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Dans le chapitre précédent, nous avons décrit l’activité économique notamment les différents
agents et opérations économiques. Il est question dans ce chapitre de procéder à leur évaluation en
termes de volume et de valeur. Ainsi, la mesure de l’action économique passe par l’enregistrement
des opérations dans les comptes synthétiques (section 1), l’enregistrement des opérations dans les
tableaux synthétiques (section 2) et la définition des agrégats et des ratios de l’économie nationale
(section 3).
L’articulation des flux d’opérations est réalisée, pour chaque secteur institutionnel, dans un cadre
comptable commun à savoir les comptes de secteur. Ces flux d’opérations débutent depuis la
formation des revenus jusqu’à leur accumulation. Nous présentons successivement les comptes
d’accumulation et de patrimoine, l’articulation des comptes par l’intermédiaire des soldes
comptables, la particularité des comptes et des opérations dans les secteurs.
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Tableau 2.1 : La séquence des comptes
Comptes d’accumulation
Compte capital
Le compte de production décrit les opérations relatives au processus de production i.e le lien entre
la production et les consommations intermédiaires nécessaires à la production. Le compte
d’exploitation représente l’origine des revenus primaires du point de vue des producteurs. Le
compte d’affectation représente la distribution des revenus primaires du point de vue des
bénéficiaires. Le compte de distribution secondaire du revenu tient compte des opérations de
redistribution des revenus entre les secteurs. Le compte de redistribution du revenu en nature sert
à redistribuer les biens et services individuels consommés par les ménages à titre gratuit. Les
comptes d’utilisation du revenu montrent comment le revenu disponible est réparti entre la
consommation et l’épargne. Le compte capital enregistre les acquisitions moins les cessions d’actifs
non financiers. Le compte financier décrit les variations d’actifs et de passifs financiers par type
d’instruments financiers.
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sociales en nature et transferts des biens et services non marchands individuels ; son solde porte le
nom de revenu disponible ajusté brut (RDAB). Le compte d’utilisation du revenu disponible (U)
décrit le partage entre du RDB entre consommation finale (CF) et épargne brute (EB). Le compte
d’utilisation du revenu disponible ajusté (U’) analyse le partage de RDAB entre consommation
finale effective (CFE) et épargne brute (EB). Le compte de capital décrit les opérations
d’accumulation (acquisitions moins les cessions d’actifs non financiers) et dégage un solde qui soit
une capacité de financement (CF>0) soit un besoin de financement (BF<0). Le compte financier
décrit, par type d’instruments financiers, les variations d’actifs financiers et des passifs. De manière
schématique, les éléments des différents comptes sont consignés dans le tableau 2.2. Ces éléments
représentent un aperçu général des comptes qui fait abstraction des spécificités des secteurs
institutionnels. En effet, chaque secteur institutionnel n’effectue pas toutes les opérations. Il est
donc indispensable d’y songer lorsque l’on établit les comptes d’un secteur institutionnel précis.
Tableau 2.2
Emplois Comptes d’opérations courantes Ressources
Subventions versées
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Revenu disponible brut (RDB) Prestations sociales autres qu’en nature
reçues
Compte capital
Compte financier
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Certaines opérations ne sont pas inscrites dans le même compte selon qu’elles sont versées ou
reçues. Nous avons le cas de la rémunération des salariés et des impôts sur la production et les
importations. Concernant la rémunération des salariés, elle est une charge liée directement à
l’activité de production ; de ce fait elle s’inscrit en emploi du compte d’exploitation de l’ensemble
des secteurs. Toutefois, elle constitue une ressource uniquement pour les ménages qui s’inscrit en
ressources du compte d’affectation des revenus primaires. Quant aux impôts sur la production et
les importations, ceux-ci frappent directement les activités de production ; ils sont donc enregistrés
net des subventions d’exploitations reçues en emploi dans le secteur compte d’exploitation. Par
contre, ils sont enregistrés en ressources net des subventions d’exploitation versées dans le compte
d’affectation des revenus primaires par les administrations publiques.
Les transferts sociaux en nature sont enregistrés dans le compte de redistribution de revenus
primaires en nature en ressources pour les ménages et emplois pour les APU et les ISBLSM. En
conséquence, la dépense de consommation finale et la consommation finale effective sont égales
au niveau de l’économie globale ; seule diffère la répartition entre ménage et APU et ISBLM.
La mise en relation des opérations et des secteurs institutionnels qui les réalisent permet de
construire le circuit économique de chaque pays. Chaque transaction et chaque opération génère
un flux monétaire ou réel qui peuvent être captés par des comptes. Par ailleurs, l’économie nationale
peut être représentée sous forme de tableaux synthétiques. On en distingue 3 types à savoir le
tableau économique d’ensemble (T.E.E), le tableau des opérations financières (T.O.F) et le tableau
entrée/sortie (T.E.S).
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de marché des biens et services. On suppose que le marché achète dans un premier temps ce qui
est produit ou importé (ce qui est inscrit en ressources en opérations de production ou
d’importation est inscrit sur la même ligne en emplois du compte de « biens et services »), et le
revend plus tard, pour la consommation, l’investissement, etc. Ces opérations sont alors inscrites
en ressources du compte de biens et services et en emplois du secteur institutionnel qui effectue la
dépense.
B°/- La présentation simultanée des comptes d’opération et des comptes de secteur dans
le TEE
Le TEE donne une synthèse des flux de toute nature (produits, revenus financiers) entre les
secteurs institutionnels ainsi qu’une présentation des comptes de patrimoine et de leur variation. Il
emprunte, pour partie, aux informations contenues dans deux autres tableaux de synthèse à savoir
le TES (tableau entrée-sorties) et le TOF (tableau des opérations financières). Au TES, le TEE
reprend une partie des informations agrégées sur les flux de produits. Il a en commun avec le TOF
des informations agrégées relatives aux flux financiers. Il présente donc le double avantage de
synthétiser la totalité des flux d’une économie donnée tout en permettant d’effectuer des liens entre
des tableaux de synthèse de constitution différente.
Le TEE a pour spécificité de récapituler dans un même tableau l’ensemble des comptes des flux
des secteurs institutionnels, dont l’inscription se fait en colonne. De même que pour les comptes
de secteurs, on inscrit les emplois des comptes courants et les variations d’actifs des comptes
d’accumulation (ou les actifs des comptes de patrimoine) sur la partie gauche du TEE et les
ressources des comptes courants et les variations de passifs des comptes d’accumulation (ou les
passifs des comptes de patrimoine) sur sa partie droite.
3. Le tableau entrée-sorties
Le tableau entrée-sorties est l’un des principaux tableaux de synthèse de la comptabilité nationale.
Il propose un point de vue complémentaire à celui qui prévaut dans le TEE. En effet, le TEE
fournit la synthèse des opérations de toute nature réalisée entre les secteurs institutionnels. En
revanche, le TES détaille les opérations sur produits en les décomposant en branches.
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La nomenclature du TES
Le TES regroupe cinq comptes articulés. Le tableau des entrées intermédiaires (T1) est le cœur du
TES. Il est complété en ligne, à droite par le tableau des emplois finals (T2), à gauche par le tableau
des ressources en produits (T5) ; en colonne, par le compte de production de la branche (T3), qui
comprend le tableau de passage de la production des branches à la production en produits, et par
le compte d’exploitation de la branche (T4).
T5- T1-
T2-
Tableau des ressources en Tableau des entrées
Tableau des emplois finals
produits intermédiaires
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b) Le tableau des emplois finals
Le tableau des emplois finals complète en ligne le tableau des entrées intermédiaires par des emplois
finals en différents produits : consommation finale (CF), formation brute du capital (FBCF) et
exportations (X), chacun de ses emplois étant affecté à une colonne spécifique. Le TES retrace « la
dépense de consommation finale » détaillée selon les secteurs concernés : ménages, administrations
publiques, et ISBLSM. Il fournit également le partage de la dépense de consommation des
administrations publiques entre « dépense collective » et « dépense individuelle » ; ce qui permet de
reconstituer la consommation finale effective. La FBC regroupe la FBCF, les variations de stocks
et le solde des acquisitions et des cessions d’objets de valeur. La dernière ligne du tableau des
emplois finals sert à effectuer les sommes de l’ensemble de ces emplois. La dernière colonne du
tableau des emplois finals comptabilise les emplois finals, produit par produit. Les données du
tableau des emplois finals sont enregistrées aux prix d’acquisition TTC (y compris les marges et les
taxes grevant les produits).
Ainsi, 𝑷𝒋 (Production de la branche j)= 𝑪𝑰𝒋 + 𝑽𝑨𝑩𝒋 d’où 𝑷𝑩𝒓 (Production totale des
branches)= 𝑷𝒋 .
d) Le compte d’exploitation par branche (T4)
A partir de la VAB des branches on peut, par déduction de la rémunération des salariés et des
autres impôts sur la production nets des subventions d’exploitation, faire apparaître la somme de
l’EBE et du RMB de chaque branche.
La dernière colonne du tableau des ressources en produits contient les totaux des ressources par
produit de l’économie la dernière case de cette colonne, le total global des ressources.
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b) L’égalité des ressources et des emplois, produit par produit
Cette égalité s’exprime ainsi, R > − E> et est développée sous la forme de la relation ci-dessous :
𝑃/0@ + 𝑀@ + 𝑀𝐶@ + 𝑀𝑇@ + 𝐼𝑃@ − 𝑆𝑈𝐵𝑉@ = 𝐶𝐼@ + 𝐶𝐹@ + 𝐹𝐵𝐶@ + 𝑋@ . A la production et aux
importations en produits sont ajoutées les marges commerciales et de transport, ainsi que les
impôts nets de subventions associées à ces produits, afin d’obtenir, l’équilibre des ressources et des
emplois produit par produit, aux prix d’acquisition.
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La modélisation de la structure économique va reposer sur des équilibres emplois-ressources par
produits ; il y aura autant d’équations qu’il existe des produits différents (ligne TES). On obtient
ainsi :
𝑃F + 𝑀F = 𝐶𝐼FF + 𝐶𝐼FK + 𝐶𝐹F + 𝐹𝐵𝐶F + 𝑋F
𝑃K + 𝑀K = 𝐶𝐼KF + 𝐶𝐼KK + 𝐶𝐹K + 𝐹𝐵𝐶K + 𝑋K
Comme il existe une relation stable entre les CI et la production par le biais des coefficients
techniques, on peut remplacer chacune des 𝐶𝐼@E par le produit du coefficient technique par la
production correspondante 𝑃E : 𝐶𝐼@E = 𝑎@E 𝑃E
Dès lors on a :
En regroupant les emplois finals selon le principe suivant et en leur soustrayant les importations,
on obtient :
et, en remplaçant les coefficients techniques par leur valeur, on obtient les équations suivantes :
Ce système de deux équations permet de déterminer les productions futures si l’on connaît des
emplois finals (donnés de façon exogène).
𝑃 = 𝐴 𝑃+𝑌
avec 𝑃, le vecteur colonne des productions, 𝐴, la matrice des coefficients techniques et 𝑌, le vecteur
colonne de la demande finale. Si l’on recherche 𝑃, connaissant le vecteur 𝑌, on écrira : 𝑃 =
(𝐼 − 𝐴)OF 𝑌.
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vis-vis du reste du monde. Le TES permet de faire apparaître des interdépendances plus ou moins
fortes, lisibles à travers les coefficients techniques. Les ratios qui aident à faire le diagnostic de la
structure de l’économie nationale sont les suivants :
§ Taux de dépendance d’une branche 𝑗 en un produit 𝑖 donné : 𝐶@E /𝐶E . Il s’agit ici de la série des parts
de chaque produit dans les consommations intermédiaire d’une branche 𝑗.
§ Taux global d’interdépendance d’une branche 𝑗: 𝐶𝐼E = 𝐶𝐼. Il représente la part de l’ensemble des
consommations intermédiaires de la branche 𝑗 dans l’ensemble des consommations
intermédiaires de l’économie et informe de la relation plus ou moins forte qui lie la branche aux
autres via ses relations d’achats.
Le fondement de la notion de filière réside dans sa relative autonomie par rapport au reste de
l’économie. Partant des nomenclatures des produits (plus ou moins désagrégées), et des relations
achat-vente entre branches, il s’agit d’effectuer des regroupements pertinents de branches (aucune
filière ne renvoie strictement aux branches). Il est convenu qu’une branche donnée appartient à
une filière si ses consommations intermédiaires proviennent majoritairement des branches qui
constituent ladite filière. Cette méthode se justifie pour au moins deux raisons : la première est la
nature des relations techniques (utilisations des consommations intermédiaires identiques) et par
des raisons économiques (part des consommations intermédiaires dans les coûts de production).
Le TES peut être utilisé pour dans l’étude de la spécialisation des activités économiques et la
détermination des activités stratégiques. Ce diagnostic peut porter sur la structure interne d’une
part, sur les relations internationales d’autre part. La structure interne de l’appareil productif peut
être appréciée à partir des différents ratios suivants (liste non exhaustive) :
§ La part de la production de chaque branche affectée aux consommations intermédiaires et aux emplois finals est
appréhendée à partir des ratios respectifs : 𝐶@ /𝑃@ ; 𝐸𝐹@ /𝑃@ ;
§ La structure des emplois finals par produit (𝐸𝐹@ 𝐸𝐹) ou de la consommation finale par produits
(𝐶𝐹@ 𝐶𝐹) ;
§ Les contributions respectives des différentes branches à la VAB : (𝑉𝐴𝐵E 𝑉𝐴𝐵)
Le TES permet en outre de distinguer les secteurs exposés à la concurrence des secteurs abrités à
la concurrence en utilisant le ratio de la part des importations des vis-à-vis du marché intérieur de
la branche. Ce dernier est encore appelé taux de pénétration étrangère sur le marché intérieur :
𝑀@
𝑚=
𝑃ab@ + 𝑀@ − 𝑋@
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𝑋@
𝑥=
𝑃ab@ + 𝑀@ − 𝑋@
Méthode de calcul
Le PIB peut être calculé de trois manières selon qu’on privilégie l’optique production, l’optique
demande et l’optique revenu.
a) L’optique production :
PIB = ∑ VA + Impôt sur les produit (TVA) – Subventions sur produits.
b) L’optique demande :
PIB = CF + FBCF + ∆S + X – M
c) L’optique revenu
PIB = Rémunération des salariés + excédent brut d’exploitation + impôts liés à la production et à
l’importation – subventions liées à la production et à l’importation + Revenus Mixtes Brutes
PIBNt
PIBRt = * Déflateur PIB de l ' année de base
Déflateur PIBt
Le déflateur du PIB est un indicateur statistique qui permet de capter l’indice de prix (le niveau des
prix) au cours d’une période donnée.
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B°/- Le Produit National Brut (PNB)
Le PNB évalue la production des nationaux qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur du pays.
PNB = PIB + Revenus facteurs reçus du reste du monde – Revenus de facteurs versés au reste
du monde
Ils décrivent le comportement d’une catégorie d’agents c’est-à-dire qu’ils ont un caractère sectoriel.
On distingue successivement les ratios relatifs aux SQSNF et ceux relatifs aux ménages.
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