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Table de matière
Introduction ....................................................................................................................... 4
Chapitre I : Etat des lieux du chômage en Afrique et dans le monde ................................... 4
1) Définitions et concepts ............................................................................................................... 5
a. Chômage et chômeur ............................................................................................................. 5
b. Taux de chômage.................................................................................................................... 6
c. Travail ..................................................................................................................................... 7
2) Situation de l’emploi en Afrique mesurée & perçue .................................................................. 8
a. Les données statistiques VS perception des jeunes africains ................................................. 8
b. Analyse critique des données ............................................................................................... 10
3) Situation relative de l’emploi en Afrique par rapport au reste du monde ................................ 10
a. Les critères pris en comptes pour la comparaison................................................................ 10
b. Résultats comparatifs ........................................................................................................... 11
4) Conclusion ................................................................................................................................ 11
Chapitre II : Mise en cause des contextes socio-anthropologique, économique et juridique
........................................................................................................................................ 12
1) Influence des références psychosociologiques ......................................................................... 12
a. Sociologie du chômeur africain contemporain ..................................................................... 12
2) Influence du contexte économique .......................................................................................... 13
a. Très faible capacité de financement des entrepreneurs ...................................................... 13
b. La plaie du secteur informel ................................................................................................. 14
3) Influence du cadre juridique..................................................................................................... 15
4) Conclusion ................................................................................................................................ 16
Chapitre III : Recadrage de la problématique et proposition d’actions .............................. 17
1) Quels objectifs vis-à-vis de l’emploi en Afrique ............................................................................ 17
a. Maintenir les niveaux de chômage actuels ........................................................................... 17
b. Transformer les emplois précaires en emploi décents ......................................................... 17
c. Créer plus de postes de cadres ............................................................................................. 17
2) Trois actions dans le secteur de l’informel ................................................................................... 17
a. Identifier et recenser ............................................................................................................ 18
b. Assouplir l’impôt pour ces métiers ....................................................................................... 18
c. Réglementer et accompagner .............................................................................................. 18
3) Trois actions dans le secteur bancaire.......................................................................................... 19
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a. Faciliter le mécanisme de prêt aux autoentrepreneurs/agriculteurs sous condition de
parrainage .................................................................................................................................... 19
b. Rendre plus accessible les moyens de paiement à tous (CB, internet) : ............................... 19
c. Contrôler à la loupe les recettes des ventes des matières premières : ................................ 20
4) Trois actions dans le secteur de l’éducation................................................................................. 20
a. Analyser le besoin à moyen terme et le traduire en quota par filière .................................. 20
b. Inciter les étudiants boursiers et cadres formés à l’étranger à retourner exercer dans les
pays 20
c. Proposer une prime .............................................................................................................. 21
Conclusion ....................................................................................................................... 22
Bibliographie et sources ................................................................................................... 23
Annexes ........................................................................................................................... 24
Table de figures
Table de tableaux
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Introduction
14 Novembre 2017, une date qui aura marqué l’actualité et les cœurs; car c’est en cette date
que des images choquantes publiées par la télévision CNN ont interpellé l’opinion mondiale
sur la situation dite d’esclavage dont sont victimes les migrants africains en Lybie. Une
enquête menée auprès de ces migrants par l’ONG Amnesty International a révélé que ceux-ci
déclarent fuir les conflits et guerres existant dans leur pays ; ainsi que le chômage de masse.
Cette actualité attire donc notre attention sur la question du chômage en Afrique qui est une
question centrale, fondamentale et qui se trouve au cœur de ce travail. Plus précisément nous
nous intéresserons au « paradoxe du chômage en Afrique » parce qu’il s’agit d’un véritable
paradoxe pour au moins trois raisons qui seront développées dans la suite. Mais pour
commencer nous dresserons d’abord un état des lieux du chômage en Afrique qui nous
permettra de mettre en lumière les différents paradoxes de cette question ; ensuite nous
analyserons les causes véritables de ce mal ; et enfin nous bouclerons la boucle en proposant
de notre point de vue un recadrage des objectifs pour l’emploi en Afrique, suivi d’actions
pratiques à déployer pour une évolution rapide et meilleure de la situation.
1
Voir annexe XXXX
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1) Définitions et concepts
a. Chômage et chômeur
Le chômage : qu’est-ce que c’est ? On entend très régulièrement parler (notamment à la télé
et autres journaux) de chômage, d’augmentation du taux de chômage, de baisse du taux de
chômage, des statistiques du chômage … Finalement qu’est-ce-que le chômage et qui est
appelé chômeur ?
Assez régulièrement on note la tendance à assimiler le chômage au fait d’être sans activité,
en particulier sans activité salariale ou plus simplement dit au fait d’être sans emploi. Ceci est
une conception parfaitement erronée. Prenons pour exemple un retraité, ce dernier n’exerce
aucune activité salariale mais pourtant cela ne fait pas de lui un chômeur. En effet la personne
retraitée bien que sans emploi a déjà travaillé dans sa jeunesse et profite de sa retraite pour
se reposer. Il n’est donc d’aucune manière à la recherche d’un emploi. On s’aperçoit alors que
le simple fait d’être sans emploi ne suffit pas pour être qualifié de chômeur, encore faut-il
avoir la volonté de travailler et effectivement être en recherche d’emploi.
Prenons un second exemple, il s’agit cette fois-ci d’une personne hautement diplômée et
qualifiée disposant de 10 années d’expérience dans son domaine. Cette personne subit un
accident au cours d’un voyage et se retrouve alors hospitalisée et invalide pour 2 années car
devant subir une rééducation à plein temps. Dira-t-on que pendant ces 2 années la personne
a été au chômage ? Il va de soi que même si cette dernière se voyait proposer un emploi elle
ne pourrait accepter au vue de son invalidité et de sa rééducation. Dès lors il ne s’agit pas d’un
chômage.
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[2]
Pour définir finalement le chômage nous retiendrons que le chômage est l’état de celui qui
est chômeur. Le chômeur est quant à lui définit en 1982 par le Bureau International du Travail
(BIT) : il s’agit d’une personne en âge de travailler, soit 15 ans ou plus selon la législation du
pays, qui remplit tous les trois critères suivants.
Être sans travail : il ne doit avoir exercé aucune activité rémunérée au cours de la
semaine de référence.
Être disponible dans un délai de deux semaines pour occuper un emploi : il ne doit
avoir aucun impératif qui l’empêche d’accepter une offre d’emploi.
Être activement à la recherche de travail au cours des quatre dernières semaines, ou
alors en avoir trouvé un qui commence ultérieurement.
Cette définition bien que juste, reste toutefois très large et a poussé les différents pays et
instituts de statistique à préciser leurs propres paramètres de référence. Les limites qui en
découlent sont les suivantes :
Définition de « être sans travail » : un pays peut décider que travailler moins de
78heure/mois c’est être sans travail ; d’autre comme les USA qu’à partir d’une
heure/mois c’est déjà un travail. D’autre part une grosse question de fond c’est
comment on définit et réglemente le travail. Est-ce que « vendre à la sauvette »
en Afrique c’est avoir un travail ou plutôt être sans travail ?
On prendra donc garde à savoir les critères utilisés pour chacune des statistiques de chômage
que nous consulterons et traiterons.
b. Taux de chômage
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J. Freyssinet, Le Chômage, La Découverte, 1988
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Le taux de chômage désigne le ratio entre le nombre total des chômeurs dans une région
donnée, par rapport à l’effectif total de la population active.
Cette définition fait apparaître une nouvelle notion : celle de « population active ». Cette
dernière est d’une influence majeur sur le taux de chômage calculé. En effet si on élargit cette
population au-delà d’un cadre préétabli, on parvient à faire diminuer artificiellement le taux
de chômage. Si par contre on le restreint à un cadre plus étroit que celui préétabli le taux de
chômage calculé augmentera.
Selon le BIT la population active désigne l'ensemble des personnes ayant entre 15 et 64 ans
et ayant travaillé non bénévolement durant une semaine de référence. On s’aperçoit que
cette définition peut avoir tendance à élargir la population active et donc faire baisser
artificiellement le taux de chômage. Prenons par exemple un étudiant qui conformément au
paragraphe I.1.a n’est pas compté comme chômeur car n’étant pas disponible pour travailler.
Normalement cet étudiant ne devrait pas faire partie de la population active car il est encore
en formation. Cependant si au cours de son cursus il a effectué un stage ou toute autre activité
rémunérée ne fusse-t-il que pour 1mois il sera compté dans la population active avec pour
effet de réduire la valeur numérique du taux de chômage.
c. Travail
Il faut savoir que la notion de chômage est une notion assez récente ; en effet avant les années
1890s l’économie ainsi que les activités de production étaient semi-empiriques voire
empiriques dans le cadre familiale. Dans ce contexte l’organisation du travail tel que nous la
connaissons aujourd’hui n’existait pas et les personnes travaillaient à la tâche
Aujourd’hui le travail est devenu de plus en plus réglementé dans les pays et on a notamment
assisté à la création de l’Office International du Travail (OIT) en 1919. L’office définit la notion
de « travail décent » afin de lever l’amalgame de la simple notion de travail. En effet il existe
des «travaux forcés » et divers autres types et contextes de travaux. Dès lors l’ajout du
qualitatif « décent » ne sert pas qu’à faire plus beau, mais cela est aussi porteur de sens.
La définition du travail décent / emploi décent repose sur 04 piliers :
L’emploi : toutes les formes sont prises en compte (formel, informel, à son propre
compte, etc…)
La protection sociale : autrement dit le salaire associé au travail doit être juste et
garanti. Il peut d’ailleurs être payé en nature ou en espèces. Par ailleurs
l’environnement de travail doit être salubre.
Le droit du travailleur : il est question d’offrir au travailleur la liberté syndicale ainsi
que la protection contre toute forme de discrimination
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Le dialogue social : ce pilier vient concrétiser le précédent en donnant aux travailleurs
la possibilité d’exprimer leurs points de vue ainsi que défendre leurs intérêts face à
leurs employeurs ou aux autorités réglementant le travail.
Comme on vient de le voir le travail dans sa définition par l’OIT reste assez large
d’interprétation, ce qui laisse libre cours à chaque Etat de préciser et choisir les références qui
le satisfont. Cela laisse bien sûre la porte ouverte à de multiples dérives et manipulations que
nous mettons en lumière dans l’articulation suivante.
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Taux de chômage en Afrique Subsaharienne
35
30
25
Taux de chômage
20
15
10
0
1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020
Années
OCDE PERCU
Dans un même temps nous donnons en figure 3 un extrait de l’article du journal « Le Figaro »
publié le 13/01/2017 à 13 : 06 par Clémentine Maligorne et mis à jours le 13/01/2017 à 14 :
23
Figure 3: Extrait d'article "Le Figaro" sur le chômage dans le monde en 2017
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b. Analyse critique des données
Les données présentées par la figure 2 mettent clairement en lumière les deux paradoxes
majeurs s’agissant de la situation de l’emploi en Afrique. En premier lieu les statistiques
officielles affichent pour 2017 un taux de chômage inférieur à 8% ; cependant le ressenti des
jeunes ayant répondu à notre sondage est que le taux de chômage avoisine les 30% soit plus
de trois fois la statistique officielle. On s’interroge alors logiquement et forcément sur le
pourquoi d’un tel écart ! Les statistiques officielles seraient-elles fausses, incomplètes, ou
encore pire : biaisées à dessein ? Cette question n’est pas du tout anodine car il s’agit bien là
d’explications données de bouche à oreille dans les quartiers. Cependant notre démarche se
voulant pragmatique nous aborderons plus loin les causes techniques et véritables de cette
situation
Le deuxième paradoxe est lui aussi clairement marqué. Qu’il s’agisse de 8% ou de 30%,
comment des pays se disant « en voie de développement » peuvent-ils laisser au chômage la
force active qui devrait pourtant être la main ouvrière de son développement ? Il y a
contradiction et c’est là le deuxième paradoxe.
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b. Résultats comparatifs
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Taux de chômage (%)
15
10
0
1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020
Année
4) Conclusion
Dans ce chapitre nous avons posé les bases de notre réflexion. Nous avons commencé par la
définition des concepts clés de notre sujet et nous retiendrons spécialement celle du chômeur
qui se définit comme une personne en âge de travailler qui est à la fois sans emploi (activité
rémunéré régulière et reconnu), disponible pour occuper un emploi, et en recherche active
d’emploi.
En exploitant les données de l’Office International du Travail (OIT), ainsi qu’en réalisant un
sondage d’opinion, nous avons pu mettre en évidence les deux paradoxes du chômage en
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Afrique Subsaharienne. D’une part le chômage perçu et vécu par la population s’est chiffré
trois fois supérieur au taux de chômage officiel qui est étonnement très bas. D’autre part
l’existence même du chômage en Afrique Subsaharienne relève du paradoxe au vue du statut
de pays « en cours de développement ». Comment peut-on se développer si la force vive n’est
pas mise au travail ?
L’état des lieux ayant été fait, nous pouvons à présent analyser de manière constructive et
pragmatique la situation en vue de dégager les causes véritables et ceci fera l’objet du
prochain chapitre.
Or dès lors qu’une personne a du mal à remplir l’une de ses trois fonctions vitales que sont se
nourrir, se déplacer, se reproduire ; elle devient vulnérable et est prête à tout faire pour
survivre. Une large porte s’ouvre dès lors pour les excès d’autorité, abus de pouvoir qui
fragilisent encore plus le chômeur qui finit bien souvent par se retrouver dans une position de
quémandeur, d’inconditionnel soumis ou encore de béni-oui-oui. Prenons ici quelques
exemples : des phrases très courantes telles que « il n’y a rien pour nous là prési ?», « On fait
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comment boss ? » ; ainsi que toutes les formulations du style «bao », « DG », « président »,
« Excellence » … lorsqu’elles sont employées avec abondance confortent la position
d’écrasement psychologique de soi. Bien sûr si elle est employée de temps à autre et de
manière réciproque entre amis cela reste tout à fait normal. Ici nous évoquons bien les cas
d’utilisation abusive.
Dans ce qui précède nous souhaitions mettre en lumière deux causes bien distinctes du
chômage en Afrique : la première c’est l’auto-rabaissement permanent de la personne en
chômage qui se sent inférieure vis-à-vis d’une personne ayant un travail décent voire un poste
de responsabilité. La conséquence directe c’est la baisse d’estime de soi qui dissuadera tout
recruteur de nous engager ; mis à part pour des travaux précaires. La deuxième cause que
nous souhaitions mettre en lumière c’est l’abus de pouvoir. Combien de fois des recruteurs et
personnes haut placées ont-ils profité de leur position pour s’octroyer des faveurs sexuelles
et/ou financières auprès de potentielles recrues/ stagiaires ? Une affaire récente à ce sujet
c’est bien le scandale du journaliste de Vision 4 Cameroun Parfait AYISSI qui se serait octroyé
des faveurs sexuelles auprès d’une jeune adolescente souhaitant effectuer son stage au sein
de la chaine Vision 4. Bien sûre à l’heure actuelle il ne relève que d’un témoignage et les faits
ne sont pas prouvés. Cependant l’écho qu’a connu cette affaire traduit tout de même qu’il
s’agit d’histoires pas du tout anodines.
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A proprement parler le secteur informel n’est pas tellement une cause du sous-emploi, mais
plutôt une des conséquences du sous-emploi ; c’est-à-dire une réponse palliative qu’ont
développée les personnes souffrant du non-emploi. En effet contraintes de survivre, les
personnes sont prêtes à tout, à accepter « tout type » de travail afin de survivre ! C’est ainsi
que des jeunes hautement diplômés (licence, master, doctorat …) se retrouvent à travailler
les champs, être chauffeurs de taxi, vendre les beignets … Très clairement le problème de
l’Afrique aujourd’hui n’est pas celui du chômage ou du sous-emploi. D’ailleurs c’est tout là le
paradoxe qui a été mis en évidence au premier chapitre car les pays africains sont aujourd’hui
ceux qui affichent les plus faibles taux de chômage officiels. Le véritable problème n’est donc
pas là. Il s’agit plutôt d’emploi indécent, d’emploi non réglementé.
Pour mieux comprendre ce dernier point prenons un exemple tout simple sur l’une des
actualités brulante de l’heure : la question de l’immigration africaine vers l’Europe. Ayant vécu
jusqu’à mes 18 ans au Cameroun j’ai connu des amis qui travaillaient comme maçons dans les
chantiers du quartier ; le travail pouvait commencer très tôt dès 6h du matin et se terminer
très tard après 21h. Ces personnes travaillaient mais bien sûre sans aucune forme de contrat
de travail. Elles étaient payées au soir selon l’accord verbal passé en matinée avec le chef
chantier, et parfois le montant payé était bien en dessous de celui convenu. Face à cette
situation, beaucoup ont pris la grande route périlleuse de l’Europe passant par la Lybie.
Aujourd’hui j’en connais qui sont arrivés en France, Allemagne … et y travaillent dans le BTP
bénéficiant d’un contrat de travail clairement défini dans un cadre lui-aussi bien défini et avec
un salaire également défini et régulier. La leçon que je tire de cette expérience c’est que ce
n’est pas tant le manque de travail qui a poussé ces amis, frères et sœurs vers l’Europe mais
surtout la recherche d’un cadre décent de travail où gagner honorablement sa vie.
3
http://news.abidjan.net/h/606575.html le 22/02/2018 à 13 : 57 GMT
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et en heure selon l’engagement initial. Au Cameroun où j’ai connu plusieurs baby-sitters, le
travail s’effectue pour l’essentiel (plus de 95% des cas) dans l’informel, sans contrat, sans
respect des échéances de paiement, avec souvent des dépassements d’horaire non pris en
compte. On pourrait encore prendre l’exemple du soutien scolaire que les observations
seraient quasi les mêmes.
En définitive l’une des causes majeures du mauvais cadre de travail en Afrique c’est
l’inexistence d’un cadre réglementaire qui laisse la porte ouverte à toute sorte d’abus.
4) Conclusion
Au cours de ce chapitre nous avons mis en cause les facteurs individuels et généraux qui
contribuaient à la situation actuelle de l’emploi en Afrique. Au final nous avons pu établir que
le défi de l’Afrique aujourd’hui n’est pas de lutter contre le chômage car des pays comme la
Cote d’Ivoire ont des taux de chômage bien en dessous de 3%. Le véritable défi réside dans
l’amélioration des conditions des travailleurs : changer les cadres indécents de travail en cadre
décents et respectueux du travailleur, et enfin structurer les métiers qui sont encore dans
l’informel symptomatique afin de les rendre plus attractifs.
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Chapitre III : Recadrage de la problématique et
proposition d’actions
Dans ce dernier chapitre, nous portons à achèvement notre réflexion en proposant des
solutions et des alternatives à la problématique traitée.
a. Maintenir les niveaux de chômage actuels : Les taux de chômage réels sont faibles
ceci est un fait, et un fait positif. Certes les taux de chômage perçus sont plus élevés car
les emplois exercés offrent des cadres en dessous des attentes des personnes ; mais cela
constituera justement le deuxième objectif. Dès lors pour les 5 prochaines années le
premier objectif sera de maintenir les niveaux de chômage actuel avec une marge de 1%
à mesure qu’on améliorer les conditions des travailleurs.
b. Transformer les emplois précaires en emploi décents : il s’agit selon nous de
l’objectif le plus important à court terme. Comme nous l’avons démontré, la majeure
partie des migrants africains qui vont vers l’Europe y exercent le même style d’activité
qu’ils exerçaient déjà dans leur pays d’origine. Pourquoi avoir donc pris tous ces risques
notamment celui de la Lybie dira-t-on ? La réponse est simple c’est une question de cadre
de travail qui est plus décent en Europe qu’en Afrique. Donc deuxième objectif
transformer tous les emplois précaires et informels en emplois décents et plus attractifs
pour les ressortissants locaux.
c. Créer plus de postes de cadres : Après avoir amélioré et consolidé les emplois
actuels (objectifs a et b), il sera question de diversifier les métiers, notamment en
développant les métiers du numérique et des nouvelles technologies. Pour cela des
postes de cadre sont nécessaires car c’est à ces derniers que reviendra la tâche de
concevoir et structurer tous ces corps d’activité.
Ayant fixé les trois objectifs de l’emploi pour l’Afrique et pour les huit prochaines années, nous
allons à présent dérouler nos proposition d’actions concrètes car l’ingénieur est bien connu
pour être force de proposition.
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claires afin de réformer ce secteur, et rendre les emplois jadis informel et mal-vus en emplois
alléchants.
a. Identifier et recenser : Il s’agit ici de recenser toutes les personnes exerçant des
métiers dans le secteur informel dans des bases de données nationales, et tenir celles-ci
à jour. Cela nécessite de constituer un « commando de terrain » de terrain qui en soi est
déjà un potentiel de création d’emplois. Afin que cette action trouve bon écho auprès des
populations concernées, nous suggérons que le recensement soit complètement gratuit
pour elle et n’implique aucune sorte de paiement d’impôts dans un premier temps. Les
gains directs de cette action sont les suivants :
*avoir une mesure précise du volume d’acteurs exerçant dans le secteur informel
*Quantifier la masse monétaire circulant hors de contrôle
*Disposer d’informations précieuses qui pourront aider à démarcher les banques afin de
les inciter à proposer de nouvelles formules adaptées à cette classe de travailleurs qui
rappelons le représente somme toute la moitié de la population active.
*Améliorer la crédibilité et l’image des pays auprès des organismes internationaux tels
que le OIT, la Banque Mondiale, le FMI
Pour mettre au point ceci une préparation de 8 mois environ en amont serait suffisante suivie
du déploiement sur le terrain pour 12 mois, soit au total une durée de 20 mois.
b. Assouplir l’impôt pour ces métiers : Cette action s’inscrit dans la suite de la
précédente. Il avait s’agit de recenser tout en rassurant les travailleurs du secteur
informel. Pour cela nous suggérons qu’une fois recensées et déclarées gratuitement, que
ces personnes bénéficient durant les 2 premières années d’une exonération totale
d’impôts sous condition de déclaration de revenus et de non dépassement d’un seuil de
revenu annuel que nous proposons de fixer pour un départ à 4 fois le SMIG actuel (ce qui
pour le Cameroun donnerait 145 080Fcfa). Ceci leur permettra de s’habituer à exercer
leur activité dans un cadre légal et trouver le rythme qui leur est rentable. De plus au
cours de ces deux années elles devront se conformer aux règlementations en vigueur de
leur métier.
Bien sûre la question fatidique qui paie pour tout cela ? En effet la situation actuelle est
déjà que ces personnes ne paient aucun impôt car exercent dans l’informel. Leur offrir
deux années d’exonération d’impôts sur le revenu n’occasionne donc de ce point aucune
perte. Bien au contraire les deux parties sont gagnantes des lors que les travailleurs
passent du « noir » à un cadre officiel et légal ; tandis que pour l’Etat des rentrées
d’impôts supplémentaires deviendront possible à partir de la troisième année. Cette
action se traduirait concrètement par la prise avec application immédiate d’une loi par
les autorités compétentes durant les huit premiers mois de l’action III.2.a
c. Réglementer et accompagner : Dernière action proposée dans cette partie, elle est
très loin d’être la moins importante. En effet durant les 2 années de « Mise à niveau » des
travailleurs de l’informel, ces derniers auront besoin de suivi et d’accompagnement dans
leur processus de mise à niveau. Pour cela nous proposons un organe d’accompagnement
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et d’épuration de l’informel qui regroupe à la fois des cadres capables de structurer et
planifier le travail à faire, et des personnes de terrains qui connaissent les rouages et
pourront ainsi mieux mieux accompagner les intéressés dans la modernisation de leurs
business.
A partir des mesurer proposées plus haut, l’objectif est de stimuler le secteur informel,
stimuler l’innovation, et surtout donner un cadre légal et décent à toutes les activités qui sont
encore dans ce secteur.
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nos taxi africains tardent encore à faire le pas vers cette évolution sans doute car la clientèle
ne pourrait suivre faute de moyen de paiement
L’action proposée ici est simple : il est question que les Etats incitent les banques à mettre
sur pied des formules étudiants, des formules autoentrepreneurs et des formules
agriculteurs/éleveurs afin de permettre à toutes ces personnes d’avoir un compte bancaire et
des moyens de paiement numériques. Ceci semble de notre point de vue un objectif réalisable
à échelle de trois années en tablant sur le fait que d’ici 3 ans 85% de la population active
ajoutée des étudiants doit avoir accès au moins à un moyen de paiement numérique, sécurisé,
et valable dans le monde entier (précisons bien que les solutions du type mobile money bien
que très intéressantes ne sont pas viables car pas valable à échelle planétaire. Exemple avec
de l’argent sur son mobile money il est impossible de s’acheter un livre sur
www.amazone.com).
c. Contrôler à la loupe les recettes des ventes des matières premières : La vente
des matières premières reste pour l’heure la première source de revenus d’une majorité
de pays africain. Afin de diversifier leurs économies et créer de nouveaux emplois il est
important que ces rentrées de fonds soient minutieusement contrôlées car ce sont elles
qui aideront à subventionner les transformations à faire et serviront de fonds
d’investissement.
En définitive l’argent reste le nerf de la guerre. Pour que les emplois soient plus décents il faut
que les modes de paiement des salariés soient plus officiels et traçables. Il faut que tous les
autoentrepreneurs aient facilité à vendre leurs produits et services via les supports
numériques, et aussi qu’ils aient plus grande facilité à se financer.
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boursier camerounais à l’étranger. Beaucoup d’étudiants boursiers africains ne
demandent qu’à retourner exercer dans leur pays après leur formation ou après une
première expérience professionnelle à l’international mais le constat est que très peu
retourne. D’une part car aucun engagement ne leur est demandé de signé par les
ministères qui les envoie ; et d’autre part parce qu’ils ne se sentent pas du tout attiré par
le cadre actuel. En clair c’est un investissement à perte pour les Etats africains : par
exemple pour une vague de 50 étudiants boursiers camerounais qui vont étudier au
Maroc le Cameroun peut dépenser jusqu’à 270 000 euros sachant qu’au final moins de
10% rentre travailler au Cameroun et les autres restent travailler au Maroc ou continuent
dans d’autres pays tels que la France, le Canada, les USA …
c. Proposer une prime : ce dernier point rejoint les deux précédents et il est possible de
s’inspirer de l’exemple de la Chine qui accorde des facilités d’achat de maison et de
voiture aux étudiants chinois qui vont étudier en Europe et retourne en Chine à la fin de
leur cursus.
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Conclusion
Parvenu au terme de cette réflexion, nous avons pu mettre en lumière deux principaux
paradoxes du chômage en Afrique. En premier lieu il s’agit du déphasage entre le chômage
mesuré qui est très faible, et le chômage perçu par les jeunes qui est presque trois fois plus
élevé. Ceci est selon nous le fruit d’une méconnaissance des critères de mesure du chômage
par les populations, et surtout le fait que dans les critère de mesure la notion d’emploi décent
n’est pas prise en compte. Notre réflexion nous a donc mené à identifier les causes à cette
situation qui sont autant d’ordre individuelle, que sociétale, économique, juridique et même
systémique. Afin d’apporter notre pierre à l’édifice de la lutte pour l’emploi en Afrique, nous
avons redéfini des objectifs opérationnels et proposer des actions qui permettraient
d’atteindre les objectifs fixés. Le maitre mot étant non pas de lutter contre le chômage en
Afrique qui est aujourd’hui une formulation erronée du défi de l’Afrique ; plutôt le maitre mot
est d’assainir tous les secteurs d’emploi actuels afin que les emplois deviennent des emplois
décents où les travailleurs aient un cadre sure qui les mette en confiance. Et chemin faisant
les entreprises technologiques et le secteur numérique se développeront de façon naturelle ;
et l’immigration africaine quant à elle réduira de façon exponentielle.
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Bibliographie et sources
- Statistique des « Nations Unies » via leur site internet de la banque mondiale :
https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SL.UEM.TOTL.ZS le 11/01/2018 à 15h20
Lien du fichier de données :
http://api.worldbank.org/v2/fr/indicator/SL.UEM.TOTL.ZS?downloadformat=csv
- MONTOUSSE, Marc, RENOUARD, Gilles, « 100 fiches pour comprendre la sociologie », Editions
Bréal, Paris, 2009
- DEVETTER François-Xavier, « Lutte contre le chômage : rustines et chausse-trapes », Le
Monde diplomatique, Septembre 2016
- DEMAZIERE, Didier, « Sociologie des Chômeurs », Éditions La Découverte, Paris, 2006
- MANVOUTOUKA, Tine, « Représentations du travail en Afrique », Ergologia, n° 4, Novembre
2010, pp. 159-179
- D'ALMEIDA-TOPOR Hélène, LAKROUM Monique et SPITTLER Gerd, « Le travail en Afrique
noire : Représentations et pratiques à l'époque contemporaine », Éditions KARTHALA, Paris,
2013
-Revue internationale du Travail, vol. 142 (2003), no 2
-http://www.lefigaro.fr/social/2017/01/13/20011-20170113ARTFIG00149-fin-2017-le-monde-
comptera-34-millions-de-chomeurs-en-plus.php le 17/02/2018 à 11h13
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Annexes
Annexe 1 : Diagramme de Gantt initial
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Annexe 3: Formulaire de sondage
Résumé des chiffres :
Effectif total touché : 84 réponses
Age : 16 à 99ans ; moyenne : 25.86 ; NB : le 99ans était sans doute un comique
Pays d’où venaient les réponses : France, Maroc, Cameroun, Togo, Burkina-Faso
Origine des participants : 100% d’origine Subsaharienne
La figure 2 indique en orange la moyenne des réponses aux 3 dernières questions
posées et donne ainsi une perception qu’ont les participants sur les taux de chômage
en Afrique Subsaharienne.
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