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LETTRE OUVERTE

Au Président de la Polynésie française, Monsieur Édouard FRITCH


Au Maire de la Commune de Moorea-Maiao, Monsieur Evans HAUMANI, et son Conseil Municipal

Copie au Président de la République française, Monsieur Emmanuel MACRON


Copie au Haut Commissaire en Polynésie, monsieur Dominique SORAIN

Moorea le 27 Juillet 2021

MESSIEURS, MESDAMES, LES REPRÉSENTANTS DU PEUPLE

Les habitants de Moorea, de Tahiti et plus particulièrement les riverains de la plage de Tema’e ne veulent
pas croire que, suite à l’annonce le 19 juillet 2021 du compromis de vente signé par le Groupe WANE pour
l’achat des 54 hectares du domaine ENANY, le long de la plage de Tema’e, estimé à 4 milliards XFP, notre
Conseil Municipal, représentant la population de Moorea, est resté muet.

Aussi loin que remonte la mémoire des plus anciens, cette plage, longue de près de 1.200 mètres, joyau de
notre île, et les 7 hectares de cocoteraie qui la jouxtent, bien que propriété privée, sont librement accessibles au
public qui s’y retrouve en famille ou entre amis et y organise toute sorte de manifestations festives, sportives,
cultuelles ou sociales. C’est également là que passe la seule route, dite « route du motu » qui dessert Tema’e motu
où vivent 200 familles.

Depuis 2013, afin de préserver la jouissance de cette plage et d’une partie de la cocoteraie à la population,
la Commune de Moorea-Maiao, par la modification de son Plan Général d’Aménagement (PGA), a décidé de
réserver un espace de 3,24 hectares le long des 510 mètres de plage actuels à l’aménagement d’un jardin public.

QU’EN EST-IL AUJOURD’HUI ? SUITE À CETTE VENTE, QUELLE POSITION NOTRE


COMMUNE A-T-ELLE ADOPTÉE ? LES HABITANTS DE MOOREA VEULENT UNE RÉPONSE !

En 2017, suite à l’annonce de la mise en vente du domaine ENANY, une pétition, intitulée « sauvons la plage
et la cocoteraie de Tema’e », recueillant plus de 8.200 signatures, (55 % de visiteurs venus de Tahiti, 25 % de
l’international et 20 % de résidents de Moorea) demandait aux autorités de l’île et du Pays de racheter la
cocoteraie en bordure du lagon traversée par la route du motu, soit un espace d’environ 7 hectares.

En 2018, lors d’une visite au village de Tema’e, M. Édouard FRITCH, Président de la Polynésie,
renouvelait le soutien financier du Pays nécessaire à cet achat, et plus encore !

Par les medias, le 19 juillet 2021, la population de Moorea et de Tahiti apprend, stupéfaite, que le Pays
aurait à présent le projet d’abandonner au Groupe WANE la quasi totalité de cet espace, y compris la route et
l’emprise réservée « jardin public » de 3,2 hectares, et d’acquérir une parcelle de 18 hectares principalement
marécageuse, enclavée entre le terrain de beach soccer et l’aéroport, en vue, nous dit-on, d’y créer un espace
récréatif bordé par 130 mètres de plage…

Cette opération est un non sens à tous les niveaux

- Pour la population qui se retrouvera condamnée à s’entasser sur une plage de 130 mètres tandis que le SOFITEL,
qui jouit déjà à l’heure actuelle, de 600 mètres de plage totalement privatisée (expulsion assurée par un vigile de
l’établissement pour quiconque tente de poser son paréo sur le sable), pourra s’accaparer 380 mètres
supplémentaires, soit au total près de 980 mètres de sable blanc réservés aux seuls clients de l’hôtel contre 130
mètres pour tous les autres. Où les piroguiers poseront-ils leurs va’a ? Qu’en sera t-il du terrain et des joueurs de
pétanque ? Où vont s’installer les matahiapo et les rassemblements des différentes congrégations religieuses ?
Qu’en sera t-il du marathon de Moorea ? Des écoles de natation ? Du cross des collèges ou encore des fêtes
d’anniversaire ?

- Pour les finances publiques : Acheter 7 hectares ne nécessitant aucun aménagement particulier dans l’immédiat
nous semble à l’évidence moins onéreux pour les finances du Pays et de la Commune, que l’acquisition de 18
hectares et la réalisation de travaux, colossaux, nécessaires au remblaiement et à la surélévation du marécage et à
la création d’une nouvelle route

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- Pour l’économie actuelle de l’île et son développement : Si le Groupe WANE promet la création d’emplois grâce
à la réalisation de 18 nouveaux bungalows, la privatisation de l’endroit entraînera nécessairement une baisse de
fréquentation du site de Tema’e par tous les autres visiteurs (environ 500 tous les week-ends) et, en conséquence,
un manque à gagner pour de nombreux prestataires (pensions de famille, restaurateurs, taxis, navettes maritimes,
etc..). En outre, que valent les promesses du Groupe WANE quand on se rappelle que de l’autre côté de l’île
l’hôtel INTERCONTINENTAL a fermé ses portes du jour au lendemain en laissant plus de 100 familles de
PAPETOAI sans travail et sans ressources ?

- Pour l’écologie : l’édification de nouvelles constructions en bordure de plage, leur alimentation en eau potable et
leur assainissement constituent autant d’atteintes à ce site naturel et de risques de pollution pour notre lagon,
protégé par le PGEM ;

Aussi, nous sommes en droit de demander tant au Pays ainsi qu’à la Commune d’utiliser les pouvoirs qui
sont les leurs : déclaration d’utilité publique, droit de préemption, négociation, et en dernier recours expropriation,
pour devenir propriétaire de la route de desserte des habitations du motu Tema’e et de la cocoteraie de 7 hectares,
comprise entre cette route et la plage, afin que ce lieu demeure un véritable poumon de l’île, un lieu de rencontre
des Peuples, d’expression sportive, culturelle, spirituelle, un lieu de récréation et de ressourcement.

Pour les habitants de Moorea


dont la plage de Tema’e est la place emblématique de leur enfance,
sous les esprits bienveillants de nos ancêtres qui nous ont transmis ce lieu intact,
Le collectif d’associations culturelles et environnementales, réuni en urgence le 25 juillet 2021

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