L I E R de tous les O r d r e s


Maçonniques.
a
: C-
A PHILADELPHIE,
Chez P H I L A R E T H E , rue de l ' E q u e r r e 3
à l'A-plomb.

M. DCC. LXXXVL
• i l l Œ l M S l

mmST
lAiilllaiiBiiliiiiÉliMijlgiiM
m

C U E I L
PRECIEUX
D E L A

M A Ç O N N E PcIE
A D O N HIR AMÎTE.

PREMIER ÉLU,
o u

L" É L U D E S N E U F .

ORNEMENS NÉCESSAIRES,

L A Loge qui repréfente le Cabinet de


Salomon doit être proprement décorée. La
tapifferie peut être de plufieurs couleurs.
11. Partie. A
( =)
L ' O r i e n t doit être afTez b r g e p o u r contenir
deux fauteuils deffous. Sur la même l i g n a ,
au pied du trône , à la d r o i t e , on placera
un petit autel , couvert d'un tapis qui p o r -
t e r a trois bougies de cire jaune , placées
en équerre , &. le livre de la Sagefle. La
L o g e doit être éclairée par neuf bougies
jaunes fufpendues dans un luftre , ou p l a -
cées indifHnftement dans des flambeaux à
t e r r e ; mais il faut qu'il y en ait une féparée
des autres au moins d'un pied. Si on v e u t
réclairer davantage , on peut repréfenter le
LuiiTon ardent avec des feuilles & des bran-
ches d'arbre qu'on éclairera par des lampions. •
Le carreau de la Salle doit être cou voit d'un
tapis fur lequel on placera un enfant de trois
ou quatre ans. L e i deux côtés de ce tapis
contiennent les fieges desFreres. C e t t e L o g e
étant le Confeil des N e u f , on ne peut a b f o -
lument la tenir q u ' o n ne foit n e u f , dont les
deux premiers font Salomon & Hiram R o i
de T y r , q u i , tous d e u x , o c c u p e n t le trône ;
mais Salomon préfide à la droite. Ces deux
Rois doivent avoir la couronne en tête. Celle
de Salomon eft enrichie de pierreries : il n ' y
en aura point à celle du R o i de T y r . II
p o r t e r a feulement un feeptre bleu d o r é , à
fiiets , & f u r m o n t é d'un triangle lumineux ,
emblème de la fageffe Se de la perfeélion. Le
R o i de T y r tiendra en main un grand p o i -
gnard. ^Le refte de l'habillement fera f e m -
blable à celui des F r e r e s , e x c e p t é que Salo-
( 3 J
m o n au fa des gants garnis d'une frange , &
»e tablier bordé d'une dentelle d'argent,
i ous les Freres feront vêtus de noir & p o r -
teront un petit plaftron fur le côté gauche
un lequel fera brodée une tête de mort a v e c
im os & un poignard en fautoir , en argent ;
le tout entouré de la devife , Faincre oL
mourir. Us auront un grand cordon noir
m o i r e , large de quatre d o i g t s , pendant de
oroite a g a u c h e , portant fur le devant cette
devife , rai/icre ou m w i r , b r o d é e en a r g e n t .
A u bas du cordon il doit y avoir une rofette
de ruban blanc , au bout de laquelle pend un
petit poignard dans fon fourreau. Le tablier
doit être de peau b l a n c h e , doublé de n o i r ;
Jur la bavette fera brodée une tête de m o r t ,
a v e c un os & une épée en fautoir , foumifè
a une equerre b r o d é e en or. Sur la poche du
tablier fera une greffe larme ; au b a s . & fur
c o t c s llu t
, ' autres larmes plus petites ;.au
« o n t de la poche une branche d'Acacia. Les
gants feront doublés de taftetas noir & bor-
nes de m ê m e .

T I T R E S .

L e M a î t r e fe n o m m e T r è s - S a g e ; le R o i
de T y r T r è s - p u i f f a n t , & les Freres T r è s -
Kefpe&ables. 11 n ' y a point de Surveillant ;
mais le 1 rès-Sage , a u f f i - t o t qu'il eft m o n t é
au t r ô n e , n o m m e un F r e r e , qu'on aop^lle
l'intime du Confeil.
Aij
(4)

COMMENCEMENT DU TRAVAIL.

Le T r è s - S a g e , la couronne en lete , étant


s û i s , dit au R.oi de T y r , qui le prélei)te EU
pied du trô.ne : " Très-puiflant R.oi de l y r ,
v que venez-vous faire ici « r Le Koi de
"l y r répond ; " Très-Sage , ]e viens \ ous
« "demander vengeance de la mort de 1 Ar-
j) chitefte du T e m p l e j laquelle jufqu a ce
)> jour eft reftée impunie Le 1 rès-^âge
dit Prenez place, mon t r e r e , & foyez
„ témoin des recherches que je vais o r d o n -
« ner de faire du meurtrier". Le Roi de l y r
monte au T i one 6c fe place. Salomon n o m m e
un Frere q u i , à r i n f t a n t , vient mettre ua
penou en terre au pied du trône. Salomon
prend fon fceptre ^ 6t le lui ppfe far la tete ,
en lui difant : » F r e r e , je vous conftitue
j; l'Intime du Confeil , pour veiller à la fu-
3j reté de la Loge : commencez vos f o n c -
3, rions par vous aflurer des qualités des
;; Freres ici préfens «. Le Frere fe leve
ialue les deux R o i s , puis va prendre le figne,
l'attouchement & la parole de chaque F r e r e .
D e retour au pied du T r ô n e , il dit : " , T r è s -
j> Sage , le Confeil n'a que des fujets fi-
j) déliés «. „
Salomon fe leve & d i t : 3, Mes Freres ,
3) que le grand Architefle nous éclairé , que
sj l'équité nous dirige , o£ que la vérité p r o -
33 nonce. Frere Intime , écartez tous Iss
( 1 )
« P r o f a n e s , & f o u v e n e z - v o u s qua fous ce
» nom nous c o m p r e n o n s les Maçons qui ne
» font pas honorés du n o m de M a î t r e
» Elu «.
Le Frere Intime va vifiter tous les e n v i -
r o n s , place un Frere en fentinelle en-dedans
de la p o r t e , l'épée à la main , & revient au
pied du T r ô n e , où s'étant incliné, il d i t :
« T o u t eft c o u v e r t , les Gardes e n v i r o n -
» nent les portes du Palais, & nul Profane
» ne peut pénétrer nos myfteres «. Salomon
f a i t f i g n e a u Frere Intime d'aller aux e x t r é -
mités des O u v r a g e s . Si-tôt qu'il y eft arrivé ,
le T r è s - S a g e dit ; » Q u e l l e h e u r e eft-il ?
« La pointe o u ï e commencement du jour « ?
Salomon frappe fept coups égaux & d e u x
précipités , en difant : N . N . M . , qui f i g n i -
fie v e n g e a n c e . Les Freres répètent de m ê m e ,
N . N . M . , & f r a p p e n t neuf coups dans leurs
mains. Après quoi Salomon dit : n M e s T r è s -
j) R e f p e f t a b l e s F r e r e s , la L o g e eft o u v e r t e
11 fait le figne de demande, & les Freres celui
de réponle ; puis il continue : » V o u s favez
» avec quelle douleur j'ai appris la perte d u
» grand h o m m e que j'avois commis à la
» direflion de nos ouvrages ; en vain j'ai
v tout mis en œ u v r e pour découvrir les mal-
5; heureux qui ont commis ce crime d é t e f -
» table. T o u t doit nous porter à ia v e n -
« geance : le R o i de T y r v i e n t i c i la réclamer;
» je lui lauTele foin de vous.infpirerde juftes
J j i e n î i m e n s j qui vous animent pour venger
A iij
( <5 )
» la mort fnnefte d'un h o m m e qui étoit fi
» digne de ma confiance «.
Le Roi de T y r defcend du trône , vient
fur le T a b l e a u , tire fon épée , & m o n t r e
avec la pointe le fils d'Adonhiram qui y efl:
r e p r é f e n t é , & d i t ; » V o i l à , mes Freres ,
" le gage iacré que v o u s a laifle ce grand
» h o m m e . Il doit s'attendre que fi fa m é -
» moire vous efl chere , les cris de cet en-
j) fant , fes larmes & fes prieres vous t o u -
» cheront. 11 vous demande vengeance de
" la m o r t de fon p e r e , qui étoit v o t r e c o m -
« p a g n o n & v o t r e ami. Unifions donc nos
» efforts p o u r d é c o u v r i r l'aflaflin ; qu'il
j) é p r o u v e ce qu'il mérite «. Alors tous les
F r e r e s mettent la main fur leur poignard , le
t i r e n t , 6c s'écrient : N. N . M . Le Roi de
T y r r e m o n t e au trône ; & c o m m e Salomon
fe leve pour recueillir les v o i x , l'on entend
u n grand bruit à la porte , qui fe t e r m i n a
par .neuf coups que frappe le Récipiendaire.
A v e r t i par un coup qu'a donné en-dedans
le Frere fentinelle, Salomon paroît s'en i n -
d i g n e r , St dit a v e c c o l è r e : " F r e r e I n t i m e ,
» v o y e z ce qui occafionne ce b r u i t , & com-
v ment mes ordres font exécutés «,
Le Frere fort ; & rentrant tout-à-coup d'un
air furpris , dit ;,n T r è s - S a g e , le Confeii eft
3) trahi «. T o u s les Freres mettent i'épée à
la main , & dilent ; N . N , M . Salomon en
impofe , en difant , le Sceptre levé : » Q u e
V n o t r e indignation cede un inftant à h
(7)
« nccefïlté d'entendre le Frere Intime e n f o n
« rapport. D i t e s - n o u s , F r e r e I n t i m e , qui
)> a caufé cette rumeur , & qui a eu l'audace
» de troubler n o t r e augufte Confeil " ? Le
F r e r e I n t i m e , au figne de réponfe , d i t :
3; Je viens de v o i r , a v e c f u r p r i f e , q u ' u n
» Frere s'eft glifle clandeftinement dans l'ex-
)> térieur de cet a p p a r t e m e n t . Il ell: à crain-
j) dre qu'il n'ait entendu les fecrets du C o n -
3) feil. Je dirai m ê m e , en t r e m b l a n t , qu'il efl;
3) à préfumer qu'il eft fouillé de quelque grand
» crime : fes mains font teintes de fang, & le
3) glaive tranchant qu'il t i e n t , dépofe contre
» lui , & tout excite mes foupçons «.
Salomon leve fon p o i g n a r d , & dit :
» Q u ' i l foit facrifié aux mânes d ' A d o n h i -
33 ram «. Le R o i de T y r fe l e v e , & dit ;
33 M o n Frere , écoutez v o t r e fageffe ordi-
33 naire, & ne précipitons rien. Si j'en crois
S3 mes foupçons & m o n cœur , cet h o m m e
33 eft le meurtrier que nous c h e r c h o n s , ou
33 du moins pourra-t-il nous en donner quel-
33 ques nouvelles. M o n avis feroit qu'il fûî
3) défarmé & introduit ,1e corps, le cou & les
33 mains liées , afin que dans cet état il répon-
33 dit aux interrogations que votre Sageffa
3) vous infpirera «. Salomon levant fon i'cep-
tre , dit: 33 Mes T r è s - R e f p e c l a b l e s Freres ,
33 vous avez entendu les motifs de confiance
3) du Très-Puiffant R o i de T y r ; l e s p r é c a u -
53 tions que fa fageffe & fa prudence lui
A iv
( s )
v fuggerent. Etes-vous d'avis qu'on fuive
3) fon fentiment ? «
T o u s les Freres qui veulent confentir
étendent la main à la maniéré accoutumée.
Enfuite Salomon dit ; Frere Intime , v o u s
3) avez entendu ce que le Conleil vient de
3) décider ; allez t r o u v e r le téméraire , inl-
3) pirez-lui de la confiance ÔC de la terreur ;
33 ame nez-le au pied de notre trône dans
33 l'état dit «.
Le Frere Intime fort p o u r aller chercher
le Candidat.

PRÉPARATION DU RÉCIPIENDAIRE.

Le Frere Intime , en a r r i v a n t , fe faifit de


fon épée , la lui ote , & l'envoie à la L o g e
par un Frere qu'il a eu foin d'amener avec
lui. C e Frere, en le préfentant au T r è s - S a g e ,
lui dit : s; Il eïl défarmé " . Le Frere Intime
le înene au bout de la L o g e , il lui paffe un
cordon ou ruban rouge par-deflus le c o u ,
avec lequel on lui attache les mains , &. dans
lequel on lui enferme le corps. Après on lui
fait ôter tout-à fait fes fouliers, on lui met
un bandeau fort épais fur les y e u x , & des
gants enfanglantés dans les mains , a y a n t fon
chapeau Ôté & fon tablier mis en M a ç o n ,
Q u a n d il efl en é t a t , le Frere Intime lui
dit ; 3) Sondez v o t r e coeur , m o n Frere , o n
33 vous foupçonne d'un grand crime , digne
33 d'un châtiment capable d ' é p o u v a n t e r
(9)
j) cœur le plus féroce. V o u s pouvez ccperi-
" dant efpérer de l'indulgence , fi la fincérité
» guide vos paroles. Si vous êtes i n n o c e n t ,
JI luivez-moi avec confiance «. Enfuite le
Frère Intime met fon poignard fur le c œ u r
du R é c i p i e n d a i r e , le m e n e à la porte de la
L o g e , dont il doit avoir la clef. Il l'ouvre
au R é c i p i e n d a i r e , l'introduit & le place à
l'Occident. L o r f q u ' i l y eft & que tous les
Freres fontaffis , Salomon dit au C a n d i d a t :
" Q u e cherches-tu <c ? Le Frere Intime qui
diite les réponfes du R é c i p i e n d a i r e , lui fait
dire : » La récompenfe qui m'eft dûe «.
S. Crois-tu que les Maçons autorifent le
çrime £i le m e u r t r e ? T r e m b l e plutôt tio.
jufte châtiment qui t'eft r é f s r v é . O u i
es-tu ?
R . Le meilleur des Maçons , le plus zélé d e
tous les F r e r e s , ou du moins le plus digne
de ce titre.
S. Vil aflaflin ! qu'ofes -t u dire quand tu t e
préfentes dans ce lieu facré les mains t e i n -
tes d'un fang fans doute i n n o c e n t ? T o u t
d é p o f e contre toi 3 tout annonce le
meurtre'.
R . Je me foumets à tout fi je fuis coupable.
L e R.oi de T y r : Q u ' A u o n h i r a m foit v e n g é .
1 ous les Freres r é p o n d e n t : N . N . M .
Le R o i de T y r : Mes F r e r e s , foyez contens ,
le meurtrier d ' A d o n h i r a m efl: découvert.
S. L'impofture eft trop grofliere , puifqu'iî
c h e r c h e a n o u s t r o m p e r . Q u e réponds-tu J
A y
f 10 )
R , Q u e c'efl à tort qu'on me foupçonne cîe
la mort d'un Maître dont je r e f p e f t e la
mémoire. Je ne viens qu'à deflein de v o u s
en d o n n e r des nouvelles par les d é c o u -
vertes que j'ai faites.
S. Quelles font ces nouvelles ?
R . U n e c a v e r n e , un buiflon a r d e n t , u n e
fontaine jaillilTante , un chien pour guide ,
m ' o n t indiqué le lieu de fa retraite,
S. Q u e l s en font les garans ?
R . M e s mains trempées dans le fang de trois
animaux , le lion , le tigre & l'ours qu'il
avoit apprivoifés pour garder l'entrée de
fa caverne , & que j'ai détruits pour y
parvenir.
S. Q u e viens-tu d e m a n d e r ?
R . Me jeter aux pieds du Roi p o u r p r e n d r e
fes ordres , Si s'il v e u t que je lui livre
Abiram mort ou vif.
S. Q u e l l e p r e u v e nous d o n n e s - t u de ta
foi ?
R . Les Promeffes les plus facrées feront les
garans de mon innocence , & les fup-
plices les plus rigoureux auxquels je con-
fens d'être expofé fi je fuis reconnu cri-
minel..
S. Frere Intime , puifque ce Frere c o m -
mence à calmer nos f o u p ç o n s , faites-le
avancer par neuf p a s , trois d ' A p p r e n -
t i f , trois de C o m p a g n o n & trois d e
Maître , jufqu'au t i ô n e , pour y v e n i r
p r ê t e r fon obligation entre nos mains»
11
( )
Le Frcre Intime fait avancer le Récipien-
daire , ainfi qu'ilell: ordonné, jufqu'au t r ô n e ,
où ctantarrivé il met le genou droit à t e r r e ,
la main droite nue fur le livre de la Sageffe ,
& de la gauche il tient le compas qui om-
brafle un maillet. Salomon lui pofe fon poi-
gnard fur le f r o n t , & le Frere Intime lui met
une épée nue fur le dos ; puis le Très-Sage,
en frappant un coup de fon fceptre fur l'Au-
tel , pour que tous les Freres le l e v e n t , lui
dit; )> Prenez garde à ce que vous allez faire.
v Le moment eft critique ; fi vous cherchez
5> à nous tromper , notre indulgence aug-
j) mentera la rigueur des fupplices qui la
» fuivront. Si vous êtes fincere , prononcez,
« avec nous.

O B L I G A T I O N .

« Je promèts , foi d'honnête-homme , 5 :


« devant cette augufte Affemblée, aux pieds
» de la plus haute Puiflance de la Maçonne-
3> rie , de ne jamais révéler à aucun h o m m e
» qui n'ait fait ce que j'ai fait, les fecrets qui
j; font parvenir & donnent le titre fublime
» de Maître-Elu. Je promets d'en remplir
« fcrupuleufement les obligations, au péril
» de mon f a n g , en telle renconire que ce
j) puiffe être , de facrifier aux mânes d'Adon-
» hiram les parjures qui pourroient révéler
s> quelqu'un de nos fecrets aux Profanes. Je
» tiendrai mes engagetnens, ou que la m o r t
v
A i
( u )
j) la plus afï're\ife (bit l'expiatiofl de mon par-
j) jure : après que mes y e u x auront été privés
« de la lumière par le fer r o u g e , que m o n
j) corps devienne la proie des vautours , que
j; ma m é m o i r e Toit en exécration aux Enfans
3) de la V e u v e par toute la terre.
3) Ainfi foit-il.
Salomon dit : N. N . M . ; ce que tous les
F r e r e s r é p è t e n t enlemble ; enfuite, il dit :
33 Mes r e f p e f t a b l e s F r e r e s , v o u s a v e z e n -
si tendu. Jugez vous à p r o p o s que ce F r e r a
s; acheve maintenant la vengeance " ? T o u s
les Freres marquent leur acquiefcement par
le figne de réponfe.
Alors Salomon releve le Récipiendaire
& dit : 33 Frere Intime , faites retourner le
33 F r e r e à l'extrémité de la L o g e ; c o m m e il
33 eft v e n u au trône en arriéré , qu'il s'en re-
3) tourne de m ê m e , pour lui apprendre q u ' o n
53 n'a rien fans peine , & qu'il ne doit jamais
33 s'offenfer des m o r t i i k a t i o n s ordonnées
3! par le jugement de la Loge ; l'huoiilité
j» étant le véritable chemin de la p e r f e f t i o n
33 M a ç o n n e «. Enfuite le Très-Sage adrefie
la parole au R o i de T y r , en lui difant ;
53 T r è s - P u i f l a n t M o n a r q u e , êtes-vous fatis^
33 fait ? u
R , Je le ferai lorfque l'Inconnu aura rempli
fes obligations , en nous livrant Abiram
mort ou vif.
S. Frere Intime , déliez les mains à l'In-.;
connu, armez-le de l'on glaive, &. le rnsîj
( '3)
tez en état d'aller effeftuer fes promefTes;
Après que le Frere Intime a obéi & qu'il
a remis le chapeau & l'épée au Récipien-
daire , Salomon lui dit ; » Confomme ton
« ouvrage à la faveur des ténebres , & rends-
» toi digne du choix que nous avons bien
» voqlu faire de toi , pour exterminer le
meurtrier d'Adonhiram ; mais tâche de
« nous le livrer vivant
Auffi-tôt le Frere Intime prend le R é c i -
piendaire par les mains & lui fait faire neuf
tours dans la Loge , deux lents & deux pré-
cipités ; au neuvieme on ouvre doucement
la porte de la Loge , & l'on conduit s'il
fo peut le C a n d i d a t , fans qu'il s'en a p p e r -
çoive , dans la Chambre obfcure , de laquelle
on va voir la defciiptiou.

CHAMBRE OBSCURE.

Cette Chambre doit être tendue de noir


& ne doit être éclairée que par les lumières
dont on va faire mention. Au fond , d'un
côté , il faut une efpece d'antre ou caverne
couverte tk garnie de branches d ' a r b r e ,
dans lefquelles doit être un fantôme affis ,
dont la tête efl: garnie de cheveux , & feu-
lement polée fur le corps. Auprès il doit y
avoir une table & un t a b o u r e t , & vis-à-vis
un tableau tranfparent repréfentant un bras
tenant un poignard & . ce mot écrit ;
VENGEANCE, Sur la table il faut s u
(M)
g o l ^ l e t ; & au-bas du tabouret doivent être
u n grand poignard & une lampe qui puiffe
fe prendre à la main , & qui rende une foible
lum'era ; à l'autre côté de la C h a m b r e il
faut une fontaine , de laquelle doit couler
de l'eau claire.
L o r f q u e tout efl ainfi difpofé & que le
F r e r e Intime a conduit le Récipiendaire dans
cet a p p a r t e m e n t , il le place fur le tabouret
d e v a n t la table , fa tête a p p u y é e fur un de
fes poignets ; puis il lui dit: » Ne bougez p r s ,
« mon Frère , de cette fituation que vous
5) n'entendiez frapper trois coups qui v o u s
5) ferviront de fignal pour vous découvrir les
w y e u x . Suivez e x a f t e m e n t ce que je v o u s
Î) prefcris ; fans cela vous ne pourriez jamais
« être admis dans l'augufte Loge de Maître
» Elu «. Après ce difcours le Frere I n t ' m e
f o r t , ferme la porte avec force , & aban-
donne le Récipiendaire quelques inflans à
fes réflexions ; enfuite il frappe trois c o u p s }
puis laiffe le temps au Récipiendaire d'exa-
miner ce qui eft autour de lui ; après quoi
il entre avec un air férieux , & lui dit : » C o u -
» rage , mon Frere , voyez-,vous cette f o n -
j j t a i n e ? Prenez ce g o b e l e t , puifez de l'eau ,
}) & b u v e z , car il vous refte bien de l'ou-
V vrage à faire «.
Q u a n d le Récipiendaire a bu : » Prenez
« lui dit le Frere I n t i m e , cette lampe ; armez-
vous de ce p o i g n a r d , entrez £u fond de
s) csttç caverne , frappez tout ce que vous
C 15 )
j) trouverez qui vous réfiflera. D é f e n d e z -
» vous; vengez votre Maître, & r e n d e z - v o u s
» digne d'être Elu
Le Récipiendaire entre le poignard l e v é ,
tenant la lampe de la main gauche. Le F r e r e
Intime le fuit en lui montrant le fantôme ou
la t è t e , & lui crie : « F r a p p e z , vengez
« Adonhirarn ^ voilà fon afTaffin «. Le R-é-
cipiendaire frappe de fon p o i g n a r d ; enfuite
le Frere Intime lui dit : » Q u i t t e z cette
)i lampe , prenez cette tête par les c h e v e u x ,
» levez votre poignard , & fuivez-moi f .

N o n . O n a foin d'avoir du fang où quel-


que drogue rouge , dont le Erere Intime
teint le poignard & les mains du R é c i p i e n -
daire avant de fortir de la caverne ; puis iî
le conduit à la L o g e , où le Frere Intime
entre le premier. Le Récipiendaire le fuit
& eft préfenté à tous les F r è r e s , qui font
d e b o u t & qui font le figne lorfqu'il pafiq
d e v a n t eux,

A u f f i - t o t qu'il eft en Loge , le Très-Sage


met fa main fur fon p o i g n a r d , le leve ait
fif n e , & dit : N . N . M . Le Frere Intime fait
avancer le Récipiendaire à l'Autel par trois
grands pas précipités. Au troifieme , il s'in-
cline , met un genou en terre , pofe la t ê t e
& le poignard fur l'Autel & refte à genoux,
S a l o m o n lui dit : " Malheureux ! qu'avez-
^5 vous fait î Je ne vous avois pas dit de
( 1(5 )
» tuer T o u s les Elus mettent à l'inflant un
genou en terre , &; difent ; " G r a c e , t r è s -
si liage R o i , c'efl: le zele qui l'a e m p o r t é ,
« grace , grace , grace ? « Salomon répond ,
» Qu'elle lui foit accordée comme vous le
» déflrez , mes Freres ; levez-vous & con-
3i courez avec moi à récompenfer le zele
« Si la fermeté de ce Frere ; & vous , mon
« Frere , levez - v o u s , venez & apprenez
5; que tout ce que vous venez de taire ell
j) uns image des obligations que vous con-
» traéiez aujourd'hui. V o u s allez remplacer
3) un des neut Maîtres que Salomon jugea
s» affez parfaits pour leur confier la pçmrfuite
3) du meurtrier d'Adonhiram. Q u o i q n e tous
3) fuflent animés d'une même ardeur , que
3> Niftokia eût déjà découvert le corps du
3) ReTpedable ; cependant il efl; à croire
3) qu'aucun des Maîtres n'auroit pu trouver
33 la retraite de raflalUn, fi un inconnu ne
33 l'eût indiquée à Salomon. Ce fage R o y y
33 e n v o y a auffi-tôt neuf zélés M a î t r e s , dont
33 un d'eux étant entré précipitamment dans
33 la caverne , n'eut pas plutôt vu Abiram
33 qu'il lui porta un coup de poignard ,. dont
33 il tomba mort fur la place. V e n e z main-
33 t e n a n t , mon F r e r e , recevoir la r é c o m -
33 pen!s due à votre confiance.

( En lui donnant le T.-.blier. )


33 Ce Tablier marque le deuil que p o r t e n t
» tous les Elus de la mort d'Adonhiram ^
( 17 )
» 5c vous fait connoître le chagrin qu'en doit
» avoir tout bon Maçon.
( En lui donnant Us Gants. )
" Ces gants vous apprennent que l'innocence
3) feule a du chagrin fans remords.
" Nous avons en ce grade , comme dans
•>•> tous les autres , un ligne,, une parole & un
» attouchement.
» Le figne fe fait par celui qui le demande
» en tirant l'on poignard de la main droite ;
& le levant comme pour frapper ai) front.
v Cslui qui r é p o n d , ferme la main droite ;
» & le poing ainfi fermé , le leve Ck puis le
3> renverfe.
" L ' a t t o u c h e m e n t , pour celui qui te d c -
v mande , e f t , après avoir fermé la main
?> droite , d'en lever le pouce & de le p r é -
» fenter à celui à qui on le demande. 11 doit
» répondre en faififfant, de la même main ,
» le pouce à pleine main. Enfuite le Demau-
j) dant répète la même chofe , Si le R é p o n -
33 dant le fait encore une lois.
33 Le mot eft N . N . M.
33 Allez maintenant vous faire reconnoitre
33 à tous les Freres , en leur donnant le figne,
33 l'attouchement & la parole, que vous leur
33 donnerez comme vous les avez reçus ;
53 enfuite vous viendrez me le r e n d r e " . L e
Récipiindaire obéit.
33 Mes F r e r e s , dit Salomon ,. aidez-moi à
53 faire un Elu u. Les Freres tendent tous
les mains du côté du Récipiendaire ; puis iç
( ^8 )
Très-Sage lui d i t , en le touchant de fon
fceptre: » Mon Refpeélable F i e r e , je vous
j! lais Maître Elu du confentemcnt de la
» très - augufte L o g e , & vous remets ce
» poignard.
( £/; Lui pajfiint U Cordon. )
3) Mais l'ouvenez-vous qu'il n'efl: fait que
« pour punir le crime , fecourir vos Freres
» &L châtier le meurtre : c'cft dans cette v u e
« que nous vous en ornons & que vous d e -
» vez. le garder. Prenez féance parmi les
» F f ô r e s , les anciens de notre Confeil ;
« fuivez leur exemple ; & , pour vous inf
» truire, prêtez une oreille attentive à l'Inf-
« truftion qui va être faite ; elle vous éclai-
« rera fur ce qui paroît à vos y e u x , & dont
JJ vous n'avez pu jufqu'à prélent avoir Tin-
» telligence «•
( 19 )
JP

C A T É C H I S M E
DE P R E M I E R E L U*

|, D . E T J ; S - v o u s Maître Elu ?
; R. O u i , Très-Sage , je le fuis.
1 U. A quoi le connoîtrai-je ?
| R. Au fig ne , à l ' a t t o u c h e m e n t , à la parole;
r D . Donnez-les ?
î R . II les dorme.
I D . O ù avez-vous été reçu Maître Elu ?
R. Dans la Salle de Salomon,
D . Q u e l motif vous a porté à folliciter ce
titre ?
^ R. Le défir de v e n g e r la mort d ' A d o n -
hiram,
i D . Q u i fut l'homicide d'Adonhiram ?,
R. Abiram , dont le nom fîgnifie meurtrier
ou aflaffin.
D . Par-où êtes-vous parvenu au lieu de la
vengeance ?
R. Par des chemins obfcurs & inconnus,
D . Q u i vous y a conduit ?
P... \J n inconnu.
D . O u etoit litue le lieu de la vengeance ?
R . Au pied d un buiilon ardent dans uss
antre obfcur,
( )
D . Q u e t r o u v â t e s - v o u s dans cotte caverne ?
R . Le traître Abiram , une fontaine , une
lumiere & un poignard.
1?. Q u e l etoit l'ulage de tout cela ?
R . La lumiere m'a éclairé , la fontaine m'a
d c f a l t é r é , le poignard étoit réfervé pour
v e n g e r la m o r t d'Adonhiram , par le
c o u p que reçut A b i r a m , qui le fit tomber
m o r t iur la place.
D . C e malheureux dit-il quelque parole ?
R . O u i , il en dit une , mais que je ne puis
proférer.
D . Dites - moi feulement le premier m o t , j
je vous dirai le fécond ?
R. Nekar.
D . N e k u m . Q u e fites-vous du corps d ' A -
biram ?
R . Je lui coupai la tête , que je portai à
Salomon , pour lui a p p r e n d r e que la ven-
geance étoit accomplie.
D , Q u e l l e heure étoit- il quand vous fûtes
arrivé ?
R . La pointe du j o u r .
D . Combien y avoit-il de Maîtres Elus
pour cette vengeance ?
R . Neuf.
D . Q u e vous refle-t-il à faire ?
R . Rien , puifque tout efl; accompli,
D ; Q u e l l e heure e f t - i l ?
R . L'entrée, de la n u i t , l'heure à laquelle
je fuis forti de la c a v e r n e .
D . Q u e l efl; le mot de pafiage
R . inerkin.
S ( 21 )
Salomon : Mes Frei-es, qu'une heure ft
mémorable nous foit toujours préfcnte à
l'efprit , fit nous rappelle fans cefle le
zele des neuf Maîtres, pour les imiter-
Salomon frappe fept coups égaux fur
l ' A u t e l , & Hirara frappe les deux derniers
précipités, après lefquels le Très-Sage dit ;
3» Mes F r e r e s , la vengeance efl: accomplie ;
3) l e Ç o n f e i l p e u t fe r e t i r e r , la Loge desMai-
)i très Elus cft fermée «.
T o u s les Freres frappent neuf coups dans
leurs mains , fept é g a u x , deux précipités,
& on fait les acclamations.
NOTA. Lorfque la Loge s'affemble , que
tous les Freres font habillés, à l'exception
du cordon qu'ils doivent paffer fur le bras
gauche , le Très-Sage fe met au-bas de
l'Autel & paffe le cordon noir à tous les
F r e r e s , l'un après l'autre, obfervant de le
faire baifer à tous les Freres , à chacun en
particulier, avant de le paffer au cou.
Les Maîtres Elus ne doivent jamais fe
trouver en aucune L o g e , foit inférieure ,
foit fupérieure , fans porter leur cordon noir
& leur poignard , quoiqu'ils ne doivent le
fervir du dernier qu'aux Loges d'Elus.

LOGE DE T A B L E .

I L A Loge de Table fe tient comma les


a u t r e s , a l'exception qu'il n ' y a point dç
( a i )
Surveillant ; mais le F r e r e Intime , placée en
face des deux Rois , en fait la fon6Vion. O n
o u v r e la Loge par neuf coups , puis on fait
quelques demandes du Catéchifme , & o n
annonce que la L o g e d'Elu eft o u v e r t e .
Q u a n d on tire les fantés , les Freres tirent
leur poignard , le mettent en travers fur leur
c a n o n j on le retire & on le met h coté du
canon. L'on tire à l'ordinaire , & on m e t
t o u t de fuite le poignard fur le canon , en
trois temps lans bruit. Celui qui commande
la i a n t é j fait le figne de demande , & tous les
r r e r e s celui de réponfe ; de même lorfqu'on
v e u t demander la parole : les couteaux fe
n o m m e n t poignards.
L o r f q u ' o n tient L o g e d'Elu & qu'il y a
que.que Reception , Ton o u v r e en Maître,
L e Récipiendaire y affilie. Lorfque la Loge
eft o u v e r t e , le R e f p e à h b l e fait affeoir le
Récipiendaire au pied de l ' A u t e l . T o u s les
F r e r e s s'aiTeyent furdes fieges qu'on apporte
derriere eux ; puis le ReCpeftable les ex-
porte a preter une oreille attentive au D i f -
cours qu on va leur faire, & qui concerne leur
iecepiion. Le Difcours fini on fait lever les
R é c i p i e n d a i r e s , on les e n v o i e à la C h a m b r e
de Réflexion ; on ferme la Loge de Maître
& on o u v r e celle d'Elu , c o m m e il eft
f c r i t au c o m m e n c e m e n t de ce Recueil,

Fin du premier Elu,


( 23 )
^
S E C O N D ÉLU
N O M M É

É L U D E P É R I G N A N " .

DISPOSITION DE LA LOGE,

L A décoration cft la même que dans le


Grade précédent , fi ce n eft que la L o g e
e n eclairee par 27 himieres , difpofées de
9 en 9. Le Très-ReCpeftable , affis fur le
trône , frappe un grand coup , & dit :
•» Freres Surveillans , faites - vous bien
» informer fi nous fommes couverts & fi
" nous fommes en fureté «.
Après que les Surveillans ont répondu , le
R e f p e f t a b l e fait les demandes fuivantes :
D . Vénérable premier S u r v e i l l a n t , /avez-
vous , e n qualité d'Elu , d'autres myi-
teres que ceux des lettres N . N . M . ?
R.. Oui. Je connois la lettre P.
D . Q u e fignifie cette Lettre ?
R . C eft l'initiale du nom de l'inconnu qui
avertit Salomon de la retraite d'Abiram ^
& qui s'offrit d'y conduire les neuf Maîtres
Elus,
2
( 4 )
D . A quelle h e u r e s'ouvre la L o g e de ce
Grade ?
R . A l'entrée de la nuit ou au déclin du
jour.
D . Q u e l l e heure e f t - i l ?
R . Le jour eft fini.
Le T r e s - R e f p e é i a b l e frappe alors vingt-
fc pt coups par trois fois n e u f , faitle figne <
& dit ; » Vénérable premier Surveillant ,
» faites votre devoir en avertiffant fur vos
" colonnes ctue la LoGe du fécond Elu eft
1
—> •1 / A * '

y? o u v e r t e C e qu'il execute. Apres quoi


on fait les acclamations ordinaires. Enfuite
le T r è s - R e f p e f t a b l e dit : » V é n é r a b l e s p r e -
3) mier & fécond Surveillans , i n f o r m e z -
» vous fur vos colonnes fi quelque Elu au-
i> roit quelque chofe à p r o p o f e r Ils le font.
Alors le Maître des C é r é m o n i e s fe leva
Si dit : » Il y a un Maître Elu du premier
si G r a d e , qui fouhaiteroit connoître Its m y f -
j) teres du fécond «. Le T r è s - R e f p e f t a b l e
demande fi le fcrutin lui a été favorable
à la précédente affemblée ; & pour lors
il ordonne au Maître des Cérémonies de
l'introduire , après l'avoir examiné fur les
G r a d e s qu'il pofiede , & fur-tout fur le
premier Elu. C e t examen f a i t , il conduit
le Récipiendaire , avec tous fes habits & fon
c o r d o n , & le place entre les deuxSurveillans.
L e Très-R.elpe£table lui demande ce qu'il
défire. A quoi i! répond : Connoître le
w G r a d e de fécond Elu £(.
D . Mes
( 25 )
D . Mes F r e r e s , l'en croyez-vous (JiT.e ?
1\. Le fécond Surveillant & le Mahre des
Cérémonies répondent : Oui.

Le Récipiendaire parcourt les quatre points


cardinaux par deux fois; c'eft-à-dire que ,
partant^ de l'Occident où il Ce trouve ^ il
monte à l'Orient par le M i d i , & redefcend à
l'Occident par la même voie. Là , il parcourt
deux fois l ' O c c i d e n t , allant & v e n a n t . Il
en fait de meme à l ' O r i e n t , enfuite au Sep-
tentron , & revient après fe remettre à fa
p l a c e , d'où il traverfe la Loge pour aller
prêter fon Obligation. Cette traverfe fait les
neuf voyages. 11 faut combiner qu'en les
faifant,, on falue neuf fois le T r ô n e .

O B L I G A T I O N .

n Je jure & promets, parole d'honneur,


« foi d'honnête h o m m e , en préfence du
» Grand Architefte de l'Univers , & devant
" cette affemblée , de garder & obferver
j) les myfteres du fécond Grade d'Elu qu'on
3> va me confier 3 non-feulement vis-à-vis
j) des Profanes, mais encore envers les Freres
3) qui font dans les Grades inférieurs à celui-
33 ci ; le tout fous les peines portées par ma
3> premiere O b l i g a t i o n ; confentant de plus
33 d'avoir la langue arrachée & de pa'ffer
s» pour un infâme , dont Dieu veuille me
s; p r é f e r v e r , & me foit en aide. A m e n ,
II. Partie, B
C A T É C H I S M E
£)£ S E C O N D É L U .

D.CONNOISSEZ-VOUS d'autre Elu que celui


des Lettres N . N. M. ?
R . O u i , je connois la Lettre P .
D . Q u e lignifie cette lettre ?
R . C'eft l'initiale du nom de l'inconnu qui
vint découvrir à Salomon la retraite
d'Abiram.
D . Prononcez fon nom entier?
R . Pérignan , dont ce Grade porte le nom.
D . C o m m e n t avez-vous été introduit en
Logi
R . Par 27 coups frappés en différens temps
de 9 en 9.
D . Q u e fignifient ces coups ainfi répétés ?
R . Trois chofes. La premiere , que j'étois
un des neuf Elus qui furent à la recherche
de l'afiaffin , ou du moins que je défirois
d'en être. La f é c o n d é , les neuf Maîtres
qui furent à la recherche du cadavre de
notre cher Maître Adonhiram, La t r o i -
fieme , les coups qui furent portés aux
trois portes par les trois faux Freres.
D . Q u e fignifient ces trois lettres P«.. G . A . ,
qui font dans le tracé de la Loge ?
R . Le nom des aflaffins de notre Refpçiiablg
Maître Adonhiram,
( 27 )
D- ^Nwo m m e z -
iinu^-ies > l e s ?
R . Romvel j G r a v e l o t , Abiram;
s'étoient placés ces trois mifé-)
rabies p o u r executer leurdéteflable crime ^
R . R o m v e l a la p o r t e de l ' O c c i d e n t , a r m é
armTrr ' ^ ' ' a v e l o t à « l i e du N o r d
arme d un m a . l l e t , & A b i r a m à celle diî
M . d , , a rmé d'un levier. C e fut lui qui
î ^ e n v e r l à par terre & le laiiTa mort.
Q u e l fut le fort de R o m v e l & de G r a -
^ e l o t Isotre premier Elu ne nous aPp -
prend que celui d'Abiram.
K balomon d é c o u v r i t - q u ' i l s a v o i e n t éri
miférab ement dans le p a y s Cabule où
ils s'étoient réfugiés. ""uie , ou
,Péri8nan' inconnu d u
r/fT- f f ' r U t " i l qu'Abiram s'étoit
réfugié dans fa caverne ?
•^•i e n g n a n travaillant à un buiffon , au
pied duquel etoit la caverne , fon chien
m i t a a b o y e r . Il regarde & voit e n t r e r
un homme tout effarouché. Sa curiofité
ie porta a favo.r qui il étoit. Abiram fe
v o y a n t d é c o u v e r t par cet i n c o n n u , fe
jeta a fes pieds , lui confia fon fecret
P Ian d 12 P 0 i n t r é v é l e r à S a
mon
on 1] UI kb a i f T[ m a m s p o u r 1 . a t t e n d r^i r- ^

. P o u t q u o . l'Inconn» avertit-il S a l o m o , >


à l E<li , P O r é
R oi L
«•01 & fen obtenir
T ,'la r ,e c o m'p e nP f"e . « % =

B ij
( z8 )
D . C o m b i e n de temps Périgtinn nourrit-il
Abiram avant de le découvrir a Salomon f
R . Sept jours entiers.
D . Pourquoi tarda-t-il tant a le declarer .
R.. Parce qu'il n'apprit l'Edu du R o i que fept
iours après la d é c o u v e r t e , allant a la
ville chercher des vivres pour lui & pour
Abiram. . , , n ^ >
D . Q u e l eft le mot facre de ce Grade -
R . Moabon.
D . Q u e lignifie ce mot ? . . „ .
R . Loué foit D i e u de ce que le c n m e & le
criminel font punis.
D . Q u e l eft le figne de ce G r a d e ^
R . C ' e f t de faire femblant de s'arracher la
langue en étendant les mains.
D . Q u e l l e eft la réponfe de ce figne ?
R . C ' e f t de lever les mains & les j e u x au i
c i e l , comme pour implorer m l f é n c o r d e .
D . D ' o ù tirez-vous ce figne? • J i
p Partie de mon obligation , partie de la
furprife où fut Abiram fe v o y a n t décou-
vert.
D , Q u e l eft v o t r e a t t o u c h e m e n t .
R . D e préfenter la main à celui qu on v e u t
r e c o n n o i t r e , lequel doit la prendre &. la

D . A quoi cet attouchement eft-il relatif ? _


B.. Au baifer de main qu'Abiram fit a r e n -
gnan pour le porter à fe taire.
D . Q u e l eft le mot de paffe ? _ „ * . \
R , A b i r a m , qui fignifie meurtrier ou allamn. :
( ^ )
D . Q u e devint la tête de ce malheureux ?
R . Elle fut embaumée 3 & Salomon la fit
mettre au bout d'une pique , avec un poi-
pnard au-delTous en f a u t o i r , & expoTee au
• Septentrion du T e m p l e , pour faire voir
que le crime ne refte pas impuni.
D . Q u e (ignifient les neuf tours que vous
avez faits dans v o t r e v o y a g e , a v a n t de
prêter votre obligation ?
R . Les neuf jours q u ' A b i r a m refta caché dans
la caverne.

D I S C O U R S.

V o . s voilà enfin parvenu au G r a d e


de fécond E l u , Vénérable M a î t r e , à ce
Grade qui faifoit depuis l o n g - t e m p s 1 o b j e t
de vos défirs , que v o t r e zele & vos tra-
v a u x vous ont procuré-; permettez que je
vous en félicite. N o u s vous 1 avons confie
de bon c œ u r , & d'autant plus volontiers ,
que cette faveur va fans doute vous rendre
digne , par vos e f f o r t s , de penetrer les lu-
blimes m y f t e r e s qui nous reftent à vous dé-
couvrir : vous avez appris , dans le premier
G r a d e d'Elu , le fort du perfide Abiram ; &
le fécond vous inftruit de la fin funefte des
deux autres fcélérats , R o m v e l & G r a v e l o t ,
o u i , après avoir long-temps erré de Province
en P r o v i n c e , traînant p a r - t o u t le remords
B iij
( 3° )
de leur c r i m e , périrent miférablement. Jufte
effet de la vengeance divine , qui ne laiïïe
jamais le crime fans punition. T o u t e l'allé-
gorie que renferme ce nouveau G r a d e eft
bien aifée à d é v e l o p p e r ; vous la trouverez
toute tracée dans ce tableau qui s'offre à vos
y e u x , & dont le principal & le plus f r a p -
p a n t objet d ' h o r r e u r & d ' é p o u v a n t e à tous
ceux qui continuent de travailler au T e m -
p l e , ert de leur apprendre que quiconque
trahit fes freres , fes maîtres & fes amis ,
mérite un pareil fort. T o u s les myfteres de ce
G i a d e d'Elu ont un rapport m o r a l , c o m m e
ceux des autres Grades que vous poffédez.
L e figne de celui-ci , en failant femblant de
s arracher la langue , nous apprend p a r - l à
combien grande doit être notre difcrétion ,
& la peine due aux indifcrets. La r é p o n f e ri
ce figne , en levant les mains & les y e u x
au Ciel , nous défigne l'état d'un h o m m e
furpris & interdit à l ' a f p e â d'un é v é n e m e n t
f r a p p a n t que la Providence a ménagé p o u r
le ramener à fon d e v o i r , ou p o u r le punir.
L e mot facre que nous p r o n o n ç o n s mar-
que notre réfignation aux volontés de l ' E t r e
S u p r ê m e , & la fatisfaclion que nous reflen-
îons de voir le crime & le criminel punis.
Au r e f t e , ce G r a d e , tout éminent qu'il
eft , n'eft , pour ainfi dire , que préparatoire
au troifieme Grade , dont il annonce la f u -
blimité & dont vous connoîtrez un jour le
p r o f o n d m y f t e r e , fi votre zele ^ votre d i f -
( 31 )
crétion & vos autres bonnes qualités ne fe
démentent point.

MANIERE DE FERMER LA LOGE.

D . Connoiflez - vous , en qualité d'Elu ,


d'autres lettres que celles de N . N. M. ?
R . Oui , je connois la lettre P.
I ) . A quelle heure le ferme la Loge ?
R . A la pointe du jour.
D . Quelle heure eft-il ?
R . Le jour va paroître.
•Le TVes-Refpeitable ; Puifqu'il eft jour ,
& que nos travaux font finis, Vénérables
premier & fécond Surveillans , annoncez
fur vos colonnes que la Loge eft f e r m é e .
Les Surveillans l'exécutent. Après on fait
les applaudiffemens ôc les acclamations o r -
dinaires.

Fin du deuxurne Grade.

S ÎV
( 31 )

_j ' ;

T R O I S I E M E É L U ,

N O M M É

ÉLU D E S Q U I N Z E .

DISPOSITION DE LA LOGE.

X J A L o g e doit être tendue de noir &


parfemée de larmes rouges &: blanches. A
l'Orient il doit y avoir un Squelette, qui r e -
préfente le traître A b i r a m , luivant le Grade
d'Elu des N e u f , dont, le vrai nom eft Hobenr
à l'Occident. „ du côté du Nord , il y a un
autre Squelette repréfentant Oterfut : à
l ' O r i e n t , du côté du Midi , un autre Sque-
lette repréfentant Sterkin ; chacun defquels
doit être armé de l'inftrument fatal avec
lequel les meurtriers frapperent notre R e f -
peftable Maître.
La Loge s'ouvre par cinq coups répétés
par trois fois. Le Maître ayant frappé , o n
allume les cinq lumieres qui font placées à
l ' O r i e n t , à la gauche. Enfuite le premier
Surveillant frappe de même ; on allume les
cinq autres; 6c le fécond Surveillant ayant
frappé , on allume les cinq reftantes fur trois
( 33 )
chandeliôfs a cinq branches. Il doit y avoir
tiois luftres au planchsr , pofcs triau—
gulairemeot ou il y aura de m c m e cinq lu-
nueres a c h a c u n , qui s'allument avant q u s
d entrer en Loge. Lorfqu'il y a réception ,
on ne peut être que quinze. Q u a n d les, quinze
Coups font^ frappés & que la Loge eft e n -
tièrement éclairee , le Maître demande au
Surveillant : ,, Q u e l l e h e u r e eft-il a ? 11 r é -
pond ; » Il eft cinq heures u.
L e Maître dit alors : » 11 eft donc temps
» de travailler de commencer l'ouvrage ,
» mes 1 rès-chers F r e r e s , la Loge de G r a n d
" E l u eft o u v e r t e « A p r è s quoi chaque
Frere frappe cinq coups dans la main. L o r f -
qu'il y a r é c e p t i o n , on dit : » Voici un M a î -
» tre Elu des N e u f qui défire ardemment de
3) connoître les deux autres aflaffins d ' A d o n -
» hiram j & parvenir au G r a d e de Maître
« E l u des Q u i n z e «. A v a n t d'inftruire le
Récipiendaire , on doit obferver qu'il foie
habillé en Maître Elu des N e u f , a v e c d e n x
têtes de m o r t , une de chaque m a i n , & un
poignard a la tête de la main droite , t r a -
Vsrfé fous la mâchoire. A p r è s quoi le M a î t r e
dit au premier Surveillant : JJ Faites- le entrer
5' par quinze pas triangulaires p o u r parvenir
« au pied de l'Autel Le Récipiendaire
reite environ un quart-d'heure d e b o u t , en
tenant toujours les têtes de mort.
Le Maître & tous les Freres tirent leur
poignard & m e t t e n t les mains entrelacées fur
B v
( 34 )
le front à l ' e n v e r s , en demnnd;int grace pour
lui au Grand-Maître , & réjpondant qu'il n'efl
pas coupable. « S'il n'efl: pas coupable , dit
» le Grand-Maître , pourquoi donc me de-
j) mandez-vous g r a c e " ?
Le premier Surveillant prend feul la pa-
role. » La feule grace que je demande , c'efl
3' celle de recevoir ce Frere Maître Elu «.
D . En eft-il digne ?
Tous répondent: D O u i , Très-Refpec-
» table M a î t r e " . » Faites-le a v a n c e r , dit
» le Grand-Maître , auprès du trône «. Cela
f a i t , il lui d i t : » Les quinze Maîtres Elus
j) m'ont demandé la grace de vous recevoir
s; Maître Elu des Q u i n z e , & de vous rendre
3) leur fembhible. Vous fentez-vous capable
33 de garder un fecret qui doit être inviolable ?
ii Voulez-vous vous y obligera la maniéré
33 accoutumée « ? Il répond ; O u i , & répété
l'Obligation.

O B L I G A T I O N .

53 Moi , N . , je m'oblige , fur le faint


33 Evangile , de ne déclarer ni confier où j'ai
33 été reçu , ni qui a affifté à ma réception ,
33 ni de recevoir qui que ce puiffe être , à
ii moins que je n'en aie reçu le pouvoir
33 exprès. En cas d'indi'crétion , je confens
33 d'avoir le corps o u v e r t , la tête coupée ,
33 pour qu'elle foit repréfentée au R e f p e c -
>3 table qui m'a reçu. Dieu m e foil e n aide «ç
(35)
Après l'obligation, on raconte l'Hlftoire
des autres meurtriers d'Adonhiram. M o n
i^i ès-cher Frere , v o u s avez appris , dans le
G r a d e de Maître Elu des N e u f , par lequel
v o u s avez paffé , qu'Abiram , tué dans la
c a ve rne au-deffous du buiffon a r d e n t , étoit
un meurtrier d'Adonhiram. 11 elt bien vrai
que cet h o m m e fut un de fes affaflins ; fon
n o m eft H o b e n : c'eft lui qui étoit à la p o r t e
de l ' O r i e n t , armé d'un l e v i e r , qui affomma
v o n e M a î t r e , & dont Salomon fit e m b a u -
m e r la tete , pour qu elle put fe c o n f e r v e r ,
& être expofée en public avec celles de fes
c o m p l i c e s , lorfqu on les auroit découverts j
ce qiH ne tarda pas , puifque fix mois après-,
•Len Gabel., l'un des Intendans de S a l o m o n ,
p a r les recherches qu'il fit faire aux environs
du pays de G e t h , qui étoit tributaire de
oaiomon , Ben G a b e l , dis je , apprit q u e
Sterkin & O t e r f u t , les autres affaffins d ' A -
donhiram , s ' y étoient réfugiés , dans l'ef-
p é r a n c e d ' y être en fureté. Salomon a y a n t
appris cette nouvelle , écrivit fur le c h a m a
a Maaca , Roi de G e t h , pour le prier de
livrer ces afiaffins aux perfonnes de con-
fiance qu'il e n v o y o i t , p o u r les emmener à
Jérufalem , y recevoir le châtiment dû à
leur crime.

. ^• n coniéquence , Salomon arma le m ê m e


jour quinze Maîtres des plus zélés, du n o m -
b r e defquels etoient les neuf qui avoient été
® la recherche d H o b e n . Il lenr donna des
B vj
( 3< )
t r o u p e s fufHfantes pour les efcorter. Ils fe
mirent en marche le quinze du m o i s , qui
r é p o n d à notre mois de Juin , & arrivèrent
au pays de G e t h le i 8 du m ê m e mois. Ils
rendirent la lettre de Salomon au l l o i M a a c a ,
q u i , frifïbnnant à cette n o u v e l l e , ordonna
à l'inftant qu'on fit une recherche e x a f t c de
ces deux meurtriers, & qu'on les livrât fans
r e t a r d a u x l f r a ë l i t e s ; de plus, qu i l f e t r o u v o i t
heureux que fes Etats fuffent purgés de deux
m o n f t r e s femblables. O n fit donc une r e -
che rc he exaéle , & on les t r o u v a dans u n s
carriere n o m m é e Bendicar , le quinziems
j o u r de la recherche. Z é o m e t &. Eléham
furent les premiers qui les découvrirent. O n
les faifit & on leur mit des chaînes , où la
genre de fupplice qu ils avoient a ioufinr
étoit gravé deffus. Ils arrivèrent le quinze
du mois f u i v a n t , & furent conduits auffi-
t ô t à Salomon , q u i , après les avoir acca-
blés de reproches , ordonna q u ' o n les mit
dans les cachots d'une tour n o m m é e H é z a r ,
p o u r les faire mourir le lendemain de la
m o r t la plus cruelle : ce qui fut exécuté à
dix heures du matin. Ils furent attachés à
deux poteaux par les pieds, le cou & les bras
liés derriere. O n leur ouvrit le corps depuis
la poitrine iufqu'aux parties honteufes & o n
les laifla de cette façon à l'ardeur du foleil
l'efpace de huit heures. Les mouches & les
autres infeftes s'abreuverent de leur fang. Ils
faifoienî des plaintes fi l a m e n t a b l e s , qu'ils
( 37 )
émurent leurs bourreaux de compaffion ;
ce qui les obligea à leur couper la tête. Leurs
corps furent jetés hors de Jérufalem pour
être expofes aux bêtes féroces. Salomon or-
donna enfuite qu'on remît la tête d'Hoben ,
afin que toutes les trois fuffcnt expofées hors
de la Ville , iur des pieux , dans le même
ordre que ces meurtriers s'étoient placés dans
le T e m p l e , pour aflaffiner Adonhiram ,
âtin de donner un exemple à tous fes fujets ,
& particulièrement aux ouvriers Maçons.
En conféquence, la tête de Sterkin fut mife
à la porte du M i d i , celle d'Oterfut à celle
de l'Occident, & celle d'Hoben à celle d ' O -
rient. Voilà la fin de l'abrégé de l'Hiftoire
des Aflaflîns d'Adonhiram , que Salomon
vengea par leur mort. Je prie le Grand A r -
chitefte de l'Univers de nous p r é f e r v e r d'un
femblable malheur. Enfuite il donne au R.é-
cipiendaire les fignes le mot & l'attouche-
m e n t , après l'avoir revêtu du C o r d o n .

S I G N E S .

L e premier efl; de fermer la main droite 5


le pouce élevé comme tenant un poignard ,
fe le porter fous le menton , le defcendre le
long du c o r p s , comme voulant fe l'ouvrir.
L e f é c o n d , qui eft la réponfe de lExamina-
t e u r , eft d'étendre la main , en faifant fem-
blant de fe couper le cou avec le pouce.
Le mot facré eft Z é o r a e t ; & la réponfe
( 38 )
Eléhnm, qui fervira auffi de paffage pour
entrer au T e m p l e .
Le premier attouchement eft de Ce donner
deux petits coups de l'index fur la jointure
du petit doigt, ce qui fait allufion aux deux
traîtres découverts. Le fécond eft de pren-
dre la main droite de l'Examinateur avec les
cinq doigts de la main droite étendus ; ce
qui fignifie trois fois cinq , & par confé-
quent le nombre de quinze Elus.
Le Cordon du Grand-Maître Elu eft de
ruban n o i r , de la plus grande largeur , avec
trois bouts de ruban p o nceau, après lefquels
on attachera une tête de mort. Le delTus
du cordon fera brodé de quinze larmes en
argent.

MANIERE D'INTRODUIRE
LE RÉCIPIENDAIRE.

Il doit être habillé en Elu des N e u f , &


tenir deux têtes de m o r t , comme il eft
dit ci-devant. Lorfqu'il n'y a pas de Récep-
tion , la Loge s'ouvre comme c i - a p r è s , à
la réferve que quand les quinze lumieres
font •; clairées, le Grand-Maître dit: » Aidez-
» moi à ouvrir la L o g e » . Enfuite , tous les
Freres debout & la tête découverte , font la
même figne.

D , Quelle heure eft- il ?


R . Cinq heures du foir.
( 39)
D . Pourquoi ?
R. Parce que c'efl: à cette heure que les
meurtriers d'Adonhiram furent découverts
& faifis pour être conduits à Jérusalem.
D . Ont-ils été découverts ?
R . O u i , T r è s - R e f p e d l a b l e , ils l'ont été &
préfentés à Salomon.
» Mes t r e r e s , dit le Grand-Maître , puif-
» que ces deux meurtriers ont été décou-
» verts & arrêtés , mettons-nous en de-
» voir de les faire punir, & favoir qui ils
» font , afin de montrer notre zele pour
» venger la mort d'Adonhiram.
i ous les Freres frappent trois fois cinq
coups dans leurs mains , s'affeyent & fe
découvrent.
I N S T R U C T I O N .
D . Etes-vous Grand-Maître Elu ?
R . Oui , mon zele & mon travail m'ont
procuré ce Grade avec l'eftime de mes
Supérieurs.
D . O ù avez-vous été reçu ?
R . Dans le Cabinet de Salomon.
D . Q u a n d vous a-t-il reçu f
R . Lorfqu'il m'envoya avec mes Freres
chercher les deux derniers affaffins d'A-
donhiram.
D . Vous avez donc été vous-même à la
recherche ?
R . O u i , Très-Refpeclable.
( 40 )
D . Reflentîtes-vous une grande j o i e , lorfqùô
les aflaflins furent punis ?
R . Les trois têtes qui i o n t à mon cordon en
font la p r e u v e .
D . Q u e fignifient ces trois têtes ?
R . Celles des trois aflaflins d ' A d o n h i r a m .
D . V o u s dites que vous avez été à la recher-
che de deux ?
R . Cela eft vrai ; mais le troifieme avoit
déjà été puni.
D . C o m m e n t s'appeloieilt les deux que vous
conduisîtes à Jérufalem i
R.'Sterkin & O t e r f u t .
D . C o m m e n t furent-ils découverts ?
R . Par la perquifition qu'en fit Ben G a b e l .
D . C o m m e n t fit Salomon pour les avoir ?
R . Il écrivit une Lettre à Maaca , pour l'en-
gager à en faire la recherche.
D . Q u i rendit cette L e t t r e ?
R. Zéomet.
D . Le R.oi Maaca ne fit-il aucune difficulté ?
R . N o n ; au contraire , il nous donna des
guides & des efeortes.
D . O ù les trtfuvates-vous ?
R . D a n s une carriere de Bendicar.
D . Q u i étoit Ben G a b e l ?
R , U n des Intendans de Salomon & fon
gendre.
D . Q u e l s font les Maîtres qui les prirent les
premiers ?
R . Zéomet & Eléham , après quinze jours
de recherches.
( 4' )
D . C o m m e n t les avez-vous conduits à J é r u -
ûilern ?
R . Ils étoient enchaînés par les deux mains.
D . C o m m e n t étoient faites leurs chaînes ?
R . En forme de regie St de m a i l l e t , où étoit
gravé le genre de fupplice qu'ils d e v o i e n t
louffrir.
D . Q u e l jour arrivâtes-vous à Jérufalem ?
R . Le !<; du mois qui r é p o n d au mois de
Juillet.
D . C o m b i e n reflates-vous dans ce v o y a g e ?
R . U n mois.
D . C o m b i e n de Maîtres Salomon élut-il
pour cette recherche ?
R . Q u i n z e , dont j'étois du n o m b r e .
D . Q u ordonna Salomon ?
R . Après les avoir accablés de reproches 3
il donna ordre à H é z a r , G r a n d - M a î t r e d e
fa m a i f o n , de les faire conduire dans la tour
qui porte fon n o m , & de les faire mourir
le lendemain à dix heures du matin.
D . D e quel genre de mort furent-ils punis ?
R . Ils furent attachés nus à des poteaux par
les p i e d s , les bras & le cou. O n leur o u -
vrit le corps depuis la poitrine j u f q u a u x
parties honteufes.
D . Refterent-ils long-temps dans cet état ?
R . Huit h e u r e s , espofés au foleil, harcelés
par les mouches & autres infeftes. Leurs
lamentables cris émurent leurs b o u r r e a u x ,
qui leur couperent la tête , & leurs corps
furent jetés hors de la Ville , p o u r être
la pâture des corbeaux.
( 41 )
D . C o m m e n t fe n o n i m o i t - i l ?
R , Abiram. C e n o m étoit un emblème &.
ne fignificit qu'un meurtrier.
D . Q u e l étoit l'on vrai nom ?
R . Hoben.
D . C o m m e n t nommez-vous les trois portes
où les trois tètes f u r e n t mifes ?
R , Celles du M i d i , de l'Occident & de
l'Orient.
D , Q u e l l e fut la tête expofée au Midi ?
R . Celle de Sterkin.
D . A la porte d ' O c c i d e n t ?
R . Celle d ' O t e r f u t .
D . A la porte d ' O r i e n t ?
R . Celle d ' H o b e n .
D . Pourquoi expofa-t-on ces trois tètes à
trois portes ?
R . Pour faire connoître leur pofture lorf-
qu'ils aflaffinerent Adonhiram.
D . Q u e l efl le m o t lacré du G r a n d - M a î t r e
Elu ?
R. Zéomet.
D . Q u e l eft le mot de pafle ?
R . Eléam.
D . Q u e l l e heure eft-il?
R . Six heures du foir.
D . Pourquoi fix heures du foir?
R . Parce que c'eft à cette heure que les
meurtriers eurent la tête tranchée.
n Mes F r e r e s , dit le G r a n d - M a î t r e , puif-
» que la m o r t de notre Grand Maître A d o n -
JJ hiram a été vengée par celle de fes aflaf-
( 43 )
« fins , nous devons être fatisfaits». La Lose
eft fermee. O n frappe trois fois cinq coups.

FAÇON DU TABLIER.

Il eft de peau blanche , bordée d'un ruban


no.r. Au m,],eu il doit y avoir une tour bro-
dee en argent ; trois rofettes de ruban noir ,
une a chaque coin & une fur la b a v e t t e , qui
lignihent les trois teAtes ; au - deffous de là
bavette fera mis H ; au-deffous de la rofette ,
a gauche, O j & à la d r o i t e . S,
( 44 )

C A T É C H I S M E

DE L' É L U P A R F A I T .

D. ETES-VOUS Elu ?
R . Je le fuis. .
jO. Q u e l eft l'ouvrage de 1 Elu parlait f
R . D e reiSifier les m œ u r s .
D . O ù v o y a g e n t les Elus parfaits ?
R . A la voûte fouveraine.
D . Par où avez-vous paffé ?
R . Par un long corridor éclairé par 3 , 5 ,
7 & 9.
D . Q u e fignifie le nombre 3 r
R . Les trois principales colonnes , F., ÎJ, o »
âge d'un apprentlf.
D . Q u e fignifie le nombre 5 ? ,T •
R . Les cinq ordres d'Architefture, 1 Ionique,
le Dorique , le T o f c a n , le Corinthien &
le Conipofite , âge d un Compagnon.
D . Q u e fignifie le nombre 9 ?
R , Les neuf Maîtres , âge parfait d un
Maçon. -
D . Q u ' a v e z - v o u s trouvé avant le corridor i
R . U n refpeftable Elu qui m'a demandé le
mot de paffe. j
D . C o m m e n t le lui avez-vous donne f
R , Chibot 5 par trois fois. .
( 45 )
D. Q u e renferme la voûte facrée ?
R. La parole.
D. Quelle eft cette parole ?
R. Celle qui fut perdue dans les ruines du
Temple.
D . A qui donna-t-on cette parole en premier
lieu ?
R . A M o y f e dans un buiffon ardent.
D . A qui fut elle tranfmife ?
R . Aux feuls Elus parfaits.
D . A quoi fcrvoit cette parole ?
R . A ceux qui cherchoient les meurtriers
d'Adonhiram.
D . D o n n ez - la moi ?
R, Je ne le puis , T r è s - R e f p e f t a b l e .
D . Avez-vous trouvé le meurtrier ?
R . Je l'ai puni,
D . O ù l'avez-vous trouvé ?
R . Dans la caverne obfcure, près de la fon-
taine de Siloé.
D . Dans quelle pofture étoit-il ?
R , Dans celle-ci, T r è s - R e f p e f t a b l e . (£/2 la
fiifant. )
D . Q u e fignifie cette pofture ?
R . Le remords & la triftelTe.
D . Comment s'appeloit-il ?
R . Abiram.
D . Q u e l s font les outils de l'Elu parfait?
R . Le Marteau , la Pelle , la Pince.
D . Donnez-moi l'attouchement ?
R , J'obéis en difant ; N . N . M. qu'il prcf'
nonce.
( 4^ )
D . Donnez-moi l'explication de N. N. M. ?
R . Parlait.
D . Donnez-moi le mot de vengeance ?
R . Sterkin.
D . Q u e l âge avez-vous ?
R . Neuf ans , Très-Refpeftable.
D . Les rayons du foleil luifent-ils fur nous ?
R . Notre Refpeiftable Maître eft vengé.
t ) . Q u e l eft le mot de pafte ?
R . Bérit-Neder Aliam.
I ) . Q u e l eft le figne ?
R . En fe donnant la main , la renverfer deux
fois.

DISCOURS DU M A IT R S.

V o u s favez tous , mes Freres , que


notre Refpe£lable Maître Adonhiram fut
maffacré par la fcélératefl'e de trois Compa-
gnons ; que l'un d'eux lui porta le coup de
Ja m o r t , & que tous les Maçons doivent
s'employer pour en trouver le meurtrier &
le punir de fon crime. Nos Maîtres fe déta-
chèrent donc pour aller à la recherche.
L'un d ' e u x , après avoir t r a v e r f é , avec des
peines incroyables , les montagnes les plus
e k a r p é e s , les chemins les moins frayés ,
accablé de fatigue , fut fe retirer fur le bord
d'une fontaine appelée la Civi-.. J1 apperçut
de loin une caverne obfcure. La curiofué le
C 47 )
porta à y aller. Lorfqu'il fut à l'entrée , îl
vit, clans l'enfoncement, une foible lumiere,
à la lueur de laquelle il découvrit un homme
couché dans la même pofture où vous m e
v o y e z . {Ilfait la pofture d'un homme accablé
de remords. ) Il lui demanda fon nom : il lui
répondit qu'il s'appeloit Abdacam , & qu'il
fuyolt les pourfuites qu'on pouvoir faire
contre lui; qu il etoit le meurtrier d ' A d o n -
hiram, & que depuis ce temps il ne trou voit
aucun afile contre les remords dont il étoit
dévoré. A ces m o t s , le Maître , t r a n f p o r t é
de colere , s'avança & lui plongea un poi-
gnard dans le fein , en difant, SterJcin , qus
lignifie Vengeance. V o i l à , mes Freres ,
l'inftitut de la clafle des Maîtres Elus,' qui
efl: une fuite jufte de la Maçonnerie , & le
fujet pour lequel la refpeftable Loge s ' e â
aflemblée aujourd'hui.

Fia du. troijiane Grade,


( 48 )

LE PETiT ARCHITECTE.

t a b l e a u DE LA LOGE.

C E T a b l e a u cft un carré l o n g , tracé de


l'Orient à l'Occident. Sur le bout du c a n e
à l ' O c c i d e n t , il faut un triangle contenant
l'Etoile flamboyante , dans laquelle il y a
u n G , & dans les coins du triangle on doit
y voir ces trois lettres S. V . G . C e triangle
doit être r e n f e r m é dans un cercle. La L o g e
d o i t être tendue en noir & éclairée par a i
îumieres pofées par neuf fur deux chande-
liers. Le T r ô n e qui eft a 1 Orient doit être
é l e v é fur trois dégrés ; a cote on placera
u n petit Autel fur lequel on mettra une
Bible, un Compas, une E q u e r r e , un T r i a n g l e ,
u n Chandelier à trois branches, pour les trois
autres Iumieres, & une U r n e dans ^laquelle
il y aura une Truelle d or & une Pate faite
a v e c du l a i t , de l'huile , du vin & de k
farine. T o u s les Freres f o n t places a 1 orcû-
ïiaire le long du T a b l e a u . Leur Tablier doit
ê t r e b r o d é &. double d une etofTe ponceau.
L e Maître & les Freres portent au cou un
large C o r d o n ponceau , moire , en f a u t o i r ,
au
( 49 )
SU bout duquel eft une roTette bleue qui
che le bijou, qui eft un triangle. Les Officiers
auront celui de leur charge enfermé dedans.
1 ous les Freres doivent avoir Tépée au côté
& le chapeau fur la tête. C e chapeau doit
être orné d'une cocarde ponceau.
Le Maître , qui reprélente S a l o m o n , fe
nomme Puifl'ant Maître ; les Surveillans
llclpeftables , & tous les Freres Vénérables.
O n ouvre la Loge par fept coups , diftans de
3 à 4. Les Surveillans les répètent. Enfuite
Salomon d i t : » Freres Surveillans, aidez-
» moi à ouvrir la Loge de Petit Architeéèe «.
Après que les Surveillans ont averti tous les
Freres que l ' o n v a ouvrir la Loge, le Puiffant
Maître dit : " R e f p e f t a b l e s Surveillans, êtes-
« vous affurés que nous foyons bien cou-
verts ? «
R . O u i , PuifTant Maître.
S. Refpeflables Surveillans, pour emoê-
cner toute iurpnfe , prenez de chacun
des F r e r e s , les ftgnes , le rr,ot & l'attou-
chement du Grsde que nous allons t e n i r ,
& vous m e n rendrez compte.
Les Surveiikns obeiftent, & dilent enfuite :
» Tous les Freres font Petits Architeftes «.
L). Freie premier Surveillant ^ quelle h e u r e
eft-il ?
R . i^e premier inftant, la premiere h e u r e ,
le premier jour que le Grand Archi-
teCte employa à la création de l'Uni-
vers.
i / . Partie, £
(5° )
S. Mes F r e r e s , voici le premier j o u i s la
premiere heure , le premier inftant que
le Grand Architefte e m p l o y a à la crea-
tion de l'Univers. Voici la premiere h e u r e ,
le pr>mier j o u r , la premiere ann_ec que
Salomon travailla à conftruue le 1 emp.e.
Voici le premier j o u r , la premiere h e u r e ,
le premier inftant où s'ouvre la Loge. Il
eft temps de nous mettre à l'ouvrage.
Les Surveillans répètent l'un après l'autre :
Mes F r e r e s , voici le premier iour , la
premiere h e u r e , le premier inftant ou le
Puiffânt Maître ouvre & tient la Loge de
Petit Architefte. La Lege de Petit Archt-
t e f t e eft o u v e r t e .
Enfuite le Maître dit au Maître des C é -
rémonies d'aller préparer le Candidat. 1 our
cet effet il fort avec le plus jeune cks b r e r e s ,
qu'il emmene avec lui.

PRÉPARATION DU CANDIDAT.

Le Récipiendaire , en a r r i v a n t , doit être


préfenté au Maître , qui le conduit dans une
chambre qui ne reçoit de clarté que celle
d'une petite lampe placée à terre ; puis û
l'engage à fe préparer à recevoir le Grade
qui va lui être conféré , par un grand re-
cueillement. 11 fe retire enfuite pour ouvrir
la L o g e , puis il donne la clef au Secretaire
& au Tréforier , qui vont lui demander la
rétribution à laquelle il aura ets taxe. £.niuit^
( V )
k Maître des Cérémonies va le préparer
comme il va erre Hit. Il entrera l'épée à l à
main , qu'il va pofer fur une table ; il ordon-
nera au Récipiendaire de fe dépouiller de
toutes armes offenfîves&défenfiyes, comme
c o u t e a u x , c i f e a u x , &c. Il enverra le tout
dans la Loge , puis il couvrira les yeux du
Kecipiendaire d'un voile impénétrable à la
umiere ; il lui liera, d'un n œ u d coulant
ie p o i g n e t ; de façon que le bout foit affe-
long pour pouvoir le conduire ; cel?. fait il
Je mené a la porte de la Loge , oh il l'intro-
«uit a la mamere accoutumée , & le campe
en Maçon entre les deux Surveillans, qui
avertiflent le Maître qu'il eft introduit.

R É C E P T I O N .

LePuiflant;MonFrere, le Grade d ' A r c h i t e ô e


que vous défirez d'obtenir , ne peut s'ac,
q u e n r qu après que vous aurez donné des
preuves que vous n'avez été en rien corn-
P ice de la mort de notre Maître A d o n -
Pour nous
en affurer , nous exi-
geons quevous participiez àl'oblation fym-
bolique du cœur de ce refpeflable Maître
réduit en figure m y f t i q u e , que nous con-
lervons depuis i'alîaffinat. Vous fentez-
vous la force d'avaler la parcelle de ce
c œ u r qui vous fera préfentée , que tout
j Maçon r e ç o i t , mais qui ne peut
emeurer dans le corps des parjures }
Ç ij
( V- )
SonJe?, vos difpofitions, & répondez-mot;
Etes-vous difpole de lubir cette epreuve .
R , O u i , Puiffant Maître. ^
Le Puiffant Maître continue: En ce cas, i res-
R e f p e f t a b l e Surveillant, faites-le avancer
par trois pas d'Apprentif, jufqu au lieu où
repoie l'urne qui renferme la mixtion niy f-
térieufe de notre Très-Relpe&able Maîtie.
L e Surveillant exécute l'ordre & lui fait
mettre un genou en t e r r e , les deux muins
fur le triangle polé fur la Bible.
Le P. Avant de vous admettre à cette a u -
gufts &. formidable participation , nous
devons nous allurer de vous. Voulez-vous
vous engager & prendre part à nos
myfteres ?
R . Oui , Puiffant Maître.
Le P. En ce cas répétez avec mol , avec
attention ;
O B L I G A T I O N .

5, Je promets , fur les mêmes obligations


» que j'ai contraétées dans les Grades P r e "
o, cédens , & devant cette augufte Affem-
« blée , de t e n i r , garder & cacher les fecrets
s, des Architeûes , de ne jamais les révéler
» à aucun Frere des Grades inférieurs , ou
5, Profanes, fous peine d'être privé de la fe-
3; pulture honorable qui fut accordée à notre
3ï R e f p e ô a b l e Maître. Enfin , je promets de
a (batenir de tout w o n pouvoir la Maçon-
( 53 )
H n e r i e , 8c d ' a f f i f t e r , autant que je pourrai,
j) tous mes Freres. Ainfi foit-il u.
Le PuifFant Maître prend la truelle qui eft
dans l'urne , la c o u v r e de pâte m y f t i q u e ,
la préfente à la bouche du Récipiendaire ,
p o u r en a v a l e r , en lui difant ;
» Q u e cette portion myf t i q u e , que nous
« partageons avec vous , forme à jamais un
« lien li indifToluble que rien ne foit capable
» de le rompre. Dites avec nous, ainu q u e
« tous les Freres d i f e n t , Malheur à qui nous
» défunira ! «
Enfuite le Maître le fait reconduire à
l'Occident par les Surveillans , qui lui font
faire trois pas d'Apprentif en arriéré. Lorf-
qu'il y e f t , il lui dit ;
» M o n Frere , ce que vous venez, de f a i r e ,
v vous apprend que vous ne devez jamais
» refufer de faire l'aveu de vos fautes ; que
» l'opiniâtreté & l'entêtement doivent être
3) bannis du cœur de tout b o n Maçon «.
Auffi-tôt les Surveillans faiftffent le R é c i -
piendaire , & le renverfent la face contre
terre , de façon qu'il foit fur fes mains & fur
fes genoux , le vifage deffus l'étoile flam-
b o y a n t e , & la bouche collée f u r la lettre G .
E n cette p o f t u r e , le fécond Surveillant lui
débouche les y e u x , & le premier Surveillant
lui jette fur le corps un drap noir. Enfuite le
Maître dit :
D . Mon F r e r e , qu'appercevez-vous ?
Il, La lettre G , datjs une étoile flamboyante,
C iij
( 54 )
D . Q u e fignifie-t-ellc ?
R. Gloire, Grandeur & Géométrie.
D . N e la c o n n o i f l e z - v o u s pas fous u n autre
nom ?
R . O u i ; fous celui de G o d .
L e Maître : M o n F r e r e , c'eft le n o m d u
G r a n d A r c h i t e f l e de l ' U n i v e r s . L a f i t u a -
tion dans laquelle vous êtes , v o u s r e p r é -
f e n t e celle dans laquelle n o t r e R c f p e £ l a b l e
M a î t r e fut inhumé ; c'eft-à-dire , la face
r e n v e r f é e dans l'Etoile f l a m b o y a n t e , la
b o u c h e fur la lettre G , g r a v é e fur u n e
p l a q u e d'or en triangle , qui efl l'emblème
ûénnitif de trois angles m y f t i q u e s r é u n i s
en un. Le C e r c l e r e p r é f e n t e l ' i m m e n f i t é
univerfelle , ainfi que Fefpace q u i étoit
dans la troifieme partie du T e m p l e , q u ' o n
n o m m e Saint des S a i n t s , & en H é b r e u
Hékal.
D . N o u s p r o m e t t e z - v o u s q u e fi , p e n d a n t
le v o y a g e figuratif que v o u s allez faire au
t r a v e r s des bois & des m o n t a g n e s , v o u s
r e n c o n t r e z l e s autres aflaffins d ' A d o n h i r a m ,
v o u s les a r r ê t e r e z au péril de v o t r e vie ï
R . O u i . Je le p r o m e t s .
L e Maître f r a p p e un c o u p p o u r fignal aux
F r e r e s de le faire r e l e v e r , lui délie les mains
& le cou , & lui fait faire dix-huit fois le
t o u r de la Loge ( i ) , du S e p t e n t r i o n au M i d i ,

( i ) Le Maître a le droit (le réduire ces dix-huit


tours à tel nombre qu'il juge a p r o p o s ; c ' e f t - à - d u ^
3 3 , 6 o u 9.
{ 55 )
pour fe rendre à l'Occident. Cela fait , les
Surveillans l'annoncent 3 à la maniéré accou-
tumée , au Puifïant Maître.
D . N'avez vous point trouvé d'obftacle à
votre route ?
R , O - j i , Puiflant Maître.
» C'eii; avec une jois infinie , d;t le Maître,
» que je vais récompenfer votre zele pour la
« M i ç o n n e r i e , en vous conférant la qualité
« d'Architcfte , avec la direftion des o u y r a -
7) ges du Temple. Approchez , je vais vous
« inftruire des myfteres de ce Grade «.
Le Surveillant lui ôte fon tablier , qu'il
jette à terre , & le fait avancer au T r ô n e
par-derriere les Freres du Midi.
Le Puiffant Maître , lai donnant le tablier
doublé de p o n c e a u , lui dit:
v La différence que vous remarquez de ce
j) Tablier avec celui que vous quittez, vous
5) annonce qu'une partie de ce qui vous a été
s) dit jufqu'à préfent , n ' e f t plus d'ufage dans
« nos Loges d'Architefles. V o t r e occupa-
» tion déformais fera plus élevée , puifque
j; vous ne vous occuperez plus qu'à l'Ar-
« chitefture & à l'ornement du T e m p l e «.
Il donne le cordon foutenant le b i j o u ,
aînfi que les gants.
Nous avons en ce Grade un attouche-
ment , une parole & deuxfignes ; l'un ap-
pelé de paffage. O n le nomme ainfi, parce
qu'on ne peut entrer dans nos Loges fans le
donner. Celui qui demande : E t e s - v o u s
Ç iv
(56)
Architefla ? pofe auffi-tôt la main droite fur
Ja hanche du même côté , en la ferrant du
p o u c e & de l'index, leve'en m ê m e temps les
y e u x au c i e l , fait un m o u v e m e n t du corps ,
c o m m e s'il vouloit fe reculer ; celui qui
répond , fait la même chofe du côté o p p o f é ,
en difant : Je le fuis.
L'autre figne , qui eft d'ufage général , fe
d e m a n d e en portant la main droite fur le
c œ u r , dans l'attitude du figne de M a î t r e ,
puis décrivant une ligne diagonale en a v a n t
<k à la hauteur du vilage ; & la ramene dans
fa p o f n i o n horizontale . le pouce a p p u y é
f u r le front , ce qui forme un triangle , puis
la laide tomber dans la pofition du figne de
Maître. La réponfe eft de porter la main
droite à plat fur le flanc d r o i t , en faifant u n
m o u v e m e n t , c o m m e fi on vouloit fe r e -
t i r e r , en paflknt le pied droit derriere le
gauche , ce qui forme l'équerre.
L'attouchement fe donne c o m m e celui de
M a î t r e , en paffant rapidement l'un & l'autre
]a main fous le c o u d e , qu'on prend dans ]a
p a u m e de la main , pour fe tirer par trois
i'ecoufles , en p r o n o n ç a n t chaque fois une
fyllabe du m o t G a b a o n . Allez maintenant
v o u s faire reconnoitre à tous les F r e r e s ,
puis vous reviendrez à moi. C e qui s'exé-
cute. A fon retour , il lui dit :
)) M o n Frété , après la m o r t d'Adonhiram
» les travaux alloient nonchalamment ; Salo-
m o n voulant relever l'ardeur d e s . M s w e s h
( ^7 )
» rcf.jliit de choifu- un nouvel Arcliitefle des
j) O u v r a g e s . Pour cet e f f e t , il fit aflembler
« les Maîtres les plus dignes de cette p l a c e ,
si par leur g é n i e , capacité & m œ u r s , dans
5> la falle de fon Palais. Par les plans qui
» lui furent préfentés 3 il r e c o n n u t que le
« premier édifice étoit p a r v e n u à fa p e r f e c -
v tion. Il leur o r d o n n a de mettre les m ê m e s
" proportions à la fécondé élévation , &
« nomma Architeéle leur Maître. C e u x - c i
3» s'y engagerent par de nouvelles p r o m e f -
)> f e s , qui font celles que vous venez de
« f a i r e , & qui v o n t vous afîbcier à leur
v tang. Puiffiez-vous jouir long-temps d e
» ce bonheur p a r m i - n o u s l u
( 58 )

C A T É C H I S M E
DE PETIT ARCHITECTE.

X J E Puiflant Maître , faifant le figne de


paffage , dit au premier Surveillant ;
D . Refpeflable Frere premier Surveillant,
êtes-vous Architede ?
L e premier Surveillant faifant le figne
oppofé ;
R . Puiffant Maître , je le fuis.
D . En quel lieu avez-vous été reçu ?
R . Dans le Cercle de la quadrature & le
Saint des Saints.
D - Q u e fignifie le Cercle ?
R . L'immenfué du Grand Architefle qui n'a
ni commencement ni fin.
D . La Quadrature ?
R . L'efpace du carré long du tombeau
d'Adonhiram.
D . Le Saint des Saints ?
R . L'efpace qui eft dans le triangle où eft
gravé le nom du Grand Architefle.
D . Par quel m o y e n a v e z - v o u s été reçu
Architeâe ?
R . Par le ciment qui fut employé à lier les
pierres du T e m p l e .
D , Q u e l ciment employa-t-on ?
( Î9)
R . U n ciment m y f t i q u e , c o m p o f é de lait J
d'huile , de vin & de farine.
D . Q uel eft le fens de cette mixtion ?
R . Le lait r e p r é f e n t e la d o u c e u r , l'huile la
fagefle , le vin la f o r c e , & la farine la
b o n t é , qui étoient les qualités r e f p e f t a -
bles de notre Maître.
D- C o m m e n t fut-il i n h u m é ?
R . La face vers le centre , la bouche fur la
lettre G , gravée dans l'étoile flamboyante,
D . En quel lieu f u t - i l inhumé ?
R . D e r r i e r e le fanftuaire.
D . Salomon laiflfa-t-il la mort d ' A d o n h i r a m
itn punie >
R . N o n . Il nomma A r c h i t e â e s ceux qui
v o u l u r e n t s'engager par de nouvelles pro-
melTes , à pourfuivre les auteurs de fon
meurtre.
D . C o m m e n t v o y a g e n t les A r c h i t e f t e s ?
R . Par trois fois fept fois ils firent le tour du
M o n t Liban , d3s montagnes les plus voi-
fines , & vifiterent les endroits les plus
fecrets.
D . Les affaffins f u r e n t ils t r o u v é s ?
R . O u i , PtiiiTant Maître.
D . C o m m e n t s'appeloit celui qui tua Adon»
hi ram ?
R . Abiram , qui fignlfie afiaffin ou m e u r -
trier.
D . C o m m e n t êtes-vous p a r v e n u à ce Grade ?
R . Par trois pas d'Apprentif en avant &, en
arriéré,
Ç yj
( )
D . A quoi vous occupez-vous ?
R . A la parfaite Archite6iure , aux foins de
purger les differens entre les O u v r i e r s ,
6 : à travaillar au triangle pofé fur le tom-
beau d A d o n h i r a m .
D . Décrivez-m'en l'ouvrage ?
R . Le milieu renferme le G , & les coins les
lettres S. U . G .
D . D o n n e z - m o i l'explication de toutes ces
lettres ?
R . Le G du milieu eft l'initiale du mot G o d ,
qui veut dire Eternel ; l'S foumiflion ;
l ' U fignifïe union , & le G G o m e z ; elle
eft la maîtrefîe p a r o l e , & qu'on dit être
la premiere que prononça le premier
homme.
D . N ' y a-t-il pas d'autres lettfes dans votre
Loge ?
R . Oui , Puiftaht Maître ; M. B, qui figni-
f.ent le mot que nous ne pouvons p r o -
noncer à haute voix , & que nous p r o -
férâmes en levant le corps de notre R e f -
jpeétable Maître , & trois autres d'airain
incruftées fur le bord da tombeau.
D . Ditas-moi ces L e t t r e s , & donnez-m'en
l'explication ?
R . Elles f o n t , M. A . S : I ' M fignifie M o r i a ,
vrai nom du M o n t où fut bâti le T e m p l e -,
FA veut dire Adonhiram ; & l'S Sterkin.
D . Votre ouvrage fut-il borné à conftruire
le feul T e m p l e ?
R . N o n . Je traçai le cercle par une circo^i-
( )
férence fur l'efpace du lieu que nous nom-
mons le Saint des S.iints.
D . Q u e fignifie cette circonférence ?
R . L Infinité d'une Puiflance fuprême que la
Géométrie nous repréfente fous cet em-
blème.
D . Quelles font vos marques ?
K. D e u x fignes , une parole & un attouche-
ment.
D . Comment n o m m e z - v o u s l'attouche-
ment ?
R . La double voûte.
).). D o n n e z - m o i la parole de partage ?
R . Gabaon.
D . Donnez-moi la maîtrelle parole ?
R . Gomez.
Après cette réponfe le Maître dit :
« Mes Freres , voici le dernier i n f t a n t , la
» dcrniere heure , le dernier jour que le
3) Maître de l'Univers a employé à lu créa-
3» t i o n ; i d e m , que Salomon travailla à c o m -
3) truire le T e m p l e , & c'efl le dernier inf-
3) tant que les Architeiftes doivent travailler;
JJ II eft temps de nous repofer «. Il franpe
fept coups , du 3 au 4 ; ce que les Surveil-
lans r é p é t a n t , & le Grand-Maître annonce
que la Loge eft fermée.

Fin du quatrième Grade*


( 6 0
= = «23

LE G R A N D A R C H I T E C T E ,
o v

C O M P A G N O N ÉCOSSOIS.

D ISPOS1TION DE LA LOGE.

P O U R donner ces Grades fucceffiva-


ment , il faut que la Loge-fbit partagée en
deux parties, par un rideau noir qui doit être
derriere le T r ô n e du Maître. A côté il faut
un petit A u t e l , fur lequel il y a une Bible ,
tin double triangle , une é q u e r r e , un compas
oC une planche à tracer, fur laquelle eft def-
finé le T e m p l e de Salomon, élevé jufqu'au
commencement du troifieme corps. T o u t e
la Loge doit être tendue en rouge , parfe-
mée de fleurs d ' h y a u n t h e ; mais la tenture
de la premiere partie doitétre recouverte par
une tenture noire , & arrangée de maniéré à
pouvoir difparoître lorfqu'il en fera temps.
Cette premiere partie doit être éclairée par
vingt-fept lumieres , placées par neuf dans
trois chandeliers. Les Titres du Maître & des
Surveillans, dans le premier p o i n t , font les
piêmes que dans le Grade p r é c é d e n t . Le
( ^3 )
Tableau ne diffère non plus en rien, fi ce
n'eft que le triangle doit être double.

B I J O U .

C ' e f t un double triangle formé avec un


compas & un niveau , & renfermé dans un
cercle d'or. La tète du compas doit être un
foleil d'or, dont les rayons touchentla tête du
niveau. Ce Bijou eft au bas d'un grand c o r -
don rouge m » de gauche à droite. Il faut
obferver que , dans le premier Appartement
tendu en noir , ce Bijou doit pendre au bas
d'un cordon noir ; & qu'à l'inftant que la
tenture change , il faut changer de cordon.

SECOND AP PARTEMENT.

Derriere le rideau n o i r , il faut un Autel


garni des attributs de la Maçonnerie , foit
fculptés ou peints. Il doit y avoir fept mar-
ches , & doit être environné de 81 lumieres^,
placées en triangle. Au-deffus il faut un ta-
bleau en t r a n f p a r e n t , repréfenîant la Gloire
du grand Architefte , entouré de fept intel-
ligences céleftes ; au milieu fera un triangle
lumineux , portant le nom de Dieu écrit en
H é b r e u . Aux extrémités de la nue font fept
têtes d'Ange , montées fur des ailes; fur
l'Autel il y aura , en élévation , l'Arche
d'Alliance , fupportée par deux Chérubins j
gui la couvriront de leurs ailes. Le devant
(64)
de l'Arche doit être fculpté ; l'Agneau dé
vie repofant fur un livre d'où forciront les
fept fceaux. Au coté droit de l'Arche , fur
le d e v a n t , fera la mer d'airain, foutenue fur
douze bouvillons dorés. Si on veut que la
Loge foit dans la derniere exaâitude , il fau-
dra placer les dix urnes , cinq de chaque c ô t é ,
& la mer au bout , du côté de l'Occident
tirant lur le Midi. Au milieu fera placée une
table d'airain , nommée l'Autel des H o l o -
cauftes. Le Chandelier à fept branches fera
en face de l'Arche ; à côté du Septentrion
fera une table nommée des Pains de P r o p o -
fition , iur laquelle il en fera mis onze l'un
lur l'autre, vrais ou figurés. O n mettra aulli
des vafes , des coupes & des urnes pour les
offrandes.

P R É P A R A T I O N .

Le Maître des Cérémonies doit ôter au


Récipiendaire toutes armes ofFenfives &
défenfives , fans exiger fes bijoux. II lui bou-
che les y e u x 3 lui fait un difeours fur le Grade
qu'il va recevoir , lui déclarant qu'il eft def-
tiné à remplacer Adonhiram, dont on r e -
grette encore la perte ; mais qu'il faut qu'il
foit préfenté à Salomon & au Grand Archi-
te£]:e ; que c'eft l'inftant où il doit s'armer
de fermeté , quoique ce Grade n'ait rien
qui le doive effrayer plus que les autres.
( 65 )

OUVERTURE DE LA LOGE.

XJE PuilTant, affis fur un T r ô n e p o r t a t i f ,


frappe un coup ; les Surveillans en font a u -
t a n t ; puis le PuilTant d i t :
» T r è s - Refpedables Surveillans, avant
JI que d'ouvrir la Loge de Grand A r c h i t e f t e ,
» daignez examiner tous les F r è r e s , & vous
" f a i r e affurer, par nos Oiïiciers , fi toutes
les avenues du T e m p l e font couvertes u.
Les Surveillans obéiffent, & difent : j i P u i f -
j) fant Maître , tous les Freres préfens font
« Grands Architeftes , & le T e m p l e eft
» impénétrable pour tous indiferets «.
Le Puiflant : » S'il eft ainfi, invitez tous
« n o s Vénérables F r e r e s , de vouloir bien
" nous aider à ouvrir la puiffante Loge de
» Grand Architeéle «. Les Surveillans obéif-
fent à la maniéré accoutumée. Enfuite le
Puiflant dit : » Refpeftable premier Surveil-
" l a n t , quelle heure e f t i l « ? La réponfe ,
& tout le refte de l'Ouverture de cette L o g e ,
eft abfolument la même chofe que dans le
Grade précédent.

R É C E P T I O N .

Après les formalités ordinaires . le Maître


çies Cérémonies conduit le Candidat à la
(66)
porte de la Loge , & frappe en Petit A r c h l -
teiSe. Le fécond Surveillant lui répond en
G r a n d , enfuite le premier S u r v e i l l a n t , &
puis le PullTant. Le fécond dit : R e f p e i l a b l e
}> Frere premier Surveillant , on f r a p p e a la
si porte de la Loge en Petit Architecte Le
premier Surveillant dit : » PuifTant Maître ,
» on frappe à !a porte de la Loge en Petit
j) A r c h i i e û e a. Le Puiflant dit ; )> Vénérable,
» Frere premier Surveillant , v o y e z qui
3) f r a p p e Le fécond va à la porte , frappe
en Petit A r c h i t c f t e ; on lui répond , & il de-
m a n d e : » Q u e v o u l e z - v o u s « ? Le Maître
des Cérémonies dit ; » C'eft un Frere Archi-
3) teéle qui demande à être examiné , pour
» acquérir la qualité de G r a n d A r c h i t e d e
Le fecondSurveillantferme & vient rendre
c o m p t e au premier Surveillant. Celui-ci le
dit au Puiflant, & le PuifTant répond :
)> Refpeélable F r e r e fécond S u r v e i l l a n t ,
3) dsmandez-luî fon nom , fon f u r n o m ; s'il
3) eft en état convenable , & dans la rcfolu-
3) tion de paffer par des épreuves plus fortes
j; & plus rigoureufes que toutes celles où il
« a pafTé «. Le fécond Surveillant va à la
p o r t e , fait les queftions au Frere Maître des
Cérémonies , qui apprend au Récipiendaire
ce qu'il doit répondre. Lorfque le Récipien-
daire a répondu , le fécond Surveillant va le
reporter au premier Surveillant , qui le dit
au Puiffant Maître. Après c e l a , tous les
F r e r e s , qui pendant ce temps ont été a f f i s .
( <7 )
fe lèvent , & le Puiffant Maître dît:
)) Mes F r e r e s , la deuxieme élévation étant
)> v e n u e à fa p e r f e f t i o n , c o n f o r m é m e n t aux
»> O r d r e s fupremes , il faut nous occuper à
" e n elever un troiheme , qui terminera la
j) hauteur que le T e m p l e doit a v o i r , felon
» les deffins qui en furent donnés parle Grand
v Aichiteéte de 1 Univers. La direéiîon de
« ce trolfieme etage étoit fans doute réfervée
3; au Grand Archiiedle qui doit remplacer
» Adonhiram , & que nous avons différé de
» n o m m e r j u f q u a préfent L ' O u v r a g e ne
3> p o u v a n t plus long-temps être fufpendu , il
» faut qu il foit terminé dans ce jour heureux
» qui nous raflfemble. Il convient que l'Ar-
» c h i t e â e qui fe préfente , nous falfe c o n -
» noitre la jufteffe de fes deffins ; car il n'ap-
3' partient qu'aux Grands Architeftes de p e r -
5> feiSionner les O u v r a g e s . Puiffe t-il être
3) digne de mettre la derniere main à ce T e m -
3> pie augufte ! E f t - c e votre f e n t i m e n t , mes
s» -Refpeâables Frères ? «
Chacun porte la main fur le tracé de la
L o g e , trappe trois coups dans fa m a i n , &
fait 1 acclamation ordinaire.
Le F ni liant Maître dit : » Introduifez Moa-
» b o n dans la L o g e , à la maniéré accoutu-
» m é e «. Le fécond Surveillant va à la p o r t e ,
puis amene le Candidat à l'Occident , les
pieds fur les pointes de Féquerre , ce qui en
forme une double. Le Puiffant frappe u n
eoup p o u r le lilence. L e fécond Surveillaa|
(68)
frappe fept conps en G r a n d Arch'.teâe , que
le premier Surveillant rend. Lnfuite le Maî-
t r e , p u i s le fécond dlient : ïîl'iiifTant M a î t r e ,
5) voici M o a b o n qui (Jéfire obtenir le G r a d e
„ de Grand Architefte , & à qui l'entrée de
« cette Loge a été accordée à cet effet
L e Puiffant dit : » Mon F r e r e , le G r a d e que
» vous défirez eft fort cleve ; 1 art de mettre
s; la perfeftion à notre T e m p l e eft d'une fu-
j) périorité fi grande , que nous craignons de
j) vous voir luccomber aux é p r e u v e s que
?Î nous exigeonf des fujets cjue nous y admet-
j) tons. C e p e n d a n t , la néceffité de donner
5> un fuccefleur à notre Maître Adonhlram ,
j) nous engage d'éprouver tous ceux qu on
« peut juger capables d'approcher de la
» fciençe. Four c o m m e n c e r , il vous eft o r -
5) donné de faire 2.7 fois le tour des ouvrages
« du T e m p l e , par le Septentrion à l ' O r i e n t ,
5) par le Midi à l'Occident , que je réduis à
« neuf. A y e z foin de lever le plan avec exac-
« titude. Vous le préfenterez au Grand A r -
« chiteiSe , afin qu'il juge fi vous êtes digne
3) de remplacer notre Maître Adonhiram ,
3! que nous avons perdu
Le Puiffant frappe un c o u p , pour donner
au fécond Surveillant le figne du départ. Il
v o y a g e comme les Petits A r c h i t e û e s . Le
fécond Surveillant met la Planche à tracer
entre les mains du Récipiendaire. 11 frappe
un coup , & le premier Surveillant lui dit :
Q u e demandez-vous ?
( ^9 )
Le fécond Surveillant : " Refpeflabîe Freré
„ premier Surveillant,le v o y a g e myftérieux
„ de Moabon eft fini "• Le premier Surveil-
lant le répété au Puiffant Maître.
Le Puillant ; ,, Mon Frere , quels font les
, . f r u i t s de votre v o y a g e ? ^ .
Le Récipiendaire ; Puiffant M a î t r e , j ai
„ levé le plan des Ouvrages du T e m p l e , &
,, je vous en apporte les delîins.
Le Puiffant ; Mon Frere , préfentez-les-
j, moi par trois pas de C o m p a g n o n " ' .
Le Récipiendaire les prelente , de façon
que le troifiernepas le met au pied du f rone ,
où il met le genou droit en terre. Le Puillant
lui prend la Planche a tracer , la regarde &
la donne par fa droite au Frere le plus pro-
che de l u i , qui lui fait faire le tour de la
L o g e , de main en main , j u f q u à ce qu elle
revienne au Puiffant M a î t r e , q u i , 1 ayant
reçue , met la main du Récipiendaire fur 1 e-
querre & le double triangle qui font fur
l'Autel , le compas fur 1s poignet , 1 epee
par-delTus, & lui fait prêter ion Obligation
en ces termes :

O B L I G A T I O N .

„ Je promets , fous les mêmes obligations


r
„ que )'ai prifes dans mes précédens Grades
, • / l a ç o n s , de ne jamais révéler les fecrets
„ d e s ' G r a n d s Architeftes , à aucun Archi-
„ t e f t e , Maître 3 C o m p a g n o n , AppremA
( 70 )
i» M a ç o n , fous les peines d'être exclus c'a
n 0tr
" r » rr e & c l e n o s L o g e s - A m e n "•
Le 1 uifTant: n Levez-vous. Frere premier
» S u r v e i l l a n t , conduifez-le à l'Occident par
» trois pas de C o m p a g n o n en arriéré «.
Lorfqu'il eft à l ' O c c i d e n t , les Surveillans
Jui rent tourner le dos vers l ' O r i e n t , le pla-
cent lur le tabouret qui eft devant le tableau
« le retournent vers l'Orient. Enfuite le
M a u r e dit : » Perftftez-vous à garder le filence
» lur nos m y f t e r e s « ? Le Récipiendaire ré-
p o n d : » O u i , Pmflant Maître «.
L e Puiftant. « F r e r e premier Surveillant ,
» ofez-lui le voile de Ton obfçurité. M o a b o n
" r "d8"/?- d e ^ U i r d e l a v u e c l e n o s travaux».
Le ruiilant frappe un c o u p ; à l'inftant le
bandeau doit t o m b e r ; on lui fait faluer le
M a î t r e & tous les Freres. Enfuite le Puiftant
dit :
»JVIon Frere , c'eft avec un plaifir e x -
» treme que nous avons vu votre e m p r e f t e -
» ment a remplir ce que nous vous avions
" pre le ri t. D'ailleurs vos deffins nous invi-
" ï " * , •a ^ 0 U S a 4 m e t t r e 211 « n g de G r a n d
Je term ner
" ' a o r i',• ' avec nous la
» vafte & fubhme édifice. Pulffg cette n o u -
« velle faveur vous faire mériter le G r a d e
» illuftre qui lui f u c c e d e . & dont celui-ci
" lemole annoncer toute la fplendeur. A o -
» prochez , mon Frere , & venez recevoir
» les marques diftinftives du rang où y o t r e
confiance yous éleve «,
( 7* )
» N o u s avons pour nous reconnoitre , iiri
j, figne de demande & de rèponfe , un attou-
?) chement & deux paroles.
» Le figne de demande eft de porter les
i, deux mains fur l ' e f t o m a c , &L d'y former
H un triangle avec le pouce &i l'index da
H chaque main , Se fe n o m m e figne d appel.
» Le ligne de reponfe efl de porter les deux.
» mains dans la m ê m e forme au-deflus de la
» tète. O n ne doit s'en fervir qu'en Loge o u
v dans de grands befoins. 11 fe n o m m e figne
» de f e c o u r s .
» L'attouchement fe fait en fe prenant 1 un
» & l'autre la main droite indifféremment ,
d & en les renverfant l'une après 1 autre trois
« fois , l'une d e f l û s , l'autre defTous , alter-;
H nativement.
>, La parole efl M o a b o n . C e t t e parole n e
v doit fe prononcer que par fyllabes , en
« faifant le r e n v e r l e m e n t de la main. Enfuite
3) on s'embraffe.
j) Le mot de paffe eft Schibboleth. A l l e z ,
v mon Frere , vous taire reconnoitre a, tous
3) les F r e r e s , &. leur donner les fignes,, la
3) parole , l'attouchement, l'accolade, ik v o u s
3> viendrez me les rendre tt. Lorfqu il a donne,
les lignes , l'attouchement & la parole au
M a î t r e , ce dernier lui dit ; JJ M o n Frere ,
3? paffez à la tête de la L o g e , & p r e t e z a î ^
v tention à ce qui va fe dire «,
( 1^ )

CATÉCHISME
DE COMPAGNON ÉCOSSOIS,

T H H S - R e f p e f t a b l e premier Sur-
veillant , êtes-vous Grand Aichitefte ?
R . O u i , Puiflant Maître , j'ai travaillé a a
troifieme Appartement.
D . O ù avez-vous été reçu ?
R . Uans la Chambre du Milieu.
D . Quelle eft^ cette Chambre ?
R . L endroit où Salomon travailloit au plan
du Temple avec le Grand Architefte.
D . A quoi vous occupez-vous dans le Grade
de Grand A r c h i i e û e ?
R . A bâtir le dernier édifice o u ï e troifieme
corps qui fait le comble du bâtiment.
D . Q u i vous a fait mériter ce Grade ?
R . La perfeâion des deflins que j'ai préfentés
à Salomon.
D . Quelle fut votre récompenfe ?
R , D e u x l i g n e s , un attouchement & deux
paroles.
D . Donnez-les-moi ?
R.. 1 uifTant ;/laître j donnez-moi le premier j
je VO-L:S donnerai le fécond.
( On fc les donne. )
D.
(73 )
D . C o m m e n t nommez-vous css fignes?
H. Le premier fe nomme le figne de d e r
m a n d e , & l'autre le figne de fecours.
D . Q u e démontre ce dernier figne, & p o u r -
quoi lo n o m m e z - v o u s ainfi i
R . Q u ' u n bon Maçon doit compter ferme-
ment fur l'amitié & le fecours de fes
Freres. Auffi ne doit-on faire ce figne hors
de Loge que dans de preflans dangers.
D . Donnez l'attouchement au Frere fécond?
( On le donne, en difant M o a b o n . )
D . Q u e l eft le mot que vous venez de pro-
noncer ?
R . La parole qui m'a été donnée par Salo-
mon.
D . Quelle eft l'autre parole ?
R Schibboleth , qui eft la parole de paffage,
D . Q u e l âge avez-vous ?
R . Vingt-lept ans.
Le Puifiant aux Surveillans : Freres Refpec-
lables premier & fécond Surveillans,
avertiffez , chacun de votre côté , que ja
vais fermer la Loge de Grand Architefte.
( Ils le font. )
D . Quelle heure e f t - i l , Frere premier Sur-
veillant ?
R, Puiffant Maître , le dernier inftant, la
derniere heure , le de-nier jour que le
Grand A r c h ' t e â e de 1 Univers s'occupa
de la création du monde. Voici le dernier
i n f t a n t , la derniere heure ,1e dernier jour
11, Partie, D
( 74 )
que Salomon e m p l o y a à conftruire le
Temple.
Le Puifiant. Ainfi ce doit être le dernier
inftant de notre Loge. Il eft temps de la
fermer & de nous r e p o f e r .
Les Surveillans répètent , chacun de fon
côté.
Le Maître frappe ving-fept coups en
Grand Architefte , & dit ; M e s Freres , la
,, Loge eft fermée " .
Les Surveillans r é p è t e n t , & tous les au-
tres font les acclamations ordinaires.

Fin du cinquième Gradg*


(7Î )
^

LE MAITRE ÉCOSSOIS.

disposition de la loge,

O n a vu , au commencement du G r a n d
Archuedle ou C o m p a g n o n Kcoflois , d e
quelle manière l ' A p p a r t e m e n t qui fe t r o u v e
d e r n e r e le rideau noir du f o n d , doit être
décoré. Q u a n t au p r e m i e r , il eft de m ê m e
q u e dans le Grade p r é c é d e n t . Il faut feule-
m e n t avoir foin de rapporter à l ' O c c i d e n t ,
entre les deux Surveillans , le petit Autel qui
eft auprès du i rone ; & à la place de la p r e -
miere Planche a tracer , il faut en m e t t r e u n e
autre qui repréfente le T e m p l e de S a l o m o n
totalement fini, mais fans aucun o r n e m e n t .
A u bas de cette planche on doit y avoir def-
f m é plufieurs outils, & derriere il faut qu'on
y voie le nom de tous les Freres qui d o i -
v e n t pafter par ce G r a d e , & qu'ils d o i v e n t
avoir écrit eux-mêmes ; & au b o u t de ces
n o m s il doit y refter un efpace p o u r m e t t r e
le m o t . EXCLUS J attendu que f i , à l'inf—
îant de la reception j quelqu'un fe retiroit,
il feroit e f f e â i v e m e n t exclus à perpétuité,
D s r a n t le petit A u t ç l , il faut mettre un ta-
Dij
( 76 )
bouret pour affeoir le Récipiendaire , auquel
on aura foin de faire baiiler la lête , lorf-
qu'on fera le changement d e l à Loge.

TITRES ET OU F ERTURE
de la Loge.

E n Loge de Maître Ecoffois le V é n é r a b l e


fe nommeTres-Puiffant, les SurveillansTrès-
R e f p e â a b l e s , & tous les Freres T r è s - H o n o -
rables. Cette Loge s'ouvre comme la p r é c é -
dente. Enfuite le Très-Puiffant commande
a u x Surveillans de s'affurer fi tout ett bien
c o u v e r t , & fi tous les Freres préfens font
Maîtres Ecofl'ois ; & après que les Surveil-
lans ont r é p o n d u au Très-PuilTant, ce d e r -
nier leur fait quelques demandes du C ^ t e -
chifme , en attendant que le Récipiendaire
foit prêt.

PRÉPARATION ET RÉCEPTION.

Après que la Loge de C o m p a g n o n Ecof-


fois eft fermée , on fait pafler le nouveau
P r o f é l y t e dans la Chambre des Pas-Perdus.
L à on le met dans le même état qu'U étoit
pour la Réception précédente, hors qu'on ne
lui bande point les y e u x . Le Maître des Cé-
rémonies lui fait un difcours moral fur la Ma-
çonnerie en général, & fur ie Grade qu il
va recevoir , puis lui fait figner Ion nom fur
la Planche à tracer 5 fans lui faire voir le def-
( 77 )
fin qui eft de l'antre c ô t é , en lui f a i f a n t o b -
f e r v e r que s'il ne fe fent pas la force de
fousenir tout ce qu'on exigera de lui, il v a u -
droit beaucoup mieux qu'il ne fe préfentât
p a s , vu que fi dans les épreuves il montroit
la moindre fciblefTe, il feroit exclus pour
jamais de toutes les Loges.
Après que le Récipiendaire a confenti à
t o u t , le Maître des Cérémonies frappe à la
p o r t e de la Loge- en Grand ArchiteÀe ; o n
lui répond en dedans en Maître Ecoffois, &;
après les formalités d ' i n t r o d u â i o n , on fait
e n t r e r l e Récipiendaire, & o n l e place à l ' O c -
cident , le dos tourné à la T a b l e qui eft e n -
tre les Surveillans. Alors les deux Surveil-
lans frappent. Le Très-Puiflant leur r é p o n d ,
& leur clit ;
f rès-Refpeftables Surveillans , que défirez-
vous ?
L e Premier Surveillant: T r è s - P u i f l a n t , c'eft
M o a b ô n qui^, plein de zele , de force &
de courage , d e m a n d e a r d e m m e n t de f u -
bir toutes les épreuves que vous v o u d r e z
lui impofer pour parvenir au puiflantGrade
de Surintendant Maître Ecoffois.
L e Très-Puiffant : M o n Frere , moi & tous
les H o n o r a b l e s Freres préfens , ne pou-
vons t r o p applaudir à l'ardeur que v o u s
montrez pour approfondir nos plus fecrets
m y f t e r e s ; mais vous ignorez toute la
g r a n d e u r du G r a d e que vous follicitez.
C e ne font plus des édifices matériels qu'il
D iij
(7S)
faut côfïftrnire, ce font des Autels & des
Tabernacles faci ès , dignes de remplacer
ceux dont notre R e f p e f t a b l e Maître A d o n -
h i r a m a v o h donné les de (Tins. Il n'eft plus,
&:il lui faut un fucceffeur qui puifle rem-
plir avec h o n n e u r & a v e c gloire les plans
qu'il tenoit du f u p r ê m e Architedie. V o u s
en croyez-vous capable ?
R . Très-Puiflant , fi le z e l e , le travail & la
confiance p e u v e n t donner quelque d r o i t ,
daignez m ' é p r o u v e r .
L s Très-Puiffant : Très R e f p e £ b b l e fécond
Surveillant, faites-lui faire lavifite-générala
des travaux , par un v o y a g e de trois fois
v i n g t fept fois ; &. fi les deflins que vous
nous donnerez font dignes d'être fuivis ,
nous procéderons aux épreuves néceflaires
p o u r parvenir à la connoiffance de la bril-
lante lumiere.
Cela dit , le fécond Surveillant donne la
Planche à tracer au R é c i p i e n d a i r e , l e ' f a i t
v o y a g e r , & lorfqu'il a fini , les deux Sur-
veillans f r a p p e n t , & le premier dit :
T r è s Puiflant Maître , M o a b o n a fatisfait
à tous vos cornmandemens , & il de-
mande à vous préfenter fes deflins.
L e T r è s Puiffant': T r è s - R e f p e f t a b l e Frere
fécond , faites-le avancer par trois pas de
Maître.
O n o b é i t , & lorfque le Récipiendaire
efi au pied du T r ô n e , le T r è s - Puiflant lui
( 79 )
prend ta Planche à tracer , la regarde & la
fait paflfer à tous les F r e r e s .
Le Très-Puiflant ; M o n F r e r e , ce n'eft pas
afiez de l ' œ u v r e des mains , il y a bien
d'autres é p r e u v e s à paffer. P e r f i f t e z - v o u s
toujours dans v o t r e premiere v o l o n t é ?
R . O •-'i, Très-Pulfïarit Maître.
Le T r è s - Puiflant : 7 r è s - R e f p e f l a b l e F r e r e
fécond , faites retourner le F r e r e à l ' O c -
cident par trois pas de Maîlre en arriéré ,
afin de lui apprendre à conferver fa f e r -
m e t é dans le chemin de la vertu , malgré
l'humilité que l'on peut exiger de lui.
Lorfqu'il eft à l ' O c c i d e n t , le T r è s - P u i f -
fant lui dit :
F r e r e , êtes-vous en état de nous rendre
r i n f t r u é t i o n de tous les Grades par lef-
quels vous avez pafle ?
R . O u i , T r è s - P u i f f a n t Maître.
O n lui fait un abrégé de l'Inftruftion de
tous les Grades auxquels le Récipiendaire
doit r é p o n d r e . Enfiùte le Maître dit :
» Mon Frere , quoique vous a y e z pafle
« par tous les G r a d e s , cependant vous n'êtes
« pas parvenu à la perfeftion. Il refte à v o u s
j) laite appercevoir cette éclatante lumiere
» que la Maçonnerie vous promet dans tous
" les G r a d e s , & qu'on n'accorde enfin qu'a-
5' près bien des épreuves. 11 en eft encore d s
» fortes à f u p p o r t e r . C ' e u à vous à décider ,
" nous fommes e n c o r e prêts à vous dégager
D iy
( 8o )
w de vos p r o m e f f e s , même de celles que
5) vous avez faites avec nous. La crainte de
» les voir profaner ne fauroit nous arrêter.
« Il nout faut un autre engagement que tous
3) ceux que vous avez pris. Ils fe font paffés
j) dans l'obfcurité. Celui-ci doit fe paffer en
» pleine liberté. V o u s pouvez même en faire
33 la lefture. 11 eft tracé fur ce papier qui fe
» préfente,à vous. Lifez-le bas. Si vous y
î s c o n f e m e z j vous le répéterez h a u t " .

O B L I G A T I O N .

33 Sur toute la liberté que je profefle dans


>3 tous les cinq fens naturels, fur l'exiftence
33 de ma raifon & de mon efprit que je d c -
33 clare n'être aucunement affujettis, fur l'in-
33 telligence qui me foutiont, me guide &
33 m'éclaire. O u i , je p r o m e t s , je j u r e , ja
33 fais vœu de garder inviolablement tous les
3? fecrets , fîgnes & rnyfteres qui m'ont été
3) jufqu'à préfent dévoilés, & qui me feront
33 révélés à l'avenir, dans les cinq premiers
33 Grades des parfaits M a ç o n s , & de la par-
33 f j i î e M a ç o n n e r i e , auxquels je fuis initié ,
33 approuvant à haute ik intelligible voix , &
33 fans crainte , à préfent que ma vue eft libra
33 & mon efprit non p r é o c c u p é , que je n'ai
33 aucun regret de m'être engagé , quoique
33 dans l'obfcurité dans nos Loges,le déclarant
33 de c œ u r , & les tenant pour inviolables ;
33 permettant, fi je les r é v é l é , que mon corps
( 8i )
« fubiiTe toutes les peines & rigueurs qui m'y
» engagent ; qu'on m ' o u v r e les veines des
w tempes & de la gorge ; & qu'expofé nu
j) fur la plus haute p y r a m i d e , je fois expofé
3) à fouffrir fur cet hémifphere les rigueurs
J> des vents , l'ardeur du foleil & les fraî-
?> cheurs de la nuit ; que mon fang coule
]> lentement de mes veines , jufqu'à l'extinc-
« tion de l'efprit qui anime la fubftance , la
3> matiere corporelle ; & , p o u r augmenter
3) les foufFrances du corps & de l'efprit , que
3) je fois forcé de prendre chaque jour une
3) n o u r r i t u r e p r o p o r t i o n n é e & fufîifante p o u r
33 prolonger & conferver une faim dévorante
33 & cruelle, n'y ayant rien de t r o p rigou-
3) reux p o u r un parjure. Q u e les lois de la
>3 Maçonnerie foient mes guides p o u r m ' e n
33 g a r a n t i r , & que le G r a n d A r c h i t e â e d e
33 l'Univers me foit en aide. A m e n «.
Le Très-Puiflant. » Eh bien , m o n Frere
>3 rien ne vous arrête-1- il ? Etes-vous dans la
}> réfolution de p r o n o n c e r de cœur c o m m e
v de bouche , à haute voix , devant cette
« augufte affemblée , avec toute la liberté
« de la vue , du cœur & de l'efprit qui vous
v eft accordée ? «
Si le Frere refufe , les deux Surveillans lui
m e t t e n t la pointe de l'épée fur le dos ; ils lui
f o n t faire avec rapidité , les 17 tours de
G r a n d A r c h i t e c t e , les 18 de Petit Archi-
t e â e , les 9 de Maître , les 5 de C o m p a g n o n
& les 3 d ' A p p r e n t i f , &. après lui ayoir fait
D y
( ^ )
effuyer les cérémonies de la p o m p e , ils le
chauent c o m m e un c œ u r foible.
S'il accepte, il prononcera à voix haute & in-
telligible cette obligation ; & dès qu'il l'aura
p r o n o n c é e , l e fécond Surveillant ira b r û l e r i e
papier a u n e des lumieres. Si-iôt qu'il eft con-
î u m é , on frappe trois c o u p s , on fait les
acclamations à l'ordinaire , & le Maître dit ;
« M o n Frere , puifque v o t r e zele pour la
5) Maçonnerie vous a engagé à p e r f e v é r e r
« avec toute la fermeté d'un bon Maçon ,
j) nous allons vous reconnoitre pour S u r i n -
» tendant des T a b e r n a c l e s que nous éle-
j) vons. V o u s mettrez la derniere main à
l ' œ u v r e , & vous fuccéderez à notre R e f -
» p e â a b l e Maître A d h o n i r a m : mais avant
» que v o t r e proclamation fe fafte à l ' O r i e n t
» du T e m p l e , nous d e v o n s , par un fincere
fentiment de douleur , rendre un fecret
3i h o m m a g e aux mânes de notre M a î t r e ,
5) dont nous avons jufqu'à préfent pleuré
3> l'homicide ; que nos cœurs fe livrent à la
méditation & que notre efprit s'entretienne
3) de fa mémoire dans un p r o f o n d filence.
» ( C i v i . ) qui fignifie, Fléchiflez le genou « .
T o u s les Freres mettent un genou en t e r r e ,
le Très-PuilTant frappe un coup , & tous
les F r e r e s , la tête penchée fur les mains ,
r e f t e n t en filence.
Le Très-Puifîant f r a p p e un autre c o u p ^
& les Surveillans font mettre le Récipien-
daire à genoux devant une table , la tête
penchée fur le livre qui doit être d e f f u s ,
(83 )
couvrant exaftcment Ton vifage de fes mains >
& les Surveillans croifent leurs épées fur 'fon
cou. P e n d a n t qu'il eft dans cette pofture ,
on o u v r e le rideau , la tenture change le
plus p r o m p t e m e n t q u ' i l eft p o f f i b l e J e s F r e r e s
m e t t e n t leur cordon r o u g e . Q u a n d tout le
c h a n g e m e n t eft f a i t , le Maître frappe un
coup , pour faire fdence. Enfuite il en f r a p p e
u n autre , & prononce ( CAKI) , qui fignifie,
L e v e z - v o u s tous. L e s F r e r e s fe levent, & les
Surveillans retirent leurs épées de deffus le
cou du Récipiendaire. Enfuite ils le font re-
lever , puis faluer le Maître & l ' A f t e m b l é e .
A l'inftant que le Récipiendaire fe leve , le v
T r è s - P u i f l a n t Maître frappe un c o u p , & tous
les Freres difent ; » A d o n h i r a m eft m o r t , &
H M o a b o n le remplace «. A p r è s un inftant de
filence , le T r è s - P u i f t a n t dit :
« C ' e f t avec plalfir , mon F r e r e , que je
» vois v o t r e proclamation au G r a d e illuftra
« de Surintendant Maître Ecoffois. N o u s
» ne pourrons en m a r q u e r afTez notre fatis-
« faftion N o u s allons , avec plaifir , m o n
« F r e r e , vous confier les myfteres qui f o n t
« réfervés pour ce Grade. A v a n c e z , je vais
u yous en înftruire «.
O n le fait avancer auprès de la mer d'ai-
rain ; puis le Très-Puiftant prend de i'eau
a v e c une u r n e , & en verfe quelques gouttes
f u r le côté gauche du Récipiendaire , en lui
difant : " S o y e z purifié «. Enfuite il le fait
v e a i r au pied du T r ô n e , & il lui donne le
D vj
( 84 )
cordon Scie bijou. » C e cordon & ce bijou
« vous donnent le commandement en chef
5) fur tous les autres Maçons des Grades in-
)> férieurs. ( En lui donnant les Gants. ) Ces
v Gants appartiennent à ce Grade
jj Nous avons , dans ce Grade , pour nous
ti reconnoitre , deux fignes , un attouche-
3) ment & quatre paroles.
si Les deux premiers font U r i m & T h u m i m .
v La parole facrée &. incommunicable , eft
« J é h o v a , m o t des anciens Maîtres ^ qui n'a
» jamais été perdu.
v Le mot de pafle eft Zédidiac.
« Le figne elt de préfenter les mains en
j) formant un triangle à la hauteur du f r o n t ,
» en difant : Triangulaire au front, cejl mon
n point d'appui.
JI O n répond à ce figne , en mettant la
« main droite fur les y e u x , inclinant la têîe
•n & fléchiflant le genou.
» L'attouchement eft de fe prendre les deux
j) mains droites comme dans le Grand A r -
>; chite£te ; m a i s , au-lieu de fe les renverfec
j) trois fois , on fe donne mutuellement trois
j) petits coups des quatre doigts ferrés, en
» mettant la main gauche fur l'épaule droite ;
jj puis on s'embraffe , en difant ; La vertu
3> unit deux cœurs, deux corps , deux mains, &
3) tout cela ne fait qu'un. Maintenant , mon
3) Frere , allez rendre ces marques honora-
« bles du vrai M a ç o n , aux T r è s - R e f p e c -
» tables Surveillans , & vous reviendrez alors
V près du trône pour entendre i'Jnftruffion « ,
(85 )

CATÉCHISME
DU MAITRE È CO S S O 1

D . ' l RÈ s - R ESPECTABLE F r s r e , que


connoiffez-vous en qualité de Maître Ecof-
fois ?
R . T r è s - P u i f l a n t , je connois la grande l u -
miere du troifieme A p p a r t e m e n t .
D . O ù a v e z - v o u s été reçu ?
R . Dans le haut lieu.
D . Q u e l chemin avez-vous fait ?
R . Celui de la Chambre du Milieu 3 au troi-'
fieme A p p a r t e m e n t .
D . C e troifieme Appartement n'a-t-il pas
un autre nom ?
R . Il fe nomme G a b a o n ; c'eft le lieu élevé
où D a v i d & Salomon offroient les holo-
cauftes au Seigneur avant la conftruâiora
du T e m p l e .
D . A quoi vous occupez-vous en Maître
Ecoflois ?
R . A dreffer des Autels & des Tabernacles ,,
& à les garnir d'ornemens précieux.
D . Quels font les ornemens ?
R . L'Arche d'Alliance , foutenue par deux
Chérubins qui la couvrent de leurs ailes,
la T a b l e d'airain , celle des holocauftes ,
celle des p a i n s , & le Chandelie-r à fept
branches,
C 86 )
D . Q u e renferme l'Arche d'Alliance ?
R . Le Stékénna , qui le fixa lui m ê m e entre
les Chérubins qui le c o u v r e n t de leurs
ailes , dans le Saint des Saints , le jour de
la Dédicace , où il rendoit fes oracles.
D . Q u e l l e fut la principale loi donnée par le
Stékénna ?
R . Celle qui f u t donnée fur le m o n t Sinaî ,
gardée depuis dans l'Arche , qui eft la
premiere loi écrite.
D . D o n n e z - m o i le figne de cette loi ?
R . O n le d o n n e , en p o r t a n t les deux mains
fur la tête , les doigts o u v e r t s , ce qui mar-
que le f y m b o l e des dix C o m m a n d e m e n s .
D . D a n s quelle forme r e p r é f e n t e - t - o n le
Stékénna?
R . Sous la forme d'un Agneau tranquille,"
couché , repofant fur le L i v r e des fept
fceaux.
D . D e quel bois étoit conftruite l'Arche ?
R . D e f e t i m , bois i n c o r r u p t i b l e , p a r f e m é
de lames d'or.
D . Q u e l l e s proportions avoit-elle ?
R . Elle avoit deux coudées & demie de lon-
g u e u r , une demie de largeur fie autant de
hauteur.
D . Q u e l l e figure avoit-elle ?
R . Celle d'un coffre carré avec quatre an-
neaux d ' o r , & quatre bâtons de bois de
fétim pour la p o r t e r , & étoit c o u v e r t e
de lames d ' o r .
D . Q u e renfermoit-elle ?
(«7 )
R . Le Stékenna , les tables de la L o i , l a
verge d ' A a r o n , l'urne pleine de m a n n e .
D . D a n s quel endroit f u t - e l l e faite , & par
qui ?
R . Elle f u t f a i t e à O r e b parBefeleel & O o l i a b ,
Elle fortit d ' O r e b & pafla à M o a b , d s
M o ^ b à Sichem , puis à Silo ; de Silo au
T e m p l e de D a g o n , de là dans la maifon
d'Abinadab , de là à celle d ' O b é d é d o m ,
enfuire à Cariathiaritn , de Cariathiarim à
J é r u f a l e m , puis à la fainte Sion dans le
Temple.
D . O ù étoient placés les autres o r n e m e n s ^
& à quoi fervoient-ils ?
R . La 1 able d'airain, où l'Autel à grille étoif
en face près du Propitiatoire , d'où parloit
D i e u . L'Autel des parfums & celui des
h o l o c a u f t e s , chacun d'un c ô t é , f e r v o i e n t
aux offrandes & viflimes. La table des
pains de Propofition étoit en face ; le
Chandelier à fept branches, qui étoit d'or
p u r , étoit au milieu ; les autres o r n e m e n s
étoient pour la plupart de bois de f é t i m ,
c o u v e r t s de lames d ' o r & d ' a i r a i n , tra-j
vaillés avec un art infini.
D , Q u e r e p r é f e n t e le Chandelier à fepî
branches ?
R . Les fept jours que D i e u e m p l o y a à la
création du m o n d e , y compris le jour
de repos.
D . C o m m e n t êtes-vous p a r v e n u à connoîtra
toutes ces chofes i
( 88)
R . Par les deffins que j'ai p r é f e n t é s à Salo-
m o n , après un v o y a g e très-pénible.
D . D e quelle durée a été ce v o y a g e ?
R . T r o i s fois v i n g t - f e p t fois le tour des
ouvrages.
D . Q u e fignifie ce pénible v o y a g e ?
R . La c o n l h u f t i o n de l'ouvrage.
D . La brillante lumiere f u t - e l l e la récom-
penfe du travail ?
R . N o n , Très-Puiflant.Trois épreuves beau-
coup plus fortes me l'ont acquife.
D . Q u e l l e s font ces épreuves ?
R . La premiere fut trois pas de C o m p a g n o n
en arriéré , pour nous faire voir que nous
n e devons pas manquer de f e r m e t é dans
le chemin de la v e r t u , malgré les humi-
liations q u ' o n peut exiger de nous dans
cette vie. La fécondé eft un compte exaél
du progrès que j'avois fait dans la Maçon-
nerie , & de la pratique de toutes les ver-
tus que l'on m'avoit enfeignées. La troi-
fieme fut un engagement volontaire que
m o n cœur a admis , m o n ame a avoué , &
que ma bouche a pro n o n c é .
D . Q u e vous a produit cet engagement ?
R . U n h o m m a g e aux mânes d ' A d o n h i r a m
p o u r pleurer fa m o r t .
D . Q u e vous a produit cette douleur ?
R . U n e parole marquée par une deuxieme
circonférence , image d'une Puiffance i n -
finie , qui prédit trifteffe & douleur dans
la Maçonnerie j la rechute de notre edi'
( 89 )
fîce m a t é r i e l , & l'efprit d'un plus parfait
travail par l'obéiflance.
D . Q u e l l e eft cette parole ?
R. C i v i , qui v e u t dire , Fléchiffez le g e n o u ,
D . C e t t e douleur fut-elle longue ?
R . A p r è s fept minutes , on prononça C a k i ,
qui veut d i r e , L e v e z - v o u s .
D . Q u e réfuka-t-il de cette parole ?
R . La f u r p r i f e , l'éclat & la brillante lumiere ^
& la proclamation.
D . Q u e l l e fut cette furprife ?
R . Ma vue p a f f a à l a p o u r p r e & à l ' h y a c i n t h e .
D . Q u e l eft cet éclat, cette brillante lumiere?
R . Le Stékenna & la gloire du G r a n d A r -
chiteéte.
D . A quoi fervoit cette proclamation ?
Pi. La reconnoiflance que tous les F r e r e s
ont fait de ma perfonne p o u r remplacer
A d o n h i r a m , me déclarant Surintendant
des ouvrages du T e m p l e en me n o m m a n t
Moabon.
D Q u e repréfente le triangle lumineux ?
R . La gloire du G r a n d Architefle de l ' U n i -
vers , & les trois propriétés divines : éter-
nité , fcience & puiffance.
D . Q u e f i g n i f i e n t les lettres qui font dedans ?
R . Le nom de Dieu , mot facré des E c o f -
fois. Cela nous d é m o n t r e que D i e u eft
la fource & le centre de toutes les lumiè-
res , & que lui feul peut tout c o n n o i t r e .
D . P o u r q u o i les Ecoflbis portent r ils
triangle ?
( 90 )
R . Parce qu'il eft l'emblème de la triple unité,
D . Q u e repréfente le cercle qui l'entoure ?
R . Q u e Dieu n'a pol/.t eu de c o m m e n c e -
ment , & qu'il n'aura point de fin.
D . Pourquoi ce bijou pend-il à un cordon
couleur de feu ?
R . Pour nous faire connoître l'ardeur que
nous devons employ er à terrafler les vices.
D . E;i quel endroit a v e z - v o u s tenu v o t r e
premiere Loge ?
Pv. Entre trois montagnes inacceffibles aux
Profanes , dans une vallée prôlonde , où
régnent la p a i x , les v e r t u s & l'union.
D . C o m m e n t nommez-vous ces trois m o n -
tagnes ?
R . Le mont Moria , dans l'enceinte du ter-
rain de G a b a o n , le mont Sjnaï, & la mon-
tagne d ' H é r é d o n .
D . Q :elle eft cette montagne d ' H é r é d o n ?
R . U n e montagne f u u é e entre l ' O u e f t & le
N o r d de l'Ecoffe , à la fin d e l a c a r r i e r e
d i foleil , où la premiere Loge de la M a -
çonnerie s'eft t e n u e , dans cette partis
t e r r e f t r e qui a donné le n o m à la Maçon-
çonnerie Ecofloile.
D . Q u ' e n t e n d e z - v o u s par vallée profonde ?
P».. J'entends la tranquillité de nos Loges.
D . Q.ii peut produire cette tranquillité?
R . La confervation de nos marques depuis
leur origine.
D . Quelles font les' marques du Maître.
Ecofîois ?
( 91 )
R. D e u s fignes , un attouchement & quatre
p a r o l e s / d o n t il y en a une incommuni-
cable.
D . D o n n e z - m o i le figne ?
( Pour rép'onfe on le fait. )
D- Donnez l'attouchement au Frere fécond?
( Pour réponfe on le donne. )
D . C o m m e n t nommez-vous cet attouche-
x
ment ?
R. La parfaite épreuve.
D . D o n n e z - m o i la parole incommunicable ?
R . Je l'épellerai avec vous.
D . Q u e fignifîe ce mot ?
R . Le nom du Grand Architefte.
D . D o n n e z les deux premieres paroles ?
( Pour rép 'onfe en les donne. )
D . Donnez-moi le mot de pafle ?
R . Zedidiac.
D . Pourquoi purifie t on la Loge avant le
travail ?
R . Parce qu'après la conftruflfion du T e m -
ple , le Grand Architefte y fit deicendre
le feu du ciel, pour le purifier, &. c o n f o m -
ïr.er l'holocaufte.
D . Q u e l âge avez-vous ?
R . C o m m e Apprentif 3 ans ; comme C o m -
pagnon 5 ; comme Maître 9 ; comme Petit
Archite£î:e 21 ; comme G r a n d ArchL-
t e â e 17 , &. comme Ecoffois 81.
Cette Loge fe ferme comme la précédente,
Fin du fxieme Grade*
( 9a )

LE CHEVALIER D E L'ÉPÉE,
5 UR NO M M É

CHEVALIER DE L'ORIENT
o u DE L'Aigle,

DISPOSITION ET DÉCORATION
DE LA LOGE.

C E Grade exige deux Appartemens de


plain-pied. Le premier doit être tendu de
v e r t ; mais il taut oblerver que cette t e n -
ture doit être épaiiïe & attachée au plafond
de trois côtés , qui font l'Occident , le N o r d
& l ' O r i e n t , de maniéré qu'il y ait environ
fix pieds d'efpace entre elle & la muraille. C e
qui relte enfermé dans la tenture doit être un
carré long. Il repréfente l'Appartement de
C y r u s , Roi des AlTyriens. Il faut qu'il foit
éclairé par 7 0 lumieres, pour marquer les
7 0 années de captivité. A l'Orient il doit y
avoir un 1 rône ; à l'Occident deux fauteuils,
& au Midi des fieges pour les Freres. D e r -
riere le T r ô n e il faut un tranfparent^ repré-
fentant le fonge de Cyrus -, /avoir, un lioij
( 93 )
î u r i e u x p r ê t à fe jeter fur lui ; plus haut il y à
une gloire dims laquelle efl; un Jéhova. Cette
gloire efl: portée par une nuée lumineufe , de
jaquellefortunAigleportantcette devile daris
fon hec: Rends lu liberté aux Captifs. Et a u -
deffous on voit Nabuchodonofor &c Baltha-
zar , prédéceffeurs de C y r u s , tous deux
chargés de chaînes. Il ne faut pas de T a b l e a u
dans cet Appartement. C e qui en tient lieu
efl: un carré long , formé par une efpece de
petite muraille de bois ou de carton p e i n t ,
d'environ un pied & demi de haut. C e t t e
petite muraille commence aux deux côtés du
T r ô n e , pafle aux pieds des Freres au M i d i ,
vient jufqu'à la tenture de l'Occident, afan
que les deux fauteuils dont j'ai parlé , foient
en dedans du carré ; & continue le long de
la tenture du N o r d jufqu'a l'Orient. Aux
quatre coins de cette muraille , ainfi qu'au mi-
lieu du N o r d & du Midi,il faut une petite tour
qui excede la hauteur du mur d un pied &
demi. Il faut une feptieme tour à l'Occident
qui partage la muraille en d e u x , ainfi que la
tenture. Cette tour doit avoir fepc pieds de
haut , & fa circonférence doit être propor-
tionnée pour qu'un homme puiffe y tenir
aifément. Il faut deux portes à cette tour, une
en dedans delà Loge , & l'autre en dehors. A
cette derniere il doit y avoir deux fentinelles
armées d'une pique & d'une é p é e , qui fa
trouvent par conséquent dans les fix pieds
d'efpace qui font à l'Occident. Dans le r e f i s
( 94 )
d e l'efpace qui c o n t i n u e ' p a r le N o r c l j u f q u e
derriere l'Orient où fe t r o u v e la porte du
f é c o n d A p p a r t e m e n t , il faut un p o n t folide ,
éclairé par un fanal ; l'entrée de ce p o n t
doit être g a r d é e p a r p l u f i e u r s h o m m e s a r m é s ,
& l'autre b o u t doit répondre près de la p o r t e
d u fécond A p p a r t e m e n t . D e f f o u s le p o n t il
faut qu'il y ait de l'eau difpofée de maniéré
p o u r qu'on puifle l'agiter 3 ce qui repréfente
le fleuve Staburzanaï.

S E C O N D A P P A R T E M E N T .

C e t A p p a r t e m e n t repréfente l'enceinte
dans laquelle étoit le T e m p l e . La tenture
doit être rouge. Le T a b l e a u eft le m ê m e
q u e dans le Maître Ecoffois. O n apperçoit
de plus un coin de l'entrée du T e m p l e , où
l ' o n voit la colonne Booz brifée. C e T a b l e a u
doit être c o u v e r t d'un drap ronge ; & l'on
v e r r a dans la fuite l'inftant où il faut le dé-
couvrir.

TITRES , ORNEMENS ET BIJOUX


DU PREMIER APPARTEMENT.

L e Maître repréfente C y r u s & eft appelé


S o u v e r a i n . Le premier Surveillant repré-
fente Nabuzardin fon premier G é n é r a l . L e
fécond Surveillant eft le Général M u h r i d a t e ;
!e Secrétaire eft Chancelier ; le Maître des
C é r é m o n i e s eft appelé G r a n d Maître ; & les
( 95 ) .
Freres Chevaliers. Le Souverain a u n f c e p t r e ,
& porte , ainfi que lesOfficiers, un l a r g j c o r -
don vert moiré en f a u t o i r , fans bijou. Les
Surveillans & tous les Freres ont l'épée à la
m a i n , & p o r t e n t un large cordon vert m o i r é
en bandoulière de gauche à droite , fans bijou.
I l s o n t a u f f i un tablier blanc doublé de taffetas
v e r t , b o r d é d'un petit ruban de m ê m e cou-
leur , fans autre m a r q u e de M a ç o n n e r i e .

TITRES , OR NE MENS ET BIJOUX


DU SECOND APPARTEMENT.

D a n s cet A p p a r t e m e n t le Maître eft a p p e l é


T r è s - E x c e l l e n t ; les Surveillans T r è s - P u i f -
fans ; les Kreres T r è s - V é n é r a b l e s ; & le R é -
cipiendaire Z o r o b a b e l . Lorfqn'on pafle du
premier A p p a r t e m e n t d a n s c e l u i - c i , on quitte
le vert pour prendre le rouge. O n y diftin-
gue cependant les Grades par les rofettes qui
l o n t a u bas du c o r d o n , les unes f u r i e s autres;
favoir , une bleue pour le Petit A r c h i t e f t s ;
une ponceau pour le Grand A r c h i t e f t e , une
r o u g e pour l'Ecoffois , une verte pour le
Chevalier de l ' O r i e n t , une noire pour le
C h e v a l i e r de l'Aigle. Les F r e r e s o n t u n e
é c h a r p e de loie de couleur d'eau , b o r d é e
d ' u n e frange d'or , perfemée de têtes de
m o r t , d'oflemens en fautoir , de chaînes
triangulaires en or , ÔI au milieu traverfée
par une bande d'or , repréfentant un pont 3
lur lequel f o n t trois lettres , L. D . P. Cettq
( 9* )
écliarpefe paffe autour du corps en ceinture, 1
de façon que les bouts , garnis de franges
d ' o r , pendent fur les bafques de l'habit. L e
M a î t r e & les Officiers p o s e n t leurs bijoux
au c o u , & les Freres au bas de leur cor-
d o n en écharpe. Le Maître a trois trian-
gles par gradation l'un dans l'autre. Le pre-
mier Surveillant porte l'équerre, & le fécond
ie n i v e a u ; tous les Officiers leurs bijoux ordi-
naires, mais renfermés dans un triple triangle.
L a forme du bijou eft celle des Ecoffois. 11
faut de plus deux épées nouées par la lame
en fautoir , & les poignées fur le niveau.
T o u t doit être d'or ou doré. T o u s les Freres
d o i v e n t avoir une truelle pendue à la c e i n -
t u r e de leur tablier.

P R É P A R A T I O N .

- L e Récipiendaire doit être v ê t u de r o u g e ,


grand cordon , tablier Ecoffois , les mains
enchaînées de chaînes triangulaires ; il faut
que cette chaîne foit allez longue , pour
qu'il ait les mains libres. O n lui apprend qu'il
doit s'appeler Zorobabel , qu'il doit fe
p r é f e n t e r d'un air trifte & plaintif , qu'il
doit fe coniidérer comme captif. Il ne peut
avoir aucune arme , aucun o r n e m e n t ni
bijou. O n lui fera mettre fes mains fur fon
v i f a g e , jufqu'à la porte de la t o u r , où les
Gardes le fouillent exaftement avant d'être
préfenté,
OUVERTURE
I 97 7

O U V E R T U R E

DE LA LOGE.

L e Souverain. „ Mes Freres , aidez-moi à


„ ouvrir la Loge de Chevalier de l'Epée «.
Les Généraux répètent. Le Souverain
trappe fept coups , avec diftance de 5 à 6 ;
C£ les Généraux en font de même. Le Sou-
verain dit ; » Premier Général, examinez
„ li nous fommes en fureté , & fi tous les
,, r r e r e s font dignes Chevaliers a.
Le Général o b é i t , & dit après; >, Souve-
„ r a i n M a î t r e , nous fommes à l'abri des
551
rofanes , & tous les Freres préfens font
Chevaliers de l'Epée a.
Le Souverain demande : » En quel temps
lommes-nous » ?
Le premier Général répond : » Le jour
es 70 annees de la captivité eft accompli
Le Souverain. « G é n é r a u x , Princes ,
„ Chevaliers , il y a long-temps que j'ai ré-
„ foin de mettre en liberté les Juifs qui font
a, captifs, j e fuis las de les voir gémir dans les
„ fers- mais je ne puis les délivrer fans vous
„ confulter fur un fonge que j'ai eu cette
n u i t , & qui exige explication. J'ai cru voir
„ un Lion rugiffant prêt à fe jeter fur moi
pour me dévorer. Scnafpe£i:m'a épouvanté
IL Partiet £
(98),
», & m'a fait fuir pour chercher un afile con-
5, tre la fureur ; mais à l'infiant j'ai a p p e r ç u
» mes prédécefleurs , qui lervoient do m a r -
5) che-pied à une gloire que les M a ç o r s d e -
3, lignent (bus le nom de G r a n d Architecte
n de l'Univers. D e u x paroles fe (ont fait
v entendre ; elles fortoient du centre d e
„ l ' a f l r e lumineux. J'ai diftingué qu'elles figni-
3) fioient de rendre la liberté iiux C a p t i f s ,
« finon que ma couronne pafferoit en des
5> mains étrangères. Je (uis demeuré interdit
,, & confus. Le fonge a difparu. Depuis cet
« infiant ma tranquillité eft perdue ; c elt a
« v o u s , P r i n c e s , à m'aider de vos avis pour
>, délibérer fur ce que je dois taire <'.
Pendant ce difcours les Freres ont tous a
tête baiflee -, mais à la fin ils regardent le
premier G é n é r a l , en l'imitant.
Le premier Général porte la main droite
à fon épée , la tire , la préfente la pointe en
h a u t , le bras tendu devant lui , baille en-
fuite la pointe vers la terre , pour d o n n e r
l'acquiefcement à la v o l o n t é du Roi ; relevé
e n f u i t e la pointe e n h a u t , pour figniiisr li-
b e r t é . & r e f t e alors e n c e t t e pofition. ^
Le Souverain, v Q u e la captivité lin:xlea
« G é n é r a u x , Princes , C h e v a l i e r s , la Loge
„ des Chevaliers de l'Epée eft o u v e r t e
Les Généraux r é p è t e n t , chacun de fon c ô t e s
la même choie. Le Souverain , & tous les
Freres font k s acclamations ordinaires5 maiâ
fans applaudiffçfnent.
C 99)
r é c e p t i o n .
Q u a n d le Récipiendaire eft en çtat c o n r e -
n a b l e , le M a u r e des C é r é m o n i e s le conduit
a la porte de la tour , auprès des Gardes
c o m m e on a dit ci-deffus. Les G a r d e s l'in-'
t e r r o g e n t . Il doit repéter ce que le-Maître
des C e r e m o n i e s lui dit.
Le G a r d e . D . Q u e d e m a n d e z - v o u s ?
IC Je demande s'il eft poffible de parler à
v o t r e Souverain.
L e Garde, D . Q u i êtes-vous ?
« • J-c premier d'entre mes égaux . Maçon
pai' r a n g > Captif par difgrace. ?

M Q u e l eft votre n o m ?
R . Zorobabel.
D . Q u e l eft votre âge ?
7 0 ans.
E). Q u e l eft le f u j e t qui vous amena '
Les Iarmes &
Ja milere de mes F r e r e s ;
Le Garde. „ Attendez. N o u s tâcherons de
« fa.re parvenir vos plaintes au Souverain
L un des Gardes trappe fept C O U D S à la
p o r t e de la tour en Chevalier de l ' E p i e . L e
^ c o n d Gener.al_ f r a p p e fept coups fur le
T r enfuite le Souverain.
Le fécond G e n e r a l , „ Un G a r d e ftanne à
» la p o r t e de la tour en Chevalier de l ' E p é e «
L e premier Général. «Souve r a i n M i t r e ,
un Garde f r a p p e a la porte de la tour en
1? Chevalier de l ' E p é e «. '
E i]
( 100 •)
L e Souverain, « Premier G é n é r a l . qn o n
„ rintroduile. Gardez-mm a v e c d e S oh
„ tiens extraordinaires. D a n s le trouble ou
„ ie fuis , H n'eft point de petits avis a n c b .
„ L r u. Le fécond G é n é r a l va a la porte de
la t o u r , f r a p p e , o u v r e , ramene le G a r d e
à l ' O c c i d e n t , qui quitte la pique ^ cro'. c c
b r a s , s'incline, & dit : » Le premier cl e n t . e
57 les Maçons fes égaux , age de 7 ^ ,
„ mande à paroitre devant vous «.
Le Souverain. . Q u ' i l fo.t m t r o d m t dans
„ la tour du Palais , nous l ' i n t e r r o g e o n s «.
Le Garde fait une autre inclination fe
retire, & fait entrer le R é c . p . e n d ^ r e dans la
tour & la referme. Alors le Souverain de
m a n d e au Récipiendaire , au travers de
p o r t e qui doit être fermee • _
"D O u e l fui et vous amene ici .
R . J e v i e n s implorer U jullice 6^ la b o n t é du
Souverain.

R.' D e m a n d e r graee p o . r mes Freres , « 1 font


en fervitude depuis 7 0 ans.
D O u e l eft votre n o m :
R." Z o r o b a b e l , le premier entre mes égaux ,
M a ç o n par rang , Captif par difgrace.
D . Quelle g r a c e avez-vous a medema. .
R Q u e fous la faveur du G r a n d Archi
t e f t e de l ' U n i v e r s , la juftice au R o i nous
accorde la liberté , & qu'il nous p e r m e t
d'aller rebâtir le temple de n o . r e L i e u .
Le Souverain, n P u i f q u e d'auffi juftes m q ;
( 'O1 )
« tifs leconduifent ici , q u a la libertéjde parol-
» tre devant nous à face découverte lui foit
« a c c o r d é e " . Auiïï tôt les Gardes vonr o u -
vrir la porte de la tour , l'amenent à l'Occi'
d e n t , & le font profterner.
Le Souverain. n Z o r o b a b e l , )'ai reiTenti
3) comme vous le poids de votre captivité.
?) Je fuis prêt à vous en délivrer , en vous ac-
j) cordant la liberté à l'inftant, fi vous voulez
j) me communiquer les fecrets de la M a ç o n -
» nerie , pour lefquels j'ai toujours eu la plus
33 p r o f o n d e v é n é r a t i o n " .
Le Récipiendaire, v Souverain Maître ,
3) lorfque Salomon nous en donna les p r e -
3) micrs principes , il nous apprit que l'égalité
s; devoit être le premier mobile. Elle ne regne
33 point ici. V o t r e r a n g , vos titres , v o t r e fu-
3) périorité & votre C o u r , n e font point c o m -
33 patibles avec le ( é j o u r o ù l'on s'inftruit des
3) m y f t e r e s de n o t r e O r d r e . D ' a i l l e u r s , nos
33 marques extérieures vous font inconnues.
3) Mes engagetnens font inviolables , & je n e
33 puis vous révéler nos fecrets. Si ma liberté
3) eft à ce p r i x , je p r é f é r é la c a p t i v i t é " .
Le Souverain. 31 J'admire la difcrétion &
» la vertu de Z o r o b a b e l ; il mérite la liberté ,
33 pour fa fermeté dans fes engagemens «.
Les Freres acquiefcent tous , en baiffantia
pointe de leur épée & la r e l e v a n t .
Le Souverain, v Second G é n é r a l , faites
s; faire à Z o r o b a b e l l e s 7 0 é p r e u v e s , que je
ii réduis à t r o i s ; f a y o i r , l ' é p r e u v e ,du c o r p s 3
E iij
C 102 )
S) celle de l'elprit & de l'ame , afin que par-là
i) ilpuifie mériter la grace qu'il demande , 6c
7) que fa dii'crétion m'engage à la lui accor-
j) der «.
Le fécond Général lui fait faire trois fois
le tour de la L o g e . Au premier on tire u n
p e t a r d ; au fécond on lui demande s'il p e r -
f i d e à demander la l i b e r t é ; au troificme on
lui fait mettre les deux mains au-delTus du
f r o n t . D e r e t o u r , le fécond G é n é r a l f r a p p e
f e p t c o u p s , & le premier lui dit : » Q u e
M demandez-vous ?
L e fécond Généra!. « Le Candidat a fubi
si les é p r e u v e s avec fermeté & confiance «.
Le Souverain. « J e vous accorde , Z o r o -
3) b a b e l , la grace que vous me demandez ;
3) je confens que vous foyez mis en liberté (t.
L e Souverain frappe fept coups , qui fer-
v e n t de fignal aux G é n é r a u x pour ôter à
Zorobabel l'es fers ; ce qu'ils font à l'inftant.
Puis le Souverain dit :
JJ Allez en v o t r e pays ; je vous permets de
x rétablir le T e m p l e détruit par mes a n c ê t r e s ;
3) que vos tréfors vous foient remis avant le
)> foleil couché. S o y e z reconnu chef fur vos
3) égaux. J ' o r d o n n e r a i qu'on vous obéiffe en
3> tout lieu de v o t r e pafTage; qu'il vous foit
3Î donné tout aide & fecours c o m m e à moi-
3> m ê m e . Je n'exige de vous qu'un fitnpls
37 tribut de trois a g n e a u x , cinq moutons &
3) fept b e l i e r s , qus j'enverrai recevoir fous
ii le portique du nouveau Temple. Si je le
( io3 )
f, Jcmancî,-', c'eft plutôt pour me f o u v e n i r d e
,, l'amitié que je vous p r o m e t s , que par re-
,, connoitlance. A p p r o c h e z , mon ami «.
Les G é n é r a u x r a m è n e n t au pied du
Trône.
j, vo-is arme cl? cette épée , pour mar-
, , q u c ' d i f t i n û i v e de fupériorité fur vos égaux.
„ Je iuis perfuadé que vous ne l'emploîrez
,, qu'à leur défenfe. En conféquence je vous
5, crée Chevalier de l'Epée ?
En difant ces derniers m o t s , il lui f r a p p e
de fan épée fur les é p a u l e s , &l l'embrafle. E n -
fuite il lui donne le tablier & le cordon v e r t
qui pnffe de la gauche à la droite , & lui dit :
jj Pour vous marquer mon e f t i m e , ]e vous
„ décore d'un tablier & d'un cordon , que
,, j'ai a d o p t é , à l'imitation des O u v r i e r s de
„ v o t r e T e m p l e . Q u o i q u e ces marques ne
, , f o i e n t accompagnées d'aucuns rnyfteres ,
,, cependant je ne les accorde qu'aux Princes
,, de raa C o u r , par honneur. Déformais v o u s
j, jouirez parmi eux des mêmes h o n n e u r s ,
j, P r é f e n t e m é n t je vous remets entre les
,, mains de Nabuzardin , qui vous d o n n e r a
,, des guides pour vous conduire en f u r e t é
, , auprès de vos Freres , au lieu où v o u s de-
„ vez rebâtir le nouveau T e m p l e . A i n n j e
,, l'ordonne «,
Le premier G é n é r a l prend le R é c i p i e n -
daire, le fait entrer dans la tour ; & l ' y laiffe,
p e n d a n t que les Freres pafler-tenfilence dans
le fécond A p p a r t e m e n t , Si-tôt qu'ils f o n t
E iv
( '04 )
tous rangés , un Servant vient avertir le
Maître des Cérémonies que tout eft prêt. Il
p r e n d le Récipiendaire, le mene par-derriere
Ja t e n t u r e à l'endroitoîi eft le p o n t , à l'entrée
duquel il t r o u v e des Gardes qui l'arrêtent ,
lui ôtent ion tablier & fon cordon v e r t , &
le veulent empêcher de paiTer ; mais il les
f o r c e , les met en fuite , & arrive à la porte
du fécond A p p o r t e m e n t .
Le Maître dés Cérémonies frappe fept
coups en C h e v a l i e r de l'Epée ; & quand les
F r e r e s e n t e n d e n t f r a p p e r , ils p r e n n e n t , de
la ceinture du tablier , une truelle qui doit
y être p e n d u e , tiennent l'épée de la main
droite & la truelle de la gauche. Le fécond
Général frappe fept coups , enfuite le p r e -
mier ; puis le fécond Général dit ; J; J'ai e n -
» tendu f r a p p e r à la porte de la Loge en
j) Chevalier de l'Epée
L e premier Général. « T r è s - Excellent
s» Maître , on frappe à la porte de la L o g e
« en Chevalier de l ' E p é e
L e Maître. « T r è s - P u i l f a n t F r e r e fécond
» S u r v e i l l a n t , v o y e z qui f r a p p e «.
L e f e c o n d Surveillant va à l a p o r t e , f r a p p e ,
o u v r e & demande ce qu'on veut.
Le Récipiendaire. » Je redemande à voir
3) mes F r e r e s , afin de leur donner la n o u -
3) velle de ma délivrance de Babylone & des
3) reftes infortunés de la îraternité qui font
3) échappés de la c a p t i v i t é " . Le fécond S u r -
jeillaiu revient faire fa dépofition au p r e -
( I0TT
k n î e r , qui le dit au Maître. Le Maître dit :
v La nouvelle que ce Captif r a p p o r t e
« pourroit être fondée. Les 7 0 années font
» expirées 3 le jour de la réédification du
» T e m p l e efl; arrivé. Faites-lui demander fon
s» n o m , fon â g e , & de quel pays il eft ,
« pour éviter toute furprife «.
Le fécond Surveillant f r a p p e , o n lui r é ;
pond. Il o u v r e & dit :
D . Q u e l efl: v o t r e nom ?
R . Zorobabel.
D . O ù eft v o t r e pays ?
R . En-deçà du fleuve Stafaurzanaï , à l'Oc--
cident de l'AiTyrie.
D . Q u e l eft v o t r e âge ?
R . 7 0 ans.
Le fécond Surveillant ferme la porte &
répété ce difcours au premier Surveillant. Le
premier Surveillant le redit au Maître. L e
Maître dit ; " Zorobabel de nom , du p a y s
3) en-deçà le fleuve S i a b u r z a n a ï , âgé de 7 a
» ans 1 O u i , mes F r e r e s , la captivité cefte 3
y> & notre fommeil finit. C e Captif eft juf-
» tement le Prince de la T r i b u f o u v e r a i n e
3) qui doit relever notre T e m p l e . Q u ' i l foit
}> admis parmi n o u s , & foit reconnu p o u r
« guider & foutenir nos travaux a.
Le fécond Surveillant va frapper , o u v r e ,
reçoit le C a p t i f , & le conduit à l'Occident.
L e premier Surveillant dit : » Très-Excellent
» Maître , voici Z o r o b a b s l qui . demande
» d'être admis au fein ds la fraternité «. L e
E v
( io6 )
Maître r e p o n d : » Z o r o b a b e l , fa'tes-r.ous
tt un récit exa£i de v o t r e délivrance «.
Zorobabel dit:
,, C y r u s m ' a y a n t permis de paroître au
• , , p i e d d e fon T r ô n e , il fut touché des mi-
, , Ceres de la f r a t e r n i t é ; il m'arma de ce
j, glaive pour la défenle & le fecours de mes
„ Frétés , & m ' h o n o r a du titre de Frere à
, , fa compagnie. Enfuite il m'accorda la 11-
,, b e r t é , & confia mes joursà des fujetszélés,
,, qui m'ont conduit &. aidé à triompher de
,, nos ennemis au paffage du fleuve Stabur-
„ z a n a ï , où c e p e n d a n t , malgré notre vic-
„ toire , nous avons perdu les marques dif-
tinfHves que nous avoit données le R o i
,, notre Libérateur «.
Le Maître. « M e s F r e r e s , la perte que
v o u s avez faite nous annonce que la juftice
j, de notre Maternité ne p e u t f u p p o r t e r le
triompha de la p o m p e & de la grandeur.
, , C y r u s , en vous décorant de ces honneurs,,
., n'étoit pas guidé p : r l'efprit d'égalité quà
,, nous accompagne invariablement. V o u s
v o y e z par cette parte , qu'il n ' y a que les
, , marques de ce Prince qui ont difparu , &
j . que v o u s avez confervé celles de la v é r i -
j, table M a ç o n n e i i e ; mais avant que je v o u s
en communique les fecr e t s , qui ont été
réfervés depuis notre captivité dans les
,, reftes de notre f r a t e r n i t é , nous exigeons
., de v o u s des aflurances c o m m e la durée
5, ds y o t r ç dilgrace n'a pas afibibli en you^
I0
( 7 )
ï, les fentlmsns ,& la parfaite connoiffancg
,, des myfteres^ de la Maçonnerie
II. I n t e r r o g e z - m o i , je fuis prêt à répondre;
D . Q u e l grade a v e z - v o u s dans la Maçon?
nerie ?
R . Celui d'Ecoflbis.
D . D o n n e z - m o i les fignes ?
( Pour réponfe on les donne. )
D . Donnez l'attouchement?
( Pour réponfe on le donne. )
Le Maître. )> Mes Freres C h e v a l i e r s , je
s) crois que Zorobabel efl: digné d'entrer dans
si nos nouveaux myfteres «. Les Freres ac-
q u i e f ç e n t , en levant & hauflant la pointe
de leurs épées.
Le Maître. » Très-Puiflant premier S u r -
5) veillant , faites avancer le Récipiendaire
« par trois pas de Maître en a v a n t , & que
" le dernier le mette au pied du Tribunal du
3> Grand & Souverain Architefte , & qu'il
3) vienne y prendre les engagemens que nous
!> requérons O n le fait mettre à la m ê m e
maniéré que quand il prête les autres obli-
gations.

O B L I G A T I O N .
s» O u i , je p r o m e t s , fous les mêmes obli-;
« gâtions que j'ai contraftées dans les diffe-
rs rens Grades de la Maçonnerie , de ne j a -
j;! znais révéler le fecret des Chevaliers de
E vj
( '08 )>
j) l ' E p é e ou Maçons libres à aucun M e m b r e
j) d'un Gracie intérieur , ou Profane , fous la
i} peine de refter dans la captivité la plus
« dure';' que mes fers ne puiflent jamais être
3) brilés , que m o n corps (oit expolé à la
o) merci des bêtes féroces , & que la foudre
3) me réduife en poudre , pour fervir d'exem-
33 p'.e à tous les indifcrets. Ainfi foit-il. «
L e Maître fe leve , & d i t , en r e m e t -
t a n t , ainli que tous les Freres , l'épée dans
]e fourreau. » Mes Freres , la deftruélion
3) du T e m p l e ayant aflujotti les Maçons à des
3) difgraces fx ngoureufes , nous avons craint
que leur captivité ou leur diffipation n'ait
3) aidé à les corrompre dans la fidélité due à
» leurs engagemens ; c'efl ce qui nous a con-
3) traints , attendant l'inftant de la réédifica-
3) tion , de nous tenir éloignés dans un lieu
3j fecret & particulier, où nous confervions
3) fidellement quelques débris de l'ancien m o -
j) nument ; nous n'introduifons que ceux
33 que nous connoUTbns pour vrais & légiti-
3) mes M a ç o n s , n o n - l e u l e m e n t par fignes ,
3> parole & a t t o u c h e m e n t , mais encore par
s; leurs a û i o n s & leurs m œ u r s ; nous leur
3> communiquons alors nos n o u v e a u x fecrets
3) avec plaifir ; mais nous exigeons qu'ils
s> a p p o r t e n t avec eux , pour gage , quelque
3) m o n u m e n t de l'ancien T e m p l e . C e u x aua
3) C y r u s vous a donnés nous fuffifent te.
Pendant cette derniere partie on d é c o u y r s
le Tableau,
I0
( 9 )
» Très-PulfTant Frere premier Surveillant,"
» faites faire au Récipiendaire trois pas de
Maître en arriéré, pour lui apprendre q u e
>> nous de vons tenir pour certain que la par-
» faite réiignation eft la v e r t u des Maçons «.
Le Récipiendaire refte à l'Occident „ & le
Maître dit :
" ^ * o n J ' r e r e J I e motif de nos travaux eft
« la réédification du T e m p l e du Grand A r -
» chiteéte de l'Univers. C e fublime o u v r a g e
» e t o i t r e f e r v e a Zorobabel. Les engagemens
v que vous venez de prendre avec nous fous
" ce titre , exigent que vous nous aidiez à
» le rétablir dans tout fon éclat & fa f p l e n -
» deur, L'épée que. C y r u s vous a d o n n é e
j) doit vous fervir à détendre v o s F r e r e s & à
« p u n i r ceux qui pourroient profaner ce
« i emple augufte que nous élevons au:< v e r -
3) tus & a la gloire de l'Etre Suprême. C'eft
w a ces concluions que vous partagez nos fe-
3) crets. Le figne de C h e v a l i e r , mon F r e r e ,
3! eft de porter la main droite fur l'épaule
3? gauche, & de la defcendre diagonalement
33 jufqu au coie droit en fe coupant le corps.
3J Le figne de réponfe eft de porter la main
3) droite fur la hanche g a u c h e , en fe traver-
33 fant le corps jufqu'à la hanche droite.
» L attouchement eft de porter la main
3) droite à l'épée pour la tirer corrme p o u r
J> combattre ; enfuite faire un m o u v e m e n t
» en voltant le corps le pied droit derriese ,
ji & levant la main g a u c h e , en faifant fem=
I î 0
C )
si Want de repouffer fori ennemi , de forte
3, que les deux F r e r e s , dans cette pofition ,
JJ rencontrent les iriams gauches 1 une entre-*
s) lacée dans l'autre, & s embrafient.
j) Les paroles font Juda & Benjamin. Le
» mot de paffage eft Liberies. Allez donner
3) à tous les Freres de cette Loge les fignes ,
si les attouchemens & les mots ; enfuite vous
3> viendrez me les rendre 11 le fait pai le
N o r d & revient par le Midi. J> M o n ï r e r e ,
5) après cette délivrance , le Roi C y r u s vous
3) a créé Chevalier Maçon , & moi je vous
v donne cette Truelle qui fervira de fymbole
si perpétuel de votre nouvelle dignité; c'eft-
3) à - d i r e , que déformais vous ne travaillerez
3i plus q u e ' l a truelle à la main & l'épée d e
u l'autre , û jamais le T e m p l e vient à fe d é -
») truire ; car c'eft ainfi que nous avons é t a -
jî bli celui-ci.
( En lui mettant fEcharpe. )
3) C e t t e Echarpe doit vous accompagner
» dans toutes les Loges , & vous fera une
s; marque de la vraie Chevalerie que vous
3) avez acquife au fleuve Staburzanaï, par la
s? viûoire remportée fur ceux qui s'oppo-
s) foient à v o t r e paflage.
( En lui donnant la Rofette verte. )
Q u o i q u e nous n'admettions dans nos
5, cérémonies aucunes des marques d o n t C y -
j, rus vous a décoré , nous voulons c e p e n -
j, danî bien en confer ver quelque monument
( m )
» par une Rofette de la couleur qu'il avoit
,, choifie. Se nous la mettons fous la Rofette
„ des autres Grades au bas du Cordon de
„ Grand Architedle , auquel le Bijou efl
3, attaché.
( lui donnant le Bijou. )
,, C e B i j o u , par l'addition des épées e«
,, f u i t o i r , nous annonce le trophée de notre
j, Maçonnerie. Vous ne devez vous fervir
„ de la vôtre que pour elle, c ' e f t - à - d i r e 3
,, pour l'équité.
( En lui donnant les Gants. )
,. Nous allons procéder à votre procla-
,, mation. Mes F r e r e s , Chevaliers M a ç o n s ,
,, confentez-vous que Zorobabel règne dé~
„ formais fur les travaux de la Maçonnerie « ?
ils font tous 1 acquiefcement, en baiflant &
relevant la pointe de leurs épées. O n le
place à la chaife qui lui efl: deftinée , en lui
tlifsni: ,, Paflez, mon Frere , au Tribunal
„ des Souverains de nos Loges. Voas fervi-
5, rez de pierre triangulaire à l'édifice ; vous
j, régne'" iz f u r i e s Ouvriers , comme S a l e -
5, m o n ) Idonhiram & Moabon y ont régné
,, en commandant fur eux a. Si-tôt qu'il efb
p l a c é , les Freres remettent leurs é p é e s ,
frappent dans leurs mains trois fois, & crient
.-lois Fois Zorobabel j enfmte on coinrr.enco
l'Inflriiflion.
( I " )

I N S T R U C T I O N .

D . Frere premier Surveillant , comment


vous a-t-on fait par venir à l'éminent Grade
' de Chevalier de l'Epée
R, J'y fuis parvenu par l'humilité , la pa-
tience & les fréquentes follicitations.
D . A qui vous adreffâtes-vous i
B . Àu grand Roi.
D . Q u e l eft votre nom ?
R . Zorobabel.
D . Votre pays ? ,, ,
R . La Judée. Je fuis né de parens nobles de
la Tribu de Juda.
D , Q u e l art profeffez-vous ?
R . Le Maçonnerie.
D . Quels édifices bâtlflez-vous ?
R . Des Temples & des Tabernacles.
D . O ù les conftruifez vous ?
R . Faute de terrain nous les batiftons dans
nos cœurs. ,
D . Q u e l eft le nom d'un Chevalier Maçon f
R . Celui d'un Maçon très-libre.
D . Pourquoi très-libre ?
R . Parce que les Maçons qui furent choi-
fis par Salomon , pour travailler au
T e m p l e , furent déclarés libres & exempts
de tout i m p ô t , pour eux &. leurs defcen-
dans. Us eurent aulTi le privilege de porter
des armes. Lors dé la deftruâion du T e m -
ple par Nabuchodonofor , ils furent mis
1!
( 3 )
en captivité avec le peuple J u i f ; mais la
b o n t é du R.oi C y r u s leur donna la p e r -
miffion de bâtir un fécond T e m p l e fous
Z o r o b u b e l , & les remit en liberté. C'cfl:
depuis cette époque quo nous portons le
nom de Maçons libres.
D . L'ancien T e m p l e étoit-il beau ?
R . C'étoit la premiere merveille du m o n d e
en richeffe & en grandeur ; car fon parvis
p o u v o i t contenir deux cents mille p e r -
fonnes.
D . Q u e l fut le principal Architeéie qui c o n f -
truifit ce grand édifice ?
R . Dieu fut le premier , Salomon le fécond
&. Adonhiram le troifieme.
D . Q u i a pofé la premiere pierre ?
R . Salomon.
D . A quelle heure fut-elle pofée ?
R . A v a n t le lever du Soleil.
D . Pourquoi ?
R . Pour faire conoître la vigilance que nous
d e v o n s avoir pour le fervice de l'Archi-
t e f t e de l'Univers.
D . Q u e l ciment y employa-1 on ?
R . U n ciment myftique , c o m p o f é de f a r i n e ,
de l a i t , d'huile & de vin.
D . Expliquez-moi le fens myfrique ?
R . Pour former le premier homme , l'Etre
S u p r ê m e e m p l o y a h d o u c e u r , la fageffe ,
la force Si la bonté.
D . O ù fut pofée la premiere pierre ?
R. Au milieu ds la ebambre deflinée aq
Sanftuaire.
( "4 )
D . C o m b i e n l'ancien T e m p l e a v o i t - i l de
portes ?
R . T r o i s : une à l ' O c c i d e n t , une au M i d i ,
ik une au N o r d .
D . C o m b i e n de temps fubfifta le T e m p l e ?
K. 4 7 0 ans 6 mois 10 jours,
D . Sous quel Roi d'ilraël fut-il détruit ?
R . Sous le regne de S é d é c i a s , dernier de la
race de D a v i d .
D . Q u e fignifie la c o l o n n e Boo?, brifee ?
R . La conl.ufion & le mal qu'on c o m m e t
l o r f q u ' o n reçoit q u e l q u ' u n qui n'en eft pas
digne.
D . Pourquoi le n o m b r e 81 eft-il tant en v é -
nération parmi les M a ç o ns
R . Parce que ce n o m b r e explique la triple
eflence de la D i v i n i t é , figurée par le tri-
ple triangle , par le carré de 9 le n o m -
bre de 3.
D . Pourquoi les chaînes des Captifs f o n t -
elles triangulaires ?
R . Les A f f y r i e n s a y a n t appris que le triangle
étoit chez eux l'emblème du nomade l'E-
t e r n e l , ils firent figurer les chaînes dè cette
f a ç o n , p o u r faire plus de p d n e aux
Captifs.
D . Pourquoi étoit-il défendu aux M a ç o n s de
travailler fur des édifices profanes-?
R . P o u r nous a p p r e n d r e à ne point f r é q u e n -
ter les Loges irrégulieres.
D . Q u e l étoit le plan que C y r u s donna p o u r
le n o u y e a u T e m p l e ?
( 11^ )
R. 100 coudées de p r o f o n d e u r , 60 de îar-i
g e u r , & autant de hauteur.
^oiiiquo) C y r u s ordonna-t-il qu on c o u -
pat les bois des forets du Liban , & qu'on
tirât les pierres des carrieres de T y r pour
la conftruflion du nouveau T e m p l e ?
K. Parce qu'il falloit que Je fécond T e m p l e
tut en tout femblable au premier.
D. Donnez-moi le nom du principal Archi-
t e d e qm eut la direffion du fécond Temple?
K, Libot e f t f o n nom.
D . Pourquoi Vépée que les Ouvriers portent
en travaillant ?
R . C eft que pendant qu'ils travailloient ,
11
"f m a i n " porter les matériaux & r e -
conftiu.re le T e m p l e , comme ils étoient
lujets aux meurfions de leurs ennemis , ils
tenoient leurs épées toutes prêtes à défen-
dre leur ouvrage & leurs Freres.
p ' p 0 l l r t I U 0 1 !e s 7 ° lumieres dans la Loge ?
•- En mémoire des 7 0 années de la capti-
vité de Babylone.
D . Etes-vous Chevalier de l'Epée ?
TV ^ e g a r d e z - m o i . Il met l'épée à la main:
•L'. Uonnez-moi le figne ?
{Pour réponfe il U fuit. )
œ o i h paro e & ,e m o t
p?if,""' '
R . J u d a , Benjamin & Liber us,
veillant? i ' a î t o u c h e m e n t au
premier Sur-
( Pour réponfe U h donne. )
( )
D O ù a v e z - v o u s travaillé?
R . A la r é é d i f i c a t i o n du iecond T e m p l e .

D . Q 1 1 6 " 5 2 heure eft-il?


R . L'inftant de la réédification.

L e M a î t r e dit : » M e s F r e r e s , p u i f q u e n o u s
»? f o m m e s aftez h e u r e u x p o u r avoir r e b a u
v le T e m p l e du Seigneur dans fa ( p l e n d e u i ,
« c o n l e r v o n s - e n la m é m o i r e & las m a r q u e s
» par n o i r e filence: il e f t t e a i p s de n o u s re-
j> p o f e r . Freres p r e m i e r & iecond J u r v e u -
j) l a n s , a n n o n c e z , tant du côté du Midi
», q u e de celui du N o r d , q u e je vais termer
» la L o g e des Chevaliers de l ' E p c e «• l-es
d e u x Stirveillans a n n o n c e n t , c h a c u n de Ion
côté , q u e le M a î t r e v a f e r m e r la L o g e ; p u i s
le T r è s Excellent frappe fept c o u p s , les d e u x
Surveillans en font de m ê m e ; puis le M a î t r e
dit: » L a L o g e eft f e r m é e , il eft permis a
« c h a c u n d e le retirer". Les Surveillans re-
p e t e n t . O n fait les applaudiflemens &.
acclamations ordinaires.

Fin du fixhme Grade,


L E

CHEVALIER. R O S E - C R O I X .

t i t r e s e t b i j o u x .
L A L o g e fe n o m m e Souverain C h a p i t r e ;
L e Maître eft appelé T r è s - S a g e . Les Sur-
veillans fe n o m m e n t T r è s - R e f p e f l a b l e s pre-
mier & fécond Chevaliers Surveillans. i ous
les autres OfEciers , qui font un O r a t e u r ,
un Secrétaire, un Maître des C e r e m o n i e s ,
& c . fe n o m m e n t de m ê m e 1 rès- Relpectables
C h e v a l i e r s , ainfi que tous les Freres, U n
ne diftingue les premiers que par le nom de
leur C h a r g e . Le Bijou eft une efpece de
triangle formé avec un compas & un quai t-
de-cercle. Au milieu efl une Croix fur la-
quelle eft une R o l e , & au b a s , fur le quart-
d e - c e r c l e , eft un Pélican fe faignant pour
fes petits. C e Bijou eft attaché à une m i e t t e
noire , & pend à un large cordon rouge s
moiré , mis à l'entour du c o u , ou en fautoir>
C e Bijou fe porte ainfi dans toutes les Loges,
h o r s dans le premier point du R o f e X r o i s
o ù l'on eft obligé de porter le C o r d c a
noir.
( 118 )

O B S E R V A T I O N S

SUR CE GRADE ET SA RÉCEPTION.

Sae UMa QU£ Ce Grade


. roit Ie
Plus ultrà
° ' Maçonnerie que l o r f q u o n le p o f - '
' S u e , on ait le dro.t d'affifter à tous J e s
a u t r e s , fans fubir d'examen, il n'y a ceoen-
• i S 3 5 d e L o g ( e 0 " I e s A f f i f t a " s ^ i e n t m'oins
danS ceile ci
ont ' - ' P a r 1 - raifen
q on n y admet aucun Frere qu',1 ne foit
bien connu , ou qu'il n'ait un Bref ( , ^
figne de tous ceux qui ont affiflé à la récep-
tion O n ne tait aucun profélyte , qu',1 ne
for^un état h o n n ê t e , & dont les ^nccurs
e 'oient irréprochables. Il faut auffi de
d'Elu " d ' F iT q U , i i a i t P a l T é P a r ] e s G r a d «
« E l u , dEc.offois & de,Chevalier de l ' O -
nent. I. y a t ro,s points dans le Rofe-Croix-
k CePn0eUr l a ^ C e P r i o " ' & autre nommé
'a C e n e myft.que . dont on ne fait u l W
1
I A S S : " - OU AUX FÊTES DE R O
^

C 1 ) Certificat qu'on tft ohllo-ri J


r 8
chaque Frerç, après fa réception, "
1
( '9 )

^••,,1.^,-,);—

D É C O R A T I O N

£T DISPOSITION DE LA LOGE.

L a Loge doit être tendu? en rouge ; &


à l ' O r i e n t , au lieu d'un T r ô n e , c'eft un
Autel triangulaire", dont une t'^ce eft tour-
née vers l'Occident. C e t A u t e l d o i t ê t r e é l e v i i
fur fept marches. Sur cet Autel il faut un
grand Tableau en tranfparent , repréfentanî
un Calvaire. Les deux Croix des côtés font
nues -, mais fur celle du milieu il y a une rofe
& une draperie entrelacée ; &au-de(Tus l'inf-
cription qui étoit à la C r o i x du Sauveur. A a
b a s , fur le devant du T a b l e a u , il y a des
colonnes brilées, fur les débris d j q u e i l e s
font des G a r d e s . endormis ; & an milieu
d'eux on voit une efpece de t o m b e , d o n :
la pierre de deffus eft dérangée , & de la-
quelle il fort un linceul. Il faut encore trois
Tables ou Autels triangulaires ; fur chacune
d'elles une lumiere. Ces Tables font pla-
cées, l'une à la droite de l'Orient , au bas
des marches, & les deux autres à l'Occident,
vis-à-vis de chaque Surveillant. T o u t e cette
décoration fert toutes les fois que l'on tien :
Chapitre. Mais lorfqu'il y a Réception , cela
lie doit être qus dans le fécond p o i n t , aî~
T ï ï û T
tendu q u e , dans le p r e m i e r , toute la tenture'J
le tranfparent & l'Autel doivent être re-
couverts de noir. Alors il faut trois
grandes colonnes triangulaires, dont les
noms , écrits delïus en tranfparent , font
ceux des trois vertus T héologales , de m a -
niéré que la Foi eft à l'Occident , l'Efpé-
rance au Midi, & la Charité à l'Orient.
O n doit faire attention que pour donner
Is Grade de Role - Croix , il faut encore
deux autres Appartemens ; un que l'on
n o m m e Chambre des Pas-perdus , où il n'y
a qu'une table pour écrire , & des fieges ,
tant pour, le Candidat que pour ceux qui
trouvent : & l'autre appelé Chambre
o b l c u r e , parce qu'effeftivement elle doit
ctreafiez fombre pour qu'on n'y puifle rien
voir. Dans cette derniere il n'y a que des
chaînes, pour intimider le Récipiendaire
pendant qu'il v o y a g e .

OUVERTURE
( "I )

O U V E R T U R E

DU SOUVERAIN CHAPITRE,

L E Très-Sage efl: a f f î s fur la troifierra


n>arche de l'Autel, la tète appuyée fur
de fes mains. Il t r a p p e c i n q coups égaux &

S^T|T!APETITETAL!S'UIEFTÀ

L
" ' P**m
Le Tres-Sage. » Il e f l t e m p s de c o m m e n -
» car nos travaux. Très-Relpefîables pre-
" r ^ ^ C ^ v a l i e r s , Invitez tous les
Ilefpeftables Freres Chevaliers à vouloir
« bien nous aider à ouvrir le Souverain
" Chapitre de R o f e - C r o i x «.

S 2 U s S u r v e i l , a „ s . o b é l f f e „ t . E n f u i t e l e T r è s -

" T r e s - R e f p e f l a b l e s premier & fécond


e va
,9 , >erS ' tous Freres f
ont - ils" à
lS a
J? 1 o r d r e ? «

C o m e t o u s l e
, , ™ s Freres , tête nue ran-

dre le S1"" C 0
|
1
I
0 n n e s J d o i v s
n t être à' l ' o r -
d r e , le surveillant r é p o n d :
Oui , Très-Sace. «
H, Partie. * F
( I " }
Le T r è s - S a g e . » Mes Freres , vous me
?> voyez accablé de trilbfle. T o u t a changé
» de tace. Le voile du Temple eft déchiré ;
» les colonnes de la Maçonnerie font brifées ;
i) la Pierre cubique a fué fang &; eau ; la
« parole eft perdue , Et conjummatum ejl.
j) Très-llefpeétables premier & fécond Che-
» valiers , v o y e z , chacun fur votre c o l o n n e ,
" (i, à l'aide de nos dignes Chevaliers, vous
» ne pourriez pas la recouvrer. Alors vous
« viendrez me la rendre «.
Les Surveillans v o n t , l'un au Nord , l'au-
tre au Midi, & demandent le mot à chaque
F r e r e , en obfervant de le prendre bas , à
l'oreille, & de ne point faire le figne. C o m m e
ils ont commencé par l ' O c c i d e n t , ils finif-
fent à l'Orient en le rendant au Très-Sage.
Ils retournent à leur place , Si le T rès-Sage
dit : » T r è s - R e f p e f t a b l e premier C h e v a l i e r ,
« à préfent que la parole eft retrouvée , que
M nous refte-t-il à faire " ?
Le premier Chevalier, i; T r è s - S a g e , ref-
3) p e d e r les décrets du T r è s - H a u t , rendre
n hommage au fuprême Architefle , & nous
j) humilier fans ceffe devant tout ce qui peut
J> nous retracer fon image
Le T r è s - S a g e . « O u i , T r è s - R e f p e f t a b l e s
» Chevaliers , voilà le but de nos travaux.
ii Mes F r e r e s , fiéchiffons le genou devant
« celui qui nous a donné L'être «.
En difant ces derniers mots il f e l e v e , ainfi
que toute l'Affemblée. Chacun fe t o u r n e
( "3 )
du côté de l ' O r i e n t , fait le figne , s'incline :
met un genou en terre. Auiîi tôtle Très-
Sage fe releve ; tout le monde l'imite ; puis
on frappe fept coups dans (es m a i n s , & l'on
dit trois fois: Houzé. Cela fait, le Très-Sage
dit : ,,Refpe£lables Chevaliers, le Souverain
» c h a p i t r e elt ouvert
Les Surveillans en difent autant. Enfuite
on tait avertir que le Récipiendaire peut fe
r
prefenter,

PRÉPARATION DU CANDID AT.

ÏI eft dans la Chambre des Pas-Perdus


avec l'Orateur & le Maître des Cérémonies!
JLe premier lui fait un petit difcours fur la
dignité du G r a d e qu'il va recevoir. Puis il lui
fait ecrire fon nom & Ton état , ainfi que les
g r a d e s qu il a dans la Maçonnerie. Pour fon
age , on lui fait mettre trente-trois ans.
Le Maître des Cérémonies va f r a p p e r a la
porte en Chevalier de l'Orient. L ' E x p e r t qui
elt en dedans , lui répond en R o f e Croix
puis avertit le fécond Surveillant que l'on
irappe a la porte du Souverain Chapitre. L e
lecond Surveillant le dit au p r e m i e r , & celui-
ci le dit au Très-Sage. C e dernier o r d o n n e
de voir qui frappe , & après la réponfe on
procédé a la reception en la maniéré accon-
tumee & lorfqu'il n ' y a point d ' o n p o f a n t ,
on applaudit par fept coups : puis on dit trois
Eois,Houze. Apres quoi on ordonne à l'Expert
F ij
( 124 )
d e lalffer entrer le R é c i p i e n d a i r e . A u f f i - t ô i
le M a î t r e des Céréir.onies lui pafie l ' c c h a r p e
d u C h e v a l i e r de l ' O r i e n t & le C o r d o n
d ' E c o f f o i s , lui fait m e t t r e l'épée au c o t e , oc
le p r e n d p a r l a m a i n . Il l ' i n t r o d u i t dans le
• S o u v e r a i n C h a p i n e , & le place entre les
d e u x Surveillans. Il faut o b f e r v e r qu a 1 m i -
t a n t que l'on v a i n t r o d u i r e le C a n d i d a t , t o u s
les F r e r e s , ainfi q u e le Tres-Sage , d o i v e n t
p r e n d r e u n air tr ifle.
L e R é c i p i e n d a i r e étant ainfi place, les d e u x
Surveillans f r a p p e n t , le T r è s - S a g e r é p o n d .
E n f u i t e le p r e m i e r Surveillant dit ;
?> T r è s - S a g e , v o i c i u n digne C h e v a l i e r d e
3! l ' O r i e n t qui fe p r é f e n t e au S o u v e r a i n C h a -
p i t r e , p o u r obtenir la f a v e u r d'être admis
» au fublime G r a d e a e R o f e - C i o i x «.
Le T r è s - S a g e - » D i g n e C h e v a l i e r , qui
1
s; ê t e s - v o u s te ? . , ,
L e R é c i p i e n d a i r e . » Je fuis n e de p a r e n s
nobles de la T r i b u de l u d a «.
L e T r è s - S a g e . » Q u e l eft v o t r e p a y s "
W
Le Récipiendaire. » L ' a TJ u d' é' e; (C.
<
L e T r è s - S a g e . » Q u e l art profe fiez-vous «?
L e R é c i p i e n d a i r e . » L a M a ç o n n e r i e «.
Le T r è s - S a g e . » Digne Chevalier , vous
}> m ' i n f p i r e z la plus parfaite e f t i m e ; m a i s v o u s
y? n o u s v o y e z accablés de trifteffe. i o u t efl
3) c h a n g é ; le p r e m i e r foutien d e j a M a ç o n -
3, rie n ' e f t plus ; le v o i l e du T e m p l e eft
5) déchiré ; les c o l o n n e s f o n t b r i f é e s ; les
i? o r p e m e n s les puis p r e c i e u s f o n t e n l e v e s j
( ^5 )
i, & la pai'ole eft perdue. Nous n'avons d'ef-
„ pérance , pour la recouvrer , que dans
,, votre courage. Nous promettez-vous de
j, l'employer pour nous « ?
Le Récipiendaire. » O u i , Très-Sage «.
Le Très-Sage. » Venez ici nous en don-
„ ner l'alTuraiice , en prêtant ferment, que fi.
j, vous parvenez à connoître nos m y f t e r e s ,
,, vous en garderez le plus profond filence.
i, Y confentez-vous « ?
Le Récipiendaire. » O u i , Très-Sage «.
Alors on fait approcher le Récipiendaire
auprès du petit Autel du Très-Sage. Celui-
ci lui fait mettre un genou en terre , la main
droite fur le Livre de la Sageffe, lie fur la
main droite une épée & u n compas. Puis il
lui fait prononcer l'Obligation.

O B L I G A T I O N .

,, En préfence de tous, les R.efpei9:ables


Chevaliers , je jure & promets, fur ma
,, parole d'honnête-homme & de Maçon ,
5, de ne jamais révéler à qui que ce f o i t , les
,, fecrets qui m'ont été confiés , & ceux que
,, je puis apprendre., fous les peines d'être
„ déshonoré & banni de toutes les Loges ,
„ comme étant indigne de faire corps avec
,, les vertueux Maçons. Je prie Dieu de
,, m'être en aide «.
L'Obligation prêtée , le Très-Sage le re-'
leve , & luj dit :
F iij
(zaé)
» Mon Frère ; vous fentez ; ainfi que
» nous, toute la force de votre promeffe.
» Ce qui vous refte à faire , c'eft un voyage
j) très-pénible. Le Frere Chevalier Maître
« des Cérémonies , va vous faire connoître
» ce qui doit être la bafe de votre conduite.
{Au Maître des Cérémonies. )
» Très-Refpeftable C h e v a l i e r , daignez
» montrer au digne Chevalier les moyens
s; dont il doit fe fervir pour recouvrer la
5> parole «.
Le Maître des Cérémonies prend le
Candidat par la main , & lui fait faire le
tour du Chapitre , en lui montrant fuccef-
iiveraent les trois colonnes ; c'eft-à-dire, la
F o i , FEfpérance & la Charité. Après quoi
il fait, par les Surveillans, avertir le Très-
Sage que le Chevalier eft inftruit.
Le Très-Sage. « Digne Chevalier , ne
» vous écartez jamais de ce que vous venez
» d'apprendre , & fouvenez-vous que nous
3> attendons votre retour avec emprefTement.
jîPuifle-t-il être heureux & ramener dans
j) notre ame la paix & la félicité ! «
Dès que le Très-Sage a fini, le Maître des
Cérémonies prend le Récipiendaire par la
m a i n , le conduit à la Chambre obfcure ,
& lui en fait faire fept fois le tour. Pendant
ce temps on change la décoration , & l'on
découvre tout. Lorfque les fept tours font
finis, le Maître des Cérémonies ramené le
Candidat à la porte du Souverain Chapitre 3
( î1?)
à laquelle il frappe , pour l'introduire , de la
maniéré qu'on a vu ci deffus ; & lorfqu'il
eft entré , le Très Sage lui fait les demandes
Suivantes, & le Frere qui le conduit j lui
d i â e les réponfes.
Le 1. S. Mon F r e r e , d'où v e n e z - v o u s ?
Le R. D e la Judée.
Le I . S. Par où a v e z - v o u s paffé ?
Le R.. Par Nazareth.
Le 1 . S. Q u i vous a conduit ?
Le R. Raphaël.
L e F. S. D e quelle Tribu êtes-vous ?
L e R. D e la T r i b u de Juda.
Le T . S. Raflemblez les lettres initiales de
ces quatre noms.
( On le fait. )
Le T . S. Q u e font-elles enfemble ?
Le R. I N R I .
L e I . S. O u i , mon Frere. C ' e f t l'infcription
que vous voyez au haut de cette C r o i x ,
& la parole que nous avions perdue 8c
que votre zele nous a fait retrouver.
Venez au pied de cet Autel recevoir le
prix qui vous eft dû.
Le Récipiendaire obéit , & lorfqu'il eft au
pied de l ' A u t e l , le Très-Sage lui met fcn
epce nue fur la tête , & dit à haute voix ce
qui fuit ;
» En vertu du pouvoir que j'ai reçu de la
« Metropole Loge d ' H é r é d o n , & devant
s) cette augufte AfTemblée de Chevaliers ,
« mes Freres & mes é g a u x , je vous a d m e t s ,
F iy
(IÎS)
» reçois & eonftitue , à p r é f e n t , & pour
» toujours , C h e v a l i e r , Prince de l'Aigle Si
» du Pélican , parfait Maçon fibre d'Héré-
» don , fous le titre de Souverain de Rofe-
j) C r o i x , pour par vous jouir des titres &
« prérogatives des Princes Maçons parfaits ,
3i par-tout où il y a des Maçons, avec le pou-
33 voir de tenir Loge dans les Loges aflem-
3j blées régulièrement, de convoquer Loge
33 faire & parfaire des Maçons jufqu'au fixie-
33 me Grade , ou Chevalier de l'Epée , dit
33 auffi de l ' O r i e n t , fans avoir befoin de notre
33 autorité , que nous nous réfervons pour le
3>feul Grade de Rofe-Croix «.
Le Dlfcours fini, le Très-Sage releve le
Frere & lui donne le c o r d o n , la parole , le
figne & l'attouchernent.
La parole eft I N RI; Elle s'épelle;
Le figne eft de fe croifer les bras & de s'in-
cliner comme p o u r m e t t r e un genou en terre.
L'attouchement fe fait en fe pofant m u -
tuellement la main droite fur l'épaule droite ,
& la main gauche fur l'épaule gaijche , de
maniéré que les bras fe trouvent croifés &
entrelacés. Puis on s'embrafle , en d i f a n t ,
l'un Emmanuel, & l ' a u t r e . Pax vobis.
Après que le Profélyte a rendu la parole
le figne & l'attouchement aux Surveillans ,
on le fait placer au M i d i , puis on fait u n j
quête en faveur des p a u v r e s , à ; lorfqu'elle
eft finie 3 commence l'Inftruilion,
I2
( 9 )

C A T É C H I S M E

DE ROSE-CROIX.

D . T R È S - R ESPECTABLE premier
C h e v a l i e r , d'où venez-vous ?
R. Très-Sage , de la Judée.
D . Par où avez-vous paffé ?
R . Par Nazareth.
D . Qui vous a conduit?
R . Raphaël.
D . D e quelle Tribu êtes-vous ?
R . D e la Tribu de Juda.
D . Raflemble z-moi les initiales de ces quatre
noms ?
R. Très-Sage, je ne le puis faire fans votre
aide.
D . I.
R . N.
D. R.
R . I.
D . Q u e veulent dire ces lettres ?
R . I N R I , mot facré des Chevaliers E.ofe-
Croix.
D . Comment êtes-vous parvenu à la con-
.noifl'ance de ce Grade ?
R. Par les trois vertus Théologales , la Foi
i'Efpérance ôi la Charité.
F y
( i3o )
D . Q u e vous a - t - o n donné de plus que là
parole ?
R . Un figne & un attouchement.
D . Montrez moi le figne.
( On le fait. )
D . D o n n e z l'attouchement au T r è s - R e f p e c -
table'fécond Chevalier ?
( On le donne. )
D . ConnoifTez-vous le Pélican ?
R, O u i , Très-Sage.
D . Q u e fignifie-t-il ?
R . Il ert pour nous le f y m b o l e du R é d e m p -
teur du monde , & de la parfaite huma-
nité.
D . Q u e l efl donc le but du Rofe-Croix ?
R . Relpeiler les décrets du Très- H a u t , ren-
dre hommage au iuprême A r c h i t e f t e , &
nous humilier fans ceffe devant tout ce
qui peut nous retracer fon image.
L e Très-Sage. » O u i , T r è s - R e f p e f t a b l e
5> Chevalier , c'eft le but du vrai Maçon.
n Mes Freres , fléchiflbns le genou devant
» celui qui nous a donné l'être «.
Après ces mots on fe m e t à genoux 3
comme dans l'ouverture , & lorfqu'on fe
r e l e v e , le Très-Sage ferme le Chapitre en
ces termes.

F E R M E T U R E .
L e Très-Sage. » T t è s - R e f p e f l a b l e premies;
» C h e v a l i e r , quelle heure eft-il?
( I31 )
L e premier Chevalier. » La derniere heure
du j o u r " .
Le T r è s - S a g e . » S'il eft a i n f i , T r è s R e f -
» peftadtdbles premier & fécond C h e v a l i e r s ,
« avertilTez tous nos chers Freres C h e v a -
>> liers que c'eft l'inftant de fermer le S o u v e -
si rain C h a p i t r e , & de nous retirer en paix u.
Les Surveillans obéiflent. Enfuiie le T r è s -
Sage frappe fept coups en R o f e - C r o i x . Les
Surveillans en font autant. Auffi-tôt toute
l'Afleinblée fe leve & fait le ligne , en r e -
gardant le T r è s Sage qui le fait auffi. Puis ,
t o u j o u r s à l'imitation de ce d e r n i e r , chacun
f r a p p e fept coups dans fes mains , & dit
trois fois H o u z é . Enfuite le T r è s - S a g e d i t ;
» T r è s - Refpeftables premier & f é c o n d
si C h e v a l i e r s , le Souverain Chapitre eft
}} fermé «.
Les Surveillans r é p è t e n t ces m o t s , &
chacun fe retire.

N. B. L'inftant où le Souverain C h a p i t r e
eft tendu en noir , p o u r la réception du
C a n d i d a t , eft ce qu'on appelle le p r e m i e r
p o i n t du R o f e - C r o i x ; & I'inftant où l'on
change de décoration , c'eft-à-dire , où le
Souverain Chapitre eft tendu en rouge , & c .
eft ce qu'on appelle le fécond point du
Rofe-Croix.

F vj
( n 1 )
MàPWHlBaB liwawnwcgïîsnpgrt otwcoi

T R O I S I E M E P O I N T

DU R Q S E-C R 0 1 X.

C'EST toujours après avoir tenu Chapitre I


c o m m e on l'a v u c i - d e f f u s , que l'on pratique
cette Cérémonie. Auflî lorfque c'eft un jour
où l'on doit l'obferver , le T r è s Sage ne
ferme point le Chapitre, 11 ne fait que le fuf-
p e n d r e à l ' i n f k n t de la demande de l ' h e u r e .
T o u t e la décoration refte dans le m ê m e état.
O n met de plus , au milieu de la folle , u n e
T a b l e couverte d J une n a p p e , f u r laquelle il y
a un pain & une coupe pleine de vin. O n a
foin de p r o p o r t i o n n e r la groffeur du pain Si
la quantité du vin , pour que chaque F r e r e
puiffe avoir un peu des deux. O n m e t a u f f i fur
la T a b l e un petit papier fur lequel on a écrit
îe mot facré du Rofe- C r o i x . T o u t étant ainft
d i f p o f é , chacun prend en main une baguette.
T o u t e r A f f e m b l é e fe range fur deux lignes ;
c'eft-à-dire , au N o r d & au Midi. Les Sur-
veillans font à la tête , & le T r è s - S a g e en-
tre eux. C e dernier frappe & avertit que le
S o u v e r a i n Chapitre reprend fon cours & fa
force. Les Surveillans répètent ces paroles.
Puis on commence les v o y a g e s , de cette m a -
niéré : Le T r è s - S a g e , fuivi de toute TAflem-
blée , fait fepe fois le tour du Chapitre , en
Ï
( Î3 )
coflitnençant par le M i d i ; enfuite il s'arreté
en face de l'Orient , fait le figne , prend le
pain , duquel il rompt un petit morceau ,
puis le donne au premier Surveillant qui eft
a l:'. droite ; celui-ci en rompt auffi un m o r -
ceau & paffe le pain au Frere à droite , &
ainli de fuite , de maniéré que le refte du pain
arrive au fécond Surveillant, qui le mange.
, 1 r cs-Sage ayant mangé le pain , il prend
le vin, en boit un peUj paffe la coupe au p r e -
mier Surveillant, qui boit de même , &'
palle la coupe au Frere à droite. Le premier
Surveillant le retourne vert le T r è s - S a g e
qui lui donne ^ a t t o u c h e m e n t , en lui difant :
EMMANUEL ; & le Surveillant répond ; PAX
VOBIS. La coupe paffe , & la cérémonie le
luccede , jufqu'au fécond Surveillant, qui
rend la C oupe &. donne l'attouchement au
i res-bage. Celui-ci montre à toute l ' A f f e m -
blee qu'il n ' y a plus rien dans la c o u o e .
Fuis S avançant à la T a b l e , prend le pa-
pier 1 allume , & le met dans la c o u p e .
Q u a n d le papier eft totalement brûlé , le
1 rès-Sage fait le figne, & dit : con-
fummatum eft.
Après quoi tous les Freres font le fiane.
Le Frès-Sage ferme le Chapitre de la
mamere qn'on Fa vu ci-deffus.

Fin du feptiems -Grade,


( 134 )

LE N O A C H I T E ,
o u

CHEVALIER PRUSSIEN.

L e très-ancien O r d r e des Noachites , c o n n u fous


le nom de Chevaliers Pruffiens , traduit de l'Alle-
mand, par M. de Bérage, Chevalier de l'Eloquence,
de la Loge de M de S a i n t - G i l l a i r , C o m m a n d e u r -
L i e u t e n a n t , I n f p e f t e u i - G é n é r a l des Loges Pruf-
jiennes en France , l'an de l ' O r d r e 465S.

ORIGINE ET DIGNITÉS.

X j E G r a n d - M a î t r e Général de l ' O r d r e , que


l'on nomme Chevalier G r a n d - C o m m a n d e u r ,
eft le tres-illuftre Frere Frédéric de Brunf-
w i c k , R.01 de Prufle. Ses ancêtres , depuis
trois cents ans , font protefteurs de cet O r d r e
dont les Chevaliers célebrent la mémoire
dans la deftruélion de l a T o u r de Babel. A u -
trefois ils étoient connus fous le nom de
N o a c h i t e s ; c'eft-à dire ,defcendans de N o é .
Les Païens les connoiffent fous le nom de
T i t a n s , qui voulurent efealader le ciel, pour
détrôner Jupiter. Mais les Pruffiens, qui ne
connoiffent point d'autre Dieu que le Grand
Architecte de l ' U n i v e r s . f o n t confifter k u i
( '3? )
bonheur à le glorifier & à célébrer tous les
ans pendant la nuit de la pleine lune de M a r s ,
la confufion des Langues & la défunion des
o nvriers de la T o u r de B a b e l , qui eft u n e
des grandes merveilles du Créateur , parce
q u e c'efl: l'époque de ce jour de v e n g e a n c e .
C ' e f t aulîi pour cela qu'ils s'aiïemblent dans
u n lieu r e t i r é , la nuit de la pleine lune de
chaque mois , pour tenir la Loge , & qu'ils
ne peuvent recevoir de Profélytes qu'au
clair de la Lune.
L e G r a n d M a î t r e - G é n é r a l de l ' O r d r e fe
n o m m e Chevalier C o m m a n d e u r - L i e u t e -
nant. Les Dignitaires f o n t , le premier C h e -
valier d'Office , le fécond Chevalier d ' O f f i c e
Introduéleur , le troifieme Chevalier de
l'Eloquence , le quatrième Chevalier de
G a r d e , le cinquième Chevalier de la C h a n -
cellerie , lefixieme C h e v a l i e r des Finances,.
Les autres Maîtres de la Logé s'appellent
Chevaliers Maçons Pruffiens. La Loge doit
être au moins c o m p o f é e des trois premiers
C h e v a l i e r s ; mais ce n'eft que dans le cas
qu'il y ait difettede Chevaliers Maçons Pruf-
fiens dans la ville où l'on tient Loge. O n
p o u r r o i t alors fe paffer des autres.
Les N o a c h h e s , nommés a u j o u r d ' h u i
Chevaliers Pruffiens, defcendent de P h a l e g ,
G r a n d A r c h i t e f t e de la T o u r de Babel ; ainfî
leur O r d r e tire fon origine de plus loin q u e
les M a ç o n s defcendans d'Adonhiram ; car
la T o u r de Babel f u t bâtie pluueurs fiecles
( '3(5 )
a v a n t le T e m p l e de Salomon , & l'on n'exi-
geoit point autrefois que les fujets qui fe pro-
pofoient pour être reçus ^ fuffant Maçons
defcendans d'Adonhirara. Mais du temps des
Croifades où tous les Chevaliers des diffé-
rens O r d r e s de l'Europe furent initiés par les
Princes Chrétiens & confédérés p o u r con-
quérir la Paleftine , les M a ç o n s , d e f c e n -
dans d'Adonhiram-, nommés Âdonhiramites,
par r e f p e f t pour l ' O r d r e des Noachites , qui
é t o i t e n grande v é n é r a t i o n dans es temps-là ,
fe firent recevoir. Les Chevaliers Frufiîens ,
p a r r e c o n n o i f l a n c e , ne croyant pas p o u v o i r
mieux confier leurs myfteres q u ' a u x d e f c e n -
dans d ' A d o n h i r a m , ont exigé depuis q u e
tous les Récipiendaires luflent reçus Maîtres
de cet O r d r e , fans que l'on puiffe en a d -
m e t t r e d'autres , c o m m e il paroît dans les
Statuts de l ' O r d r e , qui font dans les Archi-
v e s du Roi de Pruffe , par lefquels il eft e x -
preffément défendu à un C h e v a l i e r M a ç o n
Pruffien de recevoir aucun C a n d i d a t , qu'il
n'ait donné des p r e u v e s de fon zele &. de fa
capacité dans l ' O r d r e des M a î t r e s defcendans
d ' A d o n h i r a m . Il faut qu'il p r o u v e avoir fait
les fonftiens d'Officier Dignitaire dans u n e
L o g e complete & réguliere.
( ^7 )

D I S P O S I T I O N DE L A LOGE
ET R É C E P T I O N .

Le Chevalier C o m m a n d e u r eft placé à


1 oppofé de la Lune , les quatre C h e v a l i e r s
en a v a n t , p o u r être mieux à p o r t é e d'en-
tendre les ordres. Ils n'ont point de place
fixe , pour faire voir qu'un Chevalier a y a n t
renonce a 1 orgueil j ie fait gloire de prati-
quer 1 humilité en t o u t temps. La Salle doit
etre eclairee au moins par une grande f e n ê t r e ,
t o u r n e e de façon qu'elle puiffe recevoir la
foible lumiere de la Lune. Il eft d é f e n d u ,
luivant les Statuts de l ' O r d r e , de recevoir
les rayons du foleil , ni d'aucune lumiere
artificielle. Le Chevalier Commandeur-Lieu-
tenant o u v r e la Loge par trois c o u p s , frappés
t r è s - l e n t e m e n t , à diftance ég«tg. Le premier
C h e v a l i e r d Office répond par un feul c o u p
qu il f r a p p e fur le p o m m e a u de fon é p é e .
Apres quoi, le C o m m a n d e u r - Lieutenant dit :
» A 1 o r d r e , Chevaliers « , en levant les bras
etendus vers le Ciel, le vifage t o u r n é du c ô t é
de l ' O r i e n t , qui eft le côté où fe leve la L u n e .
Les Chevaliers M a ç o n s Pruffiens font la
merne choie ; & le Chevalier Comtfiandeur-'
L i e u t e n a n t , après avoir fait quelques q u e f -
tionsdu Catechifme aux Chevaliers d'Office,
leur dit : )> Annoncez à tous les Chevaliers
» que la Loge eft éclairée «. Alors tous les
^liey^Iiçrs reprennent leur attitude naturelle^
( 138)
Le dcffin de la L o g e cfl le firmament. Les
Chevaliers regardent la Lune & les E t o i l e s ,
jufqu'à ce qne le Candidat foit arrivé à la
p o r t e de la Loge en dehors. 11 doit être in-
troduit fans épée & tête nue , avec fes v ê -
temens ordinaires, & avoir tin tablier & des
gants de peau blanche , tels que les p o r t e n t
les Maîtres defcendans d'Adonhiram. L e
f é c o n d Chevalier d'Oflice , I n t r o d u f t e u r ,
qui fert de p r o t e f t e u r au C a n d i d a t , frappe
trois c o u p s , très - lentement , à diftance
égale. Le Chevalier de Garde répond par
un feul coup. Alors le Chevalier de G a r d e ,
d o n t le foin efl; d'empêcher aucun h o m m e
d'entrer , à moins qu'il ne ie foit fait con-
noître C h e v a l i e r M a ç o n P r u f f i e n , o u v r e la
p o r t e , par l'ordre du Chevalier C o m m a n -
d e u r - L i e u t e n a n t , &c demande b a s , à l'oreille,
au Chevalier IntroduiSeur, le f i g n e , l'attou-
c h e m e n t , la parole & le m o t de parte de
l ' O r d r e . Enfuite il referme la porte & v a
dire , à baffe voix , au premier Chevalier
d ' O f f i c e , que le Chevalier I n t r o d u f t e u r a
très bien r é p o n d u 8f qu';l demande à e n t r e r
en Loge. Le premier Chevalier d'Office an-
nonce tout haut la m ê m e chofe au C h e v a l i e r
C o m m a n d e u r - L i e u t e n a n t , qui lui dit d'aller
dire au fécond Chevalier d'Office I n t r o d u c -
t e u r que , s'il efi: feu!, il peut entrer. Il r é -
pond qu'il eft accompagné d'un Maître def-
cendant d'Adonhiram , qui a des gants blancs
ô i un tablier blanc. ))En ce cas, premier Che?
I
( 39 )
M valier d'Office , demandez au Chevalier
« ï n t r o d u f l e u r , ce que veut ce Maçon def-
» cendant d'Adonhiram «. Le premier C h e -
valier d'Office va à la p o r t e , f r a p p e u » c o u p ,
auquel le C h e v a l i e r l n t r o d u & e u r répond par
trois coups lentement.Le C h e v a l i e r d e G a r d e
o u v r e , & le premier Chevalier d'Office de-
mande au fécond ce qu'il veut. Celui-ci lui
répond : » Q u e c'eft un Maître defcendant
J) d'Adonhiram , qui , fous le bon p l a i f i r d u
» Chevalier C o m m a n d e u r - L i e u t e n a n t , d é f i r e
» être reçu Maître Pruffien «.Le premier Che-
valier vient rendre compte au C o m m a n d e u r -
L i e u t e n a n t , qui o r d o n n e de le faire entrer
en Maître , après qu'on lui aura demandé le
m o t de pafle de Maître. L e Chevalier Intro-
d u f l e u r le mene dans la L o g e , en lui f a i -
fant faire trois pns de Maître , & le r e c o n -
duit à la porte au-dedans de la Loge. A l o r s
le Chevalier C o m m a n d e u r - L i e u t e n a n t dit au
:
Chevalier I n t r o d u f t e u r : v C h e v a l i e r , m e
» r é p o n d e z - vous du Maître que vous m e
j) préfentez ? J'en réponds c o m m e de m o i .
») Il efl M ître & defcendant d ' A d o n h i r a m « .
Le Chevalier C o m m a n d e u r - L i e u t e n a m q u i t t e
fa place , va demander au Candidat le m o t
de Maître. Celui-ci donne l'accolade à la
maniéré accoutumée. Enfuite le Chevalier-
C o m m a n i e u r - L i e u t e n a n t adreffe la parole
aux Chevaliers ; » Je vous annonce un M a î -
« tre Maçon defcendant d'Adonhiram , qui
» demande à être reçu Chevalier Pruffien^
( Mo )
« y c o n f e n t e z - v o u s « ? AufTi-tôt les C h e -
valiers m e t t e n t l'épée à la M a i n , fans dire
m o t , &. en présentent la pointe au corps d u
C a n d i d a t , qui r é p o n d , par l'organe du C h e -
valier I n t r o d u f t e u r , qu'il perlifte dans las
m ê m e s fentimeus , fi c ' e f t le b o n plailir d u
Chevalier Commandeur Lieutenant & de
t o u s les Chevaliers de la L o g e .
Le Chevalier Commandeur-Lieutenant
d i t , au n o m de toute la L o g e : » M e s braves
„ C h e v a l i e r s & moi y c o n l é n t o n s , p o u r v u
, , q u e v o u s renonciez à t o u t orgueil p e n d a n t
„ le reftant de v o t r e vie «. Il r é p o n d : » J ' y
9 , renoncerai «. ——•» C o m m e n c e z d o u c p a r
„ faire un a f t e d'humilité «. Alors le C h e v a -
lier I n t r o d u é t e u r , affifté du p r e m i e r C h e -
valier d ' O f f i c e 9 conduit le R é c i p i e n d a i r e
aux pieds du C h e v a l i e r C o m m a n d e u r - L i e u -
t e n a n t , par trois grandes g é n u f l e x i o n s , qu il
fait du g e n o u g a u c h e . Y étant arrivé , il f e
p r o f t e r n e d e v a n t le C h e v a l i e r C o m m a n -
d e u r - L i e u t e n a n t , qui lui o r d o n n e de bailer
le p o m m e a u de fon épée. E n f u i t e le C h e -
valier d ' E l o q u e n c e p r o n o n c e u n D i f c o u r s
f u r l'orgueil des enfans de N o é , & fur
l'humilité de celui qui r e c o n n u t fa f a u t e .
L e Candidat eft t o u j o u r s à g e n o u x . L o r f -
qu'il fe r e l e v e , t o u s les F r e r e s , l'epee à la
main , font le ligne de Maître M a ç o n d e f -
cendant d ' A d o n h i r a m , a v e c le C h e v a l i e r
C o m m a n d e u r - L i e u t e n a n t , qui lui dit « ; P r o -
{> mettez-vçus, foi d? Maître Maçon dçf?
( Mi )
J, cencknt d'Adonhiram , de garder les fe*-
j , crets que je vais vous c o n f i e r f o u s trois
,, conditions ? La premiere , que vous n e
„ révélerez jamais à aucun des enfans d ' A -
, , dam les m y f t e r e s de notre O r d r e , à moins
„ que vous ne le reconnoiffiez pour M a ç o n .
,, La fécondé , que vous ferez officieux &
j, compatifTant pour tous les Chevaliers de
„ notre O r d r e . L a t r o i f i c m e , que v o u s ne
,, foùiFrirez j a m a i s , m ê m e au péril de v o t r e
,, vie, qu'aucun h o m m e porte le bijou d e
,, notre O r d r e „ à moins qu'il ne fe fafl'ere-
„ connoître à vous pour Chevalier M a î t r e
j, Pruffien « ?
Il r é p o n d : n Je l e j u r e & m ' y e n g a g e , f o u s
„ les conditions que vous me prefcriyez «.
Enfuite le C h e v a l i e r C o m m a n d e u r - L i e u t e -
n a n t lui conte l'Hifloire de l ' O r d r e , & lui
dit à la fin ; » Voilà , Chevalier , le grand
,, fecret de n o t r e O r d r e , qui n eft c o n n u
j . d'aucun enfant d ' A d a m . Je viens de vous
jj le confier avec plaifir : malheur à vous û
, , vous êtes affez téméraire p o u r être indif-
, , cret ! Soyez bien circonfpeél ; & dans l'oc-
,, cafion j pratiquez l ' h u m i l i t é , à l'exemple
,, de notre G r a n d A r c h i t e f t e «. T o u s les
Chevaliers remettent leurs épées , & le
C h e v a l i e r C o m m a n d e u r fait rendre celle
d u Récipiendaire. Il lui a t t a c h e , à la troi-
fieme b o u t o n n i e r e de la vefte , avec un ru-
ban noir j le bijou de l ' O r d r e , qui sQ
( Mi )
d ' a r g e n t , & lui dit de quitter les Iiatillemens
des Maîtres defcendans d ' A d o n h i r a m j lui
d o n n e ceux de l ' O r d r e . L'on p o r t e le t a -
blier c o m m e les Compagnons. Le C h e v a -
lier Introducteur avertit le Candidat d'offrir
des gants au C o m m a n d e u r , qui lui d o n n e ,
après qu'il les a reçus , le ligne , l'attouche-
m e n t , la parole & le m o t , qu'il rend à tous
les F r e r e s , en leur prél'entant les gants.
Il eft détendu , par les Statuts de l ' O r d r e ,
de tenir Loge de T a b l e . C o m m e l'on ne
p e u t inftruire les n o u v e a u x reçus qu'à la
f a v e u r de quelque lumiere , le C h e v a l i e r
C o m m a n d e u r , qui eft le feul dépofitaire du
C a t é c h i f m e , p e u t , pour r i n f t r u f l i o n , tenir
L o g e de T a b l e des C o m p a g n o n s d'Hiram ,
à laquelle l'on ne peut rien l'ervir qui ait eu
v i e ; c ' e f t - à - d i r e , que ce doit être une colla-
tion frugale.
C o m m e l'on o u v r e la L o g e par trois
coups , on la ferme de m ê m e . Le p r e m i e r
Chevalier d'Office y r é p o n d par un feul
c o u p , & le C h e v a l i e r C o m m a n d e u r - L i e u -
tenant dit au premier & au fécond C h e -
valier d'Office:)» A n n o n c e z à t o u s les C h e -
» valiers ici préfens , que la Loge eft obf-
j) curcie , & qu'il eft temps de fe retirer « .
T o u s les Chevaliers étant à l'ordre , d i -
fent trois fois , d'un t o n lugubre , Phaleg.
Les G a n t s & le Tablier font jaunes , le
B i j o u eft un équilatéral traverfé par une
( 143 )
i e c l i e , l a pointe en bas. Il doit être en o r ,
attaché à un grand cordon noir , qui paffa
de l'épaule droite à la gauche ; à moins
qu'on ne le p o r t i à la boutonniere de la
vefte ; alors il ell d'argent.

EXPLICATION DE LARM01R1E.

Au premier , azur , Lune d ' a r g e n t , Etoiles


d'or. Au fécond , fable , Triangle & Flécha
d'or.

F L W J ?
C A T É C H I S M E
DU CHEVALIER PRUSSIEN.

D . Q iJi êtes vous ?


R . Dites-mai qui vous êtes, je vous dirai
qui je fuis.
D . Connoiffez-vous les enfans de N o é ?
R . J'en connois trois.
D . Q u i font-ils ?
R . Je le dirai par tous les mots de S. C. J.
D . Dites -moi le mot ?
R- Commencez , & je vous répondrai.
( On donne les trois mots S. C . J. )
D . Q u e figninent ces mots ?
R . Les lettres initiales font le mot facré.
D . D o n n e z moi l'attouchement?
R . Le voici, en ferrant trois fois , &c,
D . Faites-moi le figne ?
R . J ' y fatisferai.
( On le fait. )
D . Dites-moi le mot de paffe ?
R . Phaleg.
D . Connoiffez - vous le Grand A r c h i t e f t e
de la T o u r de Babel ?
R . Phaleg eft fon nom.
D . Q u i vous a appris fon Hiftoire ?
R . Le Chevalie r Commandeur-Lieutenant
d | s C h e v a l i e r s Maîtres Prufiiens.
D,
( '45 )
D . En quelle Loge ?
i l . Dans une Loge où la Lune donnoit la
lumière.
D . N'auroit-on pas pu avoir d'autre l u -
mlere ?
R . Non.
D . Cet édifice étoit-il louable ?
R . Non ; fa perfeftion étoit irnpoffible.
D . Pourquoi étoit-elle impoffible ?
R . C e ft que l'orgueil en étoit le premier
fondement.
D . Eft-ce pour imiter les enfans de N o é
que vous en gardez la mémoire r
R . Non ; c'eft pour avoir leur faute devant
les y e u x .
D . O ù repofe le corps de Phaleg ?
R . Dans un tombeau.
D . A - t - i l été réprouvé ?
R . Non : la pierre d'agathe dit que Dieu a
eu pitié de lui , parce qu'il eft devenu
humble.
D . C o m m e n t avez-vous été reçu Chevalier
Pruflien ?
R . Par les trois génuflexions , après avoir
baifé le pommeau de l'épée du Chevalier
Commandeur- Lieutenant.
D . Pourquoi vous a-t-il fait faire des génu-
flexions ?
R . Pour me faire reffouvenir que j dans toute
ma vie , je dois pratiquer Thumilité.
D . Pourquoi les Chevaliers portent-ils un
triangle ?
IL Partie, G
( 146 )
R . En mcmoire du T e m p l e de Phaleg.
D . Pourquoi la fleche renverfée ?
R . En mémoire de ce qui arriva à la T o u r de
Babel. Le Tablier & les Gants font en
mémoire de tous les Ouvriers de la T o u r .
Le cordon noir eft une marque de trifteffe.
D . Les Ouvriers travaillent-ils jour &. nuit ?
R . Oui ; le j o u r , à la faveur des rayons du
foleil ; & la n u i t , à la faveur de la Lune.

Fin du hultUme Grade,


( M?)

HIST O I R E
D E S N O A C K I T E S ,
O £/

CHEVALIERS PRUSSIENS.

L E S defcendans de N o é , n o n o b f t a n t
l ' A r c - e n - C i e l , qui étoit le figne de réconci-
liation que le Seigneur avoir donné aux
h o m m e s , par lequel il les afluroit qu'il ne
fe v e n g e r o i t plus d'eux par un déluge u n i -
v e r f s l , réfolurent de conftruire une tour
allez élevée , p o u r fe mettre à l'abri de la
v e n g e a n c e divine. Ils choifirent p o u r cela
unç p l a i n e , n o m m é e S e n n a a r , dans l'Afie. '
D i x ans après qu'ils eurent jeté les fonde-
mens de cet é d i f i c e , le S e i g n e u r , dit l'E-
criture , jeta les y e u x fur la terre , a p p e r ç u t
l'orgueil des enfans des hommes . & d e f -
cendit fur la terre , pour confondre leurs
projets téméraires , & mit la confufion des
Langues parmi les O u v r i e r s ; c'eft p o u r q u o i
on appelle cette tour Babel , qui fianifie
confufion. Q u e l q u e temps a p r è s , N e m r o d ,
( 148 )
qui a été le premier qui ait établi des dillinc-
tions entre les hommes , qui a vengé même
les droits & le culte dûs à la Divinité , y
fonda une ville, qui, pour cela, fut appelée
B.ibylor.e ; c'eft-à-dire , enceinte de con-
fufion. Ce fut la nuit de la pleine Lune de
Mars que le Seigneur opéra cette merveille.
C ' e f t en mémoire de cela que les Chevalier*
Noachites font leur grande aflemblée tous
les ans dans la pleine Lune de Mars. Leurs
Affetnblées d'Inftruéuon fe font tous lesmois,
le jour du plein & au clair de la Lune ,
ne pouvant avoir en Loge d autre lumiere
que la Lune. Les Ouvriers ne s'entendant
p l u s , furent obligés de fe féparer. Chacun
prit l'on parti. F h a l e g , qui avoit donné
l'idée de ce b â t i m e n t , & qui en étoit le Di-
refteur , étoit le plus coupable. Il fe con-
damna à une pénitence rigoureuie ; il fe
retira dans, le N o r d de l'Allemagne , où il
a r r i v a , après bien des peines &. des fati-
gues , qu'il effuya dans des pays déferts ,
où il ne trouvoit , pour toute nourriture ,
que des racines & des fruits fauvages.
Dans cette partie que l'on appelle la Prufle,
il y conftruifit quelques cabanes , pour le
mettre à l'abri des injures du temps & de l'air,
& un temple en forme de triangle , où il
s'e.ilermoit pour implorer la miféricorde de
D.eu & la rém'-ffion de fon péché.
Dans des d é c o m b r e s , en fouillant dans
des mines de fel de P r u f f e , à quinze coudées
( M9»)
de profondeur , l'an 5 5 3 , on trouva une
forme de bâtiment triangulaire, dans lequel
étoit un marb'-e blanc , fur la bafe de la-
quelle toute l'Hiftoire étoit écrite en H é -
breu. A côté de cette colonne on trouva
un tombeau de pierre de grès ou l'on ap-
perçut de la pouffiere , & une pierre d'a-
gathe fur laquelle étoit l'Epitaphe fuivante :

Ici repofent les cendres de notre G. A. de


la Tour de Biihel. Le Seigneur eut pitié de
lui , parce qu'il ejl devenu humble.

T o u s ces monumens font chez le Roi de


Prnfle. L' épitaphe ne dit point que Phaleg
etoit Architeiie de la T o u r de Babel ; mais
l'Hiftoire qui eft fur la bafe de cette colonne,
nous inftrult que Phaleg étoit fils d ' H é b e r ,
dont le pere étoitfiK d'Arph ixad , qui étoit
fils de Sem , fils aîné de Noé. Mot de pafle ,
Phaleg. Mot facré , S. C. J. , qui fignifient
Sein Chain & Japhet,

Fin de la fécondé Parût,


T A B L E

D E S M A T I E R E S

Contenues dans eu Ouvrage.

P R E M I E R E P A R T I E .
D E qudlt manière un Maçon doit fe comporter
en Loge. Page i
Ct qui doit être ohfervé dans une Loge régulier e, 4
Obfervcitions fur l'Ouverture des Loges, 5
Avertijfcment. 9
Ouverture de la Loge d*Apprentif. IO
Catéchifme dts Apprentifs. 13
Loge de Table , avec fa difpofition, 27
Ouverture delà Loge de Table, 29
Premiere Santé, 32
D&voir de VAmhaJfadeur, 35
Santé du Vénérable , portée par Us trois premiers
Officiers. 3^
Remercîment des App rent ifs, 38
Dzmiere Santé, 4°
Cantique de Clôture. 41
Autre Cantique pour la Réception d'un Frere, 45
Explication de )a Maçonnerie & de fes Emblèmes. 48
COMPAGNONNAGE. Dcuxieme Grade. Avertijfe-
ment fur VOuverture de la Loge & fur le Cate~
chifme des Compagnons. 5°
Ouverture de la Loge des Compagnons, 52
Catéchifme des Compagnons. 54
MAÎTRISE. Troifieme Grade. Pajfages extraits de
rHifioire de la Maçonnerie , pour fervir de D i f -
cours préliminaire à cette Infiruciion^ 65
Devoir da Experts.
Ouverture de La Loge de Maître» 8ï
Catéchifme des Maîtres. 84
LE MAÎTRE-PARFAIT. Quatrième Grade. Récep~
tion. yj
Obligation. cjg
Catéchifme des Maîtres Parfaits.
Violences exercées contre les Francs-Maçons. 105
Lettres d'un Franc-Maçon fur ces violences, 1 IQ

S E C O N D E P A R T I E .
PREMIER ÉLU , ou l'Elu des Neuf. Ornemens né"
ceffaires. Page r
Titres, ^
Commencement du Travail. 4
Préparation du Récipiendaire» 8
Obligation. It
Chambre Obfcure. 13
Catéchifme de premier Elu, 19
Loge de Table. il
SECOND ELU , nommé Elu de Pérignan, Difpofi-'
tion de la Loge, 25
Obligation. 2.)
Catéchifme de fécond Elu, 26
Difcours, ly
TROISIÈME ELU , nommé Elu des Quinze, Dif-
pofit ion de la Loge, ^2
Obligation,
Signes, ^ 37
Maniéré d'introduire le Récipiendaire* 3S
In finition,
Façon, du Tablier. 4^
Catéchifme de l'Elu parfait, 44
Difcours du Maître, - ,46
LE^ P E T I T A R C H I T E C T E . Tableau de la Loge, 4§
Préparation du Candidat, 50
Réception,
Obligation, 5Z
Catéchifme du Fait ArchitiHe» $$
L e G R A N D A R C H I T E C T E , ou Compagnon Ecof-
fois. Difpofition de la Loge, 6z
Bijou. Second Appartement, 63
Préparation. ^4
Ouverture de la Loge, ^5
Obligation. ( ^9
Catechifme de Compagnon Ecoffols, 72
L E M A Î T R E E C O S S O I S . Difpofition delaLoae.-j^
Titres & Ouverture de la Loge. Préparation & Re~
ception,
76
Obligation,
Ca'.échifme de Maître Ecojfois. ^ S5
L E C H E V A L I E R D E L ' É P É E , furnommé Chevalin
de l'Orient ou de iAigle, Difpofition & Décora-
tion de la Loge, 92
Second Appartement Titres, Ornemens & Bijoux
du premier Appartement, 94
Titres, Ornemens & Bijoux du fécond Appartement. 95
Préparation. 9^
Ouverture de la Loge, 97
Réception, 99
io
Obligation, 7
112
Znflfuclîon,
L E CHEVALIER R O S E - C R O I X . Titres & Bijoux.
117
Obfervations fur ce Grade & fa Réception, 118
Décoration & Difpofition de la Loge, 119
Ouverture du Souverain Chapitre. HL
I2
Préparation du Candidat, 3
12
-Obligation. 5
Catéchifme de Rofe-Croix, 12.9
I (:)
Fermeture de la Loge. 3
Troifieme Point de Rofe-Croix, ^
LE NOACHITE , ou le Chevalier PruJJîen, Origine O*
I
Dignités de ce Grade. 34
Difpofition de la Loge & Réception, 137
Catéchifme du Chevalier Pruffien, 144
Hifioirc des Chevaliers Prujfiens, 14/
de la Table,

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