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LABORATOIRE D’ECONOMIE APPLIQUEE

(L.E.A)

THESE DE DOCTORAT

FRAGILITE DES BANQUES ET EQUILIBRE


MACROECONOMIQUE

(Revue de littérature de l’essai1)

Présentée par :

Armel Alvine ONDO MBA

Sous la direction de :

Albert ONDO OSSA

Agrégé des Facultés des Sciences Economiques et de Gestion

Professeur Titulaire

Décembre, 2018
Question de recherche : la fragilité des banques détériore-t-elle l’équilibre
macroéconomique des pays ?

2
Déclinaison des essais

Essai 1 :
Les indicateurs et les déterminants de la fragilité des banques en zone
franc africaine

Essai 2 :
L’analyse des effets de la fragilité des banques sur l’équilibre financier
en zone franc africaine

Essai 3 :
L’analyse des effets de la fragilité des banques sur l’équilibre réel en zone
franc africaine

3
Essai 1 :
Les indicateurs et les déterminants de la fragilité des banques en zone
franc africaine

4
Question de recherche de l’essai1 : Quels sont les indicateurs et les
déterminants de la fragilité des banques en zone franc africaine ?

5
Plan

I – L’analyse des indicateurs et des déterminants de la fragilité


spécifique des
banques………………………………………………………………………………..9

1.1 – Les indicateurs de la fragilité spécifique des banques…………………


9

1.1.1 – Les indicateurs comptables de la fragilité des banques……………


10

1.1.2 – Les autres indicateurs de la fragilité des


banques…………………..18

6
a – La distance au
défaut……………………………………………………………..19

b – Le spread de la dette
subordonnée…………………………………………….22

1.2 – Les déterminants de la fragilité spécifique des


banques………......26

1.1.1 – Les bilans des banques………………………………………………….…26

1.1.2 – La gouvernance des banques………………………………………………


29

a – La gouvernance interne des banques…………………………………………


29

b. – La mauvaise gestion interne des


banques………………………………....31

II – L’analyse des indicateurs et des déterminants de la fragilité


systémique des banques………………………………………………………………
34

2.1 – Les indicateurs de la fragilité systémique des banques…………….34

2.1.1 – La baisse du taux de croissance du


Pib………………………………….34

2.1.2 – L’augmentation de l’inflation…………………………………………….36

2.2 – Les déterminantes de la fragilité systémique des


banques………...39

2.2.1 – La structure bancaire et le cadre réglementaire des


banques…...39

a – La structure
bancaire……………………………………………………………..39

7
b – Le cadre réglementaire……………………………………………………………
41

2.2.2 – La libéralisation financière……………………………………………..…


43

a – Le comportement de prise de risque excessive……………………………


43

b – Le comportement de
spéculation……………………………………………..45

8
Introduction

L’objet de la présente revue de littérature est d’analyser les indicateurs et les


déterminants de la fragilité des banques dans le cadre des pays de la zone
franc Africaine. Ainsi, elle s’organise en deux grands principaux axes. Le
premier axe s’attellera à faire une analyse des indicateurs et déterminants de
la fragilité spécifique des banques, et le second axe, s’intéressera à l’analyse
la fragilité systémique des banques à travers ses indicateurs et ses
déterminants.

I – L’analyse des indicateurs et les déterminants de la fragilité


spécifique des banques

L’analyse des indicateurs et des déterminants de la fragilité spécifique des


banques insiste sur le rôle joué par les données propres aux banques dans
évaluation et explication de la fragilité des banques. Ainsi, nous envisagions
montrer tout d’abord dans cet axe la fragilité endogènes (ou spécifiques) des
banques à travers l’analyse, d’une part, ses indicateurs (1.1), et de ses
déterminants, d’autre part (1.2).

1.1 – Les indicateurs de la fragilité spécifique des banques

9
Un indicateur est un outil d’évaluation et d’aide à la décision. Il cherche à
traduire un phénomène ou un concept sous la forme d’un chiffre ou d’un
signal et de rendre l’information assimilable en vue d’établir des
comparaisons dans le temps ou l’espace (Boutaud, 2015).

L’indicateur de fragilité financière permettra en effet de signaler les faiblesses


et les vulnérabilités d’un système bancaire plutôt que de chercher à prédire
l’occurrence de crise1 qui est généralement, dans le cas de petits pays et
étant donné l’étendue du contrôle national, la conséquence de chocs
externes (Mannasoo2, 2004 ; Zouari, 2005) .

De ce fait, les indicateurs de la fragilité spécifique des banques qui relèvent


des aspects suivant la crise à savoir : la prise de risque excessive des
banques, le problème d’aléa moral et du comportement spéculatifs, se
fondent sur les informations des bilans bancaires et les informations du
marché pour mesurer et évaluer la fragilité endogène des banques (Bongini
et al, 2002 ; Zouari, 2005).

Nous présentons tour à tour les indicateurs comptables des banques et les
autres indicateurs de la fragilité spécifique des banques.

1.1.1 – Les indicateurs comptables de la fragilité bancaire

la plupart des études qui analysent les indicateurs comptables de la fragilité


des banques se base sur le cadre CAMEL 3, couramment utilisé par les

1
La littérature relative aux crises bancaires s’attache de façon particulière à identifier et à décrire les
crises mais ne permet pas, pour des pays où la crise est rare voire inexistante, d’évaluer la fragilité de
leur système bancaire. En effet, si un pays n’a pas connu de crise, cela ne signifie pas que son
système bancaire est resté constamment sain et solide : les banques peuvent traverser des mauvaises
ou de bonnes périodes en enregistrant des degrés de pression faible ou élevée (Zouari,2005).
2
Mannasoo (2004) a calculé un indicateur composite de fragilité du secteur financier estonien à partir
de quatre sous indicateurs : la liquidité, le risque crédit, le capital et les indicateurs de fragilité
structurelle. Pour chaque sous-indicateur il retient des variables de mesure.
3
Le cadre CAMEL a été développé en vue d’être utilisé par les autorités de supervision pour noter les
banques supervisées. Elles doivent noter chaque banque pour chacun des 5 aspects du cadre, entre
1(meilleure note) et 5(pire des notes), et utiliser ces notes pour calculer une note synthétique dans le
même intervalle, de 1 à 5. Les banques dont la note est mauvaise (4 et 5) doivent être supervisées
beaucoup plus souvent que celles dont leur note est bonne (1 à 3). Les cinq éléments du cadre CAMEL

10
autorités de supervision bancaire, et qui prend en considération des aspects
majeurs de la santé financière du bilan des banques (Thomson, 1991 ;
Hilbers et al, 2000 ; Bastan et al, 2018). Ainsi, nous présentons tour à tour,
le niveau des fonds propres, la qualité des actifs, la qualité de la gestion, les
profits, la liquidité.

a – Le niveau fonds propres

La suffisance des fonds propres, dans la supervision bancaire, fait référence


à un niveau adéquat de la part des actionnaires dans les risques pris par la
banque (Gonzalez-Hermosillo, 1999 ; Delaie, 2012).

L’adéquation des fonds propres est l’un des indicateurs les plus importants
de la santé financière du secteur bancaire car elle garantit la capacité de ce
secteur à absorber les pertes éventuelles générées par la manifestation de
certains risques ou de certains déséquilibres macroéconomiques importants
(Roman et al, 2013 ; Chiaramonte et Casu, 2016 ; Merilinen, 2016).

Une banque dont le niveau des fonds propres est faible est moins protégée
contre les pertes sur son portefeuille d’actifs qu’une banque dont le niveau
des fonds propres est plus élevé. En fait, les fonds propres constituent un
tampon qui absorbe les pertes dues à des chocs ou des mauvaises
allocations de ressources. Lorsque les pertes surviennent, une banque peut
devenir insolvable si son capital était nul ou faible bien avant les pertes. Car,
cette banque ne peut pas faire face à ses dettes qui deviennent plus élevées
que ses actifs (Wheelock et Wilson, 2000 ; Merilinen, 2016 ; 2010 ; Habba,
2016).

C’est l’une des raisons pour lesquelles les banques et toute autre entreprise
maintiennent le niveau des fonds propres supérieur à zéro, en vue de faire
face à toute perte éventuelle. Le niveau de fonds propres à maintenir doit
dépendre du niveau de risques auxquels une banque fait face. C’est

sont : suffisance des fonds propres (capital adequacy) ; qualité des actifs (asset quality) ; gestion
(management) ; rentabilité (earning) ; liquidité (liquidity). Ces éléments permettent d’´évaluer la
vulnérabilité d’une banque à des risques financiers ou chocs externes (Cadet, 2009).

11
pourquoi, dans l’accord de Bale II, le niveau de fonds propres requis dépend
des actifs pondérés aux risques.

En effet, A cause de leurs activités d’intermédiation financière, les banques


sont exposées à des risques financiers, et peuvent faire des pertes dues à des
chocs adverses (Wheelock et Wilson, 2000). Cependant, lorsque le niveau des
fonds propres d’une banque est suffisamment élevé, cela permet à la banque
de survivre en dépit des chocs (Lanine et Vennet, 2006).

Dans la plupart des études utilisées pour mesurer l'adéquation (ou niveau)
des fonds propres, le ratio des fonds propres est composé du ratio du capital
total sur l'actif total. L'évaluation de l'adéquation des fonds propres est
effectuée également à l'aide d'autres ratios significatifs, tels que : le ratio
capitaux propres / total des actifs, le ratio capitaux propres / prêts nets ou
le ratio capitaux propres / dettes (Bastan et al, 2018).

Selon, (Cantor et Johnson 1992 ; Brewer et al, 1996), deux ratios sont
considérés comme étant plus pertinents pour mesurer le niveau de fonds
propres des banques notamment, Le rapport entre le montant des fonds
propres au total actif, d’une part, et le ratio de solvabilité, d’autre part.

Le ratio de solvabilité en fait est d'une mesure plus précise du niveau des
fonds propres à couvrir les risques pris par les banques. Les actifs pris en
considération dans le calcul du ratio sont pondérés en fonction de leur
risque. En effet, les actifs sont classés, dans une première étape, dans
plusieurs catégories selon le niveau de risque associé aux sous-jacentes,
suite des coefficients de pondération sont déterminées en fonction du risque
de chaque catégorie. La somme des actifs pondérés en fonction du faire la
base du calcul de la solvabilité (Habba, 2016).

Il convient cependant de noter que même si la détention d'un capital


supérieur ou de qualité renforcer la solidité bancaire, principalement en
réduisant leur probabilité d'insolvabilité (Cebenoyan et Strahan, 2004), il
peut également constituer une incitation à un comportement excessif de
prise de principalement à des problèmes d'aléa moral qui pourraient, à leur

12
tour, entraîner une hausse des taux des montants des prêts improductifs
(Jensen et Meckling, 1976).

Au terme de l’analyse, nous pouvons retenir que niveau des fonds propres
détermine en dernier ressort dans quelle mesure les institutions financières
peuvent faire face aux chocs affectant leur bilan. Il est donc utile de suivre
les ratios de fonds propres qui reflètent la capacité des banques à absorber
les pertes éventuelles générées par la manifestation de certains risques ou de
certains déséquilibres macroéconomiques importants. Par conséquent, un
faible niveau de fonds propre est un indicateur de fragilité des banques du
fait qu’il renseigne sur l’incapacité des banques à couvrir leurs pertes en cas
de choc, pouvant conduire à leur insolvabilité.

b – La qualité des actifs bancaire.

La qualité des actifs est un élément important qui mesure la fragilité d’une
banque et est directement liée à l'adéquation des fonds propres car la
plupart du temps, les risques de solvabilité sont déterminés par la
dépréciation des actifs (FMI et Banque mondiale, 2005).

En effet, la plupart des actifs des banques sont des prêts ou des placements
qui visent à générer des profits pour la banque. Lorsque la qualité des actifs
d’une banque est faible, c’est-à-dire, lorsque les actifs génèrent des pertes, la
banque peut devenir insolvable. Les indicateurs de la qualité des actifs sont
généralement des ratios financiers relatifs au portefeuille de crédits, vu que
le crédit constitue la principale activité des banques (Wheelock et Wilson,
2000).

Le portefeuille de crédit bancaire étant le moins liquide de actifs bancaire.


Partant de ce fait, la qualité du portefeuille de crédit est surtout un risque
que l'emprunteur ne rembourse pas sa dette à l'échéance fixée (Habba,
2016). Ainsi, la faiblesse de la qualité des actifs bancaire augmente la
probabilité de la fragilité bancaire car c’est une importante source de perte.

Les crédits distribués représentent 10 à 15 fois le montant des capitaux


propres d'une banque et que les flux de trésorerie générés par cette activité

13
peuvent avoir une influence très significative sur l'évaluation des firmes
bancaires (Wahlen, 1994).

Mais le problème classique qui est apparu dans ce cas est que les données
sur le portefeuille de crédits sont spécifiques à la banque et ont de chances
de ne pas être à la disposition des praticiens de l'évaluation au moins avec
un degré d'exactitude semblable à celui qui apprécie les dirigeants.

Dans cette perspective, Docking, Hirschey et Jones (1997) montrent que le


montant des provisions pour risque de défaut, dans le bilan et le compte de
résultat de la banque, peut réduire cette asymétrie informationnelle en
livrant un message sur les probabilités de défaut de crédit telles que les
dirigeants croient dans l'avenir.

La profession bancaire est, certes, un métier de risques. Une banque ne peut


fonctionner sans prendre des risques. Cependant, le niveau des risques de
son portefeuille d’actifs doit être faible, afin d’éviter la défaillance bancaire.
C’est pourquoi, une banque ne doit pas, par exemple, concentrer son
portefeuille de crédits dans un secteur d’activité. Le faire, c’est déjà une
indication de la faiblesse de la qualité du portefeuille de crédits, et des actifs
en général (Wheelock et Wilson, 2000).

Dans le cas des établissements bancaires, la qualité des actifs est


déterminée notamment par la qualité des prêts, car cette catégorie d'actifs
représente une part importante du bilan global d'une banque. En générale,
la qualité des prêts est mesurée au moyen du ratio prêts non productifs /
total des prêts, qui reflète la part des prêts non performants dans le total des
prêts octroyés à une banque. Un autre indicateur significatif dans
l’évaluation de la qualité des actifs est le ratio du total des prêts sur le total
des actifs. Normalement, dans le cas d’une banque, les prêts représentent la
partie la plus importante de l’actif, mais un ratio élevé reflète également une
structure d’actif plus sensible aux pertes sur prêts (Mannasoo et Mayes,
2009 ; Arena, 2008 ; Wheelock et Wilson, 2000).

c – La gestion

14
Une saine gestion est un élément capital de la santé des banques, mais il est
difficile de la mesurer. Il s’agit principalement d’un facteur qualitatif
applicable à chaque institution. Toutefois, le regroupement de plusieurs
indicateurs peut donner comme le font les mesures de l’efficience un
indicateur de la qualité de la gestion (Hilbers et al, 2000).

La qualité de gestion revêt une grande importance pour l'assurance de la


santé et de la stabilité des banques. Dans certaines études consacrées à
l'évaluation des performances des banques, ce paramètre qualitatif naturel
n'est pas considéré en tenant compte des difficultés de mesure rencontrées,
alors que dans d'autres études, la qualité de la gestion est exprimée par le
biais du DEA.

Malgré tout, davantage d’indicateurs peuvent être utilisés pour évaluer la


qualité de la gestion, à savoir : les frais d’exploitation exprimés en
pourcentage du total des actifs, les intérêts débiteurs sur les dépôts, les frais
autres que d’intérêts correspondant à la somme produite autres que
d’intérêts, charges de personnel par rapport à la moyenne de l’actif et ratio
coût / revenus (Avkiran et Cai, 2012 ; Gunsel, 2007).

La gestion d’une banque peut être de bonne qualité ou de faible qualité. Elle
est de bonne qualité lorsqu’elle permet à la banque de maximiser ses profits
par une allocation optimale de ses ressources, tout en limitant sa
vulnérabilité aux risques. Une banque dont la gestion est de bonne qualité
est donc robuste à faire face aux risques. Il s’agit donc d’une banque dont la
gestion est efficiente.

Il est important de considérer, dans la définition d’une bonne gestion


bancaire, la manière dont une banque gère les risques. Car, un actif dont le
rendement espère est élevé peut aussi provoquer des pertes énormes `a une
banque si les risques associés à cet actif se réalisent. Une banque ne doit
pas considérer uniquement “le rendement espère” comme critère pour
allouer ses ressources à des actifs. Elle doit considérer aussi le degré de

15
risque associé aux actifs, ainsi que l’impact de chacun de ces actifs sur le
risque global de son portefeuille.

Alors qu’il est facile d’identifier les indicateurs des autres facteurs de
défaillance bancaire spécifique aux banques, ce n’est pas le cas pour la
gestion. C’est ce qui, probablement, explique que peu d’études empiriques
sur la défaillance bancaire considèrent la gestion.

Nous soulignons, toutefois, que certaines études utilisent aussi des variables
financières comme indicateurs de la qualité de la gestion. C’est le cas de
Thomson (1991) qui mesure la qualité de la gestion par le ratio du crédit aux
administrateurs et employés de la banque sur le total des actifs. Les
résultats de Thomson (1991) indiquent que la probabilité de défaillance
bancaire est affectée par la gestion bancaire. Molina (2002) a aussi utilisé
une variable financière pour mesurer la qualité de la gestion bancaire. Son
indicateur de gestion est un indice défini comme suit : (Dépenses de salaires
+ Coût d’exploitation - Contributions FOGADE)/ Revenu financier 4. L’indice
de Molina (2002) explique significativement la défaillance bancaire, suivant
les résultats de son étude.

Wheelock et Wilson (2000) ont utilisé ces deux méthodes pour mesurer la
qualité de la gestion des banques. Ils ont estime l’efficience en coût en
utilisant un modèle d’analyse des frontières stochastiques. Ils ont aussi
mesuré l’efficience technique, à partir de la méthode DEA. Les résultats de
Wheelock et Wilson (2000) révèlent que l’inefficience augmente le risque de
défaillance et réduit la probabilité d’acquisition bancaire. D’autres études,
telle que celle de Barr et al. (1994), ont montré qu’une mauvaise gestion est
un facteur de défaillance bancaire. Barr et al. (1994) ont utilisé la méthode
DEA pour mesurer la qualité de la gestion, et ont trouvé que cette mesure
différencie significativement les banques qui ont survécu de celles qui ont
fait faillite.

d – La rentabilité
4
FOGADE est le sigle des Fonds de Garantie des Dépôts et de la Protection Bancaire (traduit par
nous). Le nom de cette agence, en espagnol, est : Fondo de Garantia de Depositos y Proteccion
Bancaria.

16
La rentabilité est la capacité de tirer profit de toutes les activités
commerciales d’une organisation, d’une entreprise ou d’une entreprise. Il
montre avec quelle efficacité la direction peut réaliser des bénéfices en
utilisant toutes les ressources disponibles dans marché (Harward et Upton,
1991).

En effet, Etant donné que les fonds propres constituent un important


tampon pouvant absorber des pertes, la rentabilité doit renflouer les fonds
propres pour qu’une banque puisse être robuste à faire face à d’éventuelles
pertes. Lorsqu’une banque n’est pas rentable, ses pertes érodent ses fonds
propres. A cause de ses pertes, une banque peut devenir insolvable, et peut
ne pas être en mesure de payer ses créditeurs tels que les déposants, la
banque centrale et d’autres banques (Thomson 1991 ; Wheelock et Wilson,
2000 ; Molina 2002).

Dans la littérature, la rentabilité des banques est généralement mesurée par


le rendement des actifs (ROA), le rendement des fonds propres (ROE), et / ou
les marges nettes d’intérêts (NIM). Pour toute banque, le ROA dépend des
décisions de politique de la banque ainsi que des facteurs incontrôlables liés
à l'économie et à la réglementation gouvernementale. De nombreux
régulateurs pensent que le ROA est la meilleure mesure de la rentabilité des
banques (Hassan et Bashir, 2003).

Rivard et Thomas (1997) suggèrent que la rentabilité est mieux mesurée par
le ROA car le ROA n’est pas faussé par des multiplicateurs d’équité élevés et
le ROA représente une meilleure mesure de la capacité de l'entreprise à
générer des rendements sur son portefeuille d'actifs.

ROA donne une idée quant à l'efficacité de la gestion à utiliser ses actifs pour
générer des bénéfices. Calculé en divisant le chiffre d'affaires annuel d'une
entreprise le bénéfice par son actif total, le ROA est affiché en pourcentage.
Parfois, on parle de "retour sur actif". Des études antérieures sur
l'adéquation des fonds propres en tant que déterminant de la rentabilité des
banques ont révélé qu'un niveau élevé de fonds propres Le ratio d'adéquation

17
devrait signifier une banque qui opère avec trop de prudence et ignore les
transactions potentiellement rentables.

Par conséquent, la tendance à la baisse des indicateurs de rentabilité peut


signaler des problèmes concernant la solvabilité des institutions financières.
D'autre part, la rentabilité anormalement élevée peut-être le signe d'une
prise de risque excessive.

Lorsque la baisse de la rentabilité bancaire se maintient dans le temps, les


banques sont de plus en plus exposées au risque d'insolvabilité et aux chocs
aléatoires. Afin d'obtenir une image plus claire de la durabilité des bénéfices
et de l'ampleur de la prise de risques par les institutions financières, il est
utile d'examiner les sources de rentabilité telles que les revenus net
d'intérêts, les commissions, les opérations et les résultats de change et
autres produits d'exploitation. De même, les ratios de dépenses peuvent
révéler des sources de problèmes de rentabilité (Zaghdoudi, 2015).

e – la liquidité

Quel que soit le secteur dans lequel évolue une firme, elle doit maintenir un
niveau de liquidité suffisant pour pouvoir faire face à d’éventuelles dépenses
urgentes. Parce que les banques utilisent des dépôts de court terme pour
accorder du crédit à long terme, elles sont plus vulnérables au risque de
liquidité que les firmes non financières. Si, dans une banque, une trop forte
proportion des dépôts est transformée en prêts à long terme, cette banque
risque de ne pas pouvoir faire face aux retraits des déposants ; ce qui peut
occasionner une panique bancaire. En effet, le problème de liquidité d’une
banque peut affecter tout le système bancaire.

Certaines études empiriques ont examiné le rôle du niveau de liquidité


comme facteur de défaillance bancaire. Wheelock et Wilson (2000) mesurent
la liquidité par le ratio de la différence entre les fonds fédéraux achet ´es et
vendus sur le total des actifs. Les résultats suggèrent que la liquidité réduit
la probabilité de défaillance bancaire et la probabilité d’acquisition. Logan
(2001) a défini un autre indicateur de liquidité ; il s’agit de la différence entre

18
les actifs de court terme et les passifs de court terme. Logan (2001) a trouvé
les mêmes résultats que Wheelock et Wilson (2000) ; la liquidit´e réduit la
probabilité de défaillance. Arena (2008) a testé le ratio des actifs liquides sur
le total des passifs, comme indicateur du niveau de liquidité. Les résultats
de son étude révèlent que la liquidité réduit la probabilité de défaillance
bancaire en Amérique Latine et en Asie de l’Est.

Par ailleurs, des institutions financières jugées au départ solvables peuvent


êtres entrainées vers la faillite à cause de la mauvaise gestion de la liquidité
à court terme. Les banques doivent être en mesure de maintenir un niveau
de liquidités suffisant pour respecter leurs obligations financières en temps
opportun, et doivent être capables de liquider leurs actifs rapidement avec
un minimum de perte (Zaghdoudi, 2015 ; Hilbers, 2000 ; Roman et al,
2013).

1.1.2 Les autres indicateurs de la fragilité spécifiques des banques

Du point de vue de la supervision, les prix des titres émis par les banques
sont intéressants car ils peuvent compléter ou même se substituer aux
données comptables traditionnelles dans l'évaluation de la fragilité des
banques (Gropp et al, 2004).

Les prix du marché peuvent résumer efficacement toutes les informations


disponibles dans un indicateur pratique. De plus, l'information sur le
marché est disponible à très haute fréquence. Les informations sur le
marché sont également plus orientées vers l'avenir que les données
comptables. Par conséquent, il a été proposé que les superviseurs utilisent
ces signaux comme des dispositifs de détection ou des intrants dans des
modèles d'alerte précoce destinés à identifier les banques, qui devraient être
examinés de plus prêt.

Pour que les indicateurs de marché fournissent des informations utiles aux
superviseurs, ils doivent fournir des signaux facilement interprétables et
donner un signal de fragilité des banques accrue si (Gropp et al 2002, 2004)

1°) si la valeur de l'actif de la banque baisse ;

19
2°) si la volatilité des actifs augmente

3°) si l'effet de levier augmente.

Nous nous proposons de voir dans, un premier temps, la distance au défaut


avant de voir le spread de la dette subordonnées comme indicateurs de
marché de la fragilité bancaire.

a – La distance au défaut (ou à la défaillance)

La distance au défaut est définie comme la différence entre la valeur


marchande actuelle des actifs d’une entreprise et point de défaillance estimé,
divisé par la volatilité des actifs (Gropp et al, 2006 ; Anna et al, 2010 ; Nagel,
2017).

La stabilité financière5 est devenue une priorité du travail de surveillance


financière, et parmi les outils quantitatifs utilisés pour évaluer la stabilité
financière, les banques centrales et les institutions financières
internationales encouragent le recours à des mécanismes de marché pour
mesurer le risque des banques et des entreprises non financières (Tudela et
Young, 2003 ; Chan-Lau, 2006).

Les prix des titres sont disponibles à une fréquence élevée et même en temps
réel. En revanche, les données de bilan sont disponibles avec des décalages
et sont déclarées sur une base trimestrielle uniquement. Ainsi, des mesures
basées sur les risques du marché ont été jugés plus fiables que d’autres
mesures reposant sur des états financiers (Hillegeist, Keating, Cram et
Lundstedt, 2004).

Les décideurs politiques ainsi que les régulateurs bancaires s'appuient de


plus en plus sur des mesures de solidité pour compléter les indicateurs
comptables. A cet effet, distance au défaut, parmi les mesures fondées sur le
5
La stabilité financière se définit comme la capacité du système financier à absorber des chocs sans
provoquer de processus cumulatif qui empêche l'allocation des financements ou le paiement des
transactions (Desquilbet,2013). En d’autres termes, la stabilité financière, au sens de stabilité du
système financier, renvoie non seulement à l'absence de crise financière, mais aussi à la capacité du
système à prévenir l'apparition d'événements déstabilisateurs, à contenir leur portée, et à éviter qu'ils
ne mettent en péril l'activité économique générale lorsqu'ils se produisent (Vivier-Lirimont, 2008).

20
marché, a gagné en importance ces dernières années, en partie à cause de
sa mise en œuvre commerciale réussie par Moody's KMV (Jorge et al, 2006).

Cette mesure du risque de crédit est basée sur le modèle de Merton (1974),
qui modélise l’équité d’une entreprise comme une option d’achat sur la
valeur des atouts. Le prix d’exercice est égal à la valeur du passif puisque
l’entreprise est en défaut de paiement sa valeur d'actif tombe en dessous de
la valeur nominale de sa dette. Par conséquent, La mesure de distance par
défaut est donc associée à la probabilité que la valeur des du marché actifs
d’une banque est inférieure à la valeur de sa dette.

En outre, la valeur nominale de la dette est supposée égale à la somme des


passifs à court terme et plus la moitié du passif à long terme, tel qu’il ressort
des données du bilan. De ce fait, La distance au défaut augmente soit
lorsque la valeur des actifs augmente ou lorsque la volatilité des actifs
diminue. Une augmentation par défaut signifie que la banque s'éloigne du
point par défaut et que la faillite devient moins probable (Gropp et al, 2006).
Et inversement, lorsque la valeur des actifs baisse ou lorsque la volatilité des
actifs augmente, la distance au défaut diminue et la banque s’approche du
point de défaut correspondant à une période de fragilité bancaire.

Étant une mesure de détresse basée sur le marché, la distance au défaut a


l'avantage de contenir les attentes des acteurs du marché. Gropp et al.
(2004, 2006) soutienent que, en ce qui concerne les banques, la distance au
défaut peut être une mesure particulièrement appropriée et globale du
risque de défaut. En particulier, sa capacité à mesurer correctement le
risque de défaut n’est pas affectée par les incitations potentielles des
entreprises. Par ailleurs, il combine des informations sur les rendements des
actions avec un effet de levier et une volatilité informations, englobant ainsi
les déterminants les plus importants du risque de défaillance (contrairement
à actions non ajustées) (Gropp et al, 2006).

Cependant, appliqué aux banques, le concept de distance au défaut comme


indicateur du risque défaut n’est pas sans un certain nombre de limitations.
Tout d’abord, le risque associé à l’effet de levier pour une banque diffère

21
sensiblement de celle d’une société non financière. Le modèle économique
d'un l’endettement, car les banques jouent principalement un rôle
d’intermédiaire entre les déposants et les emprunteurs. Pour une notation
ou un niveau de risque de crédit donné, les banques sont plus endettées
qu’une société non financière (Jorge et al, 2006).

Deuxièmement, la distance par défaut suppose que le capital total d'une


banque peut être utilisé comme tampon. Cependant, les régulateurs et les
superviseurs des banques agissent généralement avant que la banque les
fonds propres sont épuisés. Du point de vue d’un régulateur ou d’un
superviseur bancaire, la valeur des engagements d’une banque n’est pas le
seul obstacle par défaut pertinent. Au sein de la PCA cadre discuté ci-
dessus, la distance par défaut peut exagérer la probabilité que le la banque
serait tenue de prendre des mesures correctives au fur et à mesure que son
ratio de capital diminue. En tant que viable alternative à la distance par
défaut, nous présentons des mesures de risque pour les banques qui
prennent en compte des facteurs de compte susceptibles d’entraîner une
intervention des autorités de contrôle bancaire (Jorge et al, 2006).

Pour conclure, la distance par défaut est un indicateur de marché de la


fragilité des banques car il permet de mesurer correctement le risque de
défaut d’une banque. Ainsi, lorsque la distance par défaut diminue en raison
d’une baisse de la valeur de marché des actifs ou d’une hausse de la
volatilité des actifs, la banque se rapproche du défaut ou de la défaillance.

b –Le spread de la dette subordonnée

Le spread de la dette subordonnée est défini comme la différence entre le


rendement à échéance de l’émission et le rendement d’un équivalent d’une
obligation de proximité sans risque (Tovar-García, 2015).

22
En effet, depuis le milieu des années 1980, un nombre croissant
d'observateurs ont proposé d'utiliser la dette subordonnée comme un moyen
d'améliorer la discipline de marché (Bianchi et al, 2004 ; Tovar-García,
2015). Les détenteurs de dette subordonnée étant incités à surveiller la
situation financière des banques, les écarts de dette subordonnés observés
peuvent fournir des signaux informatifs sur la fragilité des banques à cet
égard (Bianchi et al, 2004). C’est dans ce sens que Covitz, Hancock et Kwast,
(2004) démontrent que la sensibilité au risque des décisions des
gestionnaires de financement des banques affecte les écarts d’émission de
dette subordonnée observés.

Une dette déterminée ne réduit le risque que si les banques peuvent


s’engager de manière crédible à un niveau de risque donné. Si, toutefois, les
banques ne sont pas en mesure de s’engager, les dettes subordonnées
entraînent une augmentation du risque bancaire (Blum, 2002 ; Groppe et al,
2004). Ceci est dû au fait de leur responsabilité limitée, les banques ont
toujours intérêt à augmenter leur risque après le taux contractuel afin de
réduire les coûts de la dette attendus.

Toutes les exigences proposées en matière de dette subordonnée reposent


sur le fait que les créanciers subordonnés sont les premiers créanciers à
supporter les pertes résultant de investissements risqués des banques

Contrairement aux actionnaires, cependant, ils ne bénéficient de la hausse


des gains de ces activités risquées. Cela donne aux détenteurs de dettes
subordonnées une forte préférence pour les investissements à faible risque
des banques et une initiative à surveiller le comportement des banques car
le risque des banques a une influence directe sur les paiements des
détenteurs de dettes subordonnées (Blum, 2002 ; Tovar-García, 2015…). Les
détenteurs rationnels de dettes subordonnées exigent une prime de risque
plus élevée, c'est-à-dire un taux d'intérêt plus élevé, de la part des banques
plus risquées.

La compensation pour le risque plus élevé qu’ils doivent supporter. En


conséquence, les prix du marché et les taux d'intérêt devraient refléter le

23
degré de risque de chaque banque. Par conséquent, les créanciers des dettes
subordonnées exigeant des rendements plus élevés (mécanisme fondé sur les
prix) peuvent directement discipliner les banques et indirectement ket
signale aux régulateurs la fragilité des banques (Krishnan et al, 2005).

Les avantages des exigences de la dette subordonnée sont doubles.


Premièrement, les dettes subordonnées peuvent fournir une dissociation
indirecte du marché. Car, les écarts de taux des dettes subordonnées
contiennent des informations sur les risque. Les superviseurs peuvent
déduire ces informations des données du marché et améliorer leur
évaluation du risque des banques sur la base de données comptables. En
outre, contrairement à données comptables, les données de marché sont
plus facilement et fréquemment disponibles. En principe, L’action
prudentielle pourrait être liée aux prix de la dette subordonnée, tels que la
corrélation rapide. Les mesures correctives à prendre lorsque les écarts
d’endettement dépassent certains niveaux de seuil (Blum, 2002 ; Krishnan
et al, 2005).

Deuxièmement, et plus important encore, les dettes subordonnées peuvent


fournir une dissociation directe du marché (Lang et al, 2002 ; Evanoff et al,
2011). Car, les investisseurs influencent directement le comportement des
banques (Flannery, 2001). Les détenteurs de dettes subordonnées auront
besoin d’une prime de risque plus élevée de banques. Par conséquent, les
banques à risque sont confrontées à des coûts de financement de la dette
plus élevés. Il est soutenu que ces coûts de financement plus élevés incitent
les banques à maintenir leurs risques à des niveaux bas.

Toute Une critique courante à la dette subordonnée est qu'elle ne peut pas
fonctionner efficacement si les détenteurs croient que les banques fragiles
seront renflouées. Par conséquent, le prix de cette dette ne reflétera pas une
prime de risque de défaut, et la prise de risque bancaire sera non découragé.
Toutefois, si tel est le cas, les banques ne doivent émettre aucune émission
(Caldwell, 2005).

24
Ainsi, il apparaît les spreads de la dette subordonnée renseignent sur les
incitations à la prise de risque des banques. En effet, les écarts de taux des
dettes subordonnées contiennent des informations sur les risque pris par les
banques dans leurs choix de portefeuille. Par conséquent, les créanciers des
dettes subordonnées exigeant des rendements plus élevés (mécanisme fondé
sur les prix) peuvent directement discipliner les banques et indirectement
ket signale aux régulateurs la fragilité des banques.

Toutefois, Compte tenu de la complexité de la problématique de la


vulnérabilité secteur bancaire et de l’incapacité d’un seul modèle à prévoir
avec certitude la matérialisation des pertes en cas de choc exogène, il y a eu
de ce fait l’émergence d’une littérature axée sur la construction d’indice
permettant d’évaluer la fragilité bancaire (Kibritçioglu, 2002 ; Illing et Liu
2006 ; Bhattacharya et al, 2012).

C’est dans cette veine que Kibritçioglu (2002) propose un indice de fragilité
bancaire à fréquence mensuelle. Basé exclusivement sur des données
bilantiaires, Cet indice est reflété par la combinaison de trois agrégats : les
dépôts bancaires, les créances sur la clientèle domestique privée et les dettes
libellées en monnaies étrangères. Il stipule, par ailleurs, que les fluctuations
de ces trois indicateurs expriment les changements dans l’échelle de
vulnérabilité du secteur bancaire. L’élaboration d’indices composites
agrégés de vulnérabilité constitue un outil statistique complémentaire aux
modèles économétriques.

Illing et Liu (2006), quant à eux, ont construit dans une première étape un
sous-indice propre au secteur bancaire canadien en estimant le rendement
de l’indice boursier du secteur bancaire. Celui-ci a servi, dans une seconde
étape, à la construction de l’indice global de la vulnérabilité financière.

Enfin, Hanschel et Monnin (2005)11 ont proposé un indice annuel visant à


quantifier le degré de vulnérabilité des banques suisses. Cet indice est
construit à partir d’un ensemble de variables quantitatives qualifiés de
symptômes de fragilité du secteur bancaire. En s’inspirant de l’ensemble de
ces travaux, on construira un indice annuel de fragilité pour le secteur

25
bancaire marocain composé de plusieurs variables supposées refléter les
faiblesses de ce secteur.

En guise de conclusion de la sous-section, il sied de retenir que dans


l’analyse des indicateurs microéconomiques de la fragilité des banques, la
littérature retient principalement :

1°) les indicateurs du bilan bancaire proviennent des informations


comptables des données des bilans bancaires et qui, principalement sont
issus des variables du cadre CAMEL. En effet, ces indicateurs sont des ratios
facteurs expliquant la fragilité des bilans bancaires. Ainsi, en ce qui
concerne le niveau des fonds propres, les indicateurs le plus utilisés sont: le
ratio des fonds propres sur les actifs et le ratio des fonds propres sur les
passifs ; pour ce qui est de la qualité des actifs s’est le ratio portefeuille de
crédits sur les actifs qui s’est imposé comme indicateur ; enfin pour ce qui
est de la qualité de la gestion, la rentabilité et la liquidité, nous avons comme
indicateurs respectifs : Le ratio coût sur le revenu ; le ratio du profit net sur
actif (ROA) et le profit sur le fonds propres (ROE) ; la liquidité par le ratio de
liquidité

2°) les indicateurs de marché sont issus des informations des marchés afin
de compléter les indicateurs du bilan dans l’évaluation la fragilité des
banques. Ainsi, la distance au défaut est une mesure du risque de défaut.
Tandis que les spreads dette subordonnée quant à eux mesure la prise de
risque des banques dans le choix de leur portefeuille d’actifs.

Toutefois, pour pallier aux insuffisances de certains de ces indicateurs


intégrés dans les deux principales méthodes 6 identifiées par la littérature
6
Plusieurs méthodes ont été proposées dans la littérature pour mesurer la vulnérabilité des systèmes
bancaires. Sorge (2004) en décrit deux qu’il qualifie de fondamentales : La première, dite partielle
(piece wise approach), évalue la vulnérabilité du secteur bancaire par rapport à de multiples facteurs
de risques pris séparément. La démarche consiste en la prévision de la sensibilité d’une variété
d’indicateurs de solidité financière (tels que les créances douteuses, la profitabilité, etc.) à des
indicateurs macroéconomiques (PIB, taux de change, taux d’intérêt, l’inflation, etc.).
La seconde, dite approche intégrée (integrated approach), privilégie l’estimation de la fonction de
densité des pertes susceptibles de se matérialiser à partir de la combinaison de données relatives à la
sensibilité des banques à un ensemble de facteurs de risque. Dans ce cadre, les modèles VaR se sont
imposés comme le centre de contrôle des risques. En effet, ils fournissent une mesure commune pour

26
comme fondamentales pour mesurer la fragilité des banques, une série
d’indices de fragilité des banques est construite afin d’évaluer avec
exactitude les périodes d’un secteur de fragilité bancaire.

1.2 – Les déterminants de la fragilité spécifique des banques

Cette section met en évidence les bilans bancaires à travers de


l’accroissement des créances douteuses dans les bilans bancaires, d’une
part, et la gouvernance des banques comme source de la fragilité spécifique
des banques, d’autre part.

1.2.1 – Les bilans des banques

La nécessité de surveiller de près la qualité du portefeuille de crédit est


devenue un élément majeur préoccupation des décideurs de la politique
monétaire, la d'autant plus que, dans le contexte de la crise financière
internationale de 2008, les ressources disponibles pour les établissements
de crédit doivent être géré avec soin et efficacité (Dardac et al, 2009).

Les banques par leur métier socialement utile, qui consiste à transformer
des ressources à court terme en crédits à moyen et long terme et donc à
transformer des échéances, sont exposées au risque d’illiquidité (Idrissi et
Madiès, 2012).

Le cœur du problème de fragilité est la maturité transformation entre passifs


et actifs (Allen et al, 2009 ; Clichici, 2014). Les dépôts sont généralement
demandables, alors que les prêts sont des investissements à long terme.
Quand il y a une course du fait qu’un grand nombre de déposants
souhaitent retirer leurs fonds prématurément, la banque doit trouver des
liquidités, soit en empruntant dans les marchés interbancaires ou en
agréger les répercussions d’une multitude de facteurs de risque. Fondamentalement
microéconomique, cette approche fut étendue à l’analyse de la vulnérabilité globale des systèmes
bancaires et financiers en tenant compte des chocs macroéconomiques dans la mesure de la «value at
risk ».

27
vendant des actifs. Tous les deux solutions au problème de liquidité sur le
dépôt côté sont problématiques. Le marché interbancaire peut pas
disponible si, comme dans la crise de 2007, les marchés financiers cessent
de fonctionner correctement. Et la vente active pour faire face aux demandes
de liquidités à court terme risque de baisser le prix en dessous de la valeur
intrinsèque des actifs (Clichici, 2014).

La détérioration de la qualité du portefeuille de crédits des banques (en


raison de l’importance des créances douteuses dans les portefeuilles d’actifs)
est la principale cause des difficultés au niveau des systèmes bancaires et
dans l’explication des crises économiques et financières (Dash et Kabra,
2010 ; Nkusu, 2011).

Les prêts non performants, lorsqu’ils sont fortement représentés au sein des
bilans des banques, génèrent des pertes, qui fragilisent des banques et
peuvent finalement à l’insolvabilité des banques (Gonzalez-Hermosillo et al,
1997).

En outre, l’accroissement des créances douteuses dans les bilans des


banques contribue à expliquer la fragilité des bancaire à par ses
conséquences néfastes sur les fonds propres bancaire, d’une part, et la
rentabilité d’autre part (De Becker et al, 2015).

Pour ce qui est des fonds propres, l’importance des créances douteuses dans
le portefeuille des actifs bancaire érodent ces derniers. En effet, les créances
douteuses augmentent généralement les actifs pondérés par les risques (par
exemple par un ajustement des pondérations de risque calculées sur la base
des notations internes (internal ratings-based), et donc les fonds propres
réglementaires minimums qui doivent être détenus (Gonzalez-hermosillo,
1999).

Concernant la rentabilité des banques, elle pâtit d’une grande quantité de


créances douteuses puisque, d’une part, les créances douteuses ne
fournissent plus le rendement attendu et, d’autre part, cela incite les
banques à constituer davantage de provisions pour se prémunir contre des
pertes éventuelles.

28
Conjointement, c’est deux processus peuvent faire en sorte que
l’accroissement des créances improductives dans le bilan conduit à la
fragilisation des banques (c’est-à-dire à une forte exposition des banques au
risque de défaut7 et/ou générer des pertes conduisant à l’érosion de fonds
propres et à la baisse du profit bancaire).

Une meilleure résolution des créances douteuses dépend de plusieurs


facteurs (FMI, 2015), tels le cadre prudentiel (à l’instar des définitions des
créances douteuses et les provisions (forward-looking) et juridique
(législation en matière de faillites), un marché pour les mauvais crédits,
l’information (comme les résultats de crédit des Pme et le régime fiscal. Une
enquête menée par le Fmi dans 18 pays européens affichant un ratio de
créances douteuses élevé fait apparaître que tous ces domaines y sont
perfectibles (FMI, 2015).

La possibilité de miser sur un allégement de l’endettement semble être


retenue. Un problème de créances douteuses est en effet par essence un
signe d’endettement excessif. Dans cette optique, la situation dans la zone
euro semble un peu moins préoccupante qu’elle ne l’a été juste après la
crise. Dans plusieurs pays, le taux d’endettement s’est en effet réduit, et la
politique monétaire accommodante a contribué, par une diminution des
charges d’intérêts, à une modération de celui-ci.

En somme, l’accroissement des créances douteuses dans les bilans des


banques favorise leur fragilisation. L’incidence qu’elles ont sur la qualité des
bilans notamment : la baisse de rentabilité, l’accroissement d’actifs pondérés
par les risques et une augmentation du cout de financement. Une telle
situation implique que les banques recourent à des stratégies visant à
protéger leurs bilans et par conséquent leur activité d’intermédiation.

1.2.1 – La gouvernance des banques

Dans cette section, il s’agira précisément de la gouvernance des banques,


d’une part, et de la mauvaise gestion interne des banques, d’autre part.

7
Le risques de défaut est le risque que les débiteurs ne veuillent ou ne puissent pas (par exemple en
raison de l’évolution de la conjoncture) rembourser leur dette (Gonzalez-Hermosillo, 19999).

29
a – la gouvernance interne des banques.

A la suite de la crise des surprimes qui a fragilisé l’économie mondiale, la


gouvernance d’entreprise, notamment celle des institutions financières, a été
privilégiée et placée au premier plan des préoccupations des actionnaires,
dirigeants, chercheurs, professionnels, gouvernements et organisations
internationales8, dans la mesure où les banques constituent la machine
indispensable de la croissance économique dans la majorité des pays (Beck
et al., 2000 ; Beck et Levine, 2004).

La gouvernance d’entreprise se définit comme tout système par lequel une


entreprise est dirigée et contrôlée et elle traite des mécanismes nécessaires à
la régulation des différents intérêts qui s’expriment au sein de la firme. La
gouvernance d’entreprise contribue à l’instauration de relations équilibrées
entre l’investisseur et l’entreprise en protégeant ainsi l’épargne publique, un
des principaux facteurs de la prospérité de l’entreprise (Richard et al, 2010 ;
Lobez, 2010).

En premier lieu il faut noter que jusqu’à 2011, il n’y avait pas de définition
spéciale de la gouvernance des banques. Les banques sont un élément
essentiel et d’une grande importance pour l’économie ce qui a conduit
certains chercheurs à prêter attention à leur gouvernance.

La gouvernance des firmes bancaires a deux dimension 9: la dimension


externe se manifeste par la réglementation prudentielle et la dimension
interne représentée par le mode d’administration de la banque (Stuart et
Gillan, 2006 ; Lobez ; 2010).

8
Notamment, les Nations Unies, la BM et le FMI.
9
La gouvernance bancaire a ainsi une double dimension notamment (Stuart et Gillan, 2006 ; Lobez ;
2010) : une dimension externe qui concerne la réglementation prudentielle, qui est l’ensemble des
règles visant à mesurer et à maîtriser les risques générés par l’activité bancaire, d’une part, et la
dimension interne, Comme pour toute société, le caractère prédominant de la gouvernance interne
d’une banque est le mode d’administration choisi et son efficacité, d’autre part.

30
La structure de gouvernance est donc un facteur important des activités non
performantes des banques. En effet, les banques ayant un conseil
d’administration moins restrictif ont tangence à prendre des risques
excessifs dans l’optique d’accroître leur profit, ce qui les exposent à une
accumulation des créances douteuses fragilisant de ce fait les bilans
bancaire (Pathan, 2009).

Berger et al (2005) indiquent que les banques ayant un meilleur niveau de


gouvernance ont tendance à changer leurs allocations de portefeuille, et ont
de ce fait, des performances supérieures. En outre, Adams et Mehran (2008)
et Anders et Vallelado (2008) constatent que de meilleures performances
découlent des changements de la gouvernance bancaire.

Par ailleurs, Les banques sont généralement plus exposées aux asymétries
d’informations entre les membres internes « les dirigeants » et externes « les
actionnaires et les déposants » en comparaison avec des sociétés non
financières, parce que les gestionnaires sont plus en mesure de cacher des
informations. Ceci rend difficile pour les actionnaires et les créanciers de
surveiller les dirigeants des banques en cas d’une mauvaise allocation des
ressources qui augmente leur exposition aux risques (Rose, 2003).

Selon Menkhoff et Suwanaporn (2007) une crise bancaire peut être


accentuée suite à une libéralisation financière exercée dans un
environnement institutionnel peu développé. Il s’avère donc que l’inefficacité
des mécanismes de gouvernance bancaire peut être à l’origine des crises
financières.

Par ailleurs, Minsky (1996) par exemple montre qu’un environnement


institutionnel défavorable est au centre de la dynamique d’une crise. En
effet, la mauvaise gouvernance des banques alimente la fragilité bancaire
sous l’effet de la libéralisation financière qui amplifie l’euphorie de
l’incitation aux risques (Pathan et al, 2007).

En guise de solution, Adams et Mehran (2008) et Anders et Vallelado (2008)


constatent que de meilleures performances découlent des changements de la
gouvernance bancaire. Ces études suggèrent que le conseil dans une

31
institution financière peut non seulement réduire les conflits d'agence, mais
aussi surveiller les opérations dans le but d’obtenir une meilleure
performance. Les administrateurs indépendants offrent également une
expertise et leur l'expérience sur la limitation des prises de risques excessifs
(Brick et Chidambaram, 2008).

En somme, nous pouvons retenir que les banques ayant une mauvaise
gouvernance ont tendance à changer leurs allocations de portefeuille en
optant pour les activités dont la probabilité de réalisation est faible mais
avec des rendements. Et cela du fait du conflit d’agence qui existe entre les
dirigeants et les actionnaires et les déposants. L’orientation de l’allocation
des ressources bancaires vers des activités risquées peut conduire à
l’augmentation des prêts non productifs qui fragilisent des bilans bancaires

b – la mauvaise gestion interne des banques .

Les activités des banques ont évolué considérablement au cours des 15 à 20


dernières années (Calmès, 2004). Aux opérations de dépôt et de prêt, qui
demeurent pour les banques des activités de premier plan, se sont greffés
d’autres domaines comme l’investissement et la négociation, l’assurance,
l’administration de fiducies, le courtage et les fonds communs de placement.
Une conséquence importante de cette évolution a été d’accentuer l’exposition
des banques aux marchés financiers (Aaron et al, 2007).

Une gestion de bonne qualité est définie comme étant celle permettant à la
banque de maximiser le profit par une allocation optimale des ressources,
tout en limitant l’exposition de la banque aux risques (Cadet, 2009).

Tenant compte de cette définition, une banque dont la gestion est de bonne
qualité, intègre dans sa fonction de maximisation du profit, des niveaux
suffisants de fonds propres et de liquidité. Par contre, une mauvaise gestion
interne du risque bancaire entraîne une inefficacité des coûts, réduit la
rentabilité et augmente les problèmes de crédit, ce qui peut éventuellement
provoquer une faillite bancaire (Koju et al, 2018). En effet, une banque dont
la qualité de la gestion est faible intègre des niveaux respectifs de fonds

32
propres et de liquidité insuffisants dans sa fonction de maximisation du
profit (Jeitschko et Jeung 2005 ; Altunbas et al. 2007).

Par ailleurs, la gestion interne du risque à un effet sur le niveau des


créances douteuses détenus par les banques (Koju et al, 2018). En effet, le
prêt improductif (NPL) est un prédicteur significatif de la gestion d’une
banque et une source majeure de vulnérabilité financière dans le monde
entier. De ce fait, les faibles niveaux de prêts improductifs signifient un
secteur bancaire sain, alors qu’un nombre élevé de prêts improductifs
dénote un secteur bancaire vulnérable. Une augmentation des prêts
improductifs détériore la qualité son actif et entraîne la fragilité du secteur
bancaire (Barr et al. 1994 ; Demirguc-Kunt, 1989).

Par conséquent, parmi les facteurs internes de la fragilité bancaire, la


gestion bancaire est un facteur clé (Berger et DeYoung 1997 ; Peristiani 1996
; Shi et al. 2017). En outre, Les expériences ont montré que la plupart des
cas de défaillances bancaires sont dus à une mauvaise gestion. Brownbridge
(1998) souligne que le crédit connecté est l’une des causes de la défaillance
bancaire en Afrique. Accorder des crédits connectés constitue une manière
inefficiente d’allouer les ressources d’une banque.

Les banques Inefficaces ont tendance à faire des emprunts avec des normes
de crédit faibles pour couvrir les inefficiences des coûts (Altunbas et al. 2007
; Williams 2004), alors que les banques performantes ont tendance à détenir
des prêts relativement plus sûrs (Fiordelisi et al, 2011). Cela indique que les
banques inefficaces sur le plan opérationnel (c'est-à-dire les banques dont la
gestion est inefficace) ont tendance à accorder des prêts risqués (Gorton et
Rosen 1995 ; Kwan et Eisenbeis 1997).

A cet effet, la qualité du portefeuille de crédits est testée, comme indicateur


de la qualité des actifs, par la plupart des études sur la défaillance bancaire.
Mais, la qualité des actifs résulte de l’efficience de la gestion. En effet, un
abus de crédits accordés au personnel de la banque est une gestion
inefficiente qui détériore la qualité du portefeuille de crédits (Ekanayake et
Azeez 2015 ; Klein 2013).

33
En terme de solution, les banques doivent de leur côté accroître la
diversification des revenus sources et rentabilité via des stratégies
d’investissement diversifiées. En outre, comme la mauvaise de la qualité des
prêts dans le système bancaire est principalement influencée par des
événements internes, ce qui implique qu’en plus de surveiller les indicateurs
financiers des banques, les régulateurs bancaires devraient également
surveiller les indicateurs de gestion bancaire dans l'exercice de leurs
activités de supervision (Koju et al, 2018).

En somme, il est à retenir qu’une mauvaise gestion interne des banques est
un facteur clé de la fragilité des banques. En effet, une mauvaise interne
gestion des banques engendre un nombre élevé de prêts improductifs, qui
détériore la qualité de son actif et entraîne finalement une défaillance
bancaire.

II – L’analyse des indicateurs et des déterminants de la fragilité


systémique des banques

34
Le grand éventail des études qui traitent de l'approche macroéconomique,
met en avant la forte influence des contractions économiques sur les
banques. Souvent matérialisé par la libéralisation financière aveugle et
brutale qui rend les banques plus vulnérables aux chocs
macroéconomiques. Particulièrement, l'exaltation des politiques publiques
inadaptées aux changements financiers et le laxisme des autorités de
supervision, qui aggravent fortement les fragilités bancaires.

Ainsi, la présente partie s’attèlera à analyser les indicateurs (2.1), d’une part,
et les déterminants (2.2) de la fragilité systémique des banques, d’autre part.

2.1 – Les indicateurs de la fragilité systémique des banques

Les indicateurs systémiques aident à expliquer comment l'environnement


macroéconomique interagit avec les problèmes bancaires. Ainsi, la baisse de
la croissance économique, d’une part, et la hausse de l’inflation, d’autre
part, comme indicateurs macroéconomique de la fragilité des banques.

2.1.1 – la baisse de la croissance économique

Un système bancaire solide et stable est considérer comme un moteur


important de la croissance future du Pib, qui facilite le bon fonctionnement
d’une économie et la dissipation financière des déséquilibres qui se
produisent de manière endogène suite à des effets indésirables et imprévus
des évènements (Clichici, 2014).

Cependant, ce lien de causalité n’est pas toujours positif unidirectionnel car


l’économie à son tour peut influencer la situation financière d’un secteur
bancaire. Ainsi, parmi les canaux par lesquels les faiblesses au sein des
conditions macroéconomiques peuvent augmenter la fragilité le système
bancaire, il y a la baisse de la croissance du Pib (Clichici, 2014 ; Eichler et
al, 2012 ; Arena, 2008 ; Männasoo et Mayes, 2009).

En effet la baisse du taux de croissance du PIB peut engendrer une


réduction des revenus ce qui entraine par la suite une chute de l'épargne des

35
ménages et donc de l'investissement. Lorsque le revenu des ménages
diminue cela induit impérativement une baisse du volume des dépôts des
banques et donc une réelle détérioration de la rentabilité bancaire. Les
banques se trouvent alors face à deux risques ; un risque de liquidité suite à
un assèchement des avoirs bancaires et un risque de non remboursement de
dette et donc d'insolvabilité (Zaghdoudi, 2015).

En fait, les banques créent de la liquidité via le processus de transformation


des passifs-dépôts en actifs liquides sous forme de prêts (Diamond et Dybvig,
1983). Ce processus peut être perturbé ou même interrompu lorsque les
déposants changent leurs comportements face à la destruction partielle ou
totale de leurs revenus en diminuant le montant de leurs avoirs en banque.

En effet, les ménages vont essayer de garder à court terme un seuil normal
de consommation malgré la baisse de leurs revenus. Ce comportement
engendre une baisse inévitable de leurs dépôts en banques et donc une
dégradation de la situation de la trésorerie bancaire. Par conséquent, les
établissements de crédits se trouvent d'une part dans l'incapacité de fournir
dans l'immédiat de la liquidité à leurs clients et, d'autre part, incapables de
subvenir à leurs obligations en termes de dette dans les délais prévus
(Zaghdoudi, 2015).

En outre, l’impact de la sphère réelle sur la santé des banques est souvent
mesuré par un indicateur de la production. C’est dans ce sens qu’Arena
(2008), par exemple, utilise la croissance du PIB comme indicateur
macroéconomique de la fragilité bancaire. En effet, une baisse de la
croissance du Pib peut conduire à une fragilité bancaire. Un taux de
croissance du Pib faible accroît l’insolvabilité des emprunteurs des banques,
ce qui détériore la qualité des actifs détenus par des banques et augmente la
part des prêts non productifs dans les bilans des banques (Eichler et al,
2012).

Par ailleurs, Thomson (1991) utilise, quant à lui, l’indice de production de


Herfindahl10 et aboutit un résultat selon lequel cet indicateur
10
Indice Herfindahl construit en utilisant niveau de la production intérieure brute à un chiffre SIC

codes (Thomson, 1991).

36
macroéconomique est un bon prédicteur de la vulnérabilité bancaire. Aussi
Le ratio du crédit bancaire sur le PIB est un autre exemple d’indicateur
macroéconomique utilisé pour mesurer la fragilité des banques bancaire
(Hutchison, 2002 ; Gonzàlez-Hermosillo et al., 1997).

En somme, s’il est clairement établi que la baisse de la croissance du Pib, un


indicateur de mesure de la production au même titre que ratio du crédit
bancaire sur le PIB et l’indice de production de Herfindahl, est un bon
indicateur macroéconomique mesurant l’impact du secteur réel sur la
fragilité bancaire. Toutefois il n’en demeure pas le seul indicateur
macroéconomique pouvant signaler des faiblesses financières des banques.
Qu’en est-il de la hausse de l’inflation ?

2.1.2 – l’augmentation de l’inflation

La hausse brutale des taux directeurs de la part de la Federal Réserve Bank


a été le principal facteur déclencheur de la crise des subprimes aux États-
Unis à partir de 2006 avec le crash des prêts immobiliers en 2007. Cette
hausse des taux de l'autorité monétaire et financière américaine a été
appliquée pour stopper la croissance fulgurante des prêts constatée quatre
années plutôt, mais ce qui s'est réellement produit c'est l'inverse (Zaghdoudi,
2015).

Fisher (1933), explique la détresse financière des établissements financiers


par la thèse du piège de surendettement par la déflation ou la chute brutale
du taux d'inflation (INF). Une baisse rapide et non contrôlée du taux
d'inflation n'est pas sans conséquences. Elle se traduit souvent par une
chute relative du revenu nominal et des mouvements de trésorerie, induisant
une détérioration du niveau de la liquidité des banques et une augmentation
de la probabilité d'insolvabilité.

Par ailleurs, l'application d'une politique monétaire expansionniste engendre


une forte inflation qui contribue à la fragilité du système bancaire. La forte
volatilité des prix des actifs qui est étroitement liée à l'inflation, favorise le
risque de portefeuille et augmente l'asymétrie d'information entre banque et

37
investisseurs et déstabilise les appuis de leurs analyses de solvabilité. Étant
donné la rigidité des salaires, une augmentation du niveau des prix conduit
à une réduction du revenu réel des ménages. La conséquence en est que les
ménages dont les salaires sont assez bas, sont incapables de rembourser
leurs dettes bancaires.

De même, une augmentation du taux d'inflation impliquant une hausse des


couts des dépenses des entreprises locales, accroît la probabilité de leur
insolvabilité. D'une manière générale, les investisseurs financent leurs
projets via des crédits auprès des banques. Mais si leurs entreprises se
trouvent en difficulté à cause de la hausse des couts de productions, ils
tombent en faillite et déposent le bilan. Alors, si les agents économiques sont
incapables d'honorer leurs obligations en termes de dettes bancaires et
deviennent à risque, les banques seront à leurs tours insolvables.

Par ailleurs, Flouzat (1977), évoquent l'implication directe de l'inflation et la


montée du taux d'intérêt (TIR) dans la survenance des crises d'insolvabilité.
En effet, lorsque les prêts sont à taux variables la hausse du taux d'intérêt
induit une augmentation de la charge financière des emprunteurs, ce qui les
fragilise. En particulier, lorsque les banques recourent au refinancement du
marché interbancaire à un taux relativement bas, une hausse du taux
d'intérêt à court terme les met en difficulté.

Dans un tel contexte, le hausse de l’inflation est souvent considérée dans la


littérature comme un indicateur macroéconomique de la fragilité des
banques (Zaghdoudi, 2015 ; Eichler et al, 2012). En effet, la hausse de
l’inflation accentue la fragilité du secteur bancaire pour plusieurs raisons. Le
taux d'intérêt nominal sur les emprunts bancaires est généralement fixe.
Une inflation plus élevée diminue donc le rendement réel des actifs acquis
par la banque détériorant ainsi sa solvabilité. En outre, une inflation plus
élevée aggrave les problèmes de sélection adverse dans un environnement
inflationniste particulièrement attrayant pour les emprunteurs de mauvaise
qualité (Boyd et Champ, 2003).

38
Par ailleurs, Demirgüç-Kunt et Detragiache (1998), utilise, du taux d’intérêt
réel de comme un indicateur macroéconomique de la faiblesse des banques.
En effet, un taux d’intérêt réel plus élevé accentue la fragilité du secteur
bancaire. Une hausse taux d’intérêt à court terme augmentent le coût de
financement des banques (les taux d’intérêt payés aux déposants ou aux
prêteurs du marché monétaire), qui ne peuvent être compensés (à court
terme) en relevant le taux d’intérêt appliqué aux emprunteurs en raison de la
nature des opérations bancaires actifs (principalement des emprunts à long
terme à taux fixe). Ainsi selon eux, même si les taux d’intérêt plus élevés
pourraient être rapidement répercutés sur emprunteurs, ils nuiraient à la
qualité des actifs bancaires en raison d’une fraction plus élevée prêts non
performants.

Toutefois, d’autres signaux d’alerte macroéconomiques des problèmes


bancaires sont utilisés dans la littérature, car ils indiquent tous des sources
de pression sur les flux de revenus et les bilans des banques. Il s’agit de la
dépréciation du taux de change (González-Hermosillo et al., 1997), les
fluctuations des taux de change et les termes de l’échange (Männasoo et
Mayes, 2009). En effet, la dépréciation d’une monnaie peut accroître la
fragilité bancaire (Kaminsky et Reinhart, 1999 ; Von Hagen et Ho, 2007 ;
Duttagupta et Cashin, 2011).

Les banques sont de plus en mieux implantées sur les marchés


internationaux, ce qui peut indiquer un montant significatif de dettes et
d’actifs libellés en monnaies étrangères dans leurs bilans. Par conséquent,
une dépréciation de la monnaie domestique peut avoir un impact négatif sur
la solvabilité des banques nationales (Eichler et al, 2012 ; Arena, 2008).

En conclusion, la baisse de la croissance du Pib et la hausse de l’inflation


sont les signaux d’alerte des problèmes bancaires, car ils indiquent tous des
sources de pression sur les flux de revenus et les bilans des banques. Ces
indicateurs macroéconomiques de la vulnérabilité bancaire constituent une
manifestation de la détérioration de la situation macroéconomiques sur les
établissements de crédit. Mais d’autre indicateur macroéconomique sont
utilisés dans la littérature comme signaux alerte des difficultés bancaires

39
tels que : la volatilité du taux de change, la dépréciation du taux de change
des taux de change et les termes de l’échange, la croissance plus rapide du
crédit etc.

2.2 – Le déterminants de la fragilité systémique des banques

Nous procéderons dans cette section à l’analyse de la structure secteur


bancaire, le cadre réglementaire et la libéralisation financière comme
facteurs externes de la fragilité des banques.

2.2.1 – La structure bancaire et le cadre réglementaire des banques

Nous verrons dans un premier temps, la structure du secteur bancaire, et


dans un deuxième temps, le cadre réglementaire des banques.

a – la structure du secteur bancaire

Eicher et al (2012), dans leur analyse du lien entre la structure du secteur


bancaire et la fragilité bancaire, aboutissent à une conclusion selon laquelle,
une plus grande participation des pouvoirs publics dans le secteur bancaire
national accentue la fragilité du secteur bancaire. Des études antérieures
ont montré que la participation du gouvernement pouvait accroître la
fragilité de certaines banques (La Porta et al., 2002) et augmenter la
probabilité de crises bancaires systémiques (Barth et al., 2001).

Ces études soutiennent que les banques d’État se caractérisent par un


manque d’efficacité et de concurrence, ce qui entraîne une rentabilité et une
qualité des actifs inférieurs à celles des banques privées. Une autre
explication de l'impact négatif de la propriété du gouvernement sur les
banques peut être que les enjeux publics augmentent les incitations au
risque moral des dirigeants de banque, qui prévoient d'être sauvés en cas
d'insolvabilité et peuvent donc s'engager dans des prêts et des
investissements plus risqués.

40
Aussi, Une part plus importante de la participation étrangère dans le secteur
bancaire national pourrait accroître ou réduire la fragilité du secteur
bancaire. D'une part, les banques étrangères pourraient transférer leur
savoir-faire au secteur bancaire national, augmentant ainsi son efficacité et
réduisant sa fragilité. En outre, les banques multinationales peuvent
renforcer la stabilité du secteur bancaire national dans la mesure où elles
ont tendance à soutenir leurs filiales étrangères en période de crise en
utilisant des injections de capital, par exemple (De Haas et Van Lelyveld,
2010).

Par ailleurs, les banques étrangères peuvent être une source de fragilité du
secteur bancaire national. Claessens et al. (2001) affirment que les banques
étrangères améliorent généralement le fonctionnement du secteur bancaire
national à long terme, mais peuvent également conduire à une concurrence
accrue, ce qui peut réduire les bénéfices des banques nationales, ce qui les
rend plus vulnérables.

De même, les propriétaires étrangers peuvent exploiter la banque nationale


comme une vache à lait et ne pas avoir intérêt à entretenir des relations à
long terme avec cette banque. Si les banques mères font face à des
problèmes financiers, elles peuvent arrêter le soutien de filiales étrangères
ou même le retrait de leur contagion génératrice de capital du pays d'origine
aux pays d'accueil (De Haas et Van Lelyveld, 2010).

Un autre argument mit en évident par la littérature du lien la structure


bancaire et la fragilité des banques est la concentration. En effet, une
concentration élevée dans le secteur bancaire national peut également avoir
un impact ambigu sur la fragilité du secteur bancaire.

Selon la vision "concentration-stabilité", les banques appartenant à des


systèmes bancaires plus concentrés peuvent renforcer leur position sur le
marché et, partant, augmenter leurs bénéfices, ce qui peut servir de tampon
pour les pertes en période de crise (Boyd et al., 2004) et peut augmenter.

La valeur de franchise de la banque, réduisant les incitations des dirigeants


et des propriétaires à prendre des risques excessifs (Park et Peristiani, 2007).

41
De plus, la taille moyenne plus grande des banques dans les secteurs
bancaires concentrés suggère une meilleure diversification de leurs activités.

En outre, un nombre moyen réduit d'établissements facilite le suivi du


secteur bancaire par les agences de supervision bancaire, ce qui peut
réduire la probabilité de détresse systémique. Selon l’opinion «
concentration-fragilité », un secteur bancaire plus concentré incite davantage
à prendre des risques excessifs si les grandes banques prévoient en moyenne
être renflouées par le gouvernement en cas d’insolvabilité (Schaeck et al.,
2009).

Un degré plus élevé de surrèglementation c’est-à-dire le rapport entre les


succursales bancaires et la population devrait accroître la fragilité du
secteur bancaire puisqu'un réseau de succursales surdimensionné pourrait
réduire le rapport coût-efficacité du secteur bancaire. De plus, un réseau de
succursales plus étendu réduit la capacité des banques à réduire les coûts
en cas de faillite en attente en raison de contrats de location à long terme.

b – L’environnement réglementaire des banques

Davantage de restrictions à l'entrée imposées par l'organisme de surveillance


bancaire peuvent accroître ou réduire la fragilité du secteur bancaire. D'une
part, davantage de restrictions à l'entrée pourraient faire baisser le nombre
de banques, ce qui pourrait freiner l'innovation et l'efficacité du secteur
bancaire national, suggérant une plus grande fragilité du secteur bancaire.
D’autre part, l’octroi de licences plus restrictives pourrait renforcer la solidité
des établissements qui entrent dans le secteur bancaire national, renforçant
ainsi la stabilité du secteur (Eichler et al, 2012).

L'impact des restrictions d'activité sur la fragilité du secteur bancaire est


également ambigu. Les systèmes bancaires universels peuvent être plus
fragiles si on considère que les restrictions limitées imposées aux activités
auxquelles les banques sont autorisées (par exemple, valeurs mobilières,
immobilier, assurances) peuvent amener les banques à prendre des risques
excessifs, dont elles ne peuvent évaluer. D'autre part, les banques

42
universelles sont mieux à même de diversifier leurs activités, ce qui suggère
une fragilité accrue en imposant des restrictions d'activité.

Dans certains pays de la zone euro, le chef du gouvernement ou du


parlement peut destituer le responsable de l'agence de surveillance bancaire.
De ce fait, un degré de dépendance politique plus élevé de l'agence de
supervision bancaire entraîne une plus grande fragilité du secteur bancaire
en raison du manque d'indépendance politique qui réduit le pouvoir de
surveillance et peut ainsi conduire à une réglementation bancaire
insuffisante et à une prise de risque excessive des banques.

S’attendre à ce qu'une meilleure dotation en personnel de l'agence de


surveillance bancaire atténue la fragilité du secteur bancaire. Une dotation
en personnel insuffisante réduit la capacité de l'organisme de surveillance
bancaire à détecter les violations des dispositions réglementaires par les
banques, ce qui accroît la probabilité d'opérations hors bilan risquées ou de
réserves de fonds propres trop faibles. Un ratio de couverture d'assurance-
dépôts plus élevé peut augmenter ou diminuer la fragilité du secteur
bancaire. Comme suggéré par Diamond et Dybvig (1983), l’assurance-dépôts
peut être un moyen efficace d’empêcher les ruptures de fonds, ce qui accroît
la stabilité des banques.

En revanche, l’existence d’un système explicite d’assurance-dépôts risque


d’accroître la fragilité du secteur bancaire car elle nuit à l’efficacité de la
discipline de marché et incite davantage les établissements financiers à
adopter un comportement présentant un risque moral (Demirgüç Kunt et
Detragiache, 2002 ; Hoggarth et al, 2005).

Au total, l’importance de la structure du secteur bancaire et du cadre


réglementaire du secteur bancaire dans la fragilisation des banques est
avérée. Ainsi, une meilleure structure secteur bancaire (une modération des
intervention l’Etat dans les banques, la déconcentration) et une meilleure
supervision bancaire (l’octroi de licences plus restrictives et meilleure
dotation en personnel de l'agence de surveillance bancaire), contribuent à
réduire la fragilité des banques.

43
2.2.2 – La libéralisation financière

Nous verrons le comportement de prise de risque bancaire, d’une part, et le


comportement de spéculation des banques d’autre part, d’autre part.

a – Le comportement de prise de risque bancaire

Des analyses récentes, utilisant des données individuelles, ont cherché à


repérer les causes de la fragilité bancaires et à expliquer, en particulier,
pourquoi certaines banques demeurent saines tandis que d’autres
connaissent une situation de détresse financière, à la suite du processus de
libéralisation financière11(Demirgüç-Kunt et Detragiache, 1998 ; Kaminsky et
Reinhart, 1999 ; Arena, 2008 ; Eichler et al, 2012).

La principale conclusion de ces travaux est que la libéralisation financière


donne aux banques plus de liberté pour prendre des risques (Miotti et
Plihon, 2001 ; Hakimi, 2010). Dans ce nouveau contexte, la fragilité des
banques bancaires résulte principalement des politiques défectueuses des
banques en ce qui concerne la gestion des risques, ce qui entraîne
notamment une dégradation de la qualité de leurs engagements et une
insuffisance de leurs fonds propres (GonzalezHermosillo, 1999). C’est ce
contexte que Fisher et al, (1997), confirment l’hypothèse selon laquelle les
banques ont délibérément accru leur exposition au risque à la suite de la
libéralisation financière, les rendant vulnérable à des chocs négatifs.

L’explication théorique généralement proposée de cette prise excessive de


risque repose essentiellement sur l’argument de l’aléa de moralité 12( Miotti et
11
En économie, la libéralisation est le processus de transformation d'un secteur économique dont la
finalité est de permettre l'exercice d'une activité économique à différents agents économiques, privés
ou publics.
12
L’aléa moral (ou moral hazard en anglais) désigne pour l'économiste Adam Smith un effet pervers qui
peut apparaître dans certaines situations de risque, dans une relation entre deux agents ou deux
parties contractantes : c'est plus précisément la perspective qu'un agent, protégé d'un risque, se
comporte différemment que s'il était totalement lui-même exposé à ce risque. Ainsi l'actionnaire d'une
entreprise n'est pas juridiquement responsable, si l'entreprise qu'il a financée et dont il tire ensuite
bénéfice, a un comportement non éthique, voire franchement dommageable pour l'économie, la société

44
Plihon, 2001). En donnant aux banques une plus grande liberté d’action, la
libéralisation financière accroît les opportunités de prise de risque. En
principe, cette prise de risque supplémentaire n’est pas nécessairement
mauvaise pour l’économie (Chari et Henry, 2002 ; McKinnon et Shaw, 1973).
En effet, les banques peuvent désormais financer des projets risqués dont le
rendement anticipé est élevé et qui sont socialement désirables.

Ce type de financement était impossible avant la libéralisation financière


puisque les banques se trouvaient en situation de « répression financière 13 »
et n’étaient pas en mesure de facturer des primes de risque élevées du fait
du caractère administré des taux d’intérêt, qui se traduisait par un
plafonnement de ceux-ci. Selon la théorie financière standard, une telle prise
de risque ne doit pas accroître la vulnérabilité des banques si celles-ci
procèdent à une diversification de leurs risques.

S’il y a prise de risque excessive, mettant en danger les banques, c’est parce
que ces dernières sont incitées à adopter un tel comportement par
l’environnement légal et réglementaire. Selon l’approche la plus répandue,
les actionnaires et les dirigeants des banques sont incités à prendre plus de
risques car la baisse des profits (et les pertes éventuelles) liée à la montée de
la concurrence réduit la valeur économique de la banque. Le coût de la
faillite étant minoré pour les actionnaires et les dirigeants bancaires, ceux-ci
sont incités à choisir des stratégies plus risquées (Caprio et Summers,
1993 ; Hellmann, Murdock et Stiglitz, 2000).

Selon cette approche, les comportements de prise de risque des banques


sont favorisés par les mécanismes de protection publics, tels que l’assurance
d’une intervention salvatrice du prêteur en dernier ressort et les plans de
sauvetage des banques en difficulté qui créent un aléa de moralité. En fin de
ou l'environnement.
13
La « répression financière », notion proposée par McKinnon (1973) et Shaw (1973), est définie
comme une situation dans laquelle le secteur financier est administré par les pouvoirs publics dans le
but de financer les déficits publics et de subventionner les secteurs prioritaires. Selon McKinnon et
Shaw, en forçant les banques et les institutions financières à pratiquer des taux d’intérêt bas et
parfois négatifs, la répression financière décourage l’épargne et nuit à l’accumulation du capital
productif. Dans ce cadre d’analyse, les politiques de LF consistent en l’ensemble des mesures
permettant d’abandonner le régime, jugé néfaste, de répression financière.

45
compte, les défaillances et les crises bancaires s’expliquent en grande partie
par une libéralisation financière insuffisante.

Car le maintien des interventions publiques sous différentes formes est à


l’origine d’un aléa de moralité empêchant la discipline de marché de jouer
son rôle. Dans le cas des crises bancaires dans les pays émergents, l’un des
arguments avancés pour expliquer les prises de risque excessives des
créanciers (essentiellement bancaires) étrangers est que ces derniers
pensaient bénéficier des garanties implicites des pouvoirs publics locaux.

Il nous apparaît que l’analyse précédente présente d’importantes limites


dans la mesure où elle ramène largement l’explication de la fragilité des
banques à un excès (ou à une inadaptation) de l’intervention publique, c’est-
à-dire en fait à une insuffisance de la Libéralisation financière.

Cette conception revient à considérer que les défaillances bancaires et les


crises financières ont des causes purement exogènes, liées en grande partie
aux carences de la régulation publique, et notamment de l’environnement
légal et réglementaire. En d’autres termes, selon cette analyse, une fois
délivrées de toute intervention publique, les banques s’autorégulent et ne
doivent plus être sujettes à des prises de risque excessives (Miotti et Plihon,
2001).

Dans les développements qui suivent, nous proposons une approche


différente du comportement des banques dans le contexte de la libéralisation
financière.

b – Le comportement spéculatif des banques

Il convient de commencer par définir la notion de spéculation. On se référera


à la définition classique de Kaldor (1939) : « achat ou vente de biens avec
intention de revente (ou de rachat) à une date ultérieure, lorsque l’action est
motivée par l’espoir d’une modification du prix en vigueur et non par
l’avantage lié à l’usage du bien ».

46
Partant de cette définition, et en élargissant celle-ci au cas de la finance et
des banques, on peut considérer que les opérations spéculatives ont quatre
caractéristiques (Plihon, 1996) :

1°) elles impliquent une prise de risque, c’est-à-dire des prises de position
sur les taux d’intérêt, les prix d’actifs ou les taux de change ;

2°) ces opérations sont motivées par l’espoir de plus-values liées aux
variations anticipées des prix des actifs ;

3°) elles sont « pures » ou « sèches », c’est-à-dire qu’elles sont auto-


suffisantes et qu’elles n’ont pas de contrepartie directe dans la sphère réelle
de l’économie ;

4°) elles s’effectuent le plus souvent « à crédit », c’est-à-dire que les capitaux
engagés sont empruntés par les spéculateurs qui cherchent à faire jouer des
effets de levier.

La plupart des grandes crises dans l’histoire financière sont l’aboutissement


d’un épisode spéculatif (caractérisé par deux concepts, l’euphorie 14 et la
détresse15 financière) qui résulte lui-même d’un changement majeur
(déplacement16) (Kindleberger, 1989, 1994).

Analysant la période des années soixante-dix, marquée par le début de la


déréglementation et le développement rapide des euro-dollars à la suite des
chocs pétroliers, Kindleberger (1994) montre que ces événements constituent
un déplacement ayant conduit à un comportement spéculatif et euphorique

14
L’euphorie constitue la première phase de la spéculation, caractérisée par une perte de contact des
agents économiques avec la réalité (les fondamentaux) et par des phénomènes de psychose collective,
notamment des comportements mimétiques
15
La « détresse financière », phase finale de la spéculation qui précède la panique, résulte des tensions
expérimentées par les spéculateurs lorsque, à la suite de prises de risque excessives, ceux-ci se
trouvent en situation de ne plus pouvoir faire face à leurs engagements.
16
Le « déplacement » est un événement extérieur, d’une ampleur importante, qui modifie les
perspectives, les attentes, les centres de profits, les comportements. Dans l’histoire financière, de tels
déplacements peuvent être constitués par des événements politiques (guerres, changements de
régimes…) ou économiques (découverte denouvelles colonies ou de mines d’or…) (Miotti et Plihon,
2001).

47
des eurobanques dont la crise de la dette du début des années quatre-vingt
fut l’épilogue.

En outre, Minsky (1980) explique ainsi l’instabilité financière dans les


économies capitalistes par le développement déséquilibré entre les dettes
bancaires et les revenus générés par les investissements productifs. Pendant
les périodes de boom économique, les agents économiques deviennent
euphoriques quant aux perspectives de profits.

En effet, Les banques font preuve d’aveuglement au désastre et spéculent,


espérant réaliser des gains sur des opérations purement financières qui ne
sont pas directement liées aux revenus de la sphère productive, la
progression de ces derniers étant contrainte par l’évolution de la
productivité. Il en résulte une fragilisation des structures financières propice
aux crises d’ajustement brutal sous forme de debt deflation.

Avant la libéralisation et la déréglementation financières qui ont eu lieu dans


les pays émergents à partir des années quatre-vingt, les marchés de services
financiers étaient peu concurrentiels ; les banques et les autres institutions
financières bénéficiaient de rentes oligopolistiques, grâce aux protections
liées aux barrières réglementaires (Miotti et Plihon, 2001). Dans ce nouvel
environnement, les banques subissent la concurrence de la finance de
marché.

Ce comportement est favorisé par l’utilisation de nouveaux instruments


financiers (produits dérivés) et par le développement des opérations en
devises allant de pair avec les entrées de capitaux. Les banques et le système
financier, mal contrôlés par des dispositifs de surveillance prudentielle
inadaptés, sont fragilisés par ces prises de risque excessives qui aboutissent
à l’émergence de bulles spéculatives et à une accélération de la création
monétaire.

Par ailleurs, le fait que les banques, profitant des innovations financières
(titrisation des créances, produits dérivés), externalisent une part croissante
de leurs risques de manière à réaliser des économies en termes de
couverture de risques par des fonds propres coûteux. A cet effet, on assiste
48
à une diffusion accrue du risque sur les marchés par intermédiaires
bancaires qui le portaient traditionnellement dans leur bilan avant, ce qui
expose ces établissements de crédit à un danger de nature systémique lié au
transfert des risques à des acteurs moins surveillés (Plihon, 2006).

Finalement, la libéralisation financière engendre des comportements


spéculatifs de la part des banques. La vulnérabilité des banques ne serait
pas due uniquement à un effet transitoire d’apprentissage et à la persistance
d’une régulation publique, source d’aléa de moralité. Il y aurait, en fait, un
comportement actif et délibéré de prise de risque de la part des banques lié
au fonctionnement même des marchés libéralisés et concurrentiels.

Au terme de section, il s’y est de retenir que la libéralisation financière à


deux effets principaux sur l’environnement bancaire notamment :

1°) elle favorise le développement des marchés financiers ;

2°) elle entraîne un accroissement des pressions concurrentielles sur les


banques.

C’est ce deuxième aspect de la libéralisation financière qui engendre les


comportements de prise de risque excessive et spéculation. Ces
comportements sont favorisés par l’utilisation de nouveaux instruments
financiers (produits dérivés) et par le développement des opérations en
devises allant de pair avec les entrées de capitaux. Les banques et le système
financier, mal contrôlés par des dispositifs de surveillance prudentielle
inadaptés, sont fragilisés par ces prises de risque excessives qui aboutissent
à l’émergence d’un risque de nature systémique. Dans un tel contexte, la
nécessité de mettre en œuvre des mesures macroprudentielle pour gérer le
risque systémique par le renforcement de la résistance des banques.

49
50
Conclusion

La présente revue de littérature s’est attelée à analyser les indicateurs et les


déterminants de la fragilité des banques pour les pays de la zone franc
Africain.

Pour ce faire, nous l’avons articulé en deux principaux axes :

1°) l’analyse des indicateurs et des déterminants de la fragilité spécifique des


banques, d’une part.

2°) L’analyse des indicateurs et déterminants de la fragilité systémique des


banques, d’autre part.

Pour ce qui est du premier axe, celui relatif à l’analyse des indicateurs et
déterminants de la fragilité spécifique des banques, il s’organise en deux
partie :

1°) la première porte sur les indicateurs de la fragilité spécifique des


banques ;

2°) la deuxième, quant à elle, porte sur les déterminants de la fragilité


spécifique des banques.

En ce qui concerne tout d’abord les indicateurs endogènes, ils permettent


d’observer la fragilité spécifique des banques. Ainsi, l’essentiel de la
littérature utilise les indicateurs du cadre CAMEL, d’une part, et d’autres
indicateurs, d’autre part, tels que : la distance de défaut et le spread de la
dette subordonnée

Pour ce qui est des indicateurs du cadre CAMEL, ils sont issus d’un
ensemble de variable expliquant la situation financière des banques. Il s’agit

51
plus précisément : suffisance des fonds propres (capital adequacy) ; qualité
des actifs (asset quality) ; gestion (management) ; rentabilité (earning) ;
liquidité (liquidity).

Concernant les autres indicateurs de la fragilité spécifique des banques, la


littérature met en évidence, la distance par défaut permettant de
correctement le risque de défaut d’une banque et le spread de la dette
subordonnée qui renseignent sur les incitations à la prise de risque des
banques. En effet, les écarts de taux des dettes subordonnées contiennent
des informations sur les risque pris par les banques dans leurs choix de
portefeuille.

Par ailleurs un autre pan de la littérature s’est attelé à la construction des


indices de fragilité banques sur la base des variables spécifiques à la santé
financière des banques.

Quant aux déterminants spécifiques, la littérature met en évidence deux


principaux facteurs notamment :

1°) les bilans bancaires via l’accroissement des créances douteuses dans les
bilans bancaires ;

2°) la gouvernance des banques.

S’agissant des bilan bancaire à travers l’accroissement des créances


douteuses dans le bilan des banques. Un niveau élevé de créance douteuse
favorise la dégradation de la qualité des bilans bancaires en raison de ses
effets négatifs sur la rentabilité bancaire et par le fait qu’il accroît le niveau
d’actifs pondérés par les risques, ce qui affaiblit les bilans et fragilise les
établissements de crédit.

Concernant la gouvernance des banques, il s’agit d’un facteur clé de la


fragilité des banques. En effet, une mauvaise interne gestion des banques
engendre une mauvaise allocation de crédit bancaire, ce qui peut accroître le
nombre élevé de prêts improductifs, qui détériore la qualité de son actif et
entraîne finalement une défaillance bancaire.

52
En considérant l’approche microéconomique de la fragilité des banques, seul
l’équilibre de la banque pourrait alors être détérioré. Ainsi, un accent
particulier a-t-il été mis sur le contrôle prudentiel par le biais de la politique
microprudentielle. En effet, l’objectif visé par la politique microprudentielle
est de garantir la solvabilité des banques c’est-à-dire la réduction de leur
fragilité induite généralement par la faiblesse de la gouvernance interne de la
banque, notamment dans la gestion des risques.

En ce qui concerne le deuxième axe, celui relatif à l’analyse des indicateurs


et les déterminants de la fragilité systémique des banques, il s’articule
autour de :

1°) les indicateurs de la fragilité exogène des banques ;

2°) les facteurs de la fragilité systémique bancaire.

Pour ce qui est des indicateurs macroéconomiques, ils sont issus de la


sphère réelle de l’économie il s’agit principalement donc :

1°) la baisse de la croissance économique ;

2°) l’augmentation de l’inflation

Ainsi, la baisse de la croissance économique et la hausse de l’inflation sont


les signaux d’alerte des problèmes bancaires, car ils indiquent tous des
sources de pression sur les flux de revenus et les bilans des banques. Ces
indicateurs macroéconomiques de la vulnérabilité bancaire constituent une
manifestation de la détérioration de la situation macroéconomiques sur les
établissements de crédit. Mais d’autre indicateur macroéconomique sont
utilisés dans la littérature comme signaux alerte des difficultés bancaires
tels que : la volatilité du taux de change, la dépréciation du taux de change
des taux de change et les termes de l’échange, la croissance plus rapide du
crédit etc.

53
D’important déterminants permettent de rendre compte de la fragilité
systémique des banques. A cet effet, la littérature relève principalement deux
notamment :

1°) la structure bancaire et le cadre réglementaire des banques ;

2°) la libéralisation financière.

Concernant la structure bancaire, elle est une source de la fragilité des


bancaire du fait qu’une grande participation du gouvernement dans le
secteur bancaire national augmente fragilité du secteur bancaire. En effet
des études ont montré que la participation du gouvernement pouvait
accroître la fragilité de certaines banques et augmenter la probabilité de
crises bancaires systémiques. Par ailleurs, Un nombre accru de restrictions
à l’entrée imposées par l’organisme de surveillance bancaire peut augmenter
la fragilité du secteur bancaire. En effet, davantage de restrictions à l'entrée
pourraient faire baisser le nombre de banques, ce qui pourrait freiner
l'innovation et l'efficacité du secteur bancaire national, suggérant une plus
grande fragilité du secteur bancaire.

En outre, la libéralisation aveugle et brutale rend les banques vulnérables


aux chocs macroéconomiques. En particulier, l’exaltation des politiques
inadaptées aux changements financiers et le laxisme des autorités de
supervision aggravant fortement la fragilité bancaire. Aussi cette
libéralisation financière est à l’origine des deux comportements qui exposent
les banques au risque systémique notamment : le comportement de prise de
risque excessive des banques en période expansion du cycle et le
comportement spéculatif des banques.

La fragilité macroéconomiques (ou exogène) des banques, induite par la


nouvelle intermédiation financière accroît le risque systémique.

Dans un tel contexte, la nécessité de la mise en œuvre des mesures


macroprudentielles devient plus qu’évident afin de prendre en compte les
risques globaux auxquels les banques sont exposées. L’objectif de ses
mesures étant de réduire non seulement la fragilité individuelle

54
(microéconomique) des banques, mais aussi la fragilité macroéconomique
par la prévention et gestion du risque systémique.

Nous choisissons pour cadre d’analyse la nouvelle économie keynésienne et


ce eu égard de la nature des débats soulevés dans cette revue de littérature.
Ainsi ce cadre nous permet de privilégier la construction d’un indice de
fragilité bancaire.

La construction d’indice de pression a été largement utilisée pour le cas


d’une crise de change ; à notre connaissance seuls plusieurs travaux ont
utilisé le calcul d’indice pour le cas de la détresse bancaire notamment :
(Hanschel et Monnin 2003, A. Kibritcioglu 2002 ; Bhattacharya et al, 2012).

La construction d’indice est utile pour savoir si le système bancaire national


est en crise à un moment donné du temps. Il s’agit de combiner plusieurs
variables dans un seul indice ; chaque variable constitue un symptôme de
fragilité bancaire potentiel. Par conséquent, la construction d’indice de
fragilité bancaire sert de présente un système d'alerte précoce pour prédire
la fragilité bancaire. Les épisodes de détresse dans le système bancaire sont
identifiés durant la période bien déterminée.

55
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