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Philosophie du droit - François Ost, philosophe, juriste… et interprète -

Biographie
Document: La Semaine Juridique Edition Générale n° 48, 29 Novembre 2010, 1165

La Semaine Juridique Edition Générale n° 48, 29 Novembre 2010, 1165

François Ost, philosophe, juriste… et interprète

Philosophie du droit

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Le Grand prix 2010 de la Fondation Prince Louis de Polignac, attribué sur proposition de l'Académie des
sciences morales et politiques, a été remis le 19 octobre à M. François Ost.

C'est avec simplicité que celui dont le nom apparaît dans un nombre croissant de travaux universitaires, symptôme
de son influence sur la pensée juridique contemporaine, s'est vu remettre le Grand prix de la Fondation. À 58 ans,
François Ost, juriste belge, vice-recteur des facultés universitaires Saint-Louis à Bruxelles, a en effet marqué de
son empreinte cette autre approche de la discipline juridique qu'est la philosophie du droit. Prenant ses distances
avec une vision purement technique ou positiviste du droit, il nous invite à l'appréhender dans sa dimension
humaniste, en constante interaction avec la société dont il est, à la fois, le guide et le reflet, un droit en perpétuelle
évolution, ouvert aux autres disciplines. Une interdisciplinarité que le philosophe appelle de ses vœux, conscient,
pour en avoir lui-même bénéficié, que les juristes ont tout à gagner à élargir leur champ d'étude à d'autres
sciences. Avec pour objectif d'améliorer leurs performances en tant que praticiens, d'accentuer leur « responsabilité
sociale ». C'est au philosophe du droit de révéler ces liens, d'accompagner les juristes dans la prise de conscience
des transformations profondes que connaissent l'État et le droit, « pour les aider à faire leur métier qui consiste à
créer de la sécurité juridique, à promouvoir une certaine forme de justice sociale ». Le philosophe comme
interprète. La traduction justement, objet de son dernier ouvrage, que Mireille Delmas-Marty décrit comme « le
moins juridique en apparence, mais le plus éclairant pour comprendre les phénomènes liés à la mondialisation du
droit ». Confronté à un monde en réseau, où se juxtaposent des savoirs, des convictions et des langues multiples,
François Ost cherche à élaborer une grammaire, un code permettant de traduire ces savoirs, ces convictions, ces
langues. La « voie de la traduction », disait Paul Ricœur, comme moyen d'échapper à une pensée, une culture, une
langue unique. Pour François Ost, le droit lui-même est une langue, les juristes sont des « traducteurs », l'avocat
traduisant le dossier au juge, qui lui-même se trouve au cœur d'un dialogue entre les deux parties. C'est enfin en
faisant appel à la fiction qu'il se propose de faire passer de façon originale son message. Il a ainsi créé dans son
université un enseignement qui vise à aborder les grandes questions de philosophie du droit par le biais de la
littérature. L'enseignement rencontre un vif succès auprès des étudiants. Dans la lignée de cette approche, le
philosophe s'est fait dramaturge. Ainsi, dans « Antigone voilée », a-t-il cherché à mettre en scène la question du
voile islamique, afin d'obtenir un effet de catharsis, susciter le débat, et se réjouit que cette pièce ait été présentée
dans les écoles en Belgique.

C'est ainsi à une tâche ardue mais noble que s'est attelée François Ost. Rendre intelligibles à ses contemporains
les principes fondateurs de la vie en société, dans un monde devenu pluriel, en rappeler les mécanismes, en
révéler les enjeux, pour mieux en maîtriser les conséquences, et faire de nous tous des acteurs responsables et
éclairés.
Document consulté sur https://www.lexis360.fr
Revues juridiques
Téléchargé le 05/04/2020

Élise Fils

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