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LES GRANDES

REALISATIONS DE LA
FRANC-MAÇONNERIE
A TRAVERS L'HISTOIRE
Roger Luc Mary et Alain Le Kern

LES GRANDES
REALISATIONS DE LA
FRANC-MAÇONNERIE
A TRAVERS L'HISTOIRE

EDITIONS DE VECCHI S.A.


20, rue de la Trémoille
75008 PARIS
ROGER Luc MARY a publié aux Editions DE VECCHI :
Réussir grâce à la concentration, 1990
Hypnose : vérités et secrets dévoilés, 1991.
Les Nouvelles Voies du spiritisme, 1991.
La Franc-Maçonnerie : mythe et réalité, 1991.
La Franc-Maçonnerie : ses différents visages, 1993.
Le symbolisme dans la Franc-Maçonnerie, à paraître.
Pourquoi et comment devient-on Franc-Maçon, à paraître.
La Franc-Maçonnerie dans le monde, à paraître.
La Rose + Croix, à paraître.

Chez d'autres éditeurs :


Survol de l'impossible, France-Europe-Presse éd., 1978.
Les Germes de la Connaissance, La Marge éd., 1980.
Ne résistez pas (en coll. avec M. Dewilde), Le Rocher éd., 1980.
La Psycho-Mutation, Le Rocher éd., 1980.
L'Homme Conjuré, Partage éd., 1990.
L'Initiation, Guy Trédaniel éd., 1992.
La Source Noire des Blancs Manteaux (Les Templiers), Lanore éd., 1993.
Archives de l'Occultisme - Dictionnaire de l'Occultisme, Dervy, 1993.

ALAIN LE KERN a publié :


La Géomancie : un art divinatoire, Le Rocher éd., 1978.
Qui a peur des années 80 ? (en coll. avec N. Melot), Le Rocher éd.,
1981.
Maîtriser la Géomancie, Jeanne Laffite éd., 1992.

© 1993 E d i t i o n s D e V e c c h i S.A. - Paris


I m p r i m é e n Italie

La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l' article 41, d 'une part, que les
«copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utili-
sation collective» et, d autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d' exemple et
d'illustration, «toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement
de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayant cause est illicite» (alinéa 1 de l'article 40).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contre-
façon sanctionnée par les articles 42 5 e t suivants du Code Pénal.
REMERCIEMENTS

Nous remercions sincèrement pour leur aide fraternelle, André COMBES,


agrégé d'histoire, et directeur de l'Institut des Hautes Etudes et Recher-
ches Maçonniques, Claudye SELLEM, historienne, J-R. RAGACHE, ex-
Grand Maître du Grand Orient de France, qui nous permit d'entrer en
relation avec le directeur de l'IDHERM, et tous ceux qui mirent à notre
disposition une précieuse documentation.

[R.L.M. et A.L.K.]
A Louis Pablo

« La Franc-Maçonnerie a laissé à l'Histoire des réalisations concrètes dont elle


n'a jamais réclamé la paternité aux lendemains de la conception, car ce qui
importe c'est ce qui existe, et il est peu important que l'on sache qui l'a réalisé ;
les bâtisseurs de cathédrales ne signaient pas leurs chefs-d'œuvre. »

Paul GOURDOT
Grand Maître du GODF 1981-1984
Recueil des Actes 1978-1979
de l'Institut des Hautes Etudes e Recherches Maçonniques
AVANT-PROPOS

Tant par son caractère de recherche essentielle que par les trop nom-
breuses déviations dont elle est victime, l'âme de la Franc-Maçonnerie
reste méconnue du grand public et, paradoxalement, de certains Francs-
Maçons qui, sous le couvert de divers prétextes, d'ailleurs plus administra-
tifs qu'initiatiques, font de la Maçonnerie ce qu'elle n'est pas : à savoir,
entre autres choses, un club de riches, une société secrète ou un agréable
passe-temps, voire un « complément » à la vie quotidienne. Dans mes
précédents o u v r a g e s et dans L'initiation j'ai essayé d'expliquer ce que la
Franc-Maçonnerie est véritablement : une école initiatique, la plus belle, la
plus grande, la plus noble qui soit dans le monde occidental, cela dit hors de
tout prosélytisme. La vérité est dérangeante, inaltérable, il convient donc
de la révéler, principalement dans notre époque bouleversée, non dans un
esprit conflictuel, stérile, mais dans un but de communication, d'avertisse-
ment, d'ouverture. Il faudrait, à cet égard, dresser une sorte de bilan entre
les partisans de l'extériorisation maçonnique et ses adversaires, en tentant
de comprendre aussi bien les uns que les autres.
Il est vrai que la destinée d'une société initiatique n'est pas d'aller vers
l'extériorisation de l'initiation proprement dite, puisque celle-ci entre dans
le cadre d'un ordre rigoureusement individuel, « secret » ; mais cette initia-
tion reçue, comprise, ingérée, vécue à plein temps, ne doit-elle pas néces-
sairement rayonner ? Dès lors, un Franc-Maçon peut-il, et doit-il, extério-
riser ce qu'il reçoit dans le Temple ?
La question s'avère épineuse, subtile, car tous les rituels maçonniques
sont a priori ambigus sur ce sujet. C'est ainsi que lors de la fermeture de la
Loge au grade d'Apprenti (au Rite Ecossais Rectifié), le Vénérable Maître

1 Aux éditions De Vecchi.


2 Aux éditions Trédaniel.
(Président de Loge) déclare : « Que la Lumière qui nous a éclairés dans nos
travaux ne reste point exposée au regard des profanes. »
La notion de « secret » est ici clairement évoquée.
Pourtant, après cette phrase, le Vénérable Maître en exprime une autre
aussi significative que la précédente : « Mes chers frères, allez donc en paix
jouir du repos que le travail vous a mérité, et porter parmi les autres hommes
les vertus dont vous avez promis de donner l'exemple... »
On peut évidemment « argumenter » sur le sens de « donner l'exem-
ple ». En tout cas, une certaine extériorisation est recommandée aux
Maçons. Reste à savoir comment et jusqu'où celle-ci peut s'étendre ?
Bien d'autres questions demeurent en suspens :

• Pourquoi l'actuelle médiatisation des grands maîtres, surtout depuis


l'effondrement du communisme ?

• Pourquoi la Franc-Maçonnerie subit-elle en cette fin de siècle un indé-


niable malaise ?

• Sur un plan individuel, je pourrais poser publiquement un certain nom-


bre de « pourquoi » quant aux brimades et autres tracasseries de la part de
certains de mes pairs, mais suis-je le seul écrivain maçonnique dans ce cas ?
• Dans un tel chaos, comment le public se représente-t-il la Franc-Maçon-
nerie à la fois adulée et critiquée ?

J'emploie le mot « chaos » à dessein, car ce chaos est en train de générer


(de « régénérer » devrais-je écrire) une Franc-Maçonnerie véritablement
traditionnelle (et non « traditionaliste »), épurée de ses miasmes, une
Franc-Maçonnerie « sauvage » qui ne cesse d'ailleurs de trouver sa pureté,
sa raison d'être, dans l'authenticité et l'action. Telle est bien la justification
de ce livre liée à la nécessité de comprendre un phénomène : celui de la
société dite « secrète » mais, de fait, initiatique, et d'indiquer les éléments
qui font l'inévitable interaction entre pensée et action, entre intention et
réalisation, entre savoir et pouvoir, entre conscience et besoin de création.
Autre question importante : peut-on réellement parler des « grandes
réalisations de la Franc-Maçonnerie » ? Ce serait lui conférer un pouvoir
occulte, lui attribuer la spécificité d'un Etat dans l'Etat, et entretenir de la
sorte une espèce de xénophobie dont on connaît les terribles conséquences.
Cependant, les grandes réalisations de la Franc-Maçonnerie existent, mais
en ce domaine, la Franc-Maçonnerie n'est-elle pas plus instigatrice qu'exé-
cutive ? Nous abordons ici une importante subtilité qui ne procède pas de
l'occulte, comme on se plaît à le croire dans certains milieux profanes, mais
qui est l'essence même de la dimension initiatique, car la réalisation
primordiale, principale et principielle de la Franc-Maçonnerie, consiste
d'abord à aider l'être humain à se découvrir, à se reconnaître, à se réaliser :
de ceci a découlé, et découlera, cela.

Partisan d'une certaine extériorisation maçonnique (à tort ou à raison),


j'ai eu la chance de trouver en Alain Le Kern un érudit en maçonnologie et
donc un précieux collaborateur pour rédiger le présent ouvrage dont la
commande éditoriale me surprit, et, je l'avoue, m'alarma quelque peu.
D'une part, je craignais mon incompétence et, d'autre part, de nouvelles
« relégations » que mes précédents ouvrages avaient déjà provoquées.
Mais le hasard, qui a si bon dos et auquel je ne puis croire, arrangea fort
bien les choses en plaçant sur notre chemin des aides considérables,
parfaitement documentées.
Afin de bien pénétrer et comprendre « les grandes réalisations de la
Franc-Maçonnerie », notre premier souci sera de mettre (ou de remettre)
en mémoire le principe ésotérique de la Franc-Maçonnerie universelle, ce
qui est - rappelons-le encore - sa principale réalisation ; car sans celle-ci,
les autres n'auraient pu naître qu'avec des difficultés surmultipliées, voire
pas du tout.
Souvenons-nous que le cœur, ou l'âme, de la Franc-Maçonnerie consti-
tue un enseignement, et plus précisément un ensemble de conseils et ne
peut, en aucun cas, servir de règle inchangeable ou de modèle absolu, d'où
l'adage : « Le Maçon libre dans sa Loge libre ». Cette liberté implique une
irréprochable qualité : l'authenticité individuelle en harmonie avec celle du
groupe dans lequel le Maçon évolue, à condition toutefois que la lettre ne
remplace pas l'esprit : la Loge n'est pas une caserne mais un lieu sacralisé.
La lettre est là pour fixer des jalons au départ d'une recherche particulière
et propose sans jamais imposer. Mais comme tout principe initialisant une
recherche fondamentale et essentielle, il demeure un exemple dont on
peut s'inspirer pour commencer, mais pas nécessairement pour poursuivre
cette recherche qui demeure interminable. Dans le cas contraire, le Maçon
ne serait qu'un pantin manipulé, et force oblige de reconnaître que la
manipulation obédientielle crée parfois de remarquables malversations. La
plus importante des grandes réalisations maçonniques, rigoureusement
initiatique, est de combattre et de vaincre un tel état de faits. C'est, hélas, le
problème de toute institution, et il serait faux de soutenir que la Franc-Ma-
çonnerie n'y échappe pas. Il serait tout aussi faux de soutenir qu'elle est
irrémédiablement polluée, car l'intégrité de l'ésotérisme est sa meilleure
arme et son principal veilleur. Pour que ceci ne soit pas aux yeux du lecteur
une « vue de l'esprit », il convient de revenir sur ce que signifie exactement
le mot « ésotérisme », et ce qu'il représente dans le contexte maçonnique.
En raison de son étymologie reconnue et admise (esoterikos = inté-
rieur), l'ésotérisme désigne un système-savoir que l'on peut traduire par :
connaissances, principes, explications essentielles concernant l'interne, le
caché, c'est-à-dire l'occulte dont les « marchands du temple » ont détourné
le sens véridique : l' « occultisme ». Cerner l'ésotérisme (pour ensuite le
pénétrer) est beaucoup plus simple qu'on ne le pense généralement puis-
qu'il est repérable dans le corpus des religions humaines, au-delà d'un voile
extérieur qui constitue d'ailleurs l'exotérisme.
Une étymologie différente fait appel au verbe grec eisotheon : « je fais
entrer », ainsi qu'à la racine latine in ire : « aller vers ».
En fait, il s'agit d'une recherche dynamique du statique, de l'immuable,
de l'éternel, du cosmique, une recherche vers le côté interne des êtres et
des choses, au-delà (ou en deçà) du visible : de l'apparence vers l'essence,
de l'extérieur vers l'intérieur. C'est un cheminement qui nécessite donc un
itinéraire, des repères, un projet, une méthode. Toute réalisation maçonni-
que procède de ce cheminement ; il s'avère important de le préciser et
d'aller aussi loin que possible dans cette précision : cet itinéraire de l'ésoté-
risme ne peut en aucun cas être confondu avec une recherche de Dieu, au
sens d'un dieu anthropomorphisé (laissons à l'« esthétique » le barbu de la
chapelle Sixtine et toute représentativité déiste), ni même avec une attitude
confessionnelle, quelle que soit cette confession. En regard de l'ésoté-
risme, n'oublions pas que les religions sont le vêtement externe, tempo-
raire, géographique, d'une révélation qui relie la créature à l'essence de la
Création, voire au Créateur. Les religions se succèdent (le christianisme n'a
que deux mille ans et a absorbé d'autres religions, dont le Celtisme),
l'ésotérisme demeure, et il demeure intact.
Cette « reliance » de la créature au Créateur forge une attitude mystique
qui éloigne cette créature d'une compréhension dynamique, autonome,
consciente, indépendante et par conséquent responsable, car tel est bien le
sens du mot « religion » en latin : religare = relier.
L'itinéraire entrepris devient une quête de ce savoir, mais ce savoir, s'il
est assujetti à une logique pour être cohérent, ne peut rester un savoir ; car
il rejoindrait alors la somme du savoir humain à propos de tel ou tel
domaine de recherche, et cet itinéraire ne serait qu'une quête de curiosités
ou une collection de faits spéciaux à verser dans les annales du bizarre ou
du merveilleux.
Autrement dit, cet itinéraire ne procède plus d'une mentalité profane
mais d'une attitude de cœur ouverte à l'initiation : aller de ce qui est
apparent à ce qui est essentiel, ne plus stagner dans la forme mais pénétrer
le fond : notre nature intérieure, et, à partir de cela, comprendre les
processus d'évolution et de manifestation de l'Esprit en nous et autour de
nous.
Savoir et comprendre, c'est intégrer, c'est CONNAÎTRE. Cet itinéraire est
un chemin de Connaissance, c'est une Réalisation à partir de laquelle
nombre de réalisations matérielles, manifestées, deviennent possibles.
Il est donc impératif de discerner l'ésotérisme pur et ce qui appartient au
monde des phénomènes : faits réputés paranormaux, monde de la parapsy-
chologie, expérimentations médiumniques et parapsychologie, expérimen-
tations médiumniques et parapsychiques, ce qui n'est assurément pas
l'objet de la quête ésotérique.
Autre discernement : le monde du noumène, c'est-à-dire de l'Esprit, et
qui requiert notre attention afin de cultiver celle-ci. D'où l'importance
capitale du groupe uni, soudé, fraternel : les échanges entre les individus
font naître une exégèse au cours de laquelle il est opportun de partager la
conception individuelle pour que chacun en profite. Ce profit de chacun
fonde la responsabilité de la Parole, tout autant que du Silence ; cela forge
et développe l'Amour, le lien, le creuset de ce que nous entreprenons
ensemble avec courtoisie et tolérance. Si la Franc-Maçonnerie a pu suggé-
rer d'abord, et entreprendre ensuite, de grandes réalisations, c'est parce
que, en tant que Société Initiatique authentique, elle ne reconnaît pas de
limites au savoir humain, et aux possibilités de celui-ci quand son attitude
est celle de la continuité, de l'engagement durable afin que le groupe, ainsi
établi, développe un véritable égrégore.
Nous pensons qu'il était très important de préciser la véritable attitude
maçonnique pour comprendre par la suite sa fonction principielle : Réaliser.
Dans la vision pragmatique du monde dit « profane », le cheminement
initiatique n'obéit pas à une logique qui se voudrait « cartésienne » et à
propos de laquelle Descartes se trouve étranger, innocent, car falsifié. Pour
s'en convaincre, il suffit de lire, ou relire, le fameux Discours de la Méthode :
on comprendra et admettra que Descartes n'a jamais conseillé qu'une
chose, refaire le chemin inverse de notre éducation, de notre culture,
oublier les idées reçues et se replacer sur la case « départ » avec un esprit
critique, encore que, totalement ouvert à toutes les possibilités. Belle et
grande remise en question quand on saura que l'homme est, en soi, illimité.
Cela dit pour expliquer que nous n'utiliserons pas une logique pragmati-
que dans la rédaction de cet ouvrage mais la méthode authentiquement
cartésienne qui, entre autres choses, bouleversera une certaine chronolo-
gie pour finalement ouvrir davantage les portes de la compréhension.
Expliquons-nous : afin d'évoquer les grandes réalisations de la Franc-
Maçonnerie, il convient d'abord de signifier que la Maçonnerie fonctionne
sur trois niveaux d'action, donc de réalisation. Ces trois niveaux sont :

• L'individuel.
• La Loge.
• L'Obédience.

Nous ne reviendrons évidemment pas sur ce qui a été largement défini


dans les précédents ouvrages maçonniques publiés dans cette même
collection, et auxquels le nouveau lecteur devra nécessairement se repor-
ter pour mieux comprendre ce qui va suivre. Nous conseillerons à cet
égard au moins deux titres, à paraître prochainement dans cette même
collection :
Le symbolisme dans la Franc-Maçonnerie.
Pourquoi et comment devient-on Franc-Maçon ?

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