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Département Génie Electrique

Année académique 2017/2018

RAPPORT DE PROJET PERSONNEL EN HUMANITE


(PPH)
SUJET : LE PARADOXE DU CHOMAGE EN
AFRIQUE

Travail réalisé par Georges Boris ANABA ANABA


Encadré par Pr Irini DJERAN MAIGRE

Soutenu le 30 Avril 2018

pg. 1
Table de matière

Introduction ....................................................................................................................... 4
Chapitre I : Etat des lieux du chômage en Afrique et dans le monde ................................... 4
1) Définitions et concepts ............................................................................................................... 5
a. Chômage et chômeur ............................................................................................................. 5
b. Taux de chômage.................................................................................................................... 6
c. Travail ..................................................................................................................................... 7
2) Situation de l’emploi en Afrique mesurée & perçue .................................................................. 8
a. Les données statistiques VS perception des jeunes africains ................................................. 8
b. Analyse critique des données ............................................................................................... 10
3) Situation relative de l’emploi en Afrique par rapport au reste du monde ................................ 10
a. Les critères pris en comptes pour la comparaison................................................................ 10
b. Résultats comparatifs ........................................................................................................... 11
4) Conclusion ................................................................................................................................ 11
Chapitre II : Mise en cause des contextes socio-anthropologique, économique et juridique
........................................................................................................................................ 12
1) Influence des références psychosociologiques ......................................................................... 12
a. Sociologie du chômeur africain contemporain ..................................................................... 12
2) Influence du contexte économique .......................................................................................... 13
a. Très faible capacité de financement des entrepreneurs ...................................................... 13
b. La plaie du secteur informel ................................................................................................. 14
3) Influence du cadre juridique..................................................................................................... 15
4) Conclusion ................................................................................................................................ 16
Chapitre III : Recadrage de la problématique et proposition d’actions .............................. 17
1) Quels objectifs vis-à-vis de l’emploi en Afrique ............................................................................ 17
a. Maintenir les niveaux de chômage actuels ........................................................................... 17
b. Transformer les emplois précaires en emploi décents ......................................................... 17
c. Créer plus de postes de cadres ............................................................................................. 17
2) Trois actions dans le secteur de l’informel ................................................................................... 17
a. Identifier et recenser ............................................................................................................ 18
b. Assouplir l’impôt pour ces métiers ....................................................................................... 18
c. Réglementer et accompagner .............................................................................................. 18
3) Trois actions dans le secteur bancaire.......................................................................................... 19

pg. 2
a. Faciliter le mécanisme de prêt aux autoentrepreneurs/agriculteurs sous condition de
parrainage .................................................................................................................................... 19
b. Rendre plus accessible les moyens de paiement à tous (CB, internet) : ............................... 19
c. Contrôler à la loupe les recettes des ventes des matières premières : ................................ 20
4) Trois actions dans le secteur de l’éducation................................................................................. 20
a. Analyser le besoin à moyen terme et le traduire en quota par filière .................................. 20
b. Inciter les étudiants boursiers et cadres formés à l’étranger à retourner exercer dans les
pays 20
c. Proposer une prime .............................................................................................................. 21
Conclusion ....................................................................................................................... 22
Bibliographie et sources ................................................................................................... 23
Annexes ........................................................................................................................... 24

Table de figures

Figure 1: Le "halo" du chômage d'après J. Feyssinet .............................................................................. 5


Figure 2: Taux de chômage d'Afrique Subsaharienne (OCDE vs Perçu) .................................................. 9
Figure 3: Extrait d'article "Le Figaro" sur le chômage dans le monde en 2017 ....................................... 9
Figure 4: Graphe comparatif chômage Afrique et reste du monde ...................................................... 11
Figure 5: Secteur transport informel à Douala Cameroun .................................................................... 14

Table de tableaux

Tableau 1: Limites de la définition BIT du chômage .............................................................................. 6

pg. 3
Introduction
14 Novembre 2017, une date qui aura marqué l’actualité et les cœurs; car c’est en cette date
que des images choquantes publiées par la télévision CNN ont interpellé l’opinion mondiale
sur la situation dite d’esclavage dont sont victimes les migrants africains en Lybie. Une
enquête menée auprès de ces migrants par l’ONG Amnesty International a révélé que ceux-ci
déclarent fuir les conflits et guerres existant dans leur pays ; ainsi que le chômage de masse.
Cette actualité attire donc notre attention sur la question du chômage en Afrique qui est une
question centrale, fondamentale et qui se trouve au cœur de ce travail. Plus précisément nous
nous intéresserons au « paradoxe du chômage en Afrique » parce qu’il s’agit d’un véritable
paradoxe pour au moins trois raisons qui seront développées dans la suite. Mais pour
commencer nous dresserons d’abord un état des lieux du chômage en Afrique qui nous
permettra de mettre en lumière les différents paradoxes de cette question ; ensuite nous
analyserons les causes véritables de ce mal ; et enfin nous bouclerons la boucle en proposant
de notre point de vue un recadrage des objectifs pour l’emploi en Afrique, suivi d’actions
pratiques à déployer pour une évolution rapide et meilleure de la situation.

Chapitre I : Etat des lieux du chômage en Afrique et


dans le monde
En préalable à toute analyse sérieuse d’une problématique concrète, il est important d’avoir
bonne connaissance de l’état des lieux sur le sujet. Ainsi dans notre cas nous nous
intéressons au paradoxe du chômage en Afrique, il apparait important de présenter en
première partie l’état des lieux de l’emploi en Afrique, tout en la confrontant aux statistiques
d’emploi du reste du monde. D’autre part nous plongerons dans le vécu et le ressenti des
populations africaines via les résultats des enquêtes et sondages que nous avons menés sur
un échantillon représentatif de la jeunesse africaine subsaharienne [1].
A travers cette dialectique on s’apercevra très vite de la dichotomie qui existe entre les
statistiques annoncées du chômage, notamment en Afrique ; par rapport à la réalité vécu et
perçue par les populations locales. D’autre part en poussant plus loin l’analyse il apparaitra
clairement, et de manière toute nue, le véritable paradoxe du chômage africain. Mais avant
d’y arriver nous commencerons par un préliminaire majeur, à savoir de définir les principaux
concepts et termes liés à l’emploi et au chômage car ils seront abondamment utilisés tout au
long de ce travail. Il est donc important de bien comprendre le véritable sens de chacune de
ces notions qui très souvent sont comprises de travers ou encore de manière incomplète.

1
Voir annexe XXXX
pg. 4
1) Définitions et concepts
a. Chômage et chômeur
Le chômage : qu’est-ce que c’est ? On entend très régulièrement parler (notamment à la télé
et autres journaux) de chômage, d’augmentation du taux de chômage, de baisse du taux de
chômage, des statistiques du chômage … Finalement qu’est-ce-que le chômage et qui est
appelé chômeur ?
Assez régulièrement on note la tendance à assimiler le chômage au fait d’être sans activité,
en particulier sans activité salariale ou plus simplement dit au fait d’être sans emploi. Ceci est
une conception parfaitement erronée. Prenons pour exemple un retraité, ce dernier n’exerce
aucune activité salariale mais pourtant cela ne fait pas de lui un chômeur. En effet la personne
retraitée bien que sans emploi a déjà travaillé dans sa jeunesse et profite de sa retraite pour
se reposer. Il n’est donc d’aucune manière à la recherche d’un emploi. On s’aperçoit alors que
le simple fait d’être sans emploi ne suffit pas pour être qualifié de chômeur, encore faut-il
avoir la volonté de travailler et effectivement être en recherche d’emploi.
Prenons un second exemple, il s’agit cette fois-ci d’une personne hautement diplômée et
qualifiée disposant de 10 années d’expérience dans son domaine. Cette personne subit un
accident au cours d’un voyage et se retrouve alors hospitalisée et invalide pour 2 années car
devant subir une rééducation à plein temps. Dira-t-on que pendant ces 2 années la personne
a été au chômage ? Il va de soi que même si cette dernière se voyait proposer un emploi elle
ne pourrait accepter au vue de son invalidité et de sa rééducation. Dès lors il ne s’agit pas d’un
chômage.

Travailleurs possédant un emploi fixe

Chômeurs respectant les 03 critères chômage BIT

Sans emploi ne respectant pas les 03 critères


chômage du BIT (exemple enfants, étudiants...)

Travailleurs travaillant volontairement moins


(libres financièrement)

Travailleurs précaires ou en temps partiel


imposé

Chômeur découragé ou de longue durée

Travailleurs travaillant au « noir »

Figure 1: Le "halo" du chômage d'après J. Feyssinet

pg. 5
[2]

Pour définir finalement le chômage nous retiendrons que le chômage est l’état de celui qui
est chômeur. Le chômeur est quant à lui définit en 1982 par le Bureau International du Travail
(BIT) : il s’agit d’une personne en âge de travailler, soit 15 ans ou plus selon la législation du
pays, qui remplit tous les trois critères suivants.

 Être sans travail : il ne doit avoir exercé aucune activité rémunérée au cours de la
semaine de référence.
 Être disponible dans un délai de deux semaines pour occuper un emploi : il ne doit
avoir aucun impératif qui l’empêche d’accepter une offre d’emploi.
 Être activement à la recherche de travail au cours des quatre dernières semaines, ou
alors en avoir trouvé un qui commence ultérieurement.

Cette définition bien que juste, reste toutefois très large et a poussé les différents pays et
instituts de statistique à préciser leurs propres paramètres de référence. Les limites qui en
découlent sont les suivantes :

La semaine de référence : les déplacements chômeurtravailleur sont


permanents au cours de l’année, choisir d’évaluer les chômeurs uniquement à
une semaine dite de référence peut être très différent de la moyenne annuelle

Définition de « être sans travail » : un pays peut décider que travailler moins de
78heure/mois c’est être sans travail ; d’autre comme les USA qu’à partir d’une
heure/mois c’est déjà un travail. D’autre part une grosse question de fond c’est
comment on définit et réglemente le travail. Est-ce que « vendre à la sauvette »
en Afrique c’est avoir un travail ou plutôt être sans travail ?

Comment mesurer le « activement » dans « être activement à la recherche de


travail » : une personne qui s’inscrit juste sur le site de l’Apec (France) et reste
chez lui à voir des matchs à la TV, cela suffit-il à justifier qu’il est en recherche
active ? Au Cameroun par exemple, les personnes non inscrites au Fond
National de l’Emploi (FNE) cela signifie-t-il qu’ils ne sont pas en recherche active
d’emploi ?
Le nombre d’étoiles défini la gravité de la limite !!!
Tableau 1: Limites de la définition BIT du chômage

On prendra donc garde à savoir les critères utilisés pour chacune des statistiques de chômage
que nous consulterons et traiterons.

b. Taux de chômage

2
J. Freyssinet, Le Chômage, La Découverte, 1988
pg. 6
Le taux de chômage désigne le ratio entre le nombre total des chômeurs dans une région
donnée, par rapport à l’effectif total de la population active.

𝑻𝒐𝒕𝒂𝒍 𝒅𝒆𝒔 𝒄𝒉ô𝒎𝒆𝒖𝒓𝒔


𝑻𝒂𝒖𝒙 𝒄𝒉ô𝒎𝒂𝒈𝒆 = × 𝟏𝟎𝟎
𝒑𝒐𝒑𝒖𝒍𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒂𝒄𝒕𝒊𝒗𝒆

Cette définition fait apparaître une nouvelle notion : celle de « population active ». Cette
dernière est d’une influence majeur sur le taux de chômage calculé. En effet si on élargit cette
population au-delà d’un cadre préétabli, on parvient à faire diminuer artificiellement le taux
de chômage. Si par contre on le restreint à un cadre plus étroit que celui préétabli le taux de
chômage calculé augmentera.
Selon le BIT la population active désigne l'ensemble des personnes ayant entre 15 et 64 ans
et ayant travaillé non bénévolement durant une semaine de référence. On s’aperçoit que
cette définition peut avoir tendance à élargir la population active et donc faire baisser
artificiellement le taux de chômage. Prenons par exemple un étudiant qui conformément au
paragraphe I.1.a n’est pas compté comme chômeur car n’étant pas disponible pour travailler.
Normalement cet étudiant ne devrait pas faire partie de la population active car il est encore
en formation. Cependant si au cours de son cursus il a effectué un stage ou toute autre activité
rémunérée ne fusse-t-il que pour 1mois il sera compté dans la population active avec pour
effet de réduire la valeur numérique du taux de chômage.

c. Travail
Il faut savoir que la notion de chômage est une notion assez récente ; en effet avant les années
1890s l’économie ainsi que les activités de production étaient semi-empiriques voire
empiriques dans le cadre familiale. Dans ce contexte l’organisation du travail tel que nous la
connaissons aujourd’hui n’existait pas et les personnes travaillaient à la tâche
Aujourd’hui le travail est devenu de plus en plus réglementé dans les pays et on a notamment
assisté à la création de l’Office International du Travail (OIT) en 1919. L’office définit la notion
de « travail décent » afin de lever l’amalgame de la simple notion de travail. En effet il existe
des «travaux forcés » et divers autres types et contextes de travaux. Dès lors l’ajout du
qualitatif « décent » ne sert pas qu’à faire plus beau, mais cela est aussi porteur de sens.
La définition du travail décent / emploi décent repose sur 04 piliers :

 L’emploi : toutes les formes sont prises en compte (formel, informel, à son propre
compte, etc…)
 La protection sociale : autrement dit le salaire associé au travail doit être juste et
garanti. Il peut d’ailleurs être payé en nature ou en espèces. Par ailleurs
l’environnement de travail doit être salubre.
 Le droit du travailleur : il est question d’offrir au travailleur la liberté syndicale ainsi
que la protection contre toute forme de discrimination
pg. 7
 Le dialogue social : ce pilier vient concrétiser le précédent en donnant aux travailleurs
la possibilité d’exprimer leurs points de vue ainsi que défendre leurs intérêts face à
leurs employeurs ou aux autorités réglementant le travail.

Comme on vient de le voir le travail dans sa définition par l’OIT reste assez large
d’interprétation, ce qui laisse libre cours à chaque Etat de préciser et choisir les références qui
le satisfont. Cela laisse bien sûre la porte ouverte à de multiples dérives et manipulations que
nous mettons en lumière dans l’articulation suivante.

2) Situation de l’emploi en Afrique mesurée & perçue


Alors que tous les discours politiques et médiatiques de ces dernières années 2015 à 2020
convergent à dire que l’Afrique est le continent du future, la jeunesse africaine continue
d’exprimer son mal-être et dénoncer un chômage et un sous-emploi galopants. Qu’en est-il
réellement des taux de chômage en Afrique ?

a. Les données statistiques VS perception des jeunes africains


Comme précisé dans le paragraphe I.1.a, afin de bien exploiter toute statistique
d’emploi/chômage il est indispensable de connaitre les critères et règles de calculs qui ont été
employés pour aboutir aux résultats. Dans cette partie les statistiques de chômage de l’OCDE
sont présentées. Rappelons que l’OCDE est l’Organisation pour l’Economie, la Coopération et
le Développement, fondée depuis 1960 et réunissant plus de 35 pays membres. Elle mène
chaque année des enquêtes dans les différents pays en collaborations avec les
gouvernements. Les résultats sur la période de 1991 à 2016 sont donnés dans la figure 2 ci-
dessous. Sur cette même figure sont superposés les résultats due l’enquête que nous avons
mené (voir annexe XXX) auprès de jeunes africains. Les questions à eux posées étaient : « à
combien évalueriez-vous le taux de chômage actuel en Afrique Subsaharienne (2017) ? » ; « A
combien auriez-vous évalué ce taux en 2000 ? » ; « A combien auriez-vous évalué ce taux dans
les années 1990 ?).

pg. 8
Taux de chômage en Afrique Subsaharienne
35

30

25
Taux de chômage

20

15

10

0
1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020
Années

OCDE PERCU

Figure 2: Taux de chômage d'Afrique Subsaharienne (OCDE vs Perçu)

Dans un même temps nous donnons en figure 3 un extrait de l’article du journal « Le Figaro »
publié le 13/01/2017 à 13 : 06 par Clémentine Maligorne et mis à jours le 13/01/2017 à 14 :
23

Figure 3: Extrait d'article "Le Figaro" sur le chômage dans le monde en 2017

pg. 9
b. Analyse critique des données
Les données présentées par la figure 2 mettent clairement en lumière les deux paradoxes
majeurs s’agissant de la situation de l’emploi en Afrique. En premier lieu les statistiques
officielles affichent pour 2017 un taux de chômage inférieur à 8% ; cependant le ressenti des
jeunes ayant répondu à notre sondage est que le taux de chômage avoisine les 30% soit plus
de trois fois la statistique officielle. On s’interroge alors logiquement et forcément sur le
pourquoi d’un tel écart ! Les statistiques officielles seraient-elles fausses, incomplètes, ou
encore pire : biaisées à dessein ? Cette question n’est pas du tout anodine car il s’agit bien là
d’explications données de bouche à oreille dans les quartiers. Cependant notre démarche se
voulant pragmatique nous aborderons plus loin les causes techniques et véritables de cette
situation
Le deuxième paradoxe est lui aussi clairement marqué. Qu’il s’agisse de 8% ou de 30%,
comment des pays se disant « en voie de développement » peuvent-ils laisser au chômage la
force active qui devrait pourtant être la main ouvrière de son développement ? Il y a
contradiction et c’est là le deuxième paradoxe.

3) Situation relative de l’emploi en Afrique par rapport au


reste du monde
Dans cette partie nous mettons en perspective la situation de chômage en Afrique avec celle
du reste du monde. Nous mettrons également en évidence certains pays à titre d’exemple.

a. Les critères pris en comptes pour la comparaison


Les données utilisées dans la suite sont fournies par l’OIT. La méthode et les critères
d’évaluations sont complètement détaillés en annexe. S’agissant de la méthode de calcul elle
se base sur les formules présentées en partie I.1) et applique une moyenne pondérée selon le
nombre de mesures faites au cours de l’année. Les détails spécifiques tels que la plage d’âge
admise et la justification de « recherche active » varient sensiblement d’un pays à un autre.
La figure 4 qui est alors à prendre avec quelques pincettes en ce qui concerne les valeurs
affichées. Cependant elle est très riche en informations qualitative pour le chapitre II.

pg. 10
b. Résultats comparatifs

Graphe comparatif des taux de chômage


25

20
Taux de chômage (%)

15

10

0
1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020
Année

Afrique Subsaharienne Europe Mondial


Cameroun Maroc France

Figure 4: Graphe comparatif chômage Afrique et reste du monde

 Le taux de chômage en Afrique subsaharienne (AS) est au-dessus de la moyenne


mondiale.
 Le taux de chômage de l’AS a très peu varié au fil des 17 dernières années ce qui est
très surprenant et nous y reviendrons un peu plus loin afin d’interpréter ce constat en
partie II.
 Certains pays se démarquent assez bien tels que le Maroc où le taux de chômage
officiel a diminué presque de moitié au cours des 20 dernières années. Des efforts
restent encore cependant à faire car il est encore supérieur à la moyenne mondiale
mais le pays est sur une bonne dynamique.

4) Conclusion
Dans ce chapitre nous avons posé les bases de notre réflexion. Nous avons commencé par la
définition des concepts clés de notre sujet et nous retiendrons spécialement celle du chômeur
qui se définit comme une personne en âge de travailler qui est à la fois sans emploi (activité
rémunéré régulière et reconnu), disponible pour occuper un emploi, et en recherche active
d’emploi.
En exploitant les données de l’Office International du Travail (OIT), ainsi qu’en réalisant un
sondage d’opinion, nous avons pu mettre en évidence les deux paradoxes du chômage en

pg. 11
Afrique Subsaharienne. D’une part le chômage perçu et vécu par la population s’est chiffré
trois fois supérieur au taux de chômage officiel qui est étonnement très bas. D’autre part
l’existence même du chômage en Afrique Subsaharienne relève du paradoxe au vue du statut
de pays « en cours de développement ». Comment peut-on se développer si la force vive n’est
pas mise au travail ?
L’état des lieux ayant été fait, nous pouvons à présent analyser de manière constructive et
pragmatique la situation en vue de dégager les causes véritables et ceci fera l’objet du
prochain chapitre.

Chapitre II : Mise en cause des contextes socio-


anthropologique, économique et juridique

D’après la loi physique et cosmique de l’action – réaction, la situation de l’emploi en Afrique


est le résultat d’une somme de causes qui lui ont donné naissance. Ainsi en identifiant ces
causes il deviendrait possible de les ajuster afin de provoquer une situation nouvelle et
idéalement meilleure que celle actuelle. Quels sont alors les facteurs en cause dans la situation
de chômage actuelle de l’Afrique ?

1) Influence des références psychosociologiques


Pour comprendre le chômage en Afrique il est important de s’intéresser au chômeur, à sa
psychologie et à la manière dont il est perçu par le reste de la société.

a. Sociologie du chômeur africain contemporain


« On va faire comment .. ? », « Le pays est dur.. », « Laisse seulement mon frère… » : Voilà un
extrait de phrases typiquement entendues des jeunes africains sans emplois. Derrière ces
mots se cache tout simplement l’expression de leur abandon. Et pour cause, après une période
relativement longue de recherche infructueuse d’emploi (1 an), toute personne peut avoir le
moral qui flanche et tombe au plus bas. Pour un africain ceci est d’autant plus vrai, mais en
plus pire encore. En effet il ne bénéficie d’aucune aide au logement, d’aucune sécurité sociale
en cas de maladie, d’aucun revenu social, d’aucune allocation chômage. Il doit lutter pour
survivre au quotidien, lui ainsi que sa famille.

Or dès lors qu’une personne a du mal à remplir l’une de ses trois fonctions vitales que sont se
nourrir, se déplacer, se reproduire ; elle devient vulnérable et est prête à tout faire pour
survivre. Une large porte s’ouvre dès lors pour les excès d’autorité, abus de pouvoir qui
fragilisent encore plus le chômeur qui finit bien souvent par se retrouver dans une position de
quémandeur, d’inconditionnel soumis ou encore de béni-oui-oui. Prenons ici quelques
exemples : des phrases très courantes telles que « il n’y a rien pour nous là prési ?», « On fait
pg. 12
comment boss ? » ; ainsi que toutes les formulations du style «bao », « DG », « président »,
« Excellence » … lorsqu’elles sont employées avec abondance confortent la position
d’écrasement psychologique de soi. Bien sûr si elle est employée de temps à autre et de
manière réciproque entre amis cela reste tout à fait normal. Ici nous évoquons bien les cas
d’utilisation abusive.
Dans ce qui précède nous souhaitions mettre en lumière deux causes bien distinctes du
chômage en Afrique : la première c’est l’auto-rabaissement permanent de la personne en
chômage qui se sent inférieure vis-à-vis d’une personne ayant un travail décent voire un poste
de responsabilité. La conséquence directe c’est la baisse d’estime de soi qui dissuadera tout
recruteur de nous engager ; mis à part pour des travaux précaires. La deuxième cause que
nous souhaitions mettre en lumière c’est l’abus de pouvoir. Combien de fois des recruteurs et
personnes haut placées ont-ils profité de leur position pour s’octroyer des faveurs sexuelles
et/ou financières auprès de potentielles recrues/ stagiaires ? Une affaire récente à ce sujet
c’est bien le scandale du journaliste de Vision 4 Cameroun Parfait AYISSI qui se serait octroyé
des faveurs sexuelles auprès d’une jeune adolescente souhaitant effectuer son stage au sein
de la chaine Vision 4. Bien sûre à l’heure actuelle il ne relève que d’un témoignage et les faits
ne sont pas prouvés. Cependant l’écho qu’a connu cette affaire traduit tout de même qu’il
s’agit d’histoires pas du tout anodines.

2) Influence du contexte économique


Parler de taux d’emploi ou de chômage conduit inéluctablement à la question économique
car une économie prospère est une économie qui crée des emplois ; et dans l’autre sens une
économie en difficulté a du mal à garantir les emplois. Dans cette articulation nous tentons
d’analyser les facteurs économiques responsables du sous emplois en Afrique. Et nous nous
poserons en sortie de ce point, la question de savoir si l’Afrique souffre véritablement du sous-
emploi !

a. Très faible capacité de financement des entrepreneurs


Partons d’un postulat simple d’entreprenariat qui dit qu’à la base de toute entreprise se
trouve un capital. Ce capital peut se décliner sous diverses formes dont la plus connue reste
sans doute le capital financier. Ainsi nous venons de démontrer que la création/ extension des
entreprises donc des emplois passe ipso facto par l’accès à un capital financier. Et pourtant
bon nombre de facteurs limitent encore grandement l’accès au crédit pour les jeunes
investisseurs africains.
En premier lieu nous trouvons important de relever le très faible taux de pénétration du
système bancaire auprès des populations. En effet comme le relève Mireille Koumetio Kenfack
dans son ouvrage « L’obtention du crédit bancaire par les PME au Cameroun » moins de 10%
de camerounais vivant au Cameroun avaient accès aux services bancaires en 2016. Ceci
signifie en substance : pas de compte bancaire, pas de carte bancaire, pas de revenus
clairement identifiés ; par conséquent quasi-impossibilité d’espérer obtenir un crédit
bancaire. Je m’interroge alors comment feront les brillants esprits investisseurs locaux qui ne
jouissent pas d’assez de fonds pour matérialiser leurs idées dès lors qu’ils sont classés
insolvables par les banques.
pg. 13
En deuxième lieu intéressons-nous à la catégorie des personnes solvables auprès des banques.
Il s’agit pour l’essentiel de salariés disposant déjà d’un emploi stable et décent, de propriétaire
d’immenses parcelles de terrain ou enfin de personnes très riches à la tête de grosses
fortunes. Elles aussi sont confrontées à une difficulté majeure à savoir : le taux d’intérêt très
élevé à l’emprunt, et très bas au placement. Au Burundi, chiffre 2016 de la banque mondiale :
les banquent prêtent en moyenne à 14.2% d’intérêt et rémunèrent les dépôts à 4% en
moyenne soit plus de 1000 points d’écart ! Pendant ce temps ces taux en France ont été
respectivement de 8.4% et 2% en moyenne ; l’écart est de de 640 points soit plus faible qu’au
Burundi.
En clair, l’accès au financement est un facteur capital pour la création d’emplois et la réduction
du taux de chômage. Plus les financements sont accessibles pour les entrepreneurs/
investisseurs, plus nombreux sont les emplois décents créés, et ils sont mieux régulés. Or la
situation actuelle montre que la population africaine a difficilement accès au crédit bancaire,
et dès lors faute de moyens suffisants, une bonne partie se met à exercer hors du cadre légal,
et surtout des activités qui ne correspondent plus à leur projet initial.

b. La plaie du secteur informel


Le secteur informel désigne l'ensemble des activités économiques qui se réalisent en marge
de législation pénale, sociale et fiscale ou qui échappent à la Comptabilité Nationale.
Typiquement il s’agit de la vente à la sauvette, la vente ambulante, le transport dans les
marchés (les pousses), le transport en moto-taxi, l’agriculture, l’élevage, la coiffure … La liste
n’est pas exhaustive.

Figure 5: Secteur transport informel à Douala Cameroun

pg. 14
A proprement parler le secteur informel n’est pas tellement une cause du sous-emploi, mais
plutôt une des conséquences du sous-emploi ; c’est-à-dire une réponse palliative qu’ont
développée les personnes souffrant du non-emploi. En effet contraintes de survivre, les
personnes sont prêtes à tout, à accepter « tout type » de travail afin de survivre ! C’est ainsi
que des jeunes hautement diplômés (licence, master, doctorat …) se retrouvent à travailler
les champs, être chauffeurs de taxi, vendre les beignets … Très clairement le problème de
l’Afrique aujourd’hui n’est pas celui du chômage ou du sous-emploi. D’ailleurs c’est tout là le
paradoxe qui a été mis en évidence au premier chapitre car les pays africains sont aujourd’hui
ceux qui affichent les plus faibles taux de chômage officiels. Le véritable problème n’est donc
pas là. Il s’agit plutôt d’emploi indécent, d’emploi non réglementé.
Pour mieux comprendre ce dernier point prenons un exemple tout simple sur l’une des
actualités brulante de l’heure : la question de l’immigration africaine vers l’Europe. Ayant vécu
jusqu’à mes 18 ans au Cameroun j’ai connu des amis qui travaillaient comme maçons dans les
chantiers du quartier ; le travail pouvait commencer très tôt dès 6h du matin et se terminer
très tard après 21h. Ces personnes travaillaient mais bien sûre sans aucune forme de contrat
de travail. Elles étaient payées au soir selon l’accord verbal passé en matinée avec le chef
chantier, et parfois le montant payé était bien en dessous de celui convenu. Face à cette
situation, beaucoup ont pris la grande route périlleuse de l’Europe passant par la Lybie.
Aujourd’hui j’en connais qui sont arrivés en France, Allemagne … et y travaillent dans le BTP
bénéficiant d’un contrat de travail clairement défini dans un cadre lui-aussi bien défini et avec
un salaire également défini et régulier. La leçon que je tire de cette expérience c’est que ce
n’est pas tant le manque de travail qui a poussé ces amis, frères et sœurs vers l’Europe mais
surtout la recherche d’un cadre décent de travail où gagner honorablement sa vie.

3) Influence du cadre juridique


Le cadre juridique ici désigne l’ensemble des règles et lois qui régissent l’exercice d’une
activité, passant par les droits et devoirs des salariés ainsi que le règlement des litiges. A ce
sujet il existe bel et bien un cadre juridique claire dans les pays africains qui nous intéressent
ici comme partout ailleurs. Pour rester sobre dans notre analyse nous n’allons pas nous risquer
à mettre en cause ici le non-respect du cadre juridique puisque nous ne disposons d’aucune
preuve factuelle à ce sujet ; et d’ailleurs le fait de contourner le cadre sans jamais le violer fait
partie des règles du jeu.
Ce qu’il est possible de dire en revanche c’est que le secteur informel est sous-encadré dans
un bon nombre de pays d’Afrique. Prenons le cas de la côte d’ivoire où en 2014 les emplois
agricoles indépendants représentaient 34%3 des emplois du pays ; ces agriculteurs sont-ils
tous recensés dans un fichier à jour ? Les horaires de travail et les prix sont-ils réglementés ?
Déclare-t-ils leurs revenus annuels ?
Prenons encore un autre exemple : celui des « nounous » qui s’occupent des petits enfants de
particuliers. En France ce travail est payé pas moins de 7euros de l’heure et des institutions
dédiées de mise en relation permettent d’établir des contrats pour les personnes qui
effectuent ce travail ; il s’agit donc d’un travail bien encadré et le paiement est reçu en temps

3
http://news.abidjan.net/h/606575.html le 22/02/2018 à 13 : 57 GMT
pg. 15
et en heure selon l’engagement initial. Au Cameroun où j’ai connu plusieurs baby-sitters, le
travail s’effectue pour l’essentiel (plus de 95% des cas) dans l’informel, sans contrat, sans
respect des échéances de paiement, avec souvent des dépassements d’horaire non pris en
compte. On pourrait encore prendre l’exemple du soutien scolaire que les observations
seraient quasi les mêmes.
En définitive l’une des causes majeures du mauvais cadre de travail en Afrique c’est
l’inexistence d’un cadre réglementaire qui laisse la porte ouverte à toute sorte d’abus.

4) Conclusion
Au cours de ce chapitre nous avons mis en cause les facteurs individuels et généraux qui
contribuaient à la situation actuelle de l’emploi en Afrique. Au final nous avons pu établir que
le défi de l’Afrique aujourd’hui n’est pas de lutter contre le chômage car des pays comme la
Cote d’Ivoire ont des taux de chômage bien en dessous de 3%. Le véritable défi réside dans
l’amélioration des conditions des travailleurs : changer les cadres indécents de travail en cadre
décents et respectueux du travailleur, et enfin structurer les métiers qui sont encore dans
l’informel symptomatique afin de les rendre plus attractifs.

pg. 16
Chapitre III : Recadrage de la problématique et
proposition d’actions

Dans ce dernier chapitre, nous portons à achèvement notre réflexion en proposant des
solutions et des alternatives à la problématique traitée.

1) Quels objectifs vis-à-vis de l’emploi en Afrique


Après un peu plus de cinquante années d’indépendance l’Afrique reste encore un continent à
bâtir et à bâtir de toute urgence ! S’agissant de l’emploi, outre le Japon les pays africains sont
parmi ceux affichant les plus faibles taux de chômage. Ceci signifie à notre sens que lutter
contre le chômage est un non objectif, ou alors un objectif mal posé. Voici pour nous trois
objectifs à prioriser afin de redonner des couleurs à l’emploi sur le continent :

a. Maintenir les niveaux de chômage actuels : Les taux de chômage réels sont faibles
ceci est un fait, et un fait positif. Certes les taux de chômage perçus sont plus élevés car
les emplois exercés offrent des cadres en dessous des attentes des personnes ; mais cela
constituera justement le deuxième objectif. Dès lors pour les 5 prochaines années le
premier objectif sera de maintenir les niveaux de chômage actuel avec une marge de 1%
à mesure qu’on améliorer les conditions des travailleurs.
b. Transformer les emplois précaires en emploi décents : il s’agit selon nous de
l’objectif le plus important à court terme. Comme nous l’avons démontré, la majeure
partie des migrants africains qui vont vers l’Europe y exercent le même style d’activité
qu’ils exerçaient déjà dans leur pays d’origine. Pourquoi avoir donc pris tous ces risques
notamment celui de la Lybie dira-t-on ? La réponse est simple c’est une question de cadre
de travail qui est plus décent en Europe qu’en Afrique. Donc deuxième objectif
transformer tous les emplois précaires et informels en emplois décents et plus attractifs
pour les ressortissants locaux.
c. Créer plus de postes de cadres : Après avoir amélioré et consolidé les emplois
actuels (objectifs a et b), il sera question de diversifier les métiers, notamment en
développant les métiers du numérique et des nouvelles technologies. Pour cela des
postes de cadre sont nécessaires car c’est à ces derniers que reviendra la tâche de
concevoir et structurer tous ces corps d’activité.

Ayant fixé les trois objectifs de l’emploi pour l’Afrique et pour les huit prochaines années, nous
allons à présent dérouler nos proposition d’actions concrètes car l’ingénieur est bien connu
pour être force de proposition.

2) Trois actions dans le secteur de l’informel


Le secteur informel en l’état actuel contribue pour plus de 50% des emplois en Afrique ; il
apparaît donc plus qu’urgent de s’y intéresser. Nous proposons dans la suite trois propositions

pg. 17
claires afin de réformer ce secteur, et rendre les emplois jadis informel et mal-vus en emplois
alléchants.

a. Identifier et recenser : Il s’agit ici de recenser toutes les personnes exerçant des
métiers dans le secteur informel dans des bases de données nationales, et tenir celles-ci
à jour. Cela nécessite de constituer un « commando de terrain » de terrain qui en soi est
déjà un potentiel de création d’emplois. Afin que cette action trouve bon écho auprès des
populations concernées, nous suggérons que le recensement soit complètement gratuit
pour elle et n’implique aucune sorte de paiement d’impôts dans un premier temps. Les
gains directs de cette action sont les suivants :

*avoir une mesure précise du volume d’acteurs exerçant dans le secteur informel
*Quantifier la masse monétaire circulant hors de contrôle
*Disposer d’informations précieuses qui pourront aider à démarcher les banques afin de
les inciter à proposer de nouvelles formules adaptées à cette classe de travailleurs qui
rappelons le représente somme toute la moitié de la population active.
*Améliorer la crédibilité et l’image des pays auprès des organismes internationaux tels
que le OIT, la Banque Mondiale, le FMI

Pour mettre au point ceci une préparation de 8 mois environ en amont serait suffisante suivie
du déploiement sur le terrain pour 12 mois, soit au total une durée de 20 mois.

b. Assouplir l’impôt pour ces métiers : Cette action s’inscrit dans la suite de la
précédente. Il avait s’agit de recenser tout en rassurant les travailleurs du secteur
informel. Pour cela nous suggérons qu’une fois recensées et déclarées gratuitement, que
ces personnes bénéficient durant les 2 premières années d’une exonération totale
d’impôts sous condition de déclaration de revenus et de non dépassement d’un seuil de
revenu annuel que nous proposons de fixer pour un départ à 4 fois le SMIG actuel (ce qui
pour le Cameroun donnerait 145 080Fcfa). Ceci leur permettra de s’habituer à exercer
leur activité dans un cadre légal et trouver le rythme qui leur est rentable. De plus au
cours de ces deux années elles devront se conformer aux règlementations en vigueur de
leur métier.
Bien sûre la question fatidique qui paie pour tout cela ? En effet la situation actuelle est
déjà que ces personnes ne paient aucun impôt car exercent dans l’informel. Leur offrir
deux années d’exonération d’impôts sur le revenu n’occasionne donc de ce point aucune
perte. Bien au contraire les deux parties sont gagnantes des lors que les travailleurs
passent du « noir » à un cadre officiel et légal ; tandis que pour l’Etat des rentrées
d’impôts supplémentaires deviendront possible à partir de la troisième année. Cette
action se traduirait concrètement par la prise avec application immédiate d’une loi par
les autorités compétentes durant les huit premiers mois de l’action III.2.a
c. Réglementer et accompagner : Dernière action proposée dans cette partie, elle est
très loin d’être la moins importante. En effet durant les 2 années de « Mise à niveau » des
travailleurs de l’informel, ces derniers auront besoin de suivi et d’accompagnement dans
leur processus de mise à niveau. Pour cela nous proposons un organe d’accompagnement

pg. 18
et d’épuration de l’informel qui regroupe à la fois des cadres capables de structurer et
planifier le travail à faire, et des personnes de terrains qui connaissent les rouages et
pourront ainsi mieux mieux accompagner les intéressés dans la modernisation de leurs
business.
A partir des mesurer proposées plus haut, l’objectif est de stimuler le secteur informel,
stimuler l’innovation, et surtout donner un cadre légal et décent à toutes les activités qui sont
encore dans ce secteur.

3) Trois actions dans le secteur bancaire


Venons-en au secteur bancaire qui est et reste le nerf de la guerre ! L’objectif à nous formulé
est de transformer les emplois précaires en emplois décents tout en créant plus d’emplois
notamment des emplois de cadre. Nous formulons ci-dessous trois actions précises et simples
qui donneraient les moyens d’atteindre l’objectif.

a. Faciliter le mécanisme de prêt aux autoentrepreneurs/agriculteurs sous


condition de parrainage : Cette action vise à démocratiser l’accès au crédit bancaire
et permettre aux autoentrepreneurs et aux agriculteurs de moderniser leurs activités.
Concrètement la proposition se détaille en deux volets :
*Le premier c’est de faire en sorte que si 10 agriculteurs tous recensés (voir action III.2.a)
s’associent pour demander un crédit par exemple pour l’achat d’un tracteur, qu’ils
puissent l’obtenir même si individuellement ils n’étaient pas solvables.
*Le second est de faire en sorte que si des entrepreneurs bénéficient du parrainage soit
de l’état soit d’une personne solvable, qu’ils puissent obtenir un crédit bancaire
d’investissement.
Ces deux mesures ne sont pas les seuls possibles, on peut en imaginer beaucoup d’autres.
L’objectif ici est de proposer des alternatives autres que les deux principales voies actuelles
de solvabilité au crédit d’investissement que sont la jouissance d’un salaire régulier et la
possession d’un bien immobilier de valeur.

b. Rendre plus accessible les moyens de paiement à tous (CB, internet) :


Aujourd’hui le numérique est en train de prendre le pas sur toute la planète et l’économie n’y
échappe pas. Tandis qu’aujourd’hui en France presque tout majeur de plus de 18 ans peut se
commander un livre ou à manger en ligne en payant avec sa carte bleu, en Afrique moins de
40% des personnes actives possèdent des moyens de paiement électronique et je prends pour
seul exemple mon propre père qui est chef de famille, âgé de plus de 50 ans avec 5 enfants
mais pourtant ne dispose d’aucune carte bancaire. J’en connais encore d’autres amis
travaillant en tant que pâtissiers dans des boulangeries de Yaoundé qui ont pourtant des
salaires « quasi-réguliers » de l’ordre de 50 mille Fcfa mais ne disposent pas des moyens de
paiement suscités (carte bancaire, PayPal, bitcoin…) On pourrait encore prendre l’exemple de
nos chers conducteurs de taxi : presque partout en dehors de l’Afrique on peut aujourd’hui
prendre un taxi ou un Uber et payer par CB ce qui facilite grandement les transactions et
éliminent les problèmes comme faire la monnaie etc… Cependant force est de constater que

pg. 19
nos taxi africains tardent encore à faire le pas vers cette évolution sans doute car la clientèle
ne pourrait suivre faute de moyen de paiement
L’action proposée ici est simple : il est question que les Etats incitent les banques à mettre
sur pied des formules étudiants, des formules autoentrepreneurs et des formules
agriculteurs/éleveurs afin de permettre à toutes ces personnes d’avoir un compte bancaire et
des moyens de paiement numériques. Ceci semble de notre point de vue un objectif réalisable
à échelle de trois années en tablant sur le fait que d’ici 3 ans 85% de la population active
ajoutée des étudiants doit avoir accès au moins à un moyen de paiement numérique, sécurisé,
et valable dans le monde entier (précisons bien que les solutions du type mobile money bien
que très intéressantes ne sont pas viables car pas valable à échelle planétaire. Exemple avec
de l’argent sur son mobile money il est impossible de s’acheter un livre sur
www.amazone.com).

c. Contrôler à la loupe les recettes des ventes des matières premières : La vente
des matières premières reste pour l’heure la première source de revenus d’une majorité
de pays africain. Afin de diversifier leurs économies et créer de nouveaux emplois il est
important que ces rentrées de fonds soient minutieusement contrôlées car ce sont elles
qui aideront à subventionner les transformations à faire et serviront de fonds
d’investissement.
En définitive l’argent reste le nerf de la guerre. Pour que les emplois soient plus décents il faut
que les modes de paiement des salariés soient plus officiels et traçables. Il faut que tous les
autoentrepreneurs aient facilité à vendre leurs produits et services via les supports
numériques, et aussi qu’ils aient plus grande facilité à se financer.

4) Trois actions dans le secteur de l’éducation


Si le secteur financier est un secteur primordial d’action, le secteur de l’éducation lui aussi est
hautement primordial car une personne bien formée est une personne qui a de la valeur et donc qui
trouve assurément un emploi ou encore mieux crée des emplois. Dans cette rubrique nous proposons
également trois actions claires :

a. Analyser le besoin à moyen terme et le traduire en quota par filière : cette


action découle de l’observation selon laquelle beaucoup d’universités africaines offrent
des formations qui sont en totale inadéquation avec les besoin du tissu économique. Bien
sûr ce n’est pas le cas dans tous les pays car des pays comme la Guinée Conakry s’en
sortent très bien en termes d’orientation de ses étudiants dans les formations et filières
de nécessité.
Il est question ici d’identifier les 20% de secteurs clés qui représentent 80% des revenus
et potentiels revenus pour la nation ; et dès lors orienter davantage les jeunes vers ces
métiers là avec des quotas clairement définis et redéfinis périodiquement selon les
avancées. Et ceci emboite le pas à la deuxième action proposée.

b. Inciter les étudiants boursiers et cadres formés à l’étranger à retourner


exercer dans les pays : Cette proposition part d’un vécu personnel en tant qu’étudiant

pg. 20
boursier camerounais à l’étranger. Beaucoup d’étudiants boursiers africains ne
demandent qu’à retourner exercer dans leur pays après leur formation ou après une
première expérience professionnelle à l’international mais le constat est que très peu
retourne. D’une part car aucun engagement ne leur est demandé de signé par les
ministères qui les envoie ; et d’autre part parce qu’ils ne se sentent pas du tout attiré par
le cadre actuel. En clair c’est un investissement à perte pour les Etats africains : par
exemple pour une vague de 50 étudiants boursiers camerounais qui vont étudier au
Maroc le Cameroun peut dépenser jusqu’à 270 000 euros sachant qu’au final moins de
10% rentre travailler au Cameroun et les autres restent travailler au Maroc ou continuent
dans d’autres pays tels que la France, le Canada, les USA …

Nos propositions sur ce point sont simples :


* Engager de manière écrite l’étudiant ou le cadre qui bénéficie d’une bourse de
formation à retourner dans son pays d’origine à l’issus de sa formation, avec une
majoration possible de deux années supplémentaires en cas d’embauche dans une
entreprise de son domaine de formation
* Inciter les entreprises des pays à recruter parmi les diplômés nationaux formés à
l’étranger en leur proposant le fichier des profils de ces diplômés et en leur offrant des
réductions de cotisation sur ces emplois dès un quota de cinq.
*Proposer un fonds d’investissement aux ressortissant africains ayant étudié et exercé au
moins 3 années dans les pays industrialisés sur proposition de projet ; et soumis à deux
conditions. La première c’est que le projet soit déployé dans le pays africain avec des
emplois au moins à 80% locaux, la deuxième c’est que les porteurs de projets s’engagent
à résider de manière régulière dans le pays concerné.
*Assurer un cadre favorable au retour des talents expatriés

c. Proposer une prime : ce dernier point rejoint les deux précédents et il est possible de
s’inspirer de l’exemple de la Chine qui accorde des facilités d’achat de maison et de
voiture aux étudiants chinois qui vont étudier en Europe et retourne en Chine à la fin de
leur cursus.

pg. 21
Conclusion

Parvenu au terme de cette réflexion, nous avons pu mettre en lumière deux principaux
paradoxes du chômage en Afrique. En premier lieu il s’agit du déphasage entre le chômage
mesuré qui est très faible, et le chômage perçu par les jeunes qui est presque trois fois plus
élevé. Ceci est selon nous le fruit d’une méconnaissance des critères de mesure du chômage
par les populations, et surtout le fait que dans les critère de mesure la notion d’emploi décent
n’est pas prise en compte. Notre réflexion nous a donc mené à identifier les causes à cette
situation qui sont autant d’ordre individuelle, que sociétale, économique, juridique et même
systémique. Afin d’apporter notre pierre à l’édifice de la lutte pour l’emploi en Afrique, nous
avons redéfini des objectifs opérationnels et proposer des actions qui permettraient
d’atteindre les objectifs fixés. Le maitre mot étant non pas de lutter contre le chômage en
Afrique qui est aujourd’hui une formulation erronée du défi de l’Afrique ; plutôt le maitre mot
est d’assainir tous les secteurs d’emploi actuels afin que les emplois deviennent des emplois
décents où les travailleurs aient un cadre sure qui les mette en confiance. Et chemin faisant
les entreprises technologiques et le secteur numérique se développeront de façon naturelle ;
et l’immigration africaine quant à elle réduira de façon exponentielle.

pg. 22
Bibliographie et sources

- Plusieurs pages sur le site de l'INSEE : https://insee.fr/fr/accueil entre le 09/01/2018 et le


25/02/2018

- Statistique des « Nations Unies » via leur site internet de la banque mondiale :
https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SL.UEM.TOTL.ZS le 11/01/2018 à 15h20
Lien du fichier de données :
http://api.worldbank.org/v2/fr/indicator/SL.UEM.TOTL.ZS?downloadformat=csv
- MONTOUSSE, Marc, RENOUARD, Gilles, « 100 fiches pour comprendre la sociologie », Editions
Bréal, Paris, 2009
- DEVETTER François-Xavier, « Lutte contre le chômage : rustines et chausse-trapes », Le
Monde diplomatique, Septembre 2016
- DEMAZIERE, Didier, « Sociologie des Chômeurs », Éditions La Découverte, Paris, 2006
- MANVOUTOUKA, Tine, « Représentations du travail en Afrique », Ergologia, n° 4, Novembre
2010, pp. 159-179
- D'ALMEIDA-TOPOR Hélène, LAKROUM Monique et SPITTLER Gerd, « Le travail en Afrique
noire : Représentations et pratiques à l'époque contemporaine », Éditions KARTHALA, Paris,
2013
-Revue internationale du Travail, vol. 142 (2003), no 2
-http://www.lefigaro.fr/social/2017/01/13/20011-20170113ARTFIG00149-fin-2017-le-monde-
comptera-34-millions-de-chomeurs-en-plus.php le 17/02/2018 à 11h13

-http://www.statistics-cameroon.org/downloads/annuaire2010/chap6.pdf le 17/02/2018 à 13h34

pg. 23
Annexes
Annexe 1 : Diagramme de Gantt initial

Annexe 2 : Critères de recensement de la banque mondiale


https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SL.UEM.TOTL.ZS >> Details

 indicateurs du marché du travail.


 Licence: Ouverte
 Méthode d’agrégation: Weighted average
 Pertinence sur le plan du développement: Paradoxically, low unemployment rates
can disguise substantial poverty in a country, while high unemployment rates can
occur in countries with a high level of economic development and low rates of
poverty. In countries without unemployment or welfare benefits people eke out a
living in vulnerable employment. In countries with well-developed safety nets workers
can afford to wait for suitable or desirable jobs. But high and sustained
unemployment indicates serious inefficiencies in resource allocation. Youth
unemployment is an important policy issue for many economies. Young men and
women today face increasing uncertainty in their hopes of undergoing a satisfactory
transition in the labour market, and this uncertainty and disillusionment can, in turn,
have damaging effects on individuals, communities, economies and society at large.
Unemployed or underemployed youth are less able to contribute effectively to
national development and have fewer opportunities to exercise their rights as
citizens. They have less to spend as consumers, less to invest as savers and often
have no "voice" to bring about change in their lives and communities. Widespread
youth unemployment and underemployment also prevents companies and countries
from innovating and developing competitive advantages based on human capital
investment, thus undermining future prospects. Unemployment is a key measure to
monitor whether a country is on track to achieve the Sustainable Development Goal
of promoting sustained, inclusive and sustainable economic growth, full and
productive employment and decent work for all. [SDG Indicator 8.5.2]
pg. 24
 Observations générales: Data up to 2016 are estimates while data from 2017 are
projections. National estimates are also available in the WDI database. Caution
should be used when comparing ILO estimates with national estimates.
 Limites et exceptions: The criteria for people considered to be seeking work, and
the treatment of people temporarily laid off or seeking work for the first time, vary
across countries. In many cases it is especially difficult to measure employment and
unemployment in agriculture. The timing of a survey can maximize the effects of
seasonal unemployment in agriculture. And informal sector employment is difficult to
quantify where informal activities are not tracked. There may be also persons not
currently in the labour market who want to work but do not actively "seek" work
because they view job opportunities as limited, or because they have restricted
labour mobility, or face discrimination, or structural, social or cultural barriers. The
exclusion of people who want to work but are not seeking work (often called the
"hidden unemployed" or "discouraged workers") is a criterion that will affect the
unemployment count of both women and men. However, women tend to be excluded
from the count for various reasons. Women suffer more from discrimination and from
structural, social, and cultural barriers that impede them from seeking work. Also,
women are often responsible for the care of children and the elderly and for
household affairs. They may not be available for work during the short reference
period, as they need to make arrangements before starting work. Further, women are
considered to be employed when they are working part-time or in temporary jobs,
despite the instability of these jobs or their active search for more secure
employment.
 Périodicité: Annual
 Concept et méthodologie statistiques: The standard definition of unemployed
persons is those individuals without work, seeking work in a recent past period, and
currently available for work, including people who have lost their jobs or who have
voluntarily left work. Persons who did not look for work but have an arrangements for
a future job are also counted as unemployed. Some unemployment is unavoidable.
At any time some workers are temporarily unemployed between jobs as employers
look for the right workers and workers search for better jobs. It is the labour force or
the economically active portion of the population that serves as the base for this
indicator, not the total population. The series is part of the ILO estimates and is
harmonized to ensure comparability across countries and over time by accounting for
differences in data source, scope of coverage, methodology, and other country-
specific factors. The estimates are based mainly on nationally representative labor
force surveys, with other sources (population censuses and nationally reported
estimates) used only when no survey data are available.

pg. 25
Annexe 3: Formulaire de sondage
Résumé des chiffres :
 Effectif total touché : 84 réponses
 Age : 16 à 99ans ; moyenne : 25.86 ; NB : le 99ans était sans doute un comique
 Pays d’où venaient les réponses : France, Maroc, Cameroun, Togo, Burkina-Faso
 Origine des participants : 100% d’origine Subsaharienne
 La figure 2 indique en orange la moyenne des réponses aux 3 dernières questions
posées et donne ainsi une perception qu’ont les participants sur les taux de chômage
en Afrique Subsaharienne.

pg. 26

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