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« Replacer l’homme face à l’Orient d’où vient la lumière, d’où vient sa lumière. Celle que lui, Homme, a apportée en venant dans
le monde et que les ténèbres ne sont pas parvenues à étouffer, car elle continue de luire au tréfonds de lui-même, éternelle. »
« Avant de vouloir changer les autres, commençons par nous changer nous-mêmes. »
TRADITION ET MODERNITÉ
DU RITE ÉCOSSAIS RECTIFIÉ
Ce à quoi nous convie inlassablement notre rite : réunir, aspirer à plus haut que nous, vivre en partage et en humilité la recherche du
sens de nos vies, de la Vie et, ce, à distance de tout dogmatisme, de toute visée ou utilisation ecclésiale de nos références chrétiennes,
elles-mêmes forcément parlantes des traditions plus anciennes qui les ont précédées.
C’est une démarche vivante qui en découle, pourvu bien sûr qu’on ne la réduise pas à sa lettre, mais qu’au contraire, on la dépasse
pour privilégier son esprit. Celui-ci vivifie sans cesse la recherche du sens au-delà des apparences et de notre imaginaire.
Le Rite Écossais Rectifié est une voie parmi d’autres permettant à celui qui a été reçu sur la voie de l’Initiation, de s’ouvrir à l’altérité
et d’interroger le mystère de nos vies.
Le Rite Écossais Rectifié est une voie, il n’est pas LA voie, ou alors il se confondrait avec une idéologie et nous savons tous où
conduisent les idéologies, où conduisent les velléités de toute puissance qu’elles soient individuelles ou collectives…
Le Régime Écossais Rectifié s’inscrit en effet dans une franc-maçonnerie moderne qui veut conserver la Tradition
la plus pure ; pour cela il se réfère aux grands principes de Bienfaisance, de Respect de la Personne, d’aspiration de
transcendance de l’humanité, tels qu’ils ressortent par la lettre et l’esprit des écrits les plus anciens et particulièrement
ceux découlant de la Règle Maçonnique, des Codes, Rituels et Instructions, approuvés au Convent de Wilhemsbad
de 1782, du Code Maçonnique des loges réunies et rectifiées de France et du Code Général de l’Ordre des Chevaliers
Bienfaisants de la Cité Sainte (C.B.C.S), arrêtés au Convent des Gaules tenu en novembre 1778.
La Tradition bien sûr ne saurait se confondre avec un traditionalisme qui noue un rapport figé avec les signes qui
nous ont été transmis depuis la nuit des temps.
Bien au contraire la tradition éclaire la modernité de notre rite, en révèle toutes les potentialités.
La référence à la Tradition dans notre rite tout particulièrement n’est nullement la nostalgie d’un passé révolu, d’un
paradis perdu mais au contraire l’encouragement à mieux vivre.
D’une manière quelque peu provocatrice, il n’est nullement illégitime de dire que dans notre démarche initiatique la
Tradition est autant devant nous que derrière nous. Elle est la marque, la trace inatteignable du temps sacré et non du
temps vulgaire, de l’espace clos où s’accomplit le rituel et non celui de l’espace profane.
LA MIXITÉ
Le Rite Écossais Rectifié se pratique au sein de loges appartenant à des structures indépendantes et dans la plupart des obédiences maçonniques en
France et en Europe ; on le trouve également dans certains pays du continent américain. Créé sous forme exclusivement masculine à l’instar de tous
les rites maçonniques, il est pratiqué de nos jours sous forme mixte ou féminine par certaines obédiences, dont le Grand Orient de France.
La franc-maçonnerie ayant pour vocation de rassembler des hommes et des femmes d’opinions diverses, toutes les sensibilités y sont donc
représentées, hormis celles contraires aux valeurs de la République et à la Déclaration universelle des Droits de l’Homme.
Le Grand Prieuré Indépendant de France est la juridiction dédiée du Grand Orient de France, seule obédience à entretenir des relations fraternelles
avec la majorité des grandes obédiences, y compris mixtes et féminines, dont il reconnaît la parfaite légitimité maçonnique.
Grand Prieuré Indépendant de France
Grand Orient de France
Ce n’est qu’en 1725, qu’une loge est avec certitude fondée à Paris par quelques Anglais,
Écossais et Irlandais. Les Français ne tarderont pas à suivre. Vingt ans plus tard, Paris
comptera plus de vingt loges. Et la province n’est pas en reste. De nombreuses divulgations
sont publiées et remportent un grand succès.
Un ancien grand maître anglais, le duc Philip de Wharton (1698-1731), est reconnu en 1728
comme grand maître par les Maçons français. Dix ans plus tard naît la première Grande
Loge de France. Le 11 décembre 1743, Louis de Bourbon-Condé, comte de Clermont (1709-
1771), prince du sang, abbé de Saint-Germain-des-Prés, en fut élu grand maître. Après
1745, les perquisitions et les quelques arrestations consécutives à l’inquiétude du pouvoir
royal à l’encontre de cette société nouvelle d’origine britannique et s’assemblant à huis clos,
cessèrent. La franc-maçonnerie faisait
désormais partie du paysage social.
Toutefois, en 1738 le pape Clément XII
publia la bulle In Eminenti,, excommuniant
les francs-maçons. Elle ne fut que
la première d’une longue suite de
condamnations, jusqu’à la fin du XIXe siècle
(Humanum Genus, s, 1884). Mais comme les
bulles papales ne pouvaient avoir d’effet
en France si elles n’étaient enregistrées
en Parlement, la Maçonnerie française
vécut tout au long du XVIIIe siècle dans
une situation paradoxale à l’égard du
catholicisme. Condamnée par Rome, elle
prospéra et accueillit dans ses loges des
milliers de catholiques, dont de nombreux
ecclésiastiques. Il y eut même des loges dans
des couvents. Louis de Bourbon-Condé
En 1773 est fondé le Grand Orient de
France, qui succède à la première Grande
Loge de France.
Dans les loges françaises de la seconde moitié du XVIIIe siècle, réunissant plus de trente mille
membres, se côtoient des aristocrates et des bourgeois, des abbés de cour et des philosophes,
qui proclament dans leurs travaux et dans leurs chansons, lors des banquets, des principes
d’égalité, de fraternité et de tolérance. Ces idées trouvent un formidable écho dans la
naissance des États-Unis d’Amérique, avec la rencontre et l’amitié entre deux grands Maçons,
le marquis de Lafayette (1757-1834) et George Washington (1732-1799).
Washington Lafayette
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Grand Orient de France
1767 – JBW rencontre Martinès 1767 – Le rite des Élus-Coëns Baron Von Hundt.
1782 – Convent de Wilhemsbad. 1782 – J. de Maistre contribue 1782 end son a aire o r se
au Convent de Wilhemsbad. consacrer la M
Espagne.
Louis-Claude de SAINT-MARTIN
(1743-1803)
Il se nommait lui-même « le philosophe
inconnu ». Il est admis dès 1765 dans l’ordre
des Élus Coëns de Martinès de Pasqually
MARTINÈS DE PASQUALLY dont l’enseignement et les rites fondent une part
(1727 ?-1774) importante des thèmes essentiels de sa pensée.
Joachim de la Tour de la Case, dit Don Il quitte l’armée en 1771 et devient le secrétaire
Martinez de Pasqually, est un personnage de Martinès. Il transcrit (sous sa dictée ?) la
énigmatique, d’origine espagnole par son version du Traité sur la réintégration des Êtres
père (marrane ?). Cette généalogie serait qui fait référence.
une explication plausible à sa cosmogonie En 1773/1774, il demeure à Lyon chez Jean-
personnelle, basée sur la kabbale, mais aussi des Baptiste Willermoz. Au cours de ce séjour
courants et écrits gnostiques. Cette culture est à lyonnais, Saint-Martin rédigea son premier
l’origine de l’Ordre des Chevaliers Maçons Élus ouvrage, Des erreurs et de la vérité.
Coëns de l’Univers, dénommé Ordre des Élus Dès cette époque, il se détache des voies actives
Coëns, qu’il promeut. de la magie pour s’orienter dans une direction
En 1763 il entre à la Loge La Française à l’Orient de plus en plus « intérieure », par la prière.
de Bordeaux. Il la transforme et la reconstitue Malgré une appartenance de courte durée au
selon son rite personnel sous le nom de La Rite Rectifié, Il restera néanmoins toujours
Perfection Élue et Écossaise. profondément fidèle à ces idéaux.
En 1765, année où il se lie d’amitié avec Jean- Pendant son séjour à Strasbourg (1788-1791) il
Baptiste Willermoz, elle est reconnue sous sa y rencontre en effet Madame de Böcklin qui
nouvelle forme par la première Grande Loge de lui révèle la philosophie de Jakob Bœhme. Il
France. traduira les livres de Bœhme et les publiera.
Il fonde à Paris avec Willermoz et Bacon de la
Chevalerie un temple Coën en 1766.
En 1768, c’est Louis-Claude de Saint-Martin Jakob BŒHME (1575-1624)
qui devient son fervent disciple et qui le
Jakob Bœhme (ou Böhme) est un précurseur
secondera lorsqu’il sera Grand Maître, à titre de
essentiel, en lien avec la mystique transmise
secrétaire bénévole en 1771-1772.
du Moyen-Âge (les Béguines, Dante, le roman
Martinès de Pasqually quitte la France pour
courtois, le monachisme médiéval, la kabbale,
recueillir un héritage à Saint Domingue où il
etc.), de la résurgence de l’esprit gnostique et du
mourra en 1774.
courant maçonnique spiritualiste. Son existence
est marquée par la rigueur morale, l’altruisme et
une certaine austérité.
Exerçant la profession d’artisan cordonnier puis
de mercier, il vit à Görlitz où il mourra. C’est
un bassin géographique aux sources religieuses
multiples (catholiques, réformées, juives…)
Sa vie, sa pensée et ses intuitions théologiques,
ont déterminé le parcours spirituel et les idées
d’Emmanuel Swedenborg. Elles ont inspiré
fortement l’œuvre de Louis-Claude de Saint
Martin. À travers ce dernier, Jakob Bœhme Frédéric-Rodolphe SALTZMANN
devient tout aussi essentiel dans la généalogie (1749-1821)
spirituelle de Jean-Baptiste Willermoz que l’est Fils de pasteur luthérien, Frédéric-Rodolphe
Martinès de Pasqually. Saltzmann (ou Salzmann) fonde à Strasbourg
une librairie et une gazette bilingue franco-
allemande. Il est élu pour siéger aux états-
généraux de 1788, et il exerce la fonction
Jean-Jacques BACON DE LA d’officier municipal de Strasbourg.
Emmanuel SWEDENBORG Joseph de MAISTRE (1753-1821) CHEVALERIE (1731-1815) Il reçoit les patentes des mains de Von Weiler
(1688-1772) Savoyard, sujet du royaume de Sardaigne,
Protestant converti au catholicisme, Bacon permettant de créer à Strasbourg la première
Scientifique de formation et de profession, Joseph de Maistre est, dès 1773, membre de la
de la Chevalerie a commencé sa carrière loge française affiliée à la Stricte Observance
inventeur fécond, il se consacre, à la suite loge La Parfaite Union à l’Orient de Chambéry ;
maçonnique à Lyon. On le trouve en 1760 Templière.
d’expériences mystiques, à l’enseignement, à la puis il fonde en 1778, la loge réformée Écossaise
président du tribunal des Élus Coëns et il Proche des frères de Turckheim et disciple
pratique, et à la diffusion de sa révélation. La Sincérité.
devient Grand Profès de l’Ordre de la Stricte de Jean-Baptiste Willermoz, il est l’un des
L’originalité de sa pensée et de ses expériences Il concilie son appartenance à la franc-maçonnerie
Observance de Von Hund. initiateurs à l’origine du rapprochement entre
mystiques trouvent son expression dans la avec une stricte orthodoxie catholique.
Il est la « cheville ouvrière » des rapports entre les la Stricte Observance et une certaine franc-
volonté de faire lien entre le matériel et le Il est reçu Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte
Directoires Écossais de la branche française de la maçonnerie française (les Élus Coëns).
spirituel. Mis en cause pour l’étrangeté de son sous le nom de eques Josephus a Floribus. Très
Stricte Observance et du Grand Orient de France, Il prend une part active à la réunion maçonnique
enseignement, ce sont l’exemplarité de son investi dans la vie maçonnique, il fait parvenir à
(dont il est officier de premier ordre), qui crée en du Convent de Wilhelmsbad (1782), contribuant
comportement, son altruisme, qui balayent les Jean-Baptiste Willermoz son célèbre Mémoire
son sein une « commission des hauts grades ». ainsi à la création du Rite Écossais Rectifié.
oppositions à l’étude de sa pensée et qui ont au duc de Brunswick à la veille du Convent de
En 1776, il incite cette commission à se mettre à Influencé par la mystique rhénane, il fera
constitué pour ses disciples un modèle de vie. Wilhelmsbad (1782).
la recherche d’un accord avec ces directoires. S’il découvrir Jacob Bœhme à Louis-Claude de
Par son influence dans la philosophie d’Europe du Il entretient une amitié avec Louis-Claude
est finalement trouvé, il n’est pas impliqué dans Saint-Martin.
Nord, il devient une référence pour le rite Suédois de Saint-Martin pour lequel il a une vive
ce premier temps.
et inspire probablement le baron von Hund. admiration. En 1793, lors de son séjour à Turin,
Le 24 juin 1811, le Grand Orient rouvre le projet
Sa quête d’absolu marque directement la vie et il adhère à la loge de La Stricte Observance.
qui comprend la création au Grand Directoire
l’action de Louis-Claude de Saint-Martin. Il a joué un rôle important dans la franc-
des Rites d’une section « qui aura pour objet
maçonnerie, y accentuant son orientation
le régime rectifié (art. 4) » et prend un Arrêté
catholique. Il est parvenu aux grades les plus
définitif. Celui-ci est ratifié le 3 novembre 1811 à
élevés du Rite Écossais Rectifié et du martinisme.
Besançon, le 21 janvier 1812 à Lyon (notamment
par Jean-Baptiste Willermoz et par son neveu)
et le 15 mars à Montpellier.
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Nous n’avons aucune indication sur l’endroit de Lyon où se tint l’événement. Vingt-deux
Frères y participent, dont six invités. Parmi eux, on relève la présence de :
Un parcours en six grades est arrêté et la majorité des rituels présentés est arrêtée, même si
des commissions désignées les valideront définitivement plus tard (pour les trois premiers en
1786, le quatrième grade en 1809).
Enfin, la structuration sous forme de matricule des Provinces (au nombre de VIII) du
territoire du Régime est arrêtée.
Tous ces éléments sont consignés dans le Recès du Convent qu’on peut consulter à la
Bibliothèque de Lyon (MS 5426).
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« L’amour de la vertu »
1778-2018 : les 240 ans du Convent des Gaules
LE RÉGIME ÉCOSSAIS RECTIFIÉ
L’ORDRE
L’Ordre est une entité purement spirituelle, qui recouvre l’ensemble du chemin initiatique, à distance de toute structure matérielle établie. Il n’est lié
ni aux grades, ni aux fonctions. Il se place hors du temps et de l’espace, bien loin des contingences dont il ne saurait subir les influences.
L’Ordre se situe dans le domaine de la transcendance. Il est véhiculé par la pratique du rite dans le plus pur esprit de la Tradition et a pour objet la
manifestation, en chacun, de vertus éternelles dont la Bienfaisance active, éclairée, universelle est sans doute la plus centrale.
Notre Ordre s’efforce de faire, de la Bienfaisance, une vertu aussi vaste que le Principe dont elle émane, aussi forte que l’amour infini qui
l’accompagne et qui n’attend rien d’autre que la joie de donner...
Austrasie
Neustrie Bourgogne
SCEAU ACTUEL DU GPIF
Madagascar
Occitanie
Provence
Ligure
SCEAU DES TEMPLIERS
LE G\P\I\F\ EN 2018 :
1 Directoire (neuf membres)
8 Préfectures
19 Commanderies
32 Loges Vertes (4e grade)
66 Loges Bleues
SCEAU DU GPIF EN 1938
LA RECTIFICATION
Au R\E\R\, que signifie « rectifié » ou « rectification » ?
On peut y distinguer trois composantes, pour lesquelles Jean-Baptiste Willermoz aura une contribution majeure :
n La première est historique et date du XVIIIe siècle. Parmi la multiplication des loges, ateliers, chapitres au sein
de la franc-maçonnerie européenne, une structure d’inspiration chevaleresque s’appelle la Stricte Observance
Templière (S.O.T.), d’origine allemande et de composition aristocratique. Elle s’est donné pour objet la restauration
de l’ordre du Temple. La disparition de la S.O.T., après sa « rectification » en une organisation maçonnique
s’accompagne de l’abandon de l’objectif de restauration de l’Ordre du Temple, en utilisant la trame des 3 premiers
grades du Rite Français et en réorientant la symbolique de la S.O.T. dans un contexte maçonnique.
n La deuxième est doctrinale et consiste en l’apport de la doctrine gnostique de Martinez de Pasqually,
en complément de l’influence johannique traditionnelle de la Maçonnerie, afin de construire un programme
d’évolution spirituelle sur la voie du salut de l’homme et de l’humanité.
n La troisième est ontologique, relative à l’être humain, parfois perçue comme austère, le conduisant à s’engager
dans la voie du ‘‘redressement’’ de l’âme, afin de retrouver sa condition initiale postulée perdue.
Une question/réponse de l’Instruction de l’Apprenti est assez illustrative : « — Que venez-vous faire en Loge ? » « — Je
viens pour surmonter mes préjugés, vaincre mes passions et soumettre ma volonté ». Vaincre ses passions, son ego et
permettre à l’autre d’exister est partagé par tous les rites. La soumission de sa volonté à une force supérieure est plus
particulière, d’une autre dimension et demande un effort majeur. Dans un contexte de liberté absolue de conscience,
les outils de la maçonnerie rectifiée sont à la fois des symboles, des vertus et des combats à mener, convergeant
vers un seul but : l’exercice de la bienfaisance en créant une « tension » permettant de progresser sur la voie d’une
« réintégration de l’être ».
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n « La spiritualité est d’une monumentale exigence, une exigence dont nous ne sommes pas encore capables tant la matière nous imprègne, nous
domine. Car la seule règle de la spiritualité, c’est l’amour. Sans condition, sans restriction, avec la toute-puissance qu’elle a en elle.
Croire que seul le bien est possible, que l’amour, le bonheur, sont les seuls impératifs que nous ayons à respecter, que la mort n’est plus efficiente et
que la perfection est bien de ce monde. Voilà l’enjeu de la spiritualité.
Et je ne résiste pas à l’occasion de rappeler une phrase du chaman Paul Degrise : « L’homme est mortel par manque d’ambition spirituelle »
Oui, pour s’élever avec la matière, il faut avoir de l’ambition, c’est une ambition d’un autre ordre que celle de gagner de l’argent ou d’être considéré ;
c’est celle d’être à la hauteur du divin.
C’est d’ailleurs notre mission à nous au R\E\R\ Devenir ce que l’on est : la formule est souvent répétée, tel est l’ultime défi de la spiritualité,
devenir le Dieu qui est en nous. » Extrait d’une planche de notre TCF\ Guy Fuinel (1950-2015),Abraxas.
ADHUC STAT
Issu de la Stricte Observance, le symbole du grade d’Apprenti représente une colonne brisée et tronquée par le haut mais ferme sur sa base.
Il est associe à la devise Adhuc Stat : « elle tient encore ferme ».
À travers ce message d’espérance c’est tout le cheminement spirituel proposé par le R\E\R\ qui s’exprime :
L’homme est déchu, séparé de son principe, mais il peut, grâce à l’initiation, reconstruire son Temple Intérieur et retrouver
cette verticalité spirituelle potentielle.
L’ESPRIT DU RITE
En 1774, les Maçons Lyonnais furent séduits par la rigueur d’un n Jean-Baptiste Willermoz attirait l’attention de Bernard de
système importé d’outre-Rhin : la Stricte Observance Templière. En Turckheim dans une lettre qu’il lui adressait le 3 février 1783 sur les
conservant la rigueur formelle et rituélique de ce système, ils décidèrent dangers de mêler religion et maçonnerie :
d’introduire dans ce rite les enseignements de leur maître disparu, « Du moment qu’on mêlera la religion à la maçonnerie dans
Martinès de Pasqually. Ce fut l’objet du Convent des Gaules, l’Ordre symbolique on opérera sa ruine ; je la vois même se
tenu à Lyon en 1778, qui opéra une véritable réorientation du travail préparer en plusieurs endroits, par la multiplicité peu sévère
maçonnique vers la théosophie martinésiste. […] et par le zèle imprudent qui en vue du bien du prochain,
Le Rite prit alors le nom de Régime Écossais Rectifié. Cette appellation
se livre à l’esprit de prosélytisme ; pour faire préférer notre
originale en Maçonnerie qualifie à la fois le Rite lui-même et le système
structuré et hiérarchisé au sein duquel il se développe.
régime, nous mettons à découvert ses principes et son but
Ainsi, Willermoz, à partir de plusieurs courants, réussit à construire particulier, nos discours oratoires deviennent des sermons,
un système maçonnique à la structure rigoureuse. Par son cadre, bientôt nos Loges deviendront des églises ou des assemblées
le Régime Rectifié permet à chacun de se référer sans cesse aux de piété religieuse. Ce danger mon ami qui peut paraître
principes que sont le partage, l’humilité et le respect des règles ainsi chimérique est bien plus prochain qu’on ne pense, si on n’y
que la recherche constante du développement spirituel de l’homme. met promptement ordre… »
Il s’attache également à mettre en œuvre une fraternité active et
éclairée, marquée par l’Esprit de la Chevalerie, qui est dominé par une n On attribue à Willermoz cette définition de la voie du Rectifié,
ouverture de la conscience pouvant conduire à une véritable ascèse. issue des recès du Convent de Wilhelmbad, le 16 juillet 1782 :
Ses principes sont : « La vraie tendance du Régime Rectifié est, et doit rester, une
— Aimer tout être humain pour lui-même,
ardente aspiration à l’établissement de la cité des hommes
— Accepter que nos savoirs concernant l’origine de la vie ne relèvent
spiritualistes, pratiquant la morale du Christianisme primitif,
d’aucune interprétation définitive et dogmatique.
— Écouter attentivement les besoins de tout être. Le Rite Écossais dégagée de tout dogmatisme et de toute liaison avec une Église
Rectifié souligne l’importance d’être « veilleur-éveillé », bienveillant à quelle qu’elle soit. »
l’autre… et à soi-même.
— Espérer malgré les difficultés rencontrées. Cette espérance se veut n Willermoz précisait en 1804 à la Loge La Triple Union de Marseille :
patience et persévérance, paix et confiance, elle repose sur le vœu « L’Orateur leur développera la morale maçonnique, qui
d’Amour du Christianisme primitif, celui qui consiste à donner sans étant fondée sur la morale chrétienne est utile à tous,
attendre en retour. mais les temples maçonniques étant ouverts à toutes les
— Se référer à la démarche du partage, de l’humilité et du respect des confessions Chrétiennes, il se gardera de traiter d’aucun des
règles pour que s’accomplisse la Loi d’Amour. points sur lesquels les opinions sont divisées entre elles… »
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… ACTIVE ET ÉCLAIRÉE
Si la Bienfaisance n’est pas le versant actif de la spiritualité, elle en est une expression
fondamentale.
Comment envisager une VRAIE spiritualité qui ne soit pas bienfaisante ; comment
envisager une bienfaisance qui ne se justifie que dans la matérialité ?
La « bien-faisance », bien faire, est un acte qui nous engage essentiellement vers
l’extérieur de nous-mêmes. S’il est nécessaire de s’aimer soi-même pour aimer l’autre, ce
n’est pas sans rectification que nous nous engageons dans cette voie.
Il nous faut, en effet, pour l’aborder, nous apprendre à nous connaitre (c’est l’expérience
et le cheminement initiatique), sans complaisance, et façonner par l’éthique notre
rapport à l’autre.
La bienfaisance exige l’abandon de nos préjugés. Devant le tableau de leur persistance
elle se convertit en humilité.
La bienfaisance est miséricorde et pardon, constatant la faiblesse de la nature humaine,
elle en fait une force en condamnant toute hypocrisie. Ce qui interdit, de fait, toute
ostentation.
Elle est révélation, au sens fort, biblique, et pour tout dire messianique, du divin et du
rapport au divin. À l’humain désemparé elle offre le secours de la Foi.
La bienfaisance est « Agapè », cet Amour dont Paul nous dit qu’il est la source sans
laquelle TOUT n’est RIEN. Cette vertu, nous l’affirmons être au cœur du R\E\R\
en portant en exergue « LA » LOI D’AMOUR. Si bienfaisance il y a, elle RÉALISE le
R\E\R\. Mais, sans elle, il n’est pas.
LA TRANSMISSION
Mes Frères, nous ne sommes ni possesseurs ni détenteurs de cette transmission, elle nous dépasse.
Nous ne sommes que les relais de la vérité, ceux par qui elle se perpétue puisque nous sommes des hommes de désir. Mais nous ne sommes pas
des relais passifs, car elle vit en nous, puisque nous sommes elle.
La transmission ne peut se limiter à croire et répéter naïvement ce qui est écrit. Elle ne peut non plus se contenter d’enseigner ce qui nous a été
enseigné sans en avoir sublimé le sens.
Pas plus que de chercher à convaincre, surtout si nous sommes convaincus qu’il s’agit de la vérité.
Initiée par des hommes de désir, c’est une arme à double tranchant. Elle conduit surement à la détention d’un pouvoir humain sur les autres qui
deviennent alors esclaves de leurs pensées et de leurs objectifs.
Notre rituel est là pour nous en préserver, surtout si nous sommes capables d’en respirer le sens et non de le lire à la lettre.
La transmission ne se définit pas, elle se vit, elle n’a pas besoin de mots. Je pourrais m’arrêter là, mais ce serait insuffisant et pourtant si parfait.
La transmission, c’est la présence du Grand Architecte de l’Univers qui nous convoque à nous fondre dans l’Ordre auquel nous appartenons,
mais dont notre condition humaine nous a provisoirement fait perdre le sens.
C’est aller au-delà de nous-mêmes, faire fi de notre moi pour tenter d’atteindre un espace oublié, celui où la vérité est loi unique.
La transmission, c’est partager notre richesse intérieure, mais également notre pauvreté dans l’humilité qui doit nous habiter.
La transmission c’est aider l’autre à découvrir cet autre qui est lui, c’est nous relier les uns aux autres, pour ne plus former qu’un tout.
La transmission est tout ce qui englobe notre démarche maçonnique, fondée sur des textes référents qu’il convient de faire vivre et qui
s’expriment à l’aide des symboles sur lesquels nous travaillons.
La transmission, c’est se mettre en état de donner sans se préoccuper de recevoir ni de se juger soi-même.
Sachons être libres de l’idée, libre du théâtre des poussières d’ombres qui effacent la lumière.
Osons nous abandonner en obéissance, à l’Ordre et dans l’Ordre, en plein amour de l’autre ; alors la transmission opérera en nous et s’envolera
pour essaimer vers les autres nous-mêmes.
LE RÉVEIL AU XX SIÈCLE e
Après la mort de Jean-Baptiste Willermoz en 1824, le R\E\R\ va bientôt disparaître, sauf en Suisse où le rite s’est toujours maintenu.
Il est réveillé en France en 1910 par Camille Savoire, médecin, maçon du G\O\D\F\, où il intègre le Grand Collège des Rites en 1913. Il devient le
Grand Commandeur des Hauts Grades du G\O\D\F\ en 1923 pour 12 ans.
Dignitaire du 33e Degré du R\E\A\A\, Savoire obtient une équivalence et est armé CBCS en même temps que Edouard de Ribeaucourt et
Gustave Bastard.
En 1910, ils réveillent la Loge rectifiée « Le Centre des Amis », en sommeil depuis 1838, et obtiennent la patente de fondation de la Commanderie de
Paris, sous autorité de la Préfecture de Genève. Savoire devient Grand Prieur en 1933.
1934, Arthur Groussier présente, à la demande de Savoire, un dossier d’indépendance du Grand Collège des Rites et du Conseil de l’Ordre :
refusé par le G\O\D\F\, Savoire quitte sa charge et l’Obédience et fonde le Grand Prieuré des Gaules, provoquant la création de la Grande Loge
Nationale Indépendante et Régulière.
Savoire meurt en 1951. La Grande Loge Rectifiée qu’il a fondée, deviendra après-guerre la Grande Loge Nationale Française (G\L\N\F\).
En 1958, la G\L\N\F\ donnera naissance par scission à la G\L\N\F\ Opéra - avec la création de sa première Loge, « Le Centre des Amis
N° 1 » - qui prendra plus tard le nom de Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra (G\L\T\S\O\).
PERIT UT VIVAT
LE R\E\R\, C’EST QUOI ?
Le R \ E\ R \ q u i
Le R\E\R\, pour App\ « Aimez-vous les transcende t o u t e d ir e c t i ve
moi, c’est un rituel uns les autres. » ecclésiale, a u n e f o n c t i o n
sobre qui transpor te spirituelle à r em p l i r, c e ll e
Comp\ « Un rite de sa t i on d e s e s
des frères hors du de la r é ali
i n d e l ’O r d r e
libération. » membres au s e
temps et qui les met dans l’Amo u r e t l e P a r d on ,
au t ravail , en sembl e. M\ « Un rite d e g a r d e r l a f o i
à condition
initiatique de rigueur dans ses e n g a g e m en t s .
et de respect. »