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CHAPITRE 2 : LA Mesure de l’activité économique

Dans le chapitre précédent, nous avons décrit l’activité économique notamment les différents
agents et opérations économiques. Il est question dans ce chapitre de procéder à leur évaluation en
termes de volume et de valeur. Ainsi, la mesure de l’action économique passe par l’enregistrement
des opérations dans les comptes synthétiques (section 1), l’enregistrement des opérations dans les
tableaux synthétiques (section 2) et la définition des agrégats et des ratios de l’économie nationale
(section 3).

Section 1 : Les comptes des secteurs

L’articulation des flux d’opérations est réalisée, pour chaque secteur institutionnel, dans un cadre
comptable commun à savoir les comptes de secteur. Ces flux d’opérations débutent depuis la
formation des revenus jusqu’à leur accumulation. Nous présentons successivement les comptes
d’accumulation et de patrimoine, l’articulation des comptes par l’intermédiaire des soldes
comptables, la particularité des comptes et des opérations dans les secteurs.

1. La séquence des comptes


Un compte regroupe les opérations de même nature. La séquence des comptes des opérations
courantes commence par la production qui donne lieu à la distribution des revenus qui permettent
la dépense. Les comptes des opérations courantes enregistrent les flux des opérations de
production, de la distribution des revenus ainsi que son utilisation sous forme de consommation
finale. Les comptes d’accumulation enregistrent les causes des variations des actifs et des passifs
des différents secteurs ainsi que la variation de la valeur nette du patrimoine. Le tableau 2.1 suivant
décrit la séquence des comptes qui s’articule autour des comptes de production, de répartition, de
dépense et de financement. Les comptes de production comprennent le compte de production ;
les comptes de répartition s’articulent autour du compte d’exploitation, du compte d’affectation
des revenus primaires, compte de distribution secondaire du revenu et le compte de distribution
secondaire du revenu en nature. Les comptes de dépense sont essentiellement constitués de
comptes d’utilisation du revenu. Les comptes d’accumulation enfin comportent le compte capital
et le compte financier. L’épargne, qui est le solde du compte d’utilisation du revenu, fait le lien
entre comptes d’opérations courantes et comptes d’accumulation. Si l’épargne est positive, le
revenu non dépensé est consacré à l’acquisition des actifs ou à la réduction des passifs (et
inversement si l’épargne est négative). Conformément aux principes comptables, les opérations
courantes de chaque secteur vont être établies sur deux colonnes ; la colonne de gauche représente
les emplois i.e les flux monétaires versés ; la colonne de droite est réservée aux ressources i.e aux
flux monétaires reçus. Les opérations d’accumulation sont quant à elle inscrites en variations
d’actifs à gauche (positivement ou négativement), tandis que les variations des passifs sont inscrites
à droite (positivement ou négativement).

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Tableau 2.1 : La séquence des comptes

Opérations Séquence des comptes

Comptes des opérations courantes

Production Compte de Production

Répartition Compte d’exploitation

Compte d’affectation des revenus primaires

Compte de distribution secondaire du revenu

Compte de redistribution du revenu en nature

Dépense Compte d’utilisation du revenu

Comptes d’accumulation

Compte capital

Financement Compte financier


Le compte de production décrit les opérations relatives au processus de production i.e le lien entre
la production et les consommations intermédiaires nécessaires à la production. Le compte
d’exploitation représente l’origine des revenus primaires du point de vue des producteurs. Le
compte d’affectation représente la distribution des revenus primaires du point de vue des
bénéficiaires. Le compte de distribution secondaire du revenu tient compte des opérations de
redistribution des revenus entre les secteurs. Le compte de redistribution du revenu en nature sert
à redistribuer les biens et services individuels consommés par les ménages à titre gratuit. Les
comptes d’utilisation du revenu montrent comment le revenu disponible est réparti entre la
consommation et l’épargne. Le compte capital enregistre les acquisitions moins les cessions d’actifs
non financiers. Le compte financier décrit les variations d’actifs et de passifs financiers par type
d’instruments financiers.

2. Les soldes comptables


L’articulation des comptes se fait par le biais de leur solde. En effet, le solde d’un compte est reporté
en ressources du compte suivant. Le compte production (P) décrit la contribution du secteur
institutionnel à la valeur ajoutée brute (VAB). Son solde, la VAB (production moins consommation
intermédiaire) représente la richesse créée lors de l’activité productive. Le compte d’exploitation
(E) analyse dans quelle mesure la valeur ajoutée permet de couvrir la rémunération des salariés et
les impôts sur production net des subventions d’exploitation ; le solde de ce compte est appelé
excédent brut d’exploitation (EBE). Ce solde est appelé revenu mixte brut pour les entrepreneurs
individuels ; dans ce cas, il représente à la fois le profit de l’entreprise et la rémunération du ménages
chef de famille. Le compte d’affectation (A) des revenus s’intéresse aux secteurs ayant perçus les
revenus primaires et non à l’activité productive ; il dégage le solde de la répartition primaire des
revenus (SRP). Le compte d’utilisation du revenu montre comment le SRP est affecté par les impôts
courants et les transferts en espèces ; le solde est appelé revenu disponible brut (RDB). Le compte
de redistribution du revenu en nature (R) présente une mesure plus large du revenu des ménages
que le RDB en intégrant les flux correspondant à des transferts sociaux en nature (prestations

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sociales en nature et transferts des biens et services non marchands individuels ; son solde porte le
nom de revenu disponible ajusté brut (RDAB). Le compte d’utilisation du revenu disponible (U)
décrit le partage entre du RDB entre consommation finale (CF) et épargne brute (EB). Le compte
d’utilisation du revenu disponible ajusté (U’) analyse le partage de RDAB entre consommation
finale effective (CFE) et épargne brute (EB). Le compte de capital décrit les opérations
d’accumulation (acquisitions moins les cessions d’actifs non financiers) et dégage un solde qui soit
une capacité de financement (CF>0) soit un besoin de financement (BF<0). Le compte financier
décrit, par type d’instruments financiers, les variations d’actifs financiers et des passifs. De manière
schématique, les éléments des différents comptes sont consignés dans le tableau 2.2. Ces éléments
représentent un aperçu général des comptes qui fait abstraction des spécificités des secteurs
institutionnels. En effet, chaque secteur institutionnel n’effectue pas toutes les opérations. Il est
donc indispensable d’y songer lorsque l’on établit les comptes d’un secteur institutionnel précis.

Tableau 2.2
Emplois Comptes d’opérations courantes Ressources

Compte de Production (P)

Consommation intermédiaire Production

Valeur ajoutée brute

Compte d’exploitation (E)

Rémunérations des salariés versées VAB

Autres impôts sur la production nets de subventions


d’exploitation

(EBE)/Revenu mixte Brut (RMB)

Compte d’affectation des revenus primaires (A)

Revenus de la propriété versés EBE/RMB

Solde des revenus primaires (SRP) Rémunérations des salaires reçues

Impôts sur la production et des


importations reçus

Subventions versées

Revenus de la propriété reçus

Compte de distribution secondaire du revenu (D)

Impôts courants sur le revenu et le patrimoine versés SRP

Cotisations sociales versées Impôts courants sur le revenu et le


patrimoine reçus
Prestations sociales autres qu’en nature versées
Cotisations sociales reçues
Autres transferts courants versés

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Revenu disponible brut (RDB) Prestations sociales autres qu’en nature
reçues

Autres transferts courants reçus

Compte de redistribution du revenu en nature (R)

Transferts sociaux en nature versés RDB

Revenu disponible ajusté brut (RDAB) Transferts sociaux en nature reçus

Compte d’utilisation du revenu disponible (U)

Consommation Finale (CF) RDB

Epargne Brute (EB) Transferts sociaux en nature reçus

Compte d’utilisation du revenu disponible ajusté (U’)

Consommation finale effective (CFE) RDAB

Epargne brute (EB)

Variations des actifs Compte d’accumulation Variations des passifs

Compte capital

Formation brute du capital fixe (FBCF) EB

Variation des Stocks Transferts en capital à recevoir (aides à


l’investissement, impôts en capital, autres
Acquisitions nettes d’objet de valeur transferts en capital) (+)
Acquisitions nettes d’actifs non financiers non produits Transferts en capital à payer (aides à
(terrains, actifs incorporels) l’investissement, impôts en capital, autres
transferts en capital) (-)
Capacité (+) ou besoin (-) de financement.

Compte financier

Acquisition nette d’actifs financiers Capacité (+) ou besoin (-) de


financement

Accroissement net des passifs

3. La particularité des comptes et des opérations dans les secteurs


Les sociétés non financières ont plusieurs particularités. Tout d’abord, elles n’ont pas de
consommation finale ; ce qui implique que le RDB est égal à l’EB. Ce secteur n’est non plus
concerné par la CFE (Consommation finale effective) ; ce qui est aussi le cas des sociétés
financières. En conséquence, ces secteurs ne présentent ni compte de redistribution du revenu en
nature ni compte d’utilisation du revenu ajusté brut. Enfin, le compte des sociétés non financières
fait apparaître des cotisations sociales reçues qui sont la contrepartie des prestations sociales
fournies directement par les employeurs à leurs salariés.

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Certaines opérations ne sont pas inscrites dans le même compte selon qu’elles sont versées ou
reçues. Nous avons le cas de la rémunération des salariés et des impôts sur la production et les
importations. Concernant la rémunération des salariés, elle est une charge liée directement à
l’activité de production ; de ce fait elle s’inscrit en emploi du compte d’exploitation de l’ensemble
des secteurs. Toutefois, elle constitue une ressource uniquement pour les ménages qui s’inscrit en
ressources du compte d’affectation des revenus primaires. Quant aux impôts sur la production et
les importations, ceux-ci frappent directement les activités de production ; ils sont donc enregistrés
net des subventions d’exploitations reçues en emploi dans le secteur compte d’exploitation. Par
contre, ils sont enregistrés en ressources net des subventions d’exploitation versées dans le compte
d’affectation des revenus primaires par les administrations publiques.

Les transferts sociaux en nature sont enregistrés dans le compte de redistribution de revenus
primaires en nature en ressources pour les ménages et emplois pour les APU et les ISBLSM. En
conséquence, la dépense de consommation finale et la consommation finale effective sont égales
au niveau de l’économie globale ; seule diffère la répartition entre ménage et APU et ISBLM.

Section 2 : Les tableaux synthétiques

La mise en relation des opérations et des secteurs institutionnels qui les réalisent permet de
construire le circuit économique de chaque pays. Chaque transaction et chaque opération génère
un flux monétaire ou réel qui peuvent être captés par des comptes. Par ailleurs, l’économie nationale
peut être représentée sous forme de tableaux synthétiques. On en distingue 3 types à savoir le
tableau économique d’ensemble (T.E.E), le tableau des opérations financières (T.O.F) et le tableau
entrée/sortie (T.E.S).

1. Le tableau économique d’ensemble


Le tableau économique d’ensemble entre dans la catégorie des comptes économiques intégrés. Ces
derniers décrivent et font la synthèse des opérations effectuées entre les différents secteurs
institutionnels, de la production à la formation de leur patrimoine en passant par leurs comptes
financiers. Il rassemble dans un même tableau les comptes de secteur en portant les secteurs
institutionnels en colonnes et les opérations en lignes.

A°/- Les comptes d’opération


Tandis qu’un compte de secteur regroupe l’ensemble des opérations effectuées par un secteur
institutionnel, un compte d’opération regroupe tous les secteurs institutionnels concernés par une
opération donnée. La comptabilisation des comptes en ligne repose sur deux conventions que sont
le principe du compte écran et le principe du compte miroir. D’après le principe du compte écran,
chaque opération donne lieu à une double écriture : ce qui est un emploi pour un secteur
institutionnel est une ressource pour un autre secteur. Le compte d’opération ne retient que, pour
chaque secteur institutionnel, le total des flux reçus (sans distinguer l’origine des fonds) ou versés
(sans que l’on sache à qui ces fonds sont versés), quelle que soit leur provenance et leur destination :
c’est le principe du compte écran. En ce qui concerne le principe du compte miroir, il est à noter
que pour les opérations de répartition et les opérations financières, l’équilibre emploi-ressources
ligne par ligne c’est-à-dire opération par opération est toujours vérifié. En revanche, si l’équilibre
emplois-ressources pour les biens et services est bien vérifié sur l’ensemble des opérations, il ne
l’est pas ligne par ligne. Ceci est dû au fait que les opérations sur produits n’ont pas le même nom
selon qu’elles sont comptabilisés en emplois ou en ressources. Par exemple, la production d’une
machine sera inscrite en ressources sur la ligne « production » et en emplois sur la ligne « formation
brute du capital fixe ». Ainsi, pour les opérations sur produits, l’équilibre ligne par ligne ne va exister
qu’au prix d’une convention comptable : la création d’un septième secteur institutionnel fictif, sorte

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de marché des biens et services. On suppose que le marché achète dans un premier temps ce qui
est produit ou importé (ce qui est inscrit en ressources en opérations de production ou
d’importation est inscrit sur la même ligne en emplois du compte de « biens et services »), et le
revend plus tard, pour la consommation, l’investissement, etc. Ces opérations sont alors inscrites
en ressources du compte de biens et services et en emplois du secteur institutionnel qui effectue la
dépense.

B°/- La présentation simultanée des comptes d’opération et des comptes de secteur dans
le TEE
Le TEE donne une synthèse des flux de toute nature (produits, revenus financiers) entre les
secteurs institutionnels ainsi qu’une présentation des comptes de patrimoine et de leur variation. Il
emprunte, pour partie, aux informations contenues dans deux autres tableaux de synthèse à savoir
le TES (tableau entrée-sorties) et le TOF (tableau des opérations financières). Au TES, le TEE
reprend une partie des informations agrégées sur les flux de produits. Il a en commun avec le TOF
des informations agrégées relatives aux flux financiers. Il présente donc le double avantage de
synthétiser la totalité des flux d’une économie donnée tout en permettant d’effectuer des liens entre
des tableaux de synthèse de constitution différente.

Le TEE a pour spécificité de récapituler dans un même tableau l’ensemble des comptes des flux
des secteurs institutionnels, dont l’inscription se fait en colonne. De même que pour les comptes
de secteurs, on inscrit les emplois des comptes courants et les variations d’actifs des comptes
d’accumulation (ou les actifs des comptes de patrimoine) sur la partie gauche du TEE et les
ressources des comptes courants et les variations de passifs des comptes d’accumulation (ou les
passifs des comptes de patrimoine) sur sa partie droite.

2. Le tableau des opérations financières (TOF)


Le tableau des opérations financières est la partie financière des comptes nationaux. Il regroupe
pour une année donnée, les comptes financiers des différents secteurs de l’économie nationale et
du reste du monde. Dans le TOF, les secteurs institutionnels sont inscrits en colonne tandis que
les opérations financières sont inscrites en lignes. La partie gauche du TOF représente les flux nets
d’actifs (ou flux nets de créances ou variations des actifs), c’est-à-dire la manière dont est placée
l’épargne financière des secteurs au cours de l’année. La partie droite concerne les flux nets de
passifs (ou flux nets de dettes ou variation des passifs), à savoir la manière dont est satisfait le
besoin de financement des secteurs. Un flux net représente la différence entre les accroissements
et les diminutions des postes considérées.

3. Le tableau entrée-sorties
Le tableau entrée-sorties est l’un des principaux tableaux de synthèse de la comptabilité nationale.
Il propose un point de vue complémentaire à celui qui prévaut dans le TEE. En effet, le TEE
fournit la synthèse des opérations de toute nature réalisée entre les secteurs institutionnels. En
revanche, le TES détaille les opérations sur produits en les décomposant en branches.

A°/- L’architecture du TES


Définition des notions d’Unité de production homogène et d’UPH
L’on définit les unités élémentaires exerçant une activité exclusive sur un produit ou un groupe de
produit à savoir les UPH (unité de production homogène). Les UPH ne sont pas associés à un
agent économique directement observable car elles résultent de la décomposition de chaque unité
institutionnelle en unités fabriquant les produits de même nature. Ainsi, une unité institutionnelle
pourra être décomposée en trois UPH si elle fabrique trois produits distincts. Une branche est
définie par le regroupement d’UPH réalisant le même produit.

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La nomenclature du TES
Le TES regroupe cinq comptes articulés. Le tableau des entrées intermédiaires (T1) est le cœur du
TES. Il est complété en ligne, à droite par le tableau des emplois finals (T2), à gauche par le tableau
des ressources en produits (T5) ; en colonne, par le compte de production de la branche (T3), qui
comprend le tableau de passage de la production des branches à la production en produits, et par
le compte d’exploitation de la branche (T4).

T5- T1-
T2-
Tableau des ressources en Tableau des entrées
Tableau des emplois finals
produits intermédiaires

T3- Compte de production


par branche

T4- Compte d’exploitation


par branche

a) Le tableau des entrées intermédiaires T1


Le tableau des entrées intermédiaires décrit les consommations intermédiaires de chaque branche
en différents produits. En principe, le tableau comprend autant de branches que de produits.
Chaque case du tableau T1 contient les valeurs des consommations intermédiaires (CI) des
branches en produits, chacune d’elles étant identifiée par un indice de ligne (produit) puis de
colonne (branche) : ainsi 𝑪𝑰𝒊𝒋 est la consommation intermédiaire en produit 𝒊 de la branche 𝒋. On
lit en ligne, les ventes (sorties) en produits ; en colonnes, les achats (entrées) des branches. La
dernière ligne du tableau contient la somme des CI de chaque branche 𝑪𝑰𝒋 . La dernière colonne
contient la somme des CI en produits 𝑪𝑰𝒊 . La somme des termes de cette dernière ligne est
identique à la somme des termes de la dernière colonne c’est-à-dire la somme des consommations
intermédiaires de l’économie. L’enregistrement des données se fait aux prix d’acquisition HT (hors
taxes) c’est-à-dire en incluant les impôts nets de subventions sur les produits (hors TVA déductible)
ainsi que les charges commerciales et de transport.

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b) Le tableau des emplois finals
Le tableau des emplois finals complète en ligne le tableau des entrées intermédiaires par des emplois
finals en différents produits : consommation finale (CF), formation brute du capital (FBCF) et
exportations (X), chacun de ses emplois étant affecté à une colonne spécifique. Le TES retrace « la
dépense de consommation finale » détaillée selon les secteurs concernés : ménages, administrations
publiques, et ISBLSM. Il fournit également le partage de la dépense de consommation des
administrations publiques entre « dépense collective » et « dépense individuelle » ; ce qui permet de
reconstituer la consommation finale effective. La FBC regroupe la FBCF, les variations de stocks
et le solde des acquisitions et des cessions d’objets de valeur. La dernière ligne du tableau des
emplois finals sert à effectuer les sommes de l’ensemble de ces emplois. La dernière colonne du
tableau des emplois finals comptabilise les emplois finals, produit par produit. Les données du
tableau des emplois finals sont enregistrées aux prix d’acquisition TTC (y compris les marges et les
taxes grevant les produits).

c) Le compte de production par branches (T3)


Situé sous le tableau des entrées intermédiaires, dans le prolongement des colonnes, il décrit les
éléments concourant à la détermination de la production des branches et de la production des
produits. La production par branche (évaluée au prix de base) est calculée par addition des CI de
chaque branche à la VAB de chaque branche (également évaluée au prix de base).

Ainsi, 𝑷𝒋 (Production de la branche j)= 𝑪𝑰𝒋 + 𝑽𝑨𝑩𝒋 d’où 𝑷𝑩𝒓 (Production totale des
branches)= 𝑷𝒋 .

d) Le compte d’exploitation par branche (T4)
A partir de la VAB des branches on peut, par déduction de la rémunération des salariés et des
autres impôts sur la production nets des subventions d’exploitation, faire apparaître la somme de
l’EBE et du RMB de chaque branche.

e) Le tableau des ressources en produits (T5)


La première colonne est affectée au report des valeurs de production distribuées en production en
produits (ligne 𝑷𝑷𝒓 ), qui sont évalués au prix de base c’est-à-dire hors impôts sur les produits, mais
y compris les subventions sur les produits. Or, les emplois sont valorisés au coût de production.
Pour que la somme des emplois d’un produit donné soit égale à la somme des ressources, il faut
donc ajouter, à la production au prix de base et aux importations CAF, les impôts (IP) nets de
subventions (SUBV) sur les produits, et les marges de commerce (MC) et de transport (MT). Une
colonne de correction CAF/FAB permet de passer à une valorisation FAB des biens importés.

La dernière colonne du tableau des ressources en produits contient les totaux des ressources par
produit de l’économie la dernière case de cette colonne, le total global des ressources.

Les équilibres ressources-emplois dans le TES


a) L’égalité des ressources et des emplois globaux
Elle s’exprime par l’égalité suivante : 𝑅 = 𝐸. Elle est présentée à l’intersection de la dernière
ligne et de la dernière colonne du tableau 5. Les ressources sont constituées de la somme des
productions par produits ( 𝑃/0 ) et importations ( 𝑀) auxquelles on ajoute les impôts sur les
produits nets de subventions ( 𝐼𝑃 − 𝑆𝑈𝐵𝑉 ). Les emplois sont, quant à eux, constitués de la
somme des consommations intermédiaires ( 𝐶𝐼), des dépenses de consommation finale ( 𝐶𝐹),
de la formation brute du capital ( 𝐹𝐵𝐶) et des exportations ( 𝑋).

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b) L’égalité des ressources et des emplois, produit par produit
Cette égalité s’exprime ainsi, R > − E> et est développée sous la forme de la relation ci-dessous :
𝑃/0@ + 𝑀@ + 𝑀𝐶@ + 𝑀𝑇@ + 𝐼𝑃@ − 𝑆𝑈𝐵𝑉@ = 𝐶𝐼@ + 𝐶𝐹@ + 𝐹𝐵𝐶@ + 𝑋@ . A la production et aux
importations en produits sont ajoutées les marges commerciales et de transport, ainsi que les
impôts nets de subventions associées à ces produits, afin d’obtenir, l’équilibre des ressources et des
emplois produit par produit, aux prix d’acquisition.

B°/- Le modèle de Leontief et les utilisations du TES


Le modèle de Leontief permet de résoudre les problèmes de détermination des productions des
branches ou des emplois en produits, connaissant la structure productive d’une économie. La
connaissance des consommations intermédiaires des branches en différents produits permet
d’analyser les interdépendances marchandes entre les branches et, de là, d’inférer grâce aux
coefficients techniques de production, les productions prévisibles. Le TES permet également, via
notamment la connaissance des coefficients techniques, de porter un diagnostic sur la structure
productive d’une économie nationale.

Les coefficients techniques de production


Nous supposons être en présence d’une économie ouverte avec des importations exogènes ;
l’économie nationale est réduite à deux branches à savoir l’agriculture (Branche B1 produisant un
bien P1) et une industrie (branche B2 produisant un produit P2). Le TES de cette économie fournit
les informations ci-dessous :

PPR M Total B1 B2 Total CIi CF FBCF 𝚫𝑺 X

100 300 400 P1 20 100 120 200 20 0 60

500 100 600 P2 10 50 60 200 100 40 200

Total CIj 30 150 180 400 120 40 260

Total CIj 30 150 180

VAB 70 350 420

PPR 100 500 600

En supposant les coefficients techniques constants, on les calcule en faisant le rapport de la CI


d’une branche j en un produit i donné par la production totale de cette branche en produits Pj, soit
𝑎@E = 𝐶𝐼@E 𝑃E . Ainsi, 𝑎FF = 𝐶𝐼FF 𝑃F = 20 100 = 0,2 ; ce qui signifie qu’il faut 0,2 unités de
produit 1 pour fabriquer une unité du produit 1. Il y a donc autant de coefficients techniques que
de cases dans le tableau des entrées intermédiaires et la matrice des coefficients techniques se
présente ainsi :

Matrice des 𝑎@E 1 2

1 𝑎FF = 0,2 𝑎FK = 0,2

2 𝑎KF = 0,1 𝑎KK = 0,1

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La modélisation de la structure économique va reposer sur des équilibres emplois-ressources par
produits ; il y aura autant d’équations qu’il existe des produits différents (ligne TES). On obtient
ainsi :
𝑃F + 𝑀F = 𝐶𝐼FF + 𝐶𝐼FK + 𝐶𝐹F + 𝐹𝐵𝐶F + 𝑋F
𝑃K + 𝑀K = 𝐶𝐼KF + 𝐶𝐼KK + 𝐶𝐹K + 𝐹𝐵𝐶K + 𝑋K

Comme il existe une relation stable entre les CI et la production par le biais des coefficients
techniques, on peut remplacer chacune des 𝐶𝐼@E par le produit du coefficient technique par la
production correspondante 𝑃E : 𝐶𝐼@E = 𝑎@E 𝑃E

Dès lors on a :

𝑃F + 𝑀F = 𝑎FF 𝑃F + 𝑎FK 𝑃K + 𝐶𝐹F + 𝐹𝐵𝐶F + 𝑋F

𝑃K + 𝑀K = 𝑎KF 𝑃F + 𝑎KK 𝑃K + 𝐶𝐹K + 𝐹𝐵𝐶K + 𝑋K

En regroupant les emplois finals selon le principe suivant et en leur soustrayant les importations,
on obtient :

𝐸𝐹F = 𝐶𝐹F + 𝐹𝐵𝐶F + 𝑋F − 𝑀F

𝐸𝐹K = 𝐶𝐹F + 𝐹𝐵𝐶K + 𝑋K − 𝑀K

et, en remplaçant les coefficients techniques par leur valeur, on obtient les équations suivantes :

𝑃F − 0,2𝑃F + 0,2𝑃K + 𝐸𝐹F


𝑃K − 0,1𝑃F + 0,1𝑃K + 𝐸𝐹K

Ce système de deux équations permet de déterminer les productions futures si l’on connaît des
emplois finals (donnés de façon exogène).

Les utilisations prévisionnelles du modèle de Leontief


Le système de Leontief qui comporte autant d’équation que de produits peut s’écrire sous la forme
matricielle :

𝑃 = 𝐴 𝑃+𝑌

avec 𝑃, le vecteur colonne des productions, 𝐴, la matrice des coefficients techniques et 𝑌, le vecteur
colonne de la demande finale. Si l’on recherche 𝑃, connaissant le vecteur 𝑌, on écrira : 𝑃 =
(𝐼 − 𝐴)OF 𝑌.

Le TES, outil de diagnostic structurel


Traditionnellement, le TES répond à trois types d’évaluation en termes de diagnostic structurel : la
hiérarchisation des branches, le repérage des filières et l’étude de la spécialisation de l’appareil
productif.

La démarche de la hiérarchisation des branches conserve le découpage de l’appareil productif en


branches et produits. Il s’agit de classer les branches en repérant celles qui ont un effet amplificateur
(branches dites motrices) ou au contraire un effet atténuant, voire simplement un effet équilibré

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vis-vis du reste du monde. Le TES permet de faire apparaître des interdépendances plus ou moins
fortes, lisibles à travers les coefficients techniques. Les ratios qui aident à faire le diagnostic de la
structure de l’économie nationale sont les suivants :
§ Taux de dépendance d’une branche 𝑗 en un produit 𝑖 donné : 𝐶@E /𝐶E . Il s’agit ici de la série des parts
de chaque produit dans les consommations intermédiaire d’une branche 𝑗.
§ Taux global d’interdépendance d’une branche 𝑗: 𝐶𝐼E = 𝐶𝐼. Il représente la part de l’ensemble des
consommations intermédiaires de la branche 𝑗 dans l’ensemble des consommations
intermédiaires de l’économie et informe de la relation plus ou moins forte qui lie la branche aux
autres via ses relations d’achats.

Le fondement de la notion de filière réside dans sa relative autonomie par rapport au reste de
l’économie. Partant des nomenclatures des produits (plus ou moins désagrégées), et des relations
achat-vente entre branches, il s’agit d’effectuer des regroupements pertinents de branches (aucune
filière ne renvoie strictement aux branches). Il est convenu qu’une branche donnée appartient à
une filière si ses consommations intermédiaires proviennent majoritairement des branches qui
constituent ladite filière. Cette méthode se justifie pour au moins deux raisons : la première est la
nature des relations techniques (utilisations des consommations intermédiaires identiques) et par
des raisons économiques (part des consommations intermédiaires dans les coûts de production).

Le TES peut être utilisé pour dans l’étude de la spécialisation des activités économiques et la
détermination des activités stratégiques. Ce diagnostic peut porter sur la structure interne d’une
part, sur les relations internationales d’autre part. La structure interne de l’appareil productif peut
être appréciée à partir des différents ratios suivants (liste non exhaustive) :
§ La part de la production de chaque branche affectée aux consommations intermédiaires et aux emplois finals est
appréhendée à partir des ratios respectifs : 𝐶@ /𝑃@ ; 𝐸𝐹@ /𝑃@ ;
§ La structure des emplois finals par produit (𝐸𝐹@ 𝐸𝐹) ou de la consommation finale par produits
(𝐶𝐹@ 𝐶𝐹) ;
§ Les contributions respectives des différentes branches à la VAB : (𝑉𝐴𝐵E 𝑉𝐴𝐵)

En matière de spécialisation internationale, le TES fournit tout d’abord l’évaluation du solde


commercial global et des soldes des échanges commerciaux par produits. Il permet également de
calculer :
§ Le taux de couverture global : 𝑋 𝑀 ;
§ Le taux de couverture produit par produit 𝑋@ 𝑀@ qui indique la spécialisation relative selon les
produits ;
§ Le taux de dépendance global à l’importation : 𝑀 𝑃𝐼𝐵 ;
TU
§ Le taux de dépendance à l’importation en divers produits : ;
VWXU Y Z/O[\XV U YT]U YT^U
§ Le taux de dépendance global à l’exportation : 𝑋 𝑃𝐼𝐵 ;
_U
§ Le taux de dépendance à l’exportation par produits :
VWXU Y Z/O[\XV U YT]U YT^U

Le TES permet en outre de distinguer les secteurs exposés à la concurrence des secteurs abrités à
la concurrence en utilisant le ratio de la part des importations des vis-à-vis du marché intérieur de
la branche. Ce dernier est encore appelé taux de pénétration étrangère sur le marché intérieur :
𝑀@
𝑚=
𝑃ab@ + 𝑀@ − 𝑋@

Par contre, l’effort à l’exportation est appréhendé par le rapport suivant :

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𝑋@
𝑥=
𝑃ab@ + 𝑀@ − 𝑋@

Section 3 : Les agrégats et ratios caractéristiques de l’économie


Le T.E.E permet de dégager les agrégats de l’économie nationale et les ratios caractéristiques de
cette économie.

1. Les agrégats de la comptabilité nationale


Les agrégats sont des grandeurs globales et synthétiques qui caractérisent (mesurent) l’activité
économique de l’ensemble des secteurs institutionnels résidents. Il s’agit du :
§ Produit intérieur brut : (PIB)
§ Produit national brut : (PNB)
§ Revenu national brut : (RNB)
§ Revenu national disponible brut : (RNDB)

A°/- Le produit intérieur brut


Définition
Le PIB est l’ensemble des biens et services produits dans un pays au cours d’une période donnée
(généralement un an) par les unités résidentes.

Méthode de calcul
Le PIB peut être calculé de trois manières selon qu’on privilégie l’optique production, l’optique
demande et l’optique revenu.

a) L’optique production :

PIB = ∑ VA + Impôt sur les produit (TVA) – Subventions sur produits.

b) L’optique demande :

PIB = CF + FBCF + ∆S + X – M

c) L’optique revenu

PIB = Rémunération des salariés + excédent brut d’exploitation + impôts liés à la production et à
l’importation – subventions liées à la production et à l’importation + Revenus Mixtes Brutes

PIB Nominal – PIB Réel



Le PIB nominal évalue la production des biens et services à prix courants c’est-à-dire au prix en
vigueur au cours de la période donnée. Le PIB réel, quant à lui, évalue la production des biens et
services à prix constants. Pour avoir les prix constants, l’on choisit une année comme année
référence (année de base), année à partir de laquelle on apprécie l’évolution des prix. Le PIB réel
évalue donc la richesse réellement créée au cours d’une période donnée.

PIBNt
PIBRt = * Déflateur PIB de l ' année de base
Déflateur PIBt

Le déflateur du PIB est un indicateur statistique qui permet de capter l’indice de prix (le niveau des
prix) au cours d’une période donnée.

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B°/- Le Produit National Brut (PNB)
Le PNB évalue la production des nationaux qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur du pays.
PNB = PIB + Revenus facteurs reçus du reste du monde – Revenus de facteurs versés au reste
du monde

C°/- Le Revenu National Brut (RNB)


RNB = PNB + Subventions reçues du monde – Impôts à la production et aux importations versés
au reste du monde

D°/- Le Revenu National Disponible Brut


RNDB = RNB + autres transferts reçus du reste du monde – autres transferts versés au reste du
monde

2. Les ratios caractéristiques de l’activité économique


L’on distingue les ratios de comportement et les ratios critiques

A°/- Les ratios de comportement

Ils décrivent le comportement d’une catégorie d’agents c’est-à-dire qu’ils ont un caractère sectoriel.
On distingue successivement les ratios relatifs aux SQSNF et ceux relatifs aux ménages.

a) Ratios relatifs aux sociétés et quasi société non financières (SQSNF)


Nous pouvons citer :
ded
◘ Le taux de marge : ×100 qui est un indicateur du partage salaires/profits.
fg
ieji
◘ Le taux d’investissement : ×100. Il représente la part de la richesse créée par les SQSNF
fg
destinée à l’investissement.
de
◘ Le taux d’épargne : ×100. Il représente la part de la richesse créée par les SQSNF consacrée
fg
à l’épargne.
de
◘ Le taux d’autofinancement : ×100 qui mesure la capacité des entreprises à investir sans
ieji
avoir recours à des financements extérieurs.

b) Ratios relatifs aux ménages


Nous avons :
dklmnop
◘ Le taux d’épargne : ×100 qui est la part du revenu consacré à l’épargne.
qre
jlkls>té vp w>olospxpot
◘ Le taux d’épargne financière : ×100 qui représente la part du revenu
qre
investi en épargne financière.

B°/- Les ratios critiques


Ils servent à décrire un état général de l’économie. On calcule ainsi à partir de compte de capital :
yX
◘ Le taux d’épargne de la nation :
/ZX
zX]z
◘ Le taux d’investissement :
/ZX


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