Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
série sociologie
dominique monjardet
ÉDITIONS LA DÉCOUVERTE
9 bis, rue abel-hovelacque
PARIS XIIIe
2008
Si vous désirez être tenu régulièrement informé de nos parutions, il vous suffit
de vous abonner gratuitement à notre lettre d’information bimensuelle par cour-
riel, à partir de notre site www.editionsladecouverte.fr, où vous retrouverez
l’ensemble de notre catalogue.
ISBN 978-2-7071-5455-2
Ce logo a pour objet d’alerter le lecteur sur la menace que repré-
sente pour l’avenir du livre, tout particulièrement dans le domaine
des sciences humaines et sociales, le développement massif du
photocopillage. Nous rappelons donc qu’en application des articles L. 122-10 à
L. 122-12 du code de la propriété intellectuelle, toute photocopie à usage collectif,
intégrale ou partielle, du présent ouvrage est interdite sans autorisation du Centre
français d’exploitation du droit de copie (CFC, 20, rue des Grands-Augustins, 75006
Paris). Toute autre forme de reproduction, intégrale ou partielle, est également inter-
dite sans autorisation de l’éditeur.
Alma mater
5
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
6
préface
9
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
10
avant-propos
11
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
12
avant-propos
13
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
14
avant-propos
1. Ici, une tentative non datée de D. M. de récapituler ses notes dans des sous-
rubriques thématiques. Il semble que cette entreprise ait été abandonnée en 2003. Les
italiques ont été conservés dans les passages explicitement soulignés par D. M. (il les
accompagnait de la mention « sdm » [souligné par Dominique Monjardet]).
2. Pierre Demonque fut le pseudonyme qu’il se donna lors de la publication de son
premier livre écrit sur la police : Les Policiers, La Découverte, « Repères », 1983.
3. Voir infra, note du 4 octobre 2000, la source d’inspiration : Sophie Tiévant.
19
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
20
notes de l’année 1999
22
notes de l’année 2000
23
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
1. Allusion à une enquête de l’IGS (Inspection générale des services) sur les bruta-
lités commises envers des étrangers gardés à vue par la PAF de Roissy en 2001.
24
notes de l’année 2000
25
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
26
notes de l’année 2000
27
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
28
notes de l’année 2000
29
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
30
notes de l’année 2000
agressions par inconnu. Une bonne pression dans les deux sens,
et on doit pouvoir gagner quelques pour-cent en quelques mois.
12 novembre 2000. – Au fond, tout se passe comme si :
Il y a initialement des sources très diverses de la fonction
policière générale telle que nous la concevons aujourd’hui :
— d’une part, le guet qui patrouille la rue pour assurer la
sécurité des espaces publics, de la circulation, et dissuader les
malfrats ;
— d’autre part, les commissaires des cours de justice, qui
sont des exécutants subordonnés aux magistrats ;
— enfin des agents du pouvoir, mouches, archers, espions,
qui protègent celui-ci d’éventuelles menées subversives.
L’Administration rassemble peu à peu ces différentes fonc-
tions sous la seule autorité du ministère de l’Intérieur (et de la
Défense), qui finit par les fusionner dans le même corps.
Dans la fusion, les fonctions judiciaires et politiques se
subordonnent le guet, et celui-ci finit peu à peu par disparaître
sous la concurrence des précédents, qui en arrivent à lui dénier
même tout intérêt, et refuser de l’assurer.
Dans la formation progressive d’une police d’État en France,
c’est la sécurité publique – assurée par des gardiens de la paix –
qui est passée à la trappe !…
8 décembre 2000. – L’intellectuel n’a aucune qualité pour
prêcher, prescrire ou prévoir (à la mode Touraine, Julliard et
autres Finkielkraut 3) ; il dispose éventuellement de quelques
connaissances qui lui permettent d’éclairer certains choix. C’est
tout, et c’est déjà beaucoup. Le cas échéant, il est invité à
attester (fournir les preuves) du savoir qui lui permet de fonder
cet éclairage.
10 décembre 2000. – Il y a deux formes distinctes d’instru-
mentalisation de la police par le pouvoir politique en place :
1. Le modèle le plus grossier aussi. Sur l’exemple de l’affaire
Schuller-Maréchal 4, les ressources policières sont mobilisées
pour tendre un piège à tel adversaire du pouvoir : il s’agit de
piéger, menacer, compromettre, détruire, ou parfois au contraire
31
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
32
notes de l’année 2000
33
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
34
notes de l’année 2000
36
notes de l’année 2001
37
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
38
notes de l’année 2001
39
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
40
notes de l’année 2001
41
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
42
notes de l’année 2001
43
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
44
notes de l’année 2001
45
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
11. D. M. fait allusion à un canon de la sociologie des enquêtes de victimes qui dis-
tingue deux dimensions (« victimation » est une terminologie consacrée) : l’exposition
personnelle au risque de subir ou au fait d’avoir subi une atteinte d’une part, et une
préoccupation à l’égard des phénomènes de délinquance de l’autre.
46
notes de l’année 2001
12. Eli B. SILVERMAN, NYPD Battles Crime, Innovative Strategies in Policing, Nor-
theastern University press, Boston, 1999.
47
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
13. Allusion à la trilogie désormais consacrée des fonctions de police : police de sou-
veraineté, police criminelle, police de la tranquillité publique. Voir par exemple
48
notes de l’année 2001
49
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
50
notes de l’année 2001
51
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
52
notes de l’année 2001
53
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
54
notes de l’année 2001
55
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
18. Autant d’expressions imagées en usage dans la police pour « faire du chiffre » par
le biais dit des affaires d’initiative (en termes managériaux, IRAS – infractions révélées
par l’action des services) : par exemple, « faire un crâne » signifie interpeller un
maximum de gens dans la rue sous prétexte de contrôles d’identité pour dépister des
étrangers en situation irrégulière ; le « saute-dessus » désigne l’interpellation musclée
d’une personne suspecte ; et le « flag », un flagrant délit.
56
notes de l’année 2001
57
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
20. Rappel de l’« anecdote » : une recherche commanditée par l’IHESI à ce chercheur
avait été censurée au nom du fait qu’elle avait mis en évidence un effet contre-intuitif
au sein de la population dans un quartier difficile. Celle-ci s’était montrée plus apeurée
huit mois après le déploiement de la police de proximité qu’avant le déclenchement des
opérations, ce qui fut ressenti comme du plus mauvais effet politique quand il s’est agi
d’afficher les bons résultats de la politique du ministre en reconquête du quartier dans
la ville pilote étudiée par ce sociologue. Les résultats en furent néanmoins publiés plus
tard, après que l’orage fut passé. C. MOUHANNA, « Quel service pour quel public ? Une
tentative d’évaluation chiffrée de l’image de la police dans la population face à la terri-
torialisation », CSO-IHESI, juillet 2000.
58
notes de l’année 2001
59
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
60
notes de l’année 2001
61
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
62
notes de l’année 2001
63
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
25. Alain BAUER, André-Michel VENTRE, Les Polices en France, op. cit.
64
notes de l’année 2001
65
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
66
notes de l’année 2001
67
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
68
notes de l’année 2001
69
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
70
notes de l’année 2001
71
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
72
notes de l’année 2001
73
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
32. La LSQ, présentée par Daniel Vaillant, ministre de l’Intérieur, est votée le
15 novembre 2001.
33. Voir Dominique MONJARDET, Ce que fait la police, La Découverte, Paris, 1996,
p. 89 : « dans le travail policier, les initiative cruciales émanent des exécutants ».
34. Métaphore rapide pour « fièvre soudaine enregistrée par le thermomètre des sta-
tistiques de l’outil 4001 » (l’« état 4001 » est un outil statistique recensant les lieux, les
heures et les modes opératoires des infractions commises sur le territoire).
74
notes de l’année 2001
35. Le colloque « Des villes sûres pour des citoyens libres » qui s’est tenu à Ville-
pinte les 24 et 25 octobre 1997 est à l’origine de l’instauration des contrats locaux de
sécurité et de la police de sécurité.
75
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
76
notes de l’année 2001
77
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
78
notes de l’année 2001
79
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
81
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
82
notes de l’année 2002
83
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
84
notes de l’année 2002
85
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
86
notes de l’année 2002
87
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
7. Autrement dit, sans corrélation et, quels que soient les moyens engagés, ils seraient
inefficaces…
88
notes de l’année 2002
89
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
90
notes de l’année 2002
12. Rapport pour l’IHESI, paru à La Documentation française sous le même titre en
2004.
91
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
92
notes de l’année 2002
14. Lien doit s’entendre au double sens : ce qui relie (lien routier), ce qui attache (les
liens…) [note D. M.].
15. Mais dans la conclusion, l’analyse se durcit brusquement : « Le partenariat entre
les institutions ne rapproche celles-ci qu’en creusant le fossé qui les sépare de la popu-
lation », sans autre justification p. 286 [note D. M.].
93
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
94
notes de l’année 2002
17. G. L. KELLING, « Fighting crime. Restore order and you reduce crime », Was-
hington Post, 9 février 1997.
95
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
96
notes de l’année 2002
97
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
98
notes de l’année 2002
99
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
100
notes de l’année 2002
101
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
102
notes de l’année 2002
25. « Making neighbourhoods safe », The Atlantic Monthly, vol. 263, 2, 1989,
p. 46-52.
26. Nicolas Sarkozy vient alors d’être nommé ministre de l’Intérieur dans le gouver-
nement Raffarin.
103
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
104
notes de l’année 2002
105
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
(p. 29), des jeunes (p. 43), des parents (p. 51), et sans doute des
conducteurs de bus, des gardiens d’immeubles ; + l’intermédia-
tion : on ne peut pas demander aux gardiens d’immeubles de
s’afficher constamment avec la police : utiliser le relais d’un
responsable HLM local.
10 juillet 2002. – On apprend ce jour que « les choses
commencent à changer », d’après Le Figaro : « En juin dernier,
la délinquance, en zone police, a baissé de 7,38 %… » Nouvelle
illustration du théorème de Demonque, certes, mais aussi et sur-
tout belle démonstration que la hausse de la délinquance n’est
pas uniquement imputable au « manque de moyens » dont souf-
friraient endémiquement les polices : les milliards d’euros et
les milliers d’emplois annoncés par le ministre de l’Intérieur ne
sont pas encore arrivés dans les services.
8 septembre 2002. – Noter pour mémoire, et pour la gloire,
que j’ai été deux fois explicitement censuré sous la « gauche » :
— mon texte « La police de proximité, ce qu’elle n’est
pas 29 », inséré par IDRH dans leur dossier « stagiaires » et
retiré sur ordre de la DCSP…
— mon introduction à la vidéo « police de proximité » de
l’ENPP [École nationale de police de Paris], effectuée à leur
initiative et sur leur demande, interdite par la DFPN [Direction
de la formation de la police nationale]… Les deux cas en 2000.
À la façon dont je suis traité par la gauche, j’ai fort peu à
craindre de la droite.
9 septembre 2002. – J’aurais résumé, au séminaire IHESI/
CERSA 30, les deux versions opposées du diagnostic par la for-
mule : « L’insécurité, cela se mesure ou cela se discute ? »,
bonne formule…
17 septembre 2002. – En prenant ses fonctions [de direc-
teur général de la Police nationale] en 1999, Patrice Bergou-
gnoux affirmait hautement qu’il était là « pour mettre en place
la police de proximité » (interview dans Le Monde). En quittant
ses fonctions, le 1er juillet 2002, il diffuse à tous les services
le télégramme d’usage : « Au moment de quitter mes fonc-
tions… »… Dans ses 21 lignes et 344 mots, il n’y a pas la
moindre mention de celle-ci. Sic transit…
106
notes de l’année 2002
107
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
108
notes de l’année 2002
109
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
110
notes de l’année 2002
111
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
112
notes de l’année 2002
113
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
115
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
116
notes de l’année 2003
117
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
118
notes de l’année 2003
119
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
120
notes de l’année 2003
121
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
122
notes de l’année 2003
123
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
8. Allusion au directeur d’une célèbre société privée de conseil en sécurité. Voir note
du 3 octobre 2001.
9. Bernard E. HARCOURT, Illusion of Order, the False Promise of Broken Windows
Policing, Harvard University Press, 2001. Une version expurgée est parue en français :
L’Illusion de l’ordre, incivilités et violences urbaines : tolérance zéro ?, Descartes et
Cie, Paris, 2006.
124
notes de l’année 2003
125
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
126
notes de l’année 2003
127
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
13. Sur le rappel du contexte de cet exposé, voir l’introduction de J. Ferret et C. Mou-
hanna dans Peurs sur les villes, vers un populisme punitif à la française ?, PUF, Paris,
2005, p. 9.
128
notes de l’année 2003
129
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
130
notes de l’année 2003
131
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
132
notes de l’année 2003
15. Hélène L’HEUILLET, Basse politique, haute police. Une approche historique et
philosophique de la police, Fayard, Paris, 2001, 434 p.
133
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
134
notes de l’année 2003
135
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
136
notes de l’année 2003
137
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
19. Rapport belge du séminaire européen OISIN II (Barcelone) qui avait pour objet
de comparer la mise en œuvre des réformes de polices de proximité en Belgique, France
et Catalogne.
138
notes de l’année 2003
20. Notes sur la réponse à un appel d’offre de l’IHESI. D. M. a toujours été de plein
droit dans son comité de lecture, en tant que directeur scientifique du conseil d’orien-
tation de l’Institut.
139
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
140
notes de l’année 2003
141
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
142
notes de l’année 2003
144
notes de l’année 2004
Évolution
NYPD 1990 2000
en %
Police Department, effectif total 39 398 53 029 + 34,6 %
Dont policiers 31 236 40 435 + 29,4
Policiers par 100 000 habitants 427 505 + 18,4
Budget total (M $) 2,73 3,21 + 17,7
Crimes violents 174 689 75 745 – 56,6 %
Crimes contre la propriété 536 867 212 623 – 60,4 %
145
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
146
notes de l’année 2004
147
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
148
notes de l’année 2004
149
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
11. Francis BAILLEAU, Jacques FAGET et alii, « Les experts municipaux de la sécurité.
Origine, place et rôle dans la production locale de sécurité », rapport INHES, mai 2004.
D. M. était présent à la séance de restitution publique de cette recherche, organisée en
octobre.
150
notes de l’année 2004
151
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
15. Jacques DONZELOT, Catherine MÉVEL, Anne WYVEKENS, Faire société, Seuil,
Paris, 2003.
152
notes de l’année 2004
153
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
155
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
156
notes de l’année 2005
157
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
158
notes de l’année 2005
159
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
160
notes de l’année 2005
161
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
6. Voir par exemple « Le travail social au prisme du regard des forces de l’ordre »,
Cahiers de la sécurité, 59, 2005, p. 207-233.
162
notes de l’année 2005
163
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
164
notes de l’année 2005
165
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
166
notes de l’année 2005
168
notes de l’année 2006
169
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
173
le sociologue, la politique et la police
174
d’un engagement l’autre…
175
le sociologue, la politique et la police
176
d’un engagement l’autre…
177
le sociologue, la politique et la police
179
le sociologue, la politique et la police
180
dominique monjardet, les cadres, les professions et l’utopie gestionnaire
Cela revenait à faire une autre hypothèse sacrilège : que les bar-
rières qui séparent les cadres des non-cadres n’aient pas un fon-
dement dans la réalité du travail 2. »
En effet, ce travail sur « ce que font les cadres » (on notera la
proximité avec Ce que fait la police) va se transformer en « La
fonction d’encadrement ». Dans cette fonction, selon le mode
d’organisation des secteurs de l’entreprise, il faut inclure cer-
tains agents de maîtrise et certains techniciens. Deux cent
quatre-vingts personnes furent interrogées. Toutes déclinent
leurs emplois du temps, journalier, hebdomadaire et mensuel.
Elles y ajoutent les communications horizontales (même niveau
de responsabilité) et verticales qu’elles entretiennent. Comme
dans les bonnes taxinomies naturalistes, le traitement de ces
données fut établi par classification arborescente montante 3, et
donna naissance à neuf groupes de taille sensiblement égale.
Chaque groupe est composé de tous ceux dont plus du quart
du temps est employé à une fonction majeure de conception
ou d’encadrement. Il serait trop long, dans le cadre de ce texte,
d’entrer dans les détails techniques. Il faudrait en retenir un
tableau, reproduit dans La Sociologie des cadres de Bouffar-
tigue et Gadéa 4, sur la répartition en fonctions.
Cette ambitieuse recherche aboutit à des constats sur l’unité
fonctionnelle de l’encadrement – ses rôles techniques et sociaux
dans les établissements –, mais aussi sur une division du tra-
vail dans laquelle, pour les uns, prédomine la technique, alors
que, pour les autres, c’est bien la politique. « La fonction
d’encadrement » incite également à une vision de la vie de tra-
vail du cadre en termes de carrière et d’attente de carrière. Elle
parvient aussi à montrer la relation entre la position structu-
relle que chacun occupe et la vision qu’a le cadre du reste de
2. Jean DUBOIS, « Note de lecture sur la recherche sur les fonctions de l’encadre-
ment », in Recherches économiques et sociales, 14, La Documentation française, Paris,
1977.
3. La classification arborescente montante est celle que préfère Buffon contre Linné.
Établir une taxinomie ascendante suppose de « commencer tout en bas, en assortissant
en groupes les espèces qui se ressemblent, puis en combinant ces groupes en une hié-
rarchie de taxa d’ordre supérieur. Cette classification […] est employée aujourd’hui par
tous les taxinomistes » (Ernst MAYR, Histoire de la biologie, Fayard, Paris, 1989). Taxa
est le pluriel de taxon. Ce mot désigne un groupe d’organismes reconnu en tant qu’unité
formelle à chacun des niveaux de classification. Par exemple Canis lupus, le loup, est
un taxon du rang de l’espèce, alors que les Canidae, qui regroupent les chiens, les
renards, les loups, etc., sont un taxon du rang de la famille.
4. Paul BOUFFARTIGUE et Charles GADÉA, La Sociologie des cadres, La Découverte,
« Repères », Paris, 2000.
181
le sociologue, la politique et la police
Approfondissements et ruptures
182
dominique monjardet, les cadres, les professions et l’utopie gestionnaire
7. Ibid, p. 196-198.
8. Revue française de sociologie, XXII, 1982, p. 605-638.
9. In Classes et catégories sociales, Edires, Paris, 1985, p. 141-151.
183
le sociologue, la politique et la police
184
dominique monjardet, les cadres, les professions et l’utopie gestionnaire
11. Alvin W. GOULDNER, The Future of Intellectuals and the Rise of the « New
Class », Macmillan, Londres, 1979.
12. John H. GOLDTHORPE, « On the service class, its formation and future », in
A. GIDDENS et G. MACKENZIE (éds.), Social Class and the Division of Labor, Cambridge
University Press, Cambridge, 1982.
13. Karl RENNER, « The service class », in T. BOTTOMORE et P. GOODE, Austro-
Marxism, Oxford University Press,1972.
185
le sociologue, la politique et la police
aussi au centre des relations entre État et société civile (ne pas
oublier : l’État vient alors de nationaliser une partie de l’éco-
nomie, quelques grands groupes, et la totalité des banques. On
est alors très loin de l’État que nous connaissons aujourd’hui).
— Se situant au centre de ces relations, les couches intermé-
diaires font les élections, puisque c’est de leur vote fluctuant
que dépendent les succès électoraux, mais de ce fait elles
condamnent le centre électoral à ne pas avoir d’existence
comme force politique effective.
— Comme centre de la société et agents d’appareils, ces
couches moyennes font de la défense de ces structures leur
combat politique et syndical. Et leur argument est celui de
l’idéologie gestionnaire, cette illusion qui leur fait croire
qu’elles sont dépositaires du vrai savoir et du bon vouloir.
Puisque l’utopie est un désir sans stratégie, c’est l’autoconsidé-
ration, la définition de soi comme en avance sur les autres, plus
savant, plus pertinent, plus intègre, mieux attentif au bien
public, qui leur permet de penser qu’elles vont trouver comment
résoudre les quadratures du cercle. Apories inventées par un
Marx, voyant dans l’affrontement entre deux classes la néces-
sité de « faire nation », ou conçues par Machiavel et Fichte à
propos d’un État arbitre et régulateur des relations entre les
Grands et le peuple, surtout quand c’est du peuple que vient la
légitimité de cet État.
On peut se demander aujourd’hui, où tout indique un état de
basculement entre Machiavel et Marx, quelle est la valeur de
la construction sophistiquée de « L’utopie gestionnaire. Les
couches moyennes entre l’État et les rapports de classes ». Est-
elle prémonitoire du néocapitalisme, de ses réformes structu-
relles et de l’affaiblissement des moyens d’action de l’État
national, au profit d’un jeu de Monopoly entre grands groupes
industriels et financiers mondiaux ? Est-elle, au contraire,
témoin d’une conjoncture singulière, le dernier effort plus ou
moins réussi, en Europe occidentale, de donner à l’ordre démo-
cratique ses moyens d’action ? Je ne trancherai pas entre les
deux hypothèses, mais reste admiratif de cette construction qui
annonce, comme je l’ai dit, le départ de Dominique Monjardet
vers d’autres aventures scientifiques et intellectuelles.
3
187
le sociologue, la politique et la police
188
l’émergence des recherches en sciences sociales sur la police en france…
189
le sociologue, la politique et la police
190
l’émergence des recherches en sciences sociales sur la police en france…
10. Ce texte amorce en quelque sorte un débat prolongé avec Jean-Paul Brodeur
autour du sens et de la portée de la définition de la police proposée par Bittner ; voir
E. BITTNER, Aspects of Police Work, Northeastern Universty Press, Boston, 1990, et la
traduction en français de l’un de ses textes dans J.-P. BRODEUR, D. MONJARDET,
« Connaître la police. Grands textes de la recherche anglo-saxonne », Les Cahiers de la
sécurité intérieure, hors série, La Documentation française, Paris, 2003, p. 47-64 ; voir
aussi J.-P. BRODEUR, Les Visages de la police, pratiques et perceptions, Presses de
l’Université de Montréal, Montréal, 2003, et le débat « Autour de Bittner » dans
Déviance et Société, 25, 3, 2001, notamment les articles de R. LÉVY, « E. Bittner et le
caractère distinctif de la police : quelques remarques introductives à un débat »,
p. 279-284 ; J.-P. BRODEUR, « Le travail d’Egon Bittner : une introduction à la socio-
logie de la force institutionnalisée », p. 307-324 ; F. JOBARD, « Comprendre l’habili-
tation à l’usage de la force policière », p. 325-345.
191
le sociologue, la politique et la police
192
l’émergence des recherches en sciences sociales sur la police en france…
193
le sociologue, la politique et la police
194
l’émergence des recherches en sciences sociales sur la police en france…
195
le sociologue, la politique et la police
196
l’émergence des recherches en sciences sociales sur la police en france…
14. R. LÉVY, « Séminaire de recherches sur la police, compte rendu final (cycle
1991) », GERN, Paris, 1991. Voir également la liste des publications connues en
annexe.
15. R. REINER, Politics of the Police, Oxford University Press, Oxford, 2000 (3e éd.).
16. Charles Pasqua a été nommé en septembre 2006 au conseil d’administration de
l’INHES sur désignation par le président du Sénat (Journal officiel, nº 226, du 29 sep-
tembre 2006, p. 14454), tandis que son proche collaborateur, et l’un des chefs de file
du courant « national-libéral » de l’UMP, Pierre Monzani, avait été nommé le 29 juin
précédent directeur de cet institut.
197
le sociologue, la politique et la police
198
l’émergence des recherches en sciences sociales sur la police en france…
199
le sociologue, la politique et la police
200
l’émergence des recherches en sciences sociales sur la police en france…
201
le sociologue, la politique et la police
32. C. EMSLEY, The English police. A Political and Social History, Harvester-Wheats-
heaf, Hemel Hempstead, 1991.
33. C. DE VALKENEER, Le Droit, la police et la société, De Boeck, Bruxelles, 1991.
34. J.-M. BERLIÈRE, « Richesses et misère des archives policières », Les Cahiers de
la sécurité intérieure, nº 3, novembre 1990-janvier 1991, p. 165-175.
202
l’émergence des recherches en sciences sociales sur la police en france…
35. Ce texte serait paru dans la Revue internationale de police criminelle en 1991.
36. J.-M. BERLIÈRE, « Quand un métayer veut être bien gardé, il nourrit ses chiens.
La difficile naissance du syndicalisme policier : problèmes et ambiguïtés (1900-1914) »,
Le Mouvement social, 164, juillet-septembre 1993, p. 25-51.
37. F. CARRIER, « Le syndicalisme policier en Italie », Les Cahiers de la sécurité inté-
rieure, 8, 1992, p. 199-209.
203
le sociologue, la politique et la police
205
le sociologue, la politique et la police
206
les années 1980 et les premières années de l’institut des hautes études…
207
le sociologue, la politique et la police
208
les années 1980 et les premières années de l’institut des hautes études…
209
le sociologue, la politique et la police
210
les années 1980 et les premières années de l’institut des hautes études…
212
dominique monjardet et la (re)découverte des questions policières…
213
le sociologue, la politique et la police
214
dominique monjardet et la (re)découverte des questions policières…
215
le sociologue, la politique et la police
216
dominique monjardet et la (re)découverte des questions policières…
217
le sociologue, la politique et la police
218
dominique monjardet et la (re)découverte des questions policières…
219
le sociologue, la politique et la police
220
dominique monjardet et la (re)découverte des questions policières…
222
la contribution de dominique monjardet à la recherche historique…
223
le sociologue, la politique et la police
225
le sociologue, la politique et la police
226
comment rendre respectable un sujet sale ?
227
le sociologue, la politique et la police
229
le sociologue, la politique et la police
230
la « cohorte de gardiens de la paix »…
n’est pas le même policier selon que l’on a trois, dix ou quinze
années d’expérience, selon que l’on a connu une ou plusieurs
affectations.
Dès le départ donc, l’ambition de ce projet scientifique fut
de suivre une cohorte de gardiens de la paix afin de vérifier
deux hypothèses fortes auxquelles tenait Monjardet : il est pos-
sible, d’une part, de dégager des axes structurants, c’est-à-dire
des objets thématiques ou des questions fondamentales capables
d’organiser parmi les policiers des prises de position et de les
départager ; ces axes structurants ont, d’autre part, de fortes
chances d’évoluer au fil du temps, du fait des acquis de l’expé-
rience, des épreuves des affectations successives ou des défis
rencontrés.
231
le sociologue, la politique et la police
232
la « cohorte de gardiens de la paix »…
233
le sociologue, la politique et la police
8. Depuis janvier 1994, la formation initiale des gardiens de la paix a été réformée
et ceux-ci suivent maintenant une formation en alternance pendant laquelle ils effec-
tuent plusieurs allers-retours entre l’école et le terrain.
234
la « cohorte de gardiens de la paix »…
Questionnaire Q1 Q2 Q3 Q4 Q5 Q6
Date Janv. Sept. Janv. Mars Mai Juil.
1992 1992 1993 1994 1998 2002
Effectifs* 1 167 1 157 1 109 680 610 531
* Il s’agit du nombre de questionnaires exploités, défalcation faite des quelques
questionnaires incomplets, illisibles ou parvenus trop tard pour être intégrés dans le
traitement informatique.
235
le sociologue, la politique et la police
11. Marc Alain, qui a répliqué ce dispositif au Québec a, lui, cumulé les deux types
d’interrogations (questionnaires et entretiens qualitatifs). Voir M. ALAIN et C. BARIL,
« Attitudes et prédispositions d’un échantillon de recrues policières québécoises à
l’égard de leur rôle, de la fonction policière et des modalités de contrôle de la crimi-
nalité », Les Cahiers de la sécurité, 58, 2005, p. 185-212. Voir aussi M. ALAIN et
M. GRÉGOIRE, « L’éthique policière est-elle soluble dans l’eau des contingences de
l’intervention ? Les recrues québécoises, trois ans après la fin de la formation initiale,
Déviance et société, 31, 3, 2007, p. 257-282.
12. Les principaux résultats des différentes interrogations sont présentés ici en en for-
çant volontairement le trait, l’idée étant de faire ressortir les apports principaux de cette
recherche et non d’entrer finement dans l’ensemble des données et résultats tout à fait
considérables que nous avons recueillis.
236
la « cohorte de gardiens de la paix »…
237
le sociologue, la politique et la police
238
la « cohorte de gardiens de la paix »…
239
le sociologue, la politique et la police
240
la « cohorte de gardiens de la paix »…
241
le sociologue, la politique et la police
Conclusion
242
la « cohorte de gardiens de la paix »…
244
table ronde : les engagements de dominique monjardet…
245
le sociologue, la politique et la police
246
table ronde : les engagements de dominique monjardet…
247
le sociologue, la politique et la police
3. Gilles Sanson, IGA, fut nommé par Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’Inté-
rieur, au poste de directeur central de la sécurité publique en 1997, avec pour mission
de mettre en place la réforme de « police de proximité ».
248
table ronde : les engagements de dominique monjardet…
249
le sociologue, la politique et la police
250
table ronde : les engagements de dominique monjardet…
251
le sociologue, la politique et la police
252
table ronde : les engagements de dominique monjardet…
253
le sociologue, la politique et la police
255
le sociologue, la politique et la police
2. Lire Dominique Monjardet citant Pierre Demonque et vice versa fit les délices des
amis qui connaissaient son penchant pour les jeux auxquels excella le grand Fernando
Pessoa. Voir par exemple P. DEMONQUE, Les Policiers, op. cit.
3. F. JOBARD, Les Violences policières. État des recherches dans les pays anglo-
saxons, L’Harmattan, Paris, 1999 ; Bavures policières ? La force publique et ses usages,
La Découverte, Paris, 2002. J.-L. LOUBET DEL BAYLE, Police et politique. Une approche
sociologique, L’Harmattan, Paris, 2006, p. 24-25.
4. S. ROCHÉ (dir.), Réformer la police et la sécurité. Les nouvelles tendances en
Europe et aux Etats-Unis, Odile Jacob, Paris, 2004.
5. J.-P. BRODEUR, « La police : mythes et réalités », Criminologie, XVII, 1, p. 10.
256
que dire maintenant de la police ?
257
le sociologue, la politique et la police
258
que dire maintenant de la police ?
259
le sociologue, la politique et la police
12. R. J. HERRNSTEIN et C. MURRAY, The Bell Curve. Intelligence and Class Structure
in American Life, The Free Press, New York, 1994.
13. Russell JACOBY et Naomi GLAUBERMAN, The Bell Curve Debate, Random House,
Times Books Inc., New York, 1995.
14. P. K. MANNING, Policing Contingencies, The University of Chicago Press, Chi-
cago, 2003.
15. En grec, le terme doxa désigne les croyances communes ou, encore, l’opinion
populaire. C’est en ce dernier sens qu’il est utilisé par Platon.
260
que dire maintenant de la police ?
16. Voici un commentaire que les attentats du 11 septembre 2001 ont suscité : « Tous
les discours et commentaires trahissent une gigantesque abréaction à l’événement même
et à la fascination qu’il exerce. La condamnation morale, l’union sacrée contre le ter-
rorisme sont à la mesure de la jubilation prodigieuse de voir détruire cette superpuis-
sance mondiale, mieux, de la voir en quelque sorte se détruire elle-même, se suicider
en beauté. » J. BAUDRILLARD, L’Esprit du terrorisme, Galilée, Paris, 2002, p. 10-11.
261
le sociologue, la politique et la police
17. D. MONJARDET, Ce que fait la police, op. cit., p. 20. Le mot « battus » est souligné
dans le texte.
262
que dire maintenant de la police ?
18. C. GAGNON, Médiapolis, Les Éditions Québec Amérique, Montréal, 1999, p. 78.
263
le sociologue, la politique et la police
264
que dire maintenant de la police ?
L’insécurité policière
20. J.-P. BRODEUR, « Force policière et force militaire », Éthique publique. Revue
internationale d’éthique sociétale et gouvernementale, 2 (1), 2000, p. 157-166.
265
le sociologue, la politique et la police
266
que dire maintenant de la police ?
En guise de conclusion
267
le sociologue, la politique et la police
269
le sociologue, la politique et la police
270
l’influence des travaux de dominique monjardet…
271
le sociologue, la politique et la police
272
l’influence des travaux de dominique monjardet…
Elle dit avoir été marquée par les innombrables « outils heuris-
tiques » que D. Monjardet fit émerger de ses recherches : non
seulement l’« inversion hiérarchique », la « coexistence quoti-
dienne de deux obligations contradictoires, de moyens et de
résultat », le « pluralisme policier », mais aussi, la notion de
« double incompétence du ministère de l’Intérieur », ou
l’approche de la réforme de police de proximité sous l’angle de
l’« injonction paradoxale ». Pour Anne Wuilleumier, tous ces
outils constituent des « guides de navigation au service d’une
démarche comprise dans l’observation empirique et pragma-
tique ». C’est, selon elle, la véritable marque de fabrique de
Monjardet qui ne fut pas véritablement un théoricien de l’appa-
reil policier.
Gilles Favarel-Garrigues 7, spécialiste du crime et des polices
dans le monde soviétique en transition vers la nouvelle Russie,
a trouvé dans les textes de Monjardet des armes intellectuelles
pour combattre la notion écran de « police totalitaire ». Il estime
que ses propres recherches sur la police soviétique, dont l’enjeu
principal fut également d’en banaliser l’analyse, doivent beau-
coup à la nécessité de les traiter comme des organisations parmi
d’autres. Il ignore s’il a réussi, mais reste convaincu de ce que
la spécificité du régime soviétique ne lui interdisait pas d’ana-
lyser l’une de ses institutions clés (souvent associée à son carac-
tère « totalitaire ») à l’aide d’outils forgés dans le contexte
occidental. Grâce aux instruments proposés par Monjardet, il
s’est efforcé de montrer qu’entre les modes d’organisation
bureaucratique de la police soviétique des années 1960-1970 et
de la police française contemporaine, il n’existait pas de diffé-
rence fondamentale. À ceci près que, dans le contexte sovié-
tique, il s’est efforcé de montrer l’« amplification des effets de
l’obligation de résultats » sur l’activité des agents.
Benoît Dupont 8 affirme également avoir été sensible au tra-
vail de démystification de la première recherche empirique
de D. Monjardet, « La police au quotidien ». Il estime avoir
7. Politiste, chargé de recherche au CNRS (CERI), auteur d’une thèse sur « La lutte
contre la criminalité économique en Russie de 1965 à 1995 », soutenue en 2001. Ancien
chargé de recherche à l’IHESI, il a réalisé de nombreux travaux sur les polices dans
l’ex-bloc soviétique. Cf. La Police des mœurs économiques de l’URSS à la Russie, Édi-
tions du CNRS, Paris, 2007.
8. Professeur de criminologie et vice-président du Centre international de crimino-
logie comparée de Montréal, il a soutenu une thèse de doctorat distinguée par le prix
du jury G. Tarde. Cf. Construction et réformes d’une police : le cas australien,
1788-2000, L’Harmattan, Paris, 2002.
273
le sociologue, la politique et la police
274
l’influence des travaux de dominique monjardet…
un projet dont ils avaient discuté plusieurs fois, tant à Paris qu’à
Nicolet ou Montréal. Mais les présupposés de son propre ques-
tionnaire n’étant pas les mêmes, cet objectif n’a pu être atteint,
ce qui ne signifie pas qu’une entreprise de comparaison systé-
matique avec un protocole commun soit à jamais impossible.
Damien Cassan 10 a comparé les mécanismes de socialisa-
tion professionnelle des policiers français et britanniques. Ce
chercheur estime avoir dû prendre ses distances avec les posi-
tions théoriques à ses yeux « trop radicales » de Dominique
Monjardet. Celui-ci aurait congédié trop rapidement la notion
de « cop culture » partout présente dans les écrits britan-
niques, décrétée par lui non pertinente en France. D. Cassan
estime avoir eu des divergences de vues sur la notion de
« culture professionnelle », utile à son objet d’étude. Il estime
que son travail de comparaison lui a permis de discuter, dans
les deux contextes, la valeur et la pertinence de cette notion
dans les mécanismes de socialisation professionnelle. D. Cassan
pense que les positions de Dominique Monjardet s’expliquent
vraisemblablement par le fait qu’il n’a jamais eu l’occasion
d’étudier empiriquement les ressorts de la « culture policière
britannique ». En essayant de transposer cette notion en France
avec les outils intellectuels forgés par les Anglo-Saxons, il
aurait fini par la juger inopérante alors qu’elle garderait sa
valeur explicative dans d’autres contextes.
Geneviève Pruvost 11 pense avoir comblé certains manques
des travaux de Monjardet en s’inscrivant dans ses traces. Elle
estime avoir tiré tout le suc de notions telles que celle d’« inver-
sion hiérarchique », de l’analyse du poids de l’expérience et de
l’ancienneté dans l’organisation des tâches, du rôle de la for-
mation, de la diversité des policiers. Elle se sent surtout rede-
vable d’un conseil de méthode décisif donné par D. Monjardet
– les « ficelles du métier », aurait dit Becker : ne surtout pas
enregistrer les entretiens, afin de ne pas entretenir la « para-
noïa policière ». Bien évidemment, elle n’a pas trouvé dans les
travaux de Monjardet ce qu’elle cherchait elle-même, et regrette
rétrospectivement de n’avoir pu échanger davantage avec
275
le sociologue, la politique et la police
12. On aura aisément compris comment il est resté dépendant de sa propre sociali-
sation professionnelle de départ (la sociologie du travail fut sa discipline de formation
et il y est resté attaché durant toute sa carrière).
13. Postdoc en science politique, auteur d’une thèse soutenue en 2005, IEP, Paris :
« La police dans l’État de droit. Les dispositifs de formation initiale et de contrôle
interne de la Police nationale dans la France contemporaine ».
14. Chargé de recherche au CNRS, auteur d’une étude sur le stress au travail de dif-
férentes professions, parmi lesquelles des agents des BAC (2005).
276
l’influence des travaux de dominique monjardet…
15. Postdoc, auteure d’une thèse de sociologie : « Les policiers municipaux. Les
ambivalences d’une profession », université de Bordeaux-II, 2005, publiée sous le
même titre aux PUF en 2007.
277
le sociologue, la politique et la police
278
l’influence des travaux de dominique monjardet…
279
le sociologue, la politique et la police
Dominique Monjardet,
d’un mémorialiste l’autre…
281
le sociologue, la politique et la police
282
dominique monjardet, d’un mémorialiste l’autre…
283
le sociologue, la politique et la police
1. Bibliographie établie par Dominique Monjardet lui-même pour son dernier rapport
d’activité au CNRS en 2004.
287
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
288
bibliographie générale de dominique monjardet
289
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
290
bibliographie générale de dominique monjardet
291
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
292
bibliographie générale de dominique monjardet
86. « Die Rolle der Polizei im Rechtsstaat. Das Beispiel Frankreichs (Le rôle
de la police dans l’État de droit) », in J. Schild (dir.), Frankreich-Jahr-
buch 2001, Leske + Budrich, Opladen, 2001, p. 121-136.
87. « La police nationale doit renouer avec les spécificités locales », La
Gazette des communes, 43/1621, 19 novembre 2001, p. 28-29
(entretien).
88. « El adversario y el enemigo », La Vanguardia, Barcelone, nº 43262,
14 avril 2002, p. 28-29.
89. « Les policiers », in L. MUCCHIELLI et Ph. ROBERT (dir.), Crime et sécu-
rité, l’état des savoirs, La Découverte, Paris, 2002, p. 255-264.
90. « Le malaise policier » (avec C. GORGEON), Regards sur l’actualité, 279,
mars 2002, p. 13-25.
91. « La réforme de la police nationale », Cahiers français, 308, juin 2002,
p. 79-85.
92. « L’insécurité politique : police et sécurité dans l’arène électorale »,
Sociologie du travail, 44, 4, 2002, p. 543-555.
93. « Les polices nationales et l’unification européenne, enjeux et interac-
tions. Remarques introductives » (avec R. LÉVY), Cultures & Conflits,
48, 2002, p. 5-14.
94. « Sécurité intérieure et sécurité extérieure, recompositions et métamor-
phoses », (avec J.-P. BRODEUR), Les Cahiers de la sécurité intérieure,
53, 2003, p. 157-169.
95. « L’information, l’urgence et la réforme. Réflexions sur le fonctionne-
ment de la Direction centrale de la sécurité publique », in
S. ROCHÉ (dir.), Réformer la police et la sécurité, Odile Jacob, Paris,
2004, p. 128-142.
96. « Le terrorisme et la cage d’escalier. La sécurité publique dans le débat
politique en France, 2000-2003 », Revue canadienne Droit et Société/
Canadian Journal of Law and Society, 19, 1, 2004, p. 135-151.
97. « Gibier de recherche : la police et le projet de connaître », Criminologie,
XXXVIII, 2, 2005, p. 13-33.
98. « La culture professionnelle des policiers, une analyse longitudinale »
(avec C. GORGEON), Les Cahiers de la sécurité intérieure, 56, 2005,
p. 291-304.
99. « Les sanctions professionnelles des policiers. Ce que disent les chiffres
et au-delà », Informations sociales, 127, octobre 2005, p. 76-85.
100. « Comment apprécier une politique policière ? Le ministère Sarkozy »,
communication au colloque « La police et les citoyens », Nicolet,
Québec, 31 mai 2005, <www.cicc.umontreal.ca/activites_publiques/
colloques/police_citoyens/texte_conferenciers/MonjardetDominique.
pdf>.
101. « Insupportable et indispensable, la recherche au ministère de l’Inté-
rieur » (avec F. OCQUETEAU), in P. BEZES, M. CHAUVIÈRE, J. CHEVAL-
LIER, N. DE MONTRICHER et F. OCQUETEAU (dir.), L’État à l’épreuve des
293
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
Rapports de recherche
294
bibliographie générale de dominique monjardet
Divers
295
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
Pour mémoire
I. NOTES INÉDITES
SUR LES CHOSES POLICIÈRES,
1999-2006
par Dominique Monjardet
297
notes inédites sur les choses policières, 1999-2006
298
table
Impression réalisée
par l’imprimerie Bussière
à Saint-Amand-Montrond (Cher)
en mai 2008
Dépôt légal : mai 2008
Numéro d’impression : 000000/1
Imprimé en France